RFF 1989 6 533
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Le Cameroun, toute l'Afrique dans un triangle ' . Ce slogan des dépliants touristiques est
particulièrement vrai en ce qui concerne sa végétation : on y rencontre la forêt dense humide au
sud, la savane au centre et la steppe sahélienne au nord, cependant que les montagnes de
toute la bordure ouest avec des étages forestiers submontagnard et montagnard, voire subalpin,
apportent une diversité supplémentaire.
La description du cadre naturel de ce pays n'est donc pas simple, si l'on veut être à peu près
complet . Nous en donnerons ci-dessous les grandes lignes en recommandant aux personnes
désireuses d'en savoir plus, la lecture des ouvrages de R . Letouzey cités en bibliographie . Les
lignes ci-dessous s'en inspirent d'ailleurs largement et cela n'a rien d'étonnant quand on connaît
le rôle irremplaçable qu'a joué ce véritable « père de la botanique camerounaise » . ..
Nous étudierons, dans un deuxième article, les potentialités forestières de ce pays qui reste un
des plus riches du continent africain sur ce plan.
Mais avant de décrire les principales formations végétales du Cameroun, il est nécessaire de
passer en revue les caractéristiques géophysiques qui conditionnent dans une large mesure la
répartition de la végétation.
Le Cameroun est situé au nord-est du golfe de Guinée, qu'il borde sur une façade atlantique
d'environ 400 km de long . Les pays limitrophes sont : le Nigéria à l'ouest, le Tchad au nord et
nord-est ; la République Centrafricaine à l'est ; le Congo, le Gabon et la Guinée Équatoriale au
sud.
Il s'étend du 2 e au 13' degré de latitude Nord et du 8 e au 16' degré de longitude Est, avec une
forme générale grossièrement triangulaire (700 km de base et 1 250 km de hauteur).
533
Sa superficie totale, 475 000 km 2 , est légèrement inférieure à celle de la France . Sa population
est estimée à 10,8 millions d'habitants, mais les chiffres du dernier recensement (1986) ne sont
pas encore disponibles . Ceci représente une densité de 22 habitants au kilomètre carré . Mais
cette moyenne cache de grandes disparités : certaines zones au sud-ouest et au sud-est du
pays, ainsi que dans la savane centrale, sont pratiquement inhabitées, alors que dans la
province de l'Ouest et dans la partie ouest de la province de l'Extrême-Nord, on atteint des
densités de l'ordre de 200 habitants/km2 . Les habitants se répartissent en plus d'une centaine
d'ethnies d'importance et de dynamisme inégaux, mais dont certaines ont su conserver des
particularités bien affirmées, ce qui ne facilite pas, soit dit en passant, la fusion dans le creuset
de l'unité politique du pays.
Pour mémoire, indiquons que le Cameroun est administrativement divisé en 10 provinces com-
portant chacune de 3 à 8 départements, soit 49 départements au total.
Géologie
• La plus grande partie des terrains camerounais fait partie du vieux socle précambrien africain,
constituant au centre l'énorme horst granitique de l'Adamaoua encadré au sud et au nord par du
Cristallophyllien.
• Des dépôts sédimentaires plus récents caractérisent spécialement la zone littorale et les
bassins septentrionaux de la Bénoué et du Tchad (Crétacé, Tertiaire et Quaternaire, ce dernier
pour le nord surtout).
Relief
Le relief camerounais est extrêmement complexe . Pour en avoir un aperçu correct, on peut se
baser sur les bassins hydrographiques . Quatre d'entre eux intéressent le territoire camerounais :
• Au sud-ouest, le bassin atlantique forme une plaine littorale s'élevant jusqu'à 300 m d'altitude
sur 50 à 100 km de largeur en auréole autour de la baie de Biafra.
• Aux environs du 9e parallèle, la Bénoué constitue une dépression d'altitude moyenne 200 m
rejoignant en direction du sud-ouest le Niger (hors Cameroun).
• Plateau méridional, de 600 à 900 m, entre les bassins atlantique et congolais, à surface
mamelonnée et surmontée de pointements ne dépassant guère 1 200 m d'altitude.
534
Chronique internationale
d'environ 100 à 200 km et son altitude comprise entre 900 et 1 500 m, avec des rebords nets,
notamment au nord et à l'ouest . Son relief est perturbé par des massifs montagneux importants
qui jalonnent la frontière occidentale du Cameroun d'une suite presque ininterrompue de
sommets.
