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CHAPITRE 2 : LE DEROULEMENT DE L’EXPERTISE

L’étude du déroulement de l’expertise implique :


- des obligations de l’expert judiciaire lors l’accomplissement de
sa mission,
- du rapport d’expertise,
- de la valeur de l’expertise et mission supplémentaire
- et la rémunération de l’expert.

Section : 1- Les obligations de l’expert commis.


- L’expertise doit se dérouler en respect des droits de la défense
selon le principe du contradictoire ;
- Elle est assurée personnellement par l’expert commis ;
- Les parties sont tenues à un devoir de collaboration .
- L’expert est tenu de se limiter à la mission.
- Et aux délais impartis pour sa réalisation.
§ 1) Le principe du contradictoire :
L’expert doit veiller à convoquer les parties aux réunions par lettre
recommandée avec accusé de réception.
Cette obligation s’explique par le fait que la pertinence de l’avis
exprimé par l’expert dépend de la participation aux opérations
d’expertise.
L’expert ne peut se contenter de recueillir des renseignements
émanant d’une seule partie.
Il doit mentionner dans son avis la suite qu’il a donné aux déclarations
des parties.

L’absence des deux parties ou de l’une d’entre elles n’est pas de


nature à faire obstacle à la poursuite des travaux d’expertise si elles
sont régulièrement convoquées.

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Mais une procédure judiciaire irrégulière à son déclenchement peut
être régularisée si l’adversaire se présente aux travaux d’expertise.
La partie non convoquée peut soulever la nullité devant le juge de
fond.
Elle ne peut constater la validité de l’expertise pour la première fois
devant la cour de cassation.

Les parties doivent avoir accès à tous les documents ayant servi à
l’élaboration du rapport d’expertise et ce avant le dépôt du rapport.

La présence des parties n’est pas nécessaire lorsque l’expert procède à


des simples constatations matérielles ou à des investigations purement
scientifiques.

§ 2) L’exécution personnelle de la mission :

L’expert doit accomplir la mission qui lui est confiée personnellement.


Il ne peut en donner délégation à un tiers, même s’il est expert. Il peut
arriver que certaines investigations ne relèvent pas de la compétence
technique de l’expert commis (par exemple recourir à un laboratoire
d’analyse). Le code de procédure civile et commerciale ne précise pas
si l’expert peut y recourir sans en référer au juge.
Mais la prudence est recommandée dans ce cas.
§ 3) le devoir de collaboration des parties :
Les parties sont tenues à un devoir de collaboration en vertu duquel
elles doivent remettre à l’expert les documents qu’il estime nécessaire
à l’accomplissement de sa mission.
§ 4) Le respect des limites de sa mission :
L’expert doit se limiter à la mission qui lui est confiées. Il ne peut de
son chef étendre sa mission. L’expert n’a pas pouvoir de concilier les
parties. Il se peut que pendant l’expertise les parties se concilient.
Dès lors, l’expert doit constater que sa mission est devenue sans objet.

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§ 5) Le respect du délai de l’expertise :

Le tribunal fixe le délai d’exécution de l’expertise. L’expert peut


demander au juge de proroger le délai d’achèvement des travaux
d’expertise. Pendant le déroulement de l’expertise, le dossier n’est pas
retiré du rôle du tribunal.
L’affaire est ajournée d’audience jusqu’à achèvement des travaux
d’expertise.

Section : 2- Le rapport d’expertise :

A l’issue de ses travaux d’expertise, l’expert dresse un rapport écrit et


détaillé (art.110 CPCC). Il mentionne :
- particulièrement la présence ou l’absence des parties, tout en
reproduisant leurs déclarations, dûment signées par elles.
- Il étudie, analyse et vérifie les documents objet de l’expertise.
- Il doit faire les investigations nécessaires et répondre aux
questions demandées par la mission.
- Il indique avec précision son point de vue technique en le
motivant.
- Si l’expertise a été faite par plusieurs experts, chacun d’entre eux
doit dresser un rapport comportant son avis. Mais tous les
experts commis peuvent se mettre d’accord pour en rédiger un
seul comportant l’avis motivé de chacun d’eux.
- L’expert mentionne au bas de son rapport les frais exposés et ses
honoraires et le remet au président du tribunal ou son délégué
pour taxe.

