9782010198564

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LESAVOIR-AIMER
Dela rencontre à la relation amoureuse
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DANS LA MÊME COLLECTION

Situation de f a m i l l e : C é l i b a t a i r e
Évelyne D o u c e t , préface d e A n d r é B e r c o f f

L a généalogie p o u r tous
Y v e s d u Passage

G u i d e d u citoyen a u j o u r d ' h u i
M a r t i n e Fell, préface d e J a c q u e s C h a b a n - D e l m a s

Le nouveau savoir-vivre
Ghislaine Andréani

Le concubinage
M a r t i n e Fell

Vos enfants et l a loi


Violette Gorny

P r i o r i t é a u x enfants
Violette G o m y

Les religions
J e a n - M a r c d e Foville

Comment p a r l e r en p u b l i c
Dale Carnegie

Comment se f a i r e des a m i s
Dale Carnegie

Le nouveau divorce
Violette G o r n y

© 1993, HACHETTE LIVRE (LITTÉRATURE GENERALE : Livres Pratiques)


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ODILE LAMOURÈRE

LE S A V O I R - A I M E R
Dela rencontre à la relation amoureuse

LES
GUIDES
SOCIÉTÉ
HACHETTE
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« Tenter sans arme et sans armure


d'atteindre l'inaccessible étoile. »

Jacques Brel

A ceux qui,
parmi tempêtes et embellies
ont jalonné ma route
vers le « Savoir-aimer » :
Mon père,
Pierre, Bernard, Michel, Georges, et Alain
Claude et... ma psychanalyste.
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INTRODUCTION

L
jours été au centre de la vie. Chacun le ressent, le donne, le
reçoit à sa manière.
Aujourd'hui, beaucoup d'hommes et de femmes vivant
seuls sont en < mal d'amour >. Les années Love and Peace ont
entretenu jeunes et moins jeunes dans l'illusion que l'amour
est facile à trouver pour peu que l'on veuille s'en donner la
peine. Ce rêve a vécu. Le féminisme, qui a réveillé les femmes,
les a aidées dans beaucoup de domaines... sauf dans celui de
l'amour.
Les hommes et les femmes que je rencontre dans mes
séminaires et consultations posent des questions vitales pour
leur avenir < sentimental >. Pour eux, cette quête d'amour est
aussi importante que les perspectives économiques. Il y a plus
de demandeurs d'amour que de demandeurs d'emploi; ce
sont d'ailleurs parfois les mêmes...
Le terrain amoureux de cette fin de siècle ressemble à une
vaste jungle. Chaque homme, chaque femme, s'abrite, isolé
derrière son arbre. Si l'un avance un pied hors de son repaire,
l'autre recule. Les candidats à l'amour sont, en effet, de grands
peureux et il faut beaucoup d'audace à ceux qui souhaitent
aller à la rencontre de l'autre.
Depuis les années 50, certaines tempêtes ont balayé sur
leur passage les rituels établis, les signes de connivence,
l'ancien code amoureux. L'homme < macho > a-t-il réelle-
ment disparu? A-t-on vraiment assisté à l'avènement d une
< nouvelle femme »? Et si elle existe, à quoi ressemble-t-elle?
Vers qui peut-elle se tourner pour être reconnue et aimée ?
Les femmes se sont battues pour avoir une vie différente
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de celle de leurs aïeules. Les hommes les rencontrent désor-


mais sur tous les terrains. Beaucoup d'entre elles n'ont plus
< besoin >, matériellement, d'un mari pourvoyeur de fonds...
Elles n'en recherchent pas moins ardemment la compagnie
masculine.
De leur côté, les hommes ont du mal à se situer vis-à-vis
de ces femmes auxquelles ils ne sont plus indispensables. Ils
évoquent parfois avec nostalgie la tendresse, la douceur, la
féminité, comme si ces facultés étaient en perdition chez leurs
compagnes potentielles. Les ruptures, les divorces, le spectacle
trop fréquent de couples qui se déchirent, contribuent à ins-
taurer de part et d'autre méfiance et scepticisme.
Mon propos est de mettre de l'ordre dans l'enchevêtre-
ment des désirs, des peurs, des émotions, des maladresses et
des rancunes et d'aider les < solibataires > à trouver des che-
mins d'espoir...
Il n'y a pas de bonheur, il n'y a que des bonnes heures...
à instaurer. Il ne s'agit plus de se fier au < hasard > mais de
prendre en main sa vie privée, sans quoi elle risque d'être pri-
vée... de tout. Ceux qui pensent qu'être heureux rime avec être
deux doivent éviter de s'endormir et agir avec cohérence et
discernement.
L'amour sera toujours enfant de bohême... Personne ne
décide de < tomber amoureux >. Je suis néanmoins persuadée
qu'il y a des terrains plus favorables que d'autres à l'éclosion
des sentiments. Il s'agit de débroussailler les terres en jachère,
de choisir les bonnes semences et d'arracher les mauvaises
herbes pour laisser vivre la plante amoureuse. Peut-être, alors,
chacun pourra-t-il sortir de son buisson sans armure... et avec
un sourire accueillant. Peut-être ce misérable jeu de cache-
cache ou de couche-couche cessera-t-il pour qu'hommes et
femmes se rapprochent en confiance.
Cet ouvrage est le fruit de dix années d'expérience auprès
d'hommes et de femmes de bonne volonté décidés à vaincre
leur < misère affective >. Ils se sont souvent engagés, pleins
d'espoir, mais sans boussole, sur des pistes difficiles, dans des
impasses ou des chemins dont ils ignoraient l'issue...
Or, il est nécessaire de < préparer > le terrain amoureux,
notamment en ayant conscience de ses propres forces, de ses
capacités et des moyens dont on dispose. Il est des objectifs en
amour qui demandent des initiatives, des stratégies, des
repères... Nous les avons perdus; nous avons un nouveau code
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amoureux à instaurer. Je me permets dans cet ouvrage d'indi-


quer quelques pistes... à chacun de les explorer, de les adapter,
à chacun de construire sa vie affective et sentimentale...
Il existe des éléments positifs, concrets et cohérents pour
se repérer dans le monde d'incommunicabilité que nous avons
créé. Il est possible, j'en suis certaine, de rencontrer l'autre, les
autres, de retrouver confiance et générosité.
Il me semble indispensable, pour celui ou celle qui
recherche l'amour, de se poser au préalable les justes ques-
tions, de confronter ses rêves à la réalité, d'apprendre à contrô-
ler ses élans; en cernant les motivations et les objectifs d'une
rencontre, on se donnera le maximum de chances pour qu'elle
devienne Relation. C'est une démarche difficile qui nécessite
préparation, capacités et initiative; elle vaut la peine d'être
entreprise. A cet égard, si l'on mettait autant d'énergie pour
réussir sa vie privée que sa vie professionnelle, il y aurait beau-
coup plus d'hommes et de femmes satisfaits et vivant en har-
monie.
Il est temps encore de se reprendre et d'aller à l'École de
la Relation...
Il est temps de faire en sorte que l'Amour ne reste pas
< l'inaccessible rêve >...
Le pouvoir d'y accéder est en chacun de nous...
BONNE ROUTE!

