Chapitre 1 Impact Environnemental Des Matériaux2

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 16

U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

Chapitre I : Impact environnemental des matériaux


I.A. Introduction
Comment préserver l’environnement en choisissant les matériaux nécessaire à la
réalisation d’objets ?
L'impact environnemental des matériaux concerne les effets négatifs qu'ils exercent
sur les écosystèmes, les ressources naturelles et la biodiversité. Ce chapitre aborde
l'empreinte écologique des matériaux tout au long de leur cycle de vie, de l'extraction
des matières premières à leur élimination.

I.A.1. Définition de l'empreinte écologique des matériaux :


L'empreinte écologique des matériaux est une mesure quantitative de l'impact
environnemental généré par leur extraction, leur production, leur utilisation et leur fin
de vie (recyclage ou élimination). Cela inclut la consommation de ressources
naturelles (eau, énergie, matières premières) et la production de polluants (CO₂,
déchets solides, substances toxiques). Elle s'exprime souvent en termes de
consommation d'énergie, d'émissions de gaz à effet de serre (GES), et de perturbation
des écosystèmes.

 Famille des matériaux métalliques


Les matériaux métalliques regroupent des métaux comme l’acier, l’aluminium, le
cuivre,…etc.
Exemple :

Lithium cuivre mine à ciel ouvert


L’utilisation des métaux dans les mines épuise les ressources naturelles qui sont en
quantité limitée et non renouvelable.

Matériaux et environnement Page 1


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

 Empreinte environnementale :
 Extraction : L'extraction des minerais métalliques (comme le fer, le cuivre, ou le
bauxite) entraîne une dégradation des sols, une perte de biodiversité et une pollution
des eaux (drainage minier acide).
 Transformation : La métallurgie (notamment pour l'acier et l'aluminium) est
énergivore, dépendante des combustibles fossiles, et émet des gaz à effet de serre
(GES), notamment du CO₂.
 Fin de vie : Les métaux sont généralement recyclables, ce qui réduit leur empreinte
sur le long terme. L'acier et l'aluminium, par exemple, peuvent être réutilisés
indéfiniment, mais leur collecte et traitement nécessitent de l'énergie.

 Impact écologique :
 Pollution des sols et des eaux : L'exploitation minière produit des résidus toxiques.
 Consommation d’énergie : La production de métaux comme l’aluminium est
extrêmement énergivore (réduction électrolytique).
 Déchets miniers : L'exploitation entraîne la création de grands volumes de résidus
toxiques.

 Famille des matériaux organiques


Ces matériaux incluent des polymères (plastiques), des composites à base de
carbone, et des matériaux d'origine naturelle (bois, fibres naturelles).
Exemple 1:

Planche de bois Déforéstation


L’utilisation intensive du bois dégrade les forêts et a des conséquences sur les
dérèglement climatique

Matériaux et environnement Page 2


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

Exemple 2:

Plastique Forage de pétrole

L’extraction du pétrole utilisé dans la fabrication du plastique, épuise une ressource


naturelle non renouvelable.
 Empreinte environnementale :
 Production : Les polymères synthétiques (comme le plastique) sont fabriqués à
partir de dérivés du pétrole. Leur production contribue aux émissions de CO₂ et à
l'épuisement des ressources fossiles. Cependant, les matériaux organiques d'origine
naturelle (comme le bois) ont une empreinte plus faible, surtout s'ils sont issus de
forêts gérées durablement.
 Dégradation : Les plastiques peuvent mettre des centaines d'années à se dégrader,
contribuant à la pollution des sols et des océans. En revanche, les matériaux
organiques naturels sont biodégradables, mais leur transformation peut entraîner des
émissions de GES.
 Recyclage : Le recyclage des plastiques est souvent difficile et coûteux, car la
qualité du matériau diminue à chaque cycle de recyclage. Certains bioplastiques
sont biodégradables, mais leur utilisation est encore marginale.

 Impact écologique :
 Pollution marine : Les déchets plastiques ont un impact majeur sur les écosystèmes
marins et la faune.
 Emissions toxiques : L'incinération des plastiques libère des composés toxiques.
 Déforestation : La surexploitation du bois et des fibres naturelles peut contribuer à
la déforestation et à la perte de biodiversité.

