Extrait Techniques d Amelioration de La Production

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Patrick Dugué

Luc Rodriguez
Bernard Ouoba
Issa Sawadogo

Techniques d'amélioration
de la production agricole
en zone soudano-sahélienne

Manuel à l'usage des techniciens


du développement rural,
élaboré au Yatenga, Burkina Faso
Patrick Dugué
Luc Rodriguez
Bernard Ouoba
Issa Sawadogo

Techniques d'amélioration
de la production agricole
en zone soudano-sahélienne
Manuel à l'usage des techniciens
du développement rural,
élaboré au Yatenga, Burkina Faso

Centre de coopération internationale


en recherche agronomique
pour le développement, France
Département des systèmes agroalimentaires et ruraux
Institut national d'études
et de recherches agricoles, Burkina Faso
Centre régional
de promotion agropastorale
du Nord, Burkina Faso
© Cirad 1994
ISBN 2-87614-179-5
SOMMAIRE

Avant-propos 5
L'agriculture du Yatenga au Burkina Faso 7

Défense et restauration des sols


Le cordon pierreux 15
L'utilisation du niveau à eau 21
Le traitement des ravines 27
Les plantes utiles à la lutte contre l'érosion 33
Quelques techniques de régénération de pâturage 41
Les diguettes en terre améliorées et les bandes
de végétation 47
La récupération des sols dégradés par sous-solage
croisé en culture attelée 53
Le stockage des eaux de ruissellement
par microretenue ou bouli 59
L'aménagement du terroir et la valorisation
des ouvrages antiérosifs 67

Amélioration de la production végétale


Le semis en ligne 73
Le sarclage mécanique 77
Le buttage et le buttage cloisonné 83
La préparation du sol avant semis 89
L'emploi de la fumure organique 97
L'utilisation des engrais minéraux 103
La culture du mil 107
La culture du sorgho 113
Une variété de sorgho à cycle court : IRAT 204 119
La culture de l'arachide 123
La culture du niébé 129

Amélioration de l'élevage
La fauche de l'herbe et la fabrication du foin 139
Le traitement des pailles à l'urée 147
Une culture fourragère : l'Andropogon gayanus 151
L'embouche ovine 157

Valorisation des résidus de récolte

La fabrication du fumier et la fosse fumière 163


La fabrication du compost et la fosse compostière 169
La valorisation des résidus de récolte par les animaux 175

Machinisme agricole et culture attelée


Le choix des équipements en culture attelée 179
L'amélioration des jougs et des colliers 187
Le dressage et l'entretien des animaux de trait 193
Les outils de préparation du sol 201
AVANT- PROPOS

Ce recueil de fiches techniques a été réalisé à partir des résultats


obtenus par le p r o j e t de recherche-développement du Yatenga,
province du Burkina Faso, de 1982 à 1990. Ce projet associait le
Centre régional de promotion agropastorale (CRPA) du Nord, l'Institut
national d'études et de recherches agricoles (INERA), et le département
systèmes agraires du CIRAD, aujourd'hui département des systèmes
agroalimentaires et ruraux (CIRAD-SAR).

Les innovations techniques présentées dans ce document ont été mises


au point et testées par les paysans dans leurs parcelles" et avec leur
équipement. Les recommandations émises dans ces fiches techniques
prennent en compte les remarques des paysans sur la pertinence,
l'intérêt et la faisabilité des innovations. Ces fiches concernent donc en
premier lieu l'agriculture du Yatenga avec ses particularités, ses
contraintes et ses atouts. Leur utilisation dans d'autres situations
agricoles nécessitera des adaptations, plus ou moins importantes selon
les régions, avec la participation des paysans concernés.

Les innovations proposées ne répondent pas à tous les problèmes


techniques rencontrés par les paysans. La poursuite des travaux de
recherche et de développement au Yatenga permettra à l'avenir de
compléter ce recueil et d'adapter les recommandations à de nouvelles
situations agroécologiques ou socio-économiques, en relation avec
l'évolution des marchés et des politiques agricoles.
L'adoption des innovations par les agriculteurs implique un programme
de f o r m a t i o n et de vulgarisation, et un appui des structures de
développement pour la fourniture de matériel et d'intrants. Nous
n'aborderons pas ici les méthodes de vulgarisation, mais on peut
rappeler les deux règles essentielles à la diffusion des innovations
techniques.

