Excavation Sout

Télécharger au format pptx, pdf ou txt
Télécharger au format pptx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 51

UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

Faculté Polytechnique

In génieur Civil

Université de Lubumbashi ESI


en

Chimie Industri elle


El ectro mé canique
Métallurg ie
Mines

Ingénieur civil des Mines


Formation en Géotechnique

Département de Génie Civil


Route Kassapa N °5
Bâ time nt Polyte chnique (pr emier é ta ge)
B.P 1 825
Té l: +24 3 (0 )9 9 8 5 3 70 2 6 e t+ 2 4 3(0 )8 1 8 1 5 7 7 8 6
E-ma il: bokwa la .bonkeka @unilu.a c.c d
Http:/ / www. unilu.a c.c d

Cours d’Excavations et Travaux Souterrains

Titulaire: Prof. Dr. Ir. Freddy BOKWALA


Assuré par: CC Ir. Eric Gédéon KALWAZI
Plan du cours

Chapitre I: Contraintes autour d’un ouvrage souterrain

Chapitre II: Reconnaissance du site

Chapitre III: Creusement à l’explosif

Chapitre IV: Creusement mécanique des tunnels

Chapitre V: Creusement des puits et burquins


Bibliographie

1. Egger P. 1996. Tunnel construction in stuggart : problem of settlement of swelling rock; Mair
and Taylor edition.

2. Muir Wood A.(2002). Tunneling management by design

3. Brady BHT and Brown B.T (1994). Rock Mechanicis for underground excavations, Springer.

4. Wagner H, Schulster A. (1996). Tunnel boring machines ,A Balkema.


Introduction

Le problème essentiel de creusement d’un ouvrage souterrain est celui de sa stabilisation:


temporaire et ensuite permanent. Dans la plupart de cas, ce problème est résolu par le choix du
soutènement.

Mais pour en arriver à ce stade , il est important de comprendre le comportement mécanique de la


roche face aux sollicitation, c’est-à-dire aux contraintes qui lui sont soumises et aux déformations
qui en résultent.

Ainsi, nous a voulu rappeler les notions de mécanique des milieux continu dans la suite de ce texte.
I. Contraintes autour d’un ouvrage souterrain

Soit un élément infinitésimal de


forme cubique: l’état des contraintes
sur les facettes est illustré comme ci-
contre.

D’après seconde loi de Newton: la


somme des forces dans une direction
est nulle lorsque le corps est en
équilibre:

Les équations d’équilibre en


X, Y et Z s’expriment
comme ci-contre:
1.1 Notions de mécanique des roches
1.1.1 Présentation de la mécanique des roches
1.1.2 Méca roches et méca sols
Les praticiens de la mécanique générale vous diront avec une certitude et un
certain dédain que travailler sur les roches, les sols, les métaux, les polymères et
les bétons, c’est bonnet-blanc et blanc-bonnet. Cet argument maintes fois
entendu montre une réelle méconnaissance des géomatériaux. Il convient tout
d’abord de bien différencier ce que nous appèlerons par la suite roches et sols.
Voici une définition d’origine mécanique :
– Roches : Géomatériaux possédant une cohésion (C = 0) et une résistance à la
compression simple supérieure à 10 MPa.
– Sols : Géomatériaux pulvérulents ou cohésifs mais ne présentant pas ou
pratiquement pas de résistance à la compression simple. La cohésion disparaît
par dissolution.
• La règle plus générale veut que l’on désigne par roches les terrains profonds et par sols les
terrains de surface. Certaines roches, telles les marnes à faible % de CaCO 3 ou les granites
très fracturés et altérés, sont inclassables. Leur comportement, au cœur de la recherche,
n’est ni celui d’un sol ni celui d’une roche classique. Tout est affaire de compromis !
• Nous verrons dans la suite que la rhéologie d’une roche est fortement liée à son degré
de fracturation, ce qui n’est pas le cas d’un sol.

