Le Devloppement de l'Enfant

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Suivre les étapes du développement de l’enfant

Suivre les étapes du développement de l’enfant


De la naissance jusqu’à ses 6 ans, l’enfant va se développer de façon spectaculaire. Bien sûr,
les enfants n’ont pas tous le même rythme de développement. Ainsi, il est important de ne pas
comparer un enfant à un autre et surtout de ne pas attendre qu’il aille au-delà de ses capacités.
Le développement de l’enfant concerne sa croissance, mais aussi les domaines de la psycho-
motricité, du langage, des apprentissages et de la socialisation. Pour qu’il se développe de
façon harmonieuse dans tous ces domaines, les besoins de l’enfant doivent être satisfaits. Un
besoin fondamental est défini par ce qui est nécessaire à l’enfant pour bien se développer.
On peut classer les besoins des enfants en trois catégories : les besoins physiologiques (boire,
manger, dormir, être propre, bouger) ; les besoins affectifs (être aimé, reconnu, être en sécu-
rité matérielle et affective, avoir des repères et des règles, devenir autonome) ; et les besoins
cognitifs (jouer, communiquer, apprendre, découvrir, rêver, imaginer).
L’enfant qui reçoit des soins réguliers, adaptés à ses besoins physiologiques, affectifs et cogni-
tifs, dans un climat attentif et stimulant, développera des compétences et une disponibilité
pour apprendre.
Futur professionnel de la petite enfance, votre rôle est primordial pour accompagner l’enfant
vers l’autonomie, savoir repérer des troubles au niveau de son développement, ses appren-
tissages ou son comportement pour l’aider à grandir et s’épanouir. Votre formation doit vous
permettre d’appréhender les grandes étapes du développement moteur, sensoriel, affectif,
social et intellectuel, de repérer les besoins des enfants pour apporter une réponse adaptée,
d’accompagner l’enfant dans son environnement quel que soit votre cadre de travail et ainsi
de contribuer à l’acquisition de son autonomie

I. Développement de l’enfant à ses sens, il commence à découvrir son corps et le


de 0 à 6 mois monde qui l’entoure. Il est important de savoir iden-
tifier les besoins et situations d’urgences éventuelles
chez un nouveau-né de moins de 6 mois par l’obser-
vation (aspect physique, comportement, etc.) ou en
s’informant auprès des proches et des professionnels,
et de contribuer à l’acquisition de l’autonomie de
l’enfant à travers les activités de la vie quotidienne.

A. Développement psychomoteur
Le développement du contrôle musculaire se fait :
– de la tête aux pieds ;
– du centre du corps vers la périphérie.

Exemples : l’enfant contrôle d’abord ses bras, puis


ses mains et enfin ses doigts. Il tient sa tête avant de
Fig. 1 Bébé et sa mère © Anatoliy Samara - Fotolia pouvoir s’asseoir.

Entre 0 et 6 mois, les acquisitions sont nombreuses. Le Dès les premiers jours, l’enfant s’éveille à la vie : il
petit enfant présente des spécificités dans son déve- découvre la lumière, les sons, les odeurs, les goûts,
loppement psychomoteur et psychoaffectif. Grâce les contacts physiques.

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Les trois premiers mois 1. Posture
Les trois premiers mois sont dominés par de
nombreuses acquisitions physiques et psychiques. La posture
La posture est la position du corps dans l’es-
pace, c’est une activité consciente.

Chez le nouveau-né, la tête et le tronc sont hypoto-


niques (tonus très faible). En revanche, les membres
sont hypertoniques (contractés).

Fig. 2 Bébé souriant © famveldman - Fotolia

DÉVELOPPEMENT
ÂGE POSTURE
DE L’ENFANT
– Tiré en position assise, la tête retombe en arrière.
– Tenu en position assise, la tête retombe en avant, cyphose globale du dos
(déformation de la colonne vertébrale).
Naissance
– En position ventrale et latérale, il retrouve la position fœtale.

grasping.

– Les mouvements des bras et des jambes sont encore contrôlés par les
réflexes archaïques.
1 mois
– Tronc et cou mous.
– Ouvre de temps à autre les mains.

– Les mouvements des membres sont plus souples (disparition des réflexes
archaïques).
2 mois – Soulève sa tête s’il est mis sur le ventre.
– Tenu assis, la tête est tenue droite pendant quelques secondes, le dos est
toujours mou.
– Assis, il maintient sa tête droite, mais le bas du dos reste faible (doit être
soutenu).
3 mois
– Sur le ventre, il se tient sur ses avant-bras lorsqu’il soulève la tête.
– Sur le dos, flexion et extension des jambes.

– Tiré en position assise, la tête suit le reste du corps.


4 mois – Sur le ventre, il s’appuie sur ses coudes et relève le thorax.
– Sur le dos, il tente de rouler d’un côté à l’autre.

– Tient assis avec un léger soutien.


– Il essaye de rouler du ventre sur le dos.
5 mois
– Tiré en position assise, il participe au mouvement en soulevant la tête et
en pliant les jambes.

– Tenu debout, il maintient une grande partie du poids du corps et sautille.


– Sur le ventre, il se relève sur les mains.
6 mois
– Sur le dos, il décolle la tête et les épaules, il saisit ses pieds et suce ses
orteils.

Fig. 3 Évolution de la posture d’un enfant dans le temps © Skill and You

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Suivre les étapes du développement de l’enfant

2. Acquisitions sensorielles

Acquisitions sensorielles
À la naissance, le bébé a déjà des capacités sensorielles lui permettant d’entrer en communication avec son
entourage.
Toute anomalie entraîne un retard dans l’apprentissage du langage et de la relation à l’autre.

a. Le toucher
Le toucher est l’un des sens les plus développés. Il permet la communication avec l’enfant et est indispensable
pour son développement psychoaffectif. L’enfant a besoin d’être porté, touché, caressé, bercé. Bien évidemment,
il est sensible à la douleur.

b. L’odorat
L’odorat joue également un rôle important dans la communication avec l’entourage. Le nouveau-né est sensible
à l’odeur maternelle et reconnaît l’odeur du lait, il manifeste des signes de plaisir. En revanche, il grimace en
présence d’une odeur déplaisante.

c. Le goût
Le goût est un sens très affiné car le bébé tétera de préférence une saveur sucrée ; il évitera et refusera de téter
une saveur amère, acide ou salée (grimace sans succion).

d. Audition et vision
Tableau n°1 Évolution de l’audition et de la vision de l’enfant dans le temps

ÂGE AUDITION VISION


Perçoit les bruits mais ne les écoute pas. Sensible à
Fixe du regard un point lumineux ou un visage de
Naissance l’intensité des sons (voix de sa mère, musique douce,
face, mais la vision est floue.
bruit fort).
Entend très bien mais ne peut localiser le bruit. Regarde un objet situé à 30 cm de lui. Suit des yeux,
1 mois
S’apaise lorsqu’on lui parle. puis de la tête, jusqu’à 90°.
Suit des yeux jusqu’à 180°. Préfère voir les
2 mois Localise le bruit.
personnes bouger plutôt que les objets.
Tourne la tête vers le bruit. Distingue les sons et les Regarde longuement ses mains. Fixe avec intérêt un
3 mois
voix (s’intéresse plus à la voix). jouet posé devant lui.
Audition bien acquise. Identifie les bruits familiers et Vision proche de celle de l’adulte et notamment les
4 mois
localise parfaitement les sons. couleurs. Temps d’observation plus long.

3. Préhension

La préhension
La préhension est l’action de prendre ou de
saisir avec la main. Elle permet à l’enfant de découvrir
son environnement et de participer à ses repas.

Fig. 4 Bébé jouant avec ses pieds et ses mains © laurent hamels - Fotolia

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Tableau n°2 Évolution de la préhension dans le temps

ÂGE PRÉHENSION REPAS


Réflexe de grasping toujours présent. Vers le 2e mois, il est
Naissance à 2 mois
plus discret, les mains s’ouvrent.
Préhension involontaire : il tient un hochet placé dans sa
3-4 mois Touche son biberon.
main. À 4 mois, il porte tous les objets à sa bouche.
Préhension volontaire, imprécise et globale (avec
Commence à boire à la tasse, en tétant
l’ensemble de la paume de la main). À 6 mois, il peut
5-6 mois le bord au début, peut commencer à
tenir deux cubes et en regarder un troisième posé près de
manger à la cuillère.
lui, début de la prévalence latérale gauche ou droite.

4. Schéma corporel 1. Premières manifestations du langage

Le schéma corporel a. Les pleurs


Le schéma corporel correspond à la percep- Les pleurs sont, pour le nouveau-né, une manière
tion et à la morphologie du corps dans l’espace. Pour de communiquer et traduisent la sensation de faim
construire sa personnalité et se situer dans l’espace, il ou des sensations désagréables (douleur, chaud,
est indispensable que l’enfant prenne conscience de son coliques, couche souillée). La mère apprend vite
corps. à reconnaître les différents pleurs et la façon de les
calmer avec disponibilité, patience et amour.
À partir de 2 mois : le toucher se développe, le bébé
explore son propre corps en se frottant, se touchant. Jusqu’à 2 mois, le bébé communique surtout par les
Vers 3 mois, la vision entre en jeu, il touche ses mains pleurs.
et vers 6 mois ses pieds.
b. Le pré-langage
À partir de 5 mois : il sourit à son image reflétée dans Tableau n°3 Évolution du prélangage dans le temps
un miroir, mais il ne se reconnaît pas encore. Il a une
perception éclatée de son propre corps. ÂGE MANIFESTATION DU PRÉLANGAGE
Le bébé émet des sons rauques et
1 mois
À partir de 6 mois : si l’enfant voit un adulte dans un gutturaux (vagissements).
miroir, il se retourne lorsqu’il lui parle, mais il n’a pas Il vocalise, roucoule des voyelles (jeu
2 mois
encore compris la nature du reflet. vocal semblable dans tous les pays).
Il pousse des cris de joie ou de colère. Il
B. Développement affectif et social 3 mois
communique beaucoup et ses vocalises
sont prolongées : ce sont les gazouillis
(« A… ree », « A… gree »).
L’enfant va petit à petit enrichir ses échanges avec son
La qualité de la voix s’améliore avec
entourage : l’apparition des intonations, de la
– sa relation avec sa maman va se modifier, il va la 4 à 6 mois variation du volume et le débit de ses
différencier des autres adultes ; expressions, que l’enfant contrôle de
– ses modes d’expression et de communication mieux en mieux.
vont évoluer aussi bien dans le mode non-ver-
bal (expression du corps et du visage) que dans le c. Le langage du corps
mode verbal ; Durant les 1er et 2e mois, le bébé s’agite, ce qui traduit
– ses relations avec les objets vont le faire passer de son bien-être ou son mal-être.
la dépendance à l’autonomie.
À partir de 3 mois, n’ayant pas la parole pour se faire
comprendre, il communique avec des cris et des
gestes pour exprimer ses différents besoins. L’adulte
doit être à l’écoute de l’enfant afin qu’il obtienne
satisfaction.

