Cerema XXXXXXX - Natura 2+
Cerema XXXXXXX - Natura 2+
Cerema XXXXXXX - Natura 2+
Photo éventuelle
Crédit photo : © Nicolas Georges/Cerema
Rapport d’étude du Cerema
1 13 novembre 2020 /
Tél. : 04 42 24 77 39
Courriel : nicolas.georges@cerema.fr
Cerema Méditerranée – 30, rue Albert Einstein – CS70499 – 13593 Aix-en-Provence cedex 3
Références
n° d’affaire : C15EA0021
Partenaire : DGITM
Rapport Nom
Avec la
Christophe PINEAU (Cerema ouest)
participation de
Virginie BILLON (Cerema centre-est)
Luc CHRETIEN (Cerema est)
Contrôlé par
Stéphanie LEBRET (Direction départementale des territoires Haute-Garonne)
Agnès ROSSO-DARMET (Cerema Méditerranée)
Résumé de l'étude :
Cette note d’information offre un panorama synthétique, théorique et pratique de l’évaluation des incidences Natura
2000. Elle s’appuie sur quatre parties relatives à la définition du réseau écologique européen Natura 2000, la
législation sous-tendant l’évaluation des incidences, le déroulé de ce type d’évaluation et des recommandations
permettant d’éviter les écueils récurrents constatés sur les dossiers relatifs aux infrastructures de transports.
2.2.3 Les sites Natura 2000 concernés par l’évaluation des incidences..................................................................................................................9
2.2.4 Les habitats naturels et les espèces concernées par l’évaluation des incidences.........................................................................................10
2.2.5 Le cas des sites abritant des habitats naturels et des espèces prioritaires...................................................................................................10
3.2.2 Analyser précisément les incidences du projet sur le site Natura 2000........................................................................................................13
3.2.3 Limiter les incidences dommageables par des mesures d’évitement et de réduction....................................................................................14
3.2.4 Argumenter le scénario de projet retenu et compenser les incidences résiduelles significatives...................................................................14
5 RÉFÉRENCES RÉGLEMENTAIRES...................................................................................24
5.1 Textes européens..............................................................................................................24
5.2 Code de l'environnement..................................................................................................24
5.3 Circulaires.........................................................................................................................24
Elle a pour objectif d’éclairer les maîtres d’ouvrage et leurs bureaux d’étude sur les
conditions techniques et méthodologiques de bonne réalisation des évaluations
d'incidences sur les sites Natura 2000.
Elle met l'accent sur les questions essentielles posées par la réglementation relative à
Natura 2000 et plus généralement par l’évolution des doctrines nationales relatives aux
procédures d’évaluation des dommages environnementaux, que ce soit pour des projets
neufs ou des travaux d’entretien des réseaux.
Le réseau Natura 2000 est un réseau écologique européen composé de sites abritant des
habitats naturels ou des espèces de flore et faune sauvages d'intérêt communautaire ;
c’est-à-dire des milieux naturels et des espèces rares ou menacés pour lesquels le
territoire de l’Union européenne porte une responsabilité quant à leur maintien ou leur
rétablissement dans un état de conservation favorable.
Le réseau Natura 2000 vise donc à préserver ce patrimoine naturel, avec l’ambition de
concilier préservation de la biodiversité et développement d’activités humaines lorsque
cela est possible. En ce sens, le réseau Natura 2000 ne conduit pas à « la mise sous
cloche » d’un territoire, mais permet un développement économique dès lors que ce
dernier n’est pas préjudiciable au maintien des habitats ou espèces concernés.
Ce réseau est composé de sites désignés par chacun des États membres de l’UE, en
application de deux directives européennes :
Directive 2009/147/CE du 30 novembre 2009 1, concernant la conservation des
oiseaux sauvages, dite « Directive Oiseaux » ;
Directive 92/43/CEE du 21 mai 1992, concernant la conservation des habitats
naturels, ainsi que de la faune et de la flore sauvages, dite « Directive Habitats,
Faune, Flore ».
