unpublisheds by Agnès Perrais
Intervention au Colloque international "Philippe Garrel, le temps incorporé", 29-30 novembre 2018, organisé par Valérie Jottreau et Fabien Boully (Université Paris 8 / ESTCA, Université Paris Nanterre / UFR PHILLIA / HAR), 2018
Si les héritages romantique et surréaliste dont témoigne l’œuvre de Philippe Garrel ont souvent é... more Si les héritages romantique et surréaliste dont témoigne l’œuvre de Philippe Garrel ont souvent été soulignés comme arrière-plan référentiel et thématique, nous souhaiterions proposer une nouvelle exploration de la manière dont cette double filiation informe les enjeux politiques et esthétiques de certains de ses films. En nous concentrant sur la période des années 1980, nous étudierons la reprise cinématographique de certains paradigmes poétiques, ceux de la lyrique amoureuse, de la représentation de l’artiste ou encore des codes de l’agit-prop médiatisés par le surréalisme. Ce parcours nous conduira alors à relire l’oscillation des films de Garrel entre un versant hermétique et un versant politique, par la mise en relief d’une confrontation entre un modèle subjectif intérieur et un modèle matérialiste.
inbooks by Agnès Perrais
"La Maman et la putain, Jean Eustache, Politique de l'intime", V. Lowy et A. Duprat (dir.), Lormont, Le bord de l'eau, coll. Cinéfocales, 2020
Cet article propose d’explorer à nouveaux frais une équivoque que le débat critique a soulignée à... more Cet article propose d’explorer à nouveaux frais une équivoque que le débat critique a soulignée à propos du film de Jean Eustache en discutant l’association d’une distanciation et d’un naturalisme, parfois en termes de confrontation entre réalisme et conceptualisme, parfois en termes de dialectique de l’être et du paraitre, du faux et du vrai. Dans le film de parole qu’est La maman et la putain, nous tâcherons pour notre part de reconsidérer l’écart qu’entretient le film entre l’énonciation des personnages et leurs énoncés, qui joue des codes de l’ironie en brouillant en permanence la possibilité d’un mot authentique. Si cette ironie peut prendre la forme d’une légèreté provocante, elle repose néanmoins sur un pessimisme radical qui semble amener une confusion idéologique et discursive. Face à cette ironie, des moments lyriques de parole semblent suspects en même temps qu’ils apportent une émotion authentique qui paraît porter un coup d’arrêt au tournoiement de l’ironie. En opérant une relecture à la fois esthétique et politique de la question du dandysme, souvent évoquée à propos d’Eustache, ainsi que de celle du lyrisme, conçu littérairement comme authenticité de l’énonciation, nous remettrons en question l’interprétation pacifiante du faux comme authenticité du réel chez Eustache pour interpréter cette tension comme irrésolution problématique et pathétique.
articles by Agnès Perrais
La Revue documentaire, 2021
Par son titre qui cherche à interdire l'identification de son sujet par le spectateur, la perform... more Par son titre qui cherche à interdire l'identification de son sujet par le spectateur, la performance de Gaëlle Rouard M...H se présente d'emblée comme un mystère. Un mystère au sens d'une énigme qui se creuse, se fouille, se dissipe petit à petit par fragments, par lambeaux, toujours partiellement, et dont les indices ressemblent à des vestiges indéchiffrés.
