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MÉDIAS SOCIAUX

Guide pratique à l’intention


des organismes de gestion électorale
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MÉDIAS SOCIAUX
Guide pratique à l’intention
des organismes de gestion électorale

Shana Kaiser

Auteurs des études de cas :


Erik Asplund
Neil Burron
Andrew Limo
S.Y. Quraishi
Processus électoraux

© Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, 2014

IDEA international
Strömsborg
SE-103 34 Stockholm
Suède
Tél. : +46 8 698 37 00, Fax : +46 8 20 24 22
E-mail : info@idea.int, site Internet : www.idea.int

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Les publications d’IDEA international sont indépendantes de tout intérêt national ou politique. Les points de vue
exprimés dans la présente publication ne reflètent pas nécessairement les opinions d’IDEA international, de son conseil
d’administration ou des membres du conseil.

Maquette : Original Eva Alkmar

ISBN : 978-91-87729-84-3
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 5

Préface

Depuis quelques années, les médias sociaux gagnent en influence sur notre manière de communiquer.
L’émergence de nouvelles plateformes numériques attrayantes comme Facebook, Twitter, YouTube
et WordPress a radicalement changé notre façon de produire et de consommer l’information. La
production d’information à sens unique provenant de « sources officielles » a fait place à une
communication générée individuellement ou collectivement et partagée activement par les internautes,
qui ne sont plus de simples consommateurs passifs.

Parallèlement à cela, le public attend de plus en plus une présence active sur Internet des
administrations et institutions publiques, ainsi que la présentation et la diffusion des informations
sur les médias sociaux qu’il fréquente. Les organismes de gestion électorale (OGE) ne font pas
exception. Ils doivent impérativement s’adapter à la demande en constante évolution du public s’ils
souhaitent conserver leur pertinence et leur efficacité. Ils ont par ailleurs beaucoup à gagner de
l’utilisation des outils mis à leur disposition par les médias sociaux.

Le présent guide a pour vocation d’informer les OGE sur la façon dont ils peuvent exploiter les
médias sociaux pour renforcer la participation des électeurs, perfectionner leur communication,
mobiliser tous les membres de la communauté, améliorer leur transparence et gagner davantage la
confiance du public tout au long du cycle électoral. Il explique les facteurs dont ces organismes
doivent tenir compte dès le début et comment tirer le meilleur parti des médias sociaux du début à
la fin du cycle électoral. Il est conçu comme une introduction à l’utilisation des médias sociaux et
s’adresse à ce titre aux OGE faisant leurs premiers pas dans les médias sociaux ou s’apprêtant à le
faire. Il leur donne les clés pour s’adapter aux nouvelles réalités de communication et élaborer des
stratégies relatives aux médias sociaux. Enfin, il explique dans les grandes lignes comment ces outils
doivent être intégrés dans une stratégie médiatique globale.

L’électorat puise de plus en plus ses informations dans les médias sociaux. Les OGE doivent atteindre
les électeurs là où ils se trouvent ; or, les jeunes sont particulièrement actifs sur les réseaux sociaux.
C’est pourquoi ces outils représentent un moyen efficace pour éduquer les électeurs, conçu pour
garantir qu’ils sont bien informés et peuvent exercer leur droit de vote à bon escient. À l’ère
numérique, les médias sociaux ont le potentiel de devenir un instrument d’éducation des électeurs
puissant et efficace que les OGE ne peuvent pas ignorer.

IDEA international
6 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Table des matières

Sigles, acronymes et abréviations .................................................................................. 7

Introduction ................................................................................................................................ 8

Chapitre 1 : Introduction aux médias sociaux et à leur utilisation par les OGE ............. 11
Qu’est-ce qu’un média social ? ........................................................................................... 11
Principales plateformes à l’heure actuelle ....................................................................... 11
Comment les OGE peuvent-ils tirer parti des médias sociaux ? .................................... 11
Communication facilitée avec l’électorat ......................................................................... 14
Mobilisation de nouveaux publics ...................................................................................... 15
Renforcement de la transparence et de l’accessibilité .................................................. 18

Chapitre 2 : Les sept étapes de l’élaboration d’une stratégie relative aux médias sociaux ... 20
Élaboration d’une stratégie relative aux médias sociaux .............................................. 20
1. Questions essentielles liées à l’utilisation des médias sociaux par les OGE ........... 21
2. Identification des ressources .................................................................................. 22
3. Élaboration des directives de mise en œuvre de la stratégie ............................ 25
4. Corrélation avec d’autres stratégies et politiques institutionnelles ................. 27
5. Identification et mobilisation d’autres utilisateurs des médias sociaux .......... 28
6. Risques potentiels et solutions................................................................................ 30
7. Retours d’expérience et adaptation de la stratégie............................................. 36

Chapitre 3 : De la stratégie à la mise en ligne ..................................................................... 37


Interactions bidirectionnelles ............................................................................................. 37
Ciblage des discussions ....................................................................................................... 38
Questions relatives à la sécurité ........................................................................................ 40
Utilisation des médias sociaux tout au long du cycle électoral .................................... 41

Conclusion ................................................................................................................................. 44

Annexe 1 : Aperçu des médias sociaux ................................................................................ 45

Remerciements ....................................................................................................................... 48

À propos d’IDEA international ........................................................................................ 49

Références bibliographiques ........................................................................................... 50


Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 7

Sigles, acronymes et abréviations

AEC Commission électorale australienne [Australian Electoral Commission]


CNE Conseil électoral national [Consejo Nacional Electoral] (Colombie)
EUR Euro
GEO Organisation électorale mondiale
IDEA international Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale
IEBC Commission électorale et des frontières indépendante [Independent
Electoral and Boundaries Commission] (Kenya)
INEC Commission électorale nationale indépendante [Independent National
Electoral Commission] (Nigeria)
JNE Jury national des élections [Jurado Nacional de Elecciones] (Pérou)
OGE Organisme de gestion électorale
ONPE Office national des processus électoraux [Oficina Nacional de Procesos
Electorales] (Pérou)
PNUD Programme des Nations unies pour le développement
RNEC Registre national de l’état civil [Registraduria Nacional del Estado Civil]
(Colombie)
UGC Contenu généré par les utilisateurs
8 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Introduction

En août 2008, Facebook annonçait avoir dépassé les 100 millions d’utilisateurs. En décembre 2012,
soit un peu plus de quatre ans plus tard, ce nombre atteignait 1,06 milliard d’utilisateurs actifs par
mois, soit une moyenne de 618 millions d’utilisateurs actifs par jour (un utilisateur actif se définissant
comme un membre de Facebook qui se connecte et navigue sur le réseau social. Voir les graphiques
1 à 5). L’entreprise annonçait par ailleurs une moyenne quotidienne de 3,2 milliards de mentions
« j’aime » et de commentaires émis par ses utilisateurs au cours du premier trimestre 2012. Le nombre
d’utilisateurs de Twitter a connu la même évolution fulgurante depuis la création du site en mars
2006. Les chiffres indiquent qu’en 2013, environ 500 millions de tweets étaient émis chaque jour
(USSEC Twitter).

Graph 2
Graph
Graphique 1. 1 Graphique 2.
Active Facebook users US and Canada
Active
Utilisateurs Facebook
actifs users
de Facebook Worldwide
dans le (in millions)
monde (en millions) Utilisateurs actifs de Facebook(in
auxmillions)
États-Unis et au Canada (en millions)

Par mois Par jour (moyenne au cours du dernier mois complet) Par mois Par jour (moyenne au cours du dernier mois

1200 1056 350

1000 300

250
800 193
618
200
600 135
150
400
100

200 50

0 0
Déc. Mars Juin Sept. Déc. Mars Juin Sept. Déc. Mars Juin Sept. Déc. Déc. Mars Juin Sept. Déc. Mars Juin Sept. Déc. Mars Juin Sept. Déc.
2009 2010 2010 2010 2010 2011 2011 2011 2011 2012 2012 2012 2012 2009 2010 2010 2010 2010 2011 2011 2011 2011 2012 2012 2012 2012
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 9

Graph
Graphique 3. 3

Active
Utilisateurs Facebook
actifs users
de Facebook Europe*
en Europe* (in millions)
(en millions)

Par moins Par jour (moyenne au cours du dernier mois complet)

350

300 261

250

200 169

150

100

50

0
Déc. Mars Juin Sept. Déc. Mars Juin Sept. Déc. Mars Juin Sept. Déc.
2009 2010 2010 2010 2010 2011 2011 2011 2011 2012 2012 2012 2012
* Y compris les utilisateurs de Russie et de Turquie

Graph 5
Graph
Graphique 4. 4 GraphiqueActive
5. Facebook users rest of the world*
Active
Utilisateurs actifsFacebook users
de Facebook en Asie*Asia* (in millions)
(en millions) (indans
Utilisateurs actifs de Facebook millions)
le reste du monde* (en millions)

Par mois Par jour (moyenne au cours du dernier mois complet) Par mois Par jour (moyenne au cours du dernier mois complat)

350 350
298 304
300 300

250 250

200 200 161


153
150 150

100 100

50 50

0 0
Déc. Mars Juin Sept. Déc. Mars Juin Sept. Déc. Mars Juin Sept. Déc. Déc. Mars Juin Sept. Déc. Mars Juin Sept. Déc. Mars Juin Sept. Déc.
2009 2010 2010 2010 2010 2011 2011 2011 2011 2012 2012 2012 2012 2009 2010 2010 2010 2010 2011 2011 2011 2011 2012 2012 2012 2012

* Y compris les utilisateurs d’Australie et de Nouvelle-Zélande * À savoir l’Afrique, l’Amérique latine et le Moyen-Orient

Source : formulaire 10-k de la Securities and Exchange Commission des États-Unis – Facebook,
<http://investor.fb.com/secfiling.cfm?filingID=1326801-13-3&CIK=1326801>, consulté le 12 novembre 2013
10 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Ces chiffres soulignent la popularité et l’accessibilité croissantes des réseaux sociaux et montrent
l’évolution rapide de la communication et du partage d’informations. Les réseaux sociaux actifs
dépassent les frontières nationales, traversent les continents et permettent aux internautes d’avoir
accès à des informations de première main provenant du monde entier. L’impact des médias sociaux
sur la manière dont nous recevons, générons et traitons l’information évolue sans cesse, et les
institutions qui utilisent ces nouvelles technologies de communication peuvent répondre plus
efficacement aux demandes et attentes de leur public.

Le degré de compréhension et de perception des citoyens vis-à-vis du processus électoral et des


activités et procédures qui le composent est essentiel à la réussite d’une élection – et, par extension,
de l’OGE qui l’organise. Pour garantir l’accès de l’électorat à des informations pertinentes qui
amélioreront sa compréhension du processus électoral et renforcer les relations de l’OGE avec les
électeurs et les parties prenantes électorales, ce dernier doit notamment « favoriser une communication
ouverte et bilatérale » (IDEA international, 2006a, p. 228). Il n’a sans doute jamais été aussi facile
de mettre en place une telle communication qu’aujourd’hui, avec l’exploitation stratégique et bien
planifiée des médias sociaux.

Dans le présent guide, nous donnons un aperçu des médias sociaux et des principales plateformes
disponibles à l’heure actuelle. Nous décrivons les avantages que les OGE du monde entier peuvent
tirer de l’exploitation des médias sociaux, notamment en ce qui concerne l’interaction avec les
électeurs. Nous exposons les éléments et processus nécessaires à l’élaboration d’une stratégie relative
aux médias sociaux, puis soumettons aux OGE des informations à prendre en compte avant de la
mettre en œuvre. Enfin, nous proposons quelques idées d’actions que les OGE peuvent mettre en
place pour mobiliser leur public tout au long du cycle électoral.

Figure 1. Structure du guide

CHAPITRE 1

• Introduction aux médias sociaux


• Les avantages des médias sociaux pour les OGE

CHAPITRE 2

• Éléments d’une stratégie relative aux médias sociaux


• Étapes de l’élaboration d’une stratégie relative aux médias sociaux

CHAPITRE 3

• Avant de se lancer
• Utilisation des médias sociaux tout au long du processus électoral
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 11

CHAPITRE 1.

Introduction aux médias sociaux et à leur utilisation par les OGE

Qu’est-ce qu’un média social ?


Il existe de nombreuses définitions du terme « média social ». Concrètement, il s’agit de plateformes
Internet ou mobiles qui favorisent les interactions bidirectionnelles grâce à une communication et à
des contenus générés par les utilisateurs (UGC). Les médias sociaux ne proviennent donc pas d’une
source unique ou d’un site Internet statique. Il s’agit plutôt de médias diffusés sur des plateformes
conçues spécifiquement pour permettre aux utilisateurs de créer (« générer ») du contenu et d’interagir
avec l’information et sa source.

Si Internet sert d’outil de base aux médias sociaux, il convient toutefois de noter que tous les sites et
plateformes Internet ne répondent pas à la définition d’un média social. Certains sites ne prévoient
aucune interaction avec le public, tandis que d’autres n’autorisent que la publication de commentaires
en réaction à un contenu spécifique dans le cadre de discussions (ou « fils de discussion ») qui font
l’objet d’une modération et d’un contrôle. Si les fils de discussion peuvent offrir dans une certaine
mesure une interaction avec la source, ils ne sont cependant pas considérés comme des médias
sociaux pour les besoins du présent guide.

Principales plateformes à l’heure actuelle


Actuellement, il existe de nombreuses plateformes, telles que Facebook, Twitter, Instagram, YouTube,
Bambuser, Vimeo, les blogs, Flickr, LinkedIn et Google+. Mentionnons également la présence de
plateformes régionales ou nationales, telles que Cloob (Iran), Orkut (Brésil, Inde), Cyworld (Corée
du Sud), Friendster (Asie du Sud-Est), Grono.net (Pologne), hi5 (certaines parties d’Asie, d’Afrique
centrale et d’Amérique latine), mixi (Japon), Spaces (Russie) et Sina Weibo (Chine continentale). Par
ailleurs, il existe un certain nombre de « tableaux de bord » conçus pour rassembler les messages et
publications de plusieurs plateformes (par exemple Threadsy, HootSuite et Buffer) et des logiciels
qui aident à suivre les discussions sur les médias sociaux (par exemple Tweetdeck et Meltwater Buzz)
afin de fournir un feedback à l’utilisateur. (Voir Annexe 1 pour de brèves descriptions des principaux
médias sociaux.)

Comment les OGE peuvent-ils tirer parti des médias sociaux ?


