At the 53 ter rue de Louvois, in Reims, a number of human settlements dating from the Mesolithic ... more At the 53 ter rue de Louvois, in Reims, a number of human settlements dating from the Mesolithic period to the Early Middle Ages have been uncovered. Located on a footslope, these successive settlements are evidenced by archaeological features such as pits and ditches, which broadly appear at the same stratigraphic level. These features of different ages therefore provide valuable opportunities for sedimentary records in a context where natural stratification is poor. The examination of sedimentary archives sourced from archaeological features reveals distinct environmental phases interspersed with hiatuses stemming from the intermittent human habitation of the site. The initial phase provides insights into the early Holocene period, particularly during the First Mesolithic, illustrating the emergence of a pioneering semi-forest environment between around 9200 and 8200 cal. BC. Subsequently, Phase 2a, dated between 7050 and 6250 cal. BC, witnesses the expansion of deciduous forests during the Second Mesolithic. This expansion peaks during the Middle Neolithic (4300–3500 cal. BC), despite the construction of an enclosure in Phase 2b. The site is later cleared, at an unknown date between the end of the Middle Neolithic and the beginning of the Iron Age, probably during the late Bronze Age, between 1300 and 800 cal. BC. Phase 3 is thus characterised by the dominance of a dry grassland environment from the Hallstatt period through the early Middle Ages. This regional example illustrates the remarkable potential of malacological remains for reconstructing palaeoenvironments in poorly stratified contexts, as close as possible to human settlements and outside wetlands, the main sites for palynological investigations.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Feb 8, 2017
Le site du « Fossé Dort » à Torvilliers (Aube) a livré dix fosses dont les datations 14C témoigne... more Le site du « Fossé Dort » à Torvilliers (Aube) a livré dix fosses dont les datations 14C témoignent de leur attribution au mésolithique. Les données apportées par le site du « Fossé Dort », par ses fortes particularités, mais aussi par ses similitudes avec les autres sites à fosses mésolithiques de Champagne-Ardenne, viennent enrichir l’important corpus de ces structures mises au jour ces dernières années. En plus de la découverte de rares éléments lithiques et osseux, la mise en oeuvre d’études micromorphologiques, malacologiques et anthracologiques a permis de préciser le fonctionnement de ces fosses, leur environnement et leur datation. Le creusement des fosses dans un sédiment crayeux très induré et les dynamiques complexes de comblement des structures mettent en évidence un investissement certain dans leur élaboration. Les résultats des analyses paléoenvironnementales témoignent d’au moins deux phases d’occupation du site. La phase la mieux documentée évoque un environnement forestier, qui précède une phase à la végétation moins ombragée. Enfin, les résultats des analyses malacologiques ont tendance à rajeunir légèrement les dates obtenues sur charbon de bois sans mettre en cause l’attribution au Mésolithique des fosses de Torvilliers, également évoquée par les résultats des analyses anthracologiques. In the Champagne-Ardenne province, a large number of mesolithic pit sites have been excavated over the last few years. At Torvilliers ‘le Fossé Dort’, in the Aube department (north-east of France), ten pits have been discovered on the occasion of the excavation of an area encompassing about 3,000 m2. These pits are attributed to the mesolithic period on the basis of radiocarbon dating. In addition to the discovery of rare flint artefacts and bones, micromorphological, malacological and anthracological studies were carried out, which made it possible to advance hypotheses on the use of these pits, their environment and their dating. Their digging into a highly indurated chalky sediment and their complex infilling pattern highlight that they were built with great care. The results of the paleoenvironmental analyses show at least two occupational phases. The best documented phase evidences a forest environment. It precedes a phase with less shaded vegetation. Lastly, the results of the malacological studies indicate slightly younger ages than those obtained on charcoal by radiocarbon dating. However, this does not challenge the attribution of the pits of the Torvilliers site to the mesolithic, which is also suggested by the anthracological analyses.
The chemical changes in wood influence the biodeterioration by fungi. The thermally modified wood... more The chemical changes in wood influence the biodeterioration by fungi. The thermally modified wood behaved differently to biodeterioration by fungi.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Feb 8, 2017
Ces dernières années, dans l’Aube et dans la Marne, de nombreux sites datés du Mésolithique ont l... more Ces dernières années, dans l’Aube et dans la Marne, de nombreux sites datés du Mésolithique ont livré des fosses dont les fonctions demeurent énigmatiques. Ces structures ne livrent que très peu d’artefacts et d’ossements mais contiennent plus fréquemment des charbons de bois et des restes malacologiques. Dans cet article, la contribution de l’indicateur malacologique pour la compréhension de l’environnement, de la datation et du fonctionnement de ces structures est développée au travers de l’exemple du site de Recy – Saint-Martin-sur-le-Pré « le Mont Grenier – Parc de Référence », dans le département de la Marne. Sur ce gisement, où plus d’une trentaine de fosses ont été analysées sur le plan malacologique, trois grandes malacozones ont été identifiées. La malacozone RECY 1, qui concernent les fosses datées entre 9510 et 8740 BP, est marquée par des assemblages aux effectifs globalement faibles qui sont dominés par des espèces mésophiles, en particulier par Vallonia costata. Ces assemblages évoquent un milieu où la végétation est encore largement pionnière. Dans les structures datées entre 8670 et 7050 BP, intégrées à la malacozone RECY 2, les espèces de milieu ombragé sont majoritaires. Le milieu apparaît principalement boisé mais une densité variable de l’ombrage est enregistrée selon les secteurs. Dans les fosses datées entre 6850 et 4420 BP (malacozone RECY 3), le milieu représenté par les assemblages malacologiques apparaît plus densément boisé que durant les divisions malacologiques précédentes. Les données faunistiques collectées apparaissent cohérentes avec les référentiels malacologiques européens développés notamment en contexte de versant (séquences de tuf) et de plaine (séries alluviales). En référence à ces données européennes, des hypothèses d’attribution chronologique différentes de celles formulées à partir des dates radiocarbones issues des structures les plus anciennes ont pu être établies en fonction de l’occurrence d’une espèce repère sur le plan biostratigraphique (Discus rotundatus). Enfin, au regard des variations de l’abondance malacologique, une diversité de fonctionnement des différentes fosses est supposée. Ces variations d’abondance sont ponctuellement liées à l’âge des structures et à leur morphologie. Des effectifs faibles sont enregistrés dans les fosses les plus anciennes, certainement en raison du caractère pionnier de la végétation et de la malacofaune associée. Dans les fosses les plus récentes, la faiblesse des effectifs semble plutôt liée à un remplissage rapide des structures archéologiques. Enfin, les effectifs abondants observés dans les fosses à téton pourraient témoigner d’apports volontaires de matériel organique, type litière forestière, dans le fond des fosses. Over these last years, a large number of Mesolithic sites in the Aube and Marne departments have yielded pits the functions of which are still enigmatic. These features contained only very few artifacts and bones but abundant charcoals and malacological remains. In this paper, the contribution of the malacological fauna as an indicator for the understanding of the environment, the dating and the use of these pits is addressed through the example of the archaeological site of Recy – Saint-Martin-sur-le-Pré ‘le Mont Grenier – Parc de Référence’ in the Marne department. At this site the shells from more than thirty pits have been analysed and it was possible to identify three major malacozones. Malacozone RECY 1, which concerns pits dated between 9510 and 8740 BP, is characterized by assemblages with a low number of specimens that are dominated by mesophilous species, more particularly Vallonia costata. Theseassemblages suggest that pioneer vegetation was still largely dominant. In the pits dated between 8670 and 7050 BP, incorporated into malacozone RECY 2, shade-demanding species predominate. The environment is mostly wooded but a varying density of shaded areas can be observed according to the sectors. In the pits dated between 6850 and 4420 BP (malacozone RECY 3), the environment reconstructed from the malacological assemblages appears to be more densely wooded than in the previous malacological zones. These faunal data are consistent with the European malacological series of reference defined more particularly from slope contexts (tufa sequences) and lowlands (floodplain series). With reference to these European data, hypotheses with regard to the chronological attribution were advanced. They differ from those based on radiocarbon analyses stemming from the most ancient features, according to the occurrence of a distinct species at the biostratigraphical level (Discus rotundatus). Lastly, varying functions of the different pits are supposed with regard to the variations of the malacological abundance. Low numbers of shells were registered in the most ancient pits, certainly due to the pioneering nature of the vegetation and its associated malacofauna. In the most recent pits, the low numbers of shells…
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jun 18, 2020
Based on the synthesis of Holocene malacological data collected at fifteen sites in the large flo... more Based on the synthesis of Holocene malacological data collected at fifteen sites in the large floodplains of the Seine basin, three major environmental stages separated by two transitional phases had been previously reconstructed. The results indicated that anthropogenic disturbance was the key factor in the openness of the Holocene landscape. This long-term environmental impact of human societies highlighted the continuous use of these lowlands even if the archaeological remains were often minimal. The malacological analysis recently carried out at Passel "Le Vivier" called into question this regional pattern. The analysis performed on a natural sequence located in the vicinity of a Neolithic causewayed enclosure revealed a dense forest habitat during and after the Neolithic occupation. The construction of the enclosure and its occupation had only a slight impact on the surrounding environment. These results question the parameters influencing our perception of human impact, particularly the duration and recurrence of settlements.
