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Maurice Herzog

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Maurice Herzog
Fonctions
Député français

(10 ans, 11 mois et 30 jours)
Élection 12 mars 1967
Réélection 30 juin 1968
11 mars 1973
Circonscription 3e de la Haute-Savoie
Législature IIIe, IVe et Ve (Cinquième République)
Groupe politique UD-Ve (1967-1968)
UDR (1968-1976)
RPR (1976-1978)
Prédécesseur Roch Meynier
Successeur Claude Birraux

(7 mois et 5 jours)
Élection 25 novembre 1962
Circonscription 4e du Rhône
Législature IIe (Cinquième République)
Groupe politique UDT-UNR
Prédécesseur Guy Jarrosson
Successeur Pierre-Bernard Cousté
Maire de Chamonix

(environ 9 ans)
Prédécesseur Paul Payot
Successeur Christian Couttet
Secrétaire d'État à la Jeunesse et aux Sports

(2 ans, 6 mois et 28 jours)
Prédécesseur 1er titulaire (précédemment Haut-commissariat)
Successeur François Missoffe
Haut commissaire à la Jeunesse et aux Sports

(4 ans, 8 mois et 15 jours)
Prédécesseur René Billères
Successeur devient secrétaire d'État
Biographie
Nom de naissance Maurice André Raymond Herzog
Date de naissance
Lieu de naissance Lyon 3e, France
Date de décès (à 93 ans)
Lieu de décès Neuilly-sur-Seine, France
Nationalité française
Parti politique UNR puis UDR
Fratrie Gérard Herzog
Enfants Laurent Herzog, Félicité Herzog, Sébastien Herzog, Mathias Herzog
Entourage Jacques Ertaud
Diplômé de HEC Paris

Maurice Herzog, né à Lyon le et mort le à Neuilly-sur-Seine[1], est un alpiniste et un homme politique français.

Chef désigné de l'expédition française à l'Annapurna, en 1950, il a notamment conquis avec Louis Lachenal ce sommet de plus de 8 000 mètres, une première mondiale.

Le père de Maurice Herzog, ingénieur de nationalité suisse, s'est engagé dans la Légion étrangère[1]. Sa mère est Germaine Beaume[2].

Maurice Herzog se marie en premières noces à Paris, le , à Marie-Pierre de Cossé-Brissac, fille de Pierre de Cossé Brissac, divorcée de Simon Nora et déjà mère de deux enfants[3]. Le couple a deux enfants : Laurent (né le , mort le ) et Félicité (née en 1968)[4]. En 1976, Maurice Herzog épouse en secondes noces Élisabeth Gamper, avec laquelle il a eu deux autres enfants : Sébastien et Mathias.

Il est le frère du journaliste Hubert Herzog, décédé dans un crash d'avion en 1968, de l'écrivain et cinéaste Gérard Herzog, le beau-frère du réalisateur Jacques Ertaud et le petit-fils d'Oscar Herzog, l'ingénieur chargé du projet (conception et réalisation) du jet d'eau de Genève[5].

Il a été pilote d'avion[a], président du Club alpin français (CAF) de 1952 à 1955, fondateur en 1964 et président de l'Office franco-allemand pour la jeunesse et, de 1970 à 1994, membre du Comité international olympique (CIO), puis membre honoraire[6].

En 1965, secrétaire d'État à la Jeunesse et aux Sports, il participe à la création de l'association d'activités sportives de plein air UCPA.

Il a vraisemblablement aussi tenté de jouer un rôle dans le groupe Schneider[7], sa première femme faisant partie de la famille Schneider.

Résistance

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Éclaireur de France dans sa jeunesse, diplômé d'HEC en 1944[1],[8], après avoir rejoint Jeunesse et montagne, il cherche à s'engager dans la Résistance en [1],[9] et devient capitaine de la 2e compagnie du 27e bataillon de chasseurs alpins, au sein de la 5e demi-brigade de chasseurs alpins durant la campagne des Alpes (hiver 1944-1945). Jean Mabire explique que le capitaine Herzog, « un des meilleurs alpinistes du bataillon […] a formé son unité à son image »[10].

