Burkina Faso - Evaluation Economique - Mining Sector
Burkina Faso - Evaluation Economique - Mining Sector
Burkina Faso - Evaluation Economique - Mining Sector
L’équipe d’experts suisses et burkinabè, auteurs de cette étude sectorielle sur les mines, sont (par
ordre alphabétique) :
Dr. David Maradan, expert en économie de l’environnement
Dr. Boukary Ouédraogo, expert secteur des forêts, de l’énergie et de l’industrie
Dr. Noël Thiombiano, expert en environnement et développement durable
Pr. Taladidia Thiombiano, expert senior en économie de l’environnement
Karim Zein, expert environnement et ‘business development’
Note : Pour une bonne lisibilité du rapport, il est important que les figures et tableaux
soient imprimés en couleur
1. Introduction ...................................................................................................34
1.1. Contexte et problématique......................................................................................................34
1.2. Méthodes d’évaluation de la contribution de l’exploitation artisanale d’or à l’économie nationale...
.........................................................................................................................................34
1.3. Les données utilisées ..............................................................................................................36
2. Caractérisation de l’exploitation artisanale de l’or .......................................36
2.1. Les sites et les différents intervenants ......................................................................................36
2.2. Les équipements utilisés .........................................................................................................39
2.3. Les intrants de production......................................................................................................39
2.4. Le processus de production artisanale de l’or : techniques et méthodes.......................................41
3. Impacts sociaux et sanitaires de l'exploitation artisanale de l’or.................42
3.1. Impacts sociaux .....................................................................................................................42
3.2. Impacts sanitaires ..................................................................................................................43
4. Exploitation artisanale de l’or et pauvreté au Burkina .................................44
4.1. Valeur ajoutée créée et revenus distribués ................................................................................45
4.2. Emplois et revenus distribués aux autres intervenants dans les sites d’orpaillage.......................46
4.3. Impôts et taxes à l’État et aux collectivités .............................................................................48
4.5. Contribution de l’exploitation artisanale d’or à l`économie nationale .......................................48
5. Conclusion.....................................................................................................48
V. ANALYSE ECONOMICO-ENVIRONNEMENTALE................................49
1. Introduction .................................................................................................49
2. Impacts environnementaux du secteur des mines......................................49
3. Méthodologie................................................................................................. 51
3.1. Principaux concepts ...............................................................................................................51
3.2. Domaines et catégories de l'analyses........................................................................................53
3.3. Procédure et protocole d’évaluation..........................................................................................54
4. Les coûts de la dégradation de l'environnement et des inefficiences..........55
4.1. Disponibilité des données .......................................................................................................55
4.2. Principaux résultats...............................................................................................................56
5. Les coûts des dommages environnementaux et des inefficiences............... 61
5.1. Eau – CDI : 3.0% - 4.8%, CR : 1.5% - 2.7% ..................................................................61
5.2. Air – CDI : 1.3% - 1.8%, CR : 0.6% - 1.1% ...................................................................62
1. Principaux constats......................................................................................64
2. Recommandations .......................................................................................65
Mines Mines
Catégories Secteur Valeur
artisanales industrielles
environnementales
%VA %VA %VA USD CFA
Eau 4.81% 2.59% 2.22% 9'232'971 4'134'524'305
Air 1.79% 1.34% 0.45% 3'444'385 1'542'395'656
Sols et forêt 6.88% 2.09% 4.79% 13'206'019 5'913'655'354
Déchets 2.33% 0.44% 1.89% 4'482'352 2'007'197'151
Énergies et Matières 5.22% 1.69% 3.53% 10'016'254 4'485'278'538
Total I 21.02% 8.142% 12.884% 40381981 18'083'051'005
Environnement global 0.06% 0.02% 0.05% 120'491 53'955'905
Total II 21.09% 8.16% 12.93% 40'502'472 18'137'006'910
Les dommages dus aux mines industrielles sont plus élevés que ceux des mines artisanales
(+160% de CDI dans les mines industrielles). Toutefois, la différence est faible comparativement
au volume d'or extrait (+1200% d'or extrait par les mines industrielles). Ces estimations sont
basées sur des hypothèses conservatrices. En tenant compte des orpailleurs non déclarées et en
considérant des estimations moins restrictives quant aux intrants utilisés, les dommages totaux
doublent.
Les coûts des mesures de remédiation (CR) atteignent 7.1% du PIB, ce qui représente quelques
6.09 mia de FCFA/an. Un tiers des CR concernent les mines artisanales. Les coûts de
remédiation sont en relation avec la construction et l'entretien d'infrastructures et des dépenses
de gestion.
La comparaison des dommages et inefficiences (CDI) aux coûts de leur évitement (CR) permet
de spécifier les actions les profitables. Le ratio moyen (CDI totaux/CR totaux) est de 1.8 dans le
secteur de l'extraction de l'or ; il avoisine 2 dans le cas des mines artisanales et 1.7 dans celui des
mines industrielles. L’analyse indique ainsi que par franc CFA investi dans la remédiation,
La profitabilité de l’action domine pour le domaine « Energies et Matières » tant dans les
exploitations artisanales qu'industrielles. Ceci s’explique par le fait que le domaine « énergies
et matières » contient une partie importante des inefficiences. Dans les mines industrielles, l'eau
présente également des actions de remédiation relativement plus profitables. En effet,
l'exploitation minière tend à augmenter fortement la turbidité des cours d'eau et à dégrader leur
environnement immédiat (berges et rives ; construction de barrages, etc.). Ces impacts peuvent
être facilement évités par le recourt à des bassins de décantation et une gestion stricte de
l'exploitation des réserves d'eau. L'impact sur le sol est également conséquent. Toutefois, les
mesures de remédiation y sont plus couteuses, surtout si la remise en état des sites déjà exploitées
est considérée.
Dans les mines artisanales, la priorité se situe essentiellement dans l'air. Ce résultat résulte du fait
que les mineurs utilisent encore majoritairement le mercure lors des processus de l'amalgamation
et de la cyanidation de l'or. Il en résulte des coûts en termes de santé importants.
Recommandations
Les analyses technique et socio-économique doivent être considérées comme une étape inévitable
préalable à toutes actions ambitieuses et opérationnelles d'assistance au secteur minier artisanal.
Cela pourrait contribuer à une exacte description des problèmes complexes qui affectent ce
secteur, en fournissant non seulement une bonne compréhension de l'environnement dans lequel
l'intervention a lieu, mais aussi de garantir l'esprit de participation qui est indispensable pour
l'appropriation locale, et donc un avantage durable des actions (Jaques et al., 2006, Jaques, 2001 ;
Jaques, 2003, 2004 ; Keita, 2001, Ouédraogo, 2010, Fofana et al., 2009).
Il serait utile de mettre en œuvre un meilleur encadrement des mines artisanales; il s'agit d'y
développer l'usage de retors et d'y abandonner à terme l'usage des produits chimiques dangereux.
Ceci demande une politique plus interventionniste dans les mines artisanales. Les coûts qui en
Les richesses ainsi créées à travers cette démarche, devront favoriser l’émergence d’un réseau
d’entrepreneurs, bien intégrés dans le tissu économique local et capables de contribuer de façon
significative au développement durable des zones minières.
D’autres mesures parallèles importantes en milieu artisanal consisteraient à :
Sensibiliser davantage les orpailleurs sur les risques encourus par l’utilisation des
produits chimiques (mercure, cyanure, acides divers, etc.).
Former les orpailleurs à des meilleures pratiques d’extraction pour minimiser les
risques d’accidents.
