Lca Guide Csrd 2024 (2)

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CSRD

LE RAPPORT DE DURABILITÉ :
DE LA CONFORMITÉ AU PILOTAGE DE LA PERFORMANCE
Le reporting de durabilité au service de la résilience
et de la performance des coopératives agricoles

3e édition | septembre 2024

Corporate Sustainability Reporting Directive


Directive sur le reporting de durabilité des entreprises,
transposée en droit français en décembre 2023.
INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

À propos du guide
Ce guide ne traite pas de :

SOMMAIRE
Ce guide sur le reporting de durabilité des coopératives L’audit. Si les processus de reporting, les contrôles, les
agricoles est la 3e édition. livrables pour l’audit et l’audit lui-même sont abordés,
D
 écembre 2014, premier guide d’accompagnement au ils ne sont pas détaillés.
La digitalisation et le balisage (« tagging »).
reporting RSE. Introduction p2
Abordés là aussi dans le guide, mais non approfondis
 J uin 2018, 2e guide pour supporter la mise en œuvre de I - La vue d’ensemble de la réglementation p3 tant sur l’éventail des besoins que des solutions. La
la Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF), digitalisation est un projet en soi, incontournable et
issue d’une directive européenne (EU-NFRD). II - Focus sur 5 exigences clés. p19 indispensable.
S
 eptembre 2024, 3 guide pour accompagner la mise en
e Le détail de chaque ESRS et des 1052 points de
Le modèle d’affaires, la chaîne de valeur et la stratégie données. Le guide aborde les fondamentaux et
œuvre de la directive Européenne (EU-CSRD) transposée (ESRS*2-SBM-1) p20
quelques ESRS (normes) clés : ESRS 1 et 2, E1. Il renvoie
en droit français (ordonnance et décret) sur le reporting
La prise en compte des parties intéressées, des parties au besoin sur les ressources adéquates et aux tableaux
de durabilité. Un acte délégué de l’Union Européenne,
prenantes (ESRS 2-SBM-2) p26 de l’EFRAG.
d’application directe normalise le reporting. La forme du rapport de durabilité. Le guide présente
Ce guide s’adresse principalement aux coopératives L’analyse en double matérialité des enjeux (impacts, des exemples de méthodes pour les travaux internes,
risques et opportunités) (ESRS 2-SBM-3) p28 voire des exemples de présentations. Les coopératives
nouvellement* concernées, aux responsables QSE-RSE,
aux « DAF », aux dirigeant·es et à l’ensemble des équipes restent libres dans leurs stratégies de publication, de
Le processus pour déterminer les enjeux
et experts en charge des questions environnementales, les plus « matériels » (ESRS 2-IRO1) p31
la présentation et l’illustration dans un rapport de
durabilité, ce, dès lors que les critères de conformité
sociales, sociétales et de gouvernance, selon les
Focus sur le changement climatique, de l’atténuation sont remplis.
organisations. Il peut aider, bien sûr, les « grandes » Coops,
à l’adaptation (ESRS-E1) p38
déjà aguerries à la DPEF.
Il soutient une montée en compétence collective dans III - La conduite d’un projet de reporting et de pilotage
de la performance ESG p40
l’ensemble de l’écosystème des coopératives agricoles :
partenaires, fournisseurs, institutions, centres de recherche, IV - Retours d’expériences de la gestion de projet
organisations professionnelles, clients. et benchmark des enjeux clés du secteur agri-agro p57 Les autres ressources mises en
De l’avis général, l’ensemble réglementaire des textes de la
« CSRD » est lourd et complexe. C’est un droit interprétable
V - Vers un pilotage intégré de la performance globale p66 œuvre par La Coopération Agricole
et qui se construit. 50 pages de l’ordonnance de VI - Annexes : calendrier, exemples de politiques au service des transitions
transposition, 50 pages de décret, 300 pages de la et plans d’action, ressources, acronymes et sigles,
définitions p72
En appui au besoin de montée en compétences et de
norme par acte délégué, deux guides d’implémentation ressources des équipes des coopératives :
(Matérialité, Chaîne de valeur), 1 052 points de données… Les équipes RSE de La Coopération Agricole proposent
Crédits : une publication de La Coopération Agricole
Un guide de 80 pages ne saurait embrasser la totalité des et de son réseau p82 des accompagnements collectifs comme des
textes et interprétations. webinaires, ateliers et outils dédiés à la CSRD, dont le
Aussi, le guide a pour vocation de vous aider à construire présent guide.
*ESRS : European Sustainability Reporting Standards (acronyme utilisé
un chemin de conformité, progressif, adapté à la taille Les fédérations régionales de La Coopération Agricole
le plus souvent) ou Standards Européens de Reporting de Durabilité
et la maturité de votre organisation. Un chemin avant (en français)
proposent également des accompagnements sur-
tout utile à la performance et la pérennité de votre mesure avec des outils adaptés aux différents niveaux
de maturité des démarches RSE des coopératives..
coopérative.
Ces dispositifs complémentaires sont décrits en
*voir le détail sur les critères et seuils d’éligibilité page 6
annexe, page « Les ressources du réseau La Coopération
Agricole » (p. 77)

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 1


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Le contexte des coopératives agricoles

La Coopération Agricole s’illustre depuis toujours par un


modèle unique : Jean-François Monod, Président du Comité RSE de La Coopération Agricole

 des associés-coopérateurs nombreux, différents, avec des Mettre le pilotage de la durabilité au service de la compétitivité des coopératives. La notion de
enjeux forts de gouvernance ; richesse d’une organisation, longtemps évaluée au seul prisme de ses performances économiques,
évolue et nous mène à concevoir des systèmes comptables cherchant à valoriser tant les capitaux
 des contrats d’apports avec l’exigence d’une rémuné- financiers qu’humains et naturels. Appuyée sur trois piliers, environnementaux, sociaux et de
ration et d’une visibilité dans le temps permettant tant gouvernance, une démarche de responsabilité sociétale (RSE) permet aux entreprises de mieux
la pérennité des exploitations que des filières ; prendre en compte leurs impacts sur l’environnement, les personnes et la réduction de ces impacts
d
 es approvisionnements mutualisés, pour bénéficier dans le temps long. Ce temps long, c’est également celui de l’agriculture et des coopératives agricoles
: ces dernières, par leurs activités intimement liées à la nature et aux personnes, et leur modèle de
d’un effet d’échelle ;
gouvernance articulé autour des associés-coopérateurs, premières parties prenantes des coopératives,
d
 es clients en BtoB puissants, distributeurs ou grands ont naturellement intégré la RSE à leurs stratégies et sont pleinement engagées dans les transitions.
industriels de l’agro-alimentaire nécessitant un fort
Avec la directive européenne de décembre 2022 sur le reporting de durabilité, dite CSRD (Corporate
pouvoir de négociation. Sustainability Reporting Directive), la comptabilisation et la diffusion de ces engagements évolue. Si
Les coopératives mutualisent les ressources humaines et l’obligation de publier une déclaration de performance extra-financière concernait déjà une trentaine
de coopératives, c’est aujourd’hui plus de 150 coopératives et groupes coopératifs qui doivent réaliser
financières. Elles partagent à la fois les risques et bénéfices
un rapport de durabilité dès 2025. Demain, toutes les coopératives, en tant que membres de la chaine
économiques. Il n’y a pas une agriculture. Il en existe de de valeur de donneurs d’ordre, pourraient être amenées à rendre compte de leurs plans d’actions et de
multiples : produits de terroirs avec leurs signes de qualité leurs impacts financiers, humains et environnementaux. La CSRD, comme outil de pilotage de la triple
(AOP, IGP…), produits régionaux, produits de grande performance, devient alors un incontournable pour les coopératives : avec ce guide, La Coopération
consommation, produits de commodités pas ou peu Agricole s’inscrit dans cette vision globale et invite à rendre l’invisible visible.
transformés. Non seulement les coopératives agricoles sont
nombreuses (2100 en 2024), mais elles sont aussi différentes
par leurs tailles (TPE, PME, ETI ou groupes à vocation Florence Pradier, Directrice générale de La Coopération Agricole
internationale), par leurs filières ou leurs productions.
Du « volontaire » au « volontaire obligatoire » : accompagner les coopératives dans la CSRD. Face
La Coopération Agricole fait face à de nombreux défis : à une réglementation des enjeux liés à la RSE qui devient parfois complexe, La Coopération Agricole
p
 our leurs associés-coopérateurs, la rentabilité des se tient aux côtés des coopératives de son réseau : engagée dans la RSE de longue date, avec la
exploitations, la transmission, le coût du foncier, le création dès 2006 du diagnostic 3D (Destination Développement Durable) en Nouvelle-Aquitaine,
La Coopération Agricole publie en 2014 un guide d’accompagnement au reporting RSE, actualisé
renouvellement des générations ainsi que tous les en 2018 pour s’adapter à la déclaration de performance extra-financière, et porte en 2020 la norme
défis sociotechniques et environnementaux de la ISO 26 030, unique adaptation sectorielle et dédiée à l’agroalimentaire de la norme ISO 26 000,
production. S’y ajoute le changement climatique, dans référence internationale en matière de RSE. Ce guide sur le pilotage de la CSRD s’inscrit ainsi dans une
ses dimensions atténuation et adaptation, c’est l’enjeu de trajectoire d’expertise et vise à apporter des clés aux coopératives pour appréhender cette nouvelle
toute une génération et au-delà de tout un pays ; réglementation, se l’approprier et la mettre à profit dans leurs stratégies.
p
 our les coopératives elles-mêmes, les enjeux Les moyens humains et financiers importants, indéniablement nécessaires au déploiement de ce
environnementaux, les enjeux de capital humain, de nouveau format de reporting, ne doivent pas nous faire oublier l’impact positif des engagements pris
sécurité sanitaire, d’innovation, de valorisation des dans le cadre de la RSE : c’est avec l’objectif d’en faciliter la reconnaissance tout au long de la chaine
productions, par exemple avec des marques fortes ; de valeur que La Coopération Agricole soutient le déploiement de ce reporting RSE par le plus grand
nombre. Ce guide, ainsi que « Les parties prenantes au cœur de la démarche RSE » publié en avril 2024,
p
 our le pays, des enjeux de souveraineté alimentaire, de constituent les fondements d’une nouvelle offre d’accompagnement des coopératives développée en
dynamique économique et sociale des territoires. réseau par La Coopération Agricole : c’est l’expertise de toutes les équipes, nationales et régionales, qui
a permis de créer ensemble un socle d’outils communs, et qui vise à garantir une lecture harmonisée
de la RSE à toutes les coopératives agricoles et leurs parties prenantes, quel que soit leur ancrage
territorial.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 2


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

I/ VUE D’ENSEMBLE DE LA
RÉGLEMENTATION ET ENJEUX
DE LA MISE EN CONFORMITÉ

Le contexte de la réglementation p4

Une évolution réglementaire mondiale sur les


questions environnementales, sociales-sociétales p5

Le planning de mise en œuvre p6

Les points clés de la réglementation (ordonnance et décret) p8

L'essentiel sur les normes p9

Le principe de connectivité finance <> ESG p 13

La réponse à un enjeu matériel : [1] politiques →


[2] actions et ressources → [3] “indicateurs” p 14

Perdu dans les lois et les normes ? Revenir aux fondamentaux p 15

L’application dans le contexte spécifique des coopératives


et les recommandations pour la mise en œuvre p 16

10 questions sur la réglementation et son application p 17

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 3


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Les origines
Les acteurs Les ressources et guides
de la réglementation
de la réglementation de mise en oeuvre
Les guides de mise en oeuvre de l’EFRAG* : IG1)
La CSRD s’inscrit dans le prolongement de réglementations Évaluation en double matérialité ; IG2) Chaîne de valeur
antérieures françaises puis européennes. UE I L’Union Européenne : c’est elle qui définit et vote les ; IG3 Point de données ; Les questions <> réponses (Q&A)
 En 2001, la Loi NRE demande aux entreprises cotées termes de la loi (directives, règlements,...) et des normes. et la plateforme Q&A de l’EFRAG.
d’expliquer dans leur rapport de gestion, pour l’assemblée UE I L’EFRAG (European Financial Reporting Advisory
L’avis technique sur la mission d’assurance limitée en
générale des actionnaires, la manière dont elles prennent Group). C’est le comité technique qui établit et propose
matière de durabilité de la H2A, à date. version en cours
en compte les questions sociales, environnementales et les normes, Il en soutient la mise en oeuvre. Son mandat d’actualisation en juillet ?
sociétales. à l’origine limité aux normes financières est étendu aux
normes non-financières depuis avril 2021. Le guide de mise en oeuvre de l’ANC V2, juin 2024, Guide
 En 2010, c’est le Grenelle II. La loi s’applique aux
« déployer les ESRS… » : 8 ESRS à date. V3 en prévision.
sociétés non-cotées, de plus de 500 ETP*. Elle renforce Fr I L’ANC (Autorité des Normes Comptables). C’est
l’exigence de pertinence et rend obligatoire la vérification l’organisation qui participe avec l’EFRAG à l’élaboration Le présentation de la CNOEC (Experts Comptables).
des informations extra-financières par un Organisme des normes et en accompagne la mise en oeuvre.
Le guide sur la double matérialité par Audencia, ORSE,
Tiers Indépendant (OTI). Elle rend obligatoire aussi le Fr I L’AMF (Autorité des Marchés Financiers) accompagne IFACI et PWC
BEGES (Bilan d’Émissions de Gaz à Effet De Serre). Les les entreprises cotées dans la mise en oeuvre. Elle
coopératives agricoles deviennent éligibles*. travaille de concert avec l’ESMA (European Securities and Le guide « Les parties prenantes au coeur de la démarche
Markets Authority) qui réglemente les marchés financiers RSE » de La Coopération Agricole
 En 2014, l’Union Européenne (UE) généralise l’obligation
de reporting non-financier aux 28 pays de l’Union. C’est européens. Le portail RSE « Un chemin unique pour connaître et
la NFRD. Elle introduit l’approche par les risques et la Fr I La H2A (Haute Autorité de l’Audit) régule les répondre à ses obligations RSE » par le gouvernement
présentation du modèle d’affaires. Elle est transposée organisations en charge de l’audit des rapports de *À noter : toutes les publications de travail de l’EFRAG sont en
en droit français en 2017 et crée la DPEF (Déclaration de durabilité. Elle précise les termes de l’audit, participe aux anglais uniquement
Performance Extra-Financière). normes d’audit.
 En 2022, l’UE renforce et précise les exigences de
reporting dans une directive sur le reporting de durabilité Les acteurs Une réglementation
des entreprises : la CSRD (Corporate Sustainability
Reporting Directive).
* voir conditions d’éligibilité et seuils (ETP, CAff, Total de bilan, …)
de la mise en oeuvre interprétable et qui se construit

Pour les auditeurs : La CNCC (Compagnie Nationale des Comme toute réglementation, elle comporte une
Les textes de loi et les normes Commissaires aux Comptes) ; Filiance (Prestataires de part d’interprétation. C’est un travail collectif de
Services d’Assurances Indépendants) ; l’IFACI (Institut compréhension et de pratique. Par ailleurs, la CSRD
UE La Directive 2022/2464 du 14 déc. 2022 Français de l’Audit et du Contrôle Internes) ; les fédérations amène un changement profond qui s’inscrit au moins sur
UE Les Normes ESRS adoptées par règlement délégué agrées pour la révision coopérative. une période de 10 ans car les normes continuent de se
du 31 juil. 2023 et le rectificatif du 18 avril 2024
Pour les administrateurs : L’IFA (Institut Français des construire. Sont en cours :
UE Rectificatif au règlement délégué 2023/2772 du 31
juillet 2023, intégrant des modifications de vocabulaire Admin°) et le HCCA (Haut Conseil de la Coopérat° Agricole). UE EFRAG :
Fr La transposition par Ordonnance du 6 déc. 2023  Classification sectorielle (définition des secteurs en
Fr. Le Décret d’application du 30 déc. 2023 Pour les équipes RSE : l’ORSE (Observatoire de la
Responsabilité Sociétale des Entreprises) et le C3D (Collège lien avec la classification UE NACE) et normes sectorielles;
Fr. Le Décret relatif à l’ajustement des seuils des socié- Normes PME cotées ; Normes PME volontaires ; Normes
tés des Directeurs du Développement Durable).
pays tiers.
Pour les équipes Finance : La DFCG (Dirigeants Financiers  UE EFRAG et ESMA : Points de données associés aux
La loi dit « pourquoi reporter ? » et « quoi reporter ? ».
et Contrôle de Gestion) ; La CNOEC (Experts comptables). Normes pour le balisage ou tagging
Elle précise les acteurs et les termes de l’audit.
La norme dit « comment reporter ? ». Et bien sûr les organisations professionnelles à commencer  UE Norme d’audit de durabilité en cours d’élaboration
par La Coopération Agricole et les coops elles-mêmes ! par le CEAOB
Voir l’agenda de ANC en annexe, p. 73

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INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Une évolution réglementaire généralisée française, européenne et mondiale


des questions environnementales, sociales-sociétales et de gouvernance
La réglementation sur le reporting extra-financier dite CSRD s’inscrit dans le cadre plus général des réglementations
européennes et françaises qui visent à encadrer les questions environnementales, sociales, sociétales et de gouvernance.
Les autres réglementations*
On parle de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) ou d’ESG, pour Environnement, Social-Sociétal et Gouvernance qui peuvent impacter les
(thèmes principaux de la RSE).
En Europe, il s’agit du Pacte Vert avec un volet « finance durable » (voir ci-dessous). Hors Europe, la normalisation est conduite
coopératives agricoles
par l’organisation IFRS-ISSB (organisation en charge des normes financières mondiales). Elle a étendu ses activités aux
normes extra-financières. Chine, USA et d’autres pays ont des pratiques spécifiques.
 UE Directive sur les diligences de durabilité (CS3D
Finance durable : les 3 principales réglementations Corporate Sustainability Due Diligence Directive) :
Objectifs : modifier le comportement des acteurs économiques par une obligation de transparence,
responsabilité étendue et exigences spécifiques sur la
financer les transitions, flécher les investisselements vers les activités durables chaîne de valeur (risque sur la provenance et les conditions
sociales et environnementales de production des achats).
 UE Consommation durable et allégations
environnementales, directive sur les pratiques déloyales
(risque sur le marketing et la publicité des produits
alimentaires).
 UE PPWR (Packaging and Packaging Waste Regulation),
réglementation sur le marquage, la composition et le
recyclage des emballages (risque sur les emballages des
produits mis en marché par les coopératives).
 EU-DR, règlement sur la déforestation importée (risque
sur le soja importé).
 UE-SFDR, règlement disclosure pour le marché fi-
nancier (banques, assurances, investisseurs). Il comporte
des obligations de prise en compte et de reporting ESG.
(risque sur l’accès et le coût des financements, le coût des
assurances, l’inassurabilité).
 UE Règlement restauration de la nature, (impacts
possibles à terme, d’un plan national de restauration à
construire)
* sous réserves d’éligibilité

D’autres réglementations concernent la finance durable telles que : ESAP European Single Access Point, de déc. 2023 : digitalisa-
tion (tagging) et plateforme des informations financières et extra-financières (prév. 2028), encadrement des agences de rating
ESG, avr. 2024 (Transparency and integrity of ESG ratings) ; Standard Européen pour les obligations vertes (European green bond
standard), nov. 2023.

Zoom sur le climat et l’énergie


Objectifs à 2030 (-55% GES par rapport à 1990) et 2050 (vers la neutralité carbone), en lien avec l’accord de Paris (déc. 2015) Décret n° 2016-1504
Transition écologique et croissance verte de 2015 ; Loi énergie climat de 2019 ; Loi lutte contre le dérèglement climatique et renforcement des résiliences de 2021

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 5


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Un calendrier de mise en œuvre très engageant


L’éligibilité à une loi

Directe. Elle se détermine selon plusieurs critères ou seuils


tels que l’effectif (en ETP Équivalent Temps Plein), le CAff
(Chiffre d’Affaires), le total de bilan, le statut (SA, SAS, coop,
etc.), le critère « coté » ou « non-coté », le secteur, etc. Elle
se détermine au cas par cas.
Indirecte. Elle est déterminée par les exigences de vos
clients, de votre écosystème financier (banque, assurance,
investisseurs,...) par exemple.

Les évolutions à prévoir

Le reporting de durabilité interne (pilotage) et le rapport


de durabilité qui lui est associé (communication publique),
impliquent à dires d’expert, 10 années de transformation.
Le calendrier, doit être précisé à la fois pour la publication
et l’application :
 Les points de données pour la mise en oeuvre du
balisage. Finalisés, ils doivent être validés par l’ESMA puis
par l’UE sous forme de Réglement technique.
 Les normes PME cotées et PME volontaires.
À propos du calendrier Des mises en place progressive
 Les normes sectorielles. L’agriculture, l’élevage et la
• Un calendrier exigeant, compte tenu de la marche
optionnelles (phase-in) pêche font partie des secteurs prioritaires pour l’EFRAG et
à franchir, notamment pour les entreprises nouvelle- Lors de la mise en oeuvre de la CSRD, il est déter- l’UE.
ment concernées minant de regarder le chapitre ESRS 1-10 « dispo-  Pour aller plus loin : voir le calendrier prévisionnel de
• Un changement d’échelle : de 10.000 entreprises sitions transitoires » qui offre des « souplesses l’Autorité des Normes Comptables (ANC) de juillet 2024,
pour la précédente réglementation (EU-NFRD) à relatives » quant aux délais. Par ex. les données de en annexe p. 73
50.000 (EU-CSRD) l’année n-1, lors de la 1ère année de publication, ou
• L’extra-territorialité d’une réglementation euro- encore les informations de la chaîne de valeur.  Les évolutions de la loi elle-même : forcément imparfaite,
péenne : une nouveauté attendue… Elle s’applique une loi connaît toujours des amendements (ex. en cours
aux autres grandes entreprises non-européennes. En annexe c de l’ESRS 1, figure la « liste des exi- avec la V2 de la SFDR de 2019 pour le marché financier.). La
gences de publication introduites par étapes ». directive prévoit un réexamen en 2029 puis tous les 3 ans.
*Exercice 2024 EIP : établissements de crédit, des entreprises Nombre d’entre elles concernent les entreprises
d’assurance et de réassurance, des institutions de prévoyance,
des mutuelles, des sociétés dont les titres sont admis aux né-
avec un effectif ETP <750. Plusieurs d’entre elles
gociations sur un marché réglementé,... (règlement 537/2014 du concernent la complexité et les difficultés inhé-
parlement européen) + 500 ETP ( art. 33 de l’Ordonnance de rentes au calcul des « incidences financières es-
transposition) comptées… » (ESRS E, 1 à 5)

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 6


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

L’essentiel de la réglementation sur le rapport de durabilité :


lois et décrets d’application
À terme, les rapports seront publiés dans une plateforme
PERMETTRE D’ÉVALUER européenne (European Single Access Point). Cette exigence
ÊTRE ET DE COMPARER LES induit une « industrialisation » de la collecte, la consolidation
TRANSPARENT PERFORMANCES et la publication des données (voir plus loin pX). Les données
pourront être utilisées par tous les acteurs internes et externes
Depuis l’origine, les lois sur le reporting extra-financier sont La normalisation des données ESG qualitatives et évitant ou limitant les multiples demandes d’informations et la
une exigence de transparence. Pas une exigence de résultats quantitatives, inter-sectorielles (étape 1 : les normes déjà multiplication de fichiers excel, sources d’erreurs potentielles.
ou de moyens. Dans ce cas, c’est un rapport de durabilité publiées) et intra-sectorielles (étape 2 : normes sectorielles
« normé », inclus dans le rapport de gestion, pour l’Assemblée REF « Réf. EU Règlement ESAP 2023-2859 »
à venir) va permettre de mieux apprécier et comparer les
Générale Ordinaire (AGO) des associés-coopérateurs de la performances par l’ensemble des acteurs économiques,
coopérative. Ce rapport est public. Dire ce que l’on fait, faire au sein de la coopérative elle-même, avec son écosystème
ce que l’on dit. La transparence est une composante de la
confiance entre les acteurs économiques.
financier (banques, assurances, investisseurs), ses clients ainsi DONNER UNE COMPRÉHENSION
que la société civile.
ÉLARGIE DE L’ENTREPRISE
REF « ...rapport de gestion… » art. 225-100 du Code de Commerce. REF « les informations …sont présentées conformément aux normes
d’information en matière de durabilité… »(décret d’application 2023-
1394) Il s’agit de publier des informations sociales, sociétales,
environnementales et de gouvernance. On parle d’ESG
ACCÉLÉRER LES TRANSITIONS pour Environnement Social-Sociétal et Gouvernance. La
DES MODÈLES D’AFFAIRES thématique gouvernance est une nouveauté dans la loi.
PUBLIER Cependant le sujet est déjà largement pratiqué par les
L’objectif fixé dans la loi est la résilience des modèles d’affaires, coopératives dans les faits et par les entreprises qui publient
DES DONNÉES FIABLES un rapport. Enfin, la loi et de nombreux points des normes
la capacité à réagir et à s’adapter à court, moyen et long terme.
Cela nécessite de changer sa relation au temps et d’anticiper relèvent du capital immatériel.
Les données financières font l’objet de lois, de méthodes,
le devenir de la coopérative à 5, 10, 15, 20, 30 ans.... de normes, de compétences, de systèmes d’information, REF « ...rôles des organes de direction, d’administration… » (décret
de vérifications et certifications de longue date. C’est le d’application 2023-1394) « grandes entreprises … informations sur les
REF « ...degré de résilience du modèle commercial… » « ...risques et
même chemin qu’emprunte les normes extra-financières, ressources incorporelles » (ordonnance, 2023-1142 art.8)»
opportunités liés au modèle d’affaires » « compatibilité du modèle
commercial … avec les objectifs climat 1,5°… » (décret d’application normalisation et contrôles, afin de garantir des données
2023-1394) fiables, à la fois en interne pour le pilotage et en externe pour
la confiance entre les acteurs socio-économiques. Ce point
ANALYSER, PILOTER
est, de plus, généralisé à toute l’Europe. ET REPORTER
RENFORCER LE RÔLE ET REF « organisation et rôle de l’audit (ordonnance 2023-1142) » rapport EN “DOUBLE MATÉRIALITÉ”
L’IMPLICATION DE LA de certification des informations en matière de durabilité (décret
C’est un point central de l’évolution réglementaire. Il s’agit
d’application 2023-1394)
GOUVERNANCE d’analyser, de piloter et de reporter : (a) selon le point de
vue de la coopérative (impacts opérationnels, financiers,
La gouvernance s’entend par : l’assemblée générale, le conseil réglementaires et juridiques, de réputation), on parle dans la
d’administration (CAdm) et ses comités, le cas échéant, comité norme de “matérialité financière” ; (b) selon le point de vue de
de direction ou « ComEx » comité exécutif. Une transparence DIGITALISER LES DONNÉES la société et de l’environnement, on parle dans la norme de
élevée est exigée dans l’organisation, la compétence, EXTRA-FINANCIÈRES “matérialité d’impact”.
l’élaboration et le suivi de la stratégie de durabilité, et aussi
dans l’alignement des modalités de rémunération. REF « ...prise en compte des intérêts des parties prenantes et
Le « balisage » des données (encodage informatique, voir plus incidences sur celles-ci » « principaux risques et opportunités pour
REF « ... le rôle des organes de direction et d’administration… loin pX) et la publication du rapport selon un double format l’organisation » (décret d’application 2023-1394) « double importance
concernant les enjeux de durabilité… les compétences et l’expertise… » .pdf et « encodé » est déjà à l’oeuvre pour les sociétés cotées » (normes, règlement délégué 2023/2772)
(décret d’application 2023-1394) sur les informations financières (format électronique unique
européen). Cela est étendu aux données non-financières.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 7


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

L’essentiel de la réglementation sur le rapport de durabilité :


lois et décrets d’application

CONNECTER FINANCIER ET publics… » (loi 2023-973 du 23 oct. 2023 relative à l’industrie verte)
« ...amende de 3750€ en cas de non-publication et affichage
IMPLIQUER PLUS LARGEMENT NON-FINANCIER, ALLER VERS public de la condamnation ; 2 ans d’emprisonnement et 30.000€
d’amendes pour non désignation d’un organisme certificateur ; 5
LES MOYENNES ENTREPRISES ET UN PILOTAGE INTÉGRÉ ans d’emprisonnement et 75.000€ d’amendes pour obstruction
LES ENTREPRISES DE PAYS TIERS DE LA PERFORMANCE ou refus de présentation de preuves lors de la certification… » « ...
commission de sanction de la Haute Autorité de l’Audit et sanctions
Jusqu’à présent, seules étaient concernées les entreprises La loi et les normes redéfinissent le rôle des directions associées... »(Ordonnance no 2023-1142)
« +de 500 ETP* ». Étaient exclues aussi les SAS. La directive financières, des « DAF » pour les questions ESG. Elles
et la loi étendent et redéfinissent le champ et les seuils amènent à aller vers un pilotage intégré de la performance.
d’application : extensions au + de 250 ETP, aux SAS, aux PME Performance globale, performance plurielle, performance
cotées (normes et délais spécifiques), aux PME volontaires intégrée vont devenir la règle. L’analyse de la matérialité 150
(normes et délais spécifiques), aux sociétés ayant leur siège financière, les effets potentiels financiers du changement
hors Europe (normes et délais spécifiques). Sur ce dernier climatique, les dépenses en capital (CapEx) et les dépenses C’est l’estimation du nombre de coopératives et de
point, c’est une première en Europe : l’extraterritorialité opérationnelles (OpEx) sur les sujets prioritaires (les sujets groupes coopératifs considérés dans les seuils de la CSRD.
d’une loi ! « matériels ») sont autant d’informations exigées pour le Ce chiffre va évoluer avec les années.-
rapport de durabilité.
REF Directive 2022/2464
Elles impactent fortement le métier, les compétences et
* voir systématiquement et de manière détaillée les conditions
d’éligibilité (voir page 16) les systèmes des directions financières. Inévitablement
elles induisent de faire évoluer le pilotage de l’entreprise,
de la coopérative (voir chapitre spécifique page 66).

PILOTER LES ENJEUX SUR REF Réf. informations financières exigées par les normes, sous réserves
de matérialité “les informations …sont présentées conformément aux
L’ENSEMBLE DE LA CHAÎNE DE normes d’information en matière de durabilité…”(décret d’application
VALEUR 2023-1394)

Cela veut dire que la coopérative doit analyser les enjeux ALLER AU-DELÀ DE
prioritaires à la fois sur ses activités propres et sur sa
L’OPPOSABILITÉ AVEC DES
chaîne de valeur. Sont inclus dans la chaîne de valeur les
produits et services, les relations commerciales (ex. une SANCTIONS ET EXCLUSIONS
franchise) et la chaîne d’approvisionnement (ex. apports
La première des sanctions pour une entreprise, c’est
des associés-coopérateurs et autres achats directs et
l’absence de maîtrise des questions ESG. Pour autant,
indirects). Si le sujet semble une évidence, il est un défi
l’exigence de transparence implique une évolution
opérationnel pour les coopératives. Le nombre d’associés
des relations et comportements entre les acteurs
coopérateurs, leurs tailles, leurs indépendances en tant
socioéconomiques. Cela peut être un risque de réputation
qu’entité économique permet la mise en oeuvre de plan
(ex. société), l’exclusion de marchés publics ou privés (ex.
d’actions mais rend complexe et coûteux la collecte et la
clients), le tarissement de sources de financements (ex.
consolidation de données.
banques, ADEME). Cependant, la loi transposée prévoit
REF « ...portent sur les activités de la société et sa chaîne de valeur… » des sanctions et amendes en cas d’absence de mise en
(décret d’application 2023-1394)
oeuvre ou d’obstruction à sa mise en oeuvre. Enfin, des
sanctions sont prévues aussi pour les certificateurs.
REF « ...exclusion des marchés publics et certains financements

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Les normes européennes d’information en matière de durabilité (ESRS*)

L’essentiel sur les normes ou → Les 12 normes

standards
L’ordonnance et le décret disent le « pourquoi ? » et le
« quoi? ». Elle précise les processus d’audit (responsabilités,
méthodes, normes professionnelles) ainsi que le dispositif
de sanctions. Les normes disent le « comment » ?
Le niveau de détail et d’exigence sont élevés : le règlement
délégué comprenant les 12 normes fait 306 pages (version
du 26/07/2024)… Cela nécessite une bonne compréhension
(et de la pédagogie en interne). Par ailleurs, les normes
sont interprétables. Il faut être capable de « zoomer »
(rentrer dans le détail) et de « dézoomer » (respecter l’esprit
du texte et être synthétique).
La norme (ou ESRS*) 1, obligatoire, présente les exigences
à la mise en œuvre. Il n’y a pas d’informations à publier
(voir p X à X).
La norme ESRS 2 est la seule obligatoire en termes
de publication. Elle comprend 127 points de données
obligatoires (shall), dont 24 quantitatifs et 103 qualitatifs (+
de 80%) et 12 recommandés (may).
Les 10 normes thématiques E, S et G sont à analyser en
double matérialité.
Toutes les normes E, S et G, ne sont pas de même
importance ou aussi détaillées ou finalisées (ex. E1 40 *E1: en cas de non-matérialité, la norme exige que cela soit explicité. C’est la seule norme dans ce cas.
pages, E2 12 pages).
Il y a plusieurs niveaux d’information (voir schéma ci-
contre). DANS CHAQUE NORME (ESRS*), PLUSIEURS NIVEAUX D’INFORMATION ET DE PRÉCISION

Les exigences de publications (niveau 1) donnent lieu à Niveau 1 Des exigences de publications (DR Disclosure Requirement) 82 exigences de publication
1052 points de données (niveau 2). 913 points de données Niveau 2 Pour chaque exigence de publication, des « points de données » (DP DataPoint) + 1052 points de données pour le balisage (en cours)
sont soumis à l’analyse de matérialité des thématiques et Niveau 3 En annexe, des exigences d’application (AR Application Requirement) X exigences, pour la mise en oeuvre détaillée
de matérialité de l’information (normes E, S et G).
*European Sustainability Reporting Standards
Dans le détail des points de données, on distingue
des obligations (doit ou « shall » en anglais) et des
recommandations (peut ou « may » en anglais) à regarder
Informations sectorielles : Les normes sectorielles viendront compléter et éclairer les normes intersectorielles (voir annexe
de près lors de la mise en œuvre.
calendrier ANC p. 73).
Les points de données servent à la comparabilité et au
Informations spécifiques : La coopérative agricole reste libre de publier des informations spécifiques, sous réserve que
balisage informatique (voir page 12).
celles-ci soient conformes aux exigences de publication (1 Exigences générales).
*ESRS : European Sustainability Reporting Standard

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Focus sur la norme « Exigences générales » (ESRS 1)


qui s’applique à l’ensemble du reporting de durabilité*
*Version synthétique à vocation pédagogique, pour les personnes qui débutent leur reporting

L’essentiel sur la norme 1 (ESRS 1)


3 7
La préparation et
La double matérialité présentations des informations
Exigences Générales
Elle fait l’objet d’un chapitre dédié et approfondi (voir p. Il y a les informations de l’exercice précédent (informations
Elle est d’application obligatoire. Elle détermine les
28). En résumé, c’est analyser, piloter en interne et reporter comparatives) non requises lorsque l’on démarre son
exigences qui s’appliquent à l’ensemble du reporting
selon deux points de vue : le point de vue de la coopérative, reporting. Par ailleurs, lors de l’établissement du rapport,
de durabilité. Elle répond à un ensemble de questions
le point de vue de la société et de l’environnement. On parle il peut y avoir des incertitudes, des changements ou des
auxquelles sont confrontées les équipes lors de la mise
de « matérialité financière » et de « matérialité d’impact » corrections par rapport à la période antérieure, tout ce
en oeuvre parmi lesquelles : Qu’est ce que la double
qui concerne les informations sensibles aussi, ainsi que les
matérialité ? Quels sont les horizons de temps sur lesquels

4
renvois. Bref un ensemble de règles et de cas particuliers à
doit-on reporter ? Quels sont les critères de qualité d’un
La « diligence raisonnable » connaître et appliquer.
reporting de durabilité ? Quel est le niveau d’agrégation
des informations ? etc. Un ensemble de questions Il s’agit du processus selon lequel la coopérative identifie,

8
« techniques » qui méritent des réponses lors de la mise La structure de la déclaration
prévient et atténue les incidences négatives réelles ou
en œuvre. relative à la durabilité
potentielles de ses activités et de sa chaîne de valeur sur
les tiers, les personnes et l’environnement. Cette procédure Les informations doivent être structurées ainsi : Informa-

1.1
est décrite dans les principes directeurs de l’OCDE ou dans tions générales (ESRS 2), Informations environnementales
Les 3 catégories de normes les principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et (ESRS E1 à 5), Informations sociales et sociétales ESRS-S1
aux droits humains. Elle vise particulièrement la chaîne de à 4) et Informations sur la conduite des affaires (G1). Cette
Il en existe 3 valeur, au niveau international. structure est imposée et contraignante. Elle oblige notam-
 2 transversales : les ESRS 1 et 2 ment à éviter les redondances entre chapitres et à opérer
 10 thématiques : les E 1 à 5 , S 1 à 4 et G 1 ;

5
des renvois entre chapitres.
E pour Environnement, S pour Social-Sociétal La chaîne de valeur
et G pour Gouvernance

9
Les renvois et incorporations
 14 groupes sectoriels et 44 normes sectorielles (en cours) Il s’agit de prendre en compte lors de l’analyse, du pilotage
par référence
et du reporting, non seulement le périmètre contrôlé (art.