The earliest monumentality in Western Europe is associated with megalithic structures, but where ... more The earliest monumentality in Western Europe is associated with megalithic structures, but where did the builders of these monuments live? Here, the authors focus on west-central France, one of the earliest centres of megalithic building in Atlantic Europe, commencing in the mid fifth millennium BC. They report on an enclosure at Le Peu (Charente), dated to the Middle Neolithic (c. 4400 BC), and defined by a ditch with two ‘crab claw’ entrances and a double timber palisade flanked by two timber structures—possibly defensive bastions. Inside, timber buildings—currently the earliest known in the region—were possibly home to the builders of the nearby Tusson long mounds.
La fouille réalisée sur la commune de Saint-Gervasy, lieu-dit Aubrespin, fait partie d'un ens... more La fouille réalisée sur la commune de Saint-Gervasy, lieu-dit Aubrespin, fait partie d'un ensemble important d'opérations généré par la construction de la Ligne à Grande Vitesse entre Nîmes et Montpellier. Malgré la modestie du décapage (un peu moins d'un hectare), les découvertes archéologiques ont le mérite de documenter un secteur peu investi par l'archéologie. Plusieurs phases chronologiques ont été reconnues et toutes témoignent d'occupation peu étendues et de courte durée. À proximité du cours du Vistre et à distance de tout habitat groupé, ces occupations s'apparentent principalement à des établissements ruraux, à l'exception de la Protohistoire, qui se matérialise par cinq enclos circulaires dont la vocation funéraire a pu être interrogée.
En contexte archéologique, les datations radiocarbones sur coquilles de mollusques terrestres ont... more En contexte archéologique, les datations radiocarbones sur coquilles de mollusques terrestres ont longtemps été évitées car considérées comme peu fiables. En effet, les essais réalisés dès les années 1960 se sont principalement concentrés sur de grandes coquilles collectées à vue sur le terrain. Des âges souvent beaucoup plus anciens qu’attendus ont été obtenus sur ces coquilles et interprétés comme résultant de l’ingestion de carbonates de calcium appauvris en 14C par les mollusques. Ces échecs successifs ont progressivement conduit à imposer l’idée que les coquilles de mollusques terrestres ne constituaient pas un support fiable de datation. Ces dernières années, des recherches ont été conduites sur des espèces terrestres plus petites, de l’ordre de quelques millimètres, à la fois en contexte actuel et en contexte fossile. Des âges corrects ou, dans le pire des cas, vieillis de seulement quelques siècles, ont été obtenus sur ces petites coquilles. Si la datation des coquilles de gastéropodes terrestres par le radiocarbone semble appropriée pour le Pléistocène, les marges d’erreurs potentielles étant acceptables à cette échelle de temps, une plus grande précaution est de mise lorsqu’il s’agit de dater des dépôts holocènes. La datation sur coquilles doit d’abord reposer sur l’expertise du malacologue quaternariste. Il est le plus à même, d’une part, de sélectionner le matériel à dater en fonction de l’alimentation et du comportement des espèces et, d’autre part, de discuter de la validité des résultats.
International audienceL’émergence du mégalithisme sur la façade atlantique constitue l’un des fai... more International audienceL’émergence du mégalithisme sur la façade atlantique constitue l’un des faits marquants du Néolithique moyen. Ce monumentalisme funéraire a longtemps été dissocié de celui du monde des vivants, représenté notamment par les grandes enceintes à fossés interrompues, supposées plus récentes. Les résultats obtenus dans le cadre de projets collectifs de recherche successifs et du programme ANR MONUMEN (2018-2022) montent que ces deux formes de monumentalité architecturale apparaissent de manière concomitante dans le bassin de la Charente notamment au milieu du 5e millénaire avant notre ère.Fouillée depuis 2014, l’enceinte du Peu à Charmé (Charente) constitue l’un des rares sites de cette période ayant livré les traces de quatre bâtiments sur poteau à l’intérieur de l’espace ceinturé par un fossé et deux palissades. Depuis leur détection par prospection magnétique jusqu’à leur restitution en trois dimensions, en passant par le croisement des données de terrain, cette ...