1.1.3 Naissance et applications de la méca roches

Une science cinquantenaire, les premiers à avoir étudié et pratiqué la mécanique des
roches, de façon empirique certes, mais efficace, furent les ingénieurs des mines
confrontés à la stabilité des épontes rocheuses de leur exploitation. Les premiers traités
d’exploitation des mines — De Re Metallica (1566) ou l’Encyclopédie (1751) — ne
mentionnent guères les techniques d’excavation et de stabilité des terrains. Les cours des
mines publiés par la suite (H. De La Goupillère par exemple en 1911) ne furent guères plus
précis dans la conception des soutènements.  
Une idée générale conduit à considérer que "construire sur le roc" est un gage de
sécurité. Le développement de grandes infrastructures en altitude (stations de
ski, passage de cols) et la construction des barrages hydro-électriques de
montagne ont nuancé cette considération. La chute de blocs, les glissements de
talus rocheux et l’importance de l’eau dans les fractures (catastrophe du barrage
de Malpasset en 1959) ont poussé les ingénieurs à étudier plus en détail le
comportement du massif rocheux dans sa globalité.
Le Comité International des Grands Barrages, créé en 1927, fut le premier à
réfléchir sur le problème, et son congrès de 1964 marque le début de ce que l’on
appelle la mécanique des roches. Les français ont toujours été partie prenante
des recherches et discussions, en témoigne l’actuel Comité Français de
Mécanique des Roches fondé en 1967. La discipline est donc récente et laisse
encore présager des découvertes majeures ces prochaines années. Applications
La mécanique des roches trouve ses applications dans divers domaines de l’ingénierie
et de la recherche :

FIG. 1. Quelques
domaines
d’application de la
mécanique des
roches, sur un
diagramme bi
logarithmique
longueur-temps.
– Géologie : déformations tectoniques entraînant plissements, diaclases et failles ;
– Physique du globe : comportement sous haute pression et température, séismes
;
– Mine : stabilité des excavations, des tailles, galeries et puits ;
– Pétrole : extraction des fluides en milieu poreux, stabilité des forages profonds ;
– Stockages souterrains : stabilité, transport des polluants, perméabilité,
couplages thermo-mécaniques ;
– Géothermie : échange de chaleur entre fluides et massif rocheux fracturé, durée
de vie d’un pompage ;
– Génie Civil : fondations des grands ouvrages (barrages, centrales électriques,
viaducs), terrassements routiers, stabilité des talus et versants, travaux
souterrains, concassage et travaux de carrière, utilisation comme matériau
(enrochements, pierre de construction, granulats).
1.1.4 Couplage géologie / mécanique des roches

Pour la mécanique des sols, connaître l’histoire de la formation du terrain que l’on
étudie n’est pas toujours indispensable. Les formations de surface considérées comme
"sols" sont presque exclusivement du quaternaire et sont issues de l’altération des
roches. A contrario, le mécanicien des roches doit être également géologue, ou tout
au moins avoir des bonnes bases en géologie. L’étude des discontinuités (localisation,
propriétés mécaniques des joints, hydrologie) et la détermination des contraintes in
situ sont deux exemples parmi tant d’autres illustrant la complémentarité des deux
disciplines. Ce cours n’étant pas seulement destiné à des géologues, des notes de bas
de page expliqueront, lorsque nécessaire, les termes issus de la littérature géologique.
Les exercices à la fin de ce chapitre proposent également quelques applications
concrètes de la géologie.

 
1.2 Discontinuités du massif rocheux
1.2.1 Typologie

Tout massif rocheux, quelle que soit son histoire et sa localisation, possède des
discontinuités. Celles-ci peuvent être prononcées, invisibles, cimentées ou bien ouvertes,
mais elles existent. Elles possèdent en commun les caractéristiques suivantes : faible
résistance au cisaillement, résistance à la traction négligeable et grande conductivité
hydraulique, tout ceci en comparaison de la matrice rocheuse environnante. En géologie
on les regroupe par catégories :
– Les diaclases : ce sont des fractures de la roche, issues d’une rupture par compression,
traction ou cisaillement liée aux mouvements tectoniques. Les deux parties de la roche
qui se sont constituées n’ont cependant pas bougé ;
– Les failles : ce sont des fractures identiques aux diaclases mais qui ont entraîné un
mouvement relatif des deux parties de la roche encaissante. Un glissement a donc eu
lieu le long de cette faille. Leur longueur varie d’une dizaine de centimètres à plusieurs
centaines de kilomètres ;
 
– Les joints sédimentaires : dans les roches sédimentaires, ce sont les joints
séparant deux couches d’époques et de conditions de dépôt différentes. Chaque
couche – ou strate – constitue une "dalle" susceptible de se séparer de ses
voisines ;
– La schistosité : dans les roches métamorphiques, la forte compression a
perturbé et transformé l’organisation des minéraux internes. Ceux-ci se sont
alignés selon une direction orthogonale à la compression et ont entraîné la
formation de plans de rupture préférentiels. L’ardoise, qui est fendue selon cette
schistosité, en est une bonne illustration.
Les discontinuités sont généralement des lieux de grande déformabilité, où la
rupture est plus facile et où l’eau circule plus facilement. Elles transforment l’état
de contrainte du massif à leur proximité. 
1.2.2 Description et représentation