Expédition française à l'Annapurna

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Vue aérienne du massif de l'Annapurna (Népal).

Maurice Herzog fut le premier à gravir avec Louis Lachenal et une expédition composée de Gaston Rébuffat, Lionel Terray, Marcel Ichac, Jean Couzy, Marcel Schatz, Jacques Oudot (médecin), Francis de Noyelle (agent de liaison) et Adjiba (sherpa), un sommet de plus de 8 000 mètres, l'Annapurna I, le . Il eut les orteils et les doigts gelés lors de cette expédition ; il fallut ensuite les lui amputer[11]. Un exploit largement popularisé en France par la Une de Paris Match, le film Victoire sur l'Annapurna de Marcel Ichac et le livre Annapurna, premier 8000 de Maurice Herzog, dans lequel il retrace son ascension édité dans la collection Sempervivum. Cet exploit fait sensation dans une France encore marquée par la Seconde Guerre mondiale[7].

Ce livre à succès a depuis fait controverse, et on peut lire un point de vue différent sur les événements et le rôle de Maurice Herzog dans le journal de Louis Lachenal, Carnets du vertige[12]. Selon Lachenal, Herzog avait « un sens très réduit de l'organisation », mais c'était « un extraordinaire animateur » dont la résistance physique et la technique d'alpiniste ont surpris « les trois professionnels de l'équipe » (Lachenal, Rébuffat et Terray)[13].

Un hommage lui est rendu le salle Pleyel, aux galas de la Montagne, par le guide Jean Afanassieff, qui présentait Fitz Roy face nord et Christian Cousin, alpiniste vainqueur de l'hivernale Cima Presanella dans les Dolomites. Selon Claude Gardien, Herzog « était devenu l’homme de l’Annapurna. Son regard clair et métallique encourageait les foules. Le moment où, applaudi par le public, il levait les bras, découvrant ses mains amputées qu’il cachait jusque-là avec une sorte de pudeur, avait le don de galvaniser les salles »[14].

Haut commissaire, puis secrétaire d'État à la Jeunesse et aux Sports de 1958 à 1966[1], il est l'homme de confiance du général de Gaulle afin de développer la pratique du sport pour former des champions qui seront les représentants d'une France forte en dehors des frontières. Il utilise ainsi le mythe de la pyramide de Pierre de Coubertin : former des champions par la masse. Il est aussi le personnage-clé dans l'évolution rapide du réseau des maisons des jeunes et de la culture dans les années 1960 et à l'origine de la création des bases de plein air et de loisirs.

Maire de Chamonix (1968-1977)[1], après avoir échoué en 1965 à devenir maire de Lyon, vice-président du groupe UDR, député du Rhône (1962)[1], puis de Haute-Savoie (1967-1978)[1], il a également été président de la société du tunnel du Mont-Blanc (la STMB, entre 1981 et 1984) ainsi que président et membre de conseils d'administration d'entreprises du BTP et de produits pétroliers. Il est aussi membre de l'Académie des sports.

Maurice Herzog est membre du Comité international olympique de 1970 à 1994[1].

En 1998, il présente sa candidature au fauteuil de François Furet à l'Académie française[15] et la retire quelques jours après[16]. Il échoue en 1999 dans sa candidature au fauteuil de Maurice Schumann[17] et en 2000 dans sa candidature au fauteuil de Julien Green[18].

Dernières années

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Dans un livre paru en 2012 Un héros, la fille de Maurice Herzog, Félicité Herzog, remet en cause la figure légendaire de son père[19]. Elle fait part de ses doutes sur l'ascension de l'Annapurna et relate les faits au conditionnel. Elle soupçonne « un pacte inavouable » entre Herzog et Lachenal, « unis pour le pire dans un mensonge de cordée, et l'édification de ce qui deviendra un mythe national »[20].

Elle cherche dans cette affaire et le comportement de son père (qu'elle juge mégalomane, obsédé sexuel, incestueux et antisémite, proche de Jean-Marie Le Pen) les explications à la mort de son frère, vraisemblablement de troubles cardiaques en tombant de l'escalier du château familial, schizophrène, Laurent « élevé dans le culte d'un père idéalisé »[21],[22]. Elle déclare un mois après la première édition chez Grasset que son livre n'est qu'un fruit de son imagination[23]. Il est néanmoins réédité en poche, comme c'est l'usage un an après, maintenant les mêmes faits et interrogations[7]. Selon Libération, Maurice Herzog déclare après l'avoir lu : « Ce n’est pas ma fille qui l’a écrit »[20].