• Les exploitations agricoles ne sont pas toutes identiques. La mise en


œuvre d'une technique par un producteur d o i t être raisonnée par
rapport à ses capacités techniques, sa disponibilité en travail, les types
de terrain de son exploitation et ses possibilités d'investissement.

• L'adoption d'une innovation technique implique pour le vulgarisateur


et le producteur de passer par plusieurs phases : l'information (réunion,
visite), le test ou la démonstration à petite échelle et l'application en
vraie grandeur.
Ce recueil de fiches techniques peut contribuer à informer les paysans
et les animateurs, et servir de support aux formations de terrain.
Ce travail a été mené à bien grâce à la participation active des paysans
du Yatenga, et plus particulièrement ceux des villages de Ziga, Sabouna
et Boukéré, ainsi qu'au dévouement des agents de terrain de l'INERA et
d u CRPA. Les fiches techniques o n t été rédigées par Patrick Dugué
(agronome, CIRAD-SAR), Luc Rodriguez (agronome, Coopération
française), Bernard O u o b a (zootechnicien, CRPA du Nord) et Issa
Sawadogo (zootechnicien, CRPA du Nord). La plupart des illustrations
ont été réalisées par Patrick Dugué et l'édition scientifique par Christine
Rawski.
L'AGRICULTURE DU YATENGA
AU BURKINA FASO

LE MILIEU PHYSIQUE

LES PAYSAGES

Le Yatenga est situé au nord-ouest du plateau central du Burkina Faso


(figure 1). O n peut y distinguer deux grand types de paysage. Le
premier présente une alternance de tables cuirassées et de dépressions
qui s'organisent autour d'axes de drainage ou bas-fonds. Ce paysage
typique du plateau central couvre la plus grande partie du Yatenga au
centre et au sud (figure 2). Le second type de paysage est issu d'un
système dunaire, constitué de plaines sableuses mollement ondulées et,
en quelques endroits, d'affleurements cuirassés. Ce type de paysage ne
concerne que la partie nord de la province.

Les références présentées dans ce recueil proviennent de travaux menés


dans le centre du Yatenga et concernent plus particulièrement cette
région, caractérisée par des phénomènes de ruissellement et d'érosion
importants.

LE CLIMAT

Le climat, de type soudano-sahélien, est caractérisé par une saison des


pluies de mai à octobre. La pluviométrie connaît depuis une vingtaine
d'années une forte variabilité (figure 3), de 300 mm à 900 mm par an,
et la moyenne annuelle sur 20 ans a chuté de 700 mm à 530 mm.
L'aléa pluviométrique est la contrainte majeure de la production
agricole. En effet, la durée de la saison des pluies utiles varie de 4 mois
à 2 mois et demi. D'autre part, les pluies sont mal réparties durant la
période de culture ; les périodes sèches durant la phase optimale de
végétation (1 e' juillet-20 septembre) peuvent, en année sèche, aller
jusqu'à 3 périodes de plus de 6 jours sans pluie. Cela n'exclut pas, par
ailleurs, des périodes d'excès d'eau en août et au début de septembre,
préjudiciables aux cultures de zones basses.
Figure 1 : Cartes de situation.
LES SOLS
Les sols sont de type ferrugineux tropicaux, carences en phosphore, en
azote-et en matière organique. La teneur des sols en argile est variable :
de l'ordre de 20 % dans les bas-fonds, elle peut être inférieure à 10 %
dans les plaines sableuses. Outre la baisse de fertilité chimique liée à la
diminution des jachères, aux faibles restitutions en fumure organique et
au très faible apport d'engrais minéral, les sols des plaines à faible
pente sont sujets, dans presque toutes les situations, à une forte érosion
hydrique.

La formation de ravines accroît les pertes en eau dans les pentes et


contribue aux excès d'eau dans les bas-fonds. Cette forme d'érosion
spectaculaire est difficile à maîtriser mais concerne de faibles surfaces.
Par contre, l'érosion en nappe touche de grandes surfaces, à savoir
toutes les plaines à faible pente, sauf les zones très sableuses au nord
d u Yatenga o ù le ruissellement est très faible, v o i r nul. Ce type
d'érosion entraîne un décapage des premiers centimètres de sol, qui
sont aussi les plus riches en humus. Il apparaît alors un sol nu sans
végétation, à l'horizon superficiel colmaté, quasi imperméable et plus
riche en argile (zipellé en mooré, langue vernaculaire des Mossis).

