Colloque international - Co-organisation by Judith Michalet
Projection d'ouverture au Centre Pompidou le dimanche 22 mai et Colloque à Reid Hall (Paris) les ... more Projection d'ouverture au Centre Pompidou le dimanche 22 mai et Colloque à Reid Hall (Paris) les 23 et 24 mai 2022 (keynote, panels, performances et tables rondes).
À l’ère de ce que Gilles Deleuze a appelé les « sociétés de contrôle » – gouvernées aujourd’hui à la fois par la prédictibilité algorithmique, les nouvelles formes de travail numérique ou l’« économie de l’attention » – quelles stratégies sont explorées par des artistes, des chercheurs et des usagers, pour produire de nouvelles relations aux dispositifs numériques, réflexives et émancipatrices, plutôt qu’addictives, compulsives et conspirationnistes ? Ce colloque souhaite questionner des enjeux esthétiques, psychiques et politiques de la transformation rapide des technologies et des plateformes numériques, en confrontant différents diagnostiques critiques et en examinant des expérimentations artistiques à l’ère du « post-cinéma » (celle des reconfigurations du médium cinématographique à l’époque des médias connectés).
Participants :
Nicolas Bailleul (artiste), Nico Baumbach (Columbia University) Christa Blümlinger (Université Paris 8), Camille Bui (Université Paris 1), Aline Caillet (Université Paris 1), Elisabeth Caravella (artiste), Pierre Cassou-Noguès (Université Paris 8), Yves Citton (Université Paris 8), Aria Dean (artiste), DISNOVATION.ORG, Dominic Gagnon (cinéaste), Jane M. Gaines (Columbia University), Chloé Galibert-Laîné (HEAD de Lucerne), Benjamin Gaulon (artiste), Elisa Giardina Papa (artiste), Gala Hernández López (Université Paris 8), James J. Hodge (Northwestern University), Tung-Hui Hu (University of Michigan), Wendy Hui Kyon Chun (Simon Fraser University’s Canada) Marie Lechner (commissaire indépendante), Alice Lenay (Université Paris 8), Judith Michalet (Université Paris 1), RYBN.ORG, Kim Sacks (Université de Strasbourg), Antonio Somaini (Université Sorbonne Nouvelle), Félix Tréguer (CERI-Sciences Po), Seumboy Vrainom (artiste), Gwenola Wagon (Université Paris 8), Damon R. Young (UC Berkeley).
Projet Alliance porté par Nico Baumbach (Columbia University) et Judith Michalet (Université Paris 1) avec la participation de Aline Caillet (Université Paris 1), Yves Citton (Université Paris 8), Jane M. Gaines (Columbia University), Gwenola Wagon (Université Paris 8) et Damon Young (UC Berkeley), comme membres du comité scientifique.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Books by Judith Michalet
Presses Universitaires de Vincennes, 2020
Deleuze Penseur de l'image
Pourquoi la question du rapport entre image et immanence ouvre-t-ell... more Deleuze Penseur de l'image
Pourquoi la question du rapport entre image et immanence ouvre-t-elle une voie d'accès privilégiée à la pensée esthétique de Deleuze ? Comment est-il possible de réussir ce tour de force qui consiste à penser l'image sans transcendance ? Davantage que dans les domaines musicaux et littéraires, il semble que Deleuze ait développé dans le domaine iconique une pensée allant à contre-courant de la définition la plus courante du médium qui lui est associé, celle selon laquelle l'image est la copie d'un substrat originaire, la reproduction d'un modèle ou la trace d'un référent. Dans les divers écrits du philosophe, lorsqu'il est question d'image, qu'elle soit picturale, cinématographique ou mentale, celle-ci est au contraire pensée comme une pleine présence, non creusée par le manque, sans absence. Critiquant la représentation et toutes les formes de médiation, Deleuze privilégie la pure présence de ce qui est image, ainsi que la propagation directe des vibrations qu'elle véhicule. Il ne s'agit pas d'être « devant l'image » qui nous apparaît, mais « dans l'image » qui nous transforme ; non pas « devant le temps », mais « dans le temps ». Quelles sont les raisons et les implications de l'usage de la pensée bergsonienne, relativement à l'image en général, et à l'image cinématographique en particulier, permettant de concilier l'inconciliable : l'image et l'immanence ? Dans Matière et mémoire, tout est image, si bien qu'il n'est plus question d'image au sens courant du terme. Dans cette filiation bergsonienne, Deleuze conçoit une image qui est quelque chose, et qui n'est pas image de quelque chose Ses pensées ontologique et esthétique convergent vers une même approche de l'image. Sa réceptivité esthétique personnelle aux arts visuels-et par conséquent ses commentaires d'oeuvres-se trouve ainsi tributaires de ses présupposés ontologiques, et vice-versa.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Présentation des publications récentes aux Presses Universitaires de Vincennes