Description géométrique
Une discontinuité est, au moins localement, plane. On définit complètement ce
plan par deux angles : la direction (azimut α de l’horizontale du plan) et le
pendage (angle β entre l’horizontale et la droite de plus grande pente, en
précisant le sens par rapport à la direction de l’horizontale). La figure 1.2.a illustre
la notation.
•En mécanique des roches, on préfère utiliser la notation de l’AFTES et de l’ISRM
basée sur les coordonnées du vecteur-pendage p~ tel qu’il est représenté sur la
figure 1.2.a :
• Azimut : angle de la projection horizontale du vecteur p~ avec le Nord en
tournant vers l’Est. Il vaut α + 90◦ ;
FIG. 2 – Représentation géométrique d’une
discontinuité
– Pendage : angle β que fait p~ avec le plan horizontal.
Un plan répertorié 210/60 selon l’AFTES signifie donc : sa direction est
de 120˚par rapport au Nord en tournant vers l’Est (210-90) et le
pendage est de 60˚vers l’ouest. Le même plan sera répertorié N120E
60W pour la notation géologique traditionnelle.
Bien qu’apparemment désordonnées dans le détail, les discontinuités d’un massif
constituent le plus souvent un ensemble structuré, et leurs orientations observées
en un site donné se répartissent en un petit nombre de familles (2 à 5 en général).
Pour isoler ces familles, il faut pouvoir représenter chaque discontinuité sur un
même graphique. L’outil le plus utilisé est la projection stéréographique. Sur la
figure 2b, le plan considéré passe par le centre 0 de la sphère. Soit M un point de
l’intersection entre ce plan et l’hémisphère supérieur et π le pôle de notre système.
Pour M variant de A à B, la trace que laisse la droite (πM) dans le plan H équatorial
est la projection. En pratique, on oriente le plan H suivant l’horizontale du lieu et on
y place le Nord. Chaque plan de discontinuité est virtuellement déplacé pour qu’il
passe par O puis on trace la projection. Le dessin réalisé avec tous ces arcs de
cercle deviendrait vite illisible. Plutôt que de représenter la trace du plan, on
préfère utiliser la trace du vecteur normal au plan, passant par O, que l’on nomme
pôle du plan. La projection stéréographique de ce vecteur donne un seul point.
Celle de tous les plans de discontinuité d’un massif engendre un nuage de points. Il
est ensuite possible de localiser des zones plus concentrées et donc des familles.
•Cette projection possède toutefois des défauts, elle dilate ou comprime les angles selon
l’orientation. Par exemple, il sera très difficile de séparer deux familles proches de la verticale (Fig
3), alors que pour des discontinuités presque horizontales, la chose sera plus aisée.
•Le relevé des discontinuités commence toujours par des observations sur le terrain, avec
topographie des affleurements. Lorsqu’il existe déjà des ouvrages souterrains à proximité (galerie
de reconnaissance) ou des talus affleurant, c’est idéal. Une étude de mécanique des roches est
donc indissociable d’une campagne de reconnaissances basée sur des sondages carottés ou des
photos internes au forage. Par extrapolation aux dimensions du futur ouvrage, il est commode de
représenter la trace que feront les discontinuités sur les parois du tunnel. Cette projection
développée sur un linéaire de 25m et vue de dessus porte le nom de DS 25.
•L’observation des carottes permet de déterminer un paramètre empirique proposé par D.
Deere en 1964 , le Rock Quality Designation, rapport en pourcentage entre la longueur cumulée
des carottes supérieures à 10 cm et la longueur totale de carotte considérée (1m pour l’AFTES) :
Un RQD de 80 à 100% signifie donc que l’on a affaire à une roche peu ou pas
fracturée.