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Suivre les étapes du développement de l’enfant

Pour indiquer son acceptation, il a un visage souriant, – l’hostilité maternelle, souvent déguisée en
ouvre la bouche (moment du repas), tend les bras. angoisse et la privation affective partielle, ou l’hos-
tilité d’un milieu familial conflictuel peuvent être
Lorsqu’il est chagriné, il l’indique par des pleurs, le à l’origine de dépressions de l’enfant ;
regard détourné, une prostration, un regard triste ou
sans expression. – l’instabilité de la mère, avec une alternance gâte-
rie/agressivité et de trop grandes sautes d’humeur,
d. Le sourire ne sécurise pas l’enfant : cela peut provoquer un
Le sourire est une activité sociale. Le nouveau-né a des retard dans l’acquisition de la propreté ou d’autres
sourires réflexes de bien-être (« sourire aux anges »), troubles ;
mais qui ne sont pas en relation avec l’entourage.
– la carence affective totale entraîne de graves
La fin du 2e mois - début du 3e, est l’âge du premier troubles du développement psychomoteur.
sourire : on parle de « sourire intentionnel » ou
« sourire social ». Le bébé sourit en réponse aux b. La relation avec le père
sourires de ses parents ou de ses proches (visages
familiers).

2. Relation père/mère/enfant

a. La relation mère/enfant
Les premiers mois, la mère tient une place prépon-
dérante dans les relations affectives de l’enfant. Il
ne faut pas pour autant oublier l’entourage proche
(père, frères et sœurs, grands-parents), qui joue égale- Fig. 5 Enfant avec son père © Christin Lola - Fotolia
ment un rôle fondamental dans le développement de
l’enfant. La cellule familiale a évolué au même titre que les
modes d’expression de l’affection, les habitudes
La relation mère/enfant et plus généralement, les modes de vie. Ainsi, les
Il n’existe pas de mère idéale : chaque enfant rapports entre père et enfants, mère et enfants se sont
est unique et a des besoins différents. Ainsi, chaque modifiés.
relation mère/enfant est différente. Elle se constitue
par un échange entre deux êtres qui vont s’influencer Avant la révolution industrielle du XVIIIe siècle, dans
réciproquement. C’est une relation unique, profondé- le modèle familial traditionnel, les rapports étaient
ment affective. basés sur l’autorité. Le jeune garçon se consacrait à
l’apprentissage du métier et de la vie d’homme ; les
Cette relation dépend de divers facteurs : acceptation jeunes filles, pour leur part, restaient au contact de
de la grossesse par la maman, personnalité et âge de leur mère et apprenaient à tenir une maison.
la mère, rôle du père, environnement, sexe du bébé,
place de l’enfant dans la fratrie, etc. L’évolution de la société, des mœurs et de l’écono-
mie a orienté peu à peu les conduites familiales : les
La mère est très sensible au jugement des autres hommes et les femmes travaillent à l’extérieur, entraî-
sur son comportement face à son enfant. Il n’existe nant ainsi une nouvelle répartition des tâches dans la
cependant pas de recette pour élever un enfant. prise en charge des enfants au quotidien et dans les
Certaines erreurs pourraient toutefois être évitées : relations affectives et éducatives.

– le rejet primaire : refus de la maternité puis de La relation avec le père


l’enfant ; Dès le plus jeune âge, l’enfant a besoin d’une
relation affective avec son père.
– la sollicitude anxieuse : l’anxiété de la mère vis-à-
vis de son enfant peut provoquer des troubles, en L’évolution de la relation avec le père, bien qu’elle
particulier digestifs, chez le bébé ; modifie les données familiales et la relation mère/

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enfant, permet le développement d’une nouvelle – vouloir régler bébé comme une horloge ;
relation affective père/bébé. – imposer un apprentissage précoce.

Aujourd’hui, le jeune père assume la prise en charge Laisser pleurer l’enfant


du bébé au même titre que la maman. Ainsi va se Le pleur est son seul moyen d’expression en cas de
créer, entre le père et son enfant, tout un réseau de problème. Il est donc toujours important de répondre
relations qui permettront à l’un et à l’autre de s’épa- à son signal d’alarme.
nouir dans un climat affectif serein et sécurisant.
D’un point de vue psychique, le père a un rôle sépa- Il faut distinguer divers pleurs, chacun ayant une
rateur dans la relation fusionnelle entre la mère et son signification différente :
bébé. Cela participe à la construction de l’identité de – la faim se manifeste par des cris assez forts, ne se
l’enfant et permet à la mère de retrouver sa place de calmant qu’avec le repas : la faim est une angoisse
femme dans le couple. pour l’enfant ;
– la gêne quelconque (couche sale, froid, chaud,
3. Rôle de l’adulte (parents et vêtement serré) donne lieu à des cris plaintifs ou
professionnels) violents : il faudra trouver la cause et la traiter ;
– la fatigue transparaît par des pleurs faibles qui s’at-
a. Les attitudes fondamentales ténuent et disparaissent lorsque le bébé s’endort.

Le rôle de l’adulte Vouloir régler bébé comme une horloge


L’adulte doit être : Chaque organisme possède son propre rythme. Par
– présent ; exemple, il est inutile de le réveiller s’il dort à l’heure
– affectueux ; de son biberon.
– rassurant ;
– stimulant ; Imposer un apprentissage précoce
– respectueux. Il faut veiller à ce que l’enfant possède la maturation
physique et psychique appropriée.
Pour satisfaire ses besoins d’affection et de sécurité,
l’adulte doit être présent et ne doit pas hésiter à avoir c. La première séparation
un contact physique avec l’enfant (le prendre dans les Avec la reprise du travail de la maman arrive le
bras, le caresser, le toucher). moment de confier le bébé à un assistant maternel ou
de le faire garder en crèche.
La régularité des soins et des personnes qui s’en
occupent est également importante, car elle donne La première séparation
à l’enfant ses premiers repères. La répétition rassure. Le bébé est très sensible à la séparation et n’a
pas les moyens de comprendre ce qui lui arrive. Il est
Le nourrisson a besoin de participer à la vie de son nécessaire de prévoir une période d’adaptation progres-
entourage (repas, activités, sorties). L’adulte doit le sive dans ce nouveau cadre de vie, pour l’aider à se sentir
stimuler en lui parlant souvent, en l’écoutant, en le en sécurité. Cela aidera aussi la mère à se séparer.
chatouillant, en le prenant dans ses bras, en lui propo-
sant des jouets variés. Pour autant, les stimulations ne La personne qui garde le bébé doit connaître les
doivent pas non plus être excessives. habitudes et le rythme de vie de l’enfant. Les parents
devront l’informer sur les habitudes de l’enfant avant
L’enfant a aussi besoin de calme et que l’on respecte le début de la garde.
ses rythmes (sommeil).
L’idéal est que l’enfant passe quelques heures avec sa
Dans tous les cas, l’adulte doit apporter une réponse maman puis sans sa maman, dans son lieu de garde.
adaptée aux signes d’appel de l’enfant. Ainsi, cela permet aux professionnels, à l’enfant et
à la maman de se connaître. La transition se fait en
b. Les erreurs à éviter douceur, donnant de nouveaux repères à l’enfant
Il ne faut pas : tout en respectant au mieux son rythme (sommeil,
– laisser pleurer l’enfant ; alimentation, etc.). Le petit enfant va s’habituer

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Suivre les étapes du développement de l’enfant

assez vite. Des troubles montrant sa désapprobation À cette période, il n’est pas nécessaire d’avoir une
peuvent apparaître : pleurs, troubles du sommeil ou grande variété de jouets car l’enfant répète ses
de l’alimentation. Le bébé doit être rassuré et sentir nouvelles expériences et passe beaucoup de temps
ses parents confiants dans le mode de garde choisi. à sucer ses jouets pour en parfaire la connaissance.

d. Jouets Vers 6 mois, il les porte encore plus à la bouche car


c’est l’âge de la poussée des premières dents avec
Le jeu des gencives qui l’agacent. Il découvre les sons et les
Un enfant qui joue est un enfant qui couleurs et sait faire la différence entre le dur et le
« travaille ». mou. Il est important de varier la matière et la texture
des jeux : bois, plastique, coton, velours, scratch
Lorsqu’il joue, l’enfant s’investit entièrement : physi- qui fait du bruit, etc. Les jouets sont à laver de façon
quement, intellectuellement et affectivement. Tout régulière.
au long de sa vie d’enfant, le jeu évolue, il est indis-
pensable à son développement.

Mais il faut aussi laisser l’enfant évoluer seul, à son II. Développement de l’enfant
rythme, avec les jeux proposés. C’est la théorie
de la « liberté motrice » d’Emmie Pickler, pédiatre
de 7 à 12 mois
hongroise dont les travaux portent sur la motricité
libre du jeune enfant et l’autonomie de ce dernier
dans son propre développement moteur.

Les jouets sont les accessoires des jeux, ils doivent


être adaptés à l’âge de l’enfant.

Avant 6 mois, le développement sensoriel est essen-


tiellement sollicité. L’adulte proposera des jouets
riches en couleurs, plus stimulants et favorisant les
progrès comme :
– un mobile ; Fig. 7 Petite fille jouant avec de la peinture © Gorilla - Fotolia
– un hochet coloré et simple ;
– un hochet musical ; À partir du 7e mois, l’enfant franchit une nouvelle
– des petits animaux en plastique (parc ou bain) ; étape dans son développement : intense activité
– une boîte à musique ; musculaire, perceptions sociales plus claires, mais
– un miroir ; aussi crise anxieuse du 8e mois. Il est important de
– une poupée de chiffon. connaître le détail des progrès de l’enfant dans cette
tranche d’âge, de savoir identifier les besoins et situa-
tions d’urgences éventuelles chez un enfant de 7 à 12
mois par l’observation (aspect physique, comporte-
ment, etc.) ou en s’informant auprès des proches et
des professionnels, et de contribuer à l’acquisition de
l’autonomie de l’enfant à travers les activités de la vie
quotidienne.

A. Développement psychomoteur
La période de 7 à 12 mois est décisive pour l’enfant :
– ses mouvements deviennent plus adaptés à sa
volonté : cela l’amène à manipuler davantage les
objets, à imiter les gestes de ses proches et les sons
Fig. 6 Enfant jouant avec une souris © laurent hamels - Fotolia qu’ils émettent ;

7
– ses perceptions sociales augmentent : il comprend 1. Posture, préhension et repas
quelques expressions du visage et certaines
attitudes. La préhension (fait de saisir quelque chose avec ses
mains) continue d’évoluer pour être de plus en plus
précise et perfectionnée.

