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du secondaire au Sénégal
Mémoire
Québec, Canada
Mémoire
Sous la direction de :
France Picard, directrice de recherche
Résumé
Des disparités sont encore visibles dans les cycles d’enseignement secondaire où les femmes
ont à priori et selon les études et rapports qui ont été faits, moins de chance de réussite que
les hommes1. C’est ainsi que ce projet de recherche s’intéresse aux motifs de l’abandon
scolaire qui signifie l'interruption définitive ou temporaire des études avant l'obtention d'une
reconnaissance des acquis (diplôme, certificat, etc.) de la part d'une institution
d'enseignement, il est utilisé à la fois pour le secondaire, le collégial et l'universitaire2 .
Des entrevues ont été réalisées afin de décrire les principaux motifs qui conduisent à
l’abandon et les solutions pour les maintenir à l’école. Les collectes de données ont été
réalisées de juin 2016 à septembre 2016.
En ce qui concerne, la population qui a répondu à cette étude, il s’agit de 15 jeunes femmes
et de 5 gestionnaires de l’éducation. Les 15 jeunes femmes ont abandonné les études et la
plupart d’entre elles sont mariées.
Les résultats de notre étude révèlent que la majorité des jeunes femmes abandonnent les
études le plus souvent à cause de la pauvreté et que des mesures doivent être développées
pour maintenir les filles à l’école.
1 Thioye, T, N. (2015). La scolarisation des filles dans l’ère des réformes éducatives au Sénégal, (Master,
Université Paris 1- Panthéon-Sorbonne), p 10. Récupéré à : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-
01294503/document
2 Projet partenaires pour la réussite éducative en Estrie. Quelques définitions pour s’y retrouver. Récupéré à :
http://www.reussiteeducativeestrie.ca/fr_n/page/17/w/quelques-definitions/
iii
Table des matières
Remerciements .................................................................................................................. x
Introduction ....................................................................................................................... 1
iv
3.4 Le guide d’entrevue ................................................................................................ 31
3.5 Le recrutement.................................................................................................... 31
4.1.1.1 Le faible revenu des parents et leur faible niveau de scolarité source de handicap
à avoir un emploi bien rémunéré .................................................................................. 35
4.1.1.2 Abandon des études pour travailler afin de subvenir aux besoins des parents . 38
Chapitre V : Les motifs de l’abandon des filles selon les gestionnaires et les solutions
élaborées pour les maintenir à l’école ........................................................................... 50
Conclusion ....................................................................................................................... 60
Bibliographie ................................................................................................................... 62
vii
Liste des tableaux
viii
Liste des abréviations
ix
Remerciements
Je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes qui, de près ou de loin, m’ont
permis de réaliser cette recherche.
Je voudrais également remercier la directrice de programme Madame Lucie Héon, qui m’a
permis d’entrer dans ce beau programme d’études qui m’a permis d’aimer le domaine de
l’éducation. Je remercie tous les professeurs, qui à travers les travaux universitaires, m’ont
aidée à la réalisation de ce travail.
Je voudrais remercier mes parents qui m’ont accompagnée dans mes études. Mon père,
qui peut être fier de moi et trouver ici le résultat de longues années de sacrifices et de
privations pour m'aider à avancer dans la vie. Puisse Dieu faire en sorte que ce travail porte
son fruit; merci pour les valeurs nobles, l'éducation et le soutien permanent venu de toi. Ma
mère, qui a œuvré pour ma réussite, de par son amour, son soutien, tous les sacrifices
consentis et ses précieux conseils, pour toute son assistance et sa présence dans ma vie,
reçois à travers ce travail aussi modeste soit-il, l'expression de mes sentiments et de mon
éternelle gratitude. Ma tante Adja oumou Kantome Kebe, qui m’a aussi accompagnée dans
mes études, ainsi que mes frères et sœurs.
x
Introduction
Le Sénégal est situé à l’extrême ouest du continent africain. Il couvre une superficie de 196
712 km² et compte en 2008 une population estimée à 11 841 123 habitants, soit une densité
de 60 habitants au kilomètre carré3 . Voici la figure 1 qui nous présente le Sénégal, et ses
villes :
1
Le Sénégal appartient à l’Afrique subsaharienne. Cinquante-deux pour cent de la
population sénégalaise sont des femmes et des filles5. À la suite de plusieurs études et
recherches, on peut postuler que pour un développement soutenu des pays d’Afrique en
particulier, il est plus « rentable » d’investir dans la scolarisation, l’alphabétisation, la
formation des femmes qui, en tant que maîtresses de foyer, contribuent ainsi à
l’épanouissement socioculturel de leurs descendants. Ce postulat repose sur un triple
constat :
• bien que constituant plus de 50 % de la population sénégalaise, les femmes ne sont
alphabétisées qu’à 19 %;
• seulement 40,7 % des filles vont à l’école élémentaire et 10 % accèdent au
secondaire;
• l’existence de disparités criantes en matière de sous-scolarisation des filles selon
les régions du pays6.
Dans notre étude, nous allons aussi analyser le système éducatif de l’école privée au
Sénégal. Les frais d’écolage (frais de scolarité) des établissements privés sont très
variables : de 20 000 à 250 000 FCFA11 par trimestre pour les plus prestigieux, comme
l’école Jeanne d’Arc située au centre-ville de Dakar12. Mais la scolarité n’est jamais
totalement gratuite, même dans le public, où les frais d’inscription sont de l’ordre de 3 000
FCFA, auxquels il faut ajouter les livres et fournitures scolaires, diverses cotisations
(associations sportives et de parents d’élèves) et, pour les élèves de CM213, les frais
d’examen, alors que le revenu moyen par mois à Dakar est d’environ 58 200 Fcfa avec des
disparités importantes selon le secteur institutionnel (149 700 Fcfa dans l’administration
publique, 134 600 Fcfa dans les entreprises publiques, 111 000 Fcfa dans les entreprises
privées du secteur formel et 38 400 Fcfa dans les entreprises privées du secteur informel),
selon le genre (71 900 Fcfa pour les hommes, 38 400 Fcfa pour les femmes) et selon la
catégorie professionnelle (les cadres les plus avantagés gagnent en moyenne 238 600 Fcfa
par mois, les manœuvres les plus désavantagées, 12 700 Fcfa). Le salaire minimum est fixé
à 39 000 Fcfa par mois 14.
recherche sur l’éducation et les savoirs [En ligne], 8 | 2009, mis en ligne le 01 octobre 2012, consulté le 24
janvier 2018. URL : http://journals.openedition.org/cres/611
moyen est dispensé dans les collèges d'enseignement moyen (CEM) et s'étend sur une
période de quatre ans (de la 6e à la 3e). Il correspond aux quatre premières années de l'école
secondaire québécoise. À la fin du cycle, les élèves subissent l'examen du Brevet de fin
d'études moyennes (BFEM)15, nous avons une parité qui est en faveur des filles. Au niveau
de ces ordres d’enseignement, nous avons plus de filles qui vont à l’école que de garçons.
Le problème se pose au niveau de l’enseignement secondaire où, à cause des mariages, des
grossesses précoces et autres facteurs socioculturels, il y a un abandon des jeunes femmes
en général à la fin de l’enseignement moyen16.
Efficacité et efficience : ces difficultés se lisent à travers la faiblesse persistante des taux
d’achèvement des études, surtout pour les jeunes femmes. En fait, près de 42% des enfants
au Sénégal ne terminent pas le cycle primaire, donc n’arrivent pas à maîtriser les acquis
fondamentaux nécessaires pour rester alphabétisés et, par la même occasion, à bénéficier
des avantages de l’éducation. Cette faiblesse est encore très manifeste dans beaucoup de
régions où les écarts entre l’accès et l’achèvement des études primaires sont très importants
et méritent une attention particulière. C’est le cas, par exemple, dans la région de Kolda.
Les motifs associés à ce phénomène de déperdition ou de non-accès sont assez bien connus,
Plusieurs motifs poussent les jeunes femmes à abandonner les études : la violence, les
travaux domestiques, l’insuffisance des budgets pour soutenir les projets d’éducation des
filles ainsi les pratiques culturelles, les violences envers les jeunes filles, les grossesses
précoces et indésirées, etc. En somme, autant de facteurs qui gangrènent l’éducation des
filles dans le monde. Ainsi, sur les 100 millions d’enfants qui ne vont pas à l’école, les
deux tiers sont constitués de filles20.
Malgré les progrès réalisés au fil des ans, le système d'éducation du Sénégal est
toujours confronté à des défis importants, dont les disparités régionales dans la
scolarisation et l'achèvement des études, les faibles taux d'inscription dans les matières
telles que les mathématiques et les sciences, les faibles niveaux d'acquis d'apprentissage et
des conditions d'apprentissage médiocres21.
Cette étude s’intéresse donc aux motifs qui conduisent les jeunes femmes à l’abandon
scolaire, et aux solutions que les gestionnaires ont mises en place pour les maintenir à
l’école.
Ce mémoire comprend six chapitres. Nous allons dans un premier temps aborder la
problématique. Le deuxième chapitre présente le cadre conceptuel qui va nous permettre
de mieux comprendre les facteurs qui font que les jeunes femmes abandonnent les études.
Le troisième chapitre présente la méthodologie qui a été utilisée pour la réalisation de cette
Une éducation de qualité aidera les jeunes femmes dans plusieurs domaines clés de leur
développement et épanouissement personnel22. La figure 2 ci-dessous nous présente
quelques avantages sociaux et économiques du maintien des jeunes femmes à l’école :
1.1 Le contexte
Le Sénégal est l'un des pays les plus stables d’Afrique. Son président actuel, Macky Sall,
dirige le pays depuis mars 2012. Malgré le manque de données statistiques, les projections
récentes indiquent que les progrès dans la réduction de la pauvreté ont été plutôt modestes.
On y recensait 46,7 % de personnes pauvres en 2010, et ce taux élevé de pauvreté s’est
maintenu. Sur la base de l'évolution du PIB par habitant, la pauvreté aurait diminué de
3 à 6 % au cours de la période 2011-2015, principalement dans les zones rurales, et ce
grâce aux meilleures performances agricoles23. En 2018 la population du Sénégal est de
15 726 03724 habitants. Au niveau régional, à l’exception des régions de Dakar et de
Diourbel, le pourcentage de filles est partout inférieur à 50 %25. Le tableau 1 suivant nous
éclaire sur les indicateurs socio-économiques au Sénégal :
L’éducation nationale est placée sous la responsabilité de l’État qui garantit aux citoyens
le droit à l’éducation, par la mise en place d’un système de formation. Elle est laïque,
démocratique, Sénégalaise et Africaine. L’éducation nationale est permanente et au service
du peuple sénégalais27.
Dans le système éducatif sénégalais, on distingue le secteur formel et le secteur non formel.
L’éducation formelle concerne l’éducation préscolaire, l’enseignement élémentaire,
l’enseignement moyen et secondaire général, l’enseignement technique et la formation
professionnelle, ainsi que l’enseignement supérieur. À côté de l’enseignement public, s’est
développé, depuis plusieurs années, un enseignement privé. Le secteur de l’éducation non
formelle comprend l’alphabétisation, les écoles communautaires de base et les « écoles du
3e type28 ». Les deux dernières modalités d’enseignement sont en expérimentation29.
Le cycle du secondaire comprend trois niveaux d’études que sont la seconde, la première
et la terminale et vise la population des 17-19 ans32, la figure 3 ci-dessous nous présente
l’organigramme du système éducatif Sénégalais.