1.2
L233- alinéa 1 à 3 du Code de Commerce) : le périmètre Lorsqu’une information est publiée dans un autre chapitre,
Les 4 domaines financier, mais aussi la responsabilité étendue liée à voire dans un autre document, il convient de faire des
l’amont agricole, aux achats direct et indirect, aux produits renvois. On parle alors d’incorporation par référence (sous
La gouvernance : processus, contrôles et procédures et services vendus. Elle repose sur le principe de relation entendu à un autre chapitre). Cela s’applique aussi aux
pour gérer et contrôler les IRO (Impacts, Risques et commerciale établie. (voir p. 26) liens avec les états financiers.
Opportunités ESG) ; La stratégie : la stratégie et le modèle
économique en lien avec les IRO ; La gestion des IRO :

6 10
Les dispositions transitoires et
les processus pour identifier les IRO ESG et la gestion des Les horizons temporels
IRO ; Les indicateurs et cibles : la performance avec des
exigences introduites par étapes
objectifs, indicateurs et suivi de la performance La norme détermine le court (moins d’un an, l’exercice Ce point est déterminant pour lotir le projet, notamment
en cours), le moyen (1 à 5 ans) et le long terme (plus de 5 lors d’un premier rapport. Il permet certaines souplesses

2
ans). Elle recommande d’utiliser ces bornes temporelles ou dans les délais de mise en oeuvre. A regarder avec
Les principes qualitatifs pour le reporting d’expliquer le cas échéant celles retenues par l’entreprise. attention (voir p. 6)
Enfin certaines réglementations fixent leurs propres
Les informations doivent être pertinentes, donnant une horizons temporels à l’instar du changement climatique
représentation fidèle, être comparables, vérifiables et 2030 et 2050, selon l’accord de Paris.
compréhensibles.

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Focus sur la norme 2 « Informations générales » (ESRS 2)


et le niveau « exigences de publications »
ESRS 2 Informations générales (16 exigences de publication)
→ Une structure logique commune en 4 domaines
Les normes ont toutes la même structure : 1 Préparation du rapport de durabilité
 Gouvernance 1 BP-1 � � Bas généales d’établisseement des déclarations
2 BP-2 � � Publication d’informations relatives à des circonstances particulières (horizons temporels, �
 Stratégie
� � estimation de la chaîne de valeur, sources d'estimation et d'incertitude, changements dans la �
 Gestion des impacts risques et opportunités
� � préparation et la présentation, erreurs d'information, etc.)
 Indicateurs et objectifs
2 Gouvernance
Pour la norme 2 uniquement, il y a un chapitre spécifique qui explique la
préparation du rapport de durabilité (BP). 3
4
→ Des exigences de publication
Le nombre d’exigences de publication varie selon les normes (dans ce cas, il y 5
en a 16). Elles structurent et définissent les attendus généraux.
6
→ Une information structurée et un niveau de détail élevé
Si le décret de la DPEF faisait quelques pages, la norme en fait 280. Chaque
exigence de publication est détaillée dans la norme. Elle est ensuite codifiée
7
dans des points de données.
3 Stratégie
→ Les bases d’un balisage, une codification de l’information en
matière de durabilité 8 SBM-1 � � Stratégie, modèle économique et chaîne de valeur

Les mentions GOV, SBM, IRO, etc. sont le début du balisage (voir page suivante 9 SBM-2 �� Intérêts et points de vue des parties intéressées
ex. sur GOV-1) des points de données. 10 SBM-3� � Impacts, risques et opportunités (IRO) importants (matériels) et leur lien avec la stratégie et le �
� � modèle économique
→ La continuité sur certains principes clés
Le reporting de durabilité c’est : a) un modèle d’affaires (SBM-1) ; b) qui génère 4 Gestion des Impacts, Risques et Opportunités (IRO)
des « risques » (SBM-3) ; c) qui doit faire l’objet de politiques (MDR-P), actions
et ressources (MDR-A) ; d) piloté à l’aide indicateurs et objectifs (MDR-M)
et suivi dans le temps (MDR-T). Ces points étaient déjà en partie dans les 11
réglementations précédentes. Ils sont renforcés en termes d’exigences et
précisés. 12

→ La norme 2 Informations générales est la seule dont la publication


est obligatoire.
13
C’est la plus exigeante aussi car elle comprend notamment des éléments clés 14
tels que le modèle d’affaires et la chaîne de valeur, les parties intéressées ou
les résultats, le processus et l’analyse en double matérialité. Bien sûr d’autres 5 Métriques (Indicateurs) et cibles (objectifs et résultats)
informations sont clés et seront matérielles (ex. E1).
15
16

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 11


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Focus sur la norme 2 « Informations générales (ESRS 2)


et le niveau « points de données », le balisage
Pour chaque exigence de publication des points de données N° Exigence Type
Code de balisage Contenu
ESRS d'application d'information
 L’exemple ci-contre, en anglais à l’origine, est issu des travaux
de balisage de l’EFRAG (version du 31 mai 2024). Il s’agit d’une ESRS 2 GOV-1 21 Narratif Information sur la composition et la diversité des membres des organes d’administration, de gestion et de surveillance

traduction non officielle. Vous devez à tout moment disposer ESRS 2 GOV-1 21 a Nombre entier Nombre de membres exécutifs

de ces informations. ESRS 2 GOV-1 21 a Nombre entier Nombre de membres non exécutifs

 Pour cette exigence de publication ESRS 2-GOV-1, il y a 19 ESRS 2 GOV-1 21 b Narratif Information sur la représentation des employés et autres travailleurs
points de données. Leur nombre varie de 1 à +/- 35 selon les cas ESRS 2 GOV-1 21 c AR 5 Narratif Information sur l’expérience des membres en rapport avec les secteurs, produits et zones géographiques de la filiale
dans l’ensemble des normes.
ESRS 2 GOV-1 21 d Pourcentage Pourcentage des membres des organes d’administration, de gestion et de surveillance
 Il y a 1052 points de données pour l’ensemble des 11 normes
ESRS 2 GOV-1 21 d Pourcentage Ratio de diversité de genre au sein du conseil d’administration
concernées (la norme 1 n’a pas d’exigence de publication).
 Ce travail de normalisation de la codification, le balisage, ESRS 2 GOV-1 21 e Pourcentage Pourcentage de membres du conseil d’administration indépendants

devrait être avalisé en Q4 2024 par l’ESMA. En attendant, il y a ESRS 2 GOV-1 22 AR 3 Narratif Information sur les rôles et les responsabilités des organes d’administration, de gestion et de surveillance

lieu d’anticiper avec les fichiers de l’EFRAG. ESRS 2 GOV-1 22 a Narratif


Information sur l’identité des organes d’administration, de gestion et de surveillance ou sur l’identité du ou des individus
au sein de ces organes qui sont chargés de surveiller les impacts, risques et opportunités
Un contenu défini précisément et comparable
Divulgation de la manière dont les responsabilités des organes ou des individus au sein des organes à l’égard des impacts,
 Chaque « balise » doit comprendre un contenu défini, ESRS 2 GOV-1 22 b Narratif risques et opportunités se reflètent dans les termes de référence, les mandats du conseil et d’autres politiques associées
de la filiale
qualitatif ou quantitatif et comparable.
 La colonne « Code de balisage » servira à l’encodage ESRS 2 GOV-1 22 c Narratif
Description du rôle de la direction dans les processus, contrôles et procédures de gouvernance utilisés pour surveiller,
gérer et contrôler les impacts, risques et opportunités
informatique (ex. ESRS 2-GOV-1-21a). Dans un rapport la
Description de la manière dont la supervision est exercée sur le poste ou comité de direction à qui le rôle de direction est
balise encodée n’est pas visible à l’oeil. À titre d’exemple, vous ESRS 2 GOV-1 22 c i Narratif
délégué
pouvez consulter le rapport annuel (DEU) d’une société cotée ESRS 2 GOV-1 22 c ii Narratif Information sur les lignes hiérarchiques avec les organes d’administration, de gestion et de surveillance
et parcourir le rapport XBRL (eXtensible Business Reporting ESRS 2 GOV-1 22 c iii Narratif Divulgation de la manière dont les contrôles et procédures dédiés sont intégrés dans les autres fonctions internes
Language) ou ESEF.
Divulgation de la manière dont les organes d’administration, de gestion et de surveillance et la direction supervisent la
 La colonne « Exigence d’application » renvoie à l’exigence ESRS 2 GOV-1 22 d Narratif définition des cibles en lien avec les impacts, risques et opportunités significatifs, et divulgation de la méthode de suivi des
d’application (AR Application Requirement) figurant dans progrès

la norme et est applicable pour ce point de donnée, le cas ESRS 2 GOV-1 23 AR 5 Narratif
Divulgation de la manière dont les organes d’administration, de gestion et de surveillance déterminent si les compétences
et l’expertise appropriées sont disponibles ou seront développées pour superviser les questions de durabilité
échéant.
ESRS 2 GOV-1 23 a Narratif Information sur l’expertise liée à la durabilité que les organes possèdent directement ou à laquelle ils peuvent faire appel
 La colonne « Type d’information » est qualitative
(narrative narratif) ou quantitatif/quantitative (integer/nombre ESRS 2 GOV-1 23 b Narratif
Divulgation de la manière dont les compétences et l’expertise liées à la durabilité sont en phase avec les impacts, risques et
opportunités significatifs
entier ; percent/pourcentage, etc.).
Deux tiers d’informations qualitatives
 Les informations qualitatives sont prédominantes dans
l’ensemble de la norme, les deux-tiers environ (voir explanatory Le balisage est une codification permettant un encodage informatique
note, IG3 Liste of ESRS Datapoints). Le balisage (ou tagging) s’appuie sur des normes et usages préexistants dans le monde financier. L’Europe utilise
 Une information qu’elle soit qualitative ou quantitative implique le format électronique unique européen (European Single Electronic Format (EU-ESEF)). Il est déjà appliqué par les
un responsable et un processus, pour s’assurer de sa fiabilité sociétés cotées et vous pouvez regarder et télécharger ce type de rapport annuel (DEU Document d’Enregistrement
(voir les principes de qualité de l’information extrafinancière p. Universel au format ESEF) dans les sites internet, rubrique finance. Il permet un encodage non visible de l’information
10). par l’ajout de balises (ou tags) XBRL à l’aide de la technologie Inline XBRL. Il permet l’extraction rapide de données. Si
 Le balisage requiert une solution informatique qui dispose de le balisage est mis au point par l’EFRAG, il est du ressort de l’ESMA (Autorité Européenne des Marchés Financiers) de
cette fonctionnalité spécifique (voir p. 49). le valider, le publier et le mettre à jour, puis à l’UE de faire un RTS (Regulatory Technical Standard). L’objectif est de
faciliter l’utilisation des données par les acteurs financiers en premier lieu. À terme, les rapports de durabilité seront
déposés et disponibles dans une base européenne (projet ESAP).

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 12


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Focus sur le principe de connectivité des données financières


et non financières dans les normes : l’exemple du climat

Les liens indissociables entre facteurs ESG et finance

L’une des raisons qui ont conduit à la mise en place de la CSRD par l’Union européenne est le renforcement des engagements financiers aux services des transitions, par l’écosystème
financier (banques, assurances, investisseurs).
Cela conduit au principe de connectivité : la connectivité des données
financières et des données non-financières. → Les liens finance climat dans la norme E1 Climat, atténuation et adaptation

Cela se traduit par plusieurs exigences qui impliquent la DAF :

La nécessité d’une méthode et de processus d’évaluation


financière des IRO (Impacts, Risques et Opportunités) dans le
cadre de l’analyse en double matérialité incluant la définition de
critères et de seuils de matérialité financière. Au-delà de la méthode,
la contribution des équipes finance/gestion est indispensable à
cette évaluation. (SBM-3 et IRO1, E1 ci-contre)
Cela permet notamment, à l’issue de l’analyse, de reporter
des niveaux qualitatifs de matérialité financière. Par exemple :
prépondérant, important, limité.

L’exigence de chiffrer les effets potentiels des risques, par


exemple dans le tableau ci-joint, à partir de scénarios établis sur les
impacts du changement climatique (risques physiques, risques de
transitions, opportunités) à moyen et long terme, d’en chiffrer les
effets. Les risques financiers doivent être évalués et connus (E1-9
c-contre).

L’absolue nécessité, pour les enjeux, les IRO les plus matériels,
de mettre en oeuvre des moyens adaptés : dépenses en capital
/ investissements (en anglais CapEx) et dépenses opérationnelles L’implication de la DAF est fondamental dans le cadre du pilote intégré de la performance voir p 66.
(en anglais OpEx). Investissements, moyens techniques, humains
et financiers les plus significatifs doivent être reportés pour les
enjeux les plus matériels. (E1-3 ci contre). La coopérative peut aussi Aligner les systèmes de rémunération avec les objectifs ESG
utiliser des mécanismes tels que le prix interne du carbone pour Outre les données financières, il est question dans les normes de l’alignement des systèmes de rémunération
ses calculs d’investissement ou de prix de revient (E1-7). et de rémunération variable avec les objectifs ESG de la coopérative (cf. ci-dessus GOV-3). Les entreprises cotées
ont engagé le mouvement depuis une dizaine d’années et décrivent les critères et le poids des questions ESG
dans les rémunérations variables pour les dirigeants (Mandataires sociaux, ComEx, CoDir). Certaines entreprises
Le besoin de donner aux associés coopérateurs une vision de
ont étendu la prise en compte des critères ESG pour un nombre plus important de collaborateurs, voire dans
la dépendance à l’énergie (E1-5 ci-contre) et de l’impact du les mécanismes d’intéressement et de participations. L’enjeu est l’alignement de l’ensemble des objectifs
modèle économique sur le bilan de GES (E1-6 ci-contre) avec des (opérationnels, économiques et financiers, ESG) avec les rémunérations. Les DRH des coopératives sont en
ratios d’intensité. responsabilité sur ce sujet.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 13


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La réponse à un enjeu matériel :


[1] politiques → [2] actions et ressources → [3] « indicateurs »

[1] [2] [3]


Indicateurs (MDM-R et MDR-T)
Politiques (MDR-P) Actions et ressources (MDR-A) Objectifs et indicateurs

Chaque enjeu matériel doit disposer d’une politique. La A l’instar de « politiques », « actions et ressources relatives La publication des « métriques » (objectifs et indicateurs)
question du nombre de politiques est à maîtriser, et donc aux questions de durabilité importantes » s’appliquent à est soumise à une évaluation de la pertinence des
de l’agrégation des sujets qu’elles couvrent. En toute tous les enjeux matériels. informations : c’est la matérialité de l’information. Les
hypothèse, il devrait donc y avoir au moins une politique critères et seuils de matérialité de l’information doivent
Les actions et ressources doivent être formulées et
par ESRS E, S, G, s’ils sont matériels. être documentés (cf. ESRS 2-3.2-36) et expliqués dans IRO1
répondre à des points précis. De la même manière pour
Une politique doit être formulée et répondre à des points (voir p. 35).
en assurer l’effectivité et l’efficience, la crédibilité.
précis. C’est le gage de son effectivité et son efficience, et, Les indicateurs proposés par les ESRS sont à ce
pour le rapport, de la crédibilité de l’engagement et de la jour incomplets et intersectoriels. Certains sont très
La description d’actions et ressources doit comprendre :
conformité à la norme. documentées (ex. E1 et S1), d’autres sont faiblement
documentés.
La description type d’une politique se trouve dans l’ESRS  La liste des actions clés, en cours et prévues, les résultats Il n’y a pas, à date, d’« indicateurs » sectoriels qui feront l’objet
2 4.2 « politiques adoptées pour gérer les questions de attendus et le lien avec les indicateurs et objectifs, « les de normes spécifiques. Ils sont en cours d’élaboration (voir
durabilité importantes ». Elle doit comprendre : indicateurs ». classification sectorielle de l’EFRAG).
 Des objectifs généraux, reliés à un enjeu matériel (issu
En l’absence d’indicateurs pertinents dans les ESRS, les
de l’analyse de matérialité)  Leurs périmètres d’application (chaîne de valeur,
entreprises peuvent s’appuyer sur les cadres préexistants
 Son périmètre d’application (chaîne de valeur, activité, activité, entité…) et les parties intéressées concernées.
tels que la GRI (voir interopérabilité GRI <> ESRS), les GRI
entité…). sectoriels, ou encore les référentiels sectoriels de l’ISSB-
 Son-sa responsable dans le plus haut niveau de la  Les horizons temporels, pour chaque action clé. SASB.
hiérarchie.
 Les actions spécifiques pour les personnes touchées La publication d’indicateurs spécifiques hors ESRS
 Les éventuelles références à des cadres, des normes sur doit répondre aux principes de qualité (pertinence,
par les activités, le cas échéant.
lesquelles elle s’appuie (ex. ISO) représentation fidèle, comparabilité, vérifiabilité,
 Le lien avec la prise en compte des parties intéressées,  Les informations qualitatives ou quantitatives qui compréhensibilité).
le cas échéant. concernent leur avancement. L’objectif des « indicateurs » est la pertinence pour piloter
 Le partage avec les parties intéressées concernées, le Lorsque l’action nécessite des ressources significatives, un enjeu, ses impacts risques et opportunités. Comprendre
cas échéant. c’est-à-dire des OpEx (Dépenses opérationnelles) ou CapEx l’enjeu, comprendre les objectifs, comprendre les
C’est une exigence de publication minimum. Bien que (dépenses d’investissement), il faut décrire les ressources indicateurs de résultats et les indicateurs de moyens
figurant dans l’ESRS 2, la publication de la politique actuelles ou programmées, y compris les modalités utilisés. Bien sûr, piloter et suivre.
(MDR-P) s’applique à tous les ESRS E, S et G pour les de financement (dont financements « durables »). On Les indicateurs doivent faire l’objet de processus et de
thématiques matérielles. entend par moyens ou ressources, les moyens techniques, méthodes, ces méthodes sont publiées dans les notes
En l’absence de politique sur un enjeu matériel, c’est le humains et financiers. méthodologiques.
principe « appliquer ou expliquer » qui doit être mis en La mobilisation de la DAF est impérative pour disposer des
Des objectifs mesurables doivent être définis (MDR-T,
oeuvre. Il convient de l’expliquer (pourquoi, quand, etc.). La informations, pour les ressources significatives ce sachant
T pour Target-Cible ou Objectif) afin de s’assurer de
norme impose un format pour ce faire (ESRS 2-7-72). C’est un plan d’action ne devrait pas être décidé sans les moyens
l’efficacité du suivi des politiques (MDR-P).
à nouveau une exigence de transparence. associés. C’est une exigence de publication minimum.
De la même manière que pour Politiques, Actions et
Ressources, l’entreprise « applique ou explique » l’absence
d’objectifs et indicateurs, pourquoi, dans quel délai elle le
prévoit, etc.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 14


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Perdu dans les lois et les normes ?


Revenir aux fondamentaux !

Des principes de management des affaires universels


Lorsque l’on applique une norme, que l’on se met en conformité avec une loi, on peut perdre l’essentiel, le sens, la finalité. La norme ne fait qu’appliquer des principes simples et
universels de management avec une finalité, la résilience des modèles d’affaires.

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L’application dans le contexte spécifique des coopératives


et les recommandations pour la mise en œuvre

L’éligibilité et les délais d’application pour les Application pour l’exercice ouvert à compter du 1er
coopératives agricoles janvier 2024 et suivants
5 recommandations
L’ÉLIGIBILITÉ Les coopératives ne sont pas des EIP (Entreprise
d’Intérêt Public) au sens de la loi (Règlement européen
pour la mise en oeuvre
L’éligibilité directe d’une coopérative doit s’analyser à
537/2014) et seules sont concernées les EIP pour du reporting de durabilité
partir de ce que l’on appelle l’entité consolidante en
l’exercice 2024. De plus, pour l’exercice 2024 seules
matière financière. Il convient de regarder notamment
sont éligibles les EIP dont l’effectif est de 500 ETP - [1] Toujours rester centré sur l’esprit des lois.
les seuils suivants : ETP, Chiffre d’affaires, Total de bilan. Le
ordonnance Art.33. (voir les seuils et délais p. 6) L’objectif c’est la résilience des coopératives, c’est le
dépassement des seuils s’entend « seuils réputés franchis
pilotage et la performance des questions environ-
à la date de clôture de deux exercices consécutifs sur la Application des délais selon les dates d’ouverture
nementales, sociales-sociétales et de gouvernance
base des derniers comptes annuels arrêtés » (décret et de clôture d’exercice aux coopératives pour les ; pas « cocher les cases » de la loi.
d’application de l’ordonnance). exercices ouverts à compter du 1er janvier 2025 et
suivants [2] Monter en compétence collectivement et pro-
Les délais d’application, pour les coopératives gressivement
concernées par les seuils applicables à compter de 33.1) Coopérative avec un exercice ouvert 1er janvier La bonne compréhension des textes et de leur ap-
l’exercice ouvert le 1er janvier 2025 2025 se clôturant le 31 décembre. L’AGO doit avoir lieu plication requiert du temps. De plus, la réglementa-
avant le 30 juin 2026 (6 mois après la clôture). tion évoluera et se complétera sur une période d’en-
Principe général pour l’édition et la publication du viron 10 ans, à dires d’expert. C’est un droit qui se
rapport de gestion et du rapport financier 33.2) Coopérative avec un exercice ouvert le 1er juillet construit d’une part, un droit interprétable d’autre
2025 au 30 juin 2026. L’AGO doit voir lieu avant le 31 part.
Le rapport de gestion (incluant le rapport de durabilité)
décembre 2026 [3] Travailler de manière transversale en intelli-
et le rapport financier sont normalement mis à
disposition des CAC et OTI, 45 jours avant la date d’AGO 33.3) Coopérative avec un exercice du 1er septembre gence collective
et à disposition des associés coopérateurs 15 jours avant 2025 au 31 août 2026. L’AGO doit avoir lieu avant le 31 La mise en oeuvre requiert les compétences de la
RSE, des ressources humaines, des experts métiers,
la date d’AGO annuelle (avec la lettre de convocation). janvier 2027.
de la finance, de la communication, des systèmes
Actuellement, les coopératives éligibles publient, d’information et bien d’autres métiers. Apprendre,
le plus souvent, un rapport intégré faisant fonction comprendre, impliquer, partager, co-leader, sortir des jeux de pouvoir, d’égo parfois. S’appuyer sur les expertises. Et ne
de Déclaration de Performance Extra-Financière. jamais casser les dynamiques managériales.
Le rapport intégré n’est pas un rapport encadré par
[4] Relier la mise en oeuvre au projet d’entreprise
la réglementation. Il est une pratique volontaire,
Les questions de RSE et d’ESG sont indissociables du projet de la coopérative, de sa stratégie. Pas à côté de la stratégie.
variable dans son application. L’exigence du rapport de Intégrées à la stratégie. Les questions de durabilité (ESG) sont une partie intégrante d’une revue stratégique, d’un pro-
durabilité interroge sur la stratégie de publication des cessus d’élaboration de la stratégie ou du projet de la coopérative.
rapports publics ou non : rapport financier et rapport
[5] Penser à la pérennité des actions mises en oeuvre
de gestion, et leur articulation avec des publications
Travailler organisation, méthodes et travaux internes avant de penser au rapport public et ne rien faire qui ne trouve une
volontaires. (voir les rapports quasi-conformes CSRD
pérennité dans le temps… Par exemple : le dialogue avec les parties prenantes, ce n’est pas pour le reporting mais une
en ressources, p. 78). nécessité permanente, à structurer durablement. De la même manière, l’analyse et le pilotage des impacts, risques et
Pour le rapport de durabilité, il y a l’obligation de le opportunités, ce n’est pas que pour le rapport de durabilité. Le pilotage c’est à minima deux fois par an. Le rapport, lui,
rendre public. doit être revu et actualisé tous les ans.
[6] Désigner son OTI dès l’AG de l’exercice ouvert le 1er janvier 2024
La nomination de l’OTI ou du CAC doit impérativement être anticipée. (voir p 54)
Pour la mise en oeuvre du projet, voir le chapitre « La conduite d’un
projet de reporting et de pilotage de la performance ESG » page 40

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10 questions sur la réglementation


et son application
Q5 On parle d’une évaluation de la double matérialité en
valeur brute et en valeur nette. Qu’est-ce que cela signifie ?
Q1 Qu’est-ce que le principe « appliquer ou expliquer » ? D’abord, il convient de rappeler que le processus de double matérialité vise à déterminer les sujets
de durabilité, les thèmes ESG prioritaires du point de vue des tiers et de l’environnement (matérialité
dite d’impact) et du point de vue de la coopérative (matérialité dite financière).
L’une des finalités de la directive transposée et des normes est la transparence. La transparence
comme vecteur de la confiance. Lors de la mise en œuvre de la CSRD, les coopératives comme L’objectif dans le rapport de durabilité est de donner « une représentation fidèle » (ESRS 1, principes
toutes entreprises ne peuvent pas « tout faire en un jour ». Elles peuvent s’appuyer sur les dispositions de qualité) de cette double matérialité.
transitoires et les mises en œuvre progressives (ESRS 1). Pour autant, le principe « comply or explain » Cette évaluation doit « prendre en compte » les parties intéressées (SBM-2) sachant que les parties
exige que les entreprises se conforment à un ensemble de règles ou de lignes directrices spécifiques. prenantes externes sont davantage en mesure de partager une perception que de faire une
Si elles choisissent de ne pas s’y conformer, elles doivent fournir une explication claire et détaillée des évaluation (voir perception des risques dans ISO 31037:2022).
raisons pour lesquelles elles ne le font pas ou elles ne l’ont pas encore fait (en cours, planifié). C’est un
Ensuite cette évaluation doit se faire selon un principe commun en analyse de risque : fréquence x
principe reconnu en droit. Il est notamment prévu dans le balisage.
gravité ; vraisemblance x impact ou encore probabilité x gravité - quel que soit le vocabulaire utilisé.
L’évaluation doit être documentée et s’appuyer sur des critères et des seuils. Les seuils hauts
déterminent ce que l’on appelle les limites d’acceptabilité ou limites de résilience. La norme parle,
pour les seuils de matérialité, d’impact de caractère irrémédiable (ex. une pollution irréversible ou
un décès sont irrémédiables…). Ce sont des limites d’acceptabilité. Les critères et seuils doivent être
Q3 Combien les entreprises déterminés par la gouvernance, en lien avec le projet et les objectifs de la coop.
Il existe deux types de mesures : le risque brut (le risque sans prendre en compte les mesures de
publient-elles de thématiques maîtrise) et le risque résiduel (prenant en compte les mesures de maîtrise).
matérielles ?
Q2 Quelle est la valeur Selon les premières observations des rapports
Ces deux notions sont développées dans des normes internationales volontaires largement
reconnues et utilisées tels que l’ISO 31073:2022 ou encore le COSO-ERM:2017. Les équipes systèmes
juridique des guides des entreprises pionnières (exercice 2023), il y a
de management et les équipes risques travaillent avec ces deux référentiels.
La pratique de management des risques est orientée sur l’évaluation des risques résiduels (tenant
d’implémentation ? en moyenne 10 thématiques matérielles, avec un
maximum de 16. Pour autant, les coopératives compte des mesures prises), les cartographies pour les chapitres « facteurs des risques » des
Selon les termes même de l’EFRAG, ils sont restent libres de reporter des thématiques qui rapports de gestion sont élaborées et présentées en termes de risque résiduel.
« non-authoritatives », c’est à dire qu’il s’agit ne seraient pas évaluées comme matérielles. Il Pour autant, la norme demande l’évaluation et la présentation du risque « si on ne fait rien » en
de recommandations, de guides pour la conviendra alors de distinguer ces engagements valeur brute (cf. représentation fidèle ESRS 1).
mise en oeuvre. Seule la loi transposée volontaires.
Pour le pilotage, nous recommandons l’évaluation du risque résiduel. Pour le rapport, la norme
et les normes ont une valeur juridique. Ils
impose la présentation du risque brut…
peuvent et doivent inspirer notamment
les travaux méthodologiques préalables. Il
Dans la pratique nous recommandons :
en va de même pour les guides de l’ANC.
Il s’agit d’un droit interprétable rendant 1) de travailler toujours en premier sur la méthode, en ayant le souci de son intégration dans les
l’exercice parfois délicat. Les autorités processus de management, que vous le fassiez en interne ou que vous le co-construisiez avec un
auront un rôle essentiel : H2A (Haute prestataire.
Autorité de l’Audit), AMF et ESMA pour les
sociétés cotées ou encore ANC (Autorité
Q4 Où et comment seront 2) de faire valider la méthode par la gouvernance.
3) de consulter votre CAC ou votre OTI sur ce point, très en amont, de faire une revue à blanc de
des Normes Comptables). Cependant, il consultables les rapports ? votre analyse.
ne faut pas oublier l’objectif : durabilité du
modèle d’affaires, maîtrise des enjeux, des Les rapports de durabilité doivent être 4) de suivre l’actualité réglementaire (Q&A de l’EFRAG, avis technique à venir de la H2A, etc.) et
IRO (Impacts, Risques et Opportunités) publics. La pratique des entreprises est de les d’adapter la méthode et la présentation au besoin.
ESG (Environnement Social-Sociétal mettre à disposition sur leurs sites internet.
Dans le guide vous trouverez des exemples de méthodes (p. 30) et de présentation (p. 34) qui
Gouvernance). A moyen terme, les rapports « balisés » au
permettent de répondre à ces deux types d’évaluation-cotation.
format ESEF-XBRL devront être déposés
sur une plateforme unique européenne : la Il est important de rappeler, au-delà des questions de méthode que l’important, c’est le pilotage de
plateforme ESAP European Single Access la performance ESG.
Point. Celle-ci est, à date, prévue en 2028.

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10 questions sur la réglementation


et son application Q8 Quand et comment engager
le travail avec l’OTI ou le CAC ?
Dans le contexte d’un droit évolutif, le plus tôt
Q7 Quand sera disponible le possible. Les OTI et CAC travaillent eux même
sur leurs compétences (formation auditeur de
balisage (tagging XBRL) définitif ? durabilité) et sur les méthodologies de certification.
Q6 L’OTI (Organisme Tiers Indépendant) ou le Le balisage proposé par L’EFRAG le 31 mai 2024 doit être
En amont de la mission de certification : des
consultations et avis, des revues à blanc le cas
CAC (Commissaire aux comptes) peut-il contester soumis à l’ESMA (prév. 3ème trim. 2024) puis analysé et
échéant, avec une attention particulière à l’analyse
validé par l’ESMA, ce, après une consultation (prév. fin
les conclusions de l’analyse de matérialité ? 2024, début 2025). Puis ensuite validé et publié par l’UE
de matérialité (SBM-3 et son processus IRO1) et aux
attendus sur les processus et le contrôle interne.
L’OTI ou le CAC s’appuie sur les éléments publiés pour la double matérialité (SBM- sous forme de standard technique - Regulatory Technical
Pour la mission de certification des informations
3), le processus associé (IRO1) ainsi que les exigences couvertes (IRO2). Il a besoin de Standard - (date non définie) puis enfin applicable (date
en matière de durabilité : être clair sur les attendus
consulter les preuves associées. Si il y a un écart entre ce qui est écrit dans le rapport non définie). Cependant, les coopératives doivent d’ores
de l’OTI du CAC et le calendrier (étapes, livrables
et ce qu’il constate, il peut faire une observation ou une réserve. Sur le fond, les IRO et déjà se familiariser et travailler en anticipation avec les
à produire, échantillonnage, nombre et détail
considérés comme matériels par la coopérative, seul un benchmark documenté balises « bêta » proposées par l’EFRAG. Cela doit aussi
des audits au siège et dans les entités, etc.). Une
sur des bases sectorielles comparables pourrait amener à en contester le bien être pris en considération dans les choix d’éditeur SI.
attention particulière doit être portée au calendrier
fondé. L’OTI ou le CAC peut vous demander des éléments précis, notamment sur Les premiers rapports de durabilité en 2025 et en 2026
et aux périodes d’ajustements, de corrections dans
les critères et seuils de matérialité financière ainsi que leur application. devront être établis au plus proche du balisage proposé.
la dernière ligne droite. Rappel : la nomination de
(Voir en annexe agenda ANC p. 73) l’OTI ou du CAC doit impérativement être anticipée
Nous recommandons enfin de porter une attention
particulière à la compétence agri-agro et à des
compétences plus spécifiques selon les cas
(changement climatique, analyse de cycle de vie,
etc.). Dans tous les cas, la certification doit être
accompagnée et pilotée par une personne de
l’interne.

Q9 Quelles sont les sanctions en cas de non-respect de la législation ?


Exclusions de financement
La loi relative à l’industrie verte prévoit une exclusion des financements publics en l’absence d’un BEGES. De la même manière les acteurs
privés peuvent modifier leurs conditions de financement sur la base des informations de durabilité, voir refuser les financements.
Obligation de publication
S’agissant des entreprises, le fait de ne pas publier le rapport de durabilité, de publier des informations partielles ou erronées est puni d’une
amende de 3750€.
Mission de certification des informations de durabilité
L’absence de nomination d’un CAC ou OTI pour la certification, c’est 2 ans d’emprisonnement pour le dirigeant d’une personne morale et
30.000€ d’amendes. Faire obstacle aux travaux du CAC ou de l’OTI, c’est 5 ans d’emprisonnement et 75.000€ d’amendes pour le dirigeant.
Q10 Comment faire pour
Exclusions de marchés « maîtriser » la réglementation ?
La loi relative à l’industrie verte prévoit une exclusion des marchés publics en l’absence d’un BEGES (Bilan des émissions de gaz à effet
Une montée en compétence collective, progressive et sur 10
de serre) ou d’une conformité à la CSRD. De manière indirecte, la non-conformité à la CSRD ou à certaines dispositions spécifiques (ex.
ans est à prévoir. Pilotée par un comité de durabilité de niveau
changement climatique) pourrait conduire un client BtoB (d’entreprise à entreprise) à exclure l’entreprise lors de la sélection de ses
ComEx. La CSRD, mais surtout l’ensemble des questions
fournisseurs.
de durabilité qu’elle structure est l’affaire de toutes les
Sanctions pour pratiques commerciales trompeuses composantes de l’entreprise, impacte tous les métiers. La DRH
Ces dispositions ne sont pas spécifiques à la CSRD mais dérivent du droit existant et des nouvelles dispositions liées à la directive 2024-825 devrait prévoir des formations socles internes (ex. mesurer la
sur les allégations environnementales. performance de durabilité), influer sur les formations agri-
Sanctions spécifiques aux Commissaires aux Comptes agro (ex. stratégie d’adaptation au changement climatique)
Un certain nombre de sanctions peuvent s’appliquer aux commissaires aux comptes et aux organismes tiers indépendants en charge de ou référencer un catalogue de formations externes. Enfin, le
la vérification. Elle relève de la haute autorité de l’audit (H2A). Les sanctions ne devraient pas être le levier de l’action mais la résilience et la benchmark et la veille sont d’autres moyens pour maîtriser ces
performance ESG. Pour autant elles représentent un danger à prendre en compte, notamment dans leur matérialité financière. évolutions.

