Books by Thierry Boissière
Diacritiques editions , 2022
Le livre a pour ambition de contribuer à une anthropologie du capitalisme en étudiant les diverse... more Le livre a pour ambition de contribuer à une anthropologie du capitalisme en étudiant les diverses formes de circulations et de consommations telles qu'elles se déploient au Moyen-Orient, dans les mondes turcs, arabes et iraniens. L’ouvrage vise ainsi à comprendre comment les changements liés à la globalisation s’inscrivent au quotidien dans des sociétés réputées conservatrices et parfois antagonistes, et cela dans des contextes marqués par d’importants bouleversements politiques et économiques, en particulier depuis 2011.
Les chapitres de cet ouvrage collectif portent sur des métropoles (Alep, Istanbul, Koweït, Qom, Téhéran) fortement impactées par les orientations néolibérales que la région a connues ces deux dernières décennies. Leurs auteurs s’appuient sur diverses sciences humaines et sociales (anthropologie, géographie, sciences politiques, sociologie et économie, histoire), à partir d’approches « par le bas », soucieuses des connectivités et des ordinaires de la globalisation. Ce livre propose ainsi une perception renouvelée des dynamiques actuelles au Moyen-Orient.
Comment un modeste quartier résidentiel, né à l’époque du Mandat français, est-il devenu un des c... more Comment un modeste quartier résidentiel, né à l’époque du Mandat français, est-il devenu un des centres de la vie intellectuelle et politique syrienne des années 1950-1960, puis un conservatoire de l’architecture et de l’espace urbains modernes ainsi que le principal lieu de commerces et de loisirs du centre ville de Damas ? Chaalan, quartier cosmopolite et espace de modernité sociale et architecturale dès sa formation, occupe en effet une place particulière dans l’évolution générale de la capitale syrienne. Cet ouvrage, résultat d’une recherche collective et pluridisciplinaire menée principalement entre 2005 et 2010 par une équipe franco-syrienne, propose de reconstituer l’histoire de ce « morceau de ville » en remontant dans la mémoire de ses familles fondatrices et de certains de ses habitants les plus anciens. Il propose aussi de rendre compte des principales mutations qu’a connues le quartier et de développer enfin une réflexion sur les notions de patrimoine habité et de patrimoine immatériel, réflexion qui pourrait permettre de répondre, en ces temps sombres que traverse la Syrie, à des questions comparables que posent aussi bien la préservation d’autres quartiers de Damas datant de la même époque que la reconstruction des villes syriennes affectées par la guerre.
Presses de l'Ifpo, 2014
photos NB hors texte, 18 photos couleurs hors texte. 50 € Ouvrage publié avec la collaboration du... more photos NB hors texte, 18 photos couleurs hors texte. 50 € Ouvrage publié avec la collaboration du Groupe de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO), et avec le soutien de la Mairie de Lyon. Quatrième de couverture Capitale économique de la Syrie du Nord et seconde ville du pays, Alep a bâti sa prospérité sur un important commerce local, régional et international et sur le dynamisme de ses activités de production. Jusqu'à la fin de l'époque ottomane, elle était le centre d'un arrière-pays commercial qui se déployait bien au-delà des frontières actuelles de la Syrie, se prolongeant vers la Méditerranée et l'Europe, l'Asie centrale, la Péninsule arabique et jusqu'aux côtes occidentales du subcontinent indien. Si au XX e siècle la ville a connu un rétrécissement de cette aire d'influence et une marginalisation politique et économique, elle a retrouvé depuis une vingtaine d'années une certaine prospérité pour deux raisons majeures : d'abord, une collaboration plus ouverte que par le passé avec le pouvoir central et ensuite, son dynamisme et sa capacité à développer des activités commerciales, industrielles et culturelles aussi bien à l'échelle locale que régionale et cela, dans le contexte d'une libéralisation très contrôlée de l'économie syrienne. Jusqu'en 2011, Alep a ainsi donné l'image d'une ville, sinon florissante, du moins dynamique : c'est un peu ce dynamisme et cette volonté de vivre que décrit cet ouvrage, à travers plus d'un siècle de bouleversements subis ou portés par cette métropole du Nord de la Syrie, condamnée à se recréer et se réinventer sans cesse pour être autre chose qu'un simple
Journals edition and coordination by Thierry Boissière