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Articles by Judith Michalet
Judith Michalet, 2021
While the making of the bricoleur, who uses what he has close at hand, involves deeply “undoing” ... more While the making of the bricoleur, who uses what he has close at hand, involves deeply “undoing” the “project” of the engineer, according to Claude Lévi-Strauss, that of the tactician, described by Michel de Certeau, rather encourages a “redo it your way”, that deviates an expected use. Is it a matter of “rethinking the making” or “diverting the use”, or a combination of the two? A combination of these two gestures – (un/re)do – should be promoted, as is already at work in eco-design. Faced with the current ecological challenges, the inscription in the natural environment of a “concrete thought”, in the anthropological sense, and the deconstruction of the technological environment initiated by the critical hackers – like Benjamin Gaulon, mentioned here – should cross-pollinate.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Les valeurs esthétiques du don coordonné par Agnès Lontrade et Jacinto Lageira, éditions Mimésis, collection « Art, esthétique, philosophie », 2019
L’artiste donne-t-il plus à la communauté lorsqu’il élabore des stratégies d’attaque d’un ennemi ... more L’artiste donne-t-il plus à la communauté lorsqu’il élabore des stratégies d’attaque d’un ennemi identifié (le détournement du spectacle, selon Debord) ? Lorsqu’il met directement en circulation des images « émancipées » (le partage du sensible, selon Rancière) ? Ou lorsqu’il réfléchit sa propre projection fantasmatique de l’autre dans le regard – et la voix – qu’il reçoit (la traduction de la parole des subalternes, selon Spivak) ? Ses trois esthétiques et leur circuit du don respectif peuvent bien sûr se compléter l’une l’autre. Ainsi, chercher à conjoindre une stratégie de reconfiguration sensible et politique à long terme et à portée globale à de nouveaux partages du sensible hic et nunc semble un projet intéressant à soutenir. Ou encore, développer des scènes d’échange où le « recevoir » de l’autre – sa réception – est toujours attendu comme un contre-don qui permettra au donateur de se « revoir », de réfléchir son propre regard et d’amender ses jugements, semble un défit important à relever. D’autant que ce dispositif du « re-se-voir » ne vient pas remplacer les deux autres, mais, à certains égards, intègre le don par détournement, par négation de la négation, et le don par mise à disposition d’un tissu sensible égalitaire.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Proteus. Cahiers des théories de l'art, 2019
La démarche de l'artiste américaine Andrea Fraser consiste pour une large part en une instrumenta... more La démarche de l'artiste américaine Andrea Fraser consiste pour une large part en une instrumentalisation du cadre institutionnel de l'art qui lui permet d'agir sur le champ plus vaste des rapports de force sociaux. Dans cet article, il s'agira d'apprécier dans quelle mesure le fait d'appréhender l'institution artistique comme un « champ », au sens bourdieusien, permet à Fraser de questionner l'articulation entre champ artistique et champ social, aussi bien dans ses performances, ses installations que dans ses articles. Cette étude se proposera de dégager trois façons différentes de se servir de l'art en tant que champ relativement autonome pour mener à bien une entreprise critique : tout d'abord, en lisière du cadre institutionnel (« in and out of place »), puis, au coeur des rapports de force du champ artistique (« within the field »), enfin, depuis une sphère préservée, avec un impact critique modeste (« from home »). Ainsi, grâce à cette « méthodologie de réflexion critique de la spécificité du site », que Fraser promeut, son oeuvre nous aide à comprendre les diverses façons dont un artiste peut se servir de l'autonomie relative du champ artiste à des fins émancipatrices.
