paradis

paradis

n.m. [ lat. paradisus, du gr. paradeisos, jardin ]
1. Dans diverses religions, séjour des âmes des justes après la mort : « Nous irons tous au paradis » [film réalisé par Yves Robert] ciel ; enfer
2. Lieu, séjour enchanteur : Cette région est le paradis des gastronomes.
3. Galerie supérieure d'une salle de théâtre ; poulailler.
Être au paradis,
être parfaitement heureux : Après leur victoire, les joueurs étaient au paradis au septième ciel
Il, elle, etc., ne l'emportera pas au paradis,
il, elle, etc., ne restera pas impuni.
Les paradis artificiels,
les plaisirs que procurent les stupéfiants (titre d'une œuvre de Charles Baudelaire).
Oiseau de paradis,
autre nom du paradisier.
Paradis fiscal,
pays ou place financière qui fait bénéficier d'avantages fiscaux les personnes qui y font des opérations, des dépôts, etc.
Paradis terrestre,
dans la Genèse, jardin de délices où Dieu plaça Adam et Ève Éden
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

PARADIS

(pa-ra-di ; l's se lie : le pa-ra-di-z et les bienheureux ; d'après Chifflet, Gramm. p. 216, au XVIIe siècle, l's ne se prononçait pas, même devant une voyelle) s. m.
Terme d'antiquité. Grands parcs chez les anciens Perses ; jardins délicieux.
Un vieux mot, paradis, que l'hébreu, comme toutes les langues de l'Orient, avait emprunté à la Perse, et qui désigna d'abord les parcs des rois achéménides [RENAN, Vie de Jésus, I, 11]
Le paradis terrestre, ou, simplement, le paradis, jardin où Dieu mit Adam dès qu'il l'eut créé.
Le Seigneur Dieu prit donc l'homme, et le mit dans le paradis de délices, afin qu'il le cultivât et qu'il le gardât [SACI, Bible, Genèse, II, 15]
Son innocence tout ensemble et sa félicité dans le paradis [BOSSUET, Hist. I, 1]
Il est certain par le témoignage des livres sacrés, que le paradis terrestre était en Asie, et que l'Asie était un continent habité avant le déluge [BUFF., Hist. nat. Preuv. théor. terr. Œuvr. t. I, p. 291]
Fig. et familièrement. Séjour délicieux. Ce pays est un paradis.
Et Tours, que l'on appelait le jardin de la France, se doit à cette heure nommer le paradis de la terre [VOIT., Lett. 86]
Il n'y a rien de plus agréable que La Haye, quand le soleil daigne s'y montrer ; on ne voit ici que des prairies, des canaux et des arbres verts ; c'est un paradis terrestre depuis La Haye jusqu'à Amsterdam [VOLT., Lett. Mme de Bernières, 7 oct. 1722]
Lieu où résident les âmes des justes et les anges, jouissant d'un bonheur éternel. Les joies du paradis. Il est maintenant en paradis.
On ne sait ce qui en arrivera [du sermon hardi d'un moine] ; tout au pis aller, un moine n'a rien à perdre ; il n'y a pas plus loin en paradis de la Bastille que de son couvent [GUI PATIN, Lett. t. II, p. 388]
Elle a principalement dans la tête de vouloir aller en paradis [SÉV., 332]
Nous avons ici une petite huguenote qui dit que les enfants morts sans baptême vont droit en paradis sur la foi de leurs pères [ID., 435]
Ô Dieu, que peuvent-elles [les intelligences angéliques] trouver en ce monde, que peut produire cette terre ingrate qui soit capable d'y attirer ces glorieux citoyens du paradis ? [BOSSUET, Sermons, Anges, 1]
Quoi donc ! cher Renaudot, un chrétien effroyable Qui jamais, servant Dieu, n'eut d'objet que le diable, Pourra, marchant toujours dans des sentiers maudits, Par des formalités gagner le paradis ! [BOILEAU, Ép. XI]
Paradis aux bienfaisants, disait toujours l'abbé de Saint-Pierre [VOLT., Dict. phil. Paradis.]