Les OGE jouent un rôle essentiel pour garantir l’efficacité, la légitimité et la crédibilité du processus
électoral. Ils doivent également veiller à ce que l’électorat connaisse les procédures et pratiques relevant
de leur compétence. Ces rôles et responsabilités s’accompagnent de principes orientant la gestion du
processus électoral. Il s’agit notamment des principes d’indépendance, d’impartialité et d’intégrité
de l’OGE et de son personnel, de transparence, d’efficacité, de professionnalisme et de sens du
service (IDEA international, 2006a, p. 22). Les nouveaux outils et plateformes offerts par l’émergence
des médias sociaux peuvent aider les OGE à respecter ces principes et, associés à des formes plus
traditionnelles de communication, les aider à informer le public sur leur rôle et le processus électoral
en général. Les parties prenantes comprennent d’autant mieux le rôle et la fonction des OGE qu’elles
ont une perception large de leur intégrité et de leur efficacité (IDEA international, 2006a, p. 26).
12 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

À l’heure actuelle, très peu d’OGE exploitent une forme quelconque de média social. Un exercice de
cartographie et une enquête relative à l’utilisation des médias sociaux par les OGE menée par IDEA
international en octobre 2013 ont montré que sur 172 pays et territoires, seuls 55 OGE (soit 31,9 %)
avaient une page Facebook. Et seulement 49 d’entre eux étaient actifs sur le réseau social.
Parallèlement, 47 OGE possédaient un compte Twitter (soit 27 %). Le nombre d’abonnés Twitter
allait de 250 117 (les OGE d’Amérique latine étant les utilisateurs Twitter les plus actifs) à seulement

Tableau 1. OGE utilisant Facebook et nombre de mentions « j’aime » (octobre 2013)

Finlande

Estonie
Île de Man Géorgie
France Azerbaïdjan
Bulgarie

Albanie Arménie
Afghanistan
Iraq
Égypte Bhoutan
Bangladesh Honduras Jamaïque
Bahreïn Inde
Ghana Costa Rica Colombie Colombie
(CNE) (RNEC)

Indonésie

Fidji Équateur
Australie
Botswana Table 1
Afrique du Sud
EMBs using Facebook and the numbers
of “likes” (October 2013)
Nombre de mentions « j’aime » Nombre de mentions « j’aime »
par pays/territoire par pays/territoire

Afghanistan 2 100 Équateur 28 322

Afrique du Sud 1 196 Égypte 123 694

Albanie 822 Estonie 3 708

Arménie 37 Fidji 1 063

Australie 19 083 Finlande 7 410

Azerbaïdjan 978 France 5 824

Bahreïn 15 766 Géorgie 17 901

Bangladesh 210 Ghana 28 068

Bhoutan 630 Honduras 3 950

Botswana 98 Inde 1 931

Bulgarie 748 Indonésie I5

Colombie (CNE) 5 083 Iraq 13 663

Colombie (RNEC) 8 402 Île de Man 83

Costa Rica 17 356 Jamaïque 582


Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 13

deux. Ces chiffres montrent non seulement que le nombre d’OGE ayant recours aux médias sociaux
varie grandement, mais aussi que le niveau d’engagement de ces organismes et de leurs abonnés sur
les plateformes n’est généralement pas très élevé. Il semble même que l’activité des utilisateurs
publiant des informations sur les pages Facebook d’un OGE soit plus importante que celle de l’OGE
lui-même. Ces données indiquent que les OGE n’utilisent vraisemblablement pas Facebook pour
interagir avec leur public.

Tableau 1. OGE utilisant Facebook et nombre de mentions « j’aime » (octobre 2013) (suite)

Pays-Bas Moldavie
Suisse
Kosovo Tibet
Tunisie
(en exil) Mexique
Palestine (IFE) Porto Rico
Népal République
dominicaine
Nigeria Sainte-Lucie
Salvador Panama
Togo
Ouganda Kenya Maldives
Pérou
Rwanda (ONPE)
Pérou (JNE)

Zambie
Zimbabwe
Namibie Paraguay

Nouvelle-Zélande

Nombre de mentions « j’aime » Nombre de mentions « j’aime »


par pays/territoire par pays/territoire

Kenya 72 336 Pérou (JNE) 9 689

Kosovo 777 Pérou (ONPE) 36 186

Maldives 1 056 Porto Rico 100 425

Mexique (IFE) 43 916 République dominicaine 6 182

Moldavie 707 Rwanda 141

Namibie 57 Sainte-Lucie 48

Népal 68 Salvador 20 373

Nigeria 42 757 Suisse 2 082

Nouvelle-Zélande 13 307 Tibet (en exil) 5 626

Ouganda 234 Togo 90

Palestine, État de 6 177 Tunisie 58 376

Panama 23 306 Zambie 290

Paraguay 5 905 Zimbabwe 959

Pays-Bas 241
14 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Outre l’exercice de cartographie, les OGE du monde entier ont été interrogés par le biais d’une
enquête écrite, dans laquelle ils ont souligné les avantages et inconvénients possibles des médias
sociaux pour la gestion des élections. Les avantages identifiés peuvent être classés en trois catégories
générales : (1) communication facilitée avec l’électorat ; (2) mobilisation de nouveaux publics ;
et (3) renforcement de l’accessibilité et de la transparence. Nous aborderons plus loin les difficultés
mentionnées par les OGE.

Communication facilitée avec l’électorat


Les médias sociaux nous Les réponses à l’enquête révèlent clairement que, selon les OGE, les médias sociaux facilitent leur
permettent « d’interagir interaction avec les électeurs, grâce à des échanges et des discussions ouvertes. Lorsqu’un OGE a
avec le public de façon besoin de partager rapidement des informations, il peut le faire auprès de ses abonnés, qui relaient à
à encourager le dialogue leur tour l’information auprès de leurs propres réseaux, générant ainsi un processus en constante
et la communication, et pas
expansion.
seulement l’information ».
(Norvège)
De même, les médias sociaux offrent la possibilité de recueillir des informations en temps réel auprès
de l’électorat (voir Encadré 1). Par exemple, Élections Canada a pu, dans le cadre de la veille effectuée
Les médias sociaux sur les médias sociaux, identifier certaines défaillances telles que la non-distribution de fiches
« facilitent [...] la diffusion d’information à l’intention des électeurs dans certaines régions, confirmer l’exactitude de cette
rapide d’informations [et] information et demander au personnel sur le terrain de remédier au problème. De plus, l’OGE
l’obtention d’informations canadien a indiqué que les médias sociaux lui avaient donné l’« opportunité d’obtenir des
de la part des électeurs informations en temps réel sur les points de vue et les intérêts des parties prenantes ». Être à l’écoute
et d’autres parties de son public et comprendre ses besoins et opinions exprimés sur les réseaux sociaux est un élément
prenantes au processus essentiel d’une utilisation réussie des médias sociaux qui ne doit pas être sous-estimé.
électoral ». (Portugal)

Les médias sociaux offrent


aux OGE une « grande Encadré 1. Inde : réagir à l’information en temps réel grâce aux médias sociaux
couverture pour la diffusion
d’informations [et] Un avantage non négligeable des médias sociaux est la communication directe et instantanée avec
la possibilité d’obtenir le public sans intermédiaire. Les médias sociaux se sont par ailleurs toujours avérés être une source
des réactions à chaud ». d’information en temps réel et de réaction instantanée. On entend parler des événements au
(Botswana) moment même où ils se produisent. Je me souviens d’une fois en mars 2012, alors que j’étais
encore commissaire général de la Commission électorale indienne, où j’ai pris connaissance par
Twitter d’un incident dans un centre de dépouillement dans l’Uttar Pradesh. J’étais rentré chez moi
tard dans la soirée, alors que nous n’attendions plus que les résultats d’une poignée de
circonscriptions pour annoncer les résultats de l’élection.
Quelques minutes plus tard, j’ai vu un tweet qui s’adressait à moi : « Dr Quraishi, que faites-vous
pour venir en aide aux journalistes encerclés par la foule en colère autour du centre de
dépouillement ? » Je ne savais pas du tout ce qui se passait, nos agents sur le terrain ne nous ayant
rien signalé. Nous avons contacté le responsable politique en cause, qui a demandé à ses partisans
de lever le blocus sur le champ sous peine d’être expulsés du parti. Le tweet a eu un impact
immédiat et nous a permis d’éviter que la situation ne dégénère.
Dr S.Y. Quraishi, ancien commissaire général aux élections
de la Commission électorale indienne

Les médias sociaux peuvent compléter utilement les moyens de communication traditionnels utilisés
par les OGE pour atteindre les électeurs. Les canaux de communication directs avec l’électorat ont
longtemps été reconnus comme étant essentiels au travail des OGE. Il peut s’agir par exemple de
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 15

services de renseignements téléphoniques, de bureaux d’information du public et de boîtes à idées


dans des lieux tels que les marchés, les centres commerciaux ou les transports en commun, mais aussi
de programmes de radio et de télévision interactifs et de réunions en mairies avec des membres des
OGE (IDEA international, 2006a, p. 224). Si ces événements et services sont utiles aux campagnes
de sensibilisation traditionnelles, les médias sociaux permettent quant à eux aux OGE de les
promouvoir auprès d’un large public et d’encourager la participation de celui-ci.

Les médias sociaux offrent aux OGE de nombreuses modalités de partage des informations et de
collecte de renseignements précieux sur les questions et préoccupations des électeurs. Grâce à ces
outils, les OGE peuvent également identifier et évaluer les besoins et attentes de l’électorat vis-à-vis
des institutions chargées de la gestion du processus électoral. Certaines méthodes utilisées sur les
médias sociaux peuvent s’avérer utiles à cet égard :

• quiz en ligne ;
• sondages en ligne ;
• pages ouvertes permettant aux abonnés de poster ou de tweeter leurs questions ou commentaires ;
• possibilité pour les utilisateurs de rédiger, publier et commenter des articles de blog ;
• questions encourageant les débats en ligne ;
• séances de partage d’informations ou de questions/réponses ;
• possibilité pour les utilisateurs de publier des vidéos ;
• recours à des logiciels d’analyse pour identifier les mots-clés utilisés ;
• veille des médias sociaux et réponse immédiate aux préoccupations des internautes.

Mobilisation de nouveaux publics


L’enquête d’IDEA international a montré que les plateformes de communication interactive Les médias sociaux
permettent aux OGE d’atteindre un public plus large et de transmettre à certains groupes sociaux « donnent l’opportunité
spécifiques des informations qu’ils n’ont pas nécessairement eu l’occasion d’atteindre jusqu’alors. Les d’atteindre une
médias sociaux sont essentiels pour communiquer avec un public large et divers, et peuvent permettre communauté spécifique
aux OGE de mieux comprendre les besoins de différents groupes démographiques au sein d’un qui n’aurait peut-être pas
été touchée par le biais
même électorat ainsi que la participation aux élections et l’engagement politique général de segments
des médias traditionnels ».
spécifiques de la société.
(Kenya)

De nombreux OGE ont identifié les jeunes, les minorités ethniques et les femmes comme les
électeurs les moins engagés dans les processus électoraux et politiques mais pouvant être sensibilisés Les médias sociaux ont
grâce à une utilisation efficace des médias sociaux. L’OGE de Bosnie-Herzégovine, par exemple, « largement ouvert la
utilise les médias sociaux pour sensibiliser ces groupes ainsi que les nouveaux électeurs, les réfugiés participation de citoyens
et les personnes déplacées. de tous horizons ». (Chili)

L’accès et le comportement des différents segments de la société vis-à-vis des médias sociaux sont
influencés par certains facteurs tels que la « fracture numérique » (l’écart entre les groupes sociaux en « Nous comptons
commencer à utiliser [les
termes d’accès à la technologie numérique), le niveau d’éducation, les disparités entre les classes et
médias sociaux] pour
l’existence d’une diaspora. Les stratégies de sensibilisation des OGE doivent donc impérativement
approcher plus efficacement
prendre en considération les facteurs démographiques. Par ailleurs, la nature exacte du public non les jeunes, mais également
engagé ou non actif, que ce soit dans les processus électoraux ou sur les médias sociaux, varie d’un pour essayer d’atteindre
pays à l’autre. Il convient donc d’étudier préalablement les groupes cibles potentiels à impliquer par les personnes en dehors
le biais des médias sociaux (ainsi que les plateformes sur lesquelles ils sont actifs) (voir « Ciblage des du processus électoral,
discussions en fonction du public »). Il ne faut pas partir du principe, par exemple, que les utilisateurs comme les personnes non
les plus actifs des nouveaux médias sont les jeunes. Des enquêtes ont montré que l’activité sur les inscrites, par exemple ».
médias sociaux en ligne touche toutes les classes d’âge (Deloitte 2010, p. 5), ce qui indique que si (Australie)
16 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

les plateformes de médias sociaux peuvent effectivement être conçues pour cibler les populations
jeunes, leur utilisation par des segments plus âgés de la population évoluera inévitablement à l’avenir.
Les OGE doivent s’assurer que l’engagement envers le processus électoral est aussi large que possible
et doivent donc prendre en compte ces évolutions.

D’après une étude intitulée Participatory Politics – New Media and Youth Political Action, « les nouveaux
médias ont le pouvoir de faire participer les jeunes de différents (...) groupes ethniques sur un pied
d’égalité » (Cohen et Kahne, 2012, p. 20-30). Une autre étude, Technology Trends among People of
Color (Smith, 2010), conclut qu’aux États-Unis :

«S e pt internautes d’origine afro-américaine ou hispanique parlant anglais sur dix sont membres
d’un réseau social, contre seulement six internautes d’origine européenne sur dix. » Parmi eux,
« les personnes interrogées issues des minorités étaient davantage susceptibles d’affirmer que
ces outils ’permettent d’être mieux informé sur les actions du gouvernement’ et ’rendent l’État
plus accessible’. Ces groupes sont également plus susceptibles de juger qu’il est ’très important’
que les administrations postent des informations et des alertes sur les réseaux sociaux ».

Qu’ils reprennent les conclusions de ces études et les appliquent au contexte local, ou qu’ils mènent
des recherches similaires, les OGE peuvent renforcer l’efficacité de leurs stratégies relatives aux
médias sociaux en étant attentifs à la nature et à la composition exactes des groupes ne participant
pas encore pleinement au processus électoral.

Il est également important d’étudier de près l’utilisation des médias sociaux en fonction du sexe. Une
étude ComScore de 2010 sur l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux par les femmes montre
un léger déséquilibre entre hommes et femmes concernant l’accessibilité à Internet, ces dernières ne
représentant que 46 % de la population connectée (Vollman, Abraham et Mörn, 2010). Cette étude
constate toutefois que la moyenne à l’échelle internationale est réduite par l’accès à Internet limité
dans de nombreuses zones d’Asie-Pacifique et par les restrictions à l’usage de médias sociaux dans des
pays tels que la Chine (Vollman, Abraham, et Mörn, 2010, p. 10). Malgré ces chiffres, elle conclut
que « une fois leur accès à Internet assuré, les femmes y sont plus présentes que les hommes » et que
les femmes passent en moyenne plus de temps sur les réseaux sociaux que leurs homologues
masculins. Le tableau 2 présente les moyennes régionales ventilées par sexe.

Tableau 2. Nombre d’heures passées sur les réseaux sociaux par visiteur et par région (moyenne)

RÉGION HOMMES FEMMES

Amérique du Nord 6,0 7,9


Amérique latine 6,9 8,2
Asie-Pacifique 2,7 3,3
Europe 6,3 8,2
Monde 5,0 6,5

Source : ComScore « It’s a Social World :


Top 10 Need-to-Knows About Social Networking and Where It’s Headed » (décembre 2011).

Les chiffres du tableau 2 montrent clairement que la fréquence d’utilisation des réseaux sociaux est
plus importante chez les femmes que chez les hommes, quel que soit leur continent d’origine. Ainsi,
Facebook compte 57 % d’utilisatrices, contre 43 % seulement d’utilisateurs (Honigman, 2012). Ces
chiffres révèlent que les OGE ont, le cas échéant, la possibilité d’émettre des messages ciblés à
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 17

l’intention de ce groupe démographique. Bien que les femmes n’utilisent pas les médias sociaux à des
fins éminemment politiques, ces outils, combinés à une stratégie et à une approche adéquates,
peuvent s’avérer utiles pour attirer ce public dans l’arène politique.