ÂGE POSTURE PRÉHENSION REPAS


entre le pouce et le petit


– Peut rester assis sans doigt.
soutien en mettant ses – Lâche un jouet quand
mains en avant pour éviter
Boit à la tasse et mange
7 mois de tomber. relâchement volontaire
à la cuillère.
– Passe du dos sur le ventre. global et imprécis (le
– Tenu en position debout, mouvement manque de
aime sauter et s’accroupir. précision).
– Fait passer ses jouets d’une
main à l’autre, les frappe
entre eux ou sur la table.
– Prend un troisième cube en
lâchant l’un des deux autres.
– Jette les objets et découvre
– Tient assis seul. qu’ils font du bruit en
– Roule sur lui-même et tombant.
dans les deux sens (dos - – Cherche un objet hors de sa Il peut être à table, assis
8 mois
ventre - dos). dans sa chaise haute.
– Allongé sur le dos, il peut de l’objet, qui continue
passer à la position assise. d’exister même s’il est

qui avait disparu


de sa vue n’existait plus.
– Se met debout en se Il met dans sa bouche et
tenant aux meubles (mais
son équilibre est instable). peut suçoter un biscuit
– Essaye de ramper, en – avec un grand plaisir, prend
9 mois
les aliments avec les doigts.
reptation. entre le pouce et l’index. Il se salit beaucoup, mais
– Roule sur lui-même pour – Apprend à tendre un jouet c’est l’évolution normale de
se déplacer. en refusant tout d’abord de son autonomie.
– Se met debout, fait aura échange.
quelques pas se tenant –
aux meubles, mais les dans ses mains. Il poursuit
10 mois
chutes sont nombreuses. son apprentissage.
– Lève le pied et le repose.
– Marche à quatre pattes.
– Marche tenu par les deux
mains de l’adulte.
– Aime pointer avec son
– Marche seul en prenant index. Il poursuit
11 mois
appui sur les meubles. son apprentissage.
– A le sens de la troisième
– La marche à quatre pattes dimension (met son doigt
est plus assurée. dans les trous, les rainures).
– Marche tenu par une main – Grâce à ses manipulations
de l’adulte. de plus en plus précises, il
– Pousse une chaise pour acquiert le sens du haut-bas,
dehors-dedans, contenant- Il commence à manger seul
12 mois apprendre à marcher.
contenu, séparé-réuni, à avec la cuillère.
– S’il est aidé, il peut se
côté, solide, profondeur.
baisser pour ramasser un
objet.

Fig. 8 Évolution de la posture, de la préhension et des repas de 7 à 12 mois © Skill and You

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Suivre les étapes du développement de l’enfant

À 12 mois : il continue d’explorer, de découvrir et


d’expérimenter son corps. Il prend conscience de
son être propre et découvre la sensibilité de certains
organes et les capacités de certains autres.

Exemples : Il se mord le bras et semble surpris de


la douleur ressentie. Face à un miroir, il touche une
partie de son corps en se référant à son image reflétée.

B. Développement affectif et social


Le septième mois
Le septième mois est une période durant
laquelle le nourrisson peut se distraire seul, mais la
présence de la mère devient indispensable. Il la différen-
cie des autres personnes et commence à comprendre
que lui aussi est distinct d’elle.

L’enfant distingue maintenant « l’inconnu » du


« connu ». Cette prise de conscience est fondamen-
tale car elle construit les premières différenciations
Fig. 9 Garçon en train de marcher © Jaimie Duplass - Fotolia sociales et affectives, et les mécanismes de défense
qui lui serviront plus tard : attitude réservée avec les
La marche indépendante inconnus, compréhension du danger, respect des
La marche indépendante peut être acquise interdits, familiarité possible dans certaines situations.
entre 12 et 16 mois. Elle sera instable au début et il faudra
rester vigilant pour prévenir les chutes. 1. La crise anxieuse

2. Schéma corporel a. L’angoisse du 8e mois


Vers le 8e mois, le bébé est en situation psychologique
Le schéma corporel de totale dépendance à sa mère. Il sait maintenant très
En jouant avec ses mains (3 mois), puis avec ses bien la différencier des autres adultes, elle est pour lui
pieds (6 mois), le bébé commence à prendre connais- unique et irremplaçable : c’est son îlot de sécurité. Il
sance de son propre corps. ne comprend pas la raison d’une séparation ; le départ
de sa mère est vécu comme un abandon, il ne sait
À la reconnaissance des différentes parties de son pas qu’elle peut revenir, d’où cette angoisse difficile à
corps va s’ajouter la reconnaissance des objets. gérer. Cette angoisse prouve la force de l’attachement
L’enfant a une plus grande facilité pour saisir et mani- qui le lie à sa mère.
puler, ce qui l’aide dans l’élaboration de son schéma
corporel. L’enfant change de comportement vis-à-vis des
personnes inconnues : il refuse de rester avec une
Vers 8 mois : il aime se regarder dans le miroir, s’em- personne qu’il ne connaît pas ou qu’il n’a pas vue
brasser, comparer ses pieds ou ses mains. Ce jeu lui depuis longtemps. Il exprime son angoisse par des
permet aussi d’acquérir une bonne perception de son pleurs, des cris, se cache les yeux, se détourne en
corps. hurlant de la personne qui veut le prendre dans les
bras et qu’il ne connaît pas. Il distingue les personnes
À 10 mois : il commence à faire la différence entre les aimées des autres. C’est la période la moins propice
sensations ne faisant intervenir que son propre corps à la mise en garderie, que ce soit à domicile ou en
et les sensations faisant intervenir des objets exté- crèche familiale ou collective.
rieurs. Il aime se taper, se toucher ou faire de même
avec les objets.

9
La séparation Il peut s’agir d’un ours, d’une poupée en tissu, d’une
Si la garde commence à 8-9 mois, la difficulté de couche ou bien du pouce. Généralement, ils sont
la séparation d’avec la mère sera beaucoup plus grande doux, chauds et imprégnés de l’odeur familiale (odeur
et l’enfant va manifester son désarroi un certain temps. de la maman, du bébé etc.). Ainsi, en emportant son
doudou, c’est un peu de chez lui, de sa maman, que
Il est important de laisser à l’enfant un objet fami- l’enfant emporte ; cela l’aide à affronter la séparation
lier (nounours, doudou, linge portant l’odeur de d’avec sa maman, son milieu familial. L’objet transi-
la maman), appelé « objet transitionnel », pour le tionnel lui permet de se calmer et d’apaiser seul ses
sécuriser tensions et ses peines. Il a également une fonction de
plaisir liée la succion. Pour toutes ces raisons, l’enfant
Cette situation sensible se poursuit souvent jusqu’à veut emmener cet objet transitionnel partout avec lui.
l’âge d’un an. Mais les progrès n’en seront pas pour
autant freinés, les connaissances intellectuelles et le Vers 6-7 mois, l’enfant peut choisir son doudou.
développement moteur progressent. Certains parents font le choix de le proposer à l’en-
fant. Dans tous les cas, c’est l’enfant seul qui l’investit
À l’âge d’un an, la relation avec l’adulte lui est plus et son choix doit être respecté.
facile : il se détache peu à peu de sa mère. L’enfant
devient plus sociable. Lors de la crise anxieuse du 8e mois, le « doudou »
revêt une importance quasi vitale pour l’enfant.
b. L’objet transitionnel L’adulte ne doit pas le forcer à s’en séparer, ni l’uti-
liser comme moyen de chantage. Il doit être à sa
L’objet transitionnel disposition, mais sans non plus le proposer de façon
L’objet transitionnel est un objet utilisé par systématique.
l’enfant pour lui servir d’intermédiaire entre son propre
corps et son environnement. Appelé « doudou » dans le Cet objet transitionnel peut être nécessaire long-
langage courant, il lui permet de mieux se détacher de temps : parfois l’enfant l’emporte quand il commence
sa mère grâce à sa fonction sécurisante. la maternelle, et le prend pour la sieste collective. Il
ne faut pas le lui enlever, il s’en séparera de lui-même,
quand il sera rassuré et qu’il aura trouvé sa place dans
le groupe d’enfants. Parfois, on voit encore des enfants
de 6 à 7 ans avoir besoin de leur doudou : il faut les
laisser libres et ne surtout pas se moquer d’eux.

Fig. 10 Nounours © Ye Liew - Fotolia

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Suivre les étapes du développement de l’enfant

2. Le langage

Tableau n°4 Évolution des expressions émotionnelles et du langage de 7 à 12 mois

ÂGE NOUVELLES EXPRESSIONS ÉMOTIONNELLES L’ÉBAUCHE DU LANGAGE


L’enfant sait exprimer sa joie en riant aux éclats, son chagrin L’enfant perfectionne ses intonations.
en pleurant à chaudes larmes ou son mécontentement en C’est l’âge du babillage, qui est la
Vers 7-8 mois criant et en s’agitant. Il fait beaucoup de mimiques et de gestes répétition d’un son. Il prononce des
et, à 10 mois, comprend le ton d’une phrase. Exemple : il peut « da », « ma », « pa », etc. L’enfant
pleurer si le ton est dur. sourd ne babille pas.
C’est l’apparition des premiers mots,
avec le doublement des syllabes :
À 10 mois, il comprend le ton d’une phrase. Exemple : il peut
9-10 mois « ma-ma-ma », « pa-pa-pa », « da-
pleurer si le ton est dur.
da-da ». Ces mots n’ont pas de
signification.
L’enfant a le sens de l’ordre et peut paraître troublé si les objets Il comprend le sens global de
À 11 mois
ne sont pas à leur place (repères sécurisants). plusieurs phrases et doit pouvoir y
répondre au moins par un geste ou
une action. Exemple : « Va chercher
ta poupée », « Fais-moi au revoir ». Il
L’enfant imite beaucoup ; il aime se « rendre intéressant », répond à son prénom. Un mot désigne
À 12 mois
surtout si son auditoire l’encourage. plusieurs choses ou situations, c’est le
« mot phrase ». Exemple : « lo-lo » :
lait ou liquide.

3. Rôle de l’adulte (parents et d’avec la mère ; toute admission dans une struc-
professionnels) ture d’accueil doit être particulièrement préparée à
cet âge-là. Ainsi, l’adulte doit être compréhensif et
Le rôle de l’adulte calmer les peurs de l’enfant par une attitude rassu-
Ce sont les propres réactions des parents qui rante et affectueuse.
dictent à l’enfant les sentiments et le comportement
qu’il doit avoir dans le monde social. Entre 9 et 10 mois
Vers 9-10 mois, la prévention des accidents domes-
a. Discipline tiques est primordiale. L’adulte doit ranger, surveiller,
éduquer. Les limites vont protéger l’enfant et structu-
La discipline rer son univers tout en maintenant sa curiosité et son
La discipline – du latin disciplina, qui signifie désir d’apprendre. Bien que l’enfant ne parle pas, il
« enseigner » – est la transmission des connaissances comprend la signification du « non », d’autant plus
et des règles de conduite. si le ton est accompagné d’un regard ou d’un geste.

