MARTYNIAK_2020_diffusion
MARTYNIAK_2020_diffusion
MARTYNIAK_2020_diffusion
Présentée par
Valentin MARTYNIAK
Je souhaite tout d’abord remercier les différentes personnes qui m’ont aidé à mener à bien cette thèse
dans les meilleures conditions possibles.
Premièrement j’adresse mes sincères remerciements à toute l’équipe du laboratoire 3SR de Grenoble
pour avoir permis la collaboration entre le laboratoire et EDF. Je tiens tout particulièrement à remercier
Fabrice EMERIAULT mon directeur de thèse durant ces 3 années (et un tout petit peu plus). Je le
remercie pour sa patiente, ses conseils et sa bienveillance qui m’ont permis de réaliser ce travail
sereinement.
Je souhaite remercier les équipes de la DP2D d’EDF qui ont rendu cette thèse possible, et plus
particulièrement Adrien POUTREL.
Je remercie Monsieur Richard GIOT, Professeur à l’ENSIP Poitier, ainsi que Monsieur Jean SULEM,
Professeur à l’école des Ponts Paristech d’avoir accepté d’être rapporteurs de cette thèse et de l’évaluer.
Je remercie également toutes les personnes d’EDF-CIH qui m’ont côtoyé durant toutes ces années. Je
remercie François LAIGLE pour m’avoir fait confiance, pour son soutien technique et ses idées
foisonnantes.
Merci également à Florence RECH de m’avoir accueilli au sein de son service et de sa disponibilité à
mon égard. Je remercie également Rolland PLASSART pour son soutien et nos échanges sur mes
nombreuses interrogations. Merci à toute l’équipe de DT-GOS : Astrid MONDOLONI pour avoir
répondu à mes multiples questions sur Code_Aster, tout comme Gregory COUBARD et Etienne
GRIMAL, mais également toutes les personnes du service : Amandine VIGLINO, Sophie VINCENT,
Fanny DUBIE, Peggy MARTIN, Pauline BOFFETY, Christelle PEYBERNES, Pierre RENIER,
Jérémie MOREAU, Pierre TACHKER, Jean-Pascal VIVET, Julien CINTRACT, Olivier BORY,
Guillaume FOURNIER, Manh Dat NGUYEN, Nicolas LEBRUN, Laurent DELGATTO.
Je remercie toutes les personnes de la R&D d’EDF pour avoir apporté leur contribution à cette thèse et
plus particulièrement Simon RAUDE pour son aide et ses conseils.
Je tenais particulièrement à remercier les membres du comité de pilotage de cette thèse : François
MARTIN et Adrien SAÏTTA pour leur accueil et leur contribution technique.
Enfin je remercie également toute ma famille : ma sœur, mes parents et beaux-parents pour leur soutien
au quotidien.
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- iii -
Résumé
L’équilibre de la contrainte dans les revêtements de galeries souterraines à grande profondeur, ou dans
des roches meubles, est un phénomène complexe. Il résulte du comportement couplé du terrain et du
béton de revêtement. Le caractère fluant de la roche implique une mise en charge progressive du
revêtement de la galerie et l’amplitude de ce phénomène est fortement liée à la rigidité de ce dernier.
Les calculs permettant de prédire la contrainte générée dans le revêtement sont généralement réalisés en
intégrant des modèles très aboutis dans le terrain, mais les résultats peuvent montrer une contrainte
beaucoup plus élevée que ce qui est mesuré sur ouvrage réel. Les sources d’erreur de ces modèles
peuvent être multiples et ces différences peuvent s’expliquer par l’omission de certains phénomènes
pouvant influer sur l’équilibre de la contrainte de revêtement.
Au travers de différentes approches à complexité croissante, les phénomènes pouvant influer sur
l’évolution de la contrainte au sein des revêtements de galeries souterraines profondes ont été étudiés.
Ces phénomènes peuvent être liés au comportement du béton de revêtement ou à celui du terrain. Une
approche semi-analytique de type convergence-confinement a été développée en intégrant les effets
différés du terrain par un modèle phénoménologique de Singh-Mitchell ainsi que le fluage et le retrait
du béton de revêtement par les modèles empiriques des Eurocodes. Cela a permis de déterminer un ordre
de grandeur des différents phénomènes et de sélectionner ceux ayant un effet significatif. De plus, grâce
à une analyse des données expérimentales sur les ouvrages de Chamoise et de Bure, nous avons pu
montrer que l’évolution de la vitesse de contrainte dans le revêtement semble suivre une évolution
linéaire dans le plan log(𝜎̇ ) /log(𝑡) avec une pente qui semble constante en dépit des différences entre
les ouvrages. L’étude de ces données expérimentales a également permis de quantifier les effets différés
du béton de revêtement à travers l’analyse des mesures de contrainte et de déformation.
Le deuxième niveau de complexité intègre le modèle de comportement viscoplastique L&K à un modèle
numérique. Afin d’étudier l’amplitude de ces phénomènes de manière plus précise, dont les effets
peuvent dépendre de la méthode de mise en œuvre, nous avons défini deux cas de référence. Ces deux
cas correspondent aux deux configurations les plus couramment rencontrés en travaux souterrains, à
savoir une galerie creusée de manière traditionnelle à section en fer à cheval et une galerie à section
circulaire creusée au tunnelier. Une étude de sensibilité aux paramètres de l’étude ainsi que ceux du
modèle a été réalisée afin de déterminer la plage de variation possible du paramètre de pente de la vitesse
de chargement.
Enfin le troisième niveau de complexité d’analyse intègre un modèle de comportement du béton
couplant le modèle mécanique aux effets de l’hydratation et du séchage du béton de revêtement. Une
analyse de ces phénomènes a été effectuée sur des éprouvettes au travers d’essais de fluage, puis le
modèle a été intégré à un des cas de référence. Cela a permis d’obtenir une meilleure estimation de
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-v-
Résumé
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l’effet du fluage dans les revêtements de galerie qui semble être le phénomène prépondérant à la
modification de l’évolution de la contrainte dans le revêtement.
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- vi -
Abstract
Stress equilibrium in concrete lining of deep tunnels, or in soft rocks, is a complex phenomenon. It
results from the coupled behavior of the rock and the concrete of the lining. The creep behavior of the
rock implies a progressive loading of the gallery lining. The magnitude of this phenomenon is strongly
related to the rigidity of the concrete lining. Numerical simulation led to predict the stress generated in
the lining are generally done by integrating very complex models in rock behavior, but the results can
show a higher stress than those measured in real galleries. The origin of the mistakes in these numerical
models can be multiple. These differences can be explained by the omission of certain phenomena which
can influence the balance of the stress in the lining.
Through various approaches with increasing complexity, the phenomena that can influence the evolution
of the stress in deep underground tunnel lining have been studied. These phenomena can be related to
the behavior of the concrete lining or to the behavior of the ground. A semi-analytical convergence-
confinement approach have been developed by integrating the long term behavior of the ground effects
with a Singh-Mitchell phenomenological model. The creep and shrinkage of the concrete lining follow
an empirical model of Eurocode. This allowed for determining an order of magnitude of the different
phenomena and to select those having a significant effect. Moreover, thanks to an analysis of
experimental data on the Chamoise and Bure galleries, we have been able to show that the evolution of
the stress velocity in the lining seems to follow a linear evolution of log(𝜎̇ ) /log(𝑡) with a constant slope
despite the differences between the structures. The study of these experimental data have quantified the
long time behavior of concrete lining through the analysis of stress and strain measurements.
The second level of complexity integrates the L&K viscoplastic model into a numerical model. In order
to study more precisely the amplitude of these phenomena, their effects can depend on the method of
construction, we have defined two reference cases. These two cases correspond to the two configurations
most commonly encountered in underground structures: the first is a gallery excavated in a traditional
way with a horseshoe section, the second one is a tunnel with a circular section dug with a TBM. A
sensitivity study of the parameters of the numerical model, and of the L&K model was performed to
determine the possible range of variation of the concrete lining stress velocity parameter.
Finally, the third level of complexity integrates a concrete model coupling the mechanical model to the
effects of hydration and drying of the concrete. An analysis of these phenomena will be performed on
samples through creep tests in the numerical model, then the model will be integrated into one of the
reference cases. This will provide a better estimation of the effect of concrete lining creep, which appears
to be the most noticeable effect on concrete lining stress evolution.
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- vii -
Table des matières
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- ix -
Table des matières
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-x-
Table des matières
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- xi -
Table des matières
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- xii -
Introduction et Problématique
L’étude des contraintes dans les tunnels à grande profondeur ou dans des roches présentant un caractère
fluant relève du comportement couplé du terrain et du revêtement de la galerie. L’amplitude de ces
contraintes dépend des caractéristiques du terrain en place mais également de la rigidité et des
déformations du revêtement. Bien que des modèles complexes soient utilisés pour représenter le
comportement du terrain, en considérant un modèle élastique dans le béton de revêtement, on ne traite
qu’une partie du problème. D’après les différents retours d’expérience en ingénierie, bien souvent les
contraintes dans les revêtements sont alors surestimées de manière importante.
L’objectif de la présente thèse est de recenser et d’évaluer les causes à l’origine des écarts entre les
mesures sur ouvrages et l’évaluation des contraintes au travers de modèles numériques. Cela passera par
l’étude des différents phénomènes pouvant influer sur l’évolution de la contrainte dans le temps et à
évaluer leurs effets respectifs. Cela permettra ainsi d’améliorer les modèles numériques.
Cette thèse s’inscrit naturellement dans le cadre du projet de stockage à grande profondeur CIGEO.
Cependant le fruit de ces réflexions reste valable pour tout type d’ouvrage à grande profondeur ou dont
le terrain présente un comportement fluant prononcé.
1. Contexte industriel
Cette thèse est issue de la collaboration du laboratoire Sols Solides Structures Risques (3SR) de
Grenoble et du Centre d’Ingénierie Hydraulique (CIH) d’EDF. Elle est financée dans le cadre du projet
HAVL (haute activité vie longue) d’EDF, projet d’étude de faisabilité du centre de stockage géologique
de déchets radioactifs CIGEO, situé à Bure, dont la maitrise d’ouvrage a été confiée à l’ANDRA
(Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs). Le financement de la thèse est assuré par
le Direction des Projets Déconstruction Déchets (DP2D) d’EDF. Cette thèse vise donc une application
industrielle dans le cadre du centre de stockage de Bure mais les conclusions seront également
applicables aux ouvrages profonds en général.
Elle s’inscrit dans la continuité des thèses de F. Laigle (2004) et A. Kleine (2007) qui visaient à
développer un modèle de comportement élasto-visco-plastique permettant de traduire le comportement
des roches et plus particulièrement de l’argilite de Bure. Ce modèle a été implanté lors de la thèse de
Kleine dans FLAC2D. Par la suite, la thèse de Plassart (2011) a apporté une évolution au modèle de
comportement avec la prise en compte du couplage hydromécanique de la roche, et a permis l’intégration
du modèle dans Code_Aster. Enfin la thèse de Raude (2015) apporta un couplage thermo-hydro-
mécanique au modèle de comportement ainsi qu’une modification partielle des équations du modèle.
Ce nouveau modèle est alors nommé LKR et implanté sous Code_Aster sous le même nom. Nous
pouvons également citer la thèse de Djouadi (2019) qui introduit l’anisotropie dans le modèle LKR.
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Ce phénomène ayant une application à un type de sol bien spécifique, il ne sera pas abordé lors de cette
thèse. De plus cela compliquerait d’avantage l’interprétation des résultats.
2. Problématique
Le postulat de base de cette thèse part d’une observation réalisée principalement sur les ouvrages du
Laboratoire de Bure. Les contraintes observées dans les revêtements des ouvrages souterrains sont
généralement plus faibles que celles calculées à l’aide de modèles numériques. En effet, d’après les
divers retours d’expérience en ingénierie, en utilisant des modèles traduisant de manière précise le
comportement fluant du terrain, il subsiste toujours des différences notables (parfois de 2 à 3 fois plus)
entre les simulations et les mesures. Ces différences peuvent avoir plusieurs origines et le but de cette
thèse est d’étudier plus précisément l’évolution de la contrainte à long terme dans les revêtements de
galeries souterraines ainsi que les phénomènes susceptibles d’engendrer ces différences.
L’étude se limitera aux ouvrages dont le terrain présente une évolution à long terme qui est
dimensionnante pour le revêtement de la galerie. Cela comprendra essentiellement les ouvrages à grande
profondeur et/ou en terrain visqueux. De plus les revêtements considérés ne seront que des revêtements
structurels définitifs, ce qui ne prend pas en compte les revêtements en béton projeté fin qui sont
considérés comme un soutènement de galerie plus qu’un réel revêtement. Nous ne considèrerons donc
que les revêtements dans lesquels la théorie des poutres peut être appliquée.
Ainsi dans ce document, nous nous intéresserons aux deux aspects du problème : l’évaluation de la
contrainte réelle dans les ouvrages, ainsi que son estimation au travers de calculs numériques.
Tout d’abord, nous avons récolté des données expérimentales, dans la littérature et sur ouvrages, de
mesures d’évolution des contraintes et des déformations sur des galeries souterraines entrant dans notre
champ de considération. Ces données seront ensuite analysées et utilisées comme base de réflexion pour
définir l’allure de l’évolution dans le temps de la contrainte dans les revêtements.
1000
Vitesse de chargement [kPa/j]
100
10
1
10 100 1000
0,1
0,01
Temps [j]
En traçant l’évolution des vitesses de contrainte dans les revêtements de galeries dans un plan
log(𝜎̇ ) /log(𝑡) (Figure I.1), nous avons remarqué que leur évolution semblait linéaire avec une pente de
l’ordre de 1 à 1,5. Cette tendance semble se vérifier sur des ouvrages aux caractéristiques différentes et
la valeur de cette pente semble constante pour tous les ouvrages.
Nous analyserons donc les données d’ouvrages de la littérature mais également des données
expérimentales à notre disposition sur les ouvrages du laboratoire de Bure et sur le tunnel de Chamoise,
afin de conforter cette première hypothèse.
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Nous choisirons tout d’abord d’étudier ces phénomènes au travers de calculs semi-analytiques
basés sur la méthode convergence-confinement. Cela permettra d’obtenir un ordre de grandeur
de l’effet des différents phénomènes, au travers de calculs simples, permettant d’obtenir une
évaluation rapide de la contrainte dans le revêtement.
Ensuite nous intégrerons ces phénomènes dans un modèle numérique utilisant un modèle de
terrain de type viscoplastique dans le code différence-finies FLAC2D. Nous évaluerons ainsi
leurs effets sur l’évolution de la contrainte au travers de deux cas de référence, représentatifs
des deux configurations les plus souvent rencontrées en travaux souterrains. Cela nous permettra
de distinguer les phénomènes ayant des effets notables et ceux pouvant être considérés comme
négligeables.
Enfin dans un troisième temps nous étudierons l’effet de ces phénomènes sur un modèle élément
fini sous Code_Aster. Cela permettra de considérer des mécanismes beaucoup plus complexes
dans le béton au travers d’un modèle permettant de prendre en compte la teneur en eau et
l’avancement de la réaction d’hydratation, ce qui est impossible dans le cas du logiciel FLAC.
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phénomènes étudiés au travers des calculs numériques sous le logiciel différences finies FLAC2D. Le
sixième chapitre portera sur l’étude plus précise des phénomènes dans le béton de revêtement. Enfin le
dernier chapitre constituera une conclusion générale de ce travail de thèse. De manière plus précise, le
contenu de chaque chapitre est le suivant :
(Morenon 2017) ainsi que son intégration dans le cas de référence en fer à cheval sera présenté.
Ce modèle permet notamment de prendre en compte un avancement de la réaction d’hydratation
du béton ainsi qu’un couplage avec un champ de teneur en eau. Le comportement de ce modèle
sera ensuite étudié sur des essais sur éprouvettes puis intégré au modèle de référence.
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Résumé du Chapitre :
Ce chapitre porte sur les éléments de bibliographie essentiels à la compréhension de la problématique. Il
permettra notamment de présenter de manière succincte les différentes méthodes classiquement utilisées
pour déterminer la contrainte dans un revêtement de galerie. Ensuite il présentera les modèles de
comportement de terrain utilisés par la suite dans les calculs numériques et les calculs semi-analytiques,
permettant la prise en compte du caractère viscoplastique des terrains considérés. Il portera également sur
les aspects phénoménologiques du béton, certains des modèles de comportement existants, ainsi que sur la
liste des différents phénomènes pouvant intervenir par type de revêtement. Nous aborderons ensuite les
problématiques liées à l’EDZ (zone d’excavation endommagée) puis nous terminerons sur quelques
données expérimentales sur ouvrages extraites de la littérature.
Table des matières du Chapitre :
1. INTRODUCTION ............................................................................................................................................................ 8
2. LES REVETEMENTS DE TUNNEL .................................................................................................................................... 9
2.1. Présentation des différents types de revêtements .............................................................................................. 10
2.2. Méthodes empiriques de détermination du chargement d’un revêtement ......................................................... 12
2.3. La méthode convergence-confinement .............................................................................................................. 13
2.4. Synthèse des méthodes....................................................................................................................................... 17
3. MODELISATION TERRAIN ........................................................................................................................................... 19
3.1. Modèles de comportement visqueux .................................................................................................................. 19
3.2. Présentation du modèle L&K ............................................................................................................................ 19
3.3. Singh-Mitchell ................................................................................................................................................... 24
4. COMPORTEMENT DU BETON ....................................................................................................................................... 26
4.1. Introduction au matériau béton ......................................................................................................................... 26
4.2. Phénoménologie du béton ................................................................................................................................. 26
4.3. Modèles de comportement du béton .................................................................................................................. 30
4.4. Méthodes de mesure de la contrainte dans les revêtements .............................................................................. 35
4.5. Synthèse des phénomènes par type de revêtements ........................................................................................... 38
5. ESTIMATION DE L’EDZ SUR OUVRAGE ...................................................................................................................... 41
6. DONNEES OUVRAGES ................................................................................................................................................. 43
6.1. Tunnel de Mu-Cha (Taïwan) ............................................................................................................................. 43
6.2. Descenderie de St Martin-de-la-Porte (Tunnel euralpin Lyon-Turin) .............................................................. 44
6.3. Maneri-Uttarkashi power tunnel, Inde .............................................................................................................. 47
6.4. Synthèse des données expérimentales................................................................................................................ 48
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1. Introduction
La problématique générale de la thèse portant sur l’étude des phénomènes pouvant influer sur l’évolution
de la contrainte dans les revêtements de tunnel, il apparait essentiel de réaliser une étude bibliographique
afin de les identifier. De plus, afin de confronter les modèles numériques à la réalité, nous avons
recherché des données d’évolution de contrainte dans les revêtements de galeries souterraines répondant
à notre cadre d’étude.
Nous développerons donc premièrement ce qu’est un revêtement de tunnel et les différents types de
revêtement qui existent et ceux que nous retiendrons pour notre étude. Nous aborderons également les
différentes méthodes de détermination de la contrainte dans les structures souterraines.
Le cadre de l’étude se plaçant dans les ouvrages à grande profondeur, il était nécessaire de développer
le comportement des deux modèles utilisés dans les Chapitres suivants. Le modèle de Singh-Mitchell
servira de base à l’étude des phénomènes au travers d’une méthode semi-analytique de type
convergence-confinement au Chapitre III. Le modèle LKR est un modèle viscoplastique intégré dans le
logiciel FLAC2D qui permettra une étude plus approfondie des phénomènes et pour des géométries
particulières.
Nous aborderons ensuite les aspects phénoménologiques du béton, afin de caractériser le comportement
du revêtement. Nous détaillerons notamment les différentes déformations différées apparaissant dans le
béton, mais également les modèles nécessaires à l’intégration de ces phénomènes dans les modélisations.
Afin de comprendre les éventuelles sources d’erreur au niveau des mesures de la contrainte, nous
aborderons les différents types de capteurs ou méthodes de mesure de la contrainte. Nous dresserons
ensuite une synthèse des phénomènes par type de revêtement afin de prédéterminer ceux qui semblent
significatifs.
L’EDZ (Excavation Damage Zone) sera également étudiée afin de caractériser son comportement et ses
propriétés mécaniques.
Enfin nous présenterons les différents ouvrages de la littérature pour lesquels nous avons pu effectuer
un suivi de la contrainte sur une période de plus d’un an, ou à défaut une mesure de déformation ou de
convergence. Leurs données seront dépouillées et analysées afin de déterminer la tendance qui s’en
dégage.
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Fonction d’étanchéité : le revêtement joue un rôle important dans l’étanchéité du tunnel. Il peut
assurer à lui seul l’étanchéité (voussoirs préfabriqués avec joints), ou assurer une étanchéité de
surface (béton coffré avec joints de reprise traités pour l’étanchéité), ou encore servir de support à
l’étanchéité (que ce soit pour une étanchéité à l’intrados ou à l’extrados)
Fonction visuelle : le revêtement interne du tunnel constitue la seule partie visible de l’ouvrage
pour les usagers, cela doit donc être pris en compte lors de la conception de l’ouvrage. En effet le
confort visuel et le sentiment de bien-être et de sécurité ou l’absence de mal être de l’usager peut
contribuer de manière significative au bon comportement de ces derniers. En effet le sentiment
d’angoisse des usagers peut augmenter les risques d’accidents routiers.
Fonction d’écoulement : étant donné que le revêtement est la partie de l’ouvrage la plus à
l’intrados, il va jouer un rôle important dans l’écoulement d’air à l’intérieur du tunnel. En effet un
revêtement qui aura un aspect de surface lisse, contribuera à minimiser les pertes de charge dans le
tunnel. Ainsi la puissance des ventilateurs pourra être réduite, ce qui aura un aspect bénéfique sur
le coût total de l’ouvrage.
Il existe trois types de revêtements que l’on distinguera par leur mise en œuvre. Les revêtements en
béton coffré, les revêtements en béton projeté, et enfin les voussoirs préfabriqués. Ces derniers seront
présentés dans la partie suivante. Nous nous intéresserons ensuite aux différentes méthodes d’évaluation
de la contrainte dans les revêtements et plus particulièrement à la méthode convergence-confinement.
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Les bétons utilisés pour la réalisation des revêtements ont en général une résistance en compression de
l’ordre de 30 MPa. Ces derniers, utilisés pour réaliser les revêtements de tunnels, doivent satisfaire un
certain nombre d’exigences liées à la particularité des ouvrages souterrains :
Tout d’abord le béton doit être mis légèrement en pression afin de remplir tout l’espace confiné
entre le coffrage et le rocher.
Une bonne maniabilité du béton est généralement recherchée pour une bonne mise en œuvre du
béton au sein du coffrage
Le béton doit avoir une perméabilité relativement faible afin de résister au milieu agressif auquel
il sera soumis. Cela facilite également la pose d’un habillage léger de type peinture.
Le coffrage étant réalisé par plots d’environ 10m de longueur, les exigences de cadence
imposent en général la réalisation d’un plot par jour. Le béton doit donc atteindre une résistance
mécanique suffisante pour pouvoir être décoffré le lendemain soit environ 10 MPa au bout de
24 h.
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d’éviter des phénomènes de gonflement qui pourraient apparaitre suite à la migration de l’eau au sein
de la structure poreuse de la roche ou du sol.
Ce béton projeté n’a donc pas de rôle purement structurel, il sert en réalité d’étanchéité temporaire à la
galerie et permet d’éviter des micro-déplacements en venant combler les fissures ouvertes par le
déconfinement du terrain. En l’absence de stabilisation, ces fissures, ou micro-déplacements pourraient
se propager et engendrer des phénomènes de décohésion en chaîne de la structure du massif. On ne
considèrera donc pas ce type de béton projeté dans notre étude car il ne permet pas d’assurer la stabilité
à long terme de la galerie.
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Figure II.2 : Schéma de mise en œuvre de voussoirs (source : dossier pilote de l'AFTES)
Les voussoirs sont donc mis en place à l’avancement du front et placés juste après le creusement. Ainsi
ils assurent à la fois un rôle de revêtement définitif mais aussi de soutènement à court terme.
Afin d’assurer un bon contact entre le terrain et les voussoirs, un matériau de bourrage est généralement
ajouté, qui va venir combler les vides éventuels entre le terrain et les voussoirs. Cela permet de répartir
la contrainte de manière uniforme sur l’ensemble de l’anneau de voussoirs. Il en résulte donc une
incertitude, lors de calculs numérique, sur la géométrie réelle de la zone excavée et de la zone de contact
entre les voussoirs et le terrain. De plus lors de ces calculs, le matériau de revêtement est généralement
supposé homogène et continu, or il est constitué d’un ensemble de voussoirs assemblés les uns aux
autres et présentant donc des discontinuités. Le contact entre les voussoirs sera tout de même supposé
parfait et le report des contraintes sera homogène sur l’interface entre les voussoirs.
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Figure II.3 : Schéma de la zone arquée dans la méthode de Terzaghi (extrait de Jeong 2014 d’après Terzaghi 1946)
La seconde méthode utilisée est la méthode de Barton (1980), cette dernière permet de calculer le
soutènement à utiliser dans le cas de terrains de type roche avec une fracturation plus ou moins
importante. Elle se base sur la classification des masses rocheuses de Barton et al. (1974). La résistance
de la roche, la contrainte in-situ, le type et le nombre de discontinuité sont considérés ainsi que la
rugosité de ces dernières.
Figure II.4 : Abaque de Grimstad et Barton (1993) extrait de Barton et al. (2014)
L’abaque de la Figure II.4 permet une estimation très rapide, d’après les paramètres de la classification
de Barton, du soutènement à utiliser. C’est pour sa simplicité d’utilisation et son grand retour
d’expérience (plus de 40 ans) que cette méthode est très largement utilisée. De plus Singh et al. (1992)
et Bhasin et Grimstad (1996) proposent une corrélation pour déterminer la pression appliquée sur le
soutènement de la galerie :
40𝐷 −1/3
𝑃𝑔𝑎𝑙 = 𝑄
𝐽𝑟
Cela permet d’obtenir une première estimation du soutènement à mettre en place. Le revêtement
définitif, s’il est nécessaire, sera alors généralement calculé en considérant le poids du bloc le plus
important à stabiliser en fonction des familles de discontinuités pour des masses rocheuses. Dans le cas
de terrains convergeant à long terme ces méthodes ne peuvent toutefois pas être utilisées et il faudra se
tourner vers des méthodes plus complexes.
confinement qui est une méthode de dimensionnement des revêtements de tunnels largement utilisée.
Les fondements de la méthode seront tout d’abord présentés de manière succincte, puis dans un
deuxième temps la résolution d’un cas pratique en milieu élastique sera étudiée.
𝑒𝜃
⃗⃗⃗⃗
𝑒𝑟
⃗⃗⃗ 𝑅
𝑟 𝑃𝑖
Dans cette partie le massif aura un comportement supposé élastique et isotrope. A l’instant t = 0 la
pression fictive 𝑃𝑖 = 𝑃∞ par la suite 𝑃𝑖 suit une loi de décroissance imposée par 𝜆(𝑥) le taux de
déconfinement qui dépend de 𝑥 l’avancement en mètres.
𝑃𝑖 (𝑥) = (1 − 𝜆(𝑥))𝑃∞
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Figure II.6 : Pression fictive et taux de déconfinement (source : Panet et Guénot, 1982)
Un taux de déconfinement 𝜆(𝑥) (Figure II.6) pour un milieu élastique sera considéré :
1
𝜆0 = 𝑒 −0.15
3
𝑥
𝜆(𝑥) = 𝜆0 𝑒 𝑅 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑥 ≤ 0
{ 3𝑥
𝜆(𝑥) = 1 − (1 − 𝜆0 )𝑒 −2𝑅 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑥 ≥ 0
Le tenseur des contraintes 𝜎 doit être statiquement admissible, il doit donc vérifier :
𝑑𝑖𝑣𝝈 = 0
𝜕𝜎𝑟𝑟 1
+ (𝜎𝑟𝑟 − 𝜎𝜃𝜃 ) = 0
𝜕𝑟 𝑟
La loi de Hooke qui lie le tenseur des contraintes en élastique et le tenseur des déformations donne :
𝝈 = 2μ𝛆 + λtr𝛆
Si on injecte l’expression de 𝜎 donné par l’équation de Hook dans l’équation d’équilibre on trouve une
équation de 𝑢𝑟 :
𝜕 1 𝜕𝑟𝑢𝑟
[ ]=0
𝜕𝑟 𝑟 𝜕𝑟
On suppose donc que 𝑢𝑟 (𝑟) ne dépend que de 𝑟, ce qui nous donne la forme de 𝑢𝑟 (𝑟) et à l’aide des
conditions limites en 𝑟 = 𝑅 et 𝑟 = +∞ :
𝜎𝑟𝑟 (𝑟 = 𝑅) = 𝑃𝑖
𝜎𝑟𝑟 (𝑟 = +∞) = 𝑃∞
On trouve :
_______________________________________________________________________________________
𝑅²
𝜎𝑟𝑟 (𝑟) = 𝑃∞ − (𝑃∞ − 𝑃𝑖 )
𝑟²
𝑅²
𝜎𝜃𝜃 (𝑟) = 𝑃∞ + (𝑃∞ − 𝑃𝑖 )
𝑟²
Soit :
1+𝜐 𝜐
𝜀𝜃𝜃 (𝑟) = (𝜎𝜃𝜃 (𝑟) − 𝑃∞ ) − (𝜎𝑟𝑟 (𝑟) + 𝜎𝜃𝜃 (𝑟) − 2𝑃∞ )
𝐸 𝐸
1+𝜐 𝑅²
𝜀𝜃𝜃 (𝑟) = (𝑃∞ − 𝑃𝑖 )
𝐸 𝑟²
1+𝜐 𝑅²
𝑢𝑟 (𝑟) = 𝑟𝜀𝜃𝜃 = (𝑃∞ − 𝑃𝑖 )
𝐸 𝑟
1+𝜐
𝑈(𝑥) = 𝑢𝑟 (𝑅) = (𝑃∞ − 𝑃𝑖 (𝑥))𝑅
𝐸
Ainsi la courbe de convergence est proportionnelle à la pression de confinement 𝑃𝑖 (𝑥), ce qui est logique
dans le cas d’un milieu élastique.
Afin d’illustrer la méthode nous avons choisi de l’appliquer à une ouvrage représentatif de la
problématique considérée à savoir un terrain fluant. Ici nous choisirons l’argilite de Bure car nous
disposons d’essais de laboratoire nous permettant de déterminer les caractéristiques du matériau et nous
pouvons comparer ces résultats aux données sur ouvrages. Ces données expérimentales seront étudiées
de manière plus précise dans le Chapitre III.
Les paramètres du rocher considérés sont ceux de l’argilite de Bure dans les conditions du laboratoire :
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14
Convergence élastique
12 Confinement
10
Pi [MPa]
6
0
0 0,005 0,01
U [m]
Figure II.7 : Résultat de la méthode convergence-confinement en milieu élastique dans le cas du laboratoire de Bure
La contrainte au sein du revêtement et la convergence finale de la galerie sont déterminées par le point
d’équilibre, obtenue par l’intersection de la courbe de convergence et la courbe de confinement (Figure
II.7). Dans le cas considéré, la contrainte appliquée sur le revêtement sera de 𝑃𝑟𝑒𝑣 = 1,01𝑀𝑃𝑎. Si on
suppose que le revêtement se comporte comme un anneau mince (la contrainte normale au sein de
𝑃 𝑅
l’anneau est homogène sur toute la section de l’anneau) la contrainte normale sera de 𝜎𝑛 = 𝑟𝑒𝑣 soit
𝑒
dans notre cas 𝜎𝑛 = 15,2𝑀𝑃𝑎. L’un des inconvénients de considérer un milieu purement élastique est
que la contrainte n’évolue pas dans le temps ce qui ne répond pas à notre problématique. Certains auteurs
comme Sulem et al. (1987) ou plus récemment Paraskevopoulou et Diederichs (2018) proposent une
intégration de la déformation à long terme du terrain dans la méthode convergence-confinement. Dans
le Chapitre IV un modèle de comportement prenant en compte les déformations à long terme du terrain
sera intégré dans cette méthode afin d’étudier l’évolution de la contrainte dans le revêtement.
L’évolution de la contrainte dans le revêtement en considérant le comportement à long terme du terrain
au travers de simulation numérique reste la méthode la plus efficace. En effet elle permet de considérer
des modèles de comportement bien plus complexe. Cette méthode sera étudiée dans les Chapitres V et
VI.
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Les approches analytiques comme Einstein-Schwartz (1980), Googman-Shi (1989), Kirsch (2010) et
Warburton (1983) ont été développées initialement dans les années 80. Ces approches permettent
également une évaluation assez rapide de la contrainte appliquée à la structure en se basant sur des
approches analytiques.
La méthode convergence-confinement est très largement utilisée afin de déterminer plus précisément le
chargement appliqué au revêtement. Elle permet de prendre un compte un certain nombre de
phénomènes physiques dans l’estimation des contraintes dans les revêtements. Cette méthode convient
relativement bien à des cas simples, comme des terrains relativement résistants, ou à des contraintes peu
élevées (sols peu profonds). Cependant, elle trouve ses limites à partir du moment où il est nécessaire
d’estimer les contraintes de manière plus précise ou en prenant en compte le comportement à long terme
de la roche ou une géométrie de galerie non circulaire. Dans ce cas le couplage entre le comportement
du terrain et du revêtement devient déterminant, et les hypothèses de base de la méthode convergence
confinement ne sont plus valables.
Dans ces cas plus complexes, il faudra alors se tourner vers des méthodes numériques, qui permettent
un couplage entre les comportements du terrain et du revêtement et une estimation plus précise des
contraintes.
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3. Modélisation terrain
Dans le cas de l’utilisation de méthodes plus complexes, il est nécessaire d’utiliser des modèles
permettant de traduire de manière plus fidèle le comportement du terrain. Le cadre de notre
problématique concerne essentiellement les ouvrages dont le comportement à long terme est
dimensionnant pour le revêtement. Ainsi les modèles de comportement considérés seront des modèles
permettant de traduire ce phénomène qui est représenté de manière classique au travers d’une visco-
plasticité (ou visco-élasticité).
Dans cette partie, nous présenterons les deux modèles utilisés dans les chapitres suivants. Le premier
modèle, utilisé dans le Chapitre V est le modèle L&K, dont le développement et l’implantation dans le
code de calcul FLAC2D a été réalisé par Kleine (2007). Son évolution, le modèle LKR (Raude 2015),
sera utilisée dans le Chapitre VI dans le programme élément fini Code_Aster. Il s’agit d’un modèle
visco-plastique développé au départ pour traduire le comportement de l’argilite mais il peut également
traduire de manière satisfaisante tout type de roche. Le second modèle présenté est le modèle de Singh-
Mitchell qui sera essentiellement utilisé dans le Chapitre IV avec la méthode semi-analytique de type
convergence-confinement.
𝑣𝑖𝑠𝑐
〈𝑓(𝜎𝑖𝑗 , 𝑞𝑖𝑗 )〉 𝜕𝑓
𝜀̇𝑖𝑗 =
𝜏 𝜕𝜎𝑖𝑗
Où 𝑓(. , . ) représente la surface de charge plastique, 𝜎𝑖𝑗 la contrainte de Cauchy, 𝜏 est le temps
caractéristique de relaxation et 𝑞𝑖𝑗 sont des variables internes du modèle.
Bien qu’ayant été à l’origine développée pour traduire le comportement des matériaux métalliques, cette
théorie a été adaptée aux géo-matériaux par certains auteurs dont Adachi et Oka (1982) ou encore
Kaliakin (1990) mais également Modaressi et Laloui (1997).
surface de charge élasto-plastique pré-pi et visco-plastique ne dépendent que de leur propre déformation,
en revanche la surface de charge élasto-plastique post-pic possède un écrouissage négatif qui traduit la
dégradation du matériau dépend des déformations pré-pic et viscoplastiques puis des déformations post-
pic et viscoplastiques lorsque le seuil caractéristique. Le couplage des trois mécanismes se fait donc par
la surface de charge post-pic qui traduit la dégradation du matériau au travers de ses déformations
plastiques et visco-plastique.
Le modèle repose sur différents seuils de contraintes qui déterminent le comportement du matériau en
fonction de la position du point de charge et des surfaces de charges élasto-plastiques et viscoplastique.
Ces seuils seront présentés de manière plus approfondie dans la suite de cette partie. Ils se composent
du seuil de pic « labo » représentant la résistance maximale du matériau mesuré en laboratoire. Le seuil
intrinsèque représente quant à lui la résistance maximale théorique du matériau non dégradé, cette limite
est en pratique impossible à atteindre car il s’agit du point de départ de la surface de charge élasto-
plastique post-pic. Cette dernière ayant un écrouissage négatif dépendant de la déformation plastique
pré-pic et visco-plastique, la surface de charge post-pic aura déjà diminuée avant même d’arriver à ce
seuil. Le seuil caractéristique est l’association du seuil élastique à faible confinement et du seuil de
clivage. Il représente la limite entre un comportement volumique dilatant et contractant (Figure II.11).
Ce modèle a été développé à l’origine par des ingénieurs pour répondre à des problématiques concrètes
de projet de conception d’ouvrages souterrains. Il a vocation à être utilisé par des ingénieurs et traduit
des comportements « repère » observés en physique du comportement des géomatériaux et travaux
souterrains. On retiendra en particulier : une dépendance de la cohésion et de l’angle de dilatance à l’état
de contrainte ainsi qu’une évolution spécifique de l’angle de dilatance, avec une valeur maximale
associée à un niveau de contrainte représentant l’enclenchement d’un mode de bifurcation.
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Dans le modèle, les deux dernières phases se traduisent par l’évolution de la surface de charge
élastoplastique (Figure II.9) qui passe par différents stades d’écrouissage, de la limite élastique initiale
jusqu’au « seuil de pic labo ». La surface de charge est définie par l’équation :
𝑎𝑒𝑝 (𝜉𝑒𝑝 )
𝐹 𝑒𝑝 (𝜎; 𝜉𝑒𝑝 ) = √2𝐽2 𝐻(𝜃) − 𝜎𝑐 H0c [𝐴𝑒𝑝 (𝜉𝑒𝑝 )√2𝐽2 𝐻(𝜃) + 𝐵𝑒𝑝 (𝜉𝑒𝑝 )𝐼1 + 𝐷 𝑒𝑝 (𝜉𝑒𝑝 )]
Où 𝐼1 et 𝐽2 sont les 2 premiers invariants du tenseur des contraintes, pression moyenne et déviateur
respectivement. 𝜉𝑒𝑝 est le paramètre d’écrouissage de la surface élastoplastique. 𝜃 est l’angle de Lode
il définit l’orientation des contraintes principales dans l’espace. De plus on a :
𝑚(𝜉𝑒𝑝 )𝑘(𝜉𝑒𝑝 )
𝐴𝑒𝑝 (𝜉𝑒𝑝 ) =
√6𝜎𝑐 H0c
𝑚(𝜉𝑒𝑝 )𝑘(𝜉𝑒𝑝 )
𝐵(𝜉𝑒𝑝 ) =
3𝜎𝑐
𝐷 = 𝑠(𝜉𝑒𝑝 )𝑘(𝜉𝑒𝑝 )
2 𝑎(𝜉𝑒𝑝 )/2
𝑘(𝜉𝑒𝑝 ) = ( )
3
𝑚(𝜉𝑒𝑝 ), 𝑠(𝜉𝑒𝑝 ) et 𝑎(𝜉𝑒𝑝 ) sont des paramètres qui évoluent en fonction de l’écrouissage
élastoplastique𝜉𝑒𝑝 . Ils sont bornés par les valeurs des paramètres définissant les différents seuils.
H0c est généralement pris égal à ℎ0𝑐 . H0e est un paramètre pilotant la résistance en compression du
matériau.
1/6
ℎ(𝜃) = (1 − 𝛾𝑝 cos 3𝜃)
1/6
ℎ0𝑐 = ℎ(30°) = (1 − 𝛾𝑝 )
1/6
ℎ0𝑒 = ℎ(−30°) = (1 + 𝛾𝑝 )
_______________________________________________________________________________________
Les différents seuils sont basés sur un critère de Hoek-Brown, qui représente bien le comportement des
roches :
𝜎𝑚𝑖𝑛 𝑎𝑖
𝜎𝑚𝑎𝑥 = 𝜎𝑚𝑖𝑛 + 𝜎𝑐 (𝑚𝑖 + 𝑠𝑖 )
𝜎𝑐
Où 𝜎𝑐 est la résistance à la compression simple de la roche, 𝑚𝑖 𝑠𝑖 et 𝑎𝑖 sont des paramètres propres à
chaque seuils.
Figure II.10 : Evolution des grandeurs caractéristiques au cours du comportement post-pic (Kleine 2007)
Le comportement post-pic présente ainsi trois phases distinctes avec des seuils associés, la surface de
charge élastoplastique évolue alors avec un écrouissage négatif du « seuil de pic labo » vers le seuil de
clivage (Figure II.11) et enfin vers le seuil résiduel :
la limite élastique initiale. Et pour des confinements plus élevés, le seuil caractéristique est défini par la
limite de clivage. Lors d’un essai triaxial à fort confinement on observe un comportement contractant,
puis lorsque la charge dépasse la limite de clivage on entre dans un comportement dilatant, jusqu’à
rupture.
Où 𝜎𝑚𝑎𝑥 est la contrainte majeure dans la roche, 𝜇𝑜,𝑣 et 𝜉𝑜,𝑣 sont des paramètres d’entrée du modèle.
𝜎𝑣𝑚𝑎𝑥 est la contrainte limite du seuil caractéristique soit :
𝜎𝑚𝑖𝑛 𝑎𝑜⁄
𝑒
𝜎𝑣𝑚𝑎𝑥 = 𝜎𝑚𝑖𝑛 + 𝜎𝑐 (𝑚𝑜⁄𝑒 + 𝑠𝑜⁄𝑒 )
𝜎𝑐
Figure II.12 : Représentation du seuil de résistance à long terme (source : Plassart 2011)
_______________________________________________________________________________________
On a donc, en fonction du point de charge, un comportement fluant qui se stabilise lorsque le point de
charge se situe entre la limite de clivage et la limite élastique initiale. Et lorsqu’on se situe entre la limite
de clivage et le critère de pic « labo » on a un comportement instable avec un fluage tertiaire qui
intervient plus ou moins rapidement. La vitesse de déformation irréversible différée est basée sur la
théorie de Perzyna (1966) :
𝑣𝑝 𝑣𝑝
𝜀̇𝑖𝑗 = 〈Φ (𝐹 𝑣𝑝 (𝜎; 𝜉 𝑣𝑝 ))〉 Gij
𝑣𝑝
Φ (𝐹 𝑣𝑝 (𝜎; 𝜉 𝑣𝑝 )) et Gij caractérisent respectivement l’amplitude et la direction de la vitesse de
déformation irréversible, avec :
𝑛𝑣
𝐹 𝑣𝑝 (𝜎; 𝜉 𝑣𝑝 )
Φ (𝐹 𝑣𝑝 (𝜎; 𝜉 𝑣𝑝 )) = 𝐴𝑣 ( )
𝑃𝑎
𝑣𝑝 𝜕𝐹 𝑣𝑝 𝜕𝐹 𝑣𝑝
𝐺𝑖𝑗 = ( 𝑛 )𝑛
𝜕𝜎𝑖𝑗 𝜕𝜎𝑘𝑙 𝑘𝑙 𝑖𝑗
Le potentiel viscoplastique a la même forme que le potentiel plastique avec leurs surfaces de charge et
paramètre d’écrouissage respectifs.
3.3. Singh-Mitchell
Afin d’intégrer un modèle de comportement visqueux dans la méthode convergence confinement, il
fallait un modèle relativement simple traduisant de manière satisfaisante le comportement de terrains
fluants. Le modèle de Singh-Mitchell présente l’avantage de posséder une formulation simple intégrant
le temps de manière explicite dans l’expression de la vitesse de déformation visqueuse. Un de ses
avantages par rapport à d’autres modèles est qu’il possède une évolution linéaire dans un plan
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log(𝜀̇) /log(𝑡) ce qui donnera très certainement une évolution de la contrainte dans le revêtement de la
galerie du modèle convergence confinement en log(𝜎̇ ) /log(𝑡).