Cet article collectif regroupe plusieurs contributions qui formalisent de nouvelles problématique... more Cet article collectif regroupe plusieurs contributions qui formalisent de nouvelles problématiques d’archéologie environnementale et intègrent les données paléoenvironnementales aux résultats issus des fouilles préventives. Il aborde plus particulièrement quatre questions : - l’évolution de l’environnement du Tardiglaciaire à nos jours, analysée à partir des restes fauniques (malacofaunes) et botaniques (troncs de pin) conservés dans les alluvions de la Seine ; - les occupations en bordure de chenaux selon les reconstitutions de l’hydrographie et du fonctionnement hydrologique des chenaux documentés dans le secteur de Pont-sur-Seine et en Bassée ; - les marais alluviaux qui retrouvent toute leur importance au sein des paysages alluviaux peuplés ou exploités par les sociétés de l’âge du Fer et de l’époque romaine. La découverte d’un squelette humain est un témoin exceptionnel de pratiques particulières laténiennes. Les Troyens, dont la ville a été construite dans un marais, ont dû s’adapter aux crues du fleuve et aux remontées de la nappe phréatique. Enfin, le statut du site princier hallstattien de Vix est reconsidéré en rappelant l’importance des marais et des résurgences dans le paysage ; - la question du rôle du climat dans la production céréalière et la dynamique d’occupation est examinée pour la plaine de Troyes entre 400 avant notre ère et 1000 de notre ère. De l’ensemble des approches, on retiendra que l’hydrographie et l’hydrologie de la Petite Seine ont largement changé au cours de l’Holocène. Le tracé de la Seine présente aujourd’hui un seul chenal, profond et calibré en aval de Troyes, qui facilite la navigation depuis l’époque moderne. Ce n’était pas le cas auparavant puisque de nombreux chenaux qui contournaient les dômes graveleux sur lesquels étaient implantés les habitats ont gardé globalement les mêmes tracés pendant tout l’Holocène. Les reconstitutions de la végétation et du degré de saturation en eaux des sols alluviaux indiquent que les rythmes d’inondation ont été très différents en fonction de la récurrence et de l’intensité des crues. Si durant le Néolithique, la Seine a rarement débordé, au moins dans le secteur de Pont-sur-Seine, les inondations semblent avoir été plus fréquentes tout au long de la Protohistoire. Par ailleurs, on a pu mettre en évidence une véritable avulsion de la Seine dans le secteur de Vimpelles qui a très probablement modifié la navigation, la pêche et l’organisation spatiale des habitats. Les zones marécageuses étaient beaucoup plus étendues dans la plaine alluviale (secteur de Vix, Troyes…) au cours du Néolithique et de la Protohistoire. Leur omniprésence pose la question des usages de ces espaces. Enfin, la courbe de densité d’occupation de la plaine de Troyes de 400 avant notre ère à 1000 de notre ère ne montre pas de lien franc avec les paramètres climatiques. Les liens entre le climat et la production agricole d’une part et entre la production agricole et la densité de l’habitat rural d’autre part sont complexes : la production agricole des campagnes ne peut donc pas être déduite du seul calendrier de l’évolution climatique. Finalement, si l’on veut comprendre plus globalement comment les sociétés de chasseurs-cueilleurs, agropastorales puis urbaines se sont développées sur le territoire aubois drainé par la Petite Seine, il faudra saisir à différentes échelles spatiales la façon dont l’environnement a interagi avec les systèmes économiques, politiques, religieux et sociaux qui conditionnent l’évolution des sociétés sur le temps long. Ainsi, les résultats des nombreuses fouilles préventives combinés à des investigations paléoenvironnementales permettront d’écrire de façon interdisciplinaire une archéologie des territoires.
At the 53 ter rue de Louvois, in Reims, a number of human settlements dating from the Mesolithic ... more At the 53 ter rue de Louvois, in Reims, a number of human settlements dating from the Mesolithic period to the Early Middle Ages have been uncovered. Located on a footslope, these successive settlements are evidenced by archaeological features such as pits and ditches, which broadly appear at the same stratigraphic level. These features of different ages therefore provide valuable opportunities for sedimentary records in a context where natural stratification is poor. The examination of sedimentary archives sourced from archaeological features reveals distinct environmental phases interspersed with hiatuses stemming from the intermittent human habitation of the site. The initial phase provides insights into the early Holocene period, particularly during the First Mesolithic, illustrating the emergence of a pioneering semi-forest environment between around 9200 and 8200 cal. BC. Subsequently, Phase 2a, dated between 7050 and 6250 cal. BC, witnesses the expansion of deciduous forests during the Second Mesolithic. This expansion peaks during the Middle Neolithic (4300–3500 cal. BC), despite the construction of an enclosure in Phase 2b. The site is later cleared, at an unknown date between the end of the Middle Neolithic and the beginning of the Iron Age, probably during the late Bronze Age, between 1300 and 800 cal. BC. Phase 3 is thus characterised by the dominance of a dry grassland environment from the Hallstatt period through the early Middle Ages. This regional example illustrates the remarkable potential of malacological remains for reconstructing palaeoenvironments in poorly stratified contexts, as close as possible to human settlements and outside wetlands, the main sites for palynological investigations.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Feb 8, 2017
Le site du « Fossé Dort » à Torvilliers (Aube) a livré dix fosses dont les datations 14C témoigne... more Le site du « Fossé Dort » à Torvilliers (Aube) a livré dix fosses dont les datations 14C témoignent de leur attribution au mésolithique. Les données apportées par le site du « Fossé Dort », par ses fortes particularités, mais aussi par ses similitudes avec les autres sites à fosses mésolithiques de Champagne-Ardenne, viennent enrichir l’important corpus de ces structures mises au jour ces dernières années. En plus de la découverte de rares éléments lithiques et osseux, la mise en oeuvre d’études micromorphologiques, malacologiques et anthracologiques a permis de préciser le fonctionnement de ces fosses, leur environnement et leur datation. Le creusement des fosses dans un sédiment crayeux très induré et les dynamiques complexes de comblement des structures mettent en évidence un investissement certain dans leur élaboration. Les résultats des analyses paléoenvironnementales témoignent d’au moins deux phases d’occupation du site. La phase la mieux documentée évoque un environnement forestier, qui précède une phase à la végétation moins ombragée. Enfin, les résultats des analyses malacologiques ont tendance à rajeunir légèrement les dates obtenues sur charbon de bois sans mettre en cause l’attribution au Mésolithique des fosses de Torvilliers, également évoquée par les résultats des analyses anthracologiques. In the Champagne-Ardenne province, a large number of mesolithic pit sites have been excavated over the last few years. At Torvilliers ‘le Fossé Dort’, in the Aube department (north-east of France), ten pits have been discovered on the occasion of the excavation of an area encompassing about 3,000 m2. These pits are attributed to the mesolithic period on the basis of radiocarbon dating. In addition to the discovery of rare flint artefacts and bones, micromorphological, malacological and anthracological studies were carried out, which made it possible to advance hypotheses on the use of these pits, their environment and their dating. Their digging into a highly indurated chalky sediment and their complex infilling pattern highlight that they were built with great care. The results of the paleoenvironmental analyses show at least two occupational phases. The best documented phase evidences a forest environment. It precedes a phase with less shaded vegetation. Lastly, the results of the malacological studies indicate slightly younger ages than those obtained on charcoal by radiocarbon dating. However, this does not challenge the attribution of the pits of the Torvilliers site to the mesolithic, which is also suggested by the anthracological analyses.