LE MILIEU HUMAIN ET LES ACTIVITÉS


DE PRODUCTION AGRICOLE

L A POPULATION
Le Yatenga est caractérisé par une forte densité de population. La
moyenne de la province est de 45 habitants/km 2, avec un gradient
marqué du centre (80 à 100 habitants/km 2 ) vers la périphérie de la
province (10 à 20 habitants/km 2). Les Mossis — ethnie d'agriculteurs —
y sont largement majoritaires avec 85 % de la population. Viennent
ensuite les Peuls, dont l'activité prédominante reste l'élevage malgré
leur intérêt grandissant pour les productions végétales.
A cette forte densité de population correspond une pénurie de terre
cultivable, une raréfaction, voire une disparition, des zones en jachère
et donc une dégradation continue des ressources naturelles comme les
sols, les parcours ou la forêt.

LES PRODUCTIONS VÉGÉTALES


L'activité principale dans les villages est la production céréalière (90 %
de la surface cultivée) à base de mil et de sorgho. Les cultures de
légumineuses sont en régression : un peu d'arachide, en partie
autoconsommée, et du niébé cultivé en association avec les céréales.
Chaque culture occupe une place précise dans l'espace : le mil dans les
plaines à faible pente, le sorgho en bas-fond, le riz en zone inondée,
Figure 2 : Paysage caractéristique du centre du Yatenga. Evolution de l'occupation des
terres et dégradation du milieu.

Figure 3 : Evolution de la pluviosité du Yatenga de 1947 à 1992 (poste de Ouahigouya).


l'arachide sur les terrains plus sableux. Il n'y a donc pas ou très peu de
rotation de cultures mais juxtaposition de monocultures.

Les techniques culturales ont peu évolué ; à Boukéré et à Sabouna,


moins de 10 % de la surface est labourée avant le semis et la
consommation d'engrais est en moyenne de 5 kg/ha/an. Dans certains
villages, c o m m e à Ziga, du fait d ' u n effort plus important de la
vulgarisation agricole et d'une pression foncière plus accentuée, on a
pu observer des changements techniques visant à intensifier les
systèmes de culture : préparation du sol avant semis par scarifiage,
semis en ligne et sarclage mécanique sur 25 à 30 % de la surface
cultivée, utilisation de toute la fumure organique disponible.

L'ÉLEVAGE
L'élevage tient une place importante dans l'économie des exploitations.
Les petits ruminants sont source de revenus réguliers, et les bovins de
revenus exceptionnels en cas de disette. Les animaux servent à la
culture attelée et au transport et produisent de la fumure organique. Le
cheptel, surtout bovin, a fortement régressé ces quinze dernières
années.
Les troupeaux sont gardés par des enfants durant la saison des pluies et
divaguent durant la saison sèche. O n a pu toutefois observer une
évolution des pratiques d'élevage :

- l'augmentation des stocks de résidus de récolte, surtout en année à


faible pluviosité, permettant de complémenter la ration des animaux en
fin de saison sèche ;

- dans les villages où la densité de population est forte, la tendance à


garder les troupeaux en stabulation une grande partie de la journée, les
animaux se nourrissant en grande partie à partir des résidus de culture
et parfois d'aliment pour bétail acheté ;

- la réduction des contrats de gardiennage et de parcage entre éleveurs


Peuls et paysans Mossis.

Suite à la dégradation des pâturages, à la réduction des jachères et à la


mise en culture des bas-fonds, les résidus de culture de mil et de sorgho
sont devenus la principale ressource fourragère dans le centre du
Yatenga.

LES AUTRES ACTIVITÉS


Le d é v e l o p p e m e n t du maraîchage, fortement encouragé par les
structures de développement et d'appui aux organisations paysannes,
s'est surtout concentré dans les sites où l'eau est facilement disponible,
par exemple près des barrages collinaires.