Singh et Mitchell (1968) proposent un modèle de fluage s’appuyant sur des données expérimentales
d’essais laboratoires, ainsi que de la littérature. Selon les auteurs, ce modèle parait valide pour des
échantillons d’argiles intactes ou remaniés, pour des teneurs en eau faibles ou importantes, pour des
échantillons sous-consolidés ou sur-consolidés et enfin dans des conditions drainées ou non. Le modèle
propose une expression du taux de déformation à un temps 𝑡 et pour un chargement déviatorique 𝐷 :
𝑡1 𝑚
𝜀𝑣̇ = 𝐴. 𝑒 𝛼𝐷 ( )
𝑡
Où :
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4. Comportement du béton
Les revêtements de tunnel sont généralement construits en béton, il parait donc important de connaitre
le comportement de ce matériau pour déterminer de manière précise la contrainte dans les revêtements.
Nous présenterons donc dans un premier temps le matériau en lui-même ainsi que les modèles de
comportement présents dans la littérature qui seront en partie utilisés par la suite pour traduire le
comportement du béton au cours des modélisations numériques.
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(𝐶𝐻) est également générée. L’équation globale de la réaction d’hydratation de l’alite telle qu’introduite
par Le Chatelier (1904) est :
(𝐶𝑎𝑂)3 𝑆𝑖𝑂2 + 𝐴𝑞 → 𝐶𝑎𝑂𝑆𝑖𝑂2 (𝐻2 𝑂)2,5 + (𝐶𝑎𝑂)2 𝑂𝐻
En réalité la réaction chimique est un peu plus complexe, c’est l’enchainement de trois réactions
chimiques successives et simultanées décrites par Barret et Bertrandie (1986) qui conduit à la formation
de silicate de calcium hydraté et de portlandite.
Lors de la réaction d’hydratation une évolution de la concentration des ions en solution peut être
observée et donc de la conductivité du milieu. De plus, la formation des 𝐶𝑆𝐻 provoque un dégagement
de chaleur important. Il est ainsi possible de suivre l’évolution de ces réactions chimiques à l’aide de
mesure de conductivité et de calorimétrie. Barcelo (2001) propose une séparation de l’hydratation du
ciment en cinq phases distinctes en suivant l’évolution de ces deux paramètres.
Phase 1 : lors de cette phase très rapide, les ions silicates en surface des grains de clinker sont mis en
solution, ce qui augmente la conductivité jusqu’à saturation des ions silicates dans la solution. Puis se
forme à la surface des grains de clinker une fine couche de 𝐶𝑆𝐻(𝑚) (métastable) qui va ralentir
considérablement la mise en solution des silicates. On observe alors une chute du dégagement de chaleur
due à une diminution des ions silicates présents et donc à la cinétique de la réaction de formation des
𝐶𝑆𝐻.
Phase 2 : Cette phase s’appelle également « période dormante » car on observe peu d’activité chimique,
la concentration des ions silicates continue de diminuer et la concentration en ions calcium évolue
relativement lentement. On observe alors un faible dégagement de chaleur, et une augmentation de la
conductivité.
Phase 3 : Lors de cette phase on observe une brusque augmentation de l’activité chimique, avec la
précipitation des 𝐶𝑆𝐻(𝑠) (stables) qui vont former un réseau cristallin avec la précipitation de la
portlandite. Cette phase s’accompagne d’un fort dégagement de chaleur. Plusieurs hypothèses ont été
faites concernant l’accélération au cours de cette phase. La plus probable semble un comportement auto-
catalytique des 𝐶𝑆𝐻(𝑠) qui une fois formés vont accélérer le processus de formation des 𝐶𝑆𝐻(𝑠). Le
réseau cristallin se densifiant avec la formation des 𝐶𝑆𝐻(𝑠).
Phase 4 : Suite à la croissance du réseau cristallin qui rend plus difficile la migration des ions en solution,
on atteint un pic d’hydratation et donc de dégagement de chaleur au début de la phase 4, puis le
dégagement de chaleur diminue avec l’activité chimique. La conductivité continue de décroitre avec la
diminution de la concentration des ions en solution.
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Phase 5 : Le réseau cristallin est dense et la perméabilité faible, les hydrates formés n’ont plus la place
de se déposer et la diffusion des ions en solution devient très lente. Cette phase est quasi-stable et peut
durer plusieurs années. Cette dernière phase est cependant déterminante du point de vue mécanique car
c’est à partir de cette phase que le matériau va augmenter en résistance.
_______________________________________________________________________________________
diminution de la quantité d’eau capillaire, lors de la réaction d’hydratation du béton, qui consomme des
molécules d’eau.
Le retrait d’auto-dessiccation est d’autant plus important que la résistance du béton est grande (Haouas
2007). En effet, un béton à haute résistance aura une porosité plus faible, ce qui diminue la taille des
ménisques et augmente donc la pression capillaire au sein de la porosité. On observe donc un retrait
d’auto-dessiccation plus important sur les bétons à haute performance, par rapport à des bétons
classiques. Nous noterons toutefois que sur des bétons conventionnels les déformations issues du retrait
endogène et d’auto-dessiccation sont négligeables devant les déformations liées à la dessiccation Davis
(1940).
Le retrait de carbonatation intervient surtout sur des bétons contenant des ciments de mauvaise qualité.
Il n’est cependant pas à négliger et peut être la cause de nombreux désordres. Selon Houst, Y. F. (1989)
il peut atteindre des valeurs équivalentes au retrait de dessiccation.
En fonction du type d’ouvrage souterrain, le retrait de carbonatation pourra être plus ou moins important.
En effet, dans un tunnel routier, la concentration en gaz carbonique sera plus importante du fait des
émanations des gaz d’échappement des véhicules en circulation. Ce qui ne sera pas le cas dans une
_______________________________________________________________________________________
galerie hydraulique par exemple. Nous n’étudierons pas ce type de retrait dans notre étude car il
relativement spécifique et ne
4.3.1. Prise en compte du retrait et fluage dans les calculs aux eurocodes
Le modèle de comportement du béton de l’Eurocode 2 est un modèle de comportement empirique se
basant sur un grand nombre d’essais laboratoires réalisés sur des échantillons de béton ou de pâte de
ciment. Ce modèle permet de prendre en compte les phénomènes long terme pouvant intervenir dans le
béton de revêtement.
Figure II.15 : valeur du coefficient 𝒌𝒉 en fonction du rayon moyen 𝒉𝟎 (𝐦𝐦)
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𝑡 − 𝑡𝑠
𝛽𝑑𝑠 (𝑡; 𝑡𝑠 ) =
𝑡 − 𝑡𝑠 + 0,04√ℎ03
𝑓𝑐𝑚
𝜀𝑐𝑑,0 = 0,85 [(220 + 110. 𝛼𝑑𝑠1 ). exp (−𝛼𝑑𝑠2 . )] . 10−6 . 𝛽𝑅𝐻
𝑓𝑐𝑚0
𝑅𝐻 3
𝛽𝑅𝐻 = 1,55 [1 − ( ) ]
𝑅𝐻0
Le paramètre 𝜑(𝑡, 𝑡0 ) est donc le paramètre essentiel à estimer pour déterminer la déformation de fluage.
Son expression dépend du type de ciment utilisé, de l’humidité relative de l’air, de la section, de la
résistance du béton et du moment d’application du chargement 𝑡0 :
𝜑(𝑡, 𝑡0 ) = 𝜑0 . 𝛽𝑐 (𝑡, 𝑡0 )
Où 𝜑0 est le coefficient de fluage conventionnel, il détermine la valeur maximale de la déformation de
fluage à un temps infini, et 𝛽𝑐 (𝑡, 𝑡0 ) est un coefficient qui rend compte de l’évolution du fluage dans le
temps, il est compris entre 0 et 1.
16,8
𝛽(𝑓𝑐𝑚 ) =
√𝑓𝑐𝑚
_______________________________________________________________________________________
Où 𝑡0 est le temps (en jours) entre le coulage du béton et l’application de la contrainte de compression.
Ensuite à partir du 𝑡0 , on calculera 𝛽(𝑡0 ) et 𝛽𝑐 (𝑡, 𝑡0 ) :
𝑡 − 𝑡0 0,3
𝛽𝑐 (𝑡, 𝑡0 ) = [ ]
𝛽𝐻 + 𝑡 − 𝑡0
Où 𝑡 est l’âge du béton en jours à l’instant considéré. Et 𝛽𝐻 est déterminé suivant la formule :
𝛽𝐻 = 1,5 ∗ [1 + (0,012𝑅𝐻)18 ]ℎ0 + 250𝛼3 < 1500𝛼3 pour 𝑓𝑐𝑚 > 35𝑀𝑃𝑎
Avec les coefficients 𝛼𝑖 sont définis de manière à dépendre de la résistance du béton :
35 0,7 35 0,2 35 0,5
𝛼1 = [𝑓 ] 𝛼2 = [𝑓 ] 𝛼3 = [𝑓 ]
𝑐𝑚 𝑐𝑚 𝑐𝑚
Ainsi on remarque que 𝑡0 a une influence à la fois sur 𝜑0 le coefficient de fluage conventionnel, qui
détermine la valeur maximale de la déformation de fluage à l’infini, mais aussi sur 𝛽𝑐 (𝑡, 𝑡0 ) qui régit la
cinétique de la déformation de fluage. Le paramètre 𝑡0 joue donc un rôle essentiel dans la détermination
de l’amplitude de la déformation de fluage. Le modèle prend donc en compte à la fois le fluage propre
et le fluage de dessiccation (fluage induit par la diminution de la teneur en eau dans la porosité du béton).
𝜎 𝐸
− 𝑡
𝜀(𝑡) = (1 − 𝑒 𝜂 )
𝐸
Ainsi nous remarquons que la déformation est directement proportionnelle à la contrainte et que son
évolution se fait en exponentiel négative du temps, la déformation tend vers 𝜎/𝐸 à des valeurs de 𝑡
importantes.
_______________________________________________________________________________________
On observe donc que la déformation va tendre de manière asymptotique à une droite dont la pente est
𝜎 𝜎
de et l’ordonnée à l’origine dans le plan contrainte-déformation.
𝜂2 𝐸2
_______________________________________________________________________________________
Figure II.18 : Evolution de la déformation de fluage spécifique en fonction du temps dans un plan log pour différents
âges de chargement, extrait d’Hilaire (2015) avec les données de Browne et Blundell (1969)
Comme il est possible de l’observer sur la Figure II.18, le fluage du béton dépend de l’âge de
chargement. En effet la réaction d’hydratation du ciment est un phénomène qui évolue au cours du
temps, et à mesure que cette réaction évolue, la concentration en CSH et donc la résistance de la pâte de
ciment augmente au cours du temps. Donc plus le béton sera chargé de manière tardive, moins les
déformations de fluages seront importantes.
L’autre phénomène intervenant de manière significative sur les déformations de fluage est la
dessiccation. Ce phénomène intervient lorsque le béton est en contact avec un milieu ambiant où
l’humidité relative est inférieure à 100%. En effet, l’eau contenue dans la porosité va s’évaporer et
modifier la teneur en eau libre dans la porosité du béton. Cela aura pour effet, comme pour la plupart
des matériaux poreux, non saturé, de contracter la matrice cimentaire dans une certaine gamme de
valeurs d’humidité relative, ce qui induit un retrait de dessiccation. De plus l’amplitude des déformations
de fluage du béton dépend de la teneur en eau du béton. Witmann (1970) (Figure II.19) propose des
mesures de déformation de fluage du béton au cours du temps pour différentes valeurs d’humidité
relatives.
Figure II.19 : Evolution de la déformation de fluage spécifique en fonction du temps dans un plan log pour différentes
humidités relatives, extrait d’Hilaire (2015) avec les données de Witmann (1970)
_______________________________________________________________________________________
La Figure II.19 montre que l’amplitude des déformations de fluage diminue avec la teneur en eau du
matériau. Cela est essentiellement dû au fait que lorsque l’humidité relative diminue, la quantité d’eau
adsorbée entre les feuillets de CSH diminue. Or cette eau adsorbée joue le rôle de lubrifiant entre les
feuillets et c’est le glissement de ces feuillets de CSH les uns sur les autres qui dicte principalement la
déformation de fluage. En diminuant la quantité d’eau entre ces feuillets, cela diminue leur capacité à
glisser les uns sur les autres et donc les déformations de fluage.
place du béton frais du revêtement. Ils peuvent également être positionnés à l’interface du béton et du
rocher.
Ce capteur est constitué de deux plaques en acier (1) entre lesquels se trouve un fluide incompressible
(de l’huile en général). Ce fluide est relié à un bloc de mesure de pression : une membrane (2) sépare le
circuit avec les plaques de mesure à une pression 𝑃1 ≈ 𝑃 et le circuit de mesure à la pression 𝑃2 . Pour
effectuer une mesure de contrainte, on va injecter de l’huile sous pression dans l’entrée Z et augmenter
la pression 𝑃2 progressivement on a alors 𝑃1 > 𝑃2 la membrane reste donc plaquée du côté droit et
l’entrée Z et la sortie R ne sont pas reliées. Lorsque 𝑃1 = 𝑃2 la membrane se décolle et le fluide peut
circuler entre l’entrée Z et la sortie R. En pratique on augmentera donc la pression et lorsqu’on observera
un débit d’huile, on sera à la bonne pression. Cette pression correspondra à la contrainte appliquée sur
la cellule.
Ce type de mesure est intéressant car il est non destructif. On peut donc effectuer plusieurs mesures de
contraintes à un même endroit. Il présente également l’avantage de s’affranchir de l’évaluation d’un
module élastique. En effet la plupart des mesures de contraintes sont en réalité des mesures de
déformations multipliées par un module évalué. On s’affranchit donc ici d’une source d’incertitude
supplémentaire.
Cependant ces cellules présentent quelques inconvénients. Tout d’abord, on a une incertitude au moment
de la mise en place des cellules : on doit s’assurer que la cellule est bien en contact sur toute sa surface
avec le revêtement afin de transmettre l’intégralité de la contrainte. Afin de s’assurer du bon contact
avec le béton, on met généralement la cellule en légère surpression, cela peut donc modifier la contrainte
autour de la cellule. De plus la cellule étant réalisée en acier, on peut se demander si le fait de mettre
une cellule constituée d’un autre matériau, ayant un module différent, ne modifie pas localement l’état
de contrainte. Enfin, ces cellules se dégradent dans le temps et les mesures deviennent de moins en
moins fiables. En effet la membrane peut se dégrader et ne plus assurer une étanchéité parfaite entre les
deux milieux, cela créée donc une incertitude sur la mesure de la contrainte qui augmente avec le temps.
_______________________________________________________________________________________
∆𝑅 ∆𝐿
= (1 + 2µ)
𝑅 𝐿
La résistivité du matériau va dépendre de la température, c’est pourquoi il sera important de faire les
mesures dans une plage de température restreinte ou, a minima, de mesurer la température afin
d’apporter des corrections aux mesures.
Les jauges de déformation sont généralement mises en place sur une armature dans le béton ou sur la
surface du béton. Du fait de leur taille relativement restreinte, elles peuvent se décoller facilement ce
qui peut perturber les mesures de déformation.
𝑘 𝜎
𝑓𝑘 = √
2𝐿 𝜌𝑙
Où k est le mode propre de vibration, 𝜎 est la tension de la corde, 𝐿 sa longueur et 𝜌𝑙 la masse linéique
de la corde.
On s’intéressera ici uniquement au mode fondamental (mode 1) qui est le plus significatif
énergétiquement parlant. On peut ainsi relier la variation de fréquence à la déformation de la corde sous
une sollicitation de traction entre l’état 1 et 2 :
1 𝜎1 1 𝜎2
𝑓12 − 𝑓22 = 2𝜌 −
4𝐿1 𝑙 4𝐿22 𝜌𝑙
On pose 𝐿1 = 𝐿𝑐 ; 𝐿2 = 𝐿𝑐 + ∆𝐿 ; 𝜎1 = 𝜎𝑐 et 𝜎2 = 𝜎𝑐 + ∆𝜎
Ce qui nous donne :
_______________________________________________________________________________________
∆𝐿 4𝐿2𝑐𝜌𝑙
𝐿𝑐
= 𝐾(𝑓12 − 𝑓22 ) avec 𝐾 = 𝐸𝑐
Les cordes vibrantes sont noyées dans le béton au moment de sa mise en œuvre, cela induit donc un
certain nombre de sources d’incertitudes. On peut ainsi se demander à quel moment on fait le 0 lors de
l’estimation des contraintes via les déformations. De plus, on ne peut pas connaitre de manière précise
l’influence du retrait du béton sur les mesures de déformations. Enfin le contact entre les têtes du capteur
et le béton n’est pas nécessairement assuré pour toute la durée de vie de l’ouvrage.
C’est pourquoi il faut multiplier au maximum les moyens de mesures afin de faire des corrélations et
déterminer si certains capteurs ne donnent pas des mesures aberrantes.
_______________________________________________________________________________________
Phénomènes moyen/long
Type de revêtement Phénomènes court terme
terme
Dans ce tableau, nous avons dressé la liste non exhaustive des phénomènes intervenant sur chaque type
de revêtement, dans le béton. Les (+) et (-) représentent l’amplitude du phénomène et son effet potentiel
sur la modification de la contrainte au sein du revêtement.
Figure II.22: Schéma des phénomènes intervenants sur un revêtement en béton coffré
Les revêtements coulés en place (Figure II.22) sont mis en œuvre à une distance très éloignée du front.
Ce type de revêtement est généralement utilisé dans les galeries creusées de manière traditionnelle avec
un soutènement léger ou qui n’est pas destiné à assurer la stabilité à long terme de l’ouvrage. Au moment
de la pause de ce revêtement, le terrain ne subit plus l’influence du front. Le chargement sur ce type de
revêtement est donc dû essentiellement au comportement long terme du terrain. Etant donné que le béton
est mis en œuvre à l’état frais, les phénomènes à court terme du béton s’expriment : à savoir
l’augmentation progressive du module et de la résistance du béton (même si ce phénomène est
négligeable car le béton se charge relativement lentement avec le fluage du terrain), les retraits
thermiques et endogènes. On retrouve également les phénomènes plus long terme comme le fluage du
béton (fluage propre et fluage de dessiccation) ainsi que le retrait de dessiccation.
_______________________________________________________________________________________
Figure II.23 : Schéma des phénomènes intervenants sur un revêtement en béton projeté
Les revêtements en béton projeté (Figure II.23) sont des revêtements un peu particuliers dans le sens où
ils servent à la fois de soutènement, mais dans le cas où ils sont appliqués en plusieurs couches formant
une coque de béton épaisse, ils jouent le rôle de revêtement définitif à l’ouvrage. Ce type de revêtement
est placé très proche du front, quand le béton commence à durcir et que sa résistance et son module
augmentent. Il existe donc un effet du front non négligeable, et le terrain va se déconfiner tout en ayant
une augmentation du module du revêtement qui ne sera pas homogène entre les différentes couches de
bétons projeté. Ainsi le couplage est très fort entre le comportement du terrain et du revêtement. Ce type
de comportement est très complexe à modéliser, car il est nécessaire de très bien simuler à la fois le
comportement de la roche, et celui du terrain pour obtenir des résultats cohérents. De plus ce type de
revêtement est généralement mis en œuvre en plusieurs couches successives dont les cinétiques de la
réaction d’hydratation du ciment diffèrent dans le temps. Cela crée donc un revêtement non homogène
et peu créer des contraintes à l’interface entre les couches à cause du retrait du béton qui ne s’exprime
pas aux mêmes instants, ainsi que des discontinuités au niveau de la jointure entre les différentes
couches. Etant donné les difficultés à modéliser ce type de revêtement ainsi que les formulations
particulières de ce type de béton, ils ne seront pas considérés dans la suite de l’étude.
Figure II.24 : Schéma des phénomènes intervenants sur un revêtement en voussoirs préfabriqués
Les derniers types de revêtements sont les revêtements en voussoirs préfabriqués (Figure II.24). Ces
derniers sont placés très proche du front, il existe donc une forte influence du front sur le chargement de ce
type de revêtement. Cependant, étant donné que les voussoirs sont préfabriqués en usine quelques mois à
l’avance, les phénomènes court terme du béton se sont déjà exprimés. Il ne reste donc que les phénomènes
long terme, à savoir le fluage (fluage propre essentiellement) du béton et le retrait de dessiccation (qui reste
faible en fonction de l’âge des voussoirs au moment de la pose).
_______________________________________________________________________________________
a b
Figure II.25 : Découpage des différentes zones composant l’EDZ (a) (extrait de Perras et al. 2016) et zones de l’EDZ
par domaines de contrainte (extrait de Diedrichs 2007)
Ainsi ces zones sont découpées en fonction du degré de dégradation de la roche. La CDZ représente la
zone endommagée par la méthode d’excavation, il s’agit des hors profils d’excavations induits par la
méthode choisie. En s’éloignant de la paroi, on retrouve la HDZ (Highly Damaged Zone) correspondant
à une zone présentant des fractures connectées au niveau macroscopique. En s’éloignant d’avantage, on
retrouve l’EDZ qui correspond à une zone endommagée présentant des fissures induites par des
déformations irréversibles du matériau. Bossart et al. (2002) proposent une distinction au sein de l’EDZ
avec une EDZ interne, dont la microfissuration serait partiellement connectée, et l’EDZ externe où les
dégradations seraient faiblement connectées ou isolées. Enfin la dernière zone correspond à l’EIZ
parfois appelée EdZ (Excavation disturbed Zone) correspond à une zone influencée par l’excavation
mais ne présentant pas de dégradations irréversibles.
Diedrichs (2007) propose une carte des différents domaines de contrainte correspondant aux différentes
zones de l’EDZ. On notera que l’EIZ est en dessous de la limite d’élasticité.
a b
Figure II.26 : Profil de fracturation autour de galeries au laboratoire de Bure pour un ouvrage orienté suivant la
direction horizontale majeure (a) et suivant la contrainte horizontale mineure (b) (Extrait de Armand et al. 2014)
Des mesures ont été effectuées au laboratoire de Bure, sur l’argilite afin de connaitre les profils de
fissuration de la zone endommagée (Figure II.26). Ces dernières montrent un profil en forme « d’œil »
dans le cas où la galerie est orientée suivant la contrainte horizontale majeure et ce profil s’inverse
_______________________________________________________________________________________
lorsque la direction de la galerie change (Figure II.26b). Ces profils ont une forme un peu particulière
qui serait induite par l’anisotropie de structure de l’argilite (Trivellato et al. 2018).
Yang (2007) propose une mesure de l’endommagement mécanique de l’argilite de Bure à partir de
mesures de perméabilité, de mesures de vitesses ultrasonores ou encore de module tangent. Plusieurs
éprouvettes ont été testées à différentes distances de la paroi de puits réalisés dans l’argilite à une
contrainte isotrope de 11 MPa. Les résultats montrent un endommagement mécanique et de perméabilité
très limité dans cette gamme de contrainte.
Il est difficile d’obtenir des mesures d’endommagement du matériau de l’EDZ car bien souvent ce
dernier est dégradé et n’est donc plus homogène. Il est alors très difficile de réaliser des essais sur ce
type de matériau.
_______________________________________________________________________________________
6. Données ouvrages
Après quelques investigations, nous avons tenté de rechercher des données d’évolution de la contrainte
dans le revêtement sur plusieurs années. Il n’y a finalement pas énormément de données disponibles, ou
des informations insuffisantes pour une bonne exploitation (manque de données sur l’ouvrage, sa
géométrie, les caractéristiques du revêtement…). Nous disposons toutefois de données suffisantes sur
les ouvrages de Chamoise ainsi que de la galerie GRD4 pour proposer une interprétation plus poussée
des résultats. Ces derniers ne seront pas présentés dans ce chapitre mais dans le Chapitre III, nous
présenterons ces ouvrages ainsi que l’interprétation de leurs mesures (correction des mesures de
capteurs, corrélation entre les différents types de capteurs, interprétation des effets différés…)
Nous avons ainsi regroupé dans cette partie les quelques données disponibles afin de conforter notre
hypothèse qui est que la vitesse de contrainte dans le revêtement tend vers une évolution linéaire dont
la pente est voisine de 1.
_______________________________________________________________________________________
Figure II.28 : Mesures de contraintes dans le revêtement du tunnel de Mu-Cha (Chi-Wen Yu 1998)
On remarque ainsi que les contraintes estimées sont relativement élevées (de l’ordre de 10 MPa), et que
les mesures en voute présentent une anomalie à 300 jours, où une chute de la contrainte de 10 à 4 MPa
est observée. Cette chute est relativement étrange et aucun élément d’interprétation n’est donné par
l’auteur, cette courbe sera donc écartée de l’interprétation des résultats. Ces courbes de contraintes
présentent une certaine incertitude du fait qu’elles ont été déterminées à partir des mesures de
convergence de la galerie. Nous avons ensuite récupéré les différents points de la courbe afin de tracer
l’évolution de la vitesse de chargement en fonction du temps (Figure II.29).
100
Vitesse de chargement [kPa/j]
10
Right Wall
Left Wall
1
10 100 1000
Temps [j]
Figure II.29 : Evolution des vitesses de chargement dans le plan 𝒍𝒐𝒈(𝝈̇ )/𝒍𝒐𝒈(𝒕) pour le tunnel de Mu-Cha.
L’interprétation de ces courbes semble difficile bien que le mur de gauche semble posséder un faisceau
plus étroit avec une disparité moindre. En analysant cette courbe, on remarque qu’elle semble bien
tendre vers une fonction linéaire dont la pente serait d’environ 1.
_______________________________________________________________________________________
La descenderie traverse tout d’abord une couche de Gypse sous moins de 200m de couverture, puis une
couche de grès plus ou moins dégradée sur le reste de la longueur de l’ouvrage, avec une couverture
maximale de 700m (Figure II.31).
Figure II.31 : Coupe géologique de la descenderie de Saint Martin Laporte (Perello 2011)
_______________________________________________________________________________________
On remarque que les déformations les plus importantes ont été relevées aux PM 1323 et 1229 ce qui
correspond à la zone de grès la plus dégradée sur la coupe géologique.
80 100,00
1229
Vitesse de chargement [MPa/an]
70
Vitesse de chargement [MPa/an]
1323
60 1353
10,00
50 1383
40 1457
30 1662
1,00
20 0,10 1,00 1827
10 1914
2012
0 0,10
0 1 2 3 4 Tendance
Temps [années] Temps [années]
Figure II.33 : Evolution des vitesses de chargement des revêtements aux différents PM de la descenderie de St Martin
de la porte et leur évolution dans un plan log.
Cette figure montre que les vitesses de contrainte sont globalement regroupées dans un faisceau
relativement restreint (Figure II.33a). Afin d’améliorer la visibilité de ces données, elles ont été tracées
dans un plan log(𝜎̇ ) /log(𝑡). Il semblerait que les vitesses de chargement évoluent ainsi de manière
linéaire sur une échelle log/log (Figure II.33b), soit :
log(𝜎̇ ) = 𝑎 ∗ log(𝑡) + 𝑏
_______________________________________________________________________________________
𝜎̇ = 𝑡 𝑎 + 10𝑏
Où 𝑎 et 𝑏 sont des constantes. Dans le cas ci-dessus, en faisant la moyenne de toutes les évolutions, la
constante 𝑎 = −0,89. Bien que les données soient extraites à différents PM de l’ouvrage, l’évolution
des vitesses de chargement semble suivre une évolution linéaire. La variabilité des différents fuseaux
reste relativement restreinte dans cette échelle et est d’environ 1 ordre de grandeur.
_______________________________________________________________________________________
On remarque ici que les convergences sont très importantes (de l’ordre de 10% du rayon). La
𝑐(𝑡)
déformation engendrée par cette convergence est de 𝜀𝜃𝜃 = avec 𝑐(𝑡) la convergence de la galerie à
2𝑅
𝑡. Ces données seront donc difficilement exploitables car elles ne rentrent pas dans le cadre de la
mécanique des milieux continus, et l’hypothèse des petites déformations n’est pas vérifiée (déformation
de l’ordre de 10%). En effet en considérant un module élastique de 35 GPa pour le béton de revêtement,
cela impliquerait des contraintes supérieures à 1000 MPa ce qui est tout bonnement impossible.
100
10
1
10 100 1000
Figure II.36 : Evolution de la vitesse de chargement du revêtement au cours du temps pour différents ouvrages
Les différents points ont été obtenus à partir des données d’évolution de contrainte dans les revêtements
en calculant la vitesse entre deux points de mesures. Les données de la Galerie GRD4 du laboratoire de
Bure sont extraites de mesures de contrainte par des cellules de pression totale situées dans le revêtement
de la Galerie. Les données de la Galerie de Yamuna sont extraites de Jethwa et al. (1977) à partir des
mesures des courbes d’évolution de contrainte.
Les faisceaux de courbes semblent suivre une évolution linéaire à partir de 100 jours avec une pente
d’environ 1 à 1,5 pour les différents ouvrages. Il faut rappeler que ces ouvrages possèdent des
caractéristiques différentes et sont construits dans des terrains, certes fluant, mais de natures différentes,
mais ils semblent tous tendre vers une évolution linéaire avec une pente de l’ordre de 1.
Les données de la galerie GRD4 seront étudiés de manière plus spécifique dans le Chapitre III afin de
visualiser de manière plus précise les différentes données qui forment un nuage de point plus éparpillé
à des temps plus importants. L’élargissement du faisceau est principalement induit par les incertitudes
liées à la mesure des capteurs qui présentent quelques bruits de mesure, qui seront traités par la suite.
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7. Conclusion
L’étude bibliographique a permis de définir le cadre d’étude de la problématique. Ainsi nous étudierons
les ouvrages à grande profondeur avec des revêtements de type voussoirs ou béton coffré. Les bétons
projetés répondant à des problématiques bien spécifiques ne seront pas abordés dans notre étude.
Les galeries à revêtement en béton coulé en place sont soumises essentiellement à un effort de
chargement issu du fluage du terrain. Le fait de couler du béton frais sur ce type de revêtement le soumet
inévitablement à une dessiccation entrainant un retrait qui peut être important, ainsi qu’à une montée
progressive de la résistance et du module du béton au cours du temps. Ce dernier sera également soumis
à des déformations de fluage propre et de dessiccation. De par sa géométrie souvent en fer à cheval, des
effets de structure peuvent apparaitre et rompre localement le béton de revêtement, ce qui peut entrainer
une redistribution des contraintes, pouvant modifier globalement la contrainte dans le revêtement. La
géométrie particulière de ce type de galerie peut également entrainer des dégradations dans le terrain
pouvant générer une EDZ. Tous ces phénomènes seront étudiés en partie dans le Chapitre IV et par la
suite au Chapitre V.
Les galeries réalisées au tunnelier sont moins soumises aux effets de dessiccation car les voussoirs sont
préfabriqués en usine et ont en général déjà quelques mois lorsqu’ils sont mis en place. En revanche ce
type de galerie est chargé très tôt, avant même que le terrain soit totalement déconfiné. Ce type de
revêtement subit des chargements potentiellement très importants. Ce haut taux de chargement peut
induire des déformations différées importantes dont l’effet sera étudié au Chapitre IV puis plus
précisément au Chapitre V. Par ailleurs le chapitre suivant (Chapitre III) s’attachera à caractériser
l’amplitude des effets différés dans le béton de revêtement au travers de données expérimentales.
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Résumé du Chapitre :
Ce chapitre porte sur l’analyse des données expérimentales. Il débutera par une présentation des trois
ouvrages pour lesquels nous disposons de données expérimentales de suivi de contrainte sur plusieurs
années. Nous déterminerons les paramètres des deux modèles de comportement utilisés dans les chapitres
suivant à partir d’essais de laboratoires sur l’argilite de Bure. Après avoir présenté ces ouvrages, nous
analyserons les données des capteurs de déformations et de contrainte afin de s’affranchir des
perturbations pouvant affecter leur évolution. Enfin au travers de l’analyse des différentes données, nous
tenterons de quantifier l’effet différé présent dans le béton de revêtement.
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1. Introduction
Cette partie traitera de l’exploitation des données expérimentales à disposition à la fois dans la littérature
et des données récupérées auprès de maitres d’ouvrages ou des essais réalisés pendant la thèse. Nous
présenterons ainsi dans un premier temps l’ensemble des ouvrages étudiés et qui serviront de base à
notre réflexion concernant l’exploitation de ces données. Dans un second temps nous présenterons les
données expérimentales sur échantillons de laboratoire à disposition sur l’argilite de Bure afin de
déterminer les paramètres des modèles de comportement utilisés par la suite. Enfin dans la dernière
partie nous développerons l’analyse et l’exploitation des données expérimentales disponibles sur
ouvrage ainsi que les essais réalisés sur la galerie de Chamoise afin de déterminer l’évolution de la
contrainte dans les revêtements de galeries souterraines. Les ouvrages étudiés seront les galeries GCR
et GRD4 du laboratoire de Bure et le tunnel de Chamoise qui sont présentés dans la partie qui suit.
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Cette galerie est longue de 66 m pour un total de 93 anneaux de voussoirs (Figure III.1). Les travaux
ayant été réalisés sur une période de 6 mois en 3 postes 5j/7, la vitesse moyenne d’avancement est donc
de 4,67 anneaux par semaine soit 3,31m/semaine donc une vitesse sur 5 jours de 0,66 m/j. Le diamètre
d’excavation de la galerie est de 6,27 m. Un anneau est constitué de 9 voussoirs préfabriqués d’épaisseur
45 cm et de rigidité radiale 7,26 GN/m. Ces voussoirs ont suivi un étuvage de 8h à 12h selon les
voussoirs afin de limiter au maximum le retrait et le fluage de dessiccation.
Afin de combler le vide annulaire qui pourrait subsister entre la roche et le voussoir, un mortier de
bourrage a été injecté sur une épaisseur théorique de 13,5 cm. Deux types de mortier différents ont été
injectés, à savoir, un mortier conventionnel injecté avec une pente de 30° (Figure III.2), et un mortier
compressible (composé d’un mortier classique mélangé à des billes de polystyrène) injecté avec une
pente de 25°. Ces deux mortiers ont été injectés sur une longueur d’environ 36 m de galerie chacun.
_______________________________________________________________________________________
La pose des voussoirs s’est effectuée à une distance d’environ 18 m du front pour un anneau clavé du
front de taille, soit environ 5,43 semaines après creusement, soit 38 jours environ après creusement.
2.1.2. Instrumentation
Nous disposons de données sur l’anneau A42 qui correspond au 42ème voussoir, soit un anneau situé au
PM 29,5. Cet anneau est instrumenté à l’aide capteurs de déformation à corde vibrante, de cellules de
pression totale et de capteurs de température (Figure III.3), soit pour un anneau constitué de 8 voussoirs
plus une clé, l’instrumentation de chaque voussoir est :
- Capteurs à corde vibrante :
o 2 ortho-radiaux situés à l’extrados (à 9 cm du bord)
o 2 ortho-radiaux situés à l’intrados (à 9 cm du bord)
o 2 radiaux situés au milieu du voussoir
o 2 longitudinaux situés au milieu du voussoir
- Cellules de pression totale (type cellules Glötzl) :
o Un ortho-radial situé à l’intrados (à 13,5 cm du bord)
o Un ortho-radial à l’extrados (à 13,5 cm du bord)
o Un radial situé à l’extrados (à 9 cm du bord)
Figure III.3 : représentation des différents capteurs dans l’anneau voussoir et détail d’un des
voussoirs de l’anneau (source ANDRA)
Les cellules notées D-XX (où XX est un nombre) représentent les capteurs de déformation à corde
vibrante, et celles notées P-XX représentent les cellules de pression totales.
_______________________________________________________________________________________
Figure III.4 : Photo de la galerie GCR (à gauche) et détail du soutènement en cales compressibles avec béton projeté
(à droite)
Un revêtement définitif a ensuite été réalisé en béton coffré de type C60/75 sur une épaisseur de 30cm,
ce qui induit une rigidité radiale de l’anneau de 6,69 GN/m. Le coffrage a été réalisé en deux étapes : la
contre voûte a été réalisée environ 6,4 mois après excavation, puis le coffrage de la voûte 7,9 mois après
creusement. Ces coffrages ont été réalisés par passes de 3,6m. On trouve sur la Figure III.5 les plans de
coffrage pour la voûte et la contre-voûte.
Figure III.5 : Schéma de coffrage de la galerie GCR de la contre-voûte (à gauche) et de la voûte (à droite) (source
ANDRA)
2.2.2. Instrumentation
La section de la galerie GCR instrumentée considérée dans cette analyse est la section située au PM 25,3
(Figure III.6). Elle est équipée de capteurs à cordes vibrantes et de cellules de pression totale :
_______________________________________________________________________________________
Figure III.6 : Schéma d'implantation des capteurs dans la galerie GCR (source ANDRA)
Nous disposons donc pour cette section de 4 jeux de capteurs à corde vibrante en voûte, contre-voûte et
sur les côtés, ce qui correspond à un total de 16 capteurs à corde vibrante sur la section. Chaque jeu de
capteurs est composé de deux capteurs ortho-radiaux (un à l’intrados et un à l’extrados), d’un capteur
radial et d’un capteur longitudinal (Figure III.7).
Position fibre neutre
revêtement
radial (r)
250 mm
tangentiel (t)
L=250mm
Figure III.7 : schéma d'un jeu de capteurs de déformation à corde vibrante (source ANDRA)
De plus cette section est instrumentée avec des cellules de pression totale, situées en voûte et sur les
côtés de la contre-voûte (nous ne disposons pas de ces données). Des mesures au vérin plat ont également
été réalisées dans cette galerie (nous disposons de ces données).
d’une galerie de reconnaissance creusée en 1979-1980 qui sert aujourd’hui de galerie technique.
du tube Nord construit en 1982-1985
du tube Sud, réalisé en 1992-1995 suite aux évolutions du trafic routier
_______________________________________________________________________________________
Le tunnel, dont le diamètre est d’environ 11,5 m, a été creusé à l’explosif et le revêtement est de type
béton coffré coulé en place. La forme de la galerie a été adaptée en fonction de la nature du terrain. En
effet dans les zones de marnes pouvant présenter de fortes convergence à long terme, le radier passe
d’une forme plate à contre-voutée.
Ces ouvrages recoupent un ensemble de terrains du secondaire allant de l’Aalénien au Kimméridgien.
La longueur totale de l’ouvrage est de 3192 mètres et sa couverture maximale est de 400 mètres (Figure
9).
Dans notre étude, on s’intéressera plus particulièrement au tube Sud qui a été réalisé plus récemment.
En effet ce dernier a été creusé à l’explosif en pleine section contrairement au premier qui a été réalisé
en demi-section. De plus le tube Sud est mieux instrumenté, ce qui permet un meilleur suivi de
l’évolution des contraintes au sein des revêtements.
2.3.2. Instrumentation
Le tunnel de Chamoise a été instrumenté principalement dans les zones où des désordres ou de grandes
déformations ont été observés. Cela s’est produit essentiellement dans les marnes, qui présentent des
déformations à long terme. La Figure III.10 présente une coupe de l’ouvrage avec les différents
dispositifs de mesure installés au PM 1501,5.
_______________________________________________________________________________________
Figure III.10 : Schéma de l'instrumentation de la galerie PM1501 du tube Sud du tunnel de Chamoise (Plassart 2019)
L’ouvrage a été instrumenté par différent types de capteurs, ce qui permet une redondance des données
par corrélation, et réduit ainsi les incertitudes liées à un type de capteur. On retrouve des extensomètres
de forage de type Distofor, qui permettent un suivi des déformations du terrain autour de la galerie.
L’ouvrage contient également des extensomètres à corde vibrante dans les revêtements, qui assurent le
suivi des déformations dans les revêtements, ainsi que des cellules de pression totale à l’interface entre
le terrain et le revêtement. L’ensemble de ces capteurs fait l’objet d’un relevé de mesure quotidien. Enfin
un suivi des convergences a été réalisé ainsi que des mesures de température dans la galerie et au sein
du revêtement.
_______________________________________________________________________________________
1,2E-2 5E-4
1 10 100
1,0E-2
8,0E-3
d𝜀1/dt
6,0E-3 5E-5
𝜀flu
4,0E-3
Données exp 50%
Données exp 75%
2,0E-3 Données exp 90%
Linéaire 50%
Linéaire 75%
0,0E+0 Linéaire 90%
5E-6
0 20 40 60 80 100 Temps [j]
Temps [j]
Figure III.11 : Essais de laboratoire sur échantillons d’argilite de Bure à 12 MPa de confinement pour différentes
valeurs de 𝒒 (Données extraites de Armand et al. 2017)
La pente dans le plan 𝑙𝑜𝑔(𝜀̇)/𝑙𝑜𝑔(𝑡) des essais de laboratoire est relativement similaire pour les
différentes valeurs de 𝑞. Cependant le modèle de Singh-Mitchell impose une pente commune à tous les
niveaux de chargement. On choisira une pente qui correspondra aux valeurs de log(t) plus élevés. En
effet, les incertitudes sur la vitesse sont plus grandes à des 𝑡 proches de 0 et le plan logarithmique a
tendance à accentuer ces erreurs pour des temps faibles. L’estimation de la valeur de pente dans le plan
sera donc meilleure pour des valeurs de log(t) plus élevées. On choisira ainsi une valeur de 𝑚 = 0,8 qui
correspond à une moyenne des pentes des différentes courbes. Afin de déterminer les paramètres du
modèle aux différents niveaux de chargement, on décompose le taux de déformation en :
ln(𝜀̇) = ln(𝐴) + 𝛼𝑞 − 𝑚. ln(𝑡)
En faisant une approximation par rapport à la nouvelle forme du modèle, on suppose que :
_______________________________________________________________________________________
est la plus importante lorsque la déformation et la vitesse de fluage sont les plus faibles. On peut donc
considérer que cette approximation est réaliste.
Le taux de chargement déviatorique 𝑞̅ influence donc uniquement la valeur de l’ordonnée à l’origine
dans le plan ln(𝜀̇) /ln(𝑡). Ainsi pour ln(𝑡) = 0, cette ordonnée à l’origine est représentée par la
constante ln(𝐴). On définira alors deux niveaux de chargement (1) et (2) pour lesquels les ordonnées à
l’origine 𝐴1 et 𝐴2 seront calculés. Ensuite la valeur de ln(𝐴) sera calculée en uniformisant la valeur de
l’ordonnée à l’origine, et en supposant que 𝛼1 = 𝛼2 avec le niveau de contrainte suivant la formule :
ln(𝐴2 )
ln(𝐴) = ln(𝐴1 ) −
𝑞2
̅̅̅
𝑞1 − 1
̅̅̅
Etant donné que nous disposons de trois niveaux de chargement, on calcule ainsi trois différentes valeurs
de 𝐴 en croisant les différents niveaux de chargement (1-2, 2-3 et 3-1), puis on fait la moyenne des
valeurs de 𝐴. Nous obtenons finalement𝐴 = 4,18.10−5.
Il reste ensuite à déterminer 𝛼 à partir de la valeur de 𝐴 considérée :
ln(Ai ) − ln(𝐴)
𝛼𝑖 =
𝐷̅𝑖
On fait ensuite la moyenne des valeurs de 𝛼 déterminées aux différents niveaux de chargement 𝑖 ce qui
donne finalement une valeur de𝛼 = 3,54. Il restera à vérifier les valeurs des vitesses aux différents
niveaux de chargement à partir du calage considéré en comparaison avec les données expérimentales
sur la courbe ci-dessous.
1,4E-2 5E-4
1 10 100
1,2E-2
1,0E-2
8,0E-3
d𝜀1/dt
𝜀flu
5E-5
6,0E-3
Figure III.12 : Essais de laboratoire sur échantillons d’argilite de Bure à 12 MPa de confinement pour différentes
valeurs de 𝒒 (Données extraites de Armand et al. 2017) et simulations avec le modèle de Singh-Mitchell
Le jeu de paramètres déterminé avec cette méthode semble bien simuler les essais de fluage aux
différents niveaux de déviateur. Cependant, une des principales limitations du modèle réside dans le fait
que ce dernier ne prend pas en compte le confinement dans le modèle. En réalité, si le taux de chargement
est de 50% de la valeur de pic, la vitesse de fluage ne sera pas la même, qu’on soit à 6 ou 12 MPa. Les
déformations de fluage sont moins importantes à 6 MPa qu’à 12 MPa pour un même taux de déviateur,
donc étant donné que les paramètres du modèle ont été déterminés à 12 MPa de confinement, les
déformations et donc les contraintes dans le revêtement auront tendance à être surestimées.
et à des niveaux de déviateurs de 25, 50, 75 et 90 % de la valeur de pic. Dans un premier temps
l’ensemble des paramètres du modèles L&K ont été extrait de la thèse de Kleine (2007) puis comparé
aux essais précédemment cités qui n’existaient pas lors de la rédaction de cette dernière. Ces nouveaux
essais permettent de caractériser de manière plus précise le comportement à long terme du matériau, en
effet les essais sont réalisés sur une période de 90 jours contrairement à ceux utilisés par Kleine extraits
de Boidy (2002) qui n’étaient que sur une période de 20 jours. En outre, ces nouveaux essais sont réalisés
à différentes valeurs de confinement et de taux de chargement déviatorique contrairement aux
précédents qui ont été menés à 10 MPa de confinement et 20MPa de déviateur. De plus aucun essai de
relaxation n’avait été réalisé auparavant, cela a permis de caractériser le comportement du matériau sur
un nouveau chemin de contrainte. Etant donnés que ces essais à long terme ont été réalisés sur des
éprouvettes provenant d’une différente zone géographique de l’horizon d’argilite, le comportement à
court terme a également dû être re-caractérisé car ces dernières présentaient une plus grande résistance.
