Book Reviews by Mathieu Terrier
Studia Islamica, 113, 2018, p. 201-221, 2018
This article purports to report, without claiming to be exhaustive, on the recent dynamism within... more This article purports to report, without claiming to be exhaustive, on the recent dynamism within Shīʿi studies and their echoes throughout the various fields of Islamology. The first part will present a brief history of Shīʿi studies and the successive biases that have affected them. The second part will retrace the course of these studies over nine years (2009-2017), focusing on three collective works that rehabilitate in different ways Henry Corbin's analyses (m. 1979), considered outdated by some. The third part will address three areas in which recent Shīʿi studies have proved particularly fruitful: the history of early Islam; the intra-Shīʿi minorities and the origins of Islam; Islamic philosophy after Averroes (d. 1198). The sum total will reflect a decompartmentalisation of Shīʿi studies both internally, between the different currents and aspects of Shīʿism, and externally, between Shīʿism and Sunnism, philosophy or Sufism. Résumé Cet article entend rendre compte, sans prétendre à l'exhaustivité, du dynamisme récent des études shīʿites et de leurs échos dans divers champs de l'islamologie. La pre-mière partie présente un bref historique des études shīʿites et des biais successifs qui les ont affectées. La deuxième partie retrace le cours de ces études sur neuf ans (2009-2017) en prenant comme jalons trois ouvrages collectifs réhabilitant de différentes
Revue de l'histoire des religions, 2018
Varia Christian JAMBET, Le gouvernement divin. Islam et conception politique du monde Paris, CNRS... more Varia Christian JAMBET, Le gouvernement divin. Islam et conception politique du monde Paris, CNRS Éditions, 2016 Mathieu Terrier Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/rhr/9205
Des orientalistes des deux siècles derniers comme Edgar Blochet, Ignaz Goldziher et Alessandro Ba... more Des orientalistes des deux siècles derniers comme Edgar Blochet, Ignaz Goldziher et Alessandro Bausani, avaient soutenu l'influence des religions de l'Iran ancien sur l'islam et le soufisme en particulier1. Le présent livre, tiré d'une thèse de PhD au département d'études des religions de l'université de Sidney, fait plus que relancer cette hypothèse parsiste un peu oubliée par la recherche récente : il entend montrer que le soufisme iranien ou persan -avec une préférence pour le second terme -est un produit de la longue histoire religieuse -appelée macro-history -de l'Iran ou de la Perse ; il se propose de découvrir, dans ce soufisme persan, allant des premiers maîtres du Khorasan -Ibrāhīm b. Adham (m. 160-1/777), Bāyazid Bisṭāmī ou plutôt Basṭāmī (m. 261/874) -aux confréries modernes en passant par Jalāl al-Dīn Rūmī (m. 672/1273), les vestiges témoins d'une « histoire secrète » de la Perse, celle de courants ésotériques refoulés par l'orthodoxie zoroastrienne puis islamiquele mithraïsme, le zoroastrisme originel (distinct du zoroastrisme officiel des Sassanides) et le mazdakisme - ; enfin, il vise à séparer le soufisme de l'islam pour y voir un phénomène culturel et spirituel proprement iranien. Cette thèse audacieuse et même provocatrice, l'auteur la soutient en examinant la représentation de l'histoire mêlée de mythologie -appelée myth-history -de la branche Munawwar ʿAlīshāhī (Khāniqāhī) de la confrérie soufie iranienne des Niʿmatullāhiyya et de son « pôle » (quṭb) Javad Nurbakhsh , auteur de nombreuses publications à travers le Khaniqahi Nimatullah Publication (Londres / New York). Il peut être utile de rappeler que la Niʿmatullāhiyya, fondée en Iran par Shāh Niʿmat Allāh Walī (m. 834/1431), est la principale confrérie soufie d'obédience shīʿite duodécimaine ; qu'après avoir migré une première fois dans le Deccan au XVe siècle, y avoir établi son centre au XVIIe, réagissant ainsi à la politique religieuse des shāhs safavides shīʿites en Iran, elle se réimplanta en Iran au XVIIIe siècle ; et que divisée en plusieurs branches, elle vit aujourd'hui pour une part en exil -c'est la branche de Nurbakhsh -, pour une autre part au sein de la République islamique d'Iran.