Les solistes...
d e p l u s en p l u s n o m b r e u x
En 1982, devant le nombre de plus en plus important de
personnes vivant seules, l'Insee créait le terme de mono-
ménage. Ce mot nouveau désigne tout individu adulte ne
partageant son habitat avec personne à temps complet. Il ou
elle peut toutefois élever seul un ou plusieurs enfants; on
l'appelle alors monoparent. Le repérage des monoménages
ne s'appuie pas sur le recensement de la population par statut
(divorcé, veuf, célibataire), mais par mode d 'habitat. Il existe
ainsi une étude spécifique, basée sur l' emploi et l 'habitat, qui
recense véritablement les monoménages en France. C 'est de
cette étude que sont issus les chiffres suivants.
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Enquête sur les m é n a g e s


En 1990, on recensait :
- 5 845 140 monoménages,
- 1 601 704 monoparents.
Ces derniers étaient 660 000 en 1968. Un tiers des
monoparents sont veufs. Un enfant de moins de vingt ans sur
dix vit dans un foyer monoparental. 13 % de la population
enfantine vivent avec un parent isolé.
En 1962, les monoménages représentaient 19,6 % de la
population adulte.
En 1990, ils sont 26,9 %.
Les monoménages occupent plus du quart des résidences
principales (un logement sur deux à Paris).
La population française des ménages compte 13 % de
monoménages.
Et le couple? Il va mal...
Le nombre de divorces est passé de 37 447 en 1970 à
105 295 en 1989. Parmi les < solitaires > qui ont divorcé, on
compte 59 % de femmes et 41 % d'hommes.
Parmi les veufs, on compte 83 % de femmes et 17 %
d'hommes.
Chez les jeunes, 11 % des 20-35 ans vivent seul(e)s. Ils
étaient 8 % il y a dix ans. Le mariage est plus tardif (jusqu'à
35 ans). A partir de cet âge-là, le nombre des divorces aug-
mente...

Une révolution
dans le c o u p l e
La tendance au célibat en cette fin de siècle ne fait
qu'augmenter. On aurait pu croire que ce processus, flagrant
pour la première fois en 1982, était dû à l'assouplissement de
la loi sur le divorce. Celui-ci a permis à beaucoup de couples
de se séparer en évitant les jeux de massacre courants

1. INSEE 1992: enquête sur les ménages, réalisée en 1990.


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jusque-là. En fait, le divorce est entré dans les mœurs. Il


n'est plus considéré comme une chose < honteuse >. Cette
libéralisation a, en outre, dédramatisé en partie cette crise
pour les enfants du divorce, qui se retrouvent nombreux à
l'école.
Les facteurs de cette révolution dans le couple, à laquelle
on a pu assister ces vingt dernières années, sont de plusieurs
ordres. J'en citerai deux, qui me semblent les plus importants.
L'individualisme en question

Ce terme peut revêtir, selon celui qui l'emploie, des


connotations bien différentes :
- il peut évoquer l'égoïsme; c'est alors un jugement de valeur
négatif. Certains célibataires sont ainsi taxés d'égoïsme,
comme si le fait de vivre en couple mettait automatiquement
à l'abri de ce vilain défaut; comme s'il n'existait pas de
couples égoïstes...
—il peut signifier autonomie, qualité qui est pour moi essen-
tielle chez un individu. C'est la capacité d'exploiter au maxi-
mum ses propres ressources, afin de ne pas exploiter... celles
de l'autre. Si cette attitude < individualiste > était majoritaire
chez les célibataires, nous ne verrions que des < solitaires >
heureux... et capables de rendre les autres heureux. Il y aurait
là un espoir de vivre la relation amoureuse autrement que
dans la dépendance. Car si l'égoïsme est opposé à l'amour,
l'individualisme ne l'est pas.
Le fait de savoir et aimer vivre seul est un préalable très
favorable à une véritable histoire amoureuse. C'est la garantie
de ne pas assommer l'autre avec des besoins non assumés,
dont il n'est nullement responsable. C'est aussi l'espoir d'évi-
ter des séparations jeux de massacre : on savait vivre seul
avant... on est certain de savoir vivre seul après.

La solitude apprivoisée

Le grand mot est lâché. On a vu dans Nous, les céliba-


taires, que célibataire ne rime pas forcément avec solitaire. La
solitude a des aspects positifs. Il serait temps de réhabiliter ce
terme et de ne plus en faire le Démon des temps modernes. Ce
n'est ni une tare, ni un handicap, c 'est une autre façon de
vivre, heureux ou non... tout comme en couple.
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Vivre seul n'est pas forcément vivre isolé. Le célibat peut


être riche en contacts de toute sorte et le couple un véritable
désert relationnel... Lorsque l'on considère la pauvreté des
échanges dans certains couples, il n'y a guère de quoi encoura-
ger les solitaires à changer de statut... Les divorcés connaissent
les avantages et les inconvénients de la vie à deux et savent
que ce n'est pas la panacée du bonheur. La montée inéluctable
du nombre des séparations suffit à le prouver. On compte 2
millions de femmes battues dans notre pays qui seraient, à
n'en pas douter, plus heureuses dans le célibat (on parle moins
des hommes battus, au physique et surtout au moral, qui n'en
disent rien...). La fidélité est une valeur qui se perd : la grande
majorité des femmes célibataires ont été sollicitées par des
hommes mariés; sans doute la réciproque existe-t-elle?
Les difficultés de communication ne sont pas l'apanage
des célibataires. En tant que conseillère conjugale, j'ai pu
constater les problèmes relationnels au sein de couples dont on
a bâclé la construction. Les retombées de cette insouciance du
début sont parfois dramatiques.
À mon avis, c'est le couple qui est en danger et non le
célibataire... Ce livre s'adresse aux monoménages et aux
monoparents qui ne veulent plus vivre seuls et souhaitent
construire une relation sur des bases saines; bien souvent, ils
gardent le souvenir cuisant d'une première expérience bâclée.

