Afrique présentation générale
Afrique présentation générale
Afrique présentation générale
1 PRÉSENTATION
2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief
2.1.1 Orogenèse
Un vaste bouclier continental de roches
précambriennes s’étend du sud de l’Atlas au
cap de Bonne-Espérance. À l’est, il englobe
la péninsule arabe et Madagascar qui se
détachèrent de l’Afrique à l’ère tertiaire (voir
tectonique des plaques). On a découvert
dans ces roches des fossiles de micro-
organismes datés de 3,2 milliards d’années.
Les forces tectoniques qui séparèrent
l’Afrique de l’Amérique du Sud au moment
de la dislocation du grand continent du
Gondwana, il y a plus de 150 millions
d’années (voir jurassique), poursuivirent leur action à une époque plus récente,
créant une suite de fossés tectoniques (la Rift Valley) en Afrique orientale à l’ère tertiaire, et
provoquant la formation des volcans des monts Kenya, Kilimandjaro, Ruwenzori et Virunga.
2.2 Hydrographie
Il existe six grands bassins hydrographiques
en Afrique. À l’exception du bassin du lac
Tchad, dont les eaux s’évaporent sous l’effet
de la chaleur, ils aboutissent tous dans la
mer et sont caractérisés par des chutes et
des rapides qui empêchent la navigation.
Le Nil, le plus long fleuve du monde avec ses
6 650 km, arrose le nord-est de l’Afrique.
Formé du Bahr el-Azrak, qui prend sa source
dans le lac Tana en Éthiopie, et du Bahr el-
Abiad, qui a la sienne au sud du Burundi et
se forme au sortir du lac Victoria, le Nil coule
vers le nord, traverse la Sahara et se jette
dans la Méditerranée par un large delta.
Le Congo, avec ses 4 400 km, baigne une
grande partie de l’Afrique centrale. Il naît en
Zambie et coule vers le nord sous le nom de
Lualaba. Il oblique vers l’ouest puis vers le
sud-ouest pour se jeter dans l’océan
Atlantique.
Le troisième grand fleuve africain, le Niger,
en Afrique occidentale, est long d’environ
4 200 km ; son cours supérieur n’est
navigable que pendant la saison des pluies.
Le Niger, qui prend sa source sur le plateau
du Fouta-Djalon, coule vers le nord et l’est
en formant un vaste delta intérieur où les
eaux de la crue s’étalent avant de se diriger
vers le sud, puis de se jeter dans le golfe de
Guinée par un delta aux bras multiples.
Le Zambèze, long d’environ 3 540 km, naît
en Zambie, dans le sud-est de l’Afrique, et
coule vers le sud, l’est et le sud-est avant de
se jeter dans l’océan Indien. Le Zambèze
présente de nombreuses chutes, dont les
plus remarquables sont les chutes Victoria.
Le fleuve Orange (2 100 km) et son affluent
le Vaal baignent le sud de l’Afrique.
L’Orange naît dans le massif du Drakensberg
et se déverse, à l’ouest, dans l’Atlantique
après avoir creusé des gorges
spectaculaires.
Le lac Tchad, un lac d’eau douce d’une
profondeur moyenne de 1,2 m environ, est
le réceptacle des oueds et cours d’eau
environnants. C’est le plus grand bassin
fermé du continent. Sa profondeur et sa
superficie varient considérablement selon
les cycles pluviaux. Il existe aussi d’autres
bassins fermés de moindre ampleur, en
Afrique australe (delta de l’Okavango), et en
Afrique orientale (lacs Natron, Turkana,
vallée de l’Awash avec le lac Abbé).
La grande faille orientale a donné naissance
à un grand nombre de lacs, avec, du nord au
sud, les lacs Mobutu, George, Édouard, Kivu,
Tanganyika et Malawi. Le lac Victoria, plus
grand lac d’Afrique et troisième du monde,
occupe une dépression peu profonde entre
les deux branches du rift.