Ayant passé ses dernières années à Neuilly-sur-Seine, Herzog est mort trois mois après la parution du livre de sa fille. Ses obsèques ont lieu le 20 décembre 2012 à Chamonix, ville dont il a été maire[24]. Il est inhumé au cimetière de Biollay à Chamonix[25].

Distinctions

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Quelques ouvrages

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Maurice Herzog est l'auteur de plusieurs dizaines d'ouvrages[30]

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Avec 1 500 heures de vol, dont 500 homologuées.

Références

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  1. a b c d e f g h et i Charlie Buffet, « Maurice Herzog », publié dans le quotidien Le Monde du dimanche 16 - lundi 17 décembre 2012 p. 25
  2. Who's Who in France, dictionnaire biographique, 1992-1993. Éditions Jacques Lafitte 1992
  3. Anne Fulda, « Marie-Pierre de Cossé Brissac, rebelle de jour », Le Figaro, supplément Le Figaro et vous,‎ 22-23 octobre 2022, p. 41 (lire en ligne).
  4. Présentation du livre de Félicité Herzog, Un héros, sur le site des éditions Grasset, consulté le .
  5. Catherine de Baecque, Maurice Herzog, le survivant de l'Annapurna, Arthaud (ISBN 978-2-0812-5427-5)
  6. Mort de Maurice Herzog, le vainqueur de l'Annapurna, Le Figaro, 14 décembre 2012.
  7. a b et c Un héros, (ISBN 978-2-253-17480-6, présentation en ligne)
  8. Maurice Herzog (HEC 1944M)
  9. HEC 130 ans - Maurice Herzog, diplômé d'HEC, vainqueur de l'Annapurna
  10. Jean Mabire, La Bataille des Alpes, tome 2, Presses de la Cité, 1990, page 212, ordre de bataille page 262, photo en cahier central.
  11. « Maurice Herzog », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. David Roberts, Annapurna, une affaire de cordée, éditions Guérin, mai 2000 (ISBN 978-2911755224)
  13. Louis Lachenal, Carnets du Vertige, Chamonix, Guérin, 1996, p. 297.
  14. Claude Comet, « "Annapurna Premier 8000", il fallait un chef... ce fut Herzog », sur L'Obs, (consulté le )
  15. « Candidatures au fauteuil de MM. René Huyghe (F5) et Jacques-Yves Cousteau (F17) », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  16. « Candidature au fauteuil de M. François Furet (F1) », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  17. « Élection de M. Pierre Messmer (F13) », sur academie-francaise.fr, (consulté le ).
  18. « Théâtre : Obaldia, sous la Coupole et sur les planches », sur lesechos.fr, (consulté le ).
  19. Félicité Herzog, Un héros : roman, Paris, éditions Grasset, , 304 p. (ISBN 978-2-246-80063-7)
  20. a et b Pascale Nivelle, « Félicité Herzog, chute de père », sur Libération.fr,
  21. Astrid De Larminat, « Romans : mon père, ce héros », sur lefigaro.fr,
  22. Jérôme Garcin, « Fête des pères : Mon père, ce salaud », sur nouvelobs.com,
  23. Félicité Herzog invitée dans l'émission La Grande Librairie de François Busnel sur France 5, 27 septembre 2012
  24. « Les obsèques de Maurice Herzog à Chamonix », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le )
  25. « HERZOG Maurice (1919-2012) - Cimetières de France et d'ailleurs », sur www.landrucimetieres.fr (consulté le )
  26. « JORF n°0075 du 29 mars 1959 - p. 3769 », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  27. Prix Guy-Wildenstein.
  28. Archives « Honour List » 1956-1998, sur le site officiel ibby.org.
  29. Annapurna 1er 8000, Arthaud éditeur
  30. Notice BnF de Maurice Herzog, et ses publications.