Enfin, de nombreux pays sont aujourd’hui confrontés à une baisse de participation des jeunes. Parmi
les stratégies visant à renforcer la participation de ce groupe abordées à l’occasion de la cinquième
Conférence de l’Organisation électorale mondiale (GEO) en 2011, citons la sensibilisation des
jeunes électeurs par l’utilisation de leurs propres termes dans leurs propres forums (voir IDEA
international, 2011). Le renforcement des plateformes de réseaux sociaux génère un nombre
croissant d’opportunités et d’occasions pour les OGE de se rapprocher et de mobiliser les jeunes par
le biais de discussions spécialement ciblées. L’étude de cas de l’encadré 2 explique comment Élections
Canada a utilisé les médias sociaux pour promouvoir la Semaine canadienne de la démocratie. Elle
précise les raisons d’être de cette campagne, la manière dont Élections Canada gère ses plateformes,
les obstacles rencontrés jusqu’à présent ainsi que les victoires obtenues.

Encadré 2. Élections Canada et Semaine canadienne de la démocratie :


mobilisation des jeunes par les médias sociaux
La Semaine canadienne de la démocratie est une initiative d’éducation civique organisée tous les ans
par Élections Canada pour sensibiliser les jeunes à la démocratie et à l’importance de se mobiliser.
Les médias sociaux occupent une place prépondérante dans le programme. Ils servent à interagir
avec les jeunes et les principales parties prenantes, à promouvoir le Défi national jeunesse et
à annoncer les manifestations et activités organisées tout au long de la semaine. Si la Semaine
canadienne de la démocratie existe depuis 2011, les médias sociaux n’ont fait leur apparition dans
ce cadre que l’année suivante, avec la création et l’utilisation régulière de plusieurs plateformes
ayant pour objet de mobiliser les jeunes et de poster des contenus. Le programme possède
désormais des comptes Facebook et Twitter en anglais et en français, les deux langues officielles
du Canada, ainsi qu’une chaîne YouTube dans chacune des deux langues. La Semaine de
la démocratie a lieu chaque année au mois de septembre, mais ses comptes sur les médias sociaux
demeurent actifs toute l’année.
Les médias sociaux consacrés à la Semaine canadienne de la démocratie représentent la première
tentative d’Élections Canada de mobiliser le public via cette nouvelle forme prépondérante de
communication et d’interaction. L’organisme n’ayant pas encore de présence sur les réseaux sociaux
pour ses nombreux autres domaines d’activité, les comptes ne portent pas sa marque, mais celle
de la Semaine canadienne de la démocratie.
Lors de l’adoption de sa stratégie d’utilisation des médias sociaux pour la Semaine canadienne
de la démocratie, Élections Canada a créé une structure de gouvernance et élaboré des conditions
d’utilisation. Celles-ci établissent notamment des lignes directrices pour l’affichage d’information
par les utilisateurs et plus spécifiquement une définition du contenu inacceptable. Une équipe
relativement restreinte est chargée de gérer les comptes. Un membre du personnel rédige une grande
partie du contenu et supervise l’activité quotidienne. Un gestionnaire de programme et un conseiller
principal passent en revue et approuvent le contenu et s’assurent que les publications ne contredisent
pas le message général sur lequel l’organisme communique. Le contenu fait enfin l’objet d’un second
examen et d’une seconde validation, de la part cette fois de deux directeurs.
Le recours aux médias sociaux lors de la Semaine canadienne de la démocratie a été une véritable
réussite, qui a toutefois comporté sa part de difficultés. Il faut du temps pour utiliser efficacement
18 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

la technologie et pour apprendre à répondre rapidement et de manière conviviale. Par ailleurs,


en tant qu’organisme apolitique, Élections Canada doit surveiller ses comptes pour empêcher
les publications pouvant mettre en péril son impartialité réelle ou perçue. La plupart du temps,
les utilisateurs respectent les conditions d’utilisation et nous n’avons eu que très peu de publications
partisanes (qui ont été supprimées à chaque fois). En conclusion, l’utilisation des médias sociaux
pour la Semaine canadienne de la démocratie a permis à Élections Canada de faire appel à de
nouvelles plateformes pour s’adresser aux jeunes, de renforcer des partenariats importants avec
les parties prenantes principales et de mettre en place des pratiques saines pouvant être utilisées
par l’organisme lors de l’extension future de sa politique d’utilisation des médias sociaux.
Neil Burron, Élections Canada

Les médias sociaux offrent Une enquête du projet Internet and American Life Project on Civic Engagement du Pew Research
« la possibilité d’échanger Center aux États-Unis a montré que les jeunes Américains sont davantage susceptibles d’utiliser les
avec les gens et de recueillir réseaux sociaux pour leurs activités civiques et détaille les activités politiques les plus courantes sur les
des données/informations réseaux sociaux. Par exemple, ces populations semblent utiliser Facebook pour « aimer » ou promouvoir
pour renforcer l’efficacité, des informations d’ordre politique, encourager leur réseau à voter, publier leur opinion sur certaines
la pertinence et l’actualité
questions d’actualité, republier du contenu politique et s’abonner aux pages d’hommes et de femmes
de notre travail ». (Australie)
politiques en poste et/ou candidats. En effet, 44 % des utilisateurs âgés de 18 à 29 ans ont recours
aux médias sociaux pour « aimer » ou promouvoir des informations d’ordre politique, contre 34 %
Les médias sociaux seulement des utilisateurs âgés de 50 à 64 ans. Notons également que le nombre de jeunes de 18 à 29 ans
« donnent l’occasion d’être
publiant leurs opinions à l’égard des enjeux civiques équivaut à peu près à celui des jeunes se
en contact permanent avec
contentant d’« aimer », de partager ou de promouvoir des informations publiées par leur réseau. Seul
les électeurs toutes
catégories confondues,
le pourcentage le plus faible de la population étudiée est « abonné » à une/des page(s) d’hommes
ainsi qu’avec les partis et de femmes politiques en poste et/ou candidats (Rainie, Smith, Schlozman, et al.).
politiques participant au
processus électoral ».
(Espagne) Renforcement de la transparence et de l’accessibilité
Les principes de transparence et d’intégrité s’appliquent à la responsabilité des OGE (IDEA
Les gens sont mieux
informés des tenants international, 2006a, p. 241). Les médias sociaux peuvent aider les OGE à mieux faire transparaître
et aboutissants d’un leur transparence et leur accessibilité, en améliorant leur capacité à diffuser à point nommé des
processus électoral très informations précises et impartiales et à répondre rapidement aux demandes par le biais de
complexe. Grâce à cela, plateformes formelles ou informelles. Par ailleurs, les échanges ayant lieu sur les médias sociaux d’un
le taux de participation OGE (entre l’OGE et ses abonnés ou entre abonnés) sont publics, ce qui permet de renforcer
et le nombre d’électeurs l’accessibilité de l’information et la transparence autour d’enjeux d’actualité.
inscrits (réfugiés et
personnes déplacées) Cela est vrai pour tous les OGE, mais surtout pour ceux qui, en période de transition, doivent
ont augmenté ces impérativement consolider la confiance entre les électeurs et les acteurs politiques. Pour cela, il
dernières années.
convient de réfléchir à « des activités visant à renforcer la confiance, telles que (...) les voies de
(Bosnie-Herzégovine)
dialogue et de consultation avec les acteurs politiques », un domaine dans lequel les médias sociaux
peuvent jouer un rôle déterminant (IDEA international, 2012, p. 4).
Les médias sociaux nous
permettent « d’interagir
L’utilisation des médias sociaux par les OGE à des fins de communication ouverte et d’interaction
avec le public de façon à
avec l’électorat, associée à leur capacité à réagir aux informations qu’ils reçoivent, peut favoriser la
encourager le dialogue et
la communication, et pas création de relations de confiance avec l’électorat et renforcer la crédibilité du processus électoral
seulement l[a diffusion dans son ensemble. Citons l’exemple du processus électoral au Nigeria en 2011, au cours duquel les
d]’information[s] ». centres chargés du suivi des médias sociaux ont constaté que l’utilisation efficace de ces outils avait
(Norvège) permis de renforcer la confiance de l’électorat envers l’OGE (voir Encadré 3).
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 19

Encadré 3. Nigeria : les médias sociaux au service


du renforcement de la confiance envers le processus
électoral
Les élections présidentielles de 2011 au Nigeria étaient très
attendues après l’échec fracassant de celles de 2003 et 2007.
Un grand nombre de parties prenantes, parmi lesquelles
des organisations de la société civile, des partis politiques
et candidats, les forces de police, les citoyens, les médias
traditionnels et l’OGE nigérian, la Commission électorale
nationale indépendante (INEC), ont utilisé pour la toute
première fois les médias sociaux tout au long du processus
électoral. Le gouvernement a créé, en amont du jour du
scrutin, un centre chargé de suivre les médias sociaux
(Social Media Tracking Centre) dans le but « d’étudier
l’activité sur les plateformes au cours de la période électorale,
les éventuelles tendances, les possibles corrections à
apporter et le potentiel d’apprentissage entre les groupes ».
Les photos et informations publiées en ligne par SMS,
Facebook et Twitter ont été centralisées et analysées.
Le rapport a conclu que la confiance envers l’INEC et
le processus électoral en général s’était accrue tout au long
du processus grâce à l’utilisation des médias sociaux par
l’OGE. La « présence de l’INEC sur les médias sociaux,
indique-t-il, et sa volonté de recevoir des informations
et d’agir en fonction ont donné aux citoyens nigérians
le sentiment que, pour la première fois peut-être, ils seraient
entendus. Ils ont fait l’effort de s’inscrire, de voter et de
protéger leur vote. Même les non-militants ont suivi en
continu les résultats du scrutin pour s’assurer que ce qui
se passait sur le terrain correspondait aux informations qui
étaient communiquées ». Le rapport complet est disponible
à l’adresse suivante :
<http://yaraduacentre.org/files/tracking.pdf>
20 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

CHAPITRE 2.

Les sept étapes de l’élaboration d’une stratégie relative


aux médias sociaux

Élaboration d’une stratégie relative aux médias sociaux


« La Commission électorale Si plusieurs OGE ont réussi à se lancer dans l’utilisation des médias sociaux sans stratégie clairement
et des frontières définie, nous disposons aujourd’hui de suffisamment d’expérience pour affirmer que l’élaboration
indépendante du Kenya d’une stratégie simple et réaliste peut aider les OGE à éviter les écueils et à mieux cibler leur public.
(IEBC) ne possédait pas
de stratégie relative aux
Les stratégies relatives aux médias sociaux définissent les objectifs et fixent un cadre pour les atteindre.
médias sociaux mais était
Elles permettent aux organisations d’être plus visionnaires et proactives. Une stratégie claire peut
consciente de leur intérêt.
Tout le monde parlait de
permettre à un OGE de jeter les bases du dialogue, de la mobilisation et du partage de connaissances
la nécessité d’avoir recours et de ne plus se contenter de réagir aux débats en cours. Dans les démocraties fragiles ou émergentes
à ces outils mais ne savait ou dans les contextes où les OGE sont confrontés à une certaine défiance ou soumis à une pression
pas comment procéder. politique accrue, une stratégie et des directives précises sur les modalités d’utilisation des médias
Il aurait certainement été sociaux sont essentielles.
utile de disposer d’une
stratégie à cet égard. Nous Les médias sociaux évoluent rapidement : les plateformes existantes se dotent de nouvelles
ne savions pas exactement innovations, et de nouveaux services voient le jour régulièrement. Les OGE novices en la matière
qui serait chargé de publier devront par conséquent inéluctablement faire des essais et essuyer des échecs. Ils peuvent élaborer
les informations, si elles
une stratégie sur six mois, un an ou plus. Toutefois, quel que soit le calendrier prévu, des révisions
seraient gérées par
périodiques et de nouveaux projets devront être menés régulièrement afin d’éviter de rester passifs et
plusieurs départements
à la fois, etc. »
à la traîne. Les stratégies adoptées doivent également faire preuve de souplesse pour s’adapter à
Un représentant de l’IEBC l’évolution rapide des technologies.

Les sept étapes recensées ci-dessous aideront les OGE à élaborer une stratégie relative aux médias
sociaux efficace :

1. poser les questions essentielles pour guider l’organisme dans l’utilisation des médias sociaux ;
2. identifier les ressources nécessaires à la mise en œuvre de la stratégie ;
3. élaborer les directives de mise en œuvre de la stratégie ;
4. identifier les liens avec d’autres stratégies et politiques institutionnelles ;
5. identifier les autres acteurs utilisant les médias sociaux ;
6. réfléchir aux risques et scénarios potentiels ainsi qu’aux solutions pour y faire face ;
7. réviser la stratégie.

Nous aborderons une à une ces différentes phases dans le présent chapitre, non pas pour fournir un
modèle rigide et dénué de souplesse, mais plutôt pour mettre en avant les points principaux qui
permettront aux OGE de trouver leurs propres voies en fonction de leurs contextes respectifs.
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 21

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Réviser la stratégie

Identifier les liens avec


d’autres stratégies
Figure 2.
Les sept étapes de l’élaboration
d’une stratégie relative aux médias
sociaux pour les OGE
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1. Questions essentielles liées à l’utilisation des médias sociaux par les OGE
Les questions qui aideront les OGE à déterminer comment exploiter au mieux les médias sociaux et
leur donner le meilleur impact doivent porter sur l’objectif poursuivi, le public cible, les méthodes
utilisées et les risques encourus. En voici quelques exemples :

1. Pourquoi vouloir faire participer par le biais des médias sociaux ? Quels sont nos objectifs
dans ce cadre ?
2. Quelles améliorations les médias sociaux peuvent-ils apporter ? Quels avantages pouvons-
nous tirer de l’utilisation des médias sociaux ?
3. De quelles ressources l’organisation dispose-t-elle à l’heure actuelle ? Sur quels atouts
pouvons-nous nous appuyer ?
4. Quels types d’échanges souhaitons-nous encourager ? À quels types d’échanges
souhaitons-nous participer ? Pourquoi ceux-là en particulier ? Quel rapport entretiennent-
ils avec les objectifs que nous poursuivons ?
5. Quels groupes souhaitons-nous cibler en particulier ? Quelles plateformes utilisent-ils ?
6. Pourquoi notre public cible serait-il actif sur notre/nos plateforme(s) ? Qu’avons-nous à offrir ?
7. Quelles autres entités essayent de mobiliser les groupes que nous avons ciblés ? Comment
pouvons-nous prendre connaissance de leur discours ? Pouvons-nous nous associer à l’un
ou l’autre de ces acteurs pour renforcer notre rayonnement ?
8. Comment inciter la population à s’abonner à nos plateformes de médias sociaux ?
Comment fidéliser les abonnés ?
9. Quel type de contenu devons-nous publier ? Comment le produire ?
10. Y a-t-il des manifestations spécifiques ou dates importantes qui pourraient faire l’objet
d’une campagne ?
11. À quels scénarios devons-nous nous préparer ? Quels sont les risques potentiels ?
22 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Si les réponses à ces questions n’apparaîtront pas nécessairement noir sur blanc dans la stratégie
relative aux médias sociaux des OGE, il peut s’avérer utile d’esquisser des éléments de réponse afin
de définir : (a) l’objectif poursuivi ; (b) le public cible ; (c) les moyens utilisés pour mobiliser ledit
public ; (d) les stratégies de réduction des risques. Trouver des réponses à ces questions peut aussi
permettre de définir des objectifs précis et mesurables accompagnés d’indicateurs pertinents (p. ex.,
augmentation du nombre d’abonnés ou augmentation du nombre de visites/téléchargements sur le
site Internet de l’OGE). Des objectifs et indicateurs précis et mesurables s’avéreront par ailleurs
indispensables à l’évaluation de la réussite de la stratégie.