Matériaux et environnement Page 3


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

 Famille des matériaux inorganiques


Les matériaux inorganiques incluent les céramiques, le verre, le béton, et les
minéraux non métalliques.

Figure 1: impacts environnementaux et écologiques des matériaux inorganiques sur les


activités d'extraction, de production et de gestion des déchets.

 Empreinte environnementale :
 Extraction : La production de béton et de verre dépend de l'extraction de matières
premières comme le sable, l’argile, et le calcaire, ce qui entraîne des impacts
environnementaux (érosion, perturbation des habitats naturels).
 Production : La production du ciment (composant principal du béton) est
responsable d’environ 8 % des émissions mondiales de CO₂. La fabrication de verre
demande également une quantité importante d’énergie.
 Durabilité : Les matériaux comme le béton sont très durables, mais non recyclables
en grande quantité. Le recyclage des céramiques et du verre est possible, bien que
coûteux en énergie.

 Impact écologique :
 Émissions de GES : La production de ciment génère une grande quantité de CO₂.
 Extraction intensive : L'extraction des matières premières peut perturber les
écosystèmes locaux et contribuer à la destruction de paysages.
 Résidus : Les déchets issus des matériaux inorganiques sont souvent difficiles à
gérer, bien qu’ils soient moins toxiques que les déchets organiques.

Matériaux et environnement Page 4


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

I.A.2. Analyse des impacts sur les écosystèmes, les ressources et la biodiversité :
Les matériaux peuvent avoir des effets directs et indirects sur les écosystèmes. Par
exemple, l'extraction de minéraux peut causer la destruction des habitats naturels, la
pollution de l'eau et des sols, et la déforestation. Les ressources naturelles non
renouvelables, comme les métaux rares ou les combustibles fossiles, sont épuisées à
des taux insoutenables. La biodiversité est également menacée, car la pollution et
l'exploitation des terres perturbent les cycles naturels.

Figure 2 : Impact de déforestation, d'activités minières et de pollution, ainsi que leurs effets
sur la faune et la flore.

I.A.3. Cas d'études sur les matériaux à forte empreinte environnementale :


Certaines catégories de matériaux comme les plastiques (issus du pétrole), le béton
(qui utilise du ciment à haute empreinte carbone) et certains métaux (aluminium,
cuivre) ont des empreintes environnementales très élevées. Par exemple, le béton est
responsable d’environ 8 % des émissions mondiales de CO₂, tandis que les plastiques
sont une source majeure de pollution des océans.

Matériaux et environnement Page 5


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

Figure 3: Production mondiale de plastiques

I.B. Coût en énergie des matériaux


La production, l'extraction et le transport des matériaux nécessitent une quantité
significative d'énergie. Cette partie analyse la consommation énergétique associée aux
matériaux, ainsi que les différences entre les énergies renouvelables et non
renouvelables.
I.B.1. Consommation énergétique dans l'extraction, la production et le transport :
Chaque étape du cycle de vie d’un matériau requiert de l'énergie. L'extraction minière
ou forestière, la transformation (fusion, synthèse chimique, etc.), le transport vers les
sites de transformation ou de consommation, et enfin la gestion des déchets (recyclage
ou élimination) nécessitent des quantités d’énergie variables selon le matériau. Par
exemple, la production d'acier et d'aluminium est particulièrement énergivore.
1. Extraction de ressources
L'extraction de matières premières (comme le pétrole, le gaz naturel, le charbon, et les
minéraux) est très énergivore, car elle nécessite une mobilisation d'équipements lourds
et des infrastructures complexes.
 Pétrole et gaz : L'extraction de pétrole et de gaz, en particulier dans des zones
offshore ou difficiles d'accès, nécessite une énergie considérable pour le forage, la
compression et la gestion des pipelines. Les plateformes de forage, les pompes et
les équipements de fracturation hydraulique fonctionnent souvent grâce à des
combustibles fossiles.
 Charbon : L'extraction du charbon, qu'il soit en surface ou souterrain, mobilise des
équipements lourds, des camions, et des machines consommant de grandes
quantités de carburant.

