Le role politique du commandement indigène au Sénégal

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Deuxième partie

Le rôle politique du commandement indigène


Dr Gana Fall
1) Rôle militaire du commandement indigène
durant la conquête coloniale du Sénégal
•La conquête coloniale n’a jamais été une guerre
opposant des troupes blanches d’une part à des
troupes noires ; d’autre part, non seulement les
armées régulières coloniales étaient formées
d’Européens et d’Africains (tirailleurs, spahis,
marins) mais encore l’administration coloniale a
toujours fait appel à des auxiliaires noirs,
mobilisés et commandés par des chefs Indigènes.
Durant la conquête coloniale du
Sénégal
•Au- delà de la puissance technique matérielle,
les guerres coloniales apparaissent surtout
comme des guerres expéditionnaires et
d’effectifs. Faidherbe beaucoup plus que sur
les troupes régulières noires peu nombreuses
au début, semble avoir compté sur les sbires
pour renforcer les colonnes en opération.
Le recours à des troupes civiles pour
combattre les résistants.
• Dès 1859 avec la constitution du walo, Faidherbe
imposa à tous les hommes(libres ou captifs) âgés de
plus de vingt et un (21) ans, d’entretenir un fusil en
bon état et de se tenir prêts sur réquisition du
gouverneur.
• Sur instruction des officiers français, tous les chefs
soumis, mobilisèrent leurs troupes et
accompagnèrent les forces régulières pour
combattre un royaume frontalier.
Rôle militaire du commandement indigène
durant la conquête coloniale du Sénégal
•D’après les calculs faits par Yves Saint-Martin, ces
dispositions permirent à Faidherbe, de mobiliser, le cas
échéant, des effectifs considérables : 1500 hommes
dans la campagne de juillet- décembre 1857 contre les
hommes d’Al hadj Omar, qui aboutit à la levée du
blocus de Médine ; 6 000 hommes (dont 2 000
cavaliers) d’octobre à décembre 1865 dans les
campagnes du Rip et du Saloum.
Recours aux troupes civiles pour combattre les
résistants au Sénégal.
•Les premiers auxiliaires combattant
avec les troupes régulières vinrent des
Quatre Communes accompagnant
Faidherbe entrainant la soumission du
Walo en 1855 après le Fouta en 1854 à
Dialmath.
Recours aux troupes civiles pour combattre les
résistants au Sénégal
les troupes auxiliaires cette fois ci,
renforcées de Walo-Walo et de Toucouleurs
aux côtés des tirailleurs menèrent des
expéditions destinées à la conquête des
États du Sud permettant de relier Saint-Louis
à Dakar après l’annexion du Cayor en 1864.
Amadou Cheikhou est vaincu par les
Français soutenu par Lat Dior à la bataille de
Samba Sadio en février 1875.
Rôle militaire du commandement indigène
durant la conquête coloniale du Sénégal
• La Casamance est conquise à la suite d’expéditions
répétitives débarquant chaque fois un nombre
impressionnant d’auxiliaires venus des Quatre Communes
s’appuyant sur place sur les troupes commandées par le
chef du firdu Moussa Molo, ce qui permit la liquidation des
résistants comme Fodé Kaba Doumbouya, acculé dans son
Tata de Madina en 1901. Sunkari Camara est contraint de
faire allégeance à Dodds en 1887 tandis que Ibrahima
NDIAYE, autre marabout dans le Koumbo et le Fogny est
aussi tué en janvier 1888 par Fodé Sylla, allié aux Français.
La motivation des troupes civiles par
la France.
•Si ce recours aux auxiliaires revêt un caractère coercitif
(obligation faite aux chefs de fournir des contingents), il
est important de reconnaître que le facteur incitatif
reste un élément déterminant dans la mobilisation des
populations. Après chaque victoire, le butin constitué
du bétail et des récoltes et des esclaves pris à
l’adversaire vaincu, est partagé entre les chefs et leurs
troupes qui ont droit à des parts plus importantes ; les
4/5e des prises et le reste à l’État.
Rôle militaire du commandement indigène
durant la pacification du Sénégal.
•La conquête du Sénégal est considérée comme
terminée amenant la France à entamer à partir de
1882, celle du Soudan sans pour autant mettre fin à la
résistance. La pacification avec le recours de plus en
plus des troupes civiles aux cotés de l’armée régulière
est menée sous la conduite du colonel Dodds, un métis
de Saint-Louis nommé chef supérieur des troupes
coloniales sous l’ère du premier gouverneur civil au
Sénégal Servatius.
Rôle militaire du commandement indigène
durant la pacification du Sénégal.
•Dans l’expédition du Djolof contre Albouri, la colonne
composée de 482 soldats dont une soixantaine de
Spahis est complétée par les contingents du Ndiambour,
du Cayor et du Walo soit en tout, 1380 auxiliaires. Les
autres chefs, Guedel M’Bodj du Saloum, Ousmane Gassi
