WFP-0000140296
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Session annuelle
Rome, 20-24 juin 2022
Les documents du Conseil d’administration sont disponibles sur le site Web du PAM (http://executiveboard.wfp.org/fr).
Introduction
En 2021, le PAM a continué à intervenir dans un environnement humanitaire de plus en plus
difficile en raison de situations d’urgence prolongées, de nouvelles explosions de conflits,
de la récession économique (exacerbée par la pandémie de COVID-19) et des changements
climatiques.
La crise climatique n’est plus une vision de l’avenir, mais la réalité quotidienne des
communautés du monde entier. Les chocs climatiques tels que les sécheresses, les
tempêtes et les inondations mettent de plus en plus en danger les vies et les moyens
d’existence et compromettent le développement. Combinés à d’autres problèmes dans les
régions du monde où l’insécurité alimentaire est la plus grande, ces chocs aggravent les
conflits, car les populations se disputent des ressources rares, ce qui entraîne des
déplacements et des tensions sociales.
Le PAM a intensifié ses opérations pour venir en aide à plus de 115 millions de bénéficiaires
pendant la seule année 2021. La demande croissante d’aide humanitaire a incité les services
de sécurité du PAM1 à intervenir plus rapidement et à augmenter les capacités dans les
zones où se retrouvent les principaux facteurs de la faim.
Tandis que le PAM intensifiait ses opérations humanitaires, des changements exponentiels
ont été observés dans les lieux où les services de sécurité du PAM intervenaient, les
situations observées en milieu urbain, caractérisées par des menaces multiples, ajoutant
leur complexité aux difficultés présentées par les sites reculés.
1
Dans le présent rapport, les expressions "services de sécurité" ou "services de sécurité du PAM" désignent l’ensemble
des activités et du personnel de sécurité du PAM. L’expression "Division de la sécurité" désigne quant à elle l’unité du Siège
qui est chargée d’encadrer et d’appuyer les opérations sur le terrain.
Coordonnatrice responsable:
Mme M. V. Montalvo
Directrice de la Division de la sécurité et
Coordonnatrice du PAM pour les questions de sécurité
tél.: 06-6513-2665
Programme alimentaire mondial, Via Cesare Giulio Viola, 68/70, 00148 Rome (Italie)
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Selon les évaluations réalisées en interne par certaines entités des Nations Unies, trois
grandes tendances ont dominé les conditions de sécurité dans le monde en 2021, qui ont
eu des répercussions sur les niveaux et les types de menaces auxquels sont exposées
l’Organisation des Nations Unies et les autres organisations humanitaires, dont le PAM. Le
rôle des acteurs armés non étatiques a continué à prendre de l’importance. En outre, la
multiplication des campagnes de désinformation visant à discréditer le système des Nations
Unies et à promouvoir des sentiments hostiles à ses entités et aux organisations
humanitaires constitue une nouvelle menace. L’extrémisme violent a continué à se
développer, en particulier dans les zones où font défaut les perspectives d’emploi pour les
jeunes et les services fondamentaux assurés par l’État, comme la sécurité.
Les services de sécurité du PAM ont apporté un appui déterminant pour la bonne exécution
des programmes dans les délais impartis, en collaborant avec les partenaires et en aidant
le personnel dans les pays les plus touchés, afin de faciliter l’accès aux bénéficiaires chaque
fois que possible. Les perturbations des opérations humanitaires ont ainsi pu être réduites.
Sur le plan interorganisations, la Division de la sécurité a continué à jouer un rôle de premier
plan dans le système de gestion de la sécurité des Nations Unies, qui définit les rôles, les
obligations, les responsabilités et les politiques s’agissant des questions liées à la gestion
des risques en matière de sécurité, permettant ainsi aux entités des Nations Unies de faire
en sorte que le niveau de risque entourant leurs activités demeure acceptable.
Le nombre d’actes criminels a augmenté régulièrement au cours des dernières années, mais
plus fortement en 2021. Les vols simples, les vols qualifiés, les cambriolages et les intrusions
ont représenté plus de la moitié des incidents relevant de la catégorie des actes criminels.
Bien que moins nombreux, les cas de harcèlement, d’intimidation et d’arrestation du
personnel du PAM sont également en hausse, tout comme les menaces de violence à son
encontre. Parmi les pays2 touchés de manière disproportionnée par des actes criminels
figurent le Soudan du Sud, le Soudan et le Cameroun.