Ce numéro de Critique Internationale porte sur « Le quotidien économique dans un Proche-Orient en... more Ce numéro de Critique Internationale porte sur « Le quotidien économique dans un Proche-Orient en guerre ». Les coordinateurs, Thierry Boissière (anthropologue, chercheur à l’IFPO) et Laura Ruiz de Elvira (politiste, chargée de recherche à l’IRD), ont réuni des auteurs qui interrogent la transformation, la résilience et l’autonomisation de sociétés vivant de graves crises politiques. Taher Labadi (économiste, post-doctorant à l’IFPO) aborde cette question du quotidien économique à Gaza, à travers trois études de cas : celui, peu connu, du développement d’une agriculture urbaine, celui, assez médiatisé, des marchandises acheminées par des tunnels depuis l’Égypte, et enfin celui de la création d’un système financier alternatif. Leïla Vignal (géographe, maîtresse de conférences à l’université Rennes-2) explore le devenir du quotidien économique – produire, consommer, vivre – dans le chaos des destructions, de l’effondrement du cadre collectif et des logiques partisanes, militaires ou miliciennes, de la Syrie en guerre. Jamil Mouawad (politiste, chercheur au Robert Schuman Center for Advanced Studies) propose une lecture historique des principales transformations de la vie économique – en temps de paix comme en temps de guerre – dans la région libanaise de Wadi Khaled, à la frontière nord avec la Syrie, et ce à travers les fluctuations incessantes des démarcations territoriales entre ces deux pays. Thierry Boissière et Annie Tohmé Tabet (anthropologue, professeure à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth) analysent la façon dont les réfugiés syriens prennent place dans Nabaa, quartier populaire de la banlieue est de Beyrouth, et les types de dispositifs, notamment résidentiels et économiques, sur lesquels ils s’appuient au quotidien
Papers by Thierry Boissière
Parcours anthropologiques
Entre développements des espaces de commerce et mutations urbaines, le quartier de 'Aziziyyé à Al... more Entre développements des espaces de commerce et mutations urbaines, le quartier de 'Aziziyyé à Alep 1 Résumé-'Aziziyyé au nord-ouest de la vieille ville d'Alep, fait partie des zones résidentielles développées à la fin du XIX e siècle qui ont progressivement été intégrées au centre-ville. Principal quartier de résidence de la moyenne et grande bourgeoisie chrétienne jusque dans les années 1960, 'Aziziyyé va par la suite se transformer rapidement. Son activité commerciale, réduite jusqu'alors à quelques « boutiques de quartier », va se développer spectaculairement et s'ouvrir à une clientèle plus large. D'essentiellement résidentiel 'Aziziyyé devient en quelques années un haut lieu du commerce « moderne ». Centralité commerciale depuis lors incontournable, 'Aziziyyé est cependant entré depuis une quinzaine d'années dans une nouvelle phase de son histoire, phase caractérisée à la fois par l'intensification de ses activités commerciales, par une transformation de sa clientèle, de plus en plus issue des classes sociales populaires et par un renouvellement d'une grande majorité de ses commerçants. Cette nouvelle phase est à inscrire plus généralement dans les changements importants que connaissent les zones et les activités du commerce à Alep, avec notamment leur déplacement vers les nouveaux et riches quartiers résidentiels de la périphérie ouest et nord-ouest de la ville. Abstract-'Aziziye, in northwestern Aleppo, is a residential area that was developed in the 19 th century and progressively integrated into Aleppo's city centre. During the 1960's, it was the main residence of the middle-high Christian bourgeoisie. Subsequently, the area transformed rapidly. Although 'Aziziye's economic activity was based on some 'small, local shops', it experienced a spectacular development as well as an expansion into more diverse clientele. 'Aziziye was changed from an essentially residential area into a 'modern' commercial area. However, in the last fifteen years, 'Aziziye has been through another transformation: the amount of commercial activity has increased, and
Chaalan. Formations et mutations d'un quartier de Damas. 1920-2010, Beyrouth, Presses de l'Ifpo, 2020
Chaalan était encore, au début des années 1980 un quartier essentiellement résidentiel. On y ... more Chaalan était encore, au début des années 1980 un quartier essentiellement résidentiel. On y trouvait bien sûr de petits commerces de première nécessité et des ateliers d’artisans destinés à une clientèle locale. À partir de ces années 1980 cependant et surtout des décennies 1990‐2000, le quartier change de façon radicale, un changement qui se
poursuivait encore en 2010, année de notre dernière visite dans le quartier. En l’espace d’une trentaine d’années, la fonction résidentielle s’y est considérablement réduite au profit des activités commerciales et de service. Les logements de rez‐de‐chaussée ont été transformés en boutiques ou en restaurants, et les commerces qui ont ouvert en grand nombre sont désormais davantage destinés à une clientèle extérieure au quartier qu’à ses seuls habitants. L’importante affluence observée certains soirs fait enfin des rues du quartier de Chaalan l’une des scènes les plus en vogue de la capitale syrienne, à la fois espace public et lieu de consommation d’une certaine modernité.
