encore
encore
adv. [ du lat. hinc ad horam, de là jusqu'à cette heure ]encore que
loc. conj.ENCORE
(an-ko-r') adv. de tempsREMARQUE
- En poésie, on écrit indifféremment encore et encor, suivant le besoin. L'ancienne prose écrivait aussi encores.
HISTORIQUE
- XIe s. Et uncore le mande l'on [que on le somme encore] que il vienge à dreit [qu'il vienne devant le juge] [, Lois de Guill. 45]Charles respont : uncor pourra garir [, Ch. de Rol. x]
- XIIe s. Encore aurons d'Espaigne le reignier [royaume] [, Ronc. p. 41]Mais [je] ne sai pas encor certainement Quel guerredon ele me voudra rendre [, Couci, v]N' [ni] encor, amors, ne vous ai reproché Mon service.... [, ib. VII]Heürs, servirs et talens Me pourront encor valoir [, ib. XI]Que [car] mon langage ont blasmé li François Et mes chançons, oïant les Champenois Et la contesse encoir, dont plus me poise [fâche] [QUESNES, Romancero, p. 83]Encoir ne soit ma parole françoise, Si la peut-on bien entendre en françois [ID., ib.]Cel jour firent François d'Anseys chevalier, Car ancores servoit au role d'escuier [, Saxons, IV]Guiteclin, fait-il, sire, moult peuz estre joians ; Ancor sera cest monz [monde] touz à toi apendanz [, ib.]Encor ne savoit Karles du domage neant [, ib. XI]À mon pooir [je] vous ai conseillé mainte fie [fois] Et ancor vous conseil [, ib. X]
- XIIIe s. [Que Dieu] Doint qu'encor leur en soit li guerredons rendus [, Berte, XXIV]Encor s'en peuvent cil qui or sont, percevoir [, ib. LXV]Encore lui semble Berte plus belle à esgarder [, ib. CXII]
- XVIe s. Encores que mon feu pere, Grandgousier, eust adonné tout son estude à ce que je prouffictasse [RAB., Pant. II, 8]Je t'en donnay quelque goust quand tu estoys encores petit [ID., ib.]Il n'est point besoing que vous prenez la peine de venir encores, pour les raisons que je vous manderay [MARGUER., Lett. 153]Si est-ce que encores [pourtant] en y a il qui.... [MONT., I, 26]La peur est encores plus insupportable que la mort [ID., I, 64]Il n'est demeuré de luy que ce discours, encores par rencontre [ID., I, 206]Quand vous voyez une riche demeure, encores que vous ne sachez qui en est le maistre.... [ID., II, 271]Encor qu'Homere est le premier compté, De s'arrester les autres n'ont eu garde [LA BOÉT., 478]Or ceste ci, or ceste là il treuve, Et puis encor une autre toute neuve [ID., 479]Ce lieu s'appelle encores à present Theseia [AMYOT, Thés. 5]Si matin qu'il n'estoit pas encores jour [ID., Public. 18]Si survint encores une autre armée, laquelle gasta tout le territoire de Rome [ID., ib. 32]Pere, dit-il, nous avons assez de pinte de vin pour vous et pour moi, encore [pourvu] que vous n'en buviez point [DESPER., Contes, LII]
ÉTYMOLOGIE
- Génev. oncore ; picard, core, couere, coir, ecouere (Breteuil), ouere ; norm. co ; environs de Paris, core ; bourguig. enco ; bressan, oncor ; anc. espag. encara ; ital. ancora ; du latin hanc horam, jusqu'à cette heure. La forme uncore vient de unquam hora.
encore
Avec la négation Ne, suivie de pas ou de point, il sert à indiquer que, jusqu'au moment dont il s'agit, une certaine chose n'existe pas ou n'a pas eu lieu, mais qu'elle doit, devrait ou pourrait exister, avoir lieu. Il n'est pas encore jour, encore nuit. Il n'était pas encore venu. Comment, vous n'êtes pas encore habillé! Il n'est pas encore temps d'agir. On ne l'a pas encore vu s'impatienter. Êtes- vous prêt à partir? Pas encore.
Il signifie aussi De nouveau. Donnez-nous encore à boire. Je veux encore essayer si je pourrai réussir.