Sensibiliser les orpailleurs sur les risques de contamination du VIH/SIDA et des
autres MST.
minimiser la présence d'enfants dans les sites miniers
Dans les mines industrielles il faut renforcer l'application du code minier et des lois de protection
de l'environnement. Des mécanismes incitatifs (accords volontaires, taxation avantageuse)
devraient être mise en place. Il s'agirait de fixer des objectifs individuels avec les mines
industrielles. Une telle politique permettrait de tenir compte des besoins et spécificités de chaque
site et permettrait d'autre part de renforcer la transparence du secteur tout en maintenant
l'attractivité économique. La mise en place de tels mécanisme demande toutefois une étude
préalable de leurs sous-jacents (le marché y est-il adapté, quelles sont les forces de négociation en
présence) dans le cas du Burkina Faso.
De manière spécifique, l'interdiction du cyanure doit être implémentée. Les contrôles sur la
sécurité et l'examen sanitaire des mineurs doivent être également renforcés en milieu industriel.
Une politique spécifique doit être prévue exiger afin d'assurer la remise en état après exploitation.
Cette tâche revient aux exploitants dans le secteur industriel, l'État doit contrôler sa mise en
Au cours de ces dernières années, notre planète est restée marquée par des modifications
environnementales avec des répercussions importantes qui s'avèrent de plus en plus
incompatibles avec le concept de développement durable. Ces modifications posent de graves
problèmes d'équité entre d’une part, les générations actuelles et futures et d’autre part, entre les
communautés des générations actuelles quant à la disponibilité et à l'accessibilité aux ressources
naturelles. Si dans les pays du Nord, l'essentiel des problèmes environnementaux découle des
conséquences de l'industrialisation, les activités minières (industrielle et surtout artisanale) posent
un des problèmes environnementaux majeurs de l'Afrique sahélienne par le biais de la
dégradation continue des terres et de pollutions diverses (désertification, érosion, surexploitation,
utilisation des produits chimiques).
Au cours de ces dernières années, notre planète est restée marquée par des modifications
environnementales avec des répercussions importantes qui s'avèrent de plus en plus
incompatibles avec le concept de développement durable. Ces modifications posent de graves
problèmes d'équité entre d’une part, les générations actuelles et futures et d’autre part, entre les
communautés des générations actuelles quant à la disponibilité et à l'accessibilité aux ressources
naturelles. Si dans les pays du Nord, l'essentiel des problèmes environnementaux découle des
conséquences de l'industrialisation, les activités agricoles posent le problème environnemental
majeur de l'Afrique sahélienne par le biais de la dégradation continue des terres (désertification,
érosion, surexploitation).
La dégradation de sols induit au niveau mondial des pertes annuelles de l’ordre de 42 milliards
USD, mesurées en termes de diminution des recettes agricoles mondiales (PNUD, 2006). Sur
cette base, le PNUE estime que les 81 pays en voie de développement affectés par ce phénomène
auront à dépenser, pour la seule prévention de ce phénomène, entre 800 millions et 2.4 milliards
USD par an, auxquels il faut ajouter 1 à 3 milliards USD annuels pour les mesures correctives et
2.4 à 3 milliards annuels en mesures de réhabilitation. Au-delà de ces chiffres, la perte de terres
exploitables exacerbe la compétition et les luttes pour l'accès aux ressources naturelles et se
traduit par des conflits culturels, ethniques et fonciers.
Dans ce contexte, la maîtrise de la question environnementale constitue un important facteur
pour la croissance économique et la stabilité du Burkina Faso. Cet aspect est d'autant plus
important que l'agriculture burkinabè contribue à elle seule à presque un tiers de la richesse
nationale (31 % du PIB) et occupe plus de 85% de la population active (INSD, 2008).
Selon l’Indice de Développement Humain (IDH), le Burkina Faso se situe presque
invariablement à la 176ème place sur les 177 pays classés au cours de la dernière décennie. La
pauvreté y est élevée. La moitié de la population (env. 45%) vit ainsi en dessous du seuil de
pauvreté. En milieu rural, le taux de pauvreté atteint même 90%. La situation économique et
sociale du pays est donc préoccupante, malgré une dernière décennie de croissance économique
positive et assez soutenue.
L'économie burkinabè est fortement dépendante de la disponibilité et de la qualité des ressources
naturelles telles que le sol, l’eau ou encore les espaces forestiers (Cf. Étude macro). Les
infrastructures de base demeurent insuffisantes en matière d’accès à l’eau et d’assainissement ainsi
que de collecte et d'élimination des déchets. L’utilisation du bois de feu comme combustible
ménager engendre une pollution accrue des habitats et péjore le cadre de vie et la biodiversité.
L’intensification ‘sauvage’ de l’agriculture et de l’élevage compromet la qualité de sols. Il en
résulte des conséquences importantes sur la dégradation des ressources naturelles et la santé
humaine. Au niveau national pour l’année 2004, le nombre d’années de vie productives perdues
en raison d’incapacités (DALYs) est de l’ordre de 750'000 pour les maladies hydriques et 600'000
Ces deux analyses se complètent mutuellement dans l’optique de produire des arguments solides
et cohérents.
Ce rapport est composé de trois grandes parties. La première partie introduit le sujet en analysant
les grandes caractéristiques du secteur des mines au Burkina Faso. La seconde partie fait une
analyse économique du secteur dans l’optique de mettre en évidence la contribution de l'or à la
création de richesse pour le pays. Avant la conclusion qui revient sur les grandes leçons à tirer de
l’étude et les recommandations y relatives, la troisième partie évalue le coût de la dégradation de
l’environnement relatif à l’exploitation de l'or (analyse économico-environnementale).
L’or est pour l’instant le plus important minerai exploité. Du zinc, du manganèse et du cuivre
devraient néanmoins sortir du sous-sol burkinabè d’ici 2012. Des permis de recherches ont été
également délivrés pour l’uranium dans le sud-ouest du pays. De ce fait, notre étude sur le secteur
des mines au Burkina Faso se focalisera sur l’exploitation artisanale et industrielle des mines d’or.
Selon le Fonds Monétaire International (FMI), les exportations de coton ont rapporté 120
milliards FCFA à l’Etat en 2009, contre quelque 180 milliards pour l’or, faisant de l’or la première
source de devises en 2009. En 2010, le FMI table sur des revenues de 400 milliards FCFA pour
l’or, contre 100 milliards FCFA apportés par la filière du coton en crise. En effet, bien loin
derrière le coton en termes d’exportation jusqu’à 2008, l’or est devenu la première source de
devises du Burkina Faso à partir de 2009. Voir figure ci-dessous.
Source : FMI
Figure 2: Évolution de la quantité d’or extraite par les miniers entre 2005 et 2009 (en kg)
2
Au Burkina Faso, on utilise l’once troy qui vaut 31,1035 grammes
Coûts d'acquisition
Typologie des équipements utilisés Nombre
US$
Excavateur Komatsu PC 2000-8BH 1 1’969’000
Excavateur Komatsu PC 1250-8BH 2 2’400’000
Chargeuse sur pneus Komatsu WA 800 1 1’350’000
Chargeuse sur pneus CAT 988H 1 725’000
Camion de transport Komatsu HD 785-7 6 5’200’000
Camion de transport CAT 777F 6 7’800’000
Tracteur sur chenilles Komatsu D375A 1 655’000
Tracteur sur chenilles CAT D9R 1 630’000
Tracteur sur chenilles CAT D6R 1 200’000
Excavateur CAT 345 CL 1 450’000
Tracteur sur pneus CAT 834H 1 915’000
Niveleuse CAT 16 M 1 720’000
Niveleuse Komatsu GD825A 1 440’000
Camion arrosoir Komatsu HD465-WC 2 1’400’000
Foreuse Atlas Copco L8 2 1’800’000
Source : SMB SA
La production d’une once d’or nécessite 4.73 m3 d’eau, 0.17 litre de gasoil, 90 kWh d’électricité et
des réactifs d’une contre valeur de 23'193 FCFA. Une extrapolation au niveau national, nous
permet de dire que la production industrielle de 11’614.499 kg d’or a mobilisé plus de 40 milliards
de francs pour l’achat du carburant, 9.5 milliards de francs pour les réactifs, près de 2 millions de
m3 d’eau et 68'171 litres de gasoil.