Le nombre d’incidents dans la catégorie des aléas a augmenté plus progressivement,
comme lors des années précédentes, les accidents de la route en représentant 65 pour cent
(voir les informations supplémentaires dans la section ci-après). En outre, les aléas sont à
l’origine d’un nombre disproportionné de décès et de blessures graves (49 pour cent). Les
pays touchés de manière disproportionnée par les aléas sont notamment l’Ouganda, le
Soudan et le Soudan du Sud. La Division de la sécurité et l’Unité de la sécurité et de la santé
au travail3 ont conjugué leurs efforts pour faire réaliser des missions d’enquête sur le terrain
en vue d’empêcher que les aléas signalés ne se reproduisent. Des campagnes de
sensibilisation ont été menées auprès du personnel du PAM dans le but de prévenir les
atteintes à la sécurité et les accidents liés à la sécurité et à la santé au travail.
Les atteintes liées aux conflits armés semblent être en hausse, inversant le mouvement à la
baisse observé jusqu’à la fin de 2020 pour revenir à la tendance des années précédentes.
En Éthiopie en particulier, le nombre d’atteintes signalées a plus que triplé en raison du
conflit de forte intensité qui a touché le pays tout au long de l’année 2021. De même,
l’Afghanistan a connu une forte augmentation des atteintes liée au transfert de pouvoir qui
s’est produit au milieu de l’année, tandis que le Yémen est resté le principal pays touché,
comme les années précédentes.
Les troubles civils ont enregistré un pic en 2019, mais ont diminué en 2020 (probablement
en raison des restrictions des déplacements engendrées par la COVID-19) et ont
recommencé à augmenter au cours du second semestre 2021, les impacts
socioéconomiques de la pandémie et d’autres griefs ayant entraîné un regain du
ressentiment à l’encontre des gouvernements dans le monde entier. Ces troubles ont eu
des répercussions essentiellement indirectes sur les activités du PAM, en particulier
lorsqu’ils étaient motivés par des griefs politiques, mais certains signes précurseurs font
craindre le retour d’émeutes de la faim comme celles que le monde a connues en 2008, lors
de la dernière période de forte hausse des prix des denrées alimentaires. Les pays qui ont
enregistré un nombre disproportionné de troubles civils en 2021 sont notamment le
Mozambique, le Nigéria, la République démocratique du Congo, le Soudan et le Yémen.
Le nombre d’incidents liés à l’extrémisme et au terrorisme est resté faible au fil du temps,
ceux-ci représentant 2 pour cent des atteintes à la sécurité en 2021. Cependant, étant donné
le potentiel des organisations terroristes transnationales à commettre des actes de violence
ayant des conséquences graves, le sujet est abordé plus en détail ci-après.
2
Les incidents dont il est question dans le présent rapport sont ceux qui se sont produits dans les zones de
responsabilité des bureaux de pays du PAM.
3
L’Unité de la sécurité et de la santé au travail vise à réduire les accidents du travail, et donc à améliorer le bien-être
physique et mental du personnel, en établissant les droits, les responsabilités et les devoirs en matière de sécurité et de
santé au travail et en veillant à ce que le personnel reçoive une formation et un appui dans ce domaine. Les lieux de
travail comprennent les bureaux du PAM, les entrepôts, les ateliers, les garages, les installations portuaires et aériennes,
les centres de soins, les résidences, les chantiers de construction, les plateformes logistiques et les zones de stockage de
carburant.
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Soudan
À l’issue du coup d’État qui s’est produit au Soudan entre octobre et novembre 2021, l’équipe de sécurité
a permis au PAM de poursuivre ses opérations malgré la situation d’urgence. Il n’y a pas eu d’évacuation
de la zone, et le personnel du PAM est resté sur le terrain pour s’acquitter de sa mission. Le
professionnalisme de l’équipe de sécurité à Khartoum a été digne d’éloges, comme l’a reconnu le Directeur
de pays.
Éthiopie
Le conflit dans la région du Tigré, au nord de l’Éthiopie, est un autre exemple de la capacité des services
de sécurité du PAM à appuyer la distribution de l’aide, dans ce cas en faveur de 2 millions de réfugiés. Le
Département de la sûreté et de la sécurité lui-même s’est appuyé sur le PAM, qui a été en mesure d’aider
toutes les entités des Nations Unies concernées à gérer l’impact d’une offensive au Tigré. De plus, l’équipe
de sécurité a travaillé dans un nouveau contexte qui était difficile pour le système de gestion de la sécurité
des Nations Unies, nécessitant l’utilisation de drones et de véhicules non blindés pour appuyer le
personnel.