Matériaux et environnement Page 6


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

 Minéraux et métaux : L'extraction des minéraux, comme le fer, le cuivre, et le


lithium, consomme beaucoup d'énergie, notamment via l’utilisation de grosses
machines et des procédés d’extraction complexes (comme la lixiviation ou la
flottation).
2. Production et transformation
La production et la transformation des matières premières en produits finis ou semi-
finis nécessitent également beaucoup d’énergie.
 Production d'électricité : Les centrales à charbon, à gaz, et nucléaires nécessitent
des quantités massives d’énergie pour produire de l'électricité. Les énergies
renouvelables (solaire, éolienne, hydraulique) sont plus efficaces à cet égard, mais
elles impliquent des investissements énergétiques dans la fabrication des panneaux
solaires, des éoliennes ou des barrages.
 Industries lourdes : La production d'acier, de ciment, de verre, et de produits
chimiques est parmi les industries les plus énergivores. Par exemple, la production
d'acier consomme environ 1,4 tonne d'énergie primaire pour produire une tonne
d'acier.
 Industrie du raffinage : Le raffinage du pétrole brut en produits finis, comme
l'essence, le kérosène ou le diesel, est également très énergivore. La chaleur et la
pression nécessaires dans les processus de distillation augmentent la consommation
d'énergie.
3. Transport
Le transport de matières premières et de produits finis est une autre étape clé dans la
consommation énergétique.
 Transport maritime : Les navires de transport de pétrole brut, de charbon et de
minerais sont parmi les plus gros consommateurs de carburant, avec une part
importante du commerce mondial. Les porte-conteneurs, pétroliers et méthaniers
utilisent principalement du fioul lourd, ce qui contribue également aux émissions de
CO₂.
 Transport terrestre : Le transport ferroviaire et par camion de matières premières
nécessite beaucoup d'énergie, notamment en raison des longues distances à
parcourir et du poids important des matériaux transportés.

Matériaux et environnement Page 7


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

 Transport par pipeline : Le transport de gaz naturel et de pétrole via des pipelines
nécessite des stations de compression qui consomment de l'énergie pour maintenir
le flux sous pression sur de grandes distances.
4. Facteurs influençant la consommation énergétique
 Technologie : Les avancées technologiques permettent de réduire la consommation
d’énergie, notamment par l’utilisation de systèmes plus efficaces, comme les
moteurs électriques, ou par le recours aux énergies renouvelables.
 Localisation : L’énergie requise dépend souvent de la localisation géographique des
ressources. Les ressources situées dans des zones difficiles d’accès (offshore, en
Arctique, en sous-sol profond) nécessitent plus d’énergie pour être extraites et
transportées.
 Énergie utilisée : La source d’énergie employée influence fortement la
consommation énergétique globale. Par exemple, l’utilisation de l’électricité
provenant de sources renouvelables pour alimenter des équipements de production
ou d’extraction peut réduire l’empreinte énergétique.
5. Enjeux environnementaux
La consommation d’énergie dans ces secteurs a des répercussions
environnementales importantes, notamment en termes de gaz à effet de serre, de
pollution de l'air, et de dégradations des écosystèmes. La transition énergétique vise à
minimiser ces impacts en améliorant l'efficacité énergétique et en augmentant la part
des énergies renouvelables dans ces processus.

I.B.2. Énergies renouvelables vs non renouvelables :


La distinction entre l'utilisation d'énergies fossiles (non renouvelables) et d'énergies
renouvelables (éolien, solaire, hydroélectricité) est cruciale dans le calcul de
l'empreinte carbone des matériaux. Les énergies fossiles, comme le charbon ou le gaz
naturel, augmentent considérablement les émissions de GES, tandis que les énergies
renouvelables offrent une solution plus durable pour alimenter les industries des
matériaux.