2. Identification des ressources


« Des efforts soutenus de Si les médias sociaux sont gratuits, leur exploitation efficace suppose toutefois des investissements
communication ouverte et importants (notamment en termes de ressources humaines). Il convient par conséquent de définir
de dialogue constituent clairement les ressources nécessaires à l’exécution de la stratégie.
une méthode relativement
peu coûteuse pour
Les nouvelles responsabilités engendrées par la gestion des médias sociaux auront une incidence
sensibiliser les parties
budgétaire. La stratégie doit donc bien étudier les objectifs et avantages de l’utilisation des médias
prenantes aux activités
des OGE et s’attacher leur sociaux et les mettre en balance avec les coûts engendrés.
loyauté. » Concevoir la
gestion électorale : le
manuel d’IDEA international Il convient notamment de réfléchir aux éléments suivants :
(IDEA international,
Stockholm, 2006, p. 228) Affectation d’une ou de plusieurs personnes à la gestion des plateformes ✔
Disponibilité 24 h/24 et 7j /7 sur les réseaux sociaux et réponses « en temps réel » ✔
Champ d’application de la stratégie (nombre de plateformes, etc.) ✔
Renforcement des capacités du personnel, création de partenariats ou sous-traitance ✔
Langues ✔
Utilisation de logiciels de gestion des médias sociaux ✔

La présence sur les médias sociaux est amenée à augmenter en période électorale. Toutefois, les
phases préélectorale et postélectorale offrent également l’opportunité de recueillir et de diffuser des
informations importantes sur le processus électoral. Les OGE peuvent donc envisager d’affecter du
personnel à la gestion des plateformes de médias sociaux tout au long du processus.

De plus, la capacité à répondre en temps presque réel suppose la disponibilité constante des ressources
humaines, ce qui ne va pas sans peine. Ainsi, l’OGE norvégien a répondu à l’enquête en indiquant
qu’il était « difficile de trouver des ressources pour surveiller et mettre à jour régulièrement les
plateformes sociales. C’est donc une gageure de vouloir répondre à la demande constante
d’actualisation. »

En particulier, au cours de la période suivant la mise en ligne de plateformes, il est conseillé aux
OGE d’affecter du personnel à leur mise à jour régulière, y compris la nuit et le week-end, afin
d’assurer la mobilisation rapide et constante des abonnés. Cela implique la nécessité pour le personnel
d’être disponible en dehors des horaires normaux de travail.
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 23

Le fait que seule une petite équipe soit chargée des publications sur les plateformes n’empêche pas
les autres membres du personnel d’envoyer des informations à cette équipe, qui peut ensuite les
adapter aux fins d’une publication sur les médias sociaux. Certains systèmes de gestion des médias
sociaux encouragent le personnel ne faisant pas partie de l’équipe de gestion des médias sociaux à
contribuer, tout en maintenant un certain contrôle central (ce personnel n’étant autorisé qu’à rédiger
du contenu sans le publier). Une fois approuvé par l’équipe de gestion des médias sociaux, le contenu
en question est publié sur les plateformes concernées. Par exemple, les employés chargés de la gestion
des médias sociaux au sein de la Commission électorale australienne (AEC) doivent faire valider
toute proposition de contenu particulièrement novateur ou susceptible de donner lieu à controverse.
Les employés se réunissent régulièrement pour partager leurs idées et des informations, et assistent à
des séminaires et autres formations spécifiques le cas échéant, l’objectif étant qu’ils soient tous au
courant des activités et d’adapter chaque publication potentielle aux plateformes utilisées.

Dans tous les cas, associer l’ensemble du personnel à la création de publications lui permettra de se
sentir impliqué dans la stratégie relative aux médias sociaux et contribuera à augmenter le nombre
de publications plus pertinentes, innovantes et créatives au sein de l’organisme. Cela peut également
réduire la charge pesant sur les épaules d’une petite équipe spécialisée, en termes notamment de
temps et de ressources.

Il est important par ailleurs d’affecter des ressources à la stratégie dans son ensemble, dont le champ
d’application pourra être étendu à mesure de l’accroissement des fonds disponibles. Si l’interaction
bidirectionnelle est le maître mot d’une plateforme efficace, il peut s’avérer utile d’établir sa présence
sur les médias sociaux en commençant par la publication d’annonces ou de liens vers le site Internet
de l’institution. Une autre solution pour atténuer ou réduire les attentes à l’égard des éventuelles
interactions consiste à préciser publiquement sa politique, comme l’a fait le ministère de la Justice
des États-Unis.

Figure 3.

« Compte Twitter officiel


du MdJ. Le MdJ ne collecte
ni commentaires ni
messages sur ce compte.
Pour en savoir plus :
justice.gov/privacy-file.htm »

Lorsque les OGE disposent des ressources pour renforcer leur présence en ligne, ils peuvent publier
des informations plus variées comme des sujets de débat ou des questions, ou organiser des
manifestations en temps réel comme des séances de questions/réponses par exemple.

Renforcement des capacités du personnel


Certains membres du personnel peuvent certes avoir de l’expérience et le talent nécessaire pour publier
du contenu et agir comme médiateurs sur les différentes plateformes, mais celles-ci peuvent évoluer très
vite. Dans la mesure du possible, il pourra être utile de former le personnel sur les caractéristiques de
plusieurs plateformes, à la meilleure manière de communiquer sur ce type d’outil ou encore à la gestion
d’une crise, afin de s’assurer que leurs connaissances sont constamment à jour et tirer le meilleur parti des
plateformes en question. Le renforcement des capacités de leur personnel permettra aux organismes
d’être plus à l’aise sur les médias sociaux et d’assurer la bonne exécution de leur stratégie à cet égard.
24 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Création de partenariats et sous-traitance


La formation de partenariats, par exemple entre un OGE et des agences gouvernementales, la société
civile, des organisations à but non lucratif ou encore des personnalités, peut faciliter l’optimisation des
ressources, la mobilisation d’un maximum de personnes et la diffusion efficace des informations. Ces
entités ont à maintes reprises utilisé les médias sociaux pour faire valoir leur engagement civique. Les
OGE ne doivent donc pas hésiter à envisager cette possibilité si leurs éventuels partenaires font preuve
de neutralité politique et poursuivent les mêmes objectifs. Le partage d’expériences par le biais de
discussions en ligne ou de réunions avec d’autres OGE, les gouvernements ou des organisations non
gouvernementales peut aussi faciliter la création de partenariats informels et de moyens innovants de
mobilisation du public.

Une autre solution consiste à s’associer à une agence extérieure au cours de la phase de lancement de
la stratégie relative aux médias sociaux. C’est l’option qu’a choisie l’AEC, qui a « donné des orientations
[à une agence de publicité] fondées sur le manuel de réponse du centre d’appels téléphoniques, afin
qu’elle puisse répondre rapidement aux questions posées sur les plateformes en ligne » (Macnamara,
Sakinofsky et Beattie, 2012, p. 33). Ce partenariat a permis au personnel de l’AEC d’apprendre de
l’expérience de l’agence tout en sachant qu’en cas de problème, il avait des spécialistes à disposition
pour aider à gérer la situation. La Commission s’est ainsi sentie plus à l’aise lors des premières phases
du lancement de ses différentes plateformes (voir Encadré 4).

Encadré 4. Australie : premiers pas sur les réseaux sociaux


Avant de se lancer sur les réseaux sociaux en 2012, l’AEC a commandé une étude approfondie
de la présence sur les médias sociaux d’autres agences gouvernementales et autorités électorales
australiennes. Ce rapport, disponible à l’adresse <http://www.aec.gov.au/About_AEC/research/
social-media.htm>, a conforté l’AEC dans sa décision d’intégrer les médias sociaux à sa stratégie.
Facebook — La page Facebook de l’AEC, conçue par l’agence de publicité BMF, a été mise en
ligne le 28 mai 2012. BMF a pris en charge la gestion de la page jusqu’à ce que la division de l’AEC
chargée de l’éducation et de la communication prenne la relève. La création d’une page Facebook
se justifiait par la nécessité pour l’AEC d’être présente sur cette plateforme fréquentée chaque
semaine, voire plusieurs fois par jour, par des millions d’Australiens, et de se forger une expérience
sur cet espace. L’AEC était séduite par la possibilité offerte par Facebook d’atteindre un grand
nombre de jeunes et de diffuser son message les encourageant à s’inscrire à sa campagne Count
Me In. La popularité de la page et le nombre de clics vers le site Internet de l’AEC (sur lequel les
utilisateurs peuvent vérifier leur statut et s’enregistrer) n’ont cependant pas répondu aux attentes
initiales, et l’agence de publicité recrutée par l’AEC a eu des difficultés à mener des campagnes
numériques de promotion et de publicité bien ciblées en faveur de la Commission. L’AEC a ainsi
appris qu’il fallait laisser à sa page le temps d’évoluer et ne pas s’attendre nécessairement
à des résultats immédiats. Aujourd’hui, la page Facebook de l’AEC se développe de façon régulière
et compte désormais plus de 19 000 mentions « j’aime », dont la plupart ont été obtenues au cours
de la période précédant les élections de 2013.
L’AEC se sert de cette page pour diffuser ses messages, mais y reçoit également de nombreuses
demandes du public. En effet, leur volume s’est multiplié à l’approche de l’élection de 2013, et plus
encore au cours de la période électorale. Pour s’y préparer, l’AEC a élaboré des réponses standard
aux questions électorales adaptées à Facebook, comme elle le fait pour les centaines de milliers
d’appels téléphoniques et de messages électroniques qu’elle reçoit à son centre d’appels national.
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 25

Twitter — Le compte Twitter de l’AEC a été créé en même temps que sa page Facebook.
Il a toutefois été géré en interne dès le début par l’équipe en charge des relations publiques
et des médias. L’AEC a choisi cette approche car Twitter est plus facile à gérer que Facebook et
ne nécessite que peu de formation ou de familiarisation. Utilisé initialement pour la campagne
Count Me In, le compte Twitter de l’AEC, auquel se sont abonnés un grand nombre de journalistes
et de parties prenantes issues des médias ainsi que le grand public, s’est rapidement révélé utile
pour gérer les questions relatives aux médias.

L’actualisation et la surveillance continues de plusieurs plateformes, associées à l’établissement initial


d’une présence en ligne, peuvent dépasser les capacités d’un OGE, qui peut par ailleurs considérer
ces activités comme trop coûteuses ou chronophages. À cet égard, certains OGE choisissent de sous-
traiter cette activité à d’autres agences (organisations de la société civile ou consultants privés). Il
convient toutefois dans ce cas de prendre en considération les questions telles que la perception de
neutralité, l’appropriation du contenu et les responsabilités associées, la connaissance du processus
électoral et les stratégies, politiques, règles et mandats de l’OGE relatifs à la communication. Pour
représenter au mieux les intérêts des OGE, les sous-traitants doivent bien connaître ces questions,
ainsi que le rôle et les restrictions juridiques applicables à l’organisme, au processus électoral et aux
parties prenantes concernées.

Langues
L’entretien de plateformes multilingues dans les pays possédant plusieurs langues officielles peut
s’avérer difficile et nécessiter davantage de ressources, particulièrement si les débats organisés sur la
plateforme doivent prendre place dans toutes les langues officielles du pays.

3. Élaboration des directives de mise en œuvre de la stratégie


Pour veiller à ce que le travail de leur personnel, et notamment celui en charge de la gestion des
plateformes de médias sociaux, soit conforme à leur stratégie, les OGE peuvent élaborer des directives
ou codes de conduite, qui doivent aborder les points suivants :

• type de contenu publiable ;


• plateformes utilisées ;
• registre de langue devant être utilisé pour parler au nom de l’organisme ;
• fréquence de publication ;
• politique de l’institution vis-à-vis du partage et du retweet des publications, et notamment sa
position concernant les messages pouvant être considérés comme cautionnant l’opinion
d’autres organisations (potentiellement moins neutres).
26 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Les OGE élaboreront leurs propres directives relatives à l’utilisation des médias sociaux en fonction
de leur contexte et de leurs objectifs propres, mais devront dans tous les cas prendre en considération
les éléments suivants :

• but : pourquoi élaborer ces directives ? Comment s’articulent-elles avec la stratégie ?


• public, champ d’application et applicabilité : à qui s’adressent-elles ? À quel moment feront-
elles l’objet d’une révision ? S’appliqueront-elles seulement aux plateformes de l’OGE ou
concerneront-elles aussi l’utilisation privée des médias sociaux ?
• contexte : pourquoi avoir recours aux médias sociaux ? Où en est l’organisme en termes
d’utilisation des médias sociaux ? Quel est son objectif et comment compte-t-il l’atteindre ?
• plateformes acceptées : quelles plateformes sont les plus appropriées au contexte ?
• publics cibles ;
• documents apparentés : existe-t-il d’autres politiques connexes ? La stratégie en mentionnera-t-elle ?
• rôles et responsabilités concernant la mise à jour de la/des plateforme(s) choisie(s) par l’OGE ;
le contrôle de la conformité ; la gestion, la mise en œuvre et la révision de la stratégie ;
• dérogations (le cas échéant) ;
• protocoles applicables en cas de crise.

Pour d’autres exemples de directives et politiques relatives aux médias sociaux élaborées par des
agences gouvernementales, des organisations à but non lucratif ou d’autres institutions, voir :
<http://socialmediagovernance.com/policies.php?f=5>.

Codes de conduite
Les codes de conduite, qui se définissent en général comme un ensemble de règles, responsabilités
ou comportements attendus des membres d’une institution/organisation, peuvent s’avérer utiles
pour garantir le respect des directives. Concernant les médias sociaux, il peut exister différents codes
de conduite, selon qu’ils s’appliquent à l’utilisation générale des médias sociaux sur le lieu de travail,
aux administrateurs des plateformes des OGE ou aux parties prenantes électorales ayant recours aux
médias sociaux. Les codes de conduite relatifs à l’utilisation des médias sociaux doivent s’articuler
avec les autres stratégies institutionnelles, comme indiqué précédemment.

Codes de conduite applicables aux administrateurs des plateformes des OGE


La personne ou l’équipe chargée de la gestion des plateformes de l’OGE doit veiller à exprimer le
point de vue de l’organisme et non pas des opinions personnelles dans les messages qu’elle diffuse.
Cette règle doit figurer dans les codes de conduite des OGE applicables aux administrateurs des
plateformes.

Comme indiqué précédemment, il est également dans l’intérêt de cette personne ou équipe de bien
comprendre les mandats, procédures et règles de l’OGE, et de s’y conformer lorsqu’elle lance des
discussions, actualise la page ou répond aux questions posées. Il est donc conseillé aux membres du
personnel chargés de la gestion des plateformes de savoir où chercher des réponses reflétant la
position de l’OGE en cas de questions épineuses ou de questions portant sur les valeurs ou opinions
de l’OGE. Le code de conduite doit fixer les règles applicables au comportement attendu dans ce
type de situation.

Par ailleurs, les pages Facebook de groupes ou d’organisations doivent être gérées à partir d’un compte
individuel. Il est donc essentiel pour l’organisation de déterminer si les membres du personnel
peuvent y accéder à travers leur compte personnel ou si elle doit créer un compte spécifique.
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 27

Codes de conduite applicables aux parties prenantes électorales


Les codes de conduite conçus à l’intention des médias, du personnel des bureaux de vote, des partis
politiques, du personnel des OGE et d’autres parties prenantes électorales peuvent indiquer les
emplois autorisés des médias sociaux tout au long du processus électoral et les restrictions applicables
(pendant les périodes d’interruption de diffusion par exemple).