31Diouf, A. (1991). Sénégal. Loi no 91-22 du 30 janvier 1991 d’orientation de l’éducation nationale. Récupéré
à http://www.axl.cefan.ulaval.ca/afrique/senegal-loi.htm
32 Agence nationale de la statistique et de la démographie. (2013). Situation économique et sociale du
11
1.3 Problématique générale
L’éducation des jeunes femmes au Sénégal est un enjeu majeur pour le développement de
la société. En plus d'être un droit humain intrinsèque, l'éducation, en particulier l'éducation
des filles, est l'un des moyens les plus efficaces de développement, non seulement pour les
filles elles-mêmes, mais également pour leurs familles, les communautés et la société en
général. En effet, l'éducation des filles contribue à améliorer la santé maternelle, réduire la
mortalité infantile, améliorer la situation nutritionnelle des ménages et augmenter la force
de travail potentielle et les possibilités de croissance économique33 . Cependant, l’école est
le premier acteur à jouer un rôle important, dans la réussite scolaire des filles et dans la
diminution du taux d’abandon des études. Selon le Conseil supérieur de l’éducation du
Québec, l’école peut lutter efficacement contre les différents facteurs de décrochage en
devenant une communauté éducative au centre de laquelle se trouve l’élève. Pour ce faire,
l’école doit s’orienter vers des actions précises en mobilisant tous ses acteurs, autant à
l’interne que dans la communauté environnante, autour de la réussite des élèves34. Selon
l'Unicef « l'éducation des filles a un impact vital sur l'ensemble du développement humain.
Non seulement elle fait diminuer la mortalité infantile des moins de cinq ans, en même
temps qu'elle améliore la nutrition et la santé des enfants en général, mais elle réduit aussi
la croissance démographique »35.
Selon Floro et Wolf, l’éducation permet aux filles d’accéder à des emplois plus lucratifs,
d’avoir de meilleurs salaires et d’accroître leurs activités non salariées. Leur scolarisation
augmenterait leur productivité au regard de la transformation, de la distribution et de la
commercialisation des produits de consommation36.
33 Iversen, E., & Nyamakanga, R. (2012). Because I am a girl. Progress and obstacles to Girl’s Education in
Africa, p 14. Africa Report. Récupéré à : https://resourcecentre.savethechildren.net/node/6923/pdf/6923.pdf
34 De l’éducation, A. A. M. (2001). Les élèves en difficulté de comportement à l’école primaire. Comprendre,
12
L’impact de l’éducation sur le développement est important puisque « lorsqu’il y a un
pourcentage plus élevé de mères ayant reçu une éducation primaire ou secondaire, on
assiste à une réduction du taux de mortalité infantile et les parents ayant fréquenté l’école
ont des enfants mieux nourris. L’alphabétisme des parents joue aussi sur la fréquentation
scolaire des enfants et l’éducation a un effet positif sur la prévention du VIH et accroît les
probabilités de trouver un emploi décent ». Pour agir efficacement contre les abandons, il
faut au préalable savoir pourquoi certaines jeunes femmes quittent l’école plus tôt que
prévu.
Dans ce domaine, toute politique qui ne tiendrait pas compte des facteurs sous-jacents au
phénomène serait d’une faible efficacité. Toutefois, l’abandon scolaire des jeunes femmes
dans la société sénégalaise constitue un frein majeur à son développement. Divers
problèmes relatifs au taux d’abandon scolaire, aux faibles résultats des élèves en matière
d’apprentissage et au manque d’enseignants qualifiés persistent37.
Les facteurs qui entravent la scolarisation des filles sont relatifs aux problèmes principaux
identifiés, tels que leur accès à l’école, leur maintien, les résultats scolaires, la réussite et
l’insertion dans le milieu professionnel. Au Sénégal, plus de 30 % des abandons sont dus
à une insertion précoce dans le milieu professionnel ou à des problèmes économiques,
18,9 % à l’échec scolaire, 12 % à l’absence de perspective qu’offre l’école et 9 % pour des
raisons de mariage, de grossesse et de maladie42.
Aussi, « les grossesses précoces et non désirées en sont également une conséquence
fréquemment citée, lesquelles, ajoutées aux risques pour la santé tant de la mère que de
40Niang, N. T. (2006). La scolarisation des filles dans le cycle élémentaire au Sénégal (1817-2006): approche
historique et sociologique. Récupéré à: http://www.fastef-
portedu.ucad.sn/cuse/cr/memthes/ndeye%20tening%20niang.pdf
41 Plan International (2012). Progrès et obstacles à l’éducation des filles en Afrique. Parce que je suis une
En effectuant cette recherche, nous avons ciblé deux objectifs que nous définirons de la
façon suivante :
• décrire les motifs de l’abandon scolaire des jeunes femme;
• répertorier les solutions et les mesures qui ont été mises en place par les
gestionnaires de l’éducation qui œuvrent dans le gouvernement, les ONG, les
associations, et autres, ou qui luttent pour le maintien des jeunes femmes à l’école.
Il est intéressant d’étudier les motifs de l’abandon scolaire, car l’éducation des filles est
une question de survie pour elles et leurs enfants. En effet, l’éducation des filles a un impact
très positif sur la promotion de la femme, le suivi des enfants sur le plan éducatif et
sanitaire, la prise en charge en matière de santé et de la reproduction47. Généralement, une
femme sans instruction éprouve des difficultés à assurer la gestion d’une manière
judicieuse et à veiller à la quantité et à la qualité de la ration journalière 48. Nous nous
45 Unicef, Plan Afrique de l’Ouest, Save the Children Suède en Afrique de l’Ouest & ActionAid. (2010). Trop
souvent en silence. Prise en charge de la violence en milieu scolaire. Initiatives modèles en Afrique
occidentale et centrale, p 29. Récupéré à : https://www.unicef.org/wcaro/VAC_Rapport_fr.pdf
46Robertson, A., & Collerette, P. (2005). L’abandon scolaire au secondaire : prévention et interventions. Revue
filles en milieu rural, de la région de Ségou (Mali), p 34, (Thèse de doctorat, Université de Montréal, Canada).
Récupéré à : http://www.rocare.org/TheseKouraDiallo_scofi_mali.pdf
intéressons aux innovations liées à cet enjeu, par les gestionnaires, pour voir l’état de
l’abandon scolaire de jeunes femmes.
Des politiques publiques contribuent à réduire les abandons, telles que la construction
d’écoles satellites pour rapprocher les classes des lieux d’habitat ou la réduction des frais
à la charge des familles. Certaines mesures visent plus spécialement la scolarité des filles
comme l’exonération de frais d’écolage, le don de denrées alimentaires aux filles ou la
construction de latrines. Les acteurs de la société civile participent activement à ces efforts.
Syndicats enseignants, associations de parents d’élèves (APE), mouvements d’éducation
populaire s’engagent auprès des populations par :
• la construction de classes;
• la création et la gestion de cantines endogènes par les APE;
• la création d’écoles communautaires là où l’État est déficient;
• l’organisation de formations pour les enseignants et les parents;
• l’organisation d’activités génératrices de revenus pour financer les activités des
écoles;
• la participation à la mobilisation des familles en faveur de la scolarisation des
enfants et plus particulièrement du maintien des filles à l’école49.
Plusieurs ONG luttent pour le maintien des filles à l’école, plus particulièrement le
FAWE50. Dans cette optique l’expérience de l’ONG FAWE est une alternative porteuse.
Elle se présente à l’heure actuelle comme un mini modèle qui peut être un véritable vecteur
pour la promotion des filles au Sénégal dans le futur. FAWE est effectivement en train de
réussir une démarche qu’il faut saluer et sur laquelle, il faut accorder une grande
importance, le fait de maintenir les jeunes femmes à l’école et en faire plus tard des
citoyennes responsables qui deviendront de véritables actrices pour le développement de
leur pays et surtout pour le développement de l’Afrique tout entière51.
49 Programme de développement des réseaux pour l’éducation en Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso,
Mali, Niger, Sénégal. (2010). Les déperditions scolaires, un frein à l’éducation en Afrique de l’ouest. p 37.
Récupéré à : http://www.bfc-international.org/IMG/pdf/prodere_guide_education_base.pdf
50 Forum des éducatrices Africaines
51 Niang, T, N. (2006). La scolarisation des filles dans le cycle élémentaire au Sénégal. 1817- 2006. Approche
Plusieurs études montrent que le phénomène d’abandon scolaire est très présent dans les
pays en développement. Il semble que c’est un ensemble complexe de facteurs multiples
qui occasionnerait l’abandon scolaire, dont la pauvreté, le redoublement, l’échec scolaire,
le milieu scolaire et l’analphabétisme56, etc.
Au Sénégal, comme dans le reste de l’Afrique noire, les recherches empiriques réalisées
démontrent que le succès scolaire des filles est souvent tributaire de toute une série de
facteurs liés au statut socioéconomique (conditions de logement), types d’encadrement des
parents, allégement ou élimination des tâches domestiques ordinairement assignées aux
filles, mesures d’encouragement prises par les parents, pour ne citer que quelques
53Noumba, I. (2008). Un profil de l'abandon scolaire au Cameroun. Revue d'économie du développement, vol.
16(1), 37-62. doi:10.3917/edd.221.0037.
54 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire Saguenay- Lac saint Jean. Quelques définitions.
Récupéré à : http://www.crepas.qc.ca/69-quelques_definitions
55 Conseil régional de prévention de l'abandon scolaire. (2001). Les milieux à risque d'abandon scolaire :
quand pauvreté, conditions de vie et décrochage scolaire vont de pair. Jonquière, Québec : Conseil régional
de prévention de l'abandon scolaire.
56 Gueddari, K. (2015). L’abandon scolaire en milieu rural marocain : une analyse interactionniste du point de
18
facteurs57. Les facteurs connus qui freinent la poursuite des études chez les jeunes femmes
constituent les assises conceptuelles à la présente recherche.
Ouellet a regroupé les motifs d’abandon scolaire en sept catégories : « les facteurs
sociodémographiques, familiaux, économiques, individuels et les facteurs liés au système
scolaire dans son ensemble, les facteurs liés à l’école et à la culture des jeunes »58.
L’origine sociale demeure le premier déterminant de la réussite scolaire, tant chez les
garçons que chez les filles. Plusieurs études montrent en ce sens que les élèves issus de
milieux socioéconomiques défavorisés sont les plus susceptibles de décrocher. Les enfants
nés dans des familles défavorisées ne le seraient pas seulement sur le plan économique ou
culturel, mais également scolaire59.
Pour Bernstein, les élèves issus de milieux populaires ont un désavantage lié à leur origine
sociale qui se manifeste par leur orientation scolaire. L'héritage culturel joue un rôle
prépondérant dans la survie scolaire et détermine ses résultats tout au long du parcours
scolaire. Si les élèves issus de la bourgeoisie ont des aptitudes dans des disciplines
spécifiques et présentent des résultats satisfaisants, ceux-ci doivent cet avantage à leur
héritage culturel qui correspond à celui de l'école. Bourdieu, à ce propos, dira que « les
étudiants les plus favorisés ne le doivent pas seulement à leur milieu d'origine des
57 Ndoye, K, A. (2008). Des déterminants socio-économiques de la réussite scolaire des filles à la fin de l’école
élémentaire au Sénégal, p 5. Récupéré à : http://fastef.ucad.sn/Lien11/abdoukarimndoye.pdf
58 Ouellet, R. (1994). Le décrochage scolaire au Canada : une perspective générale. Éducation et
Langevin, constate que les abandons se produisent surtout dans les familles de quatre
enfants et plus61. Pare-Kabore note que la structure de la famille, la classe sociale, le niveau
économique, la dynamique sociale de la famille, les modes de prise en charge des enfants,
le niveau d'instruction du père et de la mère, le statut du ménage, la taille de la famille, les
commodités domestiques, les moyens financiers, les coûts des fournitures, les frais de
scolarité, les coûts directs et les coûts d'opportunité de la scolarisation des filles, etc. ont
un impact direct sur la scolarisation et la survie scolaire des filles62.