Matériaux et environnement Page 8


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

1. Énergies renouvelables
Les énergies renouvelables proviennent de sources naturelles qui se régénèrent
rapidement et ne s'épuisent pas sur le long terme. Elles sont généralement plus
respectueuses de l'environnement.
 Types d'énergies renouvelables :
 Solaire : Utilise la lumière du soleil pour produire de l'électricité (panneaux
photovoltaïques) ou de la chaleur (solaire thermique).
 Éolienne : Utilise le vent pour produire de l'électricité via des éoliennes.
 Hydraulique : Utilise l'énergie des courants d'eau ou des chutes d'eau (barrages
hydroélectriques, énergie marémotrice) pour générer de l'électricité.
 Géothermique : Exploite la chaleur du sous-sol terrestre pour produire de
l'électricité ou du chauffage.
 Biomasse : Utilise des matières organiques (déchets agricoles, bois, biogaz) pour
produire de l'énergie sous forme de chaleur, d'électricité ou de carburants.
 Avantages des énergies renouvelables :
 Durabilité : Ces sources d'énergie ne s'épuisent pas avec le temps, tant qu'elles sont
utilisées de manière responsable.
 Faibles émissions de CO₂ : Elles contribuent moins au réchauffement climatique en
émettant peu ou pas de gaz à effet de serre pendant la production d'énergie.
 Indépendance énergétique : Elles permettent de réduire la dépendance aux
combustibles fossiles importés, contribuant à une sécurité énergétique à long terme.
 Moins de pollution : En général, ces énergies émettent moins de polluants
atmosphériques et ont un impact moindre sur l'environnement que les énergies non
renouvelables.
 Inconvénients des énergies renouvelables :
 Intermittence : Certaines sources, comme l'énergie solaire et éolienne, dépendent
des conditions météorologiques, ce qui peut rendre la production d'énergie
irrégulière.
 Coûts initiaux élevés : L'installation de technologies comme les panneaux solaires
ou les parcs éoliens peut nécessiter des investissements initiaux élevés, même si les
coûts d'exploitation sont faibles.

Matériaux et environnement Page 9


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

 Impact sur les écosystèmes : Bien que moins nocives que les énergies non
renouvelables, certaines énergies renouvelables peuvent affecter les écosystèmes
(barrages hydroélectriques, parcs éoliens impactant les oiseaux, exploitation de la
biomasse).
2. Énergies non renouvelables
Les énergies non renouvelables proviennent de ressources qui se forment sur des
millions d'années et dont les réserves sont limitées. Une fois épuisées, ces ressources
ne peuvent être remplacées à l'échelle humaine.
 Types d'énergies non renouvelables :
 Pétrole : Utilisé pour produire des carburants, du diesel, de l'essence, ainsi que des
produits chimiques.
 Gaz naturel : Utilisé pour le chauffage, la production d'électricité, et comme
carburant pour certaines industries et véhicules.
 Charbon : Utilisé principalement dans la production d'électricité et d'acier.
 Nucléaire (uranium) : Utilisé dans les centrales nucléaires pour produire de
l'électricité, à travers la fission nucléaire d'uranium.
 Avantages des énergies non renouvelables :
 Disponibilité continue : Contrairement aux énergies renouvelables intermittentes,
les énergies non renouvelables comme le gaz, le charbon et le pétrole peuvent
produire de l'énergie de manière constante et prévisible.
 Infrastructure existante : Les réseaux mondiaux de transport et de production sont
bien établis pour les énergies fossiles et nucléaires, ce qui facilite leur exploitation.
 Capacité à répondre à une demande élevée : Les énergies non renouvelables
peuvent fournir de grandes quantités d'énergie sur de longues périodes, soutenant
ainsi les industries lourdes et la production massive.
 Inconvénients des énergies non renouvelables :
 Émissions de gaz à effet de serre : Les combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon)
sont les principales sources d'émissions de CO₂, contribuant fortement au
changement climatique.

Matériaux et environnement Page 10


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

 Pollution environnementale : En plus des émissions de gaz à effet de serre,


l'extraction et la combustion de ces ressources entraînent la pollution de l'air, de
l'eau et des sols.
 Épuisement des ressources : Les réserves de pétrole, de charbon et de gaz sont
limitées et finiront par s'épuiser, ce qui pose un problème de durabilité énergétique à
long terme.
 Accidents et risques : L'extraction et le transport des énergies non renouvelables
(fuites de pétrole, explosions de gaz, accidents nucléaires) peuvent avoir des
conséquences graves pour l'environnement et la santé humaine.
3. Comparaison : renouvelables vs non renouvelables
Tableau 1: Énergies renouvelables vs Énergies non renouvelables
Critère Énergies renouvelables Énergies non renouvelables
Durabilité Inépuisables si bien gérées Limitées, finiront par s'épuiser
Impact Faibles émissions, moins de Fortes émissions de CO₂,
environnemental pollution pollution importante
Investissements élevés Moins cher à court terme,
Coûts initiaux
(infrastructures) infrastructures existantes
Variable (dépend du vent, Production stable et prévisible
Rendement
soleil, etc.)
Moins risquées pour Accidents, pollutions,
Risques
l'environnement changements climatiques

