sanction des conditions formation MAO

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CHAPITRE III.

LA FORMATION DU CONTRAT

La formation d’un contrat est dominée par le principe de l’autonomie de


la volonté. Ce principe signifie que la volonté individuelle est souveraine pour arrêter
et fixer les clauses d’une convention. Chacun est donc réputé habile à s’engager selon
sa volonté et conformément à sa vision de ses propres intérêts. Ainsi, la formation
du contrat qu’elle soit libre ou réglementée, elle obéit à la double exigence d’un accord
de volontés et leurs supports.

Section I. L’accord de volontés

Le contrat ne peut naître que de la rencontre et de la complémentarité


des volontés respectives des parties au contrat qui s’accordent sur le contenu de l’acte
par lequel ils sont disposés à se lier.

1. La rencontre des volontés

Selon l’article 19 du DOC : « la convention n’est parfaite que par l’accord


des parties sur les éléments essentiels de l’obligation ». En effet, cet échange de
consentements se produit d’ordinaire selon un schéma classique. Mais, il arrive que
les circonstances particulières de formation d’un contrat ne facilitent pas la
connaissance de ses coordonnées temporelles.

En règle générale, un contrat éclot par la manifestation successive de deux


volontés complémentaires dont l’une formule l’offre et l’autre la traduit sous forme
d’une acceptation.

S’agissant de l’offre, elle représente une proposition de contracter adressée


soit à un grand nombre de destinataires (offre publique faite à tout intéressé),
soit à un nombre restreint (offre restreinte adressée à un groupe de personnes
déterminables), soit personnelle (à une personne dénommée).
Elle peut également être expresse (formulée verbalement ou par écrit) comme
elle peut être tacite sous forme d’un signe extérieur et objectif révélant l’intention de
celui qui l’a provoqué (par exemple : les marchandises mises en vitrine). Quelle que
soit sa forme, une offre engage la personne qui l’a formulée et l’oblige à la maintenir
si aucun délai n’a été fixé pendant un temps raisonnable pour permettre à l’autre partie
la possibilité d’envisager son acceptation. Toutefois, elle devient caduque par le décès
ou l’incapacité de son auteur, à moins qu’elle n’ait été acceptée par son destinataire
dans l’ignorance de ces événements (art. 31 DOC).

Alors que l’acceptation, elle représente la manifestation de volonté par


laquelle le bénéficiaire d’une offre en accepte les termes. Cette acceptation détermine
l’accord des parties et la nature et les effets de la convention en question.

Elle est souvent expresse. Toutefois, elle peut être tacite sous forme d’un
geste (signe de la tête lors d’une vente aux enchères), un commencement d’exécution
(art. 28 DOC) ou une attitude révélatrice (le fait de monter dans un autobus marque
l’adhésion aux conditions d’un contrat de transport). Néanmoins, dans certains cas
le silence sera interprété comme valant acceptation conformément aux dispositions de
l’article 38 DOC qui énonce :« le consentement ou la ratification peuvent résulter
du silence lorsque la partie, des droits de laquelle on dispose, est présente ou est
dûment informée et qu’elle n’y contredit point, sans qu’aucun motif légitime justifie
son silence ».

De même pour les contrats à échéance dont il est admis qu’ils se renouvellent
par tacite reconduction (par exemple : les abonnements, l’approvisionnement
d’un commerçant par un fournisseur habituel etc.) considérés comme des relations
d’affaires déjà entamées entre les parties (art. 25 DOC).

Avant la souscription du contrat la partie qui formulera son acceptation


est tenté durant les pourparlers d’apporter quelques modifications au contrat.
Ces pourparlers aboutissent soit sur un nouvel accord, soit sur le refus
des modifications et dans ce cas la partie concernée risque de revenir sur la
souscription du contrat car, le seul choix qui s’offre devant elle est d’adhérer à
l’ensemble ou de renoncer à contracter.

De même pour l’acceptation par correspondance ou par téléphone, elle


est parfaite au moment et dans le lieu où celui qui a reçu l’offre répond en l’acceptant
(art. 24 DOC).

2. L’intégrité de la volonté

Le contrat puise généralement sa valeur et sa force dans le fait que son


contenu a été déterminé et délibérément recherché par un accord de volontés
conscientes et libre fondé sur l’échange d’un consentement non vicié ni par l’erreur, ni
par le dol, ni par la violence.