du Boundou et Ibra Almami de Bogue cherchèrent à
barrer la route à Alboury. Quand la colonne atteignit
Yang Yang, le bourba l’avait déjà quitté la veille le 22 mai
1890 pour Nioro au Soudan.
Rôle militaire du commandement indigène
durant la pacification du Sénégal.
• En 1887 Saër Maty qui s’attaquait à Guedel Mbodj roi du Saloum et
allié des français était obligé aussi de se réfugier en Gambie, avant
l’arrivée de la colonne commandée par le colonel Coronat.
• En 1884, dans les mêmes conditions, Abdoul Bocar, chef du Bosséa,
est obligé de fuir devant la colonne de Dodds mais est tué par les
maures près de Kaédi.
• Avec Mamadou lamine Dramé en 1887, se termine la pacification du
Sénégal à l’exception de la Basse Casamance. Il est aussi vaincu
surtout grâce à l’appui des troupes du fouladou, du Boundou et du
Wouli (soit 3000 auxiliaires).
2) Rôle de police du commandement indigène
durant la pacification du Sénégal.
•Réduits à des agents politiques, ils doivent
fournir tous les renseignements pouvant
intéresser le commandant sur leurs
administrés quelques influents qu’ils soient,
favorables ou réfractaires au pouvoir colonial,
à savoir des notables aristocratiques ou
maraboutiques.
Les chefs indigènes réduits à des
agents politiques
•Ils doivent aussi signaler les étrangers
suspects, de passage ou installés dans leurs
cantons ou provinces de même que toutes les
manifestations pouvant troubler l’ordre. Ils
sont donc chargés de la surveillance politique
et pour cela, doivent espionner et renseigner
l’autorité coloniale.
Les chefs indigènes réduits à des agents politiques
•M’Bahane DIOP, fils de Lat Dior, était chargé de la
mission spéciale de recenser tous les marabouts de la
province du Baol oriental dont Serigne Bamba.
•L’administration n’hésite pas également à utiliser les
chefs indigènes pour qu’ils s ‘espionnent mutuellement
•Sur instruction du gouverneur, Yamar Mbodj du Walo
de même que l’interpréte Fara Biram devaient
surveiller le jeune prince Bouna Ndiaye(19 ans) installé
à la tête de la province du Djolof .
ROLE POLITIQUE
•le service de renseignements resta donc le fil
conducteur qui permit la sécurité, la stabilité sociale et
le maintien du système colonial sur l’ensemble de la
colonie.
•Dans tout ce système, le commandant occupa une
place centrale. De son bureau, il connaît et entend tout
dans le cercle et apparaît aux yeux des populations et à
juste raison comme le « grand sorcier blanc
Rôle de maintien de l’ordre
• C’est, imbus de ces pouvoirs, que les chefs indigènes
interviennent pour réprimer toutes les manifestations
hostiles à leur encontre et au système colonial. Dans le
Saloum oriental, en avril 1901, une guerre sainte
(certainement la dernière au Sénégal) est déclenchée par le
marabout Peul Diouma Ndiaye SOW et ses fidèles qui
s’attaquent à la résidence de Malème : mais il est tué
quelques jours plus tard dans une bataille par le Béleup de
N’Doukoumane, Ibrahima Ndao.
Rôle de maintien de l’ordre
• Bouna Alboury également au Djolof est obligé de faire face
en 1887 à un vaste mouvement de désobéissance dirigée par
Mayébé FALL, chef des esclaves de la couronne comme aussi à
la contestation Peul avec Pathé Gallo et Demba Jinda en
septembre 1905. A chaque fois, il sera tiré d’affaire grâce à
l’intervention de la troupe entraînant l’arrestation de Mayébé
FALL, confié à la garde de Yamar Mbodj du Walo. Pathè Gallo
et Demba Jinda avertis de l’arrivée d’un détachement de
Saint-Louis préfèrent se réfugier dans le Ferlo à Ngassé Jaabé
dans le cercle de Matam.
Le commandement indigène et la
gestion des prisonniers politiques
• L’administration confie aussi aux chefs indigènes, la
surveillance et la garde de tous les prisonniers politiques
assignés à résidence en attendant qu’ils se repentent. Le
résistant du Djolof, Mayébé FALL confié à la garde de Yamar
Mbodj du Walo depuis 1897 n’est autorisé à rentrer qu’en
1955. De même, Fodé SYLLA, résistant de la Casamance,
capturé le 11 mars 1894 est confié à la garde de Demba War
SALL, président du conseil des chefs du Cayor. Retiré à Sakh, il
meurt quelque temps après, dans la nuit du 19 au 20
septembre de la même année.
Le commandement indigène et la
gestion des prisonniers politiques
•. Shaikh Ahmadou Bamba, de retour une fois
encore d’exil, cette fois-ci de la Mauritanie en
1907, loin de retrouver la liberté, est assigné en
résidence à Thiéyène, distant de 35 Kilomètres de
Yang Yang sous le contrôle de Bouna Ndiaye qui
reçoit l’ordre de le surveiller et de rendre compte
de ses agissements, et ceux de son entourage

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