Entre 6 et 8 mois Si l’enfant a besoin qu’on lui donne des limites


À partir de 6 mois, on peut commencer à fixer des claires, il a aussi besoin qu’on encourage ses progrès.
limites à l’enfant et à instaurer des rituels qui l’ai- L’adulte doit avoir une attitude valorisante et féliciter
deront à mieux comprendre son environnement. les nouvelles acquisitions. Il est essentiel d’être tolé-
Ceci est essentiel à l’âge du quatre pattes, car c’est sa rant et patient face à la vivacité de l’enfant.
propre sécurité qui est en jeu. En explorant, il expéri-
mente les premiers interdits. L’adulte doit donner des Exemple : Laura, 10 mois, se met debout près de la
limites précises et lui dire un « non » franc. table basse et commence à déchirer les livres qui
y sont posés. L’adulte doit montrer le livre à Laura,
Au 8e mois désigner les photos, mais doit également lui expliquer
Au cours du 8e mois, la crise anxieuse ne justifie pas qu’on ne doit pas déchirer les livres. Si Laura continue,
que l’on change ses principes éducatifs. Néanmoins, l’adulte doit lui dire « non » pour qu’elle comprenne
il convient d’éviter certains changements : ce n’est l’interdit, et enlever calmement le livre des mains de
pas la bonne période pour envisager une séparation Laura.

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b. Le langage Pour développer la manipulation et affiner la préhen-
Pour faire évoluer le langage de l’enfant, l’adulte sion, il faut lui présenter des cubes à mettre dans un
doit lui parler en utilisant un langage correct mais bol, des boules multicolores, des gobelets gigognes,
simple (pas de langage bébé). Le ton doit être calme des jeux d’encastrement, des jeux simples, tous de
et lent, les mots associés aux gestes pour qu’il puisse couleurs vives (couleurs primaires).
mémoriser.
Le bébé s’intéresse aux images : il est important de lui
Parler à l’enfant, c’est lui donner les moyens de proposer des petits livres simples, aux dessins colo-
penser et parler à son tour, de confirmer qu’il est une rés, cartonnés ou en tissu. L’adulte doit l’encourager
personne distincte de ses parents. à regarder un livre, il doit aussi le stimuler, lui accor-
der du temps et respecter le tête-à-tête que peut avoir
c. L’habillement l’enfant avec le livre.
Il faut plusieurs années pour que l’enfant apprenne
à se déshabiller, puis à s’habiller tout seul (il est plus Cela lui donnera un peu plus le goût des livres, puis
facile d’enlever que de mettre). L’adulte ne doit pas l’envie de lire plus tard. Le livre amuse, distrait et
le priver de la fierté qu’il peut avoir à chacun de ses instruit à tout âge.
progrès, il ne doit pas non plus lui demander des
efforts trop tôt et doit respecter son rythme. Il faut encourager l’éveil musical du tout-petit par des
boîtes à musique, un livre musical ou tout simple-
À un an, l’enfant commence à participer en glissant ment en chantant. Très vite, le sens de la mélodie et
lui-même son bras dans la manche tendue, sa jambe du rythme se développent au même titre que le goût
pour enfiler son pantalon, ou ses pieds pour mettre pour la musique.
ses chaussures.
Les jouets favorisant le développement moteur vont
4. Les jouets être proposés progressivement.

Les jouets sensoriels proposés de 0 à 6 mois ont beau- Petit à petit, il prend confiance en lui pour expérimen-
coup d’attrait pour l’enfant. ter. Surtout ne jamais utiliser de trotteur (ou youpala),
qui favorise le tassement vertébral et n’apprend pas
À 7 mois, avec l’apparition des premières dents, l’en- la marche normale, car l’enfant est soutenu par les
fant commence à mordre. Afin de satisfaire ce besoin, fesses. En France, l’utilisation du youpala est interdite
l’adulte lui proposera des anneaux de dentition. dans les crèches et chez les assistants maternels. Elle
l’est également au Canada.

Un miroir lui permet de jouer à cache-cache avec


son reflet et d’expérimenter la permanence de l’objet.
L’adulte lui fait découvrir sa petite frimousse : « Voici
ton nez, tes yeux, ta bouche. ».

La stimulation offerte par le portique et le tapis d’éveil


fait appel à plusieurs sens : toucher, vision, audition,
et lui fera faire une gymnastique très utile.

L’éveil par le jeu


L’adulte propose des jeux à l’enfant, mais il doit
aussi l’accompagner dans son éveil en jouant avec lui,
d’autant plus que le petit adore jouer avec un grand.

À 9 mois, l’enfant aime jouer à « coucou le voilà ».


L’enfant ou l’adulte se cache le visage avec les mains
Fig. 11 Enfant avec un anneau de dentition © Dmitry Naumov - Fotolia ou avec un foulard. À la découverte du visage, le
bébé est radieux. Ce jeu de séparation le sécurise (la

12
Suivre les étapes du développement de l’enfant

séparation ne dure pas) et l’aide dans son autonomie. A. Acquisitions de la première


Il aime les comptines et les jeux de mains qui s’y asso- année
cient (jeux chantés). Tous ces jeux joués avec l’adulte
lui servent de repères. 1. Motricité

En cas de manque de relation affective et de stimu- L’acquisition de la marche


lation, le bébé va régresser, devenir passif, s’isoler, L’acquisition de la marche se situe le plus
se coucher sur le ventre, ou se balancer d’avant en souvent entre 12 et 16 mois. C’est une étape très
arrière lorsqu’il est assis. L’adulte doit donc être très importante dans le développement de l’enfant, qui est
attentif à ces signes de mal-être et doit être un adulte souvent encouragée par la famille.
aimant, apaisant, stimulant et protégeant l’enfant.
L’âge de la marche n’a pas de rapport avec le dévelop-
pement de l’intelligence.

III. Développement de l’enfant Ses débuts sont difficiles ; l’enfant doit d’abord acqué-
de 12 mois à 3 ans rir l’équilibre nécessaire pour aller partout. Il s’aide
de ses bras, les coudes écartés, il marche le ventre en
avant en se balançant, les jambes écartées de manière
non cordonnée. Il tombe, se cogne, se fait mal, autant
d’expériences qui lui font prendre conscience de
son univers. Cette expérience de la douleur lui fait
prendre conscience de ses limites et des dangers.
C’est un apprentissage nécessaire, qui lui permettra
de prendre de l’assurance.

Bientôt, ses pas vont devenir plus souples et


équilibrés :

– À 15 mois, l’enfant s’agenouille et se met debout


sans aide, il tente l’ascension des escaliers à quatre
pattes.

– À 18 mois, il commence à sauter sur ses deux


pieds et court jambes écartées. Les chutes sont
Fig. 12 Frère et sœur dans la piscine à balle © K.F.L. - Fotolia fréquentes et il ne sait pas prendre les virages. Il
sait tirer un jouet qui roule sur le sol derrière lui. Il
En avant, marche ! Entre 1 et 3 ans, l’enfant est un prend plaisir à transporter les objets et à marcher à
explorateur qui va vers une plus grande autonomie : reculons. Il pousse un ballon sans tomber. Il fait un
acquisition de la marche, de la propreté, du langage, détour pour éviter un meuble qui gêne. Il monte
etc. Il apprend progressivement à faire « tout seul ». l’escalier main tenue.
L’adulte doit à la fois encourager et sécuriser ces
nouvelles aptitudes. – À 21 mois, il descend l’escalier main tenue.

Le professionnel doit alors savoir identifier les besoins – À 2 ans, il sautille, danse, grimpe et tape correc-
et situations d’urgences éventuelles chez un enfant de tement dans un ballon. Il monte et descend seul
2 à 3 ans par l’observation (aspect physique, compor- l’escalier, en posant ses deux pieds sur chaque
tement, etc.) ou en s’informant auprès des proches marche.
et des professionnels, et contribuer à l’acquisition de
l’autonomie de l’enfant à travers les activités de la vie Avec la marche, l’enfant devient très actif, remuant,
quotidienne. occupé et jamais fatigué. Il acquiert une certaine

13
indépendance. Sans aide, il est capable d’aller voir de C’est aussi l’âge des bêtises et des accidents
plus près ce qui l’intéresse : il explore la maison, suit domestiques.
sa mère, etc. Il se rend compte qu’à son tour, il peut
atteindre beaucoup de choses parce qu’il est debout, 2. Préhension
ce qu’il ne pouvait pas faire auparavant en étant à
quatre pattes. Tableau n°5 Évolution de la préhension de 15 mois à 2 ans

ÂGE CAPACITÉS
Il aime jeter, pousser, renvoyer. Le relâchement est maintenant plus fin et plus précis. Au niveau
À 15 mois graphisme, il est capable de faire des « traits ». Il sait tenir sa cuillère, mais bien souvent la met à
l’envers dans sa bouche. Il peut boire seul en tenant sa timbale par les petites poignées.
Il peut commencer à se déshabiller seul (vêtements sans boutons, chaussures sans lacets). Il se sert
de la cuillère à l’endroit, particulièrement pour les aliments solides, et arrive à tenir un verre seul,
À 18 mois
mais le renverse souvent. Il tient son crayon indifféremment de la main gauche ou droite et fait des
« gribouillis » (tourbillons spiralés). Le crayon est tenu avec le poing serré.
Il peut ouvrir et fermer les portes, mettre ses chaussures seul (souvent en les inversant). Il commence
À 2 ans à vouloir s’habiller seul, mais sans succès (met les deux pieds dans la même jambe de son pantalon).
Il mange seul avec plus de propreté et peut tenir son verre d’une seule main.

3. Langage

Tableau n°6 Évolution du langage de 12 mois à 2 ans

ÂGE CAPACITÉS
Avant 12 mois Le langage reste passif : l’enfant comprend ce qu’on lui dit, mais ne dit que quelques mots.
De 12 à 15 mois Il utilise le « mot phrase », c’est-à-dire un seul mot pour dire quelque chose.
Il utilise le « langage global significatif », c’est-à-dire qu’il va associer deux « mots phrases ».
De 15 à 24 mois Exemples : « papa pati » (« pati » pour le verbe partir), « bébé dodo ». Il place les mots suivant leur
importance affective.
À 15 mois Il dit cinq mots.
À 18 mois Huit mots, souvent déformés, d’où une certaine incompréhension par l’adulte.
L’âge de « l’explosion du langage » : tout est bon pour enrichir son vocabulaire. Il nomme ses jouets,
2 ans désigne par leur nom les personnes de la famille, parle à sa poupée. Aux mots nouveaux s’ajoute
l’aisance pour s’exprimer. Peu à peu, il s’éloigne du langage bébé.

4. Schéma corporel

Au cours de la deuxième année, l’enfant explore le corps de l’autre. Il reconnaît mieux les organes sur autrui que
sur lui. L’unification de son propre corps se fera progressivement par l’expérience du miroir.

Tableau n°7 Évolution du schéma corporel de 16 à 18 mois

ÂGE CAPACITÉS
Il reste perplexe devant son image et la compare à son corps réel. La préhension fine et la marche
À 16-18 mois
sont les signes d’une meilleure structuration de l’image du corps.
Il parvient sans erreur ni hésitation à toucher une tache sur son propre corps, alors qu’il ne la
À 18 mois perçoit que dans le miroir. Il a pris conscience de l’unité individuelle. Il accède enfin à son image
dans le miroir : il se reconnaît.