Portier du paradis, saint Pierre. Fig. Se recommander à tous les saints et saintes du paradis, être en grand danger, implorer la protection de tout le monde. Fig. Être en paradis, se croire en paradis, dans le paradis, c'est-à-dire être dans une extrême joie, ou se trouver délivré d'une vive douleur, d'une grande inquiétude. Fig. Entendre les joies du paradis, c'est quand on voit ou entend les autres prendre des plaisirs, sans qu'on y ait part. On dit des riches qui prennent toutes leurs aises et qui goûtent tous les plaisirs, qu'ils ont leur paradis en ce monde. Vous ne l'emporterez pas en paradis, c'est-à-dire vous me le revaudrez avant de mourir, je me vengerai tôt ou tard. Il a heurté à la porte du paradis, se dit d'un homme qui a été à l'agonie. Fig. Mettre en paradis, glorifier.
Peut-être qu'avec toute sa haute faveur, il [Mazarin] ne rejetterait pas la bonne volonté d'un artisan qui peut, aussi bien que Michel-Ange, mettre en enfer ou en paradis un cardinal [BALZAC, Lett. à Chapelain, 21 janv. 1644, dans PELLISSON, Hist. de l'Acad. III.]
Fig. Aller par delà paradis, faire au delà de son devoir, de ce qui est exigé.
Je ne veux pas surpasser la mère de Chantal, qui serait proprement vouloir aller par delà paradis [SÉV., 9 fév. 1683]
Le maréchal de Schomberg a donné sur l'arrière-garde des ennemis.... quarante dragons plus braves que des héros y ont péri ; un d'Aigremont tué sur le champ ; le fils de Bussy, qui voulait aller par delà paradis, prisonnier [ID., 18 sept. 1676]
Titre de poëmes consacrés au paradis chrétien. Le Paradis, une des trois parties du poëme de Dante. Le Paradis perdu, de Milton.
Le paradis de Mahomet, lieu où les fidèles musulmans jouiront, après leur mort, de toutes sortes de plaisirs.
On déclame tous les jours contre le paradis sensuel de Mahomet ; mais l'antiquité n'en avait jamais connu d'autres [VOLT., Mœurs, 7]
Fig. État le plus agréable et le plus heureux dont on puisse jouir. Un bon ménage est le paradis sur terre.
En me tirant d'erreur m'ôte du paradis [BOILEAU, Sat. IV]
Je serai en paradis quand mes oreilles entendront mes vers embellis par votre musique [VOLT., Lett. en vers et en prose, 42]
Le paradis ou l'enfer des familles dépend à tout jamais de l'opinion qu'elles ont donnée d'elles [BEAUMARCH., Mère coupable, II, 2]
Ancien terme de marine. Nom donné, dans le XVIe et le XVIIe siècle, à une retraite pratiquée dans un port, pour mettre les navires à l'abri des accidents de la mer et du vent.
La France n'avait avant le règne de Votre Majesté aucun havre qui fût capable de recevoir une flotte royale.... c'est par la prudence et les ordres de Votre Majesté que le paradis de Calais, le bassin du Havre de Grâce, la chambre de Brest.... ont été bâtis [P. FOURNIER, (1643), dans JAL]
Terme de théâtre. Amphithéâtre placé au plus haut rang des loges.
Pourquoi a-t-on appelé paradis le rang des troisièmes loges à la comédie et à l'opéra ? est-ce parce que, ces places étant moins chères que les autres, on a cru qu'elles étaient faites pour les pauvres, et qu'on prétend que dans l'autre paradis il y a beaucoup plus de pauvres que de riches ? est-ce parce que, ces loges étant fort hautes, on leur a donné un nom qui signifie aussi le ciel ? [VOLT., Dict. phil. Paradis.]
Nom donné anciennement à des cours devant une église.
Pourquoi a-t-on donné le nom de paradis à des cours carrées au devant d'une église ? [ID., ib.]
Se disait des autels provisoires élevés dans les rues les jours de procession solennelle. On dit maintenant reposoir.
10° Oiseau de paradis, oiseau des Indes à longues plumes effilées, genre paradisaea, Linné, passereaux conirostres. Oiseau de paradis, se dit aussi des plumes de cet oiseau que les femmes portent dans leur coiffure. Son oiseau de paradis lui coûte fort cher.
11° Pommier de paradis, ou, simplement, paradis, espèce de pommier nain. Pomme de paradis, ou, simplement, paradis, espèce de pomme rouge qui se mange en été.
12° Fleurs de paradis, bel arbre du Pérou. Paradis des jardiniers, le saule pleureur.
13° Nom spécifique d'un polynème, poisson.