• Entre bassin nigérien et bassin tchadien, s'étend une plaine (et le pic de Mindif cité par Jules
Verne !) vers 300-400 m d'altitude qui est dominée à l'ouest par les monts Mandara (au sud
desquels on trouve le pays Kapsiki et l'aiguille de Roumsiki chantée par André Gide . . .).
Hydrographie
Le Cameroun est traversé par de nombreux fleuves et rivières d'importance inégale, permanents
dans le sud et de plus en plus intermittents lorsqu'on va vers le nord, où seuls les très grands
fleuves conservent un certain débit en saison sèche.
Climat
L'étalement du Cameroun dans les trois dimensions : latitude, longitude, altitude, se traduit par
une grande variété de climats pour lesquels on peut adopter la classification suivante, en
distinguant huit régions climatiques :
• Climat équatorial:
— variété maritime : région côtière du sud ; type : Campo ;
— pseudo-tropical : région côtière du nord ; type : Douala ;
— pseudo-tropical à sous-variété de montagne : région montagneuse de l'ouest ; type :
Dschang;
— région forestière du sud ; type : Yaoundé ;
— avec grande saison sèche : région des savanes du centre ; type : Bertoua.
• Climat tropical:
— variété de montagne : région des plateaux de l'Adamaoua ; type : Ngaoundéré ;
— de transition ou soudanien : région de la vallée de la Bénoué ; type : Garoua ;
— sahélien : région du Nord-Cameroun ; type : Maroua.
Le climat équatorial au sens strict n'est représenté que dans la bordure sud du Cameroun, où il
n'y a aucun mois écologiquement sec au sens de Bagnouls et Gaussen (total des précipitations
exprimé en millimètres égal ou inférieur au double de la température exprimée en degrés) . Dans
le reste de la zone sud, on devrait plutôt parler de climat sub-équatorial ou pseudo-tropical,
avec généralement deux saisons des pluies et deux saisons sèches d'importance inégale :
grande saison des pluies en septembre-octobre, grande saison sèche en décembre-janvier,
petite saison des pluies en avril-mai, petite saison sèche en juillet-août . Les différences entre les
stations s'expliquent par l'altitude et par l'éloignement de la mer, atténuant l'influence de la
pseudo-mousson ,> s'exerçant selon une direction sud-ouest/nord-est depuis le fond du golfe
de Guinée .
535
Sur le plateau de l'Adamaoua, il y a rapprochement des deux maxima, juillet et août étant les
mois les plus arrosés, suivis de juin et septembre et on passe ainsi au régime tropical à une
seule saison des pluies avec maximum en août . Au nord de Maroua et aux confins du lac Tchad,
sévit un climat proprement sahélien pouvant se traduire, certaines années, par une quasi-
absence de précipitations.
Notons pour terminer, la particularité offerte par le mont Cameroun (altitude : 4 070 m) dont la
partie sud-ouest est considérée comme un des trois points du globe recevant la plus forte
pluviosité : de l'ordre de 10 000 mm en moyenne, avec certaines années plus de 14 000 mm,
pour des postes (Debundscha et Bibundi) situés au niveau de la mer . Il est possible que le
maximum de pluviosité se situe un peu plus haut, vers 1 500 -2 000 m d'altitude . . . Mais ce n'est
qu'une hypothèse à vérifier . ..
Pédologie
• Sols ferrallitiques
Ils occupent une place très importante dans tout le Sud-Cameroun jusqu'au rebord septentrional
de la falaise de l'Adamaoua . Bien que situés sous des climats divers et provenant de roches
variées, ces sols sont homogènes dans leur ensemble et se caractérisent par un horizon A peu
épais, fortement désaturé et à teneur en matières organiques plutôt faible . L'horizon B peut
atteindre plusieurs dizaines de mètres, avec une structure massive ou farineuse, un pH bas, une
désaturation très accentuée et une réserve minérale faible à très faible . L'horizon C est souvent
très épais.
• Sols halomorphes
Ils sont représentés par petites taches autour de Mora, Maroua, Kaélé, Yagoua : sols de plaine à
drainage médiocre, bruns à grisâtres, très durs, compacts, à très faible teneur en matière
organique et en azote et présence de calcium et surtout de sodium.
