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PSYCHIATRIE 2 Pathologie Psychiatrique

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Université Evangélique en Afrique

FACULTE DE MEDECINE ET SANTÉ COMMUNAUTAIRE


Email : facmed@uea-ac.cd et facmed_uea@yahoo.fr

Cours de PSYCHIATRIE 1 :
Code : NSC 05

Pathologie psychiatrique

Notes de cours
Deuxième et Troisième Doctorats en Médecine

par

Professeur Tsongo Kibendelwa, MD PhD

2013
Cours de Psychiatrie 2 : Pathologie psychiatrique
Professeur Tsongo Kibendelwa

DEFINITION

La psychiatrie est l’étude des maladies mentales. Elle se


différencie de la neurologie qui est l’étude des maladies
organiques du système nerveux. Cependant il y a des troubles
psychiques qui sont provoqués par des lésions organiques du
SNC.

OBJECTIFS

A la fin du cours, l’étudiant doit être capable de :


- Mener correctement un examen du malade mental,
- Poser un diagnostic syndromique en psychiatrie en vue
d’un diagnostic psychiatrique correct,
- Demander et interpréter les examens paracliniques simples
en psychiatrie (PL, EEG, hémogramme, …),
- Appliquer les mesures préventives et les soins du malade
mental.

PLAN DU COURS
Le cours de Psychiatrie comprend la partie de Sémiologie
psychiatrique, la Pathologie psychiatrique et la Thérapeutique
en psychiatrie.
Cette deuxième partie du cours est consacrée à la pathologie
psychiatrique.

PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE

1. Les névroses
Généralités sur les névroses :
- Le syndrome névrotique général,
- les mécanismes de défense névrotique,
- Etiopathogénie,
- Classification.
Types de névroses :
- La névrose d’angoisse,
- La névrose phobique,
- La névrose obsessionnelle,
- La névrose hystérique,
- La psychasthénie,
- La névrose hypochondriaque,
- La névrose traumatique,

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- L’anorexie mentale.
2. Les psychoses :
Généralités sur les psychoses :
- Le délire,
- Le suicide et la tentative de suicide.
Types de psychoses :
- La psychose maniaco-dépressive,
- Les bouffées délirantes polymorphes,
- La confusion mentale,
- Les psychoses puerpérales,
- Les délires chroniques,
° La paranoïa,
° La psychose hallucinatoire chronique,
° La paraphrénie,
° La schizophrénie,
3. Les états limites
4. Le déséquilibre psychique
5. Les déviations et perversions sexuelles
6. Les états déficitaires :
- Les oligophrénies,
- Les démences,
7. Les affections neuropsychiatriques :
- Généralités : le psychosyndrome organique,
- La psychose traumatique,
- L’alcoolisme et les autres toxicomanies,
- L’épilepsie,
- Les tumeurs cérébrales,
- La paralysie générale

BIBLIOGRAPHIE

1. ANTY. A : Psychiatrie à l’usage de l’équipe médico-psychologique.


Masson, Paris, 1968.
2. KAPSAMBELIS V. : Manuel de psychiatrie clinique et psychopathologique de
l’adulte. Quadrige/Presses Universitaires de France, Paris, 2012.
3. KOUPERNIK C., LOOH. , ZARIFIAN E : Précis de Psychiatrie. Flammarion,
Paris, 1982.
4. LEMPERIERE T., FELINE A. et coll. : Psychiatrie de l’adulte. Masson,
Paris, 1994.
5. MANUEL DU RÉSIDENT : Psychiatrie. Edition Tsunami, 2009.
6. TRIBOLET S., PARADAS C. : Guide pratique de psychiatrie. Heures de
France, Thoiry, 1993.

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I. LES NEVROSES.

Les névroses sont des affections psychiatriques très


fréquentes caractérisées par leur étiologie essentiellement
culturelle et sociale, leur symptomatologie d’ordre subjectif,
leur évolution prolongée et leur traitement d’ordre
psychothérapeutique et médicamenteux. Les symptômes
névrotiques sont apparemment mineurs et réversibles. Ils sont
vécus par le malade comme des conflits intérieurs strictement
personnels et débordant d’angoisse. Ils sont critiqués par le
malade lui-même qui a une conscience lucide et pénible de sa
situation. Les symptômes sont souvent masqués plus ou moins
consciemment par le malade qui extériorise la volonté de ne
pas se livrer et de contrôler au mieux la conversation.
La pathologie réactionnelle réalise souvent des tableaux
névrotiques transitoires qui ne constituent pas des vraies
névroses structurées, d’autant plus qu’il n’y a pas
d’organisation névrotique de la personnalité.

1. Les généralités

a. Le syndrome névrotique général


Le syndrome névrotique général est fait d’un aspect clinique
commun à toutes les névroses. Il comprend les points
suivants :
- Les troubles du comportement et de caractère ;
- Les troubles sexuels ;
- L’asthénie névrotique ;
- Les troubles de sommeil ;
- Les troubles hypochondriaques ;
- Les troubles divers notamment l’angoisse, les troubles de
conduite alimentaire, les énurésies et les tics.

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§ Les troubles du comportement et du caractère :


Le névrotique est un être difficile à vivre. Il a un mauvais
caractère. Ses difficultés d’adaptation dans la société,
tant sur le plan personnel que sur celui de relation avec ses
semblables, le mettent constamment en rude épreuve. Il est
dominateur, vindicatif, agressif. Cette agressivité est mal
contrôlée et donne lieu à des manifestations d’opposition,
d’irritabilité, d’intolérance. Souvent elle peut s’exprimer
par l’indifférence, l’ironie ou la causticité. Ce trouble de
caractère névrotique traduit l’immaturité ou l’arriération
affective.

§ Les troubles sexuels (anomalies de l’activité sexuelle) :


Les troubles sexuels motivent souvent la consultation. Ce sont
des symptômes constants, il s’agit d’une inhibition sexuelle
plus ou moins importante qui se manifeste par la diminution du
désir sexuel et les difficultés de la réalisation de l’acte
sexuel. Il peut s’agir tout aussi d’une exacerbation
libidinale. L’inhibition peut être liée à une timidité
excessive qui lui interdit tout approche d’un individu de
l’autre sexe ou alors, il existe une infirmité véritable. Les
principales anomalies rencontrées sont :
- L’éjaculation précoce, l’éjaculation tardive ou
l’anéjaculation.
- L’impuissance chez l’homme : celle-ci est rarement totale.
Elle est le plus souvent incomplète et périodique,
généralement mal tolérée et accentuée par la répétition
des échecs.
- La frigidité et l’absence d’orgasme chez la femme : la
frigidité peut être totale ou partielle, permanente ou
discontinue. Elle peut s’associer à une dyspareunie ou à
un vaginisme.
- La masturbation (la masturbation n’est pathologique que si
elle est excessive ou, préférée aux relations sexuelles) ;

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- L’hypersexualité apparente : il s’agit le plus souvent


d’un individu toujours insatisfait dans ses recherches
libidinales compliquées et change fréquemment de
partenaires.
- Certaines formes d’homosexualité peuvent s’observer.

§ L’asthénie névrotique :
C’est un signe constant. Elle résulte de la tension liée aux
conflits et à la lutte inconsciente contre les instincts
sexuels ou agressifs. Cette fatigue névrotique présente des
particularités suivantes :
- Elle est maximale le matin et tend à s’améliorer dans la
journée ;
- Le repos ne lui fait pas échec, alors que certaines
activités la diminuent ;
- Son intensité est disproportionnée avec les causes
évoquées par le malade ;
- Elle est souvent associée à un vague sentiment d’ennui et
d’anxiété, à des idées hypochondriaques, des
préoccupations abusives au sujet de la santé, avec souvent
incrimination d’organe et recherche d’une localisation
anatomique.
- L’inefficacité des fortifiants et les reconstituants en
dehors d’un effet placebo transitoire.
Ces caractéristiques permettent d’éliminer une maladie
organique en cours, comme le diabète, la tuberculose, le
myxœdème ou une autre maladie endocrinienne. Cette asthénie
doit être distinguée de celle d’un état dépressif qui implique
la perte de l’estime de soi.

§ Les troubles du sommeil :


Ils sont fréquents et constants au cours de toute névrose. Ils
se traduisent surtout par des difficultés de s’endormir ou de
se rendormir après des réveils successifs. Cette insomnie ne
cède pas à la prise des médicaments hypnotiques. Elle peut

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être liée à la peur de mourir et à la peur de rêver, car les


rêves expriment souvent des pulsions refoulées. L’hypersomnie
peut rarement s’observer et elle est le refuge préférentiel
contre l’angoisse.

§ Les troubles divers :


- L’angoisse : elle peut être paroxystique ou permanente à
expression psychologique et/ou somatique ;
- Les troubles hypochondriaques : ce sont des préoccupations
excessives concernant la santé, le fonctionnement et
l’intégrité du corps. Parfois toute l’existence du patient
et de sa famille s’organise sur un mode hypochondriaque :
précaution, régime, etc.
- Les troubles de la conduite alimentaire : ils sont
fréquents et se traduisent sur le plan quantitatif par des
conduites anorexiques ou hyperphagiques, et sur le plan
qualitatif par des choix minutieux ou des refus sélectifs
de manger tel ou tel type d’aliment.
- L’énurésie : quand elle est tardive chez l’enfant ou
apparaît chez l’adulte.
- Le somnambulisme : il doit être systématiquement recherché
surtout chez l’enfant.
- Les tics : il peut s’agir par exemple du grattage du cou,
la succion du pouce, onychophagie, entortillement des
cheveux. Ces tics ont peu de valeur chez l’enfant.

b. Les mécanismes de défense névrotique :

Ils représentent les solutions de compromis et de régulation


de l’appareil psychique aux prises avec un conflit générateur
d’angoisse. il peut s’agir de :
• Le refoulement : il consiste à repousser, à refouler et à
maintenir dans l’inconscient des représentations (images,
pensées, souvenirs) liées à une pulsion essentiellement
sexuelle. Les contenus refoulés conservent un potentiel

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dynamique et tendent à resurgir sous des modes déguisés


sous forme de symptômes de conversion hystérique,
phobiques ou obsessionnels.
• Le déplacement : par ce mécanisme, l’accent, l’intérêt et
l’intensité d’une représentation est détachée d’elle pour
passer à d’autres représentations moins pénibles. Le
déplacement peut se faire sur un objet ou sur une
situation (cas de phobie), sur le corps (cas de
conversion ou hystérie) ou sur des contenus psychiques
(cas d’obsession).
• L’identification : c’est le processus psychologique par
lequel un sujet assimile un aspect, une propriété, un
attribut de l’autre et se transforme partiellement ou
totalement sur le modèle de celui-ci. L’identification se
fait d’abord aux images parentales, puis aux maîtres, aux
aînés, etc.
• L’introjection : c’est un mécanisme dérivé de
l’identification qui fait passer sur un mode
fantasmatique, du dehors en dedans, des objets et des
qualités inhérentes à ces objets.
• L’isolation : c’est un mécanisme qui consiste à isoler
une pensée ou un comportement de telle sorte que leurs
connexions avec d’autres pensées ou avec le reste de
l’existence du sujet se trouve rompu. Ce mécanisme est
constant chez l’obsédé et introduit des séparations entre
les objets, les situations et les personnes pour les
rendre supportables.
• L’annulation (ou annulation rétroactive) : mécanisme
pathologique, psychologique par lequel le sujet s’efforce
de faire en sorte que des pensées, des paroles, des
gestes et des actes passés ne soient pas advenus. Il
utilise pour cela une pensée ou un comportement ayant une
signification opposée. L’affect désagréable inacceptable
et désavoué est remplacé par son contraire. Ex. Le
dégoût est remplacé par le désir ou l’inverse. Ce

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mécanisme est prévalent chez les obsessionnels et les


masochistes.
• Les formations réactionnelles : réalisent des conduites
manifestes, inverses des affects latents, c’est à dire
des conduites qui vont dans le sens opposé à la
satisfaction d’un désir défoulé. Ex. un méchant qui
manifeste une gentillesse excessive.
• La projection : c’est une opération mentale par laquelle
le sujet expulse de soi et localise dans l’autre,
personne ou chose, des qualités, des sentiments, des
désirs, voire même des objets qu’il méconnaît ou refuse
en lui. Ce mécanisme est fondamental et massif chez les
paranoïaques et les délirants. On le retrouve aussi en
moindre intensité chez les phobiques.
• La sublimation : une pulsion est dite sublimée dans la
mesure où elle est déviée vers un nouveau but non sexuel
et/ou elle vise les objets socialement valorisés
notamment l’activité artistique, intellectuelle ou
professionnelle. Ce mécanisme autorise une véritable
décharge pulsionnelle et permet l’ajustement social et le
développement personnel.

c. Etiopathogénie des névroses

Elle est mal connue. En fait, il s’agit des maladies


multifactorielles. Les facteurs intervenant sont les
suivants :
• Les facteurs biologiques, c.-à-d. les facteurs
constitutionnels et héréditaires. Le malade hérite le
tempérament nerveux. L’hérédité est similaire dans les
familles d’où, le rôle du terrain dans les
étiopathogénies des névroses.
• Les vicissitudes du développement psychoaffectif de la
première enfance notamment le couple mère-enfant,
l’ambiance familiale, le milieu socioculturel. Les

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névroses s’expriment différemment selon les conditions


sociales te culturelles.
• Les facteurs écologiques de l’environnement et les
facteurs déclenchants : les agressions sociales ont une
importance dans le déclenchement de décompensation
névrotique. En effet, les nuisances de l’habitat, comme
le logement misérable, les grandes agglomérations, les
bruits excessifs, les longs trajets nécessaires, les
mauvaises conditions de travail, les conflits familiaux
et professionnels, la transplantation, la désintégration
sociale, tous ces phénomènes paraissent corrélés, à
l’augmentation de la morbidité névrotique.
• Les traumatismes psychologiques : décès, divorce, rupture
des fiançailles, ; les traumatismes physiologiques
notamment la grossesse.

En résumé, les névroses sont des maladies multifactorielles :


Ø l’existence des facteurs constitutionnels détermine le mode
particulier de réaction de l’organisme.
Ø les facteurs événementiels, constitués de traumatismes qui
déclenchent la manifestation pathologique actuelle, jouent
un rôle relativement accessoire.
Ø Les facteurs institutionnels, c’est à dire les traumatismes
psychologiques de l’enfance, sont d’importance capitale, et
ce d’autant plus que le sujet est très jeune ou que ces
traumatismes surviennent à une période cruciale de son
développement.

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d. Classification des névroses :

Il existe plusieurs classifications :

• La classification freudienne (de S. Freud) :


Cette classification peut apparaître :
- Les névroses de caractère et les caractères névrotiques.
Ils font partie des personnalités pychopathiques.
- Les névroses traumatiques ou réactionnelles ;
- Les névroses actuelles : la névrose d’angoisse et la
psychasthénie.
- Les psychonévroses : la névrose phobique ou hystérie
d’angoisse ou la névrose hystérique ou hystérie de
conversion et la névrose obsessionnelle.

• Les névroses différenciées et indifférenciées :


Les névroses sont classées selon que les manifestations de
l’angoisse sont demeurées à l’état pur ou, au contraire, se
sont apparemment effacés au profit des manifestations
psychologiques ou somatiques devenues prédominantes. On a
ainsi :
- Les névroses indifférenciées : il s’agit de névrose
d’angoisse et de la psychasthénie ;
- Les névroses différenciées : la névrose phobique, la
névrose hystérique et la névrose obsessionnelle.

• La classification actuelle :
Elle décrit des aspects typiques :
- Une forme basale, la névrose d’angoisse : l’angoisse y
demeure libre, flottante.
- La névrose phobique : l’angoisse y est déplacée sur un
objet ou une situation.
- La névrose hystérique : l’angoisse y est déplacée sur le
corps : conversion somatique.

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- La névrose obsessionnelle : l’angoisse y est déplacée sur


les contenus psychiques.
Mais les symptômes et les mécanismes de défense peuvent
s’associer de façon variable et ne pas aboutir à une névrose
structurée. Le déplacement de l’angoisse est moins organisé,
certains symptômes peuvent être prépondérants ou parfois
isolés et souvent transitoires. Ils peuvent aussi réaliser des
aspects névrotiques mixtes, ex. hystérophobiques ou phobo-
obsessionnels.

2. Les différents types de névrose

A. LA NEVROSE D’ANGOISSE

C’est une affection fréquente surtout chez la femme. Elle se


manifeste dès la fin de l’adolescence ou chez l’adulte jeune
par des manifestations paroxystiques, appelées attaque
d’angoisse, sur un fond d’anxiété permanente, appelé attente
anxieuse, et des équivalents somatiques de l’angoisse. Les
formes cliniques sont extrêmement variées selon que dominent
les aspects psychologiques ou somatiques de l’angoisse.
L’anxiété est définie comme un sentiment d’insécurité
indéfinissable, alors que l’angoisse est un trouble physique
qui se traduit par une sensation de constriction et
d’étouffement. Actuellement les deux termes : angoisse et
anxiété sont souvent utilisés comme synonymes.

• L’attaque d’angoisse :
Elle survient brutalement à n’importe quel moment du jour ou
de la nuit. L’angoisse est flottante, libre, sans objet
précis. L’impression de mort imminente ou de perdre la raison
s’accompagne des troubles neurovégétatifs. Le patient est
pâle, haletant, couvert des sueurs, tremblant, en proie à une
agitation, panique ou immobile, prostré dans l’attente de la
catastrophe. Les symptômes physiques sont très accusés
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(constriction thoracique, gène respiratoire, palpitations,


vertiges nausées, brouillards visuels). La crise est de durée
variable allant des quelques minutes à quelques heures. Elle
cède en général assez brutalement, soit spontanément, soit sur
l’influence thérapeutique, avec parfois des débâcles
polyuriques ou diarrhéiques. La composante psychologique de
l’angoisse pathologique comporte trois symptômes principaux :
la péjoration imaginaire de l’existence, l’attente du danger
et le désarroi.
La crise d’angoisse s’accompagne parfois des douleurs
localisées à un point viscéral précis : cœur, estomac, foie,
gros intestin. L’examen cardio-vasculaire révèle une
tachycardie, un pincement de la différentielle et une
tachyarythmie. L’angoisse doit être différenciée de la peur :
crainte devant un objet réel, de l’inquiétude qui implique le
doute.

• Les équivalents de l’attaque d’angoisse ou équivalents


somatiques :
Ces équivalents alternent avec les attaques d’angoisse ou,
sont rarement isolés. Les principaux équivalents sont :
- Les équivalents cardiaques : ils réalisent ce qu’on
appelle ‘’névrose cardiaque’’. Il s’agit des accès de
tachycardie, voire d’arythmie, avec engourdissement des
extrémités, fourmillements survenant la nuit ou au petit
matin, tendance syncopale et pseudo-angor. La dysphrénie
est fréquente (le malade prend une grande inspiration et
ensuite il se sent mieux).
- Les équivalents gastro-intestinaux : ils se manifestent
sous forme d’ulcère gastrique ou duodénal avec nausées,
vomissements et sous forme de colopathies. Ces colites ne
sont pas d’origine alimentaire et sont capricieuses. Les
équivalents digestifs peuvent également se manifester sous
forme de barre épigastrique, de spasmes pharyngés décrits
par le malade comme une sensation de boule œsophagienne ou

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alors sous forme de spasmes gastriques, intestinaux ou,


anorectaux avec ténesme ou épreintes. Il peut également
s’agir des crises de hoquet, de faim ou de soif
paroxystiques.
- Les équivalents respiratoires : sous forme de dyspnée
asthmatiforme avec toux spasmodique, dyspnée ou
étouffement.
- Les équivalents génito-urinaires : douleurs abdominales et
pelviennes, cystalgie à urines claires, pollakiurie,
crises polyuriques, troubles sexuels à type d'inhibition.
- Les équivalents neurologiques, sensoriels ou,
musculaires : céphalées, lombalgies, algies posturales,
prurits, crises de tremblements, bourdonnements d’oreille,
crises vertigineuses(non rotatoires) avec sensation de
dérobement des membres ou d’instabilité à la marche,
sueurs paroxystiques survenant fréquemment la nuit.
- Autres : troubles du sommeil : caractérisés par, des
réveils fréquents, des cauchemars, des difficultés
d’endormissement, fatigue confinant parfois à
l’épuisement.

• L’attente anxieuse :
Elle est caractéristique de la névrose d’angoisse, et existe
même lorsque les attaques d’angoisse sont peu caractéristiques
ou larvées. Le terrain anxieux se caractérise par :
- Un déséquilibre de régulation neurovégétative et humorale.
- Une hyperesthésie sensorielle, notamment l’intolérance aux
bruits.
- Une hyperactivité, pleurs faciles, frissons, tremblements,
crises vasomotrices et sudorales.
- Le syndrome névrotique général peu intense. L’asthénie est
peu marquée, les troubles du sommeil sont présents :
dysendormissement, peur nocturne de l’adulte.

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- Les pseudophobies, notamment la peur dans les situations


données comme l’obscurité, l’orage, les craintes n’ayant
aucune signification pathologique véritable.
- Le malade est inquiet et pessimiste. Il est en état
d’alerte et de tension, une inquiétude permanente sans
objet défini. Il appréhende le pire pour lui et ses
proches. Il a un besoin constant d’être rassuré. Il
incrimine une situation précise, souvent renouvelée comme
étant à l’origine de cette maladie. Le stress, le
surmenage, le café, l’abus d’excitants comme l’alcool et
le café, sont des facteurs d’aggravation.

Evolution de la maladie
Elle est variable, irrégulière avec des phases de rémission et
des périodes d’exacerbation plus ou moins fonction des
circonstances de l’existence. Les crises surviennent à des
intervalles irréguliers sur un fond intercritique d’attente
anxieuse qui dure des semaines ou des mois.

Etiopathogénie
Les facteurs de prédisposition sont constitutionnels ou
conséquence d’un environnement précoce défavorable
(conditionnements anxiogènes de la première enfance). Des
états anxieux similaires sont fréquemment observés dans la
famille, chez la mère en particulier. Sur une personnalité
vulnérable, des facteurs circonstanciels favorisent le
déclenchement des manifestations : situations d’abandon et de
frustrations affectives réactivant, chez un sujet dépendant et
immature, des expériences anciennes de séparation (névrose
d’abandon), des situations d’insécurité après une maladie
physique, des situations de compétition, de frustrations ou
conflits d’ordre sexuel.
Pour Freud, il existe un blocage de la décharge des pulsions
libidinales, donc des relations sexuelles incomplètes. Pour

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Brun, la frustration de l’excitation sexuelle est un élément


important

Diagnostic différentiel
1. Devant un tableau anxieux, il faut savoir reconnaître une
affection organique, notamment : la crise d’angor ou
l’infarctus du myocarde, l’embolie pulmonaire, la crise
d’asthme, l’épilepsie temporale, l’hyperthyroïdie, le
phéochromocytome, l’hypoglycémie, les vertiges labyrinthiques,
la tétanie, la porphyrie aiguë, etc.

2. Devant un équivalent somatique, il faut savoir reconnaître


l’origine anxieuse des manifestations, ce qui suppose un
examen clinique minutieux et des examens paracliniques. Il ne
faut pas multiplier ces examens de façon abusive sous peine de
fixer l’anxiété du patient sur une maladie physique
inexistante.

3. Il faut différencier la névrose d’angoisse des états


anxieux observés au cours des affections psychiatriques,
notamment :
- des névroses structurées, névrose phobique, névrose
hystérique et névrose obsessionnelle.
- de l’angoisse schizophrénique : angoisse de
dépersonnalisation et d’anéantissement .
- de la mélancolie anxieuse.

Traitement
1. Le traitement de la crise d’angoisse :
- Adopter une attitude calme et compréhensive qui favorise
l’apaisement et permet au patient de verbaliser son
angoisse.

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- Une chimiothérapie anxiolytique par voie parentérale :


Diazépam, Tranxène, Equanil.
- Il faut rassurer le patient de l’absence du danger vital.
- Médicaments anxiolytiques per os, pendant quelques
semaines.
2. Le traitement de fond :
• Chimiothérapie anxiolytique :
- Benzodiazépines
- Neuroleptiques sédatifs comme le levomepromazine ;
- Antidépresseurs anxiolytiques : dans les décompensations
dépressives
• Méthodes psychothérapeutiques :
- La psychothérapie de soutien : écouter le malade de
manière patiente, ce qui permet au malade de se confier,
dédramatisation des manifestations anxieuses,
compréhension rassurante.
- Psychothérapie analytique de type psychothérapie de
groupe ;
- Les méthodes de relaxation, au besoin les vacances et les
cures en station climatique et hydrothérapie.

B. LA PSYCHASTHENIE

C’est une affection constitutionnelle dont les signes


cliniques principaux sont :
- Les troubles psychologiques : la personnalité
psychasthénique.
- Les manifestations somatiques : les douleurs rachidiennes
et les céphalées.

Circonstances du diagnostic
La maladie débute chez l’adulte jeune entre 20-40 ans, parfois
chez l’adolescent ou chez l’enfant. Le malade vient consulter
pour :

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- une fatigue physique et psychique très rapide et


excessive,
- une baisse du rendement scolaire ou universitaire,
- des céphalées associées aux douleurs vertébrales,
- et parfois pour des troubles sexuels ou un état dépressif.

Signes cliniques
1. Les troubles du caractère et de l’affectivité : Il s’agit
d’un caractère renfermé, scrupuleux, vérificateur,
parcimonieux et un peu rigide. Il y a une tendance à la
rêverie, au repliement sur soi-même et à l’auto-analyse. Sur
le plan de l’affectivité, on note une tendance aux idées
dépressives, une nostalgie, et un sentiment d’impuissance
pénible avec découragement.
2. Les troubles intellectuels :
- Les sentiments d’incomplétude : c’est un sentiment
d’incapacité et d’impuissance en ce qui concerne sa valeur
intellectuelle et une impression subjective de ne pas
réaliser pleinement sa vie. Ce sentiment d’incomplétude se
traduit aussi par des difficultés de concentration avec
aprosexie, un manque de volonté, une diminution de la
mémoire et un refuge dans l’imaginaire. Il y a un manque
de confiance en soi et le malade est hésitant, irrésolu,
aboulique et incapable de prendre une décision.
- La déréalisation : c’est un sentiment de non-réalité des
objets perçus dans le monde extérieur. Il s’agit d’une
perte de sentiment du réel. Il peut manquer ou être
dissimulé.
3. Les troubles psychomoteurs :
- L’asthénie est pénible, accablante, ressentie
douloureusement par le malade. Son rythme diurne est
particulier. En effet, elle est maximale le matin au
réveil avec difficulté à l’effort toute la matinée,
recrudescence postprandiale et sédation progressive dans

©Librifac 17
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le courant de l’après-midi. Elle a tendance au


renforcement par l’inactivité.
- La neurasthénie sexuelle : fréquente.
4. Les troubles somatiques :
- Les céphalalgies : céphalées de localisation variable mais
classiquement occipitofrontale, au niveau du vertex. Elles
ont tendance à s’améliorer par un travail intellectuel
modéré.
- Les rachialgies à localisation cervicale et lombo-sacrée.
L’examen neurologique est négatif.
- Les troubles neurovégétatifs : habituels, notamment
hypotension permanente avec tendances lipothymiques.
- Les troubles sensoriels : vertiges et bourdonnements
d’oreilles.
- L’hypersensibilité aux stimuli internes et externes.

Pathogénie
Elle est inconnue. La maladie est le résultat d’une décharge
libidinale quantitativement normale mais, qualitativement
anormale (Freud). Il existe une baisse de la tension
psychologique (Janet).

Evolution de la maladie
C’est une maladie chronique. Elle peut être subaiguë, acquise
et transitoire et dans ce cas, elle survient à la suite d’un
surmenage intellectuel et surtout affectif, à la suite d’un
état post-infectieux ou de certains traumatismes crâniens.

Diagnostic positif et diagnostic différentiel.


1. Le diagnostic positif se pose sur :
- L’état d’épuisement ;
- Le rythme diurne des symptômes ;
- Les douleurs ;
- Les sensations morbides d’allure évolutive et chronique

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2. Le diagnostic différentiel se fait avec :


- Une maladie physique ;
- Une psychose chronique débutante, notamment la
schizophrénie ;
- La névrose d’angoisse qui peut être intriquée avec la
psychasthénie.
- Dans la neurasthénie, il y a prédominance des signes
somatiques

Les éléments différentiels entre la névrose d’angoisse et la


psychasthénie sont :

Eléments différentiels Névrose d’angoisse Psychasthénie


Asthénie Modérée Rythme diurne
Esthésie Dysesthésies Céphalées et rachialgies
Tension artérielle et FC Tachycardie Hypotension
Rôles des excitants(café, thé,…) Aggravation Effet favorable

Traitement
- Rééducation de la fonction hypnique et du rythme du
sommeil
- Donner les thymo-analeptiques, les tranquillisants à
faible dose, les hypnotiques légers au coucher.
- Faire la psychothérapie de soutien ;
- Au besoin hospitaliser le malade et lui prescrire un
travail n’entraînant pas trop des responsabilités.

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C. LA NEVROSE PHOBIQUE

C’est une affection psychiatrique caractérisée par la présence


d’un symptôme prévalant appelé phobie.
La phobie est une crainte angoissante spécifique. Elle est
déclenchée par :
- La présence d’un objet ou une situation n’ayant pas en
eux-mêmes un caractère dangereux.
- La phobie disparaît en dehors de l’objet ou de la
situation, ce qui entraîne des conduites d’évitement
caractéristiques et de rassurement.
- La phobie est au-delà du caractère volontaire, bien que le
malade soit conscient du caractère absurde de sa crainte.

Circonstances de diagnostic
Le malade vient consulter pour :
- Des crises d’anxiété survenant dans des circonstances
particulières comme la peur de la rue, des animaux, de
commettre un acte dangereux.
- Un état dépressif avec anxiété et hypochondrie.
- Des manifestations phobiques obligeant le malade à rester
chez lui ou, à réduire sensiblement ses activités
socioprofessionnelles.

Les manifestations phobiques


La phobie présente des traits psychologiques spéciaux
suivants :
- Elle est intimement liée à la présence de l’objet
phobogène et disparaît lorsque le patient s’en éloigne.
- L’anxiété qui l’accompagne se rapporte à la réalité
phobique.
- Elle demeure en relation directe avec des situations
visuelles.

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- Le malade a conscience du caractère morbide de la phobie


et il est psychologiquement normal en dehors des accès
phobiques.

Les différentes phobies sont :


- L’agoraphobie : c’est la phobie la plus fréquente, elle
débute surtout chez la femme entre 18-35 ans. Les facteurs
précipitants évoqués sont : la maladie, la grossesse,
l’accident, le décès ou le départ d’un proche. C’est une
phobie liée à l’espace, une peur des espaces découverts et
des lieux publics. Elle s’associe à la peur de sortir
(angoisse de la rue) et, fréquemment aussi à la peur des
espaces clos (claustrophobie). Lorsque la personne est
exposée à la situation phobogène comme la rue, le
magasin, la foule, elle éprouve un malaise intense, une
sensation de vertige et d’oppression, la peur de perdre
son contrôle, de s’évanouir ou de mourir. Cette panique
anxieuse cède en quelques minutes lorsque la personne a
quitté le lieu angoissant.
- Les phobies des situations sociales : elles apparaissent
chez les adolescents ou chez les adultes jeunes de deux
sexes, notamment chez les personnes anxieuses et les
timides. Il s’agit d’une peur de parler, de paraître en
public, peur de manger, de vomir en public, peur des
examens, peur de trembler lorsqu’on est observé, peur de
rougir en public (ereutophobie ou érythrophobie). Dans ce
cas le sujet peut chercher à se soustraire au regard
d’autrui en portant des lunettes fumées ou en se
dissimulant derrière un journal.
- Les phobies d’animaux : oiseaux, chien, araignées,
chevaux. Elles s’observent chez la femme surtout. Ce sont
des reliquats des phobies infantiles apparues avant 8 ans.
Ces phobies sont généralement isolées et peu gênantes.
- Les autres phobies : elles peuvent apparaître à n’importe
quel âge dans les deux sexes :

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- Les phobies d’objets : aiguilles, couteaux, ciseaux,


plumes, etc.
- Les phobies de hauteur : étages élevés, monter sur
l’étage où il a peur et attirance du vide, sur un
tronc d’arbre.
- Les phobies de transport : avion, trains, véhicules,
moto, etc.
- Les claustrophobies s’observent souvent en dehors de
l’agoraphobie.
- Les symptômes phobiques en dehors des états
phobiques :
Les symptômes phobiques sont présentes au cours des diverses
affections psychiatriques.
• Les phobies typiques liées à des stimuli externes (phobie
de situation ou d’objet), surviennent dans les névroses
mixtes : névroses hystérophobiques, névroses phobo-
obsessionnelles. Les phobies sont fréquentes chez les
personnes psychasthéniques et dans les cas limites.
• Les phobies d’impulsion : elles sont caractérisées par la
crainte qu’éprouve le sujet lorsqu’il est en présence
d’objet ou de situation pouvant être utilisé de façon
excessive envers les autres ou envers soi-même, ex.
phobie d’impulsion suicidaire (peur de se défenestrer,
…), phobie d’impulsion homicide devant des instruments
tranchants et pointus. Souvent ces phobies peuvent
devenir des craintes obsédantes permanentes. Elles sont
fréquentes dans la névrose obsessionnelle (où il n’y a
pas passage à l’acte), et dans certains accès
mélancoliques (avec risque de passage à l’acte
suicidaire).
• Les phobies des maladies (nosophobies), peur d’avoir une
affection ou un cancer chez un anxieux inquiété par une
lecture sur le sujet ou par la survenue d’un cas dans son
entourage. Ex. syphilophobie chez les adolescents
névrotiques inhibés et culpabilisés sur le plan sexuel,

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crainte de contamination par des microbes dans la névrose


obsessionnelle, certitude délirante d’avoir une maladie
incurable dans certains cas d’accès mélancolique. La
nosophobie est au cœur de l’hypochondrie névrotique ou
délirante.
• Les phobies portant sur l’aspect du corps : des idées
prévalantes avec certitude inébranlable que des
véritables phobies. Ex . dysmorphophobie centrée sur le
nez, le visage, les seins dans la schizophrénie.

Comportement du névrosé phobique :


Le malade doit adapter ses activités en fonction des craintes
phobiques et il est amené à observer certaines règles de
conduites :

- Les conduites d’évitement : le malade doit à tout prix


éviter de rencontrer l’objet phobogène.
- Les conduites rassurantes : le patient cherche des
situations sécurisantes, il se fait accompagner car il ne
peut pas rester seul ou, il doit porte sur lui un objet
fétiche qui doit le rassurer (protéger).