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II/ FOCUS SUR


4 EXIGENCES CLÉS

Le modèle d’affaires, la chaîne de valeur et la stratégie (ESRS 2-SBM-1) p 20

La prise en compte des parties intéressées, les parties prenantes (ESRS 2-SBM-2) p 27

L’analyse en double matérialité des enjeux


(impacts, risques et opportunités) (ESRS 2-SBM-3) p 28

Le processus pour déterminer les enjeux les plus « matériels » (ESRS 2-IRO1) p 31

Focus sur le changement climatique, de l’atténuation à l’adaptation (ESRS-E1) p 39

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Quelles ressources pour le modèle


Le modèle d’affaires (SBM-1) d’affaires ?
dans Informations générales (ESRS 2) Dans la mise en œuvre, vous pouvez vous appuyer
sur :
3Les exemples des coopératives soumises à la DPEF
(voir ressources p. 78). Ils ne sont pas « conformes
CSRD », mais comportent déjà certaines informations
Pour un modèle d’affaires dans le rapport de Comment élaborer et décrire le modèle d’affaires ? requises par les points de données de SBM-1.
durabilité ? 3Les exemples des entreprises pionnières ou des
Nous recommandons toujours de travailler 1. la méthode
puis 2. le fond (le contenu) et enfin 3. la forme, ce, pour entreprises en conformité au titre de l’exercice 2024.
On ne peut comprendre une coopérative, comprendre
3L’inspirateur du modèle d’affaires dans la loi : le
ses enjeux, ses « IRO» , sans comprendre ses activités, l’ensemble du rapport de durabilité. L’approche n’est
reporting intégré (Integrated Reporting Framework,
son modèle d’affaires, ses relations d’affaires. C’est un pas « Qu’est ce que l’on dit ? » en premier, mais d’abord
janv. 2021)
préalable, une introduction pour le lecteur, la partie « Qu’est ce que l’on fait ? » et « Comment on le fait ? ».
prenante, l’analyste, le financier. Se présenter, expliquer 3Identifier et formaliser les responsabilités de l’ensemble
ses activités, ses filières, ses produits et services, ses des points de données de ESRS 2-SBM-1. Il y a des
ressources, etc. Ce que l’on fait, comment on le fait, les informations produits, marques, financières, etc. dans
résultats que l’on obtient. SBM-1. Chaque information qualitative ou quantitative Quels « livrables » du modèle
SBM est la codification pour Strategy Business Model. doit être fiable et actualisée chaque année et vérifiable d’affaires ?
Dans la loi, on parle de modèle commercial et de stratégie. (principes de qualité).
3En interne pour l’élaboration et la mise à jour
3Créer un petit groupe de travail transversal : opérations,
Le modèle d’affaires est une composante de SBM-1, avec - Les responsabilités et processus associés à
finance, marketing, communication, etc. capable de
la chaîne de valeur (voir page dédiée) et la stratégie (voir ESRS 2-SBM-1 et à chacun de ses points de données.
réfléchir ensemble en étant à la fois synthétique et - Les documents de contenu, issus d’ateliers internes
page dédiée) exhaustif. par exemple, qui permettront la rédaction du rapport.
Le modèle d’affaires d’une entreprise, d’une coopérative 3Préparer et animer plusieurs ateliers avec ce petit - Un document ou une base de donnée répondant à
est étroitement dépendant de son intégration verticale groupe, en intelligence collective, en portant attention à la tous les points de données de SBM-1
(de l’amont à l’aval de la chaîne de valeur) ou horizontale fois au sens, à la finalité et aux exigences réglementaires. 3Pour l’OTI* (organisme tiers indépendant) qui
(fusions ou d’acquisitions de concurrents ou d’entreprises La présentation du modèle d’affaires que l’on voit effectue la vérification
similaires). aujourd’hui dans tous les rapports (DPEF, rapport intégré) - La procédure périmètre, les règles d’inclusion et
est issue d’un modèle proposé par le reporting intégré. d’exclusion du périmètre en lien avec le périmètre
Chaque modèle d’affaires est unique, car chaque
(IFRS-ISSB-Integrated-Reporting). Nous proposons dans consolidé (Art. L233 du Code de commerce); les cas
coopérative est unique. Dans son territoire, ses filières, particuliers, le cas échéant
ses activités, ses produits et services notamment. la page suivante quelques « briques» qui donnent le sens.
- La procédure ou la formalisation de la « relation
Les informations « non essentielles » à la compréhension commerciale établie », en lien avec la chaîne de valeur
La première finalité du modèle d’affaires et de sa
des activités pour répondre à ESRS 2-SBM-1- peuvent (voir ci-après)
composante chaîne de valeur, c’est d’être capable
être mises en annexe du rapport (ex. CA issu du pétrole, - Le projet de rapport, incluant la réponse à l’ensemble
de faire l’analyse en double matérialité. Amont des
du gaz, etc.). des points de données ESRS 1 SBM-1 et les notes
activités, activités en propre, aval des activités sont
Chaque coopérative reste libre dans son élaboration et méthodologiques de ESRS 2-SBM-1
indispensables à la détermination des enjeux clés. Les
- Les documents internes (cf. ci dessus)
« IRO », les impacts positifs (+) et négatifs (-) et les risques sa présentation. C’est à la fois un exercice de conformité
(-) et opportunités (+) ne peuvent se comprendre qu’en et de sens. C’est aussi un exercice préalable à la double 3Dans le rapport
matérialité avec ses livrables (voir ci-contre). - La rubrique ESRS 2-SBM-1 du rapport
comprenant le modèle d’affaires et la chaîne de valeur.
- La représentation illustrée, le cas échéant
La stratégie est, elle, une réponse aux IRO les plus Le modèle d’affaires doit être actualisé annuellement, il - Les pages des textes associées
« matériels », les enjeux prioritaires., compte tenu du convient donc d’y associer un processus pour disposer - Les tableaux de données
modèle d’affaires et de la chaîne de valeur. d’informations qualitatives et quantitatives fiables. Il - Les renvois aux annexes et les annexes elle-mêmes
contient notamment des données chiffrées qui doivent
Retrouvez des exemples, à date, page 78.
être mises à jour (ETP, CAff). *Sous réserves des dispositions finales liées à l’audit, avis
technique de la H2A, méthodologies d’audit en cours
d’élaboration

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Le modèle d’affaires (SBM-1)


dans Informations générales (ESRS 2)

→ Exemple de pages pour SBM-1

La réponse aux 29 points de données


de SBM-1
Le découpage des pages [1] à [4] + annexes [5] ci-
contre est un exemple permettant de répondre aux
29 points de données.
A partir du tableau des données de ESRS 1-SBM-1, vous
réfléchissez à la meilleure manière d’équilibrer un
objectif de communication (donner à comprendre) et
Inspiration Un double exercice : communication et conformité
un objectif de conformité (répondre aux termes de la
Le schéma ci-dessus est une illustration pour vous Lorsque l’on établit un rapport, il y a un double exercice à la norme).
inspirer. fois produire un document lisible, concis, compréhensible,
Exemples de points de données du modèle
attractif et c’est de la communication et répondre aux
Pour rappel, il s’agit à la fois de donner du sens : donner d’affaires :
points de données : c’est de la conformité.
à comprendre la coopérative, ce qu’elle fait (activités), 3Description des groupes de produits et/ou de
les capitaux et et ressources qu’elle utilise, ses « sorties » services offerts significatifs [ESRS 2 - SBM-1 40 a i]
(marques, produits, services) sa création de valeur, etc. et 3Description des marchés et/ou groupes de clients
de répondre aux points de données de SBM-1. servis significatifs [SBM-1 40 a ii]
3Description du modèle économique et de la chaîne
Chaque coopérative reste libre de la mise en forme, de valeur [SBM-1 42]
sous réserves de répondre à tous les points de données La notion de valeur créée 3Description des ressources et de l’approche pour
de ESRS 1 - SBM-1. collecter, développer et sécuriser les ressources [SBM-
C’est le résultat : la manière dont les activités et les 1 42a]
stratégies ont impacté les différents capitaux utilisés 3Description des sorties et des résultats en termes
comme ressources. On parle d’érosion, de maintien de bénéfices actuels et attendus pour les clients, les
La notion de capitaux comme ou de création de valeur. On parle aussi d’impact investisseurs et les autres parties prenantes [SBM-1
ressources positif (+) ou négatif (-), de résultats. 42b]
3Description des principales caractéristiques de la
C’est l’ensemble des ressources que la coopérative 3Exemple chaîne de valeur en amont et en aval et de la position
mobilise pour le développement des exploitations et Capital humain en ressources : x ETP de la filiale dans la chaîne de valeur [SBM-1 42c]
dont elle dépend. Capital humain en valeur créée : maintien de
3Le capital humain: les effectifs de l’entreprise ; l’employabilité par la formation, maintien de la santé Exemple de points de données à mettre en annexe :
3Le capital industriel : les sites de collecte, de par les résultats TF, TG ; certification santé sécurité 3Revenu issu du secteur des combustibles fossiles
transformation, les bureaux, les infrastructures... ; (indicateur de moyen) ; baromètre satisfaction- (charbon, pétrole et gaz)
3Le capital relationnel : les associés-coopérateurs, engagement ; x emplois créés, etc.
les fournisseurs, les clients, les communautés Pour rappel, la liste des points de données se
locales,... : 3Exemple trouve dans le document de l’EFRAG IG3 List of
3Le capital immatériel : les savoir-faire, les brevets, Capital naturel en ressources : x ha en SAU ESRS Datapoints (version du 31 juillet), en cours de
les marques ; Capital naturel en valeur créée : x ha en agriculture de finalisation. Elle peut et doit être utilisée dans sa
3Le capital naturel: la SAU, le cheptel,... ; conservation des sols, x ha en bio, etc. dernière version disponible.
3etc.

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La chaîne de valeur (SBM-1)


dans Informations générales (ESRS 2)

Pourquoi prendre en compte la chaîne de valeur dans Comment élaborer et décrire la chaîne de valeur ?
le rapport de durabilité ?
Il n’existe pas de manière unique de décrire sa chaîne de
Dans un rapport financier, c’est le périmètre consolidé valeur, ni une exigence formelle de détail dans le rapport.
Quels « livrables » de chaîne
qui s’applique (art. 233-1 à 4 et suivants du Code de Pour autant, une succession d’activité dans l’ordre de valeur ?
commerce). La RSE, la prise en compte des facteurs chronologique ne fait pas sens seule. Pour comprendre la 3En interne pour l’élaboration et la mise à jour
ESG exigent depuis toujours d’élargir la prise de chaîne de valeur, il est nécessaire de comprendre le poids - Une responsabilité claire sur la surveillance des
responsabilité d’une entreprise à ses relations et les enjeux à chaque maillon. composantes de la chaîne de valeur
d’affaires et à ses produits et services. En effet, les - Une procédure régulièrement mise à jour qui identifie
Quelques principes
dépendances, les besoins et les impacts concernent les étapes, les acteurs et les relations commerciales.
tout autant l’amont des activités, les activités en 3Réfléchir et décrire de manière chronologique : de En effet, le périmètre de responsabilité évolue dans le
propre (le périmètre contrôlé) et l’aval (la responsabilité l’amont à l’aval temps et doit être sous contrôle.
liée à la distribution et aux produits et services). Les - Un document de communication interne qui décrit
associés-coopérateurs, premières parties prenantes 3Pour chaque maillon de la chaîne de valeur, distinguer l’ensemble des activités de l’amont à l’aval.
des coopératives, sont quant à eux engagés de manière ce qui est dans le périmètre contrôlé et ce qui ne l’est pas
3Pour l’OTI* (Organisme Tiers indépendant) ou
pérenne par le « Pacte coopératif » (statuts, règlement 3Pour chaque maillon, donner des chiffres clés pour CAC qui effectue la vérification
intérieur et éventuels contrats de production). comprendre l’importance de ce maillon (ex. Chiffre - La procédure « chaîne de valeur » qui identifie
d’affaire, ETP) l’ensemble des acteurs, des étapes, le type et la nature
Dans le cadre de la RSE, on parle de « relation commerciale des relations commerciales établies.
établie ». Ces relations commerciales peuvent être 3Pour chaque maillon de la chaîne de valeur décrire la - Les processus, contrats et documents juridiques qui
directes (ex. un fournisseur de rang 1) ou indirectes (un nature et le type de relation commerciale démontrent, le cas échéant la prise en compte de la
fournisseur de rang 2). La relation commerciale s’analyse responsabilité sur la chaîne de valeur.
par son intensité (ex. montant en €), sa durée (ex. Comme pour le modèle d’affaires, auquel la chaîne de
3Dans le rapport
ancienneté), sa fréquence (ex. mensuelle, annuelle, etc.). valeur est directement associée, un groupe de travail
- ESRS 2-SBM-1 La réponse au point de donnée
transversal peut décrire l’ensemble des activités et des
La relation commerciale s’analyse par le pouvoir d’action « Description des principales caractéristiques de la
relations d’affaires, avec la présence obligatoire d’un
des différents acteurs. Par exemple, un client est parfois chaîne de valeur en amont et en aval et de la position
juriste (pour l’ensemble des relations contractuelles), de la filiale dans la chaîne de valeur » (balise ESRS 2
beaucoup plus petit que son fournisseur et sa capacité d’un acheteur (pour tous les achats, directs et indirects), - SBM-1 - 42 c) voir page suivante et son intégration
d’action limitée. Autre exemple : un fabricant ne peut être d’un commercial (pour toutes les ventes), d’un financier dans l’ensemble SBM-1 (voir pages précédentes).
comptable de tous les usages et de la fin de vie de ses (pour les participations) notamment, selon les cas. - ESRS 2-SBM-3 Le lien entre les IRO et la chaîne de
produits qui dépendent de son utilisateur final. valeur (voir chapitre double matérialité SBM-3).
Attention à ne pas mélanger chaîne de valeur dans SBM-1
La relation commerciale s’analyse au regard de la - ESRS E, S et G : Le lien entre le détail des analyses
et parties prenantes dans SBM-2. Chaîne de valeur c’est
complexité des chaînes d’approvisionnement (pays, des IRO et la chaîne de valeur et la réponse aux
activités + acteurs + relations commerciales, de l’amont à enjeux (politiques, actions et ressources, objectifs et
catégories d’achats) et de la difficulté, voire l’impossibilité, l’aval. Parties prenantes, c’est acteurs, attentes et intérêts indicateurs, suivi de la performance)
à date, de tracer chaque étape, chaque composante en légitimes + dialogue + actions pour répondre à leurs
rang 1, 2, 3, 4 sur une grande diversité de produits achetés. attentes. *Sous réserves des dispositions finales liées à l’audit, avis technique de
la H2A, méthodologies d’audit en cours d’élaboration
La chaîne de valeur s’analyse enfin par les impacts (+ Dans la mise en oeuvre, il est important de se reporter, au
et -) des produits et services. Dans tous les cas, il s’agit besoin, au guide de l’EFRAG (Implementation Guidance
pour la coopérative de prendre ses responsabilités sur Value Chain), notamment aux 7 points du résumé.
l’ensemble de la chaîne de valeur, en tenant compte
de son pouvoir d’action et de ses moyens.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 22


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

La chaîne de valeur (SBM-1)


dans Informations générales (ESRS 2)

→ Exemple de chaîne de valeur et relations d’affaires associées dans une coopérative

L’importance de la chaîne de valeur


La description de la chaîne de valeur, amont, activités,
aval est indispensable à l’analyse en double matérialité.
C’est un préalable, un élément d’entrée. Elle permet
d’analyser et d’évaluer les IRO impacts, risques et
opportunités sur le périmètre de responsabilité, au
delà du seul périmètre contrôlé.
Inspiration
3LE FOND. Les exemples présentés ci-dessus ont Dans les plans d’actions liés à la chaîne de valeur,
vocation à être des documents de travail internes. La Quelles ressources pour la chaîne de pour les IRO les plus matériels, il est important de se
description des activités, la chronologie des activités le reporter aux « dispositions transitoires » (ESRS 1-10) et
cas échéant, les chiffres clés, le type de relation, la gestion valeur? à la « liste des exigences de publication introduites
contractuelle des relations en sont les composantes. Dans la mise en oeuvre, vous pouvez vous appuyer sur : par étapes » (ESRS 1-annexe C) pour tenir compte de la
faisabilité et planifier la mise en oeuvre. Il y a un enjeu
3LA FORME. C’est à partir de ce type de document 3La carte des processus de la coopérative est un majeur notamment sur la disponibilité et la collecte
interne que les équipes communication pourront illustrer élément d’entrée important, le cas échéant des données liées à la chaîne de valeur en amont et
votre chaîne de valeur sous forme de schémas, tableaux, 3Le guide de mise en oeuvre de l’EFRAG - EFRAG IG2 en aval.
infographies dans votre rapport de durabilité. Le fond Value Chain du 31 mai 2024, en anglais
d’abord, la forme ensuite. Actualisé chaque année… 3Les premiers exemples de mise en oeuvre
→ A la fin du guide, vous trouverez quelques exemples, « pionniers » : chaîne de valeur, chaîne de valeur et
existants à date, de présentation de la chaîne de valeur IRO, chaîne de valeur et parties intéressées : voir dans
ressources (p. 78)
(amont, activités en propre, aval) dans les différents
chapitres d’un rapport (p. 78).

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 23


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

La stratégie (SBM-1)
dans Informations générales (ESRS 2)
Pourquoi présenter la stratégie dans le rapport de Comment élaborer et décrire la stratégie ? Dans le rapport, pour l’ESRS 2-SBM-1, une synthèse de la
durabilité ? stratégie est attendue.
En toute hypothèse, la stratégie d’une entreprise se
La stratégie d’une entreprise répond à 3 enjeux : détermine dans un processus unique, les questions Les détails des stratégies et plans d’action se trouvent
performance opérationnelle, performance financière environnementales, sociales-sociétales et de dans les chapitres thématiques E, S, G.
et performance ESG. De nombreuses entreprises gouvernance en sont une composante. On ne devrait pas
ont engagé un pilotage global de la performance, définir la feuille de route RSE indépendamment du projet
performance intégrée, performance plurielle. d’entreprise.
L’exigence d’une stratégie ESG dans le rapport de L’analyse en double matérialité devrait être un élément
durabilité, partie du rapport de gestion pour l’assemblée d’entrée de la définition d’une stratégie, en ce sens qu’elle
générale, provient de la prise de conscience collective identifie les sujets prioritaires à traiter ou déjà traités. Quels « livrables » de chaîne
de l’importance des facteurs ESG dans la performance
Lorsque le volet ESG de la stratégie est déjà en place, de valeur ?
d’une organisation, de sa dépendance aux facteurs
l’analyse en double matérialité devrait, en toute 3En interne pour l’élaboration et la mise à jour
ESG. Parmi les facteurs qui amènent tous les acteurs
hypothèse, amener des renforcements ou des inflexions, - Le processus d’élaboration de la stratégie et de sa
économiques à évoluer, on peut citer, par exemple :
sur l’horizon de temps de la stratégie en place. Et, le cas validation
le changement climatique, la répartition de la valeur
échéant, amener des évolutions plus profondes sur le - Les documents internes détaillés relevant de la
ajoutée dans la chaîne de valeur, la disponibilité et la
cycle stratégique suivant. stratégie (stratégie, feuille de route, etc.)
qualité des compétences, l’évolution du comportement
des consommateurs. Lorsqu’il n’y a pas de volet ESG formalisé dans la stratégie, 3Pour l’OTI* (Organisme Tiers indépendant) ou
il convient de le formaliser à partir des priorités et plans CAC qui effectue la vérification
Les facteurs ESG sont potentiellement créateurs ou - Le processus d’élaboration de la stratégie et de sa
d’action existants d’une part, après confirmation par
destructeurs de valeurs pour l’organisation elle-même validation
l’analyse en double matérialité, et d’autre part, d’engager
mais aussi pour l’environnement et pour son écosystème - La stratégie elle-même dans tous documents
tout plan d’action sur les nouveaux sujets qui ressortiraient
d’affaires. internes
prioritaires de l’analyse en double matérialité et qui ne - Les éléments publiés dans le rapport
3Pour l’organisation : impact sur le revenu, la rentabilité, seraient pas couverts par des plans d’actions existants.
3Dans le rapport
le profil de risque ou la valeur des actifs.
Il est important de rappeler que le rapport de durabilité -La réponse aux points de données de SBM-1 qui
3Pour les tiers et l’environnement, impact sur la santé, est une exigence de transparence, pas une exigence concernent la stratégie dans Informations Générales
l’environnement, les emplois, les revenus, etc. d’action ou de résultat. L’action requiert du temps et des (ESRS 2) : « Divulgation des informations relatives aux
moyens, il est alors nécessaire de se servir du principe éléments clés de la stratégie globale qui concernent ou
L’objectif du législateur est « la résilience des modèles impactent les questions de durabilité » ; « Divulgation
« appliquer ou d’expliquer » (voir p X) et de ESRS 2 MDR
d’affaires ». C’est inscrit dans la loi (décret 2023-1394). des éléments de la stratégie qui concernent ou
en cas d’absence de politiques et plans d’action. On peut
Et le modèle d’affaires est conditionné par la stratégie, impactent les questions de durabilité »
avoir un objectif et démarrer seulement sa mise en œuvre
les orientations et l’allocation de ressources qui leur
au moment de la publication du rapport de durabilité. *Sous réserves des dispositions finales liées à l’audit, avis technique de
sont associées. L’objectif du législateur c’est la réduction la H2A, méthodologies d’audit en cours d’élaboration
maximale des impacts (-) et la maximisation des impacts L’élaboration de la stratégie d’une coopérative devrait
(+). L’objectif sous-jacent, d’un point de vue économique toujours s’appuyer sur l’intelligence collective (ateliers,
et financier, c’est le pilotage intégré de la performance groupes de travail, etc.) incluant les instances de
ESG (voir p. 66) gouvernance et les collaborateurs, avec des moyens
définis par le conseil d’administration et une mise en
oeuvre pilotée par les organes de direction.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 24


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

La stratégie (SBM-1)
dans Informations générales (ESRS 2)
→ Exemple de présentation de la stratégie

Inspiration informations. A la fin du guide, vous trouverez quelques les générations actuelles et futures.
exemples, existants à date, de présentation de la stratégie L’objectif c’est la pertinence de la stratégie et la réalité
3LE FOND. L’exemple présenté ci-dessus a vocation à
dans plusieurs rapports publics (p. 78). Le benchmark des de son exécution : intelligence stratégique et excellence
être un document de travail interne, adapté à vos besoins
sociétés cotées (les EIP) les premières concernées, entre opérationnelle. Lorsque la stratégie et son exécution sont
et pratiques de management, suivi dans le temps et
avril et juin 2025, pour l’exercice clos le 31/12/2024 pourra au rendez vous, le rapport devient une formalité.
actualisé. Chaque coopérative reste libre de son contenu.
aussi vous inspirer au besoin.
Pour autant, il convient de la relier aux enjeux matériels et La double matérialité est un exercice critique pour
aux ESRS, de crédibiliser les actions mises en oeuvre par l’alignement des stratégies : il prend en compte la
politiques, objectifs et indicateurs. L’importance de la stratégie matérialité pour la coopérative (finance, opération,
3LA FORME. C’est à partir de ce type de document Le volet ESG de la stratégie est essentiel à la performance réputation, réglementaire et juridique) et la matérialité
interne que les équipes communication pourront illustrer et à la résilience des coops, au développement des pour les tiers (les parties prenantes) et l’environnement.
votre stratégie sous forme de schémas, de tableaux, exploitations dans un contexte externe (pression de Les pratiques de « washing » sont une impasse. Il
d’infographies dans votre rapport de durabilité. Le fond marché, évolution sociétale, réglementation, etc.) et est déterminant d’être crédible et d’aligner la réalité
d’abord, la forme ensuite. Actualisé chaque année. Dans interne d’une grande complexité (renouvellement des avec le discours. Le rapport est audité et l’auditeur -
ESRS 2-SBM-1 « Modèles d’affaires, chaîne de valeur et générations, transmission des exploitations, prix de vente l’OTI - vérifie que ce qui est écrit dans le rapport de
stratégie », il est requis une synthèse de la stratégie, pas et marge, prix de vente et volatilité, maîtrise des aspects durabilité est bien ce que fait la coop’. La CSRD est une
le détail. techniques et économiques, attractivité des métiers, exigence de transparence. Par ailleurs, de nombreuses
→ Il n’y a pas de manière unique de présenter les etc. ). Le changement climatique est un défi majeur pour réglementations visent à limiter les allégations
environnementales.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 25


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

La prise en compte des parties intéressées (SBM-2)


dans Informations générales (ESRS 2)
Pourquoi prendre en compte les « intérêts et points Comment élaborer et décrire la prise en compte des
de vue des parties intéressées » ? parties intéressées ? Quels « livrables » pour les
Une organisation est indissociable et interdépendante La première des recommandations est de ne rien faire, parties intéressées ?
de son écosystème d’affaires. On parle de parties sur le sujet des parties intéressées, qui ne soit pérennisé.
3En interne pour l’élaboration et la mise à jour
prenantes, de parties intéressées. Elles sont internes Une relation s’inscrit dans le temps long, dans le respect
- La cartographie des parties prenantes
(salariés, représentants du personnel, managers, des intérêts de chacun : à l’image de la relation entre
- La, les méthode(s) de prise en compte des intérêts et
dirigeants,...) ou externes (les clients distributeurs, la coopérative et ses associés-coopérateurs. La CSRD points de vue
les clients consommateurs, les fournisseurs, les devrait être l’occasion de mieux structurer, de renforcer - Les résultats des consultations, des ateliers, des dires
administrations, les ONG, les collectivités territoriales, les le dialogue et la transparence. Consulter les parties d’experts, etc. selon la-les méthode.s retenue.s ; la
banques, les assurances, etc.). intéressées uniquement dans le cadre de la CSRD est liste des principales attentes et intérêts légitimes des
une impasse. parties prenantes
Les parties prenantes sont une ressource pour l’activité,.
Les parties prenantes sont impactées par l’activité. C’est Il n’y a pas d’obligation à consulter les parties intéressées, 3Pour l’OTI* (Organisme Tiers indépendant) ou
une relation d’interdépendance. mais une obligation à les prendre en compte. CAC qui effectue la vérification
- La méthode, qui a été adoptée pour prendre en
Les associés-coopérateurs ont un statut particulier, et Les moyens et méthodes pour prendre en compte compte les parties intéressées
c’est une des spécificités du modèle agricole coopératif les parties intéressées sont multiples. Ils doivent tenir - Le résultat
: ils sont tout à la fois apporteurs de matières premières compte de l’existant, des éventuelles études antérieures, - Le projet de rapport
à la coopérative, clients des produits et services, de la maturité, des délais et des moyens. 3Dans le rapport
propriétaires et dirigeants représentés au sein du conseil - La réponse aux points de données ESRS 2-SBM-2
Parmi les méthodes possibles : a) des ateliers, b) des
d’administration. - Le lien entre enjeux IRO matériels, parties prenantes,
interviews individuels, c) des benchmarks, d) des
maillon de la chaîne de valeur
L’intérêt de la coopérative, c’est une relation constructive questionnaires en ligne, e) des analyses « à dire d’experts »,
avec chacune de ses parties prenantes, respectueuse des f) de la consultation d’un comité permanent de parties *Sous réserves des dispositions finales liées à l’audit, avis technique de la
attentes et intérêts légitimes et raisonnables de chaque prenantes, g) l’observation des parties prenantes, etc. H2A, méthodologies d’audit en cours d’élaboration.

partie. Cela passe par le dialogue et la transparence. C’est à la coopérative de décider des moyens adaptés à
sa situation.
Dans la CSRD, ce qui est souhaité, c’est justement la prise
en compte des intérêts des parties prenantes dans la Il est important de ne pas confondre dans cet
stratégie ESG, une organisation ne pouvant se construire exercice « perception, avis, opinion » avec « évaluation
contre la société et ses composantes. L’entreprise a approfondie ». Une partie prenante a rarement une
besoin d’intelligence relationnelle. connaissance complète de tous les enjeux ESG, de
l’amont à l’aval, ni de la situation précise coopérative et Quelles ressources pour la prise
L’exigence de transparence conduit à mieux structurer
de son niveau de maitrise. -
ses relations, les structurer de manière pérenne. en compte des parties intéressées ?
Il y a de multiples biais et limites à une consultation : le
Les impacts d’une entreprise sur les tiers, les parties Dans la mise en oeuvre, vous pouvez vous appuyer
temps passé, le moyen, la connaissance de la personne,
prenantes pouvant être positifs (+) ou négatifs (-), les sur :
la défense de ses intérêts propres, etc.
stratégies viseront à limiter les (-) et maximiser les (+). 3Le guide LCA « Les parties prenantes au coeur de la
L’élément d’entrée est une cartographie des parties démarche RSE » de mai 2024
prenantes ainsi que les « questions de durabilité » de 3Le guide des parties prenantes de l’IFA
ESRS 1-AR16. L’élément de sortie est une liste restreinte 3Les 7 principes du dialogue avec les parties
de questions de durabilité qui seront soumises à une prenantes du Comité 21
analyse, une évaluation approfondie en double matérialité
(voir p. 29).

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 26


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La prise en compte des parties intéressées (SBM-2)


dans Informations générales (ESRS 2)

produits, aux signes de qualité et labels, à la provenance,


l’absolue nécessité de produits sains, l’évolution de leurs
→ Exemple de présentation des parties intéressées dans le rapport de durabilité
besoins, la connaissance des clients et le dialogue sont
stratégiques. Il s’agit de produire pour des clients.
Ce sont aussi les communautés locales, collectivités
territoriales, la société civile, les centres de recherche,
etc. tout l’écosystème d’affaire avec lequel le dialogue
est indispensable, incontournable pour construire des
relations mutuellement bénéfiques.

Inspiration L’importance des parties intéressées


3LE FOND. L’exemple présenté ci-dessus a vocation à Les parties intéressées sont majoritairement des
être un document de travail interne, adapté à vos besoins « ressources » pour une coopérative.
et pratiques de management. Les documents de travail
Les associés-coopérateurs, fondateurs de la coop’,
doivent couvrir les points de données de l’ESRS 2-SBM-2.
sont ses premières parties prenantes : apporteurs de
Le document ci-dessus en couvre 7 entre crochets [ESRS
matières premières non transformées, ils dirigent la
2 - SBM-2 - xxx]. Il est indispensable de toujours disposer
coop’ au sein du conseil d’administration et participent
de la dernière version des points de données de l’EFRAG,
à la vie de la coopérative dans les comités de territoires
du 26 juillet 2024.
et aux assemblées générales. Echange, écoute,
3LA FORME. La présentation dans le rapport est libre, compréhension des besoins et de l’extraordinaire
dès lors que tous les points de données sont couverts. Il diversité des exploitations, des exploitants et des filières,
assure la conformité. co-construction sont indispensables. Cela s’appuie sur la
3BENCHMARK. Il n’y a pas de manière unique de confiance et la qualité de dialogue.
présenter les informations. Dans son DEU (Document Les salariés : au coeur du projet de la coopérative, ils en
d’Enregistrement Universel) de l’exercice 2023, Legrand sont la cheville ouvrière. La santé, la sécurité et la qualité
fait une intéressante présentation en tableau : étape de la de vie au travail, la disponibilité, la qualité et l’engagement
chaîne de valeur, parties prenantes, sujets de durabilité (p des compétences, l’évolution des compétences face
90 et 91) et renvoie à la cartographie complète des parties aux nouveaux défis (IA, changement climatique, etc.),
prenantes sur son site internet. l’évolution des comportements au travail, sont autant
d’enjeux qui exigent écoute, connaissance et dialogue.
Les clients finaux : les consommateurs, leur capacité à
acheter, leur fidélité, leur attachement aux marques et aux

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 27


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

La double matérialité (SBM-3) Quels « livrables » pour la


dans Informations générales (ESRS 2) double matérialité ?
3En interne pour l’élaboration et la mise à jour
- La méthodologie retenue et les différentes étapes du
processus suivi (ex. ci-après)
Pourquoi réaliser une analyse en double matérialité ? Comment mettre en oeuvre le principe de double - La traçabilité des travaux internes, des ateliers, des
matérialité ? éventuelles consultations, selon le dispositif retenu.
Lorsque l’on gère des affaires, la question de la
- La validation interne (CAdm, ComEx, autre)
performance est centrale. De quelle performance Ne pas se fourvoyer au départ sur ce qu’est la double
parle-t-on ? Laquelle est prédominante ? Pour piloter matérialité : c’est un modèle d’analyse, de pilotage 3Pour l’OTI* (Organisme Tiers indépendant) ou CAC
une entreprise, il semble incontournable de piloter 3 interne et de reporting externe. qui effectue la vérification
performances : la performance opérationnelle (qualité, - Outre les livrables SBM-1 et SBM-2, vus précédemment
Les éléments d’entrée en sont le modèle d’affaires et - La méthode, les éléments de preuve et le résultats de
production,..), la performance économique et financière
la chaîne de valeur (voir précédemment). l’analyse en double matérialité
(rentabilité, valeur des actifs,..) et la performance ESG
- Le projet de rapport de durabilité avec ses parties ESRS
(société, humains, environnement, …). Ce que le reporting Le scope des thématiques à analyser doit comprendre les 2-SBM-3 (l’analyse en double matérialité) et ESRS 2-IRO-1
de durabilité amène, c’est de prendre en compte à la « questions de durabilité » de la norme ESRS 1 AR16), mais et 2 (le processus)
fois les aspects opérationnels et financiers (matérialité aussi les enjeux spécifiques à la coopérative et les enjeux - Le détail des analyses de matérialité et des IRO-1 dans
dite financière) et les aspects sociaux sociétaux, sectoriels, le cas échéant. les parties E, S et G (SBM-3 est une synthèse)
environnementaux et de gouvernance (matérialité dite
Il n’y a pas une seule méthode pour réaliser son analyse 3Dans le rapport
d’impact).
en double matérialité. La méthode devrait être réfléchie - La réponse à l’ensemble des points de données de ESRS
Le terme de « matérialité » est utilisé pour parler en amont, en tenant compte de la maturité, des moyens, 2-SBM-3 (et IRO-1 et 2, voir p. 35)
d’importance, de priorité. Il est en effet indispensable de l’existant en matière de management des risques, etc. *Sous réserves des dispositions finales liées à l’audit, avis technique de la
de déterminer quels sont les enjeux (les IRO) La méthode est un préalable et la méthode retenue doit H2A, méthodologies d’audit en cours d’élaboration.
prioritaires pour une coopérative, de l’amont à l’aval. être expliquée dans ESRS 1-IRO1 (voir p X). La méthode
Cela requiert un dialogue avec les parties prenantes et doit être proportionnée aux enjeux et à la taille (voir guide
une analyse approfondie des thématiques. ANC-Q3).
Si les coopératives ne sont pas dépendantes des marchés La matérialité peut varier selon le contexte, les variations Quelles ressources pour la mise en
financiers, des actionnaires et investisseurs, n’étant de périmètre, la réglementation, l’évolution des clients par
pas des entreprises cotées, elles ont néanmoins une
oeuvre de la double matérialité ?
exemple. Aussi, il convient d’être en mesure d’actualiser
exigence de rentabilité et de performance économique. l’analyse de manière régulière, selon les besoins et de Dans la mise en oeuvre, vous pouvez vous appuyer sur :
La matérialité financière est donc clé. Par ailleurs, les s’assurer de son actualité pour le rapport de durabilité, 3le benchmark des coopératives (p. 65)
coopératives agricoles sont plus dépendantes de la dans le rapport de gestion, à chaque assemblée générale. 3le guide de l’EFRAG Implementation Guidance
nature que d’autres activités et restent dépendantes, Il y a donc lieu de réfléchir non à une méthode et une Materiality Assessment du 31 mai 2024, en anglais…
comme les autres activités, des salariés, des clients, analyse « one shot » mais à une méthode et une analyse 3le guide n°1 de l’ANC, questions Q2 et Q3
des fournisseurs, des communautés. La matérialité 3le précédent guide sur le reporting de LCA de juin 2018
intégrée dans les processus de pilotage des porteurs
sociale, sociétale, environnementale est donc clé aussi. 3le référentiel sectoriel de la GRI : GRI 13 : Secteurs de
d’enjeux (les IRO).
l’agriculture, de l’aquaculture et de la pêche 2022
Enfin, le modèle coopératif est lui-même porteur
L’implication de la gouvernance (CAdm et ComEx) est 3le référentiel sectoriel de l’IFRS-ISSB secteur des
d’une gouvernance singulière : coopérer, être solidaire,
stratégique dans le processus. Et pas uniquement pour aliments et boissons, 1) produits agricoles 2) viandes
respecter la représentativité, prendre en compte les volailles et produits laitiers 3) aliments transformés
diversités, sont au cœur de la vie coopérative. valider le travail… La compréhension commune et la
validation partagée des priorités sont indispensables. 3les analyses sectorielles de MSCI (ESG industry
La directive a comme objectif notamment la résilience Materiality Map) de S&P (Sector ESG materiality map)
des modèles d’affaires et la réorientation des Nous proposons dans les pages suivantes un processus peuvent être des ressources utiles.
et un modèle d’analyse conforme à l’esprit de la 3L’intelligence artificielle peut être un outil puissant, à la
financements vers des activités plus durables : la double
réglementation, vous pouvez vous en inspirer. Nous condition d’utiliser des versions complètes, de diversifier
matérialité en est un levier.
vous recommandons d’échanger avec votre vérificateur les sources et de « garder la main » sur les conclusions.
à la durabilité en amont sur la méthode pour éviter
déconvenues ou réserves.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 28


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

La double matérialité (SBM-3)


dans Informations générales (ESRS 2) → schéma général du processus

Inspiration
→ Exemple d’un processus de double matérialité, de l’amont (1 : les thèmes à analyser) à l’aval (5 et 6 : le rapport de durabi-
Il s’agit d’un schéma de principe, conforme à l’esprit et lité)
la lettre de la directive transposée (ordonnance + décret),
aux principes de la norme (ESRS 1-3), au guide de mise en
oeuvre de l’EFRAG (implementation guidance Materiality
Assessment) et enfin au guide de l’ANC (questions Q2 et
Q3). La coopérative reste libre du processus adapté à sa
taille , son existant et sa maturité.

