Sexualité et sentiments, comment cest l'amour
Sexualité et sentiments, comment cest l'amour
Sexualité et sentiments, comment cest l'amour
Du même auteur,
dans la même collection, aux éditions du Rocher
(2012)
ISBN : 978-2-268-07457-3
Antoine de Saint-Exupéry
Avant-propos à l’attention des parents
Ce livre est fait pour t’aider, toi, jeune homme ou jeune fille de 15 à 20
ans, à y voir plus clair, à discerner ce qui anime ton cœur et ce qui anime
ton sexe, à mieux te comprendre et à comprendre les autres, ceux qui sont
de même sexe que toi et ceux qui sont de sexe différent. Ce livre peut
t’aider à faire les bons choix, il peut t’éviter de te tromper, car ce n’est pas
ce que tu cherches.
Toi, jeune fille, tu n’es pas indifférente à l’intérêt que les garçons te
portent et à leur comportement. Tu analyses presque inconsciemment leur
démarche, leurs fringues, leur look et, plus encore, leur visage. Tu perçois
bien leurs désirs plus ou moins entreprenants. Tu n’aimes pas la façon dont
ils parlent des filles. Tu les considères souvent comme pas mûrs, encore
immatures, trop jeunes, et pourtant ils ont ton âge ! En même temps, tu
envies telle ou telle copine qui a déjà un copain. Tu aimerais tellement avoir
le tien, te confier à lui, qu’il te prenne par la main et qu’il t’embrasse
amoureusement. Et cette autre copine, qui te raconte qu’elle a déjà couché
avec son mec, t’inquiète parce que, déjà, il l’a larguée. Ou bien c’est elle
qui l’a largué, car elle t’a dit qu’il ne pensait qu’au sexe !
Et toi, jeune homme, entre 15 et 20 ans, tu peux être très sensible.
Écœuré par les comportements de certains de tes copains qui exploitent les
filles, les unes après les autres. Déjà, tu as remarqué une fille de ta classe
qui est super sympa. Tu voudrais bien lui dire que tu l’aimes mais tu ne sais
pas comment t’y prendre. Cela t’inquiète aussi parce que ce n’est pas la
première qui t’attire. Tu as remarqué que tu tombes facilement
« amoureux ». Tu hésites souvent entre attirance et amour.
De plus en plus souvent, tu sais bien distinguer, parmi les filles, celles
qui t’intéressent surtout par leur corps – leurs seins et leurs fesses, pour être
clair – et celles qui t’attirent par leur douceur, leur beauté extérieure et
intérieure, leur regard, que tu n’arrives pas bien à capter. Tu ne sais pas
comment leur parler, tu hésites. Tu te poses la question essentielle : « Suis-
je vraiment amoureux ? Est-ce la fille de ma vie ? »
Tu crains ton copain parce qu’il pourrait devenir ton concurrent. Bref,
tu es plus ou moins « amoureux », mais dès que tu ne verras plus Sophie,
Véronique, Sonia ou Leila, tu tomberas amoureux d’une autre. Alors cela
t’inquiète un peu, ou beaucoup, car tu te demandes comment tu pourras
choisir un jour. Cette attirance pour le corps féminin, la grande sensibilité
que tu éprouves pour tout ce qui concerne la sexualité, tout cela peut à la
fois te préoccuper ou t’inquiéter, te gêner dans ton évolution, dans tes
comportements, dans ton discernement.
On voit de plus en plus de garçons de ton âge qui hésitent. Très
sensibles, ils ne se sentent pas comme les autres. Ils n’ont pas de blagues
grasses ou dégueulasses à raconter. Ils ne se sentent pas autant attirés par les
filles que leurs copains. Ils se demandent pourquoi ils sont si différents. Ils
recherchent à la fois des filles sympas pour discuter et des copains qui leur
ressemblent, sensibles. Au fond, ils se demandent s’ils ne sont pas plus
attirés par les hommes. « Homosensibilité » ? certainement.
« Homosensualité » ? peut-être aussi, car ils préfèrent être avec des garçons.
Le corps des garçons les attirerait-il plus que le corps des filles qui ne leur
dit rien ou pas grand-chose ? Certains rêves les inquiètent fort.
« Homosexualité » ? ils en entendent tellement parler partout. On leur dit
que c’est génétique, que l’on peut naître comme cela… Que la société est
homophobe et qu’il faut lutter contre… Mais à qui en parler ? Comment
déceler le vrai du faux ? Homosensibilité, homosensualité, homosexualité, y
a-t-il une évolution entre ces trois types d’attirance ? Si je suis
homosensible, suis-je forcément homosensuel, et peutêtre homosexuel ? Et
tout cela existe-t-il aussi chez les filles ?
L’adolescence est un parcours semé d’obstacles. Il est primordial de
connaître les pièges qui peuvent se présenter quand on ne s’y attend pas.
Peut-être as-tu déjà eu des expériences sexuelles (avec ou sans rapport),
positives ou négatives, qui ont laissé, comme on dit, des souvenirs en toi.
Es-tu bien sûr que tu connais ce que c’est que l’amour ?
Connais-tu les différences entre garçons et filles, en dehors des
différences anatomiques ? Es-tu bien sûr de connaître l’être féminin ? Es-tu
bien sûre de connaître l’être masculin ?
Et toi, as-tu sondé les innombrables richesses de ta personnalité et
celles de l’autre, qui t’attire ou que tu crois aimer ? Et celles de ton meilleur
ami ou de ta meilleure amie ? As-tu compris que tes défauts sont là pour
t’éviter l’orgueil de tes qualités ?
Sais-tu qu’en amour, on peut connaître beaucoup d’échecs, surtout si
l’on n’a pas suffisamment réfléchi, approfondi, mûri, discerné ? Il y a
tellement d’adultes qui se trompent parce qu’on ne leur a pas expliqué
suffisamment et au bon moment les « choses de la vie et de l’amour ».
Certains se sont même séparés alors qu’ils étaient faits l’un pour l’autre.
Toi, tu ne veux pas suivre ce chemin, et tu as raison.
Sais-tu que la relation sexuelle entre deux êtres qui se méfient l’un de
l’autre, ou qui s’exploitent l’un l’autre, est fortement handicapée au départ
et qu’elle ne pourra conduire qu’à des souffrances du cœur ? Sais-tu qu’elle
augmente l’opacité entre les deux êtres qui voulaient s’aimer ?
Sais-tu qu’aimer, cela veut dire d’abord connaître et non pas faire
connaissance, apprécier et non pas essayer, partager et non pas utiliser,
donner et non pas voler, rencontrer et non pas heurter ?
1. Cf. Guy Corneau, N’y a-t-il pas d’amour heureux ?, éditions Robert Laffont, 1999.
Avertissement Ne vous laissez pas manipuler !
Les sensations sexuelles sont très fragiles, plus chez la femme que
chez l’homme – bien que ce ne soit pas si sûr et que cela varie avec l’âge.
Pour que le féminin s’épanouisse vraiment amoureusement, c’est-à-dire
affectivement et physiquement, il est essentiel que l’affectif domine. Les
épanouissements purement sexuels sont avant tout du cinéma, de la
comédie, de la littérature, du rêve que l’auteur décrit ou fait jouer devant la
caméra. Ils ne sont souvent que des fantasmes espérés, décrits ou appliqués
comme s’ils étaient vécus.
Faire croire et rêver à tous les plaisirs physiques de l’amour a un
double but : d’une part, donner du plaisir à celui ou celle qui écrit, décrit,
observe (voyeurisme), comme s’il ou si elle le vivait (c’est tellement sympa
de le faire croire au plus grand nombre, et ça peut rapporter gros : des
écrivains ont avoué avoir écrit sous pseudonyme au début de leur carrière
des textes croustillants et sensuels ou sexuels pour faire de l’argent !);
d’autre part, stimuler le plaisir et la recherche du plaisir chez les autres, les
lecteurs ou voyeurs, avides d’en être au même point.
Évidemment, cela peut devenir une escalade sans fin. Les magazines et
les prétendus spécialistes de la sexualité le savent bien, qui en profitent pour
continuer à faire rêver leurs clientes et leurs clients. Business oblige. Et la
publicité le sait aussi. En avril 2003, Courrier international 1 rapporte avec
avis favorable l’invention du « porno humanitaire » : un homme d’affaires
américain met la libido au service du développement du tiers-monde, en
vendant du matériel indispensable pour assouvir tous ses fantasmes : 80
millions de dollars de chiffre d’affaires en 2002 ! Tout est justifié par
l’objectif, considéré comme « évangélique » : l’humanitaire.
Les publicitaires se servent des fragilités de l’humain, en particulier
dans le domaine de la sexualité, pour présenter leurs appâts et stimuler les
ventes de produits sans intérêt. Ça marche quand le public n’est pas averti.
Il y a beaucoup à faire pour l’informer et éveiller son esprit critique, mais
ne nous décourageons pas. Cela prendra du temps, et il faut commencer le
plus tôt possible. Les moyens audiovisuels, bien utilisés, nous le
permettront.
Le sexe a pris une place prééminente dans notre société, et les
laboratoires pharmaceutiques et la parapharmacie se sont engouffrés dans
ce créneau très porteur. Angoisse oblige. Rien ne vaut la sexualité, ses
images, ses fantasmes, vécus ou rêvés, pour éloigner les soucis, les craintes
du monde moderne.
La « petite pilule bleue » si médiatisée pour les hommes fait un tabac
en bourse (sans jeu de mots !), tandis que les chercheurs finiront bien par
trouver la « petite pilule rose » pour les femmes (ce n’est pas une blague).
L’objectif est que, de 20 à 100 ans, nul ne puisse plus s’en passer pour
connaître l’amour, ses fantasmes et ses orgasmes. Lesquels seront eux-
mêmes médiatisés comme des sensations encore inconnues, à répétition, en
croissance, que chacun pourra se procurer (démocratisation oblige)
moyennant quelques dollars de plus, chaque jour plutôt qu’une fois par
semaine ou tous les quinze jours. Et comme il y aura toujours frustration de
l’un ou l’autre des partenaires sexuels, l’escalade sera sans fin.
À moins que les jeunes, plus et mieux avertis, refusent de se faire
« anesthésier debout » ! L’objectif de cet ouvrage de questions-réponses est
d’éviter que des générations de jeunes ne se fassent avoir (comme tant de
précédentes) par les mirages que façonnent les manipulateurs de
conscience, malins et avides de pouvoir et d’argent.