FIG. 3 – Stéréogramme d’un


massif de brèches
volcaniques (Nouveau tunnel
du Lioran). On y observe
deux familles de
discontinuités presque
verticales : l’une représentée
par les deux zones
diamétralement opposées,
l’autre par la troisième zone
isolée.
Attention, cet indicateur peut être trompeur : pour un même massif stratifié, on pourra
conclure à un RQD de 0% ou de 100% au même endroit selon l’inclinaison du forage
(Fig. 4) ! Il est donc important de repérer la direction et l’inclinaison des forages, puis de
corréler les résultats entre eux.
D’autres indices existent, certes moins utilisés dans la pratique, mais donnant une
meilleure indication du degré de fracturation. Nous citerons l’indice ID (Intervalle entre
Discontinuités), qui "est défini comme la moyenne des intervalles découpés par les
discontinuités successives le long d’une ligne de mesure dont il convient de préciser la
longueur et l’orientation" [10]. Il est donc nécessaire de réaliser des mesures dans
plusieurs directions à choisir judicieusement en fonction des discontinuités et de
l’orientation de l’ouvrage.
FIG. 4 – Configuration
géologique illustrant les
limites du RQD. Le terrain
est stratifié et les bancs
font 9 cm d’épaisseur.
FIG. 5 – Essai de cisaillement sur discontinuité. Plan de Mohr et modèle
géométrique associé.
•1.2.3 Propriétés mécaniques d’une discontinuité

•Une fois la répartition et la géométrie des discontinuités identifiées, il faut s’intéresser


à leurs caractéristiques mécaniques. On conçoit aisément qu’une faille lustrée dont les
épontes sont parfaitement lisses sera plus dangereuse du point de vue de la stabilité
qu’une diaclase calcifiée et recimentée. Pour être le plus complet possible, on étudiera :
– l’ouverture : largeur de la discontinuité (de quelques mm à plusieurs mètres) ;
– la rugosité : épontes irrégulières et accrochantes, ou imbrication d’une éponte dans
l’autre ;
– – le remplissage : dans l’ouverture, c’est le matériau comblant le vide. Il peut être solide
et résistant (filon de quartz) ou bien être un vrai lubrifiant (argile humide).
•Mais pour caractériser complètement le comportement d’une fracture de la roche, il faut réaliser
des essais en labo. Le plus courant et se rapprochant le plus des sollicitations in situ est l’essai de
cisaillement. On applique sur un échantillon représentatif — métrique ou décimétrique — un
effort de cisaillement sous charge normale. En cela il se rapproche de la boite de Casagrande,
avec une discontinuité présente dès le début de l’essai. La figure 5 donne les résultats généraux
d’un essai de cisaillement ainsi que le modèle couramment associé. Sans rentrer dans le détail, on
peut remarquer que l’on retrouve la forme classique de critère de rupture 11 en "parabole" dans le
plan de Mohr. Deux phases peuvent être isolées :
– Cas des contraintes normales faibles : il faut vaincre le frottement sur la surface de discontinuité.
On remarque que le déplacement n’est pas uniquement transversal, il existe aussi une
composante normale. Il s’agit de la dilatance. On approche le critère par la droite :

τ = σtan(ϕ + i)
i est appelé l’angle de dilatance et ϕ l’angle de frottement intrinsèque pouvant varier de
20 ˚à 40˚selon le degré d’humidité et d’argilosité des épontes.
– Cas des contraintes normales fortes : la dilatance est empêchée et il faut cisailler les
aspérités avant de pouvoir enregistrer un déplacement significatif. Le critère prend alors
la forme d’une droite de Mohr-Coulomb :

τ = c + σtanϕ
En définitive, les discontinuités naturelles peuvent présenter deux types de
cohésion c : – Cohésion réelle : due au remplissage argileux ou à des cimentations
entre épontes ;
– Cohésion apparente : sous fortes contraintes, il faut rompre les aspérités avant
de mesurer un déplacement (cf. ci-dessus). Cela se traduit par une cohésion qui
n’est qu’apparente.
La dilatance — ou augmentation de volume lié à un cisaillement — engendrée par les
mouvements relatifs entre masses rocheuses permet d’expliquer bon nombre de situations
rencontrées dans la nature. Par exemple, un bloc de roche qui semble susceptible de
tomber sous son seul poids-propre peut très bien rester en place et être stable si on intègre
le phénomène de dilatance. En effet, suite à un petit déplacement du bloc, l’augmentation
de volume dans les discontinuités adjacentes qui en découle augmente l’étreinte latérale et,
par conséquent, la force résistante transversale. Le rocher se bloque de lui-même et rien ne
tombe : c’est souvent ce qui est observé.
1.2.4 Hydraulique des roches

 
𝜇 𝑣2
h= 𝑧+ +
𝛾 𝑤 (2 𝑔)

Z : altitude relative de la particule d’eau considérée en mètre.