The American artist Andrea Fraser's approach consists largely of a kind of instrumentalization of the art world in order to affect a wider context including social relationships. Through her artistic performances, installations, and articles, Fraser questions the articulation between artistic and social fields. This article evaluates the extent to which Bourdieu's concept of « field » plays an important role in this process. This essay will examine three different ways Fraser's work uses art as a relatively autonomous field in order to engage in critical analyses. First, on the edge of the institutional field ("in and out of place"), second, within the heart of the artistic power relations ("within the field"), and last, within a protected sphere, with a limited critical impact ("from home"). The "methodology of critically reflexive site-specificity" she promotes and uses allows us to understand the different manners in which the relative autonomy of the artistic field can be used by an artist to emancipatory ends. Ar
Bookmarks Related papers MentionsView impact
La Part de l'Oeil n°32, 2019
Comme Mark Godfrey le souligne dans un article paru en 2007, « l’artiste en historien peut travai... more Comme Mark Godfrey le souligne dans un article paru en 2007, « l’artiste en historien peut travailler en toute liberté méthodologique et dans la créativité, sans sacrifier à la rigueur ». Certes, l’artiste dispose sans doute d’une plus grande liberté à l’égard de l’usage des archives et des protocoles scientifiques que l’historien. Il n’en reste pas moins que, comme tout historien, il adopte toujours de façon plus ou moins explicite une méthodologie singulière qui est le symptôme de son propre rapport au passé et de la façon dont s’articule pour lui mémoires individuelle et collective. Cette étude visera moins à distinguer une méthodologie artistique d’une méthodologie historienne, qu’à livrer quelques pistes aux fins de différencier, au sein des œuvres plasticiennes, cinématographiques, littéraires, aussi bien que celles jugées « scientifiquement » historiennes, des façons différentes de questionner notre rapport au passé et de lier les puissances de l’imaginaire à la distanciation critique dans une investigation historique. Deux sens de l’histoire seraient donc à distinguer. D’une part, l’histoire saisie dans le mouvement diachronique du devenir, qui tente d’expliquer les événements. D’autre part, l’histoire saisie comme le contexte temporel sur fond duquel apparaît une coupe synchronique, qui lève le voile sur la configuration des rapports sociaux à un moment précis. D’une part, une pratique anachronique qui connecte des couches temporelles diverses afin de faire apparaître une survivance, c’est-à-dire un même élément qui, au fil du temps, resurgit. D’autre part, une pratique synchronique qui met en rapport des contextes et des espaces distincts pour faire apparaître un ordre symbolique, c’est-à-dire une constellation de rapports entre éléments qui correspond à une « coupe » du temps.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Implications philosophiques, 2019
Contre les philosophies qui opposent la forme et la matière (hylémorphisme) ou font prévaloir la ... more Contre les philosophies qui opposent la forme et la matière (hylémorphisme) ou font prévaloir la substance sur la relation (substantialisme) et la totalité sur les médiations transitoires (philosophie de l’absolu), Simondon et Deleuze valorisent tous deux les mouvements de différenciation, les croissances « par le milieu » et les prises de forme en constante fluctuation. Mais si l’approche simondonienne du champ problématique est énergétique et s’étaie avant tout sur la physique (en particulier sur la thermodynamique) et sur la cybernétique, celle de Deleuze prend appui sur la linguistique structurale, associée aux mathématiques. Conséquemment, malgré de nombreuses similitudes, les approches des individuations physiques et biologiques chez ces deux philosophes ont des teneurs distinctes, que cet article tente de préciser.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Un art documentaire. A. Caillet et F. Pouillaude (dir.) , 2017