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Le rapport ainsi que tous les documents remis à l’occasion de la
mission sont déposés par l’expert au greffe. Et il en informe les parties
par lettre recommandée dans un délai de 24 heures.

L’expert mentionne au bas de son rapport les frais exposés et ses


honoraires et le remet au président du tribunal ou son délégué pour
taxe.
Une fois l’ordonnance de taxation est rendue, l’expert demande
paiement. Il peut différer le dépôt du rapport d’expertise au greffe tant
qu’il n’a pas été réglé de ses frais et honoraires dûment taxés.

Aucune forme de rapport actuellement n’est exigée.

Section : 3- Valeur de l’expertise et mission supplémentaire

L’article 112 CPCC énonce que l’avis de l’expert ne lie pas le


tribunal. Il faut préciser que le tribunal ne peut adopter le rapport
d’expertise que s’il est fondé sur des éléments certains.
Ainsi, le juge peut évaluer l’avis rendu par l’expert, généralement à la
lumière des observations des parties.
S’il est convaincu de leur pertinence, il peut s’écarter de l’avis de
l’expert, mais dans ce cas, il doit motiver sa décision.
En cas de contradiction des expertises le tribunal doit ordonner une
autre expertise ou faire valoir l’une d’entre elles en motivant sa
décision.
Le tribunal peut fonder sa décision sur l’avis de la majorité des
experts.
Si le juge n’est pas suffisamment éclairé par le rapport d’expertise, il
peut entendre l’expert en présence des parties ou les défenseurs de
celles-ci. Le juge peut demander à l’expert de préciser ou expliquer
ses conclusions soit par écrit soit à l’audience.
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Il peut aussi étendre sa mission ou confier une mission particulière à
un autre expert.
De même, le juge peut opter pour une contre-expertise.

Section : 4-LES DROITS DE L’EXPERT JUDICIAIRE :

L’expert a le droit :
- de se défendre lorsqu’il fait l’objet d’une sanction disciplinaire (
Voir. responsabilité disciplinaire).

- Il a également le droit à une rémunération qui correspond au


travail qu’il a accompli (§ 1).
- Et il dispose à ce titre d’un droit de rétention comme garantie de
paiement de cette rémunération (§ 2).
§ 1) La rémunération de l’expert judiciaire :

Le président du tribunal ou son délégué taxe la mission d’expertise.


Le juge fixe souverainement la rémunération globale de l’expert.
L’ordonnance de taxation des frais de l’expertise et des honoraires de
l’expert est susceptible d’opposition dans un délai de 8 jours à partir
de sa signification.
Il est statué sur l’opposition par une ordonnance motivée non
susceptible d’appel et ce dans un délai maximum de 8 jours.
L’opposition ne suspend pas le paiement des frais et honoraires taxé.

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§ 2) LE DROIT DE RETENTION :
Conformément à l’alinéa 2 de l’article 14 de la loi de 1993, l’expert
judiciaire peut en cas de non-paiement de ses honoraires, exercer le
droit de rétention sur les documents et autres qui lui sont remis dans le
cadre de son travail.

Le droit de rétention peut s’exercer sur des documents ayant une


valeur intrinsèque, tels les récépissés de connaissement maritime, les
titres au porteur…

L’expert ne peut procéder à l’exercice de ce droit de rétention


qu’après ordonnance sur requête du président du tribunal dont il
relève.

En effet, le contrôle du juge est utile pour empêcher un abus de droit


ou l’atteinte à des droits des tiers.

Ainsi, le juge peut empêcher qu’un droit de rétention puisse être


exercer sur un document médical (radiographie) afin de respecter la
vie de l’individu.

De même, l’ordre public pourrait faire obstacle à la rétention d’une


carte d’identité ou d’un passeport.

Les honoraires de l’expert judiciaire se prescrivent dans le délai d’une


année à compter de la date de l‘homologation, ou de la révision de la
rémunération par le président du tribunal.

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