• Sols hydromorphes
Liés à des nappes phréatiques élevées pendant une grande partie de l'année, ces sols se
rencontrent dans toutes les plaines alluviales particulièrement au long du Logone et de ses
affluents .
536
•/MORA
•
• MOKOLO
• MAROUA
KAÉLÉ • YAGOUA
28°
27 0
DSCHANG • • BAFOUSSAM
BAFIA
M.
EROUNf4 070 m)
BUÉA 2A° Nyolg
DOUALA
YAOUNDÉ
ÉBOLOWA a
O Ntem
L
GUINÉE ÉQUAT. GABON CONGO
Dans certains cas, on note l'étroite dépendance de la végétation vis-à-vis de quelques sols peu
évolués ou de sols à caractères très spéciaux et d'extension limitée, mais dans l'ensemble on
relève l'absence presque totale de dépendance, dans une zone climatique donnée, entre
537
végétation et sols évolués : le facteur édaphique prend en fait une importance secondaire par
rapport aux facteurs historiques, climatiques et biotiques . Seuls les sols plus argileux déve-
loppés sur les micaschistes et surtout sur les schistes semblent correspondre à un type de forêt
particulier : la forêt congolaise (cf . infra) . Mais peut-être des études plus fines permettraient-elles
de mettre d'autres relations en évidence.
On peut les regrouper en trois grands ensembles : région floristique congo-guinéenne (« la forêt
au sens vulgaire), région floristique soudano-zambézienne (« savanes et zones sèches », ces
deux termes ne s'excluant d'ailleurs pas complètement), zones d'altitude . ..
• La forêt dense humide sempervirente de basse et moyenne altitude est une forêt ombrophile
au sein de laquelle on peut distinguer les types suivants :
— la forêt biafréenne à Césalpiniacées dont l'appellation est justifiée par le fait que cette
famille y est particulièrement bien représentée (plus de la moitié des Césalpiniacées connues au
Cameroun y ont été relevées, parmi lesquelles de nombreuses espèces « grégaires » se rencon-
trent en petits peuplements sinon purs, du moins où la densité de l'espèce est importante, avec
des diamètres variés et une régénération relativement abondante) . Mais elle comprend égale-
ment de nombreuses autres Légumineuses
(Mimosacées et Papilionacées).
On peut considérer que cette forêt repré-
sente une formation végétale endémique au
sein de laquelle vit d'ailleurs une faune
également particulière . Or elle a déjà fait
l'objet de nombreux défrichements pour les
besoins des plantations (bananes, ananas,
palmiers à huile, hévéa, café, cacao . . .) et
d'une exploitation forestière intense . II se-
rait souhaitable qu'une réserve intégrale
soit créée dans la zone pour préserver les
espèces végétales et animales qui ne sont
représentées que là.
— Un sous-type de cette forêt bia-
fréenne est constitué par la forêt littorale à
Sacoglottis gabonensis (Bidou) et Lophira
alata (Azobé) . La physionomie de cette forêt
apparaît comme revêtant un aspect pri-
maire, avec un sous-bois léger, l'absence
de lianes, la présence d'arbres de fort
538
Chronique internationale
Carte 2
CARTE PHYTOGÉOGRAPHIQUE SIMPLIFIÉE
mangrove
forêt littorale
forêt
forêt biafréenne sempervirente
forêt congolaise
forêt semi-caducifoliée
savanes périforestières
savanes soudaniennes
et soudano-sahéliennes
M. steppes sahélo-soudaniennes
et zones périodiquement inondées
NB : — il n'a pas été tenu compte des faciès de dégradation des différentes formations végétales ;
— il existe en fait de nombreuses zones de transition notamment entre forêt sempervirente et forêt semi-caducifoliée, et les limites sont
donc assez floues.
539
diamètre formant un étage dominant subcontinu . Mais de nombreux indices font penser qu'il
s'agit plutôt d'une formation secondaire d'origine anthropique apparue après d'importants défri-
chements culturaux . Cette forêt est également menacée par les défrichements et la survie de
I'Azobé (dont la régénération naturelle ne se fait que sur de vastes espaces découverts) est
compromise (les quelques plantations essayées ayant montré une croissance très faible).
