Emotions Dans Le Travail
Emotions Dans Le Travail
Emotions Dans Le Travail
car ces concepts sont interreliés mais distincts. Voici une synthèse professionnelle :
Caractéristiques : L'affectivité inclut des réponses immédiates (émotions) et des états durables
(sentiments).
Fonction : Elle sert de fondement à l’évaluation subjective des expériences, influençant la cognition et
le comportement.
Les émotions sont des réponses psychophysiologiques brèves, automatiques et adaptatives face à un
stimulus précis.
Composantes : Elles incluent des changements physiologiques (rythme cardiaque, transpiration), des
expressions faciales, et une valence (positive ou négative).
Fonction : Elles favorisent des réactions immédiates pour survivre (par exemple, fuir un danger).
Les sentiments sont des interprétations conscientes et prolongées des émotions, souvent influencées
par des facteurs cognitifs et culturels.
Caractéristiques : Contrairement aux émotions, ils nécessitent un traitement réflexif.
Fonction : Les sentiments façonnent les interactions sociales et la prise de décision à long terme.
4. Leurs interactions
Temporalité : Les émotions sont immédiates et fugitives, tandis que les sentiments émergent à partir
des émotions et s'étendent dans le temps.
Origine : L'affectivité sous-tend à la fois les émotions et les sentiments, constituant un cadre global
pour les expériences affectives.
Cognition : Les émotions peuvent influencer la pensée et déclencher des sentiments, qui, à leur tour,
orientent les comportements et les relations sociales.
5. Application scientifique
Neurosciences : Identification des régions cérébrales associées (amygdale pour les émotions, cortex
préfrontal pour les sentiments).
Psychologie clinique : Compréhension des troubles affectifs comme la dépression (altération des
sentiments) ou l'anxiété (hyperréactivité émotionnelle).
En résumé, l'affectivité constitue la trame sur laquelle émotions et sentiments interagissent pour
permettre une adaptation flexible à l'environnement et une régulation des expériences humaines.
« homme sensé » existe, avec une pensée froide et sans affect : le collaborateur rationnel, qui
s’engage dans l’activité sans ressenti, ni état d’âme.Ceci conduit les professionnels à cacher leurs
émotions, à les masquer, à « inventer » des émotions vécues comme positives et valorisées par la
culture du groupe, provoquant une dissonance émotionnelle. Cette absence de prise en compte de
l’émotion peut générer des comportements à risque ou une suractivité.Dans cette société de conseil,
les émotions ne sont pas exprimables, il n’est pas possible de parler de ce que génèrent le travail, les
dépla-cements permanents, les critiques des clients, les enjeux financiers des missions, la honte
lorsqu’on n’est pas rapidement « staffé » sur une nouvelle mission, les horaires insensés, l’impact sur
la vie per-sonnelle, la relation tendue aux associés. Il est en revanche bien vu de boire un verre avec
ses collègues, de se vanter de ses réussites (en kilo euros), de ses futurs voyages, de ne pas prendre la
totalité de ses congés.Cacher l’émotion authentique conduit à une expression détournée d’autres
émotions.Beaucoup de passe-temps portent sur les insuffisances des clients, leur incapacité à
comprendre les plans d’action, leur refus éventuel de participer, leur dépendance aux consignes. C’est
peut-être une interprétation, mais il semble que la colère qui ne peut pas être exprimée se retrouve
dans cette forme de relation de domination face aux clients.La dissonance émotionnelleLa
dissonance émotionnelle naît lorsque les émotions qui peuvent être manifestées face au client, au
manager, au collègue (en lien avec les prescriptions de comportement, la culture d’entreprise), nous
obligent à cacher les émotions que nous avons réellement ressenties. Il s’agit de s’engager dans une
manifestation émotion-nelle incohérente avec ses ressentis réels, mais proche de ce qui est attendu.
Cet écart entre le ressenti interne, personnel, et ce qui est acceptable dans l’environnement est
générateur de tension,
de stress, d’insatisfaction au travail et d’épuisement professionnel. Dans toutes les organisations, des
normes organisationnelles (expli-cites : règles et procédures ou implicites : étiquette) définissent les
modalités d’expression des émotions, en indiquant ce qu’est une expression appropriée conforme
aux normes de comportement. Ces normes sont généralement mises en lien avec les attentes du
client, la charte qualité, l’éthique du métier.Lorsque le salarié, en cachant ses sentiments réels
pendant de longues durées, vit une dissonance émotionnelle intense, il va modifier ses modes de
fonctionnement, soit en s’anesthésiant, soit en montrant sa colère ou son dépit réel. Dans les deux
cas, il se démotive.Dans la plupart des EHPAD, il est recommandé d’avoir une attitude empathique
envers la personne âgée, de donner du sens à ses com-portements quelquefois inopportuns ou
désagréables, sans croire que l’on est une cible particulière. Lorsque cette norme organisa-tionnelle
est appliquée avec rigidité par l’encadrement, sans groupe de parole, ou d’analyse de la pratique
permettant l’expression du vécu réel, les soignants et les personnels expriment leur colère et leur
dégoût pendant les pauses, ce qui va impacter fortement la qualité de la relation au sein de l’équipe.
Par ricochet, la qualité de la relation aux personnes âgées sera dégradée.Une situation plus complexe
met en évidence que beaucoup de salariés sont concernés par la dissonance émotionnelle.Dans le
bus navette de l’aéroport, une cliente demande à la conduc-trice dans combien de temps nous
atteindrons la gare. Sa réponse est nuancée. Cela dépendra du trafic, sans doute dans 40 minutes.
