supplice

supplice

n.m. [ du lat. supplicium, action de ployer les genoux, de supplier, de plicare, plier ]
1. Peine corporelle ordonnée par arrêt de justice : Le supplice de la roue.
2. Sévices corporels graves : Même les supplices n'ont pu la faire avouer torture
3. Douleur physique violente et insupportable ; calvaire : Cette migraine est un véritable supplice martyre, tourment
Être au supplice,
souffrir terriblement ; fig., se trouver dans une situation fort désagréable : Il m'accablait de questions, j'étais au supplice.
Le dernier supplice,
Litt. la peine de mort.
Supplice de Tantale,
souffrance qu'éprouve qqn qui ne peut satisfaire un désir dont l'objet reste cependant à sa portée.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

SUPPLICE

(su-pli-s') s. m.
Punition corporelle ordonnée par arrêt de la justice.
Je vais, comme au supplice, à cet illustre emploi [CORN., Hor. II, 5]
[Qu'il] De sa rébellion reçoive le supplice [ROTR., Antig. IV, 1]
Que peut-on imaginer de plus malheureux, que de ne pouvoir conserver la foi sans s'exposer au supplice ? [BOSSUET, Reine d'Angl.]
Comme on traînait au supplice ces deux fidèles témoins de Jésus-Christ ressuscité.... [ID., Hist. II, 9]
Un père, en punissant, madame, est toujours père ; Un supplice léger suffit à sa colère [RAC., Phèdre, III, 3]
À remonter du supplice injuste de Montecuculli [sous François Ier] jusqu'à celui des templiers, c'est une suite de supplices atroces, fondés sur les présomptions les plus frivoles [VOLT., Dict. phil. Supplice, II]
Il suffirait de réfléchir sur le supplice de la reine Anne de Boulen, de la reine Catherine Howard, de la reine Jeane Gray, de la reine Marie Stuart, du roi Charles Ier, pour justifier celui qui a dit que c'était au bourreau d'écrire l'histoire d'Angleterre [ID., ib.]
Il [Patkul] reçut seize coups, et souffrit le supplice le plus long et le plus affreux qu'on puisse imaginer [ID., Charles XII, 3]
Les supplices sont malheureusement nécessaires ; il faut effrayer le crime ; mais rendez les supplices utiles ; que ceux qui ont fait tort aux hommes servent les hommes [ID., Pol. et lég. Fragm. des instr. 4]
Les supplices recherchés dans lesquels on voit que l'esprit humain s'est épuisé à rendre la mort affreuse, semblent plutôt inventés par la tyrannie que par la justice [ID., ib. Comm. Espr. lois, Supplices]
On a toujours remarqué que les pays où les supplices sont le plus terribles, sont aussi ceux où ils sont le plus fréquents [J. J. ROUSS., Écon. polit.]
Par extension.
Les tyrans.... vous mettent quelquefois un homme entre quatre murailles sans livres ; ce supplice est pire que la question, qui ne dure qu'une heure [VOLT., Lett. Mme du Deffant, 11 déc. 1769]
Condamner au dernier supplice, condamner à mort.
Quoi donc ! les Romains ont-ils pu penser à honorer comme Dieu celui que leurs magistrats avaient condamné au dernier supplice ? [BOSSUET, Hist. II, 12]
Mener quelqu'un au supplice, le mener à un supplice qui est suivi de la mort. Les supplices éternels, les peines des damnés.
Qui vous dira qu'une justice infinie ne s'exerce pas à la fin par un supplice infini et éternel ? [BOSSUET, Anne de Gonz.]
Il signifie quelquefois simplement la mise à mort, sans idée de jugement.
Le fils d'Agamemnon vient hâter son supplice [du fils d'Hector] [RAC., Andr. I, 4]
Par extension, tout ce qui cause une vive douleur de corps, et qui dure quelque temps. La goutte est un supplice.
Si messieurs vos maris vous aimaient tant, mesdames, voudraient-ils vous faire souffrir tous les ans un plus grand supplice que ne sont ceux des roués ? [SÉV., 2 déc. 1671]
Familièrement. Être au supplice, souffrir beaucoup de quelque mal, de quelque incommodité.
Je veux.... Des souliers où mes pieds ne soient point au supplice [MOL., Éc. des mar. I, 1]
Tartufe : Vous toussez fort, madame. - Elmire : Oui, je suis au supplice [ID., Tart. IV, 6]
Fig. Être au supplice, avoir quelque inquiétude, ou être impatienté.
J'étais au supplice, quand, pour m'achever, le maître de la maison me rappela.... [DUCLOS, Œuv. t. VIII, p. 173]
On dit de même : mettre au supplice.
Vous voulez que toujours je l'aie à mon service Pour mettre incessamment mon oreille au supplice [MOL., Femmes sav. II, 7]
Fig. Grande peine d'esprit, grande souffrance morale. L'ambition a ses supplices.
.... tu veux donc vivre en d'éternels supplices ? [CORN., Clit. II, 4]
Je vois bien que ma vue est pour elle un supplice [MOL., Tart. II, 4]
Je tiens que, dans tous les beaux-arts, c'est un supplice assez fâcheux que de se produire à des sots [ID., Bourg. gent. I, 1]
Dieu punit l'âme infidèle par son propre déréglement, et, pour s'être cherchée elle-même, elle devient par là son supplice [BOSSUET, la Vallière.]
Il te manquait encor ces perfides amours Pour être le supplice et l'horreur de mes jours [RAC., Mithr. III, 1]
La vue de son propre cœur.... devient son supplice [FÉN., Tél. XVIII]
Les chrétiens.... sont-ils faits pour se fuir, se faire un supplice de se voir, et ne pouvoir se souffrir les uns les autres ? [MASS., Carême, Pardon]
Le supplice de la honte [MONTESQ., Esp. VI, 13]
C'est un supplice pour les artistes que les préceptes donnés par ceux qui ne sont point de l'art [MARMONTEL, Œuv. t. x, p. 520]
Quiconque aima jamais porte une cicatrice ; Chacun l'a dans le sein, toujours prête à s'ouvrir ; Chacun la garde en soi, cher et secret supplice, Et mieux il est frappé, moins il en veut guérir [A. DE MUSSET, Poésies nouv. Lett. à Lamartine]
Porter le supplice, porter la peine.
Sage en tout, il ne fit jamais qu'un mauvais choix [Richelieu], Dont longtemps nous et lui portâmes le supplice [CORN., Sonnet sur la mort de Louis XII]
Fig. et poétiquement. Personne qui cause le supplice, le tourment.
Ceux-là partout à charge et les vivants supplices De qui se condamne à les voir, Mais plus encore à charge à leurs propres caprices, Se donnent plus de mal qu'ils n'en font recevoir [CORN., Imit. II, 3]