Un site Natura 2000 peut donc être une ZPS, une ZSC ou encore les deux, sur la base du
même périmètre ou de deux périmètres différents. Il est toujours accompagné de son
Formulaire Standard de Données (FSD), qui constitue sa fiche d’identification à l’échelle
européenne et qui liste les habitats naturels et les espèces ayant justifié sa désignation.
Préalablement à sa désignation formelle en ZPS ou ZSC, un site Natura 2000 est appelé
Site d’Importance Communautaire (SIC), lorsque la proposition de site est acceptée par
l’Union européenne.
1 Cette directive remplace la première « Directive Oiseaux » 79/409/CEE du 2 avril 1979, qui avait le
même objet, en intégrant ses modifications successives et en la codifiant.
Fin 2019, le réseau français des sites Natura 2000 comprenait quant à lui 1776 sites
terrestres et marins couvrant 13 % du territoire métropolitain (Source baromètre Natura
2000/CE, décembre 2019).
En France, pour chaque site, un DOCument d’OBjectifs (DOCOB) doit être élaboré. Il
s’agit d’un plan d’actions pour le site, approuvé par le préfet. Il établit un diagnostic
écologique et socio-économique du site, définit les enjeux et les objectifs de conservation,
précise les actions nécessaires à la préservation des habitats et espèces d’intérêt
communautaire identifiés sur le site.
Le DOCOB est un document opérationnel pour la gestion du site, complétant le FSD, qui
est quant à lui sa fiche de référence administrative. Ces deux documents sont des
références nécessaires à l’évaluation des incidences. Ils sont usuellement
téléchargeables sur les sites internet de l’INPN ou des DREAL.
https://ec.europa.eu/environment/nature/info/pubs/docs/nat2000newsl/EN%20Natura%202000%2048%20WEB.pdf
L’article 6 de la « Directive Habitats, Faune, Flore » 92/43/CEE précise que les États
membres de l’UE doivent prendre des mesures de conservation répondant aux exigences
écologiques des habitats naturels et des espèces présents sur les sites Natura 2000,
mais ils doivent également prendre les mesures appropriées pour éviter la détérioration
des habitats naturels et des habitats d'espèces ainsi que les perturbations significatives
touchant les espèces pour lesquelles les sites ont été désignés.
C’est dans ce but que l’évaluation des incidences Natura 2000 et sa procédure ont été
instaurées par les paragraphes 3 et 4 de l’article 6 de la « Directive Habitats, Faune,
Flore » 92/43/CEE. Ceux-ci sont la base de la transposition en droit national et de la
procédure associée :
«... 3. Tout plan ou projet non directement lié ou nécessaire à la gestion du site
mais susceptible d'affecter ce site de manière significative, individuellement ou en
conjugaison avec d'autres plans et projets, fait l'objet d'une évaluation appropriée
de ses incidences sur le site eu égard aux objectifs de conservation de ce site.
Compte tenu des conclusions de l'évaluation des incidences sur le site et sous
réserve des dispositions du paragraphe 4, les autorités nationales compétentes ne
marquent leur accord sur ce plan ou projet qu'après s'être assurées qu'il ne portera
pas atteinte à l'intégrité du site concerné et après avoir pris, le cas échéant, l'avis
du public.
Lorsque le site concerné est un site abritant un type d'habitat naturel et/ou une
espèce prioritaires, seules peuvent être évoquées des considérations liées à la
santé de l'homme et à la sécurité publique ou à des conséquences bénéfiques
primordiales pour l'environnement ou, après avis de la Commission, à d'autres
raisons impératives d'intérêt public majeur. »
Le principe est que le réseau écologique européen Natura 2000 n’interdit pas a priori la
réalisation de projets sur ou à proximité des sites le constituant, dès lors que ces projets
n’affectent pas significativement, individuellement ou en raison de leurs effets cumulés, le
ou les sites concernés.
Dans le cas contraire ou en cas de doute, le projet doit être soumis à l’évaluation de ses
incidences sur les sites susceptibles d’être impactés négativement.
L’évaluation des incidences a donc pour objectif de vérifier la compatibilité du projet avec
les objectifs de conservation du ou des sites Natura 2000 concernés (i.e. l’état de
conservation favorable des habitats naturels et les espèces d’intérêt communautaires qui
les justifient), et plus globalement le maintien des objectifs du réseau Natura 2000.