Ethnologie française, 2021
Cet article présente les résultats d’une étude ethnographique réalisée sur le Marché de gros de f... more Cet article présente les résultats d’une étude ethnographique réalisée sur le Marché de gros de fruits et légumes de Beyrouth au cours du printemps 2019. Situé aux abords des camps palestiniens de Sabra et Chatila, mais fortement investi par les Syriens, ce marché apparait à la fois comme un hub marchand, un centre d’approvisionnement métropolitain et un pôle d’emplois plus ou moins informels. Il constitue aussi, à travers des activités de récupération, un espace ressource important pour une population particulièrement démunie résidant à proximité. Il alimente enfin de nombreux petits commerces de rues, le plus souvent tenus par des Syriens.
This article presents the results of an ethnographic study of the Beirut wholesale fruit and vegetable market during the spring of 2019. Located on the outskirts of the Palestinian camps of Sabra and Shatila, but with the presence of Syrians, this market represents a commercial hub, a metropolitan supply centre and a more or less informal employment centre. By collecting unsold produce, it also acts as a vital resource for the particularly disadvantaged population living nearby. Finally, it supplies many small shops, which are often run by Syrians.
Revue Moyen-Orient, 2021
Avec quelque 6 millions de déplacés internes et 7 à 8 autres millions de réfugiés (6 million... more Avec quelque 6 millions de déplacés internes et 7 à 8 autres millions de réfugiés (6 millions, selon l’ONU) à l’étranger, la crise syrienne a été à l’origine de l’un des plus importants déplacements forcés de populations depuis la Seconde Guerre mondiale. Parmi les pays d’accueil de la région, le Liban reste celui qui a reçu le plus grand nombre de Syriens proportionnellement à sa population (6,8 millions en 2019). Bien qu’il n’existe pas de chiffres précis, on estime à 1,2 million le nombre de réfugiés syriens présents début 2021 dans le « Pays des Cèdres » – au 3 mars, 865 531 étaient enregistrés par l’ONU. S’inscrivant dans des circulations transfrontalières plus anciennes que le conflit lui-même, ils sont présents sur l’ensemble du territoire libanais et y occupent des emplois précaires et relevant du secteur informel
Parcours anthropologiques n°15, 2020
À partir d’une recherche menée dans deux rues proches du centre-ville de Beyrouth, une équipe plu... more À partir d’une recherche menée dans deux rues proches du centre-ville de Beyrouth, une équipe pluridisciplinaire composée d’anthropologues, de géographes et de sociologues, s’interroge sur la complexité de la marche dans une ville considérée comme chaotique et saturée par la circulation automobile. Dans la perspective des approches relationnistes et afin de comprendre comment s’établit une écologie de la perception, une méthodologie fondée sur la captation du regard et du cheminement avec un eye tracker (oculomètre) est mise en œuvre. Cet instrument permet, entre autres, d’envisager la dimension du « corps en acte », y compris dans l’explicitation par les personnes participantes des matériaux visuels et sonores recueillis.