Il signifie aussi De plus. Outre l'ordre qu'on lui avait donné, on lui commanda encore de... On ajoute encore à cela que... Il s'emploie dans ce sens avec la conjonction Mais, par opposition à Non seulement. Non seulement il est libéral, mais encore il est prodigue.
Il se joint à l'adverbe Plus, lorsqu'on veut exprimer qu'une qualité, qu'une chose enchérit sur une autre. Il est encore plus riche que son frère. Ils ont déjà beaucoup obtenu, mais ils veulent plus encore. Ils exigent encore plus, encore davantage. On le joint d'une façon analogue à certains verbes qui marquent augmentation ou diminution. Cela augmentait encore sa tristesse. Cela réduit encore son revenu, déjà si modique.
Il se place au commencement d'une phrase où l'on exprime une restriction qui enchérit sur ce qu'on vient de dire. Ce mot n'est guère usité que dans telle science, encore ne l'emploie- t-on que rarement. Vous avez le droit d'agir ainsi, encore faut-il que vous préveniez les intéressés.
Il signifie quelquefois Du moins. Si encore il voulait céder sur ce point, on pourrait lui accorder le reste.
Il s'emploie aussi comme une sorte d'interjection, lorsqu'on reproche à quelqu'un une récidive. Eh quoi! encore! ou tout simplement, Encore!
Il se dit aussi dans le sens de Cependant, toutefois. Vous dites que ce n'est rien, mais encore...
ENCORE QUE, loc. conj. Bien que, quoique. Encore qu'il soit jeune, il ne laisse pas d'être sérieux.
encore
Encore, Semble qu'il vienne de Incoram. qua dictione vtitur Apuleius lib. 7. et 10. quasi In conspectu, In promptu, et prae manibus, Denuo, Etiamnum.
Rien encore, Nihil dum.
Nous n'avions encore rien ouy, Nihil dum audieramus.
On n'a point encore passé les monts, Nulla dum via superatae Alpes.
Cela est laid à nous deux, que je ne l'aye point encore leu, Me adhuc non legisse, turpe vtrique nostrum est.
Les lettres de Bibulus n'estoient point encore apportées, Necdum Bibuli erant allatae literae.
Tu ne m'as point encores cogneu quel je suis, Non satis me pernosti etiam qualis sim.
Tu n'es pas encores où tu cuides, Adhuc tua messis in herba est.
Si vous ne voulez encore quelque chose d'avantage, Nisi quid adhuc forte vultis.
Encore de present, Etiam nunc.
Encore lors, Etiam tum.
Encore que tout veint autrement qu'on espere, etc. Vt omnia contra opinionem acciderent, tamen, etc.
Encore qui pis est, ce bon homme, etc. Ille autem bonus vir nusquam apparet.
T'oy-je encore? Etiam denuo?
T'arreste-tu encore icy? Etiam nunc hic stas?
Comment? Le renies-tu encores? Etiam negas?
Encores t'en ris tu? Etiam rides?
Non point encore, Nondum etiam.
Encore d'avantage, Etiam insuper.
Ou point encore? An nondum etiam?
encôre
ENCôRE, ou ENCOR, adv. [Ankôre, Ankor; 2e lon. au 1er.] Le second ne se dit qu'en conversation, et en vers. L'Ac. ne le met que pour la Poésie. — On dit, dans le Dict. de Trév., qu'encôre est bien languissant dans un vers, quand il ne fait point d'élision. On ne voit pas pourquoi il le serait plus qu'un grand nombre de mots de cette terminaison: on peut dire, au contraire, qu'encor est dur et sec, et qu'encore est plus sonore et plus soutenu. Quoiqu'il en soit, les Poètes ont à choisir entre les deux.
ENCôRE est un adv. de temps, qui s'emploie pour le pâssé, pour le présent et pour l'avenir. "Il vit encôre. "Il vivait encôre, il y a dix ans. "C'est un homme à vivre encôre trente ans. = Il signifie aussi, de nouveau: "Donez-moi encôre à boire; de plus, ajoutez encôre à cela que, etc.; outre l'argent, on lui dona encôre un cheval, etc. — Du moins: "Encôre s'il vouloit avouer sa faute, on la lui pardonerait. — Il se met aussi après mais, par oposition à non-seulement. "Non-seulement il est libéral, mais encôre prodigue. Il vaut mieux que mais même, dont plusieurs se servent, et qui est bien dur.