Il faut saluer dans ces pages, quoique tardivement, le dernier ouvrage en date de Jalal Badakhcha... more Il faut saluer dans ces pages, quoique tardivement, le dernier ouvrage en date de Jalal Badakhchani comprenant l'édition et la traduction anglaise d'oeuvres du penseur iranien Naṣīr al-Dīn Ṭūsī, soutenu par l'Institut des études ismaéliennes de Londres. Il faut le saluer pour des raisons scientifiques et philosophiques à la fois, car il augmente notre connaissance d'un esprit des plus brillants appa-rus en terre d'islam, nous instruit sur une doctrine religieuse longtemps restée secrète et dénigrée, et éclaire le devenir de la philosophie islamique après la fin de l'époque classique. L'étude des textes doctrinaux ismaéliens en persan de Naṣīr al-Dīn Ṭūsī a été entreprise par J. Badakhchani il y a près de vingt ans, sur la base des travaux pionniers du savant russe Wladimir Ivanow, mais avec de nouveaux manuscrits. Le présent ouvrage fait suite à Contemplation and Action, édition et traduction anglaise de Sayr wa sulūk, l'autobiographie spirituelle de Ṭūsī, paru en 1998, et à Paradise of Submission, édition et traduc-tion anglaise de la Rawḍat al-taslīm, somme théologique ismaélienne, en 2005, dont une première version était déjà disponible dans la thèse de Badakhchani parue à Oxford en 1989. Une traduction française et un commentaire philoso-phique de ce dernier ouvrage ont été donnés par Christian Jambet en 1996 sous le titre de La Convocation d' Alamût, commentaire dont la traduction anglaise est intégrée au Paradise of Submission de Badakhchani. Ce nouveau volet, Shiʿi Interpretations of Islam, comporte la présentation, l'édition persane et la tra-duction anglaise de trois opera minora de Naṣīr al-Dīn Ṭūsī, trois courts trai-tés théologiques et philosophiques – les deux termes étant ici indissociables, comme on le verra – portant sur des thèmes-clés du shī'isme ismaélien. Pour saisir les enjeux du présent ouvrage, il convient de rappeler que Naṣīr al-Dīn Ṭūsī, né à Ṭūs en 597/1201, mort à Bagdad en 672/1274, fut l'acteur d'une
Judaïsme Ancien - Ancient Judaism, 2013
Jan DUŠEK, Les manuscrits araméens du Wadi Daliyeh et la Samarie vers 450-332 av. J.-C.,
Jerusalem Studies in Arabic and Islam 40 (2013), 2013
Violences politiques,écritures canoniques et evolutions doctrinales en islam: des approches tradi... more Violences politiques,écritures canoniques et evolutions doctrinales en islam: des approches traditionnellesà la nouvelle approche critique de M.A. Amir-Moezzi THE HEBREW UNIVERSITY OF JERUSALEM THE FACULTY OF HUMANITIES CONTENTS
Papers by Mathieu Terrier
Mohammad Ali Amir-Moezzi: Ali, le secret bien gardé, Paris, CNRS éditions, annexe 2 , 2020
Dans la production intellectuelle et spirituelle en Islam, ‘Alī b. Abī Ṭālib, premier imam de tou... more Dans la production intellectuelle et spirituelle en Islam, ‘Alī b. Abī Ṭālib, premier imam de tous les shi’ites, occupe une position particulière après le prophète Muḥammad. À la différence des autres compagnons de celui-ci, il s’est vu attribuer nombre d’actions remarquables, mais aussi de discours de différents registres (apophtegmes, prônes, poèmes, etc.), certains probablement authentiques, d’autres sans doute forgés, rassemblés dans divers corpus. Sa figure et ses paroles traversent toute l’histoire de la philosophie – en entendant par-là tout ce qui représente l’esprit philosophique, non seulement la falsafa hellénistique, mais aussi les « histoires des sages » et les œuvres relevant d’une gnose spéculative et mystique –, chez des penseurs principalement mais non exclusivement shi’ites.