Qui sont
les solibataires?
Différents sondages et enquêtes ont révélé que 70 % des
< célibataires > ne veulent plus l'être. Cela représente quelque
5 millions d'individus... Qui sont-ils?
J'ai pu en dresser un tableau à l'occasion de l'Étude sur
les comportements des monoménages que j'ai supervisée et
commanditée. Dans la partie qualitative de l'étude, nous
avons pu repérer deux grands profils de < solibataires > : ceux
qui vivent bien leur < état >, comme un art de vivre, une pro-
fession de foi, et les < faux célibataires », qui souffrent de leur
solitude.
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Parmi ceux qui ne souhaitent pas rester seuls, nous avons


perçu cinq comportements et modes de vie différents :
1 —Ceux qui n'ont nullement < choisi > la situation. Ils ont
subi un divorce ou un veuvage. On trouve dans ce groupe sur-
tout des femmes et des jeunes de vingt-six à trente ans, avec
ou sans enfants. Ils sont le plus souvent cadres moyens ou
employés et ont été confrontés brutalement à une situation
nouvelle qu'ils ont du mal à vivre. Leur expérience ne les a pas
préparés à assumer leur indépendance. Ils représentent 9 % des
solibataires.
2 - Ceux qui sont réduits au célibat ou au divorce à la suite
d'éloignement géographique, de circonstances défavorables à
une vie de couple. Il y a plus d'hommes que de femmes dans
ce groupe. Ils ont entre vingt-six et quarante-quatre ans. Leur
pourcentage est de 12,4 %.
3 - Ceux qui flânent, qui errent, en cherchant avant tout la
< facilité >. Ce sont les enfants gâtés du célibat. Jeunes et
souvent à Paris, ils vivent largement, dépensent tout ce qu'ils
gagnent : ils se font plaisir. Ils envisagent l'avenir à deux, mais
profitent pleinement du présent... en attendant. On en compte
9,6%.
4 — Les célibataires à temps partiel : tantôt seuls, tantôt à
deux. Ils s'offrent des intermèdes affectifs entre deux périodes
solitaires. Ce groupe compte surtout des femmes pour qui les
loisirs sont importants : 19,4 %.
5 — Plus nombreux sont les célibataires < philosophes >. Ils
ont souvent plus de quarante ans, ont parfois des enfants et
n'apprécient pas le célibat. Ils gèrent leurs existences avec plus
de raison que de passion et la futilité n 'est pas dans leur
comportement. Ils ont des difficultés à assumer la solitude
tout en s'y résignant. Ils représentent 23,2 % des solibataires.
Lors de ces interviews, l'aspect matériel (difficulté à vivre seul,
à assumer les tâches quotidiennes et le budget), a été davan-
tage évoqué que le désir de vivre en couple. Celui-ci était en
filigrane. Le côté négatif du célibat est plus fréquemment
exprimé que l'espoir d'une éventuelle relation.
Le célibataire N° 1 ne souhaite pas le rester. Il trouve
beaucoup d'inconvénients à vivre seul. Il est souvent client des
clubs de loisirs.
Le célibataire N° 2 a souvent déjà vécu avec
quelqu'un; il n'apprécie pas vraiment sa situation et évoque le
< concours de circonstances >. Il dispose généralement d 'un
environnement familial.
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Le célibataire N° 3 n'exclut pas toute perspective de


changement mais n'a pas envie de vivre à deux dans un avenir
proche. Il a un environnement < copains >.
Ces deux dernières < catégories > semblent avoir une
attitude de passivité face aux circonstances. On les entend par-
ler de fatalité, ou encore de chance, de malchance... Ils essaient
de s'accommoder de leur existence sans la prendre vraiment en
main. Les plus à l'aise financièrement ont plus de choix quant
aux distractions. Ils vivent au gré du vent... en attendant que
ça change.
Le célibataire N° 4 est conscient de vivre un intermède.
Il ne souhaite pas que la situation se prolonge très longtemps
et organise sa vie de célibataire à court terme : il saura la
modifier. Celui-là se donnera les moyens, le temps venu. de
chercher un(e) partenaire. Dans les catégories 3 et 4, on trouve
des < insaisissables >. On ne sait s'ils accumulent les loisirs
pour compenser leur solitude, ou si c'est un véritable choix de
vie épicurienne. Certains célibataires < à temps partiel > vivent
bien leur perpétuelle errance, d'autres s'essoufflent à la
recherche de partenaires et il leur arrive de souhaiter faire une
pause... A l'élu(e) du moment de savoir mesurer la durée de
cet entracte...
Le célibataire N° 5 est notre type le plus courant. À
partir de quarante-cinq ans, il n'apprécie pas vraiment sa
situation. Il a du mal à envisager une modification de son
existence : le souvenir, bon ou mauvais, de l'ex-partenaire, la
présence des enfants, les habitudes de tranquillité l'immobi-
lisent. Son attitude est à l'opposé de celle qu'il devrait avoir
pour aller à la rencontre de l'autre. C'est sur un < coup de
tête > ou à l'occasion d'un mal-être plus important qu'il
risque d'aller dans une agence matrimoniale.
Parmi les représentants de chacun des groupes présentés
ici et que j'ai rencontrés, il en est qui savent aménager leur
situation < en attendant >... Il en est qui se battent, d'autres
qui se résignent. Tous regrettent et/ou espèrent. Il est dom-
mage que cette espérance reste dans leur tête à l'état de < doux
rêve > ou de nostalgie.
Ceux qui vivent une solitude positive et constructive ne
font pas partie de cette classification. Ce sont les 30 % de céli-
bataires qui ne cherchent pas, pour le moment, < l'âme soeur >
(curieux terme pour désigner le partenaire d'une relation
amoureuse...).
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L'amour
Le savoir-aimer
en friche
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MINI-SOMMAIRE

Le nouveau paysage amoureux


Les twenties
Entre trente et quarante ans
Entre quarante et cinquante ans
Après le demi-siècle, toujours en piste!
Le catalogue des nouveautés fin de siècle
Les cœurs blindés
Les cœurs aspirateurs
Les mégères non apprivoisées
Les flamboyant(e)s
Les charmeurs passifs
Les don Juanes
Allo... Ginette?
Être ou ne pas être « à la hauteur »
Femmes possessives et hommes sans partage
Des hommes séduits... et abandonnés
L'épouse confort
Du rayon popote... au rayon luxe
Des tempêtes à la sérénité
Séduisantes, cultivées et isolées
Une jungle... des fauves
Les pères célibataires
Cherchez la femme...
Nouveaux centres d'hébergement
Des hommes qui cheminent en silence
Que sont les machos devenus?
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dix ans, plus de deux mille hommes


et femmes se sont exprimés auprès de moi sur le thème « soli-
tude et relations ». Ils ont en commun de grandes difficultés à
vivre seuls, et poursuivent une insatiable quête de l'autre afin
de combler cette solitude.
Si ce vide relationnel est bien réel et les fait souffrir dans
leur tête, dans leur cœur et dans leur corps, ils ont énormé-
ment de mal à l'exprimer et surtout à déboucher sur une véri-
table convivialité.
La recherche quasi unanime d'un partenaire de vie est de
plus en plus difficile, et elle est souvent source de déception et
de découragement.
Les « personnages » que je vous décris dans les pages qui
suivent sont les types les plus significatifs « d'âmes en peine >
que j'ai rencontrés. J'ai choisi de vous les présenter d'abord à
travers quatre générations d'amoureux potentiels, puis
d'esquisser des portraits d'hommes et de femmes plus précisé-
ment issus des tempêtes des trente dernières années : ce sera le
Catalogue des nouveautés fin de siècle.