L’importance de la méthode et du processus


La double matérialité est un processus d’analyse et
d’évaluation, de pilotage interne et de reporting
externe des impacts risques et opportunités matériels.
Pas seulement un processus de reporting externe. La
définition préalable du processus et des méthodes est
indispensable.
Un processus doit être décrit pour être répétable et fiable.
Les étapes 4, 5 et 6 sont décrites ci-après. ESRS 2-SBM-1 et
SBM-2, vus précédemment, sont des éléments d’entrée.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 29


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

La double matérialité (SBM-3) dans Informations générales (ESRS 2)


Les travaux internes d’analyse et d’évaluation

→ Exemple d’un cadre interne d’analyse et d’évaluations des enjeux (IRO) : l’étape 4 du processus global

Évaluation de la double matérialité : exemple de synthèse d’analyse interne

Matérialité sociale, Mesure de maîtrise des impacts,


Matérialité pour la coopérative sociétale et Questions risques et opportunités
environnementale de management des IRO
durabilité
Évaluation de
Risques liés à la santé et sécurité du personnel

Événements Impacts, de la Chaine Évaluation de la Évaluation de la Évaluation de la


conséquences la matérialité
redoutés (-) ou norme de valeur, Temporalité matérialité pour matérialité pour matérialité pour
Impacts, conséquences pour l’entreprise pour les tiers et pour les tiers et Objectifs,
souhaités (+) ESRS 1 Périmètre l’entreprise Principales l’entreprise les tiers et l’env.
(matérialité dite financière) l’environnement l’environnement indicateurs
(thèmes, mesures
(matérialité dite et suivi de la
sous- mise en œuvre
d’impact) performance
thèmes…)
Risques (-) Opportunités (+) Impacts (+) et (-)
Couts directs (-) Accident entrainant
Fin et indirects de des blessures, Objectif :
l'absentéisme incapacités, décès
(-) Atteinte à la
santé, la sécurité (-) Maladies
et la sureté du professionnelles, TMS,  Orientations
personnel (accidents Perturbation des
etc.  ESRS-S1
du travail, accidents opérations liées  Politiques
à l’absentéisme (-) Cas de « burnout », Effectifs de Indicateur
de trajet, maladies Opé  Actions
et au turnover, Attractivité des harcèlement voire l’entreprise de pilotage :
professionnelles, Selon critères Selon critères
désorganisation emplois (postes suicide  Thème : Amont, Selon critères et  Ressources : Selon critères et
risques Permanent, et seuils tiers et et seuils tiers et
interne pourvus, délais (-) Dégradation du Conditions Activités seuils entreprise moyens seuils entreprise
psychosociaux, court, moyen, environnement environnement
pour pourvoir un climat social de travail propres, (vraisemblance techniques (vraisemblance
maladies ordinaires, long terme (vraisemblance (vraisemblance
poste), réputation Aval x impact) humains et x impact)
épidémie/pandémie,  Sous- x impact) x impact)
« Image de de l’entreprise financiers
etc.) thème :
l'entreprise, (CapEx et Opex
(-) Pénibilité des santé et significatifs) liés à
difficultés de Résultats année
conditions de travail Rép. sécurité la santé
recrutement liées (+) Santé des salariés, n-1, n
(+) Attractivité, aux conditions et sécurité
satisfaction des
rétention, baisse de de travail salariés
l’absentéisme
Dommages et Suivi et
Jur. intérêts, plaintes, informations de
condamnations la gouvernance
(a) (b) (c-1) (c-2) (d) (e) (f) (g) (h) (i) ( j)
< Analyse du risque brut, réel ou potentiel > < Évaluation du risque brut > < Évaluation du risque net >

Comprendre ce document
(a) E
 njeu (impacts, risques et opportunités) issu du dialogue « avis et opinions » avec les parties prenantes internes et (e) Liens avec les questions de durabilité pertinentes (thèmes, sous-thèmes et sous-sous-thèmes) à analyser dans la normes
externes ESRS 1 (normes publiée au JOE pages 27 à 28)
(b) Événements souhaités ou redoutés distincts de leurs conséquences, description des événements avérés ou potentiels, (f) Maillon de la chaîne de valeur (amont, activités propres, aval), entité, BU, secteur d’activité concerné par la double
spécifiques aux activités. Le risque c’est « événement dont les conséquences… » (voir page 80) importance-matérialité
(g) Temporalité des effets des IRO : permanent (continu), court (-de 1 an), moyen (de 1 à 5 ans) et long (+de 5 ans) ou temporalité
(c-1) Analyse des conséquences (risques) des événements pour l’entreprise : conséquences opérationnelles, juridiques
spécifique à l’entreprise
et réglementaires, réputationnelles, financières. Les 4 champs d’analyse sont indissociables et indispensables pour
(h) Évaluation du risque brut, sans tenir compte des mesures de maîtrise (Vraisemblance et Impacts VxI) : voir onglet
déterminer « la matérialité financière ». Questions posées : « qu’est ce qui s’est déja passé » risque réel et « qu’est ce qui
« critères et seuils pour la partie Conséquences/Impacts »
pourrait se passer » risque potentiel
(i) Mesures de maîtrise des risques (IRO) mise en œuvre (en prévention sur les causes et la vraisemblance, en protection sur les
(c-2) Analyse des conséquences (opportunités) des événements pour l’entreprise pour déterminer « la matérialité conséquences) ; management des IRO selon les recommandations de la CSRD : politiques > actions et ressources > objectifs
financière ». Questions posées : « qu’est ce qui s’est déja passé » opportunité réelle et « qu’est ce qui pourrait se passer » et indicateurs
opportunité potentielle (j) Évaluation du risque résiduel, compte tenu des mesures de maîtrise et à l’aide des critères et seuils (Vraisemblance et
(d) Analyse des conséquences pour les tiers et l’environnement (impacts + et -) : social, société, environnement et santé, pour Impacts VxI) : voir onglet « critères et seuils pour la partie Conséquences/Impacts »
les « parties intéressées » (salariés, clients, fournisseurs, riverains, ONG, etc…). Impacts réels et impacts potentiels

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 30


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Exemple d’un processus interne d’analyse et d’évaluation des enjeux (IRO) :


éclairages sur l’étape 4, zoom sur « le risque »

Le risque, cet incompris… CA CONSISTE EN QUOI MANAGER LES RISQUES,


- La définition de « risque », terme désormais utilisé dans LES IRO?
de nombreuses lois (anticorruption, devoir de vigilance,
rapport de durabilité) n’est pas largement partagée et
→ ANTICIPER Quelles ressources pour le
comprise au sein des entreprises. Il est indispensable de
clarifier le vocabulaire utilisé et son sens, pour toute la management des risques, des IRO ?
CSRD, ce, afin de faciliter la mise en action. On parle bien de manager les IRO, les impacts (+) et
(-) risques (-) et opportunités (+), pas seulement le
- Par ailleurs, la pratique de management des risques est
risque au sens écart négatif par rapport à un objectif.
parfois trop décorrélée de l’activité réelle. L’importance → MAÎTRISER LES ÉCARTS Il est indispensable d’utiliser un vocabulaire et des
d’une méthode, c’est son utilité, sa contribution à la
DE PERFORMANCE méthodes partagés.
dynamique managériale et aux résultats…
3La norme ESRS 1 volet double matérialité (chap. 3 et
- Définition selon l’AMF : « Le risque représente la exigences d’application) ainsi que le guide de mise en
possibilité qu’un événement survienne et dont les oeuvre de l’EFRAG IG1 Materiality Assessment.
conséquences seraient susceptibles d’affecter les 3Selon la taille et l’organisation des coops, les
personnes, les actifs, l’environnement, les objectifs de équipes « audit interne » (normes d’audit, IFACI) et les
la société ou sa réputation. » Cette définition de 2010 → ÉVITER LES « CRASHS » équipes « système de management » (normes ISO,
est compréhensible par tous, de pleine actualité et en AFNOR) le cas échéant, utilisent l’approche par les
double matérialité ! risques. Un travail de concert est nécessaire tant sur
les méthodes que la mise en oeuvre en amont des
- Définition ISO 9001:2015 (extrait) : « facteurs susceptibles L’opportunité aussi ! analyses notamment.
de provoquer un écart (...) par rapport à un objectif (...) ».
L’opportunité (+) n’est pas en tant que telle le pendant du 3« Les dispositifs de gestion des risques et de
- Pas d’objectif, pas de risque d’écart par rapport à un risque (-) ou son contraire. L’opportunité c’est faire mieux contrôle interne - Cadre de référence : Guide de mise
objectif. Le management des risques amène un besoin que l’objectif, voire se donner de nouveaux objectifs, en oeuvre pour les valeurs moyennes et petites » de
de clarté des objectifs et de relier les IRO à leurs objectifs, explorer de nouveaux territoires…(voir définitions en l’AMF. Si le cadre a été édité pour les sociétés cotées,
dans la stratégie. annexe). il n’en est pas moins pertinent et synthétique sur la
gestion des risques.
- Management des risques. En 3 mots-locutions : anticiper, Un exemple pour une coopérative : l’évolution du « Sustainability risk guide for European risk managers »
maîtriser les écarts de performance, éviter les crashes ! comportement des consommateurs vers plus de végétal par la FERMA, c’est en anglais mais synthétique et
Cela s’applique tant aux risques (-), aux opportunités (+) est une opportunité de développement d’activité pour les utile ! La FERMA est la Fédération européenne des
qu’aux impacts positifs (+) et négatifs (-). filières végétales* ; le besoin de ressources renouvelables associations nationales de management des risques.
(chimie verte, biogaz, agri-voltaïsme, carburants
- La publication d’un chapitre « facteurs de risques » et
renouvelables), la confiance des consommateurs liée à
d’un chapitre « durabilité » dans un rapport de gestion
une marque ou à sa provenance, aux critères et signes
implique une cohérence et complémentarité des
de qualité et d’origine (label rouge, AOC, IGP, bio) sont
méthodes, le cas échéant. La double matérialité enrichit
autant d’opportunités de développement pour toutes les
les méthodes pré-existantes.
filières, selon le contexte.
* C’est aussi un risque de décroissance pour les filières élevage.

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Exemple d’un processus interne d’analyse et d’évaluation des enjeux (IRO) :


éclairages sur l’étape 4, zoom sur « le risque »
Comment fait-on cette analyse et cette évaluation des → Exemples de critères et seuils à déterminer par le management et à aligner avec les objectifs
enjeux, impacts risques et opportunités ?
De manière transversale. L’analyse et l’évaluation requièrent
des compétences multiples, opérationnels, financiers,
marketing communication, juridiques, RH, environnement,
il convient de réunir des compétences transversales pour
réaliser des analyses solides. Sous forme d’ateliers, par ex.
Importance des thématiques versus importance des
informations. On analyse et évalue d’abord l’importance
relative de la thématique, des thèmes et sous thèmes
associés, ensuite on regarde la pertinence des informations
à reporter (voir p. 33).
Niveau d’importance qualifié ou quantifié. L’évaluation
requise dans un premier temps est qualitative. La matérialité
peut être élevée, modérée, limitée par exemple. Pour certains
points, les directions financières devront évaluer en euros
(voir effets financiers escomptés et dispositions transitoires).
Double cotation. Il est nécessaire de disposer de seuils de
matérialité financière et de seuils de matérialité d’impact
pour faire une double évaluation (voir exemples ci-contre).
Risque inhérent/brut ou risque net/résiduel. Le risque
brut c’est « avant mesure de maîtrise ». Le risque net c’est
« compte tenu des mesures de maîtrise mises en œuvre et des
résultats ». La norme requiert l’évaluation et la présentation
du risque brut. Le pilotage ESG se fait compte tenu des
mesures de prévention et de protection face aux risques
(risque net). Le marché financier (investisseurs, assureurs,
banques) apprécie le risque résiduel dans le chapitre
facteurs de risques du rapport de gestion. Il convient de ne
pas dissocier la présentation dans le rapport de durabilité du
pilotage effectif de la performance ESG.
Risque avéré-observé et risque potentiel. C’est un point
clé. L’évaluation du risque (ou de l’impact) avéré ou observé
repose sur une information documentée, un historique. Le
risque futur s’apprécie au regard de scénarios « le plus précis
possible », sur lequel l’entreprise fait consensus. On ne peut Les critères et seuils doivent être alignés avec les objectifs
prévoir totalement le futur, on peut en réduire l’incertitude. de l’entreprise, le seuil maximum détermine l’appétence au *La compétence, la représentativité et l’indépendance sont 3 critères clé de
gouvernance
On peut aussi le subir sans s’y être préparé… risque ou la limite d’acceptabilité. La fixation des seuils relève **La recommandation du Code AFEP-Medef en matière d’indépendance est de
du ComEx, du CoDir. 33% des admin.
L’importance des critères et seuils Il y a lieu de déterminer des critères et seuils : gravité
x probabilité pour la matérialité d’impact et ampleur x relève de limites d’acceptabilité (ex. pollution irréversible)
La définition de critères et de seuils est un pré-requis d’une cf. ci-dessus. Chaque entreprise doit déterminer les critères
probabilité pour la matérialité financière (cf. ESRS 1 3.4 et 3.5)
évaluation. C’est aussi un pré-requis réglementaire (cf. et seuils adapté à ses activités et aux besoins de la CSRD et
norme). L’ampleur et l’étendue sont seuils de gravité (mineur,
expliquer la méthode retenue (IRO1).
modéré, important, majeur). Le caractère « irrémédiable »
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Double matérialité : éclairages sur l’étape 5 et 6, la matérialité


de l’information et le rapport de durabilité

Les principes à appliquer → Schéma pour la publication

Dès lors qu’un ESRS E, S ou G thématique est « matériel », il convient de répondre aux
exigences de publication (1er niveau d’information). Il conviendra d’être précis lors de
l’analyse quant aux thèmes et sous-thèmes pertinents pour l’entreprise (voir le point (e)
travaux internes d’évaluation p. 30).
Dès lors qu’un ESRS est matériel, il convient de publier les éléments de gestion, de
management des IRO, à savoir : politiques, actions et ressources, indicateurs pertinents
(objectifs et indicateurs). On parle d’exigences minimales de publication.
L’entreprise peut omettre les points de données de la section « indicateurs » (objectifs
et indicateurs) dès lors qu’elle considère qu’ils ne sont pas pertinents au regard de la
matérialité de l’information. (ESRS 1-3.2-point-34).
Si l’entreprise conclut que le changement climatique n’est pas matériel, elle a l’obligation
de s’en expliquer, ce n’est pas le cas pour les autres ESRS E,S et G.
Pour éviter de répéter les informations (ex. E1 Changement climatique et thématique de
l’eau et E3 eau,) l’entreprise peut faire de renvois (ESRS 1-AR18).

La matérialité de l’information
La notion de matérialité de l’information vise à ne publier que les indicateurs pertinents.
Ils peuvent se trouver dans la norme, dans les futures normes sectorielles ou encore être
spécifiques à la coopérative.
En l’absence d’indicateurs d’impact pertinents dans les normes existantes (elles sont
incomplètes pour certaines), l’EFRAG propose des correspondances avec la GRI ou autres
référentiels reconnus (ex. ISSB-SASB).
Une information qualitative ou quantitative (un indicateur) est pertinente dès lors :
3Qu’elle est adaptée pour mesurer, qualifier, quantifier, expliquer une thématique
3Qu’elle est utile à la prise de décision, des utilisateurs de l’information financière, des
pilotes internes des enjeux (IRO), des utilisateurs de l’information d’impact.
Une règle devrait s’imposer : « Qui utilise quelle donnée ? Pour quelle décision ? »
Une règle devrait s’imposer : « Qui utilise quelle donnée ? Pour quelle décision
Les critères et seuils de matérialité de l’information appliqués doivent être documentés Sachant qu’une entreprise qui démarre son reporting ne peut raisonnablement pas
? » Sachant qu’une entreprise qui démarre son reporting ne peut raisonnablement
(ESRS 1-3.2-point-36) pour cadrer les travaux internes, pour pour le vérificateur de suivre 1000 indicateurs qualitatifs et quantitatifs et que le principe de proportionnalité
pas suivre 1000 indicateurs qualitatifs et quantitatifs et que le principe de
durabilité et pour expliquer les IRO1 et 2. devrait s’imposer.
proportionnalité devrait s’imposer.

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Double matérialité (SBM-3) dans Informations générales (ESRS 2) :


exemple de présentation dans un rapport

→ Exemple de présentation pour un enjeu, impacts risques et opportunités

Inspiration de l’exercice 2023, publication en 2024 (voir en annexe : 33) permet de formuler une synthèse pertinente dans le
ressources, p. 78). rapport. En prenant soin de travailler d’abord la méthode
3A nouveau la coopérative reste libre de sa présentation,
3Dès mars, avril et mai 2025, les coopératives pourront : Méthode de double matérialité > Travaux internes et
dès lors que les points de données de ESRS 2-SBM-3
s’inspirer de la pratique des sociétés éligibles au titre de consultations > Présentation externe.
sont couverts. Dans tous les cas, il y a lieu de présenter
une description des impacts risques et opportunités... l’exercice 2024 (ex. SBF120 en France, DEU - Document L’entreprise, la coopérative, dans son rapport, doit
donc, un texte. Concis et pertinent de préférence. d’Enregistrement Universel - rubrique finance du site développer un véritable savoir-dire pour créer la confiance.
La présentation ci-dessus intègre certains points de internet) La coopérative doit aussi prendre en compte le risque de
données requis par ESRS 2-SBM-3. Pour la conformité, réputation.
il convient aussi de rappeler les dispositions transitoires L’importance de la présentation de la double La norme impose la présentation du risque brut,
(ESRS 1-10) ainsi que les exigences introduites par étapes matérialité sans prise en compte des mesures de maîtrise. Il est
(ESRS-Annexe C). indispensable pour la compréhensibilité de l’analyse en
La solidité méthodologique pour l’établir, la clarté et la
3La présentation d’une matrice est une pratique compréhensibilité de l’analyse en double matérialité sont double matérialité de préciser, dans IRO1 (processus)
d’entreprise, pour autant elle ne répond pas seule aux fondamentales. Tant pour l’interne, pour la dynamique et SBM-3 (IRO en double matérialité), si les résultats
critères de conformité. La loi, les normes et les points de managériale, la compréhension partagée et la nécessité présentés sont des « perceptions », des opinions, ou des
données demandent une description des IRO (impacts d’un consensus que pour l’externe, le rapport public. « évaluations-cotations » d’une part ; et pour la cotation
risques et opportunités). des IRO, si ce sont des risques inhérents-bruts ou des
La qualité et la transversalité des travaux internes
3Certaines entreprises ont d’ores et déjà anticipé lors risques nets-résiduels, d’autre part.
menés pour l’analyse en double matérialité (cf. p . 28 à

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Le processus (IRO1) dans Informations générales (ESRS 2)

Pourquoi concevoir un processus ? Comment répondre à « ...procédure d’évaluation de


l’importance » ?
Selon les termes même de l’EFRAG (IG Materiality
Assessment) « [...] L’ESRS n’impose pas la manière dont Dans la mesure ou chaque entreprise reste libre du
le processus d’évaluation de l’importance relative doit processus (ensemble d’activités) ou de la procédure Quels « livrables » pour
être conçu ou mené par une entreprise. En effet, aucun (tâches d’une activité) mis en oeuvre, il convient de la double matérialité ?
processus ne conviendrait à tous les types d’activité décrire ce processus clé qu’est l’analyse en double
économique, de structure organisationnelle, [...] ». matérialité. L’évaluation de la double matérialité étant le 3En interne pour l’élaboration et la mise à jour
Cependant, pour que le lecteur du rapport de durabilité point de départ de l’information en matière de durabilité. - Une description précise du processus mis en oeuvre
comprenne et apprécie le résultat de l’étude de Cela concerne les IRO impacts (+) et (-) et les risques (-) et pour établir la double matérialité, dont responsabilités,
matérialité, il convient de décrire comment l’analyse a opportunités (+). consultations, analyses documentaires, benchmark,
été faite, quels critères de matérialité des thématiques etc.
Un processus, ça se décrit, par exemple avec un 3Pour l’OTI* (Organisme Tiers indépendant) ou
et de matérialité de l’information ont été utilisés. C’est
logigramme (élément d’entrée, tâche, responsable, CAC qui effectue la vérification
un objectif de la CSRD : la transparence. Dire ce que l’on
éléments de sortie), un tableau double entrée (quelle - Le projet de rapport et son volet IRO1
fait, faire ce que l’on dit.
tâche, par qui), le recours au « business process - Les éléments de preuves des processus mis en
Selon les termes de l’ANC (Guide n°2 de juin 2024) , il management », à un diagramme SIPOC, selon ce oeuvre
y a lieu d’appliquer un principe de proportionnalité qui est adapté à l’entreprise. Les équipes système de 3Dans le rapport
« Guide ESRS n°1, déc. 2023, Q3 ». On comprend en effet management ISO sont coutumières de ces méthodes. - La réponse aux points de données de ESRS 2 IRO1
aisément qu’une entreprise multinationale, soumise Cela s’applique à l’analyse en double matérialité et aux (processus) et IRO2 (exigences couvertes).
aux obligations de reporting depuis la loi NRE (exercice objectifs et indicateurs.
ouvert en 2003) ayant des équipes et des moyens *Sous réserves des dispositions finales liées à l’audit, avis technique de la
Ce qui est requis pour la description du processus IRO1 : H2A, méthodologies d’audit en cours d’élaboration
importants dans le département « ESG, Durabilité » ne va
 Les méthodes et hypothèses utilisées
pas mettre en oeuvre les mêmes méthodes et moyens
associés qu’une entreprise de 250 ETP qui « démarre »  La vue d’ensemble des méthodes pour identifier,
son reporting externe. C’est la raison pour laquelle il évaluer et suivre les IRO
est indispensable d’être clair dans la partie méthode  La prise en compte des IRO sur l’ensemble de la chaîne
sur ce qui est fait, en adéquation avec les moyens. Une de valeur
coopérative nouvellement éligible au reporting public de  La prise en compte des parties intéressées dans le
durabilité va capitaliser sur son existant le formaliser pour processus
le reporter en externe, planifier, le cas échéant, ce qui
sera fait ultérieurement. Et l’expliquer, selon le principe  Les critères et seuils (fréquence x gravité ou Quelles ressources pour la mise
« appliquer ou expliquer ». vraisemblance x impact) utilisés pour les impacts négatifs en oeuvre des processus ?
réels ou potentiels sur les tiers et l’environnement, sur la
La logique d’un processus c’est d’être répétable, avec coopérative (matérialité dite financière) Dans la mise en oeuvre, vous pouvez vous appuyer
des acteurs des tâches, etc. Or, le pilotage des IRO, c’est sur :
 La vue d’ensemble des processus de décision associés 3Le guide de mise en oeuvre de l’EFRAG IG1
en continu et le rapport de durabilité c’est une fois par aux IRO et leur intégration dans les processus de pilotage
an, pour l’assemblée générale ordinaire. Il convient donc Materiality Assessment, en anglais
de l’entreprise (voir p. 66) 3Le guide de l’ANC de juin 2024 notamment les
d’avoir des processus organisés et décrits. (voir p. 29 à 31)
 La vue d’ensemble du contrôle interne questions Q2 (Q2.1 à Q2.9) et Q3

Pour IRO2, la coopérative présente les exigences


de publication (1er niveau d’information des ESRS)
auxquelles elle a répondu. Cela permet de comprendre
rapidement ce qui a été inclus ou omis.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 35


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10 questions sur l’analyse


en double matérialité
Q2 Quelle est la fréquence d’une analyse de
double matérialité ? À chaque exercice ? Tous Q3 Si la coopérative détient
les 2-3 ans si aucun changement majeur ? des filiales, faut-il travailler
Q1 Quelles sont les limites, les Dans la pratique, les entreprises revisitent leur analyse de matérialité une analyse de double
difficultés d’une analyse de tous les 3 à 5 ans. La pertinence voudrait que cela soit fait à chaque matérialité par filiale ou
matérialité ? cycle stratégique. Les entreprises ont en général des stratégies
globale au groupe ?
« business » à 5 ans. Elles devraient intégrer comme élément d’entrée
D’abord faire attention de distinguer : exposition, l’analyse en double matérialité pour construire une stratégie globale Le périmètre à prendre en compte est
perception (avis et opinions), analyse et évaluation- avec un volet durabilité. Un point de vigilance cependant, si les le périmètre consolidé. Pour autant,
cotation. Les parties intéressées sont plus à même activités sont modifiées significativement (ex. rachat ou création dans l’analyse s’il y a des activités très
de donner un avis (et il est important) que de faire d’une nouvelle activité) ou si le contexte change significativement différentes (code NACE), il est pertinent
une évaluation détaillée multicritères sur l’ensemble (ex. évolution du comportement des consommateurs, évolution de différencier les activités concernées
des enjeux. Ensuite prendre en compte toutes les réglementaire importante), il peut être pertinent de faire une révision dans l’analyse. C’est un élément à prévoir
contraintes : temps à passer par personne, nombre de partielle. lors de l’élaboration de la méthode. Par
sujets à balayer, connaissance individuelle partielle, exemple, en précisant l’activité concernée
etc. dans la chaîne de valeur, ou en faisant
Faire attention à ne pas en faire un exercice « one une évaluation spécifique (voir p. X). Il y a
shot », décorrélé des processus de management. aussi une question de moyens, de temps à
Enfin la réduction des incertitudes du futur nécessite passer, de complexité à maîtriser.
une analyse documentée et un consensus sur les
hypothèses retenues. A nouveau, commencer par Q5 Doit-on faire une évaluation
la méthode. et détailler des raisons pour lesquelles de l’importance du risque
elles ne le font pas ou elles ne l’ont pas encore fait (en
cours, planifié). C’est un principe reconnu en droit. Il inhérent-brut ? Du risque
est notamment prévu dans le balisage. résiduel-net ?
La norme requiert la présentation dans
« Informations générales SBM-3 », l’analyse en
double matérialité des IRO, du risque brut, sans
considération des politiques et plans mis en
œuvre. Cela permet d’apprécier, d’évaluer le
caractère adapté des politiques, plans d’actions Q6 Quels sont les seuils de
Q4 Quel est le niveau de détail, de et ressources mis en œuvre. De mieux évaluer
aussi les résultats obtenus.
fréquence, de vraisemblance
profondeur, de complexité lors de l’analyse ? Le pilotage se fait à partir du risque net (en
à utiliser ?
C’est un point majeur lorsque l’on établit la méthode, avant l’analyse considération des résultats obtenus et du niveau Comme pour les seuils de gravité-impact
interne et la publication externe. Plus la méthode est complexe, de maitrise). La finalité est bien de maîtriser les (cf. p. 32), on détermine des seuils de
détaillée, désagrégée, plus sa mise en œuvre sera « lourde », et plus effets des impacts risques et opportunités ESG. fréquence, de probabilité, de vraisemblance
le risque de sa non-mise à jour régulière sera fort. La dynamique Dans tous les cas, dans « Informations générales pour le risque observé (exceptionnel, rare,
managériale déjà en place, l’adéquation aux moyens et la pertinence IRO1 », il conviendra d’expliquer la méthode et le occasionnel, fréquent) et pour le risque
devraient vous guider. Attention à « l’usine à gaz » que personne ne processus retenus. potentiel (très improbable, improbable,
comprend et s’approprie en interne ou à l’exercice « hors sol ». Le probable, très probable)
guide propose un chemin de conformité et des exemples les plus
simples possibles.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 36


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10 questions sur l’analyse


en double matérialité
Q9 Faut-il se faire
accompagner ? Est-il possible
d’internaliser la compétence ?
Il y a une question de « bande passante » : ai-
Q8 Combien de temps je les disponibilités en interne pour conduire
Q7 Que faut-il pour faire une faut-il pour réaliser une étude ? L’établissement de la méthode
« juste » évaluation-cotation devrait être le préalable, la 1ère étape
une étude en double d’une analyse en double matérialité. Elle
des IRO ? matérialité ? conditionne les moyens à mettre en œuvre
D’abord disposer d’une information et les délais. Ensuite la compétence. Les
Hors diagnostic préalable, cahier de entreprises devraient penser « coaching »
documentée : a) causes racines, b) charges, consultation et sélection
conséquences, c) mesures prises en plutôt qu’externalisation totale. Donc trouver
d’un prestataire, le cas échéant, il un équilibre entre coaching, formation et
prévention pour que le risque ne survienne semble difficile de prendre moins
pas ou pour en limiter les effets, d) mesures transmission de savoir-faire, coréalisation
de 3 mois. En commençant toujours avec des ressources externes. Le duo DAF-
prises en protection, si le risque survient par le cadrage et la méthode. Et
(plan de continuité d’activité, cellule de RSE doit acquérir puis conserver la maîtrise
avec un impératif d’associer la de ce processus clé.
crise, rappels, assurances, etc.), e) incidents gouvernance (CAdm, ComEx) tant
signalés, f) historique, etc. Ensuite des dans l’élaboration, le questionnement
résultats (indicateurs), des audits. Tout que la validation.
ce qui permet d’exercer un jugement
professionnel le plus solide possible.
Enfin des personnes compétentes pour
apprécier-coter les IRO bruts et nets. Sur
le risque observé, c’est facile, les faits et
chiffres parlent. Sur le risque potentiel, le
futur, il convient de réduire autant que
faire se peut la subjectivité avec la meilleur
information possible (cf. points de a à f,
du tableau page 30). Il s’agit de réduire
l’incertitude sur des bases tangibles
: consensus sur des scénarios, plans
d’actions solides à court, moyen et long
terme. Certaines entreprises disposent de Q10 Combien de temps faut-il pour une
guide de gestion des risques. Ils peuvent
être utilisés dans la phase « définition de actualisation ?
la méthode ».
Si la méthode est intégrée au processus, cela peut être rapide, un mois. Pour
rappel, il convient d’appliquer le principe de proportionnalité, c’est à dire :
adapté à la taille et aux moyens. (guide ANC n°2, Q3, juin. 2024)

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 37


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Le changement climatique, atténuation et adaptation (E1)


dans Environnement

Pourquoi s’engager dans « l’atténuation et mobiliser les moyens de tout l’écosystème agricole terme, en intelligence collective, des plans solides, des
l’adaptation au changement climatique » ? et agroalimentaire : associés-coopérateurs, banques, plans financés (CapEx, OpEx) pour faire des transitions
coopératives, entreprises clientes, état, etc. Les défis du une réalité. Les plans sont tout à la fois des plans
Est-il utile de rappeler l’importance vitale du climat changement climatique ne peuvent être relevés seuls. d’atténuation et des plans d’adaptation. L’adaptation
pour les activités agricoles ? On parle bien de climat, Enfin, c’est aussi un défi en termes de compétences doit mobiliser toutes les expertises agronomiques, les
de hausses de températures moyennes, pas uniquement des experts agri-agro en atténuation et adaptation au instituts de recherche.
de météo. changement climatique.
La modélisation peut s’appuyer sur la méthode SBTi.
Engager ou accélérer son engagement pour le climat Plus globalement la méthode ACT Accelerate Climate
c’est prendre en compte : Comment aborder ou accélérer sur le changement Transition permet de construire, de déployer une
climatique ? stratégie climat (atténuation et adaptation). Et d’évaluer
3Les risques physiques : risques aigus (inondations,
sa maturité.
sécheresses, T° extrêmes, etc.) et risques chroniques Ce guide synthétique présente un chemin de conformité
(modification durable des températures moyennes) et ne peut entrer dans le détail de toutes les thématiques. Dans tous les cas, c’est un travail en commun avec
Dans les seules normes environnementales, E1 fait 39 les experts climat, experts agronomiques, directions
3Les risques de transition (risques réglementaires,
pages. Ce sujet mériterait un guide complet. Pour autant, financières, validé par le ComEx et le CAdm.
risques de marché, risques de réputation, risques
technologiques). ce guide propose quelques recommandations pour
engager, améliorer, accélérer l’existant en matière de
C’est aussi prendre en compte les opportunités : changement climatique. La priorité c’est l’atténuation, la
production d’énergie renouvelable (biogaz, biocarburant, réduction des gaz à effet de serre (GES).
agri-voltaïsme,...), chimie verte, efficacité énergétique,
nouveaux produits, nouveaux marchés, résilience du Apprendre à compter et compter justement sur les
modèle d’affaires. activités contrôlées (le scope 1 et 2). Quelle que soit la
méthode (bilan carbone, normes ISO, GHG protocol),
Engager ou accélérer son engagement pour le climat, compter s’apprend. Compter s’industrialise avec
c’est une question de stratégie. des solutions informatiques reconnues pour ne pas
La relation au temps long dans un contexte court terme crouler sous la charge de travail, notamment lors des
tendu est questionnée. Les marges de manoeuvre actualisations.
économiques, dans beaucoup de filières, sont limitées, Comprendre les principaux impacts sur les activités pour
les agendas encombrés. Par ailleurs, si le management agir avec pertinence. Le bilan carbone n’est rien sans
du temps court et moyen terme est habituel, avec une l’analyse et surtout sans l’action qui en découle.
prédominance du court terme souvent, la question du
temps long est posée. Face au temps, il y a plusieurs Mesurer et comprendre aussi les impacts sur la chaîne de
attitudes possibles : faire l’autruche, agir en pompier, valeur, de l’amont à l’aval, par exemple avec une analyse
préparer les changements inévitables ou inventer le de cycle de vie (ACV) simplifiée monocritère. Le défi de
futur. Le changement climatique amène à conduire un la collecte de données fiables, de leur coût en sont le
projet à 2030, 2050, et c’est maintenant qu’il se construit, corollaire.
en faisant face aux incertitudes. Préparer l’avenir ou le Puis modéliser les impacts (IRO) futurs à la fois sur les
subir. risques et opportunités (cf. page 30).
Les changements annoncés nécessitent aussi de Enfin construire des plans à court, moyen et long
trouver de nouveaux financements, cela devrait

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 38


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Le changement climatique, atténuation


et adaptation (E1) dans Environnement

Méthodes # élaboration du plan de transition


Quelles ressources pour la mise en 3Accelerate Climate Transition, une méthode reconnue,
énergétique (OptiElec, Optiventil, Optiséchage)

oeuvre de E1 ? robuste en 5 étapes Accompagnement ADEME


Dans la mise en oeuvre, vous pouvez vous appuyer sur : Méthode # résilience
3ADEME et dispositifs agriculture durable Agribalyse,
portail CANARI, Agri Adapt, Expertises, etc.
3OCARA. La méthode OCARA (Operational Climate
Modélisation, scénarios Adaptation & Resilience Assessment) est une approche
3Modélisation. DRIAS, les futurs du climat (projections développée par Carbone 4 pour aider les entreprises à évaluer
climatiques régionalisées) et renforcer leur résilience face aux impacts du changement
3Modélisation. The SBTi’s FLAG Guidance Forest, Land and climatique. Conçue en partenariat avec l’ADEME, HDI
Agriculture Global France, Bureau Veritas et la CCI Grand Est, cette
méthode fournit un cadre d’analyse structuré en trois étapes
3Modélisation. Météo France, Climadiag, changement
climatique à l’échelle micro-locale « à quoi votre commune principales​ . Méthode disponible en téléchargement. Quels « livrables » pour le
devra-t-elle s’adapter? »
Méthodes # formalisation du plan de transition changement climatique,
Dossiers 3Guide pédagogique de l’AMF sur les plans de transition, atténuation et adaptation ?
3Publications de l’ADEME sur l’agriculture dans la librairie fév. 2024. S’il s’adresse aux sociétés cotées, il n’en constitue
pas moins une ressource intéressante. 3En interne pour l’élaboration et la mise à jour
3INRAE, changement climatique et risques, dossiers,
articles et recherches 3À venir, Guide de l’EFRAG sur les plans de transition (www) - Le BEGES scope 1 et 2, le BEGES scope 3 amont (chain
3Shift Project, vers une agriculture bas carbone, résiliente et d’approvisionnement) et aval (usage du produit, déchets)
Outils et expertises de La Coopération Agricole avec les données actualisées
prospère, rapport intermédiaire, juin 2024, rapport final prévu
en nov. 2024 3Guide pratique : Bilan des gaz à effet de serre des - Les processus de collecte, consolidation et contrôle des
coopératives agricoles, juillet 2024 données qualitatives et quantitatives pour le BEGES
3AXA Climate. Nombreux dossiers sur le changement
climatique., outils 3Ces sujets sont travaillés avec les fédérations métiers et les - Le processus d’élaboration du plan de transition, le plan de
fédérations régionales de La Coopération Agricole, n’hésitez transition
3Haut Conseil pour le Climat, dossier complet alimentation - Les dispositions transitoires et mises en oeuvre progressives
pas à les contacter pour tout complément spécifique à votre
et agriculture janv. 2024
filière. Vous pouvez retrouver tous les contacts utiles en page appliquées
77
Financements 3Pour l’OTI* (Organisme Tiers indépendant) qui effectue
3Accompagnement du financement : Solutions Pacte la vérification
Outils LCA-Solutions+
Industrie : - La traçabilité et les preuves liées au processus (cf. ci dessus),
-Étudier les opportunités d’évolution du mix énergétique
3Réalisation de bilans carbone : Accompagnement complet au BEGES et au plan de transition
pour l’élaboration de votre bilan carbone, réalisable dans le - Le projet de rapport, la réponse aux points de données de E1
de son site industriel
cadre du programme BPI. - gouvernance - stratégie - politiques et plan d’action (plan de
-Élaborer sa stratégie de décarbonation avec ACT
(Accelerate -Climate Transition) Pas à Pas 3Solution logicielle OptiCarbone : Cette solution est transition pour le climat) - indicateurs et objectifs
-Construire sa trajectoire d’investissement bas carbone conçue pour simplifier la réalisation et la mise à jour des - Les notes méthodologiques associées à E1
… bilans carbone des coopératives. Intuitive et accessible,
3Dans le rapport
OptiCarbone permet aux coopératives de suivre efficacement
3Rapport d’étude : Outils de financement innovants pour - La réponse aux points de données de ESRS 2, E1 selon
leur empreinte carbone.
l’agriculture française, juin 2024 le principe de double matérialité des thématiques et de
3Compétences. Fonds FNE pour les formations au 3ACT (Accelerate Climate Transition) pas à pas : Programme matérialité de l’information.
d’accompagnement pour la mise en place d’une stratégie de - Le changement climatique dans l’analyse en double
changement climatique
décarbonation sur mesure. matérialité ESRS 2 - SBM-3
3Plateforme recensant les aides sur la transition écologique
TPE PME
3Formations sur les enjeux climatiques : Sessions de
formation dédiées aux sujets liés au climat pour différents *Sous réserves des dispositions finales liées à l’audit, avis technique de la
3Financements BPI publics (élus, CoDir, techniciens conseils, QSE) H2A, méthodologies d’audit, en cours d’élaboration
3Programme CEE « Enersol » par Feve 3Solutions de sobriété énergétique : Audit, conseil et
logiciels dédiés à l’optimisation de la consommation

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 39


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

III/ LA CONDUITE D’UN PROJET


DE REPORTING ET DE PILOTAGE
DE LA PERFORMANCE ESG
Vue d’ensemble d’un projet et des différentes lignes de projet p 41
Le besoin d’un objectif et d’une compréhension commune :
objectif, implication de la gouvernance, sensibilisation et formation p 42
L’organisation et projet : un dispositif transversal,
en intelligence collective et un besoin de pérennisation p 43
L’analyse d’écarts au niveau global dans un premier temps, puis au niveau
point de données p 45
La double matérialité : le point de départ de l’analyse, du pilotage interne
et du reporting externe p 46
Le protocole de reporting et les contrôles, au service de la fiabilité
des données et du pilotage… et du besoin de confiance p 47
La digitalisation : industrialiser la production de données
et ses processus pour rester centré sur le pilotage de la performance p 48
Le rapport de durabilité et la communication pour la transparence
et confiance entre la coop’ et son écosystème d’affaires p 50
Focus page type d’un rapport : l’exemple de la santé sécurité, chapitre S1,
informations sociales p 51
Focus planning court « Je démarre le projet en septembre 2024 » p 52
Focus sur le point de vue d’un OTI : Pauline de Saint Front, Cabinet de Saint Front p 54
10 questions sur la gestion d’un projet CSRD p 55

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 40


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Vue d’ensemble de la planification d’un projet CSRD : un exemple


→ Rétroplanning macro : exemple pour une entreprise eligible sur l’exercice 2025 - exercice au 31/12 - publication en avril 2026

Un projet transversal, adapté à l’organisation et progressif 7 « lignes » projet


Les 7 lignes projet sont décrites dans les pages ci-après avec le questionnement suivant :
Le découpage projet ci-dessus est un exemple pour vous inspirer, chaque entreprise reste
Quelles tâches à accomplir à chaque ligne et pourquoi ? Quelle organisation ? Quels points
libre de son organisation. Pour autant, les 7 lignes projets sont cohérentes par rapport
d’attention, quelles recommandations ? Quels risques ? Quels livrables ? Il s’agit d’exemples
aux besoins. Elles sont issues de l’expérience et de l’observation des pratiques actuelles.
pour vous inspirer, chaque coopérative reste libre de ses choix, son séquencement, ses
Il convient de séquencer le projet en fonction de sa date de démarrage, d’accorder le
moyens et son organisation.
temps pour chaque ligne de projet et activité, selon les délais et les méthodes retenus.
Le projet mérite d’être anticipé le plus possible. Les lignes projets doivent être identifiées, elles
Chaque coopérative doit construire le projet adapté à sa taille, sa maturité, ses moyens,
sont interdépendantes. La durée de chaque étape doit être maîtrisée et la méthode devrait
en somme, un projet « proportionnel » (cf. recommandation de l’ANC).
être un préalable.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 41