U : pression de l’eau au point considéré en pascal (kN/m2).
ɤw : poids de l’eau en kN/m3.
v : vitesse du fluide en m/s.
g : accélération de la pesanteur en m/s2.
•Un massif rocheux, au même titre qu’un sol, peut contenir une grande quantité d’eau
sous forme de nappe phréatique, captive ou libre. Cependant, la perméabilité des roches
fréquemment rencontrées est très faible, de l’ordre de 10−10 à 10− m/s,
exceptionnellement jusqu’à 10−5 m/s pour les roches très poreuses. Autant dire que bien
souvent, l’étude hydrogéologique se ramènera à l’étude de la perméabilité des fractures.
•Si les discontinuités sont ouvertes et vides, et que le régime d’écoulement est
laminaire, la mécanique des fluides permet d’estimer le coefficient de perméabilité :

Avec γ et µ les poids volumique et coefficient de viscosité du liquide, e l’épaisseur de la


fracture.
Dans un premier temps, pour estimer la perméabilité globale d’un massif rocheux, on se
base sur le modèle géométrique proposé par l’étude des familles de discontinuités. On
raisonne par perméabilités équivalentes ki eq´ dans chaque direction d’écoulement ~ui12 et
pour un volume représentatif donné. La famille considérée est soumise à un gradient de
charge hydraulique grad h.~ui. La loi de Darcy permet d’écrire :
On en déduit le dédit dans la famille de section Si :

La matrice de perméabilité tridimensionnelle K obtenue en faisant la somme des


débits ~qi de chaque famille, et telle que :
V~ = K.−−grad→ h
Donnée une prévision par excès des écoulements à prévoir autour des excavations.
C’est une première approche souvent satisfaisante.
Pour le reste, l’étude hydraulique se ramène à celle d’un milieu perméable
anisotrope qui est étudié en détail dans les ouvrages spécialisés. Les essais en place
utilisés pour les sols peuvent s’adapter aisément aux roches, et donner de bons
résultats.
1.3 Propriétés mécaniques de la matrice rocheuse
Roches Masse volumique Minéraux Masse volumique
  (Kg/m3)   (Kg/m3)
Calcaire compact 2630 Quartz 2650
du Jurassique (Besançon)   (Silice : SiO2)  
Craie bleue 2360 Calcite 2710
(Tunnel sous la Manche)   (CaCO3)  
Marne du Jurassique 2500 Dolomite 2870
Basalte 2900 (Ca Mg (CO3)2)  
Charbon lorrain 1300 Gypse 2300
Grès des Vosges 2650 (Ca SO4, 2H2O)  
Ardoise d’Angers 2800 Feldspath 2570
Granite sain 2650 (Orthose : Si3AlO8K)  
Schistes lustrés 2740 Pyrite 5000
(Fréjus)   (FeS2)  
    Magnétite 5180
(Fe3O4)

    Kaolinite (Al4Si4O10(OH)8) 2600

TAB. 1.1 – Masses volumiques de quelques roches et minéraux.


Les roches sont fondamentalement hétérogènes, nous l’avons vu. Mais à l’échelle d’un
échantillon de laboratoire, on essaie dans la mesure du possible de se ramener à un
volume qui possède des propriétés homogènes sans discontinuités discrètes et isolées.
La roche est alors considérée comme un matériau plus ou moins poreux, constitué
d’un assemblage de cristaux que l’on appelle minéraux.
Depuis sa formation, la roche a non seulement évolué dans sa structure globale à
l’échelle du massif, mais aussi dans sa composition minéralogique. Le métamorphisme
caractérise cette transformation interne, possible sous forte compression et/ou forte
température. Le tableau 1.1 propose quelques ordres de grandeurs de masses
volumiques de roches et minéraux courants. En l’absence d’indications, on prend
souvent ρ = 2500 kg/m3 pour estimer les contraintes in situ. De nombreux essais
permettent de caractériser la matrice rocheuse. Du point de vu mécanique, nous
allons étudier dans un premier temps la courbe contraintes-déformations d’un essai
de compression uniaxiale (Fig. 1.6). Les éprouvettes font classiquement 50 mm de
diamètre et 100 à 120 mm de hauteur. Les contraintes selon l’axe de compression sont
notée σ1.
1.3.1 Courbes caractéristiques

Juste après une première phase dite de serrage, où les fissures et microfissures internes
orientées orthogonalement à la direction du chargement se referment, on observe une
phase quasi-linéaire ( de à ). On définit alors un module d’Young E et un
coefficient de Poisson ν. La plage de variation de E est très grande, allant de quelques
milliers de MPa pour des marnes à plus de 100 GPa pour certains grès siliceux. Le
coefficient de Poisson est quant à lui le plus souvent pris égal à 0,2 ou 0 , 3.

