Afrique présentation générale

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Afrique

1 PRÉSENTATION

Afrique, une des cinq parties du monde,


située de part et d’autre de l’équateur,
délimitée à l’est par l’océan Indien et la mer
Rouge, au nord par la Méditerranée, à
l’ouest par l’océan Atlantique, séparée de
l’Asie par le canal de Suez et de l’Europe par
le détroit de Gibraltar.
Les îles les plus peuplées et les plus grandes, Madagascar (la « grande île »), Zanzibar, Pemba,
Maurice, La Réunion, les Seychelles et les Comores, se trouvent dans l’océan Indien. São Tomé,
Príncipe, Annobon, Bioko et les îles Bissagos font partie du golfe de Guinée ; les îles du Cap-Vert et
les îles Canaries constituent des archipels isolés au large des côtes ouest-africaines, sans toutefois
atteindre l’éloignement de Sainte-Hélène et de l’île de l’Ascension, perdues dans l’Atlantique.

2 MILIEU NATUREL

Avec une superficie de 30 330 000 km2, dont


622 000 km2 pour les îles, l’Afrique est le
deuxième continent par la taille (22 p. 100
de la surface terrestre).
Ce continent à l’aspect massif s’étend sur
8 050 km de sa pointe septentrionale, le cap
Blanc, en Tunisie, à son extrémité australe,
le cap des Aiguilles, en Afrique du Sud. Sa
largeur maximale, du cap Vert, au Sénégal,
à l’ouest, au Ras Hafoun, en Somalie, à l’est,
est d’environ 7 560 km. Il culmine au mont
Kilimandjaro (5 895 m au mont Kibo), au
sommet recouvert de neiges éternelles, en
Tanzanie. La région la plus basse est la
dépression salée du lac Assal (153 m en
dessous du niveau de la mer), sur le
territoire de Djibouti.
La longueur totale des côtes (30 490 km) est
inférieure, comparée à la superficie, à celle
des autres continents. La côte africaine est
inhospitalière sur le versant atlantique en
raison d’une forte barre et de la rareté des
échancrures, sauf à l’embouchure des
fleuves et dans le golfe de Guinée, où un
cordon littoral isole souvent de calmes
lagunes au bord desquelles vit une
population nombreuse. La côte orientale,
plus accueillante, est balayée par les vents
de mousson qui favorisent la navigation
dans l’océan Indien.
À l’exception de la côte septentrionale et des chaînes de l’Atlas dans le nord-ouest, l’Afrique est
caractérisée par de grandes cuvettes où coulent majestueusement de grands fleuves – Nil, Niger,
Congo, Zambèze – qui accèdent à la mer par des chutes et des rapides spectaculaires.

2.1 Relief
2.1.1 Orogenèse
Un vaste bouclier continental de roches
précambriennes s’étend du sud de l’Atlas au
cap de Bonne-Espérance. À l’est, il englobe
la péninsule arabe et Madagascar qui se
détachèrent de l’Afrique à l’ère tertiaire (voir
tectonique des plaques). On a découvert
dans ces roches des fossiles de micro-
organismes datés de 3,2 milliards d’années.
Les forces tectoniques qui séparèrent
l’Afrique de l’Amérique du Sud au moment
de la dislocation du grand continent du
Gondwana, il y a plus de 150 millions
d’années (voir jurassique), poursuivirent leur action à une époque plus récente,
créant une suite de fossés tectoniques (la Rift Valley) en Afrique orientale à l’ère tertiaire, et
provoquant la formation des volcans des monts Kenya, Kilimandjaro, Ruwenzori et Virunga.

2.1.2 Relief actuel


D’une manière générale, l’altitude du
continent africain augmente du nord-ouest
au sud-est. Les bandes côtières basses, à
l’exception de la côte méditerranéenne et
de la côte de la Guinée, sont généralement
étroites, avant de s’élever brusquement.
Au nord-ouest, les chaînes de l’Atlas,
successions de pics escarpés qui culminent
à 4 165 m d’altitude et entre lesquels
s’intercalent de hauts plateaux, s’étendent
du Maroc jusqu’en Tunisie sur 2 400 km de
long.
Le Sahara, le plus grand désert du monde,
s’étend de l’Atlantique à la mer Rouge de
part et d’autre du tropique du Cancer. Cette
vaste dépression est parsemée de reliefs
(Adrar mauritanien, Aïr, Hoggar, Tibesti).
Certaines parties du Sahara, comme le
Tanezrouft et le désert de Libye, sont
extrêmement arides. À l’est, le désert est
traversé par le Nil ; il prend fin, avec le
désert Arabique et le désert de Nubie,
devant la mer Rouge.
Au sud du désert, cette dépression se
poursuit par une région de transition, le
Sahel (dont le nom signifie « rivage »), fait
de plaines et de faibles ondulations. Au sud-
ouest, le Fouta-Djalon, les massifs de
l’Atakora, dans le nord du Bénin, et de
l’Adamaoua, dans le sud-ouest du Cameroun
sont les rares points émergents du relief. Au
centre de l’Afrique, le bassin du Congo est
une dépression majeure.
Les plateaux orientaux, autour de
l’équateur, sont les plus élevés du continent.
Ils occupent le versant oriental de l’Afrique
et s’étendent de la mer Rouge au Zambèze.
Leur altitude moyenne dépasse 1 500 m. Ils
s’élèvent progressivement sur le plateau
éthiopien pour dépasser les 3 000 m ; le
Ras Dachan (4 620 m), dans le nord de
l’Éthiopie, en est le point culminant. Plus au
sud se trouvent plusieurs volcans, dont le
Kilimandjaro, qui avec ses 5 895 m
d’altitude est le point culminant de l’Afrique,
le mont Kenya (5 199 m) et le mont Elgon.
Une caractéristique topographique
particulière des montagnes orientales est le
vaste système de fossés tectoniques (Rift
Valley) traversant la région dans le sens
nord-sud. À l’ouest, le Ruwenzori atteint une
altitude maximale de 5 119 m au pic
Margherita.
Le sud du continent est constitué d’un vaste
plateau, coupé par les dépressions du delta
de l’Okavango et du désert du Kalahari. Le
rebord méridional du plateau austral longe
la côte sud-est sur quelque 1 100 km et
culmine à 3 650 m dans le Drakensberg, en
Afrique du Sud. Le Karroo est un plateau
aride d’environ 260 000 km2, également en
Afrique du Sud. Le désert du Namib s’étend
sur près de 2 000 km le long de la côte de
l’océan Atlantique.
L’île de Madagascar est constituée d’un
plateau central ravagé par l’érosion et bordé
à l’est par une plaine côtière humide.
La plupart des sols africains présentent un drainage irrégulier et une nappe phréatique peu visible,
sauf au Sahara où de grandes nappes fossiles et des rivières souterraines ont été repérées (Algérie,
Libye). Les sols déboisés sont souvent incultivables en raison de la violence des pluies et du
lessivage des minéraux. Les sols désertiques, pauvres en composants organiques, couvrent une
vaste étendue. Certains sols de savane, durcis, présentent des cuirasses (latérite).

2.2 Hydrographie
Il existe six grands bassins hydrographiques
en Afrique. À l’exception du bassin du lac
Tchad, dont les eaux s’évaporent sous l’effet
de la chaleur, ils aboutissent tous dans la
mer et sont caractérisés par des chutes et
des rapides qui empêchent la navigation.
Le Nil, le plus long fleuve du monde avec ses
6 650 km, arrose le nord-est de l’Afrique.
Formé du Bahr el-Azrak, qui prend sa source
dans le lac Tana en Éthiopie, et du Bahr el-
Abiad, qui a la sienne au sud du Burundi et
se forme au sortir du lac Victoria, le Nil coule
vers le nord, traverse la Sahara et se jette
dans la Méditerranée par un large delta.
Le Congo, avec ses 4 400 km, baigne une
grande partie de l’Afrique centrale. Il naît en
Zambie et coule vers le nord sous le nom de
Lualaba. Il oblique vers l’ouest puis vers le
sud-ouest pour se jeter dans l’océan
Atlantique.
Le troisième grand fleuve africain, le Niger,
en Afrique occidentale, est long d’environ
4 200 km ; son cours supérieur n’est
navigable que pendant la saison des pluies.
Le Niger, qui prend sa source sur le plateau
du Fouta-Djalon, coule vers le nord et l’est
en formant un vaste delta intérieur où les
eaux de la crue s’étalent avant de se diriger
vers le sud, puis de se jeter dans le golfe de
Guinée par un delta aux bras multiples.
Le Zambèze, long d’environ 3 540 km, naît
en Zambie, dans le sud-est de l’Afrique, et
coule vers le sud, l’est et le sud-est avant de
se jeter dans l’océan Indien. Le Zambèze
présente de nombreuses chutes, dont les
plus remarquables sont les chutes Victoria.
Le fleuve Orange (2 100 km) et son affluent
le Vaal baignent le sud de l’Afrique.
L’Orange naît dans le massif du Drakensberg
et se déverse, à l’ouest, dans l’Atlantique
après avoir creusé des gorges
spectaculaires.
Le lac Tchad, un lac d’eau douce d’une
profondeur moyenne de 1,2 m environ, est
le réceptacle des oueds et cours d’eau
environnants. C’est le plus grand bassin
fermé du continent. Sa profondeur et sa
superficie varient considérablement selon
les cycles pluviaux. Il existe aussi d’autres
bassins fermés de moindre ampleur, en
Afrique australe (delta de l’Okavango), et en
Afrique orientale (lacs Natron, Turkana,
vallée de l’Awash avec le lac Abbé).
La grande faille orientale a donné naissance
à un grand nombre de lacs, avec, du nord au
sud, les lacs Mobutu, George, Édouard, Kivu,
Tanganyika et Malawi. Le lac Victoria, plus
grand lac d’Afrique et troisième du monde,
occupe une dépression peu profonde entre
les deux branches du rift.
L’approvisionnement en eau est un problème majeur en Afrique. De vastes étendues souffrent de
l’insuffisance ou de l’irrégularité des pluies et les populations doivent stocker l’eau en prévision du
retard ou de l’insuffisance des précipitations. D’autres régions ont des réserves surabondantes. Il
existe de grands marais et certaines zones sont périodiquement inondées (sud du Soudan, delta
intérieur du Niger). Au cours des dernières années, de nombreux barrages et réservoirs ont été
construits pour canaliser l’eau destinée à l’irrigation ou pour la production hydroélectrique
(barrages d’Assouan sur le Nil, d’Akosombo sur la Volta, de Manantali sur le Niger, d’Inga sur le
Congo, de Kariba et de Cabora Bassa sur le Zambèze). Grâce à ses nombreux cours d’eau, l’Afrique
possède environ 40 p. 100 du potentiel hydroélectrique mondial.