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

[1] Le besoin d’un objectif et d’une compréhension commune : objectif,


implication de la gouvernance, sensibilisation et formation
expertise dans un premier temps, pour partager ensuite le Reco n°3. Il existe peu de ressources sur la partie gestion
QUELLES TÂCHES À ACCOMPLIR projet, ses attentes, ses bénéfices et risques avec le ComEx de projet CSRD. Nous recommandons la lecture de la note
ET POURQUOI ? puis avec le CAdm. Ensuite en faire valider les grandes de l’AMF « Le reporting de durabilité CSRD : se préparer
orientations (cf. note de cadrage). La solution la plus aux nouvelles obligations ». Simple et claire.
Fixer des objectifs au projet. Ce ne peut être seulement efficiente pour la mise en œuvre semble être un comité
un objectif de conformité. Ce n’est pas l’objectif de la loi. A durabilité permanent, qui rapporte au niveau exécutif
partir d’un diagnostic rapide, il doit permettre d’identifier (ComEx ou CoDir), qui eux-mêmes rapportent au conseil
les éventuels dysfonctionnements ou faiblesses actuels et d’administration. Le projet défini autour de la CSRD en
les leviers d’une meilleure performance ESG : meilleure deviendrait une thématique régulière… QUELS LIVRABLES ?
maîtrise des enjeux, défi des compétences, industrialisation
Avec son écosystème Il s’agit là-encore de quelques exemples, pour vous inspirer.
et fiabilisation du reporting, renforcement de la
La coopérative gagnerait à travailler en intelligence
résilience du modèle économique, accès aux marchés, - Une note de cadrage sur le projet et ses objectifs. Elle
collective avec d’autres coopératives et avec le réseau de
financements, etc. La capacité à fixer des objectifs est identifie clairement les bénéfices et les risques du projet
La Coopération Agricole.
dépendante de la bonne compréhension de la loi et des et ses objectifs, les grandes étapes, ainsi que le leadership
Nous développons les aspects organisationnels dans les
normes associées qui est un préalable. La normalisation pour le conduire. Notez qu’il s’agit d’un élément de preuve
pages suivantes.
CSRD n’est qu’un moyen. pour l’audit.
Piloter le projet avec un comité restreint. Un projet CSRD - Un module formation niveau 1 : l’essentiel sur le projet, ses
a besoin d’une cellule experte, transversale, dans lequel QUELLES RECOMMANDATIONS ET enjeux, les objectifs de la loi, les principales composantes
la DAF tient pleinement son rôle. Un comité capable de des normes. Les décisions prises par la gouvernance
POINTS D’ATTENTION ?
prendre des décisions et qui rend compte au ComEx. (responsabilités, etc.), les finalités pour la coop’.
Valider le projet en CoDir et en conseil d’administration. Reco n°1. Peut-on engager un projet sans en comprendre
- Un module de formation niveau 2 : pour les pilotes
Incontournable. C’est l’occasion d’une compréhension les attendus, mais surtout sans lui donner des objectifs ?
d’enjeux, impacts risques et opportunités. Pour entrer
commune du projet par la gouvernance, de décisions sur La première étape consiste à avoir une compréhension
dans le détail des ESRS, développer l’autonomie dans la
les responsabilités. globale de la CSRD, de faire un rapide diagnostic de
mise en oeuvre.
l’existant et de voir dans quelle mesure la CSRD est un
Former les experts et pilotes. Il y a une absolue nécessité
levier de performance pour la coop’. La compréhension - Un dispositif « helpdesk » service « assistance », pour
de montée en compétences progressive, donc de
des enjeux de la réglementation, des bénéfices et des répondre aux multiples questions qui vont se poser.
sensibilisation (niveau 1) puis de formation (niveau 2). Les lois
risques pour l’organisation sont clés. Tout comme les
et normes sont complexes et interprétables. La pédagogie
leviers sur lesquels elle va pouvoir s’appuyer pour renforcer
est indispensable. Par rapport aux interprétations de la
sa performance ESG. Le pire des objectifs est « cocher les
réglementation, il s’agit de travailler sur les certitudes et de
cases » de la conformité. Ou d’en faire uniquement un
réduire progressivement les incertitudes (Q&A de l’EFRAG,
objectif de communication, éloigné de l’action réelle : avec QUELLES RESSOURCES ?
guide de l’ANC, etc.). L’expertise se construit.
le niveau de transparence exigé, cela devient très, très
difficile. Les différentes actions et livrables peuvent être produits
en interne, avec des consultants externes, ou avec l’aide
Reco n° 2. La réglementation est complexe. Elle peut agir des ressources du réseau de La Coopération Agricole (voir
comme un repoussoir, susciter des incompréhensions, p. X), selon les choix, les délais et les moyens (humains,
QUELLE ORGANISATION ? des réactions contre-productives. Dès lors, la pédagogie, la techniques et financiers) de la coopérative.
progressivité sont déterminantes. Au service de la finalité
Au sein de la coopérative. pour la coop’ : reboucler avec la reco n°1. Les dispositifs de Il existe par ailleurs de multiples formations à la CSRD : La
C’est toute la gouvernance qui devrait être structurée sensibilisation, de formation, d’accompagnement doivent Coopération Agricole I Lefebvre Dalloz I Baker Tilly I KPMG
pour intégrer les questions ESG (cf. ESRS 2 informations être justement dimensionnés. Attention cependant, I Cegos I E & H I EcoLearn I Lamy Liaisons, etc. à analyser et
générales). sensibilisation ne fait pas compétence et compétence ne comparer. L’externalisation de la formation peut fairepartie
Pour la CSRD, le premier pas, ce peut être la constitution fait pas action. de la solution.
d’un comité projet de haut niveau qui va développer son
LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 42
INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

[2] Organisation et projet : un dispositif transversal,


en intelligence collective avec un besoin de pérennisation

la pérennisation devrait être centrale. Il y a un risque à


QUELLES TÂCHES À ACCOMPLIR réfléchir uniquement pour la CSRD sur un horizon de
ET POURQUOI ? temps court. Le projet devrait amener des inflexions
QUELLE ORGANISATION ? organisationnelles et de pilotage (voir chapitre pilotage
Un projet piloté. La mise en place d’un comité projet est intégré de la performance). En considérant, bien sûr que
indispensable. Piloté par une personne compétente. Au sein de la coopérative. les changement prennent du temps.
Un co-pilotage DAF-QSE/RSE semble être une formule Pas d’organisation standard, pour autant, les dispositifs
gagnante. Nous observons dans les grandes entreprises suivants semblent incontournables : Reco n° 3. Co-pilotage DAF-RSE. La double matérialité est
des situations très différentes : leadership finance, RSE, 3Une responsabilité claire des questions de durabilité centrale (matérialité financière et matérialité d’impact,
compliance ou binôme finance-RSE. Il n’y a pas de modèle ESG-RSE intégrant la CSRD (et toutes les autres selon la norme). Elles doivent être analysées, pilotées
universel, simplement réunir les compétences et moyens réglementations) au sein des instances de gouvernance et reportées de concert. Dès lors, un binôme est plus
adaptés à l’organisation. CAdm et du ComEx-CoDir que souhaitable. Avec 3 conditions de mise en oeuvre :
3Un comité projet constitué a minima de la DAF, la QSE- compétences, autorité et moyens.
Une évolution des missions. Nous donnons un exemple RSE, le juridique, le marketing communication, les RH,
Reco n° 4. On observe des évolutions organisationnelles
dans les pages ci-après de l’évolution des missions induites selon la taille et l’organisation
à considérer. Responsabilités par parties intéressées
par la CSRD pour la DAF. C’est une phase indispensable : 3Un co-pilotage DAF <-> QSE-RSE
(ex. clients, salariés, fournisseurs, associés-coopérateurs)
comprendre comment chaque métier va être impacté 3Une responsabilité des services informatiques (DSI)
ou par thématiques : environnement, société, social,
pour que chaque composante de l’organisation prenne pour l’industrialisation de la collecte, consolidation, etc.
gouvernance. Il revient à chaque coopérative de trouver
ses responsabilités. Ce ne peut être la responsabilité (voir ci-après la ligne de projet spécifique)
les modalités adaptées pour un pilotage efficient.
unique du responsable QSE-RSE. 3Une responsabilité claire par norme ESRS
3Une représentation des différents métiers opérationnels
Un projet structuré. La nécessaire transversalité, le et filières, au besoin
nombre de tâches à accomplir, leur séquencement et les
interdépendances exigent un répartition des rôles claires Avec son écosystème
(voir RACI ci après). Une responsabilité claire par partie intéressée, tant QUELS LIVRABLES ?
Une mise en mouvement collective. La mise en place de pour l’analyse, l’évaluation que le pilotage de la double Il s’agit de là encore de quelques exemples, pour vous
formations (je comprends), d’ateliers autour de la double matérialité. inspirer.
matérialité (je priorise), d’ateliers autour d’une thématique
E, S ou G (je « fais le job ») sont généralisés. Un comité Nous proposons dans la page suivante un exemple de :
projet régulier permet d’articuler l’ensemble. QUELLES RECOMMANDATIONS ET 3Evolution de la mission de la DAF
3Matrice « RACI » (Responsable de l’action, Autorité
La pérennisation de la transversalité. Le lien finance <>
POINTS D’ATTENTION ?
validante, Consulté, Informé)
ESG : est-ce pour la CSRD ou en continu ? La coopérative Reco n°1. Intelligence collective et transversalités devraient 3Les responsabilités par ESRS et thématiques des ESRS,
devrait réfléchir à la pérennisation du lien contrôle de être les maîtres mots. Il ne s’agit pas de savoir qui a le le cas échéant.
gestion et pilotes d’enjeu (IRO) par ex. Nous évoquons ce pouvoir, mais comment le collectif construit ensemble, en
point au chapitre « pilotage intégré de la performance ». Il est important de garder la traçabilité des décisions des
capitalisant sur les valeurs ajoutées de tous les métiers.
comités, des travaux effectués pour la vérification du
Reco n° 2. Pérennité des actions mises en oeuvre. rapport de durabilité. L’organisation, les points clés de
Industrialisation des données, dialogue avec les parties revues de projet en sont des éléments tangibles.
prenantes, analyse du pilotage et reporting des IRO 1 sont
des incontournables, à ancrer dans les processus. Dans la
réflexion sur les méthodes, sur les outils, sur le pilotage

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 43


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

[2] Organisation et projet : un dispositif transversal,


en intelligence collective avec un besoin de pérennisation

L’évolution du métier de la DAF (Direction Administrative et Financière), un exemple → Un exemple de matrice « RACI »
de missions à prendre en compte avec la CSRD et les questions de durabilité.
La DAF, en sa qualité de « business partner », doit impérativement s’approprier la CSRD, et
plus généralement les questions de durabilité, notamment sur le volet audit-contrôle, sur le
volet matérialité financière et sur le volet données financières et ESG. Revue des principales
actions induites par la CSRD. Non exhaustif et dépendant du périmètre de la direction
financière (finance-gestion, audit, assurances, juridique, risques, etc.).
Avant la CSRD, le cas échéant, et de manière continue
3L’analyse économique et financière des stratégies, trajectoires et scénarios
3L’allocation de ressources : dépenses en capital (CapEx) et dépenses opérationnelles
(OpEx) sur les feuilles de route, le volet ESG et sa mise en oeuvre opérationnelle
3Le financement des questions de durabilité et les critères ESG associés aux investissements
3Le contrôle de gestion des budgets alloués aux questions ESG, les prévisions et reprévisions
3La taxonomie environnementale (règlement UE), si activités éligibles
3Le choix et le pilotage des systèmes d’information (SI) financiers et de pilotage de la
performance (ERP, EPM,...)
Avec la CSRD, une évolution majeure du rôle
3Application du principe de connectivité entre questions de durabilité et finance
3ESRS 1 (principes de reporting) : contribution essentielle à l’analyse de matérialité, volet
« matérialité financière », critères et seuils, scénarios, évaluations, arbitrages et conclusions L’organisation du projet, les responsabilités claires, l’identification des actions-tâches
3ESRS 2 (Informations générales) : résultats de l’analyse en double matérialité, niveau à réaliser sont autant de fondamentaux de la conduite d’un projet.
de matérialité financière, description des risques (-) et opportunités (+), effets financiers La matrice RACI est communément utilisée pour organiser des projets transversaux. C’est
escomptés aussi un élément de l’efficacité dans la gestion de projet et de la traçabilité du contrôle interne.
3Zoom E1 Climat : GOV-3, intégration des objectifs de réduction des émissions de GES dans
les rémunérations variables (avec la DRH) ; E1-3 Plans d’action et ressources (CapEx OpEx 3R pour Responsable de l’action
significatifs) en lien avec les IRO et les politiques et les objectifs en matière de changement
3A pour Autorité validante, approbation
climatique ; E1-5 et E1-6 ratios intensité par chiffre d’affaires ; E1-8 : Prix interne du carbone ;
E1-9 : Potentiels effets financiers relevant des risques physiques, des risques de transition et 3C pour Consulté, personnes consultées, directions consultées
des opportunités matériels liés au climat
3I pour Informé, personnes informées
3Tous ESRS E, S et G : effets financiers escomptés, le cas échéant, CapEx et OpEx significatifs
pour les questions de durabilité matérielles, évolution des systèmes d’informations financiers De la même manière, le diagramme de Gantt est adapté à la gestion de projet dont les tâches
pour extraire ces données. sont interdépendantes.
Ces missions peuvent être réalisées dans le cadre d’un co-leadership sur la CSRD avec la Il revient à chaque coopérative de mettre en place le dispositif adapté à son contexte, ses
direction QSE-RSE. pratiques, ses outils.
Par ailleurs, selon le périmètre de la DAF
3Responsabilité sur l’audit et le contrôle interne, le cas échéant
3Responsabilité sur les systèmes d’information (voir p. 48 et 49) Ressources
Impact sur le pilotage de la performance Le cabinet audit-conseil PWC et l’IFACI (institut Français de l’Audit et du Contrôle
Ce point est développé dans le chapitre « pilotage intégré de la performance » (voir p. 66) Internes) ont publié un guide pratique public utile « CSRD, les clés du contrôle interne
construit, en faisant face aux incertitudes. Préparer l’avenir ou le subir. pour sécuriser votre reporting de durabilité » en nov. 2023

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 44


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

[3] L’analyse d’écarts au niveau global dans un premier temps,


puis au niveau point de données
préalable.
QUELLES TÂCHES À ACCOMPLIR Par chaque pilote d’enjeux-IRO pour la partie analyse
ET POURQUOI ? détaillée, avec le concours, le soutien de l’équipe projet.
QUELS LIVRABLES ?
Un diagnostic rapide préalable. Faire une analyse d’écart Avec son écosystème.
détaillée d’entrée de jeu, sur les 1052 points de données n’a En appui avec les autres coopératives sur les questions Il s’agit à nouveau de quelques exemples, pour vous
aucun sens, la double matérialité étant le point d’entrée d’interprétation de la réglementation, les points sensibles, inspirer.
du reporting ESG. Sauf pour « Informations générales » par ex., en respectant des règles élémentaires de 3Diagnostic flash sur 82 exigences de publication,
qui est obligatoire. Par contre, répondre aux questions : confidentialité. existant ou non, conforme ou non, points sensibles,
Sommes-nous organisés ? Avons-nous fait une étude de tableau des questions de durabilité adressées, diagnostic
matérialité sur laquelle nous pouvons capitaliser ? Qu’est organisationnel. Cela permet de construire le RACI
ce qui est matériel et traité aujourd’hui ? Avons-nous des QUELLES RECOMMANDATIONS ET notamment et d’avoir une compréhension globale des
politiques, actions et ressources, objectifs et indicateurs sur attendus.
les sujets matériels-traités aujourd’hui ? Disposons-nous POINTS D’ATTENTION ? 3Revue détaillée des points de données pertinents,
des outils pour la collecte, consolidation et vérification des Reco n°1. Nous recommandons une première analyse en distinguant : ceux qui sont existant ou non, ceux
données ? etc. Ces questions qui permettent de prendre d’écart au niveau global (au niveau des exigences de qui figurent dans les ESRS, qui sont volontaires (may)
conscience, dans un premier temps de la situation, publication) puis après l’analyse en double matérialité ou obligatoire (shall), ceux qui sont spécifiques à la
du chemin à parcourir et qui permettent aussi de une analyse détaillée (au niveau « points de données »). coopérative.
dimensionner l’organisation et les moyens. Cette analyse Le premier pas (diagnostic global) permet de prendre
est à la fois organisationnelle et sur les 82 exigences de 3L’analyse d’écart détaillée doit reposer sur l’analyse en
conscience du chemin à parcourir, le second d’assurer double matérialité d’une part, et sur les critères et seuils de
publication. Il convient aussi d’analyser à cette étape les la conformité. Le « comply or explain », les « dispositions
sujets « sensibles » potentiels. matérialité de l’information, d’autre part.
transitoires » et la « liste des exigences de publication
introduites par étapes » vous permettront de séquencer la
Une analyse d’écarts approfondie dans un second temps.
mise en œuvre de manière adaptée à la taille, la maturité,
C’est à l’issue de l’analyse en double matérialité que peut
les moyens et selon le principe de proportionnalité.
être faite l’analyse d’écarts au niveau points de données, QUELLES RESSOURCES ?
en identifiant le cas échéant : les indicateurs qualitatifs Reco n° 2. Pertinence, pertinence et encore pertinence.
et quantitatifs existants, les indicateurs spécifiques à la Ce qui doit guider pour la partie analyse d’écarts détaillée, Les différentes actions et livrables peuvent être produits
coopérative déjà utilisés, les indicateurs pertinents qui c’est la pertinence. Pertinence des points de données en interne, avec des consultants externes, ou avec l’aide
peuvent être utilisés dans les référentiels reconnus (GRI, qualitatifs ou quantitatifs pour comprendre, mesurer et des ressources du réseau La Coopération Agricole (voir
SASB, par ex.). Pour rappel, la norme est incomplète sur piloter une question de durabilité. Le préalable est d’avoir p. X), selon les choix, les délais et les moyens (humains,
certains champs et les normes sectorielles en chantier. terminé l’analyse de matérialité des thématiques et d’avoir techniques et financiers) de la coopérative.
déterminé les critères de matérialité de l’information. Ressources. Les référentiels de reporting reconnus, à date :
Volontaire versus matériel. La coopérative peut s’engager
En rappelant qu’environ deux tiers des informations 3GRI 13 secteur de l’agriculture, de l’aquaculture et de la
sur des sujets qui n’apparaissent pas matériels, sous
demandées sont qualitatives. pêche 2022.
réserves de distinguer la pratique volontaire de l’exigence
de conformité et de respecter les principes de qualité de Reco n° 3. « J’ai une bonne compréhension des enjeux 3IFRS-ISSB-SASB produits agricoles - viande, volaille,
l’ESRS 1 (données fiables, auditables, etc). et de leurs conséquences et impacts des questions produits laitiers, aliments transformés
de durabilité à la fois pour la coopérative mais aussi
pour la société et l’environnement » ; « je suis clair sur
les priorités » ; « je mets en place les moyens adaptés »
; « je pilote les actions et ressources » ; « j’ai des objectifs
QUELLE ORGANISATION ? clairs et des indicateurs pertinents » ; « je fais des revue
de performance »; « je travaille sur la performance et la
Au sein de la coopérative.
résilience de la coopérative » : c’est le sens des points de
Par l’équipe projet pour la partie diagnostic rapide
donnée. Il est bon de le rappeler.
LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 45
INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

[4] La double matérialité : le point de départ de l’analyse,


du pilotage interne et du reporting externe
management ISO), Reco n° 4. Si l’analyse doit être actualisée chaque année
QUELLES TÂCHES À ACCOMPLIR 3direction financière, car le contexte peut évoluer, si elle peut et doit être
ET POURQUOI ? 3direction des risques, direction de l’audit interne (dans réalisée pour la conformité CSRD, elle devrait ensuite être
les plus grandes organisations), synchronisée avec le cycle stratégique. La persistance
Modèle d’affaires et chaîne de valeur comme préalable. 3personnes responsables des relations avec les différentes d’exercices décorrélés entre stratégie business et stratégie
Comme évoqué dans le guide (p. 20 à 23, SBM-1), modèle 3parties intéressées internes (salariés, représentants du ESG, d’exercices sur des temporalités déconnectées et
d’affaires et chaîne de valeur sont des préalables. En personnel, associés-adhérents, clients, fournisseurs, etc.) désynchronisées n’est pas souhaitable dans la perspective
prenant soin de faire une procédure périmètre contrôlé et Pour les alignements, les inflexions et renforcements d’une performance plurielle, globale, intégrée. L’analyse
une procédure chaîne de valeur, actualisées chaque année. stratégiques : les équipes en charge de la stratégie de la en double matérialité doit devenir un élément d’entrée de
On ne peut faire l’analyse de matérialité sans comprendre coopérative et de son volet durabilité la révision de la stratégie.
les activités et le périmètre, les flux entrants (ressources) Dans tous les cas, une implication forte du ComEx et du
les flux sortants (produits et services, valeur créée). CAdm est requise.

Pour l’analyse en double matérialité, démarrer par Avec son écosystème.


la méthodologie. Dans la mesure où il n’existe pas de L’analyse en double matérialité se conçoit avec la « prise
méthode unique pour l’analyse en double matérialité, en compte des parties intéressées », en identifiant d’abord
en interne une personne responsable de la relation, par
QUELS LIVRABLES ?
ou celle-ci doit tenir compte de la maturité, de la taille et
être « proportionnelle », la méthode devrait être réfléchie catégorie de parties intéressées. Il s’agit de la encore de quelques exemples, pour vous
posément. Reposant sur une analyse de risques, elle inspirer.
devrait être élaborée avec la direction des risques, le cas 3L’ensemble des prérequis pour la conformité dans le
échéant. Intégrant la matérialité financière, l’engagement QUELLES RECOMMANDATIONS ET rapport de durabilité : SBM-1, SBM-2 comme éléments
de la DAF est indispensable.
POINTS D’ATTENTION ? d’entrée, avec les procédures périmètre et chaîne de
Réaliser l’étude en double matérialité. Nous développons valeur ; SBM 3 : l’étude elle-même ; IRO1 et 2 : le processus
Reco n°1. Dans la mesure où il s’agit d’une analyse de et les exigences couvertes
largement le sujet dans le guide (p. 28 à 34). L’importance
risque et ou le management des risques, des IRO c’est
de la consistance, de l’implication de la gouvernance et du 3Pour les équipes internes : la méthode d’analyse et de
anticiper, manager les écarts de performance et éviter
consensus sur les enjeux, les « IRO » clés est déterminante. pilotage des IRO
les crashes, celle-ci devrait être conçue, pensée pour être
En tirer les enseignements pour le cycle stratégique en intégrée dans les processus. Faire une analyse « one shot » 3Pour l’OTI : les éléments ci-dessus et la traçabilité de
cours et le cycle stratégique suivant. L’analyse doit révéler c’est faire une photo. Piloter les IRO, c’est le sens de la l’étude
les alignements avec l’existant, les inflexions à porter sur le réglementation et des normes associées.
court et moyen terme. On ne change pas radicalement de
Reco n° 2. Est-ce que faire un rapport une fois par an, 3
stratégie lorsque celle-ci est à l’oeuvre. L’étude actualisée
à 4 mois après la clôture de l’exercice c’est piloter ? Non.
devra être un élément d’entrée du cycle stratégique
suivant.
Piloter c’est revoir au moins deux fois par an les résultats, QUELLES RESSOURCES ?
analyser les écarts, prendre des décisions. La méthode
devrait intégrer cette dimension. C’est piloter aussi, en Les différentes actions et livrables peuvent être produites
continu, la relation avec les parties intéressées… en interne, avec des consultants externes, ou avec l’aide
des ressources du réseau La Coopération Agricole (voir
Reco n° 3. La durabilité d’un modèle d’affaires se p. 77), selon les choix, les délais et les moyens (humains,
QUELLE ORGANISATION ? construit dans le temps. Une entreprise ne peut changer techniques et financiers) de la coopérative.
Au sein de la coopérative. radicalement de direction à l’issue d’une étude. Dès
Pour la méthode : s’appuyer sur les équipes qui mettent lors, l’analyse en double matérialité devrait révéler
en oeuvre une approche par les risques, avec différents cas les alignements actuels et porter des inflexions et
de figure selon la taille et l’organisation interne : renforcements à court et moyen terme, le cas échéant.
3équipes QSE (approche risque des systèmes de

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 46


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[5] Le protocole de reporting et les contrôles, au service


de la fiabilité des données, du pilotage… et du besoin de confiance
3Le cas spécifique de l’ESRS 2 Informations générales voit de données. Nous traitons ce sujet au point 6 du présent
QUELLES TÂCHES À ACCOMPLIR la responsabilité partagée entre les personnes en charge de chapitre. L’idée est de passer 80% du temps à exploiter les
ET POURQUOI ? la gouvernance de la vie coopérative et les personnes qui données et piloter la performance au lieu de 80% du temps
pilotent le projet CSRD à faire le reporting, collecter-consolider-vérifier les données.
L’établissement et la formalisation de processus de 3Une responsabilité peut être identifiée par ESRS E, S et G
reporting. Que ce soit au niveau global-consolidé, par ESRS et les données de chaque IRO devraient être placées sous la
ou par indicateur qualitatif et quantitatif, l’exigence de qualité responsabilité du pilote d’enjeux
du reporting de durabilité [pertinence, représentation fidèle,
comparabilité, vérifiabilité, compréhensibilité] implique Avec son écosystème. QUELS LIVRABLES ?
des processus décidés, formalisés, appliqués et contrôlés. Les données de l’écosystème d’affaires, de la chaîne de valeur,
Il s’agit là encore de quelques exemples, pour vous inspirer.
L’établissement et la description des processus peuvent être de l’amont agricole notamment sont un enjeu majeur. La
réalisés avec des méthodes classiques (diagramme SIPOC, qualité, la disponibilité et le coût d’obtention des données 3Le protocole de reporting lui même et les présentations
logigramme), des solutions informatiques de Business sont critiques, à coordonner avec les personnes en charge associées. C’est un pré-requis de l’audit
Process Management, intégré ou non dans les logiciels de la vie coopérative, les personnes en charge des missions 3Les arbitrages de lotissement et les décisions liés à la mise
de collecte, consolidation, vérifications des données extra de conseil agronomique, etc. et les associés-coopérateurs en oeuvre progressive (ESRS 1-10 et ESRS 1-annexe C).
financières. Dans tous les cas, il y un préalable : identifier eux-même, bien sûr. 3Les routines de contrôles des données primaires ou
les responsabilités. En n’oubliant pas que le protocole de données sources, des données consolidées, intégrées
reporting est un prérequis de l’audit. au protocole, automatisée ou non dans les systèmes
QUELLES RECOMMANDATIONS ET d’information
Une réflexion à conduire sur la temporalité des données..
Dès lors que l’on parle de pilotage, la collecte et la
POINTS D’ATTENTION ? 3Les audits internes de qualité des données, les
consolidation devraient être conçues selon la périodicité des Reco n°1. Lotir la mise en oeuvre. L’analyse de matérialité observations ou réserves de l’OTI lors des audits précédents
revues de performance. Si lorsque l’on démarre le reporting, et l’analyse d’écarts vont révéler potentiellement une 3Tout ce qui permet de maîtriser la qualité des données
la fréquence annuelle est la règle, les entreprises les plus importante quantité de travail qu’il convient de lotir, de (voir organisation matrice RACI p. X)
avancées sont sur des pilotages trimestriels (ex. Schneider séquencer. En s’appuyant notamment sur les dispositions
Electric). Une revue de performance bisannuelle semble être transitoires et la mise en oeuvre progressive (ESRS 1-10 et
un minimum. ESRS 1-annexe C). Tout ne peut être fait en année 1 pour une
entreprise qui démarre notamment. Selon nos observations
De l’usage des données au service de la performance. et les échanges avec les coopératives, ESRS 2, E1, S1 et GOV-1 QUELLES RESSOURCES ?
La conformité peut être aveuglante., amener à « cocher semblent être à prioriser.
des cases ». La réflexion à conduire en continu est « qui Les différentes actions et livrables peuvent être produits en
utilise quelle donnée pour quelle décision ? ». En matière Reco n° 2. Développer la compétence et l’exigence sur la interne, avec des consultants externes, ou avec l’aide des
extrafinancière, l’infobésité guette. Elle n’est pas forcément mesure de la performance. La mesure de la performance sur ressources du réseau de La Coopération Agricole (voir p. 77),
utile aux finalités poursuivies… les sujets environnementaux notamment est d’une grande selon les choix, les délais et les moyens (humains, techniques
complexité. Les méthodes s’établissent et se perfectionnent et financiers) de la coopérative.
en continu, pour le changement climatique, pour l’analyse Le cabinet audit-conseil PWC et l’IFACI (institut Français de
du cycle de vie (ex. EU Product Environmental Footprint), la l’Audit et du Contrôle Internes) ont publié un guide pratique
traçabilité, ou encore pour la biodiversité. Certaines mesures public utile « CSRD, les clés du contrôle interne pour sécuriser
QUELLE ORGANISATION ? sont des ordres de grandeur. L’ensemble des équipes, votre reporting de durabilité » en nov. 2023. Certaines
notamment les équipes financières doivent monter en entreprises rendent public leurs protocoles de reporting ou
Au sein de la coopérative. compétence sur ces thématiques. Par ailleurs, produire un résumé de celui ci, à date (voir ressources p. 76).
3Par la réglementation, la responsabilité de la qualité des chiffres et ne pas les utiliser, les piloter est improductif.
des données du reporting de durabilité revient au comité Produire des chiffres inexacts est contre-productif (et non-
audit interne, comité de niveau conseil d’administration, conforme…). Il faut aussi prendre en compte les difficultés
en charge de la qualité des données financières. Cette inhérentes à la collecte-consolidation-vérification des
responsabilité peut être confiée à un autre comité du niveau données de la chaîne de valeur.
conseil d’administration. Dispositif à adapter au cas par cas,
selon la coopérative. Reco n° 3. Se doter d’outils pour industrialiser la production

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 47


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[6] La digitalisation : industrialiser la production de données


et ses processus pour rester centré sur le pilotage de la performance
fournisseurs. Attention aux conséquences opérationnelles
QUELLES TÂCHES À ACCOMPLIR et financières d’une perte de données.
ET POURQUOI ? Reco n° 4. L’interopérabilité. Parmi les fonctionnalités, le
QUELLE ORGANISATION ? cahier des charges doit comprendre des API (Application
La rédaction d’un cahier des charges fonctionnel. Il y
a deux besoins fonctionnels élémentaires à remplir : la Au sein de la coopérative. Programming Interface) pour connecter la solution avec
collecte-consolidation-vérification et, ultérieurement, Un groupe projet spécifique, rendant compte au comité les logiciels existants.
le balisage des données. Ce sont deux technologies durabilité, devrait être créé. Il doit être constitué de ceux
différentes qui sont rarement intégrées dans la même qui portent les besoins (finance et ESG), de ceux qui
solution. La première étape consisterait à faire une portent les solutions la DSI. La digitalisation est un projet
analyse des besoins court, moyen et long terme : besoin à part entière.
spécifiques à la CSRD (collecte-consolidation-vérification Avec son écosystème. QUELS LIVRABLES ?
+ digitalisation), besoin en termes de pilotage de la RSE, Selon le niveau d’externalisation des SI, il peut être
besoin en termes d’ACV, en termes de bilan carbone, de nécessaire d’y associer des collaborations externes, Il s’agit de la encore de quelques exemples, pour vous
pilotage de la trajectoire carbone, de gestion des risques, d’acheter des abonnements à des bases de données. inspirer.
etc. Puis un schéma directeur des systèmes d’information 3Le protocole de reporting en amont (cf. [5]), incluant les
ESG tenant compte des solutions existantes (ex. RH). Puis responsabilités et les processus.
un cahier des charges.
QUELLES RECOMMANDATIONS ET 3L’analyse des besoins et le schéma directeur des besoins
La conduite d’un appel d’offres. Beaucoup de POINTS D’ATTENTION ? SI ESG
responsables financiers ou QSE-RSE ne connaissent pas 3Le cahier des charges fonctionnel
ou peu l’étendue des solutions pour les questions ESG Reco n°1. Il est impératif de consacrer le temps et les
moyens nécessaires à la digitalisation, à l’automatisation 3L’appel d’offres
ou encore le balisage (tagging) XBRL. Il devrait y avoir
deux étapes : une étape RFI (request for information) qui autant que faire se peut. Au risque de « mourir sous les 3Les processus et responsabilités associés à la solution SI
permet d’identifier et de mieux comprendre les acteurs et données », « mourir sous des feuilles Excel ». Pour autant, (droits, flux, etc.)
les solutions puis et une étape RFQ (request for quotation) cette industrialisation doit être adaptée au moyen et à 3Les séances de formation à la solution de tous les
qui permet de conduire un appel d’offre. Chaque acteur, la taille. Certaines caractéristiques (multi-sites, multi- contributeurs, selon leurs droits
chaque solution a ses spécificités. Les solutions sont, pour activités, activités internationales) peuvent exiger de fait
- ...
la plupart, en mode SAAS (Software As A Service), avec des cette industrialisation.
modèles économiques différents, des coûts différents. Reco n° 2. Le travail est d’abord à faire sur les processus,
L’implémentation des solutions retenues. Étape clé qui les responsabilités. Ce n’est pas la solution qui « fait le job ».
nécessite de la ressource et de la compétence interne et Elle est paramétrée selon vos décisions.
externe, en interface avec le.s prestataire.s de solution.s QUELLES RESSOURCES ?
Reco n° 3. Une vigilance particulière doit être accordée
retenus. Une formation et un « help desk » sont aussi à la solidité des acteurs des SI, à leur expérience et Les différents dispositifs peuvent être produits en interne,
nécessaires. compétences. En effet, la CSRD crée un effet d’opportunités avec des consultants externes, ou avec l’aide des ressources
et engendre des dizaines de solutions nouvelles. Risques du réseau de La Coopération Agricole (voir p. 77).
sur la pérennité, consolidation à terme des acteurs, Certains outils sont conformes à la méthode Bilan Carbone,
risques sur vos données. Il convient aussi de regarder les conformité délivrée par l’Association Bilan Carbone.
capacités d’intégration des acteurs, avec un risque sur la
disponibilité des compétences. Enfin, la question de la
sécurisation des données est une composante de votre
cahier des charges et de votre processus de sélection des

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 48


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[6] La digitalisation : points clés du cahier des charges


Sans rédiger votre cahier des charges, une check-list de Champs fonctionnels reporting à couvrir Spécificité CSRD
points à prendre en compte, avec votre DSI, autour d’un 3Gestion des périmètres 3Balisage « beta » des points de données l’EFRAG (version
projet SI ESG spécifique. Les solutions digitales sont 3Gestion des accès internes ou externes, du 31 mai 2024, en anglais) avec la note explicative, prise
généralement en SAAS (Software As A Service). Attention, (administrateurs, contributeurs, vérificateurs, etc.) en compte des évolutions et du futur du RTS - règlement
les solutions ont des couvertures fonctionnelles variables. nombre d’accès technique sur le balisage
Critères « classiques » de choix d’un fournisseur 3 Gestion des processus de la donnée primaire à la
donnée consolidée Modèle économique
 Identité 3 Gestion de tous types de données qualitatives et 3Coût d’intégration, paramétrage
 Solidité financière quantitatives 3Redevance annuelle
 Compétences des équipes 3 Définitions, unités, etc. des données qualitatives et
 Références, expériences quantitatives 3Redevance par poste
 Disponibilités, capacité à répondre au besoin, capacité 3 Collecte et consolidation de données
d’intégration /!\ attention au grand embouteillage avec la 3 Règles de calculs et calculs
CSRD) 3Workflow de validation, contrôles automatisés,
 Critères ESG pour la sélection contrôles internes (de la donnée primaire à la donnée
 etc. consolidée)
Critères spécifiques aux systèmes d’information 3 Traçabilité des données qualitatives et quantitatives
3 Retraitements, accès à l’historique
Les préalables
3Sécurisation des données (cyber-attaque), tests et étapes en interne
d’intrusion, certifications, localisation de l’hébergement 3 Accès vérification OTI et preuves
des données 3 Gestion du cycle de vie de l’information
3Un comité digital ESG spécifique
3Continuité de service (taux de disponibilité,…) Champs fonctionnels intégration de données 3Une cartographie des SI existants collectant des
données ESG
3Capacité de traitement, de calcul 3Connecteurs API (application programming interface)
3Une analyse des besoins SI ESG à court moyen et
3Redondances, sauvegarde des données, exports de avec des systèmes internes
long terme
données 3Saisie dans la solution 3Une analyse des évolutions à considérer des SI
3Import de fichiers financiers
3etc. 3Connection à des bases de données externes 3Une schéma directeur SI-ESG à 5 ans
Besoins de solutions digitales issus du schéma Champs fonctionnels pour le pilotage 3Une phase RFI (Request For information) qui
directeur permet de connaître et comprendre la diversité des
3Pilotage des campagnes de collecte, consolidations, solutions et des acteurs (benchmark des solutions)
3Digitalisation de la CSRD - collecte, consolidation, vérification, selon fréquence variable - annuelle (rapport
vérification 3Une phase Cahier des Charges (après bench-
de durabilité) - semestrielle - trimestrielle - mensuelle… mark et RFI)
3Digitalisation de la CSRD - balisage lancement de campagnes, relances, questions réponses 3Une phase RFQ (Request For Quotation) pour la
3Pilotage de la durabilité ESG-RSE 3Pilotage de la durabilité ESG-RSE par entité, périmètre, mise en concurrence
thématiques, data visualisation 3Une phase short-list pour la mise en concurrence
3Changement climatique - Bilan GES
3Changement climatique - Modélisation trajectoire Conduite du changement
GES, pilotage ACT 3Ergonomie de l’interface, facilité d’utilisation,
3Analyse de cycle de vie autonomie des utilisateurs-trices
3Session de formation en distanciel, formation on line,
3Gestion des risques
vidéos
3etc. 3« Help-desk », service d’assistance aux utilisateurs
3Club utilisateurs-trices