L’approvisionnement en eau est un problème majeur en Afrique. De vastes étendues souffrent de
l’insuffisance ou de l’irrégularité des pluies et les populations doivent stocker l’eau en prévision du
retard ou de l’insuffisance des précipitations. D’autres régions ont des réserves surabondantes. Il
existe de grands marais et certaines zones sont périodiquement inondées (sud du Soudan, delta
intérieur du Niger). Au cours des dernières années, de nombreux barrages et réservoirs ont été
construits pour canaliser l’eau destinée à l’irrigation ou pour la production hydroélectrique
(barrages d’Assouan sur le Nil, d’Akosombo sur la Volta, de Manantali sur le Niger, d’Inga sur le
Congo, de Kariba et de Cabora Bassa sur le Zambèze). Grâce à ses nombreux cours d’eau, l’Afrique
possède environ 40 p. 100 du potentiel hydroélectrique mondial.
2.3 Climat
Une grande partie du continent est soumise
à l’influence du climat tropical. En Afrique
orientale, des montagnes arrêtent la
mousson de l’océan Indien.
On distingue plusieurs grandes zones
climatiques. La partie centrale du continent
et la côte orientale de Madagascar ont un
climat caractéristique de la forêt pluviale
tropicale. La température moyenne est
d’environ 26,7 °C, avec des précipitations
annuelles proches de 1 800 mm. Le climat
de la côte de la Guinée ressemble au climat
équatorial, mais les pluies se concentrent en
une seule saison ; il n’y a cependant pas de
mois sans pluie.
Au nord et au sud, le climat de la forêt
pluviale laisse la place au climat tropical,
caractérisé par une saison humide pendant
les mois d’été et une saison sèche pendant
les mois d’hiver, qui s’allonge à mesure que
l’on approche des tropiques. Les
précipitations annuelles totales varient de
1 500 mm à 550 mm. De part et d’autre de
l’équateur, l’humidité décroît lorsque la
latitude augmente, et l’on passe de la forêt
dense à la forêt à feuilles caduques puis à la
forêt claire et enfin à la savane. Le Sahel est
une zone climatique intermédiaire entre la
savane et le désert où les précipitations
(400 à 600 mm) permettent encore la
culture du mil sans irrigation, donc
l’existence d’une agriculture de subsistance
élémentaire.
De très vastes étendues ont un climat aride,
ou désertique. Le Sahara, dans le nord,
l’Abyssinie, dans l’est, et le Kalahari et le
désert du Namib, dans le sud-ouest,
reçoivent moins de 250 mm de pluies par
an. Au Sahara, les variations de température
entre le jour et la nuit, et entre les saisons
sont importantes. Pendant la saison froide,
la température nocturne tombe souvent en
dessous de 0 °C.
Les zones de climat et de végétation méditerranéens se trouvent dans l’extrême nord-ouest et
l’extrême sud-ouest de l’Afrique. Ces régions sont caractérisées par des hivers doux et humides, et
des étés chauds et secs. Sur les plateaux d’Afrique orientale, en particulier au Kenya et en
Ouganda, les précipitations sont bien réparties tout au long de l’année et les températures sont
égales. Le climat du haut plateau de l’Afrique du Sud est tempéré dans la région du Cap.
2.4.2 Faune
L’Afrique présente deux zones zoologiques
distinctes : la zone nord et nord-ouest,
comprenant le Sahara, et la zone
éthiopienne, englobant toute l’Afrique
subsaharienne. Au nord du Sahara, on
trouve communément des moutons, des
chèvres, des chevaux et des chameaux. Le
mouton de Barbarie, le daim rouge d’Afrique
sont originaires de la côte d’Afrique du Nord.
Dans le Sahara, on trouve des fennecs, ainsi
que des lièvres, des gazelles et des
gerboises, un petit rongeur se déplaçant par
bonds.