De façon pertinente et féconde, Deleuze importe dans les champs de la pratique documentaire et du... more De façon pertinente et féconde, Deleuze importe dans les champs de la pratique documentaire et du cinéma politique, le dispositif grammatical du « discours indirect libre » que Pasolini avait élaboré, quant à lui, pour défendre un « cinéma de poésie ». Le discours indirect libre tel que le conçoit Deleuze favorise l’émergence d’un « devenir-autre » chez le filmé et chez le filmeur, qu’il nomme « double devenir ». Toutefois, cet article soutient que dans les œuvres documentaires évoquées par Deleuze et spécifiquement dans Moi, un Noir (1958), la réciprocité des métamorphoses subjectives telle que Jean Rouch lui-même la conçoit et la met en pratique n’est pas véritablement effectuée par le « double devenir » au sens deleuzien.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Proteus. Cahiers de théories de l'art, 2017
Introduction numéro 12 de Proteus "'(Re)montages du temps en art"
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Philosophy today, 2017
In the last years, it has become fashionable, especially in the Anglo-American world, to summariz... more In the last years, it has become fashionable, especially in the Anglo-American world, to summarize a certain generation of French philosophers coming after structuralism as philosophies of difference. What this generation has undoubtedly in common is a rejection of stable and substantial identities, but also of a mechanism of difference which owes its existence to dialectical opposition. Yet, beyond a certain rejection of dialectical Hegelianism such as incarnated by Sartre and the all ABSTRACT For a long time, Gilbert Simondon's work was known only as either a philosophy restricted to the problem of technology or as an inspirational source for Gilles Deleuze's philosophy of difference. As Simondon's thinking is now finally in the process of being recognized in its own right as one of the most original philosophies of 20 th century, this also entails that some critical work needs to be done to disentangle it from an all too hasty identification with (or even subsumption under) Deleuzian categories. While both Simondon and Deleuze have made crucial contributions towards a theory of differential individuation that significantly diverges from other authors associated with French poststructuralism insofar as they insist on the dynamic and vital dimension of difference, they also differ on crucial points. Whereas Simondon sees the process of becoming as transductive amplification, and Deleuze theorizes it as intensifying involution, leading to two notably distinct concepts of difference.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
“Pourparlers” entre art & philosophie : images et langages chez Gilles Deleuze, sous la direction de Fabrice Bourlez et Lorenzo Vinciguerra, Editions et presses universitaires de Reims, 2013
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Catalogue d'artiste, Oct 14, 2014
Bookmarks Related papers MentionsView impact
La part de l'œil, n° 27/28, « Formes et forces. Topologies de l'individuation, Deleuze/Simondon », p. 203-215., 2013
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Chiasmi international, n°13, "Merleau-Ponty/Deleuze. Dissonances et résonances", Pierre Rodrigo (dir.), Mimesis Edizioni., 2011
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Conférences by Judith Michalet
Séance "Agencer" le 17 mars 2022: Amelia Jones/Judith Michalet
Dans le cadre du séminaire GESTES ... more Séance "Agencer" le 17 mars 2022: Amelia Jones/Judith Michalet
Dans le cadre du séminaire GESTES ORDINAIRES, porté par Barbara Formis au sein de l'Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Conférence le 2 février 2022 - Judith Michalet: "Cinéma 1 et 2 de Deleuze"
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Cette journée d'études met l'accent sur les pratiques qui partagent un certain goût pour le peu d... more Cette journée d'études met l'accent sur les pratiques qui partagent un certain goût pour le peu de chose, la réduction, la réponse minimale, la frugalité mais qui ne transigent pas avec la richesse des expériences et des fabrications, leurs qualités factuelles et perceptives, en relation avec des enjeux et des préoccupations à la fois esthétiques, techniques, anthropologiques, sociales et écologiques.
Intervention J. Michalet: "Hacker critique et bricoleur lévi-straussien: une alliance prometteuse pour un “design du peu"?"