2.3 Climat
Une grande partie du continent est soumise
à l’influence du climat tropical. En Afrique
orientale, des montagnes arrêtent la
mousson de l’océan Indien.
On distingue plusieurs grandes zones
climatiques. La partie centrale du continent
et la côte orientale de Madagascar ont un
climat caractéristique de la forêt pluviale
tropicale. La température moyenne est
d’environ 26,7 °C, avec des précipitations
annuelles proches de 1 800 mm. Le climat
de la côte de la Guinée ressemble au climat
équatorial, mais les pluies se concentrent en
une seule saison ; il n’y a cependant pas de
mois sans pluie.
Au nord et au sud, le climat de la forêt
pluviale laisse la place au climat tropical,
caractérisé par une saison humide pendant
les mois d’été et une saison sèche pendant
les mois d’hiver, qui s’allonge à mesure que
l’on approche des tropiques. Les
précipitations annuelles totales varient de
1 500 mm à 550 mm. De part et d’autre de
l’équateur, l’humidité décroît lorsque la
latitude augmente, et l’on passe de la forêt
dense à la forêt à feuilles caduques puis à la
forêt claire et enfin à la savane. Le Sahel est
une zone climatique intermédiaire entre la
savane et le désert où les précipitations
(400 à 600 mm) permettent encore la
culture du mil sans irrigation, donc
l’existence d’une agriculture de subsistance
élémentaire.
De très vastes étendues ont un climat aride,
ou désertique. Le Sahara, dans le nord,
l’Abyssinie, dans l’est, et le Kalahari et le
désert du Namib, dans le sud-ouest,
reçoivent moins de 250 mm de pluies par
an. Au Sahara, les variations de température
entre le jour et la nuit, et entre les saisons
sont importantes. Pendant la saison froide,
la température nocturne tombe souvent en
dessous de 0 °C.
Les zones de climat et de végétation méditerranéens se trouvent dans l’extrême nord-ouest et
l’extrême sud-ouest de l’Afrique. Ces régions sont caractérisées par des hivers doux et humides, et
des étés chauds et secs. Sur les plateaux d’Afrique orientale, en particulier au Kenya et en
Ouganda, les précipitations sont bien réparties tout au long de l’année et les températures sont
égales. Le climat du haut plateau de l’Afrique du Sud est tempéré dans la région du Cap.

2.4 Végétation et faune


2.4.1 Végétation
La végétation reflète les zones climatiques.
La région de la forêt pluviale tropicale, où
les précipitations annuelles moyennes
dépassent 1 300 mm, est couverte d’une
végétation dense de fougères et de
mousses, dominée par de grands arbres à
feuilles persistantes et de nombreuses
espèces de bois dur tropical. Au sud de
l’équateur, la forêt primaire occupe encore
des zones non négligeables, notamment
dans l'est de la République démocratique du
Congo, sur les pentes du Ruwenzori et des
monts Virunga, favorisée par des
précipitations importantes (4 000 à
6 000 mm et plus, avec une humidité de
90 p. 100). Il existe une zone de forêts de
montagnes, avec des précipitations
annuelles moyennes moins importantes que
celles de la forêt pluviale tropicale, dans les
hauts plateaux du Cameroun, en Angola, en
Afrique orientale et dans quelques régions
de l’Éthiopie, où une étendue couverte de
broussailles fait place à des arbres à bois
dur et à des conifères primitifs.
Une savane boisée, avec des précipitations
annuelles de 900 à 1 400 mm, couvre de
vastes étendues de végétation résistante au
feu : herbes, légumineuses et broussailles
mélangées à des forêts de feuillus. La
savane arbustive, avec des précipitations
annuelles d’environ 500 à 900 mm, est
couverte de hautes herbes, d’arbustes, de
petits bosquets de feuillus isolés d’où
émergent parfois de grands arbres, vestiges
d’une ancienne grande forêt aujourd’hui
disparue. La disparition de ces petites forêts,
dont il ne reste souvent que des arbres et
des arbustes clairsemés, annonce la
transition avec la savane herbeuse, une
zone particulièrement sensible à la
désertification, introduisant insensiblement
un paysage sahélien.
Dans le Sahel, l’homme, ses cultures et ses bovins vivent à la limite des possibilités de la nature et
pâtissent du moindre accident climatique. C’est la brousse, avec une végétation de steppe, et des
précipitations annuelles d’environ 300 à 500 mm. L’herbe y est plus basse et les arbustes couverts
d’épines. La zone subdésertique (130 à 300 mm), où poussent quelques arbustes épars, verdit
après les pluies pendant une courte période. C’est l’antichambre de la zone désertique (moins de
130 mm) où la végétation, rare ou inexistante, ne peut nourrir que les chameaux et parfois
quelques chèvres.

2.4.2 Faune
L’Afrique présente deux zones zoologiques
distinctes : la zone nord et nord-ouest,
comprenant le Sahara, et la zone
éthiopienne, englobant toute l’Afrique
subsaharienne. Au nord du Sahara, on
trouve communément des moutons, des
chèvres, des chevaux et des chameaux. Le
mouton de Barbarie, le daim rouge d’Afrique
sont originaires de la côte d’Afrique du Nord.
Dans le Sahara, on trouve des fennecs, ainsi
que des lièvres, des gazelles et des
gerboises, un petit rongeur se déplaçant par
bonds.
La zone éthiopienne abrite une grande
variété d’animaux et d’oiseaux. Dans les
régions boisées et herbeuses vivent de
nombreuses espèces d’antilopes et de
daims, des zèbres, des girafes, des buffles,
des éléphants d’Afrique, des rhinocéros et
différents singes. Le gorille, le plus grand
singe du monde, est en voie de disparition.
Végétarien, il habite les forêts de montagne
de l’Afrique équatoriale (Rwanda,
République démocratique du Congo). On
trouve des lémuriens à Madagascar. Parmi
les carnivores figurent le lion, le léopard, le
guépard, l’hyène, le chacal et la mangouste.
La plupart des oiseaux appartiennent au
Vieux Monde et certains sont migrateurs : ils
quittent l’Europe l’hiver pour venir hiverner
dans les deltas et les marais d’Afrique
(Sénégal, Okavango, sud-Soudan). La
pintade est un des oiseaux les plus chassés.
Il existe un grand nombre d’oiseaux
aquatiques, notamment les pélicans, les
hérons goliath, les flamants, les cigognes et
les aigrettes. L’ibis se trouve dans la région
du Nil et l’autruche, qui a quasiment disparu
du Sahel, vit dans l’est et le sud de l’Afrique.
En ce qui concerne les reptiles, on trouve en
Afrique lézards, crocodiles et tortues. Il
existe plusieurs serpents venimeux dans
toute la zone éthiopienne, dont le
redoutable mamba. Parmi les serpents
étouffant leur proie figurent les pythons,
principalement en Afrique occidentale où ils
sont l’objet d’un culte ; le boa constricteur
est originaire de Madagascar.
L’eau douce abonde en poissons. On recense plus de 2 000 espèces. Le continent présente une
variété d’insectes nocifs, notamment les moustiques, les fourmis migratrices, les termites, les
criquets migrateurs et les mouches tsé-tsé. Ces dernières transmettent la maladie du sommeil aux
hommes et aux animaux, interdisant par exemple l’élevage des bovins en zones forestières. La
mouche tsé-tsé a été l’un des obstacles majeurs à l’extension en zone forestière des grands
empires de la savane fondés sur la cavalerie, et à son islamisation.

2.5 Ressources minérales


L’Afrique est très riche en ressources minérales et possède la plupart des minéraux précieux, mais
leur répartition géographique est irrégulière. Les combustibles fossiles abondent (charbon, pétrole,
gaz naturel). L’Afrique possède de grands gisements d’or, de diamants, de cuivre, de bauxite, de
manganèse, de nickel, de platine, de cobalt, d’uranium, de germanium, de lithium, de titane et de
phosphates. Les autres ressources minérales importantes sont le minerai de fer, le chrome, l’étain,
le zinc, le plomb, le thorium, le zirconium, le vanadium, l’antimoine et le béryllium. On trouve
également de l’argile, du mica, du soufre, du sel, du natron, du graphite, du calcaire, du gypse et
du phosphate. L’exploitation des salines naturelles dans les dépressions salées du Sahara a été à
l’origine d’importantes routes commerciales.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
La désertification du Sahara, commencée il y
a dix millénaires, est à l’origine des grands
mouvements de populations qui ont amené
les hommes chassés par la sécheresse à
s’établir en marge du désert (vallées du Nil,
du Niger) ou à s’enfoncer dans les forêts
équatoriales du Sud pour y développer des
civilisations originales. Par la suite, le
Sahara, devenu hostile, a fait office de
barrière entre les peuples de l’Afrique
subsaharienne, dépourvus de chevaux ou de
chameaux, et ceux d’Afrique du Nord qui,
une fois en possession de ces montures
(vers la fin du Ier millénaire avant notre ère), ont acquis une supériorité et
développé de grandes voies de communication à travers le désert.