La zone éthiopienne abrite une grande
variété d’animaux et d’oiseaux. Dans les
régions boisées et herbeuses vivent de
nombreuses espèces d’antilopes et de
daims, des zèbres, des girafes, des buffles,
des éléphants d’Afrique, des rhinocéros et
différents singes. Le gorille, le plus grand
singe du monde, est en voie de disparition.
Végétarien, il habite les forêts de montagne
de l’Afrique équatoriale (Rwanda,
République démocratique du Congo). On
trouve des lémuriens à Madagascar. Parmi
les carnivores figurent le lion, le léopard, le
guépard, l’hyène, le chacal et la mangouste.
La plupart des oiseaux appartiennent au
Vieux Monde et certains sont migrateurs : ils
quittent l’Europe l’hiver pour venir hiverner
dans les deltas et les marais d’Afrique
(Sénégal, Okavango, sud-Soudan). La
pintade est un des oiseaux les plus chassés.
Il existe un grand nombre d’oiseaux
aquatiques, notamment les pélicans, les
hérons goliath, les flamants, les cigognes et
les aigrettes. L’ibis se trouve dans la région
du Nil et l’autruche, qui a quasiment disparu
du Sahel, vit dans l’est et le sud de l’Afrique.
En ce qui concerne les reptiles, on trouve en
Afrique lézards, crocodiles et tortues. Il
existe plusieurs serpents venimeux dans
toute la zone éthiopienne, dont le
redoutable mamba. Parmi les serpents
étouffant leur proie figurent les pythons,
principalement en Afrique occidentale où ils
sont l’objet d’un culte ; le boa constricteur
est originaire de Madagascar.
L’eau douce abonde en poissons. On recense plus de 2 000 espèces. Le continent présente une
variété d’insectes nocifs, notamment les moustiques, les fourmis migratrices, les termites, les
criquets migrateurs et les mouches tsé-tsé. Ces dernières transmettent la maladie du sommeil aux
hommes et aux animaux, interdisant par exemple l’élevage des bovins en zones forestières. La
mouche tsé-tsé a été l’un des obstacles majeurs à l’extension en zone forestière des grands
empires de la savane fondés sur la cavalerie, et à son islamisation.
3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
La désertification du Sahara, commencée il y
a dix millénaires, est à l’origine des grands
mouvements de populations qui ont amené
les hommes chassés par la sécheresse à
s’établir en marge du désert (vallées du Nil,
du Niger) ou à s’enfoncer dans les forêts
équatoriales du Sud pour y développer des
civilisations originales. Par la suite, le
Sahara, devenu hostile, a fait office de
barrière entre les peuples de l’Afrique
subsaharienne, dépourvus de chevaux ou de
chameaux, et ceux d’Afrique du Nord qui,
une fois en possession de ces montures
(vers la fin du Ier millénaire avant notre ère), ont acquis une supériorité et
développé de grandes voies de communication à travers le désert.
3.1 Démographie
Dans la partie septentrionale du continent, y
compris au Sahara, les Berbères et les
Arabes sont devenus majoritaires. Au sud du
Sahara, les Noirs sont les plus nombreux ; ils
constituent plus de 70 p. 100 de la
population du continent. Quelques groupes
de Khoisans, les Bochimans et les
Hottentots, subsistent dans le sud de
l’Afrique. Les Pygmées habitent le bassin du
Congo. On recense quelque 5 millions
d’habitants d’origine européenne,
principalement dans le sud de l’Afrique, et
de nombreux expatriés temporaires. Une
population indienne d’environ 1 million de
personnes vit du commerce dans les villes
d’Afrique orientale et en Afrique du Sud.