Les paramètres du modèle L&K ont donc ensuite été corrigés afin de traduire au mieux le comportement
sur les nouveaux essais sur l’argilite de Bure. Ces paramètres portent essentiellement sur le seuil de
résistance de pic et le comportement visco-plastique du matériau.
Tableau 5 : Synthèse des paramètres du modèle L&K pour le jeu historique de Kleine (2007) et
le jeu de référence
3.3.1. Comportement instantané
La première étape consiste à déterminer les différents seuils du modèle : le seuil élastique, le seuil de
résistance de pic, le seuil de clivage et le seuil résiduel. Il est également nécessaire de déterminer les
paramètres de déformation volumique à partir de la déformée des essais triaxiaux.
_______________________________________________________________________________________
60
50
40
σmax
30
20
Données Expérimentales
10 Moyenne
Seuil de pic
0
0 5 10 15
σmin
Figure III.13 : Seuil de pic dans le plan 𝝈𝒎𝒂𝒙 /𝝈𝒎𝒊𝒏 en comparaison avec les données expérimentales
La courbe en rouge, représentant le seuil de pic, a été déterminée de manière à correspondre au mieux
aux données expérimentales en passant par la moyenne de la valeur de contrainte maximale à différents
confinement. Les paramètres utilisés pour le seuil de pic sont 𝜎𝑐 = 18𝑀𝑃𝑎, 𝑎𝑝𝑖𝑐 = 0,4, 𝑚𝑝𝑖𝑐 = 6 et
𝑠𝑝𝑖𝑐 = 1. Seule la résistance de pic a été modifiée. Les autres paramètres semblent satisfaisants pour
décrire le seuil de pic. La courbe de seuil passe bien par les points des moyennes de résistance à un
confinement donné. Cependant la variabilité des résultats est relativement importante à 12MPa, ce qui
est certainement dû au nombre plus important d’essais à ce confinement. La courbure du seuil de pic
possède donc une certaine incertitude (𝑎𝑝𝑖𝑐 ), ainsi que la valeur de résistance de pic aux confinements
importants.
_______________________________________________________________________________________
accord avec P. Delage et al. (2010) et Gens A. et al. (2007) qui proposent un module élastique compris
entre 4-5,6 GPa, et avec A. S. Chiarelli et al. (2003) qui proposent un coefficient de Poisson de 0,14.
0
εv
-0,01
0 0,01 0,02 0,03 0,04
-0,01 -0,02
-0,02 -0,03
-0,03 -0,04
𝜀1 ε1
Figure III.14 : Déformation volumique au cours d’essais triaxiaux à différentes vitesses de chargement à 𝟏𝟐𝑴𝑷𝒂 de
confinement (a) et 𝟔𝑴𝑷𝒂 de confinement (b)
_______________________________________________________________________________________
Les essais à 6 MPa de confinement présentés sur la Figure III.14 semblent cohérents, la déformation
volumique étant plus grande à des vitesses plus faibles, et présentent des déformations volumiques plus
faibles pour le même ordre de grandeur de vitesse (à 10−6 et 10−8) en comparaison des essais à 12MPa
de confinement. Les déformations volumiques des essais à 12MPa de confinement présentent, quant à
elles, une variabilité relativement restreinte à faible déformation (avant le pic) mis à part l’essai à
10−7 𝑠 −1 qui semble moins cohérent. En revanche, au-delà de 2% de déformation sur la Figure III.14a,
on observe une variabilité importante. Les mesures de déformation dans cette partie ne sont pas fiables
car elles représentent la partie post-pic de la déformation, or la roche lors de cette phase présente des
fractures au sein de sa matrice et donc une localisation du comportement qui explique la forte variabilité
des mesures et donc leur faible fiabilité. Les essais à 12MPa, bien qu’aillant une variabilité plus forte,
sont ceux qui présentent le plus d’intérêt car ils se situent dans une gamme de contrainte similaire à
l’état de contrainte in-situ.
Une simulation avec FLAC de ces essais avec le modèle L&K et les paramètres de référence du Tableau
5b donne les résultats présentés sur la Figure III.15 :
0,02
10-6 s-1
0,015 10-6 s-1
Modèle FLAC L&K
0,01
0,005
0
εv
-0,01
-0,015
-0,02
ε1
Figure III.15 : Modélisation de la déformation volumique au cours d’un essai triaxial à 12 MPa de confinement
Les déformations volumiques sont plus faibles que ce qui a été mesuré, il serait nécessaire de diminuer
le coefficient de Poisson, ou le module élastique pour atteindre des valeurs de déformation volumique
plus élevées en comportement élastique mais une valeur plus faible de ce coefficient ne serait plus
physique.
Il est difficile de déterminer les paramètres régissant le comportement volumique du matériau en post-
pic en considérant la grande variabilité et la faible fiabilité des essais réalisés. Nous reprendrons donc
les paramètres proposés par Kleine (2007) concernant le comportement volumique post-pic présentés
dans le Tableau 5.
_______________________________________________________________________________________
σmax [MPa]
30
20
10
0
0 5 10
σmin [MPa]
Figure III.16 : Limite des différents seuils du modèle dans un plan 𝝈𝒎𝒂𝒙 /𝝈𝒎𝒊𝒏
Les paramètres d’écrouissage nécessaire à la cinétique du comportement pré-pic et post-pic ont été
déterminés à partir des courbes d’essai triaxial. Les paramètres 𝑥𝑎𝑚𝑠 et 𝜂, traduisant respectivement la
courbure de la courbe en pré-pic et la courbure de l’état résiduel, ont des valeurs de 𝑥𝑎𝑚𝑠 = 0,1 et 𝜂 =
0,04. Les paramètres 𝛾𝑝𝑖𝑐 , 𝛾𝑖𝑛𝑡 et 𝛾𝑢𝑙𝑡 représentent respectivement la déformation au pic, la déformation
entre le pic et le seuil de clivage puis la déformation entre le seuil de clivage et le seuil résiduel. Ces
paramètres ont également été déterminés à l’aide des essais triaxiaux et donnent 𝛾𝑝𝑖𝑐 = 1,5%, 𝛾𝑖𝑛𝑡 =
1,3% et 𝛾𝑢𝑙𝑡 = 35%. Pour les paramètres complémentaires du modèle (𝑛é𝑙𝑎𝑠 , 𝑛, 𝑛𝑖𝑠𝑜 , 𝛾𝑐𝑗𝑠 , 𝑏𝑒𝑥𝑝 ,
𝐻0𝑒𝑥𝑡 , 𝑄𝑖𝑠𝑜 et 𝐾𝑜𝑝𝑡 ) nous utiliserons ceux proposés par Kleine (2007) dont les valeurs sont regroupés
dans le Tableau 5.
_______________________________________________________________________________________
Au cours d’un essai de fluage, l’état de contrainte 𝜎 est fixé et seules les déformations évoluent au cours
du temps. Le fluage peut alors se décomposer en trois phases distinctes : le fluage primaire dont la
vitesse de déformation 𝜀̇𝑣𝑝 est très élevée au départ mais se radoucie au cours du temps, ce phénomène
est en général relativement rapide (de l’ordre de quelques jours en fonction du matériau et de la charge
appliquée). Le fluage secondaire qui est une phase linéaire avec une vitesse de déformation 𝜀̇𝑣𝑝 constante
au cours du temps. La dernière phase de fluage est le fluage tertiaire qui voit une augmentation
progressive de 𝜀̇𝑣𝑝 jusqu’à la rupture de l’échantillon.
Figure III.17 : Présentation des différentes phases de fluage au cours d’un essai (Faridani 2011)
La phase qui va piloter l’évolution de la contrainte dans les revêtements de tunnel semble être la phase
secondaire. En effet le revêtement étant posé derrière le front, une bonne partie du fluage primaire aura
eu le temps de s’exprimer avant la pose du revêtement. C’est pourquoi il a été choisi de privilégier la
phase de fluage secondaire lors de la détermination des paramètres viscoplastiques du modèle. En
reprenant les équations du modèle et la définition du potentiel viscoplastique 𝐺 𝑣𝑝 :
𝑣𝑝 𝜕𝐹 𝑣𝑝 𝜕𝐹 𝑣𝑝
𝐺𝑖𝑗 = ( 𝑛 )𝑛
𝜕𝜎𝑖𝑗 𝜕𝜎𝑘𝑙 𝑘𝑙 𝑖𝑗
il est possible de constater que si 𝜎𝑖𝑗 = 𝑐𝑠𝑡𝑒 (ce qui est le cas lors d’un essai de fluage) alors la dérivée
𝜕𝐹 𝑣𝑝 (𝜎;𝜉𝑣𝑝 )
de la surface de charge viscoplastique 𝜕𝜎𝑖𝑗
= 𝑐𝑠𝑡𝑒car l’état de contrainte est fixé, si 𝜉𝑣𝑝 = 𝑐𝑠𝑡𝑒.
Nous supposerons que cette hypothèse est vérifiée lors de la phase de fluage secondaire. Cela implique
que le potentiel viscoplastique 𝐺 𝑣𝑝 est constant au cours de la phase de fluage secondaire. Il est donc
𝑣𝑝
possible de définir 𝐷 (𝜎) = 𝐺11 = 𝑐𝑠𝑡𝑒 lors de la phase de fluage secondaire, ce qui donne :
𝑛𝑣
𝐹 𝑣𝑝 (𝜎; 𝜉 𝑣𝑝 )
𝑣𝑝
𝜀̇11 = 𝐴𝑣 ( ) . 𝐷 (𝜎)
𝑃𝑎
𝑣𝑝
La vitesse de déformation 𝜀̇11 sera supposée constante lors de la phase de fluage secondaire donc la
surface de charge viscoplastique 𝐹 𝑣𝑝 (𝜎; 𝜉 𝑣𝑝 ) sera aussi suposée constante, soit :
_______________________________________________________________________________________
𝐹 𝑣𝑝 (𝜎; 𝜉 𝑣𝑝 )
𝐶 (𝜎) =
𝑃𝑎
Avec 𝐶 (𝜎) et 𝐷 (𝜎) constants à l’état de contrainte donné et 𝐴𝑣 et 𝑛𝑣 les paramètres viscoplastiques
du modèle. Une fois cette équation établie, il est possible de déterminer les valeurs de 𝐶 et 𝐷 en
𝑣𝑝
déterminant la valeur de 𝜀̇11 au cours de la phase de fluage secondaire lors de l’essai, au niveau de
confinement et de déviateur considéré. Il restera ensuite à réaliser des simulations dans le même état de
contraintes que l’essai en faisant varier de manière aléatoire les valeurs des paramètres 𝐴𝑣 et 𝑛𝑣 . En
𝑣𝑝
relevant la valeur de la pente de la partie linéaire du fluage 𝜀̇11−𝑖 pour différentes valeurs de 𝐴𝑣−𝑖 et
𝑛𝑣−𝑖 , il est possible de déterminer la valeur des constantes 𝐶 (𝜎) et 𝐷 (𝜎) à l’état de contrainte
considéré. Ainsi pour deux valeurs différentes de 𝐴𝑣−𝑖 et 𝑛𝑣−𝑖 (avec i = 1 ou 2) on obtient :
1
𝑣𝑝
𝜀̇ 𝐴𝑣−2 𝑛𝑣−1−𝑛𝑣−2
𝐶 (𝜎) = ( 11−1
𝑣𝑝 . )
𝜀̇11−2 𝐴𝑣−1
Une fois les constantes 𝐶 (𝜎) et 𝐷 (𝜎) calculés, il est possible de déterminer une relation entre 𝐴𝑣 et
𝑛𝑣 à l’état de contrainte considéré :
𝑣𝑝
𝜀̇1
ln ( )
𝐷 (𝜎) 1
𝑛𝑣 (𝐴𝑣 ) = − . ln 𝐴𝑣
ln 𝐶 (𝜎) ln 𝐶 (𝜎)
En pratique il sera plus prudent de déterminer la valeur des paramètres 𝐶(𝜎) et 𝐷(𝜎) en utilisant non
pas deux mais trois simulations et en croisant les différentes relations afin de minimiser les erreurs.
18
p=2MPa q/qpic= 50%
p=2MPa q/qpic= 75% 16
p=2MPa q/qpic=90% 14
12
10
nv
8
6
4
2
0
1E-17 1E-16 1E-15 1E-14 1E-13 1E-12 1E-11 1E-10
Av
Figure III.18 : Evolution de 𝑨𝒗 (𝒏𝒗 ) pour différents niveaux de déviateur à 2 MPa de confinement pour l’argilite de
Bure
_______________________________________________________________________________________
Il est possible d’observer sur la Figure III.18 que les droites exprimant la relation entre 𝐴𝑣 et 𝑛𝑣 aux
différents niveaux de contrainte se croisent toutes en un même point. Cela signifie qu’il pourrait exister
un point où la valeur de 𝐴𝑣 et 𝑛𝑣 est unique pour tous les niveaux de chargement à ce niveau de
confinement. Cependant il est en pratique impossible d’obtenir une valeur de viscosité 𝐴𝑣 aussi grande
car dès qu’une telle valeur est appliquée, l’échantillon atteint très rapidement le fluage tertiaire et il part
en rupture. Il sera donc nécessaire d’essayer de maximiser 𝐴𝑣 afin de limiter les variations de 𝑛𝑣 et
obtenir un couple de paramètres qui traduit de manière satisfaisante les observations sur les essais de
laboratoire. En effet, la Figure III.18 illustre bien le fait que si 𝐴𝑣 diminue, la plage de variation du
paramètre 𝑛𝑣 augmente.
Cette méthode a été appliquée sur les essais de fluage et de relaxation réalisés sur l’argilite de Bure
extrait de Armand et al. (2017). La Figure III.19 illustre les simulations sous FLAC pour différentes
valeurs de 𝐴𝑣 à 12MPa de confinement et un déviateur de 50% de la valeur de pic. La valeur de 𝑛𝑣 a été
déterminée à partir de la relation 𝑛𝑣 (𝐴𝑣 ) dont les constantes 𝐶 (𝜎) et 𝐷 (𝜎) on été déterminé à l’état de
contrainte considéré suivant la méthode précédement décrite :
0,3 1
Essai labo
a 0,95 b
Av = 6e-14
0,25
Av = 6e-12 0,9
Av = 6e-11 0,85
0,2
Eps 1 [%]
0,8
q/q0
0,15 0,75
0,7
0,1
0,65
Essai labo
0,05 0,6 Av = 6e-14
0,55 Av = 6e-12
0 Av = 6e- 11
0,5
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Temps [j] Temps [j]
Figure III.19 : Simulations d’un essai de fluage (a) et d’un essai de relaxation (b) en utilisant le modèle L&K pour
différentes valeurs de 𝑨𝒗 et de 𝒏𝒗 (𝑨𝒗 ) à 12MPa de confinement et 50% du déviateur de pic
Les simulations montrent que la pente des droites correspond bien à l’essai de fluage réalisé en
laboratoire et ce pour différentes valeurs de 𝐴𝑣 . La valeur des paramètres utilisés sont regroupés dans le
Tableau 6 :
𝑨𝒗 𝒏𝒗
6e-11 1.14
6e-12 3.40
6e-14 9.73
Tableau 6 : Valeurs des paramètres du modèle L&K 𝑨𝒗 et 𝒏𝒗 utilisés pour les simulations sur échantillons
En observant les courbes il est possible de remarquer que pour des valeurs de 𝐴𝑣 plus faibles, l’amplitude
de fluage sera plus grande. En revanche, pour la relaxation, c’est l’inverse, plus la valeur de 𝐴𝑣 sera
grande, plus l’amplitude de la relaxation sera grande. Avec ces deux graphiques, la détermination de
paramètres satisfaisants parfaitement à la fois le fluage et la relaxation semble impossible. C’est
pourquoi il a été choisi de privilégier la pente de fluage et l’amplitude de relaxation car ce sont ces deux
chemins de contrainte qui seront déterminants pour évaluer correctement l’évolution de la contrainte
dans les revêtements. En effet, une fois le revêtement posé le chemin de contrainte suivi est un mélange
de fluage et de relaxation dans le terrain proche de la galerie. Le terrain, à travers ses déformations à
long terme (=fluage), va venir appuyer sur le revêtement de la galerie, qui avec sa propre rigidité va
retenir le terrain et ainsi appliquer une pression qui va diminuer le déviateur subit par le terrain
(=relaxation). En outre, il subsiste une forte incertitude sur la valeur initiale de déformation au début
_______________________________________________________________________________________
d’un essai de fluage. La vitesse de fluage étant très importante au début de l’essai, cette mesure peut
varier de manière importante si l’instant initial de l’essai est décalé dans un sens ou dans l’autre. De
plus, les calculs réalisés sur ouvrages mettant en jeu des échelles de temps beaucoup plus importantes
que le temps des essais de fluage, si l’estimation de la pente est bonne, l’écart d’amplitude qui pouvait
subsister au départ sera négligeable comparativement à la valeur de déformation au bout de plusieurs
années.
En réalisant cet exercice à 2MPa et à 12MPa de confinement ainsi qu’aux différents niveaux de
déviateurs, la valeur des paramètres 𝐴𝑣 et 𝑛𝑣 retenus sont : 𝐴𝑣 = 2,8.10−12 𝑠 −1 et 𝑛𝑣 = 3,37. Le
paramètre 𝛾𝑣𝑖𝑠𝑐 a quant à lui été déterminé de manière à satisfaire le comportement du modèle à toutes
les valeurs de confinement et taux de déviateur, il sera fixé à 𝛾𝑣𝑖𝑠𝑐 = 0,9% .
Une fois l’ensemble des paramètres du modèle L&K déterminés, les simulations sous FLAC des essais
de fluage et de relaxation ont été réalisées dans le but de les comparer aux données expérimentales, dont
les résultats sont présentés sur les Figures III.20 et III.21.
Essai labo 90% L&K 90% Essai labo 90% L&K 90%
Essai labo 75% L&K 75% Essai labo 75% L&K 75%
Essai labo 50% L&K 50% Essai labo 50% L&K 50%
Essai labo 25% L&K 25%
0,6 1,2
0,5 1
0,4 0,8
ε1 [%]
ε1 [%]
0,3 0,6
0,2 0,4
0,1 0,2
0 0
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80
a Temps [j] b Temps [j]
Figure III.20 : Comparaison des essais de fluage réalisés sur l’argilite de Bure avec les simulations sous FLAC avec le
modèle L&K à 2MPa de confinement (a) et à 12 MPa de confinement (b)
Les Figures III.20-a et III.20-b présentent une comparaison entre les données expérimentales d’essais
de fluage réalisés sur des échantillons d’argilite de Bure respectivement à 2 et 12 MPa, et les résultats
donnés par le modèle L&K dont les paramètres ont été déterminés précédemment. Les essais à fort
confinement semblent plutôt bien traduire le comportement du matériau aussi bien en termes
d’amplitude que de pente finale. Cependant, l’essai à 90% de la valeur de pic ne rompt pas sur
éprouvette, alors que le modèle part en fluage tertiaire très rapidement jusqu’à la rupture. Pour de faibles
confinements, le modèle entre en rupture pour les essais à 90 et 75% de la valeur de pic, et l’amplitude
des essais à 25 et 50% est sous-estimée. En revanche, les vitesses de déformations pour ces taux de
chargement semblent bien correspondre aux essais. Il est très difficile d’obtenir un jeu de paramètre
unique permettant de satisfaire tous les taux de chargement à des confinements différents, mais le
modèle ainsi que les paramètres déterminés semblent bien traduire le comportement de l’argilite de
Bure, bien qu’ayant une résistance plus faible (rupture pour des taux de chargement à 90% de la valeur
de pic).
Les Figures III.21-a et III.21-b présentent les essais de relaxation ainsi que les simulations réalisés avec
FLAC du modèle L&K, respectivement pour un confinement initial de 2 et 12 MPa :
_______________________________________________________________________________________
Essai labo 90% L&K 90% Essai labo 90% L&K 90%
Essai labo 75% L&K 75% Essai labo 75% L&K 75%
Essai labo 50% L&K 50% Essai labo 50% L&K 50%
1 1
0,95 0,95
0,9 0,9
0,85 0,85
0,8 0,8
q/q0
q/q0
0,75 0,75
0,7 0,7
0,65 0,65
0,6 0,6
0,55 0,55
0,5 0,5
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80
a Temps [j] b Temps [j]
Figure III.21 : Comparaison des essais de relaxation réalisés sur l’argilite de Bure avec les simulations sous FLAC
avec le modèle L&K à 2MPa de confinement (a) et à 12 MPa de confinement (b)
Les simulations des essais de relaxation présentent dans leur globalité un ordre de grandeur similaire
aux essais sur échantillons de laboratoire. Cependant, à fort confinement, la relaxation diminue lorsque
le taux de chargement augmente, alors que la simulation numérique (et donc le modèle L&K) prédit
l’inverse. Il parait plus physique que la relaxation augmente lorsque le taux de chargement augmente,
même en ayant des graphiques normalisés, car le matériau se dégrade de manière plus importante lorsque
le chargement augmente, ce qui induit une perte de rigidité du matériau plus importante. Aux faibles
confinements les résultats des simulations sont plus satisfaisant, bien que la simulation à 50% présente
une relaxation bien plus faible que ce qui a été mesuré. Dans sa globalité, les paramètres du modèle
semblent bien représenter le comportement de l’argilite de Bure au travers des divers essais réalisés.
Globalement le jeu de paramètres de référence du modèle L&K, présenté dans le Tableau 5b, semble
traduire le comportement de l’argilite de manière satisfaisante. Les paramètres de ce jeu de référence
ont été déterminés à partir des essais triaxiaux, de fluage et de relaxation extraits d’Armand et al. (2017).
Il traduit correctement les phases de fluage secondaires sur les essais de laboratoire à différentes valeurs
de confinement et de chargement déviatorique. Cependant l’amplitude de fluage est sous-estimée, ce
qui n’est pas trop préjudiciable étant donné les échelles de temps considérées pour les calculs (plusieurs
années). Par ailleurs il est nécessaire de rappeler que les échelles de temps considérées pour les essais
(90 jours) induisent une incertitude non négligeable sur la valeur des paramètres du modèle. Par la suite,
c’est ce jeu de paramètre de référence qui sera utilisé lors des simulations numériques sous FLAC 2D
dans le Chapitre V.
_______________________________________________________________________________________
12
10
σθθ [MPa]
0
0 500 1000
Temps [j]
Figure III.22 : Courbes brutes des CPT représentant la contrainte ortho-radiale à l’intrados dans la galerie GRD4
Ces données présentent un effet de saisonnalité assez marqué, un des capteurs ne semblant pas
fonctionner a été retiré des courbes expérimentales, ce dernier présentait une mesure nulle sur la quasi-
totalité de la période de mesure. L’effet de saisonnalité entraine des oscillations de la courbe autour de
_______________________________________________________________________________________
la courbe de température moyenne ce qui entraine des valeurs de 𝜎̇ négatives et donc non définit dans
un plan log. Afin de déterminer la pente de la vitesse de chargement dans le plan 𝑙𝑜𝑔(𝜎̇ )/𝑙𝑜𝑔(𝑡), il est
possible de corriger les données à l’aide de la température moyenne correspondant à la moyenne des
données des capteurs de température et en définissant un coefficient de dilatation global 𝛼 déterminé de
manière à minimiser l’effet de saisonnalité. La courbe de contrainte du capteur𝜎(𝑡) sera alors retranchée
de la courbe de variation de la température (𝑇(𝑡) − 𝑇𝑚𝑜𝑦 ) multipliée par le coefficient de variation
mécanique thermique 𝛼𝑚 :
Le coefficient de variation mécanique thermique 𝛼𝑚 englobe les différents phénomènes liés à l’effet de
la température (dilatation du béton et du terrain). Sa valeur a été déterminée de manière à minimiser
l’effet de saisonnalité (Figure III.23). Ce coefficient peut être comparé au coefficient de variation
mécanique thermique théorique du béton : pour un anneau de béton contraint, ce coefficient est tout
simplement le coefficient de dilatation thermique du béton multiplié par le module élastique. Dans le
cas de la galerie GRD4 le module élastique est de 𝐸𝑏 = 39𝐺𝑃𝑎 et le coefficient du béton est environ
𝛼𝑏 = 1,2.10−5 °𝐶 −1. Nous avons donc 𝛼𝑚𝑡ℎ = 0,47𝑀𝑃𝑎/°𝐶 ce qui est supérieur au 𝛼𝑚 déterminé à
partir des mesures de contraintes et de température. En réalité l’anneau de béton n’est pas totalement
contraint car le terrain se déforme également, la contrainte générée dans le béton pour un degré de
variation est alors logiquement plus faible par rapport à un cas où l’anneau serait totalement contraint
(ce qui est vrai dans le cas où 𝐸𝑏 > 𝐸𝑟 ).
PRT_03 PRT_06 PRT_09 PRT_15 10
PRT_18 PRT_21 PRT_24
8
14
6
12
4
10
2
σθθ corr T° [MPa]
8
0
6
-2
4
-4
2
-6
0
-8
a 0 500 1000 b
Temps [j] -10
Figure III.23 : Courbes corrigées des CPT représentant la contrainte ortho-radiale à l’intrados dans la galerie GRD4 (a)
répartition des contraintes ortho-radiales intrados sur la géométrie de l’anneau à 100j et à 1000j (b)
La correction en température sur les cellules de pression totale semble bien fonctionner pour les capteurs
présentant une contrainte relativement élevée. En revanche pour les capteurs présentant une valeur
faible, la correction induit encore quelques oscillations. Cela est dû au fait que les cellules de pression
totale ne peuvent pas mesurer une valeur de contrainte négative, le capteur mesure alors une contrainte
nulle qui devrait être négative. En corrigeant la contrainte mesurée 𝜎(𝑡) avec le coefficient 𝛼𝑚 et la
courbe de température, l’amplitude de 𝛼𝑚 (𝑇(𝑡) − 𝑇𝑚𝑜𝑦 ) est supérieure aux oscillations de 𝜎(𝑡) ce qui
entraine une sur-correction et donc des oscillations résiduelles inversés (avec un déphasage de six mois)
par rapport aux oscillations de 𝜎(𝑡).
variations résiduelles, ou bruit de mesure. Ces derniers peuvent perturber la bonne évaluation de 𝜎̇ (𝑡)
qui y est très sensible, et cette sensibilité augmente lorsque la valeur de la vitesse de chargement est
faible. La dérivée 𝜎̇ (𝑡) peut être calculée en première approche de manière simple en déterminant la
valeur de la pente 𝜎̇ entre deux points de mesure (𝑖 et 𝑖 + 1) à un temps correspondant au temps moyen
𝑡𝑚𝑖 entre les deux points. Ce schéma d’intégration est illustré dans la Figure III.24a :
𝜎(𝑡) 𝜎(𝑡)
Points expérimentaux Points expérimentaux
a b
𝜎(𝑡𝑖+1 ) 𝜎(𝑡𝑖+𝑛 )
) )
𝜎̇ (𝑡𝑚𝑖 ) 𝜎̇ (𝑡𝑚𝑗 )
𝜎(𝑡𝑖 ) 𝜎(𝑡𝑖 )
) )
) )
𝑡𝑖 𝑡𝑚𝑖 𝑡𝑖+1 𝑡 𝑡𝑖 𝑡𝑚𝑗 𝑡𝑖+𝑛 𝑡
) ) ) ) )
)
Figure III.24 : Schéma d’intégration de la vitesse de chargement en fonction du temps
Sur la Figure III.24a, la vitesse de chargement 𝜎̇ est calculée de manière simple comme la pente de la
droite entre les deux points suivant la formule suivante :
𝜎(𝑡𝑖+1 ) − 𝜎(𝑡𝑖 )
𝜎̇ (𝑡𝑚𝑖 ) =
𝑡𝑖+1 − 𝑡𝑖
𝑡𝑖 +𝑡𝑖+1
Avec le temps moyen au pas de temps 𝑖 : 𝑡𝑚𝑖 =
2
Cette méthode a été appliquée aux données des CPT à l’intrados de la galerie GRD4 et donnent la courbe
présentée sur la Figure III.25a. Le problème est que les données des capteurs présentent des micro-
oscillations de mesures, s’apparentant à un bruit de mesure, qui modifient l’évaluation de la vitesse de
chargement. Il est donc nécessaire de discrétiser les points tous les 𝑛 pas de temps afin de s’affranchir
de ce bruit de mesure. Cependant, le résultat de l’évaluation de la vitesse est dépendant de l’intervalle
de mesure utilisé et pour un même intervalle de temps, l’évaluation de la vitesse dépend des points de
mesure pris en compte (cf Figure 25b). La Figure III.25 présente les vitesses de chargement des CPT de
la galerie GRD4 pour deux différentes valeurs de discrétisation.
1E+03 1,0E+03
PRT_03 PRT_03
PRT_06 PRT_06
Vitesse de chargement [kPa/j]
PRT_09
Vitesse de chargement [kPa/j]
1E-01 1,0E-01
a b
1E-02 1,0E-02
Temps [j] Temps [j]
Figure III.25 : Vitesse de chargement en fonction du temps dans un plan log/log des CPT intrados de GRD4 discrétisés
tous les 10 points de mesure (a) et tous les 40 points (b)
Les vitesse de chargement des CPT de GRD4 présentent une variabilité relativement importante et il
parait difficile d’essayer d’évaluer une valeur de pente. La variabilité est d’autant plus grande pour des
_______________________________________________________________________________________
valeurs de temps élevées (>300j) car les valeurs de pente sont plus faibles, et le bruit est d’un ordre de
grandeur similaire à la variation de contrainte. Il est cependant possible de limiter l’effet de ce bruit de
mesure en discrétisant de manière plus importante ces données. On remarque bien que la disparité des
mesures est moins importante sur la Figure III.25-b pour 40 points de mesure. Cependant il est toujours
difficile de dégager une tendance de ces mesures, c’est pourquoi une autre méthode d’intégration a été
utilisée, qui permet une meilleure estimation de la vitesse de chargement.
Dans ce nouveau schéma d’intégration (Figure III.26a), il est toujours nécessaire de discrétiser tous les
𝑛 pas de temps, mais cette fois la vitesse est évaluée en prenant en compte tous les points de mesures de
l’intervalle et en faisant une régression linéaire de lapente sur l’ensemble des points.
1,0E+03
PRT_03
PRT_06
PRT_09
Figure III.26 : Schéma de la méthode nouvelle méthode d’évaluation de la vitesse (a) et vitesse de chargement avec ce
nouveau schéma d’intégration (b)
Ce nouveau schéma d’intégration permet de minimiser l’erreur (Figure III.26a) et en appliquant cette
méthode avec une discrétisation de 𝑛 = 40 cela permet de resserrer les valeurs sur certaines séries, mais
cela augmente également la dispersion sur d’autres séries de mesures. Cette méthode de discrétisation
en temps n’est pas optimale car les points se retrouvent avec un écart très resserré à des temps >300j.
De plus, comme dit précédemment, c’est précisément à ces valeurs de temps que le bruit présente
proportionnellement la plus grande amplitude. Pour s’en affranchir il faudrait augmenter encore le
nombre de valeurs dans le pas de discrétisation, mais cela induit une perte d’information à des temps
plus court. C’est pourquoi il a été nécessaire de déterminer une formule permettant de discrétiser le pas
de temps dans le plan 𝑙𝑜𝑔(𝑡) afin de conserver un écart constant dans ce plan. La Figure III.27 présente
les différents modèles de discrétisation (tous les 𝑛 pas de temps ou en utilisant un modèle constant).
10 100 1000
Temps [j]
Les modèles de discrétisation constant en log a été déterminé afin d’obtenir 𝑛𝑙𝑜𝑔 nombre de points par
dizaine. Sur la Figure III.27, 𝑛𝑙𝑜𝑔 = 10 et les différents pas de temps sont déterminés de la manière
suivante :
𝑡𝑖 = 𝑡0 ∗ (∆𝑡/𝑡0 )𝑖
_______________________________________________________________________________________
Où ∆𝑡 représente l’écart de temps constant dans le plan log et est calculé suivant la formule suivante :
∆𝑡/𝑡0 = 101/𝑛𝑙𝑜𝑔
Cette discrétisation est ensuite intégrée à la méthode précédemment utilisée et appliquée sur les
données de GRD4 nous donne les courbes suivantes pour différentes valeurs de 𝑛𝑙𝑜𝑔 :
1E+03 1E+3
PRT_03 PRT_03
PRT_06 PRT_06
Vitesse de chargement [kPa/j]
1E+00 1E+0
10 100 1000 10000 10 100 1000 10000
1E-01 1E-1
Temps [j] a Temps [j] b
Figure III.28 : Vitesse de chargement en fonction du temps dans un plan logarithmique de la galerie GRD4 à l’intrados
pour 𝒏𝒍𝒐𝒈 = 𝟏𝟎 (a) et 𝒏𝒍𝒐𝒈 = 𝟓 (b)
Ce modèle d’approximation des données de GRD4 semble bien fonctionner et les résultats avec 𝑛𝑙𝑜𝑔 =
10 sont moins dispersés que dans l’autre cas. Au vu des données expérimentales il parait ainsi plus aisé
de déterminer une valeur de pente pour les différents capteurs. L’ensemble des valeurs de pente sont
regroupées dans le tableau 7 pour les CPT situés à l’intrados de la galerie.
Evaluation de la
PRT_03 PRT_06 PRT_09 PRT_15 PRT_18 PRT_21 PRT_24 Moyenne
pente à partir de :
0j -1,10 -1,44 -0,99 -1,21 -0,97 -1,28 -0,89 -1,13
𝒏𝒍𝒐𝒈 = 𝟓
> 100 j -0,27 -0,81 -0,50 -0,89 -0,92 -0,90 -0,48 -0,68
0j -1,24 -1,27 -1,08 -1,27 -0,83 -1,21 -0,94 -1,12
𝒏𝒍𝒐𝒈 = 𝟏𝟎
> 100 j -0,60 -0,98 -0,62 -1,17 -0,74 -1,01 -0,72 -0,83
Tableau 7 : Valeur de pente dans le plan log de la vitesse de chargement en fonction du temps des CPT à l’intrados de
GRD4
Les valeurs des pentes ont une variabilité relativement restreinte si elles sont calculées à partir de 0j.
Leur variabilité augmente si la pente est calculée à partir de 100j, et la valeur moyenne baisse de manière
significative. Il est possible de constater que la pente moyenne varie peu pour une pente calculée à partir
de 0 jour, entre le cas où 𝑛𝑙𝑜𝑔 = 5 ou 𝑛𝑙𝑜𝑔 = 10.
Il est cependant nécessaire de relativiser les valeurs des capteurs PRT_09 et PRT_18 qui peuvent
présenter des résultats incohérents. En effet, les valeurs mesurées sont proches de 0 et suite à la
correction en température, ces cellules présentent des oscillations résiduelles induites par le fait que ces
capteurs sont incapables de mesurer des valeurs négatives (traction). Ces valeurs qui devraient être
négatives sont bornées à 0 et si une correction est appliquée, cela induit des oscillations résiduelles. En
retirant les valeurs de pentes de PRT_09 et PRT_18 les pentes moyennes calculées à partir de 0 jour
deviennent 1,18 pour les deux valeurs de 𝑛𝑙𝑜𝑔 . Pour la pente calculée à partir de 100 jours les valeurs
sont respectivement 0,70 et 0,90 dans le cas où 𝑛𝑙𝑜𝑔 = 5 et 𝑛𝑙𝑜𝑔 = 10.
Cette méthode a également été appliquée aux CPT mesurant la contrainte ortho-radiale à l’extrados de
la galerie. L’ensemble des données des capteurs sont regroupés sur la Figure III.29 :
_______________________________________________________________________________________
10 10
8 8
6 6
4 4
2 2
0 0
0 500 1000 a 0 500 1000 b
Temps [j] Temps [j]
Figure III.29 : Mesure de contrainte ortho-radiale à l’extrados de la galerie GRD4 du laboratoire de Bure, données
brutes (a) et données corrigées de la température (b)
Les données présentées sur la Figure III.29 ont été corrigées en température en utilisant un coefficient
𝛼𝑚 = 0,18𝑀𝑃𝑎/°𝐶 identique à celui utilisé pour les données à l’intrados. Ce coefficient parait donc
pertinent car il permet de corriger les deux séries de données situées à l’intrados et à l’extrados de la
galerie avec une seule et même valeur. Les courbes semblent bien lissées bien qu’il subsiste quelques
oscillations résiduelles sur certaines courbes. Les capteurs PRT_02 et PRT_14 ont des valeurs
pratiquement nulles tout au long des mesures ce qui rend difficile l’exploitation de leurs données. Ces
valeurs nulles peuvent être induites par une défaillance de la cellule ou par une sollicitation en traction
de cette dernière qui est incapable de mesurer une valeur négative et se retrouve bornée à 0. Ces dernières
seront retirées pour la suite de la démarche
1000 1000
PRT_05
PRT_08
PRT_11
Vitesse de chargement [kPa/j]
10 10
1 1
10 100 1000 10000 10 100 1000 10000
0,1 0,1
Temps [j] a Temps [j] b
Figure III.30 : Vitesse de chargement en fonction du temps dans un plan logarithmique de la galerie GRD4 à
l’extrados pour 𝒏𝒍𝒐𝒈 = 𝟏𝟎 (a) et synthèse de tous les capteurs de GRD4 de manière indiférenciée avec 𝒏𝒍𝒐𝒈 = 𝟏𝟎 (b)
La Figure III.30a présente les données de vitesse de chargement pour les cellules de pression totales
situées à l’extrados, en utilisant une discrétisation des données de 10 valeurs par décade. La méthode
semble, comme précédemment, bien fonctionner sur ces données situées à l’extrados, bien que la
disparité des mesures reste relativement importante aux temps supérieurs à 200 jours. Les données de
PRT_20 fonctionnent particulièrement bien et la courbe est pratiquement linéaire, cela est dû au fait que
la correction en température lisse bien la courbe et qu’il ne reste pratiquement aucune oscillation
résiduelle. La Figure III.30b présente l’ensemble des données des différents capteurs à l’intrados et à
l’extrados, il est alors possible de distinguer un nuage de point relativement restreint permettant de
déterminer une pente moyenne pour l’ensemble des séries de 1,1.
_______________________________________________________________________________________
3
Courbe de Sulem
2 Mesures GRD4
0
0 500 Temps [j] 1000 1500
Figure III.31 : Courbe de l’évolution de la contrainte ortho-radiale d’une cellule de pression totale PRT08 dans la
galerie GRD4 approximée avec le modèle des courbes de Sulem
Ainsi il est possible de remarquer que le modèle semble bien correspondre aux données expérimentales.
Le même exercice est réalisé sur plusieurs courbes en faisant varier les différents paramètres et en
retenant le jeu de paramètres présentant l’erreur quadratique la plus faible. Les valeurs de différents
paramètres sont regroupées dans le tableau 8 suivant l’équation présentée en 4.1.3.1. du présent chapitre.
𝑪∞ 𝒎 𝑻 𝒏 𝑿 𝑻𝑿 = 𝑿/𝑽
PRT21 6 4 114 0,1 18 18
PRT03 8 1,1 200 0,1 33 33
PRT08 2,5 6 340 0,1 34 34
Tableau 8 : Paramètres des courbes de Sulem minimisant l’erreur pour différentes cellules de pression totales
𝑪∞ 𝒎 𝑻 𝒏 𝑿 𝑻𝑿 = 𝑿/𝑽
2,5 6 340 0,1 34 34
PRT08 2 5,5 360 0,2 20 20
1,5 5,5 260 0,3 5 5
Tableau 9 : Paramètres des courbes de Sulem minimisant l’erreur pour différentes valeurs de 𝒏 du capteur PRT8
Nous avons également cherché à faire varier le paramètre 𝑛 entre 0,1 et 0,3 afin de voir son influence
sur le modèle et quelle serait la valeur qui correspondrait le mieux. Ainsi il a été possible d’observer que
la valeur de 0,1 était la plus cohérente sur PRT08, cette valeur a donc été imposée sur les autres capteurs
afin de déterminer le reste des paramètres de Sulem.
_______________________________________________________________________________________
6
n = 0,3
b n = 0,2
5 50 n = 0,1
PRT_08
5
2
n = 0,3
1 n = 0,2
n = 0,1
PRT_08
0
10 100 1000
0 500 1000 1500
0,5
a Temps [j]
Temps [j]
Figure III.32 : Comparaison de la méthode de Sulem, pour différentes valeurs de 𝒏, de la contrainte ortho radiale (a)
et dans le plan log du taux de chargement en fonction du log du temps (b).
En observant les différentes courbes, la valeur de n=0,1 semble correspondre de manière plus appropriée
par rapport aux données expérimentales. On peut remarquer que la valeur de n modifie la valeur de la
pente dans le plan log mais que les données expérimentales semblent difficiles à exploiter de par leur
disparité, et ce même en ayant corrigé les données comme dans la partie précédente. Il sera donc difficile
de déterminer une valeur de pente en utilisant cette méthode mais la valeur qui semble le mieux
fonctionner est une valeur de 𝑛 = 0,1 ce qui induit une pente de 1,1 dans le plan log et est en accord
avec les observations précédentes.
50
40
30
20
10
0
0 500 1000 1500 2000 2500
Temps [j]
Figure III.33 : Implantation des mesures de contraintes (a) et mesures de contrainte en fonction du temps (b) dans
la galerie GCR du laboratoire de Bure
_______________________________________________________________________________________
La contrainte ortho-radiale est donc comprise entre 42 et 13 MPa au bout de 6 ans si on considère les
valeurs moyennes et entre 4 et 60 MPa en prenant les valeurs extrêmes. On peut constater que l’écart
relatif de mesure entre la mesure moyenne d’un capteur et ses extrema reste relativement constant au
cours du temps (de l’ordre de 50% de la valeur moyenne). L’incertitude sur ces mesures est donc très
importante et il sera impossible de déterminer de manière précise l’évolution de la vitesse de chargement
dans le plan. Ces données nous permettent tout de même de déterminer un ordre de grandeur des
contraintes dans le revêtement mais seront difficilement exploitable au-delà.
a b
Figure III.34 : Evolution de la pression à l'interface entre le terrain et le revêtement de galerie. Données brute (a)
données corrigées de la température (b)
_______________________________________________________________________________________
b
a
Figure III.35 : Correction des cellules de pression totale avec variation du coefficient de dilatation (a) et avec
constant (b)
La courbe bleue de la Figure III.35b présente le modèle prédictif utilisé pour représenter l’évolution de
la pression en fonction du temps. Dans ce modèle, le coefficient de dilatation est supposé constant et
l’évolution de la pression à l’interface suivant le modèle est donnée par la formule de 𝑃𝑚𝑜𝑑 (𝑡).