3.1 Démographie
Dans la partie septentrionale du continent, y
compris au Sahara, les Berbères et les
Arabes sont devenus majoritaires. Au sud du
Sahara, les Noirs sont les plus nombreux ; ils
constituent plus de 70 p. 100 de la
population du continent. Quelques groupes
de Khoisans, les Bochimans et les
Hottentots, subsistent dans le sud de
l’Afrique. Les Pygmées habitent le bassin du
Congo. On recense quelque 5 millions
d’habitants d’origine européenne,
principalement dans le sud de l’Afrique, et
de nombreux expatriés temporaires. Une
population indienne d’environ 1 million de
personnes vit du commerce dans les villes
d’Afrique orientale et en Afrique du Sud.
Bien que l’Afrique constitue un cinquième de
la totalité de la surface terrestre, elle ne
représente que 12,6 p. 100 de la population
mondiale. En 1995, on estimait la population
totale du continent à 710 millions
d’habitants. La densité moyenne de
23 habitants au kilomètre carré représente à
peine plus de la moitié de la moyenne
mondiale. Cette statistique englobe de
vastes étendues, comme les déserts du
Sahara et du Kalahari, qui sont virtuellement
inhabitées. Si l’on ne prend en compte que
la population vivant sur les terres arables ou
productives, la densité moyenne atteint
139 habitants au kilomètre carré. Les
régions les plus densément peuplées du
continent se situent le long des côtes
septentrionale et occidentale, dans les
bassins du Nil, du Niger, du Congo et du
Sénégal et dans la région des Grands Lacs.
Le Nigeria, avec ses 90 millions d’habitants,
est le pays le plus peuplé d’Afrique, mais le
Rwanda et le Burundi, qui comptent parmi
les plus petits pays du continent, ont une
densité supérieure à 250 habitants au
kilomètre carré en zone de collines, une
réalité qui est à l’origine des problèmes
sociaux, économiques et politiques qui
ensanglantent la région.
Le taux de natalité en Afrique atteint
46 p. 1 000. Les progrès de la médecine
depuis la Seconde Guerre mondiale
entraînèrent une forte chute du taux de
mortalité (17 p. 1 000 en moyenne). La
population croît annuellement d’environ
2,9 p. 100. Toutefois, ces statistiques varient
largement d’un pays à l’autre et suivant les
régions. La pyramide des âges est très large
à la base, et dans la plupart des pays
d’Afrique, près de la moitié de la population
est âgée de 15 ans et moins.
À l’origine essentiellement rurale, la population africaine s’urbanise rapidement, notamment en
Afrique du Nord. Les centres urbains attirent des foules d’émigrants des zones rurales qui
s’installent comme résidents permanents ou comme travailleurs saisonniers. La croissance urbaine
est particulièrement rapide depuis les années 1950. On estime que la moitié de la population
africaine vivra dans des villes en l’an 2000. L’émigration saisonnière du Sahel (Mali, Burkina, Niger)
s’effectue vers les ports du golfe de Guinée (Abidjan, Accra, Lagos). En Afrique centrale, les mines
et les usines de Zambie, du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud favorisent l’exode rural. Les habitants
du nord de l’Afrique choisissent la France et, plus récemment, d’autres pays de l’Union européenne.
Les guerres civiles qui ont éclaté dans plusieurs pays, ainsi que les sécheresses et les famines ont
provoqué l’émigration massive de réfugiés (Rwanda, Liberia, Somalie).

3.2 Découpage administratif


Les pays d’Afrique sont les suivants :
l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Angola, le Bénin,
le Botswana, le Burkina, le Burundi, le
Cameroun, le Cap-Vert, les Comores, la
république du Congo, la République
démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire,
Djibouti, l’Égypte, l’Érythrée, l’Éthiopie, le
Gabon, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la
Guinée-Bissau, la Guinée équatoriale, le
Kenya, le Lesotho, le Liberia, la Libye,
Madagascar, le Malawi, le Mali, le Maroc, la
Mauritanie, le Mozambique, la Namibie, le
Niger, le Nigeria, l’Ouganda, la République
centrafricaine, le Rwanda, São Tomé et
Príncipe, le Sénégal, la Sierra Leone, la
Somalie, le Soudan, le Swaziland, la
Tanzanie, le Tchad, le Togo, la Tunisie, la
Zambie et le Zimbabwe. Les îles de Madère,
des Canaries et de Mayotte dépendent
respectivement du Portugal, de l’Espagne et
de la France. L’Espagne possède au Maroc
deux enclaves, Melilla et Ceuta, ainsi que les
îles Zaffarines.
Les plus grandes villes sont souvent des capitales d’État, et la plupart sont des villes portuaires
issues de la colonisation, alors que l’intérieur de l’Afrique reste en grande partie rural. Au nord du
Sahara, les villes de plus d’un million d’habitants sont Casablanca au Maroc, Alger en Algérie, Tunis
en Tunisie, Tripoli en Libye, Le Caire qui, avec ses 13 millions d’habitants, est la plus grande ville
d’Afrique et Alexandrie en Égypte. Au sud du Sahara, ce sont Dakar au Sénégal, Conakry en
Guinée, Abidjan en Côte d’Ivoire, Accra au Ghana, Lagos, Ibadan et Kano au Nigeria, Douala au
Cameroun, Khartoum au Soudan, Addis-Abeba en Éthiopie, Kampala en Ouganda, Nairobi au Kenya,
Dar es-Salaam en Tanzanie, Kinshasa en République démocratique du Congo, Luanda en Angola,
Lusaka en Zambie, Maputo au Mozambique, Johannesburg, Le Cap et Soweto en Afrique du Sud,
Antananarivo à Madagascar.
3.3 Langues et religions
Plus de mille langues sont parlées en
Afrique, dont plus de cinquante, par plus de
500 000 personnes. Hormis l’arabe, les
langues d’Afrique qui comptent le plus de
locuteurs sont le swahili en Afrique centrale
et orientale, et le haoussa au Tchad, au
Niger et au Nigeria. De nombreux Africains,
en particulier ceux de l’Afrique
subsaharienne, parlent plusieurs langues : la
leur et celles de leurs voisins, ainsi que
celles des anciennes administrations
coloniales européennes dont ils se servent
pour les échanges interafricains et
internationaux.
Le christianisme fut introduit en Afrique du
Nord au Ier siècle et s’étendit vers le Soudan
et l’Éthiopie (IVe siècle). Il subsista en
Éthiopie avec l’Église copte. La religion
chrétienne se développa à nouveau depuis
l’Afrique tropicale avec le début de
l’expansion européenne au XVe siècle.
Aujourd’hui, les groupes catholiques et
protestants sont à peu près également
répartis sur tout le continent, mais ces
derniers font des progrès spectaculaires.
L’islam, la première religion de l’Afrique, fut
introduite par les marchands maghrébins à
partir de l’Afrique du Nord au VIIe siècle, et
se propagea à la même époque le long de la
côte de l’Afrique orientale dans le sillage du
commerce musulman. L’école juridique
malikite (sunnite) domine la plus grande
partie de l’Afrique musulmane, à l’exception
de l’Égypte, de l’Est et de la côte d’Afrique
orientale. Les marabouts sont des guides
religieux particulièrement respectés.
La principale caractéristique de la
conscience religieuse traditionnelle africaine
est l’absence de frontière nette entre le
monde spirituel et le monde naturel, et donc
entre l’esprit humain et l’environnement.
Bien que les religions traditionnelles
présentent une grande diversité, elles
mettent toutes en avant un seul dieu ou une
seule entité créatrice et plusieurs esprits
subordonnés : des esprits de la nature
habitant les arbres, l’eau, les animaux et
autres éléments naturels et des esprits
ancestraux, comme les fondateurs de la
famille, de la lignée ou du clan.
Certains mouvements religieux baptistes,
issus du christianisme, mêlent des rites
chrétiens et des éléments religieux locaux.
Dirigés par des prophètes, ces groupes
syncrétiques se répandirent dans toute
l’Afrique. Ils sont particulièrement
concentrés et puissants dans le sud et le
centre de l’Afrique (république du Congo,
République démocratique du Congo).
En Éthiopie, les Falashas pratiquaient un
judaïsme remontant à la destruction du
Temple de Jérusalem (Ve siècle av. J.-C.). Entre 1984 et 1991, ils
émigrèrent en Israël. Les Indiens d’Afrique orientale et des îles de l’océan Indien sont hindouistes
ou ismaïliens.

3.4 Société
La famille élargie est l’unité de base de la
plupart des sociétés africaines. Dans une
grande partie du continent, elle est liée par
des lignages, des clans et des castes dont le
rôle dans la vie quotidienne, l’économie et la
politique est très important. Les relations
entre les communautés fonctionnent avant
tout sur l’échange et la complémentarité,
plusieurs communautés, clans et castes
cohabitant souvent dans le même village.
Leurs rapports respectifs sont réglés par des
codes très stricts établis dans le passé en
fonction d’anciennes nécessités
économiques ou historiques.
Les ancêtres masculins ou féminins
fondateurs du village, de la lignée ou du clan
sont la référence de tous. Leur protection
est demandée lors des fêtes traditionnelles
des semailles et des moissons, et durant les
initiations, rites de passage qui ont pour but
d’insérer l’individu dans la société et de lui
enseigner les règles de la vie en commun.
L’exode rural et la cohabitation avec d’autres communautés dans des villes devenues tentaculaires
font éclater les règles traditionnelles, comme les interdits concernant le mariage. Ici, les « clivages
ethniques » s’effacent devant les problèmes sociaux des métropoles modernes.

3.5 Arts et vie culturelle


Une grande partie de l’activité culturelle se
concentre autour de la famille et du groupe
communautaire. L’art, la musique et la
littérature orale renforcent les modèles
religieux et sociaux existants. La minorité
occidentalisée, influencée par la culture
européenne et le christianisme, avait
commencé à rejeter la culture traditionnelle
africaine, mais l’émergence du nationalisme
africain a favorisé un véritable réveil
culturel. Voir Afrique, art d’ ; Afrique, littératures d’ ; Afrique, musiques d’.
4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités
Traditionnellement, les Africains pratiquent
l’agriculture et l’élevage de subsistance. Il
existe de grands marchés et le commerce a
été à l’origine des civilisations africaines
depuis le début de notre ère. L’artisanat est
une activité essentielle et les artisans
(tisserands, forgerons, sculpteurs) faisaient
partie des principaux enjeux au cours des
batailles. Les grands empires de la savane,
les royaumes de la forêt et les cités-États
sont nés de l’artisanat et du commerce à
grande distance.
La colonisation européenne introduisit de
nouveaux produits agricoles, et l’exploitation
des minerais entraîna un développement de
l’émigration régionale ; de nouvelles voies
de communication furent construites
(routes, chemins de fer), l’introduction de
techniques modernes et de produits
européens permit l’essor d’une économie
d’échanges. L’artisanat local (tissages, outils
en fer) fut concurrencé par les marchandises
européennes plus valorisantes. Les
industries de transformation se
développèrent, ainsi que les ports et les
centres administratifs. La coexistence d’une
économie de subsistance et d’une économie
moderne caractérise l’économie africaine,
mais dans les périodes de récession, une
économie « informelle » (échanges
traditionnels non mesurables par les
méthodes d’investigation habituels) permet
à la population de subvenir à ses besoins.
Le développement économique représente
également un problème majeur dans une
économie mondiale elle-même en crise.
Plusieurs États africains détiennent des
ressources naturelles importantes, mais
seule l’Afrique du Sud possède les moyens
financiers pour se développer. Les
entreprises privées étrangères considèrent
souvent l’investissement dans ces régions
sous-développées comme trop risqué, ce qui
s’est vérifié dans de nombreux cas. Les
seules autres possibilités de financement
proviennent des institutions nationales et
internationales de prêt. Voir développement,
pays en voie de.
Le niveau de vie des nations africaines a considérablement chuté au cours des années 1990,
suivant en cela le cours des matières premières. La récession à l’échelle mondiale du début des
années 1980 a multiplié les difficultés provoquées par l’augmentation des prix du pétrole dans les
années 1970. Le règlement de la dette extérieure et les économies imposées par la Banque
mondiale ont attisé le mécontentement populaire. La famine et la sécheresse se sont abattues sur
de nombreuses régions au cours des années 1980 et des millions de réfugiés, chassés par la
sécheresse ou les conflits civils, se sont établis loin de leur pays d’origine. Le choléra et le
paludisme restent récurrents en Afrique, alors que le sida ne cesse de se propager.