1. Il faut d’ailleurs en parler avec les jeunes, pour les aider à affronter ces déprimes suicidaires.
Cf. Le suicide, qui n’y a jamais pensé ? Les clés pou comprendre, parler, prévenir, Pr Henri Joyeux,
Philippe Vaur et Jean Epstein, éditions François-Xavier de Guibert, 2008.
QUESTION 5
Voilà une des questions les plus importantes, à laquelle les adultes ont
le plus de mal à répondre.
Parlons d’abord de la nécessité de l’expérience pour savoir.
Quand il s’agit d’un objet, il est certes indispensable d’essayer, de
comparer (avant d’acheter une voiture ou un ordinateur) ; mais quand il
s’agit d’une personne, il n’est pas nécessaire d’« essayer ». Il est d’abord
nécessaire, avant de s’engager, de bien connaître la personne. Le domaine
de l’amour est celui de la confiance, et non de la méfiance. Aimer, c’est
anéantir toute goutte de méfiance.
Connaître une personne demande du temps, parfois beaucoup de
temps. Pour connaître vraiment un arbre, il faut le voir aux quatre saisons et
rechercher sa véritable histoire, qui l’a planté, pourquoi à cet endroit… Cela
est encore plus vrai pour une personne que pour un objet. Essayer une
personne ou être essayé(e), c’est risquer de blesser ou d’être blessé(e). Car
les expériences d’intimité laissent obligatoirement des traces. Il s’agit d’un
domaine très émotionnel, où tout se grave dans la mémoire, autant dans le
compartiment affectif que sexuel (que nous résumons par les deux mots
« mémoire sexuelle1 »).
On ne peut pas conseiller des relations sexuelles même consenties
entre deux personnes qui ne se connaissent pas vraiment. Lui a peur
d’attraper le sida avec elle, et inversement. D’où le discours officiel et
sécuritaire de l’amour-danger, qui dit que « tu dois sortir couvert le soir » et
que « le préservatif est le seul moyen de prévention du sida », qui ne dit pas
que le préservatif féminin (femidom) a été mis au point après le préservatif
masculin (condom) parce que ce dernier n’est pas fiable à 100 2.
Généralement, c’est le garçon qui dit : « Ce soir, je baise ! » et quand
on lui demande pourquoi, il répond avec sincérité : « Parce que j’ai
envie ! » Tout cela peut se comprendre, mais attention, ne faisons pas croire
aux jeunes que de telles attitudes aident à savoir ce que c’est que l’amour.
Elles aident plutôt à mieux comprendre ce que n’est pas l’amour, et à bien
distinguer l’amour de la « baise ».
On entend aussi que les expériences permettent les comparaisons et
qu’ainsi on peut mieux choisir. Les filles ont vite fait de comparer les
performances des mecs: « L’un est éjaculateur très précoce, l’autre un peu
moins, le troisième est une brute, le quatrième a éjaculé après une
fellation… Un autre est très doux, mais aimet-il les filles, car il a eu une
érection d’oiseau… » Ces comparaisons permanentes restent au niveau de
la balistique des sexes. Elles n’aident en rien à mieux connaître l’amour,
lequel se construit seulement en cherchant à mieux apprécier l’autre dans
toutes ses dimensions, et pas d’abord et surtout dans ses dimensions
sexuelles.
Et le garçon, lui aussi, compare et évalue : telle fille n’a aucune
expérience et est passive ; telle autre est très expérimentée et active ; une
troisième veut garder sa « virginité » mais accepte la sodomie ; une autre
refuse tout sauf des caresses sur tout son corps, mais a peur de tomber
enceinte parce que sa mère ne veut pas lui donner la pilule…
Au fond, toutes ces expériences, si elles donnent des idées sur la
sexualité, n’apprennent rien sur ce que sont l’amour et la vie à deux. Si l’on
place la sexualité en premier, rien ne peut se construire, tout pousse à
multiplier les expériences, à éviter tout engagement et l’on ne connaît rien
de l’amour. Et lorsqu’il s’agira de s’engager dans l’amour, alors toutes ces
expériences sexuelles viendront perturber, interférer avec l’amour. Car dans
le domaine de l’amour et de la sexualité, rien ne peut être effacé de la
mémoire. Et lorsque la mémoire sexuelle est saturée, on a bien des
difficultés pour y voir clair. Les erreurs passées risquent d’empêcher
l’amour de se développer.
N’oublie pas que l’amour est en permanente évolution : ou il grandit et
se développe pour ton plus grand bien (et tu le ressens), ou il se ratatine sur
luimême et devient une quête permanente qui fatigue, et à laquelle on finit
par ne plus croire. Les blasé(e)s de l’amour sont des personnes souvent
négatives, pessimistes et pas marrantes.
1. La « mémoire sexuelle » correspond à tout ce qui est enregistré par la voie des cinq sens dans le
domaine de la sensibilité, de la sensualité et de la sexualité. Voir question 31.
2. Une jeune fille de 14 ans a ainsi reçu en cadeau de sa mère, pour son anniversaire, une boîte de
quatre préservatifs masculins (dix fois moins chers que les préservatifs féminins) : « Garde-les
toujours sur toi, ça peut te servir ! »
QUESTION 12
C’est exact, mais je vous ferai remarquer que cette sensation d’échec,
vous l’avez également dans le cadre d’une relation sexuelle avec une fille
que vous connaissez à peine, avec laquelle vous avez une relation pour le
simple plaisir. Il n’y a pas de projet, il y a bien un peu d’amour, mais c’est
avant tout un désir de plaisir ; c’est plus une amourette que de l’amour vrai,
n’est-ce pas ?
Pour que la relation sexuelle soit réussie, c’est-à-dire qu’il y ait
harmonie entre les deux partenaires, il faut qu’il y ait le « projet commun »,
et surtout une immense confiance entre l’un et l’autre. Pour qu’il y ait
confiance entre les deux partenaires, garçon et fille, c’est-à-dire pour qu’il y
ait abandon ou don complet de son corps à l’autre, sans réticence, sans
arrière-pensée, il faut que se soient élaborés, dans le corps et dans l’esprit
de chacun, des liens amoureux solides. Que chacun ait une grande
confiance dans l’autre, pas seulement pour un instant, une soirée, une
nuit… « À toi, je dis tous mes secrets, parce que j’ai confiance en toi, et en
toi seulement. » Un projet, en général, s’inscrit dans la durée et dans la
vérité des sentiments.
QUESTION 15
1. Il ne faut pas oublier que la sexualité ne se résume pas à des gestes sexuels, mais qu’elle
correspond à une relation entre des personnes de sexe différent ou identique. Et cette relation peut se
décomposer sous trois formes relationnelles bien distinctes qui évoluent de l’une à l’autre : sensibilité
(homo ou hétéro), sensualité (homo ou hétéro) et sexualité (homo ou hétéro). Remarquons au passage
que homo- ou hétérosensibilité, homo- ou hétérosensualité, homo- ou hétérosexualité correspondent à
des formes de relations humaines, et en aucun cas à une identité de l’humain qui privilégierait telle
ou telle forme de relation. Si l’on définit la relation sexuelle comme la présence du sexe masculin
dans le sexe féminin, on ne peut pas parler de relation sexuelle dans le cadre de l’homo-sexualité,
qu’elle soit masculine ou féminine. Il y a rencontre amoureuse certes, mais pas de relation sexuelle ;
on parlera alors de « jeux sexuels ». La sodomie ou la masturbation (fussent-elles entre deux
personnes de sexe identique ou différent) n’entrent pas dans le cadre d’une relation sexuelle. Cette
précision a joué un rôle majeur dans l’affaire Lewinsky-Clinton aux États-Unis en l’an 2000, car le
fond de l’affaire juridique était de savoir si le président Clinton avait ou non menti : il disait ne pas
avoir eu de relation sexuelle avec Monica, il y avait eu jeu, mais pas rapport sexuel.
2. Quand l’enfant commence à quitter les câlins de ses parents, il cherche à la fois à se mesurer
aux autres et a besoin de contacts humains, d’être touché et de toucher. On voit ainsi les garçons se
bagarrer pour s’amuser et les filles se promener bras dessus, bras dessous.
3. Dans le livre Particules élémentaires, de Michel Houellebecq, le chercheur veut transformer
tous les corpuscules sensitifs de la peau en corpuscules de Krause, donc en corpuscules sensuels, afin
que toute caresse sur n’importe quelle partie du corps stimule la sexualité. Cette pensée romantique
n’est pas anodine, elle traduit bien un rêve insensé qui ramène toute la sensibilité humaine à la
sexualité.
4. La vision des choses du sexe agit sur les circuits nerveux commandés par une zone centrale du
cerveau qui s’appelle l’« hypothalamus », entraînant la fabrication et la sécrétion de substances qui
activent les désirs.
5. Un magazine très grand public faisait à l’ouverture du XXIe siècle l’apologie de la bisexualité
en exprimant clairement que c’était l’avenir. Un tissu de sottises ne fait pas peur aux médias qui
recherchent le sensationnel, le croustillant, même au risque de déstabiliser les plus fragiles.
6. Libération, 23 mai 2002.
7. La Tyrannie du plaisir, J.-C. Guillebaud, Seuil, 1999.
8. En 2006, l’industrie pornographique dans sa globalité représente 57 milliards de dollars de
chiffre d’affaires dans le monde, dont 12 milliards aux États-Unis.
9. The DRUG of the New Millennium, Mark B. Kastelman, Power Think Publishing, 2007.
QUESTION 16
1. Cela est le plus souvent inconscient. Il y a donc urgence à faire prendre conscience aux parents
qu’ils ne peuvent faire comme leurs parents, c’est-à-dire attendre que l’enfant pose des questions, et
répondre la plupart du temps à côté quand il en pose. Une authentique formation s’impose et les
parents sont parfaitement capables de le comprendre si on leur explique pourquoi, comment, à partir
de quand et quoi répondre face aux questions les plus délicates. C’est ce qui a été initié par le
mouvement Familles de France autour de l’an 2000, à travers la formation « Être parents
aujourd’hui ».
Notre société a bien imaginé, à juste raison, organiser des formations professionnelles dans
pratiquement tous les secteurs d’activité; pourquoi ne pas l’imaginer et l’officialiser pour le « métier
de parent », qui est certainement le plus méconnu (non reconnu) et pourtant le plus essentiel pour la
construction harmonieuse à la fois des jeunes et des parents eux-mêmes ? Ces formations
conduiraient à créer ce que les familles attendent depuis longtemps : le « statut parental », qui
donnerait les mêmes droits qu’un statut professionnel.