Etiopathogénie
- La théorie psychanalytique (Freud) : la phobie est la
conséquence d’une pulsion agressive ou sexuelle refoulée
par ce que non acceptable par le "Moi". Il se produit des
transformations de la pulsion :
• La tendance instinctive est convertie en une tendance
généralement opposée. Le désir d’un rapport sexuel se
transformera en son contraire, la peur d’avoir un rapport
sexuel.
• La tendance instinctive est transposée ou déplacée sur un
objet ou une situation symbolique. C’est son contraire
qui constitue la phobie. Ainsi, le désir d’un rapport

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sexuel sera symbolisé par la foule et son contraire sera


en fin de compte l’agoraphobie.
- Les théories béhavioristes : les phobies sont considérées
comme des réactions de peur conditionnées. Une fois
apprises, la peur qui anticipe la situation pénible motive
aussi l’acquisition des comportements d’évitement qui vont
persister pour plusieurs raisons ; l’évitement réduit la
tension anxieuse, ce qui renforce la conduite de fuite. En
fuyant la situation phobogène, le phobique perd l’occasion
de bénéficier du processus habituel d’extinction car une
réponse conditionnée s’éteint lorsqu’elle n’est pas
renforcée par la survenue du stimulus conditionnel. Le
comportement phobique induit des bénéfices secondaires,
ex. l’agoraphobe qui se fait accompagner par des proches.

Diagnostic différentiel de la phobie


- La pseudophobie notamment au cours de la névrose
d’angoisse, des situations déclenchantes de la crise
d’angoisse comme la peur de l’orage, l’obscurité, se
trouver en un lieu élevé.
- L’obsession : celle-ci survient dans n’importe quelle
circonstance indépendamment de l’objet ou d’une situation
phobogène.

Traitement
- Dans le cas de phobie isolée ou gênante, les méthodes de
déconditionnement sont à conseiller comme par exemple la
désensibilisation systématique ou, la technique
d’immersion.
- Dans les formes plus sévères et plus diffuses, on utilise
une chimiothérapie anxiolytique qui permet de réduire
l’angoisse, associée à une psychothérapie de soutien, à
une psychothérapie de groupe ou à une narco-analyse.

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- Mesures hygiénodiététiques : mise au repos lors des


poussées symptomatiques ou lorsque la vie professionnelle
est entravée.
- Hospitalisation dans les poussées dépressives avec risque
de suicide.

D. L’HYSTERIE OU LA NEVROSE HYSTERIQUE

C’est une affection psychiatrique rencontrée dans les deux


sexes, surtout chez le sexe féminin. Elle est caractérisée par
des troubles somatiques fonctionnels, rarement psychiques,
provoqués et entretenus par une cause psychologique
inconsciente.

1. La crise d’hystérie :

La crise est caractérisée par des manifestations paroxystiques


précédées des prodromes qui annoncent à l’entourage la
survenue imminente de la crise :
Les troubles de caractère et de comportement, le regard
inquiet ou hébété les yeux hagards, les phénomènes
neurovégétatifs (pâleur et rougeur subites, tremblements,
tachycardie). L’aura est inconstante, mais quand elle existe,
il s’agit d’une sensation de boule œsophagienne mobile, d’une
constriction abdominale ou thoracique ou, des palpitations.
La crise d’hystérie débute brutalement en présence du monde.
Le sujet tombe ou s’affaisse sans se faire mal habituellement.
Il y a un peu de théâtralisme. La crise se poursuit par :
- une phase tonique avec immobilité pseudotétanique de tout le
corps et arrêt respiratoire.
- une crise de convulsions et de contorsions d’allure
expressive plus ou moins spectaculaire.
La crise se termine progressivement en quelques minutes (moins
de 15), le plus souvent par une crise des larmes. Le
diagnostic est habituellement évident et se différencie d’une
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crise épileptique par des éléments négatifs suivants : absence


de chute brutale, pas de morsure de la langue, pas des pertes
d’urines, l’EEG demeure sans anomalie de type épileptique.
La crise d’hystérie peut revêtir d’autres aspects cliniques :
Ø La crise syncopale : le malade sent le plus souvent venir la
crise, sa perte de conscience. L’intensité de la syncope est
variable : un évanouissement facile, syncope vraie ou perte
subite et brutale de la conscience, par ischémie cérébrale
passagère. L’examen cardio-vasculaire montre une vagotonie
importante faite de tachycardie, suivie rapidement d’un
pouls ralenti et petit et d’hypotension artérielle. Mais il
existe des crises sans hypotension ni bradycardie.
Ø La crise hystéro-épileptique : c’est une crise convulsive
d’allure hystérique.

2. Les manifestations somatiques de l’hystérie.

Il peut s’agir soit des troubles psychomoteurs et sensoriels,


soit des troubles neurovégétatifs.

A. Les troubles psychomoteurs et sensoriels :


1-. Les paralysies hystériques :
• L’astasie abasie : impossibilité de marcher et de se
tenir débout alors que l’examen neurologique pratiqué sur
le sujet couché montre une mobilité tout à fait normale.
• L’aphonie hystérique : ce symptôme est très fréquent. Il
s’agit d’une perte de la voix haute avec conservation de
la voix chuchotée. L’examen ORL est normal.
- Les paralysies localisées ou généralisées : elles ont des
caractères particuliers, et ne répondent pas à une
topographie neurologique. L’examen neurologique montre
l’absence des signes d’organicité : la topographie des
paralysies ne répond pas à celle des racines ou des nerfs,
les réflexes sont normaux. Le malade semble indifférent à
l’existence de la paralysie. C’est ce que Charcot a

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appelé ‘‘la belle indifférence’’ où l’absence d’anxiété


contraste avec la gravité apparente des symptômes.

2-. Les mouvements anormaux :


Ce sont des tremblements, des mouvements choréiques, des
tics, souvent peu gênant, n’entravant pas toujours la vie
professionnelle, mais rechutant fréquemment avec tendance à se
chroniciser.
3-. La contracture hystérique :
Elle peut être localisée ou généralisée, atteignant par
exemple les deux membres inférieurs ou l’hémicorps. Elle peut
être localisée par exemple :
• Au sterno-cléido-mastoïdien donnant un torticolis
hystérique,
• Aux muscles masséters donnant un trismus hystérique,
• Aux muscles paravertébraux lombaires, bloquant le patient
dans une attitude fœtale appelée camptocormie.
• Au diaphragme avec paralysie des muscles abdominaux, ce qui
réalise le gros ventre hystérique appelé cathiénophrénose
(grossesse hystérique).
4-. L’anesthésie hystérique :
Elle ne respecte pas la topographie neurologique : elle ne
recouvre pas le territoire neurologique, et est limitée à des
zones qui ne correspondent pas aux terminaisons nerveuses
anatomiques. Cependant, on peut observer des anesthésies
localisées au pharynx et à la cornée. Ces anesthésies
concernent les perceptions sensitives, tactiles, thermiques et
douloureuses. A l’anesthésie cutanée et muqueuse (pharyngée,
vaginale), peuvent se superposer des points d’hyperesthésie :
le "clou hystérique" au sommet du crâne, les zones
« hystérogènes » dont la compression déclenche une attaque.
5-. Les algies :
Elles sont très fréquentes et s’observent à tout âge. Elles
sont fixes ou erratiques, temporaires ou persistantes. Elles

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entraînent une impotence fonctionnelle


disproportionnée :
- Les céphalées empêchent de lire ou de travailler,
- Les cervicalgies bloquent la tête et rendent tout bruit
intolérable,
- Les rachialgies gênent la marche ou la station débout
prolongée, les arthralgies condamnent au lit pour des mois.
6-. Les troubles sensoriels :
• Les troubles de la vision : il peut s’agir d’une cécité
hystérique ou amaurose transitoire, d’une diplopie
monoculaire et des troubles du champ visuel : rétrécissement
concentrique du champ visuel, hémianopsies latérales
homonymes, altitudinales, quadranopsies et scotomes.
L’examen ophtalmologique peut mettre en évidence la présence
des certaines formes des migraines, une intégrité du fond
d’œil, des réflexes pupillaires normaux et une absence
d’organicité.
• Les troubles auditifs (surtout après des chocs
émotionnels) : hypoacousie hystérique entraînant des
troubles de la compréhension et de l’expression du langage
parlé (surdité hystérique).
• Troubles olfactogustatifs : anosmie, agueusie hystériques.

B. Les troubles neurovégétatifs :


Ils intéressent essentiellement la musculature lisse, et se
manifestent par des contractures ou spasmes :
- Le spasme pharyngé, sous forme de sensation de boule
œsophagienne qui descend et remonte.
- Le spasme de l’œsophage qui gène l’alimentation et peut
provoquer un état d’inanition.
- Le vaginisme : responsable d’une impossibilité des apports
sexuels.

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3. Les manifestations psychiques de l’hystérie

Ces manifestations peuvent alterner avec des troubles


somatiques paroxystiques ou se manifester en dehors d’eux. il
s’agit de :
a. Troubles de la mémoire : L’amnésie lacunaire est fréquente :
le malade oublie avec grande facilité un événement pénible
de l’existence. L’amnésie totale est rare : le malade paraît
momentanément avoir changé de personnalité (état second).
Les illusions de la mémoire et la fabulation masquent
souvent des lacunes mnésiques en donnant au récit une
apparence de vérité.
b. Troubles du langage : Il s’agit d’un mutisme lucide, mais le
malade s’exprime parfois par des gestes.
c. Etats crépusculaires : Ces états favorisent les troubles du
comportement :
• les fugues qui revêtent parfois un caractère utilitaire,
exemple : fuir une situation familiale insupportable. Ces
fugues sont totalement amnésiques ou parcellaires et
retardées.
• Le somnambulisme ou la déambulation nocturne surtout chez
l’enfant est habituellement amnésique. L’un des troubles
de la vigilance les plus fréquents est la distractivité
permettant de scotomiser les perceptions extérieures
vécues comme déplaisantes. Les attaques de sommeil ou les
états léthargiques progressifs : ils ont l’apparence d’un
sommeil calme sans rythme de sommeil à l’EEG. ils durent
quelques jours ou plusieurs semaines se terminant souvent
par des crises convulsives ou des manifestations
déficitaires et peuvent être confondues avec un coma.
• Le syndrome de Ganser ou pseudodémence hystérique
comprend :
- Des réponses à coté de la question ;
- Des réponses grossièrement fausses à des questions
simples ;

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- Une distorsion des réponses normales ;


- Des actes drôles, ex. le sujet fait toute autre chose
que ce qu’on lui demande.

d. L’inhibition intellectuelle :
Elle peut s’accompagner des manifestations déficitaires ou des
troubles tels que les céphalées, la fatigue oculaire,
l’anorexie. Tout effort psychique devient impossible et le
patient reste passif et désœuvré. Toute tentative de
mobilisation renforce le symptôme et peut faire apparaître
l’angoisse. Lorsque l’inhibition n’est pas transitoire mais
durable, l’hystérique peut être pris pour débile alors que son
intelligence est normale. On parle dans ce cas de
pseudodébilité névrotique.

Diagnostic
Il existe peu de diagnostics qui demandent autant d’attention
et de prudence que celui de la conversion hystérique car les
erreurs sont fréquentes et les conséquences parfois graves.
Certaines règles fondamentales permettent d’éviter ces
erreurs.
1. Il faut savoir reconnaître l’hystérie sur l’allure
particulière des symptômes et leur anorganicité, leur
mobilité, leur théâtralisme, sur les circonstances de leur
apparition, les antécédents et la personnalité du malade.

2. Ne pas se contenter du diagnostic d’hystérie sans avoir


pratiqué un examen somatique et neurologique complet. En
effet, certaines affections organiques peuvent donner lieu à
des manifestations de type hystérique et, un hystérique peut
développer une maladie organique.
3. Il faut se faire aider des examens paracliniques
appropriés : EEG, test de la personnalité, explorations

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pharmacodynamiques sans se laisser entraîner dans un circuit


interminable d’examens inutiles et coûteux.

Diagnostic différentiel
Les types d’affections le plus souvent prises à tord pour
hystérie sont :
- Les affections organiques du système nerveux : sclérose en
plaques, tumeur cérébrale, épilepsie temporale.
- Les affections métaboliques : hypoglycémie, hypocalcémie,
dyskaliémie, porphyrie.

Evolution
Les manifestations hystériques peuvent apparaître comme un
accident occasionnel et transitoire notamment à l’occasion
d’un traumatisme émotionnel très violent ou, d’une situation
de tension très prolongée. Ceci est observé chez le sujet
présentant des traits d’immaturité et de labilité
émotionnelle. On parlera dans ce cas, des réactions
hystériques. Les manifestations peuvent également s’inscrire
dans l’évolution d’une névrose hystérique.

Traitement
1. Thérapeutique de l’ambiance du malade :
- Modification de la structure sociofamiliale du sujet par
isolement, par hospitalisation.
- Absence ou réglementation des visites des proches et amis.
2. Approche psychothérapeutique utilisant notamment la
persuasion, qui suffit généralement à faire disparaître un
accident paroxystique mais souvent inefficace dans un
accident durable. L’approche psychothérapeutique est
facilitée par la médication : neuroleptiques, sédatifs,
thymonaleptiques.
3. Cures psychanalytiques notamment chez le sujet jeune et
d’intelligence normale.

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La psychothérapie directe repose sur l’injonction plus au


moins sévère et la persuasion et peut nécessiter de faire
appel à un psychothérapeute de sexe différent. La personnalité
du médecin joue un grand rôle.

E. LA NEVROSE OBSESSIONNELLE

C’est une affection psychiatrique caractérisée par deux


symptômes :
- L’obsession : consciente et involontaire à caractère de
contrainte et s’accompagne d’angoisse.
- Les compulsions et les rites destinés à soulager le
malade de l’angoisse et par les caractères marqués par le
souci permanent de l’ordre avec tendance aux doutes, au
scrupule et aux vérifications.
La névrose obsessionnelle est la forme la plus organisée et la
plus grave de la pathologie névrotique.

Signes Cliniques :

Les circonstances du diagnostic


Le malade vient consulter pour des phénomènes phobo-
obsessionnels, notamment la crainte de nuire à soi-même,
l’impossibilité de décision, les difficultés d’adaptation avec
baisse de l’activité professionnelle. Il peut consulter pour
un état dépressif avec prédominance de l’anxiété et de
l’asthénie. Le malade peut être amené à consulter par
l’entourage qui a constaté la présence des attitudes
rituelles.

Les obsessions :
Les obsessions sont caractérisées par une idée qui assiège
l’esprit. C’est une irruption dans la pensée d’un sentiment,
d’une idée, d’une tendance, apparaissant au malade comme un
phénomène morbide en désaccord avec sa pensée consciente.

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Celle-ci émane pourtant de sa propre activité psychique et


persiste malgré les efforts pour s’en débarrasser.

Les particularités de l’obsession sont les suivantes :


- Elle survient à un moment indéterminé. Elle n’est donc pas
liée à un concours de circonstances particulières.
- Le malade se rend compte de son inanité et la reconnaît
comme maladie.
- Elle est incoercible, c’est à dire, quoi qu’il fasse, le
malade ne peut la faire disparaître de son esprit.
- Elle s’accompagne d’une lutte obsédante chargée d’angoisse
pathologique.

Les trois formes principales d’obsession :


1. Les obsessions phobiques : ce qui assiège l’esprit est une
crainte spécifique mais, cette crainte existe en dehors de
l’objet, Ce qui la différencie de la crainte phobique. Il
suffit que le patient pense à l’objet ou à la situation
pour que l’angoisse apparaisse. Les formes les plus
communes sont :
- L’obsession phobique des maladies, des microbes, des
toxiques, de la saleté.
- La crainte de la contamination ou de la souillure, ce qui
conduit à des rituels de vérification et lavage des
mains, extrêmement contraignants ( folie du toucher).
2. Les obsessions idéatives, appelées aussi obsessions de
caractère interrogatif ou encore folie du doute. L’objet
d’obsession peut être une idée concrète comme les mots, les
objets, les chiffres ou, une idée plus abstraite concernant
les objets métaphysiques comme la vie ou la mort,
l’existence de Dieu ou, le propre comportement du sujet.
Exemples :

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- Le malade se demande s’il n’a pas oublié de faire telle ou


telle chose, s’il n’a pas fait une erreur, une omission,
...
- Le malade est incapable de se décider entre deux termes
d’une alternative (passer à gauche ou à droite).
3. Les obsessions impulsives : le patient est assiégé par les
idées et la crainte angoissante d’être amené de façon
irrésistible à commettre un acte absurde, ridicule, immoral,
nuisible, voire criminel. Dans les phobies d’impulsion,
l’acte redouté n’est jamais commis (crime d’intention). Il
existe cependant des obsessions impulsives suivies de voies
des faits. Parmi les obsessions impulsives on peut citer la
pyromanie, c’est dire obsession à mettre le feu,
l’exhibitionnisme sexuel, la kleptomanie ou obsession
impulsive au vol.

Les compulsions et les rites


La compulsion est un acte auquel le sujet se sent contraint,
dont il reconnaît le caractère absurde, ridicule et gênant,
mais qu’il ne s’empêche d’accomplir de façon répétitive, avec
le formalisme d’un rite, d’où l’appellation de rites
compulsifs.
Les actes conjuratoires sont habituellement liés aux
obsessions et leur accomplissement entraîne une sédation de
l’angoisse tandis que celle-ci est augmentée par la tentative
de résister à l’accomplissement des rites.

Les plus fréquentes des compulsions sont :


- Les rites de lavage qui accompagnent les obsessions
phobiques de contamination et de souillure.
- Les rites de vérification, ex. le sujet rentre vérifier
plusieurs fois s’il a fermé la porte.
- Les rites d’habillement : le malade doit déboutonner et
reboutonner un certain nombre de fois son veston avant de
quitter la maison.

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- L’arithmomanie, c’est l’obligation d’effectuer une opération


arithmétique avant toute action, le malade recommençant
indéfiniment la même opération de peur de s’être trompé.
- L’onomatomanie : comporte à la fois des obsessions idéatives
(recherche obsédante de la signification d’un mot), des
obsessions phobiques (crainte phobique de prononcer les mots
tabou) et des compulsions à réciter mentalement de façon
rituelle des mots conjuratoires.
Tous ces syndromes surviennent chez le sujet ayant une
organisation particulière de la personnalité, personnalité
obsessionnelle ou personnalité psychasthénique.

Traitement :
Ø Lutter contre l’anxiété par des neuroleptiques sédatifs,
des anxiolytiques, une cure de sommeil.
Ø Le traitement de la personnalité de base obsessionnelle ou
psychasthénique par les thymo-analeptiques et les
psychotoniques.
Ø Traitement de la structure névrotique, traitement de choix
si le patient est âgé de moins de 35 ans et s’il conserve
une activité professionnelle et sociale suffisante.
Ø La psychothérapie psychanalytique et d’inspiration et
analytique.
Ø Dans les cas gaves, l’hospitalisation s’impose.

F. LA NEVROSE HYPOCHONDRIAQUE

C’est une affection psychiatrique caractérisée par des


préoccupations excessives concernant la santé physique,
l’intégrité des organes et de leur fonctionnement. Ce souci
exagéré de la santé, d’être reconnu malade, ces doléances
corporelles sine materia, peuvent être plus ou moins
intenses, variables chez le même malade ou fixés à l’appareil
digestif, cardiaque, lorsque les sollicitudes familiales ou
celles du médecin les ont involontairement renforcés. Ce mode

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de relation à travers les plaintes somatiques peut rendre ce


malade particulièrement difficile à vivre. Il est fréquent
qu’une attitude inconsciente des membres de famille entretient
des bénéfices secondaires et rend le traitement
particulièrement hardi.
Cette hypochondrie névrotique peut être renforcée par la
survenue d’une maladie somatique. Elle peut même être
déclenchée par une maladie ou par une intervention
chirurgicale.

Traitement
Sédatifs, psychotropes associés à la psychothérapie.

G. LA NEVROSE TRAUMATIQUE
ET LES REACTIONS TRAUMATIQUES AIGUES

Névrose traumatique (synonymes : névrose réactionnelle,


névrose de situation).
Réaction traumatique aiguë (synonymes : état névrotique
réactionnel, réaction névrotique, psychonévrose réactionnelle,
état réactionnel d’expression névrotique).

La névrose traumatique regroupe des réactions déclenchées par


le choc émotionnel d’intensité variable. Elle est occasionnée
par une expérience traumatisante d’une intensité
exceptionnelle. Elle s’observe surtout en temps de guerre ou
lors des grandes catastrophes mais les réactions peuvent
survenir également dans les traumatismes brutaux ou chez les
personnes prédisposées, par exemple les hyperémotifs, les
névrotiques à la suite des événements pénibles moins
dramatiques. La névrose traumatique est une affection qui peut
être durable et invalidante. Dans ce cas, elle soulève de
problèmes difficiles de traitement et d’indemnisation surtout
qu’elle peut se développer à la suite d’une agression ou d’un
accident comportant ou non un traumatisme corporel.
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Signes cliniques

Le tableau clinique comporte :


1. Les symptômes post-traumatiques spécifiques centrés par
l’effroi :
§ Un débordement émotionnel : accès de tremblements, crises
de larmes, parfois agitation motrice désordonnée ou
décharges agressives, hypersensibilité aux stimuli
visuels, cutanés, surtout auditifs (réaction de
sursaut).
§ Un blocage des fonctions du ‘‘Moi’’, qui peut aller à la
prostration et à la stupeur ou sidération. Il s’agit
souvent d’une apathie avec asthénie, d’un désintérêt
affectif et sexuel.
§ Les phénomènes de répétition :
- A l’état de veille dans des ruminations conscientes,
des crises de colère, des gestes de défense ou
d’attaque ayant l’allure de tics.
- Dans les rêves, sous forme de cauchemars où le sujet
revit sur un mode dramatique, l’événement traumatisant.
2. Les symptômes post-traumatiques non spécifiques : ils
s’installent plus ou moins rapidement et sont fonction des
circonstances du stress, des réactions de l’entourage
(imitation, bénéfices secondaires), de la personnalité du
patient. Les symptômes traumatiques ont tendance à
s’atténuer sans disparaître (cauchemars et décharges
émotionnelles qui peuvent persister des mois ou des années).
3. Les symptômes non spécifiques sous forme des manifestations
polymorphes se développent et s’organisent sur des modes
variés, parfois associés entre eux. Il s’agit de :
- Troubles fonctionnels : fatigue, algies diverses,
oppression, dystonie neurovégétative, symptômes gastro-
intestinaux, sur lesquels se polarise l’inquiétude du
malade.

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- Accidents de conversion hystérique, bien tolérés (belle


indifférence), parfois spectaculaires (crises,
camptocormie, astasie-abasie, cécité), souvent plus
discrets (parésie, tremblements).
- Dépression fréquente mais masquée par des symptômes plus
expressifs. Elle se traduit par l’adynamie, le repli, le
sentiment de dévalorisation, la culpabilité, l’anorexie,
l’insomnie.
- Phobies qui investissent les objets et les circonstances
liés au traumatisme, les phobies de transport, les
phobies des lieux.
4. La réorganisation de la personnalité : elle met en jeu des
mécanismes de régression, de somatisation et de projection.
Le patient régresse vers une attitude de dépendance, passive
et infantile, généralement mêlée des revendications. Il est
fixé à son traumatisme par des symptômes ( phénomènes de
répétition). Il est désorganisé dans son comportement et
bloqué par ses perspectives. Il cherche la sécurité et les
gratifications affectives auprès de l’entourage familial et
médical en même temps qu’il réclame une réparation du
préjudice subit.

Les formes cliniques

1. Les réactions traumatiques aiguës ou crises aiguës


d’angoisse.
Elles n’ont qu’une durée limitée à quelques jours ou quelques
semaines. Il s’agit d’une tempête de tout l’organisme. On peut
décrire deux formes de réactions traumatiques aiguës.
- La réaction confuso-anxieuse : caractérisée par une stupeur,
une agitation ou une confusion mentale. Les circonstances de
survenue sont : les grandes catastrophes, bombardements,
combats, deuil véritable. Certains sujets sont comme
paralysés par la peur ; ils sont figés, inertes et
inconscients à l’égard de l’événement qui les submerge ; ils

©Librifac 38
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sont hébétés. Ces états ressemblent à la fascination et à


l’hypnose. Au contraire il peut s’agir de :
• L’agitation dans l’angoisse : cris, sanglots, courses
sans but, colère, violence,
• De l’état confusionnel typique notamment la
désorientation temporospatiale.
- La crise hystéro-anxieuse : c’est une angoisse vécue comme
un désarroi intérieur, un conflit de culpabilité ou
d’insécurité. Cet état s’accompagne d’une
hyperexpressibilité émotionnelle : pâleur, crispation,
sueurs, tantôt figé avec sensation de striction thoracique
étouffante (dyspnée, tachycardie), tendance lipothymique,
parfois nausées, vomissements, diarrhée, spasmes urinaires
et coliques.

2. La névrose traumatique proprement dite :


Elle est caractérisée par l’installation d’un état névrotique
durable où le traumatisme centre l’existence. Dans cette
forme, les organisations secondaires se fixent avec pour
aspects les plus importants et fréquents :
- La neurasthénie post-traumatique : fatigue, plaintes
hypochondriaques.
- L’hystérie post-traumatique dont les symptômes
déficitaires sont permanents et invalidants.
- L’enkystement caractériel avec attitude régressive et
revendiquante.

Pronostic
Il augmente de gravité avec l’âge. Au-delà de 40 ans,
l’invalidité définitive n’est pas rare. La guérison sociale
n’est pas synonyme de guérison médicale.

Traitement
Le pronostic est meilleur si le traitement est précoce. Il
faut utiliser :

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- Les médicaments pour luter contre l’anxiété, l’insomnie et


la dépression.
- Le rôle du médecin est très important car, il doit rassurer
le malade en lui fournissant des explications suffisantes en
ce qui concerne les examens et le traitement entrepris.
- Le traitement comporte également une prise en charge du
patient axé sur la réadaptation.
- Dans la crise aiguë d’angoisse, on peut parfois recourir à
l’électrochoc.

H. L’ANOREXIE MENTALE

C’est un tableau pathologique centré par une conduite de


restriction alimentaire dont la persistance et la sévérité
contrastent avec l’absence apparente des troubles
psychiatriques majeurs. Il s’agit d’une entité clinique et
psychodynamique spécifique.

1. L’anorexie mentale des jeunes filles


C’est la forme la plus fréquente. Elle débute généralement
entre 13-20 ans sans raison apparente ou après un traumatisme
affectif. Elle est parfois précédée d’une période de boulimie
ou de gastralgies et des perturbations des règles. En quelques
mois et de façon insidieuse s’installe la triade clinique
caractéristique (les 3A) : la restriction alimentaire
(anorexie), l’amaigrissement, et l’aménorrhée.
a. La restriction alimentaire : elle est délibérée, sous-
tendue par le désir effréné de maigrir. C’est une
véritable lutte contre la faim, et une impossibilité de
manger : dégoût, inappétence. La restriction est à la fois
qualitative et quantitative. Cette restriction est d’abord
masquée par des ruses ingénieuses et minimisée auprès de
l’entourage qui s’inquiète. La conduite anorexique
s’organise progressivement avec :

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• Au moment des repas dont les horaires sont irréguliers


et la durée prolongée, des conflits quotidiens avec la
famille et
• En dehors des repas avec des vomissements provoqués,
abus des laxatifs, et de lavements, parfois même usage
des diurétiques. On peut parfois observer des accès de
boulimie suivis de vomissements.
b. L’amaigrissement : il peut atteindre 15-20 kg en quelques
mois. L’adolescente a un aspect cachectique et vieillot.
On note parfois une acrocyanose, une hypertrichose au
niveau de la lèvre supérieure et des membres, des troubles
des phanères. Malgré cette extrême maigreur, la patiente
présente une activité persistante : études, sorties,
sports, etc. même pendant le froid. Elle ne ressent ni
fatigue, ni besoin de sommeil.
c. L’aménorrhée : elle est constante. Elle peut précéder les
autres symptômes, et pourrait s’installer dès les premiers
mois de l’évolution. Cette aménorrhée disparaît
tardivement, plusieurs mois après le retour d’un poids
normal.

Les examens paracliniques


Le métabolisme de base est très bas, le taux de cholestérol
augmenté. L’activité ovarienne est presque abolie, avec les
taux de prégnandiol et d’œstrogènes urinaires près de zéro.
L’activité LH est diminuée, les taux de FSH presque normal. La
courbe d’hyperglycémie provoquée est plate. On peut constater
une hypoglycémie et une hypoprotéinémie, des perturbations
électrolytiques (hypokaliémie) et une anémie modérée.
A côté de cette organisation anorexique critique, il existe
des formes d’anorexie survenant chez des sujets de structures
psychologiques variées et comportant des mouvements régressifs
de gravité inégale au cours desquels la désorganisation oro-
alimentaire se spécifie différemment. Il s’agit notamment de :

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- L’anorexie réactionnelle après un deuil ou un échec :


l’inappétence est primaire et non la lutte contre la faim.
Elle apparaît dans un contexte dépressif plus ou moins
manifeste.
- L’anorexie hystérique : la maigreur est exhibée et
utilisée dans une relation captative à l’entourage du
malade.
- L’anorexie obsessionnalisée avec rituels alimentaires.
- L’anorexie du borderline ou anorexie d’une schizophrénie
débutante.

2. L’anorexie mentale chez la femme adulte


La conduite anorexique est la réactivation ou la pérennisation
d’une anorexie de l’adolescence. Lorsqu’elle s’installe
seulement à l’âge adulte, c’est généralement sur une structure
hystérique et dans un contexte conflictuel. Parfois il s’agit
d’un équivalent dépressif.
Le diagnostic différentiel : se fait avec le syndrome de
Sheehan (cachexie hypophysaire du post-partum par nécrose
hypophysaire).

3. L’anorexie mentale masculine


Beaucoup plus rare que chez la femme, un cas sur 10, elle
survient généralement chez l’adolescent et s’accompagne d’un
retard de développement statural et pubertaire. Souvent elle
fait suite à une obésité. La conduite anorexique masculine
s’inscrit dans des structures psychologiques très diverses.
A côté de la forme typique qui s’apparente à l’anorexie de
l’adolescente, on observe une évolution fréquente vers la
dissociation schizophrénique. A la conduite anorexique
succèdent parfois d’autres conduites pathologiques : la
boulimie, l’alcoolisme, la toxicomanie, la délinquance.

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Traitement de l’anorexie mentale


1. Hospitalisation en cas de cachexie ou de troubles
métaboliques graves :
- Isolement avec séparation absolue des membres de famille,
pas de visites ni de correspondances.
- La réanimation médicale;
- La rééducation alimentaire progressive, contrôlée par des
pesées quotidiennes ;
- Parfois l’usage des antidépresseurs ;
- Une attitude ferme et compréhensive pour limiter la
régression et revaloriser le progrès.

2. La psychothérapie et également une psychothérapie au niveau


de la famille.

Evolution
A long terme, dans le tiers des cas, il y a une évolution
favorable surtout des formes réactionnelles ou dépressives.
Dans l’autre tiers des cas, il y a une amélioration incomplète
avec fluctuations pondérales : périodes de boulimie et
d’anorexie, constipation permanente, difficultés sexuelles,
préoccupations hypochondriaques. Dans le dernier tiers des
cas, l’évolution est grave, soit vers la chronisation des
symptômes avec un risque mortel, soit vers la dissociation
schizophrénique.

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II. LES PSYCHOSES

1. Les généralités

A. Le délire

Le délire est une conviction absolue durable, non conforme à


la réalité présente qui est à la base du comportement et des
réactions antisociales du malade. Les idées délirantes sont
individuelles, non partagées avec les sujets de même société,
de même niveau socioculturel, de même race, de même âge,
époque et de même éducation. Le jugement des réalités qu’elle
représente, a un caractère subjectif et inébranlable car
l’expérience et la démonstration logique sont incapables de
les modifier. On décrit 4 aspects principaux dans le délire :
- Le thème du délire ou thème délirant ;
- Les mécanismes du délire ;
- La systématisation du délire ;
- Les réactions du malade.

a. Les thèmes délirants


1) Les thèmes de persécution : c’est le thème le plus fréquent.
Il s’agit du thème de persécution familiale, de jalousie de
voisinage (le voisin lui en veut de longue date), d’idées de
persécution religieuse ou politique, de manichéisme délirant
(il y a le monde des bons et celui des méchants qui
organisent un complot contre lui).
2) Les thèmes de préjudice ou de revendication : c’est une
préoccupation exclusive à l’occasion d’un dommage qui peut
être réel. Le malade est convaincu qu’on fait quelque chose
exprès pour le nuire. Les idées de préjudice sont fréquentes
au cours des délires chez les personnes âgées.
3) Les thèmes mystiques : le malade se croit un envoyé de Dieu,
il communique et demeure en communication directe avec lui
ou avec Jésus. Parfois il s’agit d’une véritable possession

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démoniaque. Le thème s’organise le plus souvent en


délire prophétique ou messianique.
4) Les thèmes amoureux : notamment la jalousie morbide ou
l’érotomanie (illusion délirante d’être aimé).
5) Les thèmes de grandeur ou thèmes mégalomaniaques : le sujet
exprime les idées de toute puissance corporelle, de
supériorité de l’esprit, de génie ou d’inventeur illustre,
des thèmes de filiation princière ou royale ou descendance
d’une personne illustre, des idées de mission à accomplir,
de religion nouvelle à annoncer.
6) Les thèmes hypochondriaques qui s’ordonnent autour des
sensations douloureuses, pénibles, insolites et
persistantes, intéressant une lésion corporelle profonde. A
partir de ces sensations sont exprimées des idées de
transformation corporelle, de transformation d’organes et de
leurs fonctions, ; exemple : intestins ou estomac infectés,
déformés, bouchés. On peut avoir des idées d’agression
corporelle liées à des thèmes de persécution, d’influence,
ou de possession.
7) Les thèmes de négation : sont connus sous le nom de syndrome
de Cotard. Celui-ci comprend :
§ Une tendance à l’opposition, au refus, à la contradiction
systématique
§ Une conviction de changement, de destruction, de non-
existence concernant la personne physique ou morale.
§ La conviction délirante atteint parfois la négation du
monde extérieur et s’associe aussi à des idées
d'énormité, d’immortalité, de possession animale ou
démoniaque et de damnation.

b. Les mécanismes du délire


On appelle mécanismes générateurs ou responsables du délire,
les altérations psychologiques qui interfèrent avec
l’appréhension de la réalité et constitue les modalités de

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l’objectivation délirante. Il s’agit donc des modalités


d’élaboration du contenu délirant.
1. L’imagination ou proliférations imaginaires : il s’agit d’un
malade à imagination débordante, il construit des véritables
romans. L’imagination délirante est une production à type de
fabulation souvent livrée à la plus grande fantaisie et qui
apparaît comme superposée à la réalité. Le thème de délire
est en général la grandeur.
2. L’interprétation ou distorsions du jugement : elle consiste
à attribuer une signification nouvelle à la réalité. Dans ce
cas le sujet donne un sens nouveau à toute situation, à tout
événement, à toute attitude et à tout propos. Le malade voit
des signes partout. Le fait le plus banal est interprété
dans le sens du délire bien qu’il ne s’y rapporte
généralement pas. L’intuition est souvent mêlée à
l’interprétation. Les thèmes sont habituellement les thèmes
passionnels (jalousie, érotomanie), et la revendication.
3. L’hallucination : c’est une perception sans objet. Elle est
différente de l’illusion qui est une perception déformée ou
erronée d’un objet existant. Les trois critères de
l’hallucination sont :
§ L’esthésie : c’est la grande certitude de la présence de
l’objet.
§ L’objectivation : le malade donne à ses hallucinations la
valeur d’une réalité.
§ L’extériorité : l’hallucination est ressentie comme un
objet extérieur au malade.
Il existe deux catégories principales d’hallucinations :
• Les hallucinations psychosensorielles : auditives,
visuelles, olfactives, gustatives, tactiles ou
cénesthésiques. Ce type d’hallucinations s’observe
dans la psychose hallucinatoire chronique.
• Les hallucinations psychiques : elles sont
essentiellement au niveau de la pensée sous forme des
voix ou pensées intérieures. Ces hallucinations

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psychiques représentent le syndrome d’influence ou


syndrome d’automatisme mental. Ces hallucinations
s’observent dans la schizophrénie paranoïde.
• L’onirisme représente un tableau hallucinatoire
particulier ayant un caractère scénique, mobile,
variable, plurisensoriel à prédominance visuelle. Ces
hallucinations ont un aspect proche des imageries, du
rêve (onirisme = rêve pathologique). L’onirisme apparaît
généralement lorsqu’il existe une certaine dissolution de
la conscience avec désorientation plus ou moins accusée.
Le malade vit et agit selon les scènes oniriques comme
s’il s’agissait de la réalité. Il s’observe dans la
confusion mentale.
4. L’influence : le malade dit que le voisin ou la voisine en
face, lui envoie des rayons et que tout cela lui enlève ses
capacités physiques et intellectuelles. Ce syndrome de
délire d’influence prend souvent la forme de syndrome
d’automatisme mental de Clérambault. Il comporte
essentiellement :
• La prise de la pensée : le malade dit que ce n’est pas
lui qui pense, mais on l’oblige de penser.
• L’écho de la pensée : le malade attend répéter tout ce
qu’il pense.
• Les commentaires des actes et de la pensée : le malade
attend un commentaire perpétuel de tout ce qu’il fait, et
ce commentaire a un caractère injurieux et dépréciatif,
c’est ce qu’on appelle familièrement VSP (vache – salaud
– putain)
5. L’intuition : c’est un sentiment sans référence précise à la
réalité extérieure, mais conférant un sens nouveau à cette
réalité. L’intuition délirante est tout aussi irréductible
pour le malade que les autres mécanismes délirants.
Habituellement, ces intuitions représentent le point de
départ d’une élaboration délirante qui s’enrichit

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ultérieurement par d’autres mécanismes, particulièrement les


interprétations.

c. La systématisation du délire.
On appelle structure du délire, la modalité de l’organisation
des idées et des croyances délirantes. Il s’agit en fait
d’apprécier l’enchaînement plus au moins logique, plausible et
communicable de la fiction délirante élaborée par le malade.
On peut ainsi observer trois aspects différents de
l’organisation délirante :
• Le délire systématisé ou délire systématique : c’est une
fiction délirante relativement bien construite et
soutenue par une logique interne transmissible à autrui.
Les idées sont cohérentes et logiques. Le délirant
conserve un mode de raisonnement clair et précis. Le
délire est bien construit et la conviction du sujet est
inébranlable. Ce délire entraîne très souvent des
comportements antisociaux. On observe ce type de délire
dans la paranoïa.
• Le délire moyennement systématisé : il reste une part de
flou, un doute dans les convictions délirantes. Le malade
dit et approuve qu’il n’a pas de preuve certaine mais
tout de même il y croit bien que tout cela lui paraît
étrange. Le malade crée une véritable séparation entre le
thème délirant et son comportement quotidien qui demeure
pragmatique. Ce type de délire est le délire
paraphrénique.
• Le délire non ou faiblement systématisé : il s’agit d’un
délire contradictoire, parfois absurde, flou, incohérent,
sans aucune construction logique. Les thèmes aussi bien
que les mécanismes délirants sont multiples, se succédant
de façon discontinue et chaotique à tel point que ces
délires sont habituellement peu compréhensibles et
relatés dans un discours impénétrable. Ce type de délire
caractérise la schizophrénie.