60 Sawadogo, M, Z. (2013). Analyse des déterminants socio-économiques de la déperdition scolaire des filles
issues des zones périphériques de la ville de Ouagadougou. (Mémoire de Master, Université de Koudougou,
Burkina Faso). Récupéré à : https://www.memoireonline.com/09/13/7403/m_Analyse-des-determinants-
socio-economiques-de-la-deperdition-scolaire-des-filles-issues-des-zones13.html
61 Langevin, L. (1994). L'abandon scolaire. On ne naît pas décrocheur ! Montréal : Les Éditions Logiques.
62 Sawodogo, M, Z. (2013). Analyse des déterminants socio-économiques de la déperdition scolaire des filles
issues des zones périphériques de la ville de Ouagadougou. (Mémoire de Master, Université de Koudougou).
Récupéré à: https://www.memoireonline.com/09/13/7403/m_Analyse-des-determinants-socio-
economiques-de-la-deperdition-scolaire-des-filles-issues-des-zones9.html
63 Diagne, A. (2010). Pourquoi les enfants africains quittent-ils l’école ? Un modèle hiérarchique multinomial
des abandons dans l’éducation primaire au Sénégal. L'Actualité économique, 86(3), 319–354.
doi:10.7202/1003526ar
64 Calixte, J. (2008). Milieu familial et réussite scolaire « Du rôle des interactions parents-adolescents axées
sur l'école dans la réussite scolaire de l'adolescent haïtien vivant en milieu défavorisé ». (Mémoire de licence,
Université d’état d’Haïti). Récupéré à : https://www.memoireonline.com/02/09/1981/Milieu-familial-et-reussite-
scolaire7.html
et des savoir-être transmis par la famille au cours du processus de socialisation65. Toujours
selon Bourdieu66, les parents transmettent à leurs enfants un système de valeurs qui
contribue à définir, entre autres choses, les attitudes à l'égard du capital culturel et à l'égard
de l'institution scolaire. Bourdieu soutient que l'inégalité des chances de réussite à l'école
est liée justement à la possession ou la non-possession des normes et des valeurs propres
au milieu scolaire67.
sur l'école dans la réussite scolaire de l'adolescent haïtien vivant en milieu défavorisé ». (Mémoire de licence,
Université d’état d’Haïti). Récupéré à : https://www.memoireonline.com/02/09/1981/Milieu-familial-et-reussite-
scolaire.html
68 Kherroubi, M., J.P. Chanteau et B. Larguèze (2004). Exclusion sociale, exclusion scolaire. Les Travaux de
et leurs influences sur les probabilités de décrochage : analyses selon l’âge du décrochage. Revue des
sciences de l’éducation, 40(1), 11–37. doi:10.7202/1027621ar
72 Violette, M. (1991). L'école...facile d'en sortir, mais difficile d'y revenir. Enquête auprès des décrocheurs et
73 Abbott, M. L., et J. Joireman. (2001). « The Relationships a Achievement. Low Income and Ethnicity across
Six Groups of Washington State Student ». Technical Report #1. Récupéré à :
http://www.edrs.com/members/sp.cfm
74 Ryan, B. A., et G. R. Adams. (1998). Family Relationships and Children 's School Achievement: Data from
the National Longitudinal Sw-vey of Children and Youth, p 32. Gouvernement du Canada : Développement
des ressources humaines Canada.
75 Yin, C. (2005). Étude des facteurs de l'abandon scolaire au niveau primaire au Cambodge, P 58,
la recherche sur 1' intervention préscolaire en milieu défavorisé, p 75. Revue canadienne de
psycho-éducation, 23, (1), p. 75-106.
77 Ryan, B. A., et G. R. Adams. (1999). « Quelle est l'incidence des familles sur le succès scolaire des
sos » de Dakar, p 13. (Monographie pour l’obtention du diplôme d’aptitude aux fonctions d’inspecteur de
l’éducation populaire de la jeunesse et des sports). Récupéré à:
http://www.beep.ird.fr/collect/inseps/index/assoc/MO00-14.dir/MO00-14.pdf
surtout pour les familles pauvres et rurales. Ces contraintes économiques et certaines
perceptions sous-tendent la décision de ne pas envoyer les filles à l'école ou les retirer80.
Du point de vue socioéconomique, les enfants provenant de familles monoparentales ou
reconstituées, défavorisées ou en dépendance économique et dont les parents ont été peu
scolarisées ont une plus grande probabilité de décrocher 81.
Parmi les caractéristiques individuelles, des recherches ont révélé plusieurs traits de
personnalité qui prédisent un abandon prématuré : une faible estime de soi, la fragilité
émotive, une perspective temporelle à court terme, une intolérance à la frustration et une
80 Tanko, L. (2009). Éducation pour tous et qualité : Accès des femmes nigériennes à l’éducation en matière
de santé et de lutte contre le Sida (Mémoire de DEA, Université Cheikh Anta Diop de Dakar). Récupéré à :
https://www.memoireonline.com/05/09/2059/m_Education-pour-tous-et-qualite-Acces-des-femmes-
nigeriennes--leducation-en-matiere-de-sante-et-de0.html
81 Lecocq, A., Fortin, L. & Lessard, A. (2014). Caractéristiques individuelles, familiales et scolaires des élèves
et leurs influences sur les probabilités de décrochage : analyses selon l’âge du décrochage. Revue des
sciences de l’éducation, 40(1), 11–37. doi:10.7202/1027621ar. Récupéré à:
https://www.erudit.org/fr/revues/rse/2014-v40-n1-rse01611/1027621ar/
82 Borus, M. E., & Carpenter, S. A. (1984). Factors associated with college attendance of high-school
décrochage scolaire vont le pair. Jonquière : CREPAS (Conseil régional de prévention de l'abandon scolaire).
motivation externe84. Il est possible que des caractéristiques de la personnalité de l'élève
soient à la base du décrochage scolaire et que des facteurs intrapsychiques de la
personnalité de l'élève jouent un rôle important dans l'abandon scolaire : le taux de réussite
étant supérieur auprès des élèves qui présentent de moins graves problèmes que chez ceux
qui présentent de plus sérieux problèmes intrapsychiques, des conflits émotionnels ou des
symptômes psychiatriques85. Comme l’explique Janosz, « des habiletés intellectuelles et
verbales faibles, l’échec et le retard scolaire, une motivation et un sentiment de compétence
affaiblis, des aspirations scolaires moins élevées, des problèmes d’agressivité et
d’indiscipline, de l’absentéisme, ainsi qu’un faible investissement dans les activités
scolaires et parascolaires compte parmi les facteurs de risque les plus importants » 86.
84 Rousseau, J., & Leblanc, P. (1992). La structure familiale comme facteur déterminant de l’abandon scolaire
prématuré chez les adolescents, p 598. In Actes du 1er symposium québécois de recherche sur la famille,
PUQ, Québec. Récupéré à : http://retro.erudit.org/livre/sqrsf/1992/000033co.pdf
85 Giddan, N. S. et Weis, S. J. (1990). Does counseling prevent college drop-out? Journal of Human Behavior
dépression et des troubles du comportement sur le risque d’abandon scolaire, Revue des sciences de
l’éducation, 27, ° (3), p. 687-712.
88 Fédération autonome de l’enseignement, Relais-femmes. (2015). Le décrochage scolaire des filles : la
cohorte d’élèves ayant commencé la maternelle en Mauricie, p 17. Revue des sciences de l’éducation, vol.
35, no 1, 2009, p. 15-40
2.5 Les facteurs scolaires
Parmi les facteurs scolaires, certains touchent plus précisément ce qui se passe en classe,
comme le climat de classe, l’ordre et l’organisation90 91. La qualité de la relation bilatérale
enseignant-élève, que ce soit l’attitude, les attentes et le comportement de l’enseignant
envers l’élève ou de l’élève envers l’enseignant, contribue également à l’explication des
probabilités de décrochage scolaire92. Le climat de classe, la relation enseignant-élève, la
qualité des pratiques pédagogiques et le climat de l’école constituent des facteurs
étroitement liés au phénomène du décrochage scolaire93. Dans les pays en voie de
développement, les causes sont reliées à la proportion très différente entre le nombre
d'élèves et le nombre d'enseignants, au manque d'aide de la part des enseignants et aux
conditions non incitatives à apprendre. Elles correspondent aussi au nombre d'élèves par
classe, à la différence d'âges des jeunes enfants dans une classe et à la distance entre l'école
et la maison des enfants94.
of school : description by personal, family and school factors. European journal of psychology of
education, 21(4), 363-383.
DOI:10.1007/BF03173508
92 Pianta, R. C. and Stuhlman, M. W. (2004). Teacher-child relationships and children’s success in the first
and Pacific
95 Bos, K., Ruijters, A. et Visscher, A. (1990). Truancy, dropout, class repeating, and their relation with school
L'abandon scolaire chez les filles est associé à de faibles performances scolaires. Les
difficultés scolaires qui se traduisent par un faible rendement dans les matières de base
(lectures et mathématiques) représentent un autre facteur de risque très important99. Au
Sénégal, les difficultés d'apprentissage des filles dans les sciences, les mathématiques et
la technologie et leurs faibles performances dans ces disciplines font aussi, de nos jours,
l'objet d'une préoccupation partagée100.
Hyde a souligné que les filles ont souvent des résultats inférieurs à ceux des garçons, dans
les enseignements primaire et secondaire. Cette situation trouve son explication dans la
pauvreté des familles et l'analphabétisation élevée des femmes en Afrique101.
97 Fédération autonome de l’enseignement & Relais femmes. (2012). Les conséquences du décrochage
scolaire des filles p 5, Récupéré à : http://www.relais-femmes.qc.ca/files/DecrochageScolaireFilles-2012-03-
02.pdf
98 Janosz, M., & Le Blanc, M. (1996). Pour une vision intégrative des facteurs relies à I ‘abandon scolaire, p
102 Tanko, L. (2009). Éducation pour tous et qualité, accés des femmes nigériennes à l’éducation en matière
de santé et de lutte contre le Sida, (DEA, Université cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal). Récupéré à :
https://www.memoireonline.com/05/09/2059/m_Education-pour-tous-et-qualite-Acces-des-femmes-
nigeriennes--leducation-en-matiere-de-sante-et-de7.html
Chapitre III : Cadre méthodologique
Ce chapitre présente la méthode qui a été utilisée dans cette recherche. La méthodologie
privilégiée dans cette étude est l’approche qualitative.
C’est la recherche qui produit et analyse des données descriptives, telles que les paroles
écrites ou dites et le comportement observatoire des personnes103. Pour de Ketele,
« observer est un processus incluant l’attention volontaire et l’intelligence, orienté par un
objectif terminal ou organisateur et dirigé sur un objet pour en recueillir des informations »
104
.
Cette méthode est adaptée à la présente recherche dont l’objectif est de déterminer des
facteurs, comprendre le phénomène de l’abandon scolaire et analyser les solutions qui
permettent de réduire le taux d’abandon des jeunes femmes sénégalaises au secondaire.
Ainsi, cette approche est la plus adaptée à la réalisation de cette recherche et l’atteinte des
objectifs qui y sont reliés.
3.1 Échantillon
L’échantillon est double. Il se compose d’abord de 14 jeunes femmes qui ont abandonné
les études au niveau du secondaire, dans la région de Dakar, capitale du Sénégal, plus
précisément dans un grand collège du centre urbain qui est un établissement privé. Il inclut
ensuite cinq gestionnaires de l’éducation.
103 Taylor, S., & Bogdan, L. (1984). Introduction to qualitative research methods : the search for meaning. New
York : Wiley.