𝑃𝑚𝑜𝑑 (𝑡) = 𝛼𝜃(𝑡) + 𝑃𝑐𝑜𝑟𝑟 (𝑡) − 𝑃0
Où 𝜃(𝑡) représenta la température à l’instant𝑡, et 𝛼 le coefficient de dilatation global, déterminée à
partir de la courbe d’évolution de 𝑃𝑒𝑥𝑝 (𝑡), la courbe expérimentale de la pression à l’interface. Ce
coefficient est déterminé à partir de l’amplitude des dernières oscillations et la courbe d’évolution de la
température (partie droite de la courbe). En effet comme il est possible de le voir sur la Figure III.35b,
l’amplitude des dernières oscillations semble relativement constante au cours du temps. L’expression
de 𝑃𝑐𝑜𝑟𝑟 (𝑡), correspondant à l’expression de la pression à l’interface suivant le modèle, corrigée des
effets induit par la température. Cette dernière est déterminée à partir de l’expression suivante,
s’inspirant de la forme des courbes de Sulem :
𝑇𝑋 2 𝑇 𝑛
𝑃𝑐𝑜𝑟𝑟 (𝑡) = 𝐶∞ [1 − ( ) ] [1 + 𝑚 (1 − ( ) )]
𝑡 + 𝑇𝑋 𝑡+𝑇
_______________________________________________________________________________________
30
CP829 b
CP830 a
CP833
25 CP835
CP836
Contrainte orthoradiale [MPa]
CP837
20 CP838
CP839
CP840
15
10
0
0 2000 4000 6000 8000
Temps [j]
Figure III.36 : Evolution de la contrainte dans le revêtement corrigé de la température (a) et section du tunnel
représentant les cellules prises en compte dans le calcul de la contrainte moyenne (b)
Les courbes ainsi obtenues montrent, pour certaines, des valeurs relativement faibles (CP830 et CP835)
et d’autres, des valeurs très élevées (CP833 et CP839). On peut donc considérer que ces valeurs sont
des mesures incohérentes avec les autres mesures et peuvent donc être écartées afin de calculer la
contrainte moyenne. D’autres mesures ont été écartées car les capteurs ont cessé de fonctionner ou
présentaient des valeurs de pression trop faibles (même en prenant en compte les effets thermiques). En
outre certains capteurs semblent avoir des vitesses qui augmentent au cours du temps (CP829, CP837,
CP838 et CP839) ainsi qu’une accélération de l’augmentation de contrainte. En réalité ces courbes
présentent un point d’inflexion tardif et sont positionnées essentiellement sur les reins de la galerie, or
à cette position des effets de déformation de la structure peuvent engendrer des surpressions à l’interface
qui viennent perturber la mesure. Sur ces courbes, l’incertitude sur la valeur de 𝑃0 est plus importante,
ce qui pourrait potentiellement modifier la courbure de la courbe. Dans ce cas précis les capteurs ne sont
plus dans le cadre d’hypothèse (section circulaire) et les mesures doivent être écartées. Il semble tout de
même se dégager une valeur moyenne des mesures de contrainte autour de 15,4 MPa
Les valeurs des différents paramètres des courbes sont données dans le tableau 10 :
𝑷𝟎 𝑪∞ 𝒎 𝑻 𝒏 𝑿 𝜶
CP829 500 130 160 3400 0,1 17000 80
CP830 150 130 10 4000 0,1 3000 40
CP833 250 240 80 52 0,1 14000 80
CP835 170 170 50 11000 0,1 3500 45
CP836 170 190 30 1500 0,1 1500 110
CP837 400 500 100 11000 0,1 28500 80
CP838 300 430 150 8000 0,1 50000 60
CP839 500 440 120 6000 0,1 22500 120
CP840 300 270 50 6500 0,1 1500 90
Tableau 10 : Paramètres des courbes de Sulem pour les cellules de pression à l’interface du tunnel de Chamoise
pieds-droits de chaque cotés dans le tube Sud proche des PM1501 et 1605. Ces deux points métriques
ont été choisis car ils présentent un grand nombre de capteurs permettant notamment, une mesure de la
déformation sur l’ensemble de la section. Un exemple d’essai au vérin plat est présenté dans la Figure
III.37 pour la section PM 1605 :
12
10
Pression effective [MPa]
4D 4G
8
6 7D 7G
4 E-H
2 F-I
G-J
0
-0,15 -0,1 -0,05 0 0,05
Déplacement relatif [mm]
Figure III.37 : Essai au vérin plat du tunnel de Chamoise PM 1605 sur le côté droit de la galerie
La valeur de contrainte retenue pour une mesure sur un plot correspond à la pression effective à
déplacement relatif nul. La disparité des mesures pour un même essai sur les différents plots reste
relativement restreinte (de l’ordre de 20% sur ce plot). Pour la section 1605 droite, cet essai montre une
contrainte maximale de 9,5 MPa mesurée sur le plot central, un minimum de 7,3 MPa sur le plot de
droite ainsi qu’une moyenne sur les trois plots de 8,4 MPa.
L’ensemble des mesures des quatre essais au vérin plat sont regroupées dans le tableau 11.
La différence de mesure entre les cellules de pression à l’interface et les mesures au vérin plat peut
s’expliquer par le fait que la mesure soit faite au niveau des reins, qui peuvent subir un effet de structure
en appuyant de manière plus importante sur le terrain. Une autre hypothèse est que cette différence
s’explique par l’approximation de tube mince pour calculer la contrainte à partir de la pression sur le
𝑃𝑅
revêtement avec 𝜎 = 𝑒
.
La contrainte moyenne mesurée est de 11,2 MPa pour la section PM1501 et de 9,3 MPa pour la section
PM1605. Ces données sont plus faibles que ce qui a été déterminé à partir des mesures de cellules de
pression totales. Cela peut être dû à plusieurs facteurs comme une dérive des capteurs dans le temps
(bien que les mesures de déformation à la corde vibrante soient assez fiable sur le long terme), mais
également par le fluage du béton dans le revêtement de tunnel qui entraine une déformation
supplémentaire dans le revêtement de la galerie. Nous noterons également que les contraintes sont plus
importantes sur le côté gauche de la galerie pour les deux sections. Cela est dû à une anisotropie de l’état
de contrainte autour de la galerie qui présente une orientation de la contrainte majeure d’environ 45° par
rapport à l’horizontale.
_______________________________________________________________________________________
Par la suite l’effet de ce fluage dans le revêtement sera étudié de manière plus précise au travers de
simulations avec des modèles analytique de type convergence-confinement dans le Chapitre IV et des
modèles numériques dans les Chapitres V et VI.
200 300
a 200
b
100
100
Déformation [µdef]
Déformation [µdef]
0 500 1000 1500 0
-100 0 500 1000 1500
-100
-200
-200
-300
Intrados 1 -300 Intrados 1
-400 Intrados 2 Intrados 2
-400
Extrados 1 Extrados 1
-500 Extrados 2 -500 Extrados 2
Temps [j] Temps [j]
Figure III.38 : Mesures de déformations ortho-radiales dans la galerie GRD4 du voussoir V1 (a) et V8 (b)
Sur les Figures III.38-a et III.38-b, les courbes en jaune représentent les capteurs situés à l’intrados
tandis que celles en bleu représente les mesures à l’extrados. Il est possible de constater que la
température influe peu sur les mesures de déformation car les oscillations sont assez faibles. Ces données
ont donc certainement été corrigées en amont. Cela n’est pas le cas de l’intégralité des données à
disposition, qui dans certains cas, n’ont pas fait l’objet de correction car elles présentent des oscillations
résiduelles induites par l’effet de saisonnalité. Les voussoirs présentés ici montrent un mode de
déformation en flexion composée. En effet les capteurs à l’extrados sont en traction alors que ceux à
l’intrados sont en compression. De plus si on ajoute les déformations à l’extrados à celles à l’intrados,
la somme sera négative ce qui indique bien un effort normal non nul dans les voussoirs. Certains des
voussoirs, dont les courbes sont présentées en annexe, présentent des modes de déformation en flexion
composée sans traction à certains endroits ou en flexion pratiquement pure, avec un effort normal
presque nul. Il est cependant tout à fait normal de constater ce type de comportement, un état de
contrainte au sein de l’anneau qui n’est pas constant, dans la mesure où les contraintes in-situ ne sont
pas parfaitement isotropes et que le matériau peut présenter un comportement anisotrope.
Ces capteurs nous donnent donc une idée de la manière dont est sollicité le voussoir et permettent de
mieux interpréter les mesures des cellules de pression totale. En effet, ces dernières étant dans
l’incapacité de mesurer des contraintes de traction, nous pourrons ainsi écarter les mesures non
cohérentes. De plus, les données des capteurs de déformations seront utilisées par la suite dans
l’évaluation de l’effet différé dans le revêtement de la galerie GRD4, au travers de l’évaluation du
module apparent.
_______________________________________________________________________________________
-100
Déformation [µdef]
-150
-200
-250
Gauche
-300 Voûte
Droite
-350 Contre-voûte
Gauche Corrigé
-400 Voûte Corrigé
-450 Droite Corrigé
Temps [j]
La correction des capteurs par la déformation longitudinale ne semble pas effacer les quelques
oscillations qui subsistent sur les mesures des capteurs de chaque côté. Cela a même tendance à amplifier
le phénomène sur le capteur situé en voûte. La correction ne semble donc pas très pertinante et les
données brutes des capteurs seront prises en compte. Le capteur de déformation du radier ne mesure
plus rien au-delà d’une centaine de jours, il ne sera donc pas considéré par la suite. Le mode de
sollicitation n’est pas homogène sur toute la section, globalement l’anneau est sollicité en flexion
composée mais le moment change de signe sur une partie de la section. La voûte ainsi que le côté droit
présentent une compression de l’intrados, ce qui implique un moment 𝑀𝑓𝑧 < 0. A l’inverse, sur le côté
gauche, c’est l’extrados qui est en compression donc 𝑀𝑓𝑧 > 0. Le changement de signe du moment de
flexion indique que l’anneau est sollicité de manière non homogène et l’origine de ce mode de
déformation particulier peut être dû à l’anisotropie de contrainte présente au laboratoire de Bure mais
également à l’anisotropie de l’argilite.
_______________________________________________________________________________________
0
0 5 10 15 20 25
-100
Déformation orthoradiale [µdef]
-200
-300
-400
CV655_C
CV659_C
-500 CV663_C
CV667_C
CV671_C
-600
Temps [année]
Figure III.40 : Mesures des capteurs à corde vibrante à l’intrados de la galerie de Chamoise au PM 1605
Les capteurs présentent une oscillation, induite par les effets de température liés à la saisonnalité, qui
reste assez contenue. Ces données montrent que les cellules les plus sollicitées sont situées au niveau
des reins de la section, et que le côté gauche est plus sollicité que le côté droit. Cela est cohérent avec
les mesures réalisées au vérin plat qui montrent que la section côté gauche est plus sollicitée. Les
mesures liées à la contre-voûte ne sont pas présentées ici car elles présentent un comportement
spécifique qui rend leur interprétation difficile. Les données de ces capteurs seront utilisées par la suite
afin de déterminer l’évaluation de l’effet différé dans le revêtement.
100
V1
90 V8
V5
Module apparent [GPa]
80 28 jours
70
60
50
40
30
20
0 200 400 600 800 1000 1200 1400
Temps [j]
Figure III.41 : Evolution du module apparent au cours du temps dans trois des voussoirs de la galerie GRD4
La Figure III.41 montre que le module apparent semble diminuer au cours du temps. Cette diminution
du module est certainement due en grande partie aux effets différés dans le béton. Il est possible de
_______________________________________________________________________________________
constater une baisse du module de l’ordre de 50% par rapport à la valeur un mois après la pause du
revêtement (soit 39 GPa). Cela permet ainsi d’avoir un ordre de grandeur de l’effet du fluage du béton
et tend à montrer que l’effet du fluage du béton est non négligeable sur l’évolution de la contrainte dans
le revêtement.
Il est cependant nécessaire de relativiser cette valeur car les capteurs de contraintes et de déformations
ne sont pas situés tout à fait au droit les uns des autres. Le capteur de contrainte est situé plus vers
l’extérieur du voussoir comparativement aux capteurs de déformation. Or l’anneau n’étant pas sollicité
de manière homogène, mais présentant une part de flexion, la position de l’axe neutre évoluera dans le
temps. Il sera donc nécessaire de corriger les données des capteurs en fonction de la position de l’axe
neutre (Partie 5.1).
Tableau 12 : Résultats des essais de compression simple et de mesure de module sur les éprouvettes de béton
de revêtement du tunnel de Chamoise
Les résultats d’essais sur les éprouvettes de revêtement en béton présentent une variabilité relativement
restreinte, le module moyen sur la section est de 39,2 GPa. Le 𝑅𝑐 moyen est quant à lui de 47,7 MPa.
En prenant les formules proposées par l’Eurocode pour déterminer la valeur du module moyen en
fonction de la résistance en compression simple, cela donne :
𝑅𝑐 0,3
𝐸𝑐𝑚 = 22 ∗ ( )
10
Ce qui donne, considérant la moyenne de la résistance en compression, un 𝐸𝑐𝑚 = 35,2𝑀𝑃𝑎 ce qui est
plus faible mais voisin de ce qui a été mesuré. En réalité cette formule a été déterminée à partir de la
résistance en compression à 28 jours. Le matériau tel qu’il est aujourd’hui ne présente donc pas les
mêmes caractéristiques que lorsqu’il avait 28 jours ce qui peut expliquer cette différence. On retiendra
toutefois un module élastique pour la section au PM 1605 de 𝐸𝑏 = 39,2𝐺𝑃𝑎.
_______________________________________________________________________________________
𝑦 𝑦
𝑒 𝜎𝑖𝑛𝑡
𝑎 𝜀𝑖𝑛𝑡
𝜎𝑖𝑛𝑡𝑐𝑜𝑟𝑟
ℎ′ ℎ 𝑦𝐴𝑁 𝜎 𝜀
𝜎𝑒𝑥𝑡𝑐𝑜𝑟𝑟 𝜀𝑒𝑥𝑡
𝜎𝑒𝑥𝑡
Figure III.42 : Schéma la représentation de la position des différents capteurs et des contraintes et déformations dans
une section de voussoir
ℎ′ 𝜀𝑖𝑛𝑡 + 𝜀𝑒𝑥𝑡
𝑦𝐴𝑁 = ( − 𝑎)
2 𝜀𝑖𝑛𝑡 − 𝜀𝑒𝑥𝑡
Cette formule reste valable si le signe de 𝑀𝑓𝑧 change, dans ce cas les signes de 𝜀𝑖𝑛𝑡 et 𝜀𝑒𝑥𝑡 sont inversés.
Une fois la position de l’axe neutre calculée, il est possible de calculer la contrainte corrigée en la
ramenant au niveau du capteur de déformation suivant la formule :
𝑎
𝜎𝑖𝑐𝑜𝑟𝑟 = 𝜎𝑖 ∗ (1 − )
ℎ′
2 + 𝑦𝐴𝑁
Les caractéristiques considérées pour les voussoirs de GRD4 ont été regroupées dans le Tableau 13 :
h 45 cm
e 5 cm
h' 35 cm
a 7 cm
Tableau 13 : Données relatives à la position des capteurs dans les voussoirs de GRD4
_______________________________________________________________________________________
Le traitement des données de GRD4 a été réalisé avec cette méthode ce qui a permis de réévaluer
l’évolution du module apparent au cours du temps. Les résultats sont présentés sur la Figure III.43 pour
les voussoirs V1, V5 et V8. Les valeurs en bleu correspondent à des capteurs situés à l’extrados tandis
que les valeurs en jaune correspondent à l’intrados.
100 V1 80 V1
V8 V8
90 70 V5
V5
28 jours 28 jours
Module apparent [GPa]
70 50
60 40
50 30
40 20
30 10
a b
20 0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 0 200 400 600 800 1000 1200 1400
Temps [j] Temps [j]
Figure III.43 : Evolution du module apparent au cours du temps à partir des mesures de capteurs de GRD4 brutes (a)
et corrigées par la position de l’axe neutre (b)
Tout d’abord, on remarque que les oscillations résiduelles qui pouvaient persister sur le module apparent
sont gommées et que les courbes sont globalement plus lisses. De plus la valeur du module a baissé de
manière conséquente, ce qui est logique étant donné que les contraintes sont largement surestimées sans
correction.
La diminution du module apparent au cours du temps est de l’ordre de 20 à 50% et passe, pour deux des
courbes, sous la barre des 39 GPa qui représente le module élastique moyen des voussoirs à 28 jours.
Cela tend à montrer qu’une déformation différée agit bien dans le revêtement et fait baisser le module
apparent. Cet effet permet d’estimer une diminution de la contrainte dans le revêtement de l’ordre de 20
à 50% par rapport au cas où un module élastique constant serait considéré.
_______________________________________________________________________________________
Les différences entre les données des mesures au vérin plat et l’évaluation de la contrainte par les
mesures de déformation peuvent être induites par des erreurs de mesures dues au fait que les essais au
vérin plat ne sont pas réalisés directement au droit des capteurs, même si ils en sont proches. Les mesures
par corde vibrante sont relativement fiables dans le temps et leur évolution semble cohérente avec le
reste des mesures.
Cette différence peut aussi s’expliquer par des effets différés dans le béton qui augmentent la
déformation au cours du temps. De plus, le module apparent (ou module sécant) qui est le rapport entre
la contrainte et la déformation n’est pas constant au cours du temps. En effet si une déformation différée
𝜀𝑑𝑖𝑓𝑓 évolue au cours du temps dans le béton, la déformation totale 𝜀𝑇 est la somme de cette déformation
différée et de la déformation élastique.
𝜀𝑇 = 𝜀𝑒 + 𝜀𝑑𝑖𝑓𝑓
_______________________________________________________________________________________
6. Conclusion
Ce chapitre a permis de présenter l’ensemble des données expérimentales sur les galeries à disposition.
Cela nous a permis d’établir deux principales conclusions issues des observations sur les données des
galeries. Premièrement, en traitant de manière plus précise les données des cellules de pression totale de
GRD4, la vitesse de chargement présente un comportement linéaire avec une pente d’environ 1,1 que
ce soit à l’intrados ou à l’extrados du revêtement. En concaténant l’ensemble des données, la disparité
des points est relativement restreinte. Deuxièmement, l’effet différé du béton dans les revêtements de
tunnels tend à diminuer la contrainte de l’ordre de 20 à 50% comparativement à la contrainte calculée à
partir du module élastique et des déformations. Ces conclusions ont été déterminées à partir des données
de la galerie GRD4 du laboratoire de Bure sur une durée de 4 ans, ainsi que du tunnel de Chamoise sur
une période de 22 ans.
Afin d’analyser plus précisément ces données sur ouvrages et afin de comprendre les mécanismes mis
en jeu lors de l’évolution de la contrainte de revêtement dans le temps, nous étudierons une galerie au
travers d’une méthode simple, basée sur la méthode convergence-confinement, en intégrant un modèle
de Singh-Mitchell (Chapitre IV) dont les paramètres ont été déterminés à la partie 3.1.
Les données recueillies ont également permis de déterminer l’ensemble des paramètres du modèle L&K,
dont le jeu de paramètre historique datant de la thèse de Kleine (2007) n’avait jamais été réactualisé
avec les nouvelles données disponibles à ce jour extraites d’Armand et al. (2017). Les paramètres de ce
modèle permettront d’étudier les phénomènes observés sur ouvrage dans des calculs numériques plus
avancés sous FLAC en utilisant le modèle L&K sur deux cas de référence présentés dans le Chapitre V.
Il est cependant nécessaire de rappeler que l’ensemble des paramètres des deux modèles (Singh-
Mitchelle et L&K) ont été déterminés à partir d’essais de fluage et de relaxation menés sur une durée de
3 mois, bien inférieure aux échelles de temps qui seront considérées par la suite (environ 3 ans).
_______________________________________________________________________________________
Résumé du Chapitre :
Ce chapitre traite de l’étude des phénomènes physiques pouvant influer sur l’évolution de la contrainte de
revêtement de galerie au travers d’une méthode analytique/semi-analytique. Cette méthode basée sur le
principe de convergence-confinement permet l’étude de phénomènes complexes au travers d’un outil
simple et rapide d’utilisation. Il permet une première évaluation de l’effet de ces différents phénomènes,
qui sont : l’effet de l’EDZ dans un milieu élastique, la plasticité parfaite du terrain, le caractère visqueux
du terrain, la rigidité du revêtement, le fluage et le retrait du béton. Dans la dernière partie du chapitre,
cette méthode sera appliquée à deux exemples de galerie ce qui permettra de comparer les résultats avec
les données expérimentales disponibles dans le Chapitre III.
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1. Introduction
Ce chapitre traitera de l’étude des phénomènes pouvant influer sur la contrainte dans les revêtements de
galeries souterraines au travers d’une méthode semi-analytique basée sur la méthode convergence-
confinement introduite par Panet et Guellec (1974). L’approche analytique de cette méthode permet une
analyse rapide de phénomènes simples en 1D (Section de tunnel circulaire). De plus, une approche
analytique permet une intégration aisée de ces méthodes dans un logiciel de type tableur Excel. Cela
permettra également de réaliser des calculs de manière rapide et de mener des analyses
multiparamétriques aisément. Cette méthode analytique se base sur la méthode convergence-
confinement dont une description plus détaillée pour le cas d’un terrain élastique a été développée au
Chapitre 2. La méthode est dite semi-analytique car, pour certains phénomènes, il n’existe pas de
solution mathématique unique au problème posé. Certains résultats du problème peuvent dépendre
d’autres résultats et inversement, c’est pourquoi dans certains cas il a été nécessaire d’initialiser la valeur
de certains résultats afin de converger vers une solution cohérente du problème global.
Les phénomènes étudiés dans ce chapitre sont en premier, la plasticité du terrain au travers de trois
approches différentes, une élasticité à deux milieux représentant une EDZ (Excavation Damage Zone),
une plasticité utilisant un critère de Mohr-Coulomb et enfin une plasticité combinée à un critère de
Hoek-Brown. Dans un second temps nous introduirons le comportement à long terme du terrain dans la
méthode convergence-confinement au travers de deux modèles de comportement. Nous étudierons leur
effet sur l’évolution de la contrainte dans le revêtement pour le modèle de Burger puis le modèle de
Singh Mitchell. Ensuite nous étudierons les différents phénomènes dans le béton qui peuvent influer sur
l’évolution de la contrainte dans le revêtement (fluage, retrait, rigidité). Enfin nous appliquerons cette
méthode aux cas de la galerie GRD4 et du tunnel de Chamoise et réaliserons une étude de sensibilité
aux paramètres de la modélisation afin de déterminer les paramètres susceptibles d’influer sur la valeur
de la pente de la vitesse de chargement en fonction du temps.
𝐸𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 , 𝜈𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒
𝑅𝐸𝐷𝑍
𝐸𝐸𝐷𝑍 , 𝜈𝐸𝐷𝑍
𝑒𝜃
⃗⃗⃗⃗
𝑒𝑟
⃗⃗⃗
𝑟 𝑃𝑖 𝑅
La contrainte radiale à l’interface entre les deux milieux sera introduite et sera nommée 𝜎𝑟𝑟𝐸𝐷𝑍 =
𝜎𝑟𝑟 (𝑅𝐸𝐷𝑍 ). La forme de la solution du champ de contrainte est similaire à la solution en élastique avec
un seul milieu homogène car cette solution provient de l’équation d’admissibilité statique du tenseur de
contrainte 𝜎 dans un repère polaire:
𝐵
𝜎𝑟𝑟 (𝑟) = 𝐴 −
𝑟2
𝐵
𝜎𝜃𝜃 (𝑟) = 𝐴 + 2
𝑟
La valeur des constantes A et B seront déterminées à l’aide des conditions limites en contrainte.
𝑅𝐸𝐷𝑍 ²
𝜎𝑟𝑟 (𝑟) = 𝑃∞ − (𝑃∞ − 𝜎𝑟𝑟𝐸𝐷𝑍 )
𝑟²
𝑅𝐸𝐷𝑍 ²
𝜎𝜃𝜃 (𝑟) = 𝑃∞ + (𝑃∞ − 𝜎𝑟𝑟𝐸𝐷𝑍 )
𝑟²
Ainsi cette solution est similaire à la solution d’une galerie en milieu élastique de rayon 𝑅 = 𝑅𝐸𝐷𝑍 et de
pression interne 𝑃𝑖 = 𝜎𝑟𝑟𝐸𝐷𝑍 .
𝑅 2
𝜎𝑟𝑟,𝐸𝐷𝑍 (𝑟) = 𝑃𝑖 + 𝛼𝐸𝐷𝑍 (𝜎𝑟𝑟𝐸𝐷𝑍 − 𝑃𝑖 ) (1 − ( ) )
𝑟
𝑅 2
𝜎𝜃𝜃,𝐸𝐷𝑍 (𝑟) = 𝑃𝑖 + 𝛼𝐸𝐷𝑍 (𝜎𝑟𝑟𝐸𝐷𝑍 − 𝑃𝑖 ) (1 + ( ) )
𝑟
𝑢𝑟
On recherche ensuite l’expression de la déformation ortho-radiale 𝜀𝜃𝜃 = en utilisant l’expression de
𝑟
la loi de Hooke :
1 + 𝜈𝐸𝐷𝑍 𝑅 2
𝜀𝜃𝜃 (𝑟) = (𝑃𝑖 − 𝑃∞ +𝛼𝐸𝐷𝑍 (𝜎𝑟𝑟𝐸𝐷𝑍 − 𝑃𝑖 ) (1 + ( ) ))
𝐸𝐸𝐷𝑍 𝑟
2𝜈𝐸𝐷𝑍
− (𝑃𝑖 − 𝑃∞ +𝛼𝐸𝐷𝑍 (𝜎𝑟𝑟𝐸𝐷𝑍 − 𝑃𝑖 ))
𝐸𝐸𝐷𝑍
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𝑢𝑅 (𝑅)
La solution de la courbe de convergence du terrain est déterminée à partir de 𝜀𝜃𝜃 (𝑅) = 𝑅
:
1 − 𝜈𝐸𝐷𝑍 2
𝜀𝜃𝜃 (𝑅) = (𝑃𝑖 − 𝑃∞ )+ 𝛼 (𝜎 − 𝑃𝑖 )
𝐸𝐸𝐷𝑍 𝐸𝐸𝐷𝑍 𝐸𝐷𝑍 𝑟𝑟𝐸𝐷𝑍
[𝐸𝐸𝐷𝑍 (1 + 𝜈𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 ) + 𝐸𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 (1 − 𝜈𝐸𝐷𝑍 )]𝑃∞ − 𝐸𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 [1 + 𝜈𝐸𝐷𝑍 (2𝛼𝐸𝐷𝑍 − 1) − 𝛼𝐸𝐷𝑍 (1 + 𝛽𝑅 )(1 + 𝜈𝐸𝐷𝑍 )]𝑃𝑖
𝜎𝑟𝑟𝐸𝐷𝑍 =
𝐸𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 𝛼𝐸𝐷𝑍 [(1 + 𝛽𝑅 )(1 + 𝜈𝐸𝐷𝑍 ) − 2𝜈𝐸𝐷𝑍 ] + (1 + 𝜈𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 )𝐸𝐸𝐷𝑍
Ainsi la pression à l’interface entre la roche saine et l’EDZ est directement proportionnelle à la pression
de confinement 𝑃𝑖 (𝑥), ce qui parait logique dans un milieu élastique. Cette formule est valable
uniquement dans le cas où 𝑅𝐸𝐷𝑍 > 𝑅.
Le module élastique de la zone endommagée sera supposé égal à 10% de la valeur de la roche saine de
manière arbitraire. Le coefficient de Poisson sera quant à lui inchangé entre la zone saine et la zone
endommagée. Ainsi en appliquant les paramètres de l’argilite de Bure, les résultats sont reportés sur la
Figure IV.2.
14 14 Point d’équilibre
Convergence Roche saine
initial
Confinement Roche saine
12 12
Convergence EDZ
10 Confinement EDZ 10
8 8
σ EDZ [MPa]
Pi [MPa]
6 6
4 4
Equilibre final à 𝑃𝑖 = 0
2 2 Cas avec EDZ
Cas élastique homogène
0 0
0 2 4 6 0 5 10 15
a u [cm]
b Pi [MPa]
Figure IV.2 : Résultats de la méthode convergence-confinement pour deux milieux élastiques avec prise en compte de
l’EDZ ou sans (a) et évolution de la contrainte en 𝑹𝑬𝑫𝒁 dans les deux milieux (b)
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Il faut cependant préciser que cette formule n’est valable que dans le cas où le coefficient de Poisson de
l’EDZ est égal à celui de la roche saine. Dans le cas contraire, il sera nécessaire de l’adapter.
Nous avons ensuite réalisé une étude de sensibilité des courbes de convergence-confinement à la valeur
du rayon de l’EDZ 𝑅𝐸𝐷𝑍 . Les résultats sont présentés sur la Figure IV.3.
Eéq h [GPa]
8
30 3
Pi [MPa]
6
20 2
4
10 1
2
b
0 0 0
a 0 2 4 6 5 6 7 8
u [cm] 𝑅𝑔𝑎𝑙𝑒𝑟𝑖𝑒 = 5𝑚 REDZ [m]
Figure IV.3 : Evolution des courbes de convergence-confinement pour différentes valeurs de 𝑹𝑬𝑫𝒁 (a) et évolution de
la contrainte dans le revêtement et du module équivalent homogène en fonction de 𝑹𝑬𝑫𝒁 (b)
La convergence de la galerie augmente avec le rayon de l’EDZ, cette dernière ayant un module inférieur
à la roche saine, pour un même niveau de contrainte, la convergence sera plus importante. La
convergence initiale, correspondant à la convergence au moment de la pose du revêtement sera elle aussi
plus importante avec une augmentation du rayon de l’EDZ, tout comme la contrainte d’équilibre dans
le revêtement de la galerie. Il est intéressant de note que même avec un rayon d’EDZ de 5,5m soit une
zone de 50cm autour de la galerie, la contrainte dans le revêtement est 41% plus importante que dans le
cas élastique homogène. Le module équivalent diminue quant à lui de manière significative à mesure
que le rayon de la zone endommagée augmente. La prise en compte d’une zone a donc une influence
non négligeable sur la contrainte dans le revêtement mais il est cependant nécessaire de relativiser ces
résultats. En effet, le rayon de la zone endommagée est imposé et il est pris en compte dès le début du
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calcul de la convergence. En réalité l’EDZ se propage au cours de l’excavation de la galerie et n’est pas
présent au début du calcul, donc l’effet de la zone endommagée est surestimé avec cette méthode. Le
comportement de l’EDZ sera étudié de manière plus approfondie dans le Chapitre V.
𝑅𝑝
𝑒𝜃
⃗⃗⃗⃗
𝑒𝑟
⃗⃗⃗
𝑟 𝑃𝑖 𝑅
Le critère de plasticité utilisé est un critère de Mohr-Coulomb, dans notre cas il est défini par :
Avec :
1 − 𝑠𝑖𝑛𝜑
𝑁𝜑 =
1 + 𝑠𝑖𝑛𝜑
On recherche la pression limite élastique notée 𝑃é𝑙 , correspondant à la pression de confinement à partir
de laquelle le terrain entre en plasticité. On se place en 𝑟 = 𝑅 et le critère de plasticité 𝑓 (𝝈) < 0 pour
rester dans le domaine élastique. Si l’on remplace 𝜎𝑟𝑟 et 𝜎𝜃𝜃 par leurs expressions précédemment
trouvées :
2(𝑃∞ − 𝑐√𝑁𝜑 )
𝑃𝑖 > 𝑃é𝑙 =
1 + 𝑁𝜑
Pour rester dans le domaine élastique 𝑃𝑖 > 𝑃é𝑙 lorsque 𝑃𝑖 diminue, le terrain se dégrade et entre en
plasticité pour des valeurs de 𝑃𝑖 inférieures à 𝑃é𝑙 . De plus 𝑃é𝑙 correspond à la contrainte radiale à
l’interface entre la zone élastique et la zone plastique 𝜎𝑟𝑟 (𝑅𝑝 ) = 𝑃é𝑙 . Cela reste vrai à tout instant du
problème, à condition que 𝑅𝑝 > 𝑅.
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𝑅𝑝 ²
𝜎𝑟𝑟 (𝑟) = 𝑃∞ − (𝑃∞ − 𝑃é𝑙 )
𝑟²
𝑅𝑝 ²
𝜎𝜃𝜃 (𝑟) = 𝑃∞ + (𝑃∞ − 𝑃é𝑙 )
𝑟²
2.2.2. Solution dans la zone Plastique
Dans la zone plastique le rayon vérifie 𝑅 ≤ 𝑟 ≤ 𝑅𝑝 et la plasticité n’apparait que lorsque la pression de
confinement est inférieure à la pression élastique, il sera donc supposé que 𝑃𝑖 < 𝑃é𝑙 .
On recherche la solution du champ de contrainte. Lors de la phase plastique du matériau la surface de
charge plastique 𝑓 (𝝈) vérifie 𝑓 (𝝈) = 0 soit :
𝜕𝜎𝑟𝑟 1
+ (𝜎𝑟𝑟 − 𝜎𝜃𝜃 ) = 0
𝜕𝑟 𝑟
𝜎𝜃𝜃 est remplacé par son expression sur la surface de charge plastique dans la relation d’équilibre, ce
qui donne une équation différentielle sur 𝜎𝑟𝑟 :
𝜕𝜎𝑟𝑟 1 2𝑐
+ 𝜎𝑟𝑟 (1 − 𝑁𝜑 ) = √𝑁𝜑
𝜕𝑟 𝑟 𝑟
La solution de cette équation différentielle est donnée par la solution de l’équation homogène et d’une
solution particulière 𝜎𝑟𝑟𝑃 (𝑟) :
2𝑐√𝑁𝜑
𝜎𝑟𝑟𝑃 (𝑟) = −
𝑁𝜑 − 1
Les conditions limites du champ de contrainte donnent, 𝜎𝑟𝑟 (𝑟 = 𝑅) = 𝑃𝑖 , ce qui permet de déterminer
2𝑐 √𝑁𝜑
la valeur de la constante 𝐴, avec 𝐻 = 𝑁𝜑 −1
:
𝑟 𝑁𝜑 −1
𝜎𝑟𝑟 (𝑟) = (𝑃𝑖 + 𝐻) ( ) −𝐻
𝑅
𝑟 𝑁𝜑 −1
𝜎𝜃𝜃 (𝑟) = 𝑁𝜑 (𝑃𝑖 + 𝐻) ( ) −𝐻
𝑅
La continuité du champ de contrainte en 𝑟 = 𝑅𝑝 doit être assurée, on a donc :
𝑅 𝑁𝜑 −1
𝜎𝑟𝑟 (𝑟 = 𝑅𝑝+ ) = 𝑃é𝑙 et 𝜎𝑟𝑟 (𝑟 = 𝑅𝑝− ) = (𝑃𝑖 + 𝐻) ( 𝑅𝑝 ) −𝐻
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Soit :
1
𝑃é𝑙 + 𝐻 𝑁𝜑 −1
𝑅𝑝 = 𝑅 [ ]
𝑃𝑖 + 𝐻
Afin de calculer les déformations dans la zone plastique, les déformations plastiques sont supposées
dériver d’un potentiel plastique 𝜆, de la forme :
𝑝 𝑝
𝜀̇𝑟𝑟 = 𝛽𝜆̇ et 𝜀̇𝜃𝜃 = −𝜆̇
𝜓 𝜋
Avec 𝛽 = tan2 ( + ) et 𝜓 angle de dilatance
2 4
𝑝 𝑝
On a donc : 𝜀̇𝑟𝑟 + 𝛽𝜀̇𝜃𝜃 = 0
Les déformations totales sont la somme des déformations élastiques et plastiques tels que :
𝐸 𝑝
𝜀𝑟𝑟 = 𝜀𝑟𝑟 + 𝜀𝑟𝑟
𝐸 𝐸
Il vient donc que 𝜀𝑟𝑟 + 𝛽𝜀𝜃𝜃 = 𝜀𝑟𝑟 + 𝛽𝜀𝜃𝜃
La loi de Hooke reliant les déformations aux contraintes est définie ainsi :
1
𝜺= ((1 + 𝜈)𝝈 − 𝜈𝑇𝑟 (𝝈))
𝐸
𝐸𝜀𝑟𝑟 = (1 + 𝜈)(𝜎𝑟𝑟 − 𝑃∞ ) − 𝜈(𝜎𝑟𝑟 + 𝜎𝜃𝜃 − 2𝑃∞ )
𝐸𝜀𝜃𝜃 = (1 + 𝜈)(𝜎𝜃𝜃 − 𝑃∞ ) − 𝜈(𝜎𝑟𝑟 + 𝜎𝜃𝜃 − 2𝑃∞ )
En remplaçant les contraintes par leurs expressions déterminées précédemment, on obtient :
1 𝑟 𝑁𝜑 −1
𝜀𝑟𝑟 + 𝛽𝜀𝜃𝜃 = [𝐴1 (𝑃𝑖 + 𝐻) ( ) − 𝐵1 ]
𝐸 𝑅
Avec :
𝐵1 = (1 − 𝜈)(1 + 𝛽)(𝑃∞ + 𝐻)
On utilise la relation de compatibilité des déformations en coordonnées cylindrique donnée par :
𝜕𝜀𝜃𝜃
𝜀𝑟𝑟 = 𝑟 + 𝜀𝜃𝜃
𝜕𝑟
Cela donne une équation différentielle en 𝜀𝜃𝜃 :
𝜕𝜀𝜃𝜃 1 + 𝛽 1 𝑟 𝑁𝜑 −1
+ 𝜀𝜃𝜃 = [𝐴1 (𝑃𝑖 + 𝐻) ( ) − 𝐵1 ]
𝜕𝑟 𝑟 𝑟𝐸 𝑅
La solution de l’équation homogène est :
𝐻 𝜆
𝜀𝜃𝜃 (𝑟) = 𝜆𝑒 −(1+𝛽)ln(𝑟) =
𝑟1+𝛽
La solution particulière sera déterminée en utilisant la méthode de la variation de la constante, on pose :
𝜆(𝑟)
𝜀𝜃𝜃
̅̅̅̅(𝑟) =
𝑟1+𝛽
Cette solution est ensuite réinjectée dans l’équation différentielle, cela donne :
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𝐴1 𝐵1
𝜆′ (𝑟) = (𝑃𝑖 + 𝐻)𝑅1−𝑁𝜑 𝑟 𝑁𝜑 +𝛽−1 − 𝑟 𝛽
𝐸 𝐸
𝐴1 𝑟 𝑁𝜑 +𝛽 𝐵1 𝑟1+𝛽
𝜆(𝑟) = (𝑃𝑖 + 𝐻)𝑅1−𝑁𝜑 −
𝐸 𝑁𝜑 + 𝛽 𝐸 1+𝛽
𝐴1 (𝑃𝑖 + 𝐻) 𝑟 𝑁𝜑 −1 𝐵1
𝜀𝜃𝜃
̅̅̅̅(𝑟) = ( ) −
𝐸 𝑁𝜑 + 𝛽 𝑅 𝐸(1 + 𝛽)
𝜆 𝐴1 (𝑃𝑖 + 𝐻) 𝑟 𝑁𝜑 −1 𝐵1
𝜀𝜃𝜃 = 1+𝛽
+ ( ) −
𝑟 𝐸 𝑁𝜑 + 𝛽 𝑅 𝐸(1 + 𝛽)
0
0 0,005 0,01 0,015 0,02 0,025 0,03
U [m]
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Dans le cas présenté sur la Figure IV.5, la plasticité du matériau apparait après la pose du revêtement,
la convergence initiale 𝑢0 sera donc identique au cas élastique. Le point d’équilibre se trouve à une
valeur de convergence et de contrainte plus élevée par rapport au comportement élastique. La contrainte
d’équilibre est de 30,8 MPa dans le cas plastique contre 22,8 MPa dans le cas élastique.
Figure IV.6 : Courbe de convergence du sol pour différents niveaux de contrainte initiale (Hoek 1983)
Alejano (2010) reprend un modèle de Hoek-Brown avec radoucissement et propose une caractérisation
des roches en fonction du GSI (Geological Strength Indice). Il propose une méthode pour caractériser
correctement les différents paramètres du modèle de Hoek-Brown et trace les courbes de convergence
pour différents GSI.
Figure IV.7 : Courbe de convergence pour différents GSI extrait d’Alejano (2010)
Il est à noter qu’il semble pertinent d’utiliser le comportement radoucissant pour des GSI compris entre
30 et 60. Au-dessous, un comportement plastique parfait semble plus adapté et au-dessus un
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comportement fragile traduit mieux la réalité. Les terrains auxquels nous nous intéresserons sont des
terrains présentant un comportement à long terme évoluant au cours du temps et donc généralement une
certaine viscosité soit un GSI intermédiaire. Le critère de Hoek-Brown semble cependant plus adapté à
traduire le comportement de la roche par rapport à un modèle de Mohr-Coulomb. Nous ne développerons
pas plus l’aspect radoucissant du terrain mais le critère de Heok-Brown sera utilisé comme critère de
plasticité dans la partie 3 de ce chapitre.
1 −0.15𝑅𝑅
𝜆0 = 𝑒 𝑝
3
𝑥
𝜆(𝑥) = 𝜆0 𝑒 𝑅𝑝 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑥 ≤ 0
{ 3𝑥
−
2𝑅𝑝
𝜆(𝑥) = 1 − (1 − 𝜆0 )𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑥 ≥ 0
Le taux de déconfinement va permettre de déterminer la valeur 𝑢0 , convergence du terrain au moment
de la pose du revêtement.
Ainsi le taux de déconfinement va dépendre du rayon plastique. Afin de déterminer au mieux la courbe
de déconfinement, cette dernière sera initialisée avec la courbe élastique, avec laquelle l’évolution du
rayon plastique sera calculée en fonction de la distance au front. La courbe de déconfinement est ensuite
calculée à partir de l’évolution du rayon plastique obtenue à l’itération précédente. On constate qu’au
bout de 3 itérations l’écart entre deux itérations successives est négligeable, on prendra donc la dernière
courbe obtenue au bout de la 4ème itération afin d’être certain que l’écart entre deux itérations soit
négligeable.
14
1 Convergence élastique
Courbe de convergence
a 0,9 12 Confinement
0,8 Confinement elas
10
0,7
Lambda
0,6
Pi [MPa]
8
0,5
0,4 6
Initialisation élastique
0,3 4
Itération 1
0,2 Itération 2
0,1 Itération 3 2
Itération 4 b
0 0
-4 -2 0 2 4 6 0 0,005 0,01 0,015 0,02 0,025 0,03
X/Rt U [m]
Figure IV.8 : Courbes du taux de déconfinement en fonction de la distance au front divisé par le rayon du tunnel aux
différentes itérations (a) et courbe de convergence confinement dans le cas d’une courbe de convergence élastique ou
plastique (b)
Ainsi l’effet de la plasticité de la courbe de convergence n’est significatif, dans le cas de la Figure IV.8,
que pour des valeurs de 𝑥/𝑅 comprises entre 1 et 3, soit pour des valeurs de 𝑥0 comprises entre 5 et 15
m. L’effet de la plasticité dans la courbe de déconfinement n’a un effet qu’à partir du moment où le
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revêtement est placé après que la limite de plasticité du terrain ait été atteinte. Au-delà d’une certaine
distance de pose la courbe de déconfinement tend vers une valeur de 1 dans les deux cas, l’effet devient
alors de nouveau négligeable. La Figure IV.8b montre le résultat d’un calcul avec la méthode
convergence confinement dans le cas d’une courbe de déconfinement élastique (en rouge) et avec une
courbe plastique (en vert). Dans le cas présenté ici le revêtement a été posé à 8m du front, là où l’effet
de la plasticité dans la courbe de déconfinement est maximal avec cette configuration. L’ensemble du
reste des paramètres du modèle seront identiques au cas plastique. La valeur de 𝑢0 est réduite de 12%
dans le cas plastique ce qui induit une contrainte plus élevée dans le revêtement de la galerie. En effet
la contrainte dans le revêtement à l’équilibre est de 8,5 MPa dans le cas d’une courbe élastique et de
12,4 MPa dans le cas plastique soit une augmentation de 46% par rapport au cas élastique. Ce
phénomène sera donc pris en compte pour la suite des calculs avec la méthode convergence confinement
car la courbe de déconfinement a un effet non négligeable sur les résultats dans certaines configurations
et elle est relativement simple à intégrer dans la méthode analytique.
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Le modèle de Burger
Le modèle de Burger semble, en première approche, un modèle approprié pour traduire le comportement
fluant du terrain, il est largement utilisé et relativement simple à implanter dans la méthode convergence-
confinement. La déformation axiale d’une éprouvette peut être décrite dans ce modèle à l’aide de
l’équation suivante :
1+𝜈 𝜎 𝜎 𝐸
− 1𝑡
𝜀1 (𝜎, 𝑡) = 𝜎 + 𝑡 + (1 − 𝑒 𝜂1 )
𝐸2 𝜂2 𝐸1
Cette déformation axiale est la somme d’une déformation élastique instantanée et d’une déformation
visqueuse (qui dépend de 𝑡). Afin de simplifier le problème, nous supposerons que la déformation
visqueuse, étant directement proportionnelle à la contrainte, est intégrée dans une réduction de la valeur
du module élastique. En effet, il est possible de calculer un module apparent 𝐸𝑎𝑝 (𝑡) :
1 1 1 1 𝐸
− 1𝑡
= + 𝑡+ (1 − 𝑒 𝜂1 )
𝐸𝑎𝑝 (𝑡) 𝐸2 𝜂2 (1 + 𝜈) 𝐸1 (1 + 𝜈)
Ainsi en multipliant l’inverse du module apparent par la contrainte et (1 + 𝜈), on obtient bien la même
déformation 𝜀1 (𝜎, 𝑡). Le reste des équations de la méthode convergence confinement sera identique au
cas élastique homogène et la contrainte dans le revêtement sera l’intersection de la courbe de
convergence à l’instant 𝑡 avec la courbe de confinement. Reste à déterminer la valeur de 𝑢0 , la
convergence du terrain au moment de la pose du revêtement. Cette dernière sera déterminée en première
approche en calculant la convergence du terrain à l’instant de pose du revêtement 𝑡0 et à la pression de
confinement au moment de la pose 𝑃𝑖0 . Afin de caractériser de manière plus précise la convergence, il
serait nécessaire d’utiliser une approche incrémentale pour calculer la convergence initiale, mais en
première approche la méthode utilisé est suffisamment satisfaisante, elle aura cependant tendance à
surestimer la convergence par rapport à l’autre approche.