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 49


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[7] Le rapport de durabilité et la communication pour la transparence


et la confiance entre la coopérative et son écosystème d’affaires
le management des thématiques, des IRO (climat, social, des parties intéressées. Baromètre social, enquête de
QUELLES TÂCHES À ACCOMPLIR bien-être animal, etc.) qui vont être les acteurs du rapport. satisfaction client, relations adhérents, etc. Avec une
ET POURQUOI ? Ils peuvent être associés dès la construction du « chemin gestion des dilemmes, des controverses et de relations
de fer » du rapport (pour faire simple le sommaire, puis parfois conflictuelles.
Deux cas de figure mais, dans tous les cas, anticiper. La le sommaire détaillé), ils peuvent être formés-informés
coopérative publie un rapport externe (rapport annuel, des attendus sur les différents chapitres. C’est eux qui en
rapport intégré) ou n’en publie pas. Sur des bases fourniront le contenu, qui répondront aux interviews des
existantes, il est possible, dès les publications suivantes, équipes communication, et qui seront ensuite audités.
de structurer le rapport selon la structure réglementaire Les équipes communication doivent apprendre à jouer QUELS LIVRABLES ?
obligatoire (infos gén., env., social-société, gouvernance), avec un cadre exigeant de conformité et de transparence
ainsi que la structure par normes enjeux, impacts risques et et les besoins d’une communication dynamique et Il s’agit la encore de quelques exemples, pour vous inspirer.
opportunités > actions et ressources > objectifs et résultats. valorisante.- 3Chemin de fer, sommaire détaillé du rapport de
Si la coopérative n’a pas de rapport, elle peut engager un durabilité
premier rapport sur ces mêmes bases ; en partant de son Avec son écosystème
Selon les thématiques matériels et les choix éditoriaux, les 3Cadre de publication, modèle IRO > politiques > actions
existant, des impacts risques et opportunités déjà pilotés.
parties prenantes internes et externes sont des acteurs et ressources > objectifs et résultats
L’anticipation est plus que souhaitable.
du rapport de durabilité, par leurs actions et par leurs 3Réflexion stratégique sur la communication par parties
Questionner les publications. Le caractère normé de témoignages. prenantes, les publications, leurs cibles, leurs articulations,
l’information peut entrer en conflit avec les pratiques leurs fréquences
éditorialisées. Le rapport normé peut devenir « indigeste »,
décalé avec le projet stratégique. il y a donc un équilibre QUELLES RECOMMANDATIONS ET
à trouver entre conformité et communication sur lequel POINTS D’ATTENTION ?
beaucoup s’engagent. Dans tous les cas, le rapport de
durabilité est public. Reco n°1. Préparer au plus tôt un exemple de cadre de QUELLES RESSOURCES ?
publication éditorialisé pour les acteurs internes. Il permet
Communiquer c’est mettre en commun. Le rapport de de comprendre les attendus IR0 > politique > actions et Les différents dispositifs peuvent être produits en interne,
durabilité ne peut être le seul medium. Pour la dynamique ressources > objectifs et résultats, d’anticiper, de réfléchir avec des consultants externes, ou avec l’aide des ressources
interne, d’autres supports (ex. newsletter) sont souhaitables au plus tôt à l’équilibre conformité <> communication. du réseau de La Coopération Agricole (voir p. 77).
en mode « des clés pour comprendre, un cap à suivre, Lors de la préparation des rapports de durabilité
un miroir pour valoriser le chemin ». La communication Reco n° 2. Être concis. Être concis, c’est aller à l’essentiel conformes, les coopératives pourront s’appuyer sur les
avec les adhérents-associés, avec les clients, avec les des thématiques matérielles, c’est aussi maîtriser les exemples des sociétés cotées soumises dès l’exercice
communautés locales sont autant de champs pour la moyens et le planning 2024. Les premiers rapports pour les exercices au 31/12
communication. Avec un impératif, l’écoute en continu et Reco n° 3. Développer un véritable « savoir-dire ». Il est sont publiés en mars 2025 et ce jusqu’en juin (15 jours
le savoir-dire. La relation avec les parties prenantes devrait indispensable de communiquer, de créer et soutenir avant la date d’AGO). Attention cependant à la nécessaire
être structurée et continue. des dynamiques managériales internes, mais il est aussi prise de distance. Il s’agit de grandes entreprises, dont
indispensable de maîtriser l’écart entre le discours et le certaines publient un chapitre ESG dans le rapport de
réel. Il y a avec la RSE et plus encore avec la CSRD à la gestion depuis la loi NRE (entrée en vigueur 01/01/2023).
fois un enjeu de transparence et un enjeu de maîtrise du Les rapports des sociétés cotées appelés DEU (Document
risque de réputation. Tout doit pouvoir être démontré lors d’Enregistrement Universel) sont composé de trois parties
QUELLE ORGANISATION ? : le rapport de gestion, le rapport financier et le rapport sur
de l’audit.
Au sein de la coopérative. le gouvernement d’entreprise. Le rapport de durabilité est
Le comité durabilité est forcément le coeur vivant du Reco n° 4. Développer l’intelligence relationnelle. La une composante du rapport de gestion.
rapport de durabilité. Mais ce sont surtout les pilotes structuration des échanges avec les parties intéressées
d’enjeux, impacts risques et opportunités qui vont conduire devrait être au coeur du projet CSRD. Dialogue écoute,
prise en compte des intérêts légitimes et raisonnables

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 50


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Focus sur un chapitre, l’exemple de S1 social :


vue synthétique avec la thématique « santé et sécurité »

STRATÉGIE GESTION DES IMPACTS, RISQUES POLITIQUE SANTÉ ET SÉCURITÉ


Intérêts et points de vue des parties ET OPPORTUNITÉS [MDR-P]
intéressées |SBM-2] Politiques liées aux effectifs (S1-1) 3Points clés de la politique, finalités
3Prise en compte des intérêts et points de 3Politique sur les compétences 3Périmètre
vue dans la stratégie et le modèle d’affaires 3Politique sur la santé et la sécurité 3Responsabilités
Impacts, Risques et opportunités les plus 3… 3Normes et standards utilisés
importants (SBM-3) Dialogue social (S1-2) 3Prise en compte des parties intéressées
3Description des impacts, risques et 3Communication de la politique
 Procédures de dialogue avec le personnel
opportunités liés aux effectifs
et ses représentants
Ex1. : Disponibilité et qualité des com-
pétences Canaux et Remédiation (S1-3) VOIR EN ANNEXE, UN EXEMPLE
Ex2. : Santé et sécurité du personnel 3Canaux pour le recueil des préoccupations DE POLITIQUE P.74
du personnel et procédures de remédiation

PLAN D’ACTIONS ET INDICATEURS POUR LA SANTÉ « CIBLES » POUR LA SANTÉ


RESSOURCES POUR LA SANTÉ ET SÉCURITÉ [MDR-M] : ET SÉCURITÉ [MDR-T] : LES
ET SÉCURITÉ [MDR-A] LES INDICATEURS (S1-14) OBJECTIFS, LES RÉSULTATS ET
Intérêts et points de vue des parties 3Description des indicateurs pertinents L’ANALYSE DE LA PERFORMANCE
intéressées |SBM-2] (matérialité de l’information) 3Lien entre l’objectif et la politique
3Actions clés 3Méthodologie pour les indicateurs 3Objectif mesurable
3Périmètre 3Périmètre
3Délais 3Valeur, année de référence (point de départ)
3Description des actions clés 3Période couverte par l’objectif
3Suivi des actions et progrès VOIR EN ANNEXE, UN EXEMPLE 3Méthodes et hypothèses pour définir
3Type de ressources allouées DE « Indicateurs » P. 76 l’objectif
3Ressources financières significatives, 3Contribution des parties intéressées à la
actuelles et futures définition des objectifs
3Changement dans les méthodes et
hypothèses le cas échéant
3Résultats n, n-1 et analyse de la performance
VOIR EN ANNEXE, UN EXEMPLE 3Explication de l’absence d’objectif, le cas
DE PLANS D’ACTION P.75 échéant

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 51


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Focus planning court « Je démarre le projet en


septembre 2024 »
Le planning présenté dans les pages précédentes texte, puis en responsabilité sur leurs sujets d’expertises.
(p. 41) est un planning théorique, presque idéal, avec un Dans cette montée en compétence, prévoir une partie
démarrage anticipé. Pour autant, il convient de réfléchir processus : logigramme, Business Process Management,
et proposer un planning court adapté aux structures « les etc. et une partie « risques ».
plus petites ». Il revient à chaque coopérative d’élaborer
le planning adapté à sa situation, ses moyens techniques
Un dialogue anticipé et permanent avec le vérificateur
humains et financiers.
à la durabilité (OTI ou CAC à la durabilité)
3 partis-pris d’une mise en œuvre « express et
La complexité et la profondeur de la loi et de la norme rend
pragmatique ».
les interprétations du texte délicates. Les méthodologies
S’organiser en intelligence collective d’audit sont en cours de définition. Les pratiques vont
s’affirmer au fil du temps. Engager le dialogue (avec le
Le responsable RSE-QSE ne peut porter le projet seul. budget) le plus tôt possible avec votre OTI, notamment
Chaque membre du ComEx-CoDir devrait prendre sa sur l’analyse de matérialité. L’OTI est un allié, mais il ne
responsabilité. Un comité projet CSRD, transversal, faut pas hésiter à se confronter sur les interprétations.
intégré dans un comité durabilité permanent est une Sur la prestation RÉSERVÉ AUX
d’audit, avoir un ADHÉRENTS
cahier des charges
bonne pratique. Des revues de projet et revues de
durabilité sont à programmer avec le CAdm et ComEx, DElivrables
précis, étapes, LA COOPÉRATION
à produire, etc.AGRICOLE
Veiller à la
compétence agri-agro et mettre en concurrence. Dans
régulièrement. Un co-pilotage DAF-RSE/QSE est une les phases finales de l’audit, lever les réserves, accepter
bonne pratique. les observations.
Capitaliser au maximum sur l’existant
Pour « compresser » les délais, la coopérative peut,
dans un premier temps, commencer par capitaliser au
maximum sur l’existant - les enjeux IRO déjà pilotés -
les structurer et les formaliser selon les exigences de la
CSRD. Le présupposé étant que les thématiques sont
prioritaires et que l’analyse en double matérialité viendra
les confirmer. Elle peut, rapidement et en conscience,
avec un benchmark, vérifier que ses priorités sont
cohérentes avec les pratiques. Avec les pilotes d’enjeux,
elle met en place et accompagne : la description des
IROS > la formalisation et validation des politiques > les
actions et ressources > les objectifs et indicateurs (avec
une analyse d’écart sur la thématique concernée), cela
avec un cadre préparé.
Engager un processus collectif de montée en
compétence
Pour être autonome, les dirigeants, les pilotes d’enjeux
(IRO) doivent être formés. D’abord sur le sens, en lien
avec le projet, ensuite sur une compréhension globale du

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 52


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Focus planning court « Je démarre le projet en septembre 2024 »

→ Exemple de planning qui capitalise au maximum sur l’existant (cible : coopératives nouvellement éligibles, exercice au 31/12)

RÉSERVÉ AUX ADHÉRENTS


DE LA COOPÉRATION AGRICOLE

(1)Un comité durabilité ESG permanent, intégrant la stratégie durabilité et la conformité CSRD Des principes de pragmatisme et réalisme
(2)Une responsabilité collective et transversale
(3)Une montée en compétences en continu, sur 3 ans La tâche peut sembler immense. La normalisation
(4)La conception de « cadres de mise en oeuvre » pour capitaliser au maximum sur l’existant (ex. en annexe : politiques, actions complexe.
et ressources p 74 à 76) La progressivité et le lotissement du projet sont
(5)L’intégration, en parallèle de la capitalisation, des attendus de la CSRD indispensables. En s’appuyant a) sur les possibilités
(6)La double matérialité comme outil d’analyse, d’évaluation et de pilotage des enjeux (IRO) offertes par le texte (dispositions transitoires, mise en
(7)L’analyse des écarts et la planification sur 3 ans après analyse en double matérialité œuvre progressive) b) sur le principe « comply or explain »
(8)La sélection des OTI-CAC pour mission conseil puis mission audit (2 missions distinctes) dès le début du projet, validation en c) sur des priorités clairement définies. Le plus souvent
AGO de l’OTI-CAC sont priorisés Informations générales, E1 Changement
(9)L’appui sur un conseil externe à discrétion, recommandée sur analyse double matérialité et sur processus-contrôles (infos climatique, SI Social, effectif de la coopérative, G1 Conduite
quali et quanti) des affaires. La CSRD est une exigence de transparence.
(10)Un rapport de durabilité concis pour maîtriser l’exercice Tout le monde comprend la marche à franchir.
N.B. Les tâches identifiées peuvent s’étaler sur plus d’un trimestre.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 53


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Focus : le point de vue d’un OTI


Pauline de Saint Front, présidente du Cabinet de Saint Front
En quoi consiste un audit de durabilité ? La vérification de l’exactitude : l’auditeur de durabilité
L’objectif d’un audit de durabilité est de donner un avis va sélectionner les informations qui lui paraissent les
sur trois sujets distincts : plus importantes sur la base de l’analyse des risques et Qui sont les auditeurs de durabilité ?
compte tenu des attentes des parties prenantes. Pour Les auditeurs de durabilité sont répartis en deux
3la conformité aux ESRS et à la CSRD
ces informations, l’auditeur de durabilité va réaliser des catégories : les organismes tiers indépendants (OTI) et
3le respect des exigences du règlement taxonomie revues de cohérences ou des tests de détail pour s’assurer les commissaires aux comptes (CAC).
environnementale (le cas échéant) de l’absence d’erreurs, omissions et inexactitudes. Pour pouvoir réaliser un audit de durabilité, ils doivent
3la conformité aux exigences de balisage
La vérification du respect des exigences de la respecter à minima les conditions suivantes : être
L’audit de durabilité passe par plusieurs étapes : inscrit en tant que personne morale sur les listes de la
taxonomie environnementale (le cas échéant) : l’auditeur
de durabilité va s’assurer que l’entreprise respecte bien Haute Autorité de l’Audit (H2A) et avoir au moins une
La prise de connaissance : l’objectif de cette étape est
personne physique inscrite sur les listes de la H2A.
de comprendre les enjeux de durabilité de l’entreprise, de les exigences de la taxonomie en cinq étapes : analyse
son secteur, sa maturité et son niveau de préparation, ses de l’éligibilité (vérification des secteur identifiés comme L’expérience sur des missions similaires, la
processus, la sensibilité de la gouvernance, les éléments éligibles par l’entreprise), de l’alignement (vérification des compréhension des enjeux de la RSE, la connaissance
critères techniques), de l’absence de préjudice important du secteur sont autant de critères importants à
réglementaires applicables, les zones de risques…
(vérification que l’entreprise ne crée pas de préjudices considérer lors du choix d’un auditeur de durabilité.
La planification : l’auditeur de durabilité planifie ses sur un des 6 objectifs environnementaux), du respect des
travaux en tenant compte du calendrier juridique et garanties minimales (vérification des process visant le
financier, de l’analyse des risques et précise le calendrier respect des droits humains, la lutte contre la corruption,
de la mission, les personnes impliquées du côté du client la fiscalité et l’éthique des affaires) et de l’exactitude
et présente l’équipe de vérification. des indicateurs (vérification du calcul et de la bonne
L’audit se déroule soit de janvier à avril si l’audit se fait concordance avec les états financiers des indicateurs : Comment nommer un auditeur
en une seule phase soit de octobre à décembre puis de OPEX, CAPEX, CA) de durabilité?
janvier à avril si un pré-audit est souhaité par l’entreprise La vérification de la conformité aux exigences de Il faut bien anticiper la nomination car elle prend
avant l’audit réglementaire pour anticiper et avoir le balisage : ces exigences seront définies d’ici la fin de du temps et doit se faire à l’Assemblée générale
temps de résoudre les non-conformités. l’année 2024. précédant l’intervention de l’auditeur de durabilité.
La vérification du processus de double matérialité La relecture générale : l’auditeur de durabilité doit Le comité d’audit ou RSE ou un comité équivalent
: l’auditeur de durabilité va prendre connaissance s’assurer que l’ensemble des informations du rapport de réalise un appel d’offres et étudie plusieurs offres
du processus d’analyse de matérialité des IRO et de d’audit de durabilité émanant d’organismes tiers
durabilité sont cohérentes avec les autres informations
matérialité de l’information et s’assurer qu’il est conforme indépendants ou de commissaires aux comptes
du rapport de gestion et que l’ensemble des informations
aux normes ESRS. L’auditeur va également vérifier inscrits sur les listes de la Haute Autorité de l’Audit et
de durabilité ont été corrigées selon les constats relevés en sélectionne un ou deux.
comment le processus est expliqué au sein du rapport au cours de l’audit.
de durabilité. Les deux cabinets retenus sont présentés au Conseil
La présentation des travaux et du projet de rapport d’administration qui fait un choix.
La vérification de la conformité aux ESRS : l’auditeur de au conseil d’administration : l’avis de l’auditeur de Une résolution concernant le choix de cet auditeur de
durabilité va vérifier que les informations demandées par durabilité est présenté au conseil d’administration ainsi durabilité est ajoutée aux résolutions de l’Assemblée
les ESRS sont présentes et structurées selon les exigences que les principales conclusions des travaux. générale.
générales des ESRS 1 et 2. Il va ensuite vérifier que les
informations publiées sont conformes aux attendus des La présentation du rapport à l’Assemblée générale :
ESRS environnementaux, sociaux et de gouvernance l’auditeur de durabilité présente les conclusions de son La résolution de nomination est votée en Assemblée
rapport en Assemblée générale générale (2024 pour un audit en 2025).
pour les enjeux identifiés comme matériels.

La vision du cabinet de Saint Front est donnée à titre d’illustration. Il n’y a pas de relation commerciale entre LCA et le cabinet de Saint Front.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 54


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

10 questions sur la gestion


Q3 Comment interroger les parties
d’un projet CSRD prenantes ?
Nous évoquons dans le chapitre focus sur 5 exigences
clés - SBM-2 parties intéressées - les multiples
Q2 Quel est le coût de la possibilités. Nous recommandons d’avoir une approche
structurée et continue, avec des responsabilités
mise en œuvre ? Le prix de identifiées, du dialogue avec les parties prenantes. Ce
l’accompagnement, de l’audit ?
Q1 Comment intégrer-entraîner les
ne peut être « one shot » pour la CSRD. Les modalités
vont varier selon l’existant, les moyens et la maturité.
Le coût est nécessairement lié à la taille de l’entité
parties intéressées de sa chaîne de et sa maturité de départ. Il est donc difficile
L’exigence étant « prise en compte des intérêts des
valeur dans le processus (adhérents parties intéressées ».
de faire une généralité. Par ailleurs, certaines
et fournisseurs) ? entreprises internalisent beaucoup, d’autres
externalisent. La première des ressources est
Pour les associés-coopérateurs, il y a généralement, interne : le temps passé. Selon la Cour des
au sein des coopératives, une personne en charge de Comptes : « D’une part, les coûts moyens par
la vie coopérative. C’est avec elle que se construit les entreprise, résultant de la préparation de la
modalités d’échanges. Pour les salariés, c’est la DRH directive CSRD, pourraient évoluer entre 40
et les institutions représentatives du personnel. Pour 000 € et 320 000 € ; les coûts moyens annuels
les clients, c’est la direction commerciale-marketing.
Etc. Elles doivent toutes être au cœur d’une approche
d’audit pourraient s’élever entre 67 000 € et 540
000 €. » Extrait du rapport public annuel 2024,
Q4 Comment et quand impliquer
structurée de la relation avec les parties intéressées. L’action publique en faveur de l’adaptation au les équipes terrain, essentielles
Les modalités de dialogue varient selon la maturité, changement climatique, Vol. 1. Une attention dans le pilotage opérationnel du
les moyens, les délais. L’essentiel est une approche particulière est à apporter aux systèmes
structurée, en amélioration continue. d’information pour industrialiser et fiabiliser projet ?
durablement les données. La normalisation des Partager du sens, de la finalité d’abord. Relier
données non-financières, « au même niveau au projet de la coopérative. Faire monter en
que les données financières » ne peut se faire compétence. Être pédagogue. Rendre autonome
à iso budget. Par contre, il y lieu de distinguer progressivement. C’est un chemin de conformité
l’effort sur 3 ans des coûts récurrents ensuite. de plusieurs années. Par ailleurs, ce sont les pilotes
d’enjeux (IRO) qui doivent être le cœur vivant et les
référents par entités, le cas échéant.

Q5 Quelles sont les ressources clés ?


Un comité projet transversal, avec DAF, RSE, Juriste,
Marketing-Communication, RH, Audit interne,
notamment, pour conduire le projet. Comité projet
intégré dans le comité permanent RSE de niveau Q6 Piloter un projet CSRD est-ce « one shot » ou cela va-t-il mobiliser des
ComEx. Un binôme DAF-RSE pour piloter le projet. La ressources dans la durée ?
DSI et des systèmes d’information pour industrialiser
la production des données. Dans la mise en œuvre, les La normalisation des informations extra-financières est un mouvement engagé pour au moins dix années avec
pilotes d’Enjeux (IRO). Au moins une ressource experte la mise en place des lois et normes actuelles et les normes à venir (classification sectorielle, normes sectorielles,
pour la bonne compréhension du texte et de ses normes PME, révisions, etc.). Le raisonnement devrait être une intégration dans les activités de tâches et missions
interprétations. qui, au départ, sont un surcroît d’activité, d’investissement et de dépenses. Dans la durée donc, avec un surcroît
d’activité significative les 3 premières années. Le projet CSRD devrait être un projet du comité durabilité-ESG. En
n’oubliant jamais que ce qui compte ce n’est pas la normalisation des données, c’est la performance ESG.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 55


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

10 questions sur la gestion


d’un projet CSRD

Q7 Quel est le rôle du CAdm et du


CoDir pour la CSRD ?
La durabilité est avant tout une question de Q8 Comment traiter les demandes
stratégie. La résilience est une question de stratégie
d’informations de nos clients ?
et d’excellence opérationnelle. Donc une question du
CAdm et du ComEx-CoDir. La CSRD est un moyen, De nombreuses parties intéressées sollicitent les
pas une fin. C’est la performance ESG et la résilience entreprises pour des demandes d’information. Les
la finalité. Formation, implication, structuration sont réponses doivent être structurées et cohérentes
les 3 leviers à actionner. La CSRD comme un moyen, entre elles dans le cadre de la relation avec les parties
la durabilité comme une priorité stratégique. La intéressées. Les clients vont formuler leurs exigences
transparence exigée du rôle de la gouvernance est en cohérence avec leurs propres obligations CSRD
un puissant levier. et stratégies de durabilité. C’est stratégique : accès
aux marchés, processus de sélection. Les banques,
les assurances sont de même niveau stratégique.

Q9 Comment et quand
impliquer l’OTI ?
La sélection de l’OTI est un point essentiel.
C’est au plus tôt et au moins un an avant la
publication. Vous devez avoir une visibilité
parfaite sur deux points : l’ensemble du
processus de vérification, ses étapes, les
livrables qui vous seront demandés d’une part Q10 Quelle gouvernance du
et d’autre part sur l’expertise des auditeurs- projet CSRD ?
vérificateurs. On ne s’improvise pas à auditer
le secteur agri-agro, on ne s’improvise pas à Pas de gouvernance spécifique, mais une
auditer le changement climatique dans le gouvernance projet au sein d’un comité
contexte de l’agriculture et de la coopération durabilité-ESG de niveau ComEx, des revues
agricole. Une sélection rigoureuse et anticipée ComEx et CAdm a minima 2 fois par an. Et
donc, et des échanges sur la vérification de une responsabilité particulière de l’audit
la double matérialité, sur la formalisation des interne ou de l’organisation faisant fonction
processus et contrôles et sur les dispositions sur la qualité, la fiabilité des données.
transitoires mises en œuvre dès que possible.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 56


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RETEX | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

IV/ RETOURS D’EXPÉRIENCES


DE LA GESTION DE PROJET ET
BENCHMARK DES ENJEUX CLÉS
DU SECTEUR AGRI-AGRO
Présentation du retour d’expériences p 58
6 synthèses d’interviews sur 7 lignes projet p 59
Benchmark des enjeux clés du secteur agri-agro p 65

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 57


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RETEX | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

6 retours d’expériences : qui, comment et pourquoi,


avec leurs cartes d’identité

QUI ? NATUP EUREA


Quatre coopératives, de tailles et de maturité différentes,
certaines déjà engagées dans la DPEF, certaines Coopérative agricole Coopérative agricole
nouvellement éligibles à la CSRD. Site internet Site internet
Une entreprise cotée Unibail-Rodamco-Westfield, choisie Rapports Rapports
pour sa mise en œuvre pionnière de la CSRD avec un DEU Nombre d’adhérents : 7.000 Nombre d’adhérents : 3.300
de (Document d’Enregistrement Universel) de l’exercice CAff (chiffre d’affaires) : 1,6 Mds€ CAff (chiffre d’affaires) : 240
2023 (intégrant la durabilité) proche de la conformité ETP (effectif équivalent temps Mds€
CSRD, une année en avance (les entreprises cotées sont plein) : 1.800 ETP (effectif équivalent temps
concernées sur l’exercice ouvert à partir du 1er janvier Activités, filières : alimentaire, plein) : 800
2024, pour publication en 2025). fibres, distribution Activités, filières : agriculture,
Une entreprise cotée souvent citée en référence pour alimentation, jardinage, nutrition
les questions de RSE, emblématique de l’histoire du animale
pays : Michelin. Avec des pratiques avancées en matière
de pilotage intégré de la performance, de RSE et de TERRENA
manière plus pointue sur le CSRD, une des premières à UNIBAIL-RODAMCO-
Coopérative agricole WESTFIELD
faire l’évaluation des incidences financières sur certains Site internet
aspects ESG. Coopérative agricole
Rapports Site internet
Nombre d’adhérents : 19.000 Rapports
COMMENT ? CAff (chiffre d’affaires) : 5,5 Mds€ Nombre d’adhérents : 3.300
Une interview d’une heure, la rédaction d’une synthèse, la ETP (effectif équivalent temps CAff (chiffre d’affaires) : 2,2 Mds€
validation par la coop ou l’entreprise. plein) : 11.300 ETP (effectif équivalent temps
7 thèmes, reprenant les 7 lignes de projet décrites dans les Activités, filières : agriculture et plein) : 2.600
pages précédentes. filières, produits carnés, volailles, Activités, filières : immobilier
1) Objectifs, sensibilisation, formation 2) Organisation 3) alliances, innovation commercial
Analyse d’écarts 4) Double matérialité 5) Protocole de
reporting, contrôles et audit 6) Digitalisation 7) Publication
LIMAGRAIN MICHELIN
POURQUOI ?
Coopérative agricole
Lorsque l’on emprunte un chemin, on peut le faire seul, on Site internet Coopérative agricole
peut jouer collectif, on peut s’inspirer ou suivre ceux qui Rapports Site internet
sont partis devant… Le benchmark, le retour d’expérience Nombre d’adhérents : Rapports
sont importants pour qui découvre ou engage le chemin CAff (chiffre d’affaires) : 2,1 Mds€ Nombre d’adhérents : 3.300
de la conformité, plus encore le chemin de la durabilité. ETP (effectif équivalent temps CAff (chiffre d’affaires) : 28,3
Il n’y a pas une seule manière de faire. Les exemples sont plein) : 9.000 Mds€
autant d’inspirations. On ne compare pas une entreprise Activités, filières : semences, ETP (effectif équivalent temps
à une autre, en revanche c’est intéressant de comprendre boulangerie-pâtisserie, jardinerie, plein) : 132.500
comment telle ou telle entreprise a procédé. Ces éléments céréales Activités, filières : pneumatiques,
sont à mettre en perspective avec la taille et la maturité. solutions connectées, polymer
composites, guides

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 58


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RETEX | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Retour d’expérience : interview de Louis Décultot,


responsable consolidation financière et projet CSRD de Natup
« Embarquer le DG et le directeur financier » 4) Double matérialité
transparent. On est partis de ce principe-là. Si au 30
Le point de départ du projet a été l’analyse des risques
juin 2026, on a un enjeu considéré comme matériel
1) Objectifs, sensibilisation et formation (IRO) en double matérialité permettant aux équipes de se
sans éléments à publier, on l’indiquera quand même et
Le projet CSRD n’est pas abordé comme une simple mise en familiariser avec les enjeux RSE. Avec l’accompagnement
on discutera avec nos auditeurs. On s’engagera à une
conformité mais comme une opportunité d’amélioration de d’un cabinet-conseil , 10 ateliers ont été organisés. Les
publication dans les 3 ans. ».
la performance et un enrichissement du plan stratégique leaders les plus pertinents sur les différents sujets ont été
de Natup. identifiés et sollicités. Une méthodologie de cotation basée
Louis précise : « On a tout à y gagner en termes de pilotage sur la cartographie des risques de Natup a été élaborée
de la performance notamment au niveau des datas. » pour assurer une cohérence globale de la cotation des
risques. L’analyse de double matérialité sera bientôt validée
Par ailleurs, il y a un lien fort entre finance et durabilité : par le comité de direction. Cette étape sera suivie d’une Les recos de Natup
« Si on ne prend pas soin de notre terroir, de notre capital priorisation, d’un lotissement des enjeux identifiés et d’une
humain, on dégrade la valorisation de notre organisation ». « Embarquer le DG et le directeur financier. Je suis
répartition des responsabilités associées à chaque enjeu.
Après une sensibilisation du comité de direction tout au surpris de voir que parfois le DG communique mieux
long de l’année 2023, la CSRD a été présentée aux équipes La norme ESRS E1 a été placée au premier plan des priorités. que moi sur les sujets CSRD ».
opérationnelles des différentes directions et activités. Cette Un bilan carbone actualisé sera réalisé sur l’exercice clos au
« Les directions financières doivent s’impliquer dans
initiative a été très bien accueillie par les équipes. Louis 30 juin 24.
la CSRD ».
souligne : « Certains m’ont dit : on attendait ça ! ». 5) Protocole de reporting, contrôle et audit « Profiter de la double matérialité pour réunir un
2) Organisation, projet, responsabilités Natup souhaite accorder autant d’importance aux maximum de personnes différentes de tous horizons ».
La décision de lancer le projet CSRD a été actée en décembre informations financières qu’extra-financières, ce qui « Tous les métiers vont être concernés, embarquer
2023 sous la responsabilité du directeur financier. Louis, implique une remontée cohérente et harmonisée de toutes les directions, communiquer en interne ».
chargé du pilotage financier, dédie un tiers de son temps à l’ensemble des données. Louis confie : « On peut imaginer
structurer et piloter le projet. remonter dans nos reportings financiers quelques
Un comité de pilotage comprend le directeur financier, le indicateurs clés qu’on aurait identifié dans la CSRD ».
DRH, le directeur agricole et le directeur diversification. Natup a l’ambition de collecter un large ensemble de
Un CoDir dédié CSRD est prévu tous les 6 mois. Des données quantitatives d’ici juin 2025, puis de se concentrer
informations sur la CSRD seront communiquées auprès sur la définition des objectifs et des plans d’action afin
Les points d’attention
des équipes terrain par les membres du CoDir, les d’être prêt pour 2026. Une réflexion est en cours sur la mise La mobilisation des ressources
modalités et le rythme restant à définir. L’accent est mis sur en œuvre de cette collecte et son impact sur l’organisation. « A ce stade, il a été décidé de démarrer le projet
une coordination étroite entre la direction financière et la sans ressources additionnelles, nous allons continuer
6) Digitalisation
direction des systèmes d’information autour notamment à travailler avec les seuls référents identifiés sur les
d’un projet data groupe. La digitalisation est un volet crucial du projet, incluant la différents sujets. L’organisation de demain reste à
centralisation des données afin de faciliter leur analyse. Des définir ».
Louis indique : « L’un des sujets de la CSRD, c’est la DATA »
solutions d’éditeurs sont évaluées pour optimiser la collecte,
3) Analyse d’écarts la consolidation et le reporting des données financières La prise en compte des parties prenantes
Sans une direction dédiée à la RSE, Natup adopte une et extra-financières. Le choix d’un outil est envisagé d’ici « Il ne faut pas négliger la nécessité d’embarquer
approche distincte par rapport aux entreprises disposant décembre 2024 pour un déploiement en 2025. l’ensemble des partie prenantes, et de les faire
d’une stratégie RSE établie. Dans ce contexte, une analyse adhérer à une vision commune ».
7) Rapport de durabilité, publication
des écarts n’était pas, dès le départ, adaptée. Louis précise L’anticipation de la charge de travail
: « Les grands groupes se sont lancés rapidement dans Natup est engagée dans un processus d’enrichissement
« Il ne faut pas perdre de temps. Il y a une grosse
la partie Gap Analysis, nous, on a beaucoup de choses à progressif de sa DPEF pour la conformer au format CSRD.
charge de travail. Ça va venir vite ».
mettre en place avant. » L’accent est mis sur la transparence des informations
publiées. Louis précise : « La CSRD nous amène à être

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 59


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RETEX | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Retour d’expérience : interview de Marine Michel,


responsable RSE, chez Terrena
« Relier la CSRD au projet d’entreprise » 4) Double matérialité
Le point de départ du projet a été l’analyse des risques en
1) Objectifs, sensibilisation et formation
double matérialité. Terrena a utilisé son projet stratégique
Le projet CSRD n’est pas abordé comme une mise en Terrena 2030 comme base d’analyse, complétée des
conformité mais comme un moyen renforcer le pilotage du thématiques de la CSRD. L’équipe audit interne + RSE
projet stratégique de Terrena sur les enjeux de durabilité. a d’abord travaillé la méthode. Les impacts, risques et Les recos de Terrena
En s’appuyant sur la CSRD pour structurer le projet et opportunités identifiés ont été ensuite requalifiés, précisés
apporter la preuve de nos impacts plutôt qu’une simple « Raccrocher la CSRD au projet d’entreprise. On
et évalués au regard des exigences de la CSRD en double
obligation réglementaire, la direction de Terrena a été parle alors, du projet Terrena et non pas de la norme
matérialité.
réceptive. CSRD ».
La cotation a été réalisée par le comité de direction. La « Se demander en quoi les questions de durabilité
Après une première sensibilisation auprès du comité de
méthodologie a été soumise à un cabinet d’audit (OTI) pour impactent le projet stratégique et impactent
direction, la CSRD a été introduite auprès des pilotes de
anticiper d’éventuelles points de non-conformités. l’entreprise ».
thématiques RSE puis des cadres du groupe lors d’un
séminaire sur la RSE, mettant l’accent sur les enjeux, les 5) Protocole de reporting, contrôle et audit « Se servir de la CSRD comme d’un guide, avec
priorités et les attentes en matière de performance extra- Le projet CSRD s’appuie sur une démarche de pilotage RSE pragmatisme ».
financière. Avec un focus particulier sur la CSRD. existante incluant déjà des objectifs et des plans d’actions. « Prendre le bon rythme pour ne pas se retrouver en
Marine souligne l’objectif concernant la CSRD : « L’objectif Des fiches de pilotage (en cours de déploiement) déclinées décalage et risquer d’être exclu des marchés ».
n’est pas de rendre tous mes collègues experts de la CSRD. pour chaque activité, permettront un suivi structuré des
L’essentiel est que le projet avance, que les questions de enjeux et un reporting harmonisé. L’objectif étant de
durabilité soient portées au bon niveau par tout le monde ». permettre de sensibiliser les équipes sur les nouvelles
2) Organisation, projet, responsabilités exigences
L’organisation du projet comprend un comité de pilotage 6) Digitalisation
avec le directeur du développement agricole durable, le Marine précise : « La question d’un outil de pilotage
Les points d’attention
DAF et une équipe projet avec des membres du contrôle nécessite que les équipes soient embarquées parce que La projection sur le court, moyen, long terme
de gestion, du contrôle interne, de la RSE et de l’innovation. si l’on investit dans un outil uniquement pour faire du « L’importance de se projeter sur des plans d’action et
Marine, responsable RSE, pilote le projet. Les pilotes RSE reporting une fois dans l’année, ce n’est pas valable » des objectifs à long terme ».
animent les thématiques et des référents sont mobilisés Plusieurs éditeurs ont été rencontrés pour bien
dans les différentes activités pour déployer les initiatives. La nécessité de classifier correctement les sujets,
comprendre les fonctionnalités offertes par leurs outils. Il avec un travail conséquent de décryptage pour les
La mise en œuvre du projet pose deux défis majeurs. faut d’abord quantifier précisément le besoin et s’assurer entreprises.
Marine précise : « La CSRD c’est trouver la bonne organisation de l’engagement de tous les acteurs concernés.
« Mettre les bons sujets dans les bonnes boites ».
et la bonne gouvernance. Et ensuite l’adaptation des La DSI sera impliquée pour intégrer la comptabilité extra-
La prise de recul vis-à-vis des normes
systèmes d’informations » financière dans les systèmes d’information existants. C’est
un chantier important à prévoir. « Trouver la bonne hauteur pour ne pas être trop
3) Analyse d’écarts collé aux points de conformité et en même temps
Une analyse d’écarts est en cours, ciblant dans un premier 7) Rapport de durabilité, publication répondre aux questions qui sont demandées ».
temps, la norme obligatoire (ESRS 2 – informations générales) Terrena envisage de produire deux documents distincts : Les ressources actuelles et futures
et la norme changement climatique (E1). un rapport de durabilité « compliant » et un document « C’est du temps à y passer. Au moins 2 jours par
Pour Terrena, ce découpage du projet répond à plusieurs plus communicant évoquant le projet stratégique et les semaine pour moi. Il faudra mobiliser davantage de
objectifs : Comprendre l’esprit des normes avant de les responsabilités sociétales. La complexité de la CSRD est ressources par la suite ».
déployer plus largement ; Identifier les sujets qui n’avaient gérée en back-office et n’est pas encore intégrée dans les
pas été évalués ou traités en profondeur, les approfondir et publications officielles bien que la dernière DPEF en intègre
décider de nouvelles orientations éventuelles. Dans tous les certains aspects.
cas, monter en compétences sur ces sujets.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 60