4.2 Agriculture, forêts et pêche


Malgré l’expansion du commerce et de
l’industrie, la plupart des Africains restent
des agriculteurs et des éleveurs. Dans le
nord et le nord-ouest de l’Afrique, on cultive
le blé, l’avoine, le maïs et l’orge, et on
récolte les dattes dans les oasis, les olives et
les agrumes sur la bordure
méditerranéenne ; les cultures maraîchères
sont variées et pratiquées un peu partout
grâce à l’irrigation. Dans la savane, on
pratique l’agriculture itinérante liée au degré
d’épuisement du sol et à la pratique du
brûlis. Il en est de même dans les zones
forestières. Les céréales, comme le mil et le
sorgho, sont les principales cultures de la
savane ; le riz, les ignames, le manioc, le
gombo, le plantain et les bananes sont les
cultures alimentaires des régions plus
humides. Partout, on élève des chèvres et
des moutons. Au Sahara, les chameaux sont
utilisés pour les transports traditionnels.
L’élevage des bovins est impossible dans les
régions infestées de mouches tsé-tsé, c’est-
à-dire dans la plupart des zones forestières.
En Afrique occidentale, ce problème
sanitaire est à l’origine du grand commerce
régional nord-sud du bétail, élevé par les
pasteurs peul et expédié sur pied vers le sud
pour nourrir les grands centres de la côte.
Les hauts plateaux d’Afrique orientale et
australe restent cependant le domaine
privilégié des éleveurs.
La culture commerciale, ou culture de rente,
est commune à tout le continent et occupe
près de la moitié des terres cultivées. Le
café, le coton, le cacao, les arachides et
l’huile de palme sont destinés à
l’exportation. L’Afrique fournit plus de la
moitié de la demande mondiale en café,
cacao, arachide, sisal, clou de girofle.
Le bois n’a plus qu’une valeur limitée, sauf
pour son utilisation locale comme
combustible, mais le déboisement intensif,
surtout dans la périphérie des villes,
accentue le processus de désertification. Le
Gabon est le principal fournisseur d’okoumé,
un bois utilisé pour la fabrication du
contreplaqué ; la Côte d’Ivoire, le Liberia, le
Ghana et le Nigeria sont les principaux
exportateurs de bois durs, mais
l’exploitation souvent anarchique accentue
la déforestation.
À l’intérieur des terres, aux côtés de la pêche, l’élevage de poissons se pratique depuis un demi-
siècle. Ainsi, le Mali, où la pêche est pratiquée de façon intensive depuis toujours dans le delta
intérieur du Niger, arrive au premier rang dans ce domaine en Afrique. Les côtes de l’Atlantique
sont parmi les plus poissonneuses du monde, mais les pêcheurs locaux n’ont pas le matériel
nécessaire pour pratiquer la pêche industrielle. Toutefois, les pays riverains perçoivent des pays
développés d’importants droits de pêche.

4.3 Mines et industries


L’extraction minière représente le plus
grand volume des revenus de l’exportation.
Près de la moitié du revenu des minerais
d’Afrique revient à l’Afrique du Sud ; une
grande partie vient de l’exploitation des
mines d’or et de diamants. Les autres
principaux pays fournisseurs de minéraux
sont la Libye (pétrole), le Nigeria (pétrole,
gaz naturel, charbon, étain), l’Algérie
(pétrole, gaz naturel, minerai de fer), la
République démocratique du Congo et la
Zambie (cuivre, cobalt, charbon, plomb,
zinc). Le fer est présent sur tout le
continent. On trouve également du pétrole
le long de la côte occidentale de l’Afrique,
du bassin du Gabon à l'Angola (Cabinda).
Un tiers de l’uranium mondial est fourni par
l’Afrique, notamment par l’Afrique du Sud, le
Niger, la République démocratique du
Congo, la République centrafricaine et le
Gabon. Environ 20 p. 100 des réserves de
cuivre du monde se concentrent en Zambie,
en République démocratique du Congo, en
Afrique du Sud et au Zimbabwe. La
République démocratique du Congo possède
également environ 90 p. 100 des gisements
de cobalt connus dans le monde et la Sierra
Leone détient les plus grandes réserves de
titane connues. L’Afrique fournit près des
trois quarts de l’or mondial ; l’Afrique du
Sud, suivie par le Zimbabwe, la République
démocratique du Congo et le Ghana, en sont
les principaux producteurs.
Les mines d’Afrique du Sud, de la
République démocratique du Congo, de
l’Angola, de la République centrafricaine et
du Botswana fournissent virtuellement la
totalité des gemmes et des diamants
industriels.
La plus grande partie des richesses minières
de l’Afrique est cependant exploitée par de
grandes multinationales. Les pays africains
ont tenté sans grand succès de devenir
actionnaires dans l’exploitation de leurs
propres richesses.
Le Nigeria, la Libye, l’Algérie et l’Angola sont
parmi les premiers producteurs mondiaux de
pétrole. Les exportations de gaz naturel se
concentrent en Algérie. Le charbon est
exploité au Zimbabwe et en Afrique du Sud ;
leur production est destinée à l’utilisation
locale. Les autres pays d’Afrique doivent
importer leur énergie, en particulier le
pétrole. L’augmentation du prix du pétrole
dans les années 1970 a été préjudiciable à
de nombreux pays, déséquilibrant la balance
des paiements et augmentant la dette, ce
qui a entravé le développement dans les
années 1980 et 1990.
Bien que l’Afrique détienne près de
40 p. 100 du potentiel hydroélectrique
mondial, seule une partie relativement
limitée s’est développée en raison des coûts
de construction, de l’inaccessibilité des sites
et du transport de l’énergie. Cependant,
depuis les années 1950, quelques-uns des
plus grands barrages du monde ont été
construits en Afrique, notamment à Assouan
sur le Nil, à Akosombo sur la Volta, au
Ghana, à Kariba et à Cabora Bassa sur le
Zambèze.
Les industries de transformation sont fondées sur l’extraction minière et pétrolière (fonderie et
raffinage). L’Afrique du Sud, premier producteur industriel du continent, a développé l’industrie
lourde, la métallurgie et la fabrication de machines et de moyens de transport. Des centres
industriels importants se sont également développés au Zimbabwe, en Égypte et en Algérie. Les
industries liées aux minerais sont présentes en République démocratique du Congo et en Zambie ;
le Kenya, le Nigeria et la Côte d’Ivoire se sont spécialisés dans le textile, l’industrie légère et les
matériaux de construction. Dans le reste de l’Afrique, la production industrielle se limite à la
fabrication et à l’assemblage de biens de consommation, comme les chaussures, les bicyclettes, les
textiles, les denrées alimentaires et les boissons.