L’autorité compétente doit s’opposer à tout projet si l’évaluation des incidences Natura
2000 est absente, insuffisante ou s'il en résulte que sa réalisation peut porter atteinte aux
objectifs de conservation du ou des sites Natura 2000 concernés.
Lorsqu'une évaluation conclut à une atteinte aux objectifs de conservation d'un site
Natura 2000 et en l'absence de solutions alternatives, l'autorité compétente ne peut
donner son accord que pour des raisons impératives d'intérêt public majeur. Dans ce cas,
elle s'assure que des mesures compensatoires, à la charge du bénéficiaire du projet, sont
prises pour maintenir la cohérence globale du réseau Natura 2000. Si un habitat ou une
espèce prioritaire est impacté, l’avis de la commission européenne doit être demandé.
Pour connaître les listes locales applicables, s’adresser aux services de la DREAL,
DDT-M, et/ou de la préfecture maritime.
2.2.3 Les sites Natura 2000 concernés par l’évaluation des incidences
Les pSIC sont des propositions de sites pouvant intégrer le réseau Natura 2000. Il s’agit
en quelque sorte du réservoir de sites dont dispose la France pour créer de nouveaux
sites Natura 2000. Impacter leur intégrité et les habitats et espèces qui les justifient
revient donc à nuire aux options ménagées par la politique publique de protection de la
nature, en obérant leur éventuelle proposition au réseau Natura 2000. Évaluer les
incidences d’un projet, notamment public, sur un pSIC relève donc de la cohérence de
2.2.4 Les habitats naturels et les espèces concernées par l’évaluation des
incidences
L’évaluation des incidences Natura 2000 d’un projet porte uniquement sur les habitats
naturels et les espèces d’intérêt communautaire justifiant la désignation du site au sein du
réseau Natura 2000 et identifiés par le FSD du site.
Il se peut que le DOCOB du site mentionne des habitats naturels et des espèces d’intérêt
communautaire qui ne figurent pas au FSD en vigueur. Par principe de précaution et pour
anticiper une mise à jour des données du FSD sur la base de celles du DOCOB, il est
donc toujours préférable d’évaluer les incidences sur tous les habitats naturels et des
espèces d’intérêt communautaire identifiés par le DOCOB et le FSD pour sécuriser
juridiquement l’analyse.
Enfin, l’évaluation des incidences n’a pas vocation à traiter l’impact du projet sur
l’ensemble des espèces patrimoniales ou protégées par le droit national.
2.2.5 Le cas des sites abritant des habitats naturels et des espèces
prioritaires
Ainsi, pour un projet ayant des incidences significatives sur des habitats naturels et/ou
espèces prioritaires, la délivrance de l’autorisation n’est permise que pour des
considérations liées à la santé de l'homme et à la sécurité publique ou à des
conséquences bénéfiques primordiales pour l'environnement, ou après avis de la
Commission européenne dès lors que le projet est justifié par des raisons impératives
d’intérêt public majeur.
Malgré une rédaction équivoque des textes, la Commission européenne (2000) précise
toutefois que les dispositions précédentes s’appliquent uniquement lorsque le projet a
une incidence sur un habitat naturel ou une espèce prioritaire justifiant la désignation du
site (selon son FSD ou son DOCOB), et non par la seule atteinte au site les abritant.
Le projet ne peut être autorisé que si l’évaluation de ses incidences conclut à l’absence
d’atteinte significative aux objectifs de conservation d’un ou plusieurs sites Natura 2000.
Dans le cas contraire, seules des raisons impératives d'intérêt public majeur peuvent être
invoquées et sous réserve de mesures compensatoires.
3.2.1 Déterminer si le projet est susceptible d'avoir ou non une incidence sur
un ou plusieurs sites Natura 2000
Pour information, le formulaire CERFA n° 14734*03 de demande d’examen au cas par cas
préalable à la réalisation éventuelle d’une évaluation environnementale demande cette
analyse préalable.