PROVERBES

  • C'est le chemin du paradis, on n'y va qu'un à un, se dit d'un chemin, d'un passage fort étroit.
  • Paris est le paradis des femmes, le purgatoire des hommes et l'enfer des chevaux.

HISTORIQUE

  • XIe s.
    Sieges aurez al greignor [au plus grand] pareïs [, Ch. de Rol. LXXXVII]
  • XIIe s.
    Lors dit Ansiaux de Chartres : par Deu de paradis.... [, Sax. XXVI]
    Quant Deus ot fait Adam e mis en paradis [, Th. le mart. 31]
  • XIIIe s.
    Diex ! dist Renart, sainte Marie ! Où fu trovez icist biax estres ? Je cuit c'est paradis terrestres [, Ren. 4896]
    Et il [Louis IX] demanda se il avoit nulles nouvelles du conte d'Artois son frere ; et il dit que il en savoit bien nouvelles ; car estoit certein que son frere le conte d'Artois estoit en paradis [JOINV., 229]
  • XVe s.
    Lequel ils affirmoient, sur leur part de paradis et sur le peril de leurs ames, que celui estoit droict et vrai pape [, Bouciq. III, 4]
    Vous regarder est un droit paradis ; De jour en jour vo beauté renouvelle [E. DESCH., Poésies mss. f° 250]
    Quand madame et ma deesse Et mon paradis mondain... [ID., ib. f° 100]
    Quand elle me vit, pour entrée Elle me bailla un soubriz, Et, pour dire vray, sa risée M'estoyt ung petit paradis [COQUILL., Monol. de la botte de foin.]
  • XVIe s.
    Il n'y a ny paradis [reposoirs] bien tapissez et dorez, ny processions.... qui nous donnent à manger [, Sat. Mén. p. 175]
    Je chante une beauté des beautez la premiere, Le paradis des yeux.... [DESPORTES, Angélique, 1]

ÉTYMOLOGIE

  • Bourg. pairaidi ; prov. paradis ; espagn. paraiso ; ital. paradiso ; du lat. paradisus, du grec, jardin. Le grec est un mot persan : zend, pairidaeza, enclos, de pairi, entour, et daeza, rempart, sanscrit deha (e long), équivalent au grec. Le paradis des théâtres vient des mystères, qui représentaient le paradis en haut, la terre au-dessous, l'enfer au niveau du sol.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    PARADIS. Ajoutez :
    14°
    Arbre de paradis, le thuya occidentalis, L., [BAILLON, Dict. de bot. p. 257]
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

paradis

PARADIS. n. m. Jardin de délices. Il n'est d'usage en ce sens que dans cette expression : Le paradis terrestre, Le jardin où Dieu mit Adam aussitôt qu'il l'eut créé. Dieu chassa Adam et Ève du paradis terrestre, ou simplement du paradis.