The chemical changes in wood influence the biodeterioration by fungi. The thermally modified wood... more The chemical changes in wood influence the biodeterioration by fungi. The thermally modified wood behaved differently to biodeterioration by fungi.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Feb 8, 2017
Ces dernières années, dans l’Aube et dans la Marne, de nombreux sites datés du Mésolithique ont l... more Ces dernières années, dans l’Aube et dans la Marne, de nombreux sites datés du Mésolithique ont livré des fosses dont les fonctions demeurent énigmatiques. Ces structures ne livrent que très peu d’artefacts et d’ossements mais contiennent plus fréquemment des charbons de bois et des restes malacologiques. Dans cet article, la contribution de l’indicateur malacologique pour la compréhension de l’environnement, de la datation et du fonctionnement de ces structures est développée au travers de l’exemple du site de Recy – Saint-Martin-sur-le-Pré « le Mont Grenier – Parc de Référence », dans le département de la Marne. Sur ce gisement, où plus d’une trentaine de fosses ont été analysées sur le plan malacologique, trois grandes malacozones ont été identifiées. La malacozone RECY 1, qui concernent les fosses datées entre 9510 et 8740 BP, est marquée par des assemblages aux effectifs globalement faibles qui sont dominés par des espèces mésophiles, en particulier par Vallonia costata. Ces assemblages évoquent un milieu où la végétation est encore largement pionnière. Dans les structures datées entre 8670 et 7050 BP, intégrées à la malacozone RECY 2, les espèces de milieu ombragé sont majoritaires. Le milieu apparaît principalement boisé mais une densité variable de l’ombrage est enregistrée selon les secteurs. Dans les fosses datées entre 6850 et 4420 BP (malacozone RECY 3), le milieu représenté par les assemblages malacologiques apparaît plus densément boisé que durant les divisions malacologiques précédentes. Les données faunistiques collectées apparaissent cohérentes avec les référentiels malacologiques européens développés notamment en contexte de versant (séquences de tuf) et de plaine (séries alluviales). En référence à ces données européennes, des hypothèses d’attribution chronologique différentes de celles formulées à partir des dates radiocarbones issues des structures les plus anciennes ont pu être établies en fonction de l’occurrence d’une espèce repère sur le plan biostratigraphique (Discus rotundatus). Enfin, au regard des variations de l’abondance malacologique, une diversité de fonctionnement des différentes fosses est supposée. Ces variations d’abondance sont ponctuellement liées à l’âge des structures et à leur morphologie. Des effectifs faibles sont enregistrés dans les fosses les plus anciennes, certainement en raison du caractère pionnier de la végétation et de la malacofaune associée. Dans les fosses les plus récentes, la faiblesse des effectifs semble plutôt liée à un remplissage rapide des structures archéologiques. Enfin, les effectifs abondants observés dans les fosses à téton pourraient témoigner d’apports volontaires de matériel organique, type litière forestière, dans le fond des fosses. Over these last years, a large number of Mesolithic sites in the Aube and Marne departments have yielded pits the functions of which are still enigmatic. These features contained only very few artifacts and bones but abundant charcoals and malacological remains. In this paper, the contribution of the malacological fauna as an indicator for the understanding of the environment, the dating and the use of these pits is addressed through the example of the archaeological site of Recy – Saint-Martin-sur-le-Pré ‘le Mont Grenier – Parc de Référence’ in the Marne department. At this site the shells from more than thirty pits have been analysed and it was possible to identify three major malacozones. Malacozone RECY 1, which concerns pits dated between 9510 and 8740 BP, is characterized by assemblages with a low number of specimens that are dominated by mesophilous species, more particularly Vallonia costata. Theseassemblages suggest that pioneer vegetation was still largely dominant. In the pits dated between 8670 and 7050 BP, incorporated into malacozone RECY 2, shade-demanding species predominate. The environment is mostly wooded but a varying density of shaded areas can be observed according to the sectors. In the pits dated between 6850 and 4420 BP (malacozone RECY 3), the environment reconstructed from the malacological assemblages appears to be more densely wooded than in the previous malacological zones. These faunal data are consistent with the European malacological series of reference defined more particularly from slope contexts (tufa sequences) and lowlands (floodplain series). With reference to these European data, hypotheses with regard to the chronological attribution were advanced. They differ from those based on radiocarbon analyses stemming from the most ancient features, according to the occurrence of a distinct species at the biostratigraphical level (Discus rotundatus). Lastly, varying functions of the different pits are supposed with regard to the variations of the malacological abundance. Low numbers of shells were registered in the most ancient pits, certainly due to the pioneering nature of the vegetation and its associated malacofauna. In the most recent pits, the low numbers of shells…
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jun 18, 2020
Based on the synthesis of Holocene malacological data collected at fifteen sites in the large flo... more Based on the synthesis of Holocene malacological data collected at fifteen sites in the large floodplains of the Seine basin, three major environmental stages separated by two transitional phases had been previously reconstructed. The results indicated that anthropogenic disturbance was the key factor in the openness of the Holocene landscape. This long-term environmental impact of human societies highlighted the continuous use of these lowlands even if the archaeological remains were often minimal. The malacological analysis recently carried out at Passel "Le Vivier" called into question this regional pattern. The analysis performed on a natural sequence located in the vicinity of a Neolithic causewayed enclosure revealed a dense forest habitat during and after the Neolithic occupation. The construction of the enclosure and its occupation had only a slight impact on the surrounding environment. These results question the parameters influencing our perception of human impact, particularly the duration and recurrence of settlements.
The earliest monumentality in Western Europe is associated with megalithic structures, but where ... more The earliest monumentality in Western Europe is associated with megalithic structures, but where did the builders of these monuments live? Here, the authors focus on west-central France, one of the earliest centres of megalithic building in Atlantic Europe, commencing in the mid fifth millennium BC. They report on an enclosure at Le Peu (Charente), dated to the Middle Neolithic (c. 4400 BC), and defined by a ditch with two ‘crab claw’ entrances and a double timber palisade flanked by two timber structures—possibly defensive bastions. Inside, timber buildings—currently the earliest known in the region—were possibly home to the builders of the nearby Tusson long mounds.
La fouille réalisée sur la commune de Saint-Gervasy, lieu-dit Aubrespin, fait partie d'un ens... more La fouille réalisée sur la commune de Saint-Gervasy, lieu-dit Aubrespin, fait partie d'un ensemble important d'opérations généré par la construction de la Ligne à Grande Vitesse entre Nîmes et Montpellier. Malgré la modestie du décapage (un peu moins d'un hectare), les découvertes archéologiques ont le mérite de documenter un secteur peu investi par l'archéologie. Plusieurs phases chronologiques ont été reconnues et toutes témoignent d'occupation peu étendues et de courte durée. À proximité du cours du Vistre et à distance de tout habitat groupé, ces occupations s'apparentent principalement à des établissements ruraux, à l'exception de la Protohistoire, qui se matérialise par cinq enclos circulaires dont la vocation funéraire a pu être interrogée.
En contexte archéologique, les datations radiocarbones sur coquilles de mollusques terrestres ont... more En contexte archéologique, les datations radiocarbones sur coquilles de mollusques terrestres ont longtemps été évitées car considérées comme peu fiables. En effet, les essais réalisés dès les années 1960 se sont principalement concentrés sur de grandes coquilles collectées à vue sur le terrain. Des âges souvent beaucoup plus anciens qu’attendus ont été obtenus sur ces coquilles et interprétés comme résultant de l’ingestion de carbonates de calcium appauvris en 14C par les mollusques. Ces échecs successifs ont progressivement conduit à imposer l’idée que les coquilles de mollusques terrestres ne constituaient pas un support fiable de datation. Ces dernières années, des recherches ont été conduites sur des espèces terrestres plus petites, de l’ordre de quelques millimètres, à la fois en contexte actuel et en contexte fossile. Des âges corrects ou, dans le pire des cas, vieillis de seulement quelques siècles, ont été obtenus sur ces petites coquilles. Si la datation des coquilles de gastéropodes terrestres par le radiocarbone semble appropriée pour le Pléistocène, les marges d’erreurs potentielles étant acceptables à cette échelle de temps, une plus grande précaution est de mise lorsqu’il s’agit de dater des dépôts holocènes. La datation sur coquilles doit d’abord reposer sur l’expertise du malacologue quaternariste. Il est le plus à même, d’une part, de sélectionner le matériel à dater en fonction de l’alimentation et du comportement des espèces et, d’autre part, de discuter de la validité des résultats.
International audienceL’émergence du mégalithisme sur la façade atlantique constitue l’un des fai... more International audienceL’émergence du mégalithisme sur la façade atlantique constitue l’un des faits marquants du Néolithique moyen. Ce monumentalisme funéraire a longtemps été dissocié de celui du monde des vivants, représenté notamment par les grandes enceintes à fossés interrompues, supposées plus récentes. Les résultats obtenus dans le cadre de projets collectifs de recherche successifs et du programme ANR MONUMEN (2018-2022) montent que ces deux formes de monumentalité architecturale apparaissent de manière concomitante dans le bassin de la Charente notamment au milieu du 5e millénaire avant notre ère.Fouillée depuis 2014, l’enceinte du Peu à Charmé (Charente) constitue l’un des rares sites de cette période ayant livré les traces de quatre bâtiments sur poteau à l’intérieur de l’espace ceinturé par un fossé et deux palissades. Depuis leur détection par prospection magnétique jusqu’à leur restitution en trois dimensions, en passant par le croisement des données de terrain, cette ...