1°. Encôre, Aussi ont quelque raport, mais ne sont pas synonimes. Le 1er a plus de raport au nombre et à la quantité. "Il n'y en a pas assez: il en faut encôre. Le 2d tient davantage de la similitude et de la comparaison. "Lorsque le corps est malade, l'esprit l'est aussi. — * Leibnitz s'en sert au lieu de même. "De la manière dont je prends les chôses, encôre (même) les hyperboles de Platon se vérifient souvent.
Encôre pour déjà, est un gasconisme. "Cet enfant a-t-il encôre déjeuné? Gasc. Cor. = Encôre se dit avec la négative.
2°. Encôre et Aûtre ayant à~-peu-près le même sens, il semble que c'est un pléonasme que de les apliquer tous deux au même objet. "La mauvaise police étoit encôre un aûtre obstacle à tous progrès. Hist. d'Angl. Il faut opter, et dire, était un aûtre obstacle, ou était encôre un obstacle.
3°. Encôre doit ordinairement précéder le participe dans les temps composés des verbes, et se mettre après le verbe dans les temps simples. "Je n'ai pas encôre fini: j'y travaille encôre. — Avec les adverbes de comparaison, il doit précéder. Racine le fils le fait suivre.
Non, maintenant sa gloire éclate plus encor...
Au delà de ce monde il est un monde encor.
On doit passer ces constructions aux Poètes. En prôse, on dirait éclate encôre plus. "Il est encôre un monde.
4°. Encôre a un sens tout diférent, suivant qu'~ il~ est afecté ou non par une particule négative. "J'atends encôre, c. à. d. j'ai atendu jusqu' à présent, ce qui signifie une continuation de la chôse. "Je ne l'atends pas encôre, c. à. d. le temps n'est pas venu qu'on puisse, ou qu'on doive l'atendre; ce qui est bien loin de signifier continuation ou répétition. Racine n' a pas fait cette attention dans ces vers d'Iphigénie.
Vous me donnez des noms qui doivent me surprendre,
Et les Dieux, dès long-temps, contre moi courroucés,
À~ mon oreille encor les avoient épargnés.
Tout le monde voit qu'encor, placé où il est, ne peut signifier que continuation; ce qui est contre le sens de l'Auteur. Peut-être a-t-il cru qu'épargner ayant un sens passif, il pouvait employer encôre, comme s'il y avait une négation. Me les avaient encore épargnés., c. à. d. n'avaient pas encore permis qu'on me les donât.
5°. Encôre est adverbe dans cette phrâse. "Il n'est pas encôre venu. Il est conjonction dans cette aûtre. "Il a été long-temps à se faire prier; encôre ne l'a-t-il acordé que de mauvaise grace. Dans ce dernier emploi, on met le pronom nominatif après le verbe. "Je suis content de ma pauvre Ithaque: encôre même n'y règnerai-je que trop tôt. Télémaque. "Il a falu que les Dieux nous aient envoyés pour désabuser Idoménée... encôre a-t-il falu des espèces de miracles pour lui ouvrir les yeux. Ibid. — Mais si le verbe est éloigné d'encôre, on peut se dispenser de mettre le pronom après. "Encôre même la plupart des hommes, en ce pays, étant adonés à l'agriculture, ou à conduire leurs troupeaux, ne laissent pas d'exercer les arts nécessaires à leur vie simple et frugale. Ibid. En changeant la construction et raprochant le verbe d'encôre, l'illustre Auteur aurait surement dit, ne laissent-ils pas, etc. — "Mais encôre faut-il atendre Doralice. Marin.
6° Encôre adv. se met aussi quelquefois à la tête de la phrâse; et une de ses propriétés, quand il est ainsi placé, c'est d'autoriser la supression du verbe. "Encôre une réflexion, qui nous prouvera combien est fausse l'idée que l'Auteur nous done, etc. On sous-entend, je fais, ou permettez-moi encôre, etc.