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d. Les réactions du malade


Ces réactions sont la conséquence des thèmes délirants sur le
comportement. Ces réactions sont :
1) auto-agressives : le malade réagit par la crainte, la
surprise, la perplexité, l’anxiété ou encore par l’extase ou
le détachement affectif. Les actes suicidaires et les
automutilations ne sont pas exceptionnelles, notamment dans
le délire de persécution à forte charge hypochondriaque.
2) hétéro-agressives : par des actes antisociaux dont la
gravité peut aller jusqu’à l’homicide et au meurtre. La
persécution est un signe de dangerosité. Ce type de réaction
est fréquent dans les délires passionnels.

B. Le suicide et la tentative de suicide


Le suicide est un décès obtenu par une action personnelle
volontaire dirigée contre soi. La tentative de suicide est un
échec du geste suicidaire. C’est un mode de comportement
particulier dont l’épidémiologie et la signification
psychologique ne sont pas entièrement superposables à celle du
suicide.

a. Le suicide

Il représente le risque de mortalité le plus élevé en


psychiatrie. C’est à peu près le seul risque vital lié à
l’évolution des maladies mentales.

Epidémiologie
- Le suicide a une nette prédominance dans le sexe
masculin : 7 hommes, contre 3 femmes.
- Une augmentation considérable du taux de mortalité par le
suicide avec l’âge est observée dans les deux sexes.

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- L’influence du statut matrimonial est nette ; le taux le


plus élevé s’observe chez les veufs, puis chez les
célibataires. Ces taux sont faibles chez les mariés.
- Le mode de perpétration du suicide : la pendaison est le
mode le plus fréquent. Le suicide par arme à feu est plus
fréquent chez l’homme, alors que la noyade l’est chez la
femme.
- Le suicide et les affections psychiatriques : il existe
une nette corrélation entre le suicide et la maladie
mentale :
40% sont le fait des sujets psychotiques (psychoses aiguës
ou chroniques.
30-40% relèvent des troubles graves de la personnalité du
type névrotique ou psychopathique.
10-15% seulement des cas se situent en dehors d’un
contexte pathologique notable.
- Le risque suicidaire diffère nettement d’une maladie à
l’autre :
• L’association suicide-dépression, notamment la
mélancolie qui est une dépression extrême.
• La schizophrénie comporte un risque élevé de
réalisation suicidaire.
• Les troubles graves de la personnalité, notamment les
névroses mal structurées mais aussi chez les
psychopathes, le suicide constitue souvent l’ultime
passage à l’acte d’une existence émaillée de conduite
impulsive et antisociale.
• Le suicide peut encore s’observer dans l’évolution des
psychoses organiques, des états confusionnels, de
l’épilepsie, l’alcoolisme et la toxicomanie

b. La tentative de suicide

Epidémiologie :
- Le sexe féminin prédomine, 2 femmes contre un homme.

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- L’âge : notamment la première moitié de l’existence avec


le maximum entre 20-30 ans.
- Les méthodes utilisées : l’ingestion des toxiques
médicamenteux dans les 2/3 des cas, les phlébotomies.
Les tentatives de suicide se rencontrent : chez les déprimés,
chez les névrotiques graves, chez les psychotiques, chez les
déséquilibrés psychopathes, chez les sujets fragiles,
immatures, hystériques.
Le geste suicidaire prend valeur d’appel à l’autre, valeur de
quête affective, et de débordement du mécanisme de défense. La
deuxième signification de la tentative de suicide peut être
une porte de sortie, pour certains, face à des conflits et à
des frustrations et face au changement d’attitude de
l’entourage.
Environ 10% des sujets ayant fait une tentative de suicide
meurent un jour de suicide. Enfin, la tentative de suicide
peut avoir une valeur de chantage.

Conduite à tenir devant une tentative de suicide


1. Apprécier le risque de suicide :
• La nature du conflit à la base de cette tentative de
suicide. Les risques sont plus élevés lors d’un conflit
intrapsychique morbide, notamment mélancolie et
schizophrénie. Le conflit interpersonnel : bagarre
familiale.
• Apprécier les caractéristiques psychosociales du
sujet : les éléments les plus significatifs sont :
- L’âge : gravité plus élevée chez les sujets âgés ;
- Le sexe : la réussite du suicide est plus élevée chez
l’homme ;
- Les données biographiques : renseignent sur la
fragilité psychologique du sujet : rechercher la
notion d’état dépressif antérieur, les
hospitalisations psychiatriques antérieures, les

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tentatives de suicide antérieures, l’adaptation


socioprofessionnelle et familiale.
- Les traits essentiels de la personnalité : le degré
de maturation affective, les capacités de
communication, les intérêts dans l’existence, les
croyances religieuses ou philosophiques. Ces éléments
permettent d’évaluer les ressources dont le sujet
dispose pour résoudre ses conflits.
• Apprécier les ressources de l’entourage : la plupart
des tentatives de suicide ont une fonction d’appel. Le
risque de suicide paraît d’autant plus important que le
sujet est isolé sur le plan affectif et démuni sur le
plan matériel.
2. Quand le risque suicidaire paraît grand :
Il faut imposer l’hospitalisation. Le but de celle-ci sera
de :
- Eviter le passage à l’acte ;
- Permettre la résolution de la crise suicidaire dans un
milieu protégé ;
- Instaurer une relation d’aide et de confiance, et la
bonne prise en charge, la chimiothérapie et/ou la
psychothérapie.
3. Au décours d’une tentative de suicide :
La préoccupation est d’assurer la prophylaxie d’une récidive
et d’envisager la valeur symptomatique du geste suicidaire qui
pourra être l’occasion d’une nécessaire prise en charge
thérapeutique. Un entretien psychiatrique est indispensable au
décours de toute tentative de suicide. Il donnera au sujet le
sentiment d’avoir été entendu. Ce contact pourra être
l’occasion d’une amorce thérapeutique débouchant sur une
résolution plus approfondie des conflits. Cet entretien devra
être complété par le contact avec l’entourage pour permettre
la prise d’une décision.

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2. Les différents types de psychose

A. LA PSYCHOSE MANIACO-DEPRESSIVE
ou psychose périodique ou psychose bipolaire.

C’est une psychose caractérisée par la survenue des


perturbations cycliques de l’humeur sous forme d’accès
maniaques ou d’accès mélancoliques. Le malade retrouve son
état normal dans l’intervalle des accès. La manie et la
mélancolie furent identifiés dès l’antiquité, mais le lien
étroit qui les unit à une même maladie n’a été reconnu que
dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle. L’unité de la
psychose maniaco-dépressive a été admise pendant longtemps.
Cependant, des études cliniques et génétiques montrent
l’existence des sous-groupes à transmission et à évolution
différentes, ce qui a amené à proposer un découpage de la
maladie sur la base de la polarité. Ainsi on l’appelle
psychose bipolaire lorsqu’elle est caractérisée par la
survenue des crises maniaques et des crises mélancoliques chez
le même sujet. On l’appelle psychose unipolaire quand elle est
caractérisée par la survenue des crises d’un seul type, la
mélancolie récurrente (le plus souvent), la manie.
L’existence des sous variétés à l’intérieur de ces deux
groupes (bipolaire et unipolaire) est suggérée par des
recherches récentes qui demandent la confirmation.
Sur le plan génétique, le risque de morbidité pour la psychose
maniaco-dépressive dans la population générale varie de 0,6-
1,6% avec exposition au risque entre 15 et 65. Dans les
familles des maniaco-dépressifs, le risque est très élevé, 15-
25% pour les collatéraux et les parents du premier degré. La
concordance chez les jumeaux est de 20% pour les
hétérozygotes, 60-70% pour les homozygotes. Dans les familles
des patients bipolaires, le risque des troubles thymiques de
types bipolaire ou unipolaire dépressif est particulièrement
élevé et se repartit à peu près dans les deux sexes de la même

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façon. Dans les familles des patients unipolaires dépressifs,


le risque est moindre, 10-15%, presque toujours similaire. Les
formes bipolaires y sont rares. Les femmes sont plus souvent
atteintes que les hommes. L’hérédité unilatérale est beaucoup
plus fréquente que l’hérédité provenant de deux lignées
parentales.

Clinique

1. L’accès maniaque

La manie aiguë est un état d’excitation caractérisé par :


- Une exaltation de l’humeur à tonalité euphorique ;
- Une accélération du processus psychique avec fuite des
idées ;
- Une hyperactivité désordonnée ;
- Une perturbation des certaines fonctions biologiques, le
sommeil en particulier.

Le mode de début de l’accès maniaque :


La manie débute le plus souvent de manière brutale sans
facteur déclenchant apparent, sans prodromes mais, dans
certains cas, le début est progressif, annoncé par des
prodromes. Ces prodromes peuvent être :
• Une phase dépressive avec céphalées, asthénie,
inappétence et insomnies ;
• Une phase de subexcitation : propos décousus, soif
d’activité, démarches et entreprises extravagantes,
dépenses inconsidérées, dérégulation de la fonction
hypnique, hyperactivité sexuelle ;
• Des manifestations obsessionnelles ou un acte antisocial
en général mineur, comme l’atteinte à la pudeur, parfois
plus grave comme l’attentat aux mœurs.

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La période d’état :
• La présentation :
o La mimique est très mobile, animée, et les yeux
brillants : c’est l’hypermimie.
o La tenue est débraillée, vêture négligée,
extravagante, par exemple avec des rubans,
des médailles, des fleurs ;
o Le contact est facile mais superficiel. Le malade
est jovial, mais rapidement agressif.
o Son langage est logorrhéique (augmentation du débit
verbal), entrecoupé des vociférations,
parfois d’injures.
o L’activité gestuelle est continuelle avec parfois
graphorrhée (écrit partout et plusieurs
fois).

• Le syndrome maniaque : il comprend :


- Les troubles de l’humeur (ou troubles thymiques) : Il
s’agit d’une hyperthymie ou exaltation de l’humeur :
exagération euphorique de l’humeur. Elle comporte :
• Une euphorie expansive : le malade se sent débordant
d’enthousiasme et de gaieté. Il chante spontanément
ou à la demande, il rit et crie.
• La causticité : le malade est moqueur, railleur avec
ironie très méchante et mordante. Il fait des
remarques désobligeantes, par exemple sur la tenue
vestimentaire ou l’attitude de son interlocuteur.
• La versatilité de l’humeur : changement brusque de
l’humeur : la gaieté est entrecoupée des lamentations
et des colères. Le malade rit, pleure, se fâche et
devient rapidement agressif, puis tout à coup à
nouveau, il exprime une joie excessive.
- Les manifestations psychomotrices :
• L’agitation : il s’agit d’une motilité accrue, le
malade change continuellement d’occupation. Il écrit
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partout, déchire, couvre les mûrs de sa chambre par


des graffitis ou des photos. Il se dénude ou s’il est
vêtu, il est débraillé. Cette soif d’action est
intarissable : le malade est agité, le jour et la
nuit.
• L’activité du jeu : l’hyperactivité motrice revêt
souvent une allure théâtrale : le malade se prend
comme pour un acteur et improvise des scènes.
- Le désordre intellectuel :
• La fuite des idées : elle traduit une accélération
des représentations mentales. Une idée est remplacée
par une autre alors qu’elle n’a même pas fait
irruption dans le champ de la conscience, et ainsi de
suite. Le malade parle du coq à l’âne.
• La tachypsychie : elle traduit également une
accélération du processus mental. La perception
sensorielle et l’orientation sont correctes mais
fugitives.
• L’aprosexie ou entrave de la fixation de l’attention
spontanée et volontaire.
• L’hypermnésie : augmentation de la mémoire. Elle
porte sur la mémoire des faits anciens, notamment les
chansons, les récits antérieurement connus. Par
contre, le malade gardera partiellement un souvenir
partiel de sa crise.
- Les troubles somatiques (perturbations des fonctions
biologiques) :
• Les signes physiques : amaigrissement rapide qui
contraste avec l’augmentation de la faim et de la
soif, insomnie rebelle, résistance extraordinaire au
froid, à la fatigue nerveuse et à l’épuisement,
fébricules (37,5-38°C).
• Les troubles digestifs : constipation par
ralentissement du transit, langue saburrale,
augmentation de l’appétit et de la soif.
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• Les perturbations instinctuelles notamment la


boulimie, l’hyperérotisme chez l’homme. Chez la
femme : aménorrhée ou suspension des règles pendant
l’accès.
• Les troubles cardio-vasculaires : tachycardie,
hypertension légère.

Les données étiologiques


- La biotypologie : sujet trapu, musculature bien
développée, faciès arrondi, ce qui correspond à la
constitution morphologique de type picnique de Kretschmer.
- L’infrastructure mentale : sujet au caractère souvent gai
avec des phases d’humeur triste, tempérament
cyclothymique.

Les formes cliniques de l’accès maniaque


- L’accès hypomaniaque ou manie simple de Ritti : La
symptomatologie est celle d’un accès maniaque atténué, et
survient chez le sujet hypomane ou chez le malade ayant
dans ses antécédents des crises de manie franche.
- La manie suraiguë ou fureur maniaque : L’agitation
psychomotrice est extrême. Le malade déploie une force
herculéenne et présente un état dangereux.
- La manie confuse et incohérente de Ritti : Elle survient
lorsque la déstructuration de la conscience s’accentue et
par conséquent s’intègre à des accès maniaques qui se
compliquent. Le tableau comporte un état d’obnubilation de
la conscience, et une désorientation temporospatiale et
des hallucinations psychosensorielles. Il existe cependant
des phases confusionnelles au cours de l’accès maniaque.
D’autre part, l’agitation maniaque peut inaugurer une
psychose confusionnelle.
- Les états mixtes : Ce sont des états où les symptômes
maniaques et les symptômes mélancoliques sont étroitement
associés : surexcitation, pleurs, fuite des idées,

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tachypsychie, théâtralisme, idées de culpabilité et de


ruine, et conscience douloureuse de la maladie. On peut
retenir quelques aspects cliniques :
• L’humeur et thèmes maniaques associés à une inhibition
psychomotrice.
• La mélancolie agitée avec fuite des idées.
• Les thèmes dépressifs, l’anxiété s’associe à une
excitation intellectuelle avec hyperactivité et
irritabilité.
• Les fluctuations rapides de l’humeur variant de
l’extase au désespoir ou à la colère, coexistence des
thèmes de grandeur et de culpabilité, bouffées
d’angoisse avec peur des morts, de la mort, de la
damnation auquel succèdent les moments d’euphorie
délirante avec thème de mission, de résurrection, de
persécution.

Les accès maniaques symptomatiques


Un syndrome maniaque peut être la porte d’entrée d’une autre
maladie mentale ou encore, être due à des étiologies
diverses :
- L’accès maniaque au début de la schizophrénie.
- L’accès maniaque au début de la démence sénile et
présénile. En effet l’accès maniaque peut survenir chez un
sujet âgé sans antécédent d’épisode maniaque. Il s’agit
habituellement d’un début d’une démence sénile, présénile
ou artériopathique.
- Des manies des causes toxique notamment dans les
intoxications aiguës ou chroniques par l’alcool, la
cocaïne, l’amphétamine, certaine hormones (ACTH,
Cortisol), et certains médicaments (INH, cyclosérine, L-
Dopa).
- La manie post-traumatique : en effet le traumatisme du
crâne peut déclencher un accès maniaque soit d’emblée,

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soit après une phase comateuse. Il s’agit d’une forme


clinique de la psychose traumatique.
- La manie dans les tumeurs cérébrales : elle présente un
tableau clinique atypique notamment en cas de tumeur de la
base du cerveau ou de tumeur du lobe préfrontal (syndrome
de Moria).
- La manie au cours des affections endocriniennes :
thyroïdiennes, surrénaliennes.

2. L’accès mélancolique

La mélancolie est un état de dépression caractérisée par :


- une profonde douleur morale,
- une inhibition psychique et psychomotrice avec
ralentissement et aboulie,
- Une perturbation des fonctions biologiques notamment
insomnie et anorexie.

Modes de début
La mélancolie débute habituellement de façon progressive et
insidieuse par :
- Des troubles de l’affectivité et de l’humeur : le malade
se sent envahi par le sentiment de découragement, de
regrets et d’insécurité. Il devient sombre, pessimiste,
morose, sans élan, et son humeur est triste.
- Des troubles de l’activité : le malade se sent fatigué, il
n’en peut plus, contraint de s’arrêter de travailler. Il
éprouve une sensation de malaise général. Sa volonté
s’effondre et il se désintéresse de toute activité ou
distraction.
- Des troubles somatiques : l’insomnie précoce et constante.
Il éprouve des sensations physiques pénibles sur le
corps, perd l’appétit, maigrit, et soufre des céphalées.
Le diagnostic est posé dans diverses circonstances : le malade
peut être hospitalisé à la suite d’une tentative de suicide ou

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à cause des troubles psychiques et somatiques qui ont inquiété


l’entourage ; très rarement le malade peut venir consulter
spontanément. Rarement la survenue de l’accès mélancolique
semble favorisée par une cause psychologique (deuil, ennuie
financier) ou physiologique (puerpéralité, intervention
chirurgicale, maladie infectieuse) voire toxique (traitement
par des réserpiniques, cortisone, INH, etc.).

Période d’état
• La présentation :
- La mimique est peu mobile ou figée. Le visage devient
tragique, peu mobile, laisse apparaître une obliquité des
sourcils avec abaissement des commissure labiales, un
plissement du front, des yeux fixes grand ouverts ou
oblitérés par la chute des paupières.
- La tenue est variable. Le malade est prostré, les
mouvement sont rares. Si le malade est assis, le corps est
plié, tête fléchie. Il se déplace lentement, le corps
penché en avant et les yeux fixés sur le sol.
- Le contact est lent car le malade reste comme engourdi.
Ses propos sont entrecoupés des soupires et des
gémissements. Spontanément il parle peu mais, la parole
peut même être inexistante. Les réponses sont lentes,
proférées à voix basse sur un ton monocorde.

• Le syndrome mélancolique : Il comprend :

- Les troubles de l’humeur : l’hypothymie ou tonalité


dépressive de l’humeur qui est abaissée. Il s’agit de :
q La tristesse morbide : le malade ressent un sentiment
d’ennui, de découragement, de dégoût de la vie.
q La douleur morale : le malade ressent une impression
pénible d’incapacité et d’impuissance à la fois sur le
plan physique et moral. Le passé et le présent lui
paraissent chargés des fautes et des conduites

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indignes. Le malade se concentre douloureusement sur


son malheur.
q L’anesthésie affective : le malade se reproche de ne
plus aimer les siens comme auparavant, d’avoir vis-à-
vis d’eux, une certaine indifférence.

- Le ralentissement idéomoteur ou une inhibition


psychomotrice :
♦ L’aboulie : le malade est comme frappé d’inertie. Il a
perdu la volonté de vouloir. Il y a une inhibition de
la volonté. Toute activité est freinée ou ralentie. Les
actes de la vie courante demandent un effort démesuré,
les soins corporels et l’habillement sont négligés. Le
malade ne quitte plus son lit ou son fauteuil et cette
immobilité s’accompagne d’une rareté des mouvements et
des gestes.
♦ La lenteur de l’idéation : le psychisme est inhibé au
même titre que l’activité motrice. Le démarrage de la
conversation est souvent difficile. Le débit verbal et
l’idéation sont lents. Le malade a des difficultés
d’évocation et d’association des mots. Ses idées sont
considérablement ralenties. Sur le plan du langage, la
voix est monotone, faible, parfois inintelligible ; il
y a un mutisme ou un semi-mutisme.

- Les troubles intellectuels :


Ils sont dominés par :
§ Des idées dépressives : idées de mort, de culpabilité (
le malade s’accuse des fautes les plus insignifiantes,
les plus imaginaires), de ruine, d’incurabilité et de
persécution.
§ Des désirs de mort et les conduites suicidaires,
conséquence de ces idées dépressives.
Les conduites suicidaires comprennent :
- Les conduites passives par le refus de s’alimenter,

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- Le suicide systématiquement préparé,


- Le raptus suicidaire ou impulsion fulgurante à se
donner la mort,
- Le suicide collectif avec véritable massacre
familial.
Les moyens de suicide sont multiples : coupures
tégumentaires, ébauche de strangulation, poisons, etc.
Le suicide peut survenir à n’importe quel moment de
l’accès : suicide inaugural de début ou d’une rechute,
suicide en début de la chimiothérapie, suicide de la
convalescence, …
§ La réticence, c’est à dire que le malade parle mais
dissimule, diminue ou amoindrit les troubles qui
l’assiègent et notamment les idées de suicide. La
réticence est un signe de dangerosité.

- Les troubles somatiques :


§ Les signes physiques : insomnies précoces et durables,
amaigrissement en rapport avec l’anorexie et le refus
de s’alimenter, fébricules, aménorrhée habituelle chez
la femme.
§ Les troubles digestifs : anorexie, langue saburrale,
constipation par ralentissement du transit, parfois
débâcles diarrhéiques.
§ Les signes cardio-vasculaires : tachycardie avec
tendance à l’hypotension.
§ Les troubles instinctuels : perte de l’appétit et de la
libido.
L’examen neurologique est normal aussi bien dans la manie que
dans la mélancolie de la psychose maniaco-dépressive.

Les formes cliniques


q La mélancolie simple : C’est la forme mineure. La
symptomatologie est atténuée soit spontanément, soit sous
l’influence du traitement prophylactique comme le lithium.

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q La mélancolie stuporeuse : Dans cette forme, le


ralentissement idéomoteur est réalisé au maximum. Les
mouvements volontaires sont suspendus. Le malade est figé,
mutique, immobile. L’alimentation est très difficile. La
mélancolie stuporeuse est en règle l’aboutissement des
autres formes de mélancolie. Les troubles somatiques sont
importants et on peut observer le gâtisme (le sujet fait ses
besoins, selles, urines, là où il se trouve).
q La mélancolie anxieuse : Le ralentissement idéomoteur
disparaît au profit de l’agitation anxieuse. Le malade ne
peut plus se tenir en place. Il va et vient, guette aux
portes, il est aux aguets, se lamente, essaye de fuir les
dangers imaginaires. La peur est la note dominante et est
vécue comme une véritable panique. Les tendances suicidaires
sont également manifestes. Le refus d’aliments est actif,
systématique. Parfois le malade hurle qu’il veut la mort. Il
supplie qu’on la lui donne même. Sur le plan somatique, il
existe une hypertonie vasculaire, tendance à l’HTA et à la
tachycardie. Cette forme s’appelle également mélancolie
agitée.
q La mélancolie délirante : La douleur morale est vécue,
exprimée sur un mode délirant. Les thèmes de la mélancolie
délirante sont :
- Les idées de culpabilité et d’indignité : auto-accusation
portant sur les fautes vénielles aux conséquences grossies
jusqu’à l’absurde ou portant sur les fautes purement
imaginaires.
- Les idées de deuil et de ruine : conviction délirante de
la mort des proches, de la perte des biens et de la
fortune.
- Des idées hypochondriaques : certitude absolue d’avoir une
maladie mortelle (cancer, leucémie), idées de négation
d’organe réalisant le syndrome de Cotard. Dans ce
syndrome, les idées de négation s’associent

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- Parfois à des thèmes de négation du monde, d’immortalité,


d’énormité, et de damnation.
- Les idées d’influence et de possession diabolique.
- Les idées de persécution.
On peut distinguer deux aspects essentiels de la mélancolie
délirante, suivant la prédominance des différents thèmes :
° le délire mélancolique aigu de persécution et
° le délire hypochondriaque de négation de Cotard.
q La dépression masquée : Les troubles de l’humeur sont
recouverts par une symptomatologie somatique et le patient
exprime son affect dépressif en terme de malaises physiques,
notamment par l’insomnie et la fatigue. Parfois les plaintes
somatiques se focalisent :
- Dans la sphère digestive : anorexie, douleurs
épigastriques, pesanteur abdominale douloureuse,
constipation opiniâtre.
- Dans la sphère cardio-respiratoire : précordialgies,
oppression, crises dyspnéiques, lipothymies.
- Des douleurs à la fois atypiques et persistantes :
céphalées, douleurs de la sphère faciale, lombalgies,
paresthésies diffuses.
Ces dépressions masquées ont le même cours évolutif que les
accès typiques avec lesquels ils peuvent alterner.
L’évolution spontanée se prolonge parfois sur plusieurs
années.
q La mélancolie d’involution :
Elle survient vers la cinquantaine chez une personne indemne
de toute atteinte dépressive. De début progressif, le
syndrome mélancolique est plus souvent modéré. Les plaintes
hypochondriaques sont fréquentes, de même que les
manifestations hystériformes (algies et cénestopathies
diverses, attitudes extasiques, maniérismes et théâtralisme
du comportement), de l’angoisse et de l’agitation (fréquence
des états mixtes). Les facteurs déclenchants sont souvent
les deuils, les difficultés socioprofessionnelles.

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Les formes symptomatiques (mélancolies symptomatiques)

- Les états mélancoliques symptomatiques d’affections


cérébrales ou générales : l’épilepsie, la maladie de
Parkinson, le début de méningo-encéphalite syphilitique,
après traumatisme crânien, dans les tumeurs du cerveau, au
cours des infections générales (tuberculose, cancer
digestif, collagénose, sida, diabète, néphrite chronique
hypertensive).
- Les états mélancoliques au cours des traitements
prolongés : réserpine, α-méthyldopa, corticoïdes, INH, L-
Dopa.
- Les états mélancoliques symptomatiques des affections
psychiatriques :
§ La phase prémonitoire de démence sénile ou présénile ;
§ Certains délires chroniques ;
§ La psychose hallucinatoire chronique.

Diagnostic différentiel des états dépressifs mélancoliques

• L’état dépressif névrotique : les épisodes dépressifs


viennent entrecouper l’évolution des névroses. L’état
dépressif névrotique survient sur un fond de personnalité
névrotique antérieure et dépend d’événements malheureux de
l’existence. Le malade est asthénique. Les troubles de
l’humeur sont peu accusés. L’inactivité motrice prédomine
sur le ralentissement idéique et le malade s’exprime
facilement. Les idées de suicide sont rares, moins
menaçantes. Le déprimé n’a pas perdu tout contact avec la
réalité.

• L’état dépressif réactionnel ou psychogène : ce sont les


états dépressifs d’allure névrotique qui se déclarent à
l’occasion d’un traumatisme psychoaffectif d’intensité

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variable : deuil, conflit familial, difficultés sexuelles,


séparation, déception sentimentale, soucis financiers, échec
professionnels, … Il existe une relation directe entre
l’événement vécu et la réaction dépressive. Le délai entre
le traumatisme psychologique causal et le trouble dépressif
est bref. Un fond névrotique ne peut être objectivé. La
réaction dépressive introduit une rupture complète avec la
personnalité antérieure du sujet.

• La dépression d’épuisement : ce sont des dépressions


fréquentes liées au surmenage : on trouve toujours
l’existence d’une augmentation d’activité conduisant
progressivement à la perte de la notion de fatigue. Le
sommeil est volontairement réduit et peu à peu l’insomnie
s’installe. Puis l’asthénie et le découragement surviennent,
et à l’occasion d’un événement insignifiant la dépression
peut apparaître.

Comparaison du syndrome maniaque au syndrome dépressif :

Syndrome maniaque Syndrome dépressif


Humeur. Euphorie expansif, Tristesse morbide,
Causticité, Douleur morale,
Versatilité de l’humeur. Anesthésie affective.
Activité psychomotrice. Agitation, Aboulie,
Activité de jeu. Lenteur de l’idéation.
Intellect. Fuite des idées, Idées de mort, de culpabilité,
Tachypsychie. d’incurabilité,
Réticence.
Soma. Infatigabilité, Insomnie,
Résistance au froid, Anorexie.
Boulimie,
Hyperérotisme.

Traitement de la psychose maniaco-dépressive


1. Traitement de l’accès maniaque
- Hospitalisation du malade. Le traitement dure en moyenne 4
semaines.

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- Traitement médical :
- Les neuroleptiques : halopéridol : 3 fois 15 mg/j,
chlorpromazine 3 fois 50-200 mg/j parfois plus,
levomepromazine 3 fois 25-50 mg/j. Ces médicaments
peuvent être donnés en monothérapie ou en
association.
- Les sels de lithium : l’action du lithium est
différente des celles neuroleptiques et lente à se
manifester. Elle a une action sur l’humeur :
hyperthymie, expansivité. Posologie : 500 mg de
carbonate de lithium ou 10 ml de gluconate de
lithium, en 2-3 prises/j, à augmenter progressivement
jusqu’à la lithiémie efficace. L’association
neuroleptiques- lithium est le traitement de choix.
- Les traitements adjuvants :
Ø La réhydratation PO de préférence, si possible ;
Ø La sismothérapie ou électrochoc : il s’agit de
provoquer des crises convulsives (deux à trois par
24h) lorsque l’agitation ne cesse pas avec les
médicaments ;
Ø La cure de Sakel : essentiellement utilisée dans
la psychose unipolaire.
2. Traitement de l’accès mélancolique
• Hospitalisation ;
• Traitement médical :
- Les thymo-analeptiques ou antidépresseurs :
antidépresseurs tricycliques et IMAO. Ces médicaments
seront associés à des neuroleptiques.
- Les neuroleptiques sédatifs : Lévopromazine ;
- Les tranquillisants.
• La sismothérapie : elle est réservée aux mélancolies
anxieuses et délirantes où il existe un risque suicidaire
immédiat, aux mélancolies stuporeuses, aux formes
résistantes à la chimiothérapie et en cas de contre
indication de la chimiothérapie.

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• Les sels de lithium sous forme de gluconate ou de carbonate


de lithium. Ces sels arrêtent la crise mais exigent la
surveillance de la lithiémie qui doit se situer entre 0,7 et
1 mEq /l.
• Pour le traitement au long cours, il faut commencer par les
neuroleptiques et continuer par les sels de lithium.
• La psychothérapie : Elle est fondée sur la sympathie et la
compréhension de la douleur morale. Il s’agit
essentiellement d’une psychothérapie de soutien.
• L’isolement relatif du malade est prescrit vis-à-vis de la
famille selon l’effet produit sur le malade par les visites.

B. LA BOUFFEE DELIRANTE POLYMORPHE

Définition
La bouffée délirante est une psychose aiguë caractérisée par
l’apparition soudaine d’un délire riche et polymorphe,
procédant d’altérations des perceptions, d’intuitions subites,
de distorsions du jugement et de débordements imaginaires
entraînant un bouleversement profond mais transitoire du
fonctionnement psychique et des relations du sujet avec le
monde extérieur. Cette maladie porte plusieurs synonymes :
- Psychose délirante aiguë.
- Psychose hallucinatoire aiguë.
- Etat oniroïde.
- Expérience délirante primaire.
- Schizophrénie aiguë.
- Réaction schizophrénique.
- Paranoïa aiguë.

Les circonstances d’apparition


La bouffée délirante aiguë peut se déclarer à la suite d’un
surmenage, d’un deuil, d’un abandon, d’un choc psychoaffectif,
un choc émotionnel, une incorporation au service militaire. Le
plus souvent elle survient sans cause décelable. Le sexe
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féminin est d’avantage frappé. Il s’agit habituellement


d’adolescente ou d’adulte jeune ayant eu des difficultés
d’adaptation et d’identification avec des antécédents
psychiatriques familiaux.

Le mode de début
La bouffée délirante éclate brusquement. L’expérience
délirante fait irruption dans la conscience en quelques heures
ou quelques jours, le début est donc brutal.