Conscientes que leur consommation d'eau diminue la quantité disponible pour les autres usagers,
les sociétés minières ont mis en place des techniques de bonne gestion : l’eau de pluie est ainsi
recueillie pendant la saison des pluies afin d’être utilisée par la suite dans l’unité de traitement et
pour les activités minières. Aussi, des installations sont faites tout au long de certains fleuves afin
de permettre aux riverains d'en disposer pour les différentes activités, notamment pour abreuver
le bétail. La majeure partie des sociétés minières pratique aussi le recyclage des eaux usées. Le
taux de recyclage peut atteindre 90%.
En dehors de ces consommables, les industrielles font recours à des acides et au cyanure pour le
traitement de l’or, notamment par lixiviation et amalgamation. La figure ci-dessous donne un
aperçu de l’utilisation de ces différentes substances chimiques en fonction de la production par
une société minière au cours de l’année 2010.
Il est à signaler que ces produits chimiques sont toxiques à court, moyen et long terme,
notamment par la contamination des cours d’eau et de la nappe phréatique, rendant ainsi l’eau
impropre à la consommation humaine et animale. Ce qui réduira l’accès des pauvres à l’eau
potable. Conscients de ce danger, les miniers ont mis en place des dispositifs permettant de
recueillir ces substances (construction d’un bassin de rétention).
Des explosifs sont également utilisés par les sociétés minières. A titre illustratif, le tableau ci-
dessous présente ceux utilisés par la mine d’or d’Essakane avec leurs coûts associés. Cependant
les quantités utilisées sont, au stade actuel de la collecte des données, inconnues.
Le coût du minage varie selon la nature de la roche. Il a été estimé à 0.30 USD/m3 pour le
saprock et de 0.74 USD/m3 pour la roche non altérée (fresh rock). Le coût total estimé pour le
forage et le minage est de 0.41 USD/m3 pour le saprock, et 1.30 USD/m3 pour la roche non
altérée. Les coûts de forage et minage ont été appliqués sur la base des blocs et convertis au
rapport USD par tonne en utilisant la densité des blocs. (Tiré de l’EIE, d’Essakane).
Cependant, malgré ces différentes dispositions, on relève des accidents de travail qui ont pour
conséquence directe la perte de jours de travail. Le tableau ci-après illustre cet état de fait. On
constate que les blessures mineures ont connu un accroissement de leur fréquence (8.3% en 2009
contre 2% en 2008). Il en est de même pour les blessures avec repos (1.3% en 2009 contre 0.4%
en 2008). Par contre, les blessures mortelles sont moins fréquentes et ont connu une baisse en
2009 (0% en 2009 contre 0.2% en 2008).
Tableau 5 : Statistiques des accidents dans une mine d’or du Burkina entre 2008 et 2009
3 La plupart des sociétés minières sont détenues par des entreprises international et cotées à la bourse de Toronto.
De ce fait, l’exigence des actionnaires vis-à-vis de la protection de l’environnement et la gestion sociale fait que les
sociétés minières s’imposent les normes internationales les plus strictes.
4 Il est important de signaler que la déforestation se fait de façon progressive en fonction de l’espace nécessaire pour
chacun des ouvrages du projet identifié. Par exemple, il ne sera pas nécessaire de décaper toute la surface des zones
d’entreposage des stériles, car leur production et stockage s’effectueront tout au long de la période du projet.
Figure 6 : Répartition des cas de maladies rencontrées dans le centre sanitaire d’un site minier en 2009
Figure 7 : Effectif des employés dans les sociétés minières de 2005 à 2010
Figure 8: Effectif des employés de 2009 dans les sociétés minières selon la nationalité
Enfin, l’industrie minière tout en promouvant le développement local et régional, ouvre la voie à
l’acquisition de compétences qui peuvent être utilisées dans d’autres secteurs d’activité humaine
lorsque les mines fermeront.
6 Compensation des dépenses engagées à des fins de santé et de sécurité par une baisse des primes d’assurance
Infrastruture Effectif
Dispensaire 3
Dispensaire +maternité 1
Centre sanitaire 1
Ces différentes peuvent s’avèrent insuffisantes au regard de ce qui se fait ailleurs. En effet, en
Guinée, les sociétés minières se sont même investies dans la construction de chemin de fer. Mais
au regard de la loi, rien ne spécifie le nombre d’infrastructures à réaliser par les miniers comme
l’indique l’encadré ci-dessous.
En somme, les apports des sociétés minières dans le domaine de la santé concourent à
l’amélioration des indicateurs des OMD et à la réalisation de la politique sanitaire de l’État.
Cependant, l’afflux d’individus vers les mines (et les emplois qu'elles laissent espérer) peut aussi
engendrer certains problèmes de santé, comme l’abus de drogues et d’alcool.
Fort heureusement, ces impacts peuvent être atténués par l’éducation et l’alphabétisation. Les
complexes miniers jouent un rôle dans l’éducation d’une localité donnée. En effet, la construction
des infrastructures scolaires par les sociétés minières contribue à l’atteinte des objectifs fixés par
les autorités et les OMD à savoir l’éducation universelle d’ici 2015. Le tableau ci-après donne un
aperçu des efforts consentis par les mines en matière d’éducation et d’alphabétisation.
Infrastructure Nombre
Ecole 3 classes 6
Ecole 6 classes 3
Centre d'alphabétisation 2
Logement des enseignants 15
Garderie d'enfants 1
Source : Construit à partir des données de la DGCM
Au total, neuf écoles primaires dont une école franco-arabe ont été érigées par sept grandes
sociétés minières au Burkina Faso7. En outre, les différentes localités hôtes ont bénéficié de deux
centrales d’alphabétisation, d’une garderie d’enfants et de plus de 2 000 logements en dur pour
les populations d’une part, et les enseignants d’autre part. Des fournitures scolaires et des bureaux
d’enseignants sont également distribués par les miniers afin de soulager les parents d’élèves et
leurs associations. Ces éléments confirment les résultats de Stijns (2006)8 qui montrent que la
présence de ressources naturelles peut favoriser l’investissement éducatif notamment via les
ressources financières qu’elles procurent.
L’accès à l’eau potable est un des objectifs prioritaires de la SCADD et des OMD. Dans le souci
de satisfaire leurs besoins en eau ou de celles populations locales, les sociétés minières mettent en
placement des retenus d’eau, des forages et des systèmes d’adduction à l’eau potable. A titre
illustratif, quatre barrages, 3 forages, 14 bornes fontaines et 7 branchements ont été réalisés par
les sociétés minières au profit des populations, de l’administration et à leur propre profit. Ce qui
permet aux populations et à leurs bétails d’avoir accès à l’eau en quantité et surtout en qualité
(pour les besoins humains), évitant ainsi les maladies à transmission hydrique.