104 Kakai, H. (2008). Contribution à la recherche qualitative., p 2 ( cadre méthodologie de rédaction de
28
3.1.1 Présentation des répondantes
Cinq de mes répondantes sont mariées, tandis que les neuf autres sont célibataires.
Nous avons utilisé comme technique de collecte de données l’entrevue semi-dirigée qui est
une importante source d’information. L’entrevue semi-dirigée est un moyen puissant et
jugé indispensable pour explorer en profondeur la perspective des participants en regard
du processus de rétablissement 105. Comme le suggèrent Poupart et ses collègues,
l’entrevue est « l’un des meilleurs moyens pour saisir le sens que les acteurs donnent à
leurs conduites, la façon dont ils se représentent le monde et la façon dont ils vivent leur
situation […] »)106. D’une manière générale, l’entretien peut être tenu comme une méthode
de collecte d’informations qui se situe dans une interaction entre un intervieweur et un
interviewé en vue de partager un savoir expert et de dégager une compréhension d’un
phénomène107. Les thèmes abordés dans une grille d’entrevue semi-dirigée sont à la fois
orientés et généraux. Ils visent à susciter une réponse détaillée du répondant108.
On a aussi procédé par observation de la vie des jeunes femmes sénégalaises tout en étant
une chercheure originaire de ce pays. Lors de la collecte de donnée à Dakar, nous avons
observé, les jeunes femmes sénégalaises qui vendaient des cacahuètes au bord de la rue,
devant leurs maisons, afin de comprendre les raisons qui leur ont conduit à pratiquer ce
métier.
Pour réaliser la collecte de donnée, j’ai séjourné au Sénégal pour une durée de deux mois
soit le 30 juin au 3 septembre 2016. On a choisi la région de Dakar, car la plupart de la
moitié des établissements privés se trouvent dans la capitale nationale. La collecte de
105 Fontana, A.; Frey, J. H. (1994). « Interviewing: the art of science ». In: Denzin, N. K.; Lincoln, Y. S., éds.
Handbook of qualitative research. Thousand Oaks, CA: Sage publications, pp. 361-376.
106 Poupart, Deslauriers, Groulx, Laperrière, Mayer et Pires (1997). La recherche qualitative : Enjeux
présentation dans la Revue des sciences de l’éducation. Revue des sciences de l'éducation, 38(1), 23–45.
doi:10.7202/1016748ar
108 Côté, D., Lemay, H., St-Amand, C., Labrecque, M., & L'Espérance, M. C. (2003). Techniques de recherche
qualitative à l'aide de programmes de gestion de données (N4 Classic et NVIVO): guide pratique d'initiation à
l'analyse d'entrevues semi-dirigées (entretiens). ORÉGAND, Université du Québec en Outaouais.
donnée s’est réalisée dans un collège qui se situe dans l'une des 19 communes
d'arrondissement de la ville de Dakar (Sénégal). Elle fait partie de l'arrondissement de
Dakar Plateau109.
Deux guides d’entrevues ont été réalisées dans cette recherche, celui des gestionnaires et
des jeunes femmes, afin de récolter des données sur le phénomène de l’abandon scolaire.
Trois sections ont été soulignées dans le guide d’entrevue des jeunes femmes, il s’agit des
motifs de l’abandon scolaire, des conséquences et des solutions pour maintenir les jeunes
femmes à l’école. Dans le guide d’entrevue des gestionnaires, nous nous sommes intéressés
à leurs perceptions sur l’abandon scolaire des jeunes femmes et les stratégies qui sont mises
en œuvre pour maintenir les jeunes femmes à l’école.
3.5 Le recrutement
De juillet à septembre 2016, nous avons réalisé 19 entrevues individuelles d’une durée
moyenne d’une heure. Les entrevues se sont réalisées en fonction de la disponibilité des
répondantes, dans un café proche de leur domicile. Une compensation a été donnée aux
participantes pour défrayer le déplacement. Les entrevues avec les gestionnaires
d’établissements se sont tenues dans leur bureau.
Avant de débuter l’entrevue, nous avons expliqué brièvement le déroulement et nous avons
remis ensuite un formulaire de consentement que les jeunes femmes et les gestionnaires
ont signé. Avec l’approbation des jeunes femmes et des gestionnaires, nous avons procédé
à un enregistrement audio des entrevues. La transcription des entrevues s’est faite au fur et
à mesure que les entrevues se sont réalisées. La codification des entrevues a été réalisée à
l’aide du logiciel de traitement des données qualitatives QDA Miner.
Les difficultés qui ont été rencontrées sont lors du recrutement des répondantes, sur le
terrain. L’école où les recrutements devaient se faire ne disposait pas de base de données
des jeunes femmes qui ont abandonné les études au niveau secondaire. Elle disposait des
informations nominatives liées aux élèves inscrites et à leurs parents. Aucune donnée ne
portait sur le dossier scolaire des élèves, dont la poursuite ou l’abandon des études. Donc,
on y allait au hasard avec les numéros de téléphone qui ont été fournis par le directeur de
l’école, mais la plupart étaient encore aux études, ce qui nous a conduits à procéder par la
méthode de boule de neige.
Lors des entrevues certaines répondantes ont été plus à l’aise de s’exprimer avec la langue
nationale du Sénégal qui est le wolof, pour répondre aux questions, étant donné qu’elles
ont abandonné les études, très tôt. Donc on a fait la transcription des certaines entrevues,
du wolof au français.
Les rendez-vous avec certains gestionnaires n’ont pas été faciles à prendre, ça prenait du
temps environ un mois et demi avant d’avoir une réponse pour la date du rendez-vous.
Chapitre IV : Les motifs de l’abandon scolaire au secondaire des jeunes femmes
sénégalaises selon les répondantes
Dans le cadre de notre recherche, nous avons pris en compte deux types de profils, les
répondantes, qui sont les femmes qui ont abandonné les études et les gestionnaires d’écoles
qui luttent pour maintenir les jeunes femmes à l’école. La récolte des données auprès des
décrocheuses sur le phénomène de l'abandon scolaire est une stratégie pertinente, car ces
jeunes femmes sont les mieux placées pour expliquer leur vécu scolaire.
La présentation des résultats s’opèrera par profil. Dans le présent chapitre, nous présentons
les données concernant la première partie de l’entrevue qui tente de comprendre les motifs
des femmes qui ont abandonné́ leurs études au niveau secondaire. Dans le chapitre suivant,
il sera question de voir quelles sont les perceptions et les pistes de solutions que les
gestionnaires ont mises en place pour maintenir les femmes à l’école.
34
4.1 Les motifs économiques
Plusieurs motifs ont été recensés, pour expliquer le départ prématuré des femmes de l'école.
Par ordre d’importance, nous allons analyser les motifs qui sont ressortis lors des entrevues
avec les jeunes femmes. Ces motifs sont de quatre ordres : économique, familial, personnel
et scolaire.
Le Sénégal est un pays en voie de développement. Le revenu mensuel moyen par habitant
s'élève à 87 $, soit 1 040 $ par habitant et par an112. Lors de mes entrevues, huit répondantes
ont abandonné les études, car elles n’avaient plus le soutien financier de leurs parents, ou
tuteurs ou frères, qui n’arrivaient plus à leur payer les frais de scolarité. Certains parents
sont retraités, et d’autres occupent de petits boulots à faible revenu.
4.1.1.1 Le faible revenu des parents et leur faible niveau de scolarité source de
handicap à avoir un emploi bien rémunéré
Le revenu du ménage et le niveau faible de scolarité des parents sont des facteurs dominants
qui empêchent les jeunes femmes de poursuivre leurs études. Au moment des entrevues
avec les répondantes, on a pu constater que le revenu des parents était vraiment faible. La
plupart des pères avaient des emplois à faible revenu. La plupart des mères ne travaillaient
pas, elles étaient soit des femmes de ménage ou des commerçantes. En effet, la plupart des
parents n’ont pas fait de hautes études, alors que c’est souvent les personnes les plus
instruites qui occupent généralement un emploi bien rémunéré. On peut dire que le motif
qui ressort le plus dans les entrevues est le manque de moyens des parents.
La plupart des répondantes ont souligné avoir arrêté les études, car leurs parents ne
pouvaient plus payer leurs études. Lorsque le revenu des parents est faible, il y’a moins de
chance que la jeune femme reste à l’école. La plupart des mères qui ont une faible
Voici un extrait d’entrevue qui vient illustrer que le faible revenu des parents est un
handicap à la poursuite des études :
Répondante a :
« Mes parents, ne pouvaient plus me payer les études, après j’ai arrêté, c’est la raison pour
laquelle j’ai arrêté les études ».
Pour Langevin114, le facteur le plus constamment retrouvé au sein des familles des
décrocheurs est d'ordre socioéconomique: familles démunies sur les plans économiques et
culturels. Il semble aussi que le taux de sous-scolarisation de la famille soit un des éléments
qui conduisent à l'abandon prématuré́ des études115. Selon Langevin116, chez les 16-17 ans,
on retrouve 16 % de décrocheurs parmi les familles pauvres et 8,5% parmi les autres classes
sociales. Deux caractéristiques sont associées à ce type de famille : une faible scolarisation
(0 à 8 années de scolarité́ ) du chef de famille (21,5 %) ou de son conjoint (23,9 %) ainsi
qu’une survie financière assurée dans 21,3 % des cas par des revenus de transfert tel que
la sécurité́ du revenu. Il existe donc un lien étroit entre scolarité́ et emploi des parents,
113 Unicef. (2005 avril 14). Briser l’engrenage : l’éducation des filles au Sénégal. Récupéré à :
https://www.unicef.org/french/education/senegal_26018.html
114
Langevin, L. (1992). Abandon scolaire : dépistage et prévention. Vie pédagogique, 80, 18-20
115 Larue, A. et Chenard, P. (1992). L'état de la scolarisation en Abitibi-Témiscamingue. Rapport explica
116 Langevin, L. (1999). L’abandon scolaire. On ne naî t pas décrocheur! Outremont, Les Éditions logiques,
379 pages
revenu de la famille et décrochage scolaire. Selon le Conseil scolaire de l’Île de
Montréal117, « la famille dirigée par une personne sans études secondaires risque trois fois
plus d’être pauvre que la famille dirigée par un diplômé́ universitaire ». Tout en sachant
que le niveau de scolarité des parents des répondantes de la présente étude n’atteint pas
majoritairement le niveau secondaire, la possibilité d’avoir un emploi bien rémunéré est
très réduite. Selon Lévesque118, les bas salaires étant associés à une faible scolarité́ , le
niveau d’instruction affecte le revenu pendant toute la carrière de l’individu. Le rôle capital
joué par le niveau d'instruction des parents dans la scolarisation des enfants apparaît de
manière très nette au Sénégal. Dans ce pays, la probabilité d'être scolarisée est 5,8 fois
supérieure pour les filles dont les deux parents ont été scolarisés, par rapport à celles dont
aucun des parents n'a été scolarisé.
À Dakar, dans les ménages dont le chef de ménage n’est pas instruit 44 % des enfants âgés
de 6 à 15 ans appartenant à des ménages pauvres ne vont pas à l’école, contre 15 % dans
les autres catégories sociales. Même lorsque le chef de ménage est instruit, environ 17%
des jeunes de 6 à 15 ans des ménages pauvres ne sont pas scolarisés, alors que les enfants
d’origines sociales aisée et intermédiaire sont quasiment tous scolarisés. La discrimination
concernant les filles touche surtout celle appartenant à un ménage pauvre dont le chef de
famille n’a pas été scolarisé ou n’a suivi que des études primaires (respectivement 53 % et
45 % des filles appartenant à des ménages de ces catégories ne vont pas à l’école119). Selon
Lévesque120, l’instruction constitue « l’un des plus importants facteurs du développement
social en général et de réduction des inégalités économiques et sociales en particulier ». Si
l’éducation permet l’acquisition de compétences essentielles permettant à l’enfant de faire
face, de manière pratique et efficace, aux défis de la vie moderne, sa rentabilité reste
cependant liée aux conditions de survies des enfants121.