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RETEX | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Retour d’expérience : interview de Maxime Robineau,


responsable RSE et gestion de projets, chez Eurea
« Apporter aux instances de gouvernance 4) Double matérialité publiée dans le format habituel mais certains indicateurs le
une formation de qualité sur les enjeux L’analyse de double matérialité a été menée en interne en seront sous format CSRD. Le rapport financier et le rapport
partant des travaux initiaux de matérialité. Ce travail a été de gestion seront séparés de la DPEF.
macro »
poussé par la direction générale en lien avec les instances Maxime explique : « Dans un premier temps, on va rester
1) Objectifs, sensibilisation et formation de gouvernance. sur deux déclarations séparées : les aspects financiers
La CSRD est perçue à la fois comme une opportunité Maxime indique : « On est repartis du travail initial de d’une part et extra-financiers d’autre part ».
d’améliorer la gestion des risques et la performance RSE, matérialité pour la DPEF. Certains points insuffisamment
mais aussi une exigence de conformité réglementaire. pondérés ont été revus dans le cadre de la double
Maxime précise : « Une partie du reporting sera utilisée en matérialité ».
interne, tandis que l’autre partie visera à se conformer à la L’analyse de double matérialité est en cours de validation
réglementation ». par le comité de direction. Le bilan carbone réalisé Les recos de Eurea
La sensibilisation et la formation ont été essentielles pour précédemment a été reconsidéré au regard de la CSRD.
mobiliser les instances de gouvernance. Des formations « La direction et la gouvernance doivent être
« macro » sur des thématiques comme le changement 5) Protocole de reporting, contrôle et audit impliquées et mobiliser des ressources sur le sujet ».
climatique et l’énergie ont été réalisées pour les membres Un protocole de reporting est mis en place pour garantir « Comme dans toutes les structures, on est confrontés
du conseil d’administration et du comité de direction, la fiabilité des données rapportées. EUREA s’assure que les à des personnes qui sont plus ou moins sensibles
facilitant une meilleure compréhension des enjeux. données collectées sont vérifiées et validées grâce à des à ces projets. Réaliser des formations est un point
Maxime confie : « La DPEF nous permet d’avoir une outils de suivi afin de faciliter les audits. important, des piqûres de rappels sont nécessaires ».
adéquation parfaite entre notre stratégie d’entreprise et la Maxime souligne : « Notre objectif est de faire auditer notre « Identifier les bases de données, leur accès aux
réglementation. S’agissant des questions de durabilité de prochaine DPEF fin 2024 (exercice au 30/06/2024) par notre personnes concernées et se poser la question de la
la CSRD, un certain nombre de points pourraient ne pas OTI, tout en demandant une évaluation de la conformité centralisation des informations reste essentiel ».
représenter des enjeux majeurs pour nous ». du calcul et de la présentation des informations en vue de
Les collaborateurs sont tenus informés par le biais de la CSRD. Même si celle-ci n’entrera en vigueur qu’en 2026 ».
publications internes et par la feuille de route indiquant
l’atteinte des objectifs. De plus, la présence de salariés au 6) Digitalisation
conseil d’administration facilite la diffusion de l’information. Depuis 3 ans, Maxime travaille à la construction d’outils et
de bases de données internes sur Excel pour la collecte et
2) Organisation, projet, responsabilités l’analyse de données essentiellement quantitatives, pour la Les points d’attention
Le projet est piloté par Maxime, responsable du projet, DPEF puis pour la CSRD. Bien que des logiciels spécialisés
Les investissements futurs
tenu de mobiliser les services concernés pour récupérer, soient envisagés, les contraintes budgétaires limitent cette
traiter les données, et/ou de leur demander de calculer des possibilité. L’accès direct aux bases de données sources « Au même titre qu’on valide la rentabilité économique
indicateurs selon une méthodologie dédiée. Maxime dédie permet une gestion efficace des indicateurs. Cela demande d’un projet avant de faire un investissement, il
à la CSRD entre 10% à 15% de son temps de travail annuel. A un investissement important en termes de temps de travail. faudrait aussi valider la rentabilité environnementale.
date, il n’y pas de comité projet dédié. Maxime est rattaché La CSRD nous invite à ce raisonnement ».
Maxime ajoute : « J’ai une visibilité parfaite sur la grande
à la DRH. majorité des informations dont j’ai besoin pour calculer les L’anticipation de la charge de travail

3) Analyse d’écarts indicateurs ». « L’anticipation de la charge de travail, c’est vraiment


Dans le cadre de la CSRD, il est essentiel d’optimiser les le point, à mon avis, où il faut être particulièrement
Une analyse des écarts a été menée pour identifier les être vigilant ».
domaines nécessitant des actions correctives afin de sources de données, leur accès, leur connectivité, ce, en
tenant compte de l’impact sur la charge de travail. Les systèmes d’information
s’aligner sur les nouvelles normes.
« Il est important de veiller à la fiabilité des bases de
Les enjeux majeurs et critiques pour le groupe EUREA 7) Rapport de durabilité, publication
données utilisées et de leur accessibilité. C’est-à-dire
estimés lors du travail sur la DPEF, ont été confirmés par la Le rapport de durabilité intégrera les exigences de la CSRD, ce qui va être contrôlé par l’OTI ».
nouvelle étude Eurea fait une transition progressive de la DPEF vers un
format conforme CSRD. Pour l’année en cours, la DPEF sera

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 61


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RETEX | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Retour d’expérience : interview de Elsa Vatin, Contrôleur de


Gestion de la performance environnementale, et Alexandre
Cocozza, Directeur RSE et Performance Durable, chez Limagrain
« La CSRD doit porter une ambition, une Une analyse d’écarts globale est en cours. Cette analyse La DPEF 2024 sera présentée dans un format classique. Pour
permettra de déterminer les priorités et d’adapter les outils 2025, une réflexion est en cours avec les commissaires aux
stratégie »
existants. Une analyse d’écarts détaillée liée aux ESRS sera comptes pour faire évoluer nos publications et répondre, en
1) Objectifs, sensibilisation et formation réalisée début 2025, à l’issue de l’analyse de matérialité. même temps, à nos obligations réglementaires.
L’objectif principal du projet CSRD est de se conformer 4) Double matérialité
aux exigences réglementaires tout en profitant de cette
L’analyse de double matérialité débutera en septembre 2024.
opportunité pour revisiter et renforcer divers aspects
ESG. Alexandre précise : « Nous allons transformer cette
Limagrain recherche un OTI pour un accompagnement Les recos de Limagrain
« léger » visant à valider la méthodologie, éclairer certains
contrainte en opportunité d’amélioration et nous remettre
ESRS et data points. La direction RSE souhaite rester « Ne pas voir la CSRD comme une contrainte mais
en question et nous demander si nous avons des lacunes. »
autonome sur le sujet tout en bénéficiant de ce soutien. comme une opportunité de s’améliorer ».
Depuis janvier 2024, Limagrain, fort de sa maturité sur les
enjeux ESG, n’a plus de stratégie RSE distincte. Celle-ci est Alexandre souligne : « On aimerait s’appuyer au maximum « Sensibiliser, expliquer faire preuve de pédagogie
désormais pleinement intégrée à la stratégie globale de sur ce qui existe. Des groupes de travail par métier ou activité auprès des directions concernées».
l’entreprise. vont être organisés pour définir si les sujets sont matériels « Prendre le temps de bien cadrer le projet en amont,
Depuis 2013, la mise en place de processus robustes pour ou non. Des parties prenantes identifiées dans ces groupes identifier les personnes, savoir ce que l’on veut comme
satisfaire aux exigences des réglementations antérieures seront interrogées. Une consolidation de tous les enjeux accompagnement, comme outils ».
(la loi Grenelle 2, DPEF) a permis de collecter, analyser pondérés par métier, permettra d’aboutir à une matrice « Pour les « petites » coops, il faut y aller étape par
et auditer les données extra-financières. En 2023, des consolidée ». Une analyse d’outils internes et externes est en étape, accepter de ne pas être parfait dès le début.
sessions de sensibilisation et de formation pour le comité cours pour faciliter la réalisation d’une matrice consolidée. Se donner des priorités et apporter de la visibilité sans
de direction ont permis une montée en compétences sur s’inquiéter de son niveau de conformité ».
5) Protocole de reporting, contrôle et audit
les sujets CSRD. En mars 2024, une proposition de feuille
de route a été présentée au comité de direction et validée. Limagrain utilise depuis 4 ans un outil de collecte et de
Une sensibilisation aux exigences de la CSRD a été menée consolidation des données extra-financières.
au sein des BU et du réseau RSE, les informant qu’ils seront Elsa précise : « La collecte de datas est réalisée via un outil
fortement sollicités dans les prochains mois. Un « core team » et est organisée par fonctions. Chacun est responsable de
de l’équipe projet comprenant les fonctions RSE, risques, et sa partie : la RSE pour l’environnement, la RH pour la partie Les points d’attention
finance s’est auto-formé à la CSRD. sociale, la direction juridique pour la partie éthique ».
L’information au comité de direction
2) Organisation, projet, responsabilités Le reporting CSRD sera pris en charge par la direction
« Donner une réalité précise au comité de direction :
financière. Cependant une réflexion est en cours pour définir
La responsabilité du projet a été confiée à la direction RSE la complexité du projet, les besoins, les ressources.
une organisation cible plus précise.
avec une implication forte du directeur financier et du Doit-on en faire un projet prioritaire ? Si on ne le fait
directeur général adjoint auquel Alexandre rapporte. Le 6) Digitalisation pas, cela va être compliqué. Ce n’est pas la RSE qui
projet s’appuie sur la direction RSE du siège et son réseau porte le sujet, c’est la direction générale qui portent
Des RFI (Request For Information) ayant été réalisés, les
de 25 personnes. Un comité de pilotage sera formé en ses ambitions ».
besoins sont clairement identifiés.
septembre 2024. Le projet est déjà divisé en quatre étapes La technicité pour le choix des outils
majeures : double matérialité, « gap analysis », feuille de route Alexandre souligne : « Notre outil actuel pourrait répondrait
à 90% aux exigences de la CSRD mais ne permet pas « Des outils financiers, des outils Carbone, des outils
et rédaction du rapport de durabilité. extra-financiers essaient de se positionner sur la
d’effectuer notre bilan carbone.
La direction RSE pilotera les deux premières étapes, tandis CSRD. Il faut avoir une belle expertise technique pour
que la responsabilité de la troisième étape reste à déterminer. On cherche un outil dont une des fonctions sera de nous faire un choix ».
faciliter la tâche sur les tagging XBRL et le reporting de
La direction financière se chargera de la partie reporting de durabilité. Puis, on ne cherche pas un outil uniquement pour L’identification de tous les enjeux
durabilité. D’autres directions seront également sollicitées. la CSRD mais pour piloter finement notre stratégie ». « Identifier tous les enjeux y compris ceux qui ne sont
3) Analyse d’écarts pas intégrés dans les ESRS. Rajouter ce qui manque ».
7) Rapport de durabilité, publication

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 62


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RETEX | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Retours d’expérience : interviews de Elsa Delcher, Sustainability


performance manager et de Clément Jeannin, Directeur Groupe
du Développement Durable d’Unibail-Rodamco-Westfield (URW)
« Les décisions business doivent aller dans Après une première analyse de double matérialité, une durable distinct, mais d’intégrer le rapport de durabilité
analyse d’écart micro (point de donnée par point de donnée) dans le DEU dès l’exercice 2023. Cette approche inclut une
la bonne direction en matière de durabilité »
a été réalisée et permis de structurer le rapport de durabilité. introduction spécifique liée à la stratégie « Better Places »
1) Objectifs, sensibilisation et formation Un outil basé sur l’intelligence artificielle a été utilisé pour assurant ainsi une clarté et une cohérence du message vis-
La feuille de route développement durable a été réécrite croiser les points de données standards avec le rapport de à-vis des investisseurs.
en 2022 et 2023. Cette stratégie est pleinement intégrée au durabilité publié sur l’exercice 2023. Des écarts ont ainsi
business de l’organisation. pu être identifiés. Ce travail a également pour objectif de
préparer le dialogue avec les auditeurs de durabilité.
Clément précise : « Il est crucial de considérer la durabilité Les recos de URW
comme une thématique stratégique. Elle offre des 4) Double matérialité
opportunités de création de valeur et comporte des risques « Identifier clairement un chef de projet qui rapporte à
Une matrice de double matérialité a été réalisée et revue
à gérer. ». un top management en mesure de lever les problèmes
par les auditeurs en 2023. Pour donner suite à leurs retours
Avant la CSRD, des échanges réguliers sur la stratégie de ».
une refonte est en cours. Ce travail implique de formuler des
durabilité et de performance de l’entreprise se tenaient déjà
hypothèses sur les risques et opportunités et de les justifier « Connecter la CSRD à la feuille de route stratégique est
entre la direction développement durable et le conseil de crucial, surtout pour les entreprises qui n’ont pas encore
avec des éléments financiers. L’équipe développement
surveillance. Le comité d’audit du conseil de surveillance adopté de reporting ».
durable s’est appuyé sur les opérationnels pour chiffrer ces
s’est emparé de ces questions qui sont désormais évoquées
hypothèses. « Prioriser les actions et les efforts est essentiel. Il
à chaque réunion. Des réunions régulières sont organisées
Clément souligne : « Les opérationnels sont les meilleurs pour est important de faire des choix stratégiques sur les
entre comité d’audit et l’auditeur de durabilité. afin de lever
faire l’évaluation financière du risque ou des opportunités » domaines à aborder en premier. Cela est d’autant plus
les questionnements. Après une sensibilisation des équipes,
En cas de modifications substantielles de la matrice, celle- vrai pour des entreprises qui n’ont pas d’éléments RSE
des groupes de travail et un accompagnement ont été mis
ci sera soumise de nouveau à la validation de l’OpCo et du formalisés ».
en place par la direction développement durable.
comité d’audit.
Elsa ajoute : « On a besoin des équipes pour avoir leur
expertise et leur éclairage sur le texte. Il y a un vrai 5) Protocole de reporting, contrôle et audit
accompagnement des équipes : il est essentiel qu’elles
comprennent leur rôle ».
Un protocole de reporting déjà solide, a été renforcé pour
inclure des descriptions détaillées des processus, des
Les points d’attention
2) Organisation, projet, responsabilités sources de données, des hypothèses retenues et des niveaux La remontée des données quantitatives et
de contrôles. L’accent est mis sur la qualité des données et la qualitatives
Le projet CSRD est porté par l’équipe développement
transparence des processus. La responsabilité de la collecte « Elles sont très nombreuses, il est donc crucial d’avoir
durable qui s’appuie sur des compétences internes. La mise
et du contrôle des données est clairement définie pour une approche structurée pour ne pas risquer de perdre
en œuvre du projet CSRD est structurée autour d’un comité
chaque point de donnée (quali et quanti). des informations ».
opérationnel (OpCo Operational Committee) qui implique la
direction financière, la direction du développement durable 6) Digitalisation Le développement de compétences CSRD en interne
et les directions juridiques/risque/compliance. Ce comité est « Une bonne connaissance de la CSRD au sein de
Avant l’arrivée de la CSRD, la collecte d’informations était déjà
chargé de valider les processus, de coordonner les différentes l’équipe permet une discussion éclairée et équilibrée
structurée avec des outils de reporting et de visualisation
équipes. Les responsabilités ont été identifiée par ESRS, avec l’auditeur de durabilité. Il est possible alors
des données. Ainsi, quelques ajustements légers seront
voire par thématique des ESRS. L’équipe développement d’expliquer notre interprétation des écarts perçus dans
nécessaires. Le tagging, en revanche, n’est pas encore mis
durable a souhaité développer sa propre expertise dans la le rapport ».
en œuvre.
compréhension des textes et décrets d’application.
Clément ajoute : « La fréquence de la collecte des données et La mobilisation de ressources
L’objectif étant d’avoir les compétences pour interagir de
façon éclairée et contradictoire avec l’auditeur de durabilité. la synchronisation des productions du reporting financier et « Les ressources pour la production, la collecte
Le directoire et le comité d’audit sont également tenus extra-financier sont deux défis majeurs ». d’informations, ou les systèmes d’information, ne
informés régulièrement des avancées. doivent pas être négligées. L’arrivée de la CSRD a
7) Rapport de durabilité, publication justifié le recrutement d’une personne supplémentaire
3) Analyse d’écarts URW a décidé de ne pas publier de rapport de développement dans notre équipe ».

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 63


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Retours d’expérience : interviews de Véronique Guichard,


manager RSE chez Michelin

« La CSRD, un driver d’orientation stratégique d’Enregistrement Universel) a servi de référence pour des informations demandées dans le rapport de durabilité,
évaluer les impacts. Le département prospective a ensuite en répondant strictement aux exigences de la CSRD pour la
vers de nouveaux business models »
réalisé une étude des impacts à moyen et long terme et ses première année. Des réflexions sont en cours pour intégrer
1) Objectifs, sensibilisation et formation résultats soumis aux différents départements pour avis. En des sujets importants mais non matériels dans d’autres
L’objectif est d’utiliser la CSRD comme un moyen de renforcer parallèle une « gap analysis » quanti et quali a été menée par sections du rapport. La décision a été prise de réaffirmer les
notre approche stratégique des sujets RSE. l’OTI dès 2023. engagements du groupe et ses objectifs. Michelin souhaite
Véronique précise : « La CSRD ne doit pas être un exercice de 4) Double matérialité aussi garantir l’accès aux parties prenantes des informations
reporting, mais un exercice stratégique dans l’identification qui leur sont essentielles.
Michelin s’est fait accompagner par un cabinet conseil pour
des impacts, risques et opportunités et nous permettant la l’analyse de double matérialité. Environ 80 personnes ont
d’aller plus loin. » été impliquées dans le processus de consultation en interne.
Fin 2023, une gouvernance Finance Durable a été créée, Véronique souligne : « La CSRD demande de prendre en Les recos de Michelin
supervisée par Yves Chapot, gérant non commandité* et considération les opportunités, impacts positifs et négatifs,
Directeur Financier du groupe Michelin. Véronique fait l’intégration des probabilités, et l’analyse des risques bruts « Faire simple alors que la réglementation est com-
partie de l’équipe Développement Durable et travaille en plutôt que résiduels ». Un travail de cohérence avec les plexe ».
transverse avec les équipes finance durable sur le projet principaux risques du groupe a ensuite été réalisé. Par ailleurs, « Se poser les bonnes questions des impacts, risques
CSRD. Le positionnement du sujet au plus haut niveau de les enjeux sur la chaîne de valeur ont été rendus visibles dans et opportunités stratégiques par rapport au modèle
responsabilité montre la volonté de faire de la CSRD un sujet l’analyse de double matérialité indiquant la localisation de d’affaires. ».
stratégique. nos impacts (opérations propres ou chaine de valeur).Des « Commencer petit à petit avec quelques métriques,
Depuis l’été dernier, une première formation de 2 jours auprès scénarios précis par IRO ont été identifiés et certains portent quelques ambitions, quelques engagements et
de 150 personnes, contributeurs directs et indirects du spécifiquement sur la chaîne de valeur comme demandés prendre le temps de faire une feuille de route, parce que
projet, a été réalisée par notre Organisme Tiers Indépendant par la CSRD. La matrice de double matérialité a été validée la route est longue ».
(OTI). Cette formation a porté sur exigences générales et sur par le ComEx début juin 2024.
une vue d’ensemble des ESRS. De plus, différentes sessions « Mobiliser, fédérer et faire adhérer les équipes finance ».
5) Protocole de reporting, contrôle et audit
de présentation de la CSRD, de ses ambitions et de ses
impacts au sein de l’entreprise, sont dispensées y compris Consécutivement à deux audits internes sur la robustesse
aux membres du comité exécutif. du reporting extra-financier, les équipes ont travaillé sur
Des kits de formation et une vidéo sur la double matérialité un dispositif de contrôle interne ESG et la rédaction d’un
manuel. Ces éléments vont être mis à jour à l’issue de
Les points d’attention
ont été réalisés pour une diffusion plus large au sein du
réseau « sustainability » international. l’analyse double matérialité. Un responsable est défini pour La mobilisation sur le projet
chaque KPI (KPI owner), un leader par ESRS assure le lien. « La CSRD demande du temps à tous les niveaux :
2) Organisation, projet, responsabilités
6) Digitalisation temps de compréhension, d’onboarding ainsi qu’
L’ensemble du programme a été divisé en différents lots. un changement important pour les structures non
Les indicateurs clés (KPI) du reporting ont été identifiés en
Véronique a en charge le volet double matérialité. Un aguerries à ces sujets ».
prenant compte le résultat de l’analyse de matérialité, les
comité opérationnel Finance Durable se réunit tous les mois
délais de mise en œuvre et la disponibilité de la donnée. L’implication de la gouvernance
permettant de suivre l’actualité réglementaire, de partager
Véronique ajoute « On a fait deux séries de tests sur les « La CSRD pousse à des changements en profondeur
l’état d’avancement du projet CSRD et de lever rapidement
KPI mais les KPI ont évolué entre les deux phases de test ». dans la gouvernance et nécessite l’implication du top
les obstacles et questionnements. Environ 25 personnes
La collecte de données est opérée de façon hybride soit management dans la vision du projet ».
constituent l’équipe projet CSRD. Un volet IT spécifique en
au travers d’outils soit manuellement via Excel jusqu’à Une réglementation non stabilisée
fait également partie. Des formations plus approfondies sur
aujourd’hui.
les ESRS et une information en continu sur les évolutions des « Une réglementation en constante évolution qui
textes sont organisées par les équipes en charge du projet. Une solution digitale de collecte, consolidation, vérification amène de la complexité ».
est en cours de déploiement et servira à construire reporting
3) Analyse d’écarts Des auditeurs de durabilité partiellement
2024. Le « tagging » des données est dans le planning du
expérimentés
Pour identifier les enjeux, Michelin a d’abord analysé les 250 projet.
risques du Groupe, puis élargi l’étude aux opportunités. « Les auditeurs de durabilité n’ont pas encore leur
7) Rapport de durabilité, publication
cadre et méthodologie de contrôle ».
Le chapitre DPEF inclus dans le DEU (Document La stratégie de publication se concentre sur la concision

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 64


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RETEX | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Benchmark des enjeux clés du secteur agri-agro

Les enjeux identifiés aujourd’hui Enjeux transversaux à toutes les filières


À partir des enjeux identifiés aujourd’hui par les Les enjeux sont formulés non à partir des stratégies ou réponses des coopératives mais à partir des questions de durabilité
coopératives (coopératives adhérentes ou non de des ESRS E, S et G prises en compte. Ils varient selon la taille des coopératives et leurs filières.
La Coopération Agricole publiant une DPEF ou un
rapport annuel) : Agora - Agrial - Arterris - Avril- Axereal Enjeux environnementaux (ESRS E)
- Cavac - Cooperl - Cristal Union - Euralis - Eureden -  E1 Changement climatique : atténuation et adaptation
Even - In Vivo - Les Maîtres Laitiers - Limagrain - Lur  E2 Pollution : impacts de l’utilisation des produits phytosanitaires et de l’utilisation des intrants (eau, air, sols)
Berri - Maïsadour - Natup - Sodiaal - Tereos - Terrena
 E3 Eau et ressources marines : dépendance à l’eau et aux usages de l’eau (besoins en eau des végétaux, irrigation,
- Vivescia
abreuvement en élevage, lavages et nettoyages)
Synthèse des éléments les plus saillants à date :
 E4 Biodiversité et écosystèmes : pressions du changement climatique, des besoins en eau, de la pollution sur la
enjeux transversaux et enjeux spécifiques à
biodiversité, pressions liées au besoin de ressources pour l’alimentation animale
certaines filières
 E5 Utilisation des ressources et économie circulaire : impacts des gaspillages ; impacts des déchets
Les enjeux sectoriels définis par  Spécifique : dépendance à la fertilité des sols et la biodiversité fonctionnelle
RÉSERVÉ AUX ADHÉRENTS
les futures normes sectorielles Enjeux environnementaux (ESRS E)
DE LA COOPÉRATION AGRICOLE
L’EFRAG travaille à l’établissement de normes  S1 Salariés des coopératives : santé et sécurité des collaborateurs, conditions de travail, formation et développement des
sectorielles : norme « Agriculture, Farming and compétences, dialogue social
Fisheries » et norme « Food and Beverages ». Elles  S2 Effectifs de la chaîne de valeur (fournisseurs) : droits humains
seront impactantes pour les secteurs concernés à
compter de l’exercice ouvert le 1er janvier 2027.  Spécifique S2 (adhérents) : santé et sécurité des agriculteurs, revenu des agriculteurs, dialogue dans le cadre de la
« vie coopérative »
 S3 Communautés :
 Spécifique S3 communautés : dépendances et impacts aux ressources et emplois locaux
 S4 Consommateurs et utilisateurs finaux : qualité et sécurité sanitaire des produits ; information des consommateurs
Enjeux conduite des affaires (ESRS G)
Les enjeux sectoriels dans les  G1 Conduite des affaires : prévention de la corruption
référentiels de reporting
GRI Sector Standard for Agriculture, Aquaculture, and Enjeux spécifiques à certaines filières
Fishing, mars 2023 Les enjeux sont formulés non à partir des stratégies ou réponses des coopératives mais à partir des questions de durabilité
SASB Materiality map Agricultural Products ; Meat, des ESRS E, S et G prises en compte. Ils varient selon la taille des coopératives et leurs filières.
Poultry & Dairy ; Processed Foods et standards de Enjeux environnementaux (ESRS E)
reporting associés
 E1 Changement climatique, énergie (filières et processus de production particulièrement intensifs en énergie chaine du
chaud, chaîne du froid et processus de transformation)
Les enjeux sectoriels, vu Enjeux sociaux et sociétaux (ESRS S)
par les agences de notation  E5 Economie circulaire : Valorisation des co-produits
extrafinancières Enjeux conduite des affaires (ESRS G)
MSCI ESG Industry Materiality Map  G1 Conduite des affaires : bien-être animal
 G1 Conduite des affaires : spécifique : épizootie
 G1 Conduite des affaires spécifique : alimentation animale protéine (céréales et légumineuses)

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 65


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V/ VERS UN PILOTAGE INTÉGRÉ


DE LA PERFORMANCE

Finance <> Opérations <> ESG : des performances indissociables p 67


Les leviers « business » des questions environnementales,
sociales-sociétales et de gouvernance p 68
L’élaboration et la révision du budget :
un moment clé de l’intégration des questions de durabilité ESG p 69
Vers un pilotage « intégré » de la performance p 70
Zoom de l’impact d’une stratégie ESG sur deux processus clés :
l’investissement et le calcul de prix de revient p 71

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 66


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Vers un pilotage intégré de la performance

→ Finance <> Opérations <> ESG : des performances indissociables Pilotage intégré : de quoi parle-t-on ?
Performance globale, performance intégrée, performance plurielle. Trois manières
d’exprimer l’évolution structurelle en cours du pilotage des entreprises.
Comment expliquer le sens du pilotage intégré ? Piloter, c’est comprendre, arbitrer,
prendre des décisions éclairées, de manière pertinente :
 Chaque décision clé est éclairée par des critères économiques et financiers, opérationnels,
environnementaux, sociaux-sociétaux, de gouvernance.
 Chaque décision clé est prise en tenant compte de l’écosystème d’affaires : les parties
Performance Performance RSE-ESG prenantes.
opérationnelle  Qualité, disponibilité et
 Chaque décision clé s’inscrit dans une perspective court, moyen et long terme.
 Gestion de la production, quantité
engagement des salarié·es Quelles décisions clés ? la stratégie, l’allocation de ressources (budget, investissements),
produite, productivité, performance  Économie de ressources, le calcul de prix de revient, la rémunération et partage de la valeur, les compétences.
de l’outil de production limitation des pollutions Le contexte spécifique des coopératives : dépendance du secteur agricole et
 Gestion des stocks  Atténuation et adaptation au agroalimentaire à la nature, importance de la compétence et de l’engagement des
changement climatique
 Qualité des produits et services, délais équipes, défi de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique, répartition
 Respect des droits humains de la valeur ajoutée de l’amont (production agricole) à l’aval (distribution), prix pour le
 Image de marque, relations client
 Engagement, satisfaction des consommateur, rend le pilotage intégré incontournable.
 Performance de la supply chain
associés-coopérateurs
 … Nous faisons un focus dans les pages suivantes sur l’impact des questions ESG sur la
 …
performance globale, l’élaboration du budget, le pilotage de la performance, le processus
d’investissement et l’élaboration des prix de revient.

Inspiration
Plusieurs entreprises fournissent des sources d’inspiration :
Michelin. Le tableau de bord stratégique de Michelin est un exemple de pilotage « people
Performance économique + planet + profit ». Il intègre notamment des dimensions immatérielles telles que la
satisfaction de son réseau de distribution et la satisfaction de ses clients finaux : les
et financière
utilisateurs-acheteurs de Pneus. Voir stratégie et 12 indicateurs profit people planet dans
 Part de marché le document d’enregistrement universel (p 28 à 39)
 Valeur ajoutée
Veolia. Veolia (gestion de l’eau, des déchets et de l’énergie) élabore et pilote une performance
 Rentabilité des capitaux investis plurielle « La performance plurielle concilie la RSE, de par ses dimensions sociale, sociétale
 Bénéfices et environnementale, et les enjeux financiers et commerciaux de l’entreprise »
 Valeur de l’entreprise, valeurs des Il existe par ailleurs des travaux de référence sur ces sujets tel que le tableau de bord
actifs
prospectif et des organisations impliquées dans ces évolutions à l’instar du CJD Cercle des
 …
Jeunes Dirigeants et son Carnet de bord de la performance globale
Dans les faits, beaucoup de dirigeant.e.s ont d’ores et déjà intégré une partie de
ce changement de paradigme dans leur management. L’approche pilotage de la
performance globale va s’imposer naturellement et progressivement.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 67


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Les leviers « business » des questions environnementales,


sociales-sociétales et de gouvernance

L’impact des questions de durabilité → 4 leviers de la performance ESG


ESG sur la performance globale
Dans le tableau ci-contre, nous présentons de manière
synthétique les liens indissociables entre la performance
économique, opérationnelle et la performance des critères
ESG.
L’évolution du comportement des consommateurs
(sensibilité à la production locale, aux signes de qualité Leviers de Leviers de Leviers de Leviers de
et labels, au respect du bien-être animal, etc.) ainsi que croissance productivité management valorisation
la sensibilité au prix sont des facteurs clés à prendre en
compte dans les stratégies.  Innovation,  Efficience dans l’utilisation des risques   Valeurs des actifs
nouveaux produits, des ressources (matières  Risques réglementaires,
corporels
La concurrence internationale, les marchés mondiaux, la nouveaux services premières, énergie,…)
détermination des tarifs et la capacité à répercuter les prix risques juridiques  Valeurs des actifs
de revient auprès du distributeur ou du client final sont  Différenciation marque,  Efficacité opérationnelle incorporels
 Risques opérationnels,
autant de défis pour le revenu de la coopérative. produits, services, signes (QCD, rentabilité continuité des affaires  Confiance des
de qualité et d’origine CaPex, Opex)
Par ailleurs l’intensité énergétique, les gaspillages de  Risques liés à la chaîne
associés-adhérents
toutes formes, les difficultés de recrutement ou encore  Nouveaux clients  Disponibilité, qualité
d’approvisionnement  Confiance des
l’engagement des collaborateurs conditionnent la et engagement du
 Nouveaux marchés investisseurs et des
productivité. capital humain  Risques liés à
l’acceptabilité sociétale banques
 Accès aux marchés
Le monde agri-agro est aussi questionné par la société,  Accès et coûts des
(sélection BtoB, financements  Risques liés
 Appréciation des
rendant indispensable un dialogue constructif respectueux
réglementation) à la réputation intermédiaires de
des intérêts de chacun.
 Accès et coûts marché (notations,
Enfin la question de la durabilité du modèle, notamment  Restrictions, interdictions
des assurances analystes, Banque
face au changement climatique (atténuation et adaptation) de France)
est cruciale, imposant un nouvel agenda : le court, moyen
et long terme.
La recherche d’impacts positifs pour la coopérative peut
bien sûr être associée à la recherche d’impacts positifs
pour la société et l’environnement. « Intentionnalité,
additionnalité et mesure » sont les 3 caractéristiques Performance et gouvernance
d’impact reconnues de la finance durable.
Le modèle coopératif repose sur une gouvernance qui concilie l’exigence de représentativité, d’indépendance, de compétence.
Précision utile, la croissance du chiffre d’affaires n’est pas Une gouvernance à la fois compétente sur la stratégie et sur l’excellence opérationnelle. Assemblées territoriales, assemblées
une fin en soi. Le maintien du revenu ou l’amélioration de générales en sont les maillons forts, animées par les équipes « vie coopérative ». Cette gouvernance est rendue complexe par
la marge peuvent être des objectifs poursuivis. la diversité des associés-adhérents, leur niveau d’implication, l’extraordinaire variété des productions et des filières ou encore
la dimension des coops.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 68


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

L’élaboration et la révision du budget :


un moment clé de l’intégration des questions de durabilité ESG

L’établissement du budget : un acte de


management capital
→ Un processus budgétaire à repenser associé à des indicateurs de pilotage élargis
L’élaboration du budget est un moment clé de la vie d’une
Indicateurs financiers coopérative. Celui-ci conditionne en effet l’activité pour
2 - Commercial l’année qui vient, voire les trois ans (triennal). Ce budget
Cibles commerciales sera, au besoin, révisé avec des prévisions et reprévisions,
prioritaires, + Organisés par objectifs
Plans d’actions stratégiques/ESG intégrant les ajustements nécessaires au contexte interne
commerciaux et externe. Le désalignement entre budget, stratégie et
1 - Marketing
Mix Marketing, plans d’action ESG n’est pas souhaitable. La prise d’enga-
Argumentaires 3 - Technique gement ESG sans les budgets associés est dangereuse.
commerciaux, Outil industriel,
Politique de prix, Développement Un binôme finance <> RSE-ESG à généraliser
Publicité de produits
+ Leviers de croissance Indicateurs opérationnels Dans le contexte de la CSRD, l’exigence de transparence
sur les moyens significatifs alloués aux questions de
+ Leviers de productivité + Organisés par objectifs durabilité : dépenses en capital (CapEx) et dépenses
stratégiques/ESG opérationnelles (OpEx) rend impératif le rapprochement
+ Leviers de management finance <> RSE-ESG. Un binôme finance, contrôle de
des risques gestion <> pilote d’enjeux (IRO) devient naturellement une
7 - Finance 4 - Logistique réponse efficiente. Ce binôme existe déjà pour les enjeux
P&L, Bilan, + Leviers de valorisation Approvisionnements,
Plan de trésorerie,
opérationnels
Achats,
Plan de financement
+ Exigences environnementales Distribution Des indicateurs de pilotage
et sociétales
pour les 3 performances
Dès lors des indicateurs sur les 3 performances devraient
+ Indicateurs ESG être établis et pilotés de manière synchrone. Indicateurs
Dont certains répondront économiques et financiers, indicateurs opérationnels
6 - Administratif
aux exigences CSRD et indicateurs ESG doivent être utiles à la prise de
Gestion du personnel, Qui sont utiles à la prise de décision ! décision. A chaque étape de la construction du budget,
5 – Ressources humaines
Sous-traitance,
Effectifs, recrutements, il est important de déterminer les indicateurs financiers,
Informatique, Juridique opérationnels et ESG pertinents pour chaque activité,
politiques RH,
salaires, organigrammes depuis (1) marketing, (2) commerce, … jusqu’à (7) finance.
 Apport de l’ESG

Tous les métiers devront intégrer Le budget (et ses données)


la dimension durabilité ESG au service de la maîtrise de la performance ESG
Le schéma ci-dessus figure l’établissement d’un budget, depuis (1) le client (marque, Enjeu (IRO) > Politique > Actions et ressources > Objectifs et résultats, telle est la logique
produit, prix, etc.) jusqu’à (7) la consolidation de l’ensemble des besoins financiers. de la CSRD. Dès lors qu’un enjeu (IRO) est matériel, il convient d’élaborer une réponse
Tous les métiers, sans exception aucune, doivent intégrer les critères ESG dans leurs activités stratégique et opérationnelle. Dans la norme, pour les enjeux matériels, les ressources
avec le prisme des impacts économiques (croissance, productivité, risques, valorisation) et comprennent les moyens techniques, humains et financiers significatifs. Les DAF doivent
les autres prismes choisis dans la stratégie (impacts pour la société, l’environnement,...). allouer les ressources de manière transparente et optimale et produire les informations
clefs requises par la CSRD.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 69


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Vers un pilotage « intégré » de la performance

De la stratégie au pilotage → Un pilotage adapté en termes de responsabilités et de fréquence

Dès lors que la stratégie intégrant la durabilité est définie,


celle-ci requiert des objectifs et indicateurs clés de Budgets de Plan stratégique TDB stratégique
performance, réunis dans un tableau de bord stratégique. performance globale « soutenable » de performance TDB
Complétés, déclinés autant que de besoin par des tableaux Trimestre Entreprise
stratégique
de bord métiers et entités par « centres de responsabilités »
Les systèmes de collecte, consolidation des données Plan opérationnel
quantitatives doivent être en mesure de produire « soutenable »
l’information pertinente, au bon moment, au bon niveau
de décision. C’est un changement de paradigme pour une
performance intégrée, sachant que la plupart du temps, Plan d’actions
les organisations et systèmes existent déjà pour la finance
et les opérations. Mois/
C’est tout l’enjeu du pilotage de la performance globale. semaine Budgets de Indicateurs de KPIs ou
Certains indicateurs vont être revus annuellement, performance globale performance globale
indicateurs
semestriellement, trimestriellement, mensuellement, déclinés et liés
par centre de responsabilité par centre de responsabilité
hebdomadairement, journellement voire en temps réel. Centre de ou processus ou processus au TDB
Cela doit être pensé en même temps que sont définis les responsabilité stratégique
Indicateurs clés de performance de durabilité, indicateurs
conformes à la CSRD ou spécifiques à l’entreprise.
Pour la CSRD, c’est au moment de la détermination des
Analyse ex-post
processus de collecte, consolidation, vérification que cela Mois/
et de variance de la
Trimestre
doit être défini. Si cela n’est pas possible de le mettre en performance globale
œuvre en année 1, la première année du reporting, cela
peut être planifié dans le lotissement du projet.
Nous recommandons une mise à jour ou un suivi de la  Apport de l’ESG
performance au moins deux fois par an. Ne le faire qu’une
seule fois par an, après la publication du rapport, c’est
prendre le risque d’un simple constat, d’une photo.
que l’engagement des collaborateurs. Cela est à considérer est établi en avril-mai de l’année n+1. Peut-on parler de
en lien avec le projet d’entreprise. Le tableau de bord est pilotage avec des chiffres produits en avril-mai pour l’année
un élément clé de la dynamique de management de la antérieure ? La réponse est non. Le pilotage devrait être
performance globale. fait à minima 2 fois par an. Cela présuppose d’avoir défini
la bonne temporalité, indicateur par indicateur, le bon
Le tableau de bord stratégique niveau de pilotage, et d‘assurer la collecte, la consolidation,
La temporalité du rapport de durabilité
Il est l’outil synthétique visuel naturel de la stratégie. Selon et la vérification selon ces choix.
nos observations, il prend en compte les dimensions inadaptée au pilotage
« people planet profit » dans une volonté de concilier les 3 Le rapport de durabilité, partie du rapport de gestion,
performances (ex. Michelin, Veolia). On y trouve parfois des est établi pour l’assemblée générale. Les indicateurs
indicateurs « immatériels » tels que la satisfaction client, le sont définis pour les sujets prioritaires, les sujets les plus
NPS (net promoter score), des indicateurs composites tels matériels. Pour un exercice au 31/12 de l’année n celui-ci

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 70


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Zoom de l’impact d’une stratégie ESG sur deux processus clés :


l’investissement et le calcul de prix de revient
→ Investissement : une intégration des critères ESG, dès la phase de cadrage Le calcul de prix de revient et ses
variables ESG : deux exemples.
L’impact des achats
La prise en compte de facteurs de durabilité de la chaîne
d’approvisionnement est incontournable avec la CSRD.
(voir chaîne de valeur p. 23)
Beaucoup d’entreprises ont fait le choix de
l’accompagnement de leurs fournisseurs (Ex. Schneider
Electric, Décathlon) aidant la montée en compétences, la
mesure des impacts, proposant des solutions techniques
ou encore des financements.
C’est le cas aussi dans les coopératives, dans leurs relations
avec les adhérents-associés.
Il ne s’agit pas de d’amener des contraintes ou des
exigences, mais d’accompagner les transformations.
Avec ses fournisseurs, le donneur d’ordre doit être clair
dans ses exigences techniques ESG, dans ses critères de
sélection. Il doit être en mesure de comprendre l’impact,
le prix de ses exigences et de prendre les décisions d’achat
cohérentes avec la stratégie ESG fixée.