HISTORIQUE

  • XVIe s.
    Nule vie sans son suplice [COTGRAVE, ]
    Tel vie, tel supplice [ID., ]

ÉTYMOLOGIE

  • Lat. supplicium, supplice, proprement offrande, prière, de supplicare (voy. SUPPLIER), ainsi dit parce que, quand on allait exécuter à mort un citoyen romain, le rex sacrorum dévouait le coupable aux dieux au moyen d'une prière et d'un sacrifice, afin de laver le peuple romain des suites du sang versé.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

supplice

SUPPLICE. n. m. Peine corporelle ordonnée par la justice. Le supplice de la roue, du fouet, de la marque, du carcan, du gibet. Le supplice des parricides. Des instruments de supplice. L'instrument du supplice.

Condamner quelqu'un au dernier supplice, Le condamner à mort. Mener quelqu'un au supplice, Le mener à l'endroit où il doit être exécuté.

Les supplices éternels, Les peines de l'enfer.

SUPPLICE se dit d'une façon générale des Souffrances corporelles infligées aux vaincus, aux prisonniers, à toute sorte de victimes. Malheur à celui qui tombe aux mains de ces peuples barbares : ils le feront périr dans d'atroces supplices.

Il se dit, par extension, de Tout ce qui cause une vive douleur de corps et qui dure quelque temps. La goutte est un supplice, un supplice cruel.

Fig. et fam., Être au supplice, Souffrir beaucoup de quelque mal, de quelque incommodité, de quelque douleur physique ou morale. J'ai une migraine violente, je suis au supplice. Ne vous voyant pas revenir, j'étais au supplice. Témoin de son embarras, j'étais au supplice. Je suis au supplice quand il faut que je l'écoute. On dit de même, par exagération : Avec ses discours fastidieux, il me met au supplice.

SUPPLICE se dit figurément de Tout ce qui cause une peine, une affliction, une inquiétude violente et de quelque durée. C'est un supplice pour moi que d'entendre cet homme-là. Depuis la dernière lettre de mon fils, le manque de nouvelles me met au supplice. Le supplice de l'absence. Le supplice de l'attente.

Fig., Supplice de Tantale, État d'une personne obligée de se priver d'une chose qui s'offre à sa vue et qui la tente.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

supplice

Supplice, Supplicium.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

supplice


SUPPLICE, ou SUPLICE, s. m. SUPLICIER, v. act. [Dern. e muet au 1er, é fer. au 2d.] Suplice est, proprement, une punition corporelle, ordonée par la Justice: le suplice de la roûe, du gibet, etc. Condamner, mener au suplice.
   Pour vous charger ici du soin de son suplice,
   Est-ce à vous que le ciel a commis sa justice?
       Sémiramis.
  Plus le coupable est grand, plus grand est le suplice.
      Volt. Sémiramis.
= Par extension, douleur vive et longue. "La gravelle, la goutte est un vrai suplice. = Fig. Peine, afliction, inquiétude violente, et qui dûre quelque-tems. Pour des coeurs passionés, l'absence est un suplice. "C'est un suplice pour moi que de vivre avec cet homme. Voy. TOURMENT.
   SUPLICIER ne se dit qu'au propre. Faire subir le suplice de la mort. "On a suplicié trois voleurs. "Il fut suplicié en Grève. — Il n'est pas du beau style.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

supplice

nom masculin supplice
1.  Châtiment corporel.
2.  Violente douleur physique.
3.  Chose moralement pénible.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

supplice

עינוי (ז), עִנּוּיkwellingtorturestrazio, supplizio, torturaFolterизтезания酷刑mučenítortur고문tortyr (syplis)
nom masculin
très grande souffrance
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

supplice

[syplis] nm
(= peine corporelle) → torture
(= douleur physique ou morale) → torture, agony
C'était un supplice → It was torture.
être au supplice → to be in agony
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005