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Somalie
Dans un pays qui est un exemple tangible de la crise climatique, où en plus des menaces existantes dans
le pays, les insurrections ont eu un impact décourageant à cause de la sécheresse, les services de sécurité
du PAM ont fait preuve d’une grande coordination et de beaucoup d’esprit d’initiative pour assurer la
sécurité et la sûreté du personnel du PAM. Les changements climatiques modifient radicalement le mode
de fonctionnement des services de sécurité. Il faut sortir des sentiers battus pour être un partenaire
efficace des pays et aller au-delà du mandat normal de gestion des risques de sécurité. Les eaux montent,
les zones d’intervention sont inondées et les violences intercommunautaires se poursuivent, les convois
étant régulièrement pris pour cible. Les services de sécurité du PAM doivent faire preuve de souplesse
opérationnelle et mentale pour s’adapter afin que les produits alimentaires puissent parvenir aux
bénéficiaires et que le personnel ne soit pas mis en danger. L’évolution de la criminalité liée aux
catastrophes naturelles exige un nouveau type d’agents de sécurité, faisant preuve d’une plus grande
agilité et d’une meilleure capacité d’adaptation, et possédant une connaissance approfondie du contexte.
Myanmar
Le coup d’État militaire au Myanmar en février 2021 a modifié les conditions de sécurité dans ce pays. Le
bureau de pays, qui ne disposait pas auparavant d’un nombre important de spécialistes de la sécurité,
s’est trouvé confronté à un environnement où l’insécurité était considérable et dans lequel le PAM
poursuivait ses activités. Un grand nombre des incidents signalés étaient liés à la sécurité publique et aux
manifestations qui représentaient une résistance organisée de faible intensité contre les autorités de
facto, avec des attaques de plus en plus sophistiquées. Les opérations du PAM ont été largement éclairées
par le suivi des répercussions de ces incidents sur la sécurité, en particulier dans le nouveau contexte
opérationnel urbain.
Afghanistan
La prise de pouvoir rapide du gouvernement afghan par les Taliban en août 2021 a entraîné un
changement soudain des conditions de sécurité. Les services de sécurité du PAM suivent de très près les
atteintes à la sécurité, en se concentrant sur celles dans lesquelles le PAM ou ses partenaires pourraient
être visés, ce qui pourrait modifier le niveau d’acceptation du PAM dans les communautés touchées. Des
responsables des autorités locales ont également tenté d’influencer les bénéficiaires, en ciblant les
modalités de distribution. En raison de l’évolution de la situation, le personnel de sécurité en Afghanistan
a été renforcé par l’ajout de trois spécialistes de la sécurité recrutés sur le plan international.
Mise en place d’une culture de collaboration en matière de sécurité avec les partenaires
coopérants
Entre 2020 et 2021, une augmentation de 36 pour cent du nombre d’atteintes à la sécurité
concernant les organisations partenaires du PAM a été observée, avec une augmentation
de 19 pour cent du nombre d’employés de partenaires coopérants du PAM touchés. Ces
dernières années, le PAM a de plus en plus souvent mis en œuvre ses programmes par
l’intermédiaire de partenaires coopérants afin de parvenir à un ancrage local qui doit
permettre de garantir la durabilité, l’efficacité, l’amélioration de la sécurité et l’accès. En
raison de leur proximité directe avec les menaces physiques, les partenaires coopérants du
PAM ont de plus en plus souvent été victimes d’atteintes à la sécurité dans le monde. Outre
la proximité avec la situation locale, plusieurs autres facteurs rendent difficile l’intégration
de la gestion des risques de sécurité dans de nombreux partenariats du PAM, notamment
l’investissement limité dans l’analyse conjointe des risques et du contexte et dans la
communication sur les risques perçus, les éléments financiers perçus comme dissuasifs qui
empêchent l’examen des problèmes de sécurité et les demandes de soutien, et
l’inadaptation des approches en matière de gestion des risques pour les partenaires
coopérants qui ont des niveaux variables de prise de risques et d’accoutumance.