Le nouveau
paysage amoureux
Une des grandes victoires de ce siècle est d 'avoir reconnu
à chacun le droit d'être amoureux dès l' âge de deux ans et
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jusqu'à plus de quatre-vingt-dix ans... Je limiterai pourtant mon


tour d'horizon aux adultes, des plus jeunes aux plus mûrs.

Les twenties
B.C.B.G. ET BLOUSONS DORÉS
Jeunes adultes à l'issue d'une adolescence où ils ont par-
fois eu du mal à trouver leurs marques, ils ont le plus souvent
fait de longues études. Celles-ci ne les ont pas aidés à s'épa-
nouir affectivement. Pour leurs parents, l'obtention de leurs
diplômes était plus importante que le développement harmo-
nieux de leurs relations; la notion de plaisir n'avait guère de
place dans cette éducation.
Ils ont le sentiment d'être arrivés sur terre « par hasard »
et cela malgré la généralisation de la contraception. Souvent
conçus par des parents immatures et soumis à la pression
sociale (devoir de faire un enfant, parce que les conventions
religieuses et familiales l'exigeaient), ou procréant dans
l'espoir de satisfaire un besoin affectif, ces enfants-là ont dû
combler une demande au départ. Alors que la demande...
c'est aux enfants de l'exprimer et aux parents d'y répondre.
Ces jeunes adultes doivent se construire affectivement
tout seuls ; ils le font souvent tardivement, de manière plus ou
moins empirique et courent le risque de demeurer immatures.
Ceux qui me contactent au sujet de leurs difficultés rela-
tionnelles ont souvent eu sous les yeux l'image d'un couple
parental déficient alors qu'ils atteignaient l'âge de l'adoles-
cence. Vers quinze ans, ils ont été confrontés, d'une part à des
parents en conflit ouvert ou en guerre froide, et d'autre part, à
leurs premiers émois sexuels.
Vers vingt-cinq ans, ils sont entrés dans la vie active. Ils
sont, comme on dit, professionnellement et socialement « insé-
rés ». L'obtention de leurs diplômes a parfois coïncidé avec un
mariage hâtif. Célibataires ou jeunes divorcés, ils ont en
commun une vie privée sinistrée. Ne sachant pas mener une
vie de solitaire heureux, ils se sentent, déjà, marginalisés.
Souvent issus de familles conventionnelles, ils ressentent
leur solitude comme un handicap : vivre en couple semble
être alors la seule garantie d'équilibre. En se mariant, on « se
range » ; les jugements que l'on porte autour d'eux sur les céli-
bataires incapables de « se caser » les mettent en demeure de
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trouver rapidement un ou une partenaire. Cette certitude


d'être hors normes contribue à fragiliser les jeunes isolés. Ils
expriment ce désir de normalité, comme s'il existait une
bonne façon de marcher, au même pas que leur entourage, et
deux par deux.
Pour eux, « à deux c'est forcément mieux ». Avant trente
ans, on ignore souvent que ce n'est pas parce qu'on est mal
seul qu'on sera bien en couple...
Tout est fait aussi pour dénigrer la vie en solo. La soli-
tude est présentée par les médias, notamment par la presse du
cœur, comme suspecte, dévalorisante, voire pathologique.
C'est sans doute la raison pour laquelle les agences matrimo-
niales reçoivent de plus en plus de jeunes hommes. Peut-être
sont-ils plus sensibles que les jeunes femmes à l'obligation qui
leur est faite de trouver « chaussure à leur pied ».
J'ai aussi constaté chez des jeunes gens issus de « grandes
écoles » une difficulté à assumer leur vie privée. Leurs longues
études, autant que leurs enseignants, les ont convaincus de
leurs capacités intellectuelles. Persuadés d'appartenir à une
« élite », ils se trouvent pourtant démunis devant la première
difficulté sentimentale.
Leurs études terminées, ils se trouvent confrontés à des
jeunes femmes qui ne sont plus des copines d'amphi, mais
d'éventuelles compagnes de vie. La tête bien pleine, ils se
croient à l'abri des turbulences de la vie affective. Ils ont, en
fait, une triple réalité à affronter : remettre en question les cer-
titudes parentales (parfois même en ce qui concerne leur orien-
tation professionnelle), se rendre compte que tous leurs
diplômes sont inutiles dans la gestion de leur vie affective et
relationnelle et enfin accepter une nouvelle image des femmes,
féminines et femelles. Car si leurs grands-pères avaient quel-
ques encâblures d'avance sur des femmes rarement diplô-
mées... et souvent vierges, ce temps est révolu.
Hommes ou femmes, ces jeunes ont du mal à sortir d 'un
moule qui ne leur convient pas. Ils sont dans la crainte de
perdre l'amour de leurs proches en devenant eux-mêmes, en
disant leurs désirs personnels et en les imposant.
À cet égard, les jeunes divorcés ont souvent mieux ana-
lysé leur erreur de jeunesse. Beaucoup d' entre eux, sortant
d'un mariage d'une durée de deux ou trois ans, ont pu en ter-
miner sans haine et presque sans larmes. Rectifiant rapide-
ment le cap de leur vie privée, ils évitent les blessures graves
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et de la manière dont elle pouvait l'y aider sans haine et sans


larmes.
Des situations semblables avaient été vécues par des
membres du groupe. Certains étaient dans le cas de cette
femme, d'autres du côté du monsieur à qui il fallait signifier
son... congé.
Ceux qui avaient dû partir suite à la demande d'un(e)
autre racontèrent la façon dont ils avaient vécu cette étape. Ils
décrivirent les maladresses de l'autre et les leurs, en précisant
comment ils auraient aimé qu'on leur dise la réalité, et à quel
moment.
Souvent, les personnes « évincées » sont moins surprises
qu'on pourrait le croire et prennent parfois calmement la
demande de l'autre. C'est celui qui prend l'initiative qui ima-
gine le pire... n'osant pas formuler son désir. Plus il attend,
plus la démarche lui paraît difficile, et source de difficultés.
En parler en groupe, en solidarité et confiance, permet de
dédramatiser la situation.
Une stagiaire, à l'écoute de ce récit, découvrit à quel
point elle avait du mal à oublier l'homme qu'elle avait évincé
depuis plusieurs années. La culpabilité ne la laissait pas en
paix; ses enfants en faisaient les frais. Elle prit ici conscience
qu'ils lui demandaient de penser à elle, de faire des projets,
voire de trouver un autre compagnon... Jusque-là, elle ne vou-
lait pas les entendre; le groupe la conforta dans son droit à
renaître... ailleurs et différemment, d'autant plus que
l'homme avait, de son côté, retrouvé une compagne.
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CONCLUSION