Les énergies renouvelables offrent des perspectives prometteuses pour un avenir


plus durable, avec une réduction des émissions de carbone et des impacts
environnementaux. Cependant, leur adoption à grande échelle est encore limitée par
des défis technologiques et économiques. Les énergies non renouvelables, bien
qu’actuellement indispensables, posent des problèmes à long terme en raison de leur
contribution au changement climatique et de l'épuisement des ressources. La transition
énergétique mondiale vise donc à accroître la part des énergies renouvelables tout en
réduisant progressivement la dépendance aux combustibles fossiles.

Matériaux et environnement Page 11


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

Figure 4: comparaison la consommation énergétique de matériaux issus de ressources


renouvelables et non renouvelables.

I.B.3. Analyse du cycle de vie (ACV) des matériaux et évaluation énergétique :


L'ACV évalue l'impact environnemental total d'un matériau depuis l'extraction des
matières premières jusqu'à sa fin de vie (élimination ou recyclage). Cette analyse
permet de quantifier l'énergie consommée et les émissions de carbone à chaque étape.
L'ACV peut aider à comparer différents matériaux pour choisir ceux ayant la plus
faible empreinte énergétique dans des applications spécifiques.
1. Étapes de l'ACV
L'ACV couvre plusieurs phases dans le cycle de vie des matériaux ou produits :
a. Extraction des matières premières
Cette étape consiste à extraire les ressources naturelles (métaux, pétrole, minerais,
bois, etc.) nécessaires à la fabrication d’un produit. L’énergie consommée ici est liée à
l’extraction, au transport et à la transformation initiale des matières premières.
 Énergie requise : Utilisation de machines lourdes (camions, excavatrices), de
procédés chimiques ou mécaniques pour séparer et traiter les matières premières.
 Impact environnemental : Émissions de CO₂, destruction des écosystèmes,
consommation d’énergie non renouvelable (ex. combustibles fossiles).

Matériaux et environnement Page 12


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

b. Fabrication et production
La transformation des matières premières en produits finis nécessite l’utilisation de
machines, d’énergie thermique ou électrique, et de procédés industriels (fusion,
moulage, usinage).
 Énergie requise : Chaleur, électricité, combustibles pour alimenter les usines. Les
matériaux comme le béton, l'acier ou les plastiques sont très énergivores à produire.
 Impact environnemental : Émissions de CO₂, production de déchets industriels,
consommation d’énergie fossile ou électrique (avec différentes sources d’électricité
influençant l’impact).
c. Transport et distribution
Le transport des matériaux et des produits finis (par camion, bateau, train) consomme
une grande quantité d’énergie, notamment sous forme de carburants fossiles.
 Énergie requise : Carburants pour les camions, avions, trains ou navires. Plus la
distance parcourue est grande, plus la consommation d’énergie est importante.
 Impact environnemental : Émissions de CO₂ et autres gaz à effet de serre
provenant des combustibles fossiles utilisés dans les transports.
d. Utilisation
Pendant la phase d’utilisation, certains produits nécessitent de l’énergie pour
fonctionner (appareils électroménagers, véhicules, etc.), tandis que d’autres n’en
consomment pas directement (ex. matériaux de construction).
 Énergie requise : Varie selon le type de produit. Par exemple, un véhicule
électrique consommera de l'électricité tout au long de son utilisation, tandis que des
produits comme des meubles n'en consomment pas une fois fabriqués.
 Impact environnemental : Émissions indirectes, liées à la consommation d’énergie
lors de l’utilisation.
e. Fin de vie
Le cycle de vie se termine par la gestion des déchets du produit, qu’il s’agisse de
recyclage, d’incinération ou de mise en décharge.
 Énergie requise : Énergie pour la collecte, le tri, le recyclage ou l'incinération des
déchets. Le recyclage permet de récupérer une partie des matériaux et de réduire la
consommation d'énergie pour les nouvelles productions.