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Le PAM a récemment intégré le partage des capacités avec les partenaires coopérants dans
le domaine de la gestion des risques de sécurité dans le champ de la politique en matière
de gestion globale des risques et de la feuille de route intégrée. Il a également ajouté le
manque de disponibilité et de capacités pour des partenariats efficaces au registre central
des risques en tant que risque opérationnel. Pour atténuer ce risque, le PAM s’est engagé à
renforcer la coordination de la gestion des risques de sécurité avec ses partenaires
coopérants. Pour les pays où les risques concernant la sécurité sont élevés, cette
coordination a été rationalisée dans les plans stratégiques de pays (PSP) de deuxième
génération. Pour compléter l’approche institutionnelle consistant à appuyer les plateformes
et à renforcer les mécanismes de collaboration entre les services de sécurité du PAM et les
partenaires coopérants, le PAM a lancé et mis en œuvre toute une série d’initiatives et de
pratiques sur le terrain pour favoriser le développement d’une culture de la sécurité et
sensibiliser les parties prenantes à l’importance de la gestion des risques en matière de
sécurité pour les partenariats mis en place.
Outre les mécanismes de collaboration de longue date tels que l’initiative "Sauvons des vies
ensemble", la Division de la sécurité fournit un appui supplémentaire en matière de
coordination de la sécurité aux partenaires coopérants et aux autres organisations
humanitaires aux niveaux des pays et du Siège dans le but de renforcer le partage des
informations sur la sécurité, de fournir des conseils techniques et d’améliorer l’accès
humanitaire. Les services de sécurité du PAM peuvent aider les partenaires coopérants au
niveau local en leur faisant connaître les meilleures pratiques internationales et en
partageant avec eux connaissances et compétences spécialisées, tout en améliorant la
sécurité des biens du PAM.
Renforcement des capacités du PAM en matière de gestion des risques liés à la sécurité au
service des opérations d’urgence humanitaire
Tout en donnant la priorité aux demandes de ressources destinées à l’amplification des
interventions décidée au niveau central, la Division de la sécurité a diversifié les profils des
spécialistes de la sécurité sélectionnés pour appuyer les opérations de gestion des risques
en la matière au sein du Bureau régional pour l’Afrique de l’Est et dans les 13 pays suivants
en 2021: Afghanistan, Éthiopie, Guinée, Haïti, Iraq, Libéria, Madagascar, Mozambique,
Myanmar, Nigéria, Somalie, République arabe syrienne et République démocratique du
Congo. Des spécialistes de la sécurité ayant des expériences et des qualifications différentes
ont été sélectionnés à partir d’une réserve de candidats externes et parmi les professionnels
de la sécurité du PAM recrutés sur le plan national et sur le plan international en poste au
Siège, dans les bureaux régionaux et dans les bureaux de pays. Au total, sept agents de
sécurité expérimentés recrutés sur le plan national ont été déployés en réponse à la
demande de renfort, dans le but de développer encore les capacités internes dans des
environnements où les risques concernant la sécurité et la sûreté sont élevés et où les
besoins humanitaires sont pressants. Ces initiatives de renforcement des capacités ont été
fructueuses grâce au meilleur encadrement technique assuré par les spécialistes de la
sécurité au Siège et à un soutien et un mentorat approfondis de la part des équipes de
sécurité régionales concernées. L’action menée pour défendre et mettre en œuvre la
stratégie de développement et de renforcement des capacités internes a commencé à
porter ses fruits en 2021, cinq agents de sécurité recrutés sur le plan national dans des
bureaux de terrain du PAM ayant obtenu des postes d’administrateur chargé de la sécurité
recruté sur le plan international au Siège.
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Coûts pour le Siège et les en dollars Coûts pour les bureaux de en dollars
bureaux régionaux pays
Personnel du Siège et des 9 398 979 Personnel sur le terrain 37 777 560
bureaux régionaux
Total dépenses de sécurité 26 305 949 Total dépenses de sécurité 62 065 507
financées au titre du financées au titre des CAD
budget AAP
Proportion du budget AAP total 5,9% Proportion des CAD totaux 11,7%
Budget AAP total 443 500 000 CAD totaux 529 625 391
* Fonds d’urgence pour la sécurité, formation et missions d’assistance en matière de sécurité.
4
On entend par notification éclair le signalement d’une situation ou d’un événement lié à la sécurité ou à la sûreté qui a
un impact immédiat ou potentiel à court terme sur le personnel, les opérations, les installations, les locaux ou les biens du
PAM.
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AM-EBA2022-20134F