O ù rencontre-t-on l'amour? Sur les bancs


publics? Dans les regards de certains vieillards complices?
En littérature, on confond souvent Passion et Amour...
Certains voient dans l'amour un facteur d'épanouissement...
D 'autres en parlent comme d'une source de sérénité, d'apaise-
ment.
Où sont ceux qui s'aiment?
Existe-t-il un amour sans médiocrité, sans mesquinerie ni
rapports de force? Ou bien ces ingrédients sont-ils indisso-
ciables de l'amour comme le serpent du paradis terrestre?
Quand j'entends « mes » célibataires parler d'amour, il
s'agit plus souvent de celui qui manque que d'amour à don-
ner... On dit son besoin de relation, on crie son vide amou-
reux... Ne confondons pas amour et besoin d'amour...
Ceux qui l'évoquent le mieux sont certains veufs. Ils font
rêver d'autres solistes avec leurs tendres souvenirs...
Il y a ceux qui aiment trop... d'autres qui aiment mal; il
y a même ceux qui savent par avance comment on doit les
aimer!
L'état amoureux est un des états psychologiques les plus
intenses... Il est au départ de toute relation d'amour mais il
n'est pas l'amour.
Ce dernier se construit ensuite, à travers un dialogue sans
cesse renouvelé et des conflits résolus. Pour cela, il faut beau-
coup d'écoute, de générosité, de confiance. L'attirance et le
plaisir physique en sont les initiateurs ; reste à avoir ensuite la
force d'aimer.
Il est un cap où la force d'amour dépasse la peur
d'aimer. C'est celui qui fera basculer le désir dans la durée et
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les émotions vers les sentiments. Il faut se donner le temps


d'atteindre ce cap... Rien n'est à bâcler.
L'amour, s'il existe, est au-delà des terrains de bataille
entre les sexes; il est fondé sur la confiance.
C'est une force à mettre en commun pour aller ensemble
dans le même sens, vers une vie à la fois intense et paisible,
dans le désir réciproque du bien-être de l'autre. Une source où
chacun vient se retrouver, échanger, s'accorder des temps de
douceur...
Point besoin de promiscuité pour que vive l'amour.
L'absence est vécue comme une période d'amour à distance,
nécessaire à la vitalité des temps ensemble...
C'est la pleine réalisation de chacun à travers une force
commune, l'énergie jaillissant de la rencontre de deux êtres;
une force magique pour marcher côte à côte, sans aliéner à
l'autre sa personnalité. Les liens prennent trop de place dans le
langage amoureux. Ils étouffent ce qui est vrai; le véritable
amour est liberté d'aimer.
À la fois doux corps à corps, découverte des autres et
connaissance du monde, création, innovation dans les rap-
ports, l'amour doit écarter l'hypocrisie, la dépendance,
l'appropriation, la suspicion... Il est à inventer à chaque fois
qu'un couple se forme. Aux amants d'être vigilants pour
maintenir vivants les sentiments et tenir à distance les para-
sites.
Pour moi, l'amour est désir, plaisir, générosité,
confiance, droit à la différence, tendresse et intensité.
C'est à la fois liberté d'être et plaisir d'aimer avant que
d'être aimé(e). Comme une histoire d'amour ne peut fonction-
ner qu'à deux, chacun donne et chacun reçoit... Point besoin
de se forcer ni de se sacrifier ; point d'exigences mais beaucoup
de disponibilité, sans réserve.
Il y a très longtemps, au début de ma vie en soliste, j'ai
écrit un poème. Je vous le livre...
Aime-moi libre

Oui, un jour viendra où je serai entière,


Où je n'aurai plus froid,
Où j'aurai du courage;
Le courage d'en rire,
Le courage d'aimer,
Et l'amour sera joie
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Et ne sera plus liens.


Il n'y aura que partage, les chaînes tomberont
Ivres, libres seront, nos regards seront vrais
Nos mains se donneront, plus jamais prisonnières
Plus jamais étouffées.
Sensuels pour chacun et chacun pour nous deux
Heureux de nous sentir et bouger et vibrer,
Nous acceptant enfin dans nos vraies plénitudes
En apprenant comment savourer en duo
La liberté du cœur.
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PETIT GLOSSAIRE AMOUREUX

Soyons clairs...
Dans ce monde de « désordre amoureux », les comporte-
ments et les sentiments s'enchevêtrent parfois dans un flou, un
non-dit ou un « mal-dit » qui, s'ils ont parfois leur charme au
début d'une relation, montrent vite leurs limites dans la
durée. Je me suis appliquée à donner ici mes propres défini-
tions aux mots qui jalonnent nos rapports sentimentaux. Ce
petit glossaire ne se prétend nullement exhaustif; je vous
encourage à préciser, pour vous et vos interlocuteurs intimes,
les termes de votre vocabulaire amoureux. Certains conflits
émanent d'un seul mot, mal compris ou mal entendu.

A f f e c t i f : ce domaine n'est pas seulement celui du bien-


être... Dans «l'affectif» de l'autre, tout n'est pas bon à
prendre. Attention à ceux qui veulent absolument offrir à leur
partenaire ce qu'ils croient « bon pour lui », alors qu'il n'en est
rien : ce sont, à leur manière, des tyrans.

A p p o r t s : il s'agit de ce que l'on apporte dans une rela-


tion; on entend, hélas, plus souvent prononcer les mots
« attentes » ou « besoins ». On attend beaucoup de l'autre, on
a besoin de lui... mais se demande-t-on ce qu'on lui apporte?
Si les hommes et les femmes continuent ainsi d'espérer ou
même d'exiger trop d'un partenaire, il y aura, comme en
temps de crise de l'emploi, plus de demandes que d'offres... et
beaucoup de cœurs seront au chômage. A cet égard, il serait
intéressant de rédiger son CV amoureux comme pour le pré-
senter à un chasseur de cœurs.
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Attirance : se constate après une rencontre. La per-


sonne entrevue revient souvent en mémoire. Il devient diffi-
cile de mobiliser son esprit sur quelqu'un d'autre. Rapide-
ment, une envie irrépressible de la revoir se fait sentir. On
peut être troublé par différents facteurs, d'ordres intellectuel,
affectif, physique. Si l'on a du mal à repérer la nature de
l'attirance... il est urgent de se demander si l'on n'est pas
déjà amoureux.

Authenticité : un terme un peu galvaudé auquel on


donne souvent le sens de « sincérité ». Quand on est authen-
tique, on se sent bien. On trouve le juste mot pour exprimer
ce que l'on ressent. L'authenticité s'apprend. La première règle
consiste à dire « je » au lieu de « on » et à s'adresser directe-
ment, en le regardant en face, à son interlocuteur.

Autonomie : c'est la capacité d'utiliser le maximum de


ses propres ressources, la faculté de vivre sur ses richesses per-
sonnelles, sans déranger ni solliciter les autres. À ne pas
confondre avec l'égoïsme, qui induit exigence et soumission
de l'autre à ses propres besoins. La personne autonome appré-
cie la compagnie des autres. Elle leur apporte autant qu'elle
pourrait leur demander. C'est la condition essentielle d'une
relation équilibrée, sans rapports dominant-dominé.