— La forêt congolaise se caractérise, sur le plan floristique, par l'absence d'éléments
notables de la forêt semi-caducifoliée dont nous parlerons plus loin, par la disparition des
Césalpiniacées grégaires de la forêt biafréenne et par l'apparition d'éléments floristiques nou-
veaux se rattachant vraisemblablement à la forêt dense humide sempervirente du bassin du
Congo (Légumineuses, Bail/one/1a toxisperma, nombreux rotins et lianes) . Cette forêt est relative-
ment peu marquée par l'homme et revêt une physionomie primaire (mais il faut remarquer que
les clairières provoquées par la chute des grands arbres ont un aspect apparemment secon-
daire . . .).
Il semble qu'elle ait tendance à s'étendre à la fois vers le sud à la faveur des défrichements de
la forêt sempervirente et vers le nord sur les savanes abandonnées (recrus forestiers sur
savanes).
• Les savanes périforestières : situées sur divers sols, elles sont parcourues par des feux de
brousse qui tendent à noircir les horizons de surface et contribuent à la génèse de la terre grise
superficielle caractéristique des sols de savanes périforestières . Les termites sont très abon-
dants.
On peut distinguer différents stades d'évolution (qu'on rencontre en allant du sud vers le nord)
depuis les savanes herbeuses anthropiques à Pennisetum purpureum (Sissongo) jusqu'aux
savanes arbustives à Terminalia glaucescens.
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En haut : savane arborée Photos J.-J. FAURE
En bas : steppe sahélo-soudanienne en assez bon état de conservation
On peut distinguer différents faciès plus ou moins bien caractérisés par la présence de telle ou
telle espèce : Burkea africana, Samanea leptophylla, Terminalia macroptera, Terminalia mollis . ..
ou le bambou Oxytenanthera abyssinica.
• Les savanes boisées ou arborées ou arbustives, voire forêts claires sèches du bassin
camerounais de la Bénoué.
On peut y distinguer, approximativement, séparées par le 9 e parallèle :
— les savanes boisées, voire forêts claires sèches de la falaise de l'Adamaoua à Isoberlinia
doka, Monotes kerstingii, Uapaca togoensis ;
— les savanes boisées, voire forêts claires sèches à Boswellia odorata, Sclerocarya birrea,
Prosopis africana (secteur soudano-sahélien).
541
Khaya senegalensis, Tamarindus indica, etc . . . alors qu'à l'extérieur des champs, sur les terrains
le plus souvent pâturés ou dans des jachères, les éléments sahéliens, épineux en particulier
(Acacia divers, etc . . .) font largement leur apparition.
— La végétation des ' hardé », sols halomorphes grisâtres, est très caractéristique : tapis
herbacé absent par taches et intensément pâturé, et de-ci de-là fourrés en grande partie
épineux avec quelques arbres relictuels non épineux, dont quelques espèces soudaniennes.
— Les zones d'inondation périodique :
• Zones d'inondation superficielle : végétation des argiles noires calcimorphes . Le boisement est
constitué par un peuplement d'Acacia seyal et lorsque le terrain est plus nettement en cuvette
par Acacia nilotica var . adansonii.
• Zones de haute inondation : l'inondation y atteint 1 à 2 m de profondeur et sur une longue
durée . Elles sont couvertes par des prairies graminéennes.
— Pour mémoire : évolution des steppes à épineux en l'absence d'action humaine : on peut
l'observer dans le parc national de Gokoro, situé près de Mozogo, à 30 km au nord/nord-est de
Mokolo, protégé depuis plus de cinquante ans des défrichements agricoles, du feu et du
pâturage . Sa physionomie tranche avec celle des terres avoisinantes portant quelques maigres
tiges de mil : on y rencontre des arbres de dimensions exceptionnelles !
Compte tenu de la diversité des conditions géologiques, topographiques, des influences climati-
ques fonction de la latitude et de l'exposition des versants, de l'ambiance phytogéographique
périphérique hétérogène et de l'importance variable du peuplement humain, il est difficile
d'englober ces différents massifs dans un exposé général . Il conviendrait donc de faire une
présentation pour chaque massif qui dépasserait les limites du présent article . Nous nous
contenterons donc de donner quelques grandes caractéristiques, en restant conscient que cette
façon de faire mutile beaucoup la richesse et la diversité floristiques de cet ensemble.