14
Suivre les étapes du développement de l’enfant

5. Développement affectif et social évolue grâce aux différentes expériences (jeux,


manipulations).
Il apprend, parfois au prix de quelques pleurs, à vivre
en société en partageant ses jouets et en confrontant Ensuite, l’enfant acquiert l’intelligence symbolique,
ses désirs à ceux des autres. Il a besoin de l’adulte c’est-à-dire qu’il réfléchit, puis agit. Cette intelligence
pour jouer et son attention pour les jeux est un peu s’appuie sur la pensée : il peut mentalement se repré-
plus longue. senter des images.

b. Jouets et jeux

Les jouets
La variété des jouets est nécessaire, leur taille
doit être adaptée à l’enfant.

Pour l’acquisition de la marche, les chariots à pousser,


camions ou voitures sur lesquels l’enfant peut s’as-
seoir sont très appréciés à partir de 11 mois.

À partir de 18 mois, l’enfant aime déplacer les objets :


pousser, tirer, lancer. La préhension et le relâchement
sont précis, il aime introduire, superposer, retirer.
Aussi, l’adulte doit lui proposer des jeux à empiler,
à encastrer et à démonter, des puzzles très simples. Il
aime les jouets qui bougent : auto, vélo, balançoire.
L’enfant préfère les jeux solitaires : il ne peut pas
encore jouer avec les autres enfants car il ne connaît
pas la coopération.

L’enfant est également très attiré par les éléments


naturels (eau, sable, terre) et aime les activités artis-
tiques (musique, peinture, lecture, modelage). Il faut
lui proposer des livres, de la pâte à modeler, des jeux
Fig. 13 Amis © Valeriy Mazur - Fotolia de sable ou d’eau, ainsi que la possibilité de dessi-
ner. La musique peut être associée aux différentes
En revanche, il ne prête pas beaucoup d’attention activités.
aux autres enfants. Il préfère jouer seul dans son coin.
Il acquiert la notion de « propriété » en s’emparant 6. Rôle de l’adulte
des jouets de l’autre. Il a des périodes d’agressivité :
il peut pincer, mordre, tirer les cheveux, comme si Le rôle de l’entourage
l’autre enfant était un objet. Leur relation n’est pas Le rôle de l’entourage est primordial pour
très bonne. l’acquisition du langage. Il ne faut pas « parler bébé »
à l’enfant, qui a tendance à répéter les mots comme il
À 2 ans, il est très autoritaire et commence à vouloir les entend.
faire seul, il aime qu’on comprenne vite ce qu’il
désire. Pour développer le langage de l’enfant et étendre
son vocabulaire, l’adulte doit verbaliser les actions,
a. L’intelligence symbolique nommer les objets, reprendre le « mot-phrase » par
L’intelligence symbolique fait partie du développe- une phrase correcte. Il faut s’adresser à l’enfant avec
ment intellectuel. des phrases courtes et simples.

De 12 à 18 mois, l’enfant perfectionne son intel- Il faut que l’enfant entende parler, qu’on lui parle,
ligence sensorimotrice, intelligence pratique qui qu’on réponde à ses questions, qu’on encourage ses

15
efforts et qu’on ne déforme pas les mots. Le dialogue Il est à noter que quelques régressions peuvent surve-
est difficile pour lui, l’adulte doit lui faire comprendre nir ; il ne faut pas s’en inquiéter mais il ne faut pas pour
que, pour parler, il faut aussi savoir écouter. autant les ignorer : elles peuvent signaler un désarroi
de la part de l’enfant ou des troubles du contrôle des
Face à son besoin exacerbé de possession, l’entou- sphincters.
rage doit aider l’enfant à apprendre à partager, ce qui
lui permettra d’évoluer vers les jeux collectifs. Il faut B. Acquisitions de la troisième
aussi l’aider à gérer son agressivité en verbalisant ses année
sentiments.
1. Motricité
Il touche tout, court partout, transporte, fait du bruit.
Le soir, l’endormissement peut poser des problèmes.
L’adulte doit accepter la vivacité de l’enfant, lui
donner des limites et prévenir les risques d’accident ;
il doit aussi être patient et tolérant.

Les encouragements
Il faut encourager l’enfant à surmonter ses diffi-
cultés, le féliciter et partager avec lui le plaisir de ses
réussites.

L’adulte doit être attentif à l’enfant qui s’isole. Celui-


ci a une attitude passive, baisse la tête pour éviter le
contact visuel, évite qu’on le touche. Il faut le rassu-
rer par une attitude accueillante, calme et douce, le
protéger de l’agression qui est en cause.

Au fur et à mesure de son développement psychomo-


teur et intellectuel, l’enfant progresse dans ses acqui-
sitions : propreté, marche, langage, etc. L’enfant ne
peut acquérir ces capacités que s’il est prêt physique-
ment, intellectuellement et affectivement. L’adulte, Fig. 14 Maman aidant son fils à s’habiller © bst2012 - stock.adobe.com
attentif et sécurisant, doit donc l’accompagner en
respectant ses possibilités, en le stimulant sans pour Vers 2 ans et demi : l’enfant peut se déshabiller si
autant exiger ce qu’il n’est pas capable de donner. ses vêtements sont déboutonnés. Il commence à
mettre ses chaussettes. À cet âge, on peut lui propo-
Dans les situations qui peuvent être vécues comme ser une fourchette pour le repas car il aime piquer les
un échec pour l’enfant, l’adulte lui apporte récon- morceaux. Il réussit à construire une tour de plusieurs
fort et encouragements. L’enfant qui se sent aimé cubes et tient son crayon avec ses doigts. La latérali-
et considéré reprend confiance pour poursuivre ses sation s’affirme : il est gaucher ou droitier.
apprentissages.
À 3 ans : il arrive à déboutonner un gilet, enfiler son
7. Apprentissage de la propreté manteau, mais ne sait pas encore le fermer. Il est de
plus en plus habile et l’adulte peut lui proposer de
L’acquisition de la propreté se fait entre les 15 mois participer à la préparation des repas. Il sait dessiner un
et les 2 ans et demi de l’enfant. C’est à cette période cercle et dessine ses premiers bonhommes, appelés
que l’enfant apprend à contrôler son sphincter anal « bonhommes têtards » : un rond représente la tête et
puis son sphincter vésical. Il est important d’avoir une le corps, 2 bâtons sont attachés à ce rond pour repré-
attitude positive vis-à-vis de cet apprentissage et d’en- senter les jambes. Parfois, l’enfant représente les bras
courager l’enfant. par 2 bâtons également. Les yeux, la bouche et le nez
peuvent être représentés.

16
Suivre les étapes du développement de l’enfant

2. Compréhension 4. Développement affectif et social

Vers 3 ans, il est capable de : L’enfant est plus sociable et plus facile à comprendre,
– reconnaître une dizaine d’objets usuels et les car il s’exprime de mieux en mieux.
montrer sur une image ;
– nommer certaines parties de son corps ; a. Construction de la personnalité
– reconnaître 4 couleurs ; À 2 ans et demi, l’enfant se rend compte qu’il existe,
– compter jusqu’à 5 ou 6 ; qu’il a un corps avec lequel il peut faire des choses,
– comprendre et répondre à trois ou quatre ordres qu’il peut raisonner, se souvenir, vouloir. Il affirme sa
donnés à la suite. personnalité avec l’utilisation du « moi », du « non »
et avec une autonomie plus performante. 3 ans est
Exemple : « Va chercher tes chaussures, mets-les et va l’âge de la crise de personnalité.
jouer dehors avec papa ».
La prise de conscience de soi s’acquiert donc petit
Il commence à mémoriser quelques comptines, il les à petit, tout comme l’acquisition de la marche et du
réclame, ne s’en lasse pas ; elles lui servent aussi de langage.
repères.
« Moi » et « non »
Les expériences « Moi » et « non » prouvent que l’enfant prend
Toute expérience réussie ou ratée mène l’en- sa place dans le monde des adultes.
fant vers des connaissances et des compréhensions
nouvelles. L’essai, l’erreur puis la réussite sont autant Le « non »
d’expériences importantes dans son développement. L’enfant cherche à s’affirmer en s’opposant à l’autre :
c’est la première période d’opposition par l’appren-
3. Langage tissage du « non ». Cette période d’opposition peut
débuter à partir de 18 mois.
Passant du temps à parler avec les uns et les autres,
l’enfant fait beaucoup de progrès de langage. Il fait Il prend plaisir à exaspérer son entourage, à refuser
des phrases, utilise le verbe, la syntaxe existe et la d’obéir ; c’est aussi la période des grosses colères. Il
prononciation est bonne. L’enfant parle d’abord de pleure et se roule par terre. Il cherche à connaître les
lui à la troisième personne, puis il utilise son prénom points faibles de l’adulte, les limites, le défendu et le
pour se désigner (2 ans), et enfin apparaît le « je » permis.
(3 ans).
L’attitude des parents est importante. S’ils cèdent au
À partir de 3 ans, l’enfant ne doit pas avoir de difficulté chantage, l’enfant prendra très vite conscience de
pour se faire comprendre. C’est une période où il pose son nouveau pouvoir. Lui répondre calmement ou
beaucoup de questions, il demande le nom de tout détourner son attention permettra de le calmer.
ce qui l’entoure et répète ces mots seul. L’acquisition
du langage permet le développement de la curiosité,
de la compréhension et de la mémoire. « C’est quoi »
et « pourquoi » témoignent de sa curiosité illimitée.

La différence de richesse de vocabulaire varie beau-


coup d’un enfant à l’autre, chacun évoluant à son
propre rythme et dans un milieu, un univers différent.

C’est à partir de 3 ans que les parents doivent consul-


ter un spécialiste si l’enfant rencontre des difficultés.

Fig. 15 Enfant qui n’est pas d’accord © nataliaderiabina - stock.adobe.com

17
Le « moi » Ces jeux permettent à l’adulte de savoir ce qui plaît
À 3 ans, il sait maintenant qu’il est une personne ou non à l’enfant, ce qui le blesse ou le préoccupe. Il
distincte et utilise « je » ou « moi » dans ses phrases. revit des situations agréables ou difficiles. L’ours et la
Cette prise de conscience nécessite un milieu stable, poupée font souvent partie de ces jeux, ils deviennent
affectueux et stimulant. ses confidents.

Parfois, le « je » vient plus tard si les parents parlent Exemple : Leila vient de se faire gronder par sa mère
d’eux-mêmes à la troisième personne en s’adressant et va à son tour taper sur ses poupées. Ainsi, elle
à l’enfant. décharge son agressivité.

Exemple : la maman dit à son enfant : « Maman va b. La notion du bien et du mal


te donner ton bain ». L’adulte pense mieux se faire Les parents doivent être d’accord sur l’éducation
comprendre, mais l’enfant l’imite. donnée à leur enfant, afin de ne pas le déstabiliser par
des contradictions.
b. L’autonomie
L’enfant a besoin de moins de protection et de plus Le petit commence à comprendre ce qui est permis
d’indépendance. Il veut décider lui-même de ce qu’il et ce qui est défendu, ce qui est bien et ce qui est
veut faire et le faire sans aide : « moi tout seul ». Mais mal. Ces notions ne sont pas innées et s’acquièrent
il se rend compte qu’il a encore besoin de l’aide des grâce aux règles données par les parents. On parle de
adultes et s’en veut d’être dépendant, d’où ses colères. conscience morale.