La période d’état

a. La présentation :
Le malade se présente alternativement dans le temps tantôt
comme un agité, tantôt comme un déprimé. La physionomie est
très mobile puis revêt le masque de la tristesse morbide. La
tenue est négligée. Le contact est assez bien conservé mais il
existe des phases où le malade semble absent de la situation
présente. Le débit verbal habituellement augmenté mais
entrecoupé par de mutisme passager. On surprend des attitudes
de méditation, d’écoute et d’extase. L’état d’excitation est
prédominant et se manifeste à des degrés divers.

b. Le syndrome psychiatrique de la bouffée délirante :


• Les troubles de l’humeur : L’adhésion au délire est
totale, c’est pourquoi l’humeur subit des oscillations
allant de l’état coléreux et de l’exaltation euphorique à
l’expression dépressive et anxieuse. L’humeur subit les
fluctuations successives avec des vagues délirantes et du
désordre idéique.
• Les manifestations psychomotrices : Elles sont sous-
tendues par les troubles de l’humeur et par l’activité
délirante et hallucinatoire.
Les états affectifs violents surgissent et peuvent
entraîner des réactions antisociales graves.

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• Les troubles intellectuels : Ils sont dominés


essentiellement par des phénomènes délirants. Les idées
délirantes ont un caractère polymorphe ou protéiforme car
elles subissent des variations à bref délai et changent
dans un même jour ou en quelques heures.
Les thèmes délirants sont multiples : ces idées délirantes
choquent l’évidence et la logique et sont en opposition
avec la réalité des faits. Il peut s’agir de :
§ Des idées de la série expansive :
§ Des idées de satisfaction et de grandeur :
idées de supériorité physique et
intellectuelle, idée de richesse et de toute
puissance. On peut observer : des bouffées de
délire d’ambition : par exemple le malade se
dit avoir une haute destinée et qu’il sera Roi
ou Président de la République.
§ Des idées de filiation illustre, ex :
descendant de Napoléon ou de Louis XIV, de la
Reine d’Angleterre.
§ Des idées mystiques : le malade se dit avoir
une mission divine, peut se croire Jésus Christ
ou se dire avoir des communications célestes.
§ Des idées de la série dépressive : Ce sont :
§ Des idées de persécution : le malade se dit
subir un préjudice moral. On lui veut du mal,
on exerce sur lui un pouvoir maléfique :
hypnotisme, influence à distance à l’aide des
ondes ou de courant électrique sur son esprit,
son corps, ses idées, ou idées de désir sexuel
imposé ou de viol.
§ Des idées d’impuissance, d’indignité ou de
ruine ou des idées de damnation, ex : le malade
assiste au jugement dernier.

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- Les mécanismes du délire :


Les mécanismes sont multiples. Il peut s’agir de :
§ Des hallucinations (mécanismes hallucinatoires) :
§ Des hallucinations psychiques : elles sont
prédominantes, représentées par des voix
intérieures, l’écho de la pensée, les
transmissions, le vol et le divinement de la
pensée. Pour le malade, ses idées, ses
intentions, ses actes sont devancés,
répercutés, imposés et commentés. Ces
hallucinations psychiques réalisent le syndrome
d’automatisme mental aigu de Clérambault.
§ Des hallucinations psychosensorielles sont
riches et multiples. Ce sont des hallucinations
acoustico-verbales, visuelles, cénesthésiques,
olfactives parfois. Elles sont prises par le
sujet pour des choses et des faits réels se
passant autour de lui et se rapportent à lui.
§ Les illusions : ce sont des perceptions erronées,
perturbées des organes sensoriels, ex : le malade voit
un objet réel mais le prend pour un animal menaçant.
§ L’interprétation : des perceptions immédiates sont
apparemment exactes mais les déductions du jugement qui
s’en suivent sont déviées et fausses.
§ Les intuitions soudaines et révélatrices.

- Les réactions du malade :


Le malade adhère très fortement à son vécu actuel, et les
oscillations de l’humeur peuvent entraîner des réactions
antisociales graves.

- Les troubles somatiques :


Ils sont habituellement discrets :
- Les signes physiques : insomnies, hyperthermie légère
en rapport avec l’agitation, déshydratation, oligurie.

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- Les troubles digestifs : anorexie, langue saburrale,


constipation.
- Les signes cardio-vasculaires : tachycardie, tendance à
l’hypotension.
L’examen neurologique est normal.

Diagnostic positif :
Il se fonde sur les éléments suivants : le caractère brutal du
début, l’aspect polymorphe et variable de l’expérience
délirante, l’adhésion immédiate au délire intensément vécu,
l’atteinte de la conscience avec recrudescence vespérale des
troubles, les perturbations thymiques associées.

Formes cliniques :
Elles sont décrites par référence aux mécanismes élaborant
l’expérience délirante.
a. Les formes typiques : les thèmes et les mécanismes délirants
sont multiples et non systématisés, se développant ou se
réduisant au gré des intuitions, révélations ou inspirations
délirantes.
b. Les formes imaginatives aiguës : l’imagination et la
fabulation permettent d’inventer des romans fantastiques que
le sujet paraît inventer au fur et à mesure qu’il les
exprime. L’exubérance imaginative emprunte souvent une
thématique mystique ou érotique. Ces formes sont l’apanage
des personnalités hystériques ou débiles.
c. Les formes interprétatives aiguës : la participation
émotionnelle est très vive d’autant plus qu’il existe
souvent une problématique passionnelle de jalousie ou des
idées de préjudice.
d. Les formes hallucinatoires aiguës : le syndrome d’influence
est important. Les hallucinations acoustico-verbales
prédominent.

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Les formes symptomatiques :


a. Les bouffées délirantes psychogènes ou réactionnelles :
elles s’observent à la suite d’un traumatisme émotionnel
précis et généralement subit, imprévisible ayant provoqué
une situation psychologique d’angoisse ou de frustration
intense.
b. Les bouffées délirantes liées aux agressions encéphaliques :
notamment traumatiques, infectieux, vasculaires,
métaboliques, endocriniens ou médicamenteux. Il s’agit
habituellement de syndrome confuso-onirique plutôt que des
bouffées délirantes oniroïdes. Certaines psychoses post-
opératoires et les psychoses puerpérales s’expriment parfois
par une symptomatologie délirante aiguë.

Pronostic
Le pronostic immédiat est excellent. La bouffée délirante est
sans conséquence, mais la menace (ou le risque) de récidive
n’est pas exclue. On peut observer une évolution vers la
chronicité chez certains sujets et cette évolution se fait
vers la dissolution schizophrénique chez le sujet jeune ou
vers la psychose hallucinatoire chronique, le délire
paranoïaque, … chez le sujet plus âgé.

Traitement
La bouffée délirante polymorphe est une urgence psychiatrique,
d’où, l’hospitalisation.
a. Le traitement médical :
- Les neuroleptiques :
1. Les phénothiazines sédatives : chlorpromazine,
levomepromazine.
2. Les phénothiasides incisives antipsychotiques,
ex : Moditen®, Majeptil®.
3. Une butyrophénone anti-hallucinatoire comme
l’halopéridol.

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b. La sismothérapie, notamment en cas de résistance à la


chimiothérapie.
c. La psychothérapie : elle est rendue possible grâce aux
médicaments. Elle consiste à rassurer le malade en lui
offrant des références et des informations cohérentes, en
suite à examiner avec lui les conflits et les tensions
passés et actuels.
d. Les soins généraux :
- Surveillance des signes vitaux, soins de nursing ;
- L’alimentation, la vitaminothérapie ; et La
réhydratation ;
e. Le traitement étiologique : anti-infectieux et contre les
intoxications (les détoxiquants).

C. LA CONFUSION MENTALE

C’est un syndrome non spécifique caractérisé par une


obnubilation de la conscience, entravant le fonctionnement de
toute l’activité psychique avec une baisse de la vigilance,
des troubles de la mémoire et de l’orientation
temporospatiale. C’est un syndrome qui témoigne d’une
souffrance cérébrale et qui survient au cours d’un grand
nombre d’affections en particulier toxiques, dysmétaboliques
et méningo-encéphalitiques.

1. L’accès confusionnel

Période d’invasion
Le début est progressif, parfois brutal. Le début progressif
dure quelques jours à plusieurs semaines. Le malade se sent
envahi par un état de malaise indéfinissable. Ce début est
marqué par :
a. Des modifications de l’humeur et du caractère : Le sujet
devient triste, inquiet, apathique, anxieux, accuse des
sensations bizarres ou inexplicables. Le malade peut être

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distrait, opposant ou agressif ou, il est gai, présente une


fuite des idées, une hypermnésie et de l’agitation
psychomotrice.
b. Des troubles du comportement : Le malade est désemparé,
impulsif, commet des actes antisociaux. Il erre sans but
précis, s’enfuit devant des ennemis imaginaires.
c. Des troubles intellectuels : déficit intellectuel,
obnubilation de la conscience, dysmnésie, aprosexie, idées
délirantes vagues de persécution, d’empoisonnement,
sentiment d’étrangeté du monde.
d. Des troubles somatiques : insomnie, céphalées pénibles,
tendances lipothymiques, vertiges, amaigrissement et pâleur,
fébricules, sueurs nocturnes, inappétence, constipation.
Le début brutal est rare. Il s’agit habituellement d’une crise
confuso-anxieuse et délirante survenant d’emblée et le plus
souvent la nuit.

Période d’état

a. La présentation :
- La tenue est négligée. Le malade est mal peigné ou
échevelé.
- La mimique : le regard est flou, vague, lointain, hagard.
Le faciès reflète l’hébétude, les traits du visage
demeurent figés. La mimique est inexpressive.
Le contact est lent. Le malade est absent de la situation
présente. Le langage est mal articulé, parfois explosif, avec
des réponses toujours lentes et variables, souvent imprécises.
La conversation est difficile. Le malade se fatigue vite et
l’attention se fixe mal.

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b. Le syndrome confusionnel :
Il comprend :
- Les troubles de l’humeur et de l’affectivité :
La perplexité anxieuse c’est à dire que le malade fait un
effort pour sortir de la torpeur mais, la prise de
conscience à l’égard du trouble est génératrice de
perplexité et d’anxiété, de désarroi et de terreur.
- Les troubles psychomoteurs :
- Le comportement spontané : Les mouvements sont lents,
troublés et incertains, traduisant l’égarement et
l’hébétude. Parfois turbulence, agitation, agression et
impulsivité. Celle-ci conduit à des réactions diverses
subites et imprévues : tentative de défenestration,
raptus suicidaire, d’automutilation, parfois
l’agression contre l’entourage.
- Le langage : le débit verbal est variable, avec phrases
incomplètes, mal articulées, loquacité parfois mutisme.
Les exclamations interrogatoires sont fréquentes.
Concernant le langage écrit, on observe une
impossibilité d’achever une phrase. Le mot est commencé
mais finit le plus souvent par un trait.
- Les troubles intellectuels :
- L’obnubilation de la conscience avec désorientation
dans le temps (le malade ne reconnaît ni la date, ni le
mois, ni l’année, ni le jour de la semaine, ni même les
fractions du jour), dans l’espace (le malade ne sait
pas où il se trouve, ou se trompe, il dit qu’il est à
la maison alors qu’il est à l’hôpital).
- L’activité mnésique est profondément perturbée : les
faits mal perçus ne se fixent pas, le patient oublie à
mesure, les souvenirs sont évoqués avec lenteur et
hésitation. Il a des fausses reconnaissances des objets
et des personnes, des illusions, une confusion des
choses et des personnes, même les membres de sa
famille.

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- Le délire onirique ou délire confuso-onirique ou


onirisme. Il s’agit d’un état de rêve pathologique avec
participation psychomotrice active, hallucinations
visuelles, et de brèves impulsions dans la réalité.
Les thèmes délirants et hallucinatoires présentent les
caractères suivants : ils sont de tonalité désagréable
et pénible (flammes menaçantes, précipices, visions
terrifiantes, bêtes féroces et répugnantes ou zoopsies,
de mécanisme hallucinatoire visuel accompagné
d’illusions, d’hallucinations auditives, gustatives,
olfactives et cénesthésiques. Ils sont intensément
vécus, peu cohérents, divers, multiples et très
mobiles. Ils entraînent des réactions agressives et des
violentes paniques. Les hallucinations et les actes
peuvent être suggérés ou induits. Leur déclenchement
est facilité ou réactivé lors des phases
d’endormissement ou lorsque le sujet se trouve dans la
pénombre.
- Les troubles somatiques : asthénie, adynamie, céphalées,
insomnies, fébricules (37,5-38°C) surtout dans
l’agitation, anorexie ou refus d’aliment, langue
saburrale, tachycardie avec hypotension, oligurie,
mydriase, réflexes tendineux vifs, myoclonies dans les cas
graves.

Examens paracliniques
Hématologie : numération formule sanguine, hémoculture.
Biochimie : tests hépatiques, taux d’urée et de créatinine.
Ponction lombaire et les autres examens en rapport avec
l’étiologie suspectée.

Les étiologies de l’accès confusionnel.


- Les infections et parasitoses : méningites purulentes ou
tuberculeuses, septicémies, fièvre typhoïde, endocardite
bactérienne, encéphalites virales, Sida, maladies

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virales(oreillons, grippe, hépatite, mononucléose


infectieuse), neuropaludisme, trypanosomiase.
- Les intoxications : alcoolisme aigu ou chronique,
toxicomanies et ivresses toxiques ; intoxications
médicamenteuses à but suicidaire ou surdosage (overdose) :
quinine, chloroquine, barbituriques, tranquillisants,
antidépresseurs, corticoïdes, antituberculeux,
hypoglycémiants, anti-épileptiques, antiparkinsoniens,
lithium.
- Les affections endocriniennes et métaboliques : diabète en
cas d’hypoglycémie ou acidocétose, hyperkaliémie,
encéphalopathie par avitaminose, encéphalopathie hépatique,
insuffisance rénale, insuffisance respiratoire,
endocrinopathies (crises d’hyperthyroïdie, myxœdème,
insuffisance hypophysaire, syndrome de Schwartz-Barter…),
psychose du post-partum.
- Les atteintes cérébroméningées : hémorragies méningées, AVC,
traumatismes crâniens, tumeurs cérébrales, épilepsies post-
électrochoc.
- Les affections médicales diverses : anoxie et ischémie
cérébrales au cours de l’infarctus du myocarde, de l’embolie
pulmonaire, d’endocardites, d’encéphalopathie hypertensive,
d’anémies sévères, troubles hydro-électrolytiques
(intoxication par l’eau).
- La confusion mentale émotionnelle à la suite d’un
traumatisme psychique intense (événement de guerre, grands
cataclysmes, accidents, deuil subits).

Traitement
- Hospitalisation car c’est une urgence psychiatrique :
isolement dans une chambre protégée avec maintien de
l’éclairage de nuit parce que le malade se sent plus mal
le soir quand il est seul ou dans l’obscurité.
- Thérapeutique générale :
° Réhydratation par toutes les voies,

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° Les neuroleptiques : chlorpromazine, Dogmatil®


100-200 mg/j,
halopéridol 5-10 mg/j,
° Les tranquillisants à forte dose,
° La vitaminothérapie à forte dose,
° L’électrochoc en cas d’agitation intense,
° Le traitement étiologique.

2. Les formes particulières.

a. Le syndrome de Korsakoff :

C’est une affection neuropsychiatrique caractérisée par


l’association d’un syndrome confusionnel marqué par l’amnésie
de fixation, la fabulation et d’une polynévrite des membres
inférieurs.

Etiologie
Le syndrome est beaucoup plus fréquent chez la femme que chez
l’homme et survient au cours d’un alcoolisme chronique, dans
le début de la grossesse et dans certaines tumeurs cérébrales.

Clinique
Mode de début :
Le début est progressif en quelques semaines. Il est
caractérisé par :
- Les troubles de l’humeur : le malade fait preuve
d’euphorie et de puérilité ou dévient irritable. La
conscience partielle des troubles contribue à le rendre de
mauvaise humeur.
- Les troubles intellectuels : dysmnésie et défauts de
concentration.
- Les troubles somatiques : douleurs et parésies des membres
inférieurs qui rendent la marche de plus en plus
difficile.

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Période d’état :
• Le syndrome confusionnel est habituellement discret et
comprend :
- L’amnésie de fixation : le souvenir des faits actuels ou
récents dévient impossible. Le malade ignore ses
préoccupations journalières. S’il lit, il lit toujours la
première page. Les faits anciens sont conservés, mais ils
sont mal situés dans le temps.
- La fabulation : le malade remplace les faits oubliés par
les souvenirs anciens ou imaginaires.
- La désorientation temporo-spatiale.
- Les fausses reconnaissances.

• Les signes neurologiques :


- Les parésies, les paresthésies, les douleurs à la pression
des masses musculaires du mollet et sur le trajet des
nerfs,
- Une amyotrophie portant essentiellement sur les muscles de
la loge antéro-externe de la jambe.
- Une diminution ou une abolition des réflexes achiléens
puis des réflexes rotuliens aux deux membres inférieurs
(paraplégie flasque).
• Les signes généraux : Altération de l’état général :
amaigrissement, asthénie et parfois fébricules.
Les examens paracliniques
- La ponction lombaire : le LCR est clair avec une
lymphocytose légère, une hyperalbuminorachie,
- L’EEG montre des anomalies non spécifiques du rythme.

Evolution
Elle est très variable. Il peut s’agir :
- d’une évolution aiguë vers la cachexie et la mort.
Certaines formes sont rapidement curables.

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- d’une évolution subaiguë ou chronique, qui est


caractérisée par l’installation d’un syndrome déficitaire.
Les guérisons sont obtenues après plusieurs mois de
traitement.

Les formes cliniques


• Le syndrome de Korsakoff alcoolique : il survient chez un
alcoolique soit d’emblée, soit au de cours d’une épisode
confusionnelle suraiguë (delirium tremens) ou subaiguë
(délire subaigu alcoolique).
• Le syndrome de Korsakoff gravidique : fait suite à des
vomissements incoercibles de la grossesse au premier
trimestre. Les signes de polynévrite manquent
habituellement.
• Les syndromes de Korsakoff divers : dans les tumeurs
cérébrales frontales et hypothalamiques, dans les
intoxications par l’oxyde de carbone et au cours de la
tuberculose.

Anatomopathologie
On observe des lésions du cortex et de la base du cerveau
notamment de l’hypothalamus, et une dégénérescence segmentaire
au niveau des nerfs périphériques en cas de polynévrite.

Traitement
Cfr. le traitement de l’accès confusionnel, avec forte
vitaminothérapie B1.

b. Le délire aigu :

C’est un syndrome confusionnel très grave, caractérisé par une


agitation psychomotrice intense et incohérente, associée à une
hyperthermie et une hyperazotémie.

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Etiologie
La maladie survient chez l’adulte jeune, habituellement au
décours d’une psychose aiguë (accès maniaque, psychoses
puerpérales) ou d’une maladie infectieuse.

Anatomopathologie :
On observe des lésions nerveuses inflammatoires et
dégénératives et sur le plan macroscopique, une congestion
pie-mérienne

Clinique
• Mode de début :
Le délire peut s’installer soit d’emblée chez le sujet
présentant une affection psychopathique ancienne ou alors au
cours d’une psychose aiguë comme un état maniaque ou un état
confusionnel. Le début est marqué par :
- l’installation d’un syndrome confusionnel avec
agitation psychomotrice désordonnée et d’un délire
onirique d’intensité variable.
- des troubles somatiques, amaigrissement rapide, fièvre,
déshydratation, syncope et sur le plan biologique,
hyperazotémie.
• La période d’état :
Elle se trouve réalisée en quelques heures ou en quelques
jours. Elle comporte :
- L’agitation psychomotrice intense : le malade déchire
les linges, il se roule par terre, s’agrippe au
matériel, répète les mêmes actes clastiques. Il s’agit
d’un véritable état furieux avec des cris, hurlements,
vociférations incohérentes et variées. La sitiophobie
(refus absolu de boire et de manger) est totale.
- Le délire onirique est intensément vécu par le malade,
et survient par bouffées très rapprochées.
- L’état général est rapidement dégradé et atteint : un
faciès congestionné, mydriase, transpiration, langue

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saburrale, hyperthermie, tachycardie, tachypnée,


hypotension et déshydratation massive.
- Les signes neuromusculaires : hyperréflexie
ostéotendineuse, trémulations musculaires généralisées.
Les examens biologiques sont sans particularité, à part une
hyperazotémie (L’urée peut atteindre 400 mg/l), une
hyperleucocytose avec polynucléose neutrophile et une anémie.

Evolution
Le syndrome est fatal sans traitement. Mais, l’évolution est
en règle favorable grâce à un traitement instauré précocement.
La guérison est sans séquelle psychique. Dans les cas
défavorables, on assiste à une réduction apparente des
symptômes pouvant aller jusqu’à l’état de stupeur.
Le malade peut paraître amélioré puis la période terminale
s’installe par une insuffisance rénale aiguë, une
hyperazotémie, et une hyperthermie ou hypothermie (35°C), une
défaillance cardiocirculatoire, coma et décès.

D. LES PSYCHOSES PUERPERALES

Ce sont des affections psychiatriques survenant au cours de


la grossesse, de la parturition, après l’accouchement, au
cours de la lactation ou après un avortement. La psychose
puerpérale la plus fréquente est la psychose puerpérale du
post-partum.

1. La psychose puerpérale du post-partum

Etiologie
- Le terrain : sujet ayant une prédisposition à faire une
maladie mentale.
- L’âge : entre 25-30 ans,
- Le rang de la grossesse importe peu,

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- Le rôle joué par les facteurs psychosociaux notamment les


difficultés familiales, professionnelles et les mauvaises
conditions de vie, l’insuffisance du logement.
- La grossesse non désirée ou la grossesse à problèmes,
- Les troubles de l’équilibre neuro-endocrinien : il existe
un défaut de retour à la normale du cycle ovaro-
hypophysaire, par suite de l’état de la muqueuse utérine
et un état d’épuisement post-puerpéral.

Clinique

1. La psychose confuso-maniaque puerpérale ou psychose précoce


du post-partum.
• Le début
Il est relativement brutal au cours des jours ou des
premières semaines qui suivent l’accouchement et
généralement entre le cinquième et le vingt-cinquième
jour. Ce début se caractérise par un état d’agitation à
forte composante anxieuse. L’infanticide est la réaction à
craindre dès les premières manifestations de l’agitation
psychomotrice et le nourrisson doit être immédiatement
écarté.
• A la période d’état, on peut avoir :
- Une confusion mentale généralement prédominante, mais
d’intensité variable ;
- La confusion peut être entrecoupée des phases d’allure
maniaque ;
- A d’autres moments la malade dévient consciente et fait
des incursions dans la réalité pendant quelques minutes ou
quelques heures. Elle parle des siens ou de ses enfants.
• Evolution :
Elle est caractérisée par une tendance aux rechutes. Le
pronostic immédiat est fonction du terrain. Le pronostic
ultérieur est moins souligné par la possibilité d’une
nouvelle poussée de psychose lors des grossesses futures

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et par le passage à un syndrome schizophrénique. Bref,


cette psychose puerpérale précoce du post-partum est un
état confuso-onirique, c’est à dire, une confusion mentale
avec désorientation, délire onirique avec des phases
d’excitation d’allure maniaque entrecoupées des moments de
lucidité.
• Diagnostic différentiel :
La schizophrénie déclenchée par la grossesse

2. Les états dépressifs du post-partum :


- Il peut s’agir d’états mélancoliques s’installant dans les
mois qui suivent l’accouchement. La thématique est centrée
sur l’enfant : conviction absolue d’être une mère incapable
ou indigne, conviction que l’enfant va mourir ou qu’il est
mort. Risque de suicide même collectif.
- Il s’agit souvent d’états dépressifs névrotiques,
caractérisés par l’asthénie, les malaises physiques, les
sentiments d’incapacité, l’anxiété. Ces états sont
généralement d’évolution traînante et sont surtout le fait
des personnalités hystériques.

2. Les affections psychiatriques de la gestation

• Les accidents gravidiques mentaux précoces : Ils surviennent


dans la première moitié de la grossesse. Il s’agit de :
- Vomissements incoercibles du premier trimestre : ils
peuvent aboutir à un état de dénutrition pouvant mettre en
péril le devenir de la mère et du fœtus.
- Ptyalisme gravidique : la malade crache parfois jusqu’à
un litre de salive par jour.
- La psychopolynévrite de Korsakoff ou syndrome de
Korsakoff : caractérisé par une atrophie douloureuse des
muscles de la jambe et le syndrome confusionnel. Le
pronostic est grave pour la mère et fatal pour l’enfant.
- Réactions névrotiques :

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§ Les troubles de l’humeur et du caractère :


irritabilité, agressivité, crises d’angoisse aiguë.
§ Les manifestations phobo-obsessionnelles : les phobies
des femmes enceintes (peur de la rue, peur de
l’obscurité, peur de la solitude), les actes
kleptomaniaques.
§ Les manifestions hystériques : négation hystérique de
la grossesse, grossesse hystérique.
- La chorée gravidique peut s’accompagner des troubles de
l’humeur et dans les cas graves d’un état confusionnel.
• Les accidents gravidiques mentaux tardifs :
- La dépression avec des idées de mort, de culpabilité
sexuelle, l’anxiété avec crainte de l’accouchement.
- La confusion mentale au cours de l’éclampsie.
- La névrose d’angoisse avec crise d’angoisse aiguë,
tremblements et des troubles caractériels.
- Le délire paranoïde : schizophrénie.

3. Les psychoses de la lactation et du post-abortum

• Les psychoses de la lactation : habituellement vers la fin


de la lactation. Elles sont constituées des états dépressifs
faits d’asthénie, de fatigabilité, d’irritabilité,
d’insomnies, et des cénestopathies diffuses. Parfois il
s’agit des états confuso-oniriques passagers.
• Les psychoses du post-abortum : Elles sot relativement
rares, il s’agit habituellement des troubles névrotiques
liés à un avortement provoqué récemment.

Traitement des psychoses puerpérales


Le traitement est fonction de la période d’apparition des
troubles :
1. Dans la première moitié de la grossesse, on fera :
- La psychothérapie ;

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- Isolement de la patiente en cas des vomissements


incoercibles ;
- Sédatifs en cas d’angoisse ;
- La préparation à l’accouchement.
2. Dans la dernière moitié de la grossesse :
- Electrochoc en cas de dépression mélancolique ;
- Gluconate de calcium en IV, en cas de crise d’angoisse
aiguë associée à la spasmophilie.
Il faut éviter les neuroleptiques et les thymo-
analeptiques qui constituent un danger pour le fœtus.
3. En cas de psychose du post-partum :
- Hospitalisation ;
- Electrochoc, curetage de l’utérus ;
- Neuroleptiques de préférence après le retour des couches ;
antidépresseurs en cas de dépression mélancolique.
- Soins de nursing avec réhydratation.

E. Les PSYCHOSES CHRONIQUES

1. La paranoïa ou le délire paranoïaque.

C’est une psychose chronique et constitutionnelle caractérisée


par le développement insidieux d’un délire inébranlable, bien
systématisé, allant de paire avec la conservation de la clarté
et de l’ordre dans la pensée. C’est un délire à base
essentiellement interprétative et les réactions du malade sont
hétéro-agressives, souvent violentes et fréquentes. Il existe
plusieurs types cliniques de paranoïa :
- Le délire d’interprétation ;
- Les psychoses passionnelles ;
- Le délire de relation des sensitifs.

Données étiologiques
- L’âge : la maladie de l’âge mûr autour de 30-40 ans ;

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- Le sexe : il y a une légère prédominance du sexe


masculin ;
- Les facteurs constitutionnels : le biotype. Il s’agit dans
la moitié des cas du biotype picnique qui se caractérise
notamment par une forte morbidité vasculaire à type
d’artériosclérose.
- Les facteurs déclenchants sont souvent psychosociaux,
notamment un procès perdu, un traumatisme physique ou
psychique, une profession exposée ( instituteur,
gouvernant) ;
- La prédisposition caractérielle : en effet la constitution
paranoïaque fait le lit du délire paranoïaque et se
caractérise par : la méfiance, l’orgueil, l’hypertrophie
du moi, la susceptibilité, la fausseté du jugement, la
psychorigidité.

Les formes cliniques

1) Le délire d’interprétation de Sérieux et Capgras


Une perception exacte, une sensation réelle sont immédiatement
l’occasion des raisonnements faux et des jugements viciés en
raison d'inductions et des déductions erronées.

Mode de début :
Il est insidieux, évoluant pendant des mois ou même des
années.

La période d’état :
Le délire éclate au grand jour. Il comporte des thèmes de
persécution ou de grandeur. Ces thèmes peuvent être
indépendants ou intriqués. Le mécanisme est essentiellement
interprétatif, associé à l’intuition. Le malade a un besoin
absolu de tout expliquer et de tout déchiffrer. Il y a une
diminution de l’autocritique et une paralogique inconsciente.
Les interprétations exogènes se fondent sur des perceptions

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sensorielles, les interprétations endogènes s’appuient sur des


sensations corporelles.
La systématisation du délire : ce délire de l’interprétation
est bien structuré, bien systématisé. Sa structure est en
réseau car, il existe une juxtaposition de plusieurs idées
délirantes, plus ou moins intriquées les unes dans les autres.
Le délire induit est fréquent. C’est un délire à plusieurs où
il y a une paranoïa comme inducteur.
Les réactions du malade sont généralement hétéro-agressives,
parfois auto-agressives. En dehors du délire, le sujet se
comporte tout à fait normalement.
Evolution :
C’est un délire inébranlable qui dure jusqu’à la mort. Il peut
arriver que le délire se cristallise, évolue vers une sorte
d’encapsulation, d’appauvrissement, c’est à dire que le
malade conserve sa conviction délirante mais s’en préoccupe
moins. Le pronostic est par conséquent défavorable.

2) Les délires passionnels


Ce sont des délires à idées prévalantes fixes, obsédantes.
Dans ce délire passionnel, on peut observer 3 types :
- Le délire de revendication ;
- L’érotomanie ;
- Le délire de jalousie ;

a. Le délire de revendication
• Le début :
Il est brusque et rapide, à l’occasion d’un fait réel et
précis : surtout un préjudice, un procès perdu, une injure
faible, un avancement retardé, une invention refusée, une
reforme repoussée. Dans tous les cas, il s’agit d’une
injustice vraie ou fausse dont le malade se considère comme
victime et entreprend d’obtenir la réparation. L’idée de
préjudice devient une idée fixe, prévalante, obsédante et
dominante. Le besoin d’obtenir la réparation est impérieux.

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• La période d’état :
On peut observer plusieurs formes de délire de
revendication :
- Les quérulents processifs : Ce sont des individus, avec la
revendication processive de la propriété et des droits.
Ils affirment qu’ils sont lésés et que leurs biens ont
étés spoliés. Ils multiplient les procès, font appel,
refusent toute réconciliation, suspectent la corruption
des juges, la complicité ou la mauvaise foi des témoins.
Ils se ruinent en procès. Ils ont la conviction d’être
trahis et d’être injustement jugés. Ces sont des
paranoïaques revendiquants.
- Les idéalistes passionnés : Ce sont des personnes qui
luttent avec acharnement pour une idéologie politique
occulte, mystique ou sociale qu’ils veulent transmettre.
Leur volonté est farouche et agressive. Ils fondent des
associations, certains sont des réformateurs fanatiques et
missionnaires qui essayent à toutes forces de propager
leurs idées. Ils sont toujours près à lutter, à risquer
leur vie. Ils multiplient les attentats individuels, les
campagnes de presse. Ce sont des fanatiques infatigables
de la politique ou de la religion.
- Les inventeurs délirants : Ils sont convaincus de faire la
découverte du siècle, cherchant par tous les moyens à
profiter de leur invention et de la faire reconnaître. Il
s’agit des revendicateurs d’un mérite méconnu. Ils veulent
avoir l’exclusivité, le monopole absolu de la découverte.
Comme ils échouent dans l’obtention d’un brevet ou
lorsqu’on leur dit que leur trouvaille n’en est pas une,
ils estiment être dépossédés, volés, expropriés.
- Les délirants hypochondriaques : Le délire s’organise à
l’occasion d’un traitement ou d’une intervention
chirurgicale. Le délirant conteste alors le bien fondé du
traitement ou de l’intervention chirurgicale ou des soins
médicaux jugés insuffisants. Le patient poursuit alors le

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médecin ou le chirurgien rendu responsable et exige la


réparation. Il crie vengeance et tente plusieurs fois de
se faire justice.
- Les délires de filiation : Ils sont rattachés à ces
délires de revendication. Ils se forment sur la conviction
d’une ascendance aristocratique, princière ou royale.
- La sinistrose délirante : Après un accident de travail ou
un accident de trafic routier, le malade réclame avec
acharnement une réparation, un redressement du taux
d’invalidité qu’il a obtenu et persécute de ses
récriminations et menaces les agents de la sécurité
sociale, avocats, médecins experts et contrôleurs. Il
multiplie les demandes de contre- expertise et les
procédures de recours, en arguant qu’il a subi un
préjudice.
• Evolution :
Au début des troubles, le malade parvient souvent à convaincre
son entourage de l’authenticité ou de la grandeur de la cause
qu’il défend. Puis l’activité morbide devient tellement
intense qu’elle reprend et étend le cercle des réclamations. A
ce moment, les faits de départ passent alors au second plan.
Les phases de rémission sont rares dans le délire de
revendication, parfois même après décès du persécuteur ou
changement de résidence, ces sujets sortent de leur exaltation
passionnelle.

b. L’érotomanie ou délire érotomaniaque


Le malade a la ferme conviction d’être aimé par une personne
d’un rang plus élevé que le sien et que cette personne
pourrait l’épouser. Tout le comportement du malade découle de
cette croyance.
• Le début :
Il est assez brusque. Le sujet est habituellement une vieille
fille. Il a eu la révélation de l’amour du partenaire fictif
dans les circonstances diverses. Par exemple, il lui a fait

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des signes à la télévision ou alors le malade a saisi le sens


caché de certaines paroles d’une tierce personne que le
partenaire fictif lui a envoyé. Donc, le partenaire fictif
désire se faire connaître par le malade, notamment si le
partenaire fictif a sa photo sur la première page des
journaux.
• La période d’état :
D’après le patient, le partenaire fictif l’aime et l’aime
seul. Le malade en tire l’orgueil. Petit à petit, le malade se
persuade de la continuelle vigilance du partenaire fictif à
son égard, de la protection dont il lui fait preuve. Pour le
malade, la personne aimée est très malheureuse sans lui, elle
ne peut préserver son prestige social sans lui, elle est
libre, son mariage n’a pas de valeur ou est rompu, et tout le
monde approuve cette union ( phase d’espoir).
Le malade a des conversations indirectes avec le partenaire
fictif, notamment par la transmission des pensées. Plus tard,
le doute apparaît et le malade est entraîné dans des
démonstrations fausses à base intuitive, interprétative et
illusionnelle. Il sent que l’être aimé lui échappe, il
entreprend des démarches hasardeuses et envoie même des
lettres de colère (phase de dépit).
Après plusieurs mois d’évolution, ce n’est pas l’amour mais la
haine qui dirige le malade. C’est une haine farouche qui peut
conduire à la vengeance, au châtiment et au crime (phase de
rancune).
L’érotomanie paranoïaque est rare. On observe par contre très
souvent des thèmes érotomaniaques au début de la
schizophrénie, et des fixations amoureuses non délirantes dans
l’hystérie.

c. Le délire de jalousie
C’est un délire passionnel partant sur l’infidélité du
partenaire et la présence généralement virtuelle d’un rival.