QUESTION 18
Ils ne datent pas d’hier. Ils ont culminé dans les années quatre-vingt.
C’est en 1982 que l’on a découvert le virus du sida. L’état de la santé liée à
la sexualité n’a fait que s’aggraver en s’étendant à la planète entière. Le
nombre total de décès liés au sida en France depuis le début de l’épidémie
est compris entre 37 500 et 40 850, dont cinq hommes pour une femme en
1990 et trois hommes pour une femme en 2002, et dans tous les cas, des
personnes jeunes. Un malade sur deux ne découvre sa séropositivité qu’au
moment où se déclare la maladie sida.
1. Source : Institut de Veille Sanitaire (InVS). Vous pouvez y retrouver l’ensemble des
informations concernant les données 2010 VIH et sida.
2. Depuis 1982, je rencontre un jour par semaine, dans le cadre de la prévention dans toutes les
écoles, plus d’un millier de jeunes.
3. À 15 ans, vous pouvez comprendre que votre liberté, c’est-à-dire votre capacité de choisir
librement, est directement liée à votre connaissance. Si vous avez devant vous cinq chemins à choisir
et que l’on vous en présente seulement trois, vous n’êtes pas vraiment libre, car on vous cache deux
chemins parmi lesquels se trouve peut-être le bon. Vous avez donc tout intérêt à ne pas vous laisser
abuser par des adultes malins qui n’ont d’autres objectifs que de vous considérer comme des objets
économiques, des « consommateurs ». Ils sont nombreux dans les médias !
4. Pour les filles, « le sexe fait partie du non-visible, il est beaucoup plus en intériorité, elles
cherchent à le sentir, à l’éprouver, plus qu’à le voir ou à le maîtriser », in Défi à la pudeur, Gérard
Bonnet, Albin Michel, 2003, p. 175.
QUESTION 19
1. Le thymus est une glande située derrière le sternum qui participe aux défenses
immunologiques.
2. « Les univers culturels des jeunes » de P. Mayol, in Modes de vie collégiens et lycéens, R.
Boyer et C. Coridian (coord.), INRP, 2000.
QUESTION 22
Vous pouvez rester. Au contraire, il faut même que vous restiez : les
filles ont bien écouté ce que nous avons dit sur le plaisir masculin. Il est
important que vous compreniez, que vous puissiez discuter de tout cela
ensemble, dans la sérénité, dans l’amitié, la camaraderie, et sincèrement.
Il est d’abord indispensable de différencier, sans trop schématiser, les
meilleurs moments du plaisir féminin par rapport aux meilleurs moments du
plaisir masculin. En effet, comme vous le savez, le garçon, l’homme peut
avoir envie et peut se donner du plaisir sexuel à n’importe quel moment, et
je dirais presque avec n’importe quelle femme. La libido de l’homme, c’est-
à-dire le désir de l’union sexuelle, est en permanence stimulable, il peut être
très vite au maximum, peu de stimulations lui suffisent, cela fait partie de sa
nature.
L’être féminin est très différent, car il est d’abord rythmé par des
cycles menstruels, réguliers ou irréguliers : nous y reviendrons. Cette
rythmicité biologique fait partie de la nature féminine ; elle en fait d’ailleurs
le charme, la beauté mais aussi le mystère. Mesdemoiselles, vous avez dû
remarquer déjà, non seulement la rythmicité de ce qu’on appelle la période
menstruelle, c’est-à-dire la période des règles, de trois à six jours par mois ;
mais également ce que l’on pourrait appeler la rythmicité de votre libido,
c’est-à-dire la rythmicité de votre désir ou de votre attirance vers les
garçons, vers les hommes. En simplifiant, on peut dire que cette rythmicité
est à la base du plaisir féminin.
QUESTION 26
Cela devient passionnant ! Je vois que vous suivez bien, et que vous
commencez à comprendre pourquoi il y a des moments où, les filles, vous
ne les sentez pas du tout intéressées, tandis qu’à d’autres moments dans le
mois, vous les sentez très attirées, très « chaudes » comme vous dites. Et
vous vous dites : « Elles en veulent », avec votre façon macho de raisonner.
Vous les trouvez beaucoup plus belles, plus attirantes ; elles ont soigné leur
coiffure, leurs yeux, mis leurs boucles aux oreilles ; le rouge à lèvres a été
passé avec délicatesse, parfois vous trouvez qu’il y en a trop : cela vous
crève les yeux ! Vous le sentez bien aussi, car elles aiment alors se
parfumer, et ces jours-là vous pouvez presque les suivre à la trace. Elles
sont habillées d’une façon beaucoup plus coquette, aguichante et
recherchée; bref, comme vous dites, elles sont à « croquer ».
C’est pendant ces jours qu’elles sont les plus belles. Vous vous rendrez
compte qu’ils sont au nombre de cinq à six par mois, parfois moins,
rarement plus. C’est pendant ces jours-là que ces demoiselles sont
« fécondes ». Leur nature appelle à l’amour. Sachez-le déjà, car lorsque
vous serez mariés, ou vivrez à deux (cohabitation ou union libre), c’est
pendant ces jours-là que la femme appelle le plus l’homme à l’union
amoureuse, l’union conjugale ; et c’est certainement ces jours-là que
l’homme doit être le plus disponible, prêt à l’amour, prêt à se donner, à
donner amoureusement le meilleur de lui-même.
Mais remarquons tout de suite que, s’il y a ce jourlà une véritable
union amoureuse (cœur, esprit, corps sexuel), si l’homme donne le meilleur
de lui-même, ses spermatozoïdes vont rejoindre l’ovule déjà libéré ou qui
va être libéré par l’ovaire, et qui attend d’être fécondé. Ainsi le fruit de
l’amour, le résultat de ces amours échangés que chacun exprime et perçoit
plus ou moins pendant la période de fécondité féminine, c’est l’ovule
fécondé. Or l’ovule fécondé par un seul spermatozoïde, c’est une vie
humaine nouvelle qui commence. Le fruit de l’amour peut donc être une vie
nouvelle. Dans ce cas, si l’homme a tout donné à la femme, ce doit être
avec son accord. Ensemble, ils ont profondément désiré une vie nouvelle
dans leur famille. Actuellement, en France, la moitié des familles souhaitent
s’agrandir.
QUESTION 27
C’est vrai, on ne peut pas nier ce que vous dites. Pendant les périodes
non fécondes, la femme est moins attirée par l’amour. Son mari, par contre,
l’est toujours, et parfois d’autant plus qu’il sait qu’il n’y a pas de « risque »
de grossesse. En effet, lorsqu’il y a risque de grossesse, si les époux veulent
quand même avoir une relation complète, il faut absolument éviter que la
semence masculine rejoigne l’ovule, donc un « écran de l’amour » est
nécessaire, qu’il s’agisse d’un préservatif, d’un diaphragme, d’un ovule
spermicide ou d’un médicament comme la pilule, qui est actuellement
généralisée dès le plus jeune âge, pratiquement distribuée par les
laboratoires pharmaceutiques dès la puberté…
C’est en général l’homme qui est le plus demandeur pour la relation
sexuelle, car il est certainement le plus stimulé par les images sexuelles du
monde moderne. Il est exact que, pendant la période non féconde, la femme
n’a pas la même « soif d’amour » que pendant la période féconde. Les
hommes devraient le savoir et même savoir le repérer. La connaissance des
rythmes biologiques de la femme leur fera alors comprendre plus
facilement pourquoi, dans ce cas, elle refuse, elle ne tient pas à…, elle n’est
pas en forme, elle n’a pas envie, elle préfère son émission de télévision, lire
un livre ou dormir tout simplement !
L’homme doit savoir tout cela, s’il aime vraiment la femme avec
laquelle il vit et partage tout. Il respectera son désir et sa liberté, il ne se
froissera pas de sa réticence, il acceptera plus facilement de se réserver.
C’est une autre façon d’aimer, de faire grandir l’amour. Elle est
certainement plus difficile et très probablement plus remplie d’amour…
QUESTION 29
Non, cela ne veut pas dire qu’ils ne font rien. Cela veut dire
simplement qu’ils n’auront pas de relation sexuelle complète avec libération
de spermatozoïdes dans les voies génitales de la femme. Mais ils peuvent se
donner beaucoup de tendresse, de câlins, de caresses apaisantes et
reposantes, bref beaucoup d’amour. Il n’y a pas que le coït, que la relation
sexuelle, que la pénétration du sexe masculin dans le sexe féminin, qui soit
la caractéristique de l’amour dans un couple. L’homme et la femme peuvent
se donner beaucoup de tendresse en parlant, en discutant de tout ce qu’ils
ont vécu dans la journée, des enfants, de la famille, de tel ou tel problème…
Ils peuvent en même temps s’exprimer leur tendresse par des caresses ;
vous savez peut-être qu’il existe beaucoup de points sensibles dans le corps
féminin comme dans le corps masculin, il n’y a pas que les organes ou les
régions sexuels. Et la femme qui s’aperçoit que son partenaire s’attarde plus
tendrement sur les épaules, les cheveux, les doigts de pied que sur les
régions sexuelles, comprend vite qu’il cherche à faire plaisir plutôt qu’à se
faire plaisir. Et le désir féminin peut en dépendre.
Souvenez-vous, lorsque vous étiez enfants, vous aimiez bien les câlins
de votre mère et même de votre père. Souvenez-vous de vos parents
s’occupant de votre petit frère ou de votre petite sœur jusqu’à deux ou trois
ans : il s’agit d’une « faim d’être touché », d’un besoin réel et légitime des
parents et du tout-petit d’exprimer et de nourrir leur affectivité, de se sentir
reconnus dans leur affection. Il en va de même pour l’homme et la femme
qui s’aiment, tout leur corps peut être couvert de baisers ; il peut être source
et récepteur de la tendresse de l’autre. C’est une découverte sans cesse
renouvelée, qui doit être poursuivie, approfondie tout au long de la vie.
Ainsi l’amour est sans cesse en évolution, il ne peut pas s’éteindre.