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Uploads
Colloque international - Co-organisation by Judith Michalet
À l’ère de ce que Gilles Deleuze a appelé les « sociétés de contrôle » – gouvernées aujourd’hui à la fois par la prédictibilité algorithmique, les nouvelles formes de travail numérique ou l’« économie de l’attention » – quelles stratégies sont explorées par des artistes, des chercheurs et des usagers, pour produire de nouvelles relations aux dispositifs numériques, réflexives et émancipatrices, plutôt qu’addictives, compulsives et conspirationnistes ? Ce colloque souhaite questionner des enjeux esthétiques, psychiques et politiques de la transformation rapide des technologies et des plateformes numériques, en confrontant différents diagnostiques critiques et en examinant des expérimentations artistiques à l’ère du « post-cinéma » (celle des reconfigurations du médium cinématographique à l’époque des médias connectés).
Participants :
Nicolas Bailleul (artiste), Nico Baumbach (Columbia University) Christa Blümlinger (Université Paris 8), Camille Bui (Université Paris 1), Aline Caillet (Université Paris 1), Elisabeth Caravella (artiste), Pierre Cassou-Noguès (Université Paris 8), Yves Citton (Université Paris 8), Aria Dean (artiste), DISNOVATION.ORG, Dominic Gagnon (cinéaste), Jane M. Gaines (Columbia University), Chloé Galibert-Laîné (HEAD de Lucerne), Benjamin Gaulon (artiste), Elisa Giardina Papa (artiste), Gala Hernández López (Université Paris 8), James J. Hodge (Northwestern University), Tung-Hui Hu (University of Michigan), Wendy Hui Kyon Chun (Simon Fraser University’s Canada) Marie Lechner (commissaire indépendante), Alice Lenay (Université Paris 8), Judith Michalet (Université Paris 1), RYBN.ORG, Kim Sacks (Université de Strasbourg), Antonio Somaini (Université Sorbonne Nouvelle), Félix Tréguer (CERI-Sciences Po), Seumboy Vrainom (artiste), Gwenola Wagon (Université Paris 8), Damon R. Young (UC Berkeley).
Projet Alliance porté par Nico Baumbach (Columbia University) et Judith Michalet (Université Paris 1) avec la participation de Aline Caillet (Université Paris 1), Yves Citton (Université Paris 8), Jane M. Gaines (Columbia University), Gwenola Wagon (Université Paris 8) et Damon Young (UC Berkeley), comme membres du comité scientifique.
Books by Judith Michalet
Pourquoi la question du rapport entre image et immanence ouvre-t-elle une voie d'accès privilégiée à la pensée esthétique de Deleuze ? Comment est-il possible de réussir ce tour de force qui consiste à penser l'image sans transcendance ? Davantage que dans les domaines musicaux et littéraires, il semble que Deleuze ait développé dans le domaine iconique une pensée allant à contre-courant de la définition la plus courante du médium qui lui est associé, celle selon laquelle l'image est la copie d'un substrat originaire, la reproduction d'un modèle ou la trace d'un référent. Dans les divers écrits du philosophe, lorsqu'il est question d'image, qu'elle soit picturale, cinématographique ou mentale, celle-ci est au contraire pensée comme une pleine présence, non creusée par le manque, sans absence. Critiquant la représentation et toutes les formes de médiation, Deleuze privilégie la pure présence de ce qui est image, ainsi que la propagation directe des vibrations qu'elle véhicule. Il ne s'agit pas d'être « devant l'image » qui nous apparaît, mais « dans l'image » qui nous transforme ; non pas « devant le temps », mais « dans le temps ». Quelles sont les raisons et les implications de l'usage de la pensée bergsonienne, relativement à l'image en général, et à l'image cinématographique en particulier, permettant de concilier l'inconciliable : l'image et l'immanence ? Dans Matière et mémoire, tout est image, si bien qu'il n'est plus question d'image au sens courant du terme. Dans cette filiation bergsonienne, Deleuze conçoit une image qui est quelque chose, et qui n'est pas image de quelque chose Ses pensées ontologique et esthétique convergent vers une même approche de l'image. Sa réceptivité esthétique personnelle aux arts visuels-et par conséquent ses commentaires d'oeuvres-se trouve ainsi tributaires de ses présupposés ontologiques, et vice-versa.