Les stimulations à l’autonomie Les règles


Pour favoriser l’acquisition de l’autonomie, L’enfant doit connaître les règles qu’il est censé
il est conseillé de faciliter la tâche à l’enfant afin qu’il respecter et les conséquences s’il les transgresse. Les
ne ressente pas un sentiment d’échec. Lorsque l’enfant règles doivent être fermes et les mêmes d’un jour sur
grandit, l’adulte peut donner des conseils, faire des l’autre.
démonstrations, mais cela dépend des rapports affec-
tifs entre l’adulte et l’enfant. L’adulte doit proposer, mais 6. Jeux
ne jamais imposer, et faire passer la démonstration de
façon ludique. Il doit trouver des moyens habiles pour Pour augmenter son vocabulaire et améliorer son
obtenir l’adhésion de l’enfant. L’enfant est prêt à tout langage, l’adulte peut faire « travailler » l’enfant en
accepter par le moyen du jeu. jouant avec les mots.

5. Développement intellectuel Exemples : dire le début d’un mot, l’enfant dira la fin ;
imiter le cri des animaux.
L’intelligence symbolique se perfectionne : l’enfant
peut imiter sans la présence d’un modèle et peut À partir de 18 mois, l’enfant aime les jeux faisant
parler d’une situation passée. appel à la réflexion : jeux de construction, encastre-
ment, puzzles. Il manipule de plus en plus facilement.
Il fait des jeux d’imitation appelés « jeux symbo- L’adulte ne doit pas intervenir sans cesse si l’enfant se
liques » (2 ans et demi - 3 ans). trompe : il doit aussi trouver seul la réponse.

a. Les jeux symboliques Vers 2 ans et demi, l’enfant est toujours sensible à la
musique. L’adulte peut mettre de la musique, chanter
Les jeux symboliques spontanément, associer musique et activité ou danse.
Par ces jeux, l’enfant transforme la réalité selon Cela développe le répertoire musical de l’enfant, son
ses propres règles, et par imitation joue des rôles diffé- sens du rythme, la tonalité de sa voix.
rents qu’il ne peut pas avoir dans la vie réelle. C’est pour
lui un apprentissage de la vie qui lui permet d’accepter
les contraintes et les réalités du monde adulte.

18
Suivre les étapes du développement de l’enfant

À cette période, l’attitude de l’adulte est détermi-


nante. Les parents acceptent souvent mal que le petit
garçon joue avec son pénis, alors qu’ils étaient émer-
veillés lorsqu’il jouait avec ses doigts. Si l’adulte est
gêné et réagit mal devant l’enfant qui touche son sexe,
ce dernier acquerra très vite un sentiment de culpa-
bilité et sentira les interdits de l’adulte. L’intérêt de
l’enfant pour son propre corps ou celui des autres ne
présente aucun caractère de perversité.

La sexualité infantile
La sexualité commence dès la naissance et,
suivant l’âge, le bébé éprouve du plaisir sur certaines
parties de son corps. C’est l’adulte qui, en raison de
l’éducation qu’il a reçue, pourra transmettre à l’enfant
un sentiment de malaise ou de honte par rapport à une
partie de son corps.
Fig. 16 Enfant déguisé en pompier © Claudia Paulussen - stock.adobe.com
Ainsi, la masturbation, phénomène tout à fait natu-
À cet âge la différence entre fille et garçon commence rel et normal à cet âge, peut devenir pathologique en
à se faire. L’enfant imite l’adulte et s’identifie à celui présence d’une réaction fortement opposée de l’adulte.
de même sexe que lui. Étant dans sa période des
jeux d’imitation, l’enfant choisira des jouets qui lui Les parents doivent avoir un comportement positif en
permettent de faire comme papa ou maman (poupée, répondant clairement mais simplement aux questions
cuisine, voitures, garage). Avant 4 ans, l’enfant n’a pas de l’enfant en fonction de son âge. Ils ne doivent pas
de préférences spécifiques. le gronder ni abuser d’interdits ou de règles. L’enfant
doit être sécurisé et rassuré, ce qui sera gage d’un
Pour faire de l’exercice, il aime le tricycle, la patinette certain équilibre pour son avenir en tant qu’adulte.
à trois roues, le cheval à bascule ou pousser une
brouette. Quand il est fatigué, il préférera regarder un b. Complexe d’Œdipe
livre ou qu’on lui lise une histoire.
Le complexe d’Œdipe
Les jeux Le complexe d’Œdipe est une théorie psycha-
Toute activité doit se dérouler dans une nalytique freudienne, qui se définit comme le désir
atmosphère calme et de plaisir. L’adulte doit encoura- amoureux et/ou agressif inconscient de l’enfant pour
ger l’enfant à tenir compte des autres, à aller vers eux, un de ses parents. Ce désir éprouvé par l’enfant entre 3
à commencer à partager jeux et jouets. Les premiers et 6 ans est normal ; c’est la réponse adéquate que vont y
contacts sont difficiles, chacun cherchant à imposer sa apporter les parents qui importe et permet la résolution
volonté. Ces petits conflits sont nécessaires et béné- du complexe.
fiques pour l’enfant. Malgré tout, l’adulte doit rester
attentif et vigilant. Selon cette théorie, l’enfant comprend, durant sa troi-
sième année, que ses parents ne sont pas disponibles
7. Sexualité et personnalité seulement pour lui. Papa et maman ont des relations
tendres, intenses et privilégiées dont il ne fait pas
a. Sexualité infantile partie.
C’est souvent pendant la deuxième année que l’en-
fant découvre son sexe. Il va jouer avec, comme plus L’enfant se sent exclu, abandonné et jaloux, et tente
petit il jouait avec ses pieds. À 3 ans, il fait la diffé- de rompre le duo de ses parents. Pour cela, il essaye
rence entre l’homme et la femme, donc entre le père d’attirer à lui le parent de sexe opposé et de reje-
et la mère. ter l’autre. Dès que possible, il tente de séparer ses
parents en se jetant dans leurs bras pour être entre
eux deux.

19
Le stade œdipien est plus ou moins marqué selon s’assied sur les tapis avec les enfants, disponible et
l’enfant. C’est une étape délicate et difficile dans bienveillante.
son développement affectif, mais elle lui permettra
d’avoir des relations normales avec sa famille et ses 3. Analyse de situation
semblables.
Pourquoi avoir utilisé ce matériel ? À quels besoins
Lorsqu’il comprend qu’il ne peut éliminer son a-t-elle répondu ?
« rival », l’enfant sort de cette situation complexe en
s’identifiant au parent du même sexe. La fille veut En installant les enfants sur des tapis au sol ou dans
ressembler à sa mère et le garçon à son père : c’est un transat équipé d’un portique, Mme Cantarel favo-
une nouvelle forme de séduction. Et par cette attitude rise l’éveil et le développement psychomoteur des
positive, la fillette va aller vers la féminité et le garçon enfants. En proposant des activités et aménagements
vers la masculinité. de l’espace conformes aux compétences des enfants
en fonction de leur âge, Mme Cantarel respecte le
La résolution du complexe dépend de l’attitude des rythme d’acquisition de chacun des enfants.
parents, qui doivent aider l’enfant à trouver sa place
dans un climat affectif serein et sécurisant. L’harmonie Confortablement installés dans leurs transats,
parentale est souhaitable dans ces moments difficiles. Alexandre et Nathanaël s’agitent et touchent de façon
involontaire les mobiles suspendus, ils sont attentifs
Les théories freudiennes aux objets qui bougent et attirent leur regard. Leurs
Les théories freudiennes ont été critiquées et sens sont en éveil : le toucher grâce aux textures
largement remises en question au cours des décennies variées, la vue avec les couleurs lumineuses des
– par des médecins, psychiatres, psychanalystes, philo- éléments du portique et l’ouïe grâce aux jeux sonores.
sophes, etc. – mais constituent une base de réflexion Nathanaël parvient à saisir un jouet, ce qui favorise sa
qu’il est important de connaître. capacité de préhension.

C. Étude de cas Cette activité participe au développement des capa-


cités sensorielles (vue, ouïe, toucher) de Nathanaël et
1. Contexte d’Alexandre et répond à plusieurs de leurs besoins :
– le besoin physiologique de bouger ;
Mme Cantarel est auxiliaire Petite Enfance titulaire du – les besoins cognitifs de découvrir, manipuler etc. ;
CAP Accompagnant éducatif petite enfance. – les besoins affectifs d’être aimé, reconnu et d’avoir
un environnement sécurisé.
2. Situation étudiée
Rose et Alice, pour leur part, sont allongées sur le dos ;
Mme Cantarel travaille dans la crèche collective des elles s’amusent à passer du dos sur le ventre et inver-
P’tits Loups au sein d’une équipe pluridisciplinaire sement. Sur le ventre, elles se tiennent fermement
(auxiliaire de puériculture, éducatrice de jeunes sur leurs bras ou leurs mains. Rose tend le bras pour
enfants, infirmière ou puéricultrice, psychologue attraper la voiture qu’elle convoite : à son âge, elle est
etc.). capable de saisir intentionnellement un objet et de le
tenir dans sa main (préhension palmaire).
Aujourd’hui, elle est dans la section des bébés et
encadre un groupe de 4 enfants âgés de 4 à 6 mois. En enchaînant les roulades, Alice et Rose se déplacent
Dans la matinée, après leur sieste, elle va leur faire et peuvent explorer l’environnement, attraper d’autres
faire une activité favorisant leur éveil et leur dévelop- jouets inaccessibles auparavant. Cette activité répond
pement psychomoteur. à leur besoin de découvrir, d’explorer, de toucher, de
sentir, de voir ou d’entendre.
Mme Cantarel regarde quel matériel se trouve à sa
disposition. Elle décide d’installer les 2 plus jeunes Ces activités d’éveil et de psychomotricité se
enfants de 4 mois (Alexandre et Nathanaël) dans des déroulent sous l’œil attentif de Mme Cantarel qui
transats munis de portiques et les 2 plus grands de verbalise leurs acquisitions, les encourage, les stimule
6 mois (Alice et Rose) sur des tapis d’éveil au sol. Elle en mettant à leur disposition des jouets adaptés.

20
Suivre les étapes du développement de l’enfant

4. Conclusion l’autonomie de l’enfant à travers les activités de la vie


quotidienne.
Les connaissances de Mme Cantarel sur le développe-
ment de l’enfant, les règles de sécurité et le matériel à A. Développement affectif et social
sa disposition lui ont permis de proposer des activités
adaptées aux enfants et à leurs spécificités. En restant 1. L’âge de grâce
attentive à l’ensemble du groupe, Mme Cantarel s’est
assurée que chacun des enfants bénéficiait du bien- À 3 ans, les fonctions sensorielles sont parfaitement
être physique et psychologique dont il avait besoin. développées. L’enfant est sorti de sa crise de person-
nalité, son activité se traduit par des mouvements
aisés, il marche, parle, est habile de ses mains : une
sorte d’équilibre s’établit. C’est une période calme
IV. Développement de l’enfant pendant laquelle l’enfant veut plaire : on parle de
de 3 à 6 ans « l’âge de grâce ».