QUESTION 30
Non, ce n’est pas tout à fait exact. Lorsque deux artistes jouent une
scène d’amour, le réalisateur a toujours une arrière-pensée : il veut, comme
on dit en langage journalistique, faire passer un message. Ce message est
globalement celui de l’amour, mais imparfaitement exprimé, et, la plupart
du temps, plus ou moins déformé, modifié, perverti parfois. En général, le
réalisateur explore, un peu comme un voyeur, l’intimité des personnes. Il
met sur la place publique que sont nos petits écrans, et donc à domicile, des
scènes amoureuses qui ont pour but de stimuler et de se fixer dans la
mémoire, et pourquoi pas, qui donnent envie de revoir le film une deuxième
fois. Elles s’imprimeront incontestablement dans notre esprit, comme une
image se fixe dans notre mémoire1. L’objectif est d’imprimer en nous
réellement une scène, un acte, une image…
En choquant, on parvient à tenir en haleine, à maintenir le poste de télé
ou l’ordinateur allumé. Le réalisateur ne veut surtout pas que vous zappiez,
que vous changiez de chaîne. Il faut le savoir, il ne cherche pas à vous faire
grandir, mais à augmenter son taux d’audience, son audimat ! Il cherche
donc à retenir votre attention, à la capter, à la garder. Il n’hésitera donc pas
à montrer des images qui peuvent provoquer de véritables pulsions
sexuelles chez le spectateur, garçon ou fille, quels que soient votre âge,
votre éducation, votre formation intellectuelle, spirituelle, et vos
connaissances des questions de la vie et de l’amour. Et en général, l’objectif
est facilement atteint.
On n’hésitera donc pas à vous montrer des images qui feront réagir
votre corps physiquement : chez les garçons, la réaction se traduira par une
érection ; chez les filles, plus mal à l’aise, la réaction génitale sera
différente (sensation très variable, de l’envie d’uriner à une contraction du
bas-ventre). Si vous ne réagissez pas sur le moment, ne serait-ce que parce
que vous n’êtes pas seul(e), vous pouvez parfaitement réagir le soir avant de
vous endormir. Il vous sera impossible de trouver le sommeil. Touché par
l’image, le cerveau, la mémoire du jeune de 15, 16 ou 17 ans va passer par
un processus de restitution plus ou moins inconscient des scènes érotiques
observées. Ainsi, le jeune va en quelque sorte revivre, parfois comme s’il en
était l’acteur, les scènes offertes à son imagination par le film, le livre ou
l’émission qui l’ont frappé. Il va lui-même jouer ou faire partie de la scène,
dans le but de retrouver, prolonger des émotions qui l’amèneront à se
procurer un plaisir personnel solitaire.
Cela ne m’étonne pas, c’est très classique chez les jeunes. La première
relation sexuelle finit souvent par un break, une rupture. Nous en
reparlerons. Mais revenons à ta sœur. Elle a donc eu sa première relation
sexuelle à 15 ans et cela ne s’est pas bien passé, elle a été probablement
déçue. Aujourd’hui, ce qu’elle cherche en regardant les émissions sur la
sexualité, ou qui peuvent montrer du sexe ou de l’érotisme, c’est l’amour.
Le malheur, c’est qu’elle ne l’y trouvera pas, elle ne trouvera à la télé que
des succédanés de l’amour, des caricatures, ainsi que je vous l’ai déjà
expliqué. Elle trouvera souvent l’inverse de ce qu’est l’amour.
Ce peut être dangereux pour elle, car elle risque de parvenir
difficilement à rétablir sa situation psychologique, sa vision négative de
l’amour. Il va lui manquer une véritable maturation affective et sexuelle,
propre à la rendre adulte. Le danger est qu’elle reste en état d’adolescence,
adulte en âge et adolescente en esprit. Il faudrait pouvoir discuter avec ta
sœur, lui parler en confiance, pour lui permettre d’extirper toutes les
« épines » qu’elle garde en elle et qui la taraudent. Ces épines l’empêchent
d’ouvrir son esprit et son cœur aux beautés réelles de l’amour.
Elle a été trompée par celui qui l’a exploitée, qui l’a plus ou moins
utilisée pour sa ou ses première(s) relation(s) sexuelle(s). Trompée aussi
parce qu’elle pensait que c’était beau, doux, etc. En simplifiant, on peut dire
qu’elle a eu droit à du sexe, pas à de l’amour ; or, c’est de l’amour qu’elle
voulait.
Elle a suivi le chemin qu’on lui a montré, celui du sexe pour trouver
l’amour, mais au bout du chemin, c’était l’échec, le « bide ». À partir de là,
elle risque d’avoir peur, définitivement peur, tant qu’elle n’aura pas extirpé
l’écharde qui est en elle. Elle a soif d’aimer, mais elle a peur de l’amour.
Quel dommage ! Elle a besoin d’en parler avec une personne de confiance
qui la conseillera utilement. Avoir des relations sexuelles à cet âge ne peut
être conseillé, pas plus qu’une grossesse précoce.
QUESTION 34
Cela se voit assez vite que vous n’avez pas eu toutes ces expériences.
Vous êtes intéressés bien sûr et c’est normal. Mais ce qui vous intéresse, on
le sent bien, c’est de comprendre, c’est d’analyser, c’est de tout savoir afin
d’éviter de vous faire avoir.
Il y a des garçons ou des filles vierges qui me confient assez souvent à
la fois leur crainte de ne pas être comme tout le monde et les réactions
curieuses que suscite leur comportement. C’est fort intéressant. D’abord, la
pression de la société pousse aujourd’hui les jeunes à avoir un copain, une
copine, et donc à avoir des relations sexuelles dès qu’ils en ont envie. Et il
n’y a pas de raison que cela tarde, surtout chez le garçon ! Tout cela est en
fait absurde et dangereux, et il est déjà difficile de le dire et de se faire
entendre des jeunes, qui en général veulent tout, tout de suite :
l’immédiateté du désir, pour le plaisir tout de suite et sans conséquences.
Les réactions curieuses que suscite la virginité d’une fille ou d’un
garçon doivent être analysées en détail. Si le jeune, garçon ou fille, s’en
vante, il risque de se faire harceler par les autres, qui feront tout pour casser
sa virginité. Cela peut aller jusqu’à la tournante plus ou moins organisée,
évidemment torture imposée. À l’inverse, si le jeune reste discret, sa
virginité non exprimée est tout de même perçue par les autres comme une
certaine forme de pureté, d’originalité ou même de curiosité. Et elle joue le
rôle d’un aimant qui attire, qui interroge. La fille se rend compte qu’elle
attire des garçons sympas, délicats et respectueux. Et le garçon aussi voit
bien que des filles mignonnes et sympas lui tournent autour, rêvent de sortir
avec lui. La virginité, chez les filles comme chez les garçons, joue le rôle
d’un aimant.
Attention, de plus en plus souvent maintenant, le garçon qui n’a pas de
copine ou la fille qui n’a pas de copain sont traités d’« homosexuels » : s’ils
ne sortent pas avec quelqu’un de sexe opposé, c’est qu’ils doivent être
attirés par les personnes de même sexe… Ce raisonnement débile est très
dangereux, car il peut mener un jeune fragile de l’inquiétude au désespoir,
comme nous l’avons observé plusieurs fois.
Aujourd’hui, vous avez bien l’impression que vos copains et copines
se sont peut-être plus fait avoir qu’ils ne le pensent ; ils croyaient tout
savoir, et en réalité, ils ont d’énormes problèmes sentimentaux, sexuels…
Le moral, la « pêche », vous le constatez vous-mêmes, ils l’ont souvent
perdu. Ils ne parlent que d’amour, que de « fesses », que de mecs, que de
« c… ». Bien sûr, vous les écoutez, mais parfois, vous en avez un peu ras-
lebol: c’est toujours pareil. C’est un peu comme la télé ou la radio, les
magazines. Dans le « dégueulasse » et le trouble, vous n’avez plus grand-
chose à apprendre. Ce que vous voulez savoir, c’est le normal, le vrai : est-
ce que le véritable amour est aussi décevant que ça ? Estce que dans
l’amour, on est obligé de « sodomiser » ? Ou d’être « sodomisé » ? Les
mots sont percutants, mais il faut appeler un chat, un chat… Allons plus
loin : faut-il essayer les relations avec des personnes de même sexe pour
savoir ce que c’est ? Faire l’expérience ?
Toutes ces questions, vous ne vous les posez pas, mais il est important
que je vous en donne les réponses. Allons donc plus loin.
QUESTION 36
Cela est encore fréquent et logique, car il faudra du temps pour que les
deux corps apprennent à se connaître dans l’intimité et la confiance. C’est
vrai aussi dans le mariage. Patience et amour font tout.
Il faut d’abord situer cette première relation sexuelle, car elle ne peut
pas résulter d’une simple envie, d’un désir subit, d’une pulsion irrésistible
qui ferait que, brutalement, Georges ou Robert ont eu envie de coucher avec
Julie, Sarah ou Nathalie, et qu’ils doivent la « consommer » sur-le-champ.
Vous le comprenez bien, ce n’est pas cette sorte de première relation
sexuelle qui va donner à celui qui la vit un souvenir éclatant. Celui qui
suivra sa pulsion en allant consommer Julie, Sylvie, Sarah ou Nathalie,
celui-là, il le sait bien, va vivre une grande déception, celle de la
masturbation pratiquée à deux. Elle sera plus grave encore – plus
importante en intensité – car la déception de la masturbation ne touche
qu’une personne, celui ou celle qui la pratique ; elle est sans témoin. Au
contraire, la déception de la première relation sexuelle a un témoin, qui est
censé(e) être le témoin d’une réussite, le témoin d’une virilité ou d’une
féminité accomplie, le témoin de l’amour: là est l’échec, avec tout ce qu’il
comporte de souvenirs.
La première relation sexuelle dont je vous parlerai, c’est donc la
« grande première ». Un peu comme le montagnard qui va faire une grande
première dans les Jorasses, ou au mont Blanc, il se prépare. Aucun détail ne
sera négligé. Il n’oubliera pas son matériel, ni la réserve de calories pour
avoir l’énergie nécessaire à la réalisation de cette grande première.
Dans le cadre de la première relation sexuelle, l’énergie, les calories, le
matériel, c’est l’amour, c’est le désir d’aimer. Ce n’est pas de la sexualité,
du sexe d’abord, c’est de l’amour d’abord. Je veux dire de l’Amour avec un
grand A, ce qui correspond aux sentiments, ce qui correspond au cœur, au
centre, au plus profond de toi-même, de vous-mêmes.