117 Conseil scolaire de l’Île de Montréal. (1991). Les enfants de milieux défavorisés et ceux des communautés
culturelles, (Mémoire au ministre de l’Éducation sur la situation des écoles des commissions scolaires de l’Île
de Montréal.
118 Lévesque, M. (1979). L’egalite des chances en education, p 43. Considerations theoriques et approches
́ ́ ́ ́ ́
empiriques, Conseil supérieur de l’éducation, Québec..
119 Daffé, G., & Diagne, A. (Eds.). (2008). Le Sénégal face aux défis de la pauvreté : les oubliés de la
Le faible revenu des parents est un frein à la scolarité des femmes. Dans les entrevues, il y
a certaines répondantes qui ont abandonné les études pour pouvoir travailler et avoir de
l’argent afin de pouvoir régler les problèmes financiers des parents ; soit elles deviennent
des petites commerçantes, soit elles travaillent comme femme de ménage.
Selon l'Unicef, les enfants travailleurs sont « des enfants qui, pour leur propre survie ou
pour le compte de tiers, sont obligés de se livrer à des activités génératrices de
revenus122 ». Il existe deux sortes de travail des enfants. On établit une distinction entre le
travail des enfants dans « l'activité domestique », qui correspond aux tâches ménagères
assumées par l'enfant pour le fonctionnement de l'unité familiale, et le travail des enfants
qui est plutôt orienté vers la recherche d'un gain monétaire concourant à la production de
biens et de services, qui implique une part plus ou moins grande d'abus et d'exploitations123.
En Afrique, plus précisément en Afrique de l'Ouest, le travail des enfants consiste le plus
souvent pour les jeunes filles à être domestiques ou commerçantes ambulantes124.
L’activité des jeunes femmes pour subvenir à ses besoins est très variée : il y a par exemple
une très grande différence entre l’épouse d’un pauvre paysan du Baol dont l’unique activité
peut se limiter à vendre quelques condiments ou la revendeuse de cacahuètes ou de fruits
des carrefours, ou la restauratrice, et la cheffe d’entreprise, la grossiste importatrice de
denrées diverses des plus grands marchés des villes du pays, la professeure d’université ou
la ministre125.
féminines dans le bassin arachidier : l'exemple de Diourbel, p 11. (Doctoral dissertation, Université Michel de
Montaigne-Bordeaux III).
Une de nos répondantes nous explique les motifs de son abandon scolaire :
Répondante b : « Donc, je peux dire que je n’avais pas les moyens, je ne vivais pas avec
mes parents. Mais, je vivais avec ma tante, elle souhaitait que je continue les études, mais
elle n’avait pas les moyens, donc j’étais obligée de laisser l’école, parce que quand je suis
rentrée au secondaire, les fournitures étaient très chères, et elle ne travaillait pas, donc, elle
m’obligeait, donc, de me donner des choses à vendre des cacahuètes grillées, et si ça se
vendait, je pourrais acheter des livres, ou autres choses, ou des habits à porter, tout ça. Et
malheureusement, son fils ne travaille pas aussi, on vivait tous dans la pauvreté, c’est ce
qui m’a beaucoup touché, c’est pour ça, j’ai aussi laissé l’école, pour chercher quelque
chose pour l’aider, vu que je ne vivais pas avec mes parents ».
Au Sénégal, la plupart des jeunes femmes vendent devant la maison des cacahuètes qui est
une gourmandise très appréciée (grillées, sous forme de pralines entourées de sucre
caramélisé). Les arachides sont grillées sur place; pour cela, la marchande utilise un
fourneau à charbon sur lequel elle pose un récipient à fond bombé rempli de sable propre
et tamisé. Elle fait tremper les arachides dans de l'eau salée, puis elle les enfouit dans le
sable chaud. Quand les arachides sont croquantes, elle les tamise avec une écumoire. Elle
les vend en utilisant des pots-mesures : boîte de thon ou verre à thé126. Ces activités
commerciales génératrices de revenus se répètent chaque jour et permettent à la jeune
femme de satisfaire ces besoins. Toutefois, elles peuvent la pousser à quitter l’école, car
c’est une occupation qui peut prendre cinq heures par jour, l’empêchant de faire ses devoirs
scolaires à la maison.
Dans d’autres situations, les parents vieillissants n’ont plus la force de travailler pour faire
vivre la famille. Il incombe alors à la fille aînée la responsabilité de prendre en charge la
famille, ce qui la conduit à chercher du travail rémunéré. Une part importante de cette
population jeune, nombreuse, peu instruite et féminine, loue ainsi leurs forces dans le
Cette section nous permettra de présenter les conditions de vie au sein de la famille qui
handicapent les jeunes femmes dans la poursuite de leurs études. Parmi un ensemble de
facteurs familiaux liés à la réussite scolaire (revenu, structure, taille de la famille, attentes
parentales, etc.), la scolarité des parents reste celle qui est associée le plus largement à la
performance académique à l'école élémentaire132.
127 Gassama, A. (2005). Les marchés du travail domestique au Sénégal. Innovations, no 22, (2), 171-184.
doi:10.3917/inno.022.0171.
128 Employée de maison, bonne à tout faire en wolof
129 Code du travail sénégalais, convention collective sur les « employés de maison »
130 Thioye, T, N. (2015). La scolarisation des filles à l’ère des reformes ´éducatives au Senegal. Science
doi:10.3917/inno.022.0171.
132 Sow, F. (2009). La recherche féministe francophone. Langue, identités et enjeux. KARTHALA Editions. p
473. Récupéré à:
https://books.google.ca/books?id=jx7cVADRwjcC&pg=PA473&lpg=PA473&dq=Parmi+un+ensemble+de+fa
cteurs+familiaux+li%C3%A9s+%C3%A0+la+r%C3%A9ussite+scolaire&source=bl&ots=VTwD1yr36n&sig=gf
GKa9qWgrmRLIDWfMJlVDeqvzE&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjgo-
iW8qvYAhUl4YMKHXBWCKUQ6AEINjAC#v=onepage&q=Parmi%20un%20ensemble%20de%20facteurs%
20familiaux%20li%C3%A9s%20%C3%A0%20la%20r%C3%A9ussite%20scolaire&f=false
4.2.1 Capital scolaire des parents
La plupart des jeunes femmes rencontrées en entrevue ont soit des parents analphabètes ou
des parents qui ont une faible scolarité. En effet, parmi les répondantes, on dénombre six
parents analphabètes, deux parents qui ont arrêté au niveau collégial (premier cycle du
secondaire)133, dix parents qui ont arrêté au niveau primaire dont deux au niveau au niveau
du CM2134, quatre ont arrêté au niveau secondaire et il y’a deux qui sont allés jusqu’à
l’université. La faiblesse de niveau d’étude des parents rend quasiment impossible la
supervision des travaux scolaires de leurs filles.
Répondante c : « J’avais de mauvaises notes en classe, car j’avais des difficultés à faire
mes devoirs toute seule à la maison. Je n’avais personne pour m’aider. Même pour réciter
mes leçons, mon père ne comprenait rien, ce qui faisait que je n’avais vraiment pas de
bonnes notes en classe ».
Différentes études menées par l’Unicef soulignent que les parents ont un rôle déterminant
pour favoriser la réussite scolaire de leurs filles135. En outre, parmi les caractéristiques
familiales, le niveau de scolarité des parents est le facteur qui semble prédire la plus grande
partie de la variance dans la performance de l'élève136.
Sèvres, mis en ligne le 25 novembre 2011, consulté le 19 septembre 2017. URL : http://ries.revues.org/1949;
DOI : 10.4000/ries.1949
136 Bacon, A. (2002). Relation entre les caractéristiques familiales et la participation parentale à la réussite
scolaire des adolescents, p 89. (Mémoire de recherche, Maîtrise en éducation, Université du Québec à Trois-
Rivières, Canada). Récupéré à : http://depot-e.uqtr.ca/2539/1/000686362.pdf
Pour Pierre Bourdieu, la famille est « l’un des lieux par excellence de l’accumulation du
capital sous ses différentes espèces et de sa transmission entre les générations »137, cette
transmission qui compte beaucoup pour la réussite scolaire de l’enfant. De ces propriétés
du capital culturel, on peut déduire quelques aspects des modalités de sa transmission d'une
génération à l'autre, c'est-à-dire aussi des rapports entre générations à l'intérieur de l'unité
domestique. La sociologie de l’inégalité des chances de Raymond Boudon nous enseigne
que l’héritage culturel joue un rôle important dans la reproduction des inégalités sociales
devant l’enseignement et que cette influence de l’héritage culturel joue un rôle d’autant
plus important au jeune âge138.
Les stratégies de reproduction des familles dont le patrimoine est à dominante culturelle et
qui visent, comme les autres familles, à sauvegarder ou à améliorer leur position dans
l'espace social impliquent la transmission la plus précoce possible de ce patrimoine à
chacun des enfants. Elle s'opère, pour l'essentiel, en dehors de toute volonté explicite de le
transmettre, par l'effet éducatif qu'exerce le capital culturel objectivé intégré à
l'environnement familial et par toutes les formes de transmission implicite liées à l'usage
de la langue, qui contribuent à la construction sociale des habitus139.
Le capital culturel des parents joue un rôle déterminant, selon une enquête régionale
réalisée au Saguenay–Lac-Saint-Jean par le Groupe ÉCOBES140141, la scolarité du père et
celle de la mère permettent de prédire les aspirations scolaires des élèves du secondaire.
Selon Houle, il apparaît que les élèves dont les parents s’intéressent à leurs études et
devoirs, qui discutent souvent avec leur enseignant, qui reconnaissent l’importance des
études et de la persévérance scolaire sont plus susceptibles de réussir et de poursuivre leurs
137 Jourdain, A. & Naulin, S. (2011). Héritage et transmission dans la sociologie de Pierre Bourdieu. Idées
économiques et sociales, 166 (4), 6-14.doi :10.3917/idée.166.0006
138 Boudon, R. L’inégalité des chances, Editions Pluriel, pages 93, 96,97, 98
139 Mauger, G. (2002, 1 Mars). Capital culturel et reproduction scolaire. Repéré à
https://www.scienceshumaines.com/capital-culturel-et-reproduction-scolaire_fr_12504.html
140 Le Centre d’Étude des COnditions de vie et des BESoins de la population (ÉCOBES) est un organisme
scolaires, conduites sociales et vécu psychoaffectif. Faits saillants de la phase 2 de l’Enquête régionale 1997
: « Aujourd’hui, les jeunes du Saguenay–Lac-Saint-Jean ». Jonquière, Groupe ÉCOBES, Cégep de Jonquière,
38 pages.
études142. Selon Langevin, l’importance accordée aux études diminue selon la scolarité des
parents. « Les enfants dont le père possède huit ans et moins de scolarité risquent trois fois
plus d’abandonner que ceux dont le père a complété son secondaire »143.
Dans plusieurs sociétés, l’aide aux devoirs est une responsabilité qui incombe
majoritairement aux mères. Par exemple, au Québec, les mères assument l’aide au devoir
dans une proportion de 62,9 %, cette tâche est partagée à peu près également avec le père
dans 29 % des cas, et les pères en assument la responsabilité première dans seulement
6,9 % des cas 144.
