Sylvain Kaufmann
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Sali (dit Sylvain) Kaufmann |
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Sali, dit Sylvain Kaufmann, né le à Metz et mort le à Créteil[1], est un homme d'affaires français juif, rescapé de la Shoah.
Biographie
[modifier | modifier le code]Sylvain Kaufmann (prénommé aussi Sali ou Sally[2]) est né à Metz le , il est le fils de Maurice Meyer Kaufmann et Rose Lilienbaum.
Seconde Guerre mondiale
[modifier | modifier le code]Soldat français, Sylvain Kaufmann s'évade d'un camp de Bavière en 1940.
Sa dernière adresse avant sa déportation est au 77, rue Bertrand de Goth à Bordeaux (Gironde)[3]
À la suite de la dénonciation d'un débiteur, il sera arrêté puis successivement interné, entre et , à Phitiviers, Beaune-la-Rolande, Drancy, Auschwitz, Varsovie et Dachau. Il y vit le paroxysme de l'horreur, expérience dont il témoigne dans deux livres Au-delà de l'enfer[4] et Le Livre de la mémoire[5]. Sylvain Kaufmann est un des rares rescapés ayant tenté une évasion « réussie » d'un des convois de la mort, le convoi n° 53 du 25 mars 1943[6], à destination de Sobibor, évasion qui sauve la vie de trois[7] de ses compatriotes, Hughes Steiner[8], Robert et Paul Fogel[9],[10].
Il est interné au camp de Drancy en 1942 puis déporté le vers Sobibor, où son convoi, le numéro 53, est exterminé. Après avoir scié avec une lime le plancher, il s'évade du wagon, de nuit, en territoire allemand, entre les roues du train en marche[6]. Repris, condamné à la pendaison pour sabotage, il est « le » condamné à mort qui a survécu à tout, même au pire. Après les prisons françaises et allemandes, il aboutit à la section disciplinaire d'Auschwitz, le , sous le matricule 119 618. Le , dans la nuit de Kippour, il est transféré dans le camp de concentration de Varsovie, où sous couvert de déblayer les ruines du Ghetto démoli, il s'agit surtout de dépouiller la ville juive de tous ses biens. Le , c'est le départ à pied pour Dachau-Mühldorf. Il est libéré le par l'arrivée des Américains[11].
Après la Guerre
[modifier | modifier le code]Après la guerre, Sylvain Kaufmann occupe d'importantes fonctions dans des institutions religieuses et culturelles juives en France et à l'étranger. Il devient membre de nombreux comités ou trésorier d'institutions éducatives (école Gilbert-Bloch d'Orsay, école Yabné), cultuelles (Synagogue de la rue de Montévideo), sionistes : Fonds national juif (KKL), Appel juif unifié de France (AUJF). Il est président du Mouvement sioniste de France durant de longues années[12].
Dès les années 1950, Il se dédie au commerce import-export entre la France et la Chine. Il sera l'un des premiers commerçants étrangers à pénétrer en Chine communiste, assistant périodiquement à la foire de Canton[12]. En 1968, en pleine révolution culturelle chinoise, il est arrêté par les Gardes rouges et est soupçonné d'espionnage tandis qu'il prenait des photos à Shanghai. Il sera relâché quelques heures plus tard mais ses films lui seront confisqués[13],[14]
Témoignage
[modifier | modifier le code]Sylvain Kaufmann est l'auteur de deux livres, préfacés par Robert Badinter[15], témoignant de son expérience concentrationnaire : Au-delà de l'enfer en 1987 aux éditions Séguier-Garamont[4] et Le Livre de la mémoire en 1992 aux éditions Lattès[5].
Son dernier livre est réédité par les éditions du club le Grand Livre du mois[16] en 1992.
Il participe à de nombreuses émissions télévisées et radiophoniques notamment à la Source de vie de Josy Eisenberg, sur Antenne 2[17]. En 1987, Bernard Pivot le convie à son émission Apostrophes, dédiée aux génocides. Sylvain Kaufmann décline parce que celle-ci ayant lieu le vendredi soir en direct, il ne voulait pas enfreindre le repos rituel du shabbat[18].