La courbe de confinement du terrain sera calculée de manière classique comme dans les cas précédents
en considérant un déplacement initial 𝑢0 comme convergence à 𝑃𝑖 = 0 et considérant la rigidité de
l’anneau pour calculer la courbe de confinement 𝑢𝑟𝑒𝑣 (𝑃𝑖 ). L’évolution de la pression à l’interface entre
le revêtement et le terrain sera déterminée en calculant le point d’intersection des courbes de
convergence et de confinement au pas de temps considéré. Enfin l’évolution de la contrainte dans le
revêtement sera calculée en concaténant les données des différentes valeurs de la pression de revêtement
𝑃𝑟𝑒𝑣 𝑅
pour toutes les valeurs de 𝑡 et en faisant l’approximation en tube mince avec la formule : 𝜎𝑟𝑒𝑣 =
𝑒
avec 𝑅 rayon de la galerie et 𝑒l’épaisseur du revêtement.
La Figure IV.9 présente les résultats de la méthode convergence-confinement en intégrant le fluage du
terrain avec un modèle de Burger. Les paramètres du modèle ont été déterminés à partir d’un essai de
fluage sur une éprouvette d’argilite de Bure à 𝑞/𝑞𝑝𝑖𝑐 = 50% et 12MPa de confinement. Ces paramètres
sont regroupés dans le Tableau 17. La vitesse d’excavation a été supposée de 2m/j et le revêtement a été
placé 6 mois après l’excavation soit à une distance de 360m du front.
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12 80
70
10
60
8
40
6
30
4
20
2 10 b
a 0
0 0 200 400 600 800 1 000
0 0,005 ε 0,01 0,015 Temps [j]
Figure IV.9 : Courbe de convergence à différentes valeurs de 𝒕 et courbe de convergence (a) et courbe d’évolution de
la contrainte de revêtement en fonction du temps (b)
Les courbes oranges de la Figure IV.9a représentent les courbes de convergences à différentes valeurs
de 𝑡. La pente de la droite diminue en valeur absolue à mesure que 𝑡 augmente, le module apparent du
terrain devient plus faible car la déformation de fluage augmente avec le temps. La contrainte dans le
revêtement de la galerie atteint des valeurs de l’ordre de 70𝑀𝑃𝑎 ce qui est supérieur à la résistance
caractéristique du béton qui est supposée de 40𝑀𝑃𝑎 dans cet exemple. La contrainte semble donc
relativement élevée et l’amortissement faible, la pente de la courbe après 1000 jours reste élevée.
L’évolution de la vitesse de chargement, correspondant à la pente de la contrainte dans le revêtement,
est tracée sur la Figure IV.10.
1000
Vitesse de chargement du revêtement
[kPa/j]
100
Vitesse de chargement
Phase linéaire
10
10 100 1000
Temps [j]
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le cas de l’argilite de Bure. Il est donc nécessaire de déterminer un modèle de comportement plus adapté
à la description du comportement des roches fluantes.
Le modèle de Singh-Mitchell
Le modèle de Burger n’étant pas en adéquation avec les observations réalisées sur les galeries, il a été
nécessaire de trouver un autre modèle afin de traduire le comportement fluant du terrain. Le modèle de
Singh-Mitchell étant linéaire dans un plan log(𝜀̇)/log(𝑡) il est apparu cohérent avec les mesures de
convergence dans les différents ouvrages.
𝑡1−𝑚
𝜀𝑣 = 𝐴. +𝐵
1−𝑚
On remarque ainsi que la déformation visqueuse augmente en fonction du temps (𝑚 < 1). Cela est
problématique car à déviateur nul, la déformation doit être nulle. On propose donc une nouvelle
expression de la vitesse de déformation :
_______________________________________________________________________________________
𝑟²
𝜎𝑟𝑟 (𝑟) = 𝑃0 − (𝑃0 − 𝑃𝑖 )
𝑅²
𝑟²
𝜎𝜃𝜃 (𝑟) = 𝑃0 + (𝑃0 − 𝑃𝑖 )
𝑅²
Où 𝜎𝑟𝑟 et 𝜎𝜃𝜃 sont respectivement la contrainte radiale et la contrainte ortho-radiale. Le déviateur des
contraintes peut ainsi être calculé comme la contrainte majeure moins la contrainte mineure :
𝑞(𝑅) = 2(𝑃0 − 𝑃𝑖 )
En considérant la contrainte radiale comme la contrainte mineure et la contrainte ortho-radiale comme
la contrainte majeure, le déviateur maximum peut être déterminé en 𝑟 = 𝑅 comme :
𝑎
𝑃𝑖
𝑞𝑚𝑎𝑥 (𝑃𝑖 ) = 𝜎𝑐 (𝑚𝐻𝐵 + 𝑠)
𝜎𝑐
_______________________________________________________________________________________
Dans cette expression, le déviateur maximum est supposé constant dans l’espace et égal à sa valeur
proche de la paroi et ce même à une distance importante du tunnel. Cette approximation est nécessaire
afin de simplifier l’intégration du modèle à la méthode convergence-confinement.
Le déviateur normalisé est ainsi donné par la formule suivante :
2(𝑃0 − 𝑃𝑖 )
𝑞̅ (𝑃𝑖 ) =
𝑞𝑚𝑎𝑥 (𝑃𝑖 )
𝜀𝑡 (𝑡, 𝑃𝑖 ) = 𝜀0 + 𝜀𝑡𝑒𝑙 (𝑃𝑖 ) − 𝜀𝑡𝑒𝑙 (𝑃𝑖0 ) + 𝜀𝑡𝑣𝑖𝑠𝑐 (𝑡, 𝑞(𝑃𝑖 , 𝑃𝑖𝑛𝑡 (𝑡))) − 𝜀𝑡𝑣𝑖𝑠𝑐 (𝑡0 , 𝑞(𝑃𝑖 , 𝑃𝑖𝑛𝑡 (𝑡)))
Une fois la courbe de convergence tracée à tous les pas de temps, la contrainte dans le revêtement est
calculée à partir de la contrainte à l’interface entre le terrain et le revêtement qui est l’intersection entre
les courbes de convergence et de confinement au pas de temps considéré.
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Les résultats liés à cette méthode seront présentés dans la partie 5 du présent chapitre au travers de deux
exemples sur les cas du tunnel de Chamoise et de la galerie GRD4 du laboratoire de Bure.
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Pour trouver la solution plastique, il suffit de prendre l’expression élastique et de faire une homothétie
avec le paramètre 𝜒 :
𝑢𝑝 𝐷
= 𝜒∗𝑓( )
𝑅 𝜒
Cette méthode semble intéressante pour prendre en compte la rigidité du revêtement de la galerie dans
le calcul de la contrainte dans le revêtement à partir de la méthode convergence-confinement. Cependant
cette approche reste purement empirique, une approche plus physique du problème serait nécessaire.
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Si on regarde la galerie dans un plan comprenant l’axe du tunnel, on remarque que le revêtement posé
en aval du front de taille va soutenir le terrain et par effet voute limiter les convergences du terrain à nu
entre le revêtement et le front de taille.
La méthode implicite permet de tenir compte de la rigidité du revêtement dans le calcul de 𝑢0 , la
convergence au moment de la pose du revêtement. En effet si on considère le comportement 3D de la
galerie, le revêtement placé à l’arrière du front va supporter le terrain et limiter la convergence entre le
front et le revêtement. Ainsi 𝑢0 (𝑋, 𝑁𝑠 , 𝐾𝑠 ) est fonction de la distance au front 𝑋, du facteur de stabilité
2𝑃
𝑁𝑠 = 𝑅𝑐
et de la rigidité du revêtement 𝐾𝑠 .
La deuxième hypothèse est que la convergence au front 𝑢𝑖 (0) ne dépend pas du revêtement :
1+𝜈
𝑢𝑖 (0) = 0,27𝑢𝑖 (∞) = 0,27 ∗ 𝑃
𝐸 ∞
Figure IV.11 : Influence qualitative de la rigidité du revêtement sur le profil de convergence pour les deux méthodes
Dans la « nouvelle » méthode implicite Bernaud montre avec des calculs numériques 3D que le facteur
𝑎(𝑥) dépend également de la rigidité du revêtement. L’auteur propose une nouvelle forme de 𝑎(𝑥)
prenant en compte la rigidité du revêtement :
𝑎 𝑠 (𝑥) = 𝑎(𝛼𝑥)
_______________________________________________________________________________________
1
1 1
2 𝑃𝑟𝑒𝑣
𝑅𝑝
𝑒𝜃
⃗⃗⃗⃗ 𝑅𝑒
𝑒𝑟
⃗⃗⃗ 𝑅𝑖
𝑟 𝑃𝑖 + 𝑃𝑟𝑒𝑣 𝑒𝜃
⃗⃗⃗⃗
𝑒𝑟
⃗⃗⃗ 𝑟
𝑅𝑒
Figure IV.12 : Schéma de la galerie avec l’effet du revêtement (1) et schéma du chargement du revêtement seul (2)
Pour cela on résout de manière classique la convergence du terrain avant la pose du soutènement, puis
au moment de la pose du revêtement, on applique une pression de soutènement sur le terrain égale à
𝑃𝑖 + 𝑃𝑟𝑒𝑣 où 𝑃𝑟𝑒𝑣 est la pression équivalente à l’effet du soutènement. En pratique c’est la pression
qu’applique le terrain sur le soutènement. On définira 𝑃𝑖0 comme la pression de confinement au moment
de la pose du revêtement.
𝑅𝑒2
𝜎𝑟𝑟0 (𝑟) = 𝑃∞ − (𝑃∞ − 𝑃𝑖0 )
𝑟2
𝑅𝑒 ²
𝜎𝜃𝜃0 (𝑟) = 𝑃∞ + (𝑃∞ − 𝑃𝑖0 )
𝑟²
Et donc :
1+𝜐 𝑅𝑒 ²
𝜀𝜃𝜃0 (𝑟) = (𝑃∞ − 𝑃𝑖0 )
𝐸 𝑟²
Où 𝑅𝑒 est le rayon extérieur du revêtement et 𝑅𝑖 le rayon intérieur du revêtement.
Avec les conditions limites appliquées au revêtement, on trouve une solution pour la contrainte dans le
revêtement :
𝜎𝑟𝑟 (𝑅𝑒 ) = 𝑃𝑠𝑜𝑢𝑡
𝜎𝑟𝑟 (𝑅𝑖 ) = 0
On a donc pour 𝑅𝑒 > 𝑟 > 𝑅𝑖 :
𝑅𝑖2
𝜎𝑟𝑟𝑟𝑒𝑣 (𝑟) = 𝛼𝑅 𝑃𝑟𝑒𝑣 (1 − )
𝑟2
_______________________________________________________________________________________
𝑅𝑖2
𝜎𝜃𝜃𝑟𝑒𝑣 (𝑟) = 𝛼𝑅 𝑃𝑟𝑒𝑣 (1 + )
𝑟2
Avec :
𝑅𝑒2
𝛼𝑅 =
𝑅𝑒2 − 𝑅𝑖2
Soit :
𝛼𝑅 𝑃𝑟𝑒𝑣 𝑅𝑖2
𝜀𝜃𝜃𝑟𝑒𝑣 (𝑟) = [(1 + 𝜐𝑟𝑒𝑣 ) (1 + 2 ) − 2𝜐𝑟𝑒𝑣 ]
𝐸𝑟𝑒𝑣 𝑟
1 + 𝜐𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 𝑅𝑒2
𝜀𝜃𝜃 (𝑟) = [𝑃∞ − 𝑃𝑖 − 𝑃𝑟𝑒𝑣 ] 2
𝐸𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 𝑟
Où ∆𝜀𝜃𝜃 (𝑟) est la déformation dans la roche à partir de la pose du soutènement. Ainsi on a :
1 + 𝜐𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 𝑅𝑒2
∆𝜀𝜃𝜃 (𝑟) = [𝑃∞ − 𝑃𝑖 − 𝑃𝑟𝑒𝑣 − (𝑃∞ − 𝑃𝑖0 )] 2
𝐸𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 𝑟
1 + 𝜐𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 𝑅𝑒2
∆𝜀𝜃𝜃 (𝑟) = (𝑃𝑖0 — 𝑃𝑖 − 𝑃𝑟𝑒𝑣 ) 2
𝐸𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 𝑟
Afin de déterminer 𝑃𝑟𝑒𝑣 on doit assurer la continuité de déformation entre le revêtement et la roche après
la pose du revêtement. On a donc :
∆𝜀𝜃𝜃 (𝑅𝑒+ ) = 𝜀𝜃𝜃𝑟𝑒𝑣 (𝑅𝑒− )
(𝑃𝑖0 — 𝑃𝑖 )
𝑃𝑟𝑒𝑣 =
𝛼𝑟𝑟𝑒𝑣 𝐸𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 𝑅2
[(1 + 𝜐𝑟𝑒𝑣 ) (1 + 𝑖2 ) − 2𝜐𝑟𝑒𝑣 ] + 1
𝐸𝑟𝑒𝑣 (1 + 𝜐𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 ) 𝑅𝑒
Cette méthode est ensuite appliquée avec les mêmes paramètres que pour les cas précédents
(Tableau 18).
_______________________________________________________________________________________
𝑬𝒓 5𝐺𝑃𝑎 𝑬𝒃 25𝐺𝑃𝑎
𝝂 0,12 𝝂 0,3
𝑷𝟎 12,7𝑀𝑃𝑎 𝒆 20𝑐𝑚
𝑹 3𝑚 𝑿𝟎 2𝑚
Il est ainsi possible de tracer l’évolution de la pression appliquée sur le revêtement par le terrain,
exprimée par 𝑃𝑟𝑒𝑣 en fonction de l’avancement du front normalisé par le rayon du tunnel (Figure
IV.13).
En supposant un anneau parfait, homogène, élastique, on pourrait remonter à la contrainte au sein du
𝑅.𝑃𝑟𝑒𝑣
revêtement en prenant : 𝜎𝑟𝑒𝑣 = ce qui nous donne une contrainte finale de 13,7𝑀𝑃𝑎
𝑒
0,5
6
0,4
4 0,3
0,2
2 𝑃𝑟𝑒𝑣 0,1 b
a
0 0
0 0,005 0,01 0,015 0 2 4
U [m] X/Re
Figure IV.13 : Evolution de la pression fictive de soutènement en fonction de la convergence de la galerie (a) et
évolution de la pression appliquée au revêtement en fonction de l’avancement normalisé (b)
Il faut cependant faire attention à l’exploitation de ces résultats. En effet, il est représenté ici la
convergence de l’ensemble de la structure, à savoir le terrain et le revêtement. Afin d’obtenir la
convergence totale 𝑢∞ il faut lire la convergence à 𝑃𝑖 = 0𝑀𝑃𝑎. On peut retrouver la contrainte à
l’équilibre en lisant le 𝑃𝑖 pour lequel on a une convergence de 𝑢∞ sur la courbe de confinement. Dans
le cas élastique, ici présenté, l’écart entre cette méthode et la solution en élastique classique est
théoriquement nul, et cela est bien le cas car 𝑃𝑟𝑒𝑣𝑓𝑖𝑛𝑎𝑙 est bien égal à l’intersection des deux courbes
_______________________________________________________________________________________
De la même manière que pour le cas élastique avec prise en compte de la rigidité du revêtement, on
suppose que la pression à l’intrados de l’excavation, après la pose du soutènement est 𝑃𝑖 + 𝑃𝑟𝑒𝑣 . De
plus, on considèrera que 𝑃𝑖0 < 𝑃é𝑙 , c'est-à-dire que la terrain a déjà commencé à plastifier avant la pose
du revêtement. On reprend donc la solution analytique trouvée précédemment pour le comportement
plastique parfait en remplaçant 𝑃𝑖 par 𝑃𝑖 + 𝑃𝑟𝑒𝑣 :
𝑟 𝑁𝜑 −1
𝜎𝑟𝑟 (𝑟) = (𝑃𝑖 + 𝑃𝑟𝑒𝑣 + 𝐻) ( ) −𝐻
𝑅
𝑟 𝑁𝜑 −1
𝜎𝜃𝜃 (𝑟) = 𝑁𝜑 (𝑃𝑖 + 𝑃𝑟𝑒𝑣 + 𝐻) ( ) −𝐻
𝑅
Avec :
1
𝑃é𝑙 + 𝐻 𝑁𝜑 −1
𝑅𝑝 = 𝑅 [ ]
𝑃𝑖 + 𝑃𝑟𝑒𝑣 + 𝐻
On pose 𝑃𝑖0 = 𝑃𝑖 (𝑥0 ) comme la pression fictive de soutènement au moment de la pose du revêtement
(à 𝑥 = 𝑥0 ). On définit ainsi 𝜀𝜃𝜃0 = 𝜀𝜃𝜃 (𝑥0 ), 𝜆0 = λ(𝑥0 ) et 𝑅𝑝0 = 𝑅𝑝 (𝑥0 ) :
𝜆0 𝐴1 (𝑃𝑖0 + 𝐻) 𝑟 𝑁𝜑 −1 𝐵1
𝜀𝜃𝜃0 = 1+𝛽
+ ( ) −
𝑟 𝐸 𝑁𝜑 + 𝛽 𝑅 𝐸(1 + 𝛽)
En appliquant la continuité des déformations dans les deux milieux, on trouve l’expression de 𝑃𝑟𝑒𝑣 :
_______________________________________________________________________________________
𝐸𝑅𝑜𝑐ℎ𝑒 (𝑃 − 𝑃𝑖0 )
(λ − λ0 ) + 𝐴1 𝑖
𝑅𝑒 1+𝛽 𝑁𝜑 + 𝛽
𝑃𝑟𝑒𝑣 =
𝐸𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒 𝛼𝑟𝑟𝑒𝑣 𝑅𝑖2 𝐴1 𝑅𝑝 𝑁𝜑 +𝛽
)
[(1 + 𝜐𝑟𝑒𝑣 (1 + 2 ) − 2𝜐𝑟𝑒𝑣 ] − (1 − (𝑅 ) )
𝐸𝑟𝑒𝑣 𝑅𝑒 (𝑁𝜑 + 𝛽) 𝑒
1+𝜐 𝑅𝑒 ²
𝜀𝜃𝜃0 (𝑟, 𝑃𝑖0 ) = (𝑃∞ − 𝑃𝑖0 )
𝐸 𝑟²
1+𝜐 𝑅𝑒 ²
𝜀𝜃𝜃 (𝑟, 𝑃𝑖 ) = 𝜀𝜃𝜃0 (𝑟) + ∆𝜀𝜃𝜃 (𝑟, 𝑃𝑖0 ) = (𝑃∞ − 𝑃𝑖0 + ())
𝐸 𝑟²
Soit :
_______________________________________________________________________________________
𝑅𝑝 1+𝛽 𝐵1 1 + 𝜐𝑟 𝑅𝑝
1+𝛽
𝑅 𝑁𝜑+𝛽 𝐴1 (𝑃𝑖 + 𝐻)
[( ) − 1] + [( ) (𝑃∞ − 𝑃é𝑙 ) − (𝑃∞ − 𝑃𝑖0 )] + [1 − ( 𝑝 ) ]
𝑅𝑒 𝐸𝑟 (1 + 𝛽) 𝐸𝑟 𝑅𝑒 𝑅𝑒 𝐸𝑟 𝑁𝜑 + 𝛽
𝑃𝑟𝑒𝑣 =
𝛼𝑟𝑟𝑒𝑣 𝑅2 𝑅𝑝 𝑁𝜑+𝛽 𝐴1
[(1 + 𝜐𝑟𝑒𝑣 ) (1 + 𝑖2 ) − 2𝜐𝑟𝑒𝑣 ] + [( ) − 1]
𝐸𝑟𝑒𝑣 𝑅𝑒 𝑅𝑒 𝐸𝑟 (𝑁𝜑 + 𝛽)
Les résultats de cette méthode avec la prise en compte de la rigidité de revêtement dans la méthode
convergence confinement avec un terrain plastique sont présentés dans la Figure IV.14. L’ensemble des
paramètres reste inchangé par rapport aux cas précédent sauf la contrainte isotrope 𝜎0 qui a été
augmentée à 20 MPa afin de pouvoir visualiser les résultats.
25
Convergence élastique
Convergence plastique
20 Confinement
Convergence rigidité
15
Pi [MPa]
10
5
𝑃𝑟𝑒𝑣
0
0 0,01 0,02 0,03 0,04
U [m]
Figure IV.14 : Courbe de convergence dans le cas plastique en tenant compte de la rigidité du revêtement
Afin de bien interpréter cette courbe il est nécessaire de rappeler qu’il s’agit en réalité de la courbe de
convergence de l’ensemble du système terrain + revêtement en fonction de la pression de confinement
𝑃𝑖 .
Les courbes de la Figure IV.14 semblent montrer un problème de continuité de 𝑃𝑟𝑒𝑣 , bien que l’ensemble
des conditions de continuité semblent satisfaites dans les équations, un problème d’intégration
numérique dans le tableur Excel montre des résultats peu cohérents.
Le fluage du béton
Le fluage du béton a été intégré à la méthode convergence confinement à partir du modèle de fluage du
béton développé dans l’Eurocode 2 qui se base sur un modèle purement empirique développé à partir
d’observations sur des essais de fluage en compression simple sur des éprouvettes de béton. Ce modèle
a été détaillé dans le Chapitre II. Globalement ce modèle a été intégrer en faisant varier le module
élastique du béton suivant la formule : L’expression générale de la déformation de fluage s’écrit
comme :
𝐸𝑐
𝐸𝑐 (𝑡, 𝑡0 ) =
1 + 𝜑(𝑡, 𝑡0 )
Où 𝑡0 est l’âge du béton au moment du chargement, 𝐸𝑐 est le module tangent défini par 𝐸𝑐 = 1,05𝐸𝑐𝑚 ,
Ainsi les courbes de la Figure IV.15a présentent la déformation de fluage pour un chargement de
10𝑀𝑃𝑎 avec les conditions énoncées plus haut avec des temps de chargement initiaux 𝑡0 de 1 jour, 10
jours ou 100 jours.
_______________________________________________________________________________________
0,08 60
0,07
0,05 40
0,04 30
0,03
20
0,02 Fluage t0 = 1j
t0 = 1 j 10 Fluage t0 = 10j
0,01 t0 = 10 j Fluage t0 = 100j
t0 = 100 j Sans Fluage
0 0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 0 200 400 600 800 1000
a Temps [années]
b Temps [j]
Figure IV.15 : Evolution de la déformation de fluage en fonction du temps pour différentes valeurs de 𝒕𝟎 sous un
chargement de 10 MPa avec le modèle empirique des eurocodes (a) résultats de la méthode convergence confinement
en intégrant le fluage du béton pour différentes valeurs de 𝒕𝟎 (b)
Ainsi, comme on pouvait s’y attendre, on remarque que plus le béton est chargé à un âge « jeune », plus
la déformation de fluage sera importante. Le paramètre 𝑡0 joue donc un rôle essentiel à la fois sur
l’amplitude et la valeur de la déformation de fluage à un instant donnée. Les courbes de la Figure IV.15b
sont obtenues en utilisant la méthode convergence-confinement couplée avec le fluage du revêtement.
Les paramètres de la modélisation ont été choisis de manière arbitraire afin d’illustrer l’effet du fluage
du béton.
Le fluage du béton de revêtement réduit de manière significative la contrainte dans le revêtement de
béton. Au bout de 1000 jours, l’effet du fluage réduit la contrainte entre 12 et 25 % par rapport au cas
de référence, en fonction de la valeur de 𝑡0 . Ce phénomène n’est donc pas négligeable et modifie de
manière conséquente la contrainte dans le revêtement. Il sera étudié de manière plus approfondie au
travers de simulations numériques dans le Chapitre V.
_______________________________________________________________________________________
60 800
Contrainte revêtement [MPa]
40
30 80
20
Figure IV.16 : Evolution de la contrainte dans le revêtement de galerie suivant la méthode convergence-confinement
avec ou sans retrait (a) et évolution de la vitesse de chargement (b)
Le retrait du béton permet ainsi de réduire la contrainte dans le revêtement de la galerie (Figure IV.16a)
tout comme le fluage du béton. En revanche son effet est moins marqué que pour le fluage, la réduction
de la contrainte est de 10% environ par rapport au cas sans retrait. La courbe de vitesse de chargement
n’est quant à elle pas beaucoup modifiée mais la pente calculée sur les 300 derniers jours est de 1,01
dans le cas avec retrait et de 1,19 dans le cas de référence. Le retrait diminue donc la valeur de la pente
de la courbe dans le plan log(𝜎̇ )/log(𝑡). Ainsi le retrait a un effet relativement négligeable sur la
contrainte dans le revêtement, même si dans le cas présenté ici il diminue la pente de la vitesse de
chargement de plus de 20%. Il ne sera pas étudié de manière plus approfondie dans la suite du document.
_______________________________________________________________________________________
5. Application de la méthode
Dans cette partie, la méthode convergence-confinement intégrant le modèle de Singh-Mitchell sera
appliquée aux deux ouvrages instrumentés présentés dans le Chapitre III. Ces ouvrages sont la galerie
GRD4 du laboratoire de Bure ainsi que le tunnel de Chamoise. Cela permettra de comparer l’évolution
de la contrainte dans le revêtement calculée à partir de la méthode convergence-confinement avec les
données expérimentales.
Pour les deux cas présentés ici, le terrain sera considéré comme de l’argilite de Bure dont les paramètres
associés au modèle de Singh-Mitchell ont été déterminés au Chapitre III. Cependant le terrain associé
au tunnel de Chamoise n’est en réalité pas de l’argilite de Bure mais une marne présentant un
comportement fluant. Ne disposant pas d’informations suffisantes sur le terrain de cet ouvrage, aucun
essai de fluage n’ayant été réalisé sur une période supérieure à quelques jours et à confinement nul,
l’argilite sera considérée comme le terrain de la galerie dans les calculs de la méthode convergence-
confinement.
Epaisseur du Diamètre
59 cm 6,28 m
revêtement d'excavation
Distance de pose Vitesse de
18 m 0,47 m/j
du revêtement creusement
Contrainte
12,7 MPa Module du béton 37,3 GPa (C50)
isotrope initiale
Tableau 19 : Paramètres de la modélisation convergence-confinement de la galerie GRD4
Le revêtement considéré prend en compte à la fois les voussoirs ainsi que l’épaisseur théorique de
mortier de bourrage.
30 1000
b
25
Vitesse de chargement [kPa/j]
Contrainte revêtement [MPa]
100
20
15 10
10
1
5 Avec Fluage du béton 10 100 1000
Sans fluage du béton
0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 0,1
a Temps [j] Temps [j]
Figure IV.17 : Evolution de la contrainte dans le revêtement (a) et évolution de la vitesse de chargement en
comparaison avec les données expérimentales de GRD4 (b)
La contrainte dans le revêtement de la Galerie GRD4 ont été mesurées à l’aide de cellules de pression
totale placées dans les voussoirs du revêtement de galerie. Ces cellules montre une contrainte maximale
ortho-radiale de 12 MPa au bout de 1400 jours (cf. Chapitre IV). La contrainte calculée avec la méthode
convergence-confinement est de 26 MPa (Figure IV.17) si on considère un fluage du béton dans le
revêtement de la galerie. Cette contrainte est donc deux fois plus élevée que ce qui est mesuré dans la
_______________________________________________________________________________________
galerie. Cependant il est nécessaire de rappeler qu’un certain nombre d’approximations ont été faites
dans la méthode analytique utilisée, comme par exemple le fait que le modèle ne prend en compte que
le déviateur dans le calcul de la déformation visqueuse du terrain. Les paramètres du modèle de Singh-
Mitchell ayant été déterminés à l’aide d’essais de fluage sur des échantillons d’argilite de Bure à un
confinement de 12 MPa, là où les déformations de fluage sont les plus importantes, cela aura donc
tendance à surestimer les déformations visqueuses dans le terrain et donc la contrainte dans le
revêtement. En effet, en réalité le confinement autour de la galerie n’est pas constant et est plus faible
proche de la paroi, ce qui diminue également la vitesse de fluage. La pente de la droite est, quant à elle,
assez bonne vis-à-vis des mesures de GRD4
Epaisseur du
50 cm Diamètre d'excavation 11,94 m
revêtement
Distance de pose
18 m Vitesse de creusement 4 m/j
du revêtement
Contrainte
5,3 MPa Module du béton 37,3 GPa (C50)
isotrope initiale
Tableau 20 : Paramètres de la modélisation convergence-confinement du tunnel de Chamoise
20 100
18 a b
Contrainte revêtement [MPa]
16
Vitesse de chargement [kPa/j]
14
12
10 10
8
6
4
Avec Fluage du béton
2
Sans fluage du béton
0
1
0 200 400 600 800 1000 1200 1400
10 100 1000
Temps [j] Temps [j]
Figure IV.18 : Evolution de la contrainte dans le revêtement de la galerie de Chamoise (a) et évolution de la vitesse de
chargement (b)
_______________________________________________________________________________________
La galerie de Chamoise ne disposant pas de mesure de contrainte directe au cours du temps, il est difficile
d’évaluer une mesure de contrainte à un temps précis. En effet les seules données disponibles sont le
module du béton, les mesures de déformations et des mesures de contraintes 23 ans après la pause du
revêtement. Il est tout de même possible d’estimer une valeur de l’état de contrainte à une période de
1400 jours en récupérant la valeur de déformation à ce temps donné et au bout de 23 ans, puis en faisant
un prorata de la contrainte par rapport à la déformation. Cela donne une estimation de la contrainte
d’environ 4 MPa ce qui est bien supérieur à la contrainte estimée avec cette méthode convergence-
confinement (Figure IV.18a) qui est d’environ 13 MPa en prenant en compte le fluage du béton soit plus
de 2x plus que la mesure. En revanche si le fluage du béton n’est pas considéré la contrainte avoisine
les 18 MPa soit près de 4x la contrainte mesurée. Il est cependant nécessaire de rappeler qu’il subsiste
une très grande incertitude sur le comportement du terrain qui a été considéré comme de l’argilite de
Bure par manque d’informations pertinentes sur ce dernier. Nous savons tout de même que ce terrain,
possédant une teneur en CaCO3 supérieure à l’argilite de Bure, présentera en réalité un comportement
plus rigide et donc moins fluant, sans oublier le fait que les déformations de fluage ont été déterminées
à 12MPa de confinement alors que la contrainte in-situ est plutôt de l’ordre de 5 MPa. La pente de la
vitesse de chargement dans le plan log(𝜎̇ )/log(𝑡) calculée sur les 300 derniers jours est de 0,96 avec le
fluage du béton et de 1,09 sans le fluage.
_______________________________________________________________________________________
6. Conclusion
L’objectif de ce chapitre était d’étudier les différents phénomènes pouvant influer sur la contrainte dans
le revêtement de galeries à l’aide d’une méthode analytique. C’est au travers d’une méthode simple de
type convergence-confinement extrait de Panet et Guellec (1974) que différents phénomènes ont été
introduit dans cette méthode et analysés afin d’évaluer leur effet. Les phénomènes étudiés ont été :
En premier une EDZ dont la géométrie est prédéterminée et présente au début du calcul, dans un milieu
élastique. Cela a permis de mettre en évidence que son effet peut, dans certains cas, être significatif sur
la valeur de la contrainte dans le revêtement. Il dépend bien entendu des caractéristiques mécaniques de
l’EDZ, mais également du rayon de cette dernière. Son effet est dans certains cas non négligeable et
peut aller jusqu’à doubler la contrainte dans le revêtement pour une zone d’EDZ s’étendant à 2m de la
paroi. Ce phénomène sera étudié de manière plus approfondie dans le Chapitre V au travers de
modélisations numériques.
Ensuite une plasticité parfaite a été introduite couplée à un critère de Mohr-Coulomb, ce qui a permis
de mettre en évidence une augmentation de 50% de la valeur de contrainte dans le revêtement de la
galerie. Cette plasticité sera prise en compte dans les chapitres suivants au travers du modèle de
comportement visco-plastique L&K.
Il a par la suite été nécessaire d’intégrer un modèle de comportement à long terme qui permet d’étudier
les galeries dans le cadre de la problématique de ce mémoire, le comportement du revêtement sous
sollicitation fluante du terrain. Ainsi le modèle de Burger a tout d’abord été étudié mais ce dernier ne
permettait pas de traduire de manière satisfaisante le comportement du terrain, et il n’était pas en accord
avec les observations sur ouvrages. C’est pourquoi nous avons intégré à la méthode convergence-
confinement un autre modèle phénoménologique : le modèle de Singh-Mitchell, qui a été développé à
l’origine pour traduire le comportement à long terme d’échantillons d’argiles lors d’essais de fluage.
Nous avons enfin étudié le comportement du revêtement de galerie au travers de la prise en compte de
la rigidité du revêtement, du retrait du béton ainsi que du fluage dans le béton de revêtement. La rigidité
de revêtement a un effet négligeable dans le cas élastique, les solutions sont en réalités identiques. Dans
le cas plastique la rigidité du revêtement semble avoir un effet mais qui est difficilement quantifiable du
fait de la mauvaise intégration de la méthode qui semble comporter une erreur de continuité. Le retrait
du béton a montré une diminution de la contrainte dans le revêtement de la galerie de l’ordre de 10%
dans le cas considéré. Cet effet a été considéré comme marginal et ne fera pas l’objet d’une étude plus
approfondie (à part dans le modèle complet du chapitre VI). Le fluage du béton a quant à lui un effet
non négligeable et induit une diminution de la contrainte dans le revêtement de la galerie comprise entre
12 et 25% dans les cas étudiés précédemment. L’effet du fluage du béton sur la contrainte de revêtement
sera étudié de manière plus approfondie dans le Chapitre V.
Cette méthode a montré une corrélation certaine avec les données expérimentales sur ouvrage, et
notamment concernant la vitesse de chargement dans le plan log. Cependant ce dernier a montré ses
limites au travers des deux cas d’application et cette méthode analytique ne permet pas de traduire
totalement l’ensemble des phénomènes présents dans le terrain (rapport de 2 entre le contrainte mesurée
et celle issue du calcul). C’est pourquoi dans le chapitre suivant (Chapitre V) nous étudierons de manière
plus précise (à l’aide d’une méthode numérique avancée et avec un modèle de comportement plus
complexe) les phénomènes dont l’effet sur l’évolution de la contrainte est apparu non négligeable.
_______________________________________________________________________________________
Résumé du Chapitre :
Ce chapitre porte sur l’étude des phénomènes modifiant potentiellement l’évolution de la contrainte dans
les revêtements de tunnel au travers de modèles numériques sous FLAC2D. Deux cas de référence
représentant les configurations de galeries les plus couramment rencontrées serviront de base de réflexion.
En utilisant le modèle L&K pour modéliser le terrain, une étude de sensibilité aux paramètres du modèle
sera réalisée, afin de déterminer leur influence sur la contrainte et sa vitesse. Le fluage du béton de
revêtement sera intégré aux deux configurations de galerie et sera comparé aux cas de référence.
L’évolution du module élastique au cours du temps, représentant l’évolution de la maturation du béton,
sera également intégrée. Ensuite le caractère plastique du béton sera étudié. Enfin une zone endommagée
autour de la galerie sera intégrée au modèle numérique au travers d’un endommagement réduisant le
module élastique du terrain.
1. Introduction
Ce chapitre portera sur l’ensemble des études réalisées avec le logiciel FLAC2D afin de déterminer les
phénomènes pouvant influer sur l’évolution de la contrainte au sein du revêtement, dont la liste est
présentée au Chapitre II. L’analyse portera essentiellement sur l’étude de l’évolution et la répartition de
la contrainte au sein du revêtement, au travers de son évolution au cours du temps mais également de
l’évolution de la vitesse de chargement 𝜎̇ (𝑡) dans un plan log 𝜎̇ / log 𝑡, résultant des comportements
couplés du terrain et du revêtement.
Dans un premier temps, nous avons défini deux cas de référence servant de base à notre étude afin de
modéliser les deux méthodes de mise en œuvre les plus couramment rencontrées en travaux souterrains.
Ce deux cas de références présenteront des caractéristiques similaires (terrain, contrainte in-situ,
épaisseur et caractéristiques de revêtement) mais la différence se fera sur leur méthode de mise en œuvre
et leur géométrie. Le premier cas représentera une galerie creusée de manière traditionnelle avec une
section en fer à cheval et un revêtement en béton coulé en place, il pourra être assimilé à la galerie de
Chamoise (présenté dans le chapitre III) bien que les conditions ne soient pas totalement identiques. Le
second cas représentera une galerie à section circulaire creusée au tunnelier avec un revêtement en
voussoirs préfabriqués qui pourra être assimilée à la galerie GRD4 du laboratoire de Bure. Les
hypothèses de calculs ainsi que les résultats pour ces deux cas de référence seront présentés dans la
partie 2.
Dans un second temps, une étude de sensibilité aux paramètres de la modélisation sera effectuée dans
la partie 3. Cette étude aura pour but de déterminer de quelle manière est influencée la courbe
d’évolution de la vitesse de chargement dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡 et plus particulièrement la variation de
la pente de cette dernière, qui apparait être un paramètre important pour estimer la contrainte dans le
revêtement à long terme. Cette partie comportera également une analyse de l’évolution de la contrainte
ainsi que la vitesse de chargement pour deux autres modèles fluants de terrain. Ces derniers permettront
de déterminer la forme de la courbe d’évolution de la vitesse de chargement dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡 en
utilisant ces modèles et de la comparer avec les observations réalisées au Chapitre III sur les données
d’ouvrages.
D’après les observations réalisées sur le tunnel de Chamoise et la galerie GRD4 du laboratoire de Bure,
le fluage du béton semble avoir un effet important sur la diminution de la contrainte dans les revêtements
de galeries souterraines. Nous avons pu estimer dans le Chapitre III son effet sur ces ouvrages, et
observer une réduction de contrainte située entre 20 et 50% de la contrainte sans fluage. Cette valeur a
également été confortée avec les calculs réalisés à l’aide de la méthode semi-analytique du Chapitre IV,
où sur les deux cas de calculs, la contrainte a été réduite d’environ 25%. La partie 4 de ce chapitre
portera donc sur l’intégration d’un modèle de fluage dans le béton de revêtement pour les deux cas de
référence. Cela permettra une étude plus approfondie de la contrainte dans le revêtement, en prenant en
compte le fluage du béton, dont l’amplitude est liée à l’association des deux mécanismes de fluage (du
béton et du terrain).
Bien que les phénomènes à long terme du béton puissent avoir un effet non négligeable sur la contrainte
dans le revêtement, d’autres mécanismes à court terme (ou au jeune âge) dans le béton, peuvent
modifier l’état de contrainte dans le revêtement. La partie 5 intègrera l’étude du comportement
instantané du béton à savoir, l’étude de l’évolution du module élastique au jeune âge dans le béton. En
effet lorsque le revêtement est coulé en place, il se voit appliqué une contrainte très tôt alors qu’il ne
possède pas encore ses caractéristiques de rigidité définitives. Cela pourrait donc avoir une influence
sur la manière dont évolue la contrainte au sein du revêtement. Un autre mécanisme court terme du
béton pourrait également modifier l’état de contrainte dans le revêtement, il s’agit du caractère fragile
ou plastique du béton. C’est pourquoi dans cette partie, un comportement radoucissant a été intégré dans
_______________________________________________________________________________________
le béton de revêtement avec différents jeux de paramètres afin de visualiser la redistribution des
contraintes et déterminer si cela modifie de manière significative l’évolution de la vitesse de chargement.
Enfin la dernière partie portera sur la prise en compte d’une zone endommagée de terrain autour de la
galerie et due à l’excavation, traditionnellement appelée l’EDZ. Cette zone étant dégradée, elle
possèdera nécessairement des caractéristiques mécaniques moins importantes que celles du matériau
sain. Nous avons donc intégré dans cette partie une réduction du module élastique du matériau
proportionnellement à son endommagement.
_______________________________________________________________________________________
_______________________________________________________________________________________
1
0,9
0,8
0,7
0,6
Pi [MPa]
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
-4 -2 0 2 4 6
x/R
Il restera par la suite à traduire cette courbe en taux de déconfinement en fonction du temps en
considérant le rayon de la galerie ainsi que la vitesse d’avancement 𝑣 qui diffèrent suivant les différents
𝑥
cas d’étude, en exprimant la courbe en fonction du temps avec 𝑡 = 𝑣.
_______________________________________________________________________________________
10𝑚
Type de revêtement
Béton coffré
Géométrie
Section fer à cheval avec Diamètre
Géométrie 10 m
contre voute en radier d'excavation
Epaisseur du
40 cm
revêtement
Phasage de creusement de la galerie
Longueur de Vitesse de
2m 2 m/j
passes creusement
Distance de pose Modélisation du Contrainte en
2 m du front
soutènement soutènement paroi de 100 kPa
Distance de pose
360 m du front (6 mois) Temps de calcul 1000 j
du revêtement
Modèles de comportement
Comportement de Comportement du
L&K Elastique
la roche revêtement
Contrainte
12,7 MPa Module du béton 35,2 GPa (C40)
isotrope initiale
Tableau 22 : Caractéristiques de la galerie pour le 1er cas de référence : galerie à section en fer à cheval et béton coffré
_______________________________________________________________________________________
10𝑚
Type de revêtement
Voussoirs préfabriqués
Géométrie
Géométrie Circulaire Diamètre d'excavation 10 m
Epaisseur du revêtement 40 cm
Phasage de creusement de la galerie
Longueur de passes 2m Vitesse de creusement 15 m/j
Distance de pose du
10 m Temps de calcul 1000 j
revêtement
Modèles de comportement
Comportement du
Comportement de la roche L&K Elastique
revêtement
Contrainte isotrope initiale 12,7 MPa Module du béton 35,2 GPa (C40)
Tableau 23 : Caractéristiques de la galerie pour le 2ème cas de référence : galerie à section circulaire en voussoirs
préfabriqués
_______________________________________________________________________________________
2
Section
origine
1 an
0
-6 -4 -2 0 2 4 6 2 ans
-2
3 ans
-4
-6
Les déformations entre la deuxième et la troisième année sont beaucoup moins importantes qu’entre la
première et la deuxième année. Cela peut s’expliquer par le fait que la cinétique de fluage ralentit au
cours du temps, et que la vitesse de déformation est maximale au moment de la pose du revêtement.
La Figure V.5 représente l’évolution des contraintes dans le revêtement au niveau de la voûte, dans la
partie interne du revêtement (à l’intrados). On observe ainsi une contrainte au niveau de la voute à 3 ans
de 14,9𝑀𝑃𝑎. Cela est bien en deçà des 40𝑀𝑃𝑎 de résistance caractéristique à la compression du béton
considéré. La différence entre la contrainte au niveau de la ligne médiane et à l’intrados du revêtement
est relativement faible (0,51𝑀𝑃𝑎), ce qui induit un moment au niveau de la voute de 𝑀𝑣𝑜𝑢𝑡𝑒 =
−∆𝜎.2𝐼𝐺𝑧
ℎ
= 13,8𝑘𝑁. 𝑚 par mètre de galerie, ce qui est faible.
_______________________________________________________________________________________
16 200
voute
14 a gauche
radier
12
10
8 20
4
voute
2 gauche
b
radier
0 2
0 200 400 600 800 1000 10 100 1000
Temps [j] Temps [j]
Figure V.5 : Contrainte dans le revêtement dans le cas d'une section en fer à cheval en béton coulé en place (a) et
évolution de la vitesse de chargement dans le plan 𝐥𝐨𝐠 𝝈̇ / 𝐥𝐨𝐠 𝒕 (b)
2
Section origine
Fin déconfinement
0 1 an
-6 -4 -2 0 2 4 6 2 ans
-2 3 ans
-4
-6
Le déplacement maximal est de 3,99 mm au bout de 3 ans. On remarque également que l’essentiel des
déformations se produit lors de la première année, et que les déformations évoluent très peu par la suite.