Dans la présente étude, la majorité des répondantes sénégalaises ont eu des mères
analphabètes ou dont les études se limitent au niveau élémentaire, ce qui peut souligner le
non-suivi scolaire et la non-implication des parents dans les études de la fille, conduisant à
l’abandon des études. L'Afrique est le seul continent où plus de la moitié des parents ne
sont pas en mesure d'aider leurs enfants à faire leurs devoirs à cause de l'analphabétisme145.
En règle générale, les femmes sont les plus touchées par l’analphabétisme dans les pays en
voie de développement et le Sénégal n’échappe pas à la règle. Dans ce pays, les résultats
de l’Enquête démographique et santé (EDS IV, 2005, p. 28) montrent que seulement un
tiers des femmes (35 %) sont considérées comme alphabétisés, alors que près des deux tiers
des hommes le sont. Autrement dit, la proportion de femmes analphabètes est pratiquement
une fois et demie plus élevée que celles des hommes (65 % contre 44 %) (p 16)146.
L’enquête Information et vie quotidienne (IVQ) réalisée par l’INSEE en 2004, par
exemple, montre que le niveau d’études de la mère est un des facteurs les plus déterminants
142 Houle, C. (2011). L’influence de la famille sur la réussite scolaire. École branchée. Récupéré à :
http://ecolebranchee.com/2011/06/22/linfluence-de-la-famille-sur-la-reussite-scolaire/
143 Langevin, L. (1992). « Abandon scolaire : dépistage et prévention », p 42. Vie pédagogique 80; 18-20.
144 Ministère de la famille. (2015). Les familles au Québec en quelques chiffres, Québec, Gouvernement du
programmes d’alphabétisation des femmes au Sénégal: mythe ou réalité (Doctoral dissertation, University of
Geneva).
sur les compétences de l’enfant, alors que celui du père a plus d’influence sur son niveau
scolaire147.
Au Sénégal, c’est le père, chef de famille, qui aide les enfants à faire les devoirs, car ils ont
des études plus poussées que les mères, tout en sachant qu’en connaissant bien les rouages
du système éducatif, les titulaires d’un capital culturel élevé réussissent plus facilement à
apporter une aide aux devoirs plus efficace.
La plupart des répondantes interviewées n’ont pas été encadrées par les parents lors des
devoirs à faire à la maison, car les parents n’ont pas fait de hautes études. En outre,
l’alphabétisation des parents joue un rôle non négligeable sur la réussite scolaire des
enfants.
L’Unesco propose de considérer comme alphabétisé tout individu qui a au moins complété
le cycle fondamental, donc toute « personne capable de lire et écrire, en le comprenant, un
exposé simple et bref de faits en rapport avec sa vie quotidienne ». Est
« fondamentalement » alphabétisée une personne capable d’exercer toutes les activités
pour lesquelles l’alphabétisation est nécessaire dans l’intérêt du bon fonctionnement de son
groupe et de sa communauté et aussi pour lui permettre de continuer à lire, écrire et calculer
en vue de son développement et de celui de la communauté »148 . Les parents n’ayant pas
obtenu de diplôme secondaire, et à faible revenu ou en situation de précarité économique,
auraient plus de difficulté à transmettre de bonnes habitudes scolaires. Ainsi, les
décrocheurs proviendraient plus souvent de ces familles 149.
Tant au Québec que sur le plan international, les études150 montrent que l’implication des
parents dans le parcours scolaire de leur enfant favorise non seulement sa réussite scolaire,
147 Feyfant, A. (2011). Les effets de l'éducation familiale sur la réussite scolaire. Dossier d'actualité Veille et
analyses, (63), 1-13.
148 Diallo, K, T. (2001). L’influence des facteurs familiaux, scolaires et individuels sur l’abandon scolaire des
filles en milieu rural, de la région de Ségou (Mali), (Thése de doctorat, Université de Montréal, Canada), p 24.
Récupéré à : http://www.rocare.org/TheseKouraDiallo_scofi_mali.pdf
149 Fédération Automne de l’Enseignement. (2014). Les conséquences du décrochage scolaire des filles. Une
Une répondante interviewée explique qu’elle a abandonné les études parce qu’elle
s’occupait des tâches ménagères et n’avait vraiment pas le temps de faire ses activités
scolaires, ce qui l’amenait à avoir de mauvaises notes. Dès qu’elle revenait de l’école, elle
préparait le repas pour ses parents. Vu que sa mère est âgée, c’est elle qui s’occupe de la
maison, ce qui lui laisse peu de temps pour apprendre ses leçons et faire ses devoirs. Voici
un extrait de notre entrevue avec une des répondantes :
Répondante e : « […] comme je suis l’ainée de ma famille, je gère la maison (rire), et les
études et ce n’était pas compatible, car je manque de temps pour faire mes travaux
scolaires, d’où j’ai fini par abandonner les études ».
Au Sénégal, les activités domestiques des élèves filles sont : le nettoyage (balayage de la
maison, la vaisselle, la lessive) et la préparation de repas. Les conséquences néfastes des
travaux domestiques sur le rendement scolaire sont aussi perceptibles à travers les
déclarations de fatigue visibles dans le comportement des jeunes femmes. Le poids des
tâches effectuées dans le ménage contraint certaines filles à aller se coucher avant même
d’avoir révisé́ leurs leçons152. Une répondante déclare passer d’une à deux heures aux
travaux domestiques, durant l’école et plus de quatre heures les weekends.
Perrenoud, indique que « pour envoyer en classe un enfant capable de bien travailler, la
famille devrait lui assurer une discipline de vie, des horaires réguliers, une alimentation
« riche et équilibrée", des temps de sommeil suffisants »153. « Au Sénégal, dès qu'une fille
151 Nanhou, V., Desrosiers, H., & Belleau, L. (2014). La collaboration parent-école au primaire : le point de
vue des parents. Institut de la statistique du Québec p 1. Récupéré à:
http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/education/prescolaire-primaire/collaboration-parent-ecole.pdf
152 Konan, K. G. L., Virginie, T. G. L. T., & Konan, K. S. 4-. Travaux domestiques : perception, pratique et effet
sur le rendement scolaire des filles élèves à youpougon (Abidjan, Côte d’ivoire).
153 Perrenoud P. (1987). Ce que l’école fait aux familles : Inventaire », in MONTADON C. et Perrenoud P.
(dir), Entre parents et enseignants : un dialogue impossible ? Berne, Lang, 1994, Chapitre 3, PP 89-169 (2eme
édition augmentée, 1ere édition 1987).
est physiquement capable de faire des travaux domestiques, elle est enlevée de l'école »,
explique Aïssatou Dieng, qui travaille pour le ministre de l'Éducation nationale du Sénégal
et se spécialise dans l'éducation des filles. « Souvent les familles retirent les filles de l'école
dès l'âge de 10 ans pour les garder à la maison à travailler ou à aider leurs mères. C'est un
grand problème au Sénégal »154. Lorsque la jeune fille a la chance d’être inscrite à l’école,
les tâches domestiques qu’elle doit réaliser ne lui permettent pas de se consacrer à la
révision de ses leçons. En conséquence, ses rendements scolaires sont faibles et elle finit
par abandonner l’école.
Certaines jeunes femmes abandonnent les études volontairement, pour plusieurs motifs.
Au Sénégal, la coiffure est un métier qui rapporte de l’argent aux jeunes femmes qui la
pratiquent, car elle assure un travail salarié, ou la possibilité de devenir propriétaire d’un
salon de coiffure. Certains salons de coiffure exigent un diplôme de coiffure attestant les
compétences professionnelles, ce qui exige de suivre une formation en coiffure de moins
d’un an, pour pouvoir accéder au métier, ou bien se fier à ses « dons ». Il reste que la
coiffure est un travail physique exigeant.
Une de mes répondantes souligne qu’elle a arrêté les études, car elle aimait la coiffure, elle
n’était pas intéressée par l’école. Voici ces propos :
Répondante g : « J’adorais la coiffure (excitation) franchement c’est pour cela que j’ai
quitté l’école (rire) ». La répondante n’a pas trouvé l’école assez intéressante pour y rester,
elle a préféré aller vers la coiffure.
L’initiative de Plan Sénégal qui à travers son bureau régional de Thiès, le centre de
formation en coiffure de Séwékhaye offre une alternative aux jeunes filles qui ont
154Shryock, R. (2010). Les filles sénégalaises forcées d'abandonner l'école pour travailler comme aide
domestique. Récupéré à https://www.unicef.org/french/adolescence/senegal_56856.html
abandonné l’école dès le cours moyen pour s’adonner au petit commerce dans leur village,
aider leurs mères dans les tâches ménagères ou « monter sur Dakar » pour y exercer le
métier de domestique155, doit être exploité dans tout le Sénégal.
Selon Violette, les décrocheurs attribuent leurs difficultés scolaires aux quatre raisons
suivantes : 1) les méthodes d'enseignement et les attitudes des enseignants ; 2) leurs propres
155Diouf, O. (2007). Coiffure coupe et couture : La nouvelle occupation des filles de Ngoundiane. Récupéré
à: https://www.xibar.net/Coiffure-Coupe-et-Couture-La-nouvelle-occupation-des-filles-de-
Ngoundiane_a353.html
difficultés d’apprentissage : manque de concentration et de mémoire, meilleure aptitude
pour le travail manuel que pour le travail intellectuel; 3) leur manque d'effort ou leur
paresse; 4) un comportement délinquant qui les incite à n'avoir que du plaisir. En effet, le
comportement de l’enseignant, plus précisément, sa façon de se comporter en classe avec
ses élèves, joue sur l’abandon scolaire de certains156. Plusieurs auteurs Abrah157, Hyde 158
et Fleuret etc.159 concluent qu’en Afrique subsaharienne les comportements, les
expériences et l’engagement des enseignants sont les caractéristiques principales d’un bon
apprentissage. Au Sénégal, dans certaines classes, la violence verbale ou
psychologique entre élèves et enseignants est légion. Les élèves qui sont victimes de cette
forme de violence de la part des enseignants abandonnent l’école lorsqu’ils ne peuvent plus
supporter humiliations et critiques160.
Pour certaines répondantes, l’abandon des études est conséquent aux échecs scolaires. À
force de reprendre l’examen du baccalauréat, les jeunes femmes finissent par se décourager
et abandonner les études. En effet, dans la société sénégalaise, à partir de 16 ans et plus,
les jeunes filles sont appelées soit à se marier, ou à s’occuper des travaux domestiques ; les
échecs à répétition retardent le mariage.
En effet, il est démontré que l’abandon scolaire est une conséquence du redoublement162.
Le fait d’échouer plusieurs fois le même examen conduit à la démotivation et au manque
156 Violette, M. ( 1991 ). L'école... Facile d'en sortir, mais difficile d'y revenir. Enquête auprès de décrocheurs
et décrocheuses. Québec : Ministère de l'Éducation
157 Abrah, S., Beyenne, A., Dubale, T., Fuller, B. & Holloway, S. (1989). What Factors Shape Girls’School
Performance: Evidence from Ethiopia. International Journal of Educational Development. 11 (2); 107-180.
158 Hyde, K. (1993). Forum For African Women Educationalists (FAWE). Paper presented at the FAWE
http://portail-eip.org/SNC/eipafrique/senegal/violence.htm
161 Examen marquant la fin de la formation secondaire et donnant accès aux études universitaires.
162 Programme de développement des réseaux pour l’éducation en Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso,
Mali, Niger, Sénégal. (2010). Les déperditions scolaires, un frein à l’éducation en Afrique de l’ouest. Récupéré
à : http://www.bfc-international.org/IMG/pdf/prodere_guide_education_base.pdf
de confiance en soi qui mène à l’abandon des études. Aussi, certains parents n’ont pas les
ressources financières requises pour payer les redoublements.