2. L’imaginaire

3 ans est l’âge de l’imaginaire ou du merveilleux.


L’enfant aime qu’on lui raconte des histoires, il en
invente lui-même dans ses jeux, il les met en scène.
Parfois, il s’invente un compagnon imaginaire.
3 ans est également l’âge d’or des mots d’enfants : il
emprunte à l’adulte ses formes de langage et y ajoute
son propre contenu.

Par ces jeux, il affirme sa personnalité et se prépare


à la vie en société. C’est en imitant les « grands » que
l’enfant intègre les règles de la vie sociale. Vers 3 ans,
l’imaginaire se confond avec le réel : c’est l’âge des
jeux symboliques.

Fig. 17 Jeune fille utilisant une équerre © Zakharov Evgeniy - Fotolia

Entre 3 et 6 ans, l’enfant affirme ses capacités


physiques et intellectuelles : coordination et précision
dans les mouvements, perfectionnement de l’expres-
sion et du langage, développement de la socialisa- Fig. 18 Enfants jouant avec des cubes © emese73 - Fotolia
tion, etc. C’est une période très riche en changements
aussi bien pour l’enfant que pour les parents qui Vers 5-6 ans, ces jeux deviennent des jeux collectifs :
voient leur enfant entrer à l’école. chaque enfant a un rôle bien défini (jeu de rôle). Il
se prépare à trouver naturellement sa place dans la
Le professionnel doit savoir identifier les besoins et société. En endossant différents rôles, il appréhende
situations d’urgences éventuelles d’un enfant de 3 à le partage des tâches, le rôle de chacun et sa place
6 ans par l’observation (aspect physique, comporte- dans la société. Ces jeux l’aident aussi à comprendre
ment, etc.) ou en s’informant auprès des proches et les réactions des adultes, en les mettant lui-même en
des professionnels, et contribuer à l’acquisition de scène.

21
Les peurs et les cauchemars – Le « bonhomme têtard » s’enrichit de détails : yeux,
L’imagination de l’enfant est débordante et si nez, bouche, nombril, sexe, cheveux. Il utilise le
la peur en fait partie (loup, sorcière), c’est pour mieux la carré et le rectangle.
surmonter. À cet âge, il n’est pas rare qu’il ait peur la nuit,
redoute l’obscurité, soit effrayé par certaines personnes c. Vers 5 ans
ou animaux. Quelques cauchemars peuvent perturber – Un nouvel équilibre est atteint vers 5 ans : l’enfant
son sommeil, signe de l’apparition d’une anxiété ou est sérieux, poli et il cherche à sortir de l’horizon
d’une perturbation émotionnelle. Il faudra le calmer, le familial. Ses relations avec les autres enfants sont
rassurer et en trouver la cause. bien meilleures et la maison ne lui suffit plus.

3. La socialisation – Il peut nouer ses lacets de chaussures (vers 5-6 ans).

a. Entre 2 et 6 ans – La représentation du bonhomme s’améliore. Un


Entre 2 et 6 ans, le processus de socialisation s’accé- second cercle apparaît sous la tête, il représente le
lère, l’enfant s’intéresse aux autres enfants. À partir tronc. Sa taille est très variable.
de 3 ans, l’enfant est en mesure de jouer à des jeux
collectifs qui lui apprendront à se comparer aux – Tous ces signes d’indépendance marquent l’auto-
autres. Il tend à se faire valoir, il a un profond désir nomie de l’enfant.
d’autonomie, mais en même temps reste très dépen-
dant de son entourage. Il a besoin d’être approuvé et 4. Les troubles du langage et de l’écriture
rassuré, de se sentir aimé et écouté dans son milieu
familial et dans la structure qui l’accueille. Les troubles du langage et de l’écriture
Les troubles du langage et de l’écriture sont une
perturbation de la structure du langage parlé ou écrit
chez un enfant qui entend bien, qui a envie de commu-
niquer et qui n’a pas de pathologie neurologique.

Les troubles du langage et de l’écriture entraînent des


troubles de la communication, du comportement et
des difficultés dans l’apprentissage du langage écrit,
donc dans la scolarité et dans la vie sociale.

Fig. 19 Enfants jouant ensemble © Claudia Paulussen - Fotolia

b. À partir de 4 ans
– La solitude dans le groupe se fait de plus en plus
rare. L’enfant va traverser une nouvelle période
d’instabilité : il cherche à être de plus en plus indé-
pendant, mais en même temps il prend l’adulte
comme modèle de toutes ses actions. Il se montre
autoritaire, agressif et ses rapports avec les autres
enfants sont difficiles. Malgré tout, ces rapports Fig. 20 Enfant en train d’écrire © valeriya - stock.adobe.com
sont essentiels dans son développement.
Parmi les troubles du langage et de l’écriture on
– Il commence à utiliser le « nous », ce qui prouve trouve :
qu’il se sent semblable aux autres.
– Le retard de la parole ou langage puéril : persis-
– Il peut s’habiller seul et aime choisir ses vêtements. tance de « parler bébé », l’enfant prononce mal les
mots et ne construit pas ses phrases.
– Il se sert d’un couteau à table.

22
Suivre les étapes du développement de l’enfant

– La dysphasie : trouble de l’élaboration du langage, Dès 3 ans, il aime jouer avec un enfant plus âgé, il
l’enfant éprouve des difficultés à s’exprimer ; il aime les animaux domestiques.
lui manque des mots, il parle dans une espèce
de jargon et est incapable d’exécuter des ordres C’est l’âge de l’imaginaire, les panoplies ou dégui-
simples par une difficulté de compréhension du sements lui plaisent, il invite souvent l’adulte à jouer
langage oral. avec lui. Les jouets de garage, ferme ou maison de
poupée lui permettent de se projeter dans un monde
– La dyslexie : difficulté d’apprentissage de la lecture, familier, il a besoin de reproduire la réalité qu’il
l’enfant confond certaines lettres ou les inverse. La ne différencie pas encore du monde imaginaire.
lecture est hachée, hésitante et incompréhensible. D’ailleurs, l’enfant ne joue pas toujours avec des
jouets élaborés : un simple carton vide peut très vite
– Le bégaiement : il s’agit d’une difficulté d’élocu- devenir une voiture ou une maison.
tion constituée de répétitions et de blocages au
cours de l’émission du langage, il s’accompagne Exemple : enfant qui joue à la dînette afin d’imiter
parfois de mouvements de la face, des membres l’adulte.
ou du corps entier, de difficultés respiratoires, de
rougeur du visage avec des sueurs, etc. Le bégaie- L’adulte propose d’écouter des histoires ou de lui en
ment est fréquent et banal chez l’enfant de 2 à raconter. Il ne se lasse pas d’écouter toujours la même
3 ans qui apprend à parler. Ce trouble disparaît histoire.
spontanément, mais il faut éviter les moqueries
ou les réactions d’inquiétude ou d’agacement qui À partir de 4 ans, il aime les jeux de patience memory
augmentent ce trouble et l’anxiété de l’enfant. Si le (cartes retournées à assembler par paires), les puzzles,
bégaiement persiste au-delà de 5 ans, l’orthopho- les jeux de construction plus minutieux.
niste prend en charge la rééducation. La psycho-
thérapie est nécessaire, car l’enfant a très souvent Pour répondre à ses besoins de créativité, l’adulte doit
des troubles affectifs associés. Parfois, les difficultés lui proposer des activités manuelles, lui laisser des
d’élocution persistent à l’âge adulte. feuilles et des crayons à disposition.

– Le zézaiement : il s’agit également d’un trouble Pour favoriser la socialisation, l’adulte doit donner
d’élocution. L’enfant déforme les mots en « zozo- des règles dans les jeux collectifs.
tant » ou en prononçant le son « che » au lieu de
« se ». Par exemple, il n’arrive pas à prononcer Le rôle de l’adulte
certains sons, éprouve des difficultés articulatoires. Entre 3 et 4 ans, l’adulte doit être une présence
discrète. Il doit savoir encourager l’enfant dans ses
B. Jeux et jouets expériences de jeux et choisir le moment de l’interrup-
tion du jeu car ses activités l’absorbent. L’enfant peut
d’ailleurs rechigner à les quitter pour aller manger ou se
coucher, ce qui peut être une source de conflits.

Les jeux vidéo, la télévision ou l’ordinateur peuvent


être utilisés par l’enfant, mais toujours avec le suivi
de l’adulte (respect des limites d’âge des jeux et des
programmes) et sans dépasser une certaine limite
dans le temps en fonction de l’âge. Comme toute
utilisation abusive, les écrans peuvent avoir des
conséquences négatives. Pour une bonne utilisation,
nous vous conseillons le rapport de l’Académie des
Fig. 21 Enfants en train de jouer © micromonkey - Fotolia sciences « L’enfant et les écrans » en consultation libre
sur le site de l’Académie des Sciences.
Pour satisfaire son besoin de bouger, l’enfant apprécie
les jeux de plein air : balançoire, toboggan, tricycle,
jeu de ballon.

23
C. Développement intellectuel Notion d’espace : à côté, loin, près, autour,
moyen, couché, debout, rond, carré, un peu,
1. Pensée prélogique ou intuitive beaucoup, contre, partout, droit, entier, rectangle.

Vers 4-5 ans, la pensée de l’enfant ne tend que dans 3. Notion du nombre
une seule direction : c’est-à-dire qu’il n’a qu’un point
de vue global, il n’est pas capable d’analyser les diffé- À partir de 5 ans, l’enfant est capable de compter
rences entre les objets, de raisonner de façon logique. jusqu’à vingt.