Vous devez vous poser cette question: j’aime Julie ou j’ai soif de
Julie ? Je suis prêt à lui faire plaisir ou je veux me faire plaisir ? Je l’aime
tellement que si elle me dit de ne pas la toucher, je ne la toucherai pas, ou je
l’aime tellement que si elle me dit de ne pas la toucher, je la toucherai
quand même ? Je l’aime au point de vouloir la violer, ou je l’aime au point
de vouloir la respecter comme un vase de cristal, comme une fleur
précieuse que l’on n’ose effleurer, de peur d’en abîmer les pétales ?… Je
l’aime au point d’être capable d’attendre, et d’attendre longtemps si elle/il
n’est pas prêt. Cela vous paraît du roman, c’est surtout de l’amour.
QUESTION 37
Attention: les questions que vous devez vous poser, ce n’est pas après
la première relation sexuelle qu’il faut vous en souvenir, comme le font le
plus souvent les jeunes. Il faut se les poser avant. On ne se pose pas ces
questions dans la boîte de nuit, un quart d’heure avant de s’allonger dans la
voiture, ou sur le chemin d’une chambre d’hôtel où l’on va retrouver la
petite amie ou le petit copain, ou avant d’enlever sa dernière chaussette !
Ces questions, il faut se les poser plusieurs semaines ou plusieurs
mois, parfois plusieurs années auparavant. Vous comprenez ce que cela
signifie : le paramètre « temps », dans le domaine de l’amour, est un
paramètre capital. Pour aimer quelqu’un, il faut le connaître. On ne peut pas
aimer quelqu’un qu’on ne connaît pas ; ce n’est pas connaître quelqu’un
que d’avoir dansé des slows ou quelques rocks, ou de partager son goût
pour le hard, ou de l’avoir eu au téléphone ou sur Internet, ou de l’avoir vu
sur une photographie, ou de l’avoir rencontré dans une boîte de nuit, dans le
métro ou au bord d’une route…
La boîte de nuit, le bord de route : c’est comme le « bordel », c’est
aller coucher avec une femme ou un homme pour soulager la tension
sexuelle qui nous pousse, nous tourmente. Pour un homme, c’est avoir la
sensation qu’il est nécessaire de se « vider » parce qu’on a l’impression
d’avoir de la semence en trop, parce que c’est « plein à ras bord ». Les
garçons, vous comprenez parfaitement ce que je veux dire. Ce type de
pensée mécanique n’est pas synonyme d’amour.
Bref, pour la grande première, il faut un assez long temps de
préparation. De plus, vous, les garçons, n’oubliez pas qu’avoir une relation
sexuelle avec une fille qui en est à sa première fois, c’est « déflorer » cette
fille; c’est supprimer en elle la marque de sa virginité. C’est, d’une certaine
façon, laisser de soi-même une marque indélébile sur une autre personne.
C’est fuir lâchement sa responsabilité que de ne pas y penser ou de s’en
moquer ! C’est, disons le clairement, exploiter l’autre.
Il est vrai que, de nos jours, on trouve beaucoup de jeunes filles qui ne
s’arrêtent pas à de telles considérations. Mais je ne suis pas certain qu’en
réalité, il n’y ait pas là quelque chose de très important pour la fille. Qu’en
dites-vous, Brigitte, Sonia, Béatrice, Sarah… ?
QUESTION 38
Les filles. – Ce mystère, il est assez rare que nos parents osent nous en
parler. À propos de la disparition de la virginité, nous trouvons parfois
quelques réponses dans les livres, dans des romans, des BD, des discussions
entre camarades, filles ou garçons… C’est vrai que pour nous, la perte de la
virginité nous attire et nous effraie à la fois, comme un aimant à deux faces,
attraction et répulsion. Ce qui nous importe le plus, à nous filles, c’est la
personne avec laquelle nous déciderons de dépasser ce stade de la virginité.
C’est ce qui compte le plus, et souvent les garçons ne le savent pas, ne s’en
rendent pas compte, ce n’est pas leur problème. Ils sont pressés, ils veulent
coucher avec la fille, c’est tout ce qui les intéresse. Beaucoup sont
irresponsables !
Pour nous, il y a toujours une sorte de petit « interdit ». Nous sentons
bien que nos parents n’aimeraient pas cela à nos âges, qu’ils ne seraient pas
trop d’accord, et encore moins nos grands-parents. Cependant, aujourd’hui,
on arrive plus facilement à les convaincre. Certains parents nous poussent
en nous incitant à prendre la pilule, ou en nous donnant des préservatifs.
Tout le monde le fait, le monde a changé…
En même temps, nous sommes attirées, nous voudrions savoir
comment cela se passe, qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que cela va nous faire,
mal ou pas mal ?
En général, comme dit la pub, ils veulent tout, et tout de suite. Nous,
les filles, c’est exactement l’inverse que nous attendons. Nous souhaitons
douceur, tendresse, délicatesse, caresse, amour, respect… Nous n’avons
droit le plus souvent qu’à du sexe, à subir une sorte de violence. D’ailleurs,
dans le mot « violence », comme vous nous l’avez dit, il y a « viol »… Oui,
en réfléchissant, c’est un peu ça: on a un peu l’impression d’être violées.
C’est cela, la perte de notre virginité. On nous arrache, on nous prend une
partie intime de nous-mêmes.
C’est vrai qu’on est consentante, au début ; mais on ne s’attend pas à
une telle réalité. On a peut-être trop idéalisé cette première relation
sexuelle, à travers les romans, les livres, les confidences. On lit tout et son
contraire dans ce domaine ! On ne s’attend pas à ce que ce soit si vite et si
brutal. Les garçons, d’ailleurs, ont toujours leur plaisir, leur « orgasme »
comme on dit en terme technique. Quant à nous, le plaisir, l’orgasme, c’est
souvent bien difficile à avoir. D’ailleurs j’aimerais bien que vous nous
donniez quelques conseils dans ce domaine…
1. Pour vos parents et pour vous-même, je vous conseille de lire Stress et cancer du sein, éditions
du Rocher, 2012 ; et Comment enrayer l’épidémie des cancers du sein et les récidives, éditions
François-Xavier de Guibert, 2010.
QUESTION 42
Bien entendu, comme pour la fille, mais elle est de nature différente.
On dit plutôt que le garçon est « puceau »29. C’est un point important à
préciser, car la question qui se pose, en clair, est de savoir s’il faut
conseiller à un garçon de rester puceau jusqu’à 24 ou 28 ans, par exemple,
ou, au contraire, de perdre sa virginité sans hésiter et d’avoir une relation
avec une fille dans n’importe quelles conditions, pour l’honneur et la fierté
de pouvoir dire qu’il n’est plus puceau. Certains, et même beaucoup de
psychologues ou psychiatres, y poussent, mais n’en mesurent pas les
conséquences, sauf quand c’est trop tard.
Rares sont les hommes qui parviennent au mariage dans cet état-là.
« Puceau », avouez que l’expression n’est pas terrible ! Pourtant, on peut
imaginer la joie de la jeune femme – et celle du jeune homme – lorsqu’elle
sait que celui qui vient à elle n’est jamais allé avec une autre femme.
Évidemment, la réciproque est encore plus vraie. Il s’est réservé, il a
attendu, il a voulu se garder pour elle. N’est-ce pas là une grande preuve
d’amour ? N’est-ce pas cela, le début du grand amour ? Ce grand amour qui
a mûri et qui a permis d’attendre cette première, cette grande première, à
laquelle nous revenons.
Être vierge pour une fille ou puceau pour un garçon ne doit pas être
une honte, mais une preuve d’auto-nomie, d’indépendance et de liberté.
Aujourd’hui, c’est une forme d’héroïsme, qu’il ne faut pas craindre
d’affirmer. Être original, c’est ne pas faire comme tout le monde !
1. Cf. le livre pour les 13-15 ans, Comment c’est la sexualité ?, éditions du Rocher, 2012.
QUESTION 43
C’est cela, vous exprimez bien la situation. Il faut des conditions pour
arriver à cette grande première, et je les simplifierai en une seule phrase : il
faut être sûr(e) que l’on aime et être sûr(e) que l’on est aimé(e).
Voilà déjà deux conditions.
Suis-je bien sûr(e) que je l’aime ? En général, la période de
l’adolescence, puis de la post-adolescence, nous a permis de connaître
beaucoup d’amis et amies. Or, que nous soyons garçons ou filles, nous
avons en général été attiré(e)s par plusieurs, et pas par un seul ou une seule.
C’est au fur et à mesure de l’évolution de notre adolescence, de notre post-
adolescence, que nous avons sélectionné (même inconsciemment) dans
notre esprit et dans notre cœur les détails qui vont nous attirer plus
particulièrement vers tel ou telle.
Puis un jour, sur notre route, par les hasards de la vie, on fait une
rencontre qui fait tilt, une rencontre qui nous marque profondément au fond
du cœur, une rencontre qui fait qu’on est certain, au fond de soi-même,
qu’elle est importante, essentielle pour notre vie future. Cela se sent plus
que cela ne se met en équation; cela se perçoit, et cela va progressivement
se révéler. Suis-je attiré, ou amoureux ? Qu’est-ce qui m’attire ? Est-ce son
corps, son esprit, son intelligence, son métier, sa fortune ? Toutes ces
questions d’abord embrouillées traversent la mémoire et la réflexion.
Qu’est-ce qui m’attire vers celui-ci ou celui-là ? Parfois, on ne sait pas
bien.
Je crois que la première réponse que nous ferions tous serait : elle me
plaît ou il me plaît. Certes, elle me plaît ou il me plaît physiquement, mais,
au-delà du physique, j’aime le son de sa voix, sa façon de marcher, j’aime
sa façon d’être, j’aime ses cheveux, j’aime sa nonchalance ou son activité,
son calme ou son exubérance, sa façon de me parler, de me respecter.
Bref, j’aime le voir, j’aime être avec lui ou avec elle; je l’attends
impatiemment; je pense à lui ou à elle; j’aime penser à lui ou à elle ; je me
sens bien en sa présence, je me sens bien lorsque je pense à lui ou à elle.
J’ai sa photo, elle est sur mon cœur, sur ma table de travail, de nuit, elle est
toujours avec moi. Je ne la montre qu’à ceux en qui j’ai la plus grande
confiance, elle est secrète, elle est à moi. Quand je le ou la regarde sur la
photo, je lui parle, parfois même je me surprends à lui parler tout haut, et je
m’entends… J’attends une réponse, et je la donne pour lui, pour elle. Son
visage ! Je crois voir son visage s’animer sur la photo, furtivement parfois
j’embrasse la photo, comme un enfant.