Codes de conduite applicables aux utilisateurs des médias sociaux


Certains organismes disposent de règles et codes de conduite relatifs à l’utilisation des médias sociaux
à titre privé et/ou pendant les heures de travail. Si la diffusion d’informations à titre privé sur le
travail d’un OGE peut s’avérer très utile, elle peut également induire le risque de donner une
mauvaise image de l’organisation. Ces considérations peuvent par conséquent avoir un impact sur le
type de messages privés et discussions que les employés peuvent publier ou lancer concernant leur
lieu de travail. Un organisme peut ainsi décider de proposer des directives sur le comportement de
son personnel, par exemple vis-à-vis d’une demande « d’ajout à la liste d’amis » de personnalités
politiques (candidats ou responsables de partis, par exemple).

4. Corrélation avec d’autres stratégies et politiques institutionnelles


Les OGE doivent impérativement accorder, voire intégrer, leur stratégie relative aux médias sociaux
à leur stratégie globale de communication ou de sensibilisation. Les stratégies contradictoires ou
discordantes peuvent en effet être source de confusion.

Les stratégies relatives aux médias sociaux doivent par conséquent souligner comment ces plateformes
peuvent renforcer et compléter d’autres actions, telles que les campagnes d’éducation civique ou les
mécanismes de sensibilisation (réunions publiques, sites Internet, articles de presse ou publications).

Prenons l’exemple d’Élections Manitoba, l’OGE de la province canadienne du même nom, pour
illustrer comment les médias sociaux peuvent promouvoir des campagnes de sensibilisation plus
traditionnelles : cet OGE a utilisé Facebook pour faire connaître sa campagne d’éducation civique,
dans le cadre de laquelle il rendait visite à des classes dans l’ensemble de la province :

Figure 4.

« Chers enseignants, vous cherchez


à engager vos élèves dans notre
processus démocratique mais ne
savez pas comment ? Élections
Manitoba peut organiser un atelier
interactif et divertissant à l’intention
de vos élèves, dans votre propre
salle de cours ! Pour en savoir plus
et réserver votre atelier gratuit,
cliquez sur le lien ci-dessous. »
28 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Les plateformes sociales et stratégies y afférentes peuvent concerner les OGE nationaux, régionaux
ou locaux dans leur ensemble, ou encore être consacrées à une question particulière (l’inscription des
électeurs, par exemple). Il est souhaitable, lorsque la structure de l’OGE le permet, de veiller à la
cohérence entre les stratégies consacrées aux différentes plateformes, les actions menées sur l’une
pouvant en affecter involontairement une autre, notamment si les électeurs ne connaissent pas bien
les différentes structures des organismes de gestion électorale. Par exemple, certains électeurs ne savent
pas que dans un même pays un OGE central peut coexister avec des OGE régionaux, départementaux,
ou provinciaux distincts.

5. Identification et mobilisation d’autres utilisateurs des médias sociaux


Même si, dans un pays donné, il se peut qu’un seul OGE utilise les médias sociaux, il n’est pas
impossible que les organisations de la société civile, organisations internationales, citoyens engagés,
groupes d’observateurs (internationaux ou nationaux), partis politiques ou autres parties prenantes
impliquées dans le processus électoral fassent également appel à cet outil pour mobiliser les électeurs.

Il peut s’agir notamment des acteurs suivants :

OGE locaux ✔
Organisations de la société civile ✔
Organisations internationales ✔
Citoyens engagés ✔
Groupes d’observateurs ✔
Partis politiques ✔
Médias ✔
Forces de défense et de sécurité ✔

Il peut s’avérer très utile de s’abonner aux plateformes d’autres utilisateurs s’adressant au même public
cible. Un OGE peut non seulement se rapprocher de ces acteurs sur les médias sociaux afin d’enrichir
le débat, mais aussi s’abonner à leurs pages pour, par exemple, mettre un terme à la diffusion
d’informations erronées sur le processus électoral (voir la section consacrée aux risques et difficultés
ci-dessous) ou répondre aux éventuelles critiques. Par ailleurs, les actions et performances des OGE
feront inévitablement l’objet de discussions en ligne, qu’ils soient eux-mêmes présents sur les médias
sociaux ou non. Avoir connaissance de ces discussions et y prendre part de manière proactive plutôt
que simplement y réagir donnera aux OGE l’opportunité d’orienter le débat et de mieux faire
participer leur public cible.

Les journalistes citoyens et les groupes d’observation nationaux utilisent de plus en plus les médias
sociaux et les plateformes en ligne (voir Encadré 5). Le contenu qu’ils collectent et publient sur ces
plateformes peut être une source d’information précieuse pour les OGE, qui peuvent par ailleurs
utiliser les médias sociaux pour éduquer les observateurs nationaux sur leur rôle et le cadre juridique
en vigueur.
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 29

Encadré 5. Kenya : Ushahidi au service de l’observation électorale


Créé pour faire face aux violences post-électorales au Kenya en 2007, Ushahidi (« témoignage » en
swahili) est un logiciel de production participative par le biais de SMS/texto, courrier électronique,
Twitter ou Internet. Conçu pour permettre aux parties intéressées de collecter, cartographier et
diffuser des informations, cet outil personnalisable est téléchargeable gratuitement. Ushahidi se
définit comme un « outil basé sur le principe selon lequel la collecte [...] d’informations auprès du
grand public donne une nouvelle perspective sur des événements ayant lieu en temps presque réel ».
Si cette plateforme avait à l’origine vocation à localiser les foyers de violence sur l’ensemble
du territoire, elle s’est depuis développée de façon à permettre aux citoyens de communiquer sur
toute question relative au processus électoral. La plateforme Uchaguzi développée par Ushahidi
et utilisée au cours des élections de 2013 a permis aux citoyens de communiquer sur des questions
liées aux élections telles qu’incitation à la haine, dépouillement du scrutin et résultats, logistique
des bureaux de vote, matériel, équipement et scrutin.
<http://www.ushahidi.com>/<http://www.uchaguzi.co.ke>

Les partis politiques s’appuient de plus en plus sur les médias sociaux pour faire campagne, collecter
des fonds et promouvoir leurs idées. Les OGE peuvent surveiller ces plateformes pour garantir le
respect du cadre juridique en vigueur. Il est conseillé aux OGE de s’abstenir de témoigner leur
sympathie à un parti donné, que ce soit par le biais des médias sociaux ou ailleurs. Lorsqu’ils doivent
mentionner les partis politiques sur une plateforme en ligne, il convient d’accorder à tous la même
couverture. Ils peuvent renforcer les connaissances de l’électorat sur les campagnes électorales en
publiant des liens vers des sites Internet ou des ONG collectant des informations non partisanes sur
les plateformes des partis politiques notamment.

Les médias traditionnels sont un autre acteur avec lequel les OGE peuvent interagir sur les médias
sociaux, en raison du nouveau rôle que leur confère leur présence accrue dans les conversations en
ligne. En effet selon Bradshaw, le rôle du journaliste aurait glissé de celui de « gatekeeper » (filtrer et
sélectionner les informations auxquelles il consacrera un article ou un reportage) à celui de
« gatewatcher » (rassembler des données éparses et donner de la publicité à un fait) (Bradshaw, 2011,
p. 6). Les médias traditionnels sont désormais impliqués dans le suivi de récits diffusés sur les
plateformes des médias sociaux et chargés de fournir des données contextuelles, d’en vérifier
l’authenticité, de les commenter et de les interpréter pour leurs lecteurs, auditeurs et téléspectateurs.
Au cours du processus électoral, les OGE peuvent avoir un impact sur les reportages des médias
traditionnels, en publiant des récits et en organisant des débats en ligne. Les OGE actifs sur Internet
peuvent « se servir des médias pour informer et instruire la population sur les questions électorales
ainsi que pour mener leurs propres campagnes publicitaires, avec des supports papier et audiovisuels
et un site Internet régulièrement mis à jour par exemple, afin que les électeurs puissent suivre leurs
activités » (IDEA international, 2006a, p. 224).

En 2011 en Tunisie, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) s’est associé
à une station de radio locale pour mener une campagne d’éducation civique à la fois sur le site
Internet de cette dernière (très fréquenté) et Facebook (voir Encadré 6). Les OGE peuvent dans ce
type de situation servir de guide et fournir des informations précieuses aux médias tout en améliorant
leur image et leur portée.
30 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Encadré 6. Tunisie : mobilisation des jeunes via DemocraTweet


Lors de la période précédant les élections de l’Assemblée nationale constituante de 2011, la peur et
la défiance restaient palpables au sein du peuple tunisien. Radio Mosaïque FM, l’une des principales
radios nationales dont le site Internet et la page Facebook jouissent d’une forte popularité, a aidé à
impliquer les jeunes dans le processus électoral en lançant un jeu éducatif consacré aux élections,
en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Ce jeu, intitulé « DemocraTweet », a été lancé quelques semaines avant le jour du scrutin. Il se
présentait sous forme de questionnaire en français et arabe sur de nombreux sujets tels que les
principes de base de la démocratie, la transition vers la démocratie, le processus électoral et les
procédures à suivre le jour J. Deux gagnants ont été sélectionnés pour se rendre au siège des
Nations Unies à New York et y communiquer un message au nom de la jeunesse tunisienne.
DemocraTweet a fait l’objet d’une campagne publicitaire de grande envergure dans les médias
traditionnels et sociaux, sur des panneaux d’affichage et dans des flyers distribués à la population.
Plus de 2 600 personnes, dont une majorité de jeunes âgés de 18 à 35 ans, le groupe de population
ciblé spécifiquement, y ont participé.
Pour plus d’informations, voir :
http://www.undp.org/content/brussels/en/home/ourwork/democraticgovernance/successstories/
supporting-democratic-elections-tunisia/
Erik Asplund, IDEA international

La relation entre médias sociaux et médias traditionnels est de plus en plus symbiotique. Si les
plateformes des médias sociaux sont utilisées pour diffuser des récits générés par les médias
traditionnels, ces derniers dépendent également de plus en plus des informations tirées des médias
sociaux. S’ils ont conscience de cette réciprocité, les OGE pourront diffuser aussi largement que
possible le contenu qu’ils génèrent sur les plateformes en ligne.

Par ailleurs, l’accès à Internet étant inégal d’un pays à l’autre et au sein d’un même pays, les OGE
doivent continuer à organiser des campagnes d’éducation civique traditionnelles et s’attacher à
maintenir leurs relations avec les médias traditionnels comme la télévision, la radio ou la presse
écrite. L’utilisation des nouvelles méthodes de communication doit venir compléter et non remplacer
les méthodes plus traditionnelles, particulièrement dans les régions où la connectivité et l’utilisation
des médias sociaux sont limitées.

6. Risques potentiels et solutions


L’utilisation des médias sociaux comporte de nombreux avantages, mais s’accompagne également de
difficultés. Les stratégies relatives aux médias sociaux élaborées par les OGE doivent bien prendre en
considération les risques et difficultés que posent ces outils, et envisager des solutions pour y
remédier. Les stratégies adoptées pour répondre aux risques dépendront largement du contexte dans
lequel travaillent les OGE. Nous nous contenterons donc ici de présenter quelques scénarios de
risque, mais laissons aux OGE le soin d’adopter les méthodes adaptées à leurs contextes respectifs
pour lutter contre ces risques.
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 31

Les difficultés rencontrées peuvent prendre différentes formes, mais les OGE doivent plus spécifiquement
s’attacher à examiner les éléments suivants :

• cadre juridique et procédures internes ;


• publications négatives ;
• diffusion d’informations erronées ;
• utilisation des médias sociaux en situation de conflit ou de post-conflit ;
• faux comptes ou comptes non autorisés ;
• activités accrues sur les plateformes de médias sociaux.

Cadre juridique et procédures internes


Les OGE doivent être au fait des procédures internes régissant leur propre fonctionnement ainsi que
des règles juridiques relatives au processus électoral applicables à l’utilisation des médias sociaux, et
comprendre comment le recours aux nouvelles technologies peut les affecter. Ils doivent également
comprendre et observer les règles juridiques de la plateforme qu’ils auront choisie.

Les organismes n’ayant pas nécessairement les ressources nécessaires pour mener une étude d’une
telle envergure, certains experts proposent aux gestionnaires de « consulter les ressources juridiques
qui sont à leur disposition (y compris le personnel juridique des agences et les guides émanant
d’organismes indépendants) [...] et d’intégrer ces recommandations à un plan d’engagement public
à long terme applicable tant aux activités récurrentes qu’aux initiatives à court terme » (Leighninger,
2011, p. 6). Les médias sociaux étant un phénomène encore relativement récent, les OGE ne doivent
pas avoir peur de demander une aide extérieure pour mener un examen juridique complet.

Certains OGE ont remarqué que l’utilisation généralisée des médias sociaux s’était accompagnée de
nouvelles difficultés relatives à l’interprétation des lois, à la réglementation et à l’établissement de
sanctions en cas de violation des lois électorales. L’expérience du Canada et de la France montre que
l’émergence des nouveaux médias a entraîné la caducité de certains aspects du droit électoral. Par
exemple, la règle interdisant la diffusion des résultats avant la fermeture des bureaux de vote,
auparavant généralisée, a été récemment largement mise à mal par l’utilisation des médias sociaux
par les électeurs le jour du scrutin (voir Encadrés 7 et 8). Certains OGE ont également signalé que
les médias sociaux avaient rendu difficile la surveillance des périodes d’interruption de diffusion
pendant la campagne et du financement des campagnes.

Encadré 7. Canada : actualisation du cadre juridique à l’ère des médias sociaux


L’article 329 de la loi électorale du Canada de 1938 relatif à la « diffusion prématurée des résultats »
stipulait :
« Il est interdit de diffuser le résultat ou ce qui semble être le résultat du scrutin
d’une circonscription dans une circonscription avant la fermeture de tous les bureaux
de scrutin de cette dernière. »
Pendant les élections fédérales de 2011, les internautes ont largement utilisé Twitter pour « twitter »
les résultats des bureaux de vote de la côte Est, qui ferment 4 heures et demie avant ceux de la
côte Ouest, violant ainsi la disposition législative relative à la diffusion prématurée des résultats.
Élections Canada a toutefois considéré que la loi était inapplicable au vu des technologies actuelles,
et a ainsi décidé le 13 janvier 2012 d’abroger cette disposition en prévision des élections de 2015.
32 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Encadré 8. France : tweets sur « Flanby » et « Camembert » lors des élections


présidentielles sur #RadioLondres
Le droit français interdit de diffuser des estimations de résultats des élections fondées sur les
sondages effectués à la sortie des bureaux de vote tant que ceux-ci sont encore ouverts. L’OGE
français avait émis un avertissement selon lequel il affecterait une équipe chargée de surveiller les
fuites sur les médias et que les contrevenants risquaient une amende pouvant aller jusqu’à 75 000
euros. Les utilisateurs de Twitter ont malgré tout contourné la loi en publiant des estimations
faisant appel à des surnoms largement utilisés pour désigner les candidats. En 2014, la loi française
n’avait pas encore fait l’objet d’une proposition d’amendement.

Comme nous l’avons vu avec l’expérience canadienne, si un OGE n’est pas nécessairement en
mesure de mettre en œuvre des réformes juridiques, il peut toutefois, lorsque son mandat et sa
capacité à surveiller et à faire appliquer la loi sont affectés négativement par des lois désuètes,
conseiller les autorités en matière de législation et code électoraux.