inproceedings by Agnès Perrais
La musique au risque des images, 2014
Le film 1 que Danièle Huillet et Jean-Marie Straub ont consacré à Jean-Sébastien Bach en 1967 n'e... more Le film 1 que Danièle Huillet et Jean-Marie Straub ont consacré à Jean-Sébastien Bach en 1967 n'est ni une biographie filmée, ni un essai sur la musique, mais un objet filmique étrange et inédit. Il est certes constitué à partir de documents d'époque, du Nécrologue de C.P.E. Bach et J.F. Agricola ainsi que de lettres de Bach notamment, qui permettent d'établir la ligne narrative, dite en voix off par la femme de Bach. Mais contrairement à la majorité des fictions sur la musique, le film ne traite pas la musique en s'appuyant essentiellement sur la figure du musicien, sur sa vie intime et une intériorité que le film tenterait d'expliciter, mais tente de filmer la musique, d'en faire structurellement et essentiellement le sujet du film. Le fait que les acteurs du film soient d'abord de vrais musiciens, à commencer par Gustav Leonhardt qui interprète le rôle principal, et jouent donc réellement ce que le spectateur entend, en est une condition première. Si Chronique d'Anna Magdalena Bach est le premier projet de film des Straub, c'est sans doute parce que la figure du musicien leur permet de traverser plusieurs problèmes cruciaux du cinéma. D'une part, leur choix de réaliser un film réaliste sur le plan narratif et historique leur permet de s'emparer de la question de l'acte de création et de sa signification en filmant au plus près le travail d'un homme. Mais par le procédé fondamental de la prise de son directe, ils mettent en branle la chair même du film, faisant surgir la musique comme matière immédiate qui court-circuite sa représentation. La musique est ainsi un événement concret dont il s'agit pour le film de soulever le sens et de déployer les conséquences. Le travail de la musique Dans Chronique d'Anna Magdalena Bach, Straub et Huillet semblent vouloir montrer le processus de production de la musique dans toute sa matérialité, allant ainsi clairement à 1 Chronique d'Anna Magdalena Bach (Chronik der Anna Magdalena Bach) est paru en DVD aux Editions Montparnasse, collection « Le geste cinématographique », 2008. rebours de la compréhension romantique de l'artiste et du mythe du génie. Ce parti pris résonne de façon particulièrement polémique dans le cas de la figure de Bach, qui jouit d'une aura de créateur mystique. Loin de tirer leur film vers la question de l'inspiration, ils le structurent par la présentation des traces matérielles du travail et surtout, en montrant les corps au travail.
phdtheses by Agnès Perrais
Thèse de doctorat, Université de Lorraine, EA 3476 CREM, sous la direction de Vincent Lowy
Cette étude traite de l’articulation en cinéma de la ressource lyrique et de l’approche politique... more Cette étude traite de l’articulation en cinéma de la ressource lyrique et de l’approche politique du réel. Pour aborder sous un angle plus spécifique la question du « cinéma de poésie », elle propose une relecture de la théorisation littéraire du lyrisme, dans la perspective d’une critique de la polarisation autour de la notion de subjectivité. À partir d’une étude des imbrications entre poétique et enjeux politiques chez Hölderlin, Rimbaud et les surréalistes, elle propose la notion de « lyrisme objectif » pour questionner la façon dont les films peuvent s’émanciper du modèle discursif utilisé par le cinéma militant, tout en tentant de proposer une pensée critique du politique à partir de leurs formes sensibles. À travers l’analyse d’un corpus de films de Marguerite Duras, Philippe Garrel et Jean-Luc Godard, réalisés dans l’après-1968 à un moment de reflux des luttes, nous montrons comment leurs héritages poétiques influencent la figuration du politique, à partir d’un geste commun de mise en retrait de la narration au profit d’une logique de sensation. Nous proposons ainsi de voir comment chez Marguerite Duras, à partir d’une pensée radicale de la négativité, la mobilisation d’une parole lyrique prend en charge un enjeu de subjectivation politique. Par ailleurs, si la résurgence d’un héritage romantique et du versant hermétique du surréalisme chez Philippe Garrel reconduit une approche expérientielle du politique, la reprise de la théorie surréaliste de l’image comme rapport et des principes rimbaldiens de décentrement du sujet entraine chez Jean-Luc Godard une dialectisation du lyrisme, qui articule une positivité sensible à une critique objectivante.