Il se dit, figurément et familièrement, d'un Lieu, d'un séjour délicieux, charmant, orné par la nature ou par l'art. Cette campagne, cette vallée, ce jardin est un paradis terrestre, est un vrai paradis, un petit paradis, un paradis.

Oiseau de paradis. Voyez OISEAU.

PARADIS désigne aussi le Séjour des bienheureux, le lieu de délices où les âmes des justes voient Dieu et jouissent d'un bonheur éternel. Les joies du paradis. Mériter le paradis par ses bonnes oeuvres.

Fig. et fam., Être en paradis, croire être en paradis, dans le paradis, Être dans une extrême joie ou Se trouver délivré de quelque grande douleur, de quelque grande peine d'esprit.

Fig. et fam., Se recommander à tous les saints du paradis, Implorer l'assistance, la protection de tout le monde.

Fig., Faire son paradis en ce monde, Se livrer à toute sorte de plaisirs.

Fam., et par manière de menace, Vous ne l'emporterez pas en paradis, Je me vengerai de vous tôt ou tard.

Le paradis de Mahomet, Lieu où Mahomet a fait espérer aux sectateurs de sa loi qu'après leur mort ils jouiront de tous les plaisirs des sens.

PARADIS se dit figurément de l'État le plus heureux dont on puisse jouir et du Lieu où l'on en jouit. Un bon ménage est le paradis sur la terre. Cette plage est le paradis des enfants.

PARADIS, dans les Théâtres, se dit, par extension, de l'Étage le plus élevé d'une salle de spectacle.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

paradis

Paradis, ou jardin de plaisance, paradéisos, Hortus.

¶ Mettre quelqu'un en paradis, Asserere aliquem coelo.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

paradis


PARADIS, s. m. 1°. Jardin délicieux. Le Paradis terrestre, où Adam fut placé aussi-tôt qu'il eut été créé. = 2°. Le séjour des bienheureux. "Les Saints, les Anges du Paradis. "Les joies du Paradis. Acad. Cette locution me parait vieille. "Quand il n'y auroit ni Paradis, ni enfer, il ne faudroit pas moins aimer Dieu. Acad. = St. Prov. Quand on est en danger, on dit, qu'on se recomande à tous les Saints du Paradis. — Un malade qui cesse de soufrir, dit qu'il croit être en Paradis. "Il est impossible de vaincre le someil: il faut que je dorme une demi-heure... Ah! il me semble que je suis en Paradis. Th. d'Éduc. — Chemin de Paradis, défilé, chemin étroit. — "Le fils de Bussi, qui vouloit aller par delà Paradis, prisonier. Sév. c. à. d. qui s'avança trop à la poursuite des énemis.
   PARADIS, dans les Théâtres, se dit des places qui sont au-dessus des loges, vers le centre.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

paradis

nom masculin paradis
1.  Séjour des justes après la mort.
2.  Lieu, état délicieux.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

paradis

Paradies, Himmelparadise, heavenparadijs, hemel, engelenbakעדן (ז), עֵדֶןparadysفردوس, جَنَةٌ, جَنَّةрайparadísráj, nebeparadis, himlenparadizoparaíso, cieloraj, nebesaparadiso天国, 楽園paradis, himmelraj, nieboparaísoрай, небесаparadis, himmelрайπαράδεισοςparatiisi, taivas낙원, 천국สวรรค์cennetthiên đường天堂天堂 (paʀadi)
nom masculin
1. religion endroit où se retrouvent les morts, dans certainesreligions l'enfer et le paradis
2. figuré lieu agréable, merveilleux un coin de paradis
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paradis

[paʀadi] nm
(= ciel) → heaven
aller au paradis → to go to heaven
le paradis et l'enfer → heaven and hell
les paradis artificiels → artificial highs
un paradis terrestre → heaven on earth
(endroit idyllique)paradise
un paradis tropical → a tropical paradise
paradis fiscal nmtax haven
les paradis fiscaux → tax havens
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005