Si la démonstration conclut de manière étayée à l’absence de possibilité d’incidence sur
un ou des sites Natura 2000, l’évaluation s’arrêtera donc à cette première étape. Dans le
cas contraire ou en cas de doute, l’évaluation se poursuit avec l’étape suivante.
3.2.2 Analyser précisément les incidences du projet sur le site Natura 2000
Cette étape de l’évaluation est cruciale. Pour être pertinente, elle doit valoriser autant que
possible les données écologiques présentées dans le FSD et le DOCOB du site concerné
(nature des habitats et espèces, préférences écologiques, fonctionnalités écologiques ou
hydrologiques, etc.) et mérite souvent d’être complétée par des inventaires naturalistes
de terrain pour valider l’état des connaissances, plus ou moins précis, du DOCOB. Afin d’
optimiser les temps et les coûts, il est vivement préconisé de mener des inventaires de
qualité permettant de répondre aux différents besoins afférents à l’évaluation des
incidences Natura 2000, à l’étude d’impact, ou à la demande de dérogation pour
Ces mesures sont de plusieurs ordres : adaptation de tracé, limitation des emprises,
adaptation des calendriers de travaux, mise en œuvre de solutions techniques
alternatives, mesures préventives diverses, mesures de gestion, etc.
Autant que possible, il faut favoriser tous les types de mesures permettant d’amplifier les
actions détaillées dans le DOCOB pour rétablir l’état de conservation des habitats et
espèces impactés. Les mesures doivent également être en cohérence avec les
prescriptions et les éventuelles interdictions figurant au DOCOB et aussi être intégrées
au titre de l’étude d’impact, du dossier loi sur l’eau ou de la demande de dérogation
Espèces protégées.
L’analyse des effets du projet est ensuite reconduite en intégrant l’application de ces
mesures. Si les effets dommageables sur l’état de conservation des habitats naturels et
des espèces d’intérêt communautaires qui ont justifié la désignation du ou des sites
Natura 2000 ne sont plus significatifs alors l’évaluation est achevée. Dans le cas
contraire, la démarche se poursuit avec l’étape suivante.
A noter que les mesures compensatoires peuvent également être soumises à évaluation
des incidences, dès lors que leur nature et leur dimensionnement les font entrer dans le
champ d’application de la réglementation. Ainsi, la restauration à titre compensatoire
d’une pelouse sèche sur un site Natura 2000, aux dépens d’une lande constituant un
habitat d’intérêt communautaire propre ou de l’habitat d’une espèce animale d’intérêt
communautaire, doit être évaluée.
Pour tout projet ayant des effets dommageables résiduels significatifs nécessitant la mise
en œuvre de mesures compensatoires, l’Etat est tenu d’informer la Commission
européenne de la décision d’approbation et de la nature des mesures compensatoires.
Dès lors que les incidences portent sur un type d'habitat naturel et/ou une espèce
prioritaire et que le projet est justifié par des raisons impératives d’intérêt public majeur,
autres que des considérations liées à la santé de l'homme et à la sécurité publique ou à
des conséquences bénéfiques primordiales pour l'environnement, l’avis de la Commission
européenne est requis avant approbation du projet.
Dans son avis, la Commission doit mettre en balance les valeurs écologiques affectées et
Le cadre juridique ;
Le demandeur ;
L’objet (information ou demande d’avis) ;
Le projet ;
Les sites Natura 2000 concernés ;
Les régions biogéographiques concernées ;
Les habitats naturels et espèces d’intérêt communautaire ou prioritaires
concernés ;
Les effets négatifs et les mesures d’atténuation adoptées ;
Les solutions alternatives envisagées et l’argumentation de l’absence de solution
alternative ;
Les raisons impératives de réalisation du projet ;
Les mesures compensatoires envisagées et leur calendrier de mise en œuvre ;
Des documents cartographiques nécessaires.
Pour les infrastructures de transport en tant que projet, sept points principaux font l’objet
de recommandations plus spécifiques :
la recherche des solutions alternatives ;
la définition de l'aire d’influence du projet ;
la notion de raison impérative d'intérêt public majeur ;
l'étendue du champ d'analyse des incidences (directes, indirectes, cumulatives
…) ;
l’appréciation de l’état de conservation du site et des enjeux (état initial) ;
l'évaluation des effets significatifs ;
l’importance de la forme.