At the junction of urban and economic anthropology, the sociology of migrations and the ethnograp... more At the junction of urban and economic anthropology, the sociology of migrations and the ethnography of everyday practices, this study presents the first results of ongoing fieldwork. It examines the manner in which Syrian refugees make their way in Nabaa, a working-class neighborhood in the northeastern suburbs of Beirut, and the types of residential and economic arrangements on which they rely on a day-to-day basis. Our analysis takes into consideration the path that led them from Syria to this neighborhood as well as the development of economic and survival activities. Finally, it raises the question of the conditions under which everyday life is constructed in exile, particularly via the establishment of types of routine in a context of uncertainty and great material, social, political and statutory insecurity.
À la jonction de l’anthropologie urbaine et économique, de la sociologie des migrations et d’une ethnographie des pratiques du quotidien, cette étude présente les premiers résultats d’un travail de terrain en cours. Elle analyse la façon dont les réfugiés syriens prennent place dans Nabaa, un quartier populaire de la banlieue est de Beyrouth, et les types de dispositifs, notamment résidentiels et économiques, sur lesquels ils s’appuient au quotidien. Notre analyse prend en compte leurs trajectoires depuis la Syrie jusqu’à leur installation dans le quartier, ainsi que le développement d’activités économiques et de survie. Elle pose enfin la question des conditions de la construction d’un quotidien dans l’exil, notamment à travers la mise en place de formes de routines dans un contexte d’incertitude et de grande précarité matérielle, sociale, politique et statutaire.
Revue Jadaliyya , 2018
The capital of Iraqi Kurdistan, Erbil (Hawler in Kurdish), with its 1.5 million residents, plus a... more The capital of Iraqi Kurdistan, Erbil (Hawler in Kurdish), with its 1.5 million residents, plus a large number of Syrian refugees and displaced persons from the nearby Mosul region, have been going through a development boom since 2003, a date that marks the end of Saddam Hussein’s regime. It forms a concentric zone agglomeration centered around a citadel recently designated a World Heritage Site (2014). This rapid expansion was interrupted in 2014 by the decrease in oil prices and the offensive by Islamic State/Daesh at the doorstep of the Kurdistan Regional Government (KRG).
Revue Urbanisme, 2017
L’actuelle capitale du Kurdistan d’Irak est une agglomération radioconcentrique autour d’une cita... more L’actuelle capitale du Kurdistan d’Irak est une agglomération radioconcentrique autour d’une citadelle récemment classée au Patrimoine mondial de l’humanité (2014). Récit, de la difficile naissance d’une capitale à une « dubaïsation » mise à mal par guerre et crise.
Avec 1,5 million de résidents, auxquels il faut ajouter de nombreux réfugiés de Syrie et des déplacés issus de la région de Mossoul toute proche, Erbil (hawler en kurde) a connu un développement fulgurant à partir de 2003, date marquant la fin du régime de Saddam Hussein. Cette rapide expansion a été interrompue en 2014 avec l’offensive du groupe État islamique/Daech aux portes du Gouvernement Régional du Kurdistan (GRK) et la baisse du cours du pétrole. Accompagnés de l’artiste Valérie Jouve, nous avons sillonné les divers territoires de la métropole kurde lors de deux séjours : en septembre 2016 puis en mai 20171. Nos regards croisés (anthropologiques et photographiques) ont permis une approche originale d’une capitale aux multiples influences, située entre Syrie, Turquie, Iran et Irak (cf. carte ci-contre). Cette position charnière à l’échelle macro-régionale est à la fois une force et une faiblesse pour Erbil, en proie aux fréquents soubresauts de la géopolitique et du capitalisme.