4.4 Échanges
Les moyens de communications datent
presque tous de l’époque coloniale et n’ont
guère été améliorés depuis (sauf le
Transgabonais et le chemin de fer de
Mauritanie construits pour exporter les
minerais, et le réseau de l’Afrique du Sud).
Les réseaux routiers de la plupart des pays
sont constitués en grande partie de routes
de terre, impraticables pendant la saison
des pluies. Ils relient principalement
l’intérieur du pays à la côte, mais sont
dépourvus de routes transversales. Seule
l’Afrique du Sud possède un réseau de
communications digne de son époque.
L’économie des États africains dépend
essentiellement des exportations et porte
sur des matières premières dont la vente
permettra d’acheter des biens industriels et
de consommation. La plupart des anciennes
colonies britanniques entretiennent toujours
des relations commerciales lâches avec le
Royaume-Uni et conservent leur réserve
monétaire à Londres. Les anciennes colonies
françaises ont des relations plus étroites
avec la France. La plupart sont membres de
la zone du franc CFA. En outre, la plupart
des États africains ont des liens
économiques avec l’Union européenne et
bénéficient de réductions des tarifs
douaniers (conventions de Lomé).
Le commerce interrégional porte
essentiellement sur les échanges
traditionnels (bétail, céréales) et échappe en
partie au contrôle des États. Des systèmes
économiques interafricains modernes ont
cependant été mis en place. Les plus
durables et les plus réussis sont la
Communauté économique des États
d’Afrique de l’Ouest et la Communauté
économique des États d’Afrique centrale.
L’Organisation de l’unité africaine
(OUA)œuvre également pour le
développement du commerce et du
développement économique interafricains.
5 HISTOIRE
5.1 Préhistoire et Antiquité
L’Afrique a vu naître les ancêtres de
l’homme moderne. Ils sont apparus il y a
quelque six millions d’années en Afrique
orientale et leur découverte a été une
grande aventure de la science. Ce sont des
outils (de simples galets utilisés comme
broyeurs) qui furent mis au jour en premier.
Puis vinrent de nombreux fossiles, jusqu’à la
découverte dans l’Afar, en Éthiopie, du
squelette d’un australopithèque appartenant
à l’espèce Australopithecus afarensis, dit
Lucy, un hominidé de trois millions
d’années. Il y a plus de 1,5 million d’années,
la région de la Rift Valley vit ensuite
apparaître Homo habilis et Homo erectus,
des hominidés connaissant des outils de
pierre plus élaborés. Homo sapiens, le
premier homme véritable, apparut en
Afrique il y a plus de deux cent mille ans,
alors qu’il était déjà présent en Europe et en
Asie. Voir Homme, évolution de l’.
Curieusement, l’homme préhistorique
africain plus récent est moins connu, et ce
n’est qu’à partir du Xe millénaire avant notre
ère que l’on retrouve une continuité avec
notre époque. Des fouilles récentes (1978)
dans le massif de l’Aïr, au Niger, et des
datations scrupuleuses ont permis de
déterminer que, dès cette époque, les
Africains avaient réussi à maîtriser la
technique de la terre cuite de façon
autonome. Ce lent processus allait aboutir à
la découverte des arts du feu et de la
métallurgie que nous connaissons à travers
les œuvres en terre cuite de la civilisation
Nok (Nigeria, Ve siècle av. J.-C.) puis les
masques en laiton et en bronze d’Ifé et du
Bénin (Xe-XIXe siècles).
La première grande civilisation d’Afrique se
forma dans la vallée du Nil, vers 5000 av. J.-
C. Chassés du Sahara par la désertification,
les agriculteurs néolithiques s’établirent sur
les bords du Nil, qui avait diminué de
volume, et profitèrent des crues du fleuve
comme source d’irrigation, ainsi que des
nouveaux sols dégagés par le retrait des
eaux. La nécessité de contrôler les crues
permit la formation d’un État complexe et
organisé, avec des systèmes politique et
religieux élaborés (voir Égypte ; Égypte, art
de l’ ; Égyptienne, mythologie ; Égypte
ancienne, littérature de l’). La civilisation
égyptienne rencontra les sociétés
méditerranéennes tandis que l’assèchement
général du climat la coupait de plus en plus
du reste du continent auquel ne la reliait
plus que la mince vallée du Nil. Dans la
haute vallée du fleuve, en Nubie, se
développèrent les royaumes de Napata puis
de Méroé.
L’Afrique fut alors envahie pour la première
fois de son histoire par des populations
d’Arabie du Sud (le royaume de Saba) qui
s’installèrent sur le plateau abyssin et
fondèrent le royaume d’Aksoum, embryon
de la royauté éthiopienne (IVe siècle av. J.-
C.). Intégrés, puis alliés à la population noire
locale, les souverains abyssins entretinrent
des relations étroites avec le sud de l’Arabie
et faillirent s’emparer de La Mecque, l’année
même de la naissance du prophète
Mahomet (570).
Du IIIe siècle av. J.-C. au début du Ier siècle
apr. J.-C., Rome conquit Carthage, puis
l’Égypte et l’ensemble de l’Afrique du Nord,
qui devint le grenier à blé de l’Empire
romain. Voir Afrique, province romaine d’.
Toute la partie à l’ouest de la Libye actuelle
resta aux mains de l’Empire romain
d’Occident, la partie orientale, y compris
l’Égypte, étant inféodée à l’Empire byzantin.
À cette époque, la population des villes et
des plaines côtières se convertit au
christianisme. Au Ve siècle, les Vandales, une tribu germanique, conquirent
une grande partie de l’Afrique du Nord et dominèrent la région pendant un siècle, puis furent
vaincus par les armées byzantines. La région fut ensuite annexée à l’Empire d’Orient.

5.2 Royaumes africains


5.2.1 Afrique du Nord
Les armées musulmanes envahirent
l’Afrique dix ans après la mort du prophète
Mahomet en 632 et vinrent à bout de la
résistance byzantine qui s’effondra.
Les Arabes soumirent ensuite les États
berbères de l’ouest, atteignirent l’Atlantique
puis s’établirent en Espagne (VIIIe siècle).
Christianisées superficiellement, les
populations urbaines de la côte nord-
africaine embrassèrent l’islam, plus
valorisant, à leurs yeux, que la religion
byzantine trop lointaine, à laquelle se
référait une administration corrompue. De
nombreux groupes berbères retranchés
dans le massif de l’Atlas et au-delà du
Sahara résistèrent à la mainmise des
conquérants. Les minorités arabes
s’appuyant sur ces convertis, établirent des
principautés en Algérie et au Maroc,
établissant de l’Indus à l’Atlantique un grand
ensemble commercial où les marchands
pouvaient circuler et échanger leurs produits
en toute liberté grâce à une monnaie d’or, le
dinar. La logique poussa ces derniers à
développer le commerce transsaharien pour
accéder au royaume du Ghana, qui avait
établi sa notoriété sur l’exploitation des
mines d’or du Haut-Sénégal-Niger.
Au Soudan oriental, les États chrétiens
furent conquis ; seul le royaume chrétien de
Nobatia fut assez fort pour résister aux
envahisseurs et signer un traité qui lui
permit de rester indépendant pendant six
cents ans. Le long de la côte orientale, les
commerçants arabes de Mascate et d’Oman,
prenant la suite des commerçants indiens du
Gujarat, fondèrent des comptoirs
(VIIIe siècle) qui connurent la prospérité et la
paix jusqu’à l’arrivée de Vasco de Gama, au
début du XVIe siècle.
Le commerce transsaharien s’établit à partir
du VIIIe siècle. Les caravanes et les
propagandistes musulmans propagèrent les
valeurs politiques, religieuses et sociales de
l’islam, mais eurent peu de prise sur les
populations noires animistes jusqu’à
l’arrivée des Almoravides, qui entreprirent
de mettre la main sur le commerce de l’or et
d’islamiser la région par la force en lançant
une guerre sainte contre les païens
(XIe siècle).
Plusieurs dynasties se développèrent en
Afrique du Nord (Almoravides, Almohades,
Idrissides, Fatimides en Tunisie puis en
Égypte). Au XIVe siècle, le Soudan resté chrétien fut submergé par les armées
des mamelouks d’Égypte. Les Turcs ottomans conquirent l’Égypte en 1517 et, en l’espace de
cinquante ans, établirent un contrôle nominal sur la côte nord-africaine. Toutefois, le véritable
pouvoir restait aux mains des mamelouks, qui régnèrent sur l’Égypte. Les Éthiopiens furent
submergés par les armées du sultan d’Adal, mais, en 1542, ils repoussèrent les musulmans avec
l’aide des Portugais conduits par le fils de Vasco de Gama.

Afrique
5.2.2 occidentale
En Afrique occidentale se formèrent des royaumes dont l’économie reposait sur le commerce
transsaharien. L’or et les esclaves étaient envoyés vers le nord en échange de tissus et d’outils
tandis que se développaient les échanges entre le Sahara, qui fournissait le sel, la savane, qui
donnait le mil, et la forêt où poussait la noix de cola.

5.2.2.1 Ghana
Le premier de ces États, le royaume du
Ghana, émergea à partir du Ve siècle apr. J.-
C. dans le sud-est de l’actuelle Mauritanie,
sur le site de Koumbi Saleh. Vers le début du
XIe siècle, la cour du Ghana comptait des
conseillers musulmans. Les marchands
musulmans vivaient dans des grands
quartiers réservés, d’où ils dirigeaient un
commerce lucratif à grande échelle. À la fin
du XIe siècle, le Ghana fut détruit par les Almoravides, un mouvement intégriste fondé par
les Berbères sanhadja. Puis le mouvement se scinda ; un groupe se dirigea vers le nord à la
conquête du Maroc, fonda Marrakech et conquit l’Espagne musulmane, trop tiède à ses yeux,
l’autre partit vers le sud et s’empara du Ghana (vers 1076). Au siècle suivant, les Soussous du
Fouta-Djalon, anciens vassaux du Ghana, prirent le contrôle de la région, mais durent se soumettre
à l’empire du Mali dont la capitale se trouvait à Niani, dans le nord-est de la Guinée actuelle (vers
1240).