Mots-clés : Cinéma, politique, cinéma de poésie, lyrisme, lyrisme objectif, Hölderlin, Rimbaud, Breton, romantisme, romantisme révolutionnaire, Duras, Garrel, Godard
This dissertation articulates the concept of lyricism and a political approach of the real in cinema. In order to study more specifically the issues of « poetry cinema », it proposes a reading of the literary theory of lyricism through a critique of the conceptual polarization of subjectivity. Starting with a study of the interdependence of poetics and politics in Hölderlin, Rimbaud and the Surrealists’ works, I put forward the notion of « objective lyricism » to understand how film can move away from the discursive paradigm of activism and forge a critical evaluation of political issues by way of their esthetics. By analyzing a number of films by Marguerite Duras, Philippe Garrel et Jean-Luc Godard, all made in the years just after 1968, when activism receded, I show how their formal legacies influenced the depiction of politics by withdrawing the narrative structure to the profit of a logic of sensation. Furthermore, I intend to demonstrate how in Marguerite Duras’ films political subjectivation is achieved by a lyrical voice rooted in a radical thinking of negativity. If the resurgence of a romantic legacy and of the cryptic side of surrealism in Philippe Garrel’s films lead to an experiential approach of politics, the re-actualization of the surrealist theory of the image-as-interaction and Rimbaud’s principles of the subject’s decentering push Jean-Luc Godard to a dialectization of lyricism, articulating a sensitive positivity to an objectifying critique.
Key-words : Cinema, politics, poetry cinema, lyricism, objective lyricism, Hölderlin, Rimbaud, Breton, romantism, revolutionary romantism, Duras, Garrel, Godard
Papers by Agnès Perrais
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Nov 29, 2018
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Apr 28, 2011
Cette etude traite de l’articulation en cinema de la ressource lyrique et de l’approche politique... more Cette etude traite de l’articulation en cinema de la ressource lyrique et de l’approche politique du reel. Pour aborder sous un angle plus specifique la question du « cinema de poesie », elle propose une relecture de la theorisation litteraire du lyrisme, dans la perspective d’une critique de la polarisation autour de la notion de subjectivite. A partir d’une etude des imbrications entre poetique et enjeux politiques chez Holderlin, Rimbaud et les surrealistes, elle propose la notion de « lyrisme objectif » pour questionner la facon dont les films peuvent s’emanciper du modele discursif utilise par le cinema militant, tout en tentant de proposer une pensee critique du politique a partir de leurs formes sensibles. A travers l’analyse d’un corpus de films de Marguerite Duras, Philippe Garrel et Jean-Luc Godard, realises dans l’apres-1968 a un moment de reflux des luttes, nous montrons comment leurs heritages poetiques influencent la figuration du politique, a partir d’un geste commun ...
La Revue Documentaires, 2021
Par son titre qui cherche à interdire l'identification de son sujet par le spectateur, la... more Par son titre qui cherche à interdire l'identification de son sujet par le spectateur, la performance de Gaëlle Rouard M...H se présente d'emblée comme un mystère. Un mystère au sens d'une énigme qui se creuse, se fouille, se dissipe petit à petit par fragments, par lambeaux, toujours partiellement, et dont les indices ressemblent à des vestiges indéchiffrés.
http://www.elumiere.net/exclusivo_web/internacional_straub/textos/othon_parrais.php, 2009
Politique du texte au cinéma : Les Yeux ne veulent pas en tout temps se fermer ou Peut-être qu'un... more Politique du texte au cinéma : Les Yeux ne veulent pas en tout temps se fermer ou Peut-être qu'un jour Rome se permettra de choisir à son tour ou Othon, Pierre Corneille, Danièle Huillet, Jean-Marie Straub, par Agnès Perrais Anachronismes, déséquilibres des cadres, diction à la vitesse de l'éclair d'un canon de l'alexandrin français, beaucoup de bizarreries étonnent à la première vision d'Othon. S'il est clair que la question de l'adaptation est d'emblée liquidée, le film semble intégrer dans son corps même la discordance de deux matières a priori peu en rapport, non seulement quant à leur facture mais également sur le plan des époques, le XVIIe siècle d'une part contant l'Antiquité par le biais de Tacite, l'après 1968 d'autre part. Le choix de ce coup de force en forme de détour nous met en fait sur la voie pour comprendre la nature du travail du texte et de la mise en scène au cinéma. Si le problème du statut de la parole et de l'oralité paraît crucial dans une mise en scène cinématographique du texte théâtral, la manière dont le film invente un espace qui n'est pas strictement celui du théâtre est fondamentale car la question de la représentation et celle de la dimension politique du théâtre vont devoir être posées dans des termes renouvelés. Le problème du rapport entre théâtre et film permet en fait de dégager une véritable politique de l'oeuvre chez les Straub.