Encyclopédie Universalis, 2017
L’anthropologie urbaine est une branche de l’anthropologie qui a pour objet l’étude des villes et... more L’anthropologie urbaine est une branche de l’anthropologie qui a pour objet l’étude des villes et de leurs sociétés. Elle s’est d’abord développée dans des pays ayant connu une urbanisation accélérée, principalement à la fin du xixe et au début du xxe siècle, comme les États-Unis, le Royaume-Uni, mais également l’Afrique australe minière sous domination britannique, avant d’émerger en France beaucoup plus tardivement, dans les années 1980. Il s’agissait notamment de comprendre comment l’urbanisation, alors en passe de devenir un phénomène planétaire, produisait un mode de vie particulier et quels bouleversements sociaux et culturels elle provoquait ; questions auxquelles l’anthropologie a tenté d’apporter une réponse singulière, marquée par l’ethnographie, mais aussi par des emprunts à d’autres disciplines, comme la sociologie et la géographie. S’est ainsi progressivement construit depuis plus d’un siècle un regard à la fois spécifique et pluriel sur les sociétés urbaines, leur fonctionnement et leur évolution. Ce regard n’a pas été sans faire débat au sein même de la discipline anthropologique, tout en contribuant à ouvrir celle-ci à l’analyse de nos mondes contemporains globalisés et désormais majoritairement urbanisés.
Orient XXI, 2017
Ville en crise ou ville exceptionnelle ? Cette interrogation pèse depuis presque trois décennies ... more Ville en crise ou ville exceptionnelle ? Cette interrogation pèse depuis presque trois décennies sur l’imaginaire de Beyrouth, son évolution et sa société, tout en produisant en retour des formes de résistance et d’adaptation.
REMMM, 2015
Anthropology facing the Syrian conflict: putting society at the heart of analysis. The war in Syr... more Anthropology facing the Syrian conflict: putting society at the heart of analysis. The war in Syria has caused more than 250000 people, millions of displaced people and refugees and devastated hundreds of towns. This unprecedented crisis led to the physical destruction of Syria and its territorial fragmentation but also the disruption of the society and what makes society generally. Anthropology is directly challenged by this humanly dramatic situation: how to grasp the radical transformation of the daily conditions of existence and functioning of Syrian society? How to keep doing anthropology in Syria while this activity is primarily based on a long‐term presence in the country? What role anthropology can it still hold in a context of proliferation of speech “experts” in the media? Methodological and ethical questions this article attempts to answer by proposing to rely on an approach that is both empirical, off center and away from the Syrian conflict while reiterating the urgency to replace the Syrian society at the heart of the analysis.
La guerre en Syrie a déjà fait plus de 250000 morts, des millions de déplacés et de réfugiés et a ravagé des centaines d’agglomérations. Cette crise sans précédant aboutit ainsi à la destruction matérielle de la Syrie et à sa fragmentation territoriale, mais aussi au bouleversement de sa société et de ce qui fait ordinairement société. L’anthropologie se trouve directement interpellée par cette situation humainement dramatique: comment appréhender la transformation radicale des conditions quotidiennes d’existence et de fonctionnement de la société syrienne? Comment continuer à faire l’anthropologie de la Syrie alors que cette discipline s’appuie prioritairement sur une présence de longue durée sur le terrain? Quelle place l’anthropologie peut‐elle encore occuper dans un contexte de prolifération des discours « experts » dans les médias ? Questions méthodologiques et éthiques auxquelles cet article tente de répondre en proposant de s’appuyer sur une approche à la fois empirique, décentrée et à distance du conflit syrien tout en réaffirmant l’urgence de replacer la société syrienne au cœur de l’analyse.
Moyen-Orient, 2014
70 70 Le sunnisme politique en Irak : du centralisme modernisateur au régionalisme confessionnel ... more 70 70 Le sunnisme politique en Irak : du centralisme modernisateur au régionalisme confessionnel Hosham Dawod 76 Allégeances, rivalités et conflits : les multiples visages du chiisme politique irakien Marius Lazar 82 Repères religion : Une épuration religieuse planifiée Tigrane Yégavian VILLES 84 84 Guerre contre l'État, guerre contre la ville : Alep, otage des combats en Syrie
Confluences Méditerranée , 2014
Distribution électronique Cairn.info pour L'Harmattan. © L'Harmattan. Tous droits réservés pour t... more Distribution électronique Cairn.info pour L'Harmattan. © L'Harmattan. Tous droits réservés pour tous pays.