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La jalousie morbide repose sur des bases incertaines et


futiles.
Elle se prolonge indépendamment de toute preuve et attitude
logique. La suspicion de l’infidélité du conjoint se base sur
un geste, un regard, un poignet des mains jugés insolites mais
signifiants entre lui et une tierce personne.
• Le début :
Il est marqué par l’apparition d’une idée fixe de jalousie.
Le délirant jaloux, se trouve devant une situation
d’infidélité vécue comme non exacte mais seulement comme
possible. Le délire de jalousie éclôt, soit sans motif
valable (cas le plus habituel), soit, de façon compréhensive
à l’occasion des faits susceptibles d’irriter la passion du
sujet.
• Période d’état :
Le délirant jaloux se sent outragé, bafoué et ridiculisé. Le
mélange de conviction et de doute s’accroît du désir de la
certitude : le malade veut faire la preuve de son infortune
conjugale. Ainsi il surveille et fait surveiller son
partenaire, il ouvre les lettres, épie les gestes, les
attitudes du conjoint, examine les linges. Les
interprétations peuvent être :
- exogènes : ex. une porte laissée entrouverte, un objet
placé à la fenêtre signifient pour le malade que le
partenaire est infidèle attend son bien-aimé. Le bruit
d’un klaxon d’une voiture est un indice significatif pour
le malade. Les coïncidences deviennent des preuves
irréfutables, les impossibilités matérielles sont niées et
le délit imaginé devient certitude inébranlable.
- endogènes : exemple, la sensation d’épuisement ou de
fatigue est rapporté à une tentative d’empoisonnement par
l’infidèle ou le rival.

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• Evolution :
Dans l’évolution, le persécuté devient persécuteur, et les
réactions homicides sont à redouter, le malade doit être
interné. Habituellement l’homme jaloux s’en prend à la femme
mais la femme s’en prend à la rivale.

3) Le délire de relation de Kretschmer


Il s’agit d’un délire d’interprétation qui s’installe sur un
fond de personnalité psychasthénique. C’est un délire de
relation car il repose le plus souvent sur un conflit entre le
malade et son entourage immédiat (la famille et les voisins).
Il s’envenime avec l’élargissement des contacts sociaux. Le
délire s’installe à l’occasion des circonstances humiliantes,
d’un échec sentimental, d’une situation affligeante qui touche
l’orgueil du malade. Ce délire est fréquent chez les filles
vierges âgées et le vieilles célibataires, chez les sujets
réservés, craintifs, aux pulsions sexuelles fortement
inhibées.

Les thèmes principaux du délire sont :


- La persécution ;
- La culpabilité sexuelle ;
- La frustration active : ex. chez les personnes ayant
des titres universitaires et qui sont amenées au sein
d’une famille bourgeoise à être traitées comme des
domestiques.
Les réactions sont hétéro-agressives, les actes suicidaires ne
sont pas exceptionnels. Le pronostic dépend de l’âge, de la
personnalité antérieure préexistante, de l’intensité et de la
vraisemblance des facteurs déclenchants.

Diagnostic différentiel
- Les réactions paranoïaques : ce sont des manifestations
psychotiques d’allure paranoïaque et déclenchées par des
causes psychologiques ou organiques (intoxication

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alcoolique, traumatisme crânien,…). Les réactions


paranoïaques sont passagères et répondent au traitement
spécifique et à l’éloignement du milieu.
- La paraphrénie
- La psychose hallucinatoire chronique
- La schizophrénie.

Conduite à tenir
• L’hospitalisation ;
• Une cure prolongée des neuroleptiques : associer un
neuroleptique sédatif (levomepromazine, chlorpromazine, à un
neuroleptique majeur (halopéridol, Moditen®) (délires
passionnels) et un neuroleptique à un antidépresseur
(Laroxyl®, clomipramine) (délires de relation et
d’interprétation).
• La psychothérapie.

2. La psychose hallucinatoire chronique

C’est un délire chronique de structure paranoïaque avec


prédominance des manifestations hallucinatoires
plurisensorielles et psychiques. Elle apparaît plutôt chez
l’homme (30-40 ans) que chez la femme (période ménopausique).
La personnalité prémorbide est souvent marquée par une
sensitivité importante, une réactivité exagérée aux conflits
interpersonnels.

Mode de début
Il est soit brutal, par un éclatement d’hallucinations
multiples auquel le malade réagit par l’étonnement et par
l’effet de surprise, soit progressif par un malaise général,
une impression d’hostilité de l’ambiance ou par une altération
progressive des fonctions thymiques dans le sens de la
dépression. Cette phase peut durer des mois ou même des
années.
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Période d’état
• La présentation :
La mimique demeure adaptée. l’attitude et la tenue sont
correctes. La conversation s’engage facilement, le malade est
bienveillant. On note parfois des attitudes d’écoute et le
langage est normal.
• Le syndrome délirant hallucinatoire :
- Le thème du délire : ce sont des thèmes de persécution. Le
malade affirme que l’on lui veut du mal, qu’on le jalouse,
et qu’on organise un complot contre lui. Ce délire de
persécution s’accompagne souvent des thèmes d’influence.
Le malade se sent martyrisé, empoisonné par exemple quand
un aliment a un goût ou une saveur inhabituels.
- Le mécanisme : comporte :
§ Des hallucinations psychiques :
Un syndrome d’automatisme mental de Clérambault : Ce sont
des voies intérieures avec commentaires des actes et de la
pensée, écho de la pensée et de la lecture, vol et
divinement de la pensée. Le délirant est soumis aux ordres
et commandements de ses voix psychiques et acoustico-
verbales qui lui imposent ses idées, ses choix et ses actes.
§ Des hallucinations psychosensorielles notamment
hallucinations visuelles, auditives, olfactives,
cénesthésiques. Les hallucinations auditives sont constantes
(craquement de plancher, pas comme dans le mur, voix
localisables et reconnaissables) et les hallucinations
olfactives et cénesthésiques sont fréquentes. Par exemple,
le malade sent des mauvaises odeurs renvoyées par le
persécuteur, des sensations d’irritation sur son corps, du
prurit cutané. Il peut sentir des sensations voluptueuses ou
douloureuses mais provoquées à distance par le persécuteur
dans la sphère urogénitale et anale.
§ Il peut également exister des hallucinations psychomotrices
comme impulsion de parler ou actes forcés.

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- La systématisation : le délire est relativement structuré,


le malade peut même identifier ou indiquer les noms de ses
persécuteurs, révéler les moyens utilisés et les raisons
pour lesquelles on le persécute. C’est donc un délire de
structure paranoïaque.
- Les réactions : Au début, le malade peut fuir ses
persécuteurs. Il ne sort plus ou presque pas de sa maison
(claustration). Il peut même changer d’emploi ou de
résidence. Plus tard, le délirant dévient alors plus
actif, il dépose des plaintes, il devient agressif à
l’égard de l’entourage et des voisins.

Evolution
Elle peut se faire soit vers une organisation progressive du
délire qui va évoluer durant plusieurs années. Les thèmes de
grandeur et de jalousie peuvent même apparaître. Elle peut se
faire aussi vers un stade d’enkystement hallucinatoire avec
une longue conservation des capacités intellectuelles et une
ouverture sur la réalité. Il peut exister des paroxysmes
délirants qui donnent à la maladie un aspect cyclique ou
rémittent.

Diagnostic différentiel
- Bouffées délirantes polymorphes dans les formes à début
brutal, mais le délire hallucinatoire chronique est un
délire cohérent et la conviction délirante est assez bien
fixée. Le délire est plus parlé que vécu.
- Les hallucinations neurologiques (syndrome neurologique) ;
- Les autres délires chroniques : délire paranoïaque et
schizophrénie délirante.

Traitement
Il est à base des neuroleptiques comme l’Halopéridol, surtout
les neuroleptiques retard : Piportil M2 et Piportil L4.

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3. La paraphrénie

C’est une psychose chronique caractérisée par : l’existence


d’un énorme délire juxtaposé à la réalité et ceci donne une
certaine latitude d’adaptation à la vie sociale.
Elle est également caractérisée par :
- Une grande fréquence des thèmes empruntés aux mythes
infantiles et aux mythes archaïques universels, ex : une
prédilection pour les choses fabuleuses et surnaturelles.
- La prédominance du langage sur l’action et la longue
persistance de l’intégrité des fonctions intellectuelles
et de la l’affectivité.

Les données étiologiques


L’étiologie est mal connue :
- L’âge : c’est une maladie de l’âge adulte ou de la
présénilité.
- Le sexe : la maladie est fréquente dans les deux sexes
mais la forme expansive serait l’apanage du sexe féminin.
- Les facteurs constitutionnels : la maladie est plus
fréquente dans des familles où il y a des psychopathes.
La forme confabulante se développe sur un fond de
personnalité mythomaniaque.
- Les lésions du SNC : on a rapporté certains cas associés
à des zones importantes d’atrophie corticale.

Clinique
Il existe plusieurs variétés de paraphrénie :
§ La paraphrénie systématique : elle correspond à la psychose
hallucinatoire chronique ;
§ La paraphrénie expansive ou manie délirante chronique ;
§ La paraphrénie confabulante ou délire d’imagination ;
§ La paraphrénie fantastique.
Les paraphrénies sont relativement rares et notamment la
paraphrénie confabulante.

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a. La paraphrénie expansive :
Elle s’observe presque exclusivement dans le sexe féminin et
correspond à la manie délirante chronique.
• Le début : Il est insidieux et prolongé, survenant ente 30-
50 ans. Il s’agit d’une installation progressive d’un délire
mégalomaniaque accompagné des troubles thymiques.
• La période d’état :
- La présentation : la mimique est adaptée, la tenue est
extravagante, parure grandiloquente, fards éclatants. Le
langage est aisé, normal, mais la logorrhée est habituelle
et le contact est aisé. Le malade s’entoure souvent d’un
magma des papiers généralement manuscrits, une multitude
de cahiers et de notes comportant des dessins d’allure
symbolique.
- Les troubles de l’humeur : il s’agit d’une hypomanie avec
exaltation de l’humeur, jovialité, euphorie expansive,
recherche de la conversation, tendance au monologue,
alternance des phases d’exaltation et de tristesse.
- Le syndrome délirant :
a. Les thèmes délirants : des idées délirantes
mégalomaniaques, de prodigieux génie littéraire ou
scientifique, de pouvoirs surnaturels à gouverner le
monde par exemple. On peut observer des thèmes
délirants de type érotomaniaque, des idées mystiques
(création d’une religion nouvelle, révélation divine,
le malade se croit voué à une mission évangélique ou
sociale,...). On peut également observer des idées de
persécution mais à caractère impersonnel. C’est la
société tout entière qui est visée.
b. Les mécanismes : ce sont des hallucinations
essentiellement visuelles où l’imagination créatrice
délirante trouve son inspiration. On peut aussi
observer des manifestations paramnésiques : faux
souvenirs et fausses reconnaissances.

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c. La systématisation : c’est un délire à structure


paralogique. Les idées délirantes sont juxtaposées à la
réalité et le délire est peu systématisé.
d. Les réactions du malade : elles sont étroitement
dépendantes du système délirant et des troubles
thymiques. Ainsi, le bon rendement professionnel est
rapidement entravé, l’hyperactivité est désorganisée et
bouillonne : poèmes, romans, le plus souvent inachevés.
Le malade peut traverser des périodes dépressives avec
anxiété et tristesse d’où le danger de suicide n’est pas
exclu. Dans l’ensemble, l’activité mentale est peu altérée
sinon légèrement exaltée. Il n’y a pas de détérioration.
• Evolution :
Elle est marquée par la conservation des capacités
intellectuelles jusqu’à un stade avancé. Les convictions
délirantes finissent par se fixer au bout de plusieurs années.
L’adaptation sociale est moins bonne à cause des troubles de
l’humeur, et du comportement qui en résulte.

b. La paraphrénie confabulante
C’est un délire d’imagination. Elle se rencontre dans les deux
sexes avec une égale fréquence. Elle débute entre 20-40 ans
chez les malades ayant une personnalité hystéroïde avec une
forte note mythomaniaque. La mythomanie est une tendance plus
ou moins volontaire et consciente au mensonge et à la création
de récits imaginaires.
• Le mode de début :
Il est variable. Il peut être insidieux sur plusieurs années
au cours desquelles le délire se développe insidieusement et
lentement, mais il peut également se constituer rapidement
et presque d’emblée.

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• La période d’état :
La maladie est caractérisée par une énorme production
délirante. Le malade conte une série d’événements
grandioses, étranges ou féeriques dont il a été témoin ou
qui lui ont été rapportés.
Les thèmes délirants sont : des thèmes de grandeur,
notamment les idées de filiation illustre et rarement ce
sont des thèmes de persécution. Le délire s’enrichit
continuellement des péripéties nouvelles, puisées dans les
conversations ou les lectures quotidiennes.
§ Les mécanismes : il n’y a pas d’hallucinations mais
plutôt, une fabulation. Les créations imaginatives
restent plus ou moins reliées entre elles par un certain
degré de systématisation et de vraisemblance. Le délire
jaillit de l’esprit spontanément par intuition. Le malade
utilise parfois des éléments réels. Il s’agit des
fabulations objectives qui peuvent servir un systèmes
orienté par ex, vers la malveillance et la perversité.
§ La systématisation : Le délire d’imagination a une
structure cohérente. L’enchaînement des idées se fait
comme dans le sens d’un récit, et il peut être difficile
de reconnaître l’irréalité des certains faits plausibles.
C’est un délire systématisé.
§ Les réactions du malade : le sujet conserve sa
personnalité sociale. Il a des troubles intellectuels peu
marqués.
• L’évolution :
Elle est marquée par des alternances des rémissions où le
délire s’estompe, et des périodes d’enrichissement ou des
moments féconds du délire durant quelques semaines à
quelques mois. Elle évolue le moins souvent en une
dissociation terminale.

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c. La paraphrénie fantastique
• Début :
Elle débute avant 30 ans par une phase d’inquiétude et
d’anxiété avec une impression d’hostilité de l’ambiance ou
de métamorphose du monde environnant. Peu à peu, les idées
extravagantes et des hallucinations se succèdent. Le délire
se développe alors avec une extrême rapidité et absorbe
exclusivement l’activité du malade.
• La période d’état :
Le délire est une production luxuriante, extraordinairement
étrange, de représentations mentales délirantes vives,
décousues et mobiles.
§ Les thèmes :
Ce sont des idées mégalomaniaques absolument démesurées et
extravagantes : filiation illustre, héritage fabuleux,
interview secret avec Jésus Christ ou avec le Pape ou avec
les grands personnages de la mythologie. Il peut s’agir des
idées de persécution qui ont un caractère d’énormité
colossale, ex : des centaines des complots contre lui, des
milliers des persécuteurs, on lui fait subir des tortures
indescriptibles.
§ Les mécanismes :
- Ce sont des hallucinations plurisensorielles et notamment
cénesthésiques d’allure monstrueuse : idées de
possession diabolique, de changement de sexe, de
métamorphose corporelle.
- On peut observer une énorme prolifération intuitive et
imaginative qui englobe le présent, le passé, et
l’avenir. Le délire est tout à fait alogique, la
contradiction n’existe pas pour le malade.
§ La systématisation : Le délire est faiblement systématisé.
L’extension du délire se fait par juxtaposition des concepts
fabuleux.

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§ Les réactions du malade : malgré l’énormité du délire, le


comportement est presque normal. Dans certains cas, le
malade a d’ailleurs une conscience partielle de ses
troubles.
§ Evolution :
La paraphrénie fantastique évolue à bas bruit pendant toute
une vie.

Les formes cliniques :


q Le délire d’influence ou d’agression personnelle : le
malade parle d’expériences extravagantes dont il est
fréquemment l’objet. Il subit la magie, l’envoûtement du
diable ou toutes sortes d’artifices surnaturels en même
temps.
q Le syndrome de Cotard fantastique. C’est un délire de
négation englobant toute la réalité et portant sur
l’absence des organes essentiels à la vie, des idées de
transformation corporelle et d’immortalité du corps. Aux
thèmes de négation s’ajoutent des idées de culpabilité
fantastique.
q La paraphrénie cosmique : Le délirant invente des
méthodes de découverte astrales. Il jongle avec
l’astrologie, le magnétisme terrestre et la métaphysique
des sciences. Il pense être le moteur universel, le
centre des transformations cosmiques.

Traitement des paraphrénies


• L’internement n’est pas nécessaire sauf pour les
paraphrénies expansives.
• Le traitement médical : Les neuroleptiques sont utilisés
pendant les moments féconds du délire.

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4. La schizophrénie

C’est une psychose d’évolution progressive comprenant la


dissociation de la personnalité psychique et notamment :
- L’indifférence affective ;
- L’ambivalence des sentiments et des actes ;
- Les troubles du cours de la pensée ;
- Les idées délirantes vagues et mal systématisées ;
- La catatonie.

Les données étiologiques


L’étiologie est mal connue.
- L’âge : la maladie atteint les sujets jeunes entre 15 –
35 ans ;
- Le sexe : les deux sexes sont également touchés ;
- La fréquence : 1% de la population, et plus de 50% des
malades mentaux internés sont des schizophrènes.
- Les facteurs héréditaires : la schizophrénie est 10 fois
plus fréquente dans les familles où il y a une maladie
mentale.
- Les facteurs constitutionnels : le biotype leptosome est
prédisposé à la schizophrénie.
- Les facteurs sociaux et du milieu : la schizophrénie est
proportionnellement plus fréquente dans les couches
sociales inférieures que dans les classes aisées, plus
fréquente dans les quartiers les plus pauvres et les
banlieues.
Des situations sociales perturbantes comme le
développement industriel, de l’urbanisation, la
multiplication des situations de stress et de contraintes,
la migration et ses conséquences ont étés mentionnées
comme facteurs favorisants. De même, les influences
culturelles ont étés évoquées.

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Etude clinique

Le mode de début :
Il peut être brutal, explosif par :
- Des épisodes délirants et hallucinatoires : bouffées
délirantes polymorphes qui pose le problème de leur
signification et de leur devenir.
- Une symptomatologie d’allure maniaque ou dépressive.
- La survenue d’un syndrome confuso-onirique.
Il peut être torpide et progressif : Les aspects
sémiologiques les plus fréquemment rencontrés dans les modes
de début sont les suivants :
- La baisse de rendement intellectuel, ex, échec
surprenant à un examen ou à un concours chez un sujet
brillant, abandon d’un emploi ou de l’école.
- La modification du caractère : humeur morose, hostilité
en milieu familial, tendance à l’isolement et aux
ruminations boudeuses.
- Le renoncement à des activités de loisir jusqu’alors
très investies sans qu’aucune justification plausible
ne soit donnée.
- Un engagement subit pour l’occultisme, la magie, les
sectes religieux, les sciences exotériques. On observe
souvent l’entrée dans des communautés plus ou moins
marginales et desocialisées, mais le jeune malade ne
s’y trouve que provisoirement intégré.
- Certains troubles d’allure névrotique peuvent également
s’observer, notamment :
a. Une symptomatologie anxieuse, généralement assez
floue et extensive. La peur et l’angoisse sont
sollicitées par des raisons abstraites, exemple : la
crainte que la terre ne s’arrête de tourner, la
crainte que le sommeil n’entraîne la mort. Ces
raisons peuvent être réelles, par exemple : la
crainte d’une contamination vénérienne. Cette

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symptomatologie peut prendre une allure


pseudophobique notamment le sentiment d’être observé
ou dévisagé dans la rue, le transport en commun ou
l’impression de l’hostilité de l’ambiance.
b. Une symptomatologie obsessionnelle : progressivement,
le sujet est assiégé par des doutes. Il s’oblige à
des lavages multiples dans un but de purification.
c. Une symptomatologie hystérique à type de douleur
erratique, des malaises ou plus souvent des troubles
alimentaires : anorexie, boulimie ou alternance
d’anorexie et de boulimie.
d. Une symptomatologie hypochondriaque : il peut s’agir
des patients qui se préoccupent sans cesse du
fonctionnement et de l’intégrité de leurs corps.
C’est essentiellement la fonction digestive qui est
en cause. Les plaintes sont en rapport avec une
impression de dérèglement, d’intoxication par des
mauvais produits alimentaires, une pseudoconstipation
opiniâtre, observance des régimes alimentaires
compliqués. Certaines préoccupations concernent les
organes ou la fonction sexuelle, ex : conviction de
grossesse, impression d’avoir un pénis qui
s’atrophie, sentiment d’une non-différentiation
sexuelle. Ces plaintes hypochondriaques dénoncent
l’étrange disjonction de l’image du corps et
l’impression de métamorphose viscérale. Chez
l’adolescent, on peut observer des préoccupations
dysmorphophobiques : il s’agit de la crainte
obsédante d’être laid ou laide, d’avoir une partie du
corps ou un organe disgracieux, voire répugnant pour
les autres.

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Le syndrome dissociatif commun ou syndrome hébéphrénique


C’est le syndrome de dissociation psychique. Il comporte :

Les troubles de l’affectivité ou de l’humeur :


- L’indifférence et le désintérêt : il s’agit notamment
d’une perte de goût au travail, de désintéressement aux
études et aux préoccupations habituelles.
Le désintérêt progressif pour les personnes et les choses
qui entourent le malade aboutit à une véritable inertie
qui s’accompagne d’indifférence affective. Il y a perte de
l’élan vital, de communication avec les autres et du désir
de relation (absence de contact), de l’émotion et de
l’enthousiasme.
- L’ambivalence des sentiments : le malade éprouve, par
exemple, de l’amour et de la haine pour la même personne
et le plus souvent, pour sa mère, sa femme, et ses
enfants.
- L’impression d’étrangeté : Il peut s’agir d’impressions de
l’étrangeté intérieure que le malade ressent péniblement,
si bien qu’il se regarde fréquemment dans la glace pour
voir si son visage ou son aspect physique n’a pas changé,
c’est le signe de miroir. Il peut s’agir d’une impression
d’étrangeté extérieure, c’est à dire ce qui concerne
l’entourage, c’est ce qu’on appelle la distorsion de
l’ambiance, ex : impression que les visages des gens sont
frappés d’horreur, nuages terrifiants.

Les troubles psychomoteurs :


- Le maniérisme : c’est à dire une présentation un peu
théâtrale, ce qui donne l’impression d’être un simulateur.
- La mimique n’est pas adaptée au récit : ex, rires
immotivés quand le sujet raconte des événements
désagréables, crises des larmes alors que le sujet raconte
des éléments n’ayant aucun caractère triste.

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- L’ambivalence des actes : cette ambivalence se manifeste


dans des habitudes déroutantes pour l’examinateur. Le
malade fait preuve de tendresse, mais tout à coup à la
volée, il griffe ou crache sur le visage de l’examinateur.
Il y a une discordance entre les sentiments et les
réactions.
- Les troubles catatoniques : Ces troubles réalisent le
syndrome catatonique. Ce syndrome comprend :
a. La stupeur catatonique : Le malade reste figé comme une
statue. Parfois, il est couché en chien de fusil
(attitude fœtale). Il y a rareté des gestes avec
souvent des fibrillations musculaires isolées,
péribuccales et faciales, mutisme complet ou semi-
mutisme.
b. Le négativisme : Le patient s’oppose à toute tentative
de mobilisation que celle-ci soit imprimée passivement
ou sur ordre. Si par exemple, on essaye de plier son
bras, il résiste ; si on lui donne la main, il retire
la sienne. Il fait donc systématiquement le contraire
de ce qu’on lui demande de faire. ex : refus
d’aliment, mais il accepte de manger si on le lui
interdit.
c. La catalepsie : c’est le maintien des attitudes
imposées. On peut donner au malade, comme à une
marionnette, n’importe quelle position au corps et aux
membres. Les mouvements s’accompagnent de raideur et
particulièrement de résistance cireuse.
d. On peut également observer une échopraxie et une
écholalie chez le malade. Parfois il peut y avoir une
passive obéissance aux ordres mais sans participation
personnelle.
e. L’agitation catatonique : il peut s’agir :
§ Des attitudes expressives : elles ne sont pas
adéquates aux situations. Ce sont les maniérismes
catatoniques, le théâtralisme, la mimique

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invraisemblable avec des grimaces grotesques, parfois


des véritables crises spectaculaires hystériques.
§ Des états de fureur : imprévisibles et violents,
dirigés contre l’entourage, parfois turbulence,
mouvements stéréotypés. Le malade peut déployer une
activité motrice forcenée et paradoxale. L’agitation
peut durer plusieurs jours.
f. Les troubles neurovégétatifs : hypersudations,
hypersalivation, bouffées vasomotrices du visage,
œdèmes cutanés.

Les troubles intellectuels :


Ils concernent essentiellement les désordres de la pensée :
- La difficulté de l’association des idées : La conversation
donne l’impression de sauter du coq à l’âne. Le malade
répète des mots ou les associe par ressemblance ou
assonance. On peut également observer une stagnation de la
pensée ou viscosité mentale sur un thème donné.
- La discordance des propos ou des idées : le malade est
incapable de différencier l’aspect positif de l’aspect
négatif des choses. Il peut, par exemple, protester
violemment contre la privation de sa liberté mais il
désire rester dans le service ou la salle.
- Les barrages : le sujet s’arrête de parler pendant
quelques instants comme s’il avait des difficultés à
exprimer ce qu’il ressent.
- Les idées délirantes et les hallucinations : ce sont des
idées délirantes de persécution, de grandeur, des
idées hypochondriaques, mystiques et érotomaniaques. En
bref, ce sont des idées délirantes variables et multiples
de mécanisme hallucinatoire. Il s’agit des hallucinations
auditives, olfactives et visuelles ou cénesthésiques. Il
existe également des mécanismes intuitifs et
interprétatifs : les constatations banales sont
interprétées par le malade dans un sens délirant. Parfois,

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le thème délirant se développe sous la forme d’un syndrome


d’influence : le patient ne se sent plus maître de sa
pensée, il s’imagine qu’on s’insurge dans ses pensées.
- L’autisme : c’est la perte de contact avec le réel, le
repli sur soi-même, l’introversion poussée sur à
l’extrême. L’orientation temporospatiale, la mémoire,
l’intelligence demeurent longtemps peu
modifiées. Cependant, l’attitude autistique aboutit à la
perte de la notion du temps chronologique. Le passé, le
présent et l’avenir sont confondus.

Les différentes formes de la schizophrénie

1. La schizophrénie simple :
Elle apparaît comme une exagération du caractère schizoïde,
tout de suite après la puberté et avec des bizarreries du
comportement n’ayant généralement pas de conséquences
fâcheuses dans l’immédiat. Les principaux symptômes sont :
l’asthénie et la tendance dépressive, l’aspontanéité,
l’apragmatisme total, des périodes de clinophilie, une
indifférence affective à l’occasion des séparations ou de
deuils, la neutralité affective, l’indétermination, la
pauvreté des relations affectives. Il n’y a pas
d’hallucination ni de délire. Il s’agit donc de la forme
mineure de la schizophrénie. Cette forme peut constituer une
modalité évolutive de la forme initialement plus productive.
Dans ce cas, on parle de schizophrénie résiduelle.

2. L’hébephrénie :
C’est la schizophrénie du sujet jeune. Elle apparaît à la fin
de la puberté vers la vingtième année ou plus précocement. On
l’appelle également la démence précoce des jeunes gens.
- Circonstances de diagnostic : il s’agit d’un adolescent
qui dévient apathique et perd l’intérêt des choses de la

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vie. Il est inquiet, un peu triste et se plaint des vagues


douleurs sur le corps.
- Le début : il peut être signalé par les troubles de
l’attitude et du comportement : impulsions brutales et
paradoxales comme l’automutilation, crime insolite et
incohérent. Le début peut se faire par une maladie
psychiatrique aiguë, accès maniaque, accès mélancolique,
bouffée délirante polymorphe, état confusionnel.
- La période d’état est caractérisée par le syndrome
hébéphrénique. La dissociation mentale existe sur les
trois plans : affectif, psychomoteur ou du comportement et
intellectuel.
- L’évolution : le caractère massif et progressif du
syndrome dissociatif avant 20 ans est de mauvais
pronostic. Parfois l’évolution peut se faire avec des
périodes de rémission de quelques mois ou de quelques
années. Pendant ces périodes, une certaine adaptation est
possible mais dans l’ensemble le pronostic est souvent
sombre.

3. L’hébéphrénocatatonie :
C’est une schizophrénie de l’adulte jeune qui débute après la
puberté jusqu’à l’âge de 35-40 ans. La catatonie ou le
syndrome catatonique est le trouble psychomoteur vu au premier
plan des manifestations cliniques. Les manifestations
hébéphréniques forment la toile de fond de la maladie et
deviennent manifestes en dehors des épisodes catatoniques. Il
s’agit notamment de : troubles de l’affectivité, indifférence
et ambivalence des sentiments, troubles intellectuels avec
désordre de la pensée, barrages, idées délirantes avec
hallucinations, autisme.
Evolution :
Les troubles catatoniques apparaissent par poussées.
L’hébéphrénocatatonie est une forme grave de la schizophrénie.

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Les rémissions sont rares sans traitement. Le syndrome


déficitaire schizophrénique apparaît en 3 ou 4 ans.
A la fin de l’évolution de la maladie, l’état de régression
schizophrénique comprend le puérilisme, le désordre complet de
la salade des mots, la coprophagie, le gâtisme urinaire et
fécal (stade pseudodémentiel).

4. La schizophrénie paranoïde :
C’est une schizophrénie avec prédominance du délire paranoïde
et une persistance relative de la personnalité. La maladie
apparaît vers 35-40 ans.
§ Le mode de début :
Il peut être insidieux et progressif avec des idées
délirantes, de persécution, de grandeur, ou brutal par un
syndrome d’automatisme mental, un syndrome maniaque ou
confusionnel, ou par un syndrome pseudonévrotique
(psychasthénique, hystériforme).
§ La période d’état :
- La présentation : tantôt le malade est tranquille,
calme, figé dans une attitude de passivité, tantôt il
est agressif, désagréable, coléreux.
- Le délire paranoïde :
• Les thèmes sont multiples avec des idées de
persécution ou des idées de grandeur absurde, des
idées hypocondriaques bizarres, exemple : il sent une
souris dans son pied ou dans son estomac. Parfois ce
sont des idées mystiques. Les idées délirantes sont
souvent contradictoires et fugaces.
• Les mécanismes sont hallucinatoires auditives,
olfactives, cénesthésiques et psychiques.
• La systématisation : le délire n’est pas systématisé.
• Les réactions : le malade lutte contre ses
hallucinations, ex : il se met du coton dans le
conduit auditif externe pour ne pas écouter les voix
qui lui parlent, il remonte ses chaussette sur la

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partie inférieure du pantalon. Parfois ce sont des


réactions brutales qui peuvent survenir contre les
personnes de l'entourage.
- La dissociation mentale. Elle comporte des :
a. Troubles du comportement :
- Autisme : le malade se réfugie dans sa vie
intérieure.
- Rationalisme morbide : le malade régit sa vie
d’après des idées dépourvues de sens commun.
Il veut penser et agir sans tenir compte des
idées des autres. Il pose des actes mal
motivés.
- Apragmatisme : son travail est irrégulier
avec une bizarrerie de comportement.
b. Troubles du langage :
Langage maniéré, hésitant, indécis, néologisme avec
déviation du sens des mots, langage incohérent. Les
écrits ont une disposition anarchique, style
télégraphique avec des lacunes. Le syndrome de
Gasser : consiste en des réponses déviées.
c. Troubles somatiques :
Insomnie, parfois crises de sommeil pendant plusieurs
jours, troubles sexuels et aménorrhée.
§ Evolution :
Elle se fait en plusieurs dizaines d’années vers un état de
désagrégation psychique.

5. Les schizophrénies pseudonévrotiques


a. La schizophrénie à symptomatologie obsessionnelle ;
b. La schizophrénie pseudohystérique ;
c. La schizophrénie à symptomatologie phobique atypique.

6. Les schizophrénies dysthymiques :


Ce sont des formes de schizophrénie qui comportent une
symptomatologie dépressive, maniaque ou mixte, et qui évolue

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sur un mode intermittent ou périodique. On les appelle parfois


schizophrénies affectives. Ces formes de schizophrénie posent
la question de relation entre la schizophrénie et la psychose
maniaco-dépressive.

7. L’héboïdophrénie :
C’est une schizophrénie évoluant sur un mode de déséquilibre
psychopathique, notamment : les troubles de caractère,
l’oppositionisme, l’impulsivité, les comportements antisociaux
(vagabondage, escroqueries, violences), l’autisme morose, les
conduites paraissant inadaptées et bizarres en référence à la
délinquance même. L’existence de la turbulence est émaillée
d’émergences délirantes, d’accès catatoniques, d’épisodes
dysthymiques avec tentatives de suicide, abus alcooliques ou
de drogues.

Traitement de la schizophrénie
1. L’hospitalisation
2. La cure de Sakel ou insulinothérapie : elle consiste à
provoquer une série de comas hypoglycémiques en moyenne 20-
30 en injectant des fortes doses d’insuline et cela pendant
plusieurs semaines. Le traitement est indiqué dans les
formes dissociatives graves diagnostiquées au début.
3. L’électrochoc : il est indiqué dans les états d’agitation
catatonique.
4. Les neuroleptiques : chlorpromazine, levomepromazine,
halopéridol. Le chlorpromazine et le levomepromazine sont
indiqués dans les formes où prédominent l’anxiété, la
dépersonnalisation, l’invasion délirante et les
perturbations affectives. L’halopéridol est donnée dans les
formes paranoïdes surtout lorsqu’il existe un syndrome
hallucinatoire. Les neuroleptiques incisifs (Moditène®,
Majeptil®), sont indiqués dans les épisodes catatoniques,
l’attitude opposante, l’autisme et le négativisme.

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5. La psychothérapie : pour éviter au malade de se réfugier sur


soi. On fait appel à la psychothérapie de soutien, à la
sociothérapie (insertion dans un groupe, loisirs) et à la
thérapeutique occupationnelle.
6. La réinsertion sociale : travail en milieu protégé dans le
secteur géographique du domicile.

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III. LES ETATS LIMITES OU BORDERLINE

Généralement on divise les troubles mentaux en deux grandes


catégories : les psychoses et les névroses.
Les névroses représentent un ensemble flou et extensif dont la
limite avec une hypothétique normalité psychique reste vague
en l’absence des symptômes très marqués. Cette limite
virtuelle est une entité où se trouve un nombre croissant
d’états pathologiques, temporairement ou définitivement
inclassables dans les deux grandes catégories évoquées. Il
s’agit des situations marginales, soit près des névroses, soit
plus souvent près des psychoses ; parfois aussi proches des
maladies du caractère (psychopathies) ou des comportements
pervers (perversion).
Les états limites se définissent par exclusion : ni normalité,
ni névrose, ni psychose, ni déséquilibre psychique, ni
déviation, ni perversion sexuelle. Les états limites se
définissent aussi par l’existence d’un tableau clinique
particulier dont aucun symptôme n’est pathognomonique, mais où
le groupement de certains symptômes est évocateur et renvoie à
un diagnostic de structure essentiellement marqué par l’arrêt
du développement des fonction du ‘‘Moi’’. Les patients
borderline sont souvent bien adaptés socialement, voire
hyperadaptés. Ils sont capables de maintenir les apparences,
et ils peuvent avoir une réussite professionnelle
satisfaisante. Apparemment, ces sujets mènent une vie comme
s’ils possédaient une maturité et une expressivité
professionnelle bien modulée. Pourtant, l’inadéquation de
leurs conduites apparaît lorsqu’ils sont engagés dans des
relations affectives plus étroites. Le caractère,
superficiel, mouvant et instable de leurs relations
interpersonnelles, contraste de façon frappante avec
l’hyperadaptation de surface. Le danger permanent contre
lequel se défend ce malade est la dépression. Celle-ci est
liée à un sentiment de solitude et d’abandon.