Publications négatives
Bon nombre des commentaires postés sur la plateforme d’une institution en ligne seront positifs.
Toutefois, il y aura inévitablement des commentaires négatifs provenant d’utilisateurs mécontents.
De nombreux experts recommandent aux OGE de faire preuve de transparence en répondant
directement à ces commentaires négatifs sans essayer de les supprimer ou de les cacher. Leurs auteurs
sont en effet susceptibles de continuer à publier tant qu’ils estiment que leurs critiques n’ont pas été
entendues. Bien évidemment, les publications obscènes, insultantes ou représentant une menace
pour l’ordre public doivent être retirées le plus rapidement possible, tout comme celles qui mettent
en jeu la neutralité de l’OGE (utilisateurs se faisant passer pour l’OGE ou pour des agents électoraux)
ou encouragent les comportements illégaux, promeuvent des intérêts commerciaux ou constituent
une violation de la vie privée d’autrui. De nombreuses organisations ont mis en place des décharges
de responsabilité prévoyant quelles publications peuvent être retirées et précisant la conduite
attendue des personnes actives sur leurs plateformes (voir Encadré 9).

Encadré 9. Décharge de responsabilité sur Facebook : l’exemple d’ONU Femmes


L’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes)
ne garantit pas la véracité, l’exactitude ou la validité des commentaires publiés sur ses médias
sociaux (blogs, réseaux sociaux, forums de discussion, etc.). Les utilisateurs s’engagent à ne publier
aucun contenu pouvant être assimilé à un harcèlement ou être de nature obscène, diffamatoire,
blasphématoire, menaçante, injurieuse, haineuse ou embarrassante à l’intention d’une personne ou
d’une entité. ONU Femmes se réserve le droit de supprimer ou de modifier tout commentaire qu’elle
considère inapproprié ou inacceptable.
Source : <http://www.facebook.com/unwomen/info> consulté le 31 juillet 2012
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 33

Les OGE peuvent par ailleurs avoir besoin de diriger ou orienter subtilement les conversations
menées sur leurs plateformes, notamment si elles s’écartent du sujet (processus électoral ou OGE)
ou si des divergences d’opinion font naître des tensions entre les internautes.

Diffusion d’informations erronées

Figure 5.

« Nous informons les


électeurs que l’inscription
sur les listes électorales
est gratuite. Attention,
une entreprise demande
un paiement de £30 !
bit.ly/10dW0vs »

Les informations correctes et utiles peuvent se répandre rapidement sur les médias sociaux, tout
comme les informations négatives ou fausses. Les normes auxquelles se plient les journalistes ne sont
pas applicables aux « journalistes citoyens » et « l’absence de responsabilité des individus qui profitent
de la rapidité et de l’anonymat offerts par les médias sociaux pour diffuser des informations erronées
et faire de la propagande suscite de plus en plus de préoccupations » (Bradshaw, 2011, p. 13). C’est
pourquoi les OGE doivent être au fait des publications à leur sujet et portant sur le processus
électoral, et être capables de réagir rapidement pour enrayer la propagation d’informations erronées.
Il est donc important de surveiller les plateformes des médias sociaux utilisées par d’autres parties
prenantes électorales comme les médias, les partis politiques, les institutions homologues et les
blogueurs populaires, non seulement pour partager des informations pertinentes avec eux, le cas
échéant, mais aussi pour repérer et corriger les informations erronées le plus rapidement possible.
Pour faciliter ce suivi, les OGE peuvent avoir recours à des logiciels et plateformes de recherche
spécifiques (voir Annexe 1).

Par exemple, lors des élections de 2013 au Kenya, une rumeur concernant le prétendu enlèvement
du directeur général des élections au cours du processus de dépouillement s’est rapidement propagée
sur les médias sociaux. La Commission électorale et des frontières indépendante (IEBC) a alors fait
appel aux médias traditionnels pour démentir la rumeur, rétablir les faits et apaiser la situation (voir
Encadré 10).
34 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Encadré 10. Kenya 2013 : dissiper les rumeurs pendant le processus de dépouillement
Le 8 mars 2013, soit quatre jours après le jour des élections générales et au plus fort du processus
de dépouillement et de comptage des résultats, une rumeur concernant le prétendu enlèvement
du directeur de l’IEBC du Kenya, M. James Oswago, s’est propagée sur les médias sociaux. Cette
information s’est répandue malgré l’apparition régulière du directeur et de ses commissaires à des
points de presse tout au long du processus électoral et de dépouillement. Le blog « Kenyan Daily
Express » avait en effet publié un article alarmant intitulé « IEBC CEO, James Oswago has been
LOCKED somewhere by UHURU’S men in order to RIG elections—CORD PROPAGANDISTS Assert »
(« Le directeur de l’IEBC, James Oswago, a été ENFERMÉ par les hommes d’UHURU pour
MANIPULER les élections, d’après les propagandistes de la CORD »). L’article précisait que
le directeur avait été détenu au ministère de la Défense (DOD) pendant deux jours pour permettre
la falsification des résultats au centre national de comptage, à Bomas.
Les médias sociaux se sont immédiatement emparés de l’histoire et de nombreux tweets exigeant
la libération de M. Oswago ont été publiés.
Pour démentir cette rumeur alarmante, l’IEBC a décidé de faire appel aux médias généraux et plus
particulièrement à la télévision afin de faire apparaître M. Oswago en public, chose qui n’aurait pas
été possible sur les médias sociaux. Cette stratégie s’est avérée efficace et a permis de faire
notablement évoluer les contenus et le ton utilisé dans les messages publiés sur les médias
sociaux, qui annonçaient suite à l’apparition télévisée de M. Oswago, par exemple : « Le directeur
James Oswago déclare aller bien mais être surmené, contrairement aux informations annonçant
son enlèvement » ; « Le directeur #Oswago de l’#IEBC se montre en public et déclare «Je n’ai pas
été emprisonné. Je suis juste très fatigué.» #Élections2013 ».
L’IEBC a tiré des enseignements précieux de cette expérience : il n’est pas forcément judicieux
d’utiliser le même support pour démentir des rumeurs ou des informations erronées que celui sur
lequel elles ont été diffusées à l’origine.
Andrew Limo, Commission électorale et des frontières indépendante, Kenya

Enfin, les informations fournies par l’OGE peuvent être mal interprétées. Les publications doivent
donc être précises et concises, et les conversations être surveillées de près de manière à apporter les
corrections nécessaires le cas échéant.

Utilisation des médias sociaux en situation de conflit ou de post-conflit


Il est particulièrement important d’adopter une stratégie visant à définir les modalités d’utilisation
des médias sociaux, le ton utilisé dans les messages et la fréquence des publications dans les situations
de conflit ou de post-conflit. En effet, les environnements fragiles sont un terrain privilégié pour la
diffusion de fausses rumeurs ou de discours haineux. Dans ce contexte, les OGE vont devoir faire
preuve d’esprit d’initiative pour envoyer des messages en temps opportun et réagir rapidement aux
rumeurs et à la diffusion délibérée d’informations erronées. Il sera particulièrement important de
trouver un juste équilibre entre la liberté d’expression et la pure incitation à la violence. Les OGE
devront également analyser les discussions sur les médias sociaux de manière à mesurer le niveau de
confiance qui leur est accordé ainsi qu’au processus électoral, puis les compiler pour trouver des
stratégies efficaces de prévention et d’atténuation des conflits. De même, ils peuvent avoir recours
aux médias sociaux pour lancer un appel à la paix au cours du processus électoral, et se rapprocher
d’autres organisations ou de particuliers utilisant les médias sociaux pour chercher à résoudre
pacifiquement le conflit (voir Mancini, 2013).
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 35

Figure 6.

Commission électorale et des frontières


indépendante (IEBC)
26 février 2013
« L’acceptation des résultats officiels
des élections encourage la paix »
36 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Faux comptes ou comptes non autorisés


Les médias sociaux comportent généralement des dispositions juridiques auxquelles les utilisateurs
doivent adhérer lorsqu’ils créent leur profil. Celles-ci interdisent généralement de donner de fausses
informations ou de créer une page pour le compte d’une personne sans son autorisation. Les faux
comptes ou comptes non autorisés sont, malgré cela, monnaie courante. Facebook a ainsi indiqué
dans un rapport que, sur les 106 milliards de comptes existant en 2012, 76 millions (soit 7,2 %)
étaient « dupliqués, mal classifiés ou créés pour diffuser du contenu indésirable ». Facebook définit
ces derniers, dont le nombre est estimé à 9,5 millions, comme « des profils d’utilisateurs qui, selon
nous, visent à être utilisés à des fins contrevenant à nos conditions d’utilisation » (USSEC Facebook).
Des faux comptes peuvent être créés par des particuliers ou par des « robots » qui créent et alimentent
de faux profils dans le but, par exemple, d’attirer les utilisateurs sur des pages diffusant des logiciels
malveillants, de susciter des « j’aime » à des fins lucratives ou de discréditer des sites concurrents.

De nombreuses plateformes ont pris des mesures visant à empêcher la création de comptes non
autorisés, mais le repérage et le signalement de violations des conditions d’utilisation arrivent souvent
trop tard. Prendre le temps occasionnellement de faire une recherche concernant votre organisation
sur diverses plateformes peut être un moyen de repérer rapidement un faux compte. Il convient
également de déclarer publiquement (sur la plateforme en ligne et ailleurs) qu’un faux compte a été
ouvert au nom de votre OGE, afin d’informer le public qu’il existe des comptes non autorisés, ainsi
que de signaler immédiatement le compte en question à la plateforme d’accueil. Facebook, par
exemple, dispose d’un système en cinq étapes permettant aux utilisateurs de signaler des faux
comptes (voir https://www.facebook.com/help/174210519303259/). Toutefois, le délai entre le
signalement et le retrait du compte peut varier d’une plateforme à une autre.

Activités accrues sur les plateformes de médias sociaux


Bien entendu, les scénarios envisagés ne sont pas tous négatifs. Les plateformes en ligne utilisées par
les OGE peuvent dépasser toutes les attentes concernant le nombre escompté d’abonnés actifs et la
mobilisation du public cible. Ce scénario doit cependant également faire l’objet d’une planification
impliquant un suivi, une attention et une réactivité constants, tout en cadrant les conversations.

7. Retours d’expérience et adaptation de la stratégie


Il est important de prendre le temps de réfléchir à l’intérêt, aux caractéristiques principales et à
l’utilité des stratégies et processus mis en œuvre. Les stratégies de communication et relatives aux
médias sociaux ne dérogent pas à cette règle, et la réflexion sur les enseignements tirés ainsi que sur
les révisions et mises à jour nécessaires relatives à l’utilisation des médias sociaux par les OGE est
essentielle. Vu l’évolution rapide des plateformes et de leurs caractéristiques, la stratégie relative aux
médias sociaux nécessitera vraisemblablement un réexamen plus fréquent que les stratégies, politiques
ou directives plus statiques.

Ces examens doivent être menés pour s’assurer que les OGE répondent aux objectifs qu’ils se sont
fixés, utilisent les plateformes les plus pertinentes, déploient les ressources le plus efficacement
possible et améliorent effectivement la qualité des services fournis. Un suivi et une évaluation
constants des éléments qui mobilisent le public cible sur les plateformes en ligne des OGE (grâce à
un logiciel de suivi statistique, par exemple — voir Annexe 1) peuvent s’avérer utiles pour répondre
à ces questions et identifier de nouvelles voies à explorer.
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 37

CHAPITRE 3.

De la stratégie à la mise en ligne

Une fois la stratégie relative aux médias sociaux formulée, l’OGE peut s’appuyer sur plusieurs
éléments pour accroître son efficacité et optimiser la mobilisation du public sur ses plateformes en
ligne. Trois domaines méritent une attention particulière :

Interactions bidirectionnelles ✔
Ciblage des discussions ✔
Questions relatives à la sécurité ✔

Interactions bidirectionnelles
Comme leur nom l’indique, les médias sociaux ont pour vocation première d’être des plateformes
« sociales ». C’est la capacité à favoriser les interactions bidirectionnelles qui fait la différence entre
médias générés par les utilisateurs et médias traditionnels (télévision, radio ou presse écrite). Les
médias sociaux ont par ailleurs changé la forme que peuvent prendre les discussions et les messages
pour être plus attractifs. Le tableau 3 présente rapidement les différences de style de communication
entre les plateformes en ligne et les modes de partage d’informations traditionnels.

Tableau 3. Médias traditionnels et médias sociaux : des styles différents

MÉDIAS TRADITIONNELS MÉDIAS SOCIAUX

Analytique Mobilisateur

Long Court

Édité Non édité

Statique Immédiat ; permet un retour d’information

Style plus formel Style informel de type oral

Dans tous les cas de figure, il est important que les OGE « répondent rapidement et avec précision
à toutes les questions et à tous les commentaires du public. Une réponse tardive ou une absence de
réponse donne l’impression au public d’avoir affaire à une organisation inefficace, peu impliquée
dans sa mission de service à l’électorat » (IDEA international, 2006a, p. 224). En ne répondant pas
aux commentaires ou aux demandes du public, les OGE risquent en outre de compromettre tous les
efforts qu’ils ont entrepris auparavant pour attirer et retenir leurs abonnés. L’utilisation des médias
sociaux suppose des interactions bidirectionnelles promptes et régulières entre l’OGE et son public.
38 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Ciblage des discussions


Pour être efficaces, les OGE doivent bien comprendre leur public cible et savoir comment le mobiliser.
Cela les aidera en effet à définir et à cibler leurs messages et discussions, de manière à mieux répondre
aux besoins et attentes de leurs abonnés sur les médias sociaux. Le contenu et l’utilisation de la plateforme
ainsi que l’organisation des discussions varieront en effet selon que le public cherche à se divertir,
à s’informer ou à débattre pour susciter la réflexion. À cet égard, il est également important
de comprendre la culture d’une plateforme donnée : le degré de formalité du langage utilisé sur
la plateforme détermine en effet le ton adopté par l’OGE dans ses messages. Les OGE peuvent naviguer
sur les plateformes en ligne avant de se lancer, afin de mieux identifier le ton adopté et de déterminer
comment mobiliser efficacement les participants et les abonnés.

Les OGE présents sur plusieurs plateformes devront y publier des sujets de discussion similaires tout
en veillant à adapter le ton à chacune d’entre elles. C’est pourquoi il est conseillé aux OGE de n’ouvrir
des comptes, dans un premier temps, que sur une ou deux plateformes populaires dans leur pays
en attendant d’être sûrs de bien connaître le public cible et le ton/contenu des discussions sur
les nombreuses plateformes existantes.

Pour cibler un public en particulier, les OGE peuvent faire appel à des personnalités ou à des groupes
jouant un rôle majeur en ligne qui sont facilement identifiés par ledit public, afin qu’ils fassent
la promotion (« aiment », publient des liens ou retweetent) des discussions lancées par l’OGE concerné.
Les médias traditionnels doivent également être informés de la présence en ligne de l’OGE et être
invités à participer à la collecte et à la diffusion d’informations sur le processus électoral auprès
d’un public aussi large que possible.

Figure 7.

« Avis aux médias – Les


rapports financiers annuels
2012 sont désormais
disponibles – Victoria – Les
rapports financiers annuels
2012 des associations de
circonscription et partis
politiques enregistrés sont
désormais ouverts à la
consultation du public.
http://bit.ly/XtZNa0
Avis aux médias : les
rapports financiers annuels
2012 sont désormais
disponibles | Elections BC
www.elections.bc.ca
PUBLICATION IMMÉDIATE,
5 avril 2013, VICTORIA –
Rapports financiers annuels
2012 des associations de
circonscription et partis
politiques enregistrés »
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 39

Les OGE peuvent ajuster la fréquence des publications au fil du temps afin de trouver le juste
équilibre (ni trop, ni pas assez). Les experts s’accordent pour dire qu’il convient de privilégier la
qualité de la discussion, et non le volume. Les discussions instructives, mobilisatrices et reflétant une
approche personnelle fidéliseront, à terme, les abonnés. Les OGE souhaitant fournir des mises à jour
fréquentes mais confrontés à des difficultés en termes de ressources humaines et financières peuvent
mettre en place des flux RSS. Il convient toutefois de noter que le caractère impersonnel des données
automatisées et l’absence d’interaction véritable entraîneront avec le temps une désaffection des
abonnés. Pour capter leur attention, les publications doivent être empreintes du ton particulier et de
la personnalité d’un être humain.