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Books by Thierry Boissière
Les chapitres de cet ouvrage collectif portent sur des métropoles (Alep, Istanbul, Koweït, Qom, Téhéran) fortement impactées par les orientations néolibérales que la région a connues ces deux dernières décennies. Leurs auteurs s’appuient sur diverses sciences humaines et sociales (anthropologie, géographie, sciences politiques, sociologie et économie, histoire), à partir d’approches « par le bas », soucieuses des connectivités et des ordinaires de la globalisation. Ce livre propose ainsi une perception renouvelée des dynamiques actuelles au Moyen-Orient.
Journals edition and coordination by Thierry Boissière
Papers by Thierry Boissière
poursuivait encore en 2010, année de notre dernière visite dans le quartier. En l’espace d’une trentaine d’années, la fonction résidentielle s’y est considérablement réduite au profit des activités commerciales et de service. Les logements de rez‐de‐chaussée ont été transformés en boutiques ou en restaurants, et les commerces qui ont ouvert en grand nombre sont désormais davantage destinés à une clientèle extérieure au quartier qu’à ses seuls habitants. L’importante affluence observée certains soirs fait enfin des rues du quartier de Chaalan l’une des scènes les plus en vogue de la capitale syrienne, à la fois espace public et lieu de consommation d’une certaine modernité.
This article presents the results of an ethnographic study of the Beirut wholesale fruit and vegetable market during the spring of 2019. Located on the outskirts of the Palestinian camps of Sabra and Shatila, but with the presence of Syrians, this market represents a commercial hub, a metropolitan supply centre and a more or less informal employment centre. By collecting unsold produce, it also acts as a vital resource for the particularly disadvantaged population living nearby. Finally, it supplies many small shops, which are often run by Syrians.
À la jonction de l’anthropologie urbaine et économique, de la sociologie des migrations et d’une ethnographie des pratiques du quotidien, cette étude présente les premiers résultats d’un travail de terrain en cours. Elle analyse la façon dont les réfugiés syriens prennent place dans Nabaa, un quartier populaire de la banlieue est de Beyrouth, et les types de dispositifs, notamment résidentiels et économiques, sur lesquels ils s’appuient au quotidien. Notre analyse prend en compte leurs trajectoires depuis la Syrie jusqu’à leur installation dans le quartier, ainsi que le développement d’activités économiques et de survie. Elle pose enfin la question des conditions de la construction d’un quotidien dans l’exil, notamment à travers la mise en place de formes de routines dans un contexte d’incertitude et de grande précarité matérielle, sociale, politique et statutaire.
Avec 1,5 million de résidents, auxquels il faut ajouter de nombreux réfugiés de Syrie et des déplacés issus de la région de Mossoul toute proche, Erbil (hawler en kurde) a connu un développement fulgurant à partir de 2003, date marquant la fin du régime de Saddam Hussein. Cette rapide expansion a été interrompue en 2014 avec l’offensive du groupe État islamique/Daech aux portes du Gouvernement Régional du Kurdistan (GRK) et la baisse du cours du pétrole. Accompagnés de l’artiste Valérie Jouve, nous avons sillonné les divers territoires de la métropole kurde lors de deux séjours : en septembre 2016 puis en mai 20171. Nos regards croisés (anthropologiques et photographiques) ont permis une approche originale d’une capitale aux multiples influences, située entre Syrie, Turquie, Iran et Irak (cf. carte ci-contre). Cette position charnière à l’échelle macro-régionale est à la fois une force et une faiblesse pour Erbil, en proie aux fréquents soubresauts de la géopolitique et du capitalisme.