Bien que l’Afrique constitue un cinquième de
la totalité de la surface terrestre, elle ne
représente que 12,6 p. 100 de la population
mondiale. En 1995, on estimait la population
totale du continent à 710 millions
d’habitants. La densité moyenne de
23 habitants au kilomètre carré représente à
peine plus de la moitié de la moyenne
mondiale. Cette statistique englobe de
vastes étendues, comme les déserts du
Sahara et du Kalahari, qui sont virtuellement
inhabitées. Si l’on ne prend en compte que
la population vivant sur les terres arables ou
productives, la densité moyenne atteint
139 habitants au kilomètre carré. Les
régions les plus densément peuplées du
continent se situent le long des côtes
septentrionale et occidentale, dans les
bassins du Nil, du Niger, du Congo et du
Sénégal et dans la région des Grands Lacs.
Le Nigeria, avec ses 90 millions d’habitants,
est le pays le plus peuplé d’Afrique, mais le
Rwanda et le Burundi, qui comptent parmi
les plus petits pays du continent, ont une
densité supérieure à 250 habitants au
kilomètre carré en zone de collines, une
réalité qui est à l’origine des problèmes
sociaux, économiques et politiques qui
ensanglantent la région.
Le taux de natalité en Afrique atteint
46 p. 1 000. Les progrès de la médecine
depuis la Seconde Guerre mondiale
entraînèrent une forte chute du taux de
mortalité (17 p. 1 000 en moyenne). La
population croît annuellement d’environ
2,9 p. 100. Toutefois, ces statistiques varient
largement d’un pays à l’autre et suivant les
régions. La pyramide des âges est très large
à la base, et dans la plupart des pays
d’Afrique, près de la moitié de la population
est âgée de 15 ans et moins.
À l’origine essentiellement rurale, la population africaine s’urbanise rapidement, notamment en
Afrique du Nord. Les centres urbains attirent des foules d’émigrants des zones rurales qui
s’installent comme résidents permanents ou comme travailleurs saisonniers. La croissance urbaine
est particulièrement rapide depuis les années 1950. On estime que la moitié de la population
africaine vivra dans des villes en l’an 2000. L’émigration saisonnière du Sahel (Mali, Burkina, Niger)
s’effectue vers les ports du golfe de Guinée (Abidjan, Accra, Lagos). En Afrique centrale, les mines
et les usines de Zambie, du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud favorisent l’exode rural. Les habitants
du nord de l’Afrique choisissent la France et, plus récemment, d’autres pays de l’Union européenne.
Les guerres civiles qui ont éclaté dans plusieurs pays, ainsi que les sécheresses et les famines ont
provoqué l’émigration massive de réfugiés (Rwanda, Liberia, Somalie).
3.4 Société
La famille élargie est l’unité de base de la
plupart des sociétés africaines. Dans une
grande partie du continent, elle est liée par
des lignages, des clans et des castes dont le
rôle dans la vie quotidienne, l’économie et la
politique est très important. Les relations
entre les communautés fonctionnent avant
tout sur l’échange et la complémentarité,
plusieurs communautés, clans et castes
cohabitant souvent dans le même village.
Leurs rapports respectifs sont réglés par des
codes très stricts établis dans le passé en
fonction d’anciennes nécessités
économiques ou historiques.
Les ancêtres masculins ou féminins
fondateurs du village, de la lignée ou du clan
sont la référence de tous. Leur protection
est demandée lors des fêtes traditionnelles
des semailles et des moissons, et durant les
initiations, rites de passage qui ont pour but
d’insérer l’individu dans la société et de lui
enseigner les règles de la vie en commun.
L’exode rural et la cohabitation avec d’autres communautés dans des villes devenues tentaculaires
font éclater les règles traditionnelles, comme les interdits concernant le mariage. Ici, les « clivages
ethniques » s’effacent devant les problèmes sociaux des métropoles modernes.
4.4 Échanges
Les moyens de communications datent
presque tous de l’époque coloniale et n’ont
guère été améliorés depuis (sauf le
Transgabonais et le chemin de fer de
Mauritanie construits pour exporter les
minerais, et le réseau de l’Afrique du Sud).