Le contenu des publications et des discussions lancées par l’OGE varieront également en fonction
du public cible. Si celui-ci est constitué en premier lieu d’électeurs, nul besoin d’entrer dans les
détails du droit électoral, par exemple. Ce public sera davantage intéressé et concerné par des
informations pratiques relatives aux modalités d’inscription, de vote et de dépôt de plainte. Toutefois,
si le public cible est constitué de partis politiques ou de candidats, on pourra publier des discussions
et des contenus sur les lois et règlements électoraux relatifs à l’enregistrement des candidats et au
financement politique, ou sur les lois concernant la conduite à tenir le jour du scrutin ou les jours
précédents. Bien entendu, les discussions générales relatives à la loi en vigueur seront utiles à
l’électorat général, qui pourra mieux comprendre le rôle et les activités des partis politiques, des
candidats indépendants, voire de l’OGE lui-même.

Figure 8.

« L’inscription des électeurs, qui concerne


18 millions de citoyens, a débuté
aujourd’hui sur l’ensemble du territoire
national.
Suite aux nombreuses questions posées
par le public, la Commission souhaite
préciser que tout individu doit s’inscrire
en personne auprès des autorités locales
du comté dans lequel il souhaite voter lors
des élections générales.
Pensez à vous inscrire dès maintenant.
Évitez de le faire à la dernière minute :
la période d’inscription ne sera pas
prolongée au-delà des 30 jours prévus
initialement (week-ends et jours fériés
inclus). »
40 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Figure 9.

« Pour les candidats


participant aux élections
partielles de mercredi
prochain, voir
para.ms/19SepCandidates.
Les bureaux de vote seront
ouverts de 7 h à 19 h. »

Figure 10.

« Les règles relatives aux


dépenses électorales des
candidats handicapés
bénéficiaires d’une
subvention de l’Access to
Elected Office Fund ont
changé. bit.ly/WnvsY4 »

Lorsque les OGE ciblent les jeunes (mineurs ou nouveaux électeurs), les discussions doivent adopter
un ton simple et convivial, tout en restant pertinentes et informatives. Il peut s’agir de discussions
portant sur des sujets tels que l’engagement politique des jeunes (par exemple, par la création ou la
participation à des conseils de la jeunesse) ; l’âge minimum et les raisons pour s’inscrire sur les listes
électorales ; les « marathons » d’inscription sur les listes électorales ; les relations avec les organisations
et médias traditionnels menant des campagnes d’éducation civique ; les campagnes de mobilisation
politique des jeunes (campagnes « get out and vote », par exemple). Les OGE peuvent également
demander aux jeunes de donner des exemples de leur engagement politique et des stratégies qu’ils
ont utilisées pour mobiliser leurs amis et camarades. (Pour approfondir la réflexion sur la mobilisation
des jeunes, voir IDEA international, 2006b.)

Questions relatives à la sécurité


La sécurité des informations est une question à prendre systématiquement en considération en cas
d’utilisation des plateformes en ligne. S’il faut faire preuve de bon sens concernant toutes les
plateformes, certaines mesures simples peuvent également être prises pour renforcer la sécurité des
informations mises en ligne. Les comptes doivent être protégés par mot de passe et n’être gérés que
par un nombre limité d’administrateurs. Ceux-ci doivent comprendre les subtilités de chaque
plateforme ainsi que les fonctions qui sont automatiquement activées et celles qui peuvent être
désactivées. Par exemple, Facebook active automatiquement la plupart des nouvelles fonctions
disponibles. Les administrateurs doivent donc se tenir au courant de la mise en place de nouvelles
fonctions (pas seulement sur Facebook) et savoir comment elles peuvent affecter la sécurité du
compte.

Sachez que des logiciels malveillants ou des programmes de hameçonnage peuvent être publiés par
un abonné sur votre page (Facebook, par exemple) ou figurer sur les pages ou publications de
particuliers ou d’autres organisations. Soyez prudents à l’ouverture de liens et assurez-vous qu’ils
proviennent de sources sûres.
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 41

Certaines plateformes ont fait de grandes avancées en matière de sécurité. Facebook, par exemple, a
annoncé la création de partenariats avec plusieurs éditeurs d’antivirus, et publie régulièrement des
mises à jour sur des problèmes et solutions de sécurité sur sa page Facebook Security. Les OGE
doivent non seulement être conscients des nouvelles menaces qui pèsent sur leurs systèmes, mais
également être au fait des mesures à prendre pour éviter le piratage, le hameçonnage et les spams.

Si possible, téléchargez une fois par mois la page de votre institution afin d’archiver correctement les
discussions et de pouvoir récupérer ou recréer les publications et les conversations qui pourraient être
perdues suite à l’endommagement ou au piratage de votre compte.

D’une manière générale, il faut être conscient que toutes les publications rédigées sur une plateforme
en ligne relèvent immédiatement du domaine public et qu’il est difficile, voire impossible, de les
supprimer ou de les effacer définitivement.

Utilisation des médias sociaux tout au long du cycle électoral


Si la plupart des abonnés aux plateformes en ligne d’un OGE seront plus actifs à l’approche du jour
du scrutin, il existe toutefois de nombreuses opportunités pour se rapprocher de l’électorat tout au
long du processus électoral. L’activité constante sur les plateformes tout au long du processus stimule
la participation active des abonnés ; elle permet en outre à ces derniers d’en savoir plus sur le
processus lui-même et de saisir l’importance du travail effectué par l’OGE concerné bien au-delà du
jour J.

Souvenez-vous, les plateformes sont avant tout conçues pour être « sociales » et pour faciliter la
communication bidirectionnelle. Voici quelques exemples d’actions vous permettant de mobiliser le
public sur les plateformes des médias sociaux :

• p oser des questions auxquelles le public peut répondre directement sur la plateforme ou par
son biais ;
• publier des informations dans le but d’encourager les abonnés à donner leur point de vue sur
une question donnée ;
• répondre aux questions ou préoccupations (type service client) ;
• lancer des débats avec fonction « chat » pour faciliter la participation du public ;
• organiser des séances de questions/réponses en direct ;
• coopérer avec d’autres organisations (en publiant des liens vers leur travail et en les invitant à
faire de même) ;
• effectuer des sondages et enquêtes ;
• proposer des quiz ;
• publier des images pour susciter les commentaires ;
• mettre en ligne des reportages photos du jour du scrutin ou d’autres manifestations ;
• former des partenariats avec d’autres organisations afin de publier les informations à plusieurs
endroits et renforcer leur disponibilité ;
• publier des infographies (représentations visuelles d’informations telles que graphiques,
cartes et frises chronologiques) ;
• réaliser de courtes vidéos.

Il existe d’autres façons de mobiliser les internautes au cours du processus électoral, par exemple en
créant des applications consacrées à l’inscription sur les listes électorales (voir Encadré 11) ; en ayant
recours à des outils de simulation en ligne pour stimuler le débat et l’apprentissage sur des sujets tels
42 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

que les systèmes électoraux ou le découpage électoral ; ou encore en encourageant la participation du


personnel des OGE et des bureaux de vote à des séminaires et programmes de formation en ligne sur
des sujets comme la réglementation en vigueur relative au financement des partis ou au dépôt des
comptes.

Encadré 11. États-Unis : application Facebook relative à l’inscription sur les listes
électorales
En 2012, à l’approche de l’élection présidentielle, l’OGE de l’État de Washington et Facebook ont
développé ensemble une application intitulée « My Vote ». Cette application permet aux électeurs
non inscrits de s’inscrire en ligne et aux électeurs inscrits de vérifier et mettre à jour leurs
informations personnelles sur le site du State Elections Office ou directement par le biais de leur
compte Facebook.
Elle guide les électeurs tout au long du processus d’inscription, qui peut se faire en ligne, par
courrier électronique ou en personne. Le nom et l’âge de l’utilisateur, informations communiquées
à Facebook par le biais de l’application, ne sont pas stockés par le réseau social, afin de renforcer
la confiance du public envers ce système.

Nous proposons dans la figure 11 ci-après des sujets de discussion que les OGE peuvent lancer tout
au long du processus électoral (lorsque cela est pertinent et autorisé par la législation en vigueur).
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 43

Figure 11.
Utilisation des médias Phase postélectorale Cadre juridique
sociaux tout au long
du cycle électoral

Vérification des résultats


Planification et mise en œuvre
Le cycle
électoral

Opérations de vote et jour du scrutin


Formation et éducation

Campagne électorale Inscription des électeurs

Cadre juridique Formation et éducation Opérations de vote et jour du scrutin

Constitution Éducation civique et information des électeurs Vote


• Travaux des assemblées constituantes et autres • Liens partagés vers les plateformes de tous les partis • Horaires et irrégularités concernant les bureaux de vote
mécanismes de réforme constitutionnelle politiques • Accès
•A  mendements de la constitution et calendrier de mise • Informations relatives aux dates, lieux et modalités • Décourager/démentir les rumeurs et informations erronées
en œuvre de vote • Procédures applicables aux bureaux de vote
• R éférendums relatifs à la révision constitutionnelle • Annonce de la date de l’élection • Participation électorale
Législation • Communiqués de presse de l’OGE Scrutins spéciaux et à l’étranger
• R évisions ou mises à jour de la législation relative • Prises de position relatives aux élections par • Vote anticipé (dates, lieux et procédures)
aux processus électoraux démocratie directe • Vote anticipé (modalités)
• R éférendums relatifs aux réformes législatives • Processus relatifs aux élections à l’étranger • Restrictions applicables au vote anticipé / à l’étranger
• Bureaux de vote mobiles : qui peut les utiliser ? • Vote à l’étranger : procédures et conditions
(Modification du) système électoral • Futurs débats entre les candidats
• Pourquoi modifier le système électoral ? • Quotas Dépouillement
• Effets induits par la modification du système électoral • Procédures applicables pour les électeurs en situation • Dépouillement, consolidation et comptabilisation
• Avantages et inconvénients des différents systèmes de handicap • Processus ouverts au public
• Outils de simulation destinés à l’usage du public • Vote électronique • Directives et règles de base utilisées par les OGE pour
(Modification des) circonscriptions électorales communiquer sur la comptabilisation (calendriers, etc.)
Inscription des électeurs • Calendriers
• Justification et effets du découpage électoral • Processus et calendrier d’inscription
• Aspects pratiques, résultats et effets du redécoupage • Modalités d’inscription Comptabilisation des résultats
électoral • Restrictions à l’inscription • Comptabilisation parallèle des résultats
• Changement de représentants • Inscription spéciale (élections anticipées et vote • Calendrier fixé par la loi concernant la comptabilisation
Organismes électoraux à l’étranger) et la proclamation des résultats
• Mandat et fonctions principales de l’OGE • Inscription en ligne et options de vérification sur • Fondements de la proclamation retardée des résultats
les médias sociaux • Résultats officieux
Codes de conduite
• Codes de conduite applicables à différentes parties Inscription des électeurs Vérification des résultats
prenantes (partis politiques, médias, organismes
Accréditation des observateurs Résultats officiels
de gestion électorale)
• Accréditation en ligne des observateurs • Résultats officiels
• C odes de conduite applicables à l’utilisation des médias
• Observateurs nationaux et internationaux accrédités • Accès du public aux documents relatifs au dépouillement
sociaux tout au long du processus électoral (personnel
• Rôle et mandat des observateurs pertinents autres que les bulletins de vote (procès-verbaux,
de l’OGE, partis politiques et candidats, autres parties
• Parties prenantes présentes dans un bureau de vote feuilles de dépouillement, décisions concernant
prenantes, etc.)
le jour du scrutin les résultats de l’élection)
Planification et mise en œuvre • Dispense légale de publication des résultats
Partis et candidats • Feuilles de dépouillement détaillées
Budget et financement • Conditions à remplir pour l’enregistrement
• R apports financiers et analyse financière des processus • Procédure d’enregistrement des partis/candidats Requêtes et recours
électoraux antérieurs (y compris les candidats indépendants) • Requérants possibles
• Liste des candidats • Requêtes possibles
Calendrier électoral • Procédure de requête (juridiction de première instance,
• Dates et tâches clés tout au long du processus électoral Médias frais, etc.), d’examen de la demande et échéanciers
• Conduite des médias et législation applicable • Procédures de recours et échéanciers
Recrutement et passation de marchés
• Accès des médias au processus électoral • Décisions et procédure applicable
•A  vis de vacance d’emplois et de postes bénévoles
• Accès de tous les acteurs aux médias • Recomptage : justification et lieux
• Procédures de passation de marchés, candidats aux appels
d’offres et adjudicataires ; vidéos de formation à l’intention Campagne électorale Contrôles et évaluations
du personnel des bureaux de vote et des agents électoraux • Résultats des évaluations et contrôles
en poste (par exemple, sur les procédures, les nouvelles Coordination de la campagne
technologies, le cadre juridique, etc.) • Période de campagne électorale Phase postélectorale
• Période d’interruption de campagne électorale
Logistique et sécurité • Actions ou campagnes de l’OGE pour renforcer Mise à jour de la liste électorale
• Accessibilité du processus électoral la participation des électeurs • Mise à jour de la liste électorale et processus
• Recours aux bureaux de vote mobiles Réforme législative
• Procédures et mesures de sécurité Financement des partis
• Quand et comment communiquer sur le financement • Révision des cadres juridiques
• Dispositions juridiques applicables
et les dépenses de campagne Archivage et recherche
• Législation en vigueur et plafonds de financement • Demande de feedback sur le processus électoral
• Où accéder aux ressources relatives au financement et le rôle de l’OGE
* Les discussions doivent être lancées en conformité et aux dépenses des partis
avec le cadre juridique et le mandat de l’OGE. • Informations sur les donateurs
44 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Conclusion

La popularité croissante des médias sociaux ces dernières années a irréversiblement changé notre
façon de communiquer ainsi que les caractéristiques et la forme que prennent nos communications.
Ceci présente à la fois des difficultés et des opportunités pour les OGE.

Comme nous l’avons vu, les plateformes des médias sociaux sont des outils simples et rapides qui
permettent aux OGE d’améliorer leur communication et de renforcer leur transparence et leur
accessibilité ; de collecter des informations et d’y réagir ; de mobiliser des publics spécifiques ; et de
créer chez les électeurs un plus grand sentiment d’engagement et de participation tout au long du
processus électoral. Toutefois, il convient de ne pas sous-estimer certains éléments importants relatifs
à l’utilisation des médias sociaux. Les OGE ne doivent pas oublier l’incidence de ces outils sur la
gestion des ressources et le renforcement des capacités du personnel ; la nécessité d’intégrer leur
utilisation dans les stratégies et politiques existantes ; l’importance du maintien des liens avec les
médias traditionnels ; le besoin de bien cerner les demandes et intérêts spécifiques du public cible ;
et le besoin d’utiliser un ton approprié pour lui répondre. Ils doivent également connaître les risques
et dangers auxquels ils s’exposent (p. ex. publications négatives et sites frauduleux) et les implications
pour la sécurité en ligne.