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L’agressivité est très marquée et se traduit par les colères,


l’hostilité et la violence. Le besoin constant de
revalorisation de ces patients, leur hyperesthésie aux
remarques et au comportement d’autrui, leur angoisse d’être
abandonnés et leur insatisfaction permanente s’accompagnent
souvent de passages à l’acte (crises de colère et tentatives
de suicide).
Leur impulsivité est parfois engagée, de façon répétitive dans
des conduites de boulimie, de toxicomanie, d’alcoolisme,
liées à des besoins de gratifications instinctuelles intenses.
Certains patients ont des tendances instinctuelles perverses
mais celles-ci sont chaotiques et multiples.
Bref, le tableau clinique des états limites est caractérisé
par :
- une adaptation sociale souvent satisfaisante malgré des
relations affectives instables, une agressivité et une
impulsivité parfois importantes,
- la menace d’une dépression d’abandon ou d’une crise de
dépersonnalisation,
- la survenue possible des symptômes vrais, tant
psychotiques, névrotiques que caractériels, pervers ou
psychosomatiques.
Les états limites ne sont pas facilement reconnaissables par
les symptômes, néanmoins on leur reconnaît un certain nombre
des traits communs. La présence de 5 de 8 caractères proposés
par le DSM III (Diagnosis and Statisticals Manual of Mental
Disorders of American Psychiatric Association, third edition
1980), est requise pour poser le diagnostic de personnalité
borderline :
1. Impulsivité et imprévisibilité dans au moins deux domaines
possiblement dangereux pour soi-même : défense, jeu, sexe,
drogue, alcool, boulimie, vol dans les magasins et actes
suffisamment dangereux.
2. Relations interpersonnelles intenses et instables, avec par
exemple des changements marqués d’attitude, idéalisation,

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dévalorisation, manipulation des autres pour ses propres


fins.
3. Fortes colères inappropriées ou colères incontrôlables, par
ex : colère constante ou impatience fréquente.
4. Trouble de l’identité, exprimé par l’incertitude dans divers
aspects de l’identité : image de soi, identité sexuelle,
buts à long terme et choix d’une carrière, modèles d’amitié,
valeurs, et fidélité.
5. Instabilité des affects : passage d’une humeur normale à la
dépression, l’anxiété ou l’irritabilité, durant
habituellement quelques heures et rarement plus de quelques
jours, avec retour à l’état normal.
6. Solitude mal tolérée : avec par ex. des efforts intenses
pour éviter d’être seul, dépression quand l’individu est
seul.
7. Acte physiquement dangereux tels que tentative de suicide,
automutilation, accidents répétés et combats physiques.
8. Sentiments chroniques de vide ou d’ennui.
Ces critères sont caractéristiques du fonctionnement au long
cours et ne sont pas limitées à des épisodes de la maladie.

Traitement
- La psychothérapie analytique,
- L’hospitalisation répétitive ou de longue durée,
- Chimiothérapie : anxiolytiques en cas de réactivation
anxieuse, antidépresseurs en cas de dépression
authentique, neuroleptiques en cas d’épisode psychotique.
Ces médicaments sont utilisés de manière intermittente et
brève.

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IV. LE DESEQUILIBRE PSYCHIQUE

Synonymes : déséquilibre psychopathique, sociopathie,


personnalité antisociale.

Il est caractérisé par : l’anomalie de la personnalité


(harmonie intra ou interindividuelle) se traduisant
essentiellement par les difficultés de l’adaptation ou
l’inadaptation permanente aux normes et aux lois de la vie en
société.
Par son instabilité et son incapacité à s’intégrer à un
groupe, le déséquilibré se différencie de ‘‘dyssocial’’ qui
est adapté à un groupe dont il observe les lois par exemple la
mafia.

Clinique :
1. La première consultation :
Le patient peut venir de son propre initiative (rare), il peut
être contraint par une complication à symptomatologie
thymique, psychotique ou médico-légale. Il peut être conduit à
la consultation par un membre de son entourage qui n’accepte
plus ses exigences.

2. La présentation :
Elle est évocatrice et peut revêtir divers aspects :
- Présentation de type paranoïaque : sont au premier plan, la
rigidité psychique, l’orgueil, la méfiance, l’agressivité
hypersthénique. Cet aspect est surtout fréquent chez
l’homme.
- Présentation de type hystérique : reconnue par l’érotisation
des rapports sociaux, l’ambiguïté affective, la
suggestibilité, le théâtralisme puéril, la passivité, la
quête d’une dépendance affective et de gratifications
immédiates. Cet aspect est fréquent dans les deux sexes.

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- L’explosion affective ou émotionnelle : crise clastique,


ivresse pathologique, paroxysme d’angoisse.

Symptômes cliniques :
- Les capacités intellectuelles sont habituellement
conservées. Le raisonnement et la logique sont rigoureux,
mais il y a une absence d’autocritique et une incapacité à
évaluer les conséquences de tel ou tel comportement, en
particulier social.
- La violence d’expression des émotions et des affects. Elle
est transitoire mais avec des paroxysmes sur un fond
habituel d’inertie et de passivité, donc une instabilité de
la vie affective et émotionnelle.
- L’angoisse alternant avec son effacement apparent : cette
angoisse est à la base de conduites agressives généralement
réactives notamment agitation, menace, violence pour des
motifs apparemment futiles, difficulté à accepter des
situations vécues comme frustrantes, d’où conduites
impulsives.
- La dysthymie est un signe majeur : il y a asthénie à
certains moments, plaintes hypochondriaques intenses, à
caractère réactionnel et absence de la culpabilité
apparente ; parfois : hypomanie, instabilité réactionnelle,
irritabilité, réactions excessives, et actes délictueux,
insomnie et exaltation ; parfois : tentative de suicide à
répétition ou équivalent suicidaire, ex. décès inhabituel
par bagarre, parfois hétéro-agression.

Biographie du malade
C’est une biographie mouvementée, marquée par l’instabilité,
l’impulsivité et l’inadaptation.
- L’enfance : est perturbée par des alternances d’apathie et
de surexcitation, d’irrégularités du travail scolaire et
d’indiscipline, école buissonnière, colères violentes
parfois fugues.

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- La désobéissance, qui se caractérise par des conflits


répétés avec l’autorité, l’instabilité sociale avec échec
scolaire, renvoi successif, arrêt des études ou de
l’apprentissage, fréquentation des groupes marginaux ou
délinquants. Le premier délit (genre vol simple,
cambriolage, agression), tentative de suicide, excès
éthylique, expérience toxicomaniaque, prostitution homo et
hétérosexuelle.
- A l’âge adulte : instabilité compromettant l’insertion
socioprofessionnelle, entreprises hasardeuses, délinquance,
existence parasitaire et instabilité affective, avec des
séparations, des divorces, d’abandon de famille, des
liaisons éphémères. L’instabilité s’accompagne d’une
impulsivité. Le passage à l’acte constitue la voie
habituelle de décharge pulsionnelle. Il est intolérant aux
frustrations, il agit de façon immédiate, incontrôlée,
disproportionnée aux conflits et aux situations vécues comme
contraignantes, ex : crises d’agitation clastique, fugues,
délits et gestes suicidaires. Il n’y a ni élaboration
psychique du conflit ni anticipation des conséquences
possibles pour lui-même ou sur les autres. Il est incapable
de se protéger dans un avenir à long terme tout comme de
tirer la leçon du passée pour éviter la répétition des
échecs. Il existe un malaise intérieur profond, peu ou pas
exprimé : dysphonie, ennui. On peut observer des traits
hystériques surtout chez la femme : crises nevropathiques,
suggestibilité, accidents transitoires de conversion,
mythomanie, perversion sexuelle épisodique. Les accidents
psychiatriques observés sont :
- Les crises d’agitation clastique avec auto ou hétéro-
agressivité, déclenchées par une frustration réelle ou
minime, à caractère explosif, bruyant, hyperexpressif.
- La dépression ;

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- Les gestes suicidaires : jeux dangereux avec la mort,


suicide. Le passage à l’acte est brutal et irréfléchi,
souvent favorisé par l’alcool.
- L’alcoolisme et la toxicomanie ;
- Des bouffées délirantes polymorphes de durée brèves à
forte charge affective ;
- La délinquance : délit mineur avec fréquentes récidives :
vol, abus de confiance, vagabondage, usage et détention
des drogues, usurpation des titres et des fonctions,
escroquerie.

Les formes cliniques du déséquilibre


Il convient de retenir le déséquilibre à traits névrotiques :
angoisse ou nature hystérique, … et le déséquilibre à traits
psychotiques : angoisse permanente,… On peut observer des
complications psychotiques avec épisodes dissociatifs aigus,
accès maniaques, mélancoliques, confusionnels, d’allure
brutale et réversible.

Evolution
- La surmortalité due aux accidents, aux suicides, aux
règlements de comptes, aux complications d’alcoolisme et des
toxicomanies, aux traumatismes et aux maladies sexuellement
transmissibles.
- Evolutions graves : la vie se déroule entre la prison et/ou
l’hôpital psychiatrique. Il y a des tendances perverses, une
réactivité explosive, la clochardisation, et le parasitisme.
- L’amélioration au cours des années : s’observe fréquemment
par suite de la maturation due à l’âge, après passage
durable dans un milieu d’accueil.

Traitement
1. La prévention : aider les jeunes à haut risque à
s’insérer socialement : une bonne prise en charge et
l’organisation des équipes éducatives.

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2. La chimiothérapie : donne des résultats très limités.


- Le lithium en cas des variations thymiques, instabilité et
impulsivité,
- Les benzodiazépines en cas d’angoisse et d’agressivité,
- Les désinhibiteurs : comme le sulpiride, Dogmatil®, quand
l’apathie domine,
- Le Propériciazine en cas de manifestations caractérielles,
- Le Pipampérone en cas de labilité neuropsychique.
3. La psychochirurgie : hypothalamotomie postérieure,
amygdalectomie, castration chez le délinquant sexuel
récidiviste.

V. LES DEVIATIONS ET PERVERSIONS SEXUELLES

Par définition, ce sont des conduites particulières


différentes de celles du coït normal et susceptibles de
provoquer l’orgasme. La sexualité génitale normale de l’adulte
concilie la jouissance (plaisir) et la procréation
(reproduction). Elle suppose exclusivement la relation
hétérosexuelle. Cette définition exclue donc la sexualité
anormale :
- Qu’elle soit auto-érotique, en particulier masturbatoire
(onanisme) ;
- Qu’elle choisisse un objet sexuel autre qu’hétérosexuel,
ex : homosexualité, zoophilie, fétichisme ;
- Que les partenaires soient plus de deux, triolisme (relation
sexuelle à trois), ou pluralisme, ou que leur disparité
d’âge soit exagérée (pédophilie, gérontophilie) ;
- Que les zones érogènes ne soient pas génitales (coït anal,
coït buccal) ;
- Que les conduites particulières soient nécessaires à
l’obtention de l’orgasme (voyeurisme, exhibitionnisme,
sadisme, masochisme, travestisme, nécrophilie).

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Dans les déviations sexuelles, l’orientation pulsionnelle


atteint le choix d’un objet total mais inhabituel par ex,
homosexualité. Dans les perversions sexuelles, l’importance
des fixations prégénitales explique que le choix de l’objet
soit celui d’un objet partiel (ex : le fétichisme) ou
subordonné à des artifices particuliers (ex : voyeurisme,
exhibitionnisme, travestisme).

1. L’homosexualité

Définition :
L’homosexualité se définit par le choix d’un partenaire du
même sexe pour réaliser un acte sexuel dans une relation
physique visant à obtenir l’orgasme mais aussi dans les rêves
et les fantasmes. Tous les intermédiaires existent entre
l’homosexualité exclusive c’est à dire avec répulsion et rejet
total du lien sexuel avec un sujet de l’autre sexe, et
l’homosexualité occasionnelle c’est à dire compatible avec
l’hétérosexualité normale.
Cette déviation sexuelle n’est plus considérée comme
pathologique dans les pays occidentaux.

A. L’homosexualité masculine
Kinsey regroupe les cas d’homosexualité masculine en 7 groupes
dont :
- Le groupe 0 : comportant les hétérosexuels exclusifs (46%).
- Le groupe 1 : comporte les hommes très généralement
hétérosexuels, exceptionnellement homosexuels.
- Le groupe 2 : comporte les hommes ayant des rapports
homosexuels accidentels et épisodiques.
- Le groupe 3 : il est constitué des sujets ambisexuels qui se
satisfont autant de l’homosexualité que de
l’hétérosexualité.

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- Le groupe 4 : c’est l’inverse symétrique du groupe 2 : des


hommes homosexuels ayant des relations hétérosexuelles
accidentelles et épisodiques.
- Le groupe 5 : c’est l’inverse symétrique du groupe 1 : c’est
à dire que le rapport homosexuel est préféré au rapport
hétérosexuel qui est l’exception.
- Le groupe 6 : pour les homosexuels exclusifs. Ce groupe
représente 4% de la population européenne.
Le phénomène homosexuel ne peut pas être appréhendé comme une
conduite monomorphe. C’est pourquoi Beaudouard distingue trois
types d’expérience homosexuelle :
a. Les participants occasionnels, parmi lesquels on note :
§ Les disponibles à l’homosexualité : ce sont des sujets
jeunes, immatures, fixés à une sexualité infantile et
masturbatoire qui, dans un contexte de sollicitation par
un groupe social essentiellement masculin ou par
l’homosexuel affirmé, se laissent séduire par soumission
plus que par choix.
§ Les homosexuels accidentels : le passage à l’action
homosexuelle est fortuit, faute de partenaire
hétérosexuel accessible, favorisé parfois par un état
d’ivresse alcoolique.
b. Les homosexuels ambivalents : ils paraissent obéir à des
motivations diverses et réalisent eux-mêmes un groupe
hétérogène. Il s’agit notamment :
§ Les incertains sexuels : ceux-ci sont séduits par
l’homosexualité mais ne renoncent pas pour autant à
l’hétérosexualité.
§ Les homosexuels de compensation : ils trouvent dans le
rapprochement homosexuel un dédommagement des échecs
affectifs et/ou sexuels qu’ils ont connu dans
l’hétérosexualité. Il s’agit donc d’un comportement de
dérivation.
§ Les jouisseurs indifférents : ce sont des opportunistes
indifférents totalement insensibles au sexe du

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partenaire. Ce qui leur importe, ce n’est que la réponse


à l’instantanéité du désir orgastique.
§ Les homosexuels complémentaires : ils se distinguent des
jouisseurs indifférents par des conduites moins passives,
moins contingentes des circonstances.
§ Les ambivalents sexuels vénaux : ce sont des prostitués
qui utilisent le plus souvent leurs inclinaisons
homosexuelles pour en tirer des bénéfices pécuniaires.
Les traits du déséquilibre psychopathique sont fréquents
chez eux.
§ Les homosexuels préférentiels : ce sont des sujets qui se
ventent de leurs relations hétérosexuelles épisodiques
alors qu’ils aspirent à des liens pédérastiques avec des
sujets plus jeunes.

c. Les homosexuels exclusifs : parmi ceux-ci on distingue :


§ L’homosexuel actif : il choisit dans le couple
d’homosexuels le rôle de sujet directeur et dans la
relation sexuelle la sodomie active, c’est à dire le rôle
de pénétrant.
§ L’homosexuel actif-passif : celui qui est susceptible
d’être pénétrant ou pénétré au gré des exigences ou de
l’indétermination du partenaire.
§ L’homosexuel passif : celui qui exprime une attitude
psychosexuelle de soumission générale à un partenaire
dominateur.

Personnalité de l’homosexuel masculin


Il est difficile de décrire le profil fidèle et général de
l’homme homosexuel. Le sujet peut être manifestement efféminé
et qui veut se montrer comme tel. Il peut s’agir d’un sujet
qui passe tout à fait inaperçu ou alors d’un sujet qui
témoigne de virilité dans ses gestes, son discours et les
sports qu’il pratique. Des intermédiaires existent entre
l’homosexuel honteux, culpabilisé appréhendant le scandale et

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recherchant par tous les moyens, y compris le mariage, à


cacher ses inclinaisons sexuelles, et l’homosexuel qui
s’affirme tel, s’affiche ou choisit un militantisme plus ou
moins provocant. Les traits de la personnalité le plus souvent
signalés sont la susceptibilité, l’absence de l’agressivité
manifeste, le souci de conformisme social et la
psychoplasticité.

Aspects cliniques
Un petit nombre d’homosexuels vient en consultation pour
homosexualité et c’est une demande d’un membre de l’entourage
familial d’un adolescent ou d’un adulte jeune après la
découverte fortuite et jugée scandaleuse de l’anomalie. Dans
d’autres cas, peuvent s’observer :
- Des réactions de panique anxieuse après le premier
rapprochement homosexuel révélateur d’une tendance jusque là
refoulée.
- Des réactions dépressives profonds chez l’adulte, à la
découverte d’une homosexualité latente indépendamment même
du passage à l’acte.
- La dimension du déséquilibre psychopathique : une
orientation homosexuelle existe chez certains psychopathes.
- Une décompensation psychotique : les aspirations
homosexuelles, les craintes de devenir homosexuel ou la
conviction d’être désigné comme tel sont relativement
fréquentes dans les moments féconds d’une schizophrénie. Les
thèmes de sollicitation ou d’agression homosexuelle
s’observent dans certains délires chroniques
d’interprétation et de persécution. Un processus délirant
peut se déclencher après un premier rapprochement homosexuel
ou après son équivalent symbolique (TR, intervention anale).

Pathogénie de l’homosexualité masculine


La pathogénie est psychogène : les points de fixation seraient
les suivants :

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- L’attachement intense à la mère qui représente l’image


féminine idéal mais que le tabou de l’inceste rend
intouchable ; la mère est appréhendée comme un modèle
d’identification.
- Le narcissisme : qui oriente vers le choix d’un objet
semblable à soi.
- A partir de la découverte du pénis, s’instaure une
survalorisation de cet organe, sa quête sur des partenaires
homosexuelles et la dépréciation sur la femme qui n’en a
pas.
- L’angoisse de castration qui fonde la relation au père :
seul le renoncement à la femme peut éviter la rivalité
œdipienne et le risque de castration.
- La rivalité et la jalousie entre frères et sœurs pourrait
intervenir également l’agressivité qui en résulte étant
refoulée et convertie en fixation homosexuelle.

B. L’homosexualité féminine
Elle est moins souvent remarquée parce que moins provoquante.
Elle paraît socialement d’autant mieux admise que
l’implication sexuelle y est souvent moins marquée que chez
l’homme. L’attirance homosexuelle entre femmes se résume
souvent en une relation affective faite de tendresse ou de
séduction intellectuelle ou esthétique réciproque.
Lorsque des rapprochements sexuels existent, ils se limitent
par exemple à des attouchements, des baisers et des caresses.
Le contact sexuel avec orgasme par masturbation mutuelle ou
intromission d’un accessoire de forme phallique sont beaucoup
plus rares et sont les faits d’homosexuelles confirmées.
L’homosexualité féminine est très souvent circonstancielle,
occasionnelle, favorisée par des situations de promiscuité
obligée (pensionnats, prisons) et compatible avec
l’hétérosexualité.
La prostitution, disqualifiée méprisée favoriserait les
rapprochements homo-érotiques. Chez la femme, les rencontres

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homosexuelles sont souvent précoces (amitiés adolescentes,


passionnées), mais aussi tardives après la survenue d’échecs
matrimoniaux, de déceptions sentimentales, d’insatisfactions
hétérosexuelles.

Personnalité de l’homosexuelle féminine


La majorité des femmes homosexuelles se présentent sans
équivoque quant à leur féminité. Mais, il existe un petit
nombre qui adopte une présentation délibérément virile dont
témoignent la démarche, les gestes, la tenue vestimentaire.
Leurs compagnes sont alors volontiers des femmes poupées,
psycho-infantiles et dépendantes se comportant comme des
objets dominés et manipulés par une partenaire adoptant des
comportements masculins outranciers. Le couple fonctionne sur
un mode d’activité-passivité, engageant autant les
responsabilités sociales économiques que des relations
érotiques. Les lesbiennes ont des relations de couple beaucoup
plus stables et prolongées que n’en ont leurs homologues
masculins.

Aspects cliniques de l’homosexualité féminine


Ces aspects sont comparables à ceux de l’homosexualité
masculine. Les organisations névrotiques de la personnalité
semblent rares. Les réactions dépressives sont possibles,
davantage liées à des facteurs contingents (abandon,
isolement). Des désirs homosexuels ou une peur liée à une
homosexualité latente peuvent s’exprimer à l’occasion d’une
décompensation délirante.

Pathogénie de l’homosexualité féminine


Les éléments psychodynamiques invoqués sont :
- La prévalance des fixations préœdipiennes qui ont attaché la
fille à la mère dans un double mouvement identificatoire, au
père auquel elle tente de ressembler pour aimer la mère

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comme au mieux que lui, à la mère phallique à laquelle elle


dénie l’absence du pénis.
- Le complexe de castration qui expliquerait la valorisation
du clitoris, laquelle participe à la négation imaginaire de
la différence anatomique des sexes que perpétue la
réalisation de l’homo-érotisme.

2. Le fétichisme

C’est une déviation de l’instinct sexuel vers un objet


matériel qui seul sera susceptible de déclencher l’orgasme
auto-érotique ou avec partenaire mais dont le rôle n’est
qu’accessoire. Le fétichisme ne s’observe que chez l’homme.
L’objet choisi pour provoquer le plaisir sexuel, est en
général un objet inanimé, manipulable, par exemple : une pièce
de vêtement ou un objet plus insolite et dont la fonction
symbolique est caractérisée comme une poupée, un animal
naturalisé. Parfois l’orientation fétichiste se fait vers une
partie du corps (ongles, mains, chevelure, pieds) : la
participation sensorielle du toucher, de l’odorat, contribue à
l’exaltation érotique.
La signification inconstante du fétichisme renvoie à la
fixation de la libido sur des objets partiels qui avaient été
archaïquement surinvestis : les seins maternels, les selles,
le pénis. L’objet fétiche est le substitut de l’objet partiel
devenu méconnaissable.

3. Le frotteurisme

C’est une anomalie sexuelle caractérisée par la recherche d’un


plaisir dans l’acte de toucher et de se frotter contre une
personne non consentante. Le frotteurisme est diagnostiqué
dans les conditions suivantes :
- quand il est vraiment impulsif,
- quand il s’accompagne de fantaisies imaginaires intenses,

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- quand il se pousuit pendant au moins une période de six


mois.

4. Le sadisme

C’est la subordination de la jouissance sexuelle à la


souffrance infligée à autrui. L’acte érotique sadique suppose
généralement une mise en scène plus ou moins stéréotypée et
exige des accessoires pour appliquer des sévices : aiguilles,
clous, cigarettes allumées, flammes, etc. Le partenaire est
homo ou hétérosexuel. Parfois, le scénario sadique se
satisfait des scènes simulées qui visent toujours à provoquer
l’humiliation, les plaintes ou les cris du partenaire. C’est
au paroxysme de la violence que survient la décharge
orgastique. Dans certains cas de sadisme criminel, l’orgasme
est contemporain au viol, à une strangulation ou à des
mutilations corporelles. Il s’agit là des cas psychotiques.

5. Le masochisme

C’est la subordination de la jouissance sexuelle à la


souffrance infligée par autrui. Le masochiste se soumet
activement à des sévices : piétinement, flagellation, dont il
a préalablement programmé le déroulement avec une ou un
partenaire qu’il a parfois spécialement rétribué pour la
séance. L’excitation sexuelle augmente avec la majoration des
sévices et la progression des actes. La douleur elle-même
constitue la source du plaisir (algolagnie) mais l’instinct de
conservation vient généralement limiter les conséquences
extrêmes (atteintes lésionnelles graves, meurtre).
Les éléments psychodynamiques responsables du sadomasochisme
sont complexes. Les fixations archaïques renverraient au stade
érotique sadique-anal où s’instaure le couple libidinal
activité-passivité. Au plaisir de conservation des fèces

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s’oppose le désir de les expulser et de les donner. Le plaisir


n’est accessible qu’au prix de la douleur.

6. L’exhibitionnisme

C’est la conduite pathologique de certains sujets qui consiste


à montrer leurs organes génitaux. C’est presque exclusivement
les personnes de sexe masculin, tandis que l’exhibitionnisme
du sein chez la femme réalise une forme de séduction plutôt
qu’une exhibition auto-érotique. L’homme qui exhibe son pénis
en se masturbant le fait dans des lieux particuliers : coins
sombres, sortie d’école, transport en commun, église, etc. Il
recherche un certain type de victimes, les enfants et les
femmes vivant seules dont il attend une réaction précise de
surprise, d’effroi ou de répulsion. Souvent l’éjaculation est
atteinte dès que la réponse adéquate est obtenue, c’est à dire
négative. Par contre, toute marque d’intérêt entraîne à
l’inverse l’annulation de l’excitation.

7. Le voyeurisme

C’est la tendance pathologique qui conduit certains sujets à


surprendre par le regard et en se cachant, soit une relation
sexuelle à laquelle ils ne participent pas directement, soit
l’autre personne dans son intimité (toilette, défécation,
miction), cela étant vu et éprouvé comme scène sexuelle. Pour
le voyeur, le plaisir de voir entraîne une quête
inextinguible, une avidité jamais satisfaite, émotive, parfois
des élaborations scéniques comme les jeux de glaces, les trous
des serrures. Chez certains voyeurs, le plaisir est seulement
obtenu par le regard, qui reste pour eux la seule activité
sexuelle. D’autres vont atteindre l’orgasme en se masturbant
pendant qu’ils épient. Le voyeurisme est une perversion
reconnue essentiellement masculine.

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La dynamique inconsciente de l’exhibitionnisme et du


voyeurisme met essentiellement en cause l’angoisse de
castration.
Il faut que les impulsions sexuelles et les fantasmes
d’excitation voyeuristes se poursuivent d’une manière
répétitive et pendant plus de six mois pour le diagnostic soit
retenu.

8. Le travestisme

C’est la subordination, épisodique ou régulière, du plaisir


sexuel au port des vêtements de l’autre sexe. Cet instinct de
travestissement est plus fréquent chez l’homme que chez la
femme. On a deux types de travestisme :
- Le travestisme hétérosexuel : il est proche du fétichisme,
comme préalable à une relation sexuelle, l’homme s’habille
en femme, parfois une seule pièce de vêtement féminin le
satisfait ; parfois l’acte sexuelle est masturbatoire devant
une glace. La dynamique inconsciente de ce symptôme repose
sur les mécanismes de dégagement de l’angoisse de
castration : l’identification à la femme par l’adoption de
son costume permet en outre la répression des désirs
incestueux orientés vers la mère.
- Le travestisme homosexuel : subit une exigence profonde ou
qui est utilitaire. Chez la femme, l’inversion sexo-
esthétique a souvent une intentionnalité d’affirmation
homosexuelle. Toutefois, le port du costume masculin
(éonisme) n’exclue pas toujours le désir des relations
hétérosexuelles.
L’éonisme est une adoption épisodique ou constante, par une
personne, du comportement vestimentaire et parfois social du
sexe opposé. Cette inversion esthético-sexuelle ou tendance au
déguisement à caractère sexuel est, d’après Ellis, le premier
degré de l’inversion sexuelle. Les psychanalystes y voient
aussi une manifestation du fétichisme, encore qu’il faille

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distinguer, d’après Stoller, ce qui est simple travestisme


fétichiste du véritable travestisme.
Dans le travestisme, la pulsion sexuelle est bien orientée
vers la personne de sexe opposé, à la fois désirée et
menaçante et, donc mise en distance. Dans son échec à la
posséder pleinement par un acte sexuel restant difficile, le
travestiste s’approprie son partenaire en s’identifiant à lui
par ce qui le représente le mieux sur le plan imaginaire st
symbolique : ses vêtements et, si possible son rôle social.

9. Le transsexualisme

C’est la conviction d’appartenir au sexe opposé qui s’associe


au désir impérieux d’obtenir le changement du sexe civil et
anatomique. Chez les transsexuels, il existe une négation
absolue des sentiments, des pensées et l’identité de son
propre sexe, et une identification totale à celui du sexe
opposé. Il ne s’agit pas d’une perversion du désir sexuel,
mais d’une totale inversion psychologique. Le transsexuel
refuse l’étiquette d’homosexuel. Il affirme d’être victime
d’une injustice lorsque l’état civil lui refuse la
modification de son identité et l’accession au mariage.
Chez la plupart des transsexuels, les troubles de la
personnalité sont très profonds et souvent, du registre du
délire avec de thèmes de transformation corporelle, des
revendications hypochondriaques. Les épisodes dépressifs
sévères sont fréquents.

Les considérations thérapeutiques


1. Eliminer les formes symptomatiques de perversion
sexuelle : endocrinopathie, état démentiel, tumeur
cérébrale, alcoolisme chronique, troubles psychiatriques
patents (bouffées délirantes, schizophrénie),
2. Les prescriptions hormonales n’ont aucune valeur sur les
déviations sexuelles.

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3. La castration chirurgicale des pervers sexuels et


récidivistes est pratiquée dans certains pays.
4. Les thérapies comportementales ont pour but de
déconditionner le sujet en provoquant l’instinction du
comportement pathologique acquis et son remplacement par
un comportement plus adéquat. Les méthodes par inhibition
réciproque sont proposées dans l’exhibitionnisme à forte
composante anxieuse. Les thérapies par aversion sont
utilisées dans l’homosexualité, le travestisme, le
fétichisme.
5. Les psychothérapies individuelles sont sur le plan
théorique les indications idéales puisque doivent
permettre l’explication psychodynamique des déviations et
des perversions sexuelles.

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VI. LES ETATS DEFICITAIRES

Il existe deux catégories :


- Les arriérations mentales ou oligophrénies : ce sont des
maladies de l’enfance et de l’adolescence, d’étiologie
généralement congénitale ou héréditaire.
- Les démences : maladies de l’adulte et du vieillard dans
lesquelles l’affaiblissement du niveau mental est acquis.

1. Les arriérations mentales

Définition :
L’arriération mentale est la situation globale d’un sujet qui,
dès le premier âge, a souffert à des degrés variables dans son
développent cérébral. Il existe plusieurs types de
classification des arriérations mentales :
- Classification internationale : Elle classe les arriérations
mentales en trois groupes : l’idiotie, l’imbécillité, la
débilité mentale.
- Classification française : Elle donne trois groupes :
l’arriération profonde, la débilité profonde, la débilité
moyenne.
L’arriération mentale est caractérisée par le ralentissement
du développement moteur survenu dès le premier âge et qui se
solde par la présence d’un quotient intellectuel ne dépassant
pas 70.
Ses étiologies sont nombreuses : les facteurs héréditaires,
les maladies contractées par le fœtus pendant la grossesse,
les traumatismes néonataux, les maladies neurologiques de la
première enfance.
Les examens paracliniques à demander sont : les tests
psychométriques, l’EEG, le scanner de la tête, et l’IRM,
l’encéphalographie gazeuse.

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A. L’arriération mentale profonde

Clinique
L’arriéré profond est incapable de pourvoir à ses besoins les
plus élémentaires. Lorsqu’il est livré à lui-même, il mange
n’importe quoi et il est sale. Tous les arriérés profonds ne
marchent pas. Il en est qui mènent une existence purement
végétative. Les troubles psychomoteurs sont à type de
ralentissement psychomoteur, d’engourdissement, entrecoupés
parfois d’impulsions maladroites. On peut observer chez eux un
balancement de la tête et du tronc et de l’automutilation.
L’énurésie et l’encoprésie sont fréquentes. Le langage est
rudimentaire. Ils prononcent parfois quelques mots mal
articulés. Les arriérés profonds peuvent avoir des
malformations particulières portant sur le squelette et la
peau notamment : une dysmorphie de la boite crânienne, une
cypho-scoliose vertébrale, des malformations de dents, des
tumeurs tubéreuses cutanées. On décrit deux formes
sémiologiques :
- L’arriération mentale profonde simple : sujets relativement
calmes avec séquelles neurologiques et malformations peu
marqués.
- L’arriération mentale profonde associé à des gros troubles
morphologiques.
Les arriérés profonds ont un quotient intellectuel qui ne
dépasse pas 25-30. Leur niveau mental ne dépasse pas en règle
celui des enfants de 5 ans après 14 ans.

Etiologie
- Les encéphalites dues à la scarlatine, à la rougeole ou à la
grippe. Le pronostic des arriérations post-encéphalitiques
est mauvais.
- Le myxœdème : l’idiotie myxœdémateuse de Bourneville. Le
poids de ces enfants est anormalement élevé pour la taille.
Le nanisme est dysharmonieux, avec des téguments infiltrés.

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Le visage est boursouflé. La maladie est due à une


diminution des hormones thyroïdiennes.
- L’oligophrénie phénylpyruvique : ce sont des enfants chétifs
à peau claire, aux cheveux blancs, yeux bleus, corps
recroquevillé. La maladie est due à un trouble du
métabolisme de la phénylalanine avec élimination de l’acide
phényl-pyruvique dans les urines.
- Les phacomatoses : le prototype est l’angiomatose cérébrale.
Dans la sclérose tubéreuse de Bourneville qui est une autre
phacomatose, il existe des malformations cérébrales et des
adénomes sébacés situés autour de la bouche.

B. La débilité mentale profonde

Clinique
Le faciès du débile profond est inexpressif. Son affectivité
est très limitée et très variable. Certains de ces malades
sont apathiques, indifférents, parfois affectueux et dociles.
D’autres sont instables, caractériels et pervers. Sur le plan
intellectuel, la mémoire est très limitée, avec un vocabulaire
pauvre. Ils ne peuvent apprendre l’écriture et ils sont
incapables d’abstraction. Leur éducation est uniquement orale,
concrète, faite d’un entraînement à des tâches routinières
simples et d’une adaptation progressive et partielle à la vie
de groupe.
La ligne de démarcation entre le débile profond et le débile
moyen est l’aptitude à lire et à écrire. Quand le débile
profond parvient à l’âge adulte ou à l’adolescence, il
présente souvent des épisodes évolutifs psychotiques du genre
bouffées délirantes polymorphes. Le débile profond a des
tendances impulsives et perverses. Ils est capable à tout
moment des réactions antisociales graves, coups et blessures,
incendie, viol suivi de meurtre, homicide, suicide. Le
quotient intellectuel du débile profond varie de 30-50. L’âge

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mental se situe entre 3 et 7 ans et ne dépassant pas 7 ans


après 14 ans.