3. La sanction du consentement vicié

Lorsqu’un contractant a été abusé par un dol, contrait par violence ou mû par
une erreur, un choix s’offre juridiquement au contractant lésé d’anéantir le contrat
souscrit en demandant son annulation.

La nullité qui est considérée comme une sanction propre aux actes juridique.
Elle représente leur anéantissement puisqu’elle permet l’effacement des effets
produisent par les conventions. On distingue :

-la nullité absolue : elle est invoquée d’office par le juge ou par tout intéressé
pendant un délai d’un an porté à 15 ans en cas d’interruption ou de suspension durable
de la prescription) ;

-la nullité relative ou la rescision : dans ce cas la personne habilitée à


demander la nullité peut y renoncer en exprimant sa volonté d’agréer l’acte tel qu’il a
été formé et elle doit être demandée en justice.
Section II. Les supports de la volonté

Les supports de la volonté portent des éléments de réponse sur quoi


une personne s’engage et pourquoi elle s’engage. Il s’agit :

1. L’objet

Dans un contrat l’objet de la volonté émise par une partie est la matière même
de son engagement. L’efficacité d’une convention suppose que la volonté de chacune
des parties s’applique à un objet (une prestation) déterminé, possible et licite.

2. La cause

La cause d’un contrat peut être soit le résultat que chaque partie escompte de
l’opération juridique, soit elle est le mobile qui a animé chacune des parties dans
la négociation de l’opération juridique. Elle doit être licite et morale (par exemple :
ne pas porter ni sur une vente de stupéfiant, ni sur la location d’habitat pour
prostitution). Autrement dit, qu’elle ne porte pas sur une activité contraire à la religion
ou aux bonnes mœurs.

Section III. L’expression de la volonté

1. Le formalisme contractuel

En général l’élaboration d’un contrat n’est soumise à aucune condition


de forme, à aucun formalisme. On exprime cela en disant que les contrats sont en
règle, consensuels ce qui signifie qu’ils peuvent être conclus sous quelque forme que
ce soit et même verbalement. Toutefois, la loi subordonne parfois la validité ou même
l’existence de certains contrats au respect d’un formalisme particulier qui consiste
en l’établissement d’un écrit. De tels contrats sont dits solennels par opposition
aux contrats consensuels dont la nature de l’écrit différé :

-acte authentique : dont la rédaction est réservée à des personnes investies par
l’État du droit d’instrumenter en certaines matières précises et dans un ressort
territorial déterminé comme les notaires, les juges, les greffiers, les consuls etc. Il fait
foi d’une manière quasi absolue de sa date, attestée par l’officier public.

-acte sous seing privé : celui qui est rédigé et signé par les parties elles-
mêmes, sans l’intervention d’un officier public. La valeur probante de ce type d’acte
est moindre que celle d’un acte notarié (acte authentique) puisqu’il revient à la partie
qui le conteste de toujours tenter de rapporter la preuve contraire à ce qui est énoncé
dans l’acte.

2. La preuve du contrat

La preuve des contrats n’est pas en principe libre. En cette matière


la règle est que la preuve d’un engagement doit se faire par un écrit préconstitué dès
que l’enjeu est supérieur à 10.000 dhs (art. 443 DOC). Donc la personne qui prétend
l’existence d’un contrat est tenue de rapporter un écrit constatant l’acte en question.

CHAPITRE IV. LA SANCTION DES CONDITIONS DE


FORMATION D’UN CONTRAT

Le contrat qui ne se satisfait pas toutes les conditions de formations imposées


par la loi est frappé de nullité. Cette dernière constitue une sanction propre aux actes
juridiques.

Section I. Les définitions

1. La nullité

La nullité se définit comme étant l’anéantissement d’un contrat. On distingue


deux variétés de nullité : la nullité absolue qui sanctionne la violation de l’une
des conditions substantielles de la formation du contrat édictées par le législateur dans
un souci de protection de l’intérêt général notamment, si la cause du contrat est illicite
(par exemple : la souscription d’un contrat de prêt pour honorer une dette de jeu).
Et la nullité relative ou rescision : sanctionne la violation de l’une des conditions de
validité du contrat, édictées par le législateur dans un souci de protection des intérêts
des contractants, même si les conditions de sa formation sont valables juridiquement
(par exemple : le consentement vicié de l’une des parties au contrat par le dol ou
l’erreur).

2. La distinction de la nullité des notions voisines

La nullité diffère de l’annulation qui sanctionne la violation de l’une


des conditions de validité de contrat, c’est notamment le cas du consentement vicié de
l’un des contractants, soit via une disposition légale permettant l’annulation du contrat
à l’un des contractants (ex : un contrat de vente dolosif. Où la partie lésée demande
annulation du contrat).

