Patrice Samuel Aristide BADJI

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Patrice Samuel Aristide BADJI

Agrégé des Facultés de Droit, UCAD


Le traitement du contentieux dans la loi n°2021-25 sur les prix et la protection du
consommateur du 12 avril 2021 et la loi n°2018-28 du 12 décembre 2018 portant Code
des communications électroniques
I-Loi n°2021-25 sur les prix et la protection du consommateur du 12 avril 2021
Le constat des infractions visées dans la loi 2021-25. De quelles infractions s’agit-il ? Pour
répondre à cette question, retenons que sont visées :
-la vente avec prime ;
-le refus et la subordination de vente ou de prestation de service ;
-la revente à perte ;
-les ventes sans commande préalable ;
-les ventes et prestations à la « boule de neige » ;
-les prix imposés ;
-les pratiques discriminatoires ;
-l’abus de faiblesse etc
Les infractions en question sont constatées par procès-verbal.
Il existe deux catégories de procès-verbaux : de constat et de saisie. Par qui sont-ils dressés ?
Aux termes de l’article 98, ce sont les agents assermentés des services du commerce intérieur
munis de leur commission d’emploi et de leur ordre de mission. Mais la simple présentation
de la commission suffit en cas de réclamation ou de flagrant délit. Au-delà, les procès-
verbaux de constat et de saisie sont dressés par les autres fonctionnaires et agents de l’Etat
habilités et assermentés à cet effet.
Quel est le contenu des procès-verbaux de constat ? Suivant l’article 99 de la loi n°2021-25,
les procès-verbaux énoncent :
-la nature ;
-la date et le lieu des constatations ou des contrôle effectués ;
-que l’auteur de l’infraction a été informé de la date et du lieu de la rédaction et sommation lui
a été faite d’y assister ;
-énumération et valeur des produits, objet de l’infraction.
L’auteur de l’infraction a 72 heures pour signer ou non le procès-verbal. Il peut demander à ce
qu’une copie du procès-verbal lui soit remise.
Après avoir rédigé le procès-verbal, les agents de l’Etat précités se dessaisissent de la
procédure et transmettent immédiatement l’affaire contentieuse au service du commerce
territorialement compétent.
La saisine du Directeur du commerce intérieur par l’industriel ou le commerçant par un
rapport circonstancié est justifiée par le fait que la saisie porte atteinte au fonctionnement
normal et régulier de l’entreprise. Dans ce cas, le Directeur du commerce intérieur peut, après
avis des services concernés, ordonner la mainlevée ou confirmer la saisie dans un délai de 8
jours francs au plus tard à compter de la date de la réception de la requête.
La mainlevée est réputée acquise en cas de silence de l’autorité saisie. Si contestation il y a, le
juge des référés est saisi dans les 8 jours suivant la décision de l’autorité administrative.
La saisie est soit réelle, soit fictive. La saisie est fictive lorsque les biens (produits ayant fait
l’objet d’une infraction, les instruments qui ont servi ou sont destinés à commettre une
infraction) ne peuvent être appréhendés. Dans ce cas, on procède à une estimation dont le
montant est égal au produit de la vente. Si la saisie est réelle, les biens peuvent être laissés à
la disposition de l’auteur de l’infraction, à charge pour lui de verser une valeur estimative au
procès-verbal s’il ne les représente pas en nature. S’ils ne sont pas laissés à l’auteur de
l’infraction, ils donnent lieu à gardiennage.
Les biens saisis peuvent être vendus suivant une procédure fixée par décret.
Les pouvoirs des agents visés à l’article 98 (article 122). Les agents visés à l’article 98 de la
loi n°2021-25 peuvent demander communication des documents ou copies reconnus
conformes qu’ils estiment nécessaires à l’accomplissement de leur mission. Ils peuvent
également saisir les documents et copies (éléments de comptabilité, copies de lettres, carnets
de chèque, traites, relevés de compte en banque) reconnues conformes propres à faciliter
l’accomplissement de leur mission. Les agents visés à l’article 98.1 de la loi n°2021-25
peuvent procéder à toutes visites d’établissements industriels , commerciaux, sociaux,
agricoles, coopératifs ou artisanaux. Ils peuvent aussi procéder en quelques mains qu’ils se