Le , Sylvain Kaufmann et Ida Grinspan sont sollicités en tant que rescapés des camps, à accompagner le tout premier voyage scolaire français à destination d'Auschwitz-Birkenau[19]. Quarante-cinq ans après son incarcération, il revient, pour la première fois, sur les lieux douloureux de son calvaire et témoigne devant une centaine d'élèves émus, du processus de déshumanisation dont lui et les siens ont fait l'objet[20]. Les lycéens, issus d'une soixantaine d'établissements parisiens, ont répondu à l'invitation du « Comité d'information des lycéens sur la Choa ». L'action est menée conjointement par la section française du CJM et du CRIF, et parrainée par le Ministère de l'Éducation Nationale, le Secrétariat des Droits de l'Homme et celui des Anciens Combattants[21]. « Dès le départ » raconte Marianne Picard, directrice d'école, « le ton était donné. Dans l'avion, les aînés donnèrent aux lycéens attentifs les premiers éléments d'information... La présence des deux anciens déportés et leur témoignage firent une très forte impression sur les élèves. De manière générale, chaque élément qui, visuellement, rappelait ces temps de désespoir, touchait immédiatement les participants[22]. »
Famille
[modifier | modifier le code]Sylvain Kaufmann rencontre celle qui deviendra son épouse, née Rosenberg[2], au camp de Drancy. Elle est libérée en 1942, car elle est âgée de moins de 17 ans. Elle s'engage dans la Résistance, chez les MOI-FTP[23].
Il est le père de Francine Kaufmann, chercheur, essayiste, journaliste, interprète et professeur titulaire à l'université Bar-Ilan, Israël. Son fils Alain-Moché Kaufmann est rabbin à Bnei Brak (Israël). Il est rosh kollel et auteur de l'ouvrage Lev Avoth al Banim[24].
Mort
[modifier | modifier le code]Sylvain Kaufmann meurt à Créteil le à l'âge de 82 ans des suites d'une leucémie et est inhumé à Jérusalem le 18 août[25].
Hommage posthume
[modifier | modifier le code]Le , Daniel Radford, rabbin, éditeur et homme de lettres, lui rend hommage dans l'émission de Michel Drucker Vivement Dimanche[26].
Publications
[modifier | modifier le code]- Sylvain Kaufmann, Au-delà de l'enfer, Séguier-Garamont, (lire en ligne)
- Sylvain Kaufmann, Le livre de la mémoire, Lattès,
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Relevé des fichiers de l'Insee
- (en) Francine Kaufman. Geni.com.
- Voir, Klarsfeld, 2012.
- Sylvain Kaufmann, Au-delà de l'enfer, Séguier, , 400 p. (ISBN 978-2-906284-10-4)
- Sylvain Kaufmann (préf. Robert Badinter), Le livre de la mémoire : au-delà de l'enfer, Paris, J.-C. Lattès, , 522 p. (ISBN 2-7096-1174-0).
- (en) Tanja von Fransecky, Escapees : The History of Jews Who Fled Nazi Deportation Trains in France, Belgium, and the Netherlands, Berghahn Books, , 362 p. (ISBN 978-1-78533-887-8, lire en ligne)
- Centre d’histoire de Sciences Po, « Histoire@Politique n°32 : Le dossier : Pour une histoire de la Lorraine (1870-1962) au prisme du concept d'espace de violence (Gewaltraum) », sur www.histoire-politique.fr, (consulté le )
- Henry Bulawko, Les jeux de la mort et de l'espoir : Auschwitz-Jaworzno, Montorgueil, (ISBN 978-2-87874-065-3), p. 176
- « Mémoire de la Shoah », sur INAthèque, .