C. La débilité mentale moyenne

Clinique
Le faciès est peu expressif. L’attitude est nonchalante et les
vêtements sont plus ou moins correctement ajustés. Le contact
est habituellement facile mais rapidement superficiel. La
dysarthrie est peu marquée. On observe un défaut de
prononciation de certains mots, parfois un bégaiement. Le
malade présente un syndrome qui comprend :
§ Des troubles affectifs :
Le débile ne sait pas bien analyser ses préoccupations
affectives encore moins les exprimer. Ainsi les conflits se
manifestent dans son comportement. Il s’agit d’une personne
entêtée et impulsive. Les impératifs moraux et sociaux sont
réduits à des interdits et le débile les apprend par les
réactions de l’entourage immédiat, notamment ses parents.
L’affectivité du débile fait apparaître essentiellement :
- L’immaturité affective : dépendance vis à vis de
l’entourage, difficulté à résoudre ses conflits,
comportement égocentrique fait de susceptibilité et de
vanité.
- L’impulsivité : réactions brutales par des mécanismes de
défense, agressivité et entêtement.
§ Des troubles psychomoteurs :
Les gestes sont lents, l’attitude est affectée d’une
certaine gaucherie. Les troubles moteurs sont d’intensité
variable. Ils peuvent entraîner une dextérité manuelle
réduite ou un syndrome de débilité motrice avec des
raideurs neuromusculaires et des syncinésies.
§ Les troubles intellectuels :
- Le manque de jugement : le débile défend mal ses
intérêts. Il est toujours défavorisé dans la pensée

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abstraite, il prévoit mal les conséquences de ses actes


et les réactions d’autrui.
- Une suggestibilité : le débile est très suggestible. Il
accepte passivement et naïvement les suggestions des
autres. C’est pourquoi le débile participe facilement aux
activités des bandes de jeunes dévoyés.
- L’inertie psychique : Elle se manifeste dans la
stéréotypie des réponses. Elle limite et prolonge les
délais d’apprentissage.
- La tendance mythomaniaque : Il peut inventer des
histoires, créer de toute pièce des situations
imaginaires tant pour se faire valoir que pour nuire.
§ Les troubles somatiques :
Les malformations sont fréquentes : malformations du palais,
des dents et des oreilles. On peut observer l’amblyopie,
troubles de la vue ; dyslexie, dysorthographie, … Le QI du
débile mental moyen varie de 50-70. Son âge mental va de 7-
10 ans, il ne dépassera pas 10 ou 11 après 14 ans.

Evolution
L’inadaptation sociale entraîne chez le débile :
- Des troubles caractériels qui éclatent par bouffées et
dépendent beaucoup de la tolérance du milieu dans lequel
il vit.
- Des réactions antisociales, notamment fugue ou fuite de
domicile sans prévenir l’entourage, vol simple sans
profit et mal organisé, rarement vol qualifié ou vol avec
effraction, sous la menace, souvent commis au cours de
vagabondages et parfois avec la participation à des
bandes.
- Les incendies et les homicides en cas d’ivresse ou
d’alcoolisme.
Les épisodes psychotiques sont fréquentes dans l’évolution des
débiles mentaux, notamment la bouffée délirante polymorphe
mais aussi l’épilepsie et l’alcoolisme.

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Formes cliniques
§ Le débile harmonieux : habituellement docile, obéissant,
désireux de bien faire mais à condition d’éviter à le
contraindre. Il a une douceur de caractère. Il est content
de lui-même et de son sort mais, on peut redouter le pire
s’il a bu de l’alcool.
§ Le débile dysharmonique : il présente des troubles
caractériels. L’humeur est changeante et explosive. C’est
une personne instable, changeant fréquemment d’occupation,
ne se plaît nulle part. Il entre en conflit avec
l’entourage, devient partout indésirable. Il est menteur,
mythomane et pervers.
§ Le sot : c’est un sujet avec une bonne capacité de mémoire.
Il réussit assez bien les tests de niveau mais l’examen
clinique et les tests de performance mettent en évidence de
gros troubles de jugement et de raisonnement.
§ Le débile mental léger : il a le QI au dessus de 70.

Diagnostic différentiel
a. Le retard simple du développement intellectuel chez
l’enfant : enfant fragile, souvent timide, présentant une
grande labilité émotionnelle, un retard intellectuel simple
en rapport avec les carences du milieu : carences affectives
et éducatives, surprotection parentale, rivalités
fraternelles.
b. L’hébéphrénie chez l’adulte jeune : la scolarité a été en
règle normale, mais la régression intellectuelle est
survenue secondairement.
c. Les états démentiels tardifs : le malade conserve un sens
des convenances, tout au moins pour ce qui est des
automatismes de politesse.

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Traitement
- La rééducation : le pronostic dépend du degré de
l’arriération, du caractère et des possibilités de rééducation
psychomotrice.
§ La pédagogie : l’éducation doit être précoce, méthodique,
durable. Il ne faut pas séparer l’éducation scolaire de
l’éducation professionnelle.
§ Les médicaments : on donne des médicaments nécessaires au
développement cérébral : l’acide glutamique, le
phosphore, le calcium, et des sédatifs, permettant une
meilleur insertion dans le groupe.
§ Le traitement physiothérapique porte sur la rééducation
fonctionnelle : kinésithérapie et relaxation,
apprentissage de la marche, de l’alimentation, éducation
sphinctérienne.
Le développement psychoaffectif joue un grand rôle dans
l’adaptation : maternage, jeux collectif et compétitifs.
§ Parfois le placement en milieu spécialisé pour les
arriérés profonds, le placement à l’internat ou à
l’externat médico-pédagogique avec apprentissage d’un
métier après 14 ans pour les débiles profonds et moyens.
Pour les débiles légers, il faut une école de
perfectionnement (maçonnerie, réparation des routes).
- La prophylaxie : lutte contre les pathologies de la
grossesse, la prophylaxie de l’accouchement, lutte contre
l’alcoolisme.

2. Les démences

Définition
La démence est un affaiblissement mental progressif, chronique
et définitif avec un déficit portant à la fois sur la fonction
intellectuelle, l’humeur, l’affectivité, l’activité
psychomotrice et le comportement et aussi sur les troubles
somatiques.

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Classification
Les démences comprennent :
- La démence sénile ;
- La démence artériopathique ;
- Les démences préséniles (maladie de Pick et maladie
d’Alzheimer).
L’état démentiel comporte plusieurs stades d’effondrement du
niveau mental qui sont du plus léger au plus profond : la
détérioration mentale, l’affaiblissement intellectuel et la
démence vraie.

Le syndrome démentiel

1° Circonstances de l’examen
Les troubles surviennent en général chez le sujet jusque là
indemne d’accident psychiatrique. Souvent le sujet consulte
sur demande de la famille pour des troubles de la mémoire, des
oublies inexplicables, des erreurs grossières dans ses
activités journalières, une apathie et un désintérêt ou un
changement de caractère : égoïsme, colère. Parfois épisode
dépressif, état confusionnel transitoire ou idées délirantes
de préjudice, aberration du comportement : fugue avec
errance, acte absurde ou délictueux.

2° Présentation
La tenue est négligée, la mimique inexpressive ou inadaptée,
la coopération médiocre. Le patient est indifférent.

3° Perturbation du fonctionnement intellectuel :


- L’attention : très déficitaire, malade distrait.
L’attention peut paraître bonne au début mais le malade se
fatigue vite et la qualité des réponses baisse rapidement.
- L’orientation : elle est perturbée, il y a une
désorientation dans le temps et dans l’espace. Erreur sur

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la date du jour, confusion et télescopage dans les dates


de bibliographie, impossibilité de s’orienter dans les
lieux peu familiers et à domicile, égarement dans les rues
et dans la maison.
- La mémoire : elle est touchée. Il y a un défaut de
fixation, les faix récents sont oubliés, le malade égare
ses affaires, … La mémoire des faits anciens est plus
longtemps conservée. Les souvenirs de l’enfance
s’éteignent les derniers.
- Le langage : les échanges verbaux spontanés sont pauvres.
Les réponses sont lentes, inachevées, inadaptées aux
questions. Le discours spontané devient tout à fait
incohérent ou se réduit à l’extrême. Les anomalies
syntaxiques et sémantiques grossières apparaissent
précocement dans les écrits. Plus tard, on observe une
désintégration du langage, de gnosies et de praxies.
- Le raisonnement : il y a impossibilité de résoudre un
problème arithmétique simple, échec devant les problèmes
élémentaires empruntés à la vie courante, utilisation des
procédées aberrants pour rectifier les erreurs.
- Les troubles de jugement : ils sont manifestes. Il s’agit
de la perte de l’autocritique (Le sujet est incapable
d’apprécier sa situation, ne se soucie pas de son avenir,
…), de la méconnaissance des valeurs de bon sens et des
réalités logiques (incapacité à critiquer une histoire
absurde), d’où inadéquation du comportement : indifférence
aux échecs, familiarité excessive, propos et gestes
incongrus.

4° Désintégration démentielle
La désintégration des fonctions intellectuelles s’accompagne
de :
• régression affective : égocentrisme, puérilité,
incontinence émotionnelle ou indifférence béate.

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• troubles de conduite : activités incohérentes,


agitations nocturnes, troubles de comportement
alimentaire et excrémentiel (gâtisme).
• désintégration des fonctions motrices : réapparition
des comportements primitifs (réflexes archaïques) et de
sincynésie, apparition de stéréotypies buccofaciales et
de stéréotypies motrices (pétrissage, frottement des
mains, flexion-extension des jambes).

Diagnostic différentiel
- La confusion mentale,
- La dépression mélancolique,
- L’aphasie de Wernicke,
- La démence au stade terminal de la schizophrénie.

Etiologie
- Les maladies dégénératives,
- L’hématome sous-dural chronique, l’hydrocéphalie à
pression normale, la tumeur cérébrale, la paralysie
générale, le myxœdème, l’anémie de Biermer, la
dégénérescence hépatolenticulaire.

Formes cliniques

A. Les démences préséniles

1) La maladie de Pick ou démence de Pick.

C’est une démence présénile atrophique à caractère


dégénératif. Elle se caractérise par l’existence :
- d’un syndrome préfrontal de type moriatique avec euphorie
puérile, obnubilation asthénique, perte de l’attitude
catégorielle et de l’incitation à l’action.

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- des stéréotypies gestuelles et verbales allant


s’appauvrissant au fur et à mesure que la démence dévient
profonde.
- des troubles du langage qui se traduisent par une aphasie
amnésique.

Etiologies
Les facteurs étiologiques incriminés sont :
- L’âge : la maladie apparaît entre 50-55 ans en moyenne,
d’où l’appellation : démence présénile.
- Le sexe : le sexe féminin est le plus touché ;
- L’hérédité : la maladie a un caractère familial. On
signale des antécédents familiaux ou des antécédents
d’affections neuropsychiatriques : maladie d Parkinson,
sclérose latérale amyotrophique, …

Anatomie pathologique
Sur le plan macroscopique : la maladie se caractérise par une
atrophie corticale bilatérale des pôles frontaux et temporaux
respectant la zone du langage (tiers postérieur de T1) et la
zone du pli courbe. Sur le plan microscopique il s’agit d’une
dégénérescence neuronale à type de gonflement et prolifération
anormale de la neuvroglie astrocytaire. L’atteinte de la
substance blanche est à type de démyélinisation avec gliose du
centre ovale et du lobe temporal. Les noyaux gris centraux
sont toujours altérés.

Signes cliniques
♦ Le début est insidieux.
La maladie s’installe de manière progressive à bas bruit en
plusieurs années. La période initiale est difficilement
retrouvée.
♦ Les symptômes de début sont :
- Les troubles de l’humeur et de l’affectivité avec des
phases d’exaltation et d’euphorie puérile, irritabilité

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non motivée et mal contrôlée. Ces troubles évoluent par


bouffées sur un fond d’apathie et d’aspontanéité. Ils
aboutissent à un relâchement de l’affectivité et du sens
moral.
- Les troubles de l’activité : ce sont des troubles
variables mais l’akinésie est prédominante. Il y a une
perte de l’initiative et de l’incitation à l’action.
- Les troubles de l’intelligence : ils sont caractérisés par
un déficit de la mémoire et de l’attention avec altération
des fonctions de synthèse. Il existe une altération
globale des hautes fonctions intellectuelles (jugement,
raisonnement, autocritique) et du stock des idées . Il y a
perte de la tendance spontanée à parler.
- Les troubles somatiques : ils sont d’ordre neurovégétatif
comme la libération des pulsions sexuelles (érotisme) et
des instincts alimentaires (boulimie ou hyperphagie) avec
tendance à l’obésité et à l’embonpoint et perte de choix
des aliments.
♦ La période d’état :
Le tableau clinique se complète (en 2-5 ans après la période
initiale) et associe :
- Un état démentiel avec réduction massive des idées,
désintérêt et indifférence. Pas d’aphasie ni apraxie ni
désorientation dans l’espace, ni manifestations
psychotiques : idées délirantes, hallucinations.
- Les troubles de l’humeur et de l’affectivité : le
malade est plus souvent inerte qu’agité. Il est
indifférent et insouciant du présent et de l’avenir.
- Les troubles de comportement : apragmatisme total et
apathie, perte complète de l’activité psychomotrice et
amimie, stéréotypies du comportement (le malade
conserve quelques activités élémentaires généralement
inadaptées qu’il répète à intervalles réguliers pendant
des mois) et stéréotypies verbales (le malade raconte
la même histoire, prononce toujours une même phrase).

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- Les troubles du langage : le langage est appauvri, avec


réduction du discours, oubli des mots, stéréotypies
verbales, itérations à type de d’écholalie ou de
palilalie, parfois mutisme complet.
La maladie évolue progressivement vers la démence profonde
avec moria, mutisme, inertie et gâtisme. La mort survient
après une évolution globale de 4-6 mois et sur le plan
somatique on note souvent une somnolence et une disparition
précoce du sens de la douleur.

Examens paracliniques
- EEG ;
- Etude psychométrique ;
- Scanner et IRM de la tête ; encéphalographie gazeuse.

Diagnostic différentiel
§ Les tumeurs cérébrales préfrontales : on observe des
troubles du tonus et de la motilité, un syndrome
extrapyramidal par atteinte des aires prémotrices
frontales. L’EEG, le Scanner et l’IRM confirment le
diagnostic.
§ La paralysie générale (neurosyphilis) : dans la
neurosyphilis outre l’atteinte préfrontale, on observe la
dysarthrie, les tremblements, les signes oculaires
notamment le signe d’Argyll-Robertson et les idées
mégalomaniaques. On demandera l’examen de VDRL, TPHA pour
confirmer.

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2) La maladie d’Alzheimer

C’est une démence présénile survenant entre 45-65 ans en


moyenne.

Facteurs étiologiques
- L’âge : entre 45 et 65 ans avec des extrêmes allant de 15
à 70 ans.
- Le sexe : le masculin est plus touché ;
- Les facteurs héréditaires jouent un rôle très important
comme dans la maladie de Pick.

Anatomie pathologique
Il s’agit d’un processus atrophique cérébral diffus à
prédominance pariéto-occipitale. Les zones de projection
(cortex central) sont intactes. Les lésions histologiques sont
semblables à celles de la démence sénile :
- Les plaques séniles : d’aspect sphérique, constituées d’un
matériel argentophile présentant des affinités
tinctoriales de l’amyloide.
- La dégénérescence neurofibrillaire caractérisée par un
épaississement cytoplasmique fibrillaire argentophile
occupant parfois tout le corps du neurone.
- La dégénérescence granulovacuolaire : qui donne au
cytoplasme l’aspect tigré. Ce type de dégénérescence se
rencontre uniquement au niveau de la corne d’Ammon ou du
noyau amygdalien où les lésions histologiques sont
particulièrement intenses.

Signes cliniques
♦ Le début :
La maladie s’installe insidieusement par un état
d’affaiblissement intellectuel avec agitation, phénomènes
aphasiques et hypertonie musculaire. Les signes de début
peuvent être groupés en trois :

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- Les troubles de l’humeur et du caractère : euphorie,


jovialité, bouffées coléreuses pour des motifs futiles et
en relation avec des thèmes délirants de persécution et de
préjudice. Ces bouffées de colère sont entrecoupées par
des phases d’indifférence.
- Les manifestations psychomotrices : le ralentissement
idéomoteur avec parfois des actes impulsifs et violents.
Il existe une augmentation du débit verbal avec
appauvrissement du vocabulaire. Le langage écrit et parlé
devient incohérent.
- Les désordres intellectuels : l’amnésie lacunaire portant
sur les faits anciens et récents. Les mots courants sont
parfois oubliés et remplacés par une définition par
l’usage. L’orientation dans l’espace est perturbée.
♦ La période d’état :
La symptomatologie se complète, et associe :
- Un état démentiel massif et global avec des gros troubles
mnésiques et désorientation temporospatiale.
- Les troubles de comportement : malade jovial, parle tout
seul, devient coléreux et irritable. Il répète les mêmes
actes ou gestes de manière continue. Il y a une nette
tendance à la variabilité des troubles dans le temps.
- Les troubles du langage : il s’agit d’une jargonophasie,
intoxication par les mots, avec itérations verbales
(écholalie, palilalie, logoclonies).
- Les troubles gnosiques et praxiques :
L’agnosie visuelle ou absence de reconnaissance visuelle.
Elle porte notamment sur les objets animés, sur les
physionomies.
Les troubles praxiques comprennent :
§ Une apraxie idéatoire c’est à dire que les gestes
simples ne sont plus correctement exécutés.
§ Une apraxie idéomotrice : les gestes simples sont
devenus impossibles à exécuter sur ordre, alors

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qu’ils sont faits correctement par réflexe


automatique.
§ Une apraxie constructive : le malade ne peut plus
reproduire une image géométrique.
§ Une apraxie de l’habillage : le malade est
incapable de se vêtir, de boutonner les habits, de
lacer ses chaussures.
- Les productions délirantes : à thème de préjudice, de
jalousie ou de bouffées oniroïdes à l’origine d’accès
d’agitation chez un malade habituellement apathique.
- Les signes neurologiques : syndrome extrapyramidal,
parfois crises épileptiques. Il n’y a ni troubles
sensitifs, ni hémianopsie.

Examens paracliniques
EEG, scanner, IRM de la tête, Encéphalopathie gazeuse, Etude
psychométrique.

Evolution
Elle se fait vers la mort dans un état de cachexie
hypertonique, en 3-4 ans parfois 10 ans.

B. La démence artériopathique.

C’est une démence organique due à l’hypertension artérielle et


à l’athérome. Les lésions intéressent généralement tout le
cerveau. Il s’agit des foyers de ramollissement, des lacunes
parenchymateuses multiples de nature ischémique, d’atrophie
granulaire du cortex et leuco-encéphalopathie diffuse.

Etiologie
Les facteurs étiologiques incriminés sont :
- Le sexe : le sexe masculin surtout ;
- L’âge : le plus souvent après 60 ans ;

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- Les autres facteurs sont : l’artériosclérose des


vaisseaux cérébraux : gros vaisseaux, artérioles et
capillaires.

Clinique
♦ Le début :
Il peut être brutal par un ictus apoplectique suivi d’un état
confusionnel transitoire, généralement amnésique ou par une
crise d’épilepsie. On observe parfois un état d’agitation
pseudomaniaque avec grande anxiété. Le début peut être
également progressif, insidieux et se fait par :
- des troubles de l’humeur et de l’affectivité :
hyperémotivité, incontinence émotionnelle, irritabilité
croissante et tristesse morbide.
- des troubles de la psychomotricité : ralentissement
idéomoteur, asthénie, turbulence et parfois stupeur.
Le malade se plaint des céphalées, vertiges ou éblouissements,
insomnies, fatigabilité anormale.
On observe des troubles de la mémoire(notamment une dysmnésie
d’évocation, oubli des faits récents) mais aussi des troubles
de l’attention (difficultés de suivre une conversation,
lenteur des réponses), une désorientation temporo-spaciale.
♦ La période d’état :
Les signes observés sont :
- Une démence lacunaire qui frappe à des degrés variables
les facultés intellectuelles. Les troubles de la mémoires
sont massifs et globaux. Le malade conserve une
conscience partielle de ses troubles.
- L’exagération de l’émotion avec changement rapide de
l’euphorie à l’émotion (labilité émotionnelle).
Des lésions focalisées bilatérales réalisent des tableaux
cliniques particuliers :
- Le syndrome de Korsakoff (atteinte du système
hippocampo-maxillo thalamique).

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- La démence thalamique avec inertie, amimie,


aspontanéité, troubles
mnésiques (atteinte bithalamique avec destruction
des formations médianes).
- Le syndrome frontal (thrombose carotidienne
bilatérale).
L’examen somatique s’oriente à la recherche d’une HTA et des
troubles visuels, l’hémianopsie latérale homonyme et la
lenteur des réflexes pupillaires. L’examen neurologique peut
montrer des symptômes parkinsonniens, des symptômes
vestibulaires et cérébelleux, les signes pyramidaux et le
syndrome aphaso-apraxo-agnosique.

Evolution
Elle se caractérise par l’aggravation par à coup successif, la
conscience du déficit longtemps conservée, la fréquence des
troubles thymiques à type de dysphorie anxieuse avec
irritabilité et parfois idées délirantes de préjudice ou de
jalousie, la survenue d’épisodes confusionnels transitoires.

Paraclinique (cfr. supra)

Diagnostique différentiel
- La démence d’Alzheimer.
- La paralysie générale
- Les tumeurs cérébrales postérieures.
- La démence sénile.

C. La démence sénile.

Elle débute après 70 ans et se caractérise par un


affaiblissement global commençant par des altérations de la
mémoire et du caractère. La maladie est plus fréquente dans
le sexe féminin. Il semble exister une prédisposition
héréditaire.

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Anatomopathologie
On a une atrophie corticale d’intensité variable à
prédominance temporo-frontale. Les lésions histologiques
ressemblent à celles de la maladie d’Alzheimer, mais en
diffèrent par leur répartition. Au niveau du cortex on ne
trouve que des plaques séniles et en moindre quantité.
L’association plaques séniles, dégénérescence neurofibrillaire
et granulovacuolaire ne s’observe qu’au niveau des cornes
d’Ammon.

Les signes cliniques


♦ Le début :
Il est souvent insidieux par les troubles de la mémoire, des
oublis perturbant la vie quotidienne, une négligence dans la
mise ou la ténue du ménage. Parfois le début est brutal à
l’occasion de deuil, d’une hospitalisation ou d’un
déménagement.
Le début peut aussi se marquer par un accès psychotique aigu :
un état d’agitation, des troubles confusionnels, une
dépression anxieuse, des actes médico-légaux (incendies par
oubli et inconscience, vol d’aliments, outrage public à la
pudeur).
♦ La période d’état :
Le malade non hospitalisé est sale, négligent et malodorant.
La perte de la coquetterie chez la femme est un excellent
critère. Le malade est turbulent et ne peut rester sur place.
Parfois il est immobile et prostré avec indifférence totale et
gâtisme. Le syndrome démentiel montre :
- Les troubles de l’humeur et de l’affectivité : jovialité,
béatitude, parfois stupeur, dépression, impulsivité,
colère à l’occasion des motifs futiles, indifférence
affective totale.

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- Des troubles psychomoteurs : agitations, hyperactivité


brouillonne, parfois fugues et errances souvent
amnésiques.
- Des troubles intellectuels : les troubles de la mémoire :
amnésie des faits récents avec conservation relative des
faits anciens, parfois amnésie globale des faits récents
et anciens.
- Des troubles de l’attention : aprosexie portant sur
l’attention spontanée et l’attention volontaire.
- La désorientation temporospatiale.
- Les troubles de l’intelligence, du jugement et du
raisonnement : notamment perte de l’autocritique,
raisonnement disloqué, absence de compréhension des
situations vitales.
- Les manifestations mentales psychotiques : épisodes
hallucinatoires et délirants avec des idées de persécution
et de préjudice.
L’état général est longtemps conservé, mais on observe des
insomnies, une augmentation de l’appétit, rarement anorexie,
des troubles de la régulation thermique et parfois le gâtisme.

L’évolution
Elle se fait vers un état de cachexie grabataire et se termine
vers la mort.

Le diagnostic différentiel
♦ La confusion mentale du vieillard.
o L’état dépressif du vieillard (mélancolie du vieillard).
La démence sénile pure ne représente que 30% des démences de
la sénilité, 30% sont des démences artériopathiques et 40% des
démences mixtes, dégénératives et vasculaires.

Le traitement des démences


- Traitement général :

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- Les soins de nursing : l’hygiène générale pour


retarder l’apparition de la cachexie et des escarres
- Des sédatifs en cas d’agitation : les doses doivent
tenir compte de l’état physiologique du malade,
- la réhydratation et de préférence per os,
- Les médicaments anabolisants et les vasodilatateurs
cérébraux.
- Traitement spécifique : traitement de l’artériosclérose
- Classement : en milieu familial ou dans un hôpital
psychiatrique, habituellement, l’hospitalisation est
rarement nécessaire.

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VII. LES AFFECTIONS NEUROPSYCHIATRIQUES

Ce sont des maladies à substratum d’organicité et qui


s’accompagnent des troubles psychiatriques. Les plus
importantes sont :
- La psychose traumatique ;
- L’alcoolisme et les autres toxicomanies ;
- L'épilepsie ;
- Les tumeurs cérébrales ;
- La neurosyphilis.

1. Les généralités

L’organicité des troubles mentaux induit une symptomatologie


appelée syndrome psycho-organique ou psychosyndrome organique.
Ce syndrome peut s’installer de manière bruyante s’apparentant
alors aux réactions exogènes aiguës. Un certain nombre des
critères sont indispensables pour affirmer l’organicité des
troubles mentaux :
- Le rapport chronologique entre les deux types des troubles
psychiques et somatiques ;
- La rupture avec la personnalité antérieure dans le
comportement du malade ;
- La parallélisme dans l’évolution des troubles somatiques
et psychiques ;
- La constatation des troubles somatiques importants.
Le psychosyndrome organique dépend également de plusieurs
facteurs :
a. L’âge du début : s’il débute à 5 ans, il prend l’allure
d’une arriération mentale et à 20 ans, il prend l’allure
d’un syndrome hébéphréniforme.
b. La nature du processus lésionnel : ex, le délire
mégalomaniaque s’observe dans la paralysie générale. Les
préoccupations religieuses et humanitaires s’observent dans

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certains cas d’épilepsie. Les épisodes dépressives et des


idées de préjudice s’observent dans la psychose traumatique.
c. La personnalité préexistante (antérieure).

Les signes cliniques


Le psychosyndrome organique comprend :
1. Les troubles des l’humeur et de l’affectivité : tristesse
morbide, parfois euphorie, irritabilité, troubles de
caractère, incontinence émotionnelle et instabilité de
l’humeur.
2. Les troubles psychomoteurs : tendance à l’impulsivité, à la
persévération et à l’obstination, grande fréquence de
raideurs musculaires qui entravent l’agilité et la dextérité
du mouvement.
3. Les troubles intellectuels : c’est la symptomatologie
majeure :
♦ Les troubles de la mémoire : dysmnésie d’évocation qui
gène le malade dans sa vie quotidienne. Il oublie les
noms propres, la date des petits événements, il a une
amnésie de fixation mais les souvenirs anciens et les
acquisitions scolaires sont bien conservées.
♦ L’attention est flottante, labile, avec difficulté de
maintenir l’effort entrepris et fatigabilité excessive du
cerveau (conversations prolongées, travail inhabituel,
lecture d’un texte difficile). Parfois il y a aprosexie
et difficulté extrême à fixer l’attention.
♦ La bradypsychie : ralentissement des opérations
intellectuelles avec absence de fluidité mentale, lenteur
de réponse qui s’accompagne souvent d’une persévération
dans les idées.
♦ La limitation des opérations intellectuelles :
essentiellement la perte de l’attitude catégorielle,
c’est à dire les difficultés de l’abstraction, de la
formation des concepts généraux et hiérarchisés,
l’impossibilité d’opérer une synthèse, de catégoriser les

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événements, de passer de l’attitude complète à l’attitude


abstraite.
4. Les troubles somatiques ; les troubles neurovégétatifs avec
instabilité du pouls et de la TA, accès hyperthermique,
algies diffuse et autres signes en rapport avec l’affection
cérébrale.

2. La psychose traumatique
Synonyme : complications psychiques des traumatismes
crâniens

Définition
Il s’agit des syndromes mentaux psychotiques consécutifs à un
traumatisme crânio-encéphalique. Les complications psychiques
du traumatisme crânien sont des trois ordres :
- Les états déficitaires à substratum organique dont les
observations se sont multipliées depuis que les techniques
de réanimation ont permis la survie des traumatisés très
gravement atteints.
- Les syndromes post-commotionnels (syndromes subjectifs des
traumatisés du crâne) très fréquents : il s’agit des cas
pathologiques où s’intriguent des lésions organiques,
psychologiques et socio-économiques.
- Les névroses post-traumatiques : à la faveur d’un
bouleversement émotionnel provoqué par un traumatisme
généralement mineur. La personnalité se réorganise sur un
mode névrotique et se fixe dans des attitudes
pathologiques de régression et de dépendance.

Etiologie
♦ La contusion cérébrale par traumatisme direct ;
♦ La contusion commotion cérébrale lorsque le choc
émotionnel est exclusif ou prévalant au cours des
déflagrations à distance.

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Les manifestations mentales de la psychose traumatique


Elles sont variables et dépendent de :
- l’époque d’apparition : Les manifestations peuvent être
immédiates, précoces ou tardives.
- l’âge et le sexe : Le jeune enfant sera atteint
d’arriération mentale s’il a été victime d’un traumatisme
néonatal grave.

A. La psychose traumatique aiguë immédiate


Il s’agit des troubles neuropsychiatriques qui se déclarent au
moment de l’accident ou dans les jours qui les suivent. Ces
troubles peuvent apparaître avec ou sans fracture du crâne.

Modes de début :
Le début peut être rapide : l’état confusionnel survient
aussitôt après l’accident et peut aboutir au coma en quelques
heures.
Le début peut être retardé : en dehors de la perte de la
connaissance immédiate et généralement transitoire, l’état
confusionnel s’installe progressivement après un intervalle
libre de deux à quatre jours en moyenne.

Période d’état :
Les manifestations qui se trouvent réalisées soit d’emblée,
soit après coma, soit à la suite d’un intervalle libre de
quelques jours, sont caractérisées par un syndrome
confusionnel. Il peut s’agir de :
♦ Un état confusionnel stuporeux : le malade présente un état
confusionnel simple. Il est prostré, se plaint des
céphalées. Il a l’air hébété, il répond avec lenteur aux
questions, est désorienté dans le temps et dans l’espace. Il
existe, dans les cas graves, un état de sidération
intellectuelle très grave et s’apparentant à un état
subcomateux.

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♦ Un état confusionnel agité : il s’agit d’une confusion


mentale au cours de laquelle la perplexité anxieuse,
l’angoisse terrifiante et l’onirisme sont en premier plan.
Il s’agit d’un délire confuso-onirique. On observe de la
turbulence chez le malade, l’agitation désordonnée. Le
malade vit des scènes d’effroi et d’épouvante. Au cours de
l’onirisme de bataille, le blessé revoit des scènes de
combat. Cet état confusionnel peut s’accompagner des
manifestations hystériformes, crises pathétiques, astasie-
abasie, aphonie, et des phénomènes catatoniques.

Evolution
La psychose traumatique aiguë immédiate peut évoluer :
- Soit de manière favorable, vers la régression des symptômes
et la guérison. Le malade cependant, demeure
particulièrement fatigable pendant des semaines ou des mois.
L’amnésie lacunaire de l’accident est fréquente.
- Soit vers des complications neuropsychiques avec des
séquelles plus ou moins graves. Il s’agit alors de la
psychose traumatique tardive.

Examens paracliniques
Radiographies du crâne, EEG, scanner et IRM de la tête

Conduite à tenir
L’état confusionnel est une urgence psychiatrique. Il faudra
traiter l’état de choc traumatique souvent associé. Rechercher
un syndrome d’hypertension intracrânienne probable et dans ce
cas, il faut le transférer en milieu neurochirurgical.

B. Le syndrome subjectif commun de Pierre Marie


Le syndrome subjectif commun post-traumatique apparaît
habituellement au cours des semaines qui suivent l’accident.
Il peut faire suite au syndrome confusionnel initial.

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Clinique
1° Les signes fonctionnels
- Les céphalées localisées au point d’impact ou diffuses
avec sensation de tête lourde : ce sont des céphalées
permanentes ou passagères. Elles sont exagérées par
l’effort intellectuel ou physique, les bruits, la lumière
vive, les secousses brutales et les mouvements de la tête.
Des douleurs à point de départ cervical peuvent s’y
associer.
- L’insomnie et le sommeil agité, peu réparateur: il s’agit
de difficultés d’endormissement avec parfois tendance à la
somnolence diurne.
- Les troubles sensoriels : impression des brouillards
devant les yeux, sensation d’éblouissement, bourdonnement
d’oreilles, hypoacousie.
- Les vertiges ou sensations vertigineuses : elles sont
déclenchées par les changements de position du corps, les
mouvements brusques de la tête.
- L’asthénie physique et psychique ;
- Les troubles sexuels, le plus souvent l’impuissance chez
l’homme ;
- Les perturbations psychologiques notamment :
§ Les troubles de l’humeur et du caractère, impulsivité,
irritabilité, parfois éléments dépressifs : tristesse,
sentiment d’incapacité, idées d’incurabilité,
désintérêt global et apragmatisme.
§ Les troubles intellectuels, notamment le manque de
concentration, aprosexie, fatigue visuelle, dysmnésie
d’évocation. Ainsi le malade renonce à lire, à regarder
la télévision et évite les sorties.
2° Les signes physiques
Les troubles neurovégétatifs : accès de pâleur et de rougeur,
instabilité du pouls et de la pression artérielle,
hypersudation nocturne, bouffées de chaleur, et mydriase.

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Les examens paracliniques


La PL et les examens du LCR, l’EEG et les radiographies, le
Scanner et l’IRM de la tête, l’encéphalographie gazeuse et les
examens psychométriques.

Evolution
Le syndrome évolue en règle vers la guérison en quelques mois,
parfois en un ou deux ans. Cependant, les grandes
complications menacent ces malades traumatisés :
- Les crises d’épilepsie ;
- La démence post-traumatique ;
- Le syndrome parkinsonnien post-traumatique.

C. La psychose traumatique tardive


Il s’agit des complications fréquentes des traumatismes
crâniens.

a. L’épilepsie :
Il peut être une épilepsie généralisée ou partielle de type
bravais-jacksonnien en rapport avec un foyer irritatif
cortical. Les séquelles lésionnelles de la paroi interne de la
boite crânienne sont particulièrement épiléptogènes et surtout
les brides cicatricielles. Mais, la contusion-commotion
cérébrale peut être responsable d’une épilepsie généralisée
par atteinte des noyaux gris de la base. L’épilepsie est une
complication surtout des jeunes et survient après une période
de 6-12 mois après les traumatismes.

b. La démence post-traumatique
La démence vraie post-traumatique est une démence dégénérative
atrophique avec rétraction progressive du tissu nerveux et
agrandissement des ventricules cérébraux sous-jacents. La
démence post-traumatique se manifeste par un affaiblissement
intellectuel de degrés variables. On observe notamment :

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- Des troubles de l’humeur avec perturbation de l’équilibre


instinctivo-affectif et incontinence émotionnelle ;
- Des troubles psychomoteurs : le malade est plus souvent
apathique qu’agité. On observe une baisse du rendement
professionnel et de l’asthénie,
- Des troubles intellectuels, notamment les troubles de la
mémoire, de l’attention et de l’attitude catégorielle. Le
malade est souvent inerte, fatigable sans spontanéité.
- Des troubles somatiques, notamment les céphalées, la
bradycardie, les troubles instinctuels : boulimie,
conduites érotiques et possibilité de crises comitiales.