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Mots-clés : Cinéma, politique, cinéma de poésie, lyrisme, lyrisme objectif, Hölderlin, Rimbaud, Breton, romantisme, romantisme révolutionnaire, Duras, Garrel, Godard
This dissertation articulates the concept of lyricism and a political approach of the real in cinema. In order to study more specifically the issues of « poetry cinema », it proposes a reading of the literary theory of lyricism through a critique of the conceptual polarization of subjectivity. Starting with a study of the interdependence of poetics and politics in Hölderlin, Rimbaud and the Surrealists’ works, I put forward the notion of « objective lyricism » to understand how film can move away from the discursive paradigm of activism and forge a critical evaluation of political issues by way of their esthetics. By analyzing a number of films by Marguerite Duras, Philippe Garrel et Jean-Luc Godard, all made in the years just after 1968, when activism receded, I show how their formal legacies influenced the depiction of politics by withdrawing the narrative structure to the profit of a logic of sensation. Furthermore, I intend to demonstrate how in Marguerite Duras’ films political subjectivation is achieved by a lyrical voice rooted in a radical thinking of negativity. If the resurgence of a romantic legacy and of the cryptic side of surrealism in Philippe Garrel’s films lead to an experiential approach of politics, the re-actualization of the surrealist theory of the image-as-interaction and Rimbaud’s principles of the subject’s decentering push Jean-Luc Godard to a dialectization of lyricism, articulating a sensitive positivity to an objectifying critique.
Key-words : Cinema, politics, poetry cinema, lyricism, objective lyricism, Hölderlin, Rimbaud, Breton, romantism, revolutionary romantism, Duras, Garrel, Godard
Papers by Agnès Perrais
Mots-clés : Cinéma, politique, cinéma de poésie, lyrisme, lyrisme objectif, Hölderlin, Rimbaud, Breton, romantisme, romantisme révolutionnaire, Duras, Garrel, Godard
This dissertation articulates the concept of lyricism and a political approach of the real in cinema. In order to study more specifically the issues of « poetry cinema », it proposes a reading of the literary theory of lyricism through a critique of the conceptual polarization of subjectivity. Starting with a study of the interdependence of poetics and politics in Hölderlin, Rimbaud and the Surrealists’ works, I put forward the notion of « objective lyricism » to understand how film can move away from the discursive paradigm of activism and forge a critical evaluation of political issues by way of their esthetics. By analyzing a number of films by Marguerite Duras, Philippe Garrel et Jean-Luc Godard, all made in the years just after 1968, when activism receded, I show how their formal legacies influenced the depiction of politics by withdrawing the narrative structure to the profit of a logic of sensation. Furthermore, I intend to demonstrate how in Marguerite Duras’ films political subjectivation is achieved by a lyrical voice rooted in a radical thinking of negativity. If the resurgence of a romantic legacy and of the cryptic side of surrealism in Philippe Garrel’s films lead to an experiential approach of politics, the re-actualization of the surrealist theory of the image-as-interaction and Rimbaud’s principles of the subject’s decentering push Jean-Luc Godard to a dialectization of lyricism, articulating a sensitive positivity to an objectifying critique.
Key-words : Cinema, politics, poetry cinema, lyricism, objective lyricism, Hölderlin, Rimbaud, Breton, romantism, revolutionary romantism, Duras, Garrel, Godard