Cet article collectif regroupe plusieurs contributions qui formalisent de nouvelles problématique... more Cet article collectif regroupe plusieurs contributions qui formalisent de nouvelles problématiques d’archéologie environnementale et intègrent les données paléoenvironnementales aux résultats issus des fouilles préventives. Il aborde plus particulièrement quatre questions : - l’évolution de l’environnement du Tardiglaciaire à nos jours, analysée à partir des restes fauniques (malacofaunes) et botaniques (troncs de pin) conservés dans les alluvions de la Seine ; - les occupations en bordure de chenaux selon les reconstitutions de l’hydrographie et du fonctionnement hydrologique des chenaux documentés dans le secteur de Pont-sur-Seine et en Bassée ; - les marais alluviaux qui retrouvent toute leur importance au sein des paysages alluviaux peuplés ou exploités par les sociétés de l’âge du Fer et de l’époque romaine. La découverte d’un squelette humain est un témoin exceptionnel de pratiques particulières laténiennes. Les Troyens, dont la ville a été construite dans un marais, ont dû s’adapter aux crues du fleuve et aux remontées de la nappe phréatique. Enfin, le statut du site princier hallstattien de Vix est reconsidéré en rappelant l’importance des marais et des résurgences dans le paysage ; - la question du rôle du climat dans la production céréalière et la dynamique d’occupation est examinée pour la plaine de Troyes entre 400 avant notre ère et 1000 de notre ère. De l’ensemble des approches, on retiendra que l’hydrographie et l’hydrologie de la Petite Seine ont largement changé au cours de l’Holocène. Le tracé de la Seine présente aujourd’hui un seul chenal, profond et calibré en aval de Troyes, qui facilite la navigation depuis l’époque moderne. Ce n’était pas le cas auparavant puisque de nombreux chenaux qui contournaient les dômes graveleux sur lesquels étaient implantés les habitats ont gardé globalement les mêmes tracés pendant tout l’Holocène. Les reconstitutions de la végétation et du degré de saturation en eaux des sols alluviaux indiquent que les rythmes d’inondation ont été très différents en fonction de la récurrence et de l’intensité des crues. Si durant le Néolithique, la Seine a rarement débordé, au moins dans le secteur de Pont-sur-Seine, les inondations semblent avoir été plus fréquentes tout au long de la Protohistoire. Par ailleurs, on a pu mettre en évidence une véritable avulsion de la Seine dans le secteur de Vimpelles qui a très probablement modifié la navigation, la pêche et l’organisation spatiale des habitats. Les zones marécageuses étaient beaucoup plus étendues dans la plaine alluviale (secteur de Vix, Troyes…) au cours du Néolithique et de la Protohistoire. Leur omniprésence pose la question des usages de ces espaces. Enfin, la courbe de densité d’occupation de la plaine de Troyes de 400 avant notre ère à 1000 de notre ère ne montre pas de lien franc avec les paramètres climatiques. Les liens entre le climat et la production agricole d’une part et entre la production agricole et la densité de l’habitat rural d’autre part sont complexes : la production agricole des campagnes ne peut donc pas être déduite du seul calendrier de l’évolution climatique. Finalement, si l’on veut comprendre plus globalement comment les sociétés de chasseurs-cueilleurs, agropastorales puis urbaines se sont développées sur le territoire aubois drainé par la Petite Seine, il faudra saisir à différentes échelles spatiales la façon dont l’environnement a interagi avec les systèmes économiques, politiques, religieux et sociaux qui conditionnent l’évolution des sociétés sur le temps long. Ainsi, les résultats des nombreuses fouilles préventives combinés à des investigations paléoenvironnementales permettront d’écrire de façon interdisciplinaire une archéologie des territoires.
Un travail de synthèse des données malacologiques holocènes collectées dans les plaines alluviale... more Un travail de synthèse des données malacologiques holocènes collectées dans les plaines alluviales de la Seine, de la Marne et de l’Oise a permis de montrer la trajectoire environnementale commune partagée par ces milieux entre le Mésolithique et l’époque gallo-romaine. Jusqu’au milieu du Néolithique, les plaines sont occupées par des boisements et l’impact anthropique apparaît limité aux abords immédiats des sites archéologiques. A partir de la fin du Néolithique, le paysage s’ouvre. Malgré une rareté des sites à l’Age du Bronze, les niveaux datés cette ère chronologique présentent des assemblages malacologiques témoignant d’une ouverture continue des milieux. Au début de l’Age du Fer, les plaines alluviales paraissent donc déjà largement défrichées dans la partie orientale du Bassin parisien. Mais qu’en est-il à l’Ouest ? Nous proposons un examen inédit des quelques séries malacologiques d’ores et déjà disponibles pour documenter cette nouvelle aire géographique. La plupart de ces séries sont courtes et issues de fouilles menées durant les années 1990. Si de nouvelles investigations sont indubitablement nécessaires pour documenter cette zone d’étude, quelles sont les similarités et les dissemblances entre ces enregistrements préliminaires et les enregistrements du référentiel construit pour l’est du Bassin parisien ?
Dans le Bassin parisien, plusieurs séries malacologiques holocènes ont été étudiées ces dernières... more Dans le Bassin parisien, plusieurs séries malacologiques holocènes ont été étudiées ces dernières années. L’ensemble des séquences étudiées concerne la portion fine des séries alluviales qui surmonte classiquement les dépôts grossiers à sables et galets des anciennes terrasses des rivières du Bassin parisien. Sur la plupart des sites échantillonnés, trois ensembles lithologiques principaux se succèdent. La grave weichsélienne est généralement surmontée par des sables et des limons mis en place au Tardiglaciaire et dont la partie supérieure a été localement remaniée au début de l’Holocène. Cet ensemble peut atteindre plusieurs mètres d’épaisseur et comporte rarement des vestiges d’occupations humaines. Son sommet est généralement perturbé par des racines et des terriers développés à partir de l’ensemble sédimentaire suivant, constitué de dépôts argileux. Ces dépôts sont rarement conservés sur plus d’un mètre alors qu’ils concernent une tranche de temps, estimée d’après la présence de vestiges archéologiques, du Mésolithique à l’âge du Bronze organisés en plusieurs niveaux de sols. A partir de la fin de l’âge du Bronze, les séquences s’enrichissent en limons et en sables.
Les séries sélectionnées possèdent des caractéristiques communes. Elles sont situées en milieu alluvial et localisées dans des zones fréquentées par les sociétés humaines mais généralement en périphérie du cœur des occupations domestiques (et toujours hors structure). En outre, elles présentent des archives sédimentaires holocènes stratifiées et relativement bien dilatées qui ont motivé la pratique de prélèvements en colonne stratigraphique continue. Cette stratégie d’échantillonnage, qui respecte les limites litho-stratigraphiques, permet d’appréhender la succession des paléoenvironnements au cours du temps. Elle a par ailleurs souvent été appliquée en plusieurs locus sur les différents sites étudiés, avec pour objectif d’intégrer d’éventuelles variations latérales de paysage à la même époque mais, surtout, dans le but de combler des trous sur le plan chronologique, une seule séquence étant rarement représentative de l’ensemble de l’histoire sédimentaire d’un gisement.