Puis elle explique qu’elle est contente de finir sa journée, car lors de la rotation précédente, avec les
embouteillages, elle a mis plus d’une heure trente pour entrer dans la ville et que c’est vraiment
difficile de travailler dans ces conditions. Ses épanchements ne conviennent pas à la cliente qui se
retourne vers son compagnon et dit, assez fort pour qu’elle puisse l’entendre : « Elle est payée pour,
elle ne va pas nous emm… avec ça. » Le ton est suffisant et la conductrice entend la dévalorisation, se
retourne vers son volant et se taira tout au long du trajet.
Dans certaines entreprises, des salariés « sont payés pour » : ser-vices après-vente, hôtesses
d’accueil, de caisse, contrôleurs, infir-miers, enseignants… Payés pour accepter des humiliations,
payés pour sourire au client, montrer un visage avenant, une perpé-tuelle bonne humeur et…
accepter les récriminations, les coups de gueule, les plaintes et les demandes de passe-droit. Il
semble qu’un salarié sur quatre en relation avec le public subisse des agressions verbales et qu’un
salarié sur trois subisse des incivilités. Ces salariés doivent gérer les émotions issues de ces
interactions désagréables, sans rien en montrer, sous le contrôle d’une série d’instructions,
d’incitations, d’évaluations, de systèmes de surveil-lance.Si le collaborateur a conscience de la
dissonance émotionnelle, il pourra effectuer un travail émotionnel permettant de réduire la tension
psychologique (et physique) que celle-ci provoque et les douleurs qui l’accompagnent. Il pourra
s’adapter en conscience, ne plus souffrir de cette nécessité de cacher ce qu’il ressent comme vrai. Ou
bien exprimer avec délicatesse son émotion réelle et apprendre à faire face aux retours qu’il
obtiendra de son environ-nement. Cette seconde option nécessite de l’assertivité et une sécurité
personnelle limitant la peur « d’être viré » ainsi qu’une culture managériale intégrant les émotions.
Les options face à la dissonance émotionnelle sont : •un travail sur soi qui permettra de diminuer
fortement son impli-cation émotionnelle en prenant une posture, un costume, un rôle qui n’est pas
moi, mais qui m’amène à un jeu de rôle ; •des changements d’organisation permettant de ne pas être
en permanence au contact de la violence émotionnelle ; •une possibilité d’expression différée des
sentiments réels ; •un travail sur l’estime de soi et l’assertivité permettant d’ap-porter des réponses
nouvelles dans les situations classiques de fonctionnement.Les managers sont bien sûr aussi
concernés par la dissonance émotionnelle.
Dans le travail, autant que dans toute autre sphère de la vie, toutes les émotions et sentiments sont
présents. Nous pouvons ressentir :
Colère : face à des injustices, au manque de respect d’un client ou d’un collaborateur.
Comme l’ont noté Ashforth et Humphrey (1995), « les émotions sont une partie intégrante et
inséparable de la vie organisationnelle de tous les jours ». Elles influencent nos interactions, nos
choix, et la dynamique des relations professionnelles.
Dans ces situations, exprimer ses émotions peut permettre de mieux les comprendre et d’apporter
des changements positifs. Cependant, des contextes organisationnels rigides ou des normes
émotionnelles strictes peuvent limiter cette expression.
Culture managériale : un management par la peur ou une compétition excessive génère peur,
honte, ou colère.
Alignement avec les valeurs : agir en contradiction avec ses valeurs personnelles peut
provoquer colère, dégoût, ou culpabilité.
Une organisation qui permet de vivre des émotions positives comme la joie favorise la motivation, le
développement personnel, et la coopération au sein des équipes.
Des croyances culturelles (« montrer ses émotions est un signe de faiblesse ») valorisent le self-
control et limitent l’authenticité émotionnelle, ce qui peut conduire à une dissonance émotionnelle.
Les règles valorisent une attitude positive indépendamment des émotions réelles.
Par exemple, dans les EHPAD, les soignants doivent faire preuve d’empathie malgré des conditions de
travail émotionnellement éprouvantes. Sans espaces d’expression comme les groupes de parole, les
tensions s’accumulent, affectant la relation aux équipes et aux résidents.
Se démotiver.
S’anesthésier émotionnellement.
Les secteurs où les relations avec le public sont centrales (service client, transport, enseignement)
sont particulièrement exposés. Les professionnels sont souvent contraints de cacher leurs réelles
émotions et de se conformer à des attentes comportementales rigides, ce qui augmente leur stress et
leur insatisfaction.
1. Travail sur soi : développer une posture professionnelle protectrice ou un rôle détaché des
émotions personnelles.
3. Espaces d’expression : créer des opportunités pour partager les émotions dans un cadre
sécurisé.
Les managers ne sont pas épargnés par la dissonance émotionnelle. Ils doivent :
Conclusion
Les émotions sont omniprésentes dans le cadre professionnel. Leur reconnaissance, leur expression
et leur gestion constituent des enjeux majeurs pour améliorer le bien-être des collaborateurs,
prévenir les risques psychosociaux, et favoriser une dynamique organisationnelle saine.
1. Un travail sur soi qui permettra de diminuer fortement son implication émotionnelle en
prenant une posture, un costume, un rôle qui n’est pas "moi", mais qui m’amène à un jeu de
rôle.
Les managers sont bien sûr aussi concernés par la dissonance émotionnelle.