La guerre en Syrie a déjà fait plus de 250000 morts, des millions de déplacés et de réfugiés et a ravagé des centaines d’agglomérations. Cette crise sans précédant aboutit ainsi à la destruction matérielle de la Syrie et à sa fragmentation territoriale, mais aussi au bouleversement de sa société et de ce qui fait ordinairement société. L’anthropologie se trouve directement interpellée par cette situation humainement dramatique: comment appréhender la transformation radicale des conditions quotidiennes d’existence et de fonctionnement de la société syrienne? Comment continuer à faire l’anthropologie de la Syrie alors que cette discipline s’appuie prioritairement sur une présence de longue durée sur le terrain? Quelle place l’anthropologie peut‐elle encore occuper dans un contexte de prolifération des discours « experts » dans les médias ? Questions méthodologiques et éthiques auxquelles cet article tente de répondre en proposant de s’appuyer sur une approche à la fois empirique, décentrée et à distance du conflit syrien tout en réaffirmant l’urgence de replacer la société syrienne au cœur de l’analyse.
Les chapitres de cet ouvrage collectif portent sur des métropoles (Alep, Istanbul, Koweït, Qom, Téhéran) fortement impactées par les orientations néolibérales que la région a connues ces deux dernières décennies. Leurs auteurs s’appuient sur diverses sciences humaines et sociales (anthropologie, géographie, sciences politiques, sociologie et économie, histoire), à partir d’approches « par le bas », soucieuses des connectivités et des ordinaires de la globalisation. Ce livre propose ainsi une perception renouvelée des dynamiques actuelles au Moyen-Orient.
poursuivait encore en 2010, année de notre dernière visite dans le quartier. En l’espace d’une trentaine d’années, la fonction résidentielle s’y est considérablement réduite au profit des activités commerciales et de service. Les logements de rez‐de‐chaussée ont été transformés en boutiques ou en restaurants, et les commerces qui ont ouvert en grand nombre sont désormais davantage destinés à une clientèle extérieure au quartier qu’à ses seuls habitants. L’importante affluence observée certains soirs fait enfin des rues du quartier de Chaalan l’une des scènes les plus en vogue de la capitale syrienne, à la fois espace public et lieu de consommation d’une certaine modernité.
This article presents the results of an ethnographic study of the Beirut wholesale fruit and vegetable market during the spring of 2019. Located on the outskirts of the Palestinian camps of Sabra and Shatila, but with the presence of Syrians, this market represents a commercial hub, a metropolitan supply centre and a more or less informal employment centre. By collecting unsold produce, it also acts as a vital resource for the particularly disadvantaged population living nearby. Finally, it supplies many small shops, which are often run by Syrians.
À la jonction de l’anthropologie urbaine et économique, de la sociologie des migrations et d’une ethnographie des pratiques du quotidien, cette étude présente les premiers résultats d’un travail de terrain en cours. Elle analyse la façon dont les réfugiés syriens prennent place dans Nabaa, un quartier populaire de la banlieue est de Beyrouth, et les types de dispositifs, notamment résidentiels et économiques, sur lesquels ils s’appuient au quotidien. Notre analyse prend en compte leurs trajectoires depuis la Syrie jusqu’à leur installation dans le quartier, ainsi que le développement d’activités économiques et de survie. Elle pose enfin la question des conditions de la construction d’un quotidien dans l’exil, notamment à travers la mise en place de formes de routines dans un contexte d’incertitude et de grande précarité matérielle, sociale, politique et statutaire.
Avec 1,5 million de résidents, auxquels il faut ajouter de nombreux réfugiés de Syrie et des déplacés issus de la région de Mossoul toute proche, Erbil (hawler en kurde) a connu un développement fulgurant à partir de 2003, date marquant la fin du régime de Saddam Hussein. Cette rapide expansion a été interrompue en 2014 avec l’offensive du groupe État islamique/Daech aux portes du Gouvernement Régional du Kurdistan (GRK) et la baisse du cours du pétrole. Accompagnés de l’artiste Valérie Jouve, nous avons sillonné les divers territoires de la métropole kurde lors de deux séjours : en septembre 2016 puis en mai 20171. Nos regards croisés (anthropologiques et photographiques) ont permis une approche originale d’une capitale aux multiples influences, située entre Syrie, Turquie, Iran et Irak (cf. carte ci-contre). Cette position charnière à l’échelle macro-régionale est à la fois une force et une faiblesse pour Erbil, en proie aux fréquents soubresauts de la géopolitique et du capitalisme.