Au total, une quinzaine de sites a fait l’objet d’analyses détaillées, permettant de construire, pour chacun des gisements, un système de zonation local, reflet d’évolutions dans la structuration des biotopes. Or, l’ensemble des séries analysées présente des assemblages malacologiques comparables dont la succession s’inscrit dans un cadre chronologique commun. Cette grande similitude des séries collectées dans les vallées de la Seine, de la Marne et de l’Oise, constitue la base d’un référentiel régional aujourd’hui disponible pour l’ensemble de l’Holocène. Jusqu’au milieu du Néolithique, les plaines sont occupées par des boisements et l’impact anthropique apparaît limité aux abords immédiats des sites archéologiques. A partir de la fin du Néolithique et durant toute la Protohistoire, le paysage s’ouvre alors qu’un rythme aléatoire des inondations est enregistré en parallèle. Cette ouverture progressive des milieux reconstituée d’après l’étude des malacofaunes signale une emprise grandissante des sociétés humaines sur leur environnement. Sous climat tempéré, en milieu humide de fond de vallée, la reprise de la végétation est en effet rapide en cas de crise climatique ponctuelle. Le maintien d’espaces ouverts sur un temps long est donc le signe d’une empreinte humaine impactant la structuration des biotopes. Si au début de l’Age du Fer, les plaines alluviales paraissent déjà largement défrichées dans le bassin de la Seine, qu’en est-il dans d’autres régions européennes, en particulier en vallée de la Vistule et du Rhin, où des successions malacologiques de référence sont également disponibles ? Par ailleurs, la trajectoire écologique et chronologique décrite par les assemblages malacologiques est-elle le même sur les versants des vallées ? Enfin, les réponses apportées par les malacofaunes sont-elles en accord avec les résultats obtenus sur d’autres indicateurs (pollens, géomorphologie, archéologie) ?
In the context of rescue archeology, an intensive fieldwork has been undertaken since past decade... more In the context of rescue archeology, an intensive fieldwork has been undertaken since past decades on alluvial sequences from the Paris Basin in Northern France. Palaeoenvironmental reconstructions were conducted using a multidisciplinary approach based on several bioproxies (Limondin-Lozouet & Antoine, 2001; Pastre et al., 1997, 2000, 2001, 2003). Among them, molluscs appear particularly important as they are one of the best preserved groups within alluvial sequences. For the first half of the Holocene, tufa deposits formed in riverbeds. These deposits yield detailed and homogeneous malacological successions describing the spread and development of forested areas. The biogeography of some identified species enables to build a biostratigraphical framework showing climatic changes (Preece & Bridgland, 1999; Limondin-Lozouet & Preece, 2004). For the second part of the Holocene, since approximately 4500 B.P., the said tufa deposits are replaced by silts mainly containing aquatic molluscs. As the latters are not relevant to reconstruct landscapes, it is therefore necessary to select sequences located outside riverbeds. This work consequently focuses on alluvial plains in the context of the Neolithic and of the Metal Ages. In this respect, it has been observed from palaeoenvironmental reconstructions conducted at different spatial scales a repetition of similar malacological assemblages through time in a large regional frame. Firstly, during the Atlantic, alluvial plains remained dominated by woodlands. Secondly, at the end of this chronozone and during the Subboreal, an increase of moisture is registered. Despite the expansion of marshy biotopes, forest clearance occurs progressively. Anthropogenic actions thus appear fully involved in this phenomenon. Finally, from the beginning of the Subatlantic, at the transition from the Bronze and the Iron Age, wet biotopes shrink and vegetation of alluvial plains is now mainly composed by lawn grass. These malacological results demonstrate that paces and modalities of the transformations which affected the structure of alluvial landscapes followed a common trajectory across the Paris Basin. These changes that affected environments are connected with climatic evolutions and human activities. That is why malacological results are then discussed in the light of human occupation and geomorphological and palynological regional syntheses.
Late Holocene malacological data have been recovered in Northern France over the last twenty year... more Late Holocene malacological data have been recovered in Northern France over the last twenty years following development of archaeological rescue excavations. This important set of information is currently included in a data base developed in the Laboratory of Physical Geography at Meudon (France) but has not been the subject of a regional synthesis up to now. Recently, new malacological studies have been carried out on archaeological sites in the Paris Basin. This work is led as part of a PhD. This last aims to provide a malacological reference succession for this area from the Neolithic to Roman Times, reporting on environmental changes related to climatic variations and human activities. It is currently possible to set out the first results obtained for the Paris region and more widely for the Seine valley. The main features of the malacological assemblages used to define palaeoenvironmental reconstructions are explained and discussed at different spatial scales, from the site up to the valley, in order to distinguish general characteristics from local variations. Malacological spectra based on ecological groups, species abundance diagrams and diversity index are used to highlight changes in the malacocenoses composition. Malacological results are discussed with regard to human occupations and compared with the regional pollen data synthesis.
Ces trois dernières décennies, avec le développement des opérations d’archéologie préventive mené... more Ces trois dernières décennies, avec le développement des opérations d’archéologie préventive menées par l’AFAN puis par l’INRAP, l’important développement économique du Bassin parisien a permis l’accès à de nombreux terrains d’investigation, en particulier en contexte de plaine alluviale. Les opportunités d’étude offertes par cette activité très dynamique ont permis de collecter de nombreuses informations géomorphologiques et paléoenvironnementales. Pour l’Holocène moyen et récent, l’évaluation des changements de biotopes est aujourd’hui essentiellement fondée sur les résultats des études palynologiques. S’il n’est pas justifié de remettre en cause les résultats obtenus d’après l’analyse des pollens, la synthèse des données d’un indicateur plus local et aux meilleures qualités de conservation, à savoir les malacofaunes, a pour but d’améliorer la résolution des reconstitutions paléoenvironnementales élaborées. En effet, les mollusques continentaux sont des enregistreurs très sensibles des conditions environnementales locales et de leurs moindres variations. Aussi, l'étude de la composition des malacocénoses rend possible la restitution des paléopaysages à une échelle spatiale précise et permet d'appréhender leur évolution dans le temps. Malgré ce caractère très local des malacofaunes, les référentiels malacologiques constitués dans le nord-ouest de l'Europe pour le Tardiglaciaire et le début de l'Holocène ont démontré la valeur régionale de ce bioindicateur. C'est dans cette optique que sont examinées les données malacologiques du Bassin parisien datées de l'Holocène moyen. Les premiers résultats de cette approche témoignent d’une grande cohérence du signal malacologique à l’échelle régionale. En effet, les assemblages de mollusques suivent tous les mêmes grandes évolutions d’un site à l’autre. Les rythmes et les modalités des transformations ayant affectées la structuration des paysages alluviaux suivent donc une trajectoire commune à l’échelle de la région. Quels sont les rôles du Climat et des Hommes dans ces évolutions et comment s’insèrent ces nouvelles données dans les bilans morphosédimentaires et palynologiques développés ces quinze dernières années ?