Si cette condition apparaît en fin de l’évaluation des incidences, les réflexions sur les
variantes du projet, leur opportunité et l’argumentation de la solution retenue doivent
quant à elles être abordées précocement et sérieusement dans l’élaboration du projet
pour ne pas constituer un point de blocage au stade postérieur de l’évaluation des
incidences.
Il doit donc être clairement démontré que le projet est nécessaire et que la solution
retenue est la seule possible et la moins impactante pour les habitats naturels et les
espèces justifiant le site Natura 2000. Bien entendu, les seules considérations financières
ne sont pas admises.
Cette prise en compte très en amont du réseau Natura 2000 dans la réflexion sur un
projet est donc à intégrer dès les études d’opportunité d’itinéraire et de projet. La
traçabilité des argumentations et des décisions ayant permis de valider la solution
retenue doit être assurée et présentée dans le dossier.
L’évaluation des incidences est une analyse qui se construit par étapes successives, la
première étape pouvant démontrer que le projet n’a pas d’incidences sur un ou plusieurs
sites Natura 2000 et ainsi clore l’évaluation.
En préalable à toute conclusion tangible quant au risque ou non d’incidence d’un projet
sur un ou plusieurs sites Natura 2000, la définition de son aire d’influence s’avère
primordiale. Celle-ci doit se fonder sur un raisonnement s’intéressant aux
fonctionnements écologiques nécessaires au maintien de l’intégrité du ou des sites
Natura 2000 concernés. Il est donc exclu de ne raisonner que sur les notions d’emprise
ou de distance entre le projet et les sites Natura 2000.
L’article R. 414-23, qui détaille le contenu d’une évaluation des incidences Natura 2000,
précise bien qu’il faut envisager les incidences au regard de la nature du projet, de la
distance, de la topographie, de l'hydrographie, du fonctionnement des écosystèmes, des
caractéristiques du ou des sites Natura 2000 et de leurs objectifs de conservation.
L’aire d’influence d’un projet se définit en fait selon les dimensions d’espace et de temps
et repose sur l’analyse de trois entrées complémentaires :
En premier lieu, il faut donc envisager l’ensemble des effets du projet : directs ou
indirects, temporaires ou permanents, cumulés avec ceux d’autres projets. Cela demande
une vision claire sur le projet, ses calendriers, ses procédés de réalisation, sa gestion en
phase d’exploitation et sur les effets directs ou indirects (modification des conditions
d’exploitation agricole, aménagement foncier agricole et forestier (AFAF), développement
urbain). Il s’agit de déterminer toutes les opérations exigées pour la réalisation et
l’exploitation du projet sur le long terme pouvant interagir négativement dans le temps
avec les habitats naturels et les espèces justifiants les sites Natura 2000 concernés.
Enfin, il convient d’analyser le territoire selon une approche géographique pour envisager
ce qui peut établir une connexion, ou faire barrage, entre le projet et les éléments
sensibles sur les sites Natura 2000. C’est dans ce cadre que prennent toute leur valeur la
topographie, l'hydrographie, l’orientation des vents dominants, les divers types de
corridors de la trame verte et bleue locale.
In fine, l’aire d’influence à envisager émerge au regard de la portée possible des effets du
projet sur les habitats naturels et les espèces réellement sensibles au sein des sites
Natura 2000 et sur tout élément utile à l’état de conservation et à la connexion écologique
des sites Natura 2000 (entre eux, en réseau, ou avec des milieux extérieurs vitaux).
• Le projet a-t-il une emprise directe sur un ou plusieurs sites du réseau Natura
2000 ?
• Le projet intercepte-t-il ou détourne-t-il des écoulements diffus ou une nappe
pouvant conditionner la présence d’habitats naturels humides ou espèces
hygrophiles justifiant les sites Natura 2000 voisins ?
• Le projet coupe-t-il des corridors écologiques nécessaires à la dispersion,
l’alimentation ou la reproduction des espèces d’intérêt communautaires des sites
Natura 2000 voisins ? Ceci est particulièrement sensible pour les espèces
aquatiques, amphibies ou les chauves-souris.