Les réseaux routiers de la plupart des pays
sont constitués en grande partie de routes
de terre, impraticables pendant la saison
des pluies. Ils relient principalement
l’intérieur du pays à la côte, mais sont
dépourvus de routes transversales. Seule
l’Afrique du Sud possède un réseau de
communications digne de son époque.
L’économie des États africains dépend
essentiellement des exportations et porte
sur des matières premières dont la vente
permettra d’acheter des biens industriels et
de consommation. La plupart des anciennes
colonies britanniques entretiennent toujours
des relations commerciales lâches avec le
Royaume-Uni et conservent leur réserve
monétaire à Londres. Les anciennes colonies
françaises ont des relations plus étroites
avec la France. La plupart sont membres de
la zone du franc CFA. En outre, la plupart
des États africains ont des liens
économiques avec l’Union européenne et
bénéficient de réductions des tarifs
douaniers (conventions de Lomé).
Le commerce interrégional porte
essentiellement sur les échanges
traditionnels (bétail, céréales) et échappe en
partie au contrôle des États. Des systèmes
économiques interafricains modernes ont
cependant été mis en place. Les plus
durables et les plus réussis sont la
Communauté économique des États
d’Afrique de l’Ouest et la Communauté
économique des États d’Afrique centrale.
L’Organisation de l’unité africaine
(OUA)œuvre également pour le
développement du commerce et du
développement économique interafricains.
5 HISTOIRE
5.1 Préhistoire et Antiquité
L’Afrique a vu naître les ancêtres de
l’homme moderne. Ils sont apparus il y a
quelque six millions d’années en Afrique
orientale et leur découverte a été une
grande aventure de la science. Ce sont des
outils (de simples galets utilisés comme
broyeurs) qui furent mis au jour en premier.
Puis vinrent de nombreux fossiles, jusqu’à la
découverte dans l’Afar, en Éthiopie, du
squelette d’un australopithèque appartenant
à l’espèce Australopithecus afarensis, dit
Lucy, un hominidé de trois millions
d’années. Il y a plus de 1,5 million d’années,
la région de la Rift Valley vit ensuite
apparaître Homo habilis et Homo erectus,
des hominidés connaissant des outils de
pierre plus élaborés. Homo sapiens, le
premier homme véritable, apparut en
Afrique il y a plus de deux cent mille ans,
alors qu’il était déjà présent en Europe et en
Asie. Voir Homme, évolution de l’.
Curieusement, l’homme préhistorique
africain plus récent est moins connu, et ce
n’est qu’à partir du Xe millénaire avant notre
ère que l’on retrouve une continuité avec
notre époque. Des fouilles récentes (1978)
dans le massif de l’Aïr, au Niger, et des
datations scrupuleuses ont permis de
déterminer que, dès cette époque, les
Africains avaient réussi à maîtriser la
technique de la terre cuite de façon
autonome. Ce lent processus allait aboutir à
la découverte des arts du feu et de la
métallurgie que nous connaissons à travers
les œuvres en terre cuite de la civilisation
Nok (Nigeria, Ve siècle av. J.-C.) puis les
masques en laiton et en bronze d’Ifé et du
Bénin (Xe-XIXe siècles).
La première grande civilisation d’Afrique se
forma dans la vallée du Nil, vers 5000 av. J.-
C. Chassés du Sahara par la désertification,
les agriculteurs néolithiques s’établirent sur
les bords du Nil, qui avait diminué de
volume, et profitèrent des crues du fleuve
comme source d’irrigation, ainsi que des
nouveaux sols dégagés par le retrait des
eaux. La nécessité de contrôler les crues
permit la formation d’un État complexe et
organisé, avec des systèmes politique et
religieux élaborés (voir Égypte ; Égypte, art
de l’ ; Égyptienne, mythologie ; Égypte
ancienne, littérature de l’). La civilisation
égyptienne rencontra les sociétés
méditerranéennes tandis que l’assèchement
général du climat la coupait de plus en plus
du reste du continent auquel ne la reliait
plus que la mince vallée du Nil. Dans la
haute vallée du fleuve, en Nubie, se
développèrent les royaumes de Napata puis
de Méroé.
