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1 Opérateurs bornés et équations différentielles

dans un espace de Banach


1.1 Espace d’opérateurs bornés et ses topologies
Soient X, Y deux espaces de Banach. On note L(X, Y ) l’espace des applications
linéaires continues de X dans Y . Rappelons que la norme de A ∈ L(X, Y ) est
définie par
�A�L(X,Y ) = sup �Ax�Y .
�x�X ≤1

Dans le cas X = Y , on écrit L(X) au lieu de L(X, X).


On définit trois topologies sur l’espace L(X, Y ) : topologies uniforme, forte
et faible.
Définition 1.1. Soient A, An ∈ L(X, Y ). On dit que la suite {An } converge
vers A dans la topologie uniforme, forte ou faible si

�An − A�L(X,Y ) → 0 quand n → ∞, (uniforme)


An x → Ax quand n → ∞ pour tout x ∈ X, (forte)
�(An x) → �(Ax) quand n → ∞ pour tout x ∈ X et � ∈ Y ∗ , (faible)

où Y ∗ désigne l’espace dual de Y . Dans ce cas, on écrit


s w
An → A, An → A, An → A .

Exercice 1.2. Soit {An } ⊂ L(X, Y ) une suite de Cauchy. Montrer qu’il existe
A ∈ L(X, Y ) tel que An → A, c’est-à-dire, L(X, Y ) est complet pour la topologie
uniforme.
Le résultat suivant montre que si Y est un espace réflexif (Y ∗∗ = Y ), alors
L(X, Y ) est complet aussi pour la topologie faible.
Proposition 1.3. Soit X un espace de Banach, Y un espace de Banach réflexif
et {An } ⊂ L(X, Y ) une suite telle que �(An x) converge pour tout x ∈ X et
w
� ∈ Y ∗ . Alors il existe A ∈ L(X, Y ) tel que An → A quand n → ∞.
Démonstration. Montrons d’abord que

sup �An �L(X,Y ) < ∞. (1.1)


n≥1

En effet, pour tout n ≥ 1 et x ∈ X, on peut considérer An x comme un élément


de L(Y ∗ , C). Comme la suite �(An x) est convergente, on a

sup |�(An x)| < ∞.


n≥1

Le théorème de Banach–Steinhaus implique que

sup �An x�L(Y ∗ ,C) = sup �An x�Y < ∞.


n≥1 n≥1

3
Une deuxième application du théorème de Banach–Steinhaus donne (1.1).
On définit maintenant une forme bilinéaire B : X × Y ∗ → C par
B(x, �) = lim �(An x).
n→∞

L’inégalité (1.1) entraı̂ne que


|B(x, �)| ≤ C�x�X ���Y ∗ ,
où la constante C > 0 ne dépend pas de x ∈ X et � ∈ Y ∗ . Donc, B(x, ·) est une
forme linéaire sur Y ∗ . Comme Y ∗∗ = Y , on peut considérer B(x, ·) comme un
élément de Y . On définit A : X → Y par Ax = B(x, ·). Il est facile à vérifier
w
que A ∈ L(X, Y ) et An → A.
Exercice 1.4. Soient X, Y deux espaces de Banach et {An } ⊂ L(X, Y ) une suite
telle que An x converge pour tout x ∈ X. Montrer qu’il existe A ∈ L(X, Y ) tel
s
que An → A quand n → ∞.

1.2 Opérateurs auto-adjoints et théorème spectral


Soit H un espace de Hilbert muni du produit scalaire (·, ·) et soit A ∈ L(H).
On dit que λ ∈ C est dans l’ensemble résolvant de A, noté ρ(A), si l’application
λI − A : H → H est une bijection et son inverse est borné. Si λ ∈ ρ(A), alors on
note Rλ (A) = (λI − A)−1 . L’ensemble σ(A) = C \ ρ(A) s’appelle spectre de A.
Théorème 1.5. Soit A ∈ L(H). Alors ρ(A) est un ensemble ouvert de C, et
on a
Rλ (A) − Rµ (A) = (µ − λ)Rλ (A)Rµ (A) pour λ, µ ∈ ρ(A). (1.2)
De plus, � �
λ ∈ C : |λ| > �A�L(X) ⊂ ρ(A).
Démonstration. Soit λ0 ∈ ρ(A). Alors, pour |λ − λ0 | � 1, on a
(λI − A)−1 = ((λ0 I − A) − (λ0 − λ)I)−1
= (λ0 I − A)−1 (I − (λ − λ0 )(λ0 I − A)−1 )−1
�∞
= (λ0 I − A)−1 (λ − λ0 )k (λ0 I − A)−k .
k=0

Donc, λ ∈ ρ(A) pour |λ − λ0 | � 1. De même, si |λ| > �A�L(X) , alors




−1 −1 −1 −1 −1
(λI − A) =λ (I − λ A) =λ λ−k Ak .
k=0

d’où on conclut que λ ∈ ρ(A). Enfin, pour λ, µ ∈ ρ(A), on a


Rλ (A) − Rµ (A) = (λI − A)−1 − (µI − A)−1
= (λI − A)−1 (µI − A − (λI − A))(µI − A)−1
= (µ − λ)Rλ (A)Rµ (A).