L’enfant continue de poser beaucoup de questions 4. Comportements difficiles


pour comprendre la réalité et arrive progressive-
ment à faire la différence entre le réel et son monde a. L’enfant violent
imaginaire. Malgré tout, il peut encore avoir peur à la L’enfant peut être violent, verbalement ou physique-
lecture d’une histoire. ment. La violence constitue chez l’enfant une réponse
possible à des situations différentes : maltraitance,
Exemple : lorsqu’il joue, l’enfant peut dire : « Dans le parents divorcés, famille recomposée, échec scolaire,
jeu on dirait que… » ou « C’est pour de rire ! ». parents démissionnaires ou incapables de représenter
la loi, milieu familial violent, etc. C’est pour l’enfant le
Développement intellectuel dernier moyen d’exister et de s’affirmer pour répondre
À 4-5 ans, l’enfant s’exprime bien, ce qui faci- à une ou des situations perçues comme des atteintes
lite ses rapports avec les autres. Son intelligence s’est (réelles ou supposées) personnelles.
développée, il est capable de comprendre, de mémori-
ser, d’imaginer, de vouloir, de juger et d’avoir un début Pour aider l’enfant, les parents doivent intervenir rapi-
de logique. dement et de façon calme pour le reprendre en main.
En changeant de priorité pour se concentrer sur le
2. Notion espace-temps proche problème de violence, cela suffit en général à faire
disparaître des comportements violents qui étaient
L’enfant commence à se repérer dans le temps grâce des appels au secours : « Occupez-vous de moi ou je
à son rythme de vie et ses habitudes (repas, siestes, casse tout ». Les parents doivent reprendre leur rôle
activités, nuit). Il commence aussi à se repérer dans de parents, leur autorité, et rétablir la communication
l’espace par les mouvements du corps et le dessin. avec leur enfant en redéfinissant les interdits et les
autorisés. L’intervention d’un psychothérapeute fami-
Il commence à se situer dans le temps et dans l’es- lial peut aussi aider à résoudre ces difficultés.
pace proche : il ne connaît que le présent. Le futur
n’a aucun sens pour lui, c’est une notion longue à b. L’enfant agité
acquérir. L’enfant agité est inattentif, impulsif et remuant. Il
n’arrive pas à se concentrer sur une tâche précise,
L’anticipation se laisse distraire sans arrêt. Il est très rapide dans
L’adulte doit éviter d’annoncer trop tôt un fait ses actes, ses gestes, ses décisions et ne prend pas
afin que l’enfant ne soit pas déçu : l’attente est longue et le temps d’en mesurer les conséquences, pouvant
il ne peut pas la mesurer. parfois se mettre en danger. Étant très rapide, il bâcle
son travail, écrit mal et manque de soin, il évite l’effort
a. Acquisitions de 3 à 4 ans pour toujours aller au plus simple. Cette impulsivité
Notion de temps : temps proche, maintenant, fait qu’il ne sait pas attendre. Enfin, il bouge sans cesse
hier, tout à l’heure, demain, vite, doucement. et ne tient pas en place. À l’école, cela le perturbe,
Notion d’espace : devant, derrière, sur, sous, car il ne peut pas rester concentré et immobile. Il va
dedans, dehors, grand, petit, en haut, en bas. préférer les activités physiques où il reste également
difficile à canaliser.
b. Acquisitions de 4 à 5 ans
Notion de temps : plus grand, nuit, jour, les Face au comportement instable et imprévisible, les
quatre saisons. parents et le professionnel doivent instaurer un cadre
de vie calme et strict (ce qui ne veut pas dire sévère)

24
Suivre les étapes du développement de l’enfant

en évitant les rapports de force. Il faut vérifier que la – position de favori, enfant gentil, se laissant aimer,
consigne donnée a été entendue, comprise et rete- centre de polarisation pour les autres ;
nue. Pour tout comportement adapté et investisse- – enfant taquin ;
ment fourni, il faut féliciter l’enfant, cela l’encourage – enfant protecteur ;
à gagner confiance en lui. Il faut prévenir les risques – enfant meneur, prenant des initiatives de contact,
d’accident en redoublant de vigilance, car l’enfant est distribue les rôles et manipule les autres ;
inconscient du danger. – enfant agressif, obtenant ce qu’il veut par la force
ou la menace ;
Un enfant agité n’est pas forcément un enfant – enfant craintif, à l’aise seulement dans un petit
hyperactif. Il ne faut pas confondre les deux groupe.
notions. L’hyperactivité, dans son nom entier Trouble
Déficitaire de l’Attention avec Hyperactivité (TDAH), Les comportements sociaux
est un trouble neurologique, il s’agit donc d’un On observe les enfants « dominants » et ceux
diagnostic médical. Les enfants ayant un TDAH ont « dominés ».
un traitement adapté pour les aider à se concentrer.

D. Expression et communication
de l’enfant
1. L’enfant dans le groupe

La notion de groupe
La notion de groupe est indispensable au déve-
loppement de la personnalité de l’enfant.

L’attitude et le comportement sont des moyens de


communication qui vont permettre à l’enfant de Fig. 22 Deux enfants qui s’amusent © chihana - stock.adobe.com
créer des liens ou de les rompre par la menace ou la
douceur. Suivant le contexte, l’enfant n’utilise pas les 3. Agressivité et crainte
mêmes comportements.
À chaque étape importante de son développement,
Un groupe lui permet de s’affirmer et de se valoriser. l’enfant manifeste de l’agressivité (propreté, âge du
Les enfants jouent à plusieurs et celui qui est exclu « non »). Cela montre une difficulté ressentie pour
du groupe le vit mal. À cet âge, on change souvent s’adapter à une nouvelle étape. Si l’agressivité devient
d’amis : « T’es plus ma copine ! ». habituelle, cela montre un mal-être d’ordre affectif
chez l’enfant. Les parents doivent en rechercher la
Par ce biais, l’enfant apprend aussi à coopérer avec cause avant que la relation aux autres ne se dégrade.
les autres enfants ou adultes, ce qui aide les enfants
agressifs ou timides. L’enfant craintif ou timide est très souvent surprotégé
dans sa famille, qui ne lui laisse pas beaucoup d’au-
2. Types de comportements tonomie. L’adulte doit l’encourager à aller vers les
autres, afin qu’il ne reste pas seul et parfois malheu-
Les comportements sociaux sont variables d’un reux car ne sachant pas s’imposer. Il doit pouvoir
enfant à l’autre : se sentir considéré comme un partenaire en qui les
– enfant solitaire, ayant peu d’échanges avec les adultes ont confiance.
autres ;

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E. La maternelle ment besoin de ces relations nouvelles, même si la
transition n’est pas toujours facile chez le tout-petit.

L’accueil dans les maternelles est le plus souvent


progressif, avec la participation des parents, ce qui
facilite grandement ce premier contact.

La maternelle apporte de grands changements dans


la vie de l’enfant :
– nouveaux visages et nouveaux locaux ;
– repas en groupe le midi ;
– sieste dans un endroit inconnu ;
– être appelé par son nom de famille, bien que cela
soit moins systématique ;
– garderie avant et/ou après l’école, selon les
horaires des parents.

L’enfant peut s’y sentir perdu, obligé de partager une


maîtresse avec trente copains, ne sachant pas encore
bien s’exprimer, ni s’habiller, se déshabiller seul ou
Fig. 23 Enfants avec leur cartable © Fotofreundin - Fotolia supporter le rythme.

À partir de 3 ans, l’enfant prend connaissance du Il faudra quelques semaines pour qu’il s’y habitue et
nouveau milieu de vie en société qu’est l’école. maîtrise seul cette nouvelle situation.

Si l’enfant n’est jamais allé en crèche ou chez un 3. Précautions à prendre


assistant maternel, l’entrée à la maternelle constitue
la première coupure avec le milieu familial. L’école est fatigante pour l’enfant : il faut se lever
souvent plus tôt, ne pas être en retard, il y a beaucoup
L’âge légal d’entée à la maternelle de monde et du bruit. Les parents doivent organiser
L’âge légal d’entrée à la maternelle se situe leur journée, essayer, au début, d’accompagner ou
entre 2 et 6 ans ; elle est obligatoire à compter de la d’aller chercher leur enfant. Il faut que la transition se
rentrée 2021. fasse progressivement.

1. Objectifs et fonctions Parfois, après deux ou trois semaines, l’attrait de la


nouveauté est passé, l’enfant comprend qu’il faut aller
La maternelle permet la socialisation, la stimu- à l’école tous les jours. Cette obligation pesante ne lui
lation de l’intelligence et le développement de plaît plus du tout : il pleure, fait des cauchemars, se
l’imagination. replie sur lui-même. Les parents doivent lui montrer
qu’ils s’intéressent à ce qu’il fait à l’école, lui poser
Elle remplit plusieurs fonctions : des questions, écouter ce qu’il raconte, sans le forcer
– apprentissage social pour l’enfant ; s’il n’a rien à dire.
– apprentissage sensorimoteur plus facile ;
– réduction des inégalités sociales ; Affection et encouragements
– dépistage d’éventuels troubles de l’enfant. Grâce à cette affection et ces encouragements,
l’enfant va développer sa curiosité et son envie d’aller à
2. Adaptation l’école.

L’instituteur constitue un substitut maternel, ce qui Certaines situations ne facilitent pas l’adaptation :
montre l’importance de développer de bonnes rela- déménagement, naissance d’un bébé (l’enfant pense
tions dès le début. L’enfant de 3 ans a particulière- qu’on se débarrasse de lui), hospitalisation d’un des

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Suivre les étapes du développement de l’enfant

parents (manque affectif à combler et équilibre fami- complémentaire à celui des enseignants, il va, entre
lial à retrouver), reprise du travail de la maman, etc. autres, aider les enfants à acquérir une certaine auto-
nomie dans la vie quotidienne. Il s’agit d’un élément
F. Étude de cas important dans leur apprentissage de la vie en société.

1. Contexte Voyant que Laurie reste en arrière, M. Parodi va l’en-


courager à rejoindre le groupe, lui montrer les bons
M. Parodi, ATSEM à l’école du Village depuis 3 ans, gestes pour se laver les mains, prendre le temps de lui
travaille en binôme avec l’institutrice de petite montrer l’exemple si besoin et la féliciter. M. Parodi
section. ne lave pas les mains de Laurie à sa place et ne montre
pas de signes d’impatience si elle n’y arrive pas seule
2. Situation étudiée tout de suite.

En octobre, les enfants ne sont pas encore autonomes Il va ainsi aider Laurie à se construire des repères dans
dans les activités de la vie quotidienne et Laurie, l’espace et dans le temps pour qu’elle se sente en sécu-
3 ans, est timide, souvent seule et vite impressionnée. rité. Le passage aux sanitaires se déroulant toujours de
La collectivité est quelque chose de nouveau pour la même façon, Laurie pourra, la prochaine fois, se
Laurie. Auparavant, elle était gardée par sa mère, qui rendre aux sanitaires avec moins d’appréhension.
ne travaille pas.
4. Conclusion
Dans la matinée, après l’atelier peinture, M. Parodi
invite les enfants à se regrouper en file indienne pour Tous les enfants n’évoluent pas au même rythme.
se rendre aux sanitaires qui se trouvent à côté de la Certains enfants, comme Laurie, ont besoin de plus de
classe. Laurie reste seule dans la classe, elle n’a pas temps pour s’habituer et maîtriser seuls une nouvelle
suivi le groupe. M. Parodi s’en aperçoit. situation. Dans cette situation, M. Parodi a su se
rendre disponible un court instant pour répondre
3. Analyse de situation aux besoins affectifs de Laurie qui sont les besoins
de grandir, de devenir autonome, d’être reconnue,
Comment M. Parodi doit-il réagir ? Quel est son rôle ? rassurée et encouragée dans ses capacités. En effet,
le professionnel doit rester attentif, avoir une attitude
Petit à petit, à l’école en particulier, les enfants vont bienveillante, valorisante et savoir signaler à l’ensei-
apprendre à être autonomes. L’ATSEM a un rôle gnant toute situation difficile qui perdure.

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