Les cultures maraîchères, qui ne sont pas abordées dans ce recueil, ne


sont pas présentes dans tous les villages.
12

Du fait des contraintes pour la production agricole que sont les aléas
climatiques et la faible fertilité des sols, les populations du Yatenga se
sont tournées vers des activités extra-agricoles : petit commerce,
artisanat pour le marché local et surtout orpaillage depuis 1986. Elles
s'orientent également vers le travail saisonnier hors du Yatenga, en
Côte-d'lvoire principalement.

LES PROBLÈMES DES PAYSANS DU YATENGA


Les contraintes majeures que rencontrent les paysans du Yatenga, et
plus précisément ceux du centre, sont :
- les aléas pluviométriques, qui provoquent soit la sécheresse, soit des
pluies violentes source d'érosion ;

- la faible fertilité des sols cultivés, liée en partie au manque de terre ;


les sols sont carences en éléments minéraux et organiques et sensibles à
l'érosion ;
- la dégradation des pâturages, qui compromet l'alimentation des
animaux durant la saison sèche ;
- l'éloignement des grands centres urbains, qui limite le développement
de productions de vente telles que les cultures maraîchères ou l'élevage
d'embouche.
L'ensemble de ces contraintes limite fortement la production agricole et
les paysans ne peuvent plus, même en bonne année, réaliser des stocks
de céréales ou dégager des revenus pour s'équiper. La culture attelée
stagne, v o i r régresse dans certaines situations ; la consommation
d'intrants et en particulier d'engrais est très limitée. Pour assurer les
besoins de leur famille, les paysans restent très dépendants des revenus
extra-agricoles et de l'émigration.
Les migrations temporaires en Côte-d'lvoire permettent aux chefs
d'exploitation de faire face aux pénuries vivrières, mais limitent la
main-d'oeuvre disponible en saison sèche pour aménager les parcelles
de culture, développer l'élevage et le maraîchage. L'importance des
migrations, et donc des rentrées monétaires qu'elles entraînent, pourrait
être de plus en plus limitée par la crise économique que connaissent les
zones de production ivoiriennes de café et de cacao.
L'atout majeur des populations du Yatenga pour améliorer leurs
revenus et leurs conditions de vie est leur capacité à se mobiliser, par
exemple en investissant du temps de travail durant la saison sèche pour
réaliser des aménagements antiérosifs. Des résultats importants ont déjà
été obtenus dans ce domaine et le monde paysan du Yatenga s'organise
de plus en plus autour de thèmes mobilisateurs comme le maraîchage,
la défense et la restauration des sols, l'élevage des petits ruminants et le
c r é d i t rural. Les diverses organisations paysannes d u Yatenga
deviennent de plus en plus les moteurs du développement rural et les
interlocuteurs des projets de diverses origines.
13

LE YATENGA ET LES AUTRES


RÉGIONS SOUDANO-SAHÉLIENNES
Les techniques décrites dans ce recueil ont toutes été testées avec des
paysans du Yatenga pendant plusieurs années. Les recommandations
q u i d é c o u l e n t de ces expérimentations prennent en c o m p t e les
contraintes que subissent les agriculteurs de cette région, mais aussi les
atouts dont ils disposent. Par exemple, la technique du cordon pierreux
est bien adaptée à cette région qui dispose de blocs de latérite en
quantité. Toutefois, la majorité de ces techniques a été mise au point ou
vulgarisée dans d'autres régions sahéliennes ou soudano-sahéliennes.
Hors du Yatenga, ces techniques concernent en premier lieu les régions
proches par leurs caractéristiques physiques et socio-économiques :
faible fertilité du sol et érosion hydrique en nappe importante, sols
ferrugineux tropicaux sur cuirasse, pluviométrie aléatoire (300 à
600 mm), faible capacité d'investissement et forte mobilisation du
t r a v a i l , en grande partie manuel. O n pensera t o u t d ' a b o r d aux
différentes sous-régions du plateau central du Burkina Faso, de
Ouagadougou à Kaya. Mais d'autres régions des pays sahéliens, du
Tchad au Sénégal, ont très certainement des caractéristiques au moins
en partie comparables à celles du Yatenga. A chacun d'adapter les
connaissances et les références venant de différents horizons pour
essayer de résoudre les problèmes concrets des agriculteurs et des
éleveurs qu'il souhaite aider.