C’est vrai, amoureux, je sens que je redeviens enfant, mais je ne suis
pas un enfant. Je suis en train de devenir adulte. J’aime, j’aime, je suis
amoureux, je suis amoureuse, quelle joie, quel bonheur de se sentir fait pour
quelqu’un qui nous va si bien, je suis si heureux, heureuse !
Est-ce que je me sens à ce point « transporté(e) d’amour » que j’ai
vraiment envie de vivre avec lui, avec elle, cet amour-là toute ma vie ?
Celui ou celle qui vit tout cela peut affirmer qu’il aime ou qu’elle
aime. Mais est-il, est-elle aimé(e) en retour ? Patience !
QUESTION 44
Oui, vous, les jeunes, exprimez bien vos doutes, et ces doutes, tous les
jeunes du monde les ont ressentis et exprimés avant vous. Tous les jeunes
du monde les vivront après vous. Dans tous ces doutes, il faut essayer de
discerner, de voir clair.
C’est l’épreuve du temps qui permettra à votre cœur d’être certain. Ce
n’est pas du jour au lendemain, d’une semaine à l’autre, que vous arriverez
à savoir que vous êtes aimé(e). Ce n’est pas parce qu’il ou elle vous aura
dit, même juré qu’il ou elle vous aime, que vous serez aimé(e).
Ce n’est même pas parce que vous aurez vous-même juré, que vous
aimerez. Non, patientez, attendez, écrivez-vous, envoyez-vous des lettres,
des e-mails. On n’imagine pas suffisamment l’importance de l’écriture,
l’importance de mettre sur le papier, de formuler ses sentiments. Ce que
l’on n’ose pas dire, exprimer avec sa voix, on peut l’exprimer avec sa
plume. Non, ce n’est pas une étude graphologique que fera celui ou celle
qui recevra la lettre, mais une étude des méandres de votre cœur, du plus
profond de vousmême, et c’est là qu’il ou elle arrivera à discerner dans
l’expression de votre phrase, dans la façon dont vous commencerez, par le
prénom simplement, ou d’entrée avec « chéri(e) »… Cela ne sonne pas de
la même façon. De même, votre façon de terminer votre lettre, sa longueur,
sa rareté, comme la date de la poste et celle de la lettre peuvent être
interprétées. Bref, il y a là tout un cadre amoureux qu’il ne faut pas
négliger.
Écrivez-vous, n’hésitez pas à chercher à exprimer vos sentiments, mais
n’écrivez pas n’importe quoi. Soyez francs, soyez droits, dites-vous la
vérité. Pas brutalement, mais pas à pas. Chacun de vos parents ou grands-
parents pourra vous raconter comment il était « amoureux » du facteur qui
allait apporter cette lettre tant attendue. Le matin, dès le lever, on guette
l’heure et les pas du facteur. Le courrier n’est pas encore là, on est suspendu
à ce petit carré de papier qui conditionne la joie de toute une journée, d’une
semaine, peut-être d’une vie entière…
Quand on reçoit la lettre, on ouvre l’enveloppe avec délicatesse, sans
l’abîmer, avec amour, le cœur battant à mesure que la feuille sort de
l’enveloppe. On reconnaît l’encre, l’écriture, on sait la forme et la couleur
du stylo, on respire l’odeur du papier, on l’embrasse avec la tendresse d’un
enfant : oui, l’amour vrai nous rend la pureté de l’enfance. Il ne peut ni
s’expliquer ni se mettre en équation, il est du domaine de l’invisible. Il est
loin, elle est loin, et pourtant cet éloignement ne fait qu’approfondir notre
amour.
En regardant le soir les étoiles dans le ciel, en essayant de compter cet
infini que tu contemples audessus de ta tête, tu penses à lui, tu penses à elle.
Tu es profondément, éperdument amoureux, amoureuse; tu es bien, tu es là,
tu lui parles et il, elle, n’est pas là ; il, elle te parle, tu l’entends au-delà de
l’absence ; c’est sa voix, ce n’est pas la tienne ; oui, l’amour, c’est une
vibration qui part de l’un, qui va vers l’autre, qui va d’un cœur à l’autre, qui
va du cœur au cœur, même à 10 000 km de distance…
QUESTION 46
Plus encore ! Car pour que la relation sexuelle se fasse dans les
meilleures conditions, il faut qu’il y ait entre les deux partenaires une totale
confiance. J’insiste sur l’adjectif « totale » ! Il faut qu’elle soit illimitée,
cette confiance, et que chacun puisse se donner à l’autre sans la moindre
restriction, sans la moindre ambiguïté. C’est cette confiance que l’on
retrouve dans le couple qui s’aime vraiment. La femme se donne totalement
à l’homme qu’elle aime, sans la moindre réticence ; elle lui appartient et il
lui appartient. Ils se sont engagés, ils ont engagé leur vie pour construire
ensemble.
Le jour J, la grande première aura lieu dans la paix et la joie car tout
aura été préparé: les esprits, les cœurs, les corps. La relation sexuelle, je
préfère dire la « relation amoureuse », est devenue le summum de l’amour,
de cet amour mûri et préparé. Certes, elle n’en est pas le but unique, mais il
n’y a pas de peur, pas de réticence. Chacun se donne à l’autre totalement,
sans méfiance, dans la confiance, comme un enfant se jette dans les bras de
sa mère, avec une confiance entière et absolue. Je te donne tout moi, tu me
donnes tout toi.
QUESTION 47
Sylvie. – Ensuite, elle est sortie avec un autre copain dont le nom ne
m’est pas resté, mais elle ne l’aimait pas vraiment. Ils couchaient ensemble
régulièrement. Elle disait que c’était physique entre eux. Celui qui a le sida
est le troisième, ou le quatrième peut-être, mais elle a vraiment l’air de
l’aimer. Comment l’expliquezvous ?
Henri Joyeux. – C’est un garçon très droit et très honnête, alors ! C’est
bien qu’il l’en ait avertie ! Tous ne le font pas. Il est porteur du virus, mais
cela ne veut pas dire qu’il va mourir, ni immédiatement ni dans l’année qui
suit. Il peut être séropositif sans être atteint par lamaladie pendant plusieurs
années, un à dix ou quinze ans, peut-être plus, on ne sait pas exactement. La
maladie est trop récente encore.
Ton amie est donc très amoureuse de ce garçon et on peut comprendre
leur problème : celui de leur relation sexuelle. Si elle a une relation sexuelle
avec ce garçon sans utiliser de préservatif, elle risque d’attraper le virus du
sida et d’être alors séropositive. Sa vie sera en danger. Évidemment, ce
n’est pas ce qu’elle souhaite et ce n’est pas non plus ce que son ami
souhaite. Donc, il utilisera probablement, ou il proposera certainement une
relation sexuelle avec préservatif.
Y a-t-il ou non danger ? On ne peut pas dire qu’il n’y a aucun danger.
Vous savez qu’un tiers au moins des préservatifs sont poreux (ceux qui
n’ont pas la norme), c’est-à-dire qu’ils ne sont pas fiables, puisque la fine
membrane qui les constitue peut laisser passer le virus présent dans le
sperme lors de l’éjaculation (le virus a en effet un diamètre plus petit que
les pores de ces préservatifs). Il y a de nombreuses marques de préservatifs,
et on ne peut pas dire que toutes les marques dangereuses ont été retirées du
marché. Ceux qui portent la mention NF (Norme Française) sont les plus
fiables. Le risque de rupture serait de 2 %. Mais il faut tenir compte aussi
du manque d’expérience, de la précipitation, de la sueur comme de la
salive, qui ne sont pas « barrées » par un préservatif et dans lesquelles le
virus du sida est présent en quantité variable selon la gravité de la maladie.
QUESTION 48
Ils ont les mêmes désirs que vous. Ils ont appris très tôt à les gérer, à
travers le sport, la culture, les sciences, l’art, la spiritualité. Ce sont souvent
des passionnés, jamais blasés ou pessimistes. La puberté leur a été bien
expliquée et au bon moment dans leur pré-adolescence. C’est le plus
souvent le père qui a dit à son fils et la mère à sa fille, dans la confidence et
dans la clarté. Sans non-dits. Les parents ont su dire les « jamais-dits ».
Les jeunes ont ainsi pu comprendre ce qui se passait en eux. Ils n’ont
pas été surpris. Ils ont vite compris que les pulsions du corps pouvaient être
accompagnées autrement que par des caresses sexuelles seul(e) ou avec
un(e) autre. Ces jeunes savent, parce qu’ils ont appris par des adultes, qui
sont un peu leurs maîtres – en dehors de leurs parents –, donner, partager,
aider, attendre, se réserver et persévérer.
Quand vous dites, « ils ne sont pas capables d’aimer », vous êtes dans
l’erreur totale. Ces jeunes qui se préparent à une consécration spirituelle,
dans le bouddhisme ou le christianisme, ne sont pas « asexués », comme on
l’entend dire parfois. Ils connaissent mieux la sexualité humaine que
beaucoup d’autres jeunes, parce qu’ils ne se font pas envahir par elle. Ils
sont souvent adultes avant l’heure, tout en restant très équilibrés et en étant
conscients de leur fragilité.
Pour eux, c’est un joyeux combat intérieur et extérieur qui équilibre
toute leur personne. Celui ou celle qui fait ce choix, le plus souvent
spirituel, a un sens aigu de la vie. Il ou elle est animé(e) d’un grand désir,
celui de servir une cause au-delà de l’homme, et en même temps très
humaine. Il vit une sublimation de l’amour humain qu’il transfère au-delà
du corporel, c’est l’appel au service et au don de soi. La sexualité n’est pas
enfouie ou réprimée, elle est gérée autrement que physiquement, dans des
relations humaines de grande qualité. La sexualité des personnes consacrées
est un sujet délicat que nous traiterons ailleurs.
Ce sont ces motivations humaines et spirituelles, nourries par une vie
intérieure spirituelle intense et permanente, qui donnent la force et le
courage de maîtriser et de dépasser ses pulsions, identiques à celles de tous
les jeunes ou moins jeunes. Leur rayonnement surprend et peut être
motivant. Il justifie les nombreuses questions des jeunes qui cherchent à
comprendre.