Offrir à une collectivité de nouveaux biens et services peut s’avérer un moyen d’aider cette
collectivité à diversifier son économie et à créer des emplois. Il s'agit d’inciter les membres de
cette collectivité à se former, la formation étant une source importante de croissance selon la
théorie du capital humain. La présence de sociétés minières souvent dans des régions recluses,
crée une diversification de l’économie et contribue au développement d’entreprises locales. Pour
ce faire, les entreprises minières ont mis en place une infrastructure de formation et favorisent les
activités économiques en relation directe ou indirecte avec l’exploitation des mines. Dans le
premier cas, des sessions de formation en soudure, en mécanique, en maçonnerie, en
maintenance électrique et en menuiserie sont organisées au profit des jeunes9 des différentes
régions hôtes. Dans le second cas, un certain nombre d'activités économiques sont réalisées
comme l’illustre le tableau ci-dessous.
Ces différentes activités économiques sont également génératrices de revenus pour les
populations et renforcent la sécurité alimentaire, limitent l’inflation des prix des denrées
alimentaires, contribuant ainsi à la lutte contre la pauvreté; soit la réalisation de l’OMD 1.
7 SOMITA SA, Kasalga Mining SA, SMB SA, BMC, Nantou Mining SA, Essakane SA, Burkina Manganèse SA.
8Stijns J-P, 2006, « Natural Resource Abundance and Human Capital Accumulation », World Development, 34 (6),
1060-1083
9 650 jeunes dans le cas de la mine d’ESSAKANE SA
Infrastructure Nombre
Abattoir 2
Boutiques de commerce 165
Parcs de vaccination 2
Douches commerciales 19
Banque de céréales 1
Source : Construit à partir des données de la DGMGC
Toutes ces actions sont menées par les structures de développement communautaires créées en
partenariat avec les sociétés minières et les collectivités locales. En somme, les mines s’insèrent
dans la dynamique du développement des collectivités locales, dans un respect des rites et
coutumes des différentes localités. Ceci se matérialise par le respect des cimetières, des sites
cérémonials et la construction d’ouvrages religieux (une mosquée, un temple protestant et une
église).
6000
4000
Taxes superficiaires
3000
Redevances
2000 proportionnelles
1000 Total
0
2005 2006 2007 2008 2009
Source : DGMGC
1. Introduction
1.1. Contexte et problématique
La plupart des sites d'orpaillage sont, ou ont été, exploitées de manière artisanale. Pour Jaques
(2001), une « mine artisanale » est une opération généralement de type informel, exploitant une
ressource inconnue de manière non planifiée, en utilisant principalement des méthodes manuelles
et recourant à des outils rudimentaires (approche de type «chasse-cueillette»). Le code minier
burkinabè distingue les activités minières artisanales des exploitations à petite échelle voire
industrielles. L’exploitation artisanale désigne « toute opération qui consiste à extraire et
concentrer des substances minérales et en à récupérer les produits marchands pour en disposer,
en utilisant des méthodes et procédés traditionnels ou manuels » tandis que l'exploitation minière
à petite échelle (petite mine) représente une « exploitation minière de petite taille possédant un
minimum d'installations fixes et utilisant dans les règles de l'art des procédés semi-industriels ou
industriels et fondés sur la mise en évidence préalable d'un gisement ».
Au Burkina, l’exploitation artisanale de l’or (ou orpaillage) est pratiquée par les populations
rurales venant de toutes les régions du pays. L'exploitation de l'or est saisonnière et commence à
la fin des récoltes, c'est-à-dire de novembre jusqu'en mai (Gueye, 2006 ; Jaques, Zida, Billa,
Greffié, Thomassin, 2003, 2004 et 2006). Certains sites restent néanmoins actifs toute l'année.
Comme l’indique Fofana et al. (2009), l’exploitation artisanale de l’or se fait dans l’ensemble du
territoire (dans les 13 régions du Burkina).
La principale question que nous nous posons dans cette partie de l'analyse est la suivante : Quelle
est la contribution de l’activité d’exploitation artisanale d’or à l’économie nationale et à la
réduction de la pauvreté ? Il s'agit par conséquent d'estimer la valeur ajoutée (VA) créée par
l’exploitation artisanale de l’or ainsi que les richesses induites par cette activité dans les zones
environnantes.
Quelles sont les approches et les données statistiques utilisées pour conduire une telle recherche ?
Les deux sous sections suivantes permettent de préciser et de justifier la pertinence des
instruments.
Le plus important exercice pour la construction de la valeur ajoutée est l’identification des
éléments du poste de consommation externes ou intermédiaires. Les éléments de consommations
externes les plus importants par les miniers sont de deux ordres :
Les achats de matières premières et autres approvisionnements :
- consommation d’eau
- consommation de dynamites
- consommation de mercure
- consommation d’acides et d’autres produits chimiques.
Les charges externes. Ces charges résultent de la chaîne de traitement du minerai pour
l’extraction de l’or. Elles sont réalisées par des petites unités d’activité dans les sites
aurifères telles que celles de :
- broyage
- meulage
- écluse à laver
- vannage
- dynamitage.
Ces activités qui utilisent quelques fois du matériel lourd et sont à la source d’importants revenus
pour les initiateurs indépendants et leurs employés.
Les activités induites dans un rayon de 40 km autour de ces mines peuvent être estimé par le
recours à des indicateurs (Jaques et al., 2006). Dans cette approche, on estime la valeur ajoutée
des principales activités sur les sites d’orpaillage : approvisionnement en eau, les activités de
broyage, de meulage, de vannage, d’écluse à laver et de dynamitage, qui constituent des activités
fournissant des services extérieurs consommés par les artisans miniers.
La combinaison de ces deux méthodes de calculs permettra d’avoir une estimation complète de la
contribution des activités minières artisanales à l’économie nationale.
10
Dans une telle définition, la valeur ajoutée est ainsi égale à la somme des rémunérations des facteurs de production
et du profit de l'activité.
11 Production de l’exercice = production vendue + production stockée + production immobilisée. En sachant que
Production stockée = variation des stocks (en cours de production et produits) dans le sens stock final – stock initial. Dans le cas
présent, il n’y a pas de production immobilisée ; c’est en effet seulement dans le cas d’industrie produisant des biens
d’équipement que ce type de produit est constaté. Il correspond aux situations où l’industrie utilise une partie de sa
production dans le processus de production.
12 Consommations externes (ou intermédiaire) = achats de matières premières et autres approvisionnement +
variations des stocks de matières premières et autres approvisionnement (stock initial – stock final) + autres achats et
charges externes.
Sur la base de ces indicateurs et le volume de l’or produit annuellement (DGMGC, 2010), nous
pouvons déterminer les éléments nécessaires au calcul de la valeur ajoutée du secteur.
Il faut également noter un fait saignant des résultats d’enquêtes du BRGM (Jaques et al., 2006) :
90% de la production des orpailleurs ne sont pas déclarées et échappe par conséquent au
décompte officiel. Ce résultat est très important car une évaluation objective de la contribution de
l’activité d’orpaillage doit en tenir compte.
Les classes des superficies des sites aurifères (en km2) Nombre de sites %
[0.40;1[ 5 2.1%
[1;1.26[ 235 97.5%
[1.26;32[ 1 0.4%
Total 241 100%
Source : Analyse des données de la DGMGC (2010)
Ce tableau montre que 97.5% des 241 sites d’orpaillage répertoriés par la Direction de la
Géologique et du Cadastre Minier (DGCM) ont une superficie comprise entre 1 et 1.26 km2.
La carte ci-dessous donne la distribution spatiale des sites d’exploitation artisanale sur le territoire
national à travers la ceinture volcano-sédimentaire.