Matériaux et environnement Page 13


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

 Impact environnemental : Si les produits ne sont pas recyclés, ils peuvent finir en
décharge, entraînant la pollution des sols et la génération de gaz à effet de serre
(méthane, par exemple, issu de la décomposition).
2. Évaluation énergétique dans l’ACV
L’évaluation énergétique est intégrée dans l’ACV pour déterminer l’efficacité
énergétique d’un produit tout au long de son cycle de vie. Les principaux aspects pris
en compte incluent :
 Énergie grise : Il s'agit de l'énergie consommée pour la production d'un matériau ou
d'un produit avant son utilisation finale. Elle inclut l’énergie pour l’extraction, la
fabrication, le transport, etc.
 Énergie renouvelable vs non renouvelable : L'évaluation décompose également la
consommation d'énergie en sources renouvelables et non renouvelables, en
indiquant leur impact respectif sur l’environnement.
 Consommation d’énergie directe et indirecte : L’énergie directe correspond à celle
utilisée par un produit au cours de son utilisation (par exemple, l’électricité
consommée par une machine). L’énergie indirecte représente l’énergie nécessaire
pour produire, transporter et éliminer ce produit.
3. Indicateurs utilisés dans l'évaluation énergétique
Pour évaluer les impacts énergétiques dans une ACV, plusieurs indicateurs sont
utilisés :
 Énergie Cumulée : C'est l'ensemble de l'énergie utilisée pour produire, utiliser et
éliminer un produit. Il s'agit d'une mesure globale de l'énergie consommée tout au
long du cycle de vie.
 Impact en termes de CO₂ : Émissions de dioxyde de carbone (CO₂) associées à la
consommation d'énergie. Cela permet de quantifier l'empreinte carbone d'un
produit.
 Demande d’énergie primaire : Quantité d'énergie primaire (énergie tirée de sources
non transformées comme le charbon, le pétrole brut, etc.) utilisée à chaque étape du
cycle de vie.
4. Exemples d’évaluation énergétique de différents matériaux
a. Acier

Matériaux et environnement Page 14


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

 Énergie grise : La production de l’acier est très énergivore (1,4 tonne d’énergie
primaire pour produire une tonne d'acier). Toutefois, l'acier est recyclable à l'infini,
ce qui permet de réduire son impact sur le long terme.
 Énergie pendant l’utilisation : Négligeable dans la plupart des cas (comme pour les
constructions).
 Fin de vie : L'acier est souvent recyclé, ce qui réduit la nécessité d'extraire des
matières premières et permet d'économiser de l'énergie.
b. Béton
 Énergie grise : Énergivore, en particulier en raison de la production de ciment, qui
génère des émissions élevées de CO₂.
 Énergie pendant l’utilisation : Négligeable, sauf pour des systèmes spécifiques (ex.
: béton à haute efficacité énergétique dans les bâtiments).
 Fin de vie : Moins facilement recyclable, souvent mis en décharge.
c. Plastique
 Énergie grise : Le plastique est dérivé de combustibles fossiles, et sa production
consomme une quantité significative d’énergie.
 Énergie pendant l’utilisation : Dépend du type d’application (par exemple,
isolation thermique).
 Fin de vie : Le plastique est difficile à recycler et génère des déchets persistants,
contribuant à la pollution plastique mondiale.
5. Objectifs et avantages de l’ACV pour l’évaluation énergétique
L’objectif principal de l’ACV et de l’évaluation énergétique est d'identifier les
étapes les plus énergivores du cycle de vie d'un produit afin de proposer des
améliorations, telles que :
 Optimisation des procédés : Amélioration des technologies pour réduire la
consommation énergétique (énergies renouvelables, optimisation des ressources).
 Éco-conception : Conception de produits plus durables et moins énergivores.
 Recyclage et économie circulaire : Favoriser le recyclage pour réduire l'extraction
de nouvelles matières premières et la consommation d'énergie.

Matériaux et environnement Page 15


U. Dr Y.F. Médéa Dr FARCH S.

Figure 5: bilan énergétique de différents processus industriels

L'ACV, associée à une évaluation énergétique, est un outil puissant pour évaluer
l'impact environnemental global d'un produit. Elle permet d'identifier les opportunités
de réduction de la consommation d'énergie et de minimisation des émissions de gaz à
effet de serre, soutenant ainsi des pratiques plus durables et respectueuses de
l'environnement.

Matériaux et environnement Page 16

Vous aimerez peut-être aussi