L’ensemble des sites archéologiques présentés dans cette communication est localisé dans le bassi... more L’ensemble des sites archéologiques présentés dans cette communication est localisé dans le bassin versant de la Seine. Ces trois dernières décennies, avec le développement des opérations d’archéologie préventive menées par l’AFAN puis par l’INRAP, l’important développement économique du Bassin parisien a permis l’accès à de nombreux terrains d’investigation, en particulier en contexte de plaine alluviale. Les opportunités d’étude offertes par cette activité très dynamique ont permis de collecter des informations archéologiques et paléoenvironnementales nombreuses. Dans cette région, grâce aux bilans morphosédimentaires [1] et palynologiques [2] développés depuis une quinzaine d’années, malgré la complexité des contextes fluviaux, plusieurs évolutions communes ont pu finalement être dégagées et être mises en relation avec les effets des influences tant climatiques qu’humaines. Il manque encore à cette approche une synthèse malacologique, pouvant constituer un nouveau jalon de ce discours transdisciplinaire en construction. En effet, pour l’Holocène moyen et récent, l’évaluation des changements de biotopes est essentiellement fondée sur les résultats des études palynologiques. S’il n’est pas justifié de remettre en cause les résultats obtenus d’après l’analyse des pollens, il est important de souligner que si le signal palynologique livre des informations sur les grandes lignes paysagères d’une microrégion, il ne permet pas de déterminer précisément la structuration de la végétation en son sein. Par ailleurs, du fait que le matériel pollinique ne se conserve pas dans tous les types de sédiments, son prélèvement est souvent effectué dans les remplissages organiques des lits mineurs. La synthèse des données d’un indicateur plus local et aux meilleures qualités de conservation, à savoir les malacofaunes, doit donc permettre d’améliorer la résolution des reconstitutions paléoenvironnementales élaborées d’après les recensements polliniques, et doit également permettre d’alimenter les discussions en cours. Les mollusques continentaux sont des enregistreurs très sensibles des conditions environnementales locales et de leurs moindres variations. Malgré le caractère très local des malacofaunes, les référentiels malacologiques constitués dans le nord-ouest de l'Europe pour le Tardiglaciaire et le début de l'Holocène ont démontré la valeur régionale des assemblages étudiés. C'est dans cette optique que nous nous intéresserons aux données malacologiques de l'Holocène moyen dans le bassin versant de la Seine et, plus spécifiquement, à trois fenêtres d’étude localisées en vallée de la Seine (Seine-Eure, Seine-Marne, Seine-Yonne) et à une dernière située en moyenne vallée de l’Oise. Nous montrerons qu’il existe des correspondances malacologiques étroites entre les différentes zones investies et qu’il est donc possible de distinguer une tendance générale, exprimée par des successions malacologiques similaires, inscrites dans une chronologie commune. On aboutira donc à l’édification d’un référentiel malacologique à valeur régionale. Or, comment expliquer que les rythmes et les modalités des transformations ayant affectées la structuration des paysages suivent une trajectoire commune au sein d’une si vaste région ? Quels sont les rôles du Climat et des Hommes dans ces évolutions et quels sont les arguments malacologiques pour répondre à cette question ?
[1] PASTRE J.F., FONTUGNE M., KUZUCUOGLU C., LEROYER C., LIMONDIN N., TALON M., & TISNERAT N., 1997 - L’évolution tardi- et postglaciaire des lits fluviaux au nord-est de Paris (France). Relations avec les données paléoenvironnementales et l’impact anthropique sur les versants. Géomorphologie, relief, processus, environnement, 4, 291-312.
[2] LEROYER C., 1997 - Homme, climat, végétation au Tardi- et Postglaciaire dans le Bassin parisien : apports de l’étude palynologique des fonds de vallée. Thèse de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, 492 p.
Les mollusques continentaux sont des enregistreurs très sensibles des conditions environnementale... more Les mollusques continentaux sont des enregistreurs très sensibles des conditions environnementales locales et de leurs moindres variations. Aussi, l'étude de la composition des malacocénoses rend possible la restitution des paléopaysages à une échelle spatiale précise et permet d'appréhender leur évolution dans le temps. Malgré le caractère très local des malacofaunes, les référentiels malacologiques constitués dans le nord-ouest de l'Europe pour le Tardiglaciaire et le début de l'Holocène ont démontré la valeur régionale des assemblages étudiés. Cette dimension a pu être abordée par la multiplication des observations qui a permis de différencier des caractères généraux par rapport à des variations ponctuelles. C'est dans cette optique que nous nous intéresserons aux données malacologiques de la seconde moitié de l'Holocène dans la vallée de la Seine en reconstituant les grandes étapes de l'histoire environnementale à différentes échelles spatiales, du site à la vallée. A partir du Néolithique, avec la sédentarisation des populations, l'expansion démographique et l'émergence des pratiques agricoles, l'influence anthropique devient un des facteurs responsables de la variabilité des environnements et de la structuration des paysages. Cette influence est-elle ponctuelle ou vite généralisée ? Pour tenter d'évaluer les rythmes et les modalités de cette anthropisation, les résultats malacologiques seront discutés au regard des phases d'occupations humaines et confrontés aux résultats obtenus sur d'autres indicateurs (palynologie, géomorphologie). Cette participation aux reconstitutions pluridisciplinaires de l'évolution holocène de la vallée de la Seine a pour but de fournir un premier référentiel malacologique des changements qui ont affecté les milieux, en liaison avec le facteur climatique et les actions anthropiques, depuis le Néolithique jusqu'à l'époque romaine.
Les données malacologiques de deux sites holocènes de la région parisienne localisés en vallée de... more Les données malacologiques de deux sites holocènes de la région parisienne localisés en vallée de la Seine ont récemment fait l’objet d’une synthèse. Ces résultats sont aujourd’hui comparés à ceux d’autres sites en position amont et aval du fleuve. Cet examen rend possible la distinction de traits généraux communs entre les différentes séries. Les caractéristiques principales des assemblages malacologiques de ces gisements sont mises en correspondance à l’aide de spectres présentant la répartition des individus entre les différents groupes écologiques constitués. Ces spectres permettent de suivre l’évolution générale des grandes composantes du paysage. En parallèle, l’analyse de la distribution des individus collectés entre les différentes espèces identifiées, réalisée au moyen d’indices de diversité, met en exergue des stress subis par les malacofaunes. Au final, un référentiel malacologique des successions paléoenvironnementales de la vallée de la Seine est en cours de construction pour le milieu de l’Holocène. Entre le milieu du Néolithique et l’époque romaine, des modifications importantes s’opèrent. Ces changements sont mis en perspective avec des variations climatiques et des transformations induites par l’influence humaine qui s’expriment de manière relativement homogène dans la plaine alluviale du fleuve.
Le 62 rue Henry Farman est situé dans le XVe arrondissement de Paris, à environ 250 m du lit actu... more Le 62 rue Henry Farman est situé dans le XVe arrondissement de Paris, à environ 250 m du lit actuel de la Seine. Le site a livré des vestiges du Mésolithique, du Néolithique et de la Protohistoire et a fait l'objet en 2008 d'une fouille préventive menée par l’INRAP. Deux séquences stratigraphiques situées aux extrémités du site ont été échantillonnées en colonne continue en vue d’une étude malacologique afin de permettre une restitution détaillée de l’évolution des composantes du paysage.
L'étude des malacofaunes montre la succession de trois phases environnementales. Un premier épisode (PF1) est marqué par la mise en place d'un paysage diversifié, de type boisement clair au sein d'une prairie modérément humide. Les vestiges mésolithiques et les premiers témoins du Néolithique sont situés dans les couches sommitales de cet ensemble à tendance semi-forestière. Au cours de la deuxième phase (zone PF2) le recul des espèces à affinité forestière est brutal dans l'ensemble 201 (sud–est) et plus progressif au nord-ouest du site. Cette variation est peut-être l'expression d'une intensité variable de l'anthropisation dans l'espace. De même, les proportions de mollusques aquatiques au sein de la zone PF2, sont inégales d'un bout à l'autre du site. Le milieu est nettement ouvert et humide mais une zone franchement marécageuse se développe localement au sud-est. Pendant le troisième épisode (PF3) l'occurrence de taxons xérophiles témoigne d'un relatif assèchement des habitats. L'anthropisation moins marquée de la partie septentrionale du site (profil 601) a sans doute participée à y différer l'ouverture totale du milieu. Les vestiges du Premier Age du Fer sont situés à la base de cette malacozone. Enfin, dans les échantillons sommitaux la brusque arrivée de mollusques aquatiques de milieu courant (PF3b) témoigne d'une dynamique active d'inondation.