• Le projet peut-il générer une pollution durant son chantier ou son exploitation sur
les sites Natura 2000 voisins ? Pour cela, il faut s’interroger sur les rejets des
bassins, le risque de déversement accidentel de matières polluantes, les besoins
en sel pour la viabilité hivernale, les abandons de macro-déchets sur les
accotements. En effet, ces polluants peuvent être emportés via le réseau
hydrographique ou le vent, et avoir un impact sur un site Natura 2000. Ainsi, dès
qu’un bassin a son exutoire sur un affluent allant vers un site Natura 2000, celui-ci
entre dans l’aire d’influence du projet.
• Le projet peut-il générer des perturbations de la faune durant son chantier ou son
exploitation sur les sites Natura 2000 voisins ? Ce point est particulièrement
sensible durant la période de reproduction des oiseaux. Le niveau de trafic routier
et son bruit, nouveau ou croissant, les bruits de chantier (engins, tirs de mine,
hélicoptère) peuvent perturber les espèces d’un site.
• Enfin, le projet peut-il réduire ou faire disparaître une activité agricole nécessaire à
l’entretien des habitats naturels constitutifs des sites Natura 2000 voisins.
Il convient donc de se poser ces questions très en amont pour définir l’aire d’influence du
projet la plus pertinente possible.
Dès lors qu’un projet a une incidence sur les objectifs de conservation d’un site Natura
2000, celui-ci ne peut être autorisé que pour des raisons impératives d’intérêt public
majeur. Il s’agit d’une condition sine qua non devant être envisagée dès les réflexions
amont sur le projet et sérieusement argumentée par le maître d’ouvrage, et ce d’autant
plus qu’il s’agit d’un projet pour lequel l’information ou l’avis de la Commission
européenne risque d’être requis.
En premier lieu, il faut retenir que la déclaration l’utilité publique d’un projet ne vaut pas
« raisons impératives d’intérêt public majeur » au sens de la Directive 92/43/CEE. Il est
délicat de proposer une définition générale de la notion de « raisons impératives d’intérêt
public majeur », qui doit être appréciée en fonction des projets et des besoins auxquels ils
répondent.
Lorsque le site Natura 2000 concerné abrite un type d’habitat naturel ou une espèce
prioritaire, seules peuvent être invoquées des considérations liées à la santé de l’homme
et à la sécurité publique ou à des conséquences bénéfiques primordiales pour
l’environnement ou, après avis de la Commission européenne, pour d’autres raisons
impératives d’intérêt public majeur.
Les infrastructures de transport ne peuvent se prévaloir des cas précisés ci-dessus, que
si le maître d’ouvrage l’argumente objectivement et sur la base de données tangibles.
L’étude d’impact et l’évaluation socio-économique d’un projet constituent une base
importante pour l’appréciation des raisons impératives d’intérêt public majeur pouvant
justifier l’opportunité et l’utilité d’un projet : accidentologie, pollutions, bruit, résorption de
L’évaluation des incidences doit s’intéresser à tous les impacts que la réalisation du projet
peut induire sur le site Natura 2000 et l’état de conservation favorable des habitats
naturels et des espèces qui justifient sa désignation.
C’est-à-dire que l’évaluation doit s’intéresser à la phase chantier et à la phase
exploitation d’un projet. La phase chantier est malheureusement trop souvent négligée,
alors qu’elle est susceptible de générer des impacts négatifs de court, moyen et long
termes. Pour la phase exploitation, il convient également de prendre en compte les
possibles incidences induites par les entretiens courants ou lourds et d’envisager celles
pouvant être liées à un accident vraisemblable.
L’évaluation des incidences reprend les principes d’une étude d’impact et doit envisager
les :
incidences positives et négatives ;
incidences directes, indirectes ;
incidences cumulées ;
incidences temporaires et permanentes.