Evolution :
L’évolution est variable. On peut observer surtout chez les
jeunes, une récupération quasi totale. Plus souvent, le
déficit se fixe entraînant un déclassement professionnel et
une invalidité définitive. L’évolution progressive vers une
démence vraie est assez rare. La régression démentielle est
en général moins globale et moins profonde que dans les
démences dégénératives.
La démence vraie post-traumatique se fait en quelques années
vers la cachexie, le marasme et la mort.

c. Le syndrome parkinsonnien
Le malade présente une rigidité des attitudes, de l’amnésie,
une parole explosive et de la dysarthrie. Il marche, le corps
courbé en avant avec augmentation du polygone de sustentation.
Le malade présente aussi des tremblements des extrémités qui
diminuent lors des mouvements mais sont exagérés par le repos
et les émotions. On observe également une hypertonie avec
phénomène de la roue dentée et une hyperréflexie
ostéotendineuse.
Le ‘‘punch-drunk’’ des boxeurs associe un syndrome
d’affaiblissement intellectuel démentiel à un syndrome
parkinsonnien.

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Traitement de la psychose traumatique


- Le médecin doit avoir une attitude rassurante et
compréhensive à l’égard du traumatisé.
- La cure de sommeil : dans les psychoses traumatiques
traînantes
- Les barbituriques (phénobarbital) ;
- Après quelques mois : la rééducation de la mémoire et la
réinsertion sociale ;
- L’interdiction des boissons alcoolisées.

3. L’alcoolisme

L’alcoolisme chronique est un comportement d’un sujet qui a


perdu la volonté de ne pas absorber de manière habituelle des
boissons alcoolisées. Il s’agit la plupart de fois de la
conséquence de l’excès d’apport toxique dans l’organisme.
C’est une complication d’un trouble permanent ou transitoire
de la personnalité. En principe, l’alcoolisme chronique
s’installe après plusieurs années 5-7 ans au moins de
consommation quotidienne de 60-80 g/j d’alcool.

Les facteurs étiologiques


- Les facteurs socioculturels : favorisent les habitudes
d’alcoolisation. Il s’agit notamment de certaines
professions : travailleurs de force, voyageurs, cafetiers,
etc., des groupes sociaux défavorisés sur le plan économique
mais également l’incitation de la publicité, la modicité du
prix de l’alcool, l’attitude tolérante de l’opinion et les
énormes intérêts économiques.
- Les mécanismes psychologiques : conditionnent les conduites
alcooliques : imitation, compensation, dérivation, auto-
agressivité, impulsivité morbide, immaturité, insécurité,
dépendance et intolérance aux frustrations.

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Signes cliniques
(1) L’ivresse simple : On observe une modification de l’humeur
qui devient expansive (euphorie, loquacité insouciante) ou
plus rarement dépressive, mais aussi une baisse de la
vigilance, une modification du comportement avec levée des
inhibitions (propos et gestes inconsidérés), une
incoordination motrice (dysarthrie, démarche ébrieuse,
maladresse des gestes). Avec une alcoolémie de 0,80 g/l et
suivant la tolérance individuelle, l’intoxication reste
infraclinique.
(2) Le coma alcoolique : Il s’observe dans les alcoolémies
dépassant 3 g/l . Il peut s’agir d’un coma sévère avec
hypothermie, dépression respiratoire et tendance au collapsus.
La dose létale se situe entre 4-6 g/l. L’exposition au froid,
le jeûne avant l’absorption d’alcool sont des facteurs
aggravants.
(3) Les états d’ivresse pathologique : Au cours de
l’alcoolisme aigu et chronique, l’ivresse pathologique est
caractérisé par :
- Une évolution prolongée, de 24-48h en moyenne ;
- Un coma habituel en fin de crise ;
- Une amnésie lacunaire de l’accident ;
- Une tendance à la récidive sous une forme identique.
On décrit habituellement 3 états d’ivresse pathologique :
- L’ivresse excito-motrice : Le sujet est pris d’une fureur
agressive et violente sans motif ou par un motif futile. Il
hurle, frappe aveuglement et brise. Après plusieurs heures
d’agitation survient une phase comateuse. Le syndrome
neurovégétatif y est important avec des troubles
respiratoires, de la bradycardie, de l’hypotension, du
tremblement, parfois du collapsus pouvant entraîner la mort.

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- L’ivresse hallucinatoire : Les hallucinations visuelles et


auditives sont prédominantes. Elles sont injurieuses,
dramatiques, génératrices d’angoisse et mêlées à la réalité.
- L’ivresse délirante : On observe des idées délirantes
mégalomaniaques, parfois des idées de jalousie et de
persécution. Le mécanisme du délire est intuitif et
imaginatif.
Les états d’ivresse pathologique se diffèrent quantitativement
de l’ivresse simple. Ils laissent présumer des dispositions
psychoaffectives particulières. Ainsi chez les personnalités
pathologiques, les ivresses peuvent revêtir un caractère
pathologique.

Les perturbations de la personnalité :


L’absorption répétée des boissons alcoolisées entraîne des
modifications profondes de l’attitude psychosociale des
buveurs :
- Les troubles de l’humeur et du caractère : Il existe
généralement d’importantes variations de l’humeur au cours
du nycthémère. Le matin au réveil, l’angoisse est exagérée
par le manque d’alcool. En fin de journée, le buveur peut
devenir agressif et violent. Des visions oniriques
apparaissent le plus souvent à la tombée de la nuit.
- Les troubles psychomoteurs : Allongement du temps de
réaction neuromusculaire aux mouvements, incoordination des
gestes au cours des activités réflexes et volontaires,
tremblement digital.
- Les troubles de l’intellect : L’intelligence, le jugement et
le raisonnement sont longtemps conservés. Le fléchissement
des facultés mentales apparaît assez tardivement. Par contre
la diminution de la volonté, le renforcement de la tendance
morbide (jalousie) et la baisse du sens moral sont très
fréquents. L’attitude vis à vis de la famille est faite des
mépris. Cette attitude s’aggrave par suite du manque
d’autorité consécutif aux situations engendrées par la

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répétition des états d’ivresse. L’alcoolique a un caractère


irritable et instable. Il bat sa femme, maltraite ses
enfants et commet des actes médico-légaux, par ex : vol à
l’étalage, grivèleries d’aliments et de boissons, outrages
aux agent de la force publique. La baisse du sens moral et
l’affaiblissement des activités intellectuelles conduit à la
démence avec comme conséquence, des actes antisociaux
graves : attentats aux mœurs commis sur les membres de sa
famille, homicides.
- Les troubles somatiques : odeur particulière de l’haleine,
faciès congestif, aspect de vieillissement précoce, troubles
digestifs (anorexie, pituites matinales), troubles du
sommeil (cauchemars avec zoopsies et rêves professionnels),
troubles sexuels (impuissance chez l’homme qui est à la base
des idées génératrices de jalousie).
- Les signes neurologiques : tremblement digitolingual, signes
de polynévrite et dans les cas graves, névrite optique
rétrobulbaire chez les alcooliques fumeurs.

Les aspects ou formes cliniques de l’alcoolisme


1. Les alcoolites : représentent 40-50% des alcooliques. Le
sexe masculin est le plus touché. Il s’agit d’une
intoxication essentiellement par le vin, la bière en grande
quantité quotidienne. Le malade a un goût quotidien pour
l’alcool et il boit habituellement en compagnie. Les
ivresses sont exceptionnelles. Le sujet a une tendance à la
dépendance conjugale et à la jalousie avec une sexualité
longtemps normale. Certaines professions sont
habituellement exposées (les ouvriers, les représentants
des brasseries). Le début est habituellement précoce,
l’adolescent apprend à boire en famille, sur le lieu de
travail. Habituellement, il boit sans raison psychologique
apparente, il ne sait pas organiser son loisir. L’évolution
se fait vers une réduction spontanée au début de la
sénescence ou une apparition des complications (atteintes

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hépatodigestives, polynévrites, accidents de sevrage,


évolution vers l’alcoolisme)
2. Les alcooloses ou névroses alcooliques : Elles s’installent
sur un fond de personnalité alcoolique. Elles peuvent être
la seule manifestation apparente de l’état morbide.
L’alcoolisme du névrotique est, le plus souvent à son
début, une crise de décompensation chez le sujet dont les
tendances névrotiques sont latentes. Les alcooloses
s’installent à l’âge moyen de la vie. Leur début est
progressif, plus rarement brutal, et dans ce cas il revêt
une allure réactionnelle. L’évolution immédiate est
favorable mais les rechutes sont fréquentes. Les
complications psychiatriques sont fréquentes. On observe
des troubles graves et précoces du comportement sexuel et
social, et des intervalles libres de plus en plus rares et
de plus en plus brefs.
3. La somalcoolose : c’est l’alcoolisme aigu ou chronique des
psychopathes. L’alcoolisme est contemporain des épisodes
évolutifs de la psychose. Il n’y a pas de choix de l’alcool
ingéré. La répulsion pour l’alcool est rapide et va de pair
avec l’amélioration de l’état mental. Lorsque la tendance à
boire a un caractère nettement périodique, c’est la
dipsomanie.
4. L’alcoolisme féminin : il est souvent dépisté à un stade
avancé de la maladie. Il semble que l’organisme féminin
soit moins résistant à l’alcool, ce qui explique le
caractères de gravité qu’on rencontre dans ce cas.
5. L’alcoolisme symptomatique : la dépendance est ici purement
psychologique, l’alcool apaisant la souffrance psychique et
somatique. L’affection psychiatrique sous-jacente (état
anxieux ou phobique, schizophrénie, psychose maniaco-
dépressive, atteinte cérébrale organique) peut être
longtemps masquée par la conduite alcoolique.
L’amélioration des troubles psychiques peut aller de pair
avec une disparition de l’intoxication, mais dans certains

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cas, la conduite alcoolique persiste pour évoluer vers


l’alcoolose.

Conséquences de l’alcoolisme
- La désorganisation familiale et la désinsertion sociale.
- La surmortalité considérable du fait des complications
viscérales (cardiomyopathie, cirrhose), suicide, accidents.
- Les complications psychiques aiguës et chroniques (troubles
mentaux avec criminalité).

Les complications neuropsychiques de l’alcoolisme chronique

1. Les accidents aigus de sevrage :


- Les tremblements matinaux et le syndrome hyperesthésique-
hyperémotif : Il s’agit des symptômes neuromusculaires
(tremblements, crampes et paresthésies), les symptômes
digestifs (nausées, vomissements, diarrhée), des symptômes
neurovégétatifs (sueurs, tachycardie), associés à des
troubles psychiques (hyperémotivité, inquiétude diffuse,
irritabilité, lacunes amnésiques éphémères). Ces symptômes
apparaissent après une courte période d’abstinence qui peut
ne pas dépasser une nuit. Ils sont calmés par l’ingestion
d’alcool mais apparaissent les matins suivants, avec une
gravité croissante. Ils sont maxima 24-48h après le sevrage
total et persistent quelques jours. L’anxiété, l’insomnie et
les cauchemars peuvent se prolonger 8-15 jours.
- Les crises convulsives généralisées : elles apparaissent en
général dans les 48 premières heures. Elles annoncent
parfois un accident très grave, notamment le delirium
tremens.
- L’hallucinose : c’est un état hallucinatoire survenant sans
troubles de la conscience et sans désorientation. Il s’agit
des hallucinations accoustico-vérbales (des voies connues et
inconnues qui profèrent des menaces et des accusations ou
conversent à propos du malade), des perceptions auditives

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non structurées (cliquetis, ronflements). Parfois l’illusion


et les hallucinations visuelles (ombres inquiétantes, petits
animaux en mouvement). Une vive anxiété accompagne ces
hallucinations qui durent en général une semaine. Ces
expériences délirantes très sensorialisées à recrudescence
nocturne, au cours desquelles les réactions de panique ou de
défense devant des menaces hallucinatoires ne sont pas
rares. On peut observer des formes qui se prolongent
pendant des mois et même se chronicisent (psychose
hallucinatoire chronique alcoolique).
Conduite à tenir : Prescrire les neuroleptiques.
- Le delirium tremens : c’est une psychose alcoolique aiguë
caractérisée par un double syndrome, psychiatrique et
neurologique.
a. Le syndrome psychiatrique :
Il s’agit d’une confusion mentale avec onirisme :
§ L’état confusionnel : il comprend : la perplexité
anxieuse, l’agitation psychomotrice,
l’obscurcissement de la conscience et la
désorientation temporospatiale.
§ L’onirisme ou rêve pathologique : il comporte des
hallucinations surtout visuelles, auditives et
cénesthésiques.
Les hallucinations polysensorielles à prédominance
visuelle s’organisent en scénarios terrifiants ou en
scènes de la vie professionnelle qui se succède et
s’enchevêtre dans une atmosphère pénible de
cauchemars. Des illusions perceptives servent de
supports au délire du rêve : les zones d’ombres
s’animent, le papier mural se tapisse de visage
grimaçant. Des manifestations auditives s’observent :
bruits amplifiés ou transformés en clameur, injures,
menaces de mort, de même des hallucinations
tactiles : toiles d’araignée, vers rampants sous la
peau, grouillement des petits animaux sur le corps.

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L’insomnie est totale, l’agitation est intense,


épuisant le malade. Il existe aussi les
hallucinations suggérées par l’examinateur, des
brèves incursions dans la réalité sur incitation
forte.
Ce délire onirique est terrifiant, zoopsique,
affreux, redoublant d’intensité pendant la pénombre
et intensément vécu qui rend le malade dangereux pour
lui-même et pour l’entourage. Les réactions sont
celles de la peur ou de l’effroi ou au contraire de
l’agressivité acharnée, dirigée contre un
environnement imaginaire. Il s’agit donc d’un
véritable délire aigu.
b. Le syndrome somatique :
- Les signes somatiques : hyperthermie (39-40-41°C),
sueurs intenses, déshydratation, tendance au collapsus
cardio-vasculaire, parfois diarrhées, vomissements.
- Les signes neurologiques : tremblements, dysarthrie,
mouvements anormaux de succion, de mâchonnement,
d’agrippement, incoordination motrice des membres avec
maladresse des gestes, troubles de l’équilibre avec
démarche vacillant, chutes fréquentes dans les formes
sévères, parfois crises convulsives, myosis, aréflexie
achilléenne et hypertonie oppositionnelle. Il n’y a ni
syndrome méningé ni pyramidal.
- Les signes biologiques : troubles hydro-électrolitiques
avec hyperazotémie, baisse du potassium, perturbations
de la fonction hépatique et hypergammaglobulinémie.

Evolution du delirium tremens


Cette maladie est fatale sans traitement dans un tableau de
collapsus, de coma hépatique avec hémorragie digestive,
pneumonie. Avec le traitement, la guérison a lieu en deux à
quatre jours, marquée par la réapparition du sommeil, le
retour au calme et à la lucidité. Il peut subsister après

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l’accès, une amnésie lacunaire et des idées fixes post


oniriques qui peuvent être à l’origine d’un délire chronique
de persécution.

Traitement du delirium tremens


1. Correction des désordres hydro-éléctrolytiques :
réhydratation massive, au moins 3 litres par jour et de
préférence en per os. On donne des bouillons ou du jus de
fruit, les électrolytes (bicarbonate de sodium, chlorure de
sodium, potassium, magnésium).
2. Traitement de l’agitation : isoler le malade sans
contention, dans une chambre éclairée en permanence. Les
tranquillisants injectables : Méprobamate 800 mg en IM
toutes les 4h en réduisant les doses ou Diazépam 20 mg en
IM. Après la cure de dégoût, la prise de Disulfirame (effet
antabuse) peut être prise pendant des mois. L’asthénie et
l’état dépressif sont combattus par les neuro-analeptiques.
3. La vitaminothérapie : B1, B2, B6, B12 et PP. pour prévenir
une encéphalopathie carentielle associée.
4. Les analeptiques cardio-vasculaires ;
5. Prévention et traitement des complications notamment
infectieuses, hépatiques et neurologiques. Dans les cas de
fortes agitations, on peut utiliser les neuroleptiques,
l’halopéridol (Haldol®) en IM, mais il faut éviter les
neuroleptiques hypotenseurs comme le chlorpromazine.
6. Postcure et dépistage : l’abstinence doit être totale et
définitive étant donné l’impossibilité de l’alcoolique à
maîtriser sa consommation. Un soutien psychologique est
nécessaire : entretiens individuels ou groupes
thérapeutiques. Les associations des anciens buveurs jouent
un rôle important dans la postcure.

2. Les complications subaiguës et chroniques


§ Le délire subaigu alcoolique : c’est un délire onirique
subaigu. Le début se fait par des accès nocturnes qui ont

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tendance à devenir continus après quelques jours. Le point


commun avec le delirium tremens est le délire onirique. Mais
il y a une absence d’un syndrome somatique sévère : pas
d’hyperthermie ni des mouvements anormaux. L’évolution est
en général favorable, mais il existe un risque de passage au
delirium tremens. On a signalé la possibilité du passage à
la psychose hallucinatoire chronique.
§ L’encéphalopathie de Gayet-Wernicke : c’est une
encéphalopathie due à la carence en vitamine B1. Le début
est en général progressif et se marque par des troubles
digestifs, des céphalées, des vertiges et un état
subconfusionnel. A la période d’état, on observe un état
confusionnel stuporeux avec parfois des idées délirantes et
des visions oniriques. Sur le plan neurologique, on observe
une paralysie de la sixième paire crânienne et de la
musculature intrinsèque de la pupille (ophtalmoplégie).
L’hypertonie oppositionnelle est inconstante et précoce. Le
réflexe de succion et le grasping reflex sont fréquents :
les signes pyramidaux varient avec le nychtémère et les
convulsions peuvent survenir. L’évolution de cette maladie
est mortelle si on n’administre pas la vitamine B1 1 g/j.
§ L’encéphalopathie hépatique ;
§ Les états démentiels : la démence alcoolique (après
plusieurs années d’intoxication) ;
§ Le syndrome de Korsakoff.

Traitement de l’alcoolisme chronique


1. Faire accepter le traitement : cela est facile lors de la
convalescence d’une complication somatique ou la survenue
des difficultés (perte d’emploi, accident, menace de
divorce). L’attitude du médecin doit être réaliste, sans
rejet ni moralisation mais assez positive pour favoriser la
prise de conscience.
2. La cure de désintoxication : Elle comprend plusieurs
phases :

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- La cure de sevrage ou cure préalable : prescription d’une


vitaminothérapie intensive (B1, B6, PP.,…), une
alcoolothérapie intraveineuse, des neuroleptiques pour
lutter contre la détresse du sevrage, la correction des
perturbations humorales, perfusions, réhydratation de
préférence par la bouche. La contention doit être évitée.
Traitement des complications éventuelles. Durée : 10-15
jours
- La cure de dégoût ou de refus comme technique d’aversion :
on peut utiliser au cours de quelques jours les injections
suivantes :
§ Apomorphine, dont l’effet déplaisant (vomissement)
est associé à l’ingestion des boissons alcoolisées.
§ Le Disulfirame.
Tous ces médicaments entraînent soit un vomissement
d’alcool ingéré soit une sorte de surintoxication dont les
effets sont à l’origine du réflexe conditionnel de dégoût
pour l’alcool. Pendant cette cure, il faut surveiller la
TA et le pouls. Après la cure de refus, la prise de
Disulfirame® (Antabuse) PO pendant des mois est continuée.
L’asthénie et les états dépressifs sont combattus par les
thymo-analeptiques.
- La postcure et le dépistage : L’abstinence totale et
définitive est exigée. Mais étant donnée l’impossibilité
pour l’alcoolique de maîtriser sa consommation, un soutien
psychologique est nécessaire : entretiens individuels ou
groupes thérapeutiques. Des tranquillisants et des
antidépresseurs à petites doses peuvent être utiles pour
lutter contre l’anxiété et l’asthénie fréquentes en
postcure. Pas de barbituriques ni d’IMAO.
3. L’hospitalisation est nécessaire pour bien mener cette cure
de désintoxication. Les résultats de désintoxication ne
peuvent être appréciés qu’après plusieurs années. Les
éléments du bon pronostic sont :
- L’âge : meilleur pronostic avant 40 ans ;

©Librifac 175
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- La bonne insertion professionnelle ;


- L’implication positive de la famille et la participation à
un groupe d’anciens buveurs.

4. L’épilepsie

C’est une affection neuropsychiatrique caractérisée par des


paroxysmes. Il existe plusieurs formes cliniques :
- le grand mal épileptique,
- le petit mal épileptique,
- les épilepsies localisées.

Les troubles mentaux de l’épilepsie s’observent dans les


formes suivantes :

1) Les crises sensorielles

Ces crises se manifestent essentiellement par des


hallucinations visuelles, rarement par des hallucinations
olfactives et gustatives à tonalité agréable et désagréable.
Les hallucinations visuelles se limitent au champ visuel. Le
malade a conscience de leur caractère anormal et peut les
décrire. Leur souvenir subsiste généralement. La durée de la
crise est brève, mais semble prolongée pour le malade. Le
point de départ de ces hallucinations visuelles est le lobe
occipital. Les hallucinations auditives lorsqu’elles existent
sont élémentaires (son de cloche, bruits, bourdonnements).
Elles ont pour point de départ le lobe temporal.

2) Les crises psychomotrices et psychiques

Ces sont des crises d’épilepsie temporale ou rhinencéphalique.


Les crises d’épilepsie psychique revêtent un caractère
paroxystique. Elles sont généralement brèves, leur début est
brutal et leur terminaison est en principe brusque. Elles

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peuvent être totalement ou partiellement amnésiques. Ex. le


malade se souvient de leur début et non de leur terminaison.
Ces crises sont stéréotypées : dans l’ensemble, un même malade
fera pratiquement toujours le même type d’accident.
On décrit habituellement deux formes d’épilepsie
psychomotrice :
§ Les états de dreamy-state ou états crépusculaires :
Ce sont des états de rêve où prédominent les troubles de la
conscience. Au cours des ces états, le malade ressent des
impressions bizarres. Il croit qu’on lui impose des idées,
qu’on le force à penser, et en même temps il éprouve un
sentiment d’étrangeté, de dédoublement de sa personnalité.
Le malade ne reconnaît pas ce qui se passe autour de lui.
Les états de dreamy-state peuvent s’accompagner des fugues.
Celles-ci sont particulièrement impulsives et amnésiques et
peuvent durer quelques heures à plusieurs jours. Ce sont des
voyageurs sans bagage que l’on retrouve loin de leur
domicile et se demandant comment ils sont arrivés là. Les
états de dreamy-state peuvent s’accompagner d’onirisme et
des troubles thymiques au cours desquelles le malade a des
colères clastiques très violentes.
§ Les impulsions épileptiques :
Ce sont les raptus épileptiques de caractère brusque et
imprévisible, stéréotypé commis avec acharnement de l’acte.
Ces raptus peuvent être auto-agréssifs soit hétéro-agrésifs.
- Les raptus auto-agressifs : il peut s’agir d’un suicide
que rien ne laisse prévoir, soudain et brutal avec
souvent un caractère de sauvagerie. Si le malade manque
son suicide, il ne se souvient pas : c’est un suicide
amnésique.
- Les raptus hétéro-agressifs : il peut s’agir d’un acte
meurtrier commis sur n’importe quelle personne avec une
sauvagerie extrême et un acharnement sur le cadavre. Le
malade ne se souvient pas de ce qui se passe ou a très
rapidement oublié : amnésie retardée de la crise.

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3) Les états épileptiques intercritiques

Au cours des ces états, les troubles mentaux revêtent une


allure chronique. Il existe des perturbations de la
personnalité et des manifestations psychiatriques aiguës
peuvent apparaître dans l’intervalle des crises et même s’y
rapporter.
- Les épisodes de comportement anormal.
Durée limitée : quelques heures à quelques jours. Début et
fin brutaux. La persistance d’automatisme élaboré permet une
activité complexe : déambulation cordonnée, actes
professionnels ou de la vie courante, prise de transport.
L’entourage remarque cependant le caractère inadapté et de
survenue de certains actes, le regard vague du patient, ses
réponses évasives, ses propos itératifs. L’amnésie de
l’épisode est totale ou parcellaire avec îlots de souvenir
assez confus. La fugue épileptique, l’automatisme
ambulatoire et gestuel prolongé avec un comportement
grossièrement normal plus ou moins totalement amnésique, est
exceptionnelle.
- Les troubles mentaux aigus :
Il s’agit d’un état confusionnel agité, avec onirisme
entrecoupé d’accès de fureur impulsive.
L’état confusionnel peut être une confusion anxieuse ou
agitée, un état stuporeux, un état confuso-onirique avec des
scènes macabres ou terrifiantes, hallucinations acoustico-
verbales, thèmes de persécution, de mort, d’auto-accusation,
thèmes mystiques. Le début de la confusion mentale est
brutal, sa durée peut être de trois à quatre jours au cours
de laquelle le malade est très dangereux et doit être
étroitement surveillé. L’accès confusionnel peut survenir
immédiatement après une crise, le plus souvent c’est une
épilepsie généralisée qui met fin à l’accès. Il peut

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également s’agir des états confusodélirants subaigus avec


des thèmes mystiques et de culpabilité.
- La modification de la personnalité :
Il s’agit habituellement d’un sujet au biotype épileptique
ayant une prédilection d’adhérence au concret, une tendance
à la persévération, c’est à dire à la stagnation de la
pensée sur un thème donné avec difficulté de s'en détacher.
Ce qui prédomine, c’est l’instabilité caractérielle, son
humeur est très variable avec tendance aux impulsions ou aux
manifestations explosives. Il passe de la joie exagérée à
la dépression. Il est facilement clastique : il brise les
objets au cours de la colère. Sur le plan intellectuel, on
observe un ralentissement de la pensée et de l’activité de
la synthèse psychique. Au fur et à mesure que le malade
avance en âge, il sombre dans un état de détérioration
épileptique. On peut observer d’un part l’impulsivité et
d’autre part la désorganisation de l’activité intellectuelle
avec des grands troubles de la mémoire aboutissant à la
bradypsychie et à un état d’hébétude stuporeuse.

5. La paralysie générale

C’est une affection neuropsychiatrique due à une méningo-


encéphalite provoquée par Treponema pallidum. Classiquement la
paralysie générale évolue en plusieurs phases :
- Une phase préclinique décelée uniquement par l’examen
sérologique ;
- Une période de début très polymorphe qui peut être faite
d’excitation intellectuelle, d’accès dépressif, d’épisode
d’allure psychasthénique et d’accès confusionnel.
- Une période d’état marquée par :
§ des troubles de l’humeur à tonalité euphorique ;
§ un état d’affaiblissement démentiel accompagné d’un
délire de grandeur ;
§ un syndrome parétique généralisé ;

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- Une phase terminale caractérisée par une démence confirmée


qui aboutit à la cachexie et au marasme.

Modes de début de la maladie


Il y a deux possibilités :
1. Le début par une hyperactivité psychomotrice : L’activité
du malade est débordante avec apparition soudaine d’une
exaltation dans tous les domaines : moteur, intellectuel
affectif. C’est une phase où on observe des idées
délirantes surprenantes, mégalomaniaques et absurdes
exprimées dans l’insouciance et l’euphorie niaise. Le mode
de début peut se manifester par une activité médico-légale
marquée par : le vol, les attentats aux mœurs, l’outrage à
agents, etc. On peut observer un accès confusionnel avec
désorientation temporo-spatiale et fabulation.
2. Le début par la basse de l’activité : Il s’agit d’un sujet
chez qui le rendement professionnel diminue progressivement.
Il commet des erreurs grossières, néglige ses affaires, se
plaint d’asthénie physique et psychique. Il a des céphalées,
des douleurs rachidiennes et lombo-sacrées. On observe aussi
un affaiblissement intellectuel sous-jacent. Le malade
présente une dyskinésie, une aprosexie et une baisse de
jugement et de raisonnement, bref une déficience du
raisonnement mental. On observe également des troubles de
l’humeur à type de tristesse rarement de gaieté exagérée. La
rupture avec la personnalité antérieure est toujours
manifeste.

Période d’état
a. La présentation du malade :
Le visage est figé, inerte, hébété, brouillé comme le visage
au réveil. On note un tremblement fin des muscles de la
mimique et de la langue, des trémulations péri-buccales et
des mouvements de mâchonnement des lèvres. Ex. la langue est
animée des mouvements de va et vient. La vêture négligée, le

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faciès congestif. la dysarthrie est présente. La parole est


embarrassée, hésitante. La démarche incertaine et à la
longue le malade ne peut pas se mettre débout.
b. Les troubles de l’humeur :
Il y a une hyperthymie. Le malade est bouffon, insouciant et
présente une labilité émotionnelle (il passe facilement de
l’euphorie aux larmes et inversement). Il existe une
possibilité de colères soudaines et violentes. Le malade est
indifférent vis-à-vis de lui-même et de son entourage. Son
inefficacité s’accompagne d’une libération des instincts,
gloutonnerie et exhibitionnisme.
c. Les troubles intellectuels :
§ Il s’agit d’un état démentiel et des bouffées délirantes
incohérentes et absurdes.
§ L’attention diminue (aprosexie) de même que la
compréhension du langage d’où des réponses de travers aux
questions posées.
§ Les troubles de la mémoire sont précoces : amnésie
lacunaire touchant à la fois les faits anciens et
récents. Il s’agit d’une dysmnésie ou d’une amnésie
totale de fixation.
§ Les troubles de la pensée : l’association des idées est
superficielle. Il y a un ralentissement du cours de la
pensée et une réduction du champ de la pensée. Le malade
emploie des périphrases ou de mots stéréotypés pour
désigner les objets.
§ Les troubles du langage : dysarthrie est manifeste.
L’écriture est hésitante mal formée ;
§ Les troubles du jugement et du raisonnement sont énormes
avec perte de l’autocritique, abolition du sens des
valeurs morales et humaines.
d. Les idées délirantes :
Ce sont :
- des idées de grandeur ou idées mégalomaniaques. Ces idées
sont incohérentes et absurdes.

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- des idées hypochondriaques ou idées délirantes de négation


d’organes, idée d’immortalité et de toute puissance.
- des idées de jalousie.
Ces idées délirantes sont multiples, mobiles, absurdes et
contradictoires, sans systématisation. Des réactions
antisociales très graves peuvent en découler.
e. Les signes somatiques :
- Le signe d’Argyll-Robertson,
- La diminution de la force neuromusculaire, c’est un
syndrome parétique généralisé accompagné des tremblements.
- L’hyperefléxie ostéotendineuse, avec parfois à la phase
terminale un syndrome pyramidal et un signe de Babinski.

Evolution
La maladie évolue vers l’incontinence, l’impotence, la
cachexie et la mort par pneumonie de déglutition ou
surinfection des escarres.

6. Les tumeurs cérébrales

Au cours de l’évolution des tumeurs cérébrales on observe


fréquemment des perturbations psychiques. Les troubles mentaux
le plus fréquemment observés sont :
- Les troubles de la conscience à type de confusion mentale
plus ou moins profonde associée ou non aux signes de HIC.
On observe parfois une bradypsychie avec indifférence,
inertie, contact lointain.
- Un affaiblissement intellectuel global qui aboutit plus ou
moins à un tableau démentiel ou confuso-démentiel. Parfois
on observe un aphasie amnésique, une amnésie de fixation,
voir un syndrome de Korsakoff.
- Un état akinétique associé ou non à des troubles de la
conscience : perte d’initiative, inexpressibilité
émotionnelle, ralentissement de l’activité pouvant aller
jusqu’à l’inertie totale avec mutisme.

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- Les modifications de la personnalité : troubles


carentiels, hyperémotivité ou au contraire indifférence
affective.
- Les troubles de l’humeur : un état dépressif avec asthénie
et aboulie, une excitation euphorique parfois avec
agressivité.
- Des phénomènes paroxystiques de grande valeur
localisatrice :
§ Crises hallucinatoires, visuelles, auditives,
olfactives, survenant comme auras ou comme équivalent
d’une crise épileptique.
§ Altérations paroxystiques de la conscience : états
crépusculaires, états de rêve pathologique associés à
une expérience hallucinatoire, automatismes
psychomoteurs. Etant donné l’extension de la tumeur,
son retentissement à distance, parfois l’HIC, la valeur
localisatrice des troubles psychiques n’est
qu’approximative.

Les troubles psychiques en fonction du siège tumoral :

• Les tumeurs frontales :


A part les signes neurologiques qu’on peut rencontrer
(phénomène de préhension forcée, persévérations motrice,
syndrome oculomoteur et visuel, atteinte discrète de la
langue, crises épileptiques …).
Les signes psychiatriques suivants sont observés :
- Une réduction croissante de l’activité motrice et du
langage parfois, mutisme akinétique.
- Des troubles de l’attention et de la mémoire des faits
récents, un ralentissement idéique avec distractibilité.
- Une désinhibition des conduites instinctiulles en public,
boulimie, exaltation sexuelle.
- Des troubles de l’humeur et spécialement une euphorie
niaise et insouciante évoluant sur un fond d’apathie et

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d’indifférence ou s’accompagnant d’une subexcitation


puérile, facétieuse et caustique (moria). Certaines
tumeurs frontocalleuses ont une évolution démentielle
rapide.

• Les tumeurs temporales :


La sémiologie est dominée par :
- Des troubles paroxystiques : crises d’épilepsies
généralisées ou focalisées.
- Des états de rêves, des crises olfactives et
psychomotrices, des troubles paroxystiques du langage en
cas de tumeur de l’hémisphère dominant.
- Des tableaux mélancoliques ou schizophréniformes ou des
troubles comportementaux (rage, hypersexualité).
- Seulement un syndrome dépressif ou pseudonévrotique. Les
tumeurs temporales gauches s’accompagnent rapidement des
troubles aphasiques.

• Les tumeurs pariétales :


Elles s’accompagnent des troubles du schéma corporel et des
troubles apraxo-agnosiques (lésion à droite) ou aphaso-
apraxiques (lésion à gauche).

• Les tumeurs occipitales :


Elles peuvent donner lieu à des troubles mnésiques et à un
état confusionnel (ces signes sont peu spécifiques), et des
hallucinations visuelles élémentaires à grande valeur
localisatrice (lueurs, éclairs, couleurs se projetant dans un
hémichamp ou dans tout le champ visuel).

• Les tumeurs thalamiques :


Elles entraînent des troubles psychiques révélateurs tels
que : un mutisme akinétique, un pseudo-syndrome de Korsakoff,
un tableau démentiel marqué parfois par des hallucinations
visuelles (hallucinose pédonculaire) : défilé d’animaux, des

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personnages ou d’objet coloré et mobile que le sujet contemple


avec curiosité et plaisir, survenant surtout au crépuscule et
s’accompagnant des troubles plus ou moins de la conscience.

• Les tumeurs du troisième ventricule et de l’hypothalamus :


Elles peuvent s’accompagner d’une boulimie, d’une polydipsie,
d’une hypersexualité, des troubles mnésiques, voire des
tableaux schizophréniformes fluctuants.

• Les tumeurs de la fosse postérieure :


Elles entraînent des troubles psychiques liés à
l’hypertension intracrânienne.

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