Tandis que la résolution sanctionne à la demande du créancier impayé,


l’inexécution des contrats à obligations réciproques. Mais, elle s’approche de la nullité
par son effet : l’anéantissement rétroactif de l’acte juridique).

Section II. Les conditions

1. Les conditions de nullité

Donnent lieu à la nullité absolue : l’objet impossible, immoral ou illicite,


la cause immorale ou illicite la violation des règles de formes dans les contrats
où le législateur les impose. Elle peut être invoquée par l’intéressé : les contractants,
leurs ayant cause, leurs créanciers et même le Ministère public et son délai de
prescription est de 15 ans.

Par contre, donnent lieu à la nullité relative : les vices du consentement,


l’incapacité, la lésion lorsqu’elle peut être retenue. Elle ne peut être invoquée que
par les personnes que la loi a entendu protéger notamment, les contractants,
les incapables, celui dont le consentement a été vicié et celui qui a subi la lésion.

L’action en nullité relative ne peut s’éteindre que de deux manières : par


la confirmation de l’acte juridique nul (art. 317 DOC) où la personne lésée renonce
à intenter l’action. Et par la prescription : le délai de prescription est d’un an (art. 311
DOC), il court du jour où le vice a cessé (pour le dol et l’erreur) et du jour de leur
majorité pour les incapables.

Dans tous les cas l’action en rescision se prescrit par le délai de 15 ans à partir
de la date de l’acte (art. 314 DOC).

2. Les conditions d’annulation

Elles sont du nombre de trois : premièrement, l’incapacité de l’un


des contractants, (par exemple : l’un des contractants est un mineur qui a contracté
sans l’autorisation de son tuteur). Deuxièmement, en cas de consentement vicié
(dol, violence, erreur ou pour lésion). Troisièmement, lorsque le législateur accorde
le droit d’annulation à l’un des contractants ou à un tiers, par exemple : les motifs
fondés sur l’état de maladie et autres cas analogues, laissés à l’appréciation des juges).

Elle doit être obtenue en justice (résolution judiciaire). Toutefois, les parties
peuvent éviter cette immixtion judicaire en insérant dans leur contrat une clause
résolutoire expresse (résolution conventionnelle).

Section III. Les effets

1. Les effets de nullité et de l’annulation

La nullité et l’annulation : qu’il s’agit d’annulation, de nullité absolue ou


relative, les effets sont identiques. En principe, le contrat nul, est censé n’avoir jamais
existé, par exemple : en cas d’annulation d’un contrat de vente, le vendeur doit
restituer le prix et l’acheteur la chose acquise. À l’égard des parties : le contrat est
effacé aussi bien pour le passé que pour l’avenir, il convient que les parties soient
remises dans la situation où elles étaient avant la conclusion du contrat. C'est-à-dire,
on parle de la destruction rétroactive du contrat. Tandis que vis-à-vis des tiers :
l’annulation ou la nullité du contrat réfléchit sur les tiers (destruction rétroactive de
l’acte juridique).
Cependant, il existe des exceptions à ce principe : dans le cas d’un tiers
(créancier) de bonne-foi qui acquit un droit réel comme l’hypothèque sur
un immeuble, qui conserve ses droits) ou qu’il reçoit à titre de gage une chose
mobilière de celui qui n’en est pas le propriétaire.

2. Les effets de la résolution

La résolution entraîne l’effet que l’annulation et la nullité à savoir :


l’anéantissement rétroactif du contrat. Elle suppose un contrat valablement formé mais
dont un événement ultérieur comme l’inexécution d’une obligation, a rendu nécessaire
l’anéantissement du contrat (par exemple : le contrat de louage ou l’une des échéances
n’est pas payée).

Elle intervient en cas d’inexécution fautive des obligations par l’un


des contractants. Et la sanction pourra s’accompagner alors du paiement des
dommages et intérêts mis à la charge du contractant fautif. Toutefois, la résiliation ou
la résolution peut également être obtenue alors que l’inexécution du contrat résulte
d’un cas de force majeure (par exemple : un séisme cause l’effondrement de
l’immeuble) ou si l’immeuble loué est incendié par cas fortuit, le bail se trouve résilié,
car il serait illogique d’obliger le locataire au paiement du loyer du local qu’il n’habite
plus) et dans ce cas il n’y a pas lieu alors aux indemnités.

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