trouvent, des documents et copies reconnues ( éléments de comptabilité, copies de lettres,
carnets de chèque, traites, relevés de compte en banque) conformes propres à faciliter
l’accomplissement de la mission
Les agents peuvent requérir la force publique détenue par les autorités civiles, militaires et
paramilitaires, requérir une mesure de garde à vue du mis en cause, s’ils ont au moins le grade
de contrôleur.
Accompagnés d’un dirigeant ou d’un représentant désigné par l’entreprise, les agents visés à
l’article 98.1 ont libre accès dans les magasins, arrières magasins, bureaux, annexes, dépôts,
exploitations, lieux de production, de vente, d’expédition ou de stockage, et d’une façon
générale, en quelque lieu que ce soit.
Ils peuvent même faire des visites à l’intérieur en se faisant assister d’un officier de police
judiciaire
Les agents assermentés du ministère de l’intérieur ne peuvent se voir opposer le secret
ghprofessionnel
Les obligations des agents. Les agents n’ont pas le droit d’outrepasser leurs pouvoirs,
d’utiliser ou tenter d’utiliser des méthodes non réglementaires. Sinon il s’expose à des
sanctions disciplinaires et des poursuites judiciaires. Ces mêmes sanctions s’appliquent en
cas de manquements aux obligations résultant des pouvoirs de recherche, constatation et de
poursuite des infractions à la législation économique. En outre, doivent être consultés sur
place, les documents communiqués aux agents en vertu des articles 122 et 123 de la loi
n°2021-25. Il s’agit :
-des documents ou copies reconnues conformes nécessaires à l’accomplissement de leur
mission ;
-des éléments de comptabilités, copies de lettres, carnets de chèques, traites, relevés de
compte en banque.
Dans tous les cas, l’opérateur doit mettre à leur disposition un local adéquat ou s’il ne veut
pas, les agents concernés pourront emporter les documents et copies reconnues conformes,
contre décharge contresignée par l’opérateur si possible.
Si dans les 2 mois maximum les documents susvisés n’ont pas été consultés, il doivent être
restitués.
Enfin, les agents assermentés des services du commerce intérieur, les autres fonctionnaires et
agents habilités et experts mandatés par le Ministère chargé du commerce ou le Directeur du
commerce intérieur1 sont tenus au secret et à la discrétion professionnelle.
Le règlement administratif. Il s’agit de la transaction. Le bénéfice de la transaction peut être
accordé par les autorités administratives compétentes. La transaction doit être réalisée dans
un délai d’un mois à compter de la notification de la convention de transaction à l’intéressé. A
défaut, le dossier est transmis au parquet.
Les personnes poursuivies peuvent également demander à la juridiction compétente le
bénéfice de la transaction, tant qu’une décision statuant au fond, contradictoirement ou par
défaut. Dans ce cas, le dossier est transmis à l’autorité administrative compétente aux fins de
règlement transactionnel. Le juge peut subordonner à la consignation l’octroi de cette
possibilité. L’autorité administrative dispose d’un délai maximum de deux mois pour conclure
la transaction. Après réalisation définitive de la transaction, le dossier est renvoyé à la
juridiction compétente pour constater l’extinction de l’action publique.
Si la transaction ne se réalise pas, l’instance reprend son cours.
Le règlement judiciaire. Il s’agit de la transmission, dans un délai d’un mois, au Directeur
du commerce intérieur des PV dressés par les agents visés à l’article 98 dans les cas visés à
l’article 109 de la loi n°2021-25. Il s’agit de :
-incompétence du chef de division ou du chef de service régional à procéder à la transaction ;
-constat des infractions visées à l’article 80 de la présente loi ;
-pluralité d’infractions dont certaines relèvent d’autres instances.
A son tour, le Directeur du commerce intérieur ou son représentant transmet le dossier au
Procureur de la République accompagné de ses conclusions pour suite à donner dans les cas
où il n’y a pas de transaction notamment lorsque :
-le mis en cause refuse de signer le procès-verbal de constat dans le délai de 72 heures ;