L’Afrique fut alors envahie pour la première
fois de son histoire par des populations
d’Arabie du Sud (le royaume de Saba) qui
s’installèrent sur le plateau abyssin et
fondèrent le royaume d’Aksoum, embryon
de la royauté éthiopienne (IVe siècle av. J.-
C.). Intégrés, puis alliés à la population noire
locale, les souverains abyssins entretinrent
des relations étroites avec le sud de l’Arabie
et faillirent s’emparer de La Mecque, l’année
même de la naissance du prophète
Mahomet (570).
Du IIIe siècle av. J.-C. au début du Ier siècle
apr. J.-C., Rome conquit Carthage, puis
l’Égypte et l’ensemble de l’Afrique du Nord,
qui devint le grenier à blé de l’Empire
romain. Voir Afrique, province romaine d’.
Toute la partie à l’ouest de la Libye actuelle
resta aux mains de l’Empire romain
d’Occident, la partie orientale, y compris
l’Égypte, étant inféodée à l’Empire byzantin.
À cette époque, la population des villes et
des plaines côtières se convertit au
christianisme. Au Ve siècle, les Vandales, une tribu germanique, conquirent
une grande partie de l’Afrique du Nord et dominèrent la région pendant un siècle, puis furent
vaincus par les armées byzantines. La région fut ensuite annexée à l’Empire d’Orient.
Afrique
5.2.2 occidentale
En Afrique occidentale se formèrent des royaumes dont l’économie reposait sur le commerce
transsaharien. L’or et les esclaves étaient envoyés vers le nord en échange de tissus et d’outils
tandis que se développaient les échanges entre le Sahara, qui fournissait le sel, la savane, qui
donnait le mil, et la forêt où poussait la noix de cola.
5.2.2.1 Ghana
Le premier de ces États, le royaume du
Ghana, émergea à partir du Ve siècle apr. J.-
C. dans le sud-est de l’actuelle Mauritanie,
sur le site de Koumbi Saleh. Vers le début du
XIe siècle, la cour du Ghana comptait des
conseillers musulmans. Les marchands
musulmans vivaient dans des grands
quartiers réservés, d’où ils dirigeaient un
commerce lucratif à grande échelle. À la fin
du XIe siècle, le Ghana fut détruit par les Almoravides, un mouvement intégriste fondé par
les Berbères sanhadja. Puis le mouvement se scinda ; un groupe se dirigea vers le nord à la
conquête du Maroc, fonda Marrakech et conquit l’Espagne musulmane, trop tiède à ses yeux,
l’autre partit vers le sud et s’empara du Ghana (vers 1076). Au siècle suivant, les Soussous du
Fouta-Djalon, anciens vassaux du Ghana, prirent le contrôle de la région, mais durent se soumettre
à l’empire du Mali dont la capitale se trouvait à Niani, dans le nord-est de la Guinée actuelle (vers
1240).
Afrique occidentale et
5.3.1.1 centrale
Lorsque l’importance économique des États
de la savane déclina, les États de la côte
prospérèrent et augmentèrent leur
puissance. Des conflits surgirent bientôt
entre les peuples côtiers pour le contrôle des
routes commerciales. Les expéditions
pratiquaient le commerce triangulaire : elles
ramenaient sur la côte encore plus
d’esclaves pour les marchands européens
qui les négociaient en Amérique contre des
produits locaux (coton, peaux) qu’ils
rapportaient en Europe avant de repartir sur
les côtes d’Afrique remplir leurs navires de
nouveaux esclaves.