Figure 10: Carte géographique de la distribution spatiale des sites d’exploitions artisanales d’or agréés sur
l’étendue de la ceinture volcano-sédimentaire du Burkina Faso
Globalement ces sites répertoriés totalisent ensemble 270 km2. L’orpaillage regroupe entre
700'000 et 750'000 personnes occupées (DGCM, 2010 ; Fofana, Ouédraogo et Zombré, 2009); de
plus, près de 518'495 personnes (estimation du groupe d’experts sba-Ecosys-CEDRES) vivant
Les orpailleurs n’ont accès à aucun capital. N’ayant ni statut ni revenus fixes, les banques ne leur
accordent pas de crédit. Par contre, les artisans miniers sont souvent des opérateurs économiques
ayant un capital solide et bénéficiant souvent de la confiance des banques (Fofana et al., 2009). La
vente et l’exportation de l’or produit artisanalement se font par des comptoirs agréés à cet effet.
L’orpailleur doit vendre son or au comptoir agréé. Il existe néanmoins un marché parallèle de l'or.
Les artisans miniers sont organisés en association, en coopérative et en syndicat. Il existe une
corporation des artisans miniers, la CONAPEM (Corporation Nationale des Petits exploitants
Miniers). Les femmes du secteur minier ont leur propre association, l'AFEMIB (Association des
Femmes Miniers du Burkina). Il existe également le Groupement Professionnel des Miniers du
Burkina (GPMB) et la Société Géologique du Burkina (SGB). Pour Gueye (2006), l'organisation
actuelle sur les sites d'orpaillage suit le schéma suivant :
exploitation individuelle surtout sur les sites éluvionnaires et alluvionnaires
organisation familiale : regroupement d'orpailleurs composé essentiellement des membres
d'une même famille ou d'un même village
organisation en groupement d'orpailleurs soit par région soit par organisation privée
d'orpailleurs
coopératives d'orpaillage.
L'exploitation minière artisanale constitue par conséquent une réalité incontournable, une
occupation économique au même titre que l'agriculture et l'élevage. Elle présente des atouts
importants pour le Burkina Faso, et bénéficie surtout aux populations rurales. Elle constitue
également un frein à l'exode rural et elle génère des devises pour le compte de l'économie
nationale.
A l’exception de la motopompe de plus en plus prisée pour le dénoyage des puits, les postes
mécanisés restent très limités (rares concasseurs, broyeurs, etc.). L’intervention d’engins lourds
pour le décapage du stérile est exceptionnelle. La précarité des moyens et les carences techniques
conduisent fréquemment à un dramatique écrémage des gisements et donc à un fort manque à
gagner pour le mineur. Une partie non négligeable du minerai n'est ainsi pas exploitée soit parce
ce qu'il est trop profond ou de teneur trop faible pour les techniques et outils disponibles.
Les acides et les autres produits chimiques utilisés n’ont pas pu être quantifiés du fait de l'absence
de données fiables. Leurs coûts ont été estimés au dixième du coût total du mercure et des
dynamites. La dynamite est surtout utilisée au niveau de l’extraction du minerai. Le mercure est
utilisé surtout au niveau de la purification de l’or.
Le tableau ci-dessous donne les coûts intermédiaires, ceux des différents intrants utilisés par les
orpailleurs au cours de 2008.
13 Sauf dans les mines sémi-mécanisées où une étude de notice d’impact sur l’environnement est réalisé. Une enquête
publique doit être réalisée avant l’obtention de l’autorisation d’exploitation dont les réserves sont sommairement
évaluées avec un plan d’exploitation et un schéma de traitement chimique ou gravimétrique.
Tableau 15: Répartition du nombre de décès dû aux éboulements selon le site durant la période 2000 - 2010
Les potentialités offertes par l'artisanat minier sont des atouts favorables qui doivent susciter une
large participation des services techniques et des collectivités de base, en vue de rendre ces
activités productives plus durables. Des campagnes de sensibilisation ont pu être menées pour
attirer l’attention des mineurs sur le danger encouru. Des mesures ont été prises pour fermer les
sites d’orpaillage pendant la saison pluvieuse en vue de minimiser l’occurrence d’accidents et les
morts d’hommes qui les accompagnent.
Figure 12: Photos sur le travail des enfants dans un site aurifère au Burkina Faso
La précarité de la situation alimentaire des enfants constitue un autre facteur de risque sur les sites
miniers. En effet, dans de nombreux cas, les mineurs ne mangent qu’un léger petit déjeuner le
matin avant de partir sur les sites ; le repas de midi en général insuffisant et de qualité très
médiocre ne suffit pas pour compenser les besoins énergétiques de la journée.
Par ailleurs, des campagnes de sensibilisation sur le port des préservatifs ont été menées sur les
sites d’orpaillage où la prostitution est fréquente en vue de minimiser les risques de
contamination au VIH/SIDA et aux autres MST.
Tableau 16: Revenus générés par l’ensemble des activités liées à l’orpaillage en 2008
Cette contribution est sensible en termes de revenus pourvus, surtout que les faibles opportunités
d’emploi en milieu rural rendent cette activité tellement attrayante sur les populations rurales que
le volume d’emplois créés et les économies externes diffusées (les activités induites) pourraient
être significatives.
Les activités induites bénéficient aux populations environnant ces sites dans un rayon de 40 km,
qui, selon Jaques et al., (2006) bénéficient d’un revenu journalier par habitant de 25 FCFA en
2002, actualisé à 38 FCFA en 2008 par un taux d’inflation de 7%. Cette valeur atteint 3.23
milliards de FCFA.
Le tableau ci-dessous donne les économies externes générées par l’existence de cette activité.
Sur une zone d’impacts de 10'010 Km2, environ 518'495 habitants des zones riveraines des sites
d’orpaillage bénéficient d’économies externes d’un montant moyen annuel de 6'847 FCFA par
personne et par an, soit globalement un revenu total de 3.55 milliards de FCFA.
Libellés Valeurs
Superficie totale des mines artisanales (km2) 270
Superficie environnant les mines artisanales (km2) 10'010
Populations (hab.) 518 495
Densité moyenne de la population hab./km2 52
Revenu moyen indirect par habitant et par jour (FCFA) 38
Économie externes positives de l’activité en millions de FCFA 3'550
4.2. Emplois et revenus distribués aux autres intervenants dans les sites d’orpaillage
Le tableau ci-dessous donne l’ampleur des emplois générés par l’orpaillage et le nombre de
populations bénéficiant des activités induites.
Encadré 8: Importance des emplois créés et des revenus versés par l’orpaillage
Au total 700'000 personnes sont directement concernés par l’activité d’orpaillage et environ 518'495
habitants des zones riveraines des sites d’orpaillage bénéficient d’économie externes d’un montant moyen
annuel de 6'847 FCFA par personne et par an. Globalement, 1'218'495 personnes tirent un revenu de
cette activité. On pourrait dire sans se tromper que cette activité réduit la pauvreté en milieu rural.
Le seuil (ligne) de pauvreté du Burkina Faso a été estimé à 82'672 FCFA. Sur la base de cette ligne de
pauvreté et les revenus moyens des différents acteurs de l’orpaillage, on observe que 42% des acteurs
directs de cette activité soient environ 300'000 personnes ont un revenu moyen annuel supérieur à ce
seuil. De même, les revenus reçus par les 58% restant vont également contribuer à réduire les inégalités
de revenus dans les milieux ruraux.
Comparés au salaire minimum interprofessionnel garanti établi à 32'218 FCFA par mois au Burkina Faso,
seuls les revenus moyens mensuels des propriétaires de puits sont supérieurs à ce SMIG : tous les autres
intervenants de cette filière artisanale d’orpaillage vivent d’un revenu moyen mensuel très bas. Il faut aussi
noter le fait que cette activité est saisonnière pour la majeure partie de ces acteurs qui demeurent des
agriculteurs en saison pluvieuse.