Besoins : le nourrisson a besoin d'autrui; il ne peut sur-


vivre seul. L'adulte devrait exprimer son rapport à l'autre en
termes de désir. Le besoin irrépressible d'être aimé, entouré,
protégé, peut dans certains cas prendre des dimensions patho-
logiques. Il est des intoxiqués de la relation, comme d'autres
de la bouteille. Ce genre de toxicomanie coûte très cher lors
des divorces, puisqu'il s'agit de sevrer l'intoxiqué de sa
drogue...

Confiance : elle est indispensable à toute relation digne


de ce nom. La confiance ne se dit pas, ne se déclare pas, elle se
ressent, elle se vit, elle fait ses preuves. En amitié, on lui laisse
le temps de se mettre en place. En amour, on la voudrait pré-
sente dès la première rencontre... C'est une grande source de
malentendus. On oublie souvent que pour inspirer confiance,
il faut d'abord se faire confiance à soi-même.
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Déceptions : elles sont à la mesure des attentes et beau-


coup plus cruellement ressenties par les idéalistes et les
rêveurs. Pour éviter les déceptions, il suffit de regarder l'être
idéalisé tel qu'il est et non tel qu'on voudrait qu'il soit. Cer-
tains semblent incapables de faire preuve de cette lucidité ; ils
sont toujours déçus.
Perdre des illusions ne signifie pas se départir de tout
romantisme. On peut pourtant évaluer plus ou moins objec-
tivement les atouts de l'autre. Pour ce faire, il est parfois bon
de se faire ramener à la réalité par un tiers (de confiance),
moins aveuglé par les feux de l'amour naissant.

Dépendance : les relations basées sur la dépendance de


l'un vis-à-vis de l'autre prennent une forme diamétralement
opposée à ce que devrait être une relation d'amour. La dépen-
dance n'est pas un sentiment épanouissant mais un lien oppres-
sant. Le rêve de « ne faire qu'un », s'il est vécu dans la réalité
comme une nécessité, va à l'encontre de l'autonomie de chaque
individu et donc de sa maturité. Par besoin exacerbé d'amour,
certains individus acceptent de nier une partie d'eux-mêmes
pour correspondre à une image « idéale » forgée par l'autre.
L'adhésion totale aux exigences du partenaire mène à l'amour-
passion romantique, avec la souffrance qui en découle. Nier sa
propre identité ne peut conduire à une relation basée sur la
générosité et la confiance. Dès le départ, les jeux sont faussés. La
dépendance en amour est directement liée au besoin de sécurité
affective et non à la capacité de donner (voir confiance).

Désir : le désir, c'est la vie. N'ayez pas peur de vos


désirs, ne les enfouissez pas au fond de vous-même, n'hésitez
pas à les exprimer et donnez-leur toutes les chances de se réali-
ser. Le désir est un moteur sans lequel toute action est impos-
sible, toute sensation est sans intérêt. On observe un manque
total de désir chez les grands déprimés.

Dialogue : pour dialoguer, il faut être deux et tour à


tour s'exprimer et écouter. Un dialogue a pour but d'échanger
verbalement des pensées et peut utilement aider à la résolu-
tion d'un conflit. Il est des faux dialogues : ce sont des bavar-
dages. Il est des dialogues inutiles : le regard suffit (c'est une
autre forme de communication : la complicité non verbale).
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Différences : la relation amoureuse a tendance à vouloir


les gommer. Il est tellement plus facile de vivre avec son
double... Le véritable amour, s'il existe, passe par la reconnais-
sance de l'autre tel qu'il est, et non tel qu'on voudrait qu'il
soit. Chaque être étant unique, il a le droit élémentaire d'être
« différent ». Il est indispensable, pour les membres d'un
couple, d'évaluer dès que possible leurs différences au lieu de
se complaire à compter leurs affinités (vraies ou supposées).
Plus il y a de différences, plus l'effort sera important pour
s'accepter.

Durée : ça n'est pas une valeur en soi. Il n'y a pas


davantage lieu de se féliciter d'avoir « tenu » en couple dix ans
plutôt que six mois. La qualité d'une relation n'a rien à voir
avec sa longueur. Il est des noces d'argent qui ne réjouissent
que les invités. La durée est un piège social. Soumis au regard
des autres, le couple durable répond souvent à des injonctions
morales et religieuses. Ces valeurs sont sécurisantes car norma-
tives. Pourtant, est-ce vraiment satisfaisant d'être conforme?
Durée et cohabitation suffisent-elles à réussir un couple?

Égoïsme : on en taxe souvent un peu vite les céliba-


taires. Il est des égoïsmes salutaires : savoir se faire plaisir en
est une forme. Il est des égoïsmes destructeurs : exiger tout des
autres, par exemple. Certains mariages n'ont pour but que de
satisfaire l'égoïsme d'un des membres du couple.
L'égoïste positif est heureux, épanoui ; il irradie de joie
de vivre et réconforte les autres lorsqu'il les rencontre.
L'égoïste négatif est renfermé, replié sur lui-même. Soyons
ensemble des égoïstes heureux...

Écoute : c'est un atout prioritaire dans la relation. Celui


qui sait écouter n'a pas seulement une bonne oreille; il
« entend », il « sent », il est intuitif. On lui fait confiance et il
suscite les confidences. Il est tolérant et ne porte pas de juge-
ment sur autrui. Il permet à celui qui parle d'être authen-
tique. L'écoute est liée aux sensations; elle va au-delà des
mots. Cette faculté s'apprend et s'entretient.

Émotion : chaleur, vibration, flottement de l'esprit...


l'émotion est imprévisible et l'on a pourtant l'impression de la
reconnaître. C'est agréable et inquiétant... surtout à l'idée que
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l'autre va s'en apercevoir. Cette sensation trouble d'autant


plus qu'elle est partagée. Elle ne signifie pas toujours que
« quelque chose » d'autre va se passer entre les deux personnes
concernées... C'est un état réciproque de disponibilité, des
ondes qui passent, un souffle entre deux âmes... Peut-être
l'amorce d'une relation... A suivre, sans dramatiser...

Engagement : terme qui recouvre rarement la même


acception pour les deux partenaires au début d'une relation, ce
qui est source de bien des malentendus. On se sent engagé,
l'autre n'en sait rien et n'est pas forcément dans le même état
d'esprit : d'où malaise... voire conflit. Le véritable engagement
s'exprime et est réciproque; jusque là, rien n'est dit, rien n'est
promis. Pour certains, il prend racine... au lit; pour d'autres,
lors du premier voyage à deux. Attention : il est encore des
cœurs qui signent un contrat au premier baiser...
Entre adultes pourvus de toutes leurs facultés, l'engage-
ment vient confirmer aux yeux du monde qu'un couple sou-
haite établir une relation durable. Il peut alors être contractuel
et se prend devant le maire, le prêtre et deux témoins. Là, il
n'y a plus de malentendu possible... L'acte est officiel.