Encôre que, quoique. Plusieurs ont voulu le bannir de la Langue, aussi bien que, malgré que. Il serait bon de le conserver: il est le plus sonore des trois. "Encôre que j'en sois fort touchée, j'aime mieux sentir cette sorte de douleur, que de ne point savoir la suite de votre amitié. Sév. — L'Ac. met encôre que sans remarque. Elle ne dit point qu'il vieillisse.
Rem. Coquillart et d'autres vieux Poètes, ont dit encoire, et l'ont fait rimer avec mémoire, histoire, etc. La Monnoie. Au 17e. siècle, on disait encores, et l'on prononçait l's devant une voyelle. "Celles qui ne seront pas encores habituées à l'Office. S. Fr. de S. — En vers, on dit encôre et encor. Corneille et Segrais s'en servaient indiféremment. Gombaud fuyait encor comme un écueuil, et n'aimait à se servir que d'encore. Ménage ne pouvait soufrir celui-là à la fin du vers, ayant observé, dit-il, qu'il est extrêmement dur en cet endroit; mais il l'employait volontiers à la césure, comme Malherbe le pratiquait, et il trouvait qu'il y avait bonne grace.
Et tant d'autres encor me devoient avertir.
Enfin, Ménage avertit ceux qui voudront employer encor dans les autres endroits du vers, de consulter leur oreille, pourvu qu'ils l'aient bonne; car il y a tel lieu, où il ne sera point dur, et tel autre, où il le sera extrêmement. = Suivant M. l'Abé d'Olivet, dans la prôse, où l'on n'est point gêné par la mesûre, nos bons Écrivains donent constamment la préférence à encôre, dont la pénultième, alongée par l'e muet, soutient la prononciation; au lieu que dans les entretiens familiers, où il n'est pas~ permis d'être lent, on ne dit guère que encor, dont la dernière est brève.
— L'Acad. dit, qu'en Poésie, on dit indiféremment encore ou encor, suivant le besoin. = Encores a tout-à-fait vieilli. Il était pourtant comode pour les Poètes d'ajouter cette s devant une voyelle, quand ils avaient besoin d'une syllabe de plus, et de la retrancher, quand elle leur était inutile.
encore
noch, wieder, abermalig, abermals, von neuem, wiederholt, zurück, sodann, weiterhin, bisher, immer nochagain, still, yet, even, afresh, all over again, anew, once more, over again, also, at least, but, neverthelessnog, weer, alweer, nogmaals, opnieuw, vanvorenafaan, weder, wederom, nog (steeds), nog eens, nog meer, nog wel, meerעדיין (תה״פ), עוד (תה״פ), שוב (תה״פ), עוֹד, שׁוּבπάλι, ξανά, ακόμη, ακόμαankoraŭtodavía, de nuevo, otra vezancora, perancoおおくの, まだ, 再び아직, 다시jeszcze, wciąż, znowuainda, de, novo, novamenteحَتَّى الآن, لا يَزالُ, مَرّةً أُخْرىještě, opět, stáleendnu, igen, stadigtaas, vielä, yhäjoš uvijek, opetennå, igjen, stilleвновь, еще, неизменноän, ännu, igenยัง, ยังคง, อีกครั้งhala, yine, yine dechưa, lại, vẫn仍, 仍然, 再次още然而 (ɑ̃kɔʀ)adverbe
encore
[ɑ̃kɔʀ] advIl y travaille encore → He's still working on it.
Il est encore au travail → He's still at work.
pas encore → not yet
Il n'est pas encore rentré → He isn't home yet.
Il m'a encore demandé de l'argent → He asked me for money again.
J'irai encore demain → I'll go again tomorrow.
encore un effort → one last effort
encore un verre → another glass
encore deux jours → two more days
Encore un peu de gâteau? → Would you like some more cake?
Il reste encore deux morceaux de gâteau → There are two pieces of cake left.
encore une fois → once again
encore! (insatisfaction) → not again!
quoi encore? → what now?
encore plus fort → even louder, louder still
encore mieux → even better, better still
hier encore → as recently as yesterday
non seulement ..., mais encore ... → not only ..., but also ...
encore que → although