Nombre d'intervenants Revenus distribués en millions de FCFA Revenu moyen annuel par acteur
Types d’intervenants et bénéficiaires d’effets Données Données % du revenu
externes positifs Données officielles Données corrigées
officielles corrigées annuel
Propriétaire de puits 30'168 2 813 28 130 93'247 932'467 34.6%
Miniers 81'509 1 355 13 553 16'627 166'274 16.7%
Gardiens de puits 30'063 250 2 504 8'329 83'293 3.1%
Chefs d’équipe 33'582 458 4 581 13'640 136'400 5.6%
Gardiens de hangar 39'114 451 4 507 11'524 115'235 5.5%
Transporteurs de minerai 18'427 236 2 361 12'812 128'124 2.9%
Meuniers 59'356 742 7 423 12'505 125'054 9.1%
Dynamiteurs 4'506 27 268 5'954 59'537 0.3%
Forgerons 2'506 18 179 7'136 71'364 0.2%
Soudeurs 653 5 54 8'215 82'151 0.1%
Personnel de Broyage 32'022 176 1 755 5'481 54'813 2.2%
Personnel de meulage 169'642 644 6 436 3'794 37'937 7.9%
Personnel d'écluse à laver 89'326 219 2 194 2'456 24'562 2.7%
Personnel de vannage 29'123 67 673 2'310 23'103 0.8%
Fourniture d'eau 80'000 323 3 226 4'033 40'331 4.0%
Économies externes 518'495 3 550 3 550 6'847 6 '847 4.4%
Total 1'218'495 11 335 81 394 9'302 66'799 100.0%
Source : Résultats d’analyse des données par le groupe d’experts sba-Ecosys-CEDRES
5. Conclusion
La présentation de l’orpaillage dans cette partie s’est basée sur les données issues d’enquêtes
d’envergure ayant touché 60 sites d’orpaillage réalisée par le Bureau de Recherche Géologique et
Minière (BRGM) de France en étroite collaboration avec le Bureau des Mines et de la Géologie
du Burkina Faso (BUMIGEB). Les indicateurs élaborés par le groupe d’experts
pluridisciplinaires de ces deux institutions de recherche ont permis de calculer et de mettre en
œuvre la méthodologie de cette étude.
Toutefois, l’indisponibilité de certaines données sur le nombre de comptoirs d’achat de l’or n’a
pas permis d’évaluer l’ampleur des revenus fiscaux de l’État en relation directe avec l’activité
d’orpaillage.
L'exploitation minière artisanale de l'or a un grand impact micro-économique et social.
Ceci permet de redistribuer une partie de cette richesse pour un grand nombre de personnes.
Elle crée massivement des emplois dans les zones rurales, en injectant une fortune
considérable qui complète le revenu agricole, souvent insuffisant (Jaques, 2006). Ainsi,
même si elle génère des revenus, mais pourvoit peu de recettes à l'État et peut être une
source locale inquiétante de mauvaises conditions sanitaires et de sécurité, l'exploitation
minière artisanale de l'or dans son ensemble reste sans aucun doute une activité positive
pour le pays.
1. Introduction
L'analyse économique des dommages environnementaux consiste à quantifier en unités
monétaires les impacts environnementaux de l'exploitation de l’or ainsi que les mesures
permettant de les éviter. Sur cette base, il s'agit de formuler des constats et de développer des
recommandations. Ce chapitre va dans un premier temps exposé la méthodologie de l'analyse,
puis présenter les résultats qui en émanent. Il en découlera une série de recommandations pour
l'orientation et l'encadrement stratégique du secteur.
L'analyse économique des dommages environnementaux nécessite de définir de manière précise
le système examiné. Dans le cas de l'exploitation de l’or, l'analyse porte sur les conséquences
environnementales de la collecte du minerai et sur l'extraction de l'or du minerai extrait. Il ne tient
pas compte par conséquent du transport de la ressource et de sa mise en forme finale.
Les processus liés aux activités extractives sont relativement peu complexes. Il s'agit d'extraire du
minerai en creusant le sol (soit de manière continue ou sporadique par le biais de puits et de
galeries) puis de le laver et de le traiter afin d'en extraire le métal désiré. Ce dernier peut alors être
rassemblé et vendu à des intermédiaires.
Données Données
Libellés officielles corrigées (*)
Production en kg d’or 535 5'351
Volume de minerai extrait en tonnes 21'659 216'588
Volume de stérile en tonnes 21'658 216'583
(*)Valeurs corrigées pour tenir compte de l’extraction de l’or non déclarée
Source : Résultats d’analyse des données par le groupe d’experts sba-Ecosys-CEDRES
La pollution de l'air (poussières, particules fines) aux alentours des sites d’extraction a un
impact sur la qualité de vie et la santé des ménages. Les poussières issues de l'extraction
de l'or sont en effet particulièrement nocives pour la santé14
Les trous, puits, galeries, monticules détériorent le paysage. Les individus se montrent
sensibles à la qualité du milieu naturel les entourant. Au niveau national au Burkina Faso,
les ménages concernés par une détérioration donnée du paysage déclarent un
consentement à payer d'environ 20'000 FCFA/an afin de l'éviter
Les mines constituent également une cause de la déforestation
Le nettoyage du minerai nécessite d'importante quantité d'eau. La mise à disposition de
cette dernière implique le détournement de cours d'eau et la création de capacités de
retenue. Ces infrastructures peuvent engendrer des effets bénéfiques pour la population
voisine (meilleur accès à la ressource « eau »). Toutefois, elles modifient fortement le bilan
hydrique des régions et renforcent les conflits d'usage sur la ressource. Certains cours
d'eau finissent ainsi asséchés, ce qui engendre une disparition de la faune et de la flore
locale et des activités économiques traditionnelles les exploitant
L'eau utilisée pour nettoyer le minerai est rejetée souvent directement dans le milieu
naturel sans traitement. L'usage de bassin de décantation n'est pas systématisé au Burkina
Faso ; et lorsqu’ils existent, ces derniers sont généralement sous-dimensionnés. L’eau ainsi
rejetée est alors fortement chargée de matières en suspension et augmente la turbidité des
cours d'eau. Il en résulte un impact fort sur la santé des travailleurs et la population locale
Dans les mines, l'usage de produits hautement toxiques (mercure, cyanure) pour
l'amalgamation et la cyanidation de l'or augmente fortement la pollution des eaux. Des
signaux d'alertes sont régulièrement lancés par les ONG sur ce point. L'impact est
potentiellement dramatique, tant sur la population que la faune locale. A notre
connaissance, il n'existe au Burkina Faso qu'une seule analyse établissant le lien entre
l'usage des produits toxiques dans l’orpaillage avec le nombre de cas de maladies. Il s'agit
de l'étude de Ouédraogo (2006) qui a visité onze sites aurifères et examiné 1'090
personnes, procédé à 177 sept radiophotographies pulmonaires, testé pour le dosage du
mercure urinaire 93 personnes dont les échantillons ont été analysées par l’Institut
Universitaire Romand de Santé au Travail (IST) de Lausanne en Suisse. A l’issu des
différents tests, il ressort les constats suivants : la valeur moyenne de la concentration en
14 En effet, le risque d'un affaiblissement en clinique de la fonction respiratoire attribuable à la poussière chez les
travailleurs non-fumeurs des mines d'or, était trois fois plus important que chez les travailleurs des mines de charbon,
et cela en présence d'une exposition cumulative à la poussière respirable qui représentait moins du cinquième. La
teneur en quartz de poussière respirable pourrait expliquer cette différence marquée des résultats chez les groupes de
mineurs (Muir, 1999).