- « Paul Fogel - Grands Entretiens Patrimoniaux - Ina.fr », sur entretiens.ina.fr (consulté le )
- Sylvain Kaufmann, Le livre de la mémoire : Au-delà de l'enfer, J.-C. Lattès, (ISBN 978-2-7096-1174-9), Quatrième de couverture.
- (en-US) « Sylvain Sali Sally Kaufmann », sur geni_family_tree (consulté le ).
- (en) « Guards grill frenchman- 2,5-hour ordeal in Shanghai room », The STAR, Hongkong, , p. 4.
- Juif? selon le rabbin David Radford, Jewpop
- Sylvain Kaufmann et Francine Kaufmann (préf. Robert Badinter ; postf. de Francine Kaufmann), Au-delà de l'enfer : Sylvain Kaufmann, (lire en ligne)
- « Le livre de la mémoire : Au-delà de l'enfer - Babelio », sur www.babelio.com (consulté le ).
- Source de Vie: il faudra que je me souvienne.
- Bourreaux et victimes, Apostrophes du 17/04/1987, Antenne 2, CPB87004721.
- Bertrand Poirot-Delpech, « Le Monde », quotidien,
- « L'Arche, », n° 373,
- « Opération : des lycéens à Auschwitz », HAMORÉ No 122-123, , p.39 (lire en ligne)
- « Tribune Juive », mensuel, no 1015, non notée
- Francine Kaufmann, linguiste du mois d'avril. Le mot juste en anglais, 28 avril 2013.
- Rav Moche Kaufmann. torah-box.com.
- « Fichier Insee des décès Kaufmann Sali », sur deces.matchid.io (consulté le ).
- Lirone Chimoni, « Daniel Radford - Sheila - Vivement Dimanche - 6 Janvier 2013 », (consulté le ).
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie et sitographie
[modifier | modifier le code]- (en) Susan Zuccotti, The Holocaust, the French, and the Jews, U of Nebraska Press, , 383 p. (ISBN 978-0-8032-9914-6, lire en ligne), p. 313.
- Beate et Serge Klarsfeld, Mémorial de la déportation des Juifs de France, Paris, FFDJF, .
- Daniel Radford, L'Homme Aux Livres, Édition Presse Chatelet, (présentation en ligne)
- Paul Fogel, Grands entretiens : Mémoires de la Shoah (présentation en ligne)
- (de) Tanja von Fransecky, Flucht von Juden aus Deportationszügen in Frankreich, Belgien und den Niederlanden, Berlin, Metropol Verlag, , 398 p. (ISBN 978-3-86331-168-1)
- Henry Bulawko, Les jeux de la mort et de l'espoir : Auschwitz-Jaworzno, Montorgueil, (ISBN 978-2-87874-065-3)
- Francis Marmande, « La morte-saison », Lignes, 1987/1 numéro=1, p. 95-111 (DOI 10.3917/lignes0.001.0095)
- (de) Hans-Joachim Lang, Wer waren sie? Woher kamen sie? Wie lebten sie?, Freiburger FrauenStudien 19, .
- Sylvain Kaufmann (préf. Robert Badinter, postface Francine Kaufmann), Au-delà de l'enfer, Garamont, Librairie Séguier, (lire en ligne).
Liens externes
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- Naissance en mars 1914
- Naissance à Metz
- Judaïsme orthodoxe
- Sionisme religieux
- Homme d'affaires français
- Personnalité française du monde des affaires du XXe siècle
- Personnalité française du judaïsme
- Déporté de la Seconde Guerre mondiale
- Survivant de la Shoah en France
- Survivant de la Shoah en Pologne
- Survivant de la Shoah en Allemagne
- Survivant français de la Shoah
- Prisonnier au camp de Drancy
- Déporté au camp d'Auschwitz
- Auteur de littérature sur la Shoah
- Témoin français de la Shoah
- Survivant des camps de concentration nazis
- Survivant du camp de concentration de Dachau
- Survivant des Marches de la mort
- Décès en août 1996
- Décès à Créteil
- Décès à 82 ans