5.2.2.2 Mali et Songhaï


L’empire du Mali s’est développé vers le
début du XIe siècle dans le cours supérieur
du Sénégal et du Niger à partir d’un
ensemble de peuples de langue mandé. Au
milieu du XIIIe siècle, l’État commença son
expansion sous la direction de Soundiata
Keita dont les successeurs se convertirent à
l’islam. L’empire connut son apogée sous le
règne du mansa (roi) Moussa, qui conquit la
célébrité lors d’un fastueux pèlerinage à
La Mecque (1324-1325) au cours duquel il
distribua des pièces d’or en telle quantité
que le cours du métal s’effondra sur les
marchés du Caire. Il établit des relations
diplomatiques avec la Tunisie et l’Égypte, et
fit venir des enseignants et des artisans ; à
cette époque, le Mali figurait sur les cartes
européennes.
Après 1400, l’empire déclina et le royaume
de Gao, fondé en 1464 par Sonni Ali Ber, le
roi des Songhaï, émergea à son tour. Sous
Askia Mohammed, l’Empire songhaï s’étendit
de l’Atlantique au lac Tchad sur 2 500 km, et
donna à Tombouctou, un comptoir
commercial au départ de la route
transsaharienne vers le Maghreb, ses heures
de gloire. Mais Tombouctou fut détruite par
une expédition marocaine équipée d’armes
à feu (les premières à être utilisées au sud
du Sahara), envoyée par le sultan Ahmad al-
Mansur qui voulait mettre la main sur le
commerce de l’or (1591).
Par la suite, des petits royaumes (Macina,
Gonja, Ségou, Kaarta) tentèrent de dominer
l’Ouest africain, mais ils ne purent ranimer le
commerce transsaharien en déclin par suite
de l’ouverture des comptoirs commerciaux
européens sur la côte de la Guinée à partir
du XVIe siècle.
5.2.2.3 États haoussa et Kanem-Bornou
À l’est de l’Empire songhaï, entre le fleuve
Niger et le lac Tchad, se développèrent les
cités-États des Haoussa et l’empire de
Kanem-Bornou. Les États haoussa (Biram,
Daura, Katsina, Zaria, Kano, Rano et Gobir)
se formèrent vers le Xe siècle et tirèrent
profit de la chute de l’Empire songhaï. Le
commerce transsaharien se déplaça vers
l’est et passa sous le contrôle de Katsina et
de Kano, qui devinrent les centres d’un
commerce et d’une vie urbaine florissants.
L’islam fut introduit au XIVe siècle dans les
États haoussa depuis le Kanem-Bornou.
Le Kanem fut fondé au VIIIe siècle au nord et
à l’est du lac Tchad et formait un État doté
d’une structure assez lâche. Il fut d’abord
dominé par un peuple nomade, les
Zaghaouas, qui furent supplantés par une
nouvelle dynastie, les Saifaouas. Les
nouveaux dirigeants se convertirent à l’islam
vers le XIe siècle. À la fin du XIVe siècle,
poussés par les Boulalas nomades qui
avaient envahi leur région, les sultans du
Kanem investirent la région du Bornou. Le
plus célèbre des dirigeants bornouans fut
maï Idris Alooma (1580-1617) ; il introduisit
les armes à feu achetées aux Turcs
ottomans. À son apogée, le Kanem-Bornou
contrôlait les routes du Sahara oriental,
mettant l’Afrique centrale en liaison avec
l’Égypte et la Libye ; il amorça un long déclin
à partir du XVIIe siècle.
5.2.2.4 Expansion de l’islam
À l’époque des grands empires sahéliens
(Xe-XVIe siècles), la vie des agriculteurs et
des pêcheurs s’améliora dans la mesure où
l’islam, associé aux nouveaux centres
urbains, avait favorisé l’expansion
économique et l’émergence d’une classe
dirigeante et d’une bourgeoisie vivant du
commerce à moyenne et longue distance. La
conversion à l’islam était l’aboutissement
normal de cette évolution sociale et
économique. Les populations rurales, quant
à elles, restaient pour la plupart attachées à
la religion traditionnelle, ou continuaient à
en perpétuer certaines pratiques.
C’est à travers les Kountas, des nomades
arabo-berbères, que les confréries
religieuses musulmanes (tariqa)
commencèrent à s’implanter en Afrique
occidentale. Ainsi, la spiritualité prêchée par
la Qadiriyya à partir du milieu du XVIe siècle
trouva un terrain favorable chez les
populations de la boucle du Niger. Au cours
de cette période, la pratique religieuse
déclina au sein de la classe dirigeante et
l’islam devint une religion individuelle, plutôt
qu’une religion d’État.
Au début du XIXe siècle, les Toucouleur,
emmenés par El-Hadj Omar, relancèrent le
mouvement d’islamisation à partir du Fouta-
Toro, dans la haute vallée du Sénégal.
D’autres mouvements réformateurs,
agissant souvent en réaction à la poussée
européenne, virent le jour chez les Peul et
les Mandingues. Les anciens pouvoirs furent
renversés et remplacés par des États
théocratiques. Entre 1804 et 1810, dans les
États haoussa, Ousman dan Fodio s’appuya
sur les Peul, prit la tête d’un mouvement
religieux qui renversa les dirigeants haoussa
et fonda l’empire du Sokoto, dans le nord du
Nigeria. Sa tentative d’investir le Bornou se
heurta à la résistance des chefs religieux
locaux. Peu après sa mort, son empire fut
repris en main par son fils, Muhammad Bello
(1817).
Un autre État théocratique fut créé dans le Macina par Cheikou Amadou, un marabout peul qui
lança une guerre sainte contre les Bambara animistes et se tailla un royaume dans le Macina (la
plaine inondable entre Tombouctou et Djenné). À sa mort, en 1844, son fils prit le pouvoir, mais en
1862 son petit-fils se heurta à El-Hadj Omar qui s’empara de la région. Le conquérant toucouleur ne
profita guère de sa victoire car les populations se soulevèrent et El-Hadj Omar se tua dans une
grotte du pays dogon (1866).

5.2.3 Afrique orientale


Le Périple de la mer Érythrée (100 apr. J.-C.),
un récit laissé par un marin grec, évoque les
échanges commerciaux à travers l’océan
Indien entre l’Afrique, l’Arabie et l’Inde, et
fait état pour la première fois de l’existence
des vents de mousson qui permirent l’essor
du commerce maritime dans la région. On
pense que les immigrants africains et
indonésiens atteignirent Madagascar à peu
près à la même époque (Ier millénaire apr. J.-
C.), apportant de nouvelles denrées
alimentaires, notamment la banane, et de
nouvelles méthodes de cultures, comme
l’irrigation.
Les Arabes avaient établi des comptoirs sur
la côte dès le VIIIe siècle (Sofala au
Mozambique), probablement à
l’emplacement de comptoirs encore plus
anciens mis en place par les premiers
navigateurs indiens. L’ivoire, l’or, le minerai
de fer et les esclaves constituaient les
principales exportations. Vers le XIIIe siècle,
il existait plusieurs cités-États le long de la
côte est-africaine, qui était connue comme
le pays des Zendj. On y trouvait Mogadicio,
Malindi, Lamu, Mombasa, Zanzibar, Kilwa,
Pate et Sofala. Une civilisation urbaine
apparut. Elle s’appuyait sur le swahili, une
langue à structure bantoue dont le
vocabulaire fait appel à des langues parlées
par les commerçants (arabe, persan,
gujarati, bantou, puis portugais, anglais et
français). Les classes dirigeantes étaient des
métis arabo-indo-africains ; les populations
étaient bantoues. Les esclaves, porteurs des
marchandises, vendus à l’arrivée avec leur
charge, étaient nombreux. Ces cités-États
vouées au commerce maritime n’établirent
des relations suivies avec la région des
Grands Lacs, au centre de l’Afrique, qu’à
partir du milieu du XIXe siècle (comptoirs de
Tabora et d’Oujiji sur le lac Tanganyika).
La région des Grands Lacs pratiquait déjà la
métallurgie du fer à la veille de notre ère,
comme le montrent les découvertes faites
au Rwanda et au Burundi. Les États de la
région émergèrent vers le XIVe siècle et
prirent la forme d’une monarchie sacrée
dont le symbole politique était le tambour,
transmetteur des ordres royaux. On sait peu
de choses sur cette première période
historique, sinon que les traditions orales
évoquent l’existence d’un grand empire dit
de Kitara ou de Chwezi qui se serait
développé sur le Rwanda et le sud de
l’Ouganda actuels. D’autres royaumes furent
supplantés par une vague de peuples, les
Luos, venus du Soudan, qui poursuivirent
leur migration vers le sud. Parmi ces États
des Grands Lacs, le Bunyoro fut le plus
puissant jusqu’à la seconde moitié du
XVIIIe siècle. Puis le Buganda, à l’est du lac
Victoria, commença son expansion. Une
administration centralisée se développa,
dont les chefs et sous-chefs de districts
étaient nommés par le souverain, le kabaka
(roi).
Au sud, au Rwanda, puis au Burundi, une aristocratie pastorale, établie sur l’élevage des bovins, et
fondée par les Himas, ou Tutsi, contrôla les peuples bantous défricheurs de clairières établis de
longue date dans la région, et s’opposa fermement à l’action des négriers arabes. Le Rwanda est,
de tous les États d’Afrique, celui dont la formation est la plus ancienne. Les problèmes que connaît
ce pays sont plus d’origine sociale et politique qu’ethnique, les Banyarwanda (« gens du Rwanda »),
dominés par la même culture, vivant en complémentarité économique et sociale depuis des siècles.

5.2.4 Afrique centrale


Les États d’Afrique centrale sont encore
moins bien connus. Dans les savanes du
Zaïre, au sud des forêts pluviales, les
peuples de langue bantoue fondèrent des
communautés agricoles dès le Ier millénaire.
Dans la région des savanes centrales
correspondant à peu près au Shaba actuel
se développa un commerce entre
l’Atlantique et l’océan Indien, fondé sur
l’exportation du cuivre fondu en croisettes
de différentes dimensions utilisées comme
monnaie. Le royaume du Kongo, fondé vers
le XIVe siècle, contrôlait le nord de l’Angola
actuel, jusqu’à l’embouchure du Congo. Il
tenait sa richesse de sa connaissance de la
métallurgie du fer et des échanges qu’il
pratiquait avec les populations de la forêt.
Son fondateur était vénéré comme un roi-
forgeron qui avait apporté la civilisation (les
outils de fer pour défricher la terre, les
lances pour la défendre). Les Portugais
prirent contact en 1482 avec ce royaume,
entretenant avec lui des relations égalitaires
durant un demi-siècle.
Dans la région située entre la rivière Kasaï et le lac Tanganyika, de nombreux petits royaumes
s’organisèrent vers 1500 pour former l’Empire luba sous l’autorité de Kongolo, son fondateur
mythique. Vers 1600, un des plus jeunes fils de la dynastie quitta le royaume et fut à l’origine de
l’Empire lunda, dont les souverains prirent par la suite le titre de Mwata Yamvo. Comme tous les
royaumes de la forêt soumis à la croissance démographique, l’Empire lunda se disloqua, et les
héritiers fondèrent de nouveaux royaumes comme le Bemba, le Kasanje et le Kazembe. Entre 1750
et 1850, ce dernier domina le sud du Shaba et les régions méridionales.

5.2.5 Afrique australe


La tradition orale et l’archéologie ne
permettent pas de se faire une idée précise
du peuplement de l’Afrique australe au
Ier millénaire, des migrations, de l’absorption
ou de la scission des peuples. En Afrique
australe, les Karangas, des immigrants
bantous, furent les ancêtres des Shonas de
l’actuel Zimbabwe. Les Karangas semblent
être les édificateurs des étonnantes
structures de pierres qui couvrent la région.
Le royaume de Monomotapa succéda à ce
premier royaume du Zimbabwe qui, au
Moyen Âge, exportait son minerai de fer et
de cuivre jusqu’aux Indes par le port de
Sofala, près de l’embouchure du Zambèze.
Sa prospérité reposait également sur
l’exploitation de ses mines d’or. À son
apogée, au XVe siècle, la sphère d’influence
du Zimbabwe s’étendait du fleuve Zambèze
au Kalahari, à l’océan Indien et au fleuve
Limpopo.
À l’aube du XIXe siècle, les peuples de
langue bantoue avaient repoussé vers le
désert ou assimilé leurs prédécesseurs
bochimans dans le sud de l’Afrique. Au
début du XIXe siècle, les pressions
démographiques et la famine entraînèrent
une succession de guerres et des
mouvements migratoires importants, le
« Mfecane » (bouleversement). Vers 1816,
Chaka, le chef d’un clan des Ngounis,
entreprit d’éliminer le système de clan et de
le fondre en un seul peuple, ama zoulou (« ceux
du ciel »), en forçant les clans annexés et les prisonniers ennemis à changer de nom et à adopter
une langue unique. Fuyant devant les Zoulous, les tribus vaincues écrasèrent ou repoussèrent les
peuples plus éloignés. Les Ndwandwes, dirigés par Sobhuza, fondèrent le royaume de Swazi (1820).
Les Ngounis formèrent cinq royaumes et effectuèrent de nombreuses incursions militaires entre le
lac Victoria et le Zambèze (1848). Soshangane émigra vers le sud du Mozambique et fonda l’État
de Gaza vers 1830. Dans le Nord, les Kololos se heurtèrent aux Lozis pour la domination de la
région. Les Ndebele émigrèrent vers l’est (1824-1834) puis vers le nord (1837) jusque dans l’actuel
Zimbabwe, où ils fondèrent le Matabélé.