Je n’oublie pas les catastrophes qui existent aussi chez ces religieux,
avec la pédophilie ou le viol. Il faut savoir en parler et affronter en face ces
déviations extrêmement graves. Ces personnes, heureusement peu
nombreuses, ont été mal orientées et mal choisies par les responsables
religieux, qui ne les ont pas bien formées sur les sujets délicats de l’amour
et de la sexualité humaine. Leur cursus d’étude, même s’il comprend ces
matières fondamentales, est resté souvent insuffisant ou dépassé.
QUESTION 55
1. Les femmes sont mal à l’aise face à ces images; elles perçoivent la femme exploitée, prise pour
un objet. Elles perçoivent bien qu’il ne s’agit pas d’amour et elles voient juste.
QUESTION 56
C’est vrai, les expériences des jeunes qui vous ont précédé sont de
vivants exemples de ce que vous ne souhaitez pas vivre vous-mêmes. Vous
avez compris que courir d’une fille à l’autre n’est pas nécessairement
source de bonheur mais plus souvent de déséquilibres, de problèmes
affectifs majeurs.
Aussi, prudents, vous savez observer, attendre, vous réserver, et cela
ne vous empêche pas d’être aussi amoureux de telle ou telle fille, et
d’attendre en retour autant de sérieux, autant de fidélité que ce que vous
vivez vous-mêmes. Le problème qui vous inquiète est que vous pensez
avoir des difficultés à trouver une jeune fille qui vous comprenne, qui
partage vos sentiments, qui soit un peu différente de la superficialité
ambiante que vous acceptez de plus en plus difficilement.
La patience fait partie de la construction de l’amour. Apprenez donc à
attendre, à observer, à résister à vos pulsions d’un moment et persévérez.
Vous ne le regret-terez pas, car vous parviendrez à réserver ce que vous
avez de plus secret en vous, en votre esprit, en votre cœur et en votre corps
pour celui ou celle qui vous choisira et que vous choisirez en toute liberté.
QUESTION 57
Vous décrivez là des cas précis dont les garçons se font de plus en plus
l’écho, et qui traduisent parfois de très profondes déceptions amoureuses
pour ces garçons, trompés, « menés en bateau », comme ils disent. Ils
peuvent alors se réfugier soit dans un refus du féminin, soit dans une
véritable frénésie sexuelle de vengeance sur d’autres filles, soit, plus
rarement, dans une crise mystique, soit encore, parfois, dans un désespoir,
une dépression, qui peut les conduire à la catastrophe du suicide. On ne
croit plus en la vie, on ne croit plus en l’amour, c’est la déception absolue.
Ces garçons, souvent très jeunes, n’ont en général pas été suffisamment
avertis, non seulement sur leur propre évolution psychologique, mais sur
celle des filles. Ces informations sont pourtant d’une extrême importance,
d’une importance vitale.
Il faut savoir qu’une fille qui a été trompée par un garçon
(affectivement et physiquement) peut aussi chercher à se venger en
« s’amusant » avec d’autres, d’autant plus facilement qu’en général, les
filles sont plus avancées psychologiquement en âge que les garçons. Non
seulement ces garçons n’ont pas été avertis, mais en plus, ils ont idéalisé
l’amour. Ils sont un jour, à l’âge de 15, 16 ou 18 ans, tombés éperdument
amoureux d’une fille et ils n’ont jamais pensé qu’il pouvait y avoir des
impuretés, des choses très troubles et troublantes, dans l’amour. Ils ont
même idéalisé l’amour à travers ce qu’ils ont vu de leurs parents ou de leur
entourage, qui ne leur ont pas suffisamment expliqué les difficultés
quotidiennes, les problèmes de l’amour, la nécessité de le voir grandir,
mûrir, s’épanouir… Du temps est tellement nécessaire pour trouver l’amour
et le faire grandir.
QUESTION 58
Non seulement il faut que vous en soyez avertis mais, surtout, en face
de telles situations, il faut vous aider à réagir positivement : changer d’air,
partir avec des copains et des copines, discuter avec un adulte en qui vous
avez une grande confiance, essayer de comprendre, avec votre intelligence
et votre raison, pourquoi telle fille réagit de cette façon, et pourquoi vous-
mêmes réagissez ainsi. C’est d’ailleurs, il faut le souligner, tout à votre
honneur. Vous croyez très profondément à l’amour, et d’autant plus que
vous êtes atteints et cruellement déçus.
Vous le voyez, l’amour est un phénomène éminemment humain, c’est-
à-dire par nature imparfait. On peut chercher à tendre vers la perfection, on
peut chercher à idéaliser l’amour, il n’en est pas moins vrai qu’il passera par
les joies et les souffrances, par les difficultés classiques du quotidien.
L’amour, c’est comme la construction d’une maison ou d’une grande tour.
Si vous voulez qu’elle soit solide, il faut d’abord creuser les fondations.
C’est un temps qui peut être considéré comme pénible, long et difficile,
pendant lequel on ne voit rien fleurir. C’est pourtant un temps indispensable
à la solidité de ce que vous voulez construire plus tard. Pas de construction
solide sans des fondations profondes.
QUESTION 59
Je comprends votre déception. Elle est lourde à porter, elle peut être
une épine en vous, mais il faut toujours prendre une épreuve positivement.
Elle joue le rôle d’une sélection naturelle qui doit vous aider à discerner, à
mieux connaître l’être féminin, avec ses bons et ses mauvais côtés. Ainsi, la
fille qui n’est pas digne de toi, Christophe, ou de toi, Ludovic, elle ne
tiendra pas, elle s’en ira toute seule. Il faut que tu considères que ce n’est
pas toi qui es « largué ». C’est elle qui ne tient pas la route, c’est elle qui est
emportée par le flot de la mode, de la superficialité. Sans s’en rendre
compte, elle te rend un immense service. Patience !
QUESTION 60
Très tôt dans ta vie, tu as su qu’on ne peut pas construire une vie tout
seul. Tu as senti l’appel de l’amour, la recherche d’un autre que toi, qui te
comprenne et sache t’aider, t’aimer.
Très tôt tu as pensé à l’avenir. Tu as même imaginé que, plus tard, avec
tes enfants, tu ne t’y prendrais pas de la même façon que tes parents avec
toi. Tu as découvert que tu es capable, comme ton père et ta mère, de
donner de l’amour à plus petit que toi.
Mais maintenant, ça y est, tu te sens prêt, tu te sens prête. Ton esprit et
ton corps sont sensibles, très sensibles à tout ce qui touche à l’amour.
C’est un véritable bouillonnement que tu perçois en toi, car tu as
remarqué que, de jour comme de nuit, chaque fibre de ton être est appelée
vers l’amour. Et parfois, tu te poses la question : « Suis-je normal(e) ? Cela
est-il arrivé à mes parents ? Mes copains, mes amis vivent-ils la même
chose ? » À cette question, nous pouvons te répondre : oui !
Réfléchis bien : d’abord, n’oublie jamais que les rêveries, les
fantasmes, ne sont rien à côté des expériences vécues. Rêver est une chose,
passer à l’acte en est une autre. Il faut que tu saches que ce que tu
accepteras de vivre sera gravé au fer rouge dans ta mémoire, dans ton cœur.
Même si tu crois que c’est seulement ton corps, ton sexe, qui a fonctionné,
il n’y a pas de frontière entre ton « jardin secret » et ton comportement
extérieur. Ta sexualité, comme ton regard, t’engage toi, et toi tout entier, toi
tout entière.
Ton corps, c’est toi qui parles. Ton sexe n’est pas un jouet. Tu ne peux
dissocier ton sexe et ton cœur. Tu briserais ton unité qui se construit. Il faut
du temps pour être « unifié ». Ne te presse pas.
Jouer avec soi-même ne satisfait pas, c’est évident. Restent les autres.
Faut-il jouer avec les autres ? En astu le droit ? Et les autres, ont-ils des
droits sur toi pour que tu les laisses jouer avec toi, simplement pour faire
comme tout le monde ?
Si vous avez des questions ou des remarques, n’hésitez pas à nous envoyer
un courriel :
questionHJ@me.com
questionCJ@me.com
Question 1
J’ai 15 ans, je suis amoureux d’Amélie, comment faire ? Je n’ose pas
le lui dire…
Question 2
C’est exactement cela. Je l’aime et je ne sais pas comment le lui dire.
J’ai tellement peur que ce ne soit pas réciproque !
Question 3
C’est quoi l’amour ?
Question 4
Pouvez-vous préciser votre pensée sur le « projet amoureux » ?
Question 5
C’est vrai qu’Amélie me plaît, c’est vrai que je suis amoureux d’elle,
mais il y a un an, même moins, j’étais presque aussi amoureux de
Sylvie… Et avant Sylvie, c’était Brigitte qui m’attirait… Et avant
Brigitte, c’était Solange… Comment expliquez-vous que je n’arrive
pas à me décider facilement ? J’étais amoureux ou attiré ?
Question 6
Oui, j’ai remarqué tout cela, mais je suis quand même très amoureux
d’Amélie. Alors comment m’y prendre avec elle ?
Question 7
Moi aussi, je suis très amoureuse. De Joseph. Je ne pense plus qu’à
lui. Il me plaît tellement ! Tous les autres garçons m’énervent.
J’aimerais tant passer seulement une heure, seule avec lui. Mais j’ai
peur qu’il ne veuille pas. J’ai peur que ma sœur lui plaise plus que
moi, ou bien même ma meilleure copine. Je ne rêve pas de coucher
avec Joseph. Je rêve seulement de parler avec lui, d’entendre le son de
sa voix, de participer à la chorale le week-end prochain où je suis sûre
qu’il viendra… Que faire ? Que dire ?
Question 8
Nous avons vraiment l’impression qu’à notre âge, la sexualité est très
puissante. Elle gêne nos études, auxquelles nous accordons moins
d’importance que nos parents. Est-ce que vous pensez que nos études
gênent l’épanouissement de notre sexualité ? Est-ce normal ?
Question 9
Alors, vous pensez que dans tous les pays du monde, la plupart des
jeunes de notre âge, garçons ou filles, ont facilement envie de coucher
les uns avec les autres pour avoir des expériences sexuelles ! C’est
vrai qu’en France, nous le sentons un peu ainsi. Les relations sont très
banalisées.
Question 10
Parlez-nous de la sexualité, et tout particulièrement des désirs très
forts que nous ressentons à notre âge.
Question 11
Est-ce que si un jeune ou une jeune a beaucoup d’expériences
sexuelles, il pourra mieux choisir et moins se tromper ? En plus, on ne
peut pas connaître la sexualité si on n’a pas vécu au moins une
expérience. Les expériences sont vitales dans la vie ! « Si tu couches
pas avant pour essayer, tu risques de te faire avoir : mec impuissant,
homosexuel ou travesti… », c’est exactement l’histoire de la pub de
Bouygues télécom de l’an 2000 !