Articles by Judith Michalet
The American artist Andrea Fraser's approach consists largely of a kind of instrumentalization of the art world in order to affect a wider context including social relationships. Through her artistic performances, installations, and articles, Fraser questions the articulation between artistic and social fields. This article evaluates the extent to which Bourdieu's concept of « field » plays an important role in this process. This essay will examine three different ways Fraser's work uses art as a relatively autonomous field in order to engage in critical analyses. First, on the edge of the institutional field ("in and out of place"), second, within the heart of the artistic power relations ("within the field"), and last, within a protected sphere, with a limited critical impact ("from home"). The "methodology of critically reflexive site-specificity" she promotes and uses allows us to understand the different manners in which the relative autonomy of the artistic field can be used by an artist to emancipatory ends. Ar
Conférences by Judith Michalet
Dans le cadre du séminaire GESTES ORDINAIRES, porté par Barbara Formis au sein de l'Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne.
Intervention J. Michalet: "Hacker critique et bricoleur lévi-straussien: une alliance prometteuse pour un “design du peu"?"
À l’ère de ce que Gilles Deleuze a appelé les « sociétés de contrôle » – gouvernées aujourd’hui à la fois par la prédictibilité algorithmique, les nouvelles formes de travail numérique ou l’« économie de l’attention » – quelles stratégies sont explorées par des artistes, des chercheurs et des usagers, pour produire de nouvelles relations aux dispositifs numériques, réflexives et émancipatrices, plutôt qu’addictives, compulsives et conspirationnistes ? Ce colloque souhaite questionner des enjeux esthétiques, psychiques et politiques de la transformation rapide des technologies et des plateformes numériques, en confrontant différents diagnostiques critiques et en examinant des expérimentations artistiques à l’ère du « post-cinéma » (celle des reconfigurations du médium cinématographique à l’époque des médias connectés).
Participants :
Nicolas Bailleul (artiste), Nico Baumbach (Columbia University) Christa Blümlinger (Université Paris 8), Camille Bui (Université Paris 1), Aline Caillet (Université Paris 1), Elisabeth Caravella (artiste), Pierre Cassou-Noguès (Université Paris 8), Yves Citton (Université Paris 8), Aria Dean (artiste), DISNOVATION.ORG, Dominic Gagnon (cinéaste), Jane M. Gaines (Columbia University), Chloé Galibert-Laîné (HEAD de Lucerne), Benjamin Gaulon (artiste), Elisa Giardina Papa (artiste), Gala Hernández López (Université Paris 8), James J. Hodge (Northwestern University), Tung-Hui Hu (University of Michigan), Wendy Hui Kyon Chun (Simon Fraser University’s Canada) Marie Lechner (commissaire indépendante), Alice Lenay (Université Paris 8), Judith Michalet (Université Paris 1), RYBN.ORG, Kim Sacks (Université de Strasbourg), Antonio Somaini (Université Sorbonne Nouvelle), Félix Tréguer (CERI-Sciences Po), Seumboy Vrainom (artiste), Gwenola Wagon (Université Paris 8), Damon R. Young (UC Berkeley).
Projet Alliance porté par Nico Baumbach (Columbia University) et Judith Michalet (Université Paris 1) avec la participation de Aline Caillet (Université Paris 1), Yves Citton (Université Paris 8), Jane M. Gaines (Columbia University), Gwenola Wagon (Université Paris 8) et Damon Young (UC Berkeley), comme membres du comité scientifique.