QUELQUES OUVRAGES GÉNÉRAUX


SUR LE YATENGA
MARCHAL J.-Y., 1983. Yatenga, Nord Haute-Volta. La dynamique d'un
espace rural soudano-sahélien. Série Travaux et documents, n° 167.
Paris, France, ORSTOM, 873 p.

DUCUE P., 1990. Possibilités et limites de l'intensification des systèmes


de culture vivriers en zone soudano-sahélienne. Le cas d u Yatenga
(.Burkina Faso). C o l l e c t i o n D o c u m e n t s systèmes agraires, n° 9.
Montpellier, France, CIRAD-SAR, 358 p.
CHLEQ J.-L., DUPRIEZ H., 1984. Eau et terres en fuite, métiers de l'eau du
Sahel. L'expérience du Gary de Titao. Série Terres et vie. Paris, France,
L'Harmattan, 128 p.

SERPANTIE G., TEZENAS DU MONTCEL L., VALENTIN C , 1992. La dynamique


des états de surface d'un territoire agropastoral soudano-sahélien.
Conséquences et p r o p o s i t i o n s . In L ' a r i d i t é , une c o n t r a i n t e au
développement : caractérisation, réponses biologiques, stratégies des
sociétés. Le Floc'h E., Grouzis M., Cornet A. et Bille J.-C. éd. Série
Didactiques, Paris, France, ORSTOM, p. 419-447.
LE CORDON PIERREUX

I 'intensité des pluies au Yatenga est telle que le ruissellement de


L_ l'eau, même sur des pentes faibles, emporte le sol en surface, les
jeunes plantes et la fumure organique et minérale. Pour résoudre ce
problème d'érosion en nappe qui empêche toute intensification de
l'agriculture, i l est nécessaire d'aménager les parcelles cultivées,
mais aussi les zones situées en amont des terres cultivées.

OBJECTIF ET DESCRIPTION DE LA TECHNIQUE

UNE TECHNIQUE PERFORMANTE POUR RALENTIR L


E RUISSELLEMENT
Différentes techniques permettent de ralentir le ruissellement de l'eau.
Lorsque des pierres se trouvent à proximité du champ, la technique du
cordon pierreux apparaît actuellement la plus performante et la mieux
CD
acceptée par les paysans. CC
Les paysans du Yatenga utilisaient traditionnellement les cordons Û

p i e r r e u x sur de petites surfaces. Ils a c c e p t e n t et a d o p t e n t très t/5


—1
rapidement la technique des cordons pierreux améliorés, qui utilisent le o
1/5
niveau à eau et la végétalisation. t/i
LU
Q
Z
QUELQUES DÉFINITIONS O
Erosion : mécanismes dus à l'action du vent ou de l'eau de ruissellement, entraînant
un déplacement de sol. Cela correspond à une perte de terre.
Ruissellement : écoulement des eaux de pluie entraînant une perte en eau pour les t/5
cultures de pente et un accroissement des inondations en bas-fond. LU
CE

Diguette : ouvrage antiérosif imperméable généralement constitué de terre damée. I -


LU
LU
Digue filtrante : ouvrage antiérosif réalisé dans les zones basses (bas-fond, ravine) 1/5
avec des cailloux et parfois des gabions, qui permet de limiter l'érosion et la vitesse Z
LU
LL.
du ruissellement. Une diguette filtrante peut atteindre 1,5 m de hauteur, 3 m de sLU
largeur et plusieurs dizaines de mètres de longueur. Û
16
Cordon pierreux : ouvrage antiérosif constitué d'un double alignement de pierres
suivant la courbe de niveau et réalisé généralement dans les parcelles cultivées.
Alignement de pierres : ouvrage constitué d'une seule ligne de pierres,
traditionnellement utilisé par les paysans du Yatenga en bas de colline.
Végétal isation : renforcement d'un ouvrage antiérosif physique par la plantation de
végétaux pérennes, vivaces ou permanents.

QUELQUES CONSEILS POUR LES PAYSANS

LE TRACÉ DE LA COURBE DE NIVEAU


O n trace tout d'abord une courbe de niveau principale au milieu de la
parcelle à aménager, au moyen du niveau à eau (voir la fiche technique
DRS2). Puis, on lisse cette courbe, c'est-à-dire q u ' o n atténue les
irrégularités de son tracé, qui sont dues pour une bonne part au
microrelief du terrain (figure 1). Cela facilite les travaux culturaux
effectués avec la traction animale.