À travers différentes phases historiques et dans différents corpus, ‘Alī apparaît tour à tour comme une source de sagesses, un parangon de vertus, un maître de vérité, une incarnation de l’Homme parfait et un être théophanique. À travers tous ces aspects s’effectue un passage presque insensible d’un ‘Alī historique à un ‘Alī métaphysique. Si le plan de cet article vise à fournir des repères conceptuels commodes, les aspects successivement traités devront donc être compris comme les moments d’un continuum ou les facettes d’une figure polymorphe.
Mohammad Ali Amir-Moezzi, Ali, le secret bien gardé, Paris, CNRS éditions, , 2020
Dans la production intellectuelle et spirituelle en Islam, ‘Alī b. Abī Ṭālib, premier imam de tou... more Dans la production intellectuelle et spirituelle en Islam, ‘Alī b. Abī Ṭālib, premier imam de tous les shi’ites, occupe une position particulière après le prophète Muḥammad. À la différence des autres compagnons de celui-ci, il s’est vu attribuer nombre d’actions remarquables, mais aussi de discours de différents registres (apophtegmes, prônes, poèmes, etc.), certains probablement authentiques, d’autres sans doute forgés, rassemblés dans divers corpus. Sa figure et ses paroles traversent toute l’histoire de la philosophie, chez des penseurs principalement mais non exclusivement shi’ites.
À travers différentes phases historiques et dans différents corpus, ‘Alī apparaît tour à tour comme une source de sagesses, un parangon de vertus, un maître de vérité, une incarnation de l’Homme parfait et un être théophanique. À travers tous ces aspects s’effectue un passage presque insensible d’un ‘Alī historique à un ‘Alī métaphysique. Si le plan de cet article vise à fournir des repères conceptuels commodes, les aspects successivement traités devront donc être compris comme les moments d’un continuum ou les facettes d’une figure polymorphe.
REMMM (Revue d’études sur les mondes musulmans et la Méditerranée), 146 (2019) [parution 2020], p. 29-46., 2020
La visite aux tombes et la méditation sur la vie d’outre‑tombe occupent une place importante dans... more La visite aux tombes et la méditation sur la vie d’outre‑tombe occupent une place importante dans la vie religieuse et la pensée théologique en islam, que ce soit dans le soufisme majoritairement sunnite ou dans le shī‘isme imāmite. C’est ce que montrent quelques chapitres de l’Iḥyā’ ‘ulūm al-dīn d’al-Ghazālī (m. 505/1111) et d’al-Maḥajja al-bayḍā d’al-Fayḍ al-Kāshānī (m. 1091/1680), révision du précédent d’un point de vue shī‘ite. La tombe y apparaît comme un motif de méditation et d’édification morale pour les vivants, comme une première station du devenir final ou le lieu de la « résurrection mineure » pour les morts. Le thème de la tombe est ainsi à la croisée de l’éthique et de l’eschatologie, soit d’un discours normatif sur la vie d’ici‑bas et d’un discours visionnaire sur la vie dernière, deux approches particulièrement développées dans le soufisme, le shī‘isme et la philosophie islamique. Isthme ou interface entre les vivants et les morts, la tombe apparaît aussi comme un lieu de rapprochement des courants spirituels de l’islam.