Pourquoi la question du rapport entre image et immanence ouvre-t-elle une voie d'accès privilégiée à la pensée esthétique de Deleuze ? Comment est-il possible de réussir ce tour de force qui consiste à penser l'image sans transcendance ? Davantage que dans les domaines musicaux et littéraires, il semble que Deleuze ait développé dans le domaine iconique une pensée allant à contre-courant de la définition la plus courante du médium qui lui est associé, celle selon laquelle l'image est la copie d'un substrat originaire, la reproduction d'un modèle ou la trace d'un référent. Dans les divers écrits du philosophe, lorsqu'il est question d'image, qu'elle soit picturale, cinématographique ou mentale, celle-ci est au contraire pensée comme une pleine présence, non creusée par le manque, sans absence. Critiquant la représentation et toutes les formes de médiation, Deleuze privilégie la pure présence de ce qui est image, ainsi que la propagation directe des vibrations qu'elle véhicule. Il ne s'agit pas d'être « devant l'image » qui nous apparaît, mais « dans l'image » qui nous transforme ; non pas « devant le temps », mais « dans le temps ». Quelles sont les raisons et les implications de l'usage de la pensée bergsonienne, relativement à l'image en général, et à l'image cinématographique en particulier, permettant de concilier l'inconciliable : l'image et l'immanence ? Dans Matière et mémoire, tout est image, si bien qu'il n'est plus question d'image au sens courant du terme. Dans cette filiation bergsonienne, Deleuze conçoit une image qui est quelque chose, et qui n'est pas image de quelque chose Ses pensées ontologique et esthétique convergent vers une même approche de l'image. Sa réceptivité esthétique personnelle aux arts visuels-et par conséquent ses commentaires d'oeuvres-se trouve ainsi tributaires de ses présupposés ontologiques, et vice-versa.
The American artist Andrea Fraser's approach consists largely of a kind of instrumentalization of the art world in order to affect a wider context including social relationships. Through her artistic performances, installations, and articles, Fraser questions the articulation between artistic and social fields. This article evaluates the extent to which Bourdieu's concept of « field » plays an important role in this process. This essay will examine three different ways Fraser's work uses art as a relatively autonomous field in order to engage in critical analyses. First, on the edge of the institutional field ("in and out of place"), second, within the heart of the artistic power relations ("within the field"), and last, within a protected sphere, with a limited critical impact ("from home"). The "methodology of critically reflexive site-specificity" she promotes and uses allows us to understand the different manners in which the relative autonomy of the artistic field can be used by an artist to emancipatory ends. Ar
Dans le cadre du séminaire GESTES ORDINAIRES, porté par Barbara Formis au sein de l'Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne.
Intervention J. Michalet: "Hacker critique et bricoleur lévi-straussien: une alliance prometteuse pour un “design du peu"?"
Communication Judith Michalet: "Ce que le langage fait au computationnel":
https://www.youtube.com/watch?v=1OHAfqYL7bY
À l’appui de quelques exemples allant d’une pratique décentrée du média numérique (qui rétablit notamment la dissymétrie et l’irréductible différence ontologique des deux entités mises en rapport par les interfaces, l’utilisateur et la machine) à une stratégie de contre-pouvoir et de contre-enquête (Trevor Paglen, Forensic Architecture, Witness Archiving) en passant par la réflexivité critique des outils et usages numériques (Grégory Chatonsky, Julien Prévieux, Gwenola Wagon), il s’agira d’évaluer dans quelle mesure la méthode archéologique foucaldienne qui tend à diagnostiquer l’état des forces en présence à la fois au niveau des grilles de lecture subjectives et des dispositifs matériels s’avère un outil d’investigation percutant.
Définie comme « énigme » dans Théorie esthétique, l’œuvre est ce qui abrite un antagonisme (entre « signes de liberté » et « croyances sédimentées ») appelant une opération de décryptage, mais sans résolution définitive, sauf à produire une « synthèse positive » (de type hégélienne) qui conduirait à une mort de l’art, un tarissement du questionnement ou une caution apportée à l’ordre socio-politique existant. Aussi, l’investigation critique sur les pratiques courantes menée par les artistes fait-elle naître dans leurs œuvres une énigme – qui maintient en alerte et produit ainsi une artification intéressante –, ou bien, une amplification du jeu renforçant l’effet de fascination et d’adhésion ?