Sur la courbe contraintes-déformations, la phase linéaire se poursuit jusqu’à mais la


courbe de déformations volumiques (εv = ε1+2ε3) ne l’est plus. Cette phase correspond à
la création et à l’ouverture de microfissures, par flambement parallèle à l’axe de
l’éprouvette. La stabilité globale est toujours assurée.
Au-delà de , la roche a un comportement instable, avec un volume qui augmente
(foisonnement ou dilatance) et des fissures qui se propagent rapidement. Dans le cas d’un
essai uni axial, la rupture est fragile et la courbe post-pic n’est obtenue qu’avec une presse
pilotée en déformations. La contrainte est la résistance à la compression simple, aussi
notée Rc.
FIG. 6 – Essai de compression simple d’une matrice rocheuse. Courbes classiques de réponse
Rc peut prendre des valeurs très différentes : de quelques MPa pour une roche très altérée à plus de
300 MPa pour certains basaltes ou quartzites.
Il est bon de rappeler ici que Rc n’est pas véritablement une propriété intrinsèque de la roche. L’effet
d’échelle est très sensible. De même la résistance à la compression simple varie selon la taille de
l’éprouvette et l’orientation de celle-ci par rapport à la direction de la compression (roche anisotrope).
1.3.2 Comportement sous étreinte triaxiale
L’essai de compression simple semble suggérer un comportement fragile et des caractéristiques
"postpic" presque nulles. Les résultats issus des essais triaxiaux ont largement contredit cette
observation pour les états de contrainte tridimensionnels. Sous étreinte triaxiale (confinement), on a
ainsi pu observer :
– que la charge de rupture croit ;
– que le mode de rupture change. La rupture est ductile, plastique avec palier de résistance, et
parfois même non identifiable : la résistance croit progressivement sans pic.
Selon le type de roche auquel on a affaire, on observera un comportement à la rupture différent.
Dans tous les cas, on pourra approcher la rhéologie du matériau par la théorie de la plasticité . Sans
rentrer dans les détails, il est bon de présenter sommairement les deux critères de rupture les plus
utilisés en mécanique des roches pour des matériaux homogènes.
Critère de Mohr-Coulomb
C’est le même qu’en Meca sols. Il se représente dans le plan de Mohr par une droite
d’équation :
τ = c + σtanϕ
Dans le plan des contraintes principales, il prend la forme :
σ1 = Kpσ3 + Rc

Avec
Dans le plan des contraintes principales, ce critère ne prend pas en compte la forme
arrondie de la courbe de rupture observée expérimentalement aux faibles contraintes et
pour les sollicitations en traction.
Critère de Hoek et Brown
En 1980, Hoek et Brown, deux ingénieurs anglo-saxons, proposent un nouveau critère de
plasticité, empirique mais respectant la forme "optimale" de parabole dans le plan des
contraintes principales. Il s’écrit de la manière suivante :

σ1 − σ3 = √(mσ3Rc + sRc2)
Avec :
– Rc la résistance en compression simple de la roche saine ;
– s un paramètre définissant le degré de fissuration (1 pour un échantillon intact et 0
pour un matériau complètement granulaire) ;
– m un paramètre lié à la nature de la roche (notion de cohésion, typiquement de 0.1 à
5).
•   critère de rupture a été conçu pour pouvoir s’appliquer à l’échelle du massif (rôle du
Ce
paramètre s qui prend en compte la fracturation micro et macroscopique). On notera que
la résistance en compression
Simple prise ici — calculable en prenant σ3 = 0 — est Rc . Elle est donc affaiblie par
rapport à Rc, valeur mesurée en labo pour la roche supposée saine.
Le critère de Hoek et Brown modélise donc le massif rocheux dans sa globalité, nous en
reparlerons si possible plus tard.
1.3.3 L’essai dilatométrique
A l’instar du célèbre essai pressiométrique pour les sols, l’essai dilatométrique permet
d’accéder directement à la courbe de chargement de la paroi d’un forage dans un milieu
rocheux.
Le principe est le suivant : on descend dans un forage, au bout d’un train de tige, la sonde
dilatométrique qui permet d’appliquer au terrain une pression orthotrope sur une
longueur d’environ 1m. Au milieu de la sonde sont disposés 3 capteurs de déplacement
diamétral — en général — régulièrement espacés sur le pourtour de la manchette
gonflante. En mesurant la pression de gonflement et le déplacement radial
indépendamment, on obtient une courbe de charge-décharge comme sur la Fig. 7.
Les meilleurs dilatomètres peuvent aller jusqu’à 30 MPa de pression et descendre à plus
de 1000 m sous terre. Ils sont très utiles pour étudier le comportement du massif rocheux
à l’échelle de la sonde (métrique) et dans des conditions in-situ. La formule d’élasticité
isotrope d’un trou pressurisé permet d’approcher la valeur du module d’Young du massif :
Le principe est le suivant : on descend dans un forage, au bout d’un train de tige, la sonde
dilatométrique qui permet d’appliquer au terrain une pression orthotrope sur une longueur
d’environ 1m. Au milieu de la sonde sont disposés 3 capteurs de déplacement diamétral —
en général — régulièrement espacés sur le pourtour de la manchette gonflante. En
mesurant la pression de gonflement et le déplacement radial indépendamment, on obtient
une courbe de charge-décharge comme sur la Fig 6.
Les meilleurs dilatomètres peuvent aller jusqu’à 30 MPa de pression et descendre à plus de
1000 m sous terre. Ils sont très utiles pour étudier le comportement du massif rocheux à
l’échelle de la sonde (métrique) et dans des conditions in-situ. La formule d’élasticité
isotrope d’un trou pressurisé permet d’approcher la valeur du module d’Young du massif :