Plusieurs de ces massifs sont densément peuplés et comportent des zones de culture très
intensive avec construction de banquettes étroites consolidées par des murets en pierre (monts
Mandara ou Alantika par exemple) ou associations de cultures pérennes et annuelles avec des
haies à but anti-érosif (pays Bamiléké) . La végétation naturelle y est très souvent menacée,
même si certains arbres font l'objet d'une véritable sylviculture . Ainsi Acacia albida et divers
Ziziphus dans le Nord-Cameroun, les Eucalyptus (introduits il y a un peu plus de quarante ans et
qui font maintenant partie du paysage de l'Ouest-Cameroun) . La forêt de montagne qu'on
rencontre par exemple sur le mont Oku (2° sommet camerounais à 3 010 m) mériterait une mise
en valeur permettant d'assurer sa protection tout en faisant droit aux besoins des populations
locales . Parmi les espèces caractéristiques de cette forêt, on peut citer : Albizzia gummifera,
Carapa grandiflora, Prunus africanum (Pygeum), Syzygium staudtii, Podocarpus milanjianus,
seule Gymnosperme autochtone au Cameroun et Nuxia congesta.
Les sommets de ces massifs sont occupés par des prairies très utilisées pour le pâturage des
bovins et des ovins mais aussi des chevaux . On y rencontre des éléments floristiques de l'étage
afro-subalpin à partir de 1 800 m à 2 200 m selon les massifs, l'étage afro-alpin étant représenté
sur le mont Cameroun à partir de 3 200 m.
Celui-ci mériterait à lui seul une monographie, tant il a fait l'objet d'études de la part de
nombreux spécialistes . Il faut dire que sa situation en bordure d'océan Atlantique, par 4° de
latitude Nord, son altitude de près de 4 100 m et le fait qu'il entre encore en éruption lui
confèrent un ensemble de caractères originaux avec, au point de vue floristique, une prépondé-
rance de genres et espèces de l'Éthiopie et de l'Est africain et une proportion importante de
plantes européennes .
542
Chronique internationale
Tableau I
Superficie
Formation végétale Pourcentage
(1 000 km 2)
La complexité phytogéographique du Cameroun est illustrée par les chiffres généraux concer-
nant sa flore : au moins 6 500 espèces de Phanérogames et sans doute 7 500 en réalité,
représentant 230 familles et plus de 1 800 genres : c'est là une estimation probablement un peu
en dessous d'une réalité encore mal connue et que la ,< Flore du Cameroun,' s'efforce de
clarifier depuis environ vingt ans.
Sur un plan plus général, D . Depierre avait établi, il y a quelques années, le tableau suivant
(tableau II, p . 544) qui fait bien ressortir la richesse écologique du Cameroun, en rappelant que
ce pays ne représente que 1,6 % de la superficie du continent africain.
Citons enfin, pour illustrer la richesse faunistique camerounaise, une partie des travaux non
encore publiés de M . Libert sur les papillons du Cameroun : prospectant systématiquement deux
à trois fois par semaine pendant quatre années successives la colline du mont Fébé dominant
543
% Cameroun/
Groupes ou classes Cameroun Afrique
Afrique
(1) Poissons d'eau douce exclusivement . (3) Source : Laboratoire Reptiles et Poissons . Muséum national d'Histoire naturelle, Paris.
(2) Comparaison des seuls anoures . (4) Comparaison par rapport à la faune éthiopienne exclusivement.
Yaoundé sur une surface d'une vingtaine d'hectares, celui-ci a observé à chaque sortie au moins
une espèce qu'il n'avait pas rencontrée auparavant et il est ainsi arrivé à établir une liste
d'espèces de papillons dont le nombre dépasse celui des espèces de l'ensemble de l'Europe
occidentale et du bassin méditerranéen !
Même si certaines menaces pèsent sur cette richesse écologique du fait de l'homme au sens
large (défrichements pour les besoins de l'urbanisation et de la culture vivrière ou de rente,
surpâturage, passage des feux, etc . . .), on peut affirmer que l'ensemble de ces formations
végétales se trouve globalement dans un état satisfaisant . Si leur mise en valeur s'effectue en
respectant diverses règles de prudence, on peut donc espérer voir se maintenir un état
d'équilibre satisfaisant .
J .-J . FAURE
Ingénieur en Chef du GREF
Ex-Chef du Département de Foresterie
du Centre universitaire de Dschang (Cameroun)
BIBLIOGRAPHIE
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tion - Agence de Coopération culturelle et technique, 1985 . — 565 p.
544