4
Reparquons que le théorème ci-dessus reste vrai pour les opérateurs dans un
espace de Banach.
On introduit maintenant la notion d’opérateur adjoint. Soit A ∈ L(H) et
v ∈ H. Considérons la forme linéaire

�(u) = (Au, v), u ∈ H.

Comme � est continue, d’après le théorème de Riesz, il existe un unique f ∈ H


tel que �(u) = (u, f ) pour tout u ∈ H. Dans la suite, on note f = A∗ v.
Exercice 1.6. Soit A ∈ L(H). Montrer que A∗ ∈ L(H) et

(Au, v) = (u, A∗ v) pour tous u, v ∈ H.

De plus, on a les propriétés suivantes :


(i) (AB)∗ = B ∗ A∗ , (A∗ )∗ = A.
(ii) Si A est inversible, alors A∗ l’est aussi, et (A∗ )−1 = (A−1 )∗ .

(iii) �A∗ A�L(H) = �A�2L(H) .

Définition 1.7. Soit A ∈ L(H). On appelle A∗ l’opérateur adjoint de A.


L’opérateur A est dit auto-adjoint si A∗ = A.
Il est claire que l’opérateur A est auto-adjoint si et seulement si

(Au, v) = (u, Av) pour tous u, v ∈ H.

Exercice 1.8. Soit (X, B, µ) un espace mesuré, H = L2 (X, µ) l’espace des fonc-
tions de carré intégrable à valeurs complexes, et a ∈ L∞ (X, µ). On note
A : H → H l’opérateur de multiplication par a. Montrer que A∗ = A si et
seulement si a est une fonction réelle.
Le théorème spectral énoncé ci-dessous montre que tout opérateur auto-
adjoint peut être réaliser comme un opérateur de multiplication.

Théorème 1.9. Soit A un opérateur auto-adjoint dans un espace de Hilbert H.


Alors il existe un espace mesuré (X, B, µ), une isométrie U : H → L2 (X, µ) et
une fonction a ∈ L∞ (X, µ) tels que, pour tout f ∈ L2 (X, µ),

(U AU −1 f )(m) = a(m)f (m) µ-presque partout.

Pour une démonstration simple et complète de ce résultat, voir le chapitre 7


du livre [RS80]. Dans le § 4, nous démontrerons l’analogue de ce théorème dans
le cas des opérateurs auto-adjoints non bornés.

5
1.3 Equations d’évolution linéaires
Soit X un espace de Banach et A ∈ L(X). Considérons l’équation différentielle

ẋ(t) = Ax(t), t ∈ R, (1.3)

où ẋ = dxdt . Toute fonction x : R → X continûment différentiable sur R et


vérfiant (1.3) s’appelle solution de l’équation (1.3).
Théorème 1.10. Pour tout x0 ∈ X il existe une unique fonction x ∈ C 1 (R, X)
vérfiant l’équation (1.3) et la condition initiale

x(0) = x0 . (1.4)

Démonstration. Existence. On note etA l’opérateur défini par



� (tA)k
etA = , t ∈ R. (1.5)
k!
k=0

Il est facile à vérifier que pour tout T > 0 la série (1.5) et toutes ses dérivées
convergent uniformément par rapport à t ∈ [−T, T ]. Donc, la fonction t �→ etA
est bien définie et appartient à C ∞ (R, L(X)). De plus,

d tA
e = AetA , t ∈ R.
dt
Cette relation implique que x(t) = etA x0 est solution de l’équation (1.3). La
vlidité de la condition initiale (1.4) est évidente.
Unicité. Montrons que si x ∈ C 1 (R, X) vérifie (1.3), (1.4) avec x0 = 0, alors
x ≡ 0. En effet, il résulte de (1.3) que
� t
x(t) = Ax(s) ds .
0

En prenant la norme, on obtient


�� t �
� �
�x(t)�X ≤ �A�L(X) �� �x(s)�X ds��, t ∈ R.
0

L’application de l’inégalité de Gronwall montre que x ≡ 0.


Exercice 1.11. Soit A ∈ L(X) et f ∈ C(R, X). Montrer que la fonction
� t
x(t) = etA x0 + e(t−s)A f (s) ds, t ∈ R,
0

est l’unique solution du problème

ẋ(t) = Ax(t) + f (t), x(0) = x0 .

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