En effet, Parker et Asher déclarent que la décision d'abandonner l'école résulte d'une longue
évolution et d'un cumul de frustrations engendrés par les échecs scolaires et par les
difficultés relationnelles avec les pairs163. Enfin, Benny et Frappier ajoutent un élément qui
peut correspondre à la réalité sénégalaise en soutenant que le décrochage ou l'abandon est
le résultat de souffrances multiples qui passent « de revers aux échecs, des échecs à la
marginalisation, de la marginalisation au rejet et du rejet à l'exclusion »164.
163 Parker, J. G., Asher, S. R. (1987). « Peer relations and later personal adjustment: Are low accepted children
at risk? » Psychological Bulletin, 102, 357-389. P 34
164 Benny, M., Frappier, J-Y. (1997). L'abandon scolaire. Extraits du PRO-ADO, vol #5. Publication officielle
Pour répondre à la question de recherche, il est aussi pertinent de recourir aux spécialistes
de l’éducation qui ont une vision plus large de l’abandon scolaire des femmes, afin de
mieux voir leurs perceptions et les actions mises en place pour le maintien des femmes à
l’école.
Répondant 1 : « Moi, je vais parler des causes de l’abandon scolaire, parmi ces causes,
nous avons ce qu’on appelle les violences, les violences, faites aux filles en milieu scolaire,
qui viennent en premier lieu. Parmi ces violences, nous avons, les violences qui
commencent de la maison, jusqu’à l’école. Donc c’est tous ces environnements qui
entourent la fille, qu’il faut donc assainir pour lui permettre d’accéder, de rester et d’avoir
de bonne performance au niveau de l’école. Il y a également les autres formes de violences,
165 Senghor, R, A. (2001). : préface « Guide de la vie scolaire », INFOMEN Bulletin spécial n°3.
par exemple, les infrastructures, si les infrastructures, ne sont pas adéquates, je donne
exemple tout simplement le cas des toilettes séparées, si les toilettes ne sont pas séparées,
une fille qui est en période de règle, peut ne pas pouvoir utiliser ces toilettes, de peur d’y
être retrouvée par les garçons, également c’est des lieux de viol, également, elles sont
sujettes à des viols de la part de leur père, de la part même du personnel, généralement le
personnel enseignant qui devient de plus en plus jeune, donc à peu près le même âge ».
Les violences de genre et les violences sexuelles en milieu scolaire ne sont pas une
exclusivité africaine; elles existent pratiquement dans tous les pays même s’il convient de
les démarquer et de les distinguer radicalement des agressions sexuelles dont sont victimes
les femmes dans une société donnée. Elles sont préoccupantes en Afrique subsaharienne,
dans la mesure où elles y sont associées aux obstacles à la scolarisation des filles et aux
facteurs d’inégalité entre les sexes166. Pourtant, dans la société sénégalaise, les cas de
violences sexuelles sont ses sujets tabous et, de ce fait, elles ne sont pas souvent dénoncées.
Au Sénégal, des différentes tranches d'âge, les femmes, très jeunes, jeunes et moins jeunes,
sont les plus nombreuses à être victimes des violences physiques et verbales ou
psychologiques de la part des hommes 167. Ces comportements vont du viol aux injures en
passant par le dénigrement. Si le milieu scolaire est un lieu de socialisation secondaire, il
reste que les VBG168 qui s'y produisent sont sous-tendues par les inégalités de genre. Dans
le contexte des inégalités entre les sexes, la vulnérabilité des femmes est liée à leur position
sociale subordonnée à celle des hommes. Ainsi la violence n'est pas un phénomène isolé,
puisqu’elle est étroitement liée aux normes, valeurs et pratiques socioculturelles dans la
famille; le tout transposé dans le milieu scolaire sénégalais169.
transposition des stéréotypes de genre d'un milieu de socialisation primaire dans un milieu de socialisation
secondaire, p 28. Récupéré à : https://mixite-violence.sciencesconf.org/conference/mixite-violence/boa_fr.pdf
168 VBG : violences basées sur le genre
169 Ba, A. Sall, D, F. Les violences basées sur le genre en milieu scolaire sénégalais : résultat d’une
transposition des stéréotypes de genre d’un milieu de socialisation primaire dans un milieu de socialisation
secondaire. Récupéré à: https://mixite-violence.sciencesconf.org/22271/document.
Plusieurs acteurs luttent contre les violences scolaires au Sénégal, particulièrement le
FAWE qui estime que, pour une transformation significative des relations de genre, il faut
que les filles participent aux efforts visant à éliminer la discrimination et les inégalités
auxquelles elles sont confrontées au sein de leurs écoles et de leurs communautés. Le
concept TUSEME (Exprimons-nous, en swahili) a été initié en 1996, à l’université de Dar
es-Salaam, en Tanzanie, et a été enrichi par le FAWE par l’ajout de composantes relatives
au genre dans l’éducation et aux aptitudes à la vie. L’initiative TUSEME a pour objectif
d’autonomiser les filles et de les aider à :
• identifier et comprendre les préoccupations qui entravent leur développement
social et académique;
• prendre des initiatives afin de résoudre les problèmes auxquels elles sont
confrontées.
Dans l’environnement créé par l’initiative TUSEME, les filles peuvent parler de leurs
problèmes et étudier les questions de genre qui se posent au sein de la société. Les sujets
portent, en particulier, sur la violence en milieu scolaire, le mariage précoce, les mutilations
génitales féminines et sur de nombreux autres thèmes170.
Les violences et abus sexuels à l’école figurent parmi les principaux freins à l’achèvement
de la scolarité des jeunes femmes, à cause des traumatismes générés et du manque de suivi
psychosocial, selon divers spécialistes et acteurs du système éducatif sénégalais.
L’école qui devait être considérée comme cadre protecteur a tendance aujourd’hui à être
considérée comme ‘‘un danger’’, du fait des cas de viols suivis de grossesse qui impliquent
souvent les enseignants171. Un gestionnaire de l’éducation nous parle brièvement de
170 Action Aid, Plan WARO, Save the Children Sweden WA et Unicef Wcaro. (2008).
Prise en charge de la violence en milieu scolaire, Initiatives modèles en Afrique occidentale et centrale. Trop
souvent en silence. Récupéré à https://www.unicef.org/wcaro/VAC_BestPractice_guide_fr.pdf
171 Agence de presse Sénégalaise. (2011, 5 Mai). Les violences et abus sexuels freinent la scolarité des
Répondant 2 : « Moi je pense notamment à la période de Wade, quand il est arrivé en 2000,
même si Wade a été critiqué sur plein de choses, au niveau de son bilan économique, au
niveau juridique, il a quand même fait passer beaucoup de lois qui ont protégé les filles. Il
y’a eu beaucoup de sanctions, par rapport à des abus sexuels, qui ont été commis sur des
enfants et qui ont été totalement impunis. Donc, les aspects législatifs sanctionnent
fortement les abus sur les jeunes filles, et même les adolescentes. Si je prends un peu le cas
du Bénin, aussi, l’une des principales causes d’abandon des filles à l’école, c’étaient les
enseignants qui harcelaient sexuellement les enfants dès l’enseignement primaire. Alors
arrivées au secondaire, comme les filles sont un peu plus développées et tout, et elles sont
victimes de ce harcèlement, ce qui fait qu’elles abandonnent. Un cas au Bénin, aussi, qui
était vraiment hallucinant, c’est à l’enseignement supérieur, au secondaire aussi, ça les
concerne aussi, moi j’ai eu des exemples concrets, où l’étudiante n’a pas sa note, parce que
l’enseignant ne veut pas la noter parce qu’elle ne voulait pas dire oui à ces avances. Donc,
les abus sexuels des enseignants vis-à-vis des filles sont très prononcés dans beaucoup de
pays africains ».
Selon, une gestionnaire de l’éducation, la violence sexuelle est un phénomène très répandu
dans le système éducatif sénégalais. Le gestionnaire dit « qu’à l’école cette violence est
réelle, malheureusement ils ne se sont pas encore mobilisés pour venir à bout de ce
phénomène ». Pourtant, les conséquences de ces agressions sexuelles ont un impact direct
sur la scolarisation des filles, car si elles ne tombent pas enceintes, elles risquent d’être
contaminées par le VIH/SIDA. « Je suis persuadée que certaines contre-performances des
filles à l’école sont liées à cette violence. Lorsque les enfants subissent des violences à
l’école, le problème de démotivation survient. Les filles s’absentent et quittent
définitivement l’école », déclare-t-elle.
La gestionnaire incrimine les croyances socioculturelles, qui sont, selon elle, les causes des
agressions sexuelles sur les filles. « Nos croyances n’accordent toujours pas à la femme
ses droits. L’école est considérée comme un lieu qui engendre la révolte et la désobéissance
chez les filles », explique-t-elle, un peu gênée172.
C’est la même tendance qui est observée au Bénin dans une étude publiée en 2004 où 77%
des filles scolarisées dans le secondaire pensent que des enseignants de leur école ont des
relations sexuelles avec des élèves173.
5.2 La pauvreté
Plusieurs études révèlent que les élèves issus de milieux socio-économiquement faibles
éprouvent plus de difficulté à l’école et accusent un retard scolaire plus marqué que ceux
provenant de milieux mieux nantis. Ces élèves risquent par conséquent d’abandonner
davantage l’école avant l’obtention de leur diplôme d’études secondaires174.
Répondant 3 : « Il y a également un autre aspect, qui n’est peut-être pas souvent ressorti,
c’est la pauvreté. La pauvreté, l’appartenance à un milieu défavorisé, qui fait que l’enfant
veut venir à l’école, mais souvent elle n’a pas les moyens qu’il faut pour venir à l’école,
face à une fille par exemple, qui est issue d’un milieu aisé, c’est difficile, voilà, je pense
que plus ou moins, ceux sont ces quelques facteurs qui peuvent bloquer l’éducation des
filles et leur pousser à l’abandon ».
Selon les statistiques de l’Unesco, en 2014, au Sénégal, les dépenses gouvernementales en
éducation étaient de 24,76 %175. Au Sénégal, l’État alloue le chiffre impressionnant de
33 % de son budget national à l’instruction et il prend en charge la construction des
172 Koffigan,E, A. (juillet, 21). Les éducateurs agressent sexuellement leurs élèves. Récupéré à :
https://www.crin.org/fr/biblioth%C3%A8que/archives-des-actualit%C3%A9s/senegal-les-educateurs-
agressent-sexuellement-leurs-eleves
173 Coulibaly, L, M. (2013). Les victimisations scolaires au Sénégal à l’épreuve de l’analyse de
genre. Recherches & éducations. Document 5, mis en ligne le 15 juillet 2013, consulté le 28 septembre 2017.
Récupéré à : http://rechercheseducations.revues.org/1564
174Bissonnette, S., Richard, M., & Gauthier, C. (2005). Interventions pédagogiques efficaces et réussite
scolaire des élèves provenant de milieux défavorisés. Revue française de pédagogie, 150(1), 87-141.
175 Institut statistique de l’UNESCO. Sénégal : Éduction et alphabétisation. Récupéré à :
http://uis.unesco.org/country/SN
bâtiments scolaires et le salaire des enseignants. L’éducation et la formation qui sont des
enjeux importants dans tout processus de développement constituent à cet égard une
priorité pour le Gouvernement qui y consacre plus de 30 % du budget de l’État.