Question 12
Vous êtes quand même un peu dur avec nous, et vous manquez de
sentiment !
Est-ce que vous pouvez distinguer les garçons qui ont eu des
expériences sexuelles et ceux qui n’en ont pas eu ?
Question 13
Le plaisir sexuel chez l’homme et chez la femme est très différent ?
Question 14
C’est vrai, le plaisir que vous venez de décrire, où se mélangent
orgasmes et échecs, c’est celui que nous connaissons avec la
masturbation.
Question 15
Le sexe est le sujet de blagues numéro un des garçons, il est présent
partout (télé, ciné, littérature, habillement, etc.). On en parle toujours
sur le ton de la plaisanterie, tout en prétendant qu’aujourd’hui il faut
partir à la recherche de l’épanouissement de sa sexualité sous toutes
ses formes. Que penser ?
Question 16
Comment expliquez-vous tout ce qui passe aujourd’hui avec la
sexualité ?
Question 17
OK pour tout dire, mais comment le dire ? Vous ne pouvez pas dire
tout à un enfant de 10 ans ! De toute façon, les parents ne disent pas
grand-chose. Ils sont gênés. Pourquoi ?
Question 18
Mais que reflètent les vécus actuels de la sexualité ?
Question 19
Et l’angoisse ? Comment l’expliquer ?
Question 20
Vous repérez plusieurs moteurs dans l’existence humaine. Le sont-ils à
tous les âges de la vie ?
Question 21
Où voyez-vous de l’angoisse dans la société, en dehors du chômage et
du sida, qui aujourd’hui se soigne de mieux en mieux ?
Question 22
Qu’appelez-vous construire des liens amoureux solides ?
Question 23
Qui, mais aujourd’hui on est pressé. On a envie de faire l’amour vite et
bien…
Question 24
Vous nous avez parlé du plaisir masculin. Et le plaisir féminin ?
Question 25
Pouvons-nous rester, si vous parlez du plaisir féminin ? Cela ne va pas
gêner les filles ?
Question 26
C’est vrai qu’il y a une énorme différence entre nous et les filles !
Continuez à nous expliquer.
Question 27
Oui, mais s’ils ne désirent pas cette vie nouvelle, ce qui est assez
fréquent, comment font-ils ? Ils ne peuvent pas s’aimer, ils ne peuvent
pas « faire l’amour » ?
Question 28
Oui, mais alors ces relations qui ont lieu hors de la période féconde
sont beaucoup moins agréables pour la femme, puisque à ce moment
de son cycle, son désir est moindre. Vous nous l’avez expliqué tout à
l’heure, l’homme, lui, n’a pas ce problème !
Question 29
Alors ils ne font rien ?
Question 30
Dans les émissions sur les questions sexuelles, on ne nous dit pas tout
cela ! Et ce qu’on nous montre dans les films n’a rien à voir. Pourquoi
tant de différence ?
Question 31
Lorsque nous voyons une relation sexuelle à la télévision, un homme et
une femme « faire l’amour », nous voyons quand même quelque chose
de vrai ; il n’y a pas que du cinéma. C’est bien ce que nous vivrons,
nous, le jour où nous aurons notre première ou énième relation
sexuelle ?
Question 32
C’est vrai que nous sommes imaginatifs !
Question 33
J’ai 15 ans. Ma sœur aînée en a 19, et elle est très intéressée par les
émissions qui parlent ou montrent de la sexualité. Elle veut toujours
regarder les émissions style « sexy folies » ou autres, et elle n’hésite
pas à se coucher très tard pour cela. Qu’en pensez-vous ?
Question 34
Mais cela n’est pas récupérable ?
Question 35
Nous avons entre 15 et 20 ans. Nous n’avons pas encore eu de
relations sexuelles. La plupart de nos camarades, garçons et filles, en
ont déjà eu; ils s’en vantent, nous ne nous en vantons pas. À vrai dire,
on s’en moque à peu près tous, mais nous sommes un peu gênés, car
on n’est pas dans le sens du courant, pas tout à fait en phase avec
notre génération. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous des arguments qui
aillent dans notre sens, qui justifient notre attitude ?
Question 36
Bon, d’accord, vous nous donnerez les réponses tout à l’heure, mais
dites-nous d’abord comment on peut vraiment réussir notre première
relation sexuelle. Car il est bien vrai que pour ceux d’entre nous qui en
ont l’expérience, cela n’a pas bien marché, et pour les copains et les
copines qui nous en parlent franchement, c’est pas terrible, c’est pas
le « pied » ! À votre avis, lorsqu’on vit sa première relation sexuelle
dans l’amour et qu’il arrive un échec ou une insatis-faction, comment
débloquer une gêne qui pourrait s’installer ?
Question 37
Beaucoup de réflexions sur la « grande première » ! Nous ne sommes
pas habitués à tant d’explications… Continuez !
Question 38
Pour nous, c’est important, c’est vrai. C’est même très important.
C’est une sorte de barrière qui n’a pas été franchie. Puis c’est un
nouvel état de vie, par rapport à un ancien ; lorsque la virginité n’est
plus, nous nous sentons « plus » femmes ; nous n’en avons pas honte,
nous n’en avons pas peur, mais il faut reconnaître qu’il y a là pour
nous un certain mystère.
Question 39
Oui, c’est exactement ça, les garçons sont toujours pressés, ils ne nous
attendent pas. Avec eux, à peine cela a-t-il commencé que c’est déjà
fini. Pour arriver à maîtriser un garçon, ce n’est pas évident ! Surtout
la première fois.
Question 40
Revenons à la première fois, la grande première, comme vous dites.
Question 41
Ce que vous dites est vrai, car il nous semble que si notre première
relation, si nos premières relations sont ratées, on risque de
s’acheminer presque fatalement vers des rencontres ultérieures plus ou
moins passagères, à la recherche de l’amour, en ayant toujours la
hantise de nous tromper, de ne pas vraiment le trouver. C’est
l’impression que nous donnent nos camarades qui ont eu une ou des
expériences sexuelles précoces, quand ils nous en parlent. Qu’en
pensez-vous ?
Question 42
Et la virginité chez les garçons ? Elle existe bien, avant d’avoir eu une
première relation sexuelle ?
Question 43
Avant d’y revenir, pouvez-vous nous dire quelles sont pour nous, les
filles, les conditions de cette grande première ? Finalement, nous
avons compris qu’il ne faut pas se presser, qu’il nous faut discerner,
observer, sélectionner…
Question 44
Suis-je bien certain(e) qu’il ou qu’elle m’aime ? Que je suis aimé(e) ?
Question 45
Dans l’amour, il y a beaucoup de doutes…
Question 46
Finalement, la relation sexuelle ne serait que l’aboutissement de cet
état amoureux et deviendrait une « relation amoureuse » ?
Question 47
Une de nos camarades, 18 ans, est très amoureuse d’un garçon qui a
le sida. Elle nous en a parlé, elle l’aime beaucoup, mais elle a peur de
coucher avec lui. Qu’en pensez-vous ?
Question 48
Alors, que conseiller à notre camarade qui aime un garçon qui a le
sida ?
Question 49
Une de nos copines de 16 ans est enceinte. Que pouvonsnous dire ou
faire, puisque ses parents la poussent à se faire avorter ? Aujourd’hui,
l’avortement est légal.
Question 50
Revenons à la grande première : expliquez-nous, donnez-nous les
détails. Maintenant, nous y sommes, toutes les conditions sont réunies;
alors, comment ça se passe ?
Question 51
Que se passe-t-il pendant le prélude quand ça marche bien ?
Question 52
C’est bien vrai. Nous avons souvent l’impression que les hommes ne
nous comprennent pas. Est-ce qu’on peut arriver, dès la première fois,
au bonheur ?
Question 53
Nous avons 18 ou 20 ans, vous nous clarifiez les idées, mais au total,
vous ne nous apprenez pas grand-chose. Nous savons ce que c’est que
l’amour ; et si dans le monde, beaucoup d’amour est gaspillé, c’est
que, la plupart du temps, il est mal appris…
Question 54
Comment expliquez-vous que certains jeunes, hommes ou femmes, ne
ressentent pas le désir de transmettre la vie au sens physique, c’est-à-
dire de fonder une famille et d’avoir des enfants, pour des raisons
philosophiques ou spirituelles ? Est-ce qu’ils ne réagissent pas comme
nous aux pulsions sexuelles de la société actuelle ? Ne sont-ils pas
capables d’aimer ? N’ont-ils aucun désir ?
Question 55
Face à des images érotiques et pornographiques, comment expliquez-
vous les réactions corporelles ?
Question 56
Vous dites que nous sommes souvent agressifs avec les filles, que nous
les cherchons, que nous ne pensons qu’à coucher, qu’à nous les
« payer » ; ce n’est quand même pas toujours vrai. Il y a de plus en
plus de jeunes sérieux, qui voient les filles d’une autre façon.
Question 57
C’est vrai que nous trouvons certaines filles de plus en plus agressives
avec nous. Elles « chassent » exactement comme des garçons qui
cherchent à accrocher des filles. Nous avons souvent l’impression
qu’elles nous attendent au tournant et nous tendent des pièges pour
pouvoir nous inscrire à leur « tableau de chasse » : vanité féminine,
fausse virilité, nous ne savons pas bien qu’en penser…
Question 58
Comment nous conseillez-vous de réagir en face de ces situations
extrêmement pénibles et qui nous désorientent totalement ?
Question 59
Nous avons bien compris que pour aimer et être aimé, il faut du temps.
Cela ne se fait pas tout seul, il faut que chacun y mette du sien. Mais
avouez que c’est quand même extrêmement dur lorsqu’une fille vous a
fait croire qu’elle vous aime et que vous la voyez brutalement vous
quitter pour aller avec un autre, sous prétexte qu’il est plus malin, plus
bronzé, plus riche, ou qu’il parle mieux aux filles, ou même qu’il est
bien fringué !
Question 60
Nous sommes peut-être trop sensibles en face de ces allumeuses, qui
jouent la comédie pour attirer notre attention. Elles se font stars de
cinéma et ne brillent pas plus longtemps que le toc des bijoux qu’elles
portent. Finalement, comment faire la différence entre une fille
sérieuse et une allumeuse ?
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