Vendredi 5 juin - 17h15
Afin d’éviter le double écueil d’un réalisme captif d’une conception naïve de l’objectivité et d’une entreprise de reconstitution fictionnelle encline à l’esthétisation, certains artistes adoptent une posture mêlant témoignage et fabulation, « documenter » et « mettre en “je” ». L’œuvre d’Agnès Varda trace exemplairement la voie de cette démarche intriquant enquête documentaire et mise en scène de soi. « Légendeuse », Varda accompagne l’image cinématographique de sa voix extra-diégétique et, parfois, de sa présence en tant que passante, enquêteuse ou auteure. C’est alors dans les écarts entre l’échange vécu, le commentaire posé et l’élément montré, que se loge la possibilité de la construction d’un regard et d’une appréhension de la réalité. Son rôle d’intercesseur, rendu manifeste, aboutit à une réflexion sur le portrait et l’autoportrait — de plus en plus prégnante dans son œuvre —, qui est garante d’un juste regard porté sur le monde. En fin de compte, une certaine pratique de l’autoportrait n’est-elle pas le plus sûr moyen d’arriver aux portraits ?
Tout en nous situant dans la filiation de certaines pensées du rapport à l’altérité au cinéma (le « discours indirect libre » de Pasolini, la « présence altérante » de Rouch, le « double devenir » de Deleuze), il s’agira de préciser la nature de dispositifs d’énonciation qui, aujourd’hui, prennent également en compte la tendance à une « idéalisation de l’autre » (Foster) et la difficulté à faire authentiquement parler les « subalternes » (Spivak). Pour ce faire, quel type de mise en je(u) de l’artiste (cinéaste, photographe, plasticien ou écrivain) est à engager ? À l’instar de Varda, faut-il chercher dans les jeux spéculaires et, par conséquent, dans la réflexion du « double devenir » — jeux d’échanges entre l’auteur et son interlocuteur, entre l’artiste et son modèle — de quoi mettre en place, au final, un processus de véridiction, propre à un art documenteur ?
Directeur de la publication: Antoine Gindt
Coordination et contributions éditoriales: Judith Michalet
Aline Caillet et Frédéric Pouillaude (dir.)
2017
Presses universitaires de Rennes www.pur-editions.fr
LONGTEMPS restreint au seul champ cinématographique (et, dans une moindre mesure, photographique), le terme « documentaire » connaît depuis une quinzaine d’années au moins un usage multiple et prolifé-
rant, pouvant s’appliquer à des médiums aussi divers que la littérature, la bande dessinée, le théâtre ou la danse. Parallèlement, les arts visuels se sont emparés de l’objet et de la forme « document », y voyant l’un des lieux possibles de renégociation de leur rapport à l’histoire, à la politique et, tout simplement, au réel. Qu’est-ce qui de l’art se trouve transformé, déplacé et mis en tension par cette promotion et cet élargissement du modèle documentaire ? En quoi l’art y demeure-t-il distinct du journalisme, du reportage ou de l’enquête historique ou sociologique ? Dans quelle mesure les procédures artistiques, selon la liberté et l’inquiétude qui les caractérisent, viennent-elles bouleverser notre rapport ordinaire à la référence, à l’information et à la construction de la vérité ? C’est ce champ de ré exion que cet ouvrage entend ouvrir à travers l’hypothèse d’un « art documentaire », compris comme un lieu où des problématiques communes, des stratégies et des manières de faire entrent en écho et s’éclairent réciproquement. Il rassemble des contributions d’auteurs français et étran- gers, universitaires comme artistes, et vise à décloisonner la ré exion sur le documentaire à travers une multiplicité d’approches disciplinaires.
Jacinto Lageira dialoguera avec Frédéric Pouillaude et Judith Michalet
Compte rendu de l'ouvrage par Judith Michalet dans la revue Proteus : http://www.revue-proteus.com/recensions.html#6