5.3 Impérialisme européen


Établissement des zones
5.3.1 d’influence
Henri le Navigateur, prince de Portugal, fut l’initiateur des premières expéditions autour de
l’Afrique, qui débutèrent en 1434 et aboutirent au doublement du cap de Bonne-Espérance par
Bartolomeu Dias en 1488 et à la découverte de la route des épices (l’océan Indien) par Vasco de
Gama (1497-1498). Les Portugais établirent des comptoirs (fort d’El Mina sur la Côte-de-l’Or en
1482) et furent bientôt suivis par les Français, les Hollandais et les Anglais. Les nouveaux venus
négociaient avec les peuples côtiers les produits africains locaux (or, ivoire, gomme, peaux
d’animaux) et les esclaves contre de la verroterie, des objets de mauvaise qualité et des fusils
sommaires. Partout où ils accostèrent, les ensembles commerciaux et politiques existants ou en
cours de formation furent perturbés (disparition du grand commerce transsaharien et des grands
empires), et les systèmes économiques et religieux modifiés (économie de traite ; introduction du
christianisme) au profit d’un commerce inégal ou « honteux » (traite négrière).

Afrique occidentale et
5.3.1.1 centrale
Lorsque l’importance économique des États
de la savane déclina, les États de la côte
prospérèrent et augmentèrent leur
puissance. Des conflits surgirent bientôt
entre les peuples côtiers pour le contrôle des
routes commerciales. Les expéditions
pratiquaient le commerce triangulaire : elles
ramenaient sur la côte encore plus
d’esclaves pour les marchands européens
qui les négociaient en Amérique contre des
produits locaux (coton, peaux) qu’ils
rapportaient en Europe avant de repartir sur
les côtes d’Afrique remplir leurs navires de
nouveaux esclaves.
Au cours des quatre siècles du commerce
des esclaves, des millions d’Africains furent
victimes de ce trafic de vies humaines. La
plupart furent capturés par d’autres
Africains et échangés contre différents biens
de consommation. Le premier grand
royaume à tirer profit du commerce des
esclaves fut le Bénin, dans l’actuel Nigeria,
fondé au XIIe siècle. Vers la fin du
XVIIe siècle, le Bénin fut supplanté par les
royaumes du Dahomey et d’Oyo. Au milieu
du XVIIIe siècle, les Ashanti de l’actuel Ghana
commencèrent leur ascension. Sous
l’asantehene (roi) Osei Kojo (qui régna de
1764 à 1777), ils s’approchèrent des
comptoirs commerciaux européens établis le
long de la Côte-de-l’Or. Plus à l’est, le
royaume yoruba d’Oyo déclina à la fin du
XVIIIe siècle, entraînant l’intervention des
Peul du nord. Vers 1835, Oyo fut
abandonnée, mais les Peul furent repoussés
à la bataille d’Oshogbo (vers 1840).
À la fin du XVIIIe siècle, les sociétés philanthropiques britanniques s’opposèrent
au commerce des esclaves. À la suite de la décision Mansfield, qui avait libéré les esclaves au
Royaume-Uni en 1772, des projets furent établis pour la création d’une colonie d’esclaves libérés
en Afrique occidentale. La première tentative (1787-1790) dans la baie de Saint-Georges (en Sierra
Leone) fut un échec. Une seconde tentative, lancée par les abolitionnistes, aboutit à la fondation de
Freetown, dans la même région (1792). L’exemple de la Sierra Leone attisa l’intérêt des libéraux
américains et, au début de 1822, une société philanthropique américaine, l’American Colonization
Society, fonda sa propre colonie du Liberia.

5.3.1.2 Afrique orientale


Lorsque les Portugais prirent contact avec le
royaume du Kongo dans les années 1480, ils
s’allièrent avec le souverain qui se convertit
au christianisme. Toutefois, le commerce
des esclaves, introduit de force par les
Portugais, attisa les conflits locaux (à cette
époque, près de la moitié des esclaves
envoyés vers les Amériques étaient
originaires de cette région).
À partir du milieu du XVIe siècle, les colons
portugais profitèrent de l’éloignement de
Lisbonne pour imposer leur loi aux
souverains kongolais dont le royaume finit
par s’effondrer. Dans le sud, ils fondèrent
Luanda (en 1575) pour servir de base arrière
à leur expansion vers l’arrière-pays (qu’ils
ne soumirent réellement que vers 1920). Sur
la côte d’Afrique orientale, ils soumirent le
Monomotapa et isolèrent le Mozambique du
commerce arabe. Les expéditions de Vasco
de Gama puis d’Albuquerque entraînèrent la
destruction de nombreuses cités-États
(Kilwa, Ormuz à l’entrée du golfe Arabo-
Persique).
La côte d’Afrique de l’Est retomba au
pouvoir de gouvernements locaux ou des
marchands musulmans en 1698. Au
XVIIIe siècle, elle passa sous le contrôle des
sultans d’Oman qui finirent par s’installer à
Zanzibar où le sultan Sayyid Saïd transféra
le siège du sultanat (début du XIXe siècle). Il
poussa les commerçants swahili à nouer des
liens commerciaux avec la région des
Grands Lacs et à y établir des comptoirs.
C’est avec leur aide que les explorateurs
britanniques Burton et Speke cherchèrent
les sources du Nil en 1858. Lié à celui de
l’ivoire, le commerce d’esclaves fut actif
dans la région, de nombreux Africains étant
capturés pour travailler dans les plantations
de clous de girofle à Zanzibar et pour les
marchés d’esclaves du Proche-Orient.
En Éthiopie, l’arrivée des Portugais avait
permis de repousser une invasion
musulmane en 1542. Toutefois, à la suite de
querelles doctrinales entre coptes
orthodoxes et jésuites portugais catholiques,
les Portugais furent expulsés en 1632.
L’Éthiopie entra alors dans une période
d’isolement et, au XVIIIe siècle, la monarchie fut au bord de
l’effondrement. Elle s’ouvrit de nouveau au monde occidental après la chute du négus Kassa
(Théodoros II) et l’accession au pouvoir de ses successeurs, dont Ménélik II qui s’appuya sur les
Européens pour moderniser son pays.

5.3.1.3 Afrique australe


En 1652, les Hollandais, qui avaient besoin d’une escale sur la route des Indes orientales
(Indonésie), s’établirent autour de la ville du Cap. Ils furent suivis par des fermiers adeptes d’une
interprétation rigoriste de la religion, les Boers (« fermiers », en néerlandais). En 1795, les
Britanniques occupèrent l’Afrique du Sud, mais ne purent retenir les Boers, qui émigrèrent vers les
riches vallées du Vaal où ils rencontrèrent les Zoulous et d’autres peuples bantous se dirigeant vers
le sud. Il s’ensuivit une succession de « guerres cafres » où les Africains, moins bien armés,
subirent de lourdes pertes (bataille de Blood River, 1840). Les Boers fondèrent d’éphémères
républiques boers (Transvaal, État libre d’Orange) mais se heurtèrent aux Anglais qui avaient
mesuré l’importance de la région après la découverte du diamant à Kimberley en 1867.