3. Méthodologie
3.1. Principaux concepts
L'exploitation de l'or procure des revenus conséquents à la population du Burkina Faso, elle
présente de plus une entrée importante de devises et de fortes opportunités de croissance.
Les conclusions de l'analyse économique viser ainsi à fournir des informations importante pour la
conduite de politiques économiques (type de soutien à apporter au développement de la filière) et
environnementales (limitation des ses impacts environnementaux).
Sur le plan pratique, l’analyse économico-environnementale repose par conséquent sur
l’évaluation et la comparaison des coûts de dégradation de l’environnement (les Coûts des
Dommages et des Inefficiences - CDI), et des coûts d’atténuation de cette dégradation (les Coûts
de Remédiation - CR). La mise en perspective des CDI et des CR indique l’efficience de la
remédiation ou, autrement formulé, la valeur des dommages qui peuvent être évités pour un
montant déterminé de dépenses et d’investissements de remédiation. Sous l’angle économique,
éviter un dommage n’est en effet efficace ou optimal que lorsque le bénéfice de l’action (c’est-à-
dire l’évitement du dommage) est supérieur ou égal au coût que l’action engendre (le coût de la
remédiation). La méthodologie est donc identique à celle appliqué au niveau national. L'encadré
ci-dessous met en évidence ces concepts clé.
Face à de telle lacune informationnelle, nous avons pris l'option de procéder à l'analyse en
recourant à des proxies (basés soit sur des chiffres disponibles au niveau de la sous-région)
soit par extrapolation des estimations réalisées à l'échelle du pays. Vu les marges d'erreur qui
Le tableau ci-dessous présente les résultats de manière détaillée selon les types de mines
(artisanales et industrielles) ainsi que les domaines environnementaux (air, eau, sols, déchets,
matière et énergie, biodiversité et environnement global) et les catégories économiques (santé et
qualité de vie, capital naturel et inefficiences).
Mines Mines
Catégories Secteur Valeur
artisanales industrielles
environnementales
%VA %VA %VA USD CFA
Eau 3.0% 1.5% 1.5% 5'765'794 2'581'922'543
Air 1.3% 0.9% 0.4% 2'412'313 1'080'233'780
Sols et forêt 3.7% 1.0% 2.7% 7'113'890 3'185'599'931
Déchets 1.2% 0.2% 0.9% 2'241'176 1'003'598'576
Energies et Matières 3.5% 1.1% 2.4% 6'677'503 2'990'185'692
Total I 12.6% 4.8% 7.8% 24'210'676 10'841'540'522
Environnement global 0.06% 0.02% 0.05% 120'491 53'955'905
Total II 12.7% 4.8% 7.8% 24'331'167 10'895'496'428
Mines Mines
Catégories Secteur Valeur
artisanales industrielles
économiques
%VA %VA %VA USD CFA
Santé | Qualité de vie 5.0% 2.8% 2.2% 9'664'983 4'327'979'552
Capital naturel 3.2% 0.8% 2.5% 6'230'035 2'789'809'598
Inefficiences dans les ressources 4.3% 1.2% 3.1% 8'315'657 3'723'751'372
Total I 12.6% 4.8% 7.8% 24'210'676 10'841'540'522
Figure 13: CDI du secteur de l'exploitation de l’or selon les domaines environnementaux
Figure 14: CDI du secteur de l’exploitation de l’or selon les catégories économiques
Les résultats montrent que bien que les CDI des mines industrielles soient plus élevés que celui
des mines artisanales (+160%), la différence est faible comparativement au volume d'or extrait
(+1200%). En d'autres relativement à la quantité produite, les CDI des mines artisanales sont
élevés. Ceci vient du fait que l'extraction de l'or recourt, sans disposer des techniques adéquates,
dans les mines artisanales a des produits chimiques fortement polluants et dangereux pour la
santé (mercure et cyanure) et a des impacts forts sur la santé des mineurs et des riverains. Les
mines industrielles recourent aux mêmes produits toxiques mais sont soumises à des contrôles
plus restrictifs et disposent également de techniques de production moins dommageables pour la
santé des travailleurs. Les mines industrielles sont également moins nombreuses (relativement à la
quantité d'or extraite). Les précédents résultats présentent des estimations planchers au sens où
les hypothèses les plus conservatrices ont été appliquées. Cette procédure est habituelle est
dénote du souci de ne pas surestimer les impacts négatifs de la production de l'extraction de l'or
vu la forte incertitude entourant les données.
Mines Mines
Catégories Secteur Valeur
artisanales industrielles
environnementales
%VA %VA %VA USD CFA
Eau 4.81% 2.59% 2.22% 9'232'971 4'134'524'305
Air 1.79% 1.34% 0.45% 3'444'385 1'542'395'656
Sols et forêt 6.88% 2.09% 4.79% 13'206'019 5'913'655'354
Déchets 2.33% 0.44% 1.89% 4'482'352 2'007'197'151
Energies et Matières 5.22% 1.69% 3.53% 10'016'254 4'485'278'538
Total I 21.02% 8.142% 12.884% 40381981 18'083'051'005
Environnement global 0.06% 0.02% 0.05% 120'491 53'955'905
Total II 21.09% 8.16% 12.93% 40'502'472 18'137'006'910
b) Coût de remédiation
L'estimation des coût de remédiation est également très incertaine. En effet, les données
disponibles ne permettent pas de déterminer les coûts des principales mesures pour l'évitement
des CDI. De plus, au niveau des mines industrielles, il n'a pas été possible de déterminer dans
quelle mesure les exploitations actuelles recourent déjà à ces techniques de remédiation. Les
résultats sont donc incertains, l'estimation proposée repose également sur des hypothèses
conservatrices. Le tableau ci-dessous présentent les CR.
Mines Mines
Secteur Valeur
Catégories environnementales artisanales industrielles
%VA %VA %VA USD CFA
Eau 1.5% 0.8% 0.7% 2'892'879 1'295'431'117
Air 0.6% 0.4% 0.3% 1'196'797 535'925'729
Sols et forêt 2.8% 0.6% 2.2% 5'330'171 2'386'850'441
Déchets 0.8% 0.1% 0.6% 1'456'743 652'329'301
Energie et Matière 1.4% 0.4% 1.0% 2'733'910 1'224'244'861
Total I 7.1% 2.4% 4.7% 13'610'499 6'094'781'449
Mines Mines
Secteur Valeur
Catégories économiques artisanales industrielles
%VA %VA %VA USD CFA
Santé | Qualité de vie 2.0% 1.1% 1.0% 3'909'013 1'750'455'854
Capital naturel 2.9% 0.7% 2.1% 5'510'834 2'467'751'433
Inefficiences dans les ressources 2.2% 0.6% 1.6% 4'190'652 1'876'574'162
Total I 7.1% 2.4% 4.7% 13'610'499 6'094'781'449
Sous réserve que les remédiations prévues aboutissent effectivement à la suppression des
dommages, leur mise en œuvre aboutirait à un gain de plus de 4.7 milliards de FCFA/an pour la
population concernée par les dommages et inefficiences de l’exploitation de l’or.
Ratios
Catégories
environnementales Mines Mines
Secteur
artisanales industrielles
Eau 1.79 1.53 2.25
Air 1.60 1.80 1.21
Sols et forêt 1.54 1.74 1.47
Déchets 1.96 1.99 1.95
Energies et Matières 2.21 1.90 2.40
CDI total / CR total 1.78 1.71 1.82
moyenne 1.82 1.79 1.86
1. Principaux constats
Le secteur minier constitue une composante essentielle dans le développement économique et
social du pays et joue un rôle important dans l’économie nationale. La part de l'exploitation de
l'or dans le PIB est croissante et avoisine 4 % si les activités informelles sont pris en compte (2 %
à 2.5% sinon). L'or représente également près de 43% des exportations du pays (en valeur).