Érotisme : un peu prématuré d'y songer lors d'une pre-


mière rencontre, encore que... On a l'érotisme qu'on peut et il
est amusant de voir que ce qui est pornographique pour cer-
tains est érotique pour d'autres... En fait, la pornographie
semble commencer là où les faces se voilent pudiquement, ce
qui varie avec les individus.
L'érotisme aujourd'hui n'est plus réservé aux collection-
neurs de brochures libertines ou aux femmes de « petite
vertu ». Le degré d'audace de chacun et les limites qu'il pose à
la pudeur sont très personnels et confidentiels... Mieux vaut ne
pas en parler et découvrir ensemble un vocabulaire amoureux
qui sera sans doute tissé de plus de caresses que de mots.

Fête : on ne la fait jamais assez! Le rire et l'amour ne


sont pas toujours liés. Et pourtant, que de complicité dans les
fous rires... Un repas d'amoureux devrait toujours être une
fête. Sa préparation devrait faire l'objet de soins particuliers :
musique, décor, présentation des plats, lumières, rien ne doit
être négligé pour une fête à deux. Et si quelques déceptions
viennent obscurcir l'horizon, pourquoi ne pas réunir amis et
amies pour compatir gaiement autour d'un plat?
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Générosité : en amour, il s'agit d'une façon de regarder


vivre l'autre avec plaisir, sans prétendre lui imposer quoi que
ce soit, en respectant ses paroles et ses actes comme des émana-
tions de sa personnalité. Être généreux en amour, c'est encou-
rager son partenaire à trouver ses propres sources d'épanouisse-
ment.

Gérer : un mot qui peut sembler incongru dans le voca-


bulaire amoureux... Savoir gérer, c'est savoir instaurer une
relation, puis suivre pas à pas, avec précaution, toute l'évolu-
tion d'un parcours sentimental. C'est essayer d'éviter les mala-
dresses, ne pas retomber dans les pièges du passé, c'est voir
venir les nuages et savoir les dissiper.
Cela implique que l'on prenne en main sa vie privée, que
l'on soit vigilant et que l'on apporte les soins nécessaires à la
naissance et la croissance des émotions, des sensations, puis des
sentiments.

H u m o u r : rime rarement avec amour, hélas ! Que de


conflits seraient évités si l'un des partenaires savait relativiser,
mettre un malentendu à sa juste place et en rire... Que de
commentaires pourraient être formulés avec le sourire...
L'humour, c'est d'abord le clin d'œil que l'on s'adresse à soi-
même et à ses petites misères. Faute de quoi, chaque difficulté
peut prendre des dimensions dramatiques... Attention :
l'humour non partagé tombe « à plat ». Il faut savoir aussi que
certaines personnes débordantes d'humour en public se
révèlent de tristes sires à domicile...

Induction : de par son attitude, on induit jusqu'à 80 %,


selon sa personnalité, le comportement des personnes que l'on
côtoie. Chacun, chacune émet des signaux spécifiques en fonc-
tion de son histoire et de sa culture. Verbaux ou non verbaux,
ils sont autant de feux verts ou rouges pour l'autre. Les gestes,
les mimiques et la façon de se vêtir donnent des indications
avant même que l'on prenne la parole. Le malheur est que ces
signes sont parfois en contradiction avec la personnalité réelle
de l'individu. J'ai connu une femme dont l'apparence donnait
à penser que l'on avait affaire à une grande séductrice. Or, il
s'agissait d'une personne distante et timide... voire frigide.
Lors d'une rencontre amoureuse, il est bon de savoir que
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des problèmes professionnels rencontrés dans la journée


peuvent, par exemple, transparaître sur un visage, et ne pas
inciter l'autre à pousser plus loin la relation. En revanche, un
visage serein permettra à l'interlocuteur de se confier.

Instant : vivre l'instant est un don; les enfants savent


généralement le cultiver. Les adultes ont pris la mauvaise
habitude de prévoir, de faire des projets, d'être dans le passé
ou le futur... de s'évader du temps présent et d'en perdre ainsi
le meilleur.
L'homme me semble plus doué pour savourer l'instant
que la femme. Certaines femmes ont du mal à faire l'amour
avec un nouvel amant sans se demander quand elles vont le
revoir... Cela risque fort de gâcher le plaisir du moment... Le
bonheur n'est peut-être pas le lot de tous. Sachons au moins
vivre les bonnes heures au présent.

Intuition : elle n'est pas uniquement féminine. Il est


dommage que l'on ne fasse pas davantage confiance à cette
petite voix intérieure qui nous indique ce qui est bon pour
nous. Il existe des exercices pour développer l'intuition et
suivre ses pistes. Il est vrai que l'amour est aveugle; on dirait
en effet que certains, attirés par un partenaire éventuel,
perdent toutes leurs capacités instinctives de discernement.
Plus tard, on les entend s'exprimer ainsi : «J'avais bien
senti, dès le premier regard que ce n'était pas vraiment
quelqu'un pour moi... »; ou encore : «Je me souviens avoir
rencontré sur ma route une jeune femme qui me plaisait.
Maintenant, je suis certain que je lui plaisais aussi... Je n'ai
rien osé lui dire... » Que de malentendus seraient évités si l'on
voulait faire confiance à ce très précieux sixième sens...
L'intuition ne joue pas que par rapport à l'autre; elle est
un précieux indicateur de notre état du moment et de ce que
nous allons induire : inquiétude, harmonie, stress, etc.

Plaisir : est-il vraiment nécessaire de préciser ce que ce


terme signifie? Je crains que oui. Dès que l'on aborde le
domaine des relations sentimentales, on prend souvent un air
grave, trop sérieux. Épicure y a peu de place. Le féminisme l'a
cruellement ignoré et le judéo-christianisme avait déjà bien
miné le terrain. Il est courant et admis d'apprécier les plaisirs
de la table; on entend moins souvent faire état du plaisir que
l'on a ressenti à faire l'amour.
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La prétendue libéralisation des mœurs a fait bien peu


pour réhabiliter ce terme. Le plaisir que l'on prend à deux,
dans tous les domaines, est le fondement d'une relation réus-
sie. Le plaisir sexuel en est l'indispensable clef de voûte.

Réalité : il est indispensable d'y revenir souvent, surtout


au début d'une relation. Sinon, elle rattrape les rêveurs et ne
leur fait guère de cadeaux.
Chacun a sa réalité, ce qui ne simplifie rien. En amour,
elle pourrait être définie comme le négatif d'une photographie
dont le rêve serait le positif. L'un ne va pas sans l'autre. Les
temps à deux favorisent le rêve, le retour à la solitude devrait
raviver la réalité. Un temps pour les émotions, un temps pour
la prise de distance; c'est la gymnastique du cœur. C'est peut-
être, aussi, le « savoir aimer » intelligent.