De par son implantation, les choix techniques retenus, les procédés de réalisation du
chantier, son exploitation, ses modalités d’entretien, les risques d’accidents, le projet
peut-il générer :
une destruction ou une altération d’habitat naturel ou d’habitat vital d’espèces
d’intérêt communautaire (destruction par emprise surfacique directe, AFAF,
dévoiement de réseau), fragmentation des milieux, modification de conditions
déterminantes pour l’habitat (hydraulique, conditions physico-chimiques, mode de
gestion, fréquentation, etc.), pollution ?
une destruction des espèces d’intérêt communautaire ou une modification des
équilibres de leur population ?
une perturbation des espèces d’intérêt communautaire (bruit, mouvement,
éclairage, coupure de corridors de déplacement, occupation d’une zone vitale
d’alimentation ou de repos, etc.) ?
Dès que l’intégrité d’un site Natura 2000 est mise en cause par un projet, l’évaluation doit
permettre d’identifier ses incidences sur l'état de conservation des habitats naturels et
des espèces d’intérêt communautaires qui ont justifié sa désignation et de conclure sur
leur caractère significatif ou pas.
L’état de conservation des habitats naturels et espèces est donc au cœur de l’analyse,
mais reste une notion généralement appréhendée avec difficulté dans les évaluations.
L’article 1 de la directive Habitats, Faune, Flore en donne les définitions suivantes :
L’état de conservation d'un habitat naturel est l'effet de l'ensemble des influences
agissant sur un habitat naturel ainsi que sur les espèces typiques qu'il abrite, qui peuvent
affecter à long terme sa répartition naturelle, sa structure et ses fonctions ainsi que la
survie à long terme de ses espèces typiques sur le territoire de l’UE.
Cet état de conservation est considéré comme « favorable » pour un habitat naturel
lorsque :
son aire de répartition naturelle ainsi que les superficies qu'il couvre au sein de
cette aire sont stables ou en extension et ;
la structure et les fonctions spécifiques nécessaires à son maintien à long terme
existent et sont susceptibles de perdurer dans un avenir prévisible et ;
l'état de conservation des espèces qui lui sont typiques est favorable.
L’état de conservation d'une espèce est quant à lui l'effet de l'ensemble des influences
qui, agissant sur l'espèce, peuvent affecter à long terme la répartition et l'importance de
ses populations sur le territoire de l’UE. Il est considéré comme « favorable » lorsque :
les données relatives à la dynamique de la population de l'espèce en question
indiquent que cette espèce continue et est susceptible de continuer à long terme à
constituer un élément viable des habitats naturels auxquels elle appartient ;
l'aire de répartition naturelle de l'espèce ne diminue ni ne risque de diminuer dans
un avenir prévisible et ;
il existe et il continuera probablement d'exister un habitat suffisamment étendu
pour que ses populations se maintiennent à long terme.
L’analyse des incidences sur l’état de conservation doit donc se fonder sur des notions
d’échelles de répartition, de surfaces, de fonctionnalités, d’effectifs et de dynamique de
populations.
Les données nécessaires figurent généralement dans les FSD et DOCOB. Des synthèses
des états de conservation sont également produites aux niveaux national et européen.
Dans tous les cas, il convient de ne pas restreindre l’analyse des incidences sur l’état de
Les habitats naturels et plus encore les espèces d’intérêt communautaire peuvent
également être traités au titre de l’étude d’impact, du dossier loi sur l’eau ou de la
demande de dérogation à l’interdiction de destruction d’espèce protégée ; il convient donc
d’avoir la plus grande vigilance sur la cohérence des états initiaux, l’analyse d’impact et
les propositions de mesures entre les divers dossiers ou chapitres d’un même dossier, si
l’évaluation des incidences Natura 2000 est produite via le dossier d’étude d’impact ou
d’étude loi sur l’eau.
5.3 Circulaires
Cerema, 2016. Mesures compensatoires des impacts sur les milieux naturels -
Application aux projets d’infrastructures de transport. Note d’information
Environnement Santé Risque n°5. 16 p.
Commission européenne, 2000. Gérer les sites Natura 2000 — Les dispositions de
l’article 6 de la directive «habitats» (92/43/CEE). Luxembourg: Office des
publications officielles des Communautés européennes. 69 p.
Cerema Méditerranée
30 rue Albert Einstein -CS 70 499 – 13593 Aix-en-Provence cedex 3
www.cerema.fr