L'or a des retombées bénéfiques sur le développement régional et rural. L'exploitation
industrielle de l'or génère ainsi 9'000 emplois directs et 27'000 emplois indirects. Les mines font
ainsi vivre près de 300'000 personnes (GPMB15). L’effectif a été multiplié par 10 entre 2005 et
2010.
Dans les mines artisanales, 700'000 personnes sont directement concernés par l’activité
d’orpaillage : de plus, environ 518'495 habitants des zones riveraines des sites d’orpaillage
bénéficient des activités induites par l'orpaillage. Globalement, 1.3 million de personnes tirent
ainsi un revenu de cette activité (ce qui représente 82 milliards FCFA de revenus). Ces
estimations incluent les orpailleurs non déclarées. 42% des acteurs directs vive au au-dessus du
seuil de pauvreté établi à 82'672 FCFA. Cette activité constitue un canal significatif contribuant à
réduire la pauvreté et les inégalités de revenus dans les zones d’orpaillage et le milieu rural au
Burkina Faso.
L'exploitation industrielle de l'or implique la construction d’infrastructures économiques et socio-
éducatives favorisant le désenclavement des régions souvent difficilement accessibles. Ces
infrastructures sont financées par les exploitants miniers et sont liées à l'obtention des droits
d'exploitation. Ils constituent également une réponse nécessaire à l'augmentation de la population
dans les zones riveraines des sites miniers.
Le secteur minier industriel génèrent également des ses effets d’entraînement au niveau d’autres
secteurs tels que le secteur des transports routiers et celui de l’énergie électrique.
La production minière de l'or a toutefois également des impacts négatifs sur l'environnement et
les ressources naturelles. Ces derniers sont toutefois évitables à un coût relativement faible. La
mise en application de mesures simples permettrait ainsi d'améliorer l'impact socio-économique
du secteur de l'or tout en en diminuant les incidences environnementales.
Les coûts des dommages environnementaux et des inefficiences (CDI) de l'extraction
d'or sont estimés à environ 12.6% de la VA du secteur (environ 10.8 mia FCFA/an) ou
0.28% du PIB du Burkina Faso. Les impacts principaux concernent l'eau, les sols et les
inefficiences.
Les dommages dus aux mines industrielles sont plus élevés que ceux des mines artisanales
(+160% de CDI dans les mines industrielles). Toutefois, la différence est faible comparativement
au volume d'or extrait (+1200% d'or extrait par les mines industrielles). Ces estimations sont
basées sur des hypothèses conservatrices. En tenant compte des orpailleurs non déclarées et en
considérant des estimations moins restrictives quant aux intrants utilisés, les dommages totaux
doublent.
Les coûts des mesures de remédiation (CR) atteignent 7.1% du PIB, ce qui représente quelques
6.09 mia de FCFA/an. Un tiers des CR concernent les mines artisanales. Les coûts de
2. Recommandations
Les analyses technique et socio-économique doivent être considérées comme une étape inévitable
préalable à toutes actions ambitieuses et opérationnelles d'assistance au secteur minier artisanal.
Cela pourrait contribuer à une exacte description des problèmes complexes qui affectent ce
secteur, en fournissant non seulement une bonne compréhension de l'environnement dans lequel
l'intervention a lieu, mais aussi de garantir l'esprit de participation qui est indispensable pour
l'appropriation locale, et donc un avantage durable des actions (Jaques et al., 2006, Jaques, 2001 ;
Jaques, 2003, 2004 ; Keita, 2001, Ouédraogo, 2010, Fofana et al., 2009).
Il serait utile de mettre en œuvre un meilleur encadrement des mines artisanales; il s'agit d'y
développer l'usage de retors et d'y abandonner à terme l'usage des produits chimiques dangereux.
Ceci demande une politique plus interventionniste dans les mines artisanales. Les coûts qui en
résultent sont toutefois largement inférieurs aux bénéfices sociaux et environnementaux qui en
résulteraient.
Pour amorcer une promotion de ce secteur dans le cadre d’un développement durable, il apparaît
que des actions d’optimisation sont indispensables pour s’attaquer aux innombrables carences
techniques et organisationnelles et aller vers plus de productivité, de rentabilité et surtout de
sécurité sur les chantiers. L’une des solutions d’avenir préconisée est d’intégrer les petites
exploitations minières dans le secteur formel, en passant par une démarche participative et
intégrée, à travers certains axes tels que :
faire de la lutte contre la pauvreté une priorité des politiques nationales dans le secteur
minier artisanal ;
encourager, à côté de la petite production minière, d’autres activités productives
complémentaires, auxquelles l’activité minière servira de point d’encrage; Il s'agit dans
ce but de développer un accès des orpailleurs au microcrédit afin de permettre de tels
Les richesses ainsi créées à travers cette démarche, devront favoriser l’émergence d’un réseau
d’entrepreneurs, bien intégrés dans le tissu économique local et capables de contribuer de façon
significative au développement durable des zones minières.
D’autres mesures parallèles importantes en milieu artisanal consisteraient à :
Sensibiliser davantage les orpailleurs sur les risques encourus par l’utilisation des
produits chimiques (mercure, cyanure, acides divers, etc.).
Former les orpailleurs à des meilleures pratiques d’extraction pour minimiser les
risques d’accidents.
Sensibiliser les orpailleurs sur les risques de contamination du VIH/SIDA et des
autres MST.
minimiser la présence d'enfants dans les sites miniers
Dans les mines industrielles il faut renforcer l'application du code minier et des lois de protection
de l'environnement. Des mécanismes incitatifs (accords volontaires, taxation avantageuse)
devraient être mise en place. Il s'agirait de fixer des objectifs individuels avec les mines
industrielles. Une telle politique permettrait de tenir compte des besoins et spécificités de chaque
site et permettrait d'autre part de renforcer la transparence du secteur tout en maintenant
l'attractivité économique. La mise en place de tels mécanisme demande toutefois une étude
préalable de leurs sous-jacents (le marché y est-il adapté, quelles sont les forces de négociation en
présence) dans le cas du Burkina Faso.
De manière spécifique, l'interdiction du cyanure doit être implémentée. Les contrôles sur la
sécurité et l'examen sanitaire des mineurs doivent être également renforcés en milieu industriel.
Une politique spécifique doit être prévue exiger afin d'assurer la remise en état après exploitation.
Cette tâche revient aux exploitants dans le secteur industriel, l'État doit contrôler sa mise en
œuvre régulière. Dans le cas des mines artisanal, il est illusoire de considérer une intervention
directe des exploitants. Il est par conséquent nécessaire de prévoir un mécanisme alternatif de
financement (fonds) alimenté par une contribution régulière des exploitants. Cette contribution
devraient dépendent des tonnes de minerais extraites et non des tonnes d'or afin d'inciter une
exploitation plus rationnelle des sites.
L'information doit encore être fortement améliorée et plus transparente. Les analyses menées ont
des marges d'erreurs conséquentes au niveau statistiques. Dans un secteur tel que celui des mines,
l'information sur les impacts économiques, socio-économiques et environnementaux a une
importance stratégique car son analyse est susceptible de remettre en cause les équilibres actuelles
en renforçant les contraintes. C'est un fait. Il faut toutefois également mettre en évidence que de
telles analyses mettent également en avant les aspects bénéfiques su secteur des mines (moteur de
croissance, emplois, diminution de la pauvreté) et de son importance pour l'économie du pays.
L'information permet ainsi également d'identifier les meilleures opportunités pour
l'investissement privé. Du tant que les acteurs ne partagent pas ces information, l'incertitude