1
Article 129 de la loi
-le mis en cause refuse de payer la transaction acceptée dans le délai d’un mois à compter de
la date de notification ;
-l’administration du commerce intérieur refuse d’accorder le bénéfice de la transaction ;
-le mis en cause demande expressément la saisine de l’autorité judiciaire ou ne reconnaît pas
les faits ;
-le délit constaté relève de l’article 80.1, alinéa 2 ou 4 de la loi
A défaut de transaction, le Procureur de la République saisi par le Directeur du commerce
intérieur ou son représentant doit aviser celui-ci de sa décision dans les deux mois à compter
de la date de réception du dossier. Outre le dossier qu’il transmet au Procureur de la
République, le Directeur du commerce intérieur ou son représentant, peut également déposer
des conclusions qui sont jointes à celles du Ministère public et les faire développer oralement
à l’audience par un fonctionnaire dûment habilité.
Les significations et autres actes de procédure sont faites au Directeur du commerce intérieur
ou à son représentant.
En cas de flagrant délit, le Procureur de la République informe immédiatement le Directeur du
commerce intérieur ou son représentant afin que celui-ci donne un avis sur les infractions
constatées dans le délai de 3 jours.
En cas de condamnation, la juridiction compétente peut ordonner, au profit de l’Etat, la
confiscation des biens saisis
A titre temporaire ou définitif, la juridiction compétente peut :
-prononcer la fermeture de magasins, bureaux ou usines du délinquant dans les cas prévus à
l’article 82 alinéa 2 de la présente loi ;
-interdire au délinquant l’exercice de sa profession, à titre temporaire ou définitif.
La juridiction compétente peut ordonner que sa décision soit publiée intégralement ou par
extraits par tout moyen approprié ou soit affichée, en caractères très apparents dans les lieux
qu’elle indique, aux frais du délinquant.
L’action des associations de défense du consommateur. Les associations de défense du
consommateur peuvent assurer :
-la formation ;
-la défense ;
-la promotion des intérêts du consommateur
Elles sont agréées par le Ministre chargé du Commerce. Ce n’est qu’en respectant cette
formalité qu’elles peuvent exercer les actions en justice pour la défense des intérêts collectifs
des consommateurs
L’action en suppression d’une clause abusive ou illicite.
II- loi n°2018-28 du 12 décembre 2018 portant Code des communications électroniques
Le Titre III de la loi 2018 sur les transactions électroniques est consacrée à la concurrence
dans le secteur des communications électroniques. Il faut remarquer que le libre exercice des
activités de communications électroniques a été rappelé. En outre, il a été précisé que
l’exploitation de réseaux de communications électronique s’effectue
Aux termes de l’article 82 de la loi n°2021-25, l’Autorité de régulation est chargée de veiller
au respect de la concurrence déloyale dans le secteur des communications électroniques et de
trancher les litiges y afférents notamment ceux relatifs aux pratiques anticoncurrentielles. Il
s’agit des ententes, du refus de vente, l’abus de dépendance économique, de position
dominante, les pratiques discriminatoires, la pratique des prix imposés et la revente à perte.
Au-delà, l’Autorité de régulation connaît des ententes, abus de position dominante prévus
dans la loi n°2018. L’Autorité de régulation entend les intéressés avant de rendre une
décision. L’Autorité de régulation coopère avec les autorités de régulation, les autorités de
régulation, les autorités chargées de l’application du droit de la concurrence et celles chargées
de l’application des mesures de protection des utilisateurs établies dans les autres Etats
Membres de la CEDEAO et de l’UEMOA, ainsi qu’avec les autorités chargées de
l’application du droit de la concurrence de la CEDEAO et de l’UEMOA. A ce titre, il peut
demander ou recevoir des informations aux autorités mentionnées ci-dessus.
Ce sont les agents assermentés de l’Autorité de régulation qui peuvent procéder aux enquêtes
nécessaires. Ils peuvent :
-accéder aux locaux, terrains ou moyens de transport à usage professionnel ;
-demander la communication de tout document professionnel et en prendre copie ;
-recueillir les renseignements et justifications qu’ils jugent nécessaires, sur convocation ou sur
place ;
-contrôler des équipements et à la saisie des matériels avec l’autorisation et sous le contrôle
du procureur de la République (procès-verbal des opérations de visites et saisies est dressé) ;
-procéder à la mise sous scellés des matériels et équipements dès la constatation de
l’infraction.
Quelles sont les prérogatives de l’Autorité de régulation ? Celle-ci peut :
-demander la communication de toutes pièces ou documents ;
-convoquer toute personne ou toute entreprise ;
-prononcer une astreinte dans la limite de l’article 91 de la loi 2018 ;
-infliger à l’intéressé une sanction pécuniaire dont le montant ne peut excéder 1% du montant
du chiffre d’affaires hors taxes ;
-ordonner des mesures conservatoires ;
-ordonner aux intéressés de mettre fin aux pratiques anticoncurrentielles dans un délai
déterminé ;
-prononcer une sanction pécuniaire (lorsqu’elle constate des pratiques anticoncurrentielles,
elle peut imposer aux intéressés une sanction pécuniaire qui ne saurait excéder 3% du chiffre
d’affaires hors taxes ou 20 millions à défaut d’activité permettant de déterminer ce plafond) ;
-prononcer une astreinte qui ne saurait dépasser 2% du chiffre d’affaires journalier moyen
hors taxes, par jour de retard à compter de la date fixée pour exécuter une décision ayant
ordonné des mesures conservatoires, ayant ordonné de mettre fin aux pratiques
anticoncurrentielles ou ayant imposé des conditions particulières (lorsqu’elle constate des
pratiques anticoncurrentielles).
Les décisions adoptées par l’Autorité de régulation peuvent faire l’objet d’un recours gracieux
ou être contestées devant la Haute juridiction administrative.

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