Ces difficultés plaident fortement en faveur de la création d’une stratégie relative aux médias sociaux
formulée avec soin, qui aidera les OGE à identifier et mettre en œuvre les mesures les plus efficaces
pour mobiliser l’électorat sur les médias sociaux. Identifier à l’avance certains éléments fondamentaux,
tels que le type de plateformes à utiliser ou le public cible, leur permettra de déterminer les ressources
dont ils ont besoin et les sujets qu’ils doivent aborder. Pour utiliser efficacement les médias sociaux,
les OGE doivent en outre bien comprendre le paysage des médias sociaux.

Les OGE choisissant de ne pas avoir recours directement aux médias sociaux doivent garder à l’esprit
l’influence que ceux-ci peuvent avoir sur le processus électoral. La diffusion rapide des informations
et l’absence de considération pour les normes éditoriales ou journalistiques peuvent profondément
affecter la perception du public vis-à-vis du processus électoral, de ses parties prenantes et de son
administration. Le suivi des discussions pertinentes sur les plateformes en ligne peut aider un OGE
à rester au fait de l’opinion publique concernant le processus électoral et à agir et réagir plus
efficacement.

Enfin, l’accessibilité à Internet variant d’un pays et d’un groupe démographique à l’autre, les OGE
doivent s’attacher à ne pas négliger les méthodes traditionnelles de sensibilisation et d’éducation
civique, et à utiliser les médias sociaux de façon complémentaire.

Les OGE ayant ces éléments à l’esprit et faisant preuve d’un peu d’audace pourront facilement
utiliser les médias sociaux, non seulement pour fournir aux électeurs des informations concernant
les principaux processus, mais également pour les informer sur le travail important qu’ils effectuent
le jour J et à longueur d’année.
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 45

ANNEXE 1 :

Aperçu des médias sociaux

Facebook
Créé en 2004, Facebook est devenu le premier réseau social mondial, avec plus
d’un milliard d’utilisateurs à l’heure actuelle. Toute personne ou organisation
peut créer un compte, visible par tous les utilisateurs ou limité à ses « amis » ou
aux membres d’un « groupe ». Facebook exige que ses abonnés utilisent des
identités réelles, mais de nombreux utilisateurs adoptent des pseudonymes. La
plateforme est également dotée d’une fonction « chat », qui permet aux
utilisateurs de « chatter » en privé avec leurs amis (s’envoyer des messages écrits
en temps réel). Les utilisateurs peuvent télécharger une copie de leurs données
ou de leur page sous forme de relevé complet de leur activité.

Par ailleurs, le réseau social a créé des plateformes mobiles pour permettre à ses applications d’avoir accès
au compte des utilisateurs, rendant ainsi Facebook facilement accessible de n’importe quel smartphone.
Les utilisateurs ont aussi la possibilité de créer des applications spécifiques à l’aide de tutoriels.

Facebook est reconnu pour sa simplicité d’utilisation, son grand nombre d’utilisateurs et sa capacité
à envoyer rapidement des informations sur les réseaux. Lorsqu’un utilisateur « aime » une page, toutes
les mises à jour de celle-ci seront automatiquement ajoutées à son fil d’actualité, qui contient toutes
les informations publiées par ses amis, les groupes dont il est membre et les pages qu’il suit. Les abonnés
peuvent partager des publications avec leur réseau, commenter directement des publications ou
participer à des discussions avec la source ou d’autres abonnés.

Twitter
Twitter est une plateforme de microblog créée en 2006 qui permet à ses utilisateurs de publier des
messages (ou « tweets ») ne dépassant pas 140 caractères. En 2013, l’entreprise déclarait avoir 200
millions d’utilisateurs actifs mensuels publiant 500 millions de tweets par jour (USSEC Twitter).
Seuls les utilisateurs inscrits peuvent générer des tweets (en conservant leur anonymat s’ils le
souhaitent), mais il n’est pas nécessaire de posséder un compte pour lire ce qui a été publié sur la
plateforme. Un utilisateur peut partager des messages avec ses abonnés, qui peuvent à leur tour les
« retweeter » (c’est-à-dire les republier à partir de leur propre compte). Lorsqu’un sujet est populaire
et partagé régulièrement, il s’agit d’une « tendance ». Les hashtags (mots-clés précédés du symbole #)
permettent d’organiser et de rechercher des conversations.

Twitter permet de diffuser des messages courts auprès d’un large public en un laps de temps très court.
Cependant, cette plateforme n’offre pas de service de téléchargement ou de sauvegarde des comptes.
Il est donc nécessaire de faire appel à une plateforme tierce pour sauvegarder ou archiver ses données.

YouTube et Vimeo
YouTube est un site d’hébergement de vidéos créé en février 2005 qui permet à ses utilisateurs de mettre
en ligne, visionner et partager des vidéos. Il est nécessaire de posséder un compte pour mettre en ligne
46 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

des vidéos, mais pas pour les visionner. Les internautes peuvent publier des liens vers YouTube à partir
d’autres plateformes telles que Facebook et Twitter, et y accéder par des applications spéciales sur certains
smartphones. YouTube affiche les vidéos populaires sur sa page d’accueil. Il est difficile d’estimer le
nombre d’utilisateurs sur YouTube, ceux-ci n’étant pas obligés de s’inscrire. Toutefois, ce site est connu
comme étant la plateforme d’hébergement et de partage de vidéos la plus populaire à l’heure actuelle.

YouTube contient un outil « statistiques » qui permet aux utilisateurs inscrits d’avoir accès à un
ensemble d’informations, telles que le nombre de vues, le degré de popularité d’une vidéo, les moyens
utilisés par les internautes pour trouver ou créer un lien vers une vidéo, les données démographiques
générales concernant l’âge, le genre et la localisation des utilisateurs, et les « hotspots » qui attirent
ou repoussent les utilisateurs dans une vidéo.

Vimeo est un site d’hébergement de vidéos mais se distingue de YouTube en ce qu’il se spécialise
dans les vidéos de courte durée à haute définition et propose une fonction de téléchargement des
vidéos qu’il héberge.

Blogs (toutes plateformes confondues, y compris WordPress)


Les blogs sont des espaces virtuels qui permettent à des individus ou groupes d’individus de publier
des articles d’opinion ou de partager régulièrement des informations. On rencontre très fréquemment
les termes « blogueur » (auteur d’un blog), « bloguer » (action de rédiger et de publier un blog) et
« blogosphère » (ensemble des blogs sur Internet) dans cette forme de média social. Les blogueurs
peuvent rendre leurs blogs interactifs, en autorisant les questions ou commentaires à l’intention de
l’auteur ou des autres lecteurs, qui génèrent ainsi une conversation ou un débat sur le sujet en
question. Les blogs peuvent être reliés à d’autres plateformes de médias sociaux et sont généralement
hébergés sur des sites spécifiques, qui peuvent être conçus individuellement.

La tenue d’un blog peut s’avérer coûteuse et chronophage, mais présente l’avantage de faciliter la
sensibilisation et la tenue de débats et de discussions sur un sujet particulier. Les blogs sont souvent
utilisés pour présenter des opinions et débattre, et ne sont pas toujours considérés comme des sources
d’informations ou de faits probants, en fonction de leur auteur.

LinkedIn
LinkedIn est un réseau social professionnel comptant à peu près 120 millions d’utilisateurs, qui
propose plusieurs formules, allant du simple profil professionnel gratuit aux profils Premium
disponibles par abonnement mensuel.

Également disponible sur smartphone, LinkedIn permet à ses utilisateurs de partager des
informations, de rejoindre des groupes (par invitation ou présentation) en fonction de leurs intérêts
ou spécialités, et de publier des liens vers leurs réseaux concernant des manifestations à venir et
actualités. Par ailleurs, les profils Entreprise permettent aux utilisateurs inscrits sur LinkedIn de
consulter les produits et services proposés et de suivre une entreprise ou une organisation afin de
recevoir des mises à jour.

Google+
Créé en janvier 2012, Google+ est un projet de réseau social qui s’adresse aux utilisateurs âgés de plus
de 13 ans. Il permet à ses utilisateurs de regrouper leurs relations dans des cercles (amis, collègues,
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 47

membres de la famille, etc.) afin de personnaliser les informations publiées. Google+ propose des
fonctions de chat et d’appel vidéo ouverts aux groupes de deux personnes ou plus. Il permet
également à ses utilisateurs de partager des photos et vidéos et de faire des recherches en fonction de
leurs centres d’intérêt, et à des cercles déterminés de recevoir régulièrement des mises à jour. Google+
est ouvert aux organisations et entreprises, qui peuvent créer des profils et publier des informations.

En octobre 2013, Google+ avait 540 millions d’utilisateurs actifs. La plateforme possède de plus des
applications qui fonctionnent sur la plupart des smartphones. Les utilisateurs sont invités à utiliser
leur véritable identité à l’ouverture de leur compte, et peuvent télécharger des copies de leur compte
(y compris toutes les publications et interactions) par le biais de Google Takeout.

Envois de SMS
L’envoi d’informations par SMS (ou « texto ») est de plus en plus courant dans les zones à faible
connectivité. Bien que le degré d’interaction ne soit pas aussi élevé que sur les autres plateformes de
médias sociaux, cette forme de partage peut s’avérer utile pour diffuser des informations importantes
dans ces régions.

Les numéros de téléphone peuvent être communiqués par les participants en personne à l’occasion
de manifestations (enregistrement ou inscription volontaire) ou par le biais de sites Internet. Ils
peuvent également être envoyés par SMS directement par les participants à un serveur local au sein
d’une organisation. Il est important, lors d’un envoi de SMS, de répondre à l’expéditeur dans un
délai raisonnable. L’organisation à l’origine des messages doit pouvoir offrir aux utilisateurs la
possibilité de se retirer facilement de la liste de diffusion par SMS ou Internet, et respecter leur choix.

Les systèmes d’envoi de SMS en masse sont des progiciels qui permettent à leurs clients d’envoyer
des SMS à partir d’un ordinateur, par le biais d’un téléphone connecté ou d’un modem intégré. Ils
facilitent notamment la collecte et le stockage de numéros de téléphones portables, l’envoi de
messages en plusieurs langues et le suivi de tous les messages envoyés via la plateforme sur ordinateur.
Souvent, le téléchargement des plateformes est gratuit. Les offres sur le marché varient en fonction
de la capacité des plateformes à recevoir des réponses, de la longueur des SMS et du nombre de SMS
pouvant être envoyés en une seule fois.

Le prix de l’envoi de SMS dépend de l’opérateur et de l’abonnement souscrit par le client. Certains
opérateurs peuvent proposer des réductions en cas d’achat en grande quantité et d’acquisition de
systèmes de collecte et d’envoi. Il peut également être coûteux pour les destinataires de répondre aux
SMS. Il est donc conseillé, en fonction du public visé, de limiter le besoin de réponse. Enfin, le délai
de réception des SMS peut varier en fonction du réseau utilisé. À noter, les messages peuvent parfois
être retardés, voire perdus.

Logiciel de veille des médias sociaux


Plusieurs logiciels (Tweetdeck, Meltwater buzz, Sprout, HootSuite) ont été développés pour aider les
particuliers et organisations à gérer les publications et suivre les utilisateurs et discussions ayant lieu
sur les plateformes des médias sociaux et ailleurs sur Internet. Ils se caractérisent notamment par leur
capacité à (a) envoyer et recevoir des informations à partir d’une boîte de réception centralisée gérant
l’ensemble des plateformes ; (b) publier des informations sur l’ensemble des plateformes grâce à un
outil centralisé ; (c) créer des listes de destinataires ciblés ; (d) analyser les statistiques de plusieurs
plateformes ; (e) suivre des discussions grâce au recours à des mots-clés ; et (f ) communiquer sur
l’utilisation des médias sociaux.
48 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

Remerciements

Un grand merci à Monika Ericson et Vasil Vaschanka pour le soutien, la contribution et l’aide qu’ils
ont apportés lors de la rédaction de ce document. Ce guide n’aurait pu voir le jour sans la contribution
des différents OGE et sans les commentaires de leurs représentants, notamment Miriam Lapp
(Élections Canada), Tom Rogers et Tess Kerr (Commission électorale australienne), Peter Wardle et
Rosemary Davenport (Commission électorale britannique) et Ian Browne (Commission électorale
et des frontières de la Barbade). Vos contributions sont vivement appréciées. Grâce à leurs longues
investigations, Abdurashid Solijonov, Olga Karavayeva et June Lio ont permis d’obtenir des
statistiques à jour concernant l’utilisation par les OGE des médias sociaux. Un grand merci également
à Andrew Ellis, Jenny Hedström, Stina Larserud, Andrea Liebman, Martin Schneider et Lotta
Westerberg, nos collègues d’IDEA international, qui ont aidé à organiser la structure et le contenu
du présent guide. Enfin, merci à la responsable des programmes au sein de l’équipe processus
électoraux, Annette Fath-Lihic, et à la directrice des programmes internationaux, Kristen Sample,
pour leur soutien indéfectible ainsi qu’à Lisa Hagman, responsable des publications chez IDEA
international, qui a assuré le secrétariat de rédaction du présent guide.
Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale | 49

À propos d’IDEA international

Qu’est-ce qu’IDEA International ?


L’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA international) est une
organisation intergouvernementale dont la mission est de soutenir la démocratie durable dans le
monde.

Il a pour objectif de favoriser le renforcement des institutions et processus démocratiques, ainsi


qu’une démocratie plus durable, plus efficace et plus légitime.

Que fait IDEA International ?


Le travail de l’institut est organisé aux niveaux mondial, régional et national, et met l’accent sur le
citoyen en tant qu’acteur du changement.

IDEA international produit des connaissances comparatives dans ses grands domaines d’expertise :
les processus électoraux, l’élaboration de constitutions, la participation et la représentation politiques,
et la démocratie et le développement, ainsi qu’en matière de démocratie en relation avec l’égalité des
sexes, la diversité, les conflits et la sécurité.

IDEA apporte ces connaissances aux acteurs nationaux et locaux qui œuvrent pour une réforme de
la démocratie, et facilite le dialogue en faveur du changement démocratique.

Par son travail, IDEA vise :


• à renforcer la capacité, la légitimité et la crédibilité de la démocratie ;
• une participation plus inclusive et une représentation plus responsable ;
• une coopération démocratique plus efficace et plus légitime.

Où travaille IDEA International ?


IDEA international, dont le siège se trouve à Stockholm, en Suède, travaille dans le monde entier et
dispose de bureaux en Afrique, Asie-Pacifique, Amérique latine et Caraïbes, Asie occidentale et
Afrique du Nord.
50 | Médias sociaux : Guide pratique à l’intention des organismes de gestion électorale

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Whitepapers/2010/Women_on_the_Web_How_Women_are_Shaping_the_Internet>, consulté
le 15 novembre 2013.
Le présent guide a pour vocation d’informer les organismes de gestion électorale (OGE) sur
la manière dont ils peuvent exploiter les médias sociaux pour renforcer la participation des
électeurs, perfectionner leur communication, mobiliser tous les membres de la communauté
et améliorer la transparence et la confiance du public tout au long du cycle électoral.

Il est conçu comme une introduction à l’utilisation des médias sociaux et propose des sujets
de réflexion à ceux des OGE faisant leurs premiers pas avec ces outils numériques, ou
s’apprêtant à les exploiter, qui tentent de s’adapter aux nouvelles réalités de communication
et d’élaborer des stratégies relatives aux médias sociaux.

idea international
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