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CHAPITRE 3 : LA COMMISSION DE L’EXPERT

JUDICIAIRE

Première étape de la procédure : Le juge dispose d’un pouvoir


discrétionnaire pour décider de commettre un expert judiciaire.
Deuxième étape de la procédure : Cette décision aboutit au
déroulement de l’expertise.
Troisième étape de la procédure: Elle débouche sur l’établissement
d’un rapport d’expertise dans les délais requis.

Section : 1- Le pouvoir du juge à commettre un expert judiciaire :

La décision de commettre un expert judiciaire relève du pouvoir


d’appréciation souverain du juge.
Ceci résulte de l’article 101 du C.P.C.C qui prévoit que « s’il est
nécessaire de procéder à une expertise et à défaut d’entente entre les
partie sur le choix de l’expert, le juge le désigne ».
Cet article ne se prononce pas sur les cas où la nomination d’un expert
judiciaire est nécessaire.
L’article 213 du CPCC accorde au président du tribunal de première
instance et au juge cantonal le pouvoir de délivrer des ordonnances sur
requête s’il y a péril en la demeure et ce afin de « prescrire toutes
mesures propres à sauvegarder les droits et intérêts qu’il n’est pas
permis de laisser sans protection ».
Ces ordonnances n’ont pas besoin d’être motivés. Elles doivent être
rendues immédiatement, et au plus tard, dans les vingt-quatre heures
suivant la date de la requête.
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Section 2 :LA DECISION DE COMMISSION DE L’EXPERT :

A- Nombre d’experts commis :


Lorsque le juge estime nécessaire, il procède à la nomination d’un ou
de plusieurs experts.
En principe et par souci d’économie, un seul expert est commis. Mais
le juge peut se trouver dans l’obligation d’opter pour la pluralité
d’experts.

En effet, il arrive qu’une affaire nécessite la commission de plusieurs


experts spécialisés dans des domaines différents ou bien si l’Etat ou
une collectivité publique est partie au procès.
Dans ce dernier cas l’article 102 CPCC, prévoit que « Si l’Etat ou une
autre collectivité publique est partie à un procès, l’expertise ne peut se
faire que par trois experts, à moins que les parties ne consentent qu’il
y soit procédé par un seul ».
L’expert est choisi par le juge à la lumière de la liste officielle
d’experts judiciaire.
Mais n’ayant qu’une valeur indicative, le juge peut choisir un expert
en dehors de liste et sa liberté n’a de limite que le respect de
l’exigence d’une spécialisation chez l’expert.

B- CONTENU DE LA DECISION :

La décision du juge doit indiquer les travaux à réaliser :


L’article 103 du CPCC : « La décision‫حكم تحضرى‬ »désignant le ou les
experts doit indiquer :

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1) La mission avec toute précision et exactitude ainsi que les
diverses opérations à accomplir ;
2) Le montant de la provision à avancer à l’expert sur les frais
de l’expertise et la désignation de la partie qui en est tenue.
3) Le délai imparti pour le dépôt du rapport d’expertise au
greffe.

Ce délai ne doit pas dépasser trois mois et il ne peut être prorogé


qu’une seule fois et à la double condition que la prorogation ne
dépasse pas trois autres mois et qu’elle soit accordée par une décision
motivée sur la demande expresse du ou des experts selon les cas.

Dès la désignation de l’expert, le greffier l’invite, par lettre


recommandée, à prendre connaissance des pièces de la procédure qu’il
ne peut se faire remettre qu’avec l’autorisation du juge.

Le greffier lui remet également copie de la décision le désignant.

L’expert peut, dans les cinq jours qui suivent la réception de la


mission qui lui a été confiée, demander à être déchargé notamment s’il
justifie ceci par un motif légitime.
Dans ce cas, le président du tribunal ou son délégué décide de son
remplacement.
La décision ordonnant l’expertise indique le montant de la provision à
avancer à l’expert sur les frais de l’expertise et la partie qui en est
tenue.

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Normalement, il s’agit de la partie à qui incombe la charge de la
preuve (généralement le demandeur) mais le juge peut désigner
comme débiteur de l’avance le défendeur.

Le juge fixe librement le montant de l’avance. Normalement il doit se


rapprocher de la rémunération définitive prévisible pour permettre aux
parties de se faire une idée précise du coût et que l’expert ait une
garantie d’être payé une fois l’expertise est achevée.

Par ailleurs, l’ordonnance de nomination fixe le délai de paiement de


la provision.

Rien n’empêche son fractionnement si son montant est élevé. Le juge


peut proroger le délai de paiement. A défaut de paiement de la partie
désignée ou par toute autre partie de la provision dans le délai imparti,
l’expert n’est pas tenu d’accomplir sa mission.
Le défaut de paiement de l’avance entraîne la caducité de la décision
commettant l’expert.
Il peut être dérogé à cette sanction en cas de motif légitime ( cas de
force majeur).

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Section : 2- voies de recours à l’encontre de la décision de
commission d’un expert et remplacement de l’expert.

Ni les décisions ordonnant l’expertise, ni celles relatives au montant


de la provision ne sont susceptibles d’appel indépendamment du
jugement de fond.

Cependant, l’ordonnance de référé qui ordonne une expertise sur le


fondement des articles 201 du code de procédure civile et
commerciale peut faire l’objet d’un appel.

Si après l’exercice d’un recours, le jugement est annulé, la nullité


s’étendra au rapport d’expertise qui en est l’exécution.
Par ailleurs, le remplacement de l’expert se fait soit à la demande
l’expert lui-même soit à la demande des parties.

La première hypothèse est prévue par l’article 106 CPCC qui prévoit
que « l’expert, peut dans les cinq jours qui suivent la réception de la
mission qui a été confiée, demander à en être déchargé ».
Dans ce cas, le président du tribunal ou son délégué décide de son
remplacement.

La seconde hypothèse se présente lorsque l’expert ne remplit pas sa


mission dans le délai imparti ou bien lorsque la demande de sa
récusation a été admise.

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Il est admis que le remplacement n’est possible qu’au cas où l’expert
ne remplit pas sa mission dans le délai (sauf s’il justifie d’un
empêchement) dans ce cas l’expert sera condamné à payer des
dommages-intérêts et à restituer les frais frustratoires.
En dehors de ce cas, le remplacement de l’expert à la demande des
parties peut avoir lieu à la suite de sa récusation.
Les motifs de récusation sont les mêmes que ceux de reproche des
témoins prévus à l’article 96 CPCC .

- La récusation doit avoir lieu dans un délai ne dépassant pas cinq


jours à compter de la date où la partie a eu connaissance de la
nomination.

- La récusation de l’expert est inopérante si le motif de récusation


est le fait de la partie qui l’invoque, et ce postérieurement à sa
nomination.

Il est indispensable de faire la distinction entre la récusation de


l’expert et la contestation relative à sa qualification professionnelle.
Celle-ci peut être invoquée à tout moment.
L’expert remplacé doit restituer les frais frustratoires et ce sur une
simple ordonnance du président du tribunal.

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