_______________________________________________________________________________________
La Figure V.7, montre l’évolution de la contrainte dans le revêtement en fibre intérieure du revêtement.
On observe alors un état de contrainte homogène sur toute la section avec une contrainte maximale de
35,7𝑀𝑃𝑎. Cela est assez proche des 40𝑀𝑃𝑎 de la résistance en compression du béton : à ces niveaux
de contraintes, on devrait déjà observer une fissuration du revêtement. De plus, en considérant une
contrainte de résistance de dimensionnement avec un facteur de sécurité de 1,5 on a 𝑓𝑐𝑑 = 26,7𝑀𝑃𝑎,
on est donc au-delà de la contrainte de dimensionnement. L’écart de contrainte entre le côté intérieur et
le milieu du revêtement est de 1,16𝑀𝑃𝑎, ce qui induit un moment dans le revêtement de 30,9𝑘𝑁. 𝑚 ,
ce qui reste faible comparé à la contrainte induite par l’effort de compression.
40 1000
30
100
25
20
15
10
10
0 1
0 200 400 600 800 1000 10 100 1000
Temps [j] Temps [j]
Figure V.7 : Evolution de la contrainte dans le revêtement en voûte dans le cas de la section circulaire (à gauche) et
évolution de la vitesse de chargement dans le plan 𝐥𝐨𝐠 𝝈̇ / 𝐥𝐨𝐠 𝒕 (à droite)
_______________________________________________________________________________________
a b
gauche
Contrainte orthoradiale [MPa]
14 radier
12
10
10
8
6
4
2 a b
0 1
0 200 400 600 800 1000 10 100 1000
Temps [j] Temps [j]
Figure V.9 : Evolution de la contrainte dans le revêtement de la section en fer à cheval pour le cas de référence et le
cas avec un maillage raffiné (a) - Evolution de la vitesse de chargement pour le maillage raffiné (b)
La Figure V.9a présente l’évolution de la contrainte en voûte, sur le côté et au milieu du radier pour le
cas de référence ainsi que pour le cas avec un maillage affiné. On remarque que la contrainte est similaire
au niveau de la voûte et en radier mais elle diffère au niveau du côté de la galerie. Les vitesses de
chargements présentées sur la Figure V.9b sont pratiquement similaires au cas de référence ainsi que
leurs pentes respectives. Même si les contraintes sont En effet, le maillage affiné induit une contrainte
plus importante sur les côtés de la galerie. Cela est dû au fait que le maillage plus fin concentre la
contrainte dans les coins de la galerie, ainsi les effets de report de contrainte sont moins importants dans
ce cas. L’affinement du maillage a donc un effet relativement négligeable sur la répartition des
contraintes dans la galerie, en tous cas pour les résultats que nous souhaitons étudier. De plus si on affine
_______________________________________________________________________________________
d’avantage le maillage, la convergence devient difficile, une localisation de la contrainte dans le terrain
apparait et concentre la contrainte sur une maille. Nous garderons donc le maillage du cas de référence
pour la suite des calculs.
_______________________________________________________________________________________
25 1,4
a
Contrainte orthoradiale normalisée
1,2
b
Contrainte orthoradiale [MPa]
20
1
15
0,8
10 0,6
P0 = 8 MPa
0,4 P0 = 10 MPa
5 P0 = 12,7 MPa (Cas ref)
0,2 P0 = 14 MPa
P0 = 16 MPa
0 0 P0 = 18 MPa
0 200 400 600 800 1000 0 200 400 600 800 1000
Temps [j] Temps [j]
Figure V.10 : Evolution de la contrainte ortho-radiale dans le revêtement de la galerie en fer à cheval au niveau de la
voûte en fibre intrados pour différents 𝑷𝟎 (a) et la contrainte rapportée à 𝑷𝟎 (b)
On remarque que la contrainte au bout de 3 ans semble tendre vers une valeur proche du 𝑃0 initial pour
chaque valeur de 𝑃0 . L’évolution de la valeur finale de cette contrainte au bout de trois ans semble donc
quasiment linéaire en 𝑃0 (cf. Figure V.10b). Cela semble cependant valable uniquement pour des valeurs
de 𝑃0 supérieures ou égales au cas de référence. Pour des valeurs moins élevées de la contrainte in-situ,
_______________________________________________________________________________________
on a une différence significative de la valeur finale de la contrainte dans le revêtement. Pour ces courbes,
à faible valeur de 𝑃0 (à 8 et 10 MPa), cela est certainement dû au fait que dans ces deux cas, le déviateur
reste suffisamment restreint pour ne pas activer de dégradation trop prononcée.
-1,2
10
-1,25
a -1,3
1 b
10 100 1000
Temps [j] -1,35
Figure V.11 : Evolution de la vitesse de chargement en fonction du temps dans la galerie en fer à cheval pour
différentes valeurs de contrainte isotrope 𝑷𝟎 (a) et évolution de la pente de la droite dans le plan 𝒍𝒐𝒈(𝝈̇ )/𝒍𝒐𝒈(𝒕) en
fonction de la contrainte isotrope (b)
La Figure V.11 montre que les courbes de vitesse semblent se décaler vers le haut à mesure que 𝑃0
augmente. Cela traduit donc le fait que l’amortissement de la vitesse de chargement du revêtement sera
plus faible pour des valeurs de contrainte isotrope importantes. L’évolution de la pente dans le plan log
est linéaire avec les valeurs de 𝑃0 . La valeur de la pente augmente en valeur absolue avec 𝑃0 , et ce que
la pente soit calculée à partir de 300 ou 500 jours (Figure V.11b). L’amplitude de variation de la pente
est de 0,15 ce qui n’est pas très significatif, la contrainte isotrope n’a donc pas d’effet significatif dans
ce cas de calcul.
6 6
a b
4 4
2 2
0 0
-6 -4 -2 0 2 4 6 -6 -4 -2 0 2 4 6
-2 -2
-4 Section origine -4
1 an
2 ans
-6 3 ans -6
Figure V.12 : Convergences de la galerie pour 𝑷𝟎 = 𝟖𝑴𝑷𝒂 (a) et 𝑷𝟎 = 𝟏𝟖𝑴𝑷𝒂 (b) déplacements x500
La Figure V.12 montre les convergences de la galerie, on remarque que, comme on pouvait s’y attendre,
les convergences sont bien plus importantes pour des valeurs de contrainte isotrope importantes. En
effet, on observe un déplacement de l’ordre de 0,89 mm en voûte et de 1,83 mm en radier au bout de 3
ans pour 𝑃0 = 8𝑀𝑃𝑎 et un déplacement de 2,32 mm en voûte et et de 6,85 mm en radier au bout de 3
ans Pour 𝑃0 = 18𝑀𝑃𝑎.
_______________________________________________________________________________________
60 3,5
50
2,5
40
2
30
1,5
20 P0 = 8 MPa
1 P0 = 10 MPa
P0 = 12,7 MPa (Cas ref)
10 0,5 P0 = 14 MPa
a b P0 = 16 MPa
0 0 P0 = 18 MPa
0 200 400 600 800 1000 0 200 400 600 800 1000 1200
Temps [j] Temps [j]
Figure V.13 : Evolution de la contrainte ortho-radiale dans le revêtement de la galerie circulaire en fibre intrados
pour différents 𝑷𝟎 (a) et la contrainte rapportée à 𝑷𝟎 (b)
La Figure V.13 montre une contrainte plus importante pour des valeurs de 𝑃0 plus élevées. Comme pour
le cas précédent on observe une augmentation plus importante de la contrainte pour des valeurs de 𝑃0
inférieures au cas de référence. Cela est certainement dû au fait que les paramètres du modèle ont été
déterminés à partir du matériau en place à une contrainte de confinement 𝑃0 = 12,7𝑀𝑃𝑎 égale au cas
de référence. Le matériau est donc « normalement » consolidé à cette contrainte de confinement. Dans
le cas où 𝑃0 est inférieur à la valeur de référence, le matériau est surconsolidé ce qui induit une
augmentation de contrainte plus importante et inversement pour des valeurs de 𝑃0 supérieures au cas de
référence. Cette observation est également applicable au cas de la section en fer à cheval où l’on observe
le même comportement sur la Figure V.10 qui représente la contrainte au niveau de la voûte, donc une
géométrie pratiquement circulaire au niveau de la voûte (sollicitation en compression).
P0 = 18 MPa
100 -1,3
10
-1,35
a
1 b
10 100 1000
Temps [j] -1,4
Figure V.14 : Evolution de la vitesse de chargement en fonction du temps dans la galerie circulaire pour différentes
valeurs de contrainte isotrope 𝑷𝟎 (a) et évolution de la pente de la droite dans le plan 𝒍𝒐𝒈(𝝈̇ )/𝒍𝒐𝒈(𝒕) en fonction de la
contrainte isotrope (b)
_______________________________________________________________________________________
importante que pour le cas précédent (0,07 contre 0,14) et reste donc restreinte. On peut donc dire que,
comme précédemment, la contrainte isotrope a une influence assez faible sur la valeur de la pente de la
courbe de 𝜎̇ dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡.
25
Contrainte orthoradiale [MPa]
20
15
10
e = 20 cm
5 e = 30 cm
e = 40 cm (Cas ref)
e = 50 cm
0 e = 60 cm
0 200 400 600 800 1000
Temps [j]
Figure V.15 : Evolution de la contrainte dans le revêtement en fonction du temps pour différentes valeurs d'épaisseur
de revêtement dans le cas de la section en fer à cheval
La contrainte dans le revêtement augmente à mesure que l’épaisseur du revêtement diminue. Cela parait
logique étant donné que lorsque l’épaisseur de revêtement diminue, sa rigidité diminue également, cela
induit donc de grandes déformations du revêtement et ce dernier ayant un comportement élastique, cela
se traduit par une contrainte élevée. L’écart entre les différentes courbes ne semble pas constant, en effet
entre 𝑒 = 0,2 et 𝑒 = 0,3 on observe un écart de 5𝑀𝑃𝑎 au bout de 3 ans, alors que l’écart de contrainte
est d’environ 1𝑀𝑃𝑎 entre 𝑒 = 0,6 et 𝑒 = 0,5.
-1,15
-1,2
10
-1,25
a -1,3
1
b
10 100 1000
Temps [j] -1,35
Figure V.16 : Evolution de la vitesse de chargement en fonction du temps pour différentes valeurs d’épaisseur de
revêtement de la galerie à section en fer à cheval (a) et évolution des pentes des courbes (b)
La Figure V.16 présente l’évolution de la vitesse de chargement en fonction du temps : on remarque que
la vitesse de chargement est plus élevée pour des épaisseurs de revêtement faibles. En effet, lorsque le
_______________________________________________________________________________________
revêtement est fin, le terrain est moins contraint, et les déformations sont donc plus rapide, cela entraine
une vitesse de chargement plus élevée. En observant l’évolution de la pente, on remarque que cette
dernière évolue peu et reste à une valeur relativement constante pour différentes valeurs d’épaisseur de
revêtement (variation de 0,06 à 0,1) bien qu’elle augmente légèrement avec l’épaisseur de
revêtement. L’amplitude de variation de la pente est inférieure à 10% pour une pente calculée à des
valeurs supérieurs à 300 ou à 500 jours. Cela est comparable aux variations observées sur la sensibilité
à la contrainte isotrope (variation de 0,14). L’effet de l’épaisseur n’est donc pas très significatif sur
l’évolution de la pente dans le cas de la galerie en fer à cheval.
60
Contrainte orthoradiale [MPa]
50
40
30
20
e = 20 cm
e = 30 cm
10 e = 40 cm (Cas ref)
e = 50 cm
0 e = 60 cm
0 200 400 600 800 1000 1200
Temps [j]
Figure V.17 : Evolution de la contrainte dans le revêtement en fonction du temps pour différentes valeurs d'épaisseur
de revêtement dans le cas de la section circulaire
La Figure V.17 montre, comme dans le cas précédent, que la contrainte est plus importante pour des
épaisseurs de revêtement faibles. L’écart entre les différentes courbes augmente de manière plus
importante pour de plus faibles valeurs d’épaisseur tout comme le cas précédent.
Cas de Ref
Pente > 300j
-1,29 Pente > 500j
100
Pente dans le plan log
-1,3
-1,31
10 e = 20 cm -1,32
e = 30 cm
e = 40 cm (Cas ref) -1,33
e = 50 cm
e = 60 cm -1,34
1
a 10 100 1000 b
Temps [j] -1,35
Figure V.18 : Evolution de la vitesse de chargement en fonction du temps pour différentes valeurs d’épaisseur de
revêtement de la galerie à section circulaire (a) et évolution des pentes des courbes (b)
La Figure V.18 présente l’évolution de la vitesse de chargement et montre une pente de vitesse qui
décroit lorsque la valeur de l’épaisseur du revêtement augmente. La valeur de pente ne variant
pratiquement pas entre les différentes valeurs d’épaisseurs. En effet la pente a un intervalle de variation
de 0,05 soit environ 3% de la valeur. Cela est donc négligeable, de manière plus significative encore
_______________________________________________________________________________________
que dans le cas précédent. L’épaisseur du revêtement n’a finalement, tout comme 𝑃0 , qu’une influence
relativement faible sur la valeur de la pente dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡.
14
Contrainte orthoradiale [MPa]
12
10
6 R = 3m
R = 4m
4 R = 5m (Cas ref)
R = 6m
2
R = 7m
R = 8m
0
0 200 400 600 800 1000
Temps [j]
Figure V.19 : Evolution de la contrainte dans le revêtement de la galerie en fer à cheval en fonction du temps pour
différentes valeurs de R à e/R constant
Les résultats de la Figure V.19 montrent que le rayon n’a que peu d’influence sur la valeur de la
contrainte dans le revêtement de la galerie. En effet, sur la courbe, on remarque que l’écart de contrainte
entre la valeur de rayon la plus basse et la plus haute est de l’ordre de 1 MPa soit de l’ordre de 7% de la
valeur totale.
R = 5m (Cas ref)
R = 6m
-1,23
R = 7m
100
Pente dans le plan log
R = 8m -1,24
-1,25
-1,26
10 -1,27
-1,28
-1,29
Cas de Ref
1 -1,3 Pente > 300j
a 10 100 1000 Pente > 500j
Temps [j] -1,31
Figure V.20 : Evolution de la vitesse de chargement en fonction du temps pour différentes valeurs de rayon avec un
rapport e/R constant pour la section en fer à cheval (a) et les pentes correspondantes (b)
La Figure V.20 présentant l’évolution de la vitesse de chargement montre que les courbes sont toutes
superposées à part quelques artefacts liés à la résolution numérique. Le rayon de la galerie n’a finalement
aucune influence sur l’évolution de la contrainte et encore moins sur la pente de la partie linéaire qui
reste pratiquement constante quelle que soit la valeur du rayon de la galerie.
_______________________________________________________________________________________
Figure V.21 : Evolution de la contrainte dans le revêtement de la galerie circulaire en fonction du temps pour
différentes valeurs de R à e/R constant
Contrairement au cas précédent, on observe une variation des courbes d’évolution de la contrainte avec
la valeur du rayon (Figure V.21). En effet, plus le rayon est grand, plus la contrainte semble élevée.
Cas de Ref
Pente > 300j
100 Pente > 500j
Pente dans le plan log
-1,27
-1,29
10 R = 3m
R = 4m -1,31
R = 5m (Cas ref)
R = 6m
R = 7m
-1,33
R = 8m
1
10 100 1000
Temps [j] -1,35
Figure V.22 : Evolution de la vitesse de chargement en fonction du temps pour différentes valeurs de rayon avec un
rapport e/R constant pour la section circulaire (a) et les pentes correspondantes (b)
En revanche, les vitesses de chargement sont pratiquement toutes confondues (Figure V.22), comme
dans le cas précédent. La pente de la vitesse de chargement a une variation relativement faible (environ
0,04 à 0,07). Le rayon de la galerie, à rigidité constante, a donc un effet négligeable sur la pente de la
courbe de vitesse de chargement du revêtement dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡.
3.1.4. Conclusion
Finalement, que ce soit la contrainte isotrope 𝑃0 , l’épaisseur du revêtement ou le rayon de la galerie à
rigidité constante, aucun de ces trois paramètres du modèle ne semble avoir de réelle influence sur la
valeur de la pente dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡 pour les deux cas de référence. Les variations de pente sont
au plus d’environ 10% de la valeur de pente référence dans la gamme de valeurs considérées (variation
maximum de 0,14). Cela nous amène à penser que la pente de la courbe dans ce plan sera constante
quelles que soient les caractéristiques de l’ouvrage pour un terrain identique. C’est pourquoi la
caractéristique de la modélisation qui pourrait avoir le plus d’influence pourrait être les paramètres du
modèle de comportement liés au terrain. C’est ce qui sera étudié dans la partie suivante.
_______________________________________________________________________________________
_______________________________________________________________________________________
2 5 b
0 0
0 200 400 600 800 1000 0 200 400 600 800 1000
Temps [j] Temps [j]
Figure V.23 : Evolution de la contrainte pour différentes valeurs de 𝑨𝒗 dans le cas de la section en fer à cheval (a) et
dans le cas de la section circulaire (b)
La Figure V.23a présentant les résultats du cas de la section en fer à cheval montre que pour des valeurs
plus faibles de viscosité, la vitesse de déformation est plus élevée à la fin de la modélisation par rapport
au cas de référence. Cela s’explique par le fait que si la viscosité est moins importante, la vitesse de
fluage sera également moins importante, le potentiel de fluage du terrain s’épuisera donc moins
rapidement lors de la phase de fluage de 6 mois sans revêtement. Ainsi lorsque le revêtement sera mis
en œuvre, ce potentiel sera plus faible pour des valeurs de viscosité plus élevées. Cela se vérifie
également pour les valeurs de 𝐴𝑣 plus élevées, la pente est plus faible mais également l’amplitude car
une grande partie du potentiel de fluage aura été consommé avant la pose du revêtement.
Dans le cas de la section circulaire (Figure V.23b) la contrainte est plus élevée et la vitesse diminue à
mesure que 𝐴𝑣 augmente, à part pour la valeur de 𝐴𝑣 = 2,8. 10−10 𝑠 −1 qui diminue légèrement en
amplitude. L’effet de la première phase d’excavation sans revêtement est moins marqué dans ce cas de
référence car la période de déconfinement et de fluage du terrain non contraint est moins longue. Le
terrain a donc moins de temps pour libérer une partie de son potentiel de fluage.
1000 Av [s-1]
a 1E-14 1E-12 1E-10
Vitesse de Chargement [kPa/j]
Cas de Ref
100 -0,5 Pente > 300j
Pente > 500j
Pente dans le plan log
-0,7
10
-0,9
Av = 2,8E-10
1 Av = 2,8E-11 -1,1
Av = 2,8E-12 (Cas ref)
Av = 2,8E-13
Av = 2,8E-14 -1,3
0,1
10 100 1000
b
Temps [j] -1,5
Figure V.24 : Evolution de la vitesse de chargement dans le cas de la section en fer à cheval pour différentes valeurs de
𝑨𝒗 (a) et les valeurs de pentes correspondantes (b)
La vitesse varie de manière très importante entre les différentes valeurs de 𝐴𝑣 dont les courbes sont
présentées sur la Figure V.24a. Il est assez difficile de dégager une tendance pour ces courbes tant elles
semblent différentes, il semblerait cependant que la partie linéaire de la courbe se décale vers la droite
à mesure que 𝐴𝑣 diminue. Par exemple, la courbe correspondant à un 𝐴𝑣 faible égal à 10−14 présente
une évolution quasi plate, son amortissement est donc assez faible, c’est bien ce que l’on constate sur la
Figure V.23a. A l’inverse, la courbe correspondant à 𝐴𝑣 = 2,8.10−10 𝑠 −1 a un amortissement très
important car à la fin du calcul la vitesse est très faible, la courbe de contrainte sur la Figure V.23a est
_______________________________________________________________________________________
presque plate à la fin du calcul. Ainsi, plus la valeur de 𝐴𝑣 est faible, plus l’amortissement sera faible
également. Ces conclusions sont en accord avec les valeurs de pentes qui tendent à montrer des valeurs
plus élevées (en valeur absolue) pour des valeurs de 𝐴𝑣 dans la gamme supérieure.
10000 Av [s-1]
a 1E-14 1E-12 1E-10
Vitesse de Chargement [kPa/j]
10 -0,9
Av = 2,8E-10
1 Av = 2,8E-11 -1,1
Av = 2,8E-12 (Cas ref)
Av = 2,8E-13
Av = 2,8E-14 -1,3
0,1
10 100 1000 b
Temps [j] -1,5
Figure V.25 : Evolution de la vitesse de chargement dans le cas de la section circulaire pour différentes valeurs de 𝑨𝒗
(a) et les valeurs de pentes correspondantes (b)
Les courbes de la vitesse de chargement du revêtement dans le cas circulaire (Figure V.25a) présentent
une évolution similaire au cas à section en fer à cheval, bien que les courbes semblent plus linéaires.
Les pentes des courbes (Figure V.25b) varient de manière relativement restreintes pour des valeurs de
𝐴𝑣 supérieures au cas de référence, tout comme pour le cas de la section circulaire (Figure V.24b) avec
une variation de l’ordre de 0,1 ce qui est l’ordre de grandeur des variations observées avec la sensibilité
aux paramètres du modèle (Partie 3.1). En revanche pour des valeurs de 𝐴𝑣 inférieures au cas de
référence, la variation de la pente est beaucoup plus importante (de l’ordre de 0,8).
Le paramètre 𝐴𝑣 joue donc un rôle important dans l’estimation de la pente dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡.
Ainsi l’amortissement des courbes d’évolution sera plus important à mesure que 𝐴𝑣 augmente, ce qui
influera nécessairement sur la valeur finale de la contrainte dans le revêtement à long terme.
25 40
a 35
b
Contrainte orthoradiale [MPa]
20
30
15 25
20
10 15
nv = 1,2 10 nv = 1,2
5 nv = 2 nv = 2
nv = 3,37 (Cas ref) 5 nv = 3,37 (Cas ref)
nv = 4 nv = 4
0 nv = 5 0 nv = 5
0 200 400 600 800 1000 0 200 400 600 800 1000
Temps [j] Temps [j]
Figure V.26 : Evolution de la contrainte pour différentes valeurs de 𝒏𝒗 dans le cas de la section en fer à cheval (a) et
dans le cas de la section circulaire (b)
_______________________________________________________________________________________
L’évolution de la contrainte pour les différentes valeurs de 𝑛𝑣 est présenté sur la Figure V.26 pour les
deux cas de référence. Pour une valeur de 𝑛𝑣 supérieure à celle du cas de référence, on observe une
forme de courbe similaire à ce dernier. De plus l’espacement entre ces courbes et le cas de référence
reste relativement restreint pour le cas de la section en fer à cheval et même pratiquement nul dans le
cas de la section circulaire. Ces courbes ont de plus des vitesses similaires à la fin du calcul. En revanche,
pour des valeurs de 𝑛𝑣 plus faibles, la forme de la courbe change complètement et la courbe avec 𝑛𝑣 =
1,2 présente un amortissement très faible et sa vitesse est bien supérieure aux autres courbes à la fin du
calcul (𝑛𝑣 = 1,2 est peu physique et sort de l’intervalle de valeurs admissibles).
1000 nv
nv = 1,2
nv = 2 1 2 3 4 5
Vitesse de Chargement [kPa/j]
-0,9
10
-1,1
a
-1,3
1
10 100 1000 b
Temps [j] -1,5
Figure V.27 : Evolution de la vitesse de chargement dans le cas de la section en fer à cheval pour différentes valeurs de
𝒏𝒗 (a) et les valeurs de pentes correspondantes (b)
La Figure V.27a montre l’évolution de la vitesse de chargement en fonction du temps pour les différentes
valeurs de 𝑛𝑣 . Comme pour la courbe de contrainte, les vitesses du cas de référence et des courbes où
𝑛𝑣 est supérieur au cas de référence, présentent des évolutions similaires. Leurs pentes respectives sont
par ailleurs pratiquement identiques à partir de 300 jours. Les valeurs de pentes ont des variations assez
restreintes sauf pour le cas où 𝑛𝑣 = 1,2, cette dernière a une pente vraiment très faible (0,7) ce qui n’est
pas en accord avec les observations sur ouvrages et ne semble donc pas physique.
10000 nv
nv = 1,2
nv = 2 1 2 3 4 5
Vitesse de Chargement [kPa/j]
-0,7
100
-0,9
10 -1,1
a
-1,3
1
10 100 1000
Temps [j] -1,5
Figure V.28 : Evolution de la vitesse de chargement dans le cas de la section circulaire pour différentes valeurs de 𝒏𝒗
(a) et les valeurs de pentes correspondantes (b)
Pour le cas de la section circulaire, les courbes présentent les mêmes caractéristiques que dans le cas de
la section en fer à cheval, à savoir que pour des valeurs de 𝑛𝑣 supérieures au cas de référence, les
courbes dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡 ont la même forme (Figure V.28a) et pentes (Figure V.28b) sont
globalement similaires avec un écart inférieur à 0,1 par rapport au cas de référence. La courbe pour 𝑛𝑣 =
1,2 présente également un comportement totalement différent des autres avec une pente bien plus faible
_______________________________________________________________________________________
en valeur absolue ce qui laisse penser que cette valeur est à exclure et ne considérer que des valeurs de
𝑛𝑣 > 2.
Figure V.29 : Evolution de la contrainte pour différentes valeurs de 𝜸𝒗𝒊𝒔𝒄 dans le cas de la section en fer à cheval (a) et
dans le cas de la section circulaire (b)
Le paramètre 𝛾𝑣𝑖𝑠𝑐 a finalement une influence relativement modérée sur la contrainte dans le revêtement
(Figure V.29), et ce sur les deux cas de référence. L’amplitude de variation est de l’ordre de 30% de la
valeur de référence sur la plage de valeurs considérée de ce paramètre. L’écart entre les différentes
courbes est moins important pour des 𝛾𝑣𝑖𝑠𝑐 élevés, il se réduit de manière significative dans les deux cas
de référence pour des valeurs supérieures à 1,5%.
-1,22
-1,23
-1,24
10 -1,25
-1,26
-1,27
a -1,28 Cas de Ref
1
-1,29 Pente > 300j
10 100 1000 Pente > 500j
Temps [j] -1,3
Figure V.30 : Evolution de la vitesse de chargement dans le cas de la section en fer à cheval pour différentes valeurs de
𝜸𝒗𝒊𝒔𝒄 (a) et les valeurs de pentes correspondantes (b)
Dans le cas de la section en fer à cheval, les courbes de vitesse semblent relativement similaires (Figure
V.30a). Les pentes présentent une évolution relativement restreinte (de l’ordre de 0,05 sur l’amplitude
de valeurs considérées) et l’écart est encore plus faible pour des valeurs de 𝛾𝑣𝑖𝑠𝑐 > 1,5%, comme ce
qui a été observé sur les courbes d’évolution de la contrainte de revêtement (Figure V.29).
_______________________________________________________________________________________
-1,32
10 -1,33
-1,34
1 -1,35
10 100 1000 b
Temps [j] -1,36
Figure V.31 : Evolution de la vitesse de chargement dans le cas de la section circulaire pour différentes valeurs de
𝜸𝒗𝒊𝒔𝒄 (a) et les valeurs de pentes correspondantes (b)
Dans le cas de la section circulaire, les courbes de vitesse (Figure V.31) sont encore plus resserrées que
pour le cas de la section en fer à cheval. Les pentes des courbes dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡 sont
pratiquement constantes pour les différentes valeurs de 𝛾𝑣𝑖𝑠𝑐 . En effet la variation de la pente est
comprise entre 0,02 et 0,04 ce qui est très faible. Ainsi l’effet du paramètre 𝛾𝑣𝑖𝑠𝑐 est faible sur les valeurs
de pente (variation maximum de 0,05 dans le cas de la section en fer à cheval) et son effet sur la
contrainte finale aussi comparativement aux autres paramètres de viscosité et notamment la viscosité
𝐴𝑣 .
_______________________________________________________________________________________
1,40 1,40
1,20 1,20
1,00 1,00
eps_v [%]
0,80
eps_v [%]
0,80
0,60 0,60
0,40 Ref nouveau jeu 0,40 Ref nouveau jeu
Flu moins
0,20 Flue moins
Flu plus 0,20 Flue plus
Essai labo
0,00 Essai labo
0,00
0 20 40 60 80 100
0 50 100 150 200
Temps [j] Temps [j]
Figure V.32 : Evolution de la déformation au cours du temps lors d'un essai de fluage à 𝐏 = 𝟏𝟐𝐌𝐏𝐚 et
𝒒/𝒒𝒑𝒊𝒄 = 𝟕𝟓% pour les trois jeux de paramètres
Ainsi, on observe que sur les 90 premiers jours, les trois jeux de paramètres semblent relativement
similaires. En revanche, au-delà, on remarque que les vitesses de fluage sont bien différentes comme
souhaité, avec un rapport de 2 ou ½ par rapport au calage de référence. Les paramètres viscoplastiques
utilisés sont regroupés dans le Tableau 24. La valeur du paramètre 𝛾𝑣𝑖𝑠𝑐 a dut être diminué afin de
pouvoir traduire le comportement du matériau et éviter que ce dernier n’entre en fluage tertiaire trop tôt
avec le jeu de paramètres considéré.
Tableau 24 : Paramètres visco-plastiques du modèle L&K pour les trois jeux de paramètre
0,35
Flue moins
0,3 Flue plus
Essai labo
0,25 Nouveau jeu
eps_v [%]
0,2
0,15
0,1
0,05
0
0 20 40 60 80
Temps [j]
Figure V.33 : Evolution de la déformation au cours du temps lors d'un essai de fluage à P=12MPa et 𝒒/𝒒𝒑𝒊𝒄 = 𝟓𝟎%
pour les trois jeux de paramètres
_______________________________________________________________________________________
On remarque sur le Figure V.33 que l’amplitude du jeu de paramètres qui flue plus semble bien
correspondre à l’essai. A l’inverse, le jeu de paramètres qui flue moins semble, quant à lui, un peu sous-
évaluer les déformations de fluage à un taux de déviateur de 50%.
Nous allons maintenant tester ces jeux de paramètres sur les différents cas de référence afin d’évaluer
la sensibilité à l’incertitude des essais de laboratoire et la détermination des paramètres à partir de ces
essais sur échantillons de laboratoire. Les sources d’incertitude concernant la détermination des
paramètres du modèle sont nombreuses. Elles peuvent être liées à la fois au manque d’informations
concernant les différents chemins de contrainte, à la sélection des échantillons les plus robustes (ne
gardant que les échantillons intacts et non fracturés) et à la durée des essais (quelques mois) bien plus
courte que les temps de calcul considérés (quelques années).
40 1000
Flue moins
Contrainte dans le revêtement [MPa]
35 Cas de Ref
Vitesse de chargement [kPa/j]
Flue plus
30
100
25
20
15
10
10
Flue moins
5 Cas de Ref
a b
Flue plus
0 1
0 200 400 600 800 1000 1200 20 200 2000
Temps [j] Temps [j]
Figure V.34 : Evolution de la contrainte dans le revêtement le cas de référence en section circulaire à voussoirs pour
les différents jeux de paramètres (a) et vitesse de chargement correspondante (b)
On constate que la contrainte au bout de trois ans est plus importante à mesure que le jeu de paramètre
est plus fluant. Le revêtement du béton étant posé relativement tôt pendant la phase d’excavation, le
comportement fluant est prédominant, le fluage s’exprime directement sur la contrainte du revêtement.
De plus, plus le jeu de paramètres est fluant et plus il semble se stabiliser rapidement, la vitesse de
chargement est beaucoup plus faible au bout des trois ans pour le jeu qui flue plus que pour celui qui
flue moins.
Si on s’intéresse maintenant à la vitesse de chargement, on remarque que les courbes de vitesse de
convergence du cas de référence et du jeu de paramètre qui flue moins semblent relativement similaires,
avec une pente toutefois moins importante (en valeur absolue) du jeu de paramètre qui flue moins. En
revanche, le jeu de paramètres qui flue plus a une forme de courbe différente, avec une pente beaucoup
plus importante. La principale différence entre ces courbes est le paramètre 𝛾𝑣𝑖𝑠𝑐 qui a une valeur
différente des deux autres courbes pour le jeu de paramètres qui flue plus ainsi que les valeurs de 𝐴𝑣 .
D’après la partie précédente, les calculs de sensibilité ont permis de mettre en évidence que le paramètre
𝐴𝑣 était le paramètre qui avait le plus d’influence sur la forme de la courbe dans le plan 𝑙𝑜𝑔(𝜎̇ )/𝑙𝑜𝑔(𝑡).
La Figure V.35 montre l’évolution des vitesses de chargement du revêtement pour le cas en section fer
à cheval ainsi que l’évolution de la contrainte dans le revêtement pour les trois différents jeux de
paramètres.
_______________________________________________________________________________________
16 1000
Flue moins
6
10
4
Flue moins
2 Cas de Ref
Flue plus
0 1
0 200 400 600 800 1000 10 100 1000
Temps [j] Temps [j]
Figure V.35 : Evolution de la vitesse de chargement dans le plan 𝒍𝒐𝒈(𝝈̇ )/𝒍𝒐𝒈(𝒕) pour le cas de référence en section fer
à cheval pour les différents jeux de paramètres (a) et vitesses de chargement correspondante (b)
Comme pour le cas circulaire, on remarque que les courbes des jeux de paramètres du cas de référence
et de celui qui flue le moins ont des formes similaires, avec une partie linéaire dont la pente est moins
importante pour le cas où la roche flue le moins. Le jeu de paramètres qui flue le plus a quant à lui une
forme différente induite par la valeur différente du paramètre 𝛾𝑣𝑖𝑠𝑐 .
Tableau 25 : Valeur des pentes dans le plan log(vitesse de chargement)/log(temps) pour les différents jeux de
paramètres dans les deux cas référence calculés après 500j
D’après les valeurs de pentes calculées après 500 jours retranscrites dans le Tableau 25, la pente est plus
faible dans les deux cas de calculs pour le jeu de paramètres qui flue moins par rapport au cas de
référence. De même la pente a une valeur plus importante pour le jeu de paramètres qui flue plus par
rapport au cas de référence. On observe donc un amortissement du fluage plus faible pour des jeux de
paramètres qui fluent moins et inversement avec les jeux qui fluent plus. De plus, on remarque que la
valeur du paramètre 𝛾𝑣𝑖𝑠𝑐 influence grandement la valeur de la pente ainsi que la forme de la courbe de
la vitesse de chargement. Dans les deux cas de référence les écarts de pentes sont relativement
importants (-0,23 et +0,35) dans le cas de la section en fer à cheval par rapport au cas de référence. De
même pour la section circulaire, les écarts sont de -0,22 et +0,25 par rapport au cas de référence.
_______________________________________________________________________________________
𝑣 𝜕𝑞
𝑒̇𝑖𝑗 = 𝑒̇𝑐𝑟
𝜕𝑆𝑖𝑗
𝑣
Où 𝑒̇𝑖𝑗 est la partie déviatorique du tenseur de déformation visqueuse, 𝑆𝑖𝑗 est la partie déviatorique du
3
tenseur de contrainte et 𝑞 = √3𝐽2 = √2 𝑆𝑖𝑗 𝑆𝑖𝑗
Ainsi lors d’un essai de fluage la déformation axiale est linéaire suivant ce modèle, et la pente de cette
droite, correspondant à sa vitesse est fonction des paramètres de viscosité (𝐴1 et 𝑛1 ) et du déviateur 𝑞
uniquement. Ainsi lors d’un essai de fluage, les paramètres et le déviateur étant fixés, l’évolution de la
déformation est bien linéaire durant l’essai.
_______________________________________________________________________________________
En utilisant les résultats d’essais triaxiaux à différents confinements, nous avons déterminé le critère de
plasticité de Mohr Coulomb en faisant une approximation linéaire du critère de résistance de pic de
Hoek-Brown du modèle L&K. Cela nous donne donc :
𝑐 = 7,0𝑀𝑃𝑎𝑒𝑡𝜑 = 22°
𝐴1 = 9,6.10−25 𝑠 −1 . 𝑃𝑎 −1 𝑒𝑡𝑛1 = 2
0,35 0,9
a 0,8 b
0,3
0,7
0,25
0,6
eps [%]
eps[%]
0,2 0,5
0,15 0,4
0,3
0,1 Power-Law L&K
0,2
0,05 Essai labo Essai labo
0,1
L&K Power-Law
0 0
0 50 100 0 50 100
Temps [j] Temps [j]
Figure V.36 : Essai de fluage P=12MPa et 𝒒/𝒒𝒑𝒊𝒄 = 𝟎, 𝟓 (a) Essai de fluage P=12MPa et 𝒒/𝒒𝒑𝒊𝒄 = 𝟎, 𝟕𝟓 (b)
La Figure V.36 présente les résultats de la simulation d’un essai de fluage en comparaison avec les essais
de laboratoire et le modèle L&K. Nous avons tenté de déterminer un ensemble de paramètres cohérents
avec les courbes d’essai, bien que celles-ci ne soient pas linéaires. Nous avons cherché à obtenir une
pente relativement cohérente sur la durée de l’essai, en effet, en ne prenant que la pente secondaire, nous
aurions sous-évalué fortement les déformations de fluage, mais en prenant la valeur finale, cela aurait
été l’inverse. Nous avons donc choisi un compromis entre les deux, la forme linéaire du fluage du
modèle ne facilitant pas le calage des paramètres. La forme de l’essai de fluage donnée par le modèle
ne semble pas satisfaisant pour décrire correctement le comportement du matériau, cependant nous
réaliserons tout de même les calculs sur les deux cas de référence afin d’observer de manière qualitative
la forme de l’évolution de la contrainte et de la vitesse de chargement dans le revêtement.
60 radier
50
40 100
30
20 voute
10 gauche
radier
0 10
0 200 400 600 800 1000 10 100 1000
Temps [j] Temps [j]
Figure V.37 : Evolution de la contrainte dans le revêtement sur la galerie en fer à cheval avec le modèle Power-law
Viscoplastic (a) et évolution de la vitesse de chargement associée 𝒍𝒐𝒈(𝝈̇ )/𝒍𝒐𝒈(𝒕) (b)
Ici on remarque que la contrainte est beaucoup plus élevée que ce que l’on a pu observer sur le cas de
référence avec le modèle L&K (environ 14 MPa contre pratiquement 70 MPa dans ce cas). De plus on
observe un ralentissement important de la vitesse de chargement au bout de 800 jours. Cela est induit
_______________________________________________________________________________________
par la composition du modèle qui présente un seuil de contrainte, et il semblerait que la contrainte induite
par le revêtement sur le terrain fasse passer le terrain en dessous du seuil ce qui désactive pratiquement
le fluage.
Si on s’intéresse maintenant à l’évolution de la vitesse de convergence dans le plan log, on observe
qu’on tend vers moins l’infini car la vitesse tend vers 0. La forme de la courbe ne semble donc pas
satisfaisante par rapport à ce qui a été observé sur les données des différents ouvrages.
Figure V.38 : Evolution de la contrainte dans le revêtement sur la galerie circulaire avec le modèle Power-law
Viscoplastic (a) et évolution de la vitesse de chargement associée (b)
Comme précédemment, on peut observer dans cette configuration une contrainte beaucoup plus élevée
que dans le cas de référence avec le modèle L&K, ainsi qu’un palier au-delà d’une certaine contrainte
(correspondant à la désactivation du mécanisme visqueux). La valeur de la contrainte finale est de l’ordre
de 80 MPa ce qui est bien supérieur aux 36 MPa observés avec le modèle L&K.
On remarque ici que la vitesse tend vers moins l’infini dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡 car la vitesse tend vers
0. En effet on remarque sur la Figure V.38 que la contrainte se stabilise au bout de 700 jours environ,
𝑟𝑒𝑓
cela est dû à la construction du modèle qui impose un seuil de fluage (𝑞 > 𝜎1 ), donc quand l’état de
contrainte autour de la galerie génère un déséquilibre inférieur au seuil, le phénomène viscoélastique
s’arrête.
_______________________________________________________________________________________
Afin de déterminer la valeur des paramètres à long terme, nous avons choisi de caler les paramètres du
modèle sur des essais de fluage réalisés à 12𝑀𝑃𝑎 de confinement.
Lorsque 𝑡 → ∞ le modèle suit un comportement linéaire, on a donc :
𝜀1𝑣𝑖𝑠𝑐 (𝑡 → ∞)~𝑎𝑡 + 𝑏
A partir de l’expression de la déformation de fluage, on peut ainsi déterminer la valeur du module de
cisaillement de Kelvin et de la viscosité de Maxwell à partir de la valeur de 𝑞 le déviateur et des
caractéristiques de la partie linéaire de la déformation de fluage. On en déduit ainsi :
𝑞
𝜂𝑀𝑎𝑥𝑤 =
2𝑎(1 + 𝜈)
{ 𝑞
𝐸𝐾𝑒𝑙𝑣 =
2𝑏(1 + 𝜈)
Il nous reste ensuite à déterminer la valeur du paramètre de viscosité de Maxwell, nous choisissons la
valeur de ce paramètre qui nous donnera la forme de courbe la plus approchée de ce que nous observons
sur l’essai de fluage (Figure V.39).
0,35 0,90
a 0,80 b
0,3
0,70
0,25
0,60
eps [%]
0,2
eps [%]
0,50
0,15 0,40
0,30
0,1
Cvisc 0,20
L&K
0,05 Essai labo 0,10 Essai labo
L&K Cvisc
0 0,00
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Temps [j] Temps [j]
Figure V.39 : Fluage à 50% de la valeur de pic à un confinement de 12 MPa (a) : Fluage à 75% de la valeur de pic à
un confinement de 12 MPa (b)
Nous remarquons que le modèle semble adapté pour reproduire la courbe de fluage à 50% de la valeur
de pic. En revanche, si on regarde la courbe à 75% de la valeur de pic, notre modèle donne des résultats
plus éloignés de l’essai car on ne peut caler les paramètres pour les différents confinements, la vitesse
de déformation étant proportionnelle au déviateur.
Pour ce qui est du critère de plasticité de Mohr-Coulomb, nous utiliserons les mêmes valeurs que
précédemment pour l’argilite, à savoir 𝑐 = 7,0𝑀𝑃𝑎𝑒𝑡𝜑 = 22°.
L’ensemble des paramètres utilisés pour le modèle C-visc sont ainsi regroupés dans le Tableau 26.
_______________________________________________________________________________________
120 1000
voute
a b
radier
80
60 100
40
voute
20 gauche
radier
0 10
0 200 400 600 800 1000 10 100 1000
Temps [j] Temps [j]
Figure V.40 : Evolution de la contrainte dans le revêtement (a) et dans le plan 𝒍𝒐𝒈(𝝈̇ )/𝒍𝒐𝒈(𝒕) (b) pour le cas de la
section en fer à cheval avec le modèle Cvisc
On remarque sur la Figure V.40 que l’amortissement de la contrainte est très faible, cela est dû au fait
que la contrainte ne dépend que du déviateur et ne prend pas en compte une augmentation de la résistance
de pic, et donc une diminution de la vitesse de convergence, à mesure que le confinement augmente.
Ainsi la valeur du déviateur ne diminue que très peu, et donc la vitesse de chargement. De plus, les
paramètres ont été déterminés à partir des essais réalisés à 12 MPa de confinement qui présentent de
grandes déformations de fluage. En réalité le confinement autour de la galerie est bien inférieur à cette
valeur ce qui induit une surestimation des déformations de fluage et donc de la contrainte dans le
revêtement. Cela implique qu’on atteint une valeur très élevée de contrainte dans le revêtement, de
l’ordre de 120 MPa au bout de trois ans. Ce modèle ne parait donc pas très réaliste comparé à ce qui a
pu être observé sur des galeries.
Si on s’intéresse aux vitesses de chargement dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡 on remarque une partie linéaire
au départ, puis la courbe chute brutalement et on a l’impression qu’elle tend vers moins l’infini. Cela
montre bien que l’amortissement de la vitesse de convergence est bien trop faible au départ et que la
contrainte peine à se stabiliser, ce comportement ne semble pas linéaire dans ce plan et donc pas en
accord avec les données sur ouvrages.
6
2 Section
origine
1 an
0
-6 -1 4 2 ans
-2
3 ans
-4
-6
_______________________________________________________________________________________
On trace sur la Figure V.41 les convergences de la galerie. On relève un déplacement en voûte de 1,56
cm à partir du moment où l’on pose de revêtement. Cela est relativement important comparé au cas de
référence (2,4 mm), mais reste cohérent avec une contrainte beaucoup plus élevée (environ 8 fois plus).