La guerre en Syrie a déjà fait plus de 250000 morts, des millions de déplacés et de réfugiés et a ravagé des centaines d’agglomérations. Cette crise sans précédant aboutit ainsi à la destruction matérielle de la Syrie et à sa fragmentation territoriale, mais aussi au bouleversement de sa société et de ce qui fait ordinairement société. L’anthropologie se trouve directement interpellée par cette situation humainement dramatique: comment appréhender la transformation radicale des conditions quotidiennes d’existence et de fonctionnement de la société syrienne? Comment continuer à faire l’anthropologie de la Syrie alors que cette discipline s’appuie prioritairement sur une présence de longue durée sur le terrain? Quelle place l’anthropologie peut‐elle encore occuper dans un contexte de prolifération des discours « experts » dans les médias ? Questions méthodologiques et éthiques auxquelles cet article tente de répondre en proposant de s’appuyer sur une approche à la fois empirique, décentrée et à distance du conflit syrien tout en réaffirmant l’urgence de replacer la société syrienne au cœur de l’analyse.
By shedding light on the two aspects of circulation and consumption, the call for papers seeks contributions by researchers in the social sciences (anthropology, economics, geography, history, political science, sociology). Contributions may focus on how consumer practices "circulate" and spread on the level of the the region or more localized spaces. They may aim to better understand the changes generated by the circulations of goods, people and models, on the diversification of consumption practices and more generally on local economies. This questioning may serve to interpret potential mobilizations in the examined urban cases, in the shadow of the "Arab Spring". /// La région du Moyen-Orient qui se dessine à partir des métropoles sur lesquelles porte notre appel (Amman, Beyrouth, Damas, Dubaï, Erbil, Istanbul, Téhéran), est à la fois divisée et interconnectée, mais aussi traversée par des crises politiques et économiques majeures. Espace en tensions, cette région a également été marquée ces dernières décennies par des réformes économiques d’orientation libérale. Ces réformes ont participé d’une redéfinition des circulations des biens et des personnes au niveau local et régional, mais aussi d’une transformation sensible des formes et des modes de consommation. C’est sur ces derniers points, ceux des circulations et des consommations saisies dans un contexte rendant nécessaire une analyse à plusieurs échelles (local, régional, global), que nous souhaitons susciter les contributions de chercheurs appartenant aux différentes disciplines des sciences-sociales et humaines (anthropologie, économie, géographie, histoire, politologie, sociologie).
Ce numéro de Critique Internationale porte sur « Le quotidien économique dans un Proche-Orient en guerre ». Les coordinateurs, Thierry Boissière (anthropologue, chercheur à l’IFPO) et Laura Ruiz de Elvira (politiste, chargée de recherche à l’IRD), ont réuni des auteurs qui interrogent la transformation, la résilience et l’autonomisation de sociétés vivant de graves crises politiques. Taher Labadi (économiste, post-doctorant à l’IFPO) aborde cette question du quotidien économique à Gaza, à travers trois études de cas : celui, peu connu, du développement d’une agriculture urbaine, celui, assez médiatisé, des marchandises acheminées par des tunnels depuis l’Égypte, et enfin celui de la création d’un système financier alternatif. Leïla Vignal (géographe, maîtresse de conférences à l’université Rennes-2) explore le devenir du quotidien économique – produire, consommer, vivre – dans le chaos des destructions, de l’effondrement du cadre collectif et des logiques partisanes, militaires ou miliciennes, de la Syrie en guerre. Jamil Mouawad (politiste, chercheur au Robert Schuman Center for Advanced Studies) propose une lecture historique des principales transformations de la vie économique – en temps de paix comme en temps de guerre – dans la région libanaise de Wadi Khaled, à la frontière nord avec la Syrie, et ce à travers les fluctuations incessantes des démarcations territoriales entre ces deux pays. Thierry Boissière et Annie Tohmé Tabet (anthropologue, professeure à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth) analysent la façon dont les réfugiés syriens prennent place dans Nabaa, quartier populaire de la banlieue est de Beyrouth, et les types de dispositifs, notamment résidentiels et économiques, sur lesquels ils s’appuient au quotidien.