L’impact de la conception sur l’ensemble du cycle de


vie.
La mesure réelle de l’impact environnemental d’un produit
se fait avec une analyse du cycle de vie multicritères.
Du berceau à la tombe ou mieux encore du berceau au
berceau dans une logique d’économie circulaire. L’Europe
Une stratégie ESG qui réoriente les L’allocation de ressources, une exigence clé développe une méthode (Product Environmental
investissements et les dépenses de la transparence Footprint) tandis que se développent les logiciels et les
opérationnelles Selon de nombreux rapports, les engagements financiers compétences en analyse du cycle de vie. Prenons un
liées aux stratégies ESG ne permettent pas de conclure exemple simple pour l’agroalimentaire : les emballages.
Une des finalités de la CSRD c’est la réorientation des
quant à leur solidité ou leur bon achèvement. Selon le CDP A ce jour des emballages issus de ressources durables et
capitaux vers des activités plus durables. Les enjeux ESG
qui évalue les trajectoires carbone, seule 2 % des stratégies recyclables ont un prix de revient supérieur. L’emballage
et notamment les défis du changement climatique, de la
sont « crédibles ». impacte à la fois l’environnement et potentiellement le
transition, de la maîtrise de la ressource en eau notamment
prix de manière significative. Dès lors, il conviendra d’en
nécessitent d’importants capitaux : autofinancement, Pour la CSRD, la DAF va devoir documenter, pour les tenir compte dans les phases de simulation du prix de
financements bancaires, financements obligataires, enjeux les plus matériels, les moyens les plus significatifs revient et de conception du produit.
subventions, aides d’état pour les transitions. mis en œuvre. Moyens humains, techniques et financiers
Le processus d’investissement intégrant les critères ESG sont des éléments de crédibilité des stratégies engagées.
est donc clé. Le schéma ci-dessus en figure la prise en Cette exigence de transparence oblige à une cohérence
compte. entre engagement et moyens mis en œuvre.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 71


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RETEX | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

VI/ ANNEXES

Le calendrier prévisionnel pour les années à venir p 73


Exemple de politiques, plans d’action, indicateurs et cibles « conformes »,
à personnaliser p 74
Les ressources du réseau La Coopération Agricole p 77
Les ressources et bonnes pratiques pour la mise en œuvre du rapport de durabilité p 78
Les acronymes (mots) et sigles (abréviations) p 79
Les définitions p 80

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 72


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Le calendrier prévisionnel pour les années à venir


→ Calendrier prévisionnel* de l’ANC (Autorité des Normes Comptables) 2024 à 2030

TBC = to be confirmed (à confirmer)


*ED = Exposure Draft
* Calendrier en juillet 2024, Dates indicatives, sujettes à modifications éventuelles

Un calendrier évolutif, sur 6 ans, à date Les coopératives de -250 ETP* pourront s’engager sur normes d’application obligatoire prendront en compte
les normes PME volontaires (toujours voir en détail les 3 les enjeux spécifiques agri-agro. L’implication dans
L’EFRAG, comité technique qui conseille l’Union
critères d’éligibilités et seuils) l’élaboration de ces normes pour en garantir la pertinence
européenne poursuit ses travaux. Il propose à l’Union
est déterminante. Norme « Agriculture, Farming and
européenne qui décide et publie les directives, les actes
délégués d’application directes. Le calendrier ci-dessus, L’importance des futures normes sectorielles Fisheries » et norme « Food and Beverages ».
proposé par l’ANC, met en perspectives les normes et L’agriculture et l’agroalimentaire feront partie des
actes à venir. premiers secteurs à faire l’objet de normes sectorielles. Ces

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 73


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Exemple d’une politique santé et sécurité « conforme » [MDR-P]

Une politique par enjeu (IRO) matériel (3) Responsable au plus haut niveau de la hiérarchie communiquée à l’ensemble des salariés via :
[ESRS 2 I MDR-P I 65c] .L’intranet et affichages internes : diffusion de la
Dès lors que « santé, sécurité, sureté » du personnel, effectifs La politique globale de la coopérative relève de la direction politique et des mises à jour.
en propre (ESRS S1) est matériel, issu de la pratique de la des ressources humaines (DRH). En dernier ressort, .Les réunions d’Information et les formations :
coopérative d’une part et confirmé par l’analyse en double c’est le directeur général de la coopérative agricole qui Sensibilisation et formation continue des salariés sur les
matérialité d’autre part, la rédaction d’une politique relève est le responsable ultime de la mise en œuvre de cette risques professionnels et les mesures de prévention
de l’exigence de publication minimum. politique. .Le livret d’accueil : sensibilisation et formation des
Si la coopérative est sous-tension d’un délai court dans Dans les différentes filiales, les sites tertiaires, les sites de nouveaux entrants (salariés et intérimaires) et des
la mise en œuvre, elle peut capitaliser sur son existant et collecte, de production et de distribution, c’est la DRH stagiaires
formaliser ses politiques. locale, le-la référent-e santé sécurité qui ont la charge .Le rapport de durabilité : inclusion de la politique et
Ci-contre un exemple de politique « conforme » aux de la mise en œuvre opérationnelle, soutenus par les des résultats de la mise en œuvre dans le rapport annuel
exigences ci-après de MDR-P, à personnaliser, adapter responsables de chaque département opérationnel. de la coopérative.
selon la situation spécifique réelle de la coopérative. (4) Références à des cadres et normes
Cette politique s’appuie sur plusieurs cadres et normes
Politique de Prévention des Risques reconnus, notamment :
Professionnels de la coopérative  ISO 45001 : Système de management de la santé et
1) Objectifs généraux [ESRS 2 I MDR-P I 65a] de la sécurité au travail. Certains sites de production de Répondre aux « exigences
Enjeu Matériel : Santé et Sécurité au Travail la coopérative sont dans des démarches de certification
L’objectif général de cette politique est de garantir la  Code du travail et Code rural et de la pêche maritime
minimum de publication » et aux
santé physique et mentale et la sécurité des salariés : Réglementations en matière de santé et sécurité au « points de données »
de la coopérative agricole en réduisant les risques travail.
La rédaction volontairement « très formelle » proposée
professionnels identifiés, réels ou potentiels. Nous visons (5) Prise en compte des parties intéressées [ESRS 2 I ci-contre a pour objectif de vous aider à structurer
à créer un environnement de travail sûr, à réduire le MDR-P I 65e] rapidement vos politiques, le cas échéant, à la fois pour
nombre d’accidents et de maladies professionnelles, à l’interne et pour la publication du rapport de durabilité,
La politique inclut une prise en compte active et
limiter l’usure au travail et à promouvoir la qualité de vie ce, en conformité avec la norme ESRS.
constante des parties intéressées internes et externes :
au travail de nos employés. Cette structuration est applicable à tous les enjeux
.Les salariés et représentants du Personnel :
(2) Périmètre d’Application (chaîne de valeur, activités, matériels E, S et G.
information et consultation régulière via le Comité Social
entités) [ESRS 2 I MDR-P I 65b] et Économique (CSE) et la Commission Santé, Sécurité et Les points de données (version EFRAG du 31 mai 2024)
Conditions de Travail (CSSCT). sont cités en référence entre crochets [ESRS 2 I MDR-P
Cette politique s’applique aux activités de collecte, de
I XXX].
transformation et de distribution des produits agricoles .Les services de santé la médecine du travail de la MSA Lorsque l’on se penche sur ces exigences de reporting,
et services associés, effectuées par la coopérative. Elle : Collaboration étroite pour la surveillance de la santé des pour les politiques, on constate que cela est à la portée
concerne tous les salariés en propre des coopératives, travailleurs et l’évaluation des risques. des organisations.
y compris les alternants, les saisonniers, les intérimaires .Les Clients et Partenaires : Communication sur les
et les stagiaires ainsi que ceux des filiales directement engagements et les pratiques de prévention des risques
contrôlées par la coopérative. Les salariés des entreprises professionnels dans le cadre de la contractualisation
prestataires intervenant sur les sites de la coopérative font
(6) Partage avec les parties intéressées, et
l’objet d’un plan de prévention spécifique. Les visiteurs
communication [ESRS 2 I MDR-P I 65f]
occasionnels entrent aussi dans le champ d’application.
La politique de prévention des risques professionnels est

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 74


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Exemple de plans d’action santé et sécurité « conforme » [MDR-A]

Répondre aux « exigences norme ESRS. Le fond d’abord, la forme Une vision structurée et des moyens alloués.
minimum de publication » et ensuite. documentée S’agissant des moyens techniques,
aux « points de données » Cette structuration est La CSRD « impose » un cadre logique : humains et financiers, seuls les moyens
applicable à tous les enjeux risques (IRO) > politique > plans d’action significatifs doivent être reportés et
Le tableau volontairement « très formel »
(actions et ressources [MDR-A] > documentés en €.
proposé ci-dessus a pour objectif de vous matériels E, S et G.
aider à structurer rapidement vos plans indicateurs, objectifs et résultats. La coopérative peut compléter, de
Les points de données entre crochets
d’action, le cas échéant, à la fois pour La réponse aux points de données manière volontaire, les informations
[MDR-A xxx] sont issus de la version EFRAG
l’interne et pour la publication du rapport [MDR-A xxx] telle que présentée dans formelles par des exemples locaux,
du 31 mai 2024. Elle doit être utilisée en
de durabilité, ce en conformité avec la l’exemple ci-dessus permet d’avoir une des témoignages dans une logique de
attente du règlement technique (RTS
vision structurée de la mise en oeuvre et valorisation des actions mise en oeuvre
Regulatory Technical Standard) de l’UE.
CapEx : dépenses en capital, investissements
OpEx : dépenses courantes, dépenses opérationnelles

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 75


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Exemple de « indicateurs » pour la santé Contexte pour la santé et sécurité


et sécurité Dans de nombreux cas, l’analyse de matérialité devrait
confirmer, pour les coopératives, dans ESRS-S1 (effectif en
propre), la double matérialité de la question de durabilité
« santé, sécurité du personnel ».
Des indicateurs pertinents et comparables S1-14 Indicateurs pertinents [MDR-M 75 à 77] :
exemple Le contexte
Dès lors qu’une thématique est matérielle, elle doit
disposer d’une politique [MDR-P], de plans d’actions et Cette thématique s’inscrit dans le cadre français autour
Indicateurs issus de la norme S1-14 et de l’analyse d’écarts des 9 principes de prévention (Code du travail, article
ressources [MDR-A], d’indicateurs de performance ou
.% des effectifs couverts par les politiques santé et L.4121-2).
« indicateurs » [MDR-M], de « cibles » [MDR-T] C’est à dire
sécurité [S1-14-88a) En droit français, de nombreuses exigences et pratiques
d’objectifs qualifiés ou quantifiés, avec des délais et un
suivi de la performance. . Nombre de décès dus à des accidents du travail ou des : politique santé et sécurité - rôle du CSE (Comité Social et
maladies professionnelles [S1-14-88b] Économique) - de la CSSCT (Commission Santé, Sécurité et
Pour être comparables, les indicateurs doivent être Conditions de Travail - travail accompli autour du DUERP
identifiés et définis. Les indicateurs à piloter et publier . Nombre et taux d’accidents (TF) du travail
(Document d’Enregistrement Unique des Risques
doivent être issus des normes intersectorielles chaque comptabilisables [S1-14-88c]
Professionnels - plans d’action - suivi des indicateurs taux
fois qu’ils sont pertinents (matérialité de l’information) et . Nombre de cas de maladies professionnelles de fréquence, taux de gravité, absentéisme - indicateurs
disponibles. En effet, certaines normes sont largement comptabilisables [S1-14-88d] de la BDESE (Base de Données Économique, Sociale et
développées (ex. E1 et S1), d’autres moins. Les indicateurs Indicateurs spécifiques à la coopérative (exemples) Environnementale) - peuvent et doivent être utilisées,
sectoriels ne sont pas disponibles à date. capitalisées et enrichies pour le rapport de durabilité.
.Taux de gravité (TG)
La norme Social S1 dispose d’un large set d’indicateurs Les coopératives ayant des activités à l’international
.Taux d’absentéisme par type de causes tiendront compte des spécificités légales propres à
définis et comparables (de S1-5 à S1-17) avec des exigences
d’application précises (de AR 1 à AR 106.) en annexe. Les S1-14 Objectifs et résultats [MDR-T de a à j] chaque pays.
indicateurs à utiliser pour la santé et la sécurité figurent en Pour un indicateur donné (cf. ci-contre) Les ressources
S1-14 « Indicateurs santé et sécurité » avec leurs exigences
. Lien avec les objectifs de la politique (ex. « tous les .Pour la mise en oeuvre, La DRH doit impérativement
d’application AR 86 à 90.
salariés » dans la politique) s’appuyer sur les exigences d’application (Application
La coopérative doit sélectionner les plus adaptés au suivi Requirement AR) figurant en annexe A (AR 1 à AR 106), A1,
. Objectif mesurable (ex. 100% des effectifs couverts)
de la performance et aux attentes d’informations des A2, A3, A4. Ces annexes précisent les définitions, modes
parties intéressées selon le principe de matérialité de . Chaîne de valeur (ex. amont, activités en propre, aval) de calcul et présentation des indicateurs pertinents.
l’information (cf. ESRS 1 - 3.2, point 34 à 36). . Valeur de référence et année de référence (point de  La BDESE est une ressource
Elle doit aussi veiller à l’alignement des définitions utilisées départ de l’objectif)
pour chaque indicateur afin d’en assurer la comparabilité. . Période couverte (ex. objectif de année n à n+xxx)
. Méthode pour définir l’objectif (ex. par rapport moyenne
L’importance de l’analyse d’écart secteur)
En matière de santé et sécurité, dès lors que la thématique . Dialogue avec les parties intéressées pour la
est matérielle, l’analyse d’écart va porter sur les politiques, détermination de l’objectif (ex. échange en CSE et CSST ou
plans d’actions, indicateurs et cibles. La coopérative le médecin du travail)
analysera ainsi ses pratiques au regard des attendus et . Changements intervenus dans les calculs (n vs n-1, le
indicateurs pertinents de la norme : indicateurs utilisés cas échéant)
par la coopérative, existence de l’indicateur, absence
. Résultats année n-1 et n
d’indicateur, écart de définition, etc. Elle s’attachera
ensuite supprimer les écarts, de manière planifiée au . Analyse et suivi de la performance
besoin en l’expliquant. . Explication sur l’absence d’objectif (principe appliquer
Dans tous les cas, les indicateurs quantitatifs et qualitatifs ou expliquer)
doivent faire l’objet de processus clairs (responsabilités,
logigramme avec éléments d’entrée, actions, éléments de
sortie).

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 76


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Les ressources du réseau de La Coopération Agricole


Contacts RSE du réseau de La Coopération Agricole
Retrouvez les contacts RSE au plus
De l’accompagnement... proche de vos territoires et de vos filières

La Coopération Agricole Florence BÉNÉVELLI Nathalie BLAISE


Les équipes du réseau de La Coopération Agricole accompagnent Nouvelle-Aquitaine Compétitivité & Transitions -
les coopératives dans la structuration de leurs démarches RSE et fbenevelli@na.lacoopagri.coop Qualité et Consommateurs
proposent un accompagnement sur-mesure à la mise en place de la 06 45 39 17 39 nblaise@lacoopagri.coop
CSRD (voir ci contre les contacts dans votre région) 06 38 82 20 77
Guide d’accompagnement au reporting RSE Aurélien BLANC
Sud Odile LE SERRE
Guide pratique : Les parties prenantes au cœur de la démarche RSE
ablanc@sud.lacoopagri.coop Hauts de France – Île de France
Guide pratique : Bilan des gaz à effet de serre des coopératives 06 45 64 02 68 oleserre@hdf.lacoopagri.coop
agricoles, juillet 2024
Agnès de CARRÈRE 06 75 93 38 19
LCA Solutions + Nouvelle-Aquitaine Laurent LEVÊQUE
adecarrere@na.lacoopagri.coop Nouvelle-Aquitaine
Voir les solutions accompagnement au changement climatique
page 38
07 84 38 19 33 lleveque@na.lacoopagri.coop
Éric CHERDO 06 08 95 84 96
Occitanie Mélanie LORENZI
... à l’audit de durabilité e.cherdo@coopoccitanie.fr Corse
06 73 99 33 10 Au plus près des filières
mlorenzi@corse.lacoopagri.coop
Stéphanie COSTA 06 12 93 48 11 Lenna BERTHIÉ Anne-Lise LE GUÉVEL
Des fédérations agréées pour la révision, OTI et/ou auditeurs de Métiers du Grain DASF - Affaires sociales
Sud Chloé MAHIEU
durabilité lberthie@lacoopagri.coop alleguevel@lacoopagri.
scosta@sud.lacoopagri.coop Ouest
Les équipes de la révision des coopératives agricoles et de leurs unions 06 21 51 35 10 07 89 79 75 24 coop
se forment à l’audit de durabilité. cmahieu@ouest.lacooperationagri- 06 42 02 03 98
Laura CRISPEL cole.coop Caroline DUCOURNEAU
AREVCO
Grand-Est 06 03 87 87 30 Felcoop Carole LE JEUNE
Aquitaine de révision caroline.ducourneau@ Compétitivité & Transi-
lcrispel@ge.lacoopagri.coop Quentin PAUCHARD
CCAOF 06 09 81 16 89 felcoop.fr tions - Carbone
Compétitivité & Transitions - RSE et 06 07 44 36 77 clejeune@lacoopagri.
Fédération interrégionale de révision de l’Ouest économie circulaire
Mathilde DAUVIN coop
FNR Revicoop (accrédité COFRAC depuis 2018) Grand-Est qpauchard@lacoopagri.coop Camille GIRARD 07 57 12 83 52
Fédération Nationale de la Révision FNR Revicoop mdauvin@ge.lacoopagri.coop 06 10 55 27 93 Vignerons Coopérateurs de
Révision Sud Est 06 03 73 81 75 France Éloïse MAS
Alix PAVIE cgirard@lacoopagri.coop Nutrition animale -
Révision Sud Est Hélène DECHAMPS Occitanie 06 73 99 33 10 Duralim
Auvergne-Rhône-Alpes a.pavie@coopoccitanie.fr emas@lacoopagri.coop
hdechamps@ara.lacoopagri.coop 06 73 99 33 10 Honoré LABANCA 06 12 79 03 00
07 57 42 09 52 Luzerne de France
Haut Conseil de la Coopération Agricole (HCCA) Julie RAVELOJAONA hlabanca@lacoopagri.coop Anne-Sophie RUMI-
Margot FOUILHAC Ouest 06 31 17 44 66 GNY--PASSAS
Guide sur la gouvernance coopérative, bonnes pratiques
Hauts de France – Île de France jravelojaona@ouest.lacooperatio- La Coopération Laitière
de gouvernance
mfouilhac@hdf.lacoopagri.coop nagricole.coop Laetitia LECONTE arumignypassas@
06 86 58 24 47 07 71 35 58 58 Pôle animal lacoopagri.coop
lleconte@lacoopagri.coop 06 80 25 14 03
06 40 44 59 52

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 77


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Les ressources et bonnes pratiques pour la mise en œuvre


du rapport de durabilité

Bonnes pratiques pionnières sur l’exercice Il s’agit de rapports publics et ces différents exemples sont Gouvernance
2023 donnés à titre d’illustration.
Le Haut Conseil de la Coopération Agricole (HCCA)
Plusieurs sociétés cotées ont anticipé la mise en œuvre SBM-1 - Chaîne de valeur dans les rapports publie un guide de bonnes pratiques de gouvernance.
de la CSRD sur l’exercice 2023. Il s’agit de Bureau Veritas, Avril, DPEF 2023, page 12 et 13 Indispensable pour tenir compte de la spécificité de
Legrand, Orange ou encore URW (Unibail Rodamco gouvernance des coopératives agricoles.
Limagrain, rapport RSE 2023, page 8
Westfield). Vous pouvez parcourir le chapitre « DPEF » du Outils thématiques
DEU (Document d’Enregistrement Universel) que vous Tereos, DPEF 2023-2024, pages 6 et 7
Eau : WWF Risk Filter Suite
trouverez dans la rubrique Finance. Ces rapports ne sont SBM-1 - Stratégie dans les rapports
pas conformes ni audités selon la future norme, mais ils la Biodiversité : Outil Agribest par La Coopération Agricole
Bureau Veritas, DEU 2023 pages 86 et 87 Ouest et CDC Biodiversité
préfigurent de manière intéressante.
Agrial, rapport intégré 2023, pages 74 à 76 Biodiversité : Integrated Biodiversity Assessment Tool
Pratiques conformes à la CSRD sur l’exercice
Terrena, Rapport Intégré 2023, pages 70 et 71 ENCORE (Exploring Natural Capital Opportunities, Risks
2024
Selon la date à laquelle vous élaborez votre reporting
SBM-2 - Parties prenantes dans les rapports and Exposure), en anglais
interne et externe, vous pourrez vous appuyer sur les Legrand, DEU, page 91 chaîne de valeur, parties intéressées
DEU des entreprises cotées de plus de 500 ETP. Ils seront et enjeux, cartographie des parties prenantes détaillée sur
conformes et vérifiés. La majeure partie des sociétés du le site internet
SBF120 par exemple ont des exercices au 31/12. Les AGO se Terrena, DPEF 2020, cartographie détaillée d’une
tiennent majoritairement en avril et mai. Les DEU seront coopérative, p17 à 19
donc disponibles, pour l’essentiel du SBF120, entre mars URW, DEU 2023, pages 153 et 154
et mai 2025. Utile pour les coopératives qui réalisent leur
rapport de durabilité sur l’exercice ouvert le 1er janvier SBM-3 - Double matérialité dans les rapports
2025, pour publication en 2026 ou 2027, selon les cas. Legrand, DEU 2023, pages 93 à 98
SBM61 - Modèles d’affaires des coopératives Bureau Veritas, DEU 2023, pages 96 à 99, matrice page 102
agricoles Arla, annual report 2023, ESG pages 30 à 32 et ensemble
Vous pouvez, pour vous inspirer, regarder la pratique des des risques pages 26 et 27
coopératives déjà soumises à la DPEF pour l’exercice Akzo Nobel, pages 25, 26 et 27 (en anglais)
ouvert en 2023 (publication en 2024). Les coopératives
Politique actions et ressources
publient, le plus souvent, un rapport intégré embarquant
la conformité DPEF. URW, DEU focus climat, pages 177, 178
A la date de publication du guide (sept. 2024), ces rapports Protocoles ou résumé de protocole de
ne sont pas conformes ni audités selon la future norme reporting publics
CSRD mais ils constituent une ressource intéressante Attention : il s’agit de sociétés cotées et, à date, d’une
lorsque l’on démarre. Avril, Agrial, Axereal, Cristal Union, conformité DPEF.
Euralis, In-Vivo, Limagrain, Maïsadour, Sodiaal, Tereos,
Terrena, Vivescia, etc... Les interprofessions telles que ICADE, protocole de reporting consolidé au 31 mars 2023
le CNIEL avec France Terre de Lait ou Interbev avec le BNP Paribas, Real estate, protocole au 7 juin 2024
Pacte sociétal, dans le déploiement de leurs démarches
de responsabilité sociétale et en lien avec les fédérations
de La Coopération Agricole, présentent aussi les modèles
d’affaires des filières.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 78


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Les acronymes (mots) et sigles (abréviations)

ACT : Accelerate Climate Transition, méthodologie de pilotage de la EFRAG : European Financial Reporting Advisory Group comité NFRD. Non-Financial reporting Directive qui a donné lieu à l’actuelle
transition carbone, incluant la modélisation ; phases pilotes en cours technique qui élabore propose et soutient les normes de durabilité. DPEF.
pour agriculture & alimentation et pour biodiversité. En anglais uniquement (www).
ACV ; Analyse du Cycle de Vie, LCA en anglais (Life Cycle Analysis). EIP : Entreprise d’Intérêt Public : entreprises dont les titres sont
AGO : Assemblée Générale Ordinaire (annuelle). soumis à un marché réglementé, ainsi que les banques et les
ANC : Autorité des Normes Comptables. Elle travaille avec l’EFRAG compagnies d’assurances (règlement européen).
dans l’élaboration et la mise en oeuvre des normes. EPM : « Enterprise Performance Management », système OTI : Organisme Tiers Indépendant qui établit le rapport de
d’information pour le pilotage d’entreprise, pour planifier, budgétiser, certification en matière de durabilité (en fin du rapport), si habilité.
prévoir, etc. OpEx : Operating Expenditures, dépenses courantes, dépenses
ERP : « Enterprise Resource Planning », système d’information pour opérationnelles, terme largement utilisé en finance.
le pilotage d’entreprise avec des domaines fonctionnels étendus
BEGES Bilan des Émissions de Gaz à Effet de Serre. (achats, comptabilité, etc.).
BtoB. Communément utilisé Business to Business pour parler des ESAP : European Single Access Point, future plateforme Européenne
marchés d’entreprises à entreprises. sur laquelle les entreprises déposeront les rapports financiers et
BDESE Base de Données Économiques, Sociales et extrafinanciers « tagués », avec le balisage XBRL. PEF UE Product Environmental Footprint : méthodologie d’analyse
Environnementales. ESEF European Single Electronic Format : format électronique multicritères des impacts environnementaux, sur l’ensemble du
européen de balisage de données. cycle de vie, développée par l’Union Européenne.
ESMA : European Securities and Markets Authority, autorité des
marchés financiers européens
ESG : Environnement Social-Sociétal et Gouvernance : thématiques
concernées par le rapport de durabilité, la durabilité étant en soi une
CAC : Commissaire aux Comptes, qui certifie les comptes financiers
finalité et non un thème.
ou extra-financier, si habilité. QSE Qualité Sécurité Environnement.
ESRS : EU European Sustainability Reporting Standard. C’est un
CAdm : Conseil d’Administration.
règlement délégué d’application directe. Il détermine les normes
CAff : Chiffre d’Affaires.
ESRS Normes Européennes de Reporting de Durabilité.
CapEx : Capital Expenditures dépenses en capital ou investissement,
terme largement utilisé en finance.
CoDir : Comité de Direction. RSE : Responsabilité Sociétale des Entreprises.
CEAOB : Committee of European Auditing Oversight Bodies RSO : Responsabilité Sociétale des Organisations.
ComEx : Comité Exécutif. RTS : Regulatory Technical Standard, règlement technique
CSE : Comité Social et Économique. GES : Gaz à Effet de Serre.
d’application directe. Pour la CSRD il est attendu sur le balisage
CSSCT : Commission santé, sécurité et conditions de travail du CSE. (« tagging »).
CSRD. EU-Corporate Sustainability Reporting Directive, nouvelle
réglementation sur le reporting extra-financier ou reporting de
durabilité, transposée en droit français (www).
H2A : Haute Autorité de l’Audit. Elle supervise l’audit financier et extra
financier, depuis l’habilitation jusqu’au normes et aux sanctions.
SBTi : Science Based Target Initiative permet de définir des
trajectoires « fondées sur la science » - voir le cadre d’action FLAG
Forests Land and Agriculture - et de les faire valider par cette
DAF : Direction Administrative et Financière. institution. Attention SBTi n’est pas un plan d’action détaillé.
DEU Document d’Enregistrement Universel (URD en anglais). C’est le SI : Systèmes d’information.
rapport annuel des sociétés cotées. Il comprend le rapport financier, IA : Intelligence Artificielle.
le rapport de gestion et le rapport sur le gouvernement d’entreprise. ICP : Indicateur Clé de Performance KPI (Key Performance Indicator)
Dans le rapport de gestion se trouvera le rapport de durabilité. en anglais.
DPEF : Déclaration de Performance Extra-Financière (issue de la ICM : Indicateur Clé de Moyen.
transposition de la EU-NFRD), législation antérieure à la EU-CSRD. IFRS : International Financial Reporting Standards, organisation
DRH : Direction des Ressources Humaines. en charge des normes financières internationales (appliquée en
DSI : Direction des Systèmes d’Informations. Europe).
IFRS-ISSB : International Sustainability Standards Board, au sein de
l’IFRS, organisation qui normalise le reporting extra-financier, hors
Europe.
IRO : Impacts positifs (+) et négatifs (-) Risques (-) et Opportunités (+),
réels ou potentiels.

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 79


INTRODUCTION | RÉGLEMENTATION | FOCUS 4 EXIGENCES CLÉS | CONDUITE DE PROJET | RetEx | PILOTAGE INTÉGRÉ | ANNEXES

Les définitions

Il est essentiel dans une démarche de management de ayant la même signification (par exemple finalité, but ou Taxonomie (environnementale). Règlement européen
s’entendre sur le sens des mots et sur les méthodologies cible). 2020/852 qui classifie les activités « vertes » et fixe des
associées. Opportunité. Selon l’ISO 31073:2023. combinaison de exigences de reporting aux entreprises d’une part et
au marché financier d’autre part. Les activités éligibles
Proposition de définitions. circonstances attendues comme favorables aux objectifs
figurent dans le EU taxonomy Compass (voir ci contre).
Actif incorporel. L’actif incorporel est défini comme . Note 1 à l’article : Une opportunité est une situation
positive susceptible de produire un gain et sur laquelle on Taxonomie (digitale). On parle aussi de taxonomie pour la
une ressource contrôlée par la société, intangible, non
dispose d’un certain niveau de contrôle. codification des informations qualitatives et quantitatives
monétaire mais identifiable indépendamment de
de durabilité - des points de données - en vue de leur
l’entreprise. Parmi les actifs incorporels figurent les . Note 2 à l’article : Une opportunité pour une partie peut
industrialisation et leur comparabilité. C’est l’EFRAG qui
marques, les technologies, les relations de clientèle et constituer une menace pour une autre partie.
a établit le projet de codification EFRAG IG3 List of ESRS
le goodwill (source Mazars). On parle aussi de « capital . Note 3 à l’article : La saisie ou la non-saisie d’une datapoints et l’a soumis à l’autorité des marchés financiers
immatériel » opportunité constitue l’une comme l’autre une source de (l’ESMA). Les points de données ont été définis à partir des
EU Taxonomy Compass. C’est le registre des risque. normes ESRS. Après l’ESMA, ils seront soumis aux instances
activités éligibles, à ce jour, au règlement Taxonomie Seules les opportunités significatives devraient être de l’UE pour un RTS Regulatory Technical Standards.
environnementale mentionnées et pas seulement être le pendant d’un Les rapport de durabilité encodés informatiquement au
Enjeu. Au sens le plus large, « ce que je peux gagner » ou risque. La matérialité des opportunités significatives doit format XBRL seront à l’avenir mis à disposition dans une
« ce que je peux perdre ». Pour la CSRD (lois et normes) être évaluée-cotée. Atteindre un objectif prévu n’est pas base unique (European Single Access Point).
le terme englobe les IRO (les impacts (+) et (-), les risques en soi une opportunité…
(-) et les opportunités (+). Si vous l’utilisez dans le rapport, Perception du risque. Selon l’ISO 31073:2023. Perception
il conviendra d’en préciser l’acception dans les notes du risque : point de vue d’une partie intéressée concernant
méthodologiques. Un exemple : la santé est un enjeu, les les risques
événements liés à la santé ont des conséquences pour
l’entreprise (risques et opportunités) et pour les salariés, Note 1 à l’article : La perception du risque reflète les
les clients, les communautés potentiellement (impacts). besoins, les questions, les connaissances, les convictions et
les valeurs de la partie intéressée.
Management des risques. Dans une version simple,
anticiper, maîtriser les écarts de performance et éviter Orientation. Une orientation est une direction générale
les crashs. C’est un dispositif de management de la dans laquelle l’entreprise s’engage, par exemple « préserver
performance. la santé des collaborateurs ». Elle se distingue de l’objectif
qui lui est généralement chiffré, qualifié ou quantifié.
Objectif. Selon la norme ISO9000:2015 : résultat à atteindre
Pacte vert ou Green Deal. Ensemble de dispositions
. Note 1 à l’article: Un objectif peut être stratégique, réglementaires européennes (règlements, règlements
tactique ou opérationnel. délégués directives, RTS Regulatory Technical Standards)
. Note 2 à l’article: Les objectifs peuvent se rapporter à pour la protection de l’environnement.
différents domaines (tels que finance, santé, sécurité et Risque. Facteurs susceptibles de provoquer un écart par
environnement) et peuvent s’appliquer à divers niveaux rapport à un objectif dans une définition simple. Plus
(par exemple au niveau stratégique, à un niveau concernant expert et reformulé CSRD : « Possibilité qu’un événement
l’organisme (3.2.1) dans son ensemble ou afférant à un survienne, dont les conséquences seraient susceptibles
projet (3.4.2), un produit (3.7.6) ou un processus (3.4.1)). d’affecter l’entreprise (ses actifs matériels et immatériels,
. Note 3 à l’article: Un objectif peut être exprimé de ses objectifs financiers et opérationnels, sa réputation,...), les
différentes manières, par exemple par un résultat tiers (les personnes : salariés, fournisseurs, communautés,
escompté, un besoin, un critère opérationnel, en tant clients,...) et l’environnement. »
qu’objectif qualité (3.7.2) ou par l’utilisation d’autres termes

LA COOPÉRATION AGRICOLE | GUIDE CSRD LE RAPPORT DE DURABILITÉ 80


REMERCIEMENTS
Un travail de réseau
Directrice de la publication
Florence Pradier, Directrice Générale de La Coopération Agricole Comité de rédaction
Coraline Caullet, Coopérative Agora
Rédacteur en chef, coordinateur de la publication Anne-Gaëlle Desmons, Coopérative Porc Armor Evolution
Quentin Pauchard, La Coopération Agricole Maeva Escola, Coopérative Cavac
Rolindes Moran, Groupe Aqualande
Conception, rédaction Elisabeth Parreno, Coopérative Arterris
Philippe Cornet, Philippe Cornet Conseil Laure Quiquerez, Coopérative Agricole de Céréales
avec la participation de Sonia Verrecchia Christine Saenz De Cabezon, Coopérative Euralis)
pour les retours d’expérience Isabelle Williate, Coopérative Scara

Témoignages, retours d’expérience


avec la participation de Gil Sandillon, Ulimi Louis Décultot, Coopérative Natup
pour le volet « pilotage intégré de la performance » Marine Michel, Coopérative Terrena
Maxime Robineau, Coopérative Eurea
avec la participation de Pauline de Saint Front, Elsa Vatin et Alexandre Cocozza, Coopérative Limagrain
Cabinet de Saint Front pour la partie OTI et témoignage Elsa Delcher et Clément Jeannin de URW Unibail-Rodamco-Westfield
Véronique Guichard de Michelin

Comité de relecture
Design, mise en page Lenna Berthié, LCA Métiers du grain
Soumeya Benguerfi, La Coopération Agricole, Hélène Dechamps, LCA Auvergne-Rhône-Alpes
avec la participation de Cédric Delaporte Design Laure Fabier et Christelle Forzy, Maïsadour
Valérie Galle, Union des Vignerons des Côtes du Rhône
Impression Stéphane Heimburger, FNR
Impression La Fabrik du Print Corinne Lelong, LCA
Marine Nossereau, LCA
Crédits photos et illustrations Anne Porchet, Ocealia
Tableaux, schémas, illustrations, Ph2C Vanessa Vulvin, LCA
Iconographie, LCA
Experts RSE de La Coopération Agricole formés à la CSRD
Financement
Florence Benevelli, LCA Nouvelle-Aquitaine
Ce document est en partie issu des travaux conduits dans le cadre du programme de
Mathilde Dauvin, LCA Grand-Est
développement de La Coopération Agricole. À ce titre, il bénéficie de fonds CASDAR.
Hélène Dechamps, LCA Auvergne-Rhône-Alpes
Éric Cherdo, LCA Occitanie
Une publication La Coopération Agricole I Tous droits réservés I sept. 2024 Margot Fouilhac, LCA Hauts de France – Île-de-France
Chloé Mahieu, LCA Ouest
Odile Le Serre, LCA Hauts de France – Île-de-France
Laurent Levêque, LCA Nouvelle-Aquitaine
Quentin Pauchard, LCA ECO² - Compétitivité & Transitions
Alix Pavie, LCA Occitanie

La responsabilité du ministère en charge de l’agriculture ne saurait être engagée.

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