O n trace ensuite les autres cordons parallèlement à la première courbe


de niveau tracée et lissée. Pour cela, on s'aide d'une corde (figure 2).

Figure 1 : Le tracé de la première courbe de niveau.

Figure 2 : Le tracé de la deuxième courbe de niveau (cas d'une pente régulière).


L ' é c a r t e m e n t e n t r e d e u x c o u r b e s est t e l q u e la d i f f é r e n c e d e h a u t e u r
e n t r e d e u x l i g n e s successives s o i t é g a l e à 3 0 c m e n v i r o n ( h a u t e u r
m o y e n n e d ' u n c o r d o n pierreux). C e t é c a r t e m e n t est mesuré à l ' a i d e d u
n i v e a u à eau ( v o i r la f i c h e t e c h n i q u e DRS2 sur l ' u t i l i s a t i o n d u n i v e a u à
eau).

Cette m é t h o d e d e tracé est possible p o u r les parcelles a y a n t u n r e l i e f


r e l a t i v e m e n t r é g u l i e r ( p e n t e assez u n i f o r m e e t d a n s u n seul sens).
Lorsque le r e l i e f est plus tourmenté, il est préférable d e tracer c h a q u e
c o u r b e avec le n i v e a u à eau.

L A C O N S T R U C T I O N D U C O R D O N PIERREUX

La quantité de pierres nécessaires à l'aménagement complet d'une


parcelle d'un hectare est proche de 40 tonnes pour 300 m de cordons
pierreux. Le paysan ou le groupement villageois auront tout intérêt à
s'organiser pour avoir à disposition une ou plusieurs charrettes. Dans le
cas où les pierres sont trop éloignées, la construction de diguettes
filtrantes en terre est une alternative technique possible (voir la fiche
technique DRS6).
Pour construire les cordons pierreux, il faut aligner les pierres en les
« ancrant » dans la terre. Après avoir creusé une petite tranchée de 5
cm, on y coince les pierres puis on tasse la terre. Il faut colmater ces
cordons de pierre du côté amont sur 10 cm pour créer une petite
terrasse de sédimentation (figure 3). Si la terre monte trop haut, le
cordon pierreux n'est plus filtrant et l'on aura les mêmes problèmes
qu'avec la diguette en terre (excès d'eau en amont). Si le cordon
pierreux n'est pas bien ancré dans le sol, le ruissellement peut
déchausser et entraîner des pierres.

r-
LA VÉGÉTALISATION
CC
Si le c o r d o n p i e r r e u x n'est pas associé à u n e c o u v e r t u r e végétale, il v a
Û
r a p i d e m e n t s'ensabler, e t les pierres v o n t « rentrer dans le sol ». Il sera
1/5
alors i n e f f i c a c e p o u r ralentir la nappe d'eau. La solution mise au p o i n t _l
O
1/5
t/5
LU
û
Z
O
et

t/5
LU

H-
LU
LU
t/5
Z
LU
U.
\LU
Figure 3 : Détail d'un cordon pierreux. Û
18
pour augmenter la longévité des cordons pierreux est le semis en amont
d u c o r d o n p i e r r e u x d ' A n d r o p o g o n gayanus e t de P e n n i s e t u m
pedicellatum (Pito et Kimbogo en mooré). Ces graminées vont coloniser
la bande de terrain et donc ralentir la vitesse de la nappe d'eau et
stopper une partie des sédiments (figure 4).
La mise en place de cette couverture herbeuse se fait courant juillet, par
semis à la volée des semences ramassées fin octobre de l'année
précédente. Au préalable, les semences sont scarifiées avec du sable
humide. Le sol de la bande à ensemencer, de 20 cm à 1 m de largeur,
est travaillé à la daba ou à la houe-manga. Après semis, les semences
sont recouvertes par p i é t i n e m e n t (voir la f i c h e t e c h n i q u e AE3).
L'Andropogon gayanus peut être aussi repiqué après éclat de souches
au courant du mois d'août.
D'autres plantes permettent de compléter cette couverture herbacée. En
aval des cailloux, on peut planter des arbustes tous les mètres comme
Z i z i p h u s mauritiana, Acacia seyal, A. nilotica, A. holocericea, en

Figure 4 : Végétalisation d'un cordon pierreux.

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