R u p t u r e : vous avez dit «rupture»? D'où vient ce


terme si violent? J'imagine qu'il a été inventé par une société
soucieuse de maintenir « de force » des unions en perdition. Il
n'y a point de rupture : il y a des situations qui évoluent et des
individus en marche. La vie est mouvement, et chacun avance
à son rythme. Quand les unions basées sur la confiance et la
générosité arrivent à leur fin, chacun reprend sa partition ; les
voix sont toujours aussi belles...
Les portes qui claquent et les injures sont le fait
d'hommes et de femmes qui n'ont pas dit à temps leur dif-
férence, ni écouté celle de l'autre. Le doux rêve d'un être idéa-
lisé se fissure vite devant la réalité. L'amour-illusion est
aveugle, la vie quotidienne ouvre les yeux. Les couples réa-
gissent d'autant plus fort que cette réalité est insupportable :
elle surgit pour tuer l'image idéale.

Rythmes : dès le début d'une relation, certains vou-


draient se voir tous les jours, alors que d'autres sont ravis de se
ménager des soirées de « vacances ». L'intensité des sentiments
n'a rien à voir avec le rythme des rencontres. C'est comme être
« du soir » ou « du matin ».
Beaucoup d'incompréhension et de conflits naissent de
ces considérations. Observer chez l'autre son rythme de vie
(pour le respecter) n'est jamais du temps perdu. Comme un
orchestre qui s'accorde, un couple se doit de trouver le « la » et
d'harmoniser ses rythmes.
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Séduction : c'est ce qui fait que des hommes et des


femmes ne construisent pas que des relations d'amitié... mais
aussi d'intimité.
Séduire ou être séduit(e) en situation amoureuse est fon-
damental pour beaucoup. Il se trouve pourtant que l'effet de
la séduction est en partie responsable de la non-authenticité
des relations. Pour séduire, on se présente à l'autre au mieux
de sa forme. On fait tout pour « répondre au désir de l'autre »
et correspondre à l'image idéale qu'il s'est forgée. L'objectif est
souvent immédiat : c'est l'étreinte amoureuse. L'écoute de
l'autre en est faussée. On cherche avant tout à le prendre dans
ses filets, à le rendre disponible à ses désirs ; c'est le but de don
Juan. Les femmes savent aussi « ensorceler » les hommes et les
mettre à leur merci...
À dissocier : séducteur(trice) et séduisant(e). Le premier
agit avec préméditation et selon une stratégie souvent efficace ;
il utilise son potentiel physique et intellectuel pour accaparer
l'attention de l'autre. Le second a simplement du charme, de
la présence ; il intéresse son entourage, quels que soient son âge
et son sexe. Il est intéressant et désintéressé. Si ces termes
méritent d'être précisés, c'est parce que je vois trop de Péné-
lope aux prises avec des don Giovanni... Il est vrai qu'ils
savent mieux « parler aux femmes » que d'autres; pourtant, la
sérénade risque de tourner court.

Sensualité : il s'agit des capacités de chacun à savoir


jouir de ses cinq sens. Ce terme se trouve trop souvent réduit à
son aspect sexuel. Être sensuel est signe de vitalité. Le toucher,
le goût, l'odorat, la vue, l'ouïe, tous les sens procurent des
plaisirs intenses pour peu que l'on sache les aiguiser. Ils sont à
la quintessence de leurs possibilités dans une relation sexuelle
réussie. La demande des hommes dans les petites annonces est
importante à ce sujet. Celle des femmes est plus discrète. Il
semble que le féminisme n'a pas levé tous les tabous.

Sentiments : restons vigilants devant nos sentiments.


C'est ce que nous avons de plus personnel, notre jardin secret.
Ne galvaudons pas ce terme et n'exprimons nos sentiments
que lorsqu'ils sont bien réels. D'ailleurs, on parle de « bons
sentiments »...., preuve qu'il y en aurait de mauvais!
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BIBLIOGRAPHIE

Norwood, R., Ces Femmes qui aiment trop : la radioscopie des


amours excessives, éd. de l'Homme, 1992.
Castelain-Meunier, C., L'Amour en moins : l'apprentissage sen-
timental, éd. Olivier Orban, 1991.
Jarousse, N. / Poudat, F.-X., Couple : attirance et réussite, éd.
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Gibran, K., Le Prophète, éd. Casterman, 1972.
Rilke, R. M., Lettres à un jeune poète, éd. Grasset, 1984.
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Boisvert, J.-M. / Beaudry, M., S'affirmer et communiquer, éd.
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Badinter, E., X Y, de l'identité masculine, éd. Odile Jacob,
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Bercoff, A., Le Parti d'en jouir, éd. des Belles Lettres, 1992.
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Junod, H., Petites Annonces pour grand amour, éd. des Sables,
1991.
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Imprimé en France par la Société Nouvelle Firmin-Didot


Dépôt légal: 3214-mars 1993
N° d'édition: 24446/93023 - Numéro d'impression: 23192
23.39.4863.01/9
ISBN : 2.01.019856.5
LESAVOIR-AIMER

«JE NERENCONTRE JAMAIS PERSONNE... Que foire ?»


«Je ne rencontre pas de personnes intéressantes... Oùsont-
elles ?». «Je fais des rencontres, mais je n'arrive pas à
instaurer une liaison durable... Pourquoi ?».
POUR RÉPONDRE À TOUTES CES QUESTIONS,Odile
Lamourère, psycho-sociologue spécialisée en dynamique
de groupe, propose une démarche différente de celle qui
pousse les célibataires à faire appel, sans réflexion préalable,
aux petites annonces, agences matrimoniales et autres orga-
nismes de rencontre.
CONSTRUIRESAVIE PRIVÉEcomme sa vie professionnelle,
c'est possible. Comme lorsque l'on recherche un emploi, il
convient d'élaborer une stratégie, de connaître ses atouts et
de se donner les moyens d'aboutir.
AVECBEAUCOUPD'HUMOUR, Odile Lamourère dresse une
irrésistible galerie de portraits des amoureux d'aujourd'hui :
hommes et femmes, chacun s'y reconnaîtra. En suivant les
conseils de l'auteur, tous ceux qui sont décidés à changer de
situation apprendront à mieux se connaître et à faire ainsi des
rencontres réellement efficaces.
ODILE LAMOURÈRE est formatrice en relations humaines (plus
précisément spécialiste du phénomène du célibat et de la
communication inter-individuelle). Elle a crée et anime chaque
année (depuis 1986) le Salon des Célibataires et est également
auteur d'une étude socio-économique sur les monoménages.
Elle donne régulièrement en France et en Suisse des conférences
et tient des Ateliers sur le développement des capacités relation-
nelles des hommes et des femmes. Elle est auteur de Nous, les
célibataires, publié aux éditions Hachette.

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