Au cours des quatre siècles du commerce
des esclaves, des millions d’Africains furent
victimes de ce trafic de vies humaines. La
plupart furent capturés par d’autres
Africains et échangés contre différents biens
de consommation. Le premier grand
royaume à tirer profit du commerce des
esclaves fut le Bénin, dans l’actuel Nigeria,
fondé au XIIe siècle. Vers la fin du
XVIIe siècle, le Bénin fut supplanté par les
royaumes du Dahomey et d’Oyo. Au milieu
du XVIIIe siècle, les Ashanti de l’actuel Ghana
commencèrent leur ascension. Sous
l’asantehene (roi) Osei Kojo (qui régna de
1764 à 1777), ils s’approchèrent des
comptoirs commerciaux européens établis le
long de la Côte-de-l’Or. Plus à l’est, le
royaume yoruba d’Oyo déclina à la fin du
XVIIIe siècle, entraînant l’intervention des
Peul du nord. Vers 1835, Oyo fut
abandonnée, mais les Peul furent repoussés
à la bataille d’Oshogbo (vers 1840).
À la fin du XVIIIe siècle, les sociétés philanthropiques britanniques s’opposèrent
au commerce des esclaves. À la suite de la décision Mansfield, qui avait libéré les esclaves au
Royaume-Uni en 1772, des projets furent établis pour la création d’une colonie d’esclaves libérés
en Afrique occidentale. La première tentative (1787-1790) dans la baie de Saint-Georges (en Sierra
Leone) fut un échec. Une seconde tentative, lancée par les abolitionnistes, aboutit à la fondation de
Freetown, dans la même région (1792). L’exemple de la Sierra Leone attisa l’intérêt des libéraux
américains et, au début de 1822, une société philanthropique américaine, l’American Colonization
Society, fonda sa propre colonie du Liberia.
Accession à
5.4.2 l’indépendance
Après la Seconde Guerre mondiale, les
puissances coloniales européennes étaient
physiquement et psychologiquement
affaiblies et la balance pencha vers les
États-Unis et l’Union soviétique, deux
nations dépourvues de colonies africaines.
En Afrique du Nord, la France se heurta dès
1947 à des revendications nationalistes
violentes auxquelles répondit son refus de
voir appliquer des réformes en faveur des
populations locales. La guerre d’Algérie,
conduite par des dirigeants comme Ferhat
Abbas et Ahmed Ben Bella, commença en
1954 et se poursuivit jusqu’à l’indépendance
du pays en 1962, six ans après
l’indépendance du Maroc et de la Tunisie. En
Afrique noire, après avoir mis en place
l'Union française, la France prépara ses
colonies à l'autonomie par le vote de la loi-
cadre Defferre (1956), puis instaura la
Communauté française (1958). Dans les
années soixante, la décolonisation devint
effective avec la venue au pouvoir d'anciens
représentants africains à l'Assemblée
nationale (Léopold Sédar Senghor au
Sénégal, Modibo Keita au Mali, Félix
Houphouët-Boigny en Côte d'Ivoire, Sékou
Touré en Guinée).
Dans les territoires britanniques, le
changement s’accéléra également. Les
partis nationalistes, qui recrutaient dans des
groupes sociaux, ethniques et économiques
aussi larges que possible, commencèrent à
se former. Le Soudan accéda à
l'indépendance en 1956. Pendant les années
1950, les activités du mouvement terroriste
Mau-Mau au Kenya et le charisme de
dirigeants populaires, comme Kwame
Nkrumah (Ghana) ou Julius Nyerere
(Tanzanie), accélérèrent le processus.
L’indépendance du Ghana, en 1957,
déclencha une réaction en chaîne de
revendications nationalistes.