Mots-clés : al-Ghazālī, al-Fayḍ al-Kāshānī, soufisme, shī‘isme imāmite, barzakh, eschatologie
David HAMIDOVIC, Apolline THROMAS et Matteo SILVESTRINI (dir.), ‘Retribution’ in Jewish and Christian Writings: a Concept in Debate, Mohr Siebeck, Tübingen, 2019, p. 123-148, 2019
Studia Islamica, 113, 2018, p. 121-165, 2018
Mīr Dāmād (d. 1041/1631), philosopher and mujtahid. Spiritual authority and legal
authority in ... more Mīr Dāmād (d. 1041/1631), philosopher and mujtahid. Spiritual authority and legal
authority in Shīʿi Safavid Iran. Studies on Twelver Shīʿism, particularly in the context of Safavid Iran (907-1134 / 1501-1722), are characterized by a dichotomy between the emphasis on law and that on philosophy, reflecting the duality between both the exoteric and esoteric dimensions of this religion. Based on this observation, this article presents a corpus of known and lesser known texts of Mīr Dāmād (d. 1041/1631), a philosophy master and super- mujtahid at the court of the Shāhs in Esfahan, in order to analyse the link between these two facets of his personality and shed some light on the relationship between legal and spiritual authorities in modern Shīʾism. The first part of this paper studies Mīr Dāmād’s portrait in the Shīʿi prosopographical sources. The second part deals with his legal works, notably his fatwās on Friday prayer and defensive jihād. The third part analyses the doxographic notice devoted to Mīr Dāmād by his former student Quṭb al-Dīn Ashkevarī (d. between 1088 and 1095 /1677 and 1684), which weaves legal, philosophical and mystical texts authored by his teacher. This study will show that in the view of Mīr Dāmād and his disciples, the temporal authority of the jurisconsult, during the period of Great Occultation, remained inseparable from the spiritual authority of the Gnostic (ʿārif), whose metaphysical knowledge was both rationally proven and mystically experienced.
Annuaire EPHE, Sciences Religieuses, t. 126 (2017-2018) / 2019, p. 365-374, 2019
Annuaire EPHE, Sciences Religieuses, t. 125 (2016-2017) / 2018, p. 395-404, 2018
Annuaire de l’École Pratique des Hautes Études. Section des Sciences Religieuses, t. 124 (2015-2016) / 2017, p. 363-372., 2017
Encyclopédie de 'humanisme méditerranée, Hourari Touati (dir.), 2017
La notion d’« homme parfait » (insân kâmil) est une des notions clé de la pensée spéculative en I... more La notion d’« homme parfait » (insân kâmil) est une des notions clé de la pensée spéculative en Islam. Elle se voit partagée, dans des termes et selon des enjeux différents, entre les trois grands courants de pensée que sont la falsafa hellénistique, la mystique du soufisme et le shi’isme ésotérique.Les études ont surtout considéré jusqu'ici la notion d’Homme parfait telle qu’elle fut élaborée en mystique sunnite, notamment chez Ibn ‘Arabî et ses disciples soufis, négligeant ses développements dans la philosophie (falsafa ou ḥikma) et le shi’isme. Or, ces deux autres approches sont non moins essentielles ; toutes trois ont sans doute été liées dès l’origine, fût-ce par des rapports de concurrence, et sont entrées dans une synthèse originale chez des penseurs iraniens du 11ème/17ème siècle. Le parcours proposé ici abordera successivement ces trois approches de la philosophie, de la mystique spéculative et du shi’isme ésotérique, pour montrer finalement comment elles se rejoignent dans la gnose shi’ite tardive.
Revue de Théologie et de Philosophie 150, 2018
Résumé
Dans le Coran, Dieu l’unique se fait connaître par une multiplicité de noms exprimant ses ... more Résumé
Dans le Coran, Dieu l’unique se fait connaître par une multiplicité de noms exprimant ses attributs. Plus que les attributs, ce sont les noms divins qui ont inspiré la pensée théologique et philosophique en Islam, notamment chez le soufi Ibn ‘Arabī (m.1240) et, à sa suite, en milieu shī‘ite imâmite. L’article analyse ainsi la doctrine, à la fois traditionnelle et originale, élaborée par des gnostiques shī‘ites entre le XIVe et le XVIIe siècles (VIIIe-XIe s / anno Hegirae). Partant d’un système complexe de classification et de hiérarchisation, ils développent l’idée d’une théophanie des noms divins pour rendre compte de ce monde, de l’au-delà et de l’homme, avant de rejoindre l’imâmologie shī‘ite par l’idée de l’Homme parfait comme manifestation du Nom suprême.
Abstract
In the Qur’an, the one God makes himself known through multiple names which express His attributes. More than the attributes, it is the divine names which have inspired theological and philosophical reflections within Islam, among others by the Soufi Ibn ‘Arabī (d. 1240) and, in his footsteps, among Imami Shī’is. This article analyses the doctrine set forth by gnostic Shī’is between the