5.3.2 Partage du territoire


À la fin du XVIIIe siècle, l’intérêt scientifique
et la recherche de nouveaux marchés
stimula une période d’exploration.
L’explorateur britannique James Bruce
atteignit la source du Nil Bleu en 1770 ; son
compatriote Mungo Park visita Ségou sur le
Niger (1796) ; le Français René Caillié
atteignit Tombouctou en 1828 et l’Allemand
Heinrich Barth visita la même cité quelque
temps plus tard à partir de Tripoli et du lac
Tchad ; le missionnaire britannique David
Livingstone explora le Zambèze et, en 1855,
découvrit les chutes Victoria ; en 1863, les
explorateurs britanniques John Hanning
Speke, venant du sud, et Samuel Baker,
venu du nord, résolurent en partie le
mystère des sources du Nil. À la suite de ces
explorateurs arrivèrent les missionnaires
chrétiens puis les marchands européens.
Avec le développement des intérêts privés
en Afrique, l’engagement européen
s’intensifia. Les Français entamèrent la
conquête de l’Algérie et du Sénégal dans les
années 1830. L’occupation systématique de
l’Afrique tropicale commença au cours de la
seconde moitié du siècle dans le sillage des
explorations. Les premières missions
européennes qui pénétrèrent à l’intérieur se
heurtèrent aux États en voie de constitution,
mais le continent avait été ravagé par la
traite des Noirs et l’importation de fusils. Les
chefs africains ne purent s’opposer à la
pénétration européenne, qui avait
abandonné l’économie de traite (échange
des produits de la cueillette contre des biens
manufacturés sans valeur) pour la recherche
de matières premières destinées à alimenter
les usines européennes.
En 1876, le roi des Belges Léopold II fonda
l’Association internationale africaine, une
société privée chargée de l’exploration et de
la colonisation au Congo à son seul profit.
Son principal agent fut l’explorateur et
journaliste américain Henry Stanley. En
1884, la rivalité entre les puissances
européennes à la recherche de nouveaux
territoires aux frontières inexistantes
menacèrent les relations internationales.
Voir aussi Empire britannique ; Français,
empire colonial.
À la conférence de Berlin (1884-1885), les
puissances occidentales auxquelles s’était
joint la Turquie définirent leurs sphères
d’influence, laissant la délimitation des
frontières encore inconnues à une date
indéterminée. L’accord principal concernait
surtout la liberté de navigation sur les
fleuves Congo et Niger. En fait, sans le
formuler explicitement, les puissances de
l’époque se partageaient ce que le roi
Léopold II avait appelé le « gâteau africain ».
Au cours des quinze années suivantes, de
nombreux traités furent négociés entre les
nations européennes, appliquant ou
modifiant les clauses de la conférence. La
crise de Fachoda, en 1899, marqua le
renoncement de la France aux territoires
faisant partie de la vallée du Nil, et le
triomphe de la politique impérialiste
britannique dite « du Cap au Caire ».
Aucun État africain n’avait été invité à la
conférence de Berlin. Les décisions prises se
heurtèrent à une résistance lors de leur
application partout où la situation le
permettait. Les Français firent face à une
révolte en Algérie (1870) et mirent
longtemps à contrôler le Sahara (1881-
1905 ; 1920 en Mauritanie). Dans l’ouest du
Soudan, Samory Touré et Ahmadou, fils et
successeur d’El-Hadj Omar, tentèrent, en
vain, de garder leur indépendance. Le
Dahomey fut occupé par les forces
françaises en 1892 et le Ouaddaï, au Tchad,
fut la dernière région à tomber aux mains
des Français (bataille de Kousséri contre
Rabah, 1900).
Les Britanniques connurent une résistance
similaire avec les Boers d’Afrique du Sud au
cours des périodes 1880-1881 et 1899-1902
(voir Boers, guerre des). Des émeutes se
déclarèrent dans le pays ashanti (Côte-de-
l’Or) entre 1893 et 1900, ainsi qu’en Sierra
Leone (1897). La conquête des États
haoussa dans le nord du Nigeria se heurta à
une forte résistance (1901-1903, révolte de
Sokoto en 1906).
Les Allemands, qui avaient colonisé, dans les années 1880, les actuels États de la Tanzanie, du
Burundi et du Rwanda sous l’appellation d’Afrique-Orientale allemande, tentèrent d’exterminer les
Hereros de Namibie (1904-1908) et, dans l’actuelle Tanzanie, durent faire face à la révolte des Maji-
Maji (1905-1906). Seule l’Éthiopie de l’empereur Ménélik II (qui régna de 1889 à 1909) résista à la
conquête européenne (victoire d’Adoua sur l’Italie, 1896).

5.4 Développement au XXe siècle


5.4.1 Période coloniale
Une fois les territoires pacifiés, les
Européens construisirent des routes et des
chemins de fer afin de faciliter
l’acheminement des matières premières
vers les ports. Ils firent entrer les
populations dans leur système économique
en instaurant un système d’impôts payables
en numéraire grâce à l’introduction de
cultures industrielles, dites de « rente »
(arachide, coton, huile de palme, sisal), ou
sous la forme de travail non rémunéré (le
« travail forcé ») pour la construction des
infrastructures (routes, barrages). Au cours
de la Première Guerre mondiale, les
territoires africains allemands furent conquis
et la Société des Nations en fit des
territoires sous mandat des puissances
alliées. Des dizaines de milliers d’Africains
furent réquisitionnés pour combattre dans
les armées alliées sur les champs de bataille
européens. La résistance à la guerre se
limita à la courte rébellion de 1915 au
Nyasaland (Malawi) conduite par John
Chilembwe, homme d’église africain.
Après la Première Guerre mondiale, la
colonisation accorda une plus grande
attention à l’enseignement, aux services
médicaux et à l’aide au développement, ainsi qu’à
la sauvegarde des droits fonciers des Africains dont on voulait faire de futurs consommateurs.
Néanmoins, les colonies blanches, comme l’Algérie, la Rhodésie du Sud (aujourd’hui Zimbabwe) et
le Kenya, obtinrent une certaine autonomie interne. Entre les deux guerres, différentes formes de
mouvements nationaux et de protestations africains émergèrent. Mais leurs activités se limitaient
aux Africains d’éducation occidentale. Des partis de masse se formèrent uniquement en Égypte et
en Algérie. L’Éthiopie fut envahie par les Italiens en 1936 et ne regagna son indépendance qu’au
cours de la Seconde Guerre mondiale. Pendant cette guerre, les Africains furent encore plus
nombreux à servir dans les armées alliées, et constituèrent même la majeure partie des troupes qui
remportèrent les premières victoires de la France libre (prise de Koufra, sous les ordres du général
Leclerc, 1941).

Accession à
5.4.2 l’indépendance
Après la Seconde Guerre mondiale, les
puissances coloniales européennes étaient
physiquement et psychologiquement
affaiblies et la balance pencha vers les
États-Unis et l’Union soviétique, deux
nations dépourvues de colonies africaines.
En Afrique du Nord, la France se heurta dès
1947 à des revendications nationalistes
violentes auxquelles répondit son refus de
voir appliquer des réformes en faveur des
populations locales. La guerre d’Algérie,
conduite par des dirigeants comme Ferhat
Abbas et Ahmed Ben Bella, commença en
1954 et se poursuivit jusqu’à l’indépendance
du pays en 1962, six ans après
l’indépendance du Maroc et de la Tunisie. En
Afrique noire, après avoir mis en place
l'Union française, la France prépara ses
colonies à l'autonomie par le vote de la loi-
cadre Defferre (1956), puis instaura la
Communauté française (1958). Dans les
années soixante, la décolonisation devint
effective avec la venue au pouvoir d'anciens
représentants africains à l'Assemblée
nationale (Léopold Sédar Senghor au
Sénégal, Modibo Keita au Mali, Félix
Houphouët-Boigny en Côte d'Ivoire, Sékou
Touré en Guinée).
Dans les territoires britanniques, le
changement s’accéléra également. Les
partis nationalistes, qui recrutaient dans des
groupes sociaux, ethniques et économiques
aussi larges que possible, commencèrent à
se former. Le Soudan accéda à
l'indépendance en 1956. Pendant les années
1950, les activités du mouvement terroriste
Mau-Mau au Kenya et le charisme de
dirigeants populaires, comme Kwame
Nkrumah (Ghana) ou Julius Nyerere
(Tanzanie), accélérèrent le processus.
L’indépendance du Ghana, en 1957,
déclencha une réaction en chaîne de
revendications nationalistes.
À la fin des années 1970, presque toute l’Afrique était indépendante, sauf les possessions
portugaises d’Angola, du Cap-Vert, de Guinée-Bissau, de São Tomé et du Mozambique, qui
accédèrent à l’indépendance en 1974-1975 après des années de luttes violentes, à l’occasion de la
révolution portugaise. La France donna l’indépendance aux Comores en 1975 (sauf à l’île de
Mayotte qui avait voté contre), Djibouti l’obtint en 1977. En 1976, l’Espagne céda le Sahara
espagnol qui fut alors partagé entre la Mauritanie et le Maroc. La Mauritanie ne put résister à la
guérilla des nationalistes sahraouis et abandonna sa zone au Maroc en 1979. En septembre 1997,
le Maroc et le front Polisario ont passé un accord sur l'organisation par les Nations unies d'un
référendum d’autodétermination en décembre 1998. Le Zimbabwe accéda légalement à sa
seconde indépendance en 1980 après des années de lutte. La dernière grande entité dépendante
du continent fut la Namibie, qui se libéra en 1990.

L’Afrique
5.4.3 contemporaine
Les nouveaux États africains furent
confrontés au problème de l’État-nation. Les
membres fondateurs de l’Organisation de
l’unité africaine (OUA) établirent le principe
de l’intangibilité des frontières pour éviter
les conflits territoriaux qui étaient nés du
découpage arbitraire des pays à la
conférence de Berlin en 1884-1885.
Lorsque leurs pays accédèrent à
l’indépendance, les mouvements
nationalistes dominants et leurs dirigeants
s’installèrent de manière permanente au
pouvoir. Ils appelèrent à l’unité nationale et
au système du parti unique pour éviter le
tribalisme et le vote ethnique, en ayant
parfois à faire face à des conflits sanglants,
comme celui de la guerre du Biafra à la fin
des années 1960. Lorsque ces
gouvernements se révélèrent incapables de
répondre aux attentes des peuples, l’armée
occupa le devant de la scène, promettant de
« remettre le pouvoir aux civils » dans un
délai déterminé. Ces militaires, souvent
issus des classes populaires et parfois aidés
par les Occidentaux, que ce soit par des
armées régulières ou par des mercenaires,
se posaient en gardiens efficaces et sincères
des intérêts du peuple. Le goût du pouvoir fit
son œuvre et seules la dégradation
économique et la pression des bailleurs de
fonds occidentaux (notamment celle du
Fonds monétaire international) les forcèrent
à tenir leurs promesses, après bien des
réélections à des taux approchant les
100 p. 100 ! Le retour au multipartisme s’est
opéré progressivement au début des années
1990.
À la fin des années 1980 et au début des
années 1990, les conflits interminables au
Tchad, en Somalie, au Sahara, en Angola, au
Liberia et en Sierra Leone déstabilisèrent les
gouvernements. La fin de la guerre civile en
Éthiopie, en 1991, fut marquée par
l’indépendance de l’Érythrée en 1993. En
avril 1994, des massacres ensanglantèrent
le Rwanda, touchant tout particulièrement
les Tutsi et les Hutu modérés, après la mort
des présidents hutu rwandais et burundais
dans la destruction de leur avion par un
missile. Ce conflit contribua à envenimer la
situation dans l’ensemble de la région des
Grands Lacs. En 1996, des groupes armés
pénétrèrent au Zaïre et contribuèrent à
développer dans l’est de ce pays une
rébellion, qui progressa en 1997, renversa le
régime du maréchal Mobutu et porta au
pouvoir Laurent-Désiré Kabila, qui se
proclama président de la nouvelle
République démocratique du Congo.
Le poids politique du continent a
singulièrement diminué dans le monde en
raison de sa situation économique. L’Afrique
n’a pas encore fini de panser les plaies des
conflits liés à la guerre froide qui ont éclaté
en Angola et au Mozambique. Sa grande
victoire, à la veille de l’an 2000, est la fin de
la politique de ségrégation raciale en Afrique
du Sud au début des années 1990 et le
transfert du pouvoir à la majorité noire après
les élections de 1994.

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