À la fin des années 1970, presque toute l’Afrique était indépendante, sauf les possessions
portugaises d’Angola, du Cap-Vert, de Guinée-Bissau, de São Tomé et du Mozambique, qui
accédèrent à l’indépendance en 1974-1975 après des années de luttes violentes, à l’occasion de la
révolution portugaise. La France donna l’indépendance aux Comores en 1975 (sauf à l’île de
Mayotte qui avait voté contre), Djibouti l’obtint en 1977. En 1976, l’Espagne céda le Sahara
espagnol qui fut alors partagé entre la Mauritanie et le Maroc. La Mauritanie ne put résister à la
guérilla des nationalistes sahraouis et abandonna sa zone au Maroc en 1979. En septembre 1997,
le Maroc et le front Polisario ont passé un accord sur l'organisation par les Nations unies d'un
référendum d’autodétermination en décembre 1998. Le Zimbabwe accéda légalement à sa
seconde indépendance en 1980 après des années de lutte. La dernière grande entité dépendante
du continent fut la Namibie, qui se libéra en 1990.
L’Afrique
5.4.3 contemporaine
Les nouveaux États africains furent
confrontés au problème de l’État-nation. Les
membres fondateurs de l’Organisation de
l’unité africaine (OUA) établirent le principe
de l’intangibilité des frontières pour éviter
les conflits territoriaux qui étaient nés du
découpage arbitraire des pays à la
conférence de Berlin en 1884-1885.
Lorsque leurs pays accédèrent à
l’indépendance, les mouvements
nationalistes dominants et leurs dirigeants
s’installèrent de manière permanente au
pouvoir. Ils appelèrent à l’unité nationale et
au système du parti unique pour éviter le
tribalisme et le vote ethnique, en ayant
parfois à faire face à des conflits sanglants,
comme celui de la guerre du Biafra à la fin
des années 1960. Lorsque ces
gouvernements se révélèrent incapables de
répondre aux attentes des peuples, l’armée
occupa le devant de la scène, promettant de
« remettre le pouvoir aux civils » dans un
délai déterminé. Ces militaires, souvent
issus des classes populaires et parfois aidés
par les Occidentaux, que ce soit par des
armées régulières ou par des mercenaires,
se posaient en gardiens efficaces et sincères
des intérêts du peuple. Le goût du pouvoir fit
son œuvre et seules la dégradation
économique et la pression des bailleurs de
fonds occidentaux (notamment celle du
Fonds monétaire international) les forcèrent
à tenir leurs promesses, après bien des
réélections à des taux approchant les
100 p. 100 ! Le retour au multipartisme s’est
opéré progressivement au début des années
1990.
À la fin des années 1980 et au début des
années 1990, les conflits interminables au
Tchad, en Somalie, au Sahara, en Angola, au
Liberia et en Sierra Leone déstabilisèrent les
gouvernements. La fin de la guerre civile en
Éthiopie, en 1991, fut marquée par
l’indépendance de l’Érythrée en 1993. En
avril 1994, des massacres ensanglantèrent
le Rwanda, touchant tout particulièrement
les Tutsi et les Hutu modérés, après la mort
des présidents hutu rwandais et burundais
dans la destruction de leur avion par un
missile. Ce conflit contribua à envenimer la
situation dans l’ensemble de la région des
Grands Lacs. En 1996, des groupes armés
pénétrèrent au Zaïre et contribuèrent à
développer dans l’est de ce pays une
rébellion, qui progressa en 1997, renversa le
régime du maréchal Mobutu et porta au
pouvoir Laurent-Désiré Kabila, qui se
proclama président de la nouvelle
République démocratique du Congo.
Le poids politique du continent a
singulièrement diminué dans le monde en
raison de sa situation économique. L’Afrique
n’a pas encore fini de panser les plaies des
conflits liés à la guerre froide qui ont éclaté
en Angola et au Mozambique. Sa grande
victoire, à la veille de l’an 2000, est la fin de
la politique de ségrégation raciale en Afrique
du Sud au début des années 1990 et le
transfert du pouvoir à la majorité noire après
les élections de 1994.