ν est pris égal à 0,25 ou 0,3 et D est le diamètre du forage. Les ∆P et ∆u sont estimés pour
chaque cycle mais c’est souvent uniquement la deuxième charge-décharge qui est utilisée.
1.3.4 Fluage et effets différés
Avec de nombreuses roches tendres , on peut observer, sous charge maintenue constante,
des ruptures à long terme. Ce sont les effets différés dus au phénomène de fluage.
Trois principaux mécanismes sont à l’œuvre :
1. Mouvements de dislocations dans les cristaux — favorisés par les températures élevées
— assez courant dans le sel, le gypse et la calcite ;
2. Développement d’une microfissuration, notamment aux joints de grains, et pour des
contraintes supérieures au seuil ;
3. Altération chimique du ciment minéral entre les grains de roche. Cette dégradation
peut agir sur des milliers, voire des millions d’années.
Le fluage des roches est encore mal connu, et fait l’objet de nombreux travaux de
recherche. L’enjeu est de taille pour les ouvrages souterrains — les cavités de stockage de
déchets radioactifs en particulier — où les calculs à long terme sont souvent
dimensionnants.
Dans les zones d’infiltrations et où l’eau peut s’accumuler — en radier par exemple — on
peut observer un tout autre phénomène aboutissant au même résultat : une
augmentation de la pression de confinement. Il s’agit du gonflement, qui survient en
présence de certaines argiles, comme les smectites par exemple. Les dégâts occasionnés
par cette augmentation de volume du terrain peuvent être spectaculaires si le
dimensionnement n’a pas été suffisant (ruptures du radier).
1.4 Modélisation du massif rocheux
Après avoir présenté les deux composantes du massif rocheux
— roche et discontinuités
— il convient de s’intéresser maintenant à leur assemblage pour appréhender le
comportement global autour de l’ouvrage à construire.
1.4.1 Effet d’échelle
Pour l’échantillon de laboratoire, nous avons vu qu’un paramètre
— typiquement la résistance Rc
— dépendait fortement de la taille de l’éprouvette. Cela est dû aux défauts du matériau,
répartis de façon aléatoire : la probabilité de rencontrer un défaut augmente avec la dimension.
Pour l’ouvrage projeté, l’effet d’échelle se fait également sentir. On en distingue deux : effet sur
la dispersion des valeurs et sur la moyenne mesurée.
Dispersion
Supposons que l’on cherche à évaluer une propriété, telle que le module d’Young ou la
perméabilité équivalente d’un massif rocheux (Fig. 1.7). On réalise plusieurs essais sur plusieurs
éprouvettes de tailles différentes. Pour les petites tailles, la dispersion des résultats sera grande.
Ils varient en effet selon que l’on se place sur une discontinuité ou complètement dans la
matrice rocheuse. La dispersion diminue avec la taille des échantillons, pour se stabiliser à une
valeur moyenne, au-delà d’un volume dit Volume Elémentaire Représentatif (VER) qui contient
statistiquement un nombre à peu près constant de discontinuités.
FIG. 7 – Dispersions des mesures et Volume Elémentaire Représentatif.
Le VER peut être assez difficile à estimer lorsque plusieurs familles de discontinuités
existent. Valeur moyenne
Pour l’échantillon de labo, c’est typiquement le cas de Rc qui diminue avec la taille de
l’éprouvette.
De façon analogue, du fait de la présence des discontinuités dans le massif, on peut aussi
dire: très schématiquement que les ouvrages (galeries, talus,...) de grandes dimensions
sont moins stables que ceux de petites dimensions. Ils ont en effet plus de chance de
rencontrer des discontinuités défavorables pour leur stabilité. La résistance du massif
n’est pas la moyenne des résistances de la matrice et des discontinuités, mais plutôt le
minimum des deux ! C’est la notion de maillon faible.
Faire attention aussi aux différentes échelles des discontinuités, des aspérités, des
porosités... qui n’interviendront pas de la même façon selon la grosseur de l’ouvrage.
1.4.2 Milieu continu / milieu discontinu