Les résultats obtenus rue Farman sont comparés à d'autres séries malacologiques holocènes de la vallée de la Seine et mis en perspective dans le cadre de l'évolution holocène des fonds de vallée du Bassin Parisien.
À l’échelle européenne, la répartition actuelle des différentes espèces de mollusques terrestres ... more À l’échelle européenne, la répartition actuelle des différentes espèces de mollusques terrestres est d’abord paramétrée par les températures et les espèces en présence diffèrent d’une région à l’autre selon une logique climatique. À l’échelle du Quaternaire, dans le nord-ouest de l’Europe, il existe une relation entre l’évolution de la distribution géographique des espèces à travers le temps et les cycles climatiques glaciaires/interglaciaires. À l’Holocène, avec le réchauffement des températures, les espèces thermophiles de milieu fermé recolonisent des espaces qu’elles avaient quitté lors du dernier glaciaire. Étudier ce mouvement de reconquête est un enjeu majeur des recherches malacologiques européennes actuelles, en particulier pour comprendre la dynamique de l’évolution des paysages et de la biodiversité selon les spécificités locales, notamment entre zones climatiques atlantique et continentale. À ce titre, les tufs calcaires de source ou de bord de rivière constituent des archives sédimentaires idéales pour satisfaire cet objectif car ils contiennent des assemblages malacologiques souvent diversifiés et bien conservés dans des dépôts accumulés sur plusieurs mètres d’épaisseur. Il est alors possible de suivre avec précision l’apparition graduelle des espèces thermophiles au cours des phases tempérées. De nombreux travaux ont été réalisés dans ce sens sur des tufs pléistocènes et holocènes dans le nord-ouest et dans le centre de l’Europe ces dernières décennies. Ces recherches ont permis d’aboutir à l’édification de référentiels biostratigraphiques régionaux. Au Grand-Duché de Luxembourg, plusieurs études ont été menées sur des tufs holocènes à la fin des années 1990 et au début des années 2000 permettant de faire émerger les prémices d’un référentiel biostratigraphique pour cette région (Meyrick, 2000 et 2001), à l’interface entre les séries françaises et britanniques, disponibles à l’ouest, et les séries tchèques et polonaises, nombreuses à avoir été étudiées, à l’est. Depuis 2015, de nouvelles données malacologiques luxembourgeoises ont été analysées. Elles permettent de préciser le référentiel biostratigraphique établi jusqu’alors dans cette région au renfort de datations radiocarbones plus nombreuses. Les résultats malacologiques obtenus sont par ailleurs adossés à un référentiel paléoclimatique réalisé à partir d’analyses géochimiques menées sur les tufs (Dabkowski et al., 2015 ; Brou et al., 2014-2015).
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Les séries sélectionnées possèdent des caractéristiques communes. Elles sont situées en milieu alluvial et localisées dans des zones fréquentées par les sociétés humaines mais généralement en périphérie du cœur des occupations domestiques (et toujours hors structure). En outre, elles présentent des archives sédimentaires holocènes stratifiées et relativement bien dilatées qui ont motivé la pratique de prélèvements en colonne stratigraphique continue. Cette stratégie d’échantillonnage, qui respecte les limites litho-stratigraphiques, permet d’appréhender la succession des paléoenvironnements au cours du temps. Elle a par ailleurs souvent été appliquée en plusieurs locus sur les différents sites étudiés, avec pour objectif d’intégrer d’éventuelles variations latérales de paysage à la même époque mais, surtout, dans le but de combler des trous sur le plan chronologique, une seule séquence étant rarement représentative de l’ensemble de l’histoire sédimentaire d’un gisement.
Au total, une quinzaine de sites a fait l’objet d’analyses détaillées, permettant de construire, pour chacun des gisements, un système de zonation local, reflet d’évolutions dans la structuration des biotopes. Or, l’ensemble des séries analysées présente des assemblages malacologiques comparables dont la succession s’inscrit dans un cadre chronologique commun. Cette grande similitude des séries collectées dans les vallées de la Seine, de la Marne et de l’Oise, constitue la base d’un référentiel régional aujourd’hui disponible pour l’ensemble de l’Holocène. Jusqu’au milieu du Néolithique, les plaines sont occupées par des boisements et l’impact anthropique apparaît limité aux abords immédiats des sites archéologiques. A partir de la fin du Néolithique et durant toute la Protohistoire, le paysage s’ouvre alors qu’un rythme aléatoire des inondations est enregistré en parallèle. Cette ouverture progressive des milieux reconstituée d’après l’étude des malacofaunes signale une emprise grandissante des sociétés humaines sur leur environnement. Sous climat tempéré, en milieu humide de fond de vallée, la reprise de la végétation est en effet rapide en cas de crise climatique ponctuelle. Le maintien d’espaces ouverts sur un temps long est donc le signe d’une empreinte humaine impactant la structuration des biotopes. Si au début de l’Age du Fer, les plaines alluviales paraissent déjà largement défrichées dans le bassin de la Seine, qu’en est-il dans d’autres régions européennes, en particulier en vallée de la Vistule et du Rhin, où des successions malacologiques de référence sont également disponibles ? Par ailleurs, la trajectoire écologique et chronologique décrite par les assemblages malacologiques est-elle le même sur les versants des vallées ? Enfin, les réponses apportées par les malacofaunes sont-elles en accord avec les résultats obtenus sur d’autres indicateurs (pollens, géomorphologie, archéologie) ?
[1] PASTRE J.F., FONTUGNE M., KUZUCUOGLU C., LEROYER C., LIMONDIN N., TALON M., & TISNERAT N., 1997 - L’évolution tardi- et postglaciaire des lits fluviaux au nord-est de Paris (France). Relations avec les données paléoenvironnementales et l’impact anthropique sur les versants. Géomorphologie, relief, processus, environnement, 4, 291-312.
[2] LEROYER C., 1997 - Homme, climat, végétation au Tardi- et Postglaciaire dans le Bassin parisien : apports de l’étude palynologique des fonds de vallée. Thèse de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, 492 p.
L'étude des malacofaunes montre la succession de trois phases environnementales. Un premier épisode (PF1) est marqué par la mise en place d'un paysage diversifié, de type boisement clair au sein d'une prairie modérément humide. Les vestiges mésolithiques et les premiers témoins du Néolithique sont situés dans les couches sommitales de cet ensemble à tendance semi-forestière. Au cours de la deuxième phase (zone PF2) le recul des espèces à affinité forestière est brutal dans l'ensemble 201 (sud–est) et plus progressif au nord-ouest du site. Cette variation est peut-être l'expression d'une intensité variable de l'anthropisation dans l'espace. De même, les proportions de mollusques aquatiques au sein de la zone PF2, sont inégales d'un bout à l'autre du site. Le milieu est nettement ouvert et humide mais une zone franchement marécageuse se développe localement au sud-est. Pendant le troisième épisode (PF3) l'occurrence de taxons xérophiles témoigne d'un relatif assèchement des habitats. L'anthropisation moins marquée de la partie septentrionale du site (profil 601) a sans doute participée à y différer l'ouverture totale du milieu. Les vestiges du Premier Age du Fer sont situés à la base de cette malacozone. Enfin, dans les échantillons sommitaux la brusque arrivée de mollusques aquatiques de milieu courant (PF3b) témoigne d'une dynamique active d'inondation.
Les résultats obtenus rue Farman sont comparés à d'autres séries malacologiques holocènes de la vallée de la Seine et mis en perspective dans le cadre de l'évolution holocène des fonds de vallée du Bassin Parisien.
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