5.2.2 Octroi de bourses pour encourager les filles à aller vers la science
Certains gestionnaires offrent des bourses aux filles pour les motiver à poursuivre les
études. Voici l’extrait d’un gestionnaire qui témoigne ces activités :
176Unicef. (2005). Au Sénégal, une école modèle recourt à des partenariats pour ouvrir les portes de l’école
aux filles. Récupéré à https://www.unicef.org/french/education/senegal_27298.html
177 Direction de la Planification et de la Réforme de l’Éducation. (2006). Élaboration d’un cadre de coordination
des interventions sur l’éducation des filles. Récupéré à : http://www.education.gouv.sn/root-
fr/upload_pieces/elaboration.pdf
Le projet FEMSA a été créé dans le cadre du FAWE en décembre 1995 afin d’accroître la
participation et la performance des filles en mathématiques, science et technologie dans
l’enseignement primaire et secondaire178. C’est un concours qui encourage les jeunes filles
à embrasser les filières scientifiques et à y réussir179.
à : http://xalimasn.com/le-concours-miss-mathematiques-et-miss-sciences-livre-ses-secrets/
180 Sonatel : Éducation : Scolarisation et maintien des filles à l’école, promotion de l’excellence, assistance à
À la lumière des résultats obtenus sur le terrain au niveau de l’abandon scolaire des femmes
au niveau secondaire au Sénégal, on constate qu’il y’a plusieurs facteurs qui empêchent les
jeunes femmes de poursuivre ces études. Le facteur le plus déterminant est certainement la
pauvreté, c’est-à-dire le manque de soutien financier pour étudier. Cependant, on constate
que les facteurs de l’abandon scolaire des jeunes femmes sont différents en fonction des
inégalités sociales. Sur le terrain, notre objectif était de voir quels sont les motifs de
l’abandon scolaire des jeunes femmes et les solutions qui ont été mis en œuvre pour contrer
cet abandon.
Les données récoltées sur le terrain sont différentes de ce que nous attendions. Nous avions
minimisé les problèmes financiers que rencontrent les jeunes femmes qui étudient à l’école
privée et leurs incidences sur la poursuite des études.
Du point de vue spécifique, les propos recueillis auprès des quatorze (14) répondantes nous
ont permis de voir que la pauvreté, les problèmes de familles sont ceux qui ressortent le
plus, dans notre analyse. En ce qui concerne les problèmes de familles, ceux qui
apparaissent le plus sont le manque de revenu des parents et la faible scolarité des parents.
Face à cette réalité, la question qui se pose est la suivante : pourquoi les parents envoient-
ils les filles à l’école privée s’ils ne sont pas certains de pouvoir assumer le paiement de
leur scolarité?
Les jeunes filles sénégalaises ont peu de possibilités d’occuper un emploi rémunéré durant
leurs études, outre durant les vacances scolaires où les filles vont travailler pour apporter
des ressources dans la famille. On a vu que ces emplois mènent à l’abandon scolaire,
Employées dans des conditions précaires, les femmes de ménage baignent dans un climat
où le respect de leurs droits humains n’est pas toujours garanti.
Par exemple, ce discours montre les raisons du travail des vacances scolaires des filles :
interrogée sur les motifs qui l’ont poussée à travailler, une parente de la jeune fille que nous
interrogions prend la défense et rétorque : « elle est soutien de famille, son père est (une
personne) handicapé et sa maman ne tire ses revenus que de l’agriculture. Et, vous devinez
aisément qu’en cette période de l’année, les stocks de vivres sont épuisés. Si elle ne
travaille pas, sa famille n’aura pas de quoi manger ».
Bref, la pauvreté et les problèmes de familles handicapent les filles à poursuivre les études.
Les violences sexuelles faites aux jeunes femmes les poussent à abandonner l’école.
L’exploitation sexuelle trouve ses causes profondes dans la pauvreté. La plupart de mes
répondantes ont abandonné les études à cause de la pauvreté, donc elles se retrouvent
souvent victimes de violences sexuelles.
La violence sexuelle a des effets dramatiques sur le bien-être psychologique des enfants et
elle a des conséquences négatives sur leur confiance personnelle, ouvrant ainsi la voie à la
dépression. Elle a aussi des répercussions sur le futur comportement sexuel de l’enfant (les
victimes de la violence sexuelle étant plus exposées aux comportements sexuels à risque à
un âge prématuré) et sur la santé de l’enfant (risque d’infections sexuellement transmises
et d’infection par le VIH181). Pour les filles, les grossesses précoces non désirées sont une
des graves conséquences des abus sexuels et elles peuvent être préjudiciables à la santé de
la mère et de l’enfant et compromettre sérieusement leur formation scolaire182.
6.2 Recommandations
181
Le virus de l'immunodéficience humaine
182Unicef, Plan Afrique de l’Ouest, Save the Children Suède en Afrique de l’Ouest et ActionAid. (2010). Trop
souvent en silence : Un rapport sur la violence en milieu scolaire en Afrique de l’Ouest et du centre, p 6.
Récupéré à : https://www.unicef.org/wcaro/VAC_Rapport_fr.pdf
• la dimension pédagogique avec le soutien scolaire;
• la gestion des situations d’enseignement, apprentissage, car si ces situations
d’enseignement apprentissage n’intègrent pas bien la dimension genre, on aura des
difficultés à voir des classes équitables, donc il est important d’intégrer la
dimension genre;
• la dimension socioéconomique : la réduction des coûts de scolarité, car les coûts
influent négativement sur le maintien des filles;
• un autre gestionnaire recommande la synergie des actions, car les actions
individuelles ne portent pas fruit.
183 Traoré, K, P. (2010). Pour maintenir les filles à l’école : Les enseignants préconisent l’introduction de
l’éducation sexuelle dans les programmes. Récupéré à http://seneweb.com/news/Societe/pour-maintenir-les-
filles-a-l-rsquo-ecole-les-enseignantes-preconisent-l-rsquo-introduction-de-l-rsquo-education-sexuelle-dans-
les-programmes_n_37380.html
Conclusion
Cependant il est pertinent de voir que certains gestionnaires ont souligné que certaines
jeunes ont abandonné les études parce qu’elles se faisaient violer par des enseignants. Le
viol des jeunes femmes, par les enseignants ou autres, n’a pas été souligné par mes
répondantes, lors des entrevues, alors que c’est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre et
de salives.
Le dernier aspect que nous tenons à soulever est la question du chômage en Afrique, au
Sénégal notamment. Il est clair qu’il n’est pas motivant pour les jeunes femmes de voir
leurs aînés qui ont fini leurs études se retrouver face à des difficultés d’insertion
professionnelle. Le nombre important de femmes sans emploi au Sénégal est aussi un
aspect qui amène les populations, les parents notamment et les filles à accorder peu
184 Gueddari, K. (2015). L’abandon scolaire en milieu rural marocain : une analyse interactionniste du point
de vue des familles. (Mémoire de Master, Université de Montréal). Récupéré à :
https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/13792/Gueddari_Khalid_%202015_m%C3%A
9moire.pdf?sequence=4
185 Unicef. (2005). Briser l’engrenage : l’éducation des filles au Sénégal. Récupéré à :
https://www.unicef.org/french/infobycountry/senegal_26018.html
60
d’importance à l’école186. Il serait intéressant de porter un regard dans ce sens pour voir
quelles sont les solutions que les gestionnaires ont mises en place pour réduire le taux de
chômage des femmes au Sénégal.
186Niang, T, N. (2006). La scolarisation des filles dans le cycle élémentaire au Sénégal 1817-2006, Approche
historique et sociologique (Mémoire de DEA, Université de Genève, Suisse). Récupéré à http://www.fastef-
portedu.ucad.sn/cuse/cr/memthes/ndeye%20tening%20niang.pdf
Bibliographie
Abrah, S., Beyenne, A., Dubale, T., Fuller, B. & Holloway, S. (1989). What Factors Shape
Girls’School Performance: Evidence from Ethiopia. International Journal of
Educational Development. 11 (2); 107-180.
Action Aid, Plan WARO, Save the Children Sweden WA et UNICEF WCARO. (2008).
Pise en charge la violence en milieu scolaire Initiatives modèles en Afrique occidentale
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Annexe A : Guide d’entrevue pour les jeunes femmes
Bonjour,
Merci beaucoup d'avoir accepté́ de participer à cette étude qui vise à analyser l’abandon
scolaire des jeunes filles du niveau secondaire au Sénégal. Il n'y a pas de bonnes ou de
mauvaises réponses. Tout ce que tu diras, demeure confidentiel. Comme tu pourras le
constater en lisant le formulaire de consentement, il sera impossible de retracer le nom des
participants. Cette entrevue comprend des questions qui te permettent de t'exprimer
librement.
Avant d’amorcer l’entrevue, nous avons besoin que tu lises le formulaire de consentement.
Tu es encore libre après la lecture de ce formulaire d'accepter ou de refuser de participer à
l’entrevue, sans encourir aucun inconvénient. Ton acceptation à répondre aux questions
témoigne de ton consentement à participer à la présente recherche.
Information scolaire
I : En quelle année avez-vous abandonné les études ?
I : Quel genre d’élève étiez-vous à l’école ?
I : Quelle filière avez-vous suivi au niveau secondaire ?
I : Ok, dans quelles matières réussissiez-vous le mieux ?
I : Dans quelles matières aviez-vous eu beaucoup de difficultés ?
I : Ok, quels étaient vos résultats scolaires à l’école ?
76
I : Les plus mauvaises notes que vous aviez dans vos devoirs ou moyenne générale,
c’étaient combien ?
I : Ah, oui, et quelles étaient vos meilleures notes à l’école ?
Encadrement familial
I : Ok, avec qui viviez-vous avant d’abandonner l’école?
I : Quels sont les personnes qui surveillaient vos travaux scolaires à la maison ?
Relation sociale
I : Pouvez-vous me décrire vos amies que vous fréquentiez quand vous étiez au secondaire?
Persévérance scolaire
I : Qu’est-ce qui pourraient vous motiver à reprendre vos études ?
I : Quel est votre plus grand rêve ?
Données sociodémographiques
I : D’accord, en terminant l’entrevue, j’aimerais te poser quelques questions sur ta situation
actuelle :
• Quel âge avez-vous ?
• Statut matrimonial ?
• Vous avez combien de frères et sœurs dans votre famille ?
• Vous habitiez où au moment où vous avez abandonné les études ?
• Quelle est la distance entre votre maison et l'école au moment où vous avez suivi
les cours ?
• Quelle école avez-vous fait votre entrée au niveau secondaire ?
En conclusion
I : Nous avons fait le tour de mes questions, Souhaites-tu ajouter autres choses avant de
terminer l’entrevue ?
Bonjour,
Dans le cadre de mon mémoire, j’effectue une recherche sur l’abandon scolaire des jeunes
femmes. L’objectif de cette étude est d’analyser les causes et les conséquences de
l’abandon scolaire des jeunes femmes, au niveau secondaire au Sénégal. L’entretien vise
à obtenir de l’information sur les pistes de solutions où les mesures qui ont été mises en
place par les acteurs de l’éducation pour lutter contre l’abandon scolaire des jeunes femmes
au Sénégal. L’entretien durera environ 2 heures.
I : Est-ce que vous avez d’autres questions avant qu’on ne débute l’entrevue ?
I : Est-ce que je peux commencer ?
Questions :
I : Quels sont vos perceptions sur l’abandon scolaire des jeunes femmes au niveau
secondaire au Sénégal, en tant qu’acteur de l’éducation ?
I : Quels sont les activités que votre structure mène afin de lutter contre l’abandon scolaire
des jeunes femmes au Sénégal ?
79
I : Selon vous quels sont les moyens concrets qui ont été mis en œuvre par les acteurs pour
contrer l’abandon scolaire des jeunes femmes au niveau secondaire ?
I : Selon vous quelles sont les stratégies que les gestionnaires doivent déployer pour
maintenir les jeunes femmes à l’école ?
Données démographiques
Prénom :
Nom :
Structure :
Fonction :
Sexe : Féminin