160 10000
140
a b
120
1000
100
80
60 100
40
20
10
0
1 10 100 1000
0 200 400 600 800 1000 1200
Temps [j] Temps [j]
Figure V.42 : Evolution de la contrainte dans le revêtement pour le cas de la section circulaire avec le modèle Cvisc (a)
et vitesse de chargement correspondant (b)
La courbe de vitesse de chargement dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡 suit une évolution en « vague » et on
distingue bien ici les deux phases, correspondant aux phases de déconfinement et de fluage. On
remarque que ces cinétiques sont très particulières et ne semblent pas correspondre aux observations sur
ouvrage.
La convergence de la galerie est de 1,78 cm à partir de la pose du revêtement, ce qui est, comme pour
le cas précédent, beaucoup plus élevé que ce que nous avons pu observer sur le cas de référence.
Les deux modèles présentés dans cette partie ne semblent donc pas cohérents avec les observations
réalisées sur ouvrages. De plus la valeur de la contrainte dans les deux configurations et avec les deux
modèles de comportement induit une surestimation très importante des contraintes du revêtement de par
leurs simplifications. En effets les deux modèles ne prennent pas en compte un certain nombre de
phénomènes, le premier ne tient compte que du déviateur pour calculer la vitesse de fluage et il n’y a
aucun écrouissage de cette dernière. En réalité le terrain subit un déconfinement qui n’est pas pris en
compte dans ce modèle, or les déformations sont moins importantes à mesure que le confinement
diminue. Le second modèle quant à lui ne permet pas de traduire correctement les courbes de fluage à
différentes valeurs de déviateur et ne prend pas non plus en compte le confinement appliqué au matériau.
_______________________________________________________________________________________
0,07
Déformation de fluage [%]
0,06
0,05
0,04
0,03
0,02
t0 = 1 j
0,01 t0 = 10 j
t0 = 100 j
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
Temps [années]
Figure V.43 : Evolution de la déformation de fluage en fonction du temps à différents 𝒕𝟎 sous un chargement de 10
MPa avec le modèle empirique des eurocodes
Ainsi, on remarque que plus le chargement du béton est appliqué à un âge « jeune », plus la déformation
de fluage sera importante. Cela est physiquement compréhensible, la réaction d’hydratation qui induit
une augmentation de la résistance du matériau a une cinétique relativement lente. Si le béton est chargé
de manière précoce, durant la phase de durcissement, le matériau peut développer une microfissuration
du fait de sa faible résistance, ce qui induit une dégradation irréversible du matériau et donc un fluage
_______________________________________________________________________________________
plus important. Ce paramètre joue donc un rôle essentiel sur la valeur de la déformation de fluage à un
instant donné.
𝜀1 = 𝜀1,𝐸 + 𝜀1,𝑣𝑖𝑠𝑐
1+𝜈 𝜎 𝜎 𝐸
− 1𝑡
𝜎 + 𝑡 + (1 − 𝑒 𝜂1 )
𝜀1 =
𝐸2 𝜂2 𝐸1
Où 𝜎 est la contrainte appliquée à l’échantillon.
Lorsque 𝑡 → ∞ , on a :
𝜀1𝑣𝑖𝑠𝑐 (𝑡 → ∞)~𝑎𝑡 + 𝑏
On peut donc en déduire :
𝜎
𝜂2 =
{ 𝑎
𝜎
𝐸1 =
𝑏
En prenant un béton de résistance 𝑓𝑐𝑘 = 40𝑀𝑃𝑎, on en déduit 𝐸𝑐𝑚 = 36,9𝐺𝑃𝑎 et donc 𝐸2 = 𝐸𝑐𝑚 =
36,9𝐺𝑃𝑎. Il ne reste ensuite plus qu’à caler le paramètre 𝜂1 qui influe sur la forme de la courbe et la
pente initiale. On ne parvient cependant pas à caler de manière correcte à la fois la pente initiale et la
forme de la courbe. On choisira donc de privilégier la forme de la courbe quitte à avoir un écart de pente
initial. Ainsi, on présente dans la Figure V.44 un calage pour un chargement uniaxial de 10𝑀𝑃𝑎 pour
𝑡0 = 1𝑗𝑜𝑢𝑟 :
0,08
0,07
0,06
Epsilon 1 [%]
0,05
0,04
0,03
0,02
Figure V.44 : Représentation de la déformation de fluage par rapport au temps pour le modèle empirique des
Eurocodes avec 𝒕𝟎 = 𝟏 jour et le jeu de paramètre du modèle de Burger correspondant
Le modèle de Burger sur FLAC est défini en cisaillement, il conviendra donc de définir un module
d’élasticité isotrope 𝐾, des modules de cisaillement 𝐺 et de modifier la valeur des viscosités suivant les
formules suivantes :
𝐸2
𝐾=
3(1 − 2𝜈)
_______________________________________________________________________________________
𝐸𝑖=1,2
𝐺𝑖=1,2 =
2(1 + 𝜈)
𝑐𝑜𝑚𝑝
𝑐𝑖𝑠
𝜂𝑖=1,2
𝜂𝑖=1,2 =
2(1 + 𝜈)
L’ensemble des paramètres du modèle de Burger pour les différents𝑡0 sont présentés dans le
Tableau 27. La qualité du calage des paramètres est globalement constante, la pente finale étant toujours
bien respectée, mais la pente initiale est différente quelle que soit la valeur de 𝑡0 .
𝑲 𝑮𝟏 𝜼𝟏 𝑮𝟐 𝜼𝟐
𝒕𝟎 = 𝟏𝒋 30,8𝐺𝑃𝑎 6,42𝐺𝑃𝑎 7,69.107 𝐺𝑃𝑎. 𝑠 14,2𝐺𝑃𝑎 2,84.109 𝐺𝑃𝑎. 𝑠
𝒕𝟎 = 𝟏𝟎𝒋 30,8𝐺𝑃𝑎 9,87𝐺𝑃𝑎 1,15.108 𝐺𝑃𝑎. 𝑠 14,2𝐺𝑃𝑎 4,29.109 𝐺𝑃𝑎. 𝑠
𝒕𝟎 = 𝟏𝟎𝟎𝒋 30,8𝐺𝑃𝑎 15,7𝐺𝑃𝑎 1,62.108 𝐺𝑃𝑎. 𝑠 14,2𝐺𝑃𝑎 5,74.109 𝐺𝑃𝑎. 𝑠
𝒕𝟎 = 𝟏𝟖𝟎𝒋 30,8𝐺𝑃𝑎 18,1𝐺𝑃𝑎 1,73.108 𝐺𝑃𝑎. 𝑠 14,2𝐺𝑃𝑎 5,57.109 𝐺𝑃𝑎. 𝑠
Tableau 27 : Valeurs des paramètres de Burgers pour les différentes valeurs de 𝒕𝟎
Ces paramètres ont été déterminés en se basant sur les courbes de déformation proposées par l’Eurocode
pour différentes valeurs de 𝑡0 . Globalement la compressibilité isotrope 𝐾 ainsi que le module de
cisaillement 𝐺2 ne varient pas car ils sont liés au comportement élastique du matériau qui n’est, dans ce
modèle, pas influencé par la valeur de 𝑡0 .
14
Contrainte orthoradiale [MPa]
12
10
8 10
4 Cas de référence t0 = 1j
t0 = 1j
2 t0 = 10j
t0 = 10j
t0 = 100j t0 = 100j
0 1
0 200 400 600 800 1000 10 100 1000
Temps [j] Temps [j]
Figure V.45 : Evolution de la contrainte dans le revêtement de la galerie à section en fer à cheval dans le cas de
référence et en prenant en compte le fluage du béton pour différentes valeurs de 𝒕𝟎 (a) vitesse de chargement dans le
cas avec fluage (b)
En reprenant les trois jeux de paramètres du modèle de Burger (pour t0 = 1, 10 et 100 jours), nous avons
réalisé trois calculs sur la galerie à section en fer à cheval. En effet, étant donné qu’il était difficile de
définir un 𝑡0 pour une sollicitation qui augmente au cours du temps, nous avons défini trois valeurs de
𝑡0 afin d’évaluer l’effet du fluage pour ces trois valeurs. Ainsi la Figure V.45 présente la contrainte dans
le revêtement pour les trois cas et pour le cas de référence (c’est-à-dire sans prise en compte du fluage
du béton). Le fluage du béton réduit la valeur de la contrainte dans le revêtement. Plus le 𝑡0 est faible,
plus la réduction est importante. Pour 𝑡0 = 1𝑗 la contrainte dans le revêtement au niveau de la voûte est
réduite d’environ 30%, pour 𝑡0 = 10𝑗 la diminution est de l’ordre de 12% et enfin pour 𝑡0 = 100𝑗 elle
n’atteint que 5%.
L’évolution de la vitesse de chargement est assez similaire pour les différents cas, mais leurs pentes
calculées à partir de 500 jours varient : pour 𝑡0 = 1𝑗 la pente est de 1,17, pour 𝑡0 = 10𝑗 elle passe à 1,21
_______________________________________________________________________________________
et enfin pour 𝑡0 = 100𝑗 la pente atteint 1,33. A titre de comparaison la pente du cas de référence est de
1,23.
Ainsi le fluage du béton pour ce cas de référence permet de diminuer la contrainte dans le revêtement
de manière significative. En revanche il a un effet assez faible sur la valeur de la pente et peut même
l’augmenter dans le cas de 𝑡0 = 100𝑗. Il est cependant nécessaire de relativiser ces valeurs, en effet
l’introduction du modèle de fluage dans les calculs induit des oscillations dues à la convergence
numérique difficile pour deux matériaux fluants en contact. Cela entraine des incertitudes sur
l’évaluation de la pente de la vitesse de chargement. En tous cas le fluage du béton présente un intérêt
pour les calculs de galeries car il permet de réduire de manière significative la contrainte dans le
revêtement, ce qui est en accord avec les observations qui ont été réalisées sur ouvrages qui présentent
un effet différé important. Cependant, le modèle de fluage de l’Eurocode 2, à partir duquel les
paramètres du modèle de Burger ont été déterminés, a été établi pour un chargement constant, alors qu’il
varie dans le cas d’un revêtement soumis au fluage du terrain.
25
10
20
15
1
10
10 100 1000
Fluage du béton
5
Cas de référence
0 0,1
0 200 400 600 800 1000 1200 Temps [j]
Temps [j] b
Figure V.46 : Evolution de la contrainte dans le revêtement de la galerie à section circulaire dans le cas de référence et
en prenant en compte le fluage du béton (a) vitesse de chargement dans le cas avec fluage (b)
Dans le cas de la galerie en voussoirs préfabriqués, nous n’étudierons qu’un seul jeu de paramètres :
pour une valeur de 𝑡0 = 180𝑗 car les voussoirs sont supposé préfabriqués en usine et avoir 6mois au
moment de la pose.L’effet du fluage semble trop important pour un calage des paramètres de Burger à
𝑡0 = 180𝑗. Ces 6 mois ont été choisis car les voussoirs sont supposés préfabriqués en usine et le béton
a déjà 6 mois au moment de la pose. Le calcul présente une instabilité importante dans la vitesse induite
par des oscillations numériques induites par une convergence approximative. Ces oscillations entrainent
une incertitude sur la valeur de pente non négligeable. La pente de la courbe à partir de 500 jours est de
l’ordre de 2 (1,35 pour le cas de référence).
_______________________________________________________________________________________
Le béton présente un comportement à court terme pouvant influer sur l’évolution de la contrainte dans
le revêtement. En effet certains phénomènes comme l’évolution du module du béton au cours du temps,
peuvent avoir une incidence sur la contrainte finale et la vitesse de chargement dans le revêtement. Le
caractère fragile ou radoucissant du béton peut également avoir un effet sur la redistribution des
contraintes dans le revêtement et ainsi modifier l’évolution de la vitesse de chargement. L’objectif de
cette partie est d’étudier ces deux phénomènes, afin de déterminer dans quelle mesure ils influent sur le
comportement du revêtement. L’évolution du module du béton sera déterminée à partir de la loi
d’évolution empirique proposée par l’Eurocode 2. Le caractère fragile et radoucissant du béton sera
introduit dans le modèle numérique au travers de la loi de comportement Strain-Softening (Itasca 2016).
Soit :
28
0,3𝑠[1−√ ]
𝑡
𝐸𝑐𝑚 (𝑡) = 𝑒 𝐸𝑐𝑚
Avec 𝑠 un paramètre dépendant du type de ciment utilisé, ici on prendra un ciment de classe N soit 𝑠 =
0,25. 𝑡 est le temps en jours.
En prenant un béton de type 𝑓𝑐𝑚 = 40𝑀𝑃𝑎 ,on a 𝐸𝑐𝑚 = 35,2𝐺𝑃𝑎, on trace ainsi la courbe d’évolution
du module en fonction du temps Figure V.47) :
50
45
Module du béton [GPa]
40
35
30
25
20
15
10
E_réel
5
E_discret
0
0 50 100
Temps [j]
Figure V.47 : Evolution du module élastique du béton en fonction du temps suivant l’Eurocode
Nous avons ensuite discrétisé l’évolution de ce module dans le temps afin de pouvoir l’intégrer dans
FLAC et le tester sur nos cas de référence. Nous avons également optimisé la discrétisation de ce module
de manière à obtenir un écart de module entre deux pas de temps à peu près constant. Cela nous donne
les points rouges représentés sur la Figure V.47. Ainsi les pas de temps ont été optimisés afin de réduire
les temps de calculs. Dans un calcul à l’aide du logiciel FLAC, les pas de temps imposés consomment
_______________________________________________________________________________________
énormément de temps machine, le calcul est initialisé pour chaque temps imposé, avec l’intervalle de
temps minimal, puis ce dernier augmente lorsque le déséquilibre diminue. Ainsi plus le nombre de points
sur la courbe est réduit, plus le calcul sera réalisé rapidement. L’optimisation des points a été réalisée
de manière à obtenir un écart de module constant entre deux points de calcul.
Figure V.48 : Evolution de la contrainte dans le revêtement (à gauche) et évolution de la vitesse de chargement du
revêtement dans le cas de la galerie en fer à cheval pour le cas de référence (module du béton à 28 jours) et en prenant
en compte l’évolution du module du béton
On peut ainsi observer que l’effet de l’évolution du module du béton au cours du temps est relativement
limité, même si la contrainte est globalement plus élevée. En effet, l’écart de contrainte par rapport au
cas de référence (avec module du béton constant égal à celui à 28 jours) est de l’ordre de 10%. Les deux
courbes semblent se rejoindre dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡, bien qu’au final, la valeur du module du
revêtement soit plus grande que le module à 28 jours (écart de 8,2 GPa soit 23% à 1000 jours). De plus,
les pentes des deux courbes sont similaires.
En conclusion, l’effet de la variation de module au cours du temps reste relativement marginal. Cela
alourdit considérablement les temps de calculs (environ 4 à 5 fois plus de temps) et n’apporte pas de
réelle modification sur l’état de contrainte dans le cas de la section en fer à cheval, qui présente
l’évolution la plus importante par rapport au cas circulaire dont les voussoirs sont déjà âgés de 6mois.
Nous pouvons ainsi dire qu’il n’est pas nécessaire de prendre en considération ce phénomène dans les
calculs, il ne sera donc pas considéré par la suite.
de type Mohr-Coulomb, cependant nous définirons les paramètres du modèle de manière à obtenir une
résistance constante quel que soit le confinement. Ce choix est justifié par le fait que le confinement du
béton de revêtement est pratiquement nul car il n’est pas contraint du côté intrados de la galerie. Il est
donc possible de considérer que le béton soit sollicité uniquement en compression simple ou cisaillement
sans confinement. Les paramètres du modèle ont donc été déterminés en supposant que le matériau
béton est sollicité en compression simple.
20
Rc = 15 MPa fragile
18 Rc = 20 MPa fragile
16 Rc = 15 MPa ductile
Rc = 20 MPa ductile
14
12
10
σ1 [MPa]
8
6
4
2
0
-2
-1 0 1 2 3 4 5 6 7
ε1[‰]
Figure V.49 : Courbes d’évolution en traction/compression du modèle Strain-Softening pour les 4 jeux de paramètres
La Figure V.49 présente les différents jeux de paramètres utilisés pour la modélisation. Afin d’observer
un effet significatif au cours de la modélisation, les résistances des bétons ont été volontairement
déterminées avec des valeurs faibles (15 et 20 MPa en compression simple). Nous avons ainsi déterminé
deux jeux de paramètres, à deux résistances différentes, soit un jeu fragile et un jeu ductile à 15 et 20
MPa de résistance à la compression simple. Les résistances résiduelles ont toutes été fixées à 1MPa. Le
comportement en traction est identique au comportement en compression, mais toutes les résistances
ont été divisées par 10.
Le modèle Strain-softening a été ajouté au modèle de la section en fer à cheval. Le cas de la section
circulaire ne parait pas pertinent car la contrainte est homogène sur toute la section donc les effets de
dégradation locale ne seront pas mis en jeu dans la redistribution des contraintes.
Figure V.50 : Domaines pour 𝝈𝒄 = 𝟏𝟓𝑴𝑷𝒂 pour un comportement ductile à (gauche) et un comportement fragile (à
droite)
_______________________________________________________________________________________
Le cas du béton ductile, avec une résistance de 15 MPa, dans le cas de la section en fer à cheval (Figure
V.50), montre une zone plastique très étendue. En effet, en voûte, presque toutes les mailles sont
plastifiées ou ont atteint à un moment donné le critère de plasticité. La Figure V.51 représentant les
déformations plastiques montre en revanche que l’amplitude de ces déformations est assez restreinte
(<10−2). A l’inverse, dans le cas fragile, la plasticité est beaucoup plus localisée, et les déformations
plastiques sont essentiellement concentrées au niveau des coins de la section en fer à cheval ainsi qu’au
niveau de la voûte.
Figure V.51 : 𝜺𝒑𝒍𝒂𝒔 pour 𝝈𝒄 = 𝟏𝟓𝑴𝑷𝒂 pour un comportement ductile (à gauche) et un comportement fragile (à droite)
La déformation plastique au niveau des coins de la section est relativement similaire entre les deux cas
(ductile et fragile) bien que dans le cas fragile on puisse noter une fracture supplémentaire à côté du
coin. Les déformations dans le cas d’un comportement ductile à 15 MPa sont relativement similaires au
cas de référence. On observe un déplacement de 1,78 mm qui est même plus faible que pour le cas de
référence avec un maillage affiné (1,83 mm). En revanche les déplacements au niveau du radier sont de
7,22 mm dans le cas ductile contre 4,48 mm dans le cas de référence, soit pratiquement deux fois plus.
Cela est dû à la plasticité au niveau des coins qui entraine une perte d’intégrité de la structure et donc
un soulèvement du radier. Dans le cas du comportement fragile, les déplacements observés au niveau
de la voûte sont beaucoup plus importants, on relève un déplacement de 7,51 mm soit pratiquement 4
fois plus que pour le cas de référence. Les déplacements au niveau de la voûte sont en revanche similaires
au cas ductile avec 8,92 mm observés pour le cas fragile, soit deux fois plus que le cas de référence.
Cela est en accord avec les observations effectuées sur les déformations plastiques, à savoir des
déformations similaires au niveau des coins de la section engendrant des déplacements proches au
niveau du radier, et une plastification au niveau de la voûte dans le cas d’un comportement fragile,
entrainant des déplacements beaucoup plus importants.
_______________________________________________________________________________________
Figure V.52 : 𝝈𝒎𝒂𝒙 pour 𝝈𝒄 = 𝟏𝟓𝑴𝑷𝒂 pour un comportement ductile à (gauche) et un comportement fragile (à droite)
La contrainte principale (Figure V.52) est homogène avec les zones de plasticité dans les deux cas. En
effet, la contrainte diminue de manière importante au niveau des coins de la section et au niveau de la
voûte dans le cas d’un béton fragile.
Les résultats issus des simulations avec une résistance du béton de 20 MPa ne sont pas présentés ici car
les illustrations issues de ces calculs ne présentent pas de grand intérêt, la différence entre les deux cas
n’est pas flagrante et la plastification intervient essentiellement au niveau des coins. En revanche la
différence est visible sur les courbes d’évolution de contrainte. Il est cependant difficile de déterminer
de manière précise une valeur de pente tant l’évolution de la contrainte est instable du fait de la plasticité.
En effet ces courbes présentent des oscillations qui rendent difficile l’évaluation de la vitesse de
chargement, et ce même avec une discrétisation importante de la courbe. Cet effet est en outre amplifié
par le passage dans un plan logarithmique.
Côté int Côté milieu Côté int Côté milieu
Voute int Voute milieu Voute int Voute milieu
Radier int Radier milieu Radier int Radier milieu
0 0
0 200 400 600 800 1000 -2 0 200 400 600 800 1000
-2
Contrainte revêtement [MPa]
Contrainte revêtement [MPa]
-4
-4
-6
-6
-8
-8
-10
-10 -12
-12 -14
-14 -16 b
a
-18
-16 Temps [j]
Temps [j]
Figure V.53 : Evolution de la contrainte dans le revêtement avec un modèle Strain softening de résistance 𝑹𝒄 =
𝟏𝟓𝑴𝑷𝒂 dans le cas fragile (a) et dans le cas ductile (b).
L’évolution de la contrainte dans le cas d’un béton fragile (Figure V.53a) est, régulière en voûte jusqu’à
environ 700 jours lorsque la contrainte à l’intrados atteint la résistance limite. Le revêtement subit alors
une redistribution des contraintes qui chutent brutalement en voûte et sur les côtés et augmente
légèrement au niveau du radier. Par ailleurs, l’évolution de la contrainte dans le radier est très instable
avant ces 700 jours, ceci est induit par les multiples plastifications au niveau des coins de la section qui
redistribuent de manière rapide les contraintes dans le revêtement. Ceci s’observe également au niveau
_______________________________________________________________________________________
des côtés de la section mais de manière moins marquée, ceux-ci étant moins influencés par la géométrie
de la section, étant dans la partie la plus circulaire de la section.
Dans le cas d’un béton ductile (Figure V.53b), la redistribution de la contrainte se fait de manière plus
diffuse et une rupture au niveau des coins de la section aux alentours de 500 jours induit une légère
diminution de la contrainte au niveau du radier et des côtés dans une moindre mesure. La rupture au
niveau de la voûte à l’intrados semble se produire légèrement plus tard que dans le cas précédent
(environ 760 jours contre 700 jours) et est beaucoup moins marquée.
Ainsi l’effet de la plasticité dans le béton semble significatif, dans les cas où la contrainte dans le
revêtement se rapproche de la limite de plasticité du béton. Les dégradations engendrées sont
globalement plus significatives dans le cas d’un comportement fragile, entrainant une redistribution des
contraintes plus marquée et plus rapide que dans le cas d’un béton ductile. Cela a pour effet de plastifier
la voûte et entraine une réduction de la contrainte et des déformations beaucoup plus importantes. Le
béton ayant un comportement plutôt fragile, il parait ainsi essentiel de considérer ce type de phénomènes
dans le cas où la contrainte observée se rapproche de la limite de plasticité. L’intégration d’un ferraillage
dans le béton de revêtement apportera globalement de la ductilité au matériau de revêtement, le
rapprochant du cas ductile, ce qui diminuera fortement les dégradations éventuelles, sans toutefois les
prévenir complètement au niveau des coins de la section. Il est également à noter que ce type de
comportement est fortement dépendant du maillage considéré. Un maillage plus grossier entraine une
dégradation beaucoup plus diffuse. A l’inverse elle sera beaucoup plus localisée dans le cas d’un
maillage plus fin, ce qui entraine souvent des problèmes de convergence numérique dûes aux grands
déplacements sur un nombre restreint de mailles.
_______________________________________________________________________________________
_______________________________________________________________________________________
a b c
Figure V.54 : Valeur d’endommagement pour le cas de référence (a) et pour le cas avec endommagement de l’EDZ (b)
répartition du module élastique dans le cas EDZ (c)
La Figure V.54 montre que l’endommagement est plus important au niveau des coins de la galerie lors
de la prise en compte de l’EDZ. Des bandes de cisaillement commencent à apparaitre dans les coins,
induites par la dégradation du matériau. En effet, en réduisant localement le module, les déplacements
sont plus importants ce qui dégrade d’autant plus le matériau. La Figure V.54c montre la répartition du
module élastique autour de la galerie. Le module se trouve très dégradé sur les coins le long des bandes
de cisaillement, mais également proche de la surface d’excavation de la galerie. L’endommagement
atteint une valeur de 1 au niveau des coins (correspondant à la zone bleu sur les Figure V.54a et V.54b)
et le module élastique résiduel est bien atteint sur la Figure V.54c, la zone en rouge correspondant à un
module élastique égal à 10% de la valeur de module élastique initial. Finalement au-delà de quelques
mètres autour de la galerie, le matériau reste sein et ne présente pas de dégradation de son module.
a b
Figure V.55 : Représentation de la contrainte principale majeure pour une contrainte isotrope 𝑷𝟎 = 𝟏𝟔𝑴𝑷𝒂 pour le
cas de référence (a) et en prenant en compte l’EDZ (b)
La répartition de la contrainte principale illustrée sur la Figure V.55 reste relativement similaire dans
les deux cas bien que la contrainte semble plus faible au niveau du radier et des reins dans le cas de la
prise en compte de l’EDZ. En revanche en voûte, la contrainte principale reste la même. Cela est mieux
illustré dans la Figure V.56 qui présente l’évolution de la contrainte en voûte, sur le côté ou en radier
pour les deux cas étudiés.
_______________________________________________________________________________________
20
15
10
10
5
Avec EDZ
a b
Cas de référence
0 1
0 200 400 600 800 1000 10 100 1000
Temps [j] Temps [j]
Figure V.56 : Evolution de la contrainte dans la galerie à section en fer à cheval avec 𝑷𝟎 = 𝟏𝟔𝑴𝑷𝒂 pour le cas de
référence et en prenant en compte l’EDZ (a) et évolution de la vitesse de chargement en voûte pour les deux cas (b)
La Figure V.56a présentant l’évolution des contraintes dans les deux cas étudiés montre une contrainte
quasi similaire en voûte entre le cas de référence et en prenant en compte l’EDZ, bien que la contrainte
dans le cas EDZ soit légèrement supérieure. La contrainte sur les côtés de la galerie en prenant en compte
l’EDZ a une valeur très proche du cas de référence, la différence est de l’ordre de 1,5 MPa soit moins
de 10% de la valeur totale au bout de 3 ans. L’écart est cependant plus important au niveau du radier et
est de l’ordre de 2,5 MPa. La courbe de vitesse en voûte (Figure V.56b) présente une évolution égale
dans le cas de la prise en compte de l’endommagement et dans le cas de référence.
Finalement l’EDZ a un effet relativement faible sur l’évolution de la contrainte dans le revêtement,
surtout au niveau de la voûte où la légère différence vient de la modification de la répartition de la
contrainte au sein du revêtement de la galerie. L’influence sur la pente au niveau de la voûte est très
négligeable dans ce cas, mais cela abaisse globalement la contrainte en radier et sur les côtés de la
galerie. Il est cependant nécessaire de relativiser ces résultats qui ne prennent en compte que la
diminution du module élastique. En effet, la dégradation du matériau dans l’EDZ peut avoir également
une influence sur sa résistance en compression𝜎𝑐 , la porosité du matériau ou encore sur les valeurs de
viscosités 𝐴𝑣 et 𝑛𝑣 . Son influence sur les paramètres de viscosité pourrait ainsi avoir un effet important
dans le cas de terrains fluants. Il est ainsi légitime de considérer que la viscosité du matériau puisse
dépendre de la dégradation de ce dernier. Ces aspects ne seront cependant pas considérés dans la suite
du document car ils requièrent un développement spécifique pour l’intégrer aux modèles.
_______________________________________________________________________________________
7. Conclusion
Ce chapitre, portant sur l’étude du comportement du revêtement au travers de modèles numériques sous
FLAC2D, a permis d’étudier les phénomènes physiques que nous avons jugé susceptibles de modifier
l’évolution de la contrainte dans le revêtement. Afin d’étudier ces phénomènes qui peuvent avoir des
effets différents suivant la méthode de mise en œuvre ou le type de revêtement, nous avons défini deux
cas de référence. Ces deux cas représentent les deux configurations de galerie les plus couramment
rencontrés en travaux souterrains. Le modèle de comportement du terrain utilisé est le modèle L&K
dans les deux configurations, dont les paramètres ont été déterminés sur l’argilite de Bure au Chapitre
III. Les résultats de ces calculs de référence montrent un comportement linéaire dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡
au-delà d’une centaine de jours.
Ensuite nous avons effectué des calculs de sensibilités aux caractéristiques des ouvrages (rayon à rigidité
constante, épaisseur de revêtement, contrainte isotrope) sur les deux cas de références. Ces calculs ont
montré que, bien que la contrainte finale varie, la pente dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡 ne varie pas de manière
significative, dans la gamme d’amplitude choisie. La variation de la pente est au maximum de 0,14 ce
qui représente 10% de la valeur de pente. Nous pouvons donc en déduire que cette pente est constante
dans un même type de terrain, et qu’elle ne dépend que des caractéristiques du terrain. Dans un second
temps nous avons donc réalisé des calculs de sensibilité aux paramètres 𝐴𝑣 , 𝑛𝑣 et 𝛾𝑣𝑖𝑠𝑐 du modèle L&K.
Les résultats des modélisations montrent une dépendance importante de la valeur de pente log 𝜎̇ / log 𝑡
au paramètre de viscosité 𝐴𝑣 du modèle, et une dépendance bien plus faible aux autres paramètres du
modèle. Nous avons également étudié l’évolution de la contrainte dans le revêtement au travers des deux
cas de référence en utilisant d’autres modèles visqueux. Ces modèles ont montré un comportement
inadapté (pas de comportement linéaire dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡) et qui n’était pas en adéquation avec
les observations effectuées sur les ouvrages du Chapitre III.
Par la suite nous avons également étudié l’intégration d’un modèle de comportement de Burger dans le
revêtement de la galerie afin d’étudier de manière plus précise l’effet du comportement à long terme du
béton dans les galeries de revêtement. Nous avons déterminé les paramètres du modèle de Burger à
partir des courbes d’évolution de déformation du modèle empirique proposé par l’Eurocode 2. Ainsi
l’effet du fluage du béton permet une diminution de la contrainte de l’ordre de 30% dans le revêtement
de la galerie. Ce modèle a toutefois montré ses limites lorsque nous avons voulu l’appliquer au cas de
la section en fer à cheval. En effet il a été développé pour l’application d’un chargement constant, à un
âge du béton 𝑡0 donné au moment de l’application de ce dernier. Or dans le cas d’une galerie, l’âge du
béton au moment du chargement ne peut être déterminé car le chargement évolue au cours du temps, et
cette évolution est liée à l’amplitude de fluage du béton. Ces phénomènes seront donc étudiés de manière
plus précise dans le Chapitre VI en utilisant un modèle plus complet.
Ensuite nous avons étudié l’influence du comportement instantané du béton sur l’évolution de la
contrainte de revêtement dans le cas de la section en fer à cheval. Dans un premier temps nous avons
étudié l’évolution du module du béton de revêtement au cours du temps suivant un modèle empirique
proposé par l’Eurocode 2. Les résultats ont montré un effet très faible sur la valeur de la contrainte au
bout de 3 ans ainsi que sur la valeur de la pente dans le plan log 𝜎̇ / log 𝑡. Dans un second temps nous
avons étudié l’effet de la plasticité du béton dans le revêtement de galerie, au travers du modèle Strain-
Softening en utilisant des jeux de paramètres fragiles et ductiles à des résistances de 15 ou 20 MPa. Les
résultats ont montrés une redistribution des contraintes importantes dans le cas du béton faible et même
une rupture au niveau de la voûte dans le cas fragile. Les courbes d’évolution de contrainte montrent
une rupture plus tardive au niveau de la voûte dans le cas d’un béton ductile comparativement au cas
fragile et la redistribution des contraintes s’effectue également de manière plus progressive.
Enfin dans la dernière partie, nous avons étudié l’influence de la compressibilité de l’EDZ, par une perte
de rigidité du terrain au travers d’un endommagement proportionnel aux variables d’écrouissage du
modèle L&K. Les résultats des simulations ont montré un effet relativement faible sur l’évolution de la
_______________________________________________________________________________________
contrainte dans le revêtement, l’effet étant plus marqué au niveau du radier et une différence quasiment
nulle au niveau de la voûte à la fois en termes de contrainte et de vitesse de chargement. Ce phénomène
se traduit par une légère augmentation de la zone endommagée.
Ainsi l’effet le plus significatif sur l’évolution de la contrainte dans les revêtements semble être le fluage
du revêtement. Ce dernier entraine une diminution globale de la contrainte de l’ordre de 20 à 30%. La
présence d’une EDZ n’aura pas un effet très significatif, mais ces résultats sont à modérer car nous nous
sommes limités à un endommagement entrainant une baisse de module. L’évolution du module du béton
aura quant à lui un effet très négligeable par rapport aux autres phénomènes considérés. Enfin le
caractère plastique du béton de revêtement aura certainement un effet significatif dans le cas d’une
section en fer à cheval, mais uniquement dans le cas où la contrainte en voûte sera proche de la limite
de plasticité du béton de revêtement.
_______________________________________________________________________________________
Résumé du Chapitre :
Ce chapitre porte sur la modélisation avancée du comportement du béton. L’ensemble des calculs de ce
chapitre a été effectué avec Code_Aster intégrant le modèle de comportement LKR, proche du modèle
originel L&K. Une comparaison de ces modèles avec leurs jeux de paramètres spécifique sera réalisé au
travers d’essais sur éprouvette et des deux cas de référence. L’utilisation du modèle RGI permettra la prise
en compte dans les bétons des phénomènes liés au fluage, l’hydratation ainsi qu’au séchage du béton. Il
sera utilisé pour la modélisation d’essais de fluage dans différentes conditions puis intégré au cas de
référence en béton coffré.
_______________________________________________________________________________________
1. Introduction
Compte-tenu des limites rencontrées avec les modélisations sous FLAC notamment sur le comportement
du béton au fluage, il était nécessaire de se tourner vers des outils plus avancés permettant d’intégrer
des modèles plus complexes. Code_Aster est un code de calcul libre de droit développé par EDF pour
leurs propres études. Il intègre notamment des modèles de comportement de béton pour les grandes
structures en béton comme les enceintes de centrales nucléaires ou les grands barrages. Ces ouvrages
sont bien entendu soumis à des problématiques de comportement à long terme et plusieurs modèles ont
été développés pour des applications spécifiques.
Afin de modéliser le comportement du terrain, nous avons choisi d’utiliser le modèle de comportement
viscoplastique LKR développé dans la précédente thèse par Raude (2015). Ce modèle présente quelques
différences par rapport au modèle L&K qui a été utilisé dans FLAC. Ces dernières seront présentées
dans la partie 2 du chapitre avec leurs jeux de paramètres propres au travers de simulations d’essais de
laboratoire dans un premier temps, à savoir des essais triaxiaux et de fluage à différents confinements.
Dans un second temps, le modèle LKR sera appliqué aux deux cas de référence définis dans le
Chapitre V. Une analyse de la contrainte dans les deux configurations et une comparaison avec les
résultats obtenus avec L&K seront effectuées. Nous analyserons également l’évolution des vitesses de
contraintes dans les deux cas de référence.
Une présentation succincte du modèle FLUA_PORO_BETON sera effectuée ainsi que des données
nécessaires à la modélisation, à savoir une présentation du modèle de diffusion hydrique utilisé (Bazant
1972), des courbes de désorption utilisées et de la fonction d’évolution de réaction d’hydratation. Ce
modèle sera ensuite intégré dans la simulation d’éprouvettes soumises à des essais de fluage à différents
âges. Cela permettra d’analyser le comportement du modèle sous différentes configurations à différentes
valeurs de 𝑡0 .
Enfin le modèle de fluage sera intégré dans la simulation du béton de revêtement du cas de référence en
béton coffré. Ce cas de référence a toutefois vu sa géométrie modifiée pour devenir circulaire en raison
d’incompatibilités avec la méthode de régularisation du second gradient (Bug de Code_Aster). Ainsi
nous analyserons les résultats du modèle RGI dans le cas de référence en condition saturé et de séchage.
_______________________________________________________________________________________
Paramètres élastiques
E 6,0 GPa ρ 2312 kg/m3
ν 0,18 α 1,00E+06 /°
Paramètres de seuils
σc 13,1 MPa M0 0,11
a2 0,58 M1 7,35
qi 1,00E+08 Pa
Courbe σ vs ε
ξ1 1,00E-02 v1 1,50
ξ2 1,80E-02 v2 1,50
Paramètres viscoplastiques
A 1,00E-12 ξ5 1,60E-02
n 1,50 Pa 1,00E+06 Pa
Paramètres dilatance
ρ1 1,00 ρ2 1,39E-01
ρ4 1,107
Tableau 28 : Paramètres du modèle LKR
Les paramètres du modèle LKR sont extraits de Raude (2015) et ont été déterminés à partir des mêmes
essais que le jeu de paramètres utilisés pour le modèle L&K du Chapitre III. Bien que les jeux de
paramètres soient différents, nous pouvons noter par exemple une différence au niveau de la résistance
en compression simple et du module, le comportement des deux modèles reste relativement similaire. Il
est difficile de comparer les paramètres des deux modèles car les équations régissant le comportement
peuvent dans certains cas être légèrement différentes. Il est à noter que le nombre de paramètres est plus
restreint, car le choix a été fait de fixer certains paramètres du modèle qui étaient précédemment
paramétrable dans le modèle L&K mais en pratique très peu modifiés, et certains des paramètres sont
désormais calculés proportionnellement à d’autres. Nous pouvons ainsi noter que le nombre de
paramètres de seuil est ici de 5 contre 21 dans le modèle L&K.
_______________________________________________________________________________________
40 40
2MPa 2MPa
35 6 Mpa 35 6 Mpa
30 12 Mpa 30 12 Mpa
Déviateur [MPa]
Déviateur [MPa]
25 25
20 20
15 15
10 10
5 5
0 0
0 10 20 30 40 50 0 10 20 30 40 50
a 𝜀yy [mdef] b 𝜀yy [mdef]
Figure VI.1 : Essais triaxiaux d’argilite à différents confinement avec le modèle LKR sous Code_Aster (a) et avec le
modèle L&K sous FLAC2D (b)
Les essais triaxiaux montrent une différence de résistance de pic à 12 MPa, le modèle L&K (Figure
VI.1.b) présente une résistance de pic de l’ordre de 34,5 MPa contre 36,5 MPa pour le modèle LKR
(Figure VI.1.a). Les résistances de pic à 6 MPa sont similaires pour les deux modèles alors que la
résistance à 2 MPa est plus élevée pour le modèle L&K (22 MPa) que pour le modèle LKR (19 MPa).
Les déformations de pic sont également différentes et globalement plus importantes de l’ordre de 50%
pour le modèle L&K, et ce pour toutes les valeurs confinement. La forme des courbes est relativement
différente, les courbes du modèle L&K sont beaucoup plus « anguleuses » et la dérivée ne semble pas
continue étant donné qu’il existe des ruptures de pente, nous pouvons ainsi constater les améliorations
apportées par la formulation du modèle LKR, qui présente des courbes beaucoup plus lissées et plus
proches de ce qui peut être observé sur des essais de laboratoire. La valeur de résistance résiduelle vers
laquelle semble tendre les courbes, sont relativement similaires, ainsi que la forme globale des courbes
en comportement post-pic. De plus la plasticité semble intervenir plus tardivement, en effet les courbes
semblent diverger à un niveau de contrainte plus élevé (de l’ordre de 10 MPa) là où celles du modèle
LKR se sépare à une contrainte de 2 MPa. Cette différence est principalement due au choix qui a été fait
lors du calage des paramètres du modèle et dans le dernier cas, il s’agit des paramètres régissant le seuil
élastique qui a été déterminé plus bas.
Bien que ces différences restent importantes (inférieures à 10% pour les valeurs de pic et 50% pour les
déformations), elles restent tout de même inférieures à l’intervalle d’incertitude des essais de
laboratoires. En effet, la disparité des résultats des essais triaxiaux sur l’argilite de Bure (essais présentés
au Chapitre III), montrait une disparité des valeurs de pic de l’ordre de +/- 10% par rapport à la valeur
moyenne.
La Figure VI.2 montre les évolutions des courbes de déformations volumiques des deux modèles au
cours des même essais triaxiaux et pour les différentes valeurs de confinement considérées.
_______________________________________________________________________________________
10 10
2MPa 2MPa
8 6 Mpa 8 6 Mpa
12 Mpa 12 Mpa
6 6
4 4
𝜀vol [mdef]
𝜀vol [mdef]
2 2
0 0
0 10 20 30 40 0 10 20 30 40
-2 -2
-4 -4
a b
-6 -6
𝜀yy [mdef] 𝜀yy [mdef]
Figure VI.2 : Evolution de la déformation volumique au cours d’essais triaxiaux d’argilite à différents confinement
avec le modèle LKR sous Code_Aster (a) et avec le modèle L&K sous FLAC2D (b)
La déformation volumique est beaucoup plus importante pour le modèle LKR (Figure VI.2.a) pour une
même déformation axiale, comparé au modèle L&K (Figure IV.2.b). Le jeu de paramètre du modèle
LKR semble donc plus dilatant, même si l’amplitude maximale des déformations volumiques en
compression (pour des valeurs de déformation volumique négatives) est relativement similaire entre les
deux modèles. Ces résultats sont toutefois à modérer car il est en pratique très difficile d’obtenir des
courbes d’évolution de dilatance du matériau, au-delà d’une certaine valeur. Dans le cas de l’argilite et
pour les essais à notre disposition dans le Chapitre III, les mesures de déformation volumique ne
permettaient pas de visualiser la phase de dilatance. En effet les courbes au-delà de déformations axiales
supérieures à 15 voire 10 mdef, pour des essais à 12 MPa de confinement, n’étaient pas exploitables et
l’incertitude sur la mesure était trop grande. Or dans cette gamme de déformations, l’amplitude des
déformations volumiques reste relativement similaires entre les deux modèles, bien qu’elle soit un peu
supérieur pour le modèle LKR ce qui se rapproche plus de ce qui a pu être observé sur les essais du
Chapitre III.
Essai labo 90% L&K 90%
90% 75% 50% Essai labo 75% L&K 75%
Essai labo 50% L&K 50%
1,2 1,2
1 1
0,8 0,8
ε1 [%]
ε1 [%]
0,6 0,6
0,4 0,4
0,2 0,2
0 0
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80
a Temps [j] b Temps [j]
Figure VI.3 : Essai de fluage sur l’argilite de Bure à différentes valeurs de 𝒒/𝒒𝒑𝒊𝒄 à 12 MPa de confinement avec le
modèle LKR sous Code_Aster (a) et avec le modèle L&K sous FLAC2D (b)
Le comportement en fluage des deux modèles est assez différent : en effet l’amplitude de variation des
déformations est beaucoup plus grande dans le cas du modèle L&K (Figure VI.3.b) par rapport au
modèle LKR (Figure VI.3.b) dans la gamme de contrainte considérée. Ainsi les déformations de fluage
seront plus importantes aux forts déviateurs à 12 MPa de confinement (on observe même une rupture
du matériau dans le cas de L&K) et moins importantes pour de plus faibles déviateurs. En revanche à
_______________________________________________________________________________________
𝑞/𝑞𝑝𝑖𝑐 = 75% les déformations de fluage sont du même ordre de grandeur, bien qu’un peu plus
importantes pour le modèle L&K. Les choix qui ont été faits lors de la détermination des paramètres du
modèle à partir des essais de laboratoire semblent donc très différents. Dans le cas du modèle LKR, il
semblerait que les choix se soient portés d’avantage sur le respect de l’amplitude, alors que dans le cas
du modèle L&K (Chapitre III section 3.3.2) nous avons fait le choix de respecter les vitesses de
déformation à la fin des essais. De manière générale il est très difficile avec des modèles viscoplastiques
d’arriver à traduire correctement le comportement du matériau sur tous les essais. Même si le nombre
de paramètres des deux modèles est relativement important, les deux modèles se basent sur des principes
physiques qui font qu’il n’est pas possible de modifier les paramètres afin de coller parfaitement aux
essais sur éprouvettes. Des choix doivent donc être fait, qui peuvent différer en fonction de l’opérateur
qui réalise la détermination des paramètres des modèles. Il est important de garder cela à l’esprit et cela
peut générer des différences importantes sur les résultats. De plus, la durée des essais étant très inférieure
aux temps considérés lors des calculs, les différences entre les deux modèles peuvent s’accentuer
d’avantage.