Une notion très importante qui sera reprise de nombreuses fois dans le chapitre 3 est la
distinction entre milieu continu et discontinu. A chacun de ces milieux correspondra une
branche de la mécanique adaptée à l’étude. Hoek a très justement représenté la nuance
entre milieu continu et milieu discontinu sur sa célèbre figure (Fig. 9) où l’effet d’échelle
est mis en évidence avec deux ouvrages au rocher.
Lorsque le VER n’est pas facile à estimer, une aide supplémentaire peut s’avérer très utile
pour les parties de tunnel où le nombre de stabilité est faible (2σ0/RC < 1). Pour des états
de contrainte plus forts vis-à-vis de la résistance de la matrice rocheuse, la plastification
du terrain impose l’approche continue excepté peut-être lorsque l’orientation des
fractures et la taille des blocs isole des dièdres évidents. Le tableau 1.2 a donc été
élaboré pour classer les différents tronçons géotechniques du point de vue du
comportement du rocher autour de l’excavation . D est le diamètre moyen du tunnel et
les classes AFTES se réfèrent à la recommandation sur la caractérisation du massif
rocheux.
FIG. 8 – La célèbre figure de Hoek qui représente les différentes échelles de modélisation et
de représentation du massif rocheux : milieu continu ou discontinu ?
Classes AFTES Taille moyenne D<5m 5<D<20 D>20m
du bloc m

N1   CONTIN  
ID1 >3 m U
N1-N2   DISCON  
N2 ID1-ID2 TINU
1à3m TRANSIT
ION
N3-N4 ID3-ID4
20cm à 1m TRANSIT  
ION
N3-N4-N5 TRANSIT
ION CONTIN
ID5 <20cm
N2   U
N1

TAB. 1.2 – Limites entre milieux continus et discontinus pour 2σ0/RC < 1 et les classes AFTES
1.4.3 Mode de rupture en fonction des discontinuités
Mieux qu’un long discours, un tableau synthétique présente les différents modes de rupture en En
travaux souterrains, les ruptures envisagées dans le cas d’un milieu continu sont identiques à celles
rencontrées en mécanique des sols, à la distinction près que le matériau est parfois fragile et que la
rupture intervient brutalement. Ces modes de ruine dépendent fortement de l’état de contrainte
initial, de son degré d’anisotropie, de sa dilatance, de son degré d’endommagement, de sa teneur
en eau...
Pour les milieux discontinus, la rupture ne sera pas la même selon la densité de fracturation et
l’orientation de la galerie par rapport à ces discontinuités. On distingue les grandes familles
suivantes :
– La galerie traverse une famille de discontinuités perpendiculairement à leur plan. On dit que l’on
est en travers-banc. C’est une situation idéale que l’on recherche en priorité lorsque la
configuration le permet ;
– La galerie traverse une famille de discontinuités en étant parallèle à leur plan. On dit qu’elle est
en direction. Si les strates formées par ces discontinuités ne sont pas assez résistantes, alors il y
aura
stabilité de pentes (Fig. 9).
FIG. 10 – Différents modes de rupture pour un
talus rocheux (d’après Rainer Poisel et
Alexander Preh)
Dans les projets il est possible de prévoir ces modes de rupture, et de dimensionner les
ouvrages en conséquence. C’est vrai pour l’étude des fondations au rocher et pour la
stabilité des talus, mais un peu moins pour les travaux souterrains qui nécessitent une
campagne de reconnaissances préalable beaucoup plus détaillée. Dans ce dernier cas, c’est
sur le chantier qu’il faut réagir face à un risque de rupture avéré.

Vous aimerez peut-être aussi