Ainsi il semblerait que les vitesses soient surestimées à la fin de l’essai avec le modèle LKR, avec une
courbure générale des déformations moins importante. Cela entrainera certainement une surestimation
des déformations de fluage, ou en tous cas une déformation de fluage plus importante.
8 8
75%
a b
7 50% 7
6 6
5 5
𝜀1[mdef]
𝜀1[mdef]
4 4
90%
3 3 75%
2 2 50%
1 1
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Temps [j] Temps [j]
Figure VI.4 : Essai de fluage sur l’argilite de Bure à différentes valeurs de 𝒒/𝒒𝒑𝒊𝒄 à 6 MPa de confinement avec le
modèle LKR sous Code_Aster (a) et avec le modèle L&K sous FLAC2D (b)
Pour des valeurs de confinement moins importantes (Figure VI.4), l’écart des déformations de fluage
entre les deux modèles et leurs jeux de paramètres respectifs, est moins important. A cette valeur de
confinement nous ne pouvons comparer les résultats avec des essais de laboratoires car nous ne
disposons pas de données expérimentales satisfaisantes. Ainsi le modèle LKR (Figure VI.4a) ne
comporte pas de courbe de fluage à 𝑞/𝑞𝑝𝑖𝑐 = 90% car le matériau rompt avant la fin du chargement.
Les déformations de fluage sont plus importantes dans le cas du modèle L&K (environ 0,7%) par rapport
au modèle LKR (environ 0,45%). A un taux de chargement plus faible, c’est l’inverse et les déformations
de fluage sont deux fois moins importantes dans le cas du modèle L&K (Figure VI.4b). Concernant les
pentes, elles sont relativement similaires pour 75% de déformation bien que la courbure soit plus
importante, ce qui indique qu’au-delà, les déformations du modèle LKR seront certainement plus
importantes. La pente est en revanche beaucoup plus importante pour le modèle LKR à 50% de
chargement.
Au vu des essais il semblerait que le jeu de paramètre choisi pour le modèle LKR présente une résistance
légèrement plus importante aux forts confinement et inversement aux faibles confinements par rapport
au jeu de paramètre du modèle L&K. Les déformations volumiques sont également plus importantes.
Concernant le comportement à long terme, il semblerait que le jeu de paramètres du modèle LKR
entraine des déformations de fluage plus importantes. Tous cela indique que les contraintes sur ouvrages
_______________________________________________________________________________________
avec le modèle LKR et son jeu de paramètre seront sûrement plus importantes que pour le modèle L&K
et son jeu de paramètres déterminé au Chapitre III.
Figure VI.5 : Maillage du cas de référence à section en fer à cheval sous Code_Aster
Le maillage présente une zone raffinée afin de favoriser la convergence numérique autour de la galerie.
Le matériau étant fortement dégradé proche de la paroi, un maillage fin est nécessaire. De par sa méthode
de résolution (éléments finis), Code_Aster est beaucoup plus sensible aux problèmes de convergence
que FLAC2D. De plus ce maillage étant particulièrement fin, il est nécessaire d’utiliser une méthode de
régularisation de second gradient (Fernandes 2008) afin d’éviter tout problème de localisation des
déformations, tout particulièrement avec une géométrie en fer à cheval. Par ailleurs cette géométrie a
été légèrement modifiée afin d’arrondir les coins, pour éviter les discontinuités géométriques trop fortes
pouvant également poser des problèmes de localisation. Le reste de la géométrie reste cependant
inchangé, tout comme l’épaisseur de revêtement.
Les paramètres du modèle LKR utilisé pour modéliser le terrain sont présentés dans le Tableau 28. Les
paramètres du modèle élastique du béton ainsi que les conditions de modélisation sont présentés à la
section 2.2.1 du Chapitre V.
_______________________________________________________________________________________
18 200
LKR Code_Aster
16
14
12
10
20
8
6
4
LKR Code_Aster
2
L&K FLAC
0 2
0 200 400 600 800 1000 10 100 1000
a Temps [j]
b Temps [j]
Figure VI.6 : Evolution de la contrainte dans le revêtement de la section en fer à cheval en voûte avec les modèles
L&K et LKR (a) et évolution des vitesses de chargement correspondantes (b)
La Figure VI.6 présente les résultats de la contrainte au niveau de la voûte et montre une contrainte plus
importante (de l’ordre de 17MPa) dans le cas de la modélisation sous Code_Aster avec le modèle LKR
que pour le cas du modèle L&K sous FLAC2D (environ 15 MPa). Les vitesses au bout de 900 jours sont
en revanche moins importantes dans le cas du modèle LKR, même si la pente à l’origine est plus forte,
cela indique un amortissement plus rapide de la contrainte. Cela est visible sur les courbes de vitesse où
la vitesse de déformation de la modélisation avec le modèle LKR est plus importante au départ, puis les
deux courbes s’inversent vers 200 jours. Les deux courbes semblent présenter une asymptote à une
courbe linéaire. En revanche les valeurs de pente dans le plan 𝑙𝑜𝑔(𝜎̇ )/𝑙𝑜𝑔(𝑡) sont très différentes, la
valeur pour le cas du modèle LKR est de -2,30 sur les 500 derniers jours alors qu’elle était de 1,26 dans
le cas du modèle L&K. Le rapport entre les deux est donc pratiquement de 2 sur la valeur de pente ce
qui indique un amortissement très important dans le cas du modèle LKR et plus élevé que les
observations sur ouvrages qui indiquaient une pente autour de 1 (Chapitre III). Ainsi le jeu de paramètres
utilisé pour ce modèle aura tendance à sous-estimer les contraintes dans la configuration considérée au-
delà du temps de calcul (900j) car la vitesse de contrainte diminue trop rapidement. Cela peut être dû à
la dilatation du matériau plus importante qui charge le revêtement plus rapidement, ainsi qu’aux
paramètres de viscosité différents.
Les déformations sont quant à elles relativement similaires après la pose du revêtement, on observe un
déplacement en voûte de 1,89 mm, proche des 1.83 mm pour le cas de L&K. Cela est logique étant
donné que le revêtement a un comportement purement élastique, le déplacement est donc directement
lié à la contrainte dans le revêtement pour des modélisations aux caractéristiques similaires.
_______________________________________________________________________________________
Ce maillage est également affiné par rapport au cas de référence sur FLAC, pour les mêmes raisons que
le cas précédent de la galerie en fer à cheval, à savoir garantir une meilleure convergence numérique.
Dans ce cas la méthode du second gradient n’est pas nécessaire, la convergence s’effectue correctement
sans soucis de localisation car la section est parfaitement circulaire. Cela n’engendre pas de bandes de
cisaillement trop prononcées qui localiseraient la déformation.
50 1000
Code_Aster LKR
45 FLAC L&K
Log vitesse de chargement [kPa/j]
40
Contrainte normale [MPa]
100
35
30
25
10
20
15
10 1
Code_Aster LKR
5 10 100 1000
FLAC L&K
0
0 1 2 3 0,1
Temps [années] Log(temps) [j]
Figure VI.8 : Evolution de la contrainte de revêtement dans le cas de la section circulaire pour les modèles de
comportement L&K et LKR (a) et évolution des vitesses de chargement respectives (b)
Dans le cas de la section circulaire, les différences de comportement entre les deux modèles sont
flagrantes. Tout d’abord du point de vue de la contrainte, celle-ci atteint 43 MPa au-delà de la limite
d’élasticité caractéristique du béton considéré (béton de 𝑓𝑐𝑘 = 40𝑀𝑃𝑎). C’est pratiquement 50% de
plus que pour le cas de référence réalisé sous FLAC2D. Concernant les vitesses de contrainte dans le plan
𝑙𝑜𝑔(𝜎̇ )/𝑙𝑜𝑔(𝑡), les résultats montrent également un amortissement beaucoup plus rapide de la
contrainte de revêtement dans le cas de LKR. La pente de la partie linéaire est bien plus importante que
pour le cas avec L&K. On observe une pente de -2,57 sur les 500 derniers jours ce qui est, comme pour
le cas de la section en fer à cheval, presque deux fois plus important que pour le modèle sous FLAC.
Ainsi, pour les deux cas de référence, les paramètres du modèle LKR traduisent un comportement
relativement différent du modèle L&K. Même si les modèles possèdent une formulation très proche
mais tout de même avec quelques différences, les principaux écarts ne peuvent se justifier uniquement
avec cette différence de formulation. Ils proviennent essentiellement des choix qui ont été faits lors de
la détermination des paramètres du modèle car les deux jeux de paramètres ont été déterminés à partir
des mêmes essais de laboratoire. Cela prouve qu’une des sources d’écart significatif entre les
modélisations et les contraintes mesurées sur ouvrages peut être l’évaluation des paramètres du modèle.
_______________________________________________________________________________________
Le modèle RGI, comme son prédécesseur et les modèles de fluage de béton en général, est basé sur un
modèle rhéologique qui combine une chaine de Kelvin-Voigt pour les déformations viscoélastiques, en
série avec une chaine de Maxwell afin de prendre en compte les effets différés irréversibles (Figure
VI.9). Les déformations différées induites par le retrait de dessiccation ou les réactions de gonflement
sont représentés par des amortisseurs en parallèle de la chaine principale. De plus des critères de Rankine
et Druker-Prager permettent de prendre en compte l’endommagement et la plasticité dans le matériau.
_______________________________________________________________________________________
L’avantage du modèle RGI ou autrement appelé kit RGI, est justement de pouvoir prendre en compte
ou non les différents phénomènes qui sont implémentés dans Code_Aster sous forme de modules à
activer à sa guise. Dans notre étude, nous ne considèrerons que le premier module
FLUA_PORO_BETON qui permet de prendre en compte le fluage du béton sans endommagement ou
réaction de gonflement interne.
Cette pression capillaire 𝑃𝑤 est ensuite multipliée par le coefficient de Biot 𝑏𝑤 afin de calculer la
pression intra-poreuse dans le modèle RGI.
Les paramètres du modèle de Van Genuchten ont été extraits de Sellier (2018) et sont 𝑀𝑠ℎ = 40𝑀𝑃𝑎,
𝑚𝑣𝑔 = 0,5 et le coefficient de Biot 𝑏𝑤 = 0,25.
L’évolution du degré de saturation est déterminée à partir d’un modèle de diffusion hydrique non
linéaire. La non linéarité de la diffusion est induite par la dépendance du coefficient de diffusion 𝐷 à la
teneur en eau 𝐶. L’équation régissant la diffusion de manière classique est donnée par :
𝜕𝐶
− 𝑑𝑖𝑣[𝐷(𝐶, 𝑇)𝑔𝑟𝑎𝑑(𝐶)] = 0
𝜕𝑡
Où 𝑇 représente la température, que nous considérerons constante, et 𝐷 le coefficient de diffusion qui
dépend de la teneur en eau 𝐶. Dans un milieu non saturé, il est aisé de comprendre que le coefficient de
diffusion dépend de la teneur en eau. En effet, la porosité du matériau diminue à mesure que la teneur
en eau augmente, car l’eau va venir boucher les pores du matériau.
L’évolution du coefficient de diffusion avec la teneur en eau peut être prise en compte de plusieurs
manières. En effet certains auteurs comme Mensi (1988) ont développé des modèles d’évolution de
𝐷(𝐶) et Granger (1995) propose un modèle de diffusion basé sur le modèle de Mensi en ajoutant la
contribution de la température. Dans notre cas nous considèrerons un état isotherme, donc le modèle de
Mensi et de Granger seront strictement identiques à la température de référence. Ces modèles de par
leur formulation en exponentiel de 𝐶 présentent une instabilité numérique importante pour des gradients
de teneur en eau moyens. En effet ils créent une légère oscillation qui peut, par endroits, donner un degré
de saturation supérieur à 1 ce qui est problématique car cela bloque complètement la diffusion et ce,
même en affinant le maillage de manière importante. Il faut alors attendre que ces oscillations se
dissipent pour voir apparaitre un véritable phénomène de diffusion. Sur des échelles de temps de
plusieurs dizaines ou centaines d’années, cela n’aurait pas trop d’importance, mais dans nos échelles de
temps considérées (3 ans), le phénomène de diffusion est retardée de plusieurs dizaines voire une
centaine de jours.
Ainsi nous considèrerons un autre modèle de diffusion largement utilisé qui est le modèle de Bazant
(1972). Dans ce modèle, l’évolution du degré de saturation est donnée par la formule suivante :
_______________________________________________________________________________________
1−𝛼
𝐷(ℎ) = 𝐷1 (𝛼 + 𝑛)
1 − ℎ(𝐶)
1+( )
1 − 0,75
Où 𝛼 et 𝑛 sont des paramètres du modèle et ℎ(𝐶) représente le degré d’humidité qui peut être relié à la
teneur en eau 𝐶 au travers d’une courbe de sorption/désorption.
Gawin (2001) propose des courbes de désorption pour différentes valeurs de températures mais pour des
bétons présentant un rapport E/C (𝑚𝑒𝑎𝑢 /𝑚𝑐𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡 ) de 0,7 or les bétons classiques sont plutôt aux
alentours de 0,3 ou 0,4. Arfvidsson et al. (2007) en se basant sur les travaux de Nilsson (1980) présentent
sur la Figure VI.10 des courbes de désorption pour des bétons de différentes valeurs de E/C (ou W/C en
anglais).
Figure VI.10 : Courbe de désorption isotherme d’une pâte de ciment mature à différents rapports E/C (Extrait de
Arfvidsson et al. 2007)
La courbe utilisée par la suite sera la courbe à E/C = 0,4. La courbe sera ensuite modifiée afin de tracer
𝑆𝑟 (𝑅𝐻) en considérant un degré de saturation de 1 pour 𝑤𝑒∞ /𝐶 maximum sur la courbe considérée.
Cette courbe servira à faire le lien entre le degré de saturation utilisé dans le modèle RGI et le modèle
de diffusion qui fait évoluer l’humidité relative à travers le modèle de Bazant dans Code_Aster. Elle
permettra également de déterminer la condition limite à appliquer pour une humidité relative ambiante
donnée.
Granger (1995) préconise des valeurs de paramètres pour un béton classique avec 𝐷1 = 3.10−10 𝑚2 /𝑠
et 𝑛 = 6. Il donne également un intervalle pour la valeur de 𝛼 compris entre [0,025 ; 0,1]. Nous
choisirons de prendre 𝛼 = 0,04 qui est une valeur intermédiaire.
compte une évolution de la réaction d’hydratation au travers d’une fonction. Nous avons ainsi déterminé
une fonction traduisant l’évolution de l’avancement de la réaction d’hydratation.
1
0,9
0,8
0,7
0,6
hyd(t)
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
1 10 100 1000 10000
Temps [h]
Figure VI.11 : Evolution de l’avancement de la réaction d’hydratation d’une pâte de ciment de rapport w/c =0,35 à
20°C (données extraites de Bentz 2006)
Les points gris présents sur la Figure VI.11 représentent les mesures de degré d’hydratation réalisés par
Bentz (2006) sur des échantillons de pâte de ciment scellés, pour empêcher toute dessiccation, et à
différents âges. A un temps donné, l’échantillon est prélevé et broyé, il est ensuite passé en étuve afin
de déterminer sa teneur en eau. A partir de la teneur en eau, le degré d’hydratation est déterminé avec
une précision de 0,004. La courbe bleu en pointillés représente une simulation numérique d’un modèle
numérique poro-chimico-hydrique traduisant l’évolution de la réaction d’hydratation du ciment au cours
du temps. Cette courbe nous donne ainsi un aperçu plus global de la forme d’évolution de la courbe
d’hydratation.
Nous avons ainsi cherché à déterminer une fonction simple permettant de traduire cette évolution afin
de l’implanter dans le modèle RGI de Code_Aster. Nous faisons ainsi une hypothèse qui est que la
réaction d’hydratation du ciment évolue de la même manière pour une pâte de ciment et un béton. Il est
ainsi possible de douter de cette hypothèse car le fait d’intégrer des éléments inertes dans la pâte de
ciment peut modifier les échanges au sein de l’eau libre présente dans la porosité de la pâte de ciment,
ainsi que la porosité elle-même. En réalité le volume élémentaire représentatif des échanges ioniques
dans l’eau libre de la pâte de ciment est inférieur à la porosité des granulats, ainsi cette réaction est très
peu perturbée par l’ajout des granulats. Ainsi nous sommes partis d’une fonction 𝑎𝑟𝑐𝑡𝑎𝑛(𝑡) permettant
de traduire la forme globale de la courbe dans le plan log, puis nous l’avons paramétré afin de modifier
sa forme globale ce qui donne l’expression suivante :
1 𝑎ℎ𝑦𝑑 . 𝑡 𝑛ℎ𝑦𝑑 − 1 1
𝑓ℎ𝑦𝑑 (𝑡) = +
2 𝑎ℎ𝑦𝑑 . 𝑡 𝑛ℎ𝑦𝑑 + 1 2
Ainsi les paramètres 𝑎ℎ𝑦𝑑 et 𝑛ℎ𝑦𝑑 régissent la forme de la fonction de réaction d’hydratation, leurs
valeurs respectives sont 9,59.10-4 et 0,56 pour 𝑡 exprimé en secondes.
La courbe en rouge sur la Figure VI.11 représente l’évolution temporelle de la fonction et a été
déterminée de manière à minimiser l’erreur par rapport aux données expérimentales. A court terme le
comportement de la courbe est différent mais cette période est relativement réduite et le béton n’est à ce
moment-là pas encore décoffré. En revanche les données expérimentales semblent tendre vers une
valeur de 0,9 et non pas 1. Or les paramètres du modèles RGI ont été déterminés pour une réaction
d’hydratation supposée complète, c’est pourquoi la courbe a été rehaussée afin de tendre vers une valeur
de 1.
_______________________________________________________________________________________
Paramètres élastiques
𝑬 37,62 GPa 𝝆 2312 kg/m3
𝝂 0,2 𝝓 0,168
Paramètres mécaniques
𝑹𝒄 40,0 MPa 𝑹𝒕 3,0 MPa
𝜹 0,75 𝑫𝑻𝟖𝟎 0,15
𝑻𝒕𝒉𝒓 45°C 𝒕𝒉
𝜻 0,2
Paramètres de fluage
𝑻𝒓𝒆𝒇 20°C 𝑿𝑴 2
𝝉𝑲
𝒓𝒆𝒇 10 j 𝝍 𝑲
4
𝝉𝑲
𝒓𝒆𝒇 10 j 𝜺𝑴
𝒓𝒆𝒇 6,4.10-5
𝑬𝒂𝒑 45 kJ/mol.K 𝑫𝑪𝒎𝒂𝒙 0
Paramètres de Van-Genuchten
𝑴𝒔𝒉 40 MPa 𝒎𝒗𝒏𝒈 0,5
𝒃𝒘 0,25 𝝈𝒅𝒄 14 MPa
Tableau 29 : Paramètres du modèle RGI
Les paramètres du tableau présentés avec des valeurs en bleu sont ceux dont les valeurs sont
recommandés par la documentation du modèle et donc à priori fixés. Les paramètres mécaniques et de
fluage sont extraits de Morenon (2017) pour un béton courant de type C40 et les paramètres de Van-
Genuchten sont eux extraits de Sellier (2018).
_______________________________________________________________________________________
160
Teneur en eau [L/m3]
150
140
130
t0 = 0j t0 = 1j
120 t0 = 4j t0 = 10j
t0 = 40j t0 = 90j
t0 = 190j
110
0 0,02 0,04 0,06 0,08
Distance à l'axe de l'éprouvette [m]
Figure VI.12 : Evolution de la teneur en eau au cours du temps pour une éprouvette soumise à HR = 60%
Les résultats montrent que le front de diffusion hydrique met plus de 10 jours à atteindre le cœur de
l’éprouvette. La cinétique du phénomène est très rapide au début puis ralenti au fur et à mesure que la
teneur en eau au cœur de l’éprouvette diminue. De plus, même après 190 jours le phénomène de
diffusion continue de se produire car l’équilibre hydrique n’a pas été atteint.
La dernière étape consiste à appliquer un chargement mécanique à différents âges 𝑡0 du béton. Nous
modéliserons donc une « phase dormante » sans appliquer de chargement mécanique mais avec une
diffusion hydrique et une évolution du taux d’avancement de la réaction d’hydratation. Le chargement
mécanique sera ensuite appliqué à partir de 𝑡 = 𝑡0 de manière progressive pendant une heure jusqu’à
atteindre 10 MPa. Les essais seront menés sur une période de 90 jours après le chargement initial.
_______________________________________________________________________________________
-2E-04
-4E-04
-5E-04
-3E-04
-6E-04
a b
-7E-04 -4E-04
Temps [j] Temps [j]
Figure VI.13 : Evolution de la déformation totale au cours d’un essai de fluage saturé à différents temps de
chargement (a) et déformation de fluage correspondante (b)
La première série d’essais (Figure VI.13) est réalisé sur des éprouvettes saturées en eau. Dans ce cas, la
teneur en eau est affectée de manière uniforme et constante sur toute l’éprouvette pendant toute la durée
de l’essai. Les déformations engendrées par le fluage propre sont du même ordre de grandeur que les
déformations élastiques (Figure VI.13a) pour des valeurs de 𝑡0 = 1𝑗 et 10𝑗. Par ailleurs, pour ces
mêmes valeurs de 𝑡0 les déformations de fluage sont pratiquement identiques (Figure VI.13b). Cela est
dû au fait que l’avancement de la réaction est fixé à 0.76 avant 21 jours puis suit l’évolution de la
fonction d’hydratation. Ainsi la différence entre ces deux courbes se fait uniquement sur le décalage de
jours sur la courbe d’hydratation, ce qui est faible à 21 jours. Pour le cas où 𝑡0 = 100𝑗 les déformations
sont moins importantes. Les déformations élastiques sont moins importantes, ce qui est logique car le
module augmente avec l’avancement de la réaction d’hydratation. Les déformations de fluage sont
également moins importantes, elles diminuent donc avec des valeurs de 𝑡0 croissantes.
Temps [j] Temps [j]
a b 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
0 50 100 150 200
0E+00 0E+00
Sat 1j
Sat 10j
Sat 100j -1E-04
-2E-04
-2E-04
εyy [def]
-4E-04 -3E-04
-6E-04 -4E-04
-5E-04
-8E-04 Sat 1j
-6E-04 Sat 10j
Sat 100j
-1E-03 -7E-04
Figure VI.14 : Evolution de la déformation totale au cours d’un essai de fluage à 𝑯𝑹 = 𝟔𝟎% à différents temps de
chargement (a) et déformation de fluage correspondante (b)
Dans cette seconde série d’essais, l’humidité relative ambiante a été fixée à 60%. L’évolution de la
teneur en eau dans le matériau est présentée sur la Figure VI.12. Nous pouvons constater que
l’éprouvette subie des déformations avant même son chargement (Figure VI.14a). Ces déformations
sont induites par le retrait de dessiccation qui applique une déformation volumique sous l’effet du
séchage de l’éprouvette, c’est pourquoi les courbes suivent toutes la même évolution avant leurs 𝑡0
_______________________________________________________________________________________
respectifs. Les déformations de fluage sont plus importantes pour un matériau chargé plus tôt et les
déformations de fluage sont globalement plus importantes que pour le cas saturé. La hiérarchie des
courbes peut sembler étrange entre les courbes à 1 jour et 10 jours car ces dernières présentent une
évolution de taux d’hydratation similaires mais le matériau à 1 jour est plus saturé. Or les déformations
pour le cas saturé son plus faibles. Il ne faut cependant pas oublier que les déformations de fluage
considérées incluent les déformations de retrait de dessiccation. Ainsi les déformations de fluage
observées sont en réalité la somme des déformations de fluage et de retrait de dessiccation. Les
déformations en prenant en compte l’évolution de l’humidité relative sont environ deux fois plus
importantes que dans le cas saturé.
Temps [j]
a 0 20 40 60 80 100
b
0E+00
HR 40%
HR 60%
-2E-04 HR 80%
εyy [def]
-4E-04
-6E-04
-8E-04
-1E-03
Figure VI.15 : Evolution de la déformation totale au cours d’un essai de fluage à un chargement à l’âge de 𝒕𝟎 = 𝟏𝟎𝒋
soumise à différentes humidités relatives (a) et déformations de fluage à 𝒕𝟎 = 𝟏𝒋 (b)
Dans la dernière série de simulations (Figure VI.15) nous avons cherché à déterminer l’influence de
l’humidité relative ambiante sur l’amplitude des déformations de fluage. Les déformations sont plus
importantes à mesure que l’humidité relative diminue. Or si les différences observées entre une
ambiance à 60 ou à 80% (de l’ordre de 10% de la valeur) sont importantes, on notera une différence très
faible entre 40 et 60%. En étudiant l’évolution de la teneur en eau pour ces deux cas, on s’aperçoit
qu’elles sont très proches sur les 100 premiers jours qui correspondent à la période d’étude considérée.
Ces différences seront certainement plus marquées sur une période plus longue et il ne faut pas juger de
l’effet de l’humidité relative sur une période de temps aussi courte.
_______________________________________________________________________________________
170
160
Teneur en eau [L/m3]
150
140
130
120 t = 1j t = 10j
t = 1 mois t = 3 mois
110 t = 1 an t = 3 ans
0 0,1 0,2 0,3 0,4
Distance au bord externe [m]
Figure VI.16 : Courbes de teneur en eau suivant l’épaisseur du revêtement à différents instants pour 𝑯𝑹 = 𝟔𝟎%.
L’épaisseur du revêtement étant relativement importante, le front de séchage dans le béton met plus d’un
an à atteindre l’extrados du revêtement (Figure VI.16). Il atteint cependant la moitié de l’épaisseur du
revêtement en 3 mois et au bout de 3ans la teneur en eau à l’extrados a diminué de l’ordre de 3 L/m3 ce
qui représente à peine 2% de la teneur en eau initiale. Ainsi on observe un gradient de teneur en eau
relativement important tout au long de la durée du calcul.
_______________________________________________________________________________________
0
-2 0 200 400 600 800 1000
Figure VI.17 : Evolution de la contrainte dans le revêtement de la galerie en béton coffré à section circulaire
L’évolution de la contrainte dans le revêtement de la galerie circulaire en béton coffré (Figure VI.17)
est similaire à l’évolution de la section en fer à cheval (Figure VI.6). Dans les deux cas la contrainte est
maximale à l’intrados du revêtement avec une valeur d’environ 17 MPa. Ce résultat servira de base de
comparaison aux simulations suivantes.
0
-2 0 200 400 600 800 1000
Contrainte orthoradiale [MPa]
Intrados sat
-4
Extrados sat
-6 Intrados ref
Extrados ref
-8
-10
-12
-14
-16
-18
-20
Temps [j]
Figure VI.18 : Evolution de la contrainte ortho-radiale dans le revêtement de la galerie circulaire avec fluage du béton
en saturé (en bleu) et pour le cas de référence (en rouge)
Les résultats de la Figure VI.18 montrent ainsi une réduction de la contrainte de l’ordre de 21% à
l’intrados et à l’extrados du revêtement. En comparant ces résultats avec ceux du Chapitre V avec la
prise en compte du fluage dans FLAC, cela correspondrait à une diminution de contrainte avec un 𝑡0 au
sens de l’Eurocode 2 compris entre 1 et 10 jours. Cela est en revanche un peu faible si on le compare
aux données expérimentales relevées sur le tunnel de Chamoise et GRD4 qui tendaient à montrer une
diminution de la contrainte jusqu’à 50% dans le cas de Chamoise.
Nous avons ensuite réalisé un calcul en prenant en compte l’évolution de la teneur en eau au sein du
béton de revêtement. L’évolution de la teneur en eau dans l’épaisseur du revêtement est présentée sur la
Figure VI.16.
_______________________________________________________________________________________
Extrados HR 60%
0 Intrados ref
-4
0 200 400 600 800 Extrados ref
-2
-6
-4
-8
-6
-10
-8
-12
-10
-14
-12
-16
-14
-18
Temps [j] Temps [j]
Figure VI.19 : Evaluation de la contrainte ortho-radiale dans le revêtement à différents points de la section (a) et
courbes extraites à l’intrados, à 5 cm du bord interne et à l’extrados du revêtement.
Les courbes de contrainte dans le revêtement présentent des disparités importantes (Figure VI.19a) en
comparaison des cas précédents. Ces disparités sont induites par le champ de teneur en eau qui n’est pas
constant sur toute la surface et présente un gradient relativement important. Cela entraine un gradient
de déformations et des vitesses de fluage différentes. Nous pouvons constater un effet de bord du modèle
au niveau de la teneur en eau qui évolue de manière très rapide proche du bord de la paroi. Cela entraine
une déformation importante à l’intrados qui conduit à des contraintes de traction induisant
potentiellement de la fissuration. Cependant cet effet de bord est rapidement estompé et à 5 cm de
l’intrados aucune contrainte de traction n’apparait (Figure VI.19b).
Ces déformations au moment de la pose entrainent une inversion des contraintes par rapport au cas de
référence. En effet la contrainte ortho-radiale la plus élevée devient la contrainte à l’extrados alors que
c’était celle à l’intrados dans le cas de référence. De plus la contrainte sur le bord interne de la galerie
est diminuée de plus de 50% par rapport au cas de référence, et de l’ordre de 30% pour le bord externe.
Nous pouvons également constater que la contrainte à l’extrados semble diminuer, car la vitesse de
fluage du béton est alors plus importante que celle du terrain.
Des oscillations apparaissent à partir de 700 jours, il s’agit d’artefacts numériques dû à une instabilité
numérique du modèle. En effet, pour faire passer ce calcul il a été nécessaire de réduire les critères de
convergence à certains endroits. Le calcul mêlant de nombreux phénomènes non linéaires à long terme
avec un gradient de contrainte assez important dans le revêtement entraine nécessairement des
problèmes de convergence ou d’instabilités.
Les temps de calculs qu’implique ce modèle sont relativement longs. Pour la phase de fluage avec le
revêtement, sans compter la phase de déconfinement et fluage libre, il faut compter environ 12 heures
de calcul. De plus en voyant ces instabilités il serait nécessaire d’affiner d’avantage les pas de temps
dans la dernière phase, ce qui allongerait d’autant plus les temps de calculs.
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7. Conclusion
Après avoir atteint les limites de ce qu’il était possible de réaliser sous FLAC 2D, il était nécessaire de
passer à un logiciel permettant d’utiliser des modèles de comportement plus complexes, ce qu’a permis
Code_Aster. Il a ainsi été nécessaire de changer de modèle de comportement du terrain en utilisant le
modèle LKR. Ce dernier présente quelques différences avec le modèle L&K utilisé dans FLAC, mais
c’est sur les choix qui ont été opérés lors de la détermination du jeu de paramètre que les différences
sont les plus marquées. En effet bien que les essais à partir desquels les paramètres des modèles ont été
déterminés soient les mêmes, les résultats sur éprouvettes et sur ouvrages montrent des différences
importantes notamment au niveau du comportement volumique et à long terme. Les contraintes sur
ouvrage sont globalement plus élevées et présentent un amortissement plus important. Le choix des
paramètres d’un modèle peut donc être la source d’écarts importants entre deux modélisations, et ces
écarts se répercutent nécessairement sur l’écart avec les contraintes mesurées.
Afin de caractériser de manière plus précise le fluage du béton, nous avons utilisé le modèle
FLUA_PORO_BETON, du kit RGI. Ce modèle permet de prendre en compte l’évolution de
l’avancement de la réaction d’hydratation, mais également le couplage hydrique, au travers d’un modèle
de diffusion de Bazant.
Les résultats sur éprouvette ont montré un effet important de la dessiccation permettant de multiplier
par deux les déformations de fluage par rapport à une éprouvette saturée, même si il faut noter que ces
déformations comprennent également un retrait de dessiccation et ne sont pas uniquement induites par
le fluage. L’effet du taux d’humidité relative est some toute marginal aux échelles de temps considérées
pour les calculs sur éprouvette (3 mois) mais pourrait dans certains cas avoir un effet plus significatif.
L’intégration du modèle a été réalisée sur une section circulaire avec les conditions de la section en
béton coffré. Les résultats ont montré une réduction d’environ 20 % de la contrainte par rapport au cas
de référence pour un béton saturé. Pour le cas du béton subissant un séchage, la contrainte a diminuée,
par endroits, de moitié par rapport au cas de référence. Cependant le fort gradient de teneur en eau
entraine des déformations non homogènes dans le revêtement. Cela a pour effet d’obtenir un gradient
de contrainte dans le revêtement et pose quelques problèmes de convergence du modèle. Les paramètres
utilisés pour le modèle FLUA_PORO_BETON sont ceux d’un béton « standard » en génie civil et ne
sont pas nécessairement représentatifs des caractéristiques d’un béton utilisé en travaux souterrains. De
plus les conditions ambiantes d’humidité relative utilisées (HR=60%) peuvent varier fortement entre
deux ouvrages suivant leurs fonctions respectives. Un tunnel routier sera par exemple beaucoup plus
humide que le centre de stockage de Bure par exemple.
Ainsi le fluage du béton ainsi que sa dessiccation semblent avoir un effet prépondérant sur la bonne
évaluation de la contrainte dans les revêtements. S’il est assez aisé de considérer un fluage pour un béton
saturé, il est en revanche plus compliqué d’intégrer des phénomènes de séchage dans les modèles, même
si ces derniers ont un effet non négligeable.
_______________________________________________________________________________________
L’estimation des contraintes dans les galeries de grande profondeur est un aspect essentiel pour le
dimensionnement de ces ouvrages. Ces tunnels ont la particularité de présenter des déformations
différées importantes, même plusieurs années après le creusement. L’équilibre de la contrainte résulte
des comportements couplés du terrain et du béton de revêtement. La plupart du temps, le terrain est
modélisé de manière très avancée avec des modèles complexes permettant de traduire au mieux le
comportement de la roche. Cependant, d’après les retours d’expériences en ingénierie, il arrive souvent
que la contrainte calculée soit très supérieure à la contrainte réellement mesurée sur ouvrage.
Dans cette thèse nous avons cherché à caractériser les phénomènes qui peuvent modifier l’évolution
de la contrainte dans les revêtements de tunnel afin de déterminer lesquels ont un effet prépondérant,
dans le but d’améliorer les modélisations et l’estimation de la contrainte dans les revêtements. Le cadre
de cette analyse a été fixé aux ouvrages à grande profondeur ou dans des terrains fluant. Nous nous
sommes limités aux revêtements dont la poussée du terrain est dimensionnante et représente l’essentiel
des sollicitations. Seuls les revêtements par voussoirs en béton préfabriqués ou en béton coffré ont été
considérés.
Ainsi nous avons retenu les phénomènes suivants : le comportement du terrain, l’évaluation de ses
paramètres associés et la prise en compte d’une zone endommagée autour de la galerie, le comportement
du béton et tous les phénomènes associés (retrait, fluage, plasticité). La démarche globale d’analyse de
ces différents phénomènes est basée sur un modèle simple semi-analytique de type convergence-
confinement (Chapitre IV), ce qui permet une analyse rapide ainsi que la possibilité de réaliser aisément
des analyses de sensibilité. De plus, cette approche permet d’intégrer bon nombre de phénomènes sans
utiliser de modèles très complexes. Lorsque l’intégration devenait trop complexe ou limitée par les
hypothèses de base de la méthode, il a été nécessaire de passer par des modélisations numériques
(Chapitre V). Nous avons ainsi utilisé le modèle L&K pour modéliser le comportement du terrain, afin
d’intégrer ou d’approfondir l’analyse de certains phénomènes. Enfin des modélisations plus avancées
(Chapitre VI) et l’utilisation de modèles plus complexes ont permis d’étudier plus précisément le
comportement du béton de revêtement.
Nous nous sommes intéressés à la manière dont la contrainte est évaluée sur ouvrage type et comment
cette dernière évolue, en nous référant autant que possible aux données des ouvrages du tunnel de
Chamoise et de la galerie GRD4 du laboratoire de Bure (Chapitre III).
L’étude bibliographique du Chapitre II a permis de montrer qu’il semblait se dégager une tendance sur
l’évolution des vitesses de contrainte dans un plan logarithmique. D’après les données des ouvrages de
_______________________________________________________________________________________
_______________________________________________________________________________________
du béton au début du chargement) pour le cas de la section en fer à cheval. Dans le cas de la section
circulaire, les voussoirs sont supposés préfabriqués et âgés de 6 mois au moment de la pause. Pour ce
cas de calcul, la dépendance à 𝑡0 ne se pose pas et on observe une réduction de la contrainte de l’ordre
de 25% par rapport au cas de référence. Nous avons également cherché à caractériser l’effet d’une zone
endommagée autour de la galerie. Ainsi l’endommagement du matériau a été pris en compte au travers
d’une baisse de son module élastique. Les résultats ont montré un effet relativement négligeable dans
le cas de la section en fer à cheval avec une légère augmentation de la zone dégradée, mais la diminution
du module seul ne semble pas permettre de traduire les phénomènes engendrés par la dégradation du
matériau. Enfin la plasticité du béton a été prise en compte au travers d’un modèle Strain-softening. Il
permet d’affecter des matériaux au comportement radoucissant. Nous avons ainsi défini deux
comportements distincts, un fragile et un ductile. Les résultats montrent un effet important et une
redistribution des contraintes dans les deux cas, bien qu’elle soit plus rapide et engendre plus de
dégradations dans le cas fragile. En revanche, cet effet n’est observable que pour des résistances
proches de la contrainte moyenne. Pour des résistances 30% supérieures à la contrainte moyenne les
effets sur la distribution des contraintes restent négligeables.
Enfin dans le dernier chapitre du mémoire (Chapitre VI) nous avons utilisé le code de calcul aux
éléments finis Code_Aster. Le choix de ce code de calcul a été justifié par le grand nombre de modèles
à disposition traduisant le comportement du béton. Cela a permis de caractériser de manière plus
précise les effets à long terme du béton et de s’affranchir du paramètre 𝑡0 qui n’est pas adapté à notre
type de chargement. Ainsi nous avons modélisé les deux cas de références sous Code_Aster en utilisant
un modèle de comportement LKR (Raude 2015), proche du modèle L&K dont il partage l’essentiel des
phénomènes physiques. Nous avons toutefois noté quelques différences avec les cas sous FLAC dues
essentiellement aux choix effectués lors de la détermination des paramètres des modèles. Ensuite nous
avons intégré le modèle FLUA_PORO_BETON du kit RGI (Morenon 2017) dans le béton de
revêtement. Ce modèle permet de prendre en compte une évolution de l’avancement de la réaction
d’hydratation ainsi qu’un couplage avec le champ de teneur en eau. Des simulations sur des éprouvettes
d’essais de fluage ont été effectuées à différents âges de chargement. Les résultats montrent que les
déformations de fluage sont doublées en tenant compte de l’évolution de la teneur en eau avec un modèle
de diffusion de Bazant (1972). L’intégration du modèle dans les cas de référence induit, dans le cas d’un
béton saturé, une diminution de la contrainte de l’ordre de 20%. Cela correspond, en comparaison
avec les cas de références sous FLAC, à une valeur de 𝑡0 comprise entre 1 et 10 jours. L’intégration du
couplage hydromécanique dans le modèle de fluage induit des déformations importantes induisant une
réduction de la contrainte jusqu’à 50% de la valeur pour le cas de référence, ce qui est en accord avec
les résultats qui ont été obtenus sur le tunnel de Chamoise. Cependant les gradients de teneur en eau
entrainent de forts gradients de déformation. La convergence de ce modèle est relativement compliquée
et nécessite des pas de temps assez faibles. Le fluage du béton a donc un effet majeur sur la contrainte
dans le revêtement. Il permet d’améliorer l’estimation de la contrainte et de se rapprocher du
comportement observé sur ouvrages.
_______________________________________________________________________________________
Le Tableau 30 reprend de manière plus visuelle et synthétique l’ensemble des phénomènes étudiés dans
la thèse pour les deux cas de références. Il présente ainsi pour chaque phénomène l’effet du l’évolution
de la contrainte dans le revêtement, et ce que cela induit sur le niveau de complexité dans les calculs
numériques. Ces éléments ont été détaillés dans les différents chapitres ainsi que dans la précédente
conclusion.
_______________________________________________________________________________________
Perspectives
Les travaux de thèse devant être réalisés dans un temps imparti, certains questionnements n’ont pu être
développés mais nécessitent tout de même d’être mentionnées. Tout d’abord, il serait nécessaire de
conforter la valeur de pente dans le plan log(𝜎̇ ) /log(𝑡) à partir de nouvelles données de contraintes sur
ouvrages qui correspondent à des durées importantes. Toujours dans le domaine des données sur
ouvrages, les essais au vérin plat sur le tunnel de Chamoise ont été réalisés au niveau des reins de
l’ouvrage. Or ces derniers peuvent présenter une contrainte non représentative de l’état de contrainte
moyen de la section à cause de sa géométrie. Il serait intéressant de réaliser ces mesures au niveau de la
voûte, même s’il est compliqué d’y accéder à cause des gaines techniques présentes. Par ailleurs, le
tunnel de Chamoise constitue l’un des seuls ouvrages avec un tel retour d’expérience (plus de 23 ans),
et cela demande des dispositions constructives particulières afin d’intégrer les capteurs lors de la
construction. A l’avenir, l’instrumentation d’ouvrages dès leur construction avec un suivi à très long
terme (plusieurs dizaines d’années) des contraintes et des déformations, permettrait de caractériser de
manière plus précise l’amplitude des effets différés dans les bétons de revêtements.
Les simulations avec la méthode convergence-confinement et le modèle de Singh-Mitchell présentent
une évolution de contrainte très supérieure à ce qui a pu être mesuré, avec un rapport de 2. Or pour les
différentes configurations testées, cet écart est toujours présent. Cela pourrait provenir du fait que le
modèle de Singh-Mitchell ne prend pas en compte la contrainte moyenne dans le matériau. En effet, les
déformations de fluage sur l’argilite ont montré des différences pour des essais à 2 ou 12 MPa de
confinement. Or les paramètres du modèle ont été déterminés à 12 MPa de confinement, ce qui a
tendance à surestimer globalement les contraintes. Une prise en compte de ce phénomène dans les
calculs semi-analytique permettrait certainement d’améliorer grandement les résultats de cette méthode
en prenant par exemple un rapport 𝑞/𝑝 au lieu de 𝑞/𝑞𝑝𝑖𝑐 . Or cette intégration est sans doute impossible
en utilisant une approche analytique car cette contrainte moyenne ainsi que le déviateur des contraintes
doivent avoir une solution unique moyennée sur tout le milieu. Nous touchons là une des limites du
modèle et une discrétisation du modèle par des éléments 1D serait alors sans doute nécessaire.
Les résultats concernant la prise en compte de la zone endommagée sont relativement décevants. En
effet l’effet observé est assez faible alors que l’effet réel d’une telle zone semble plus important. Ainsi
la dégradation du matériau n’entraine pas qu’une modification du module élastique. L’endommagement
du matériau peut provoquer une dégradation de sa viscosité, de sa résistance ou de sa compressibilité…
Le matériau peut également présenter une forte dégradation autour de la galerie avec des zones très
fracturées. La caractérisation d’un tel matériau par une approche de milieux continus devient alors
difficile et discutable. Les déformations volumiques engendrées par une telle dégradation génèrent des
déformations localisées à une échelle macroscopique. D’autres approches existent comme la méthode
par éléments discrets (DEM) ou encore mixtes DEM et éléments finis. Elles permettent de traduire de
manière plus satisfaisante les milieux discontinus à un niveau de dégradation de roche fracturée ou
même de milieu granulaire. Cela permettrait peut-être de traduire de manière plus satisfaisante le
comportement de l’EDZ.
Enfin, même si l’effet de l’évolution de la teneur en eau dans le béton a été considéré dans les calculs,
il serait nécessaire d’approfondir cet aspect car il semble avoir un effet majeur sur l’amplitude des
déformations de fluage. Il serait ainsi nécessaire de réaliser davantage de calculs sous différents
chargement hydriques et durées d’essais pour le cas du béton coffré. Un affinage des pas de temps et du
maillage peuvent contribuer à améliorer la stabilité numérique de l’ensemble mais augmentent fortement
les temps de calcul. Il serait également intéressant de réaliser une simulation du cas de référence
circulaire à revêtement en voussoirs préfabriqués. Les différences seront certainement négligeables en
comparaison du cas de référence. De plus, bien que l’aspect poro-mécanique ait été abordé dans le
béton, il n’a pas été considéré dans le terrain pour faciliter l’interprétation des résultats tout comme
l’aspect anisotrope du terrain. Pourtant, ces phénomènes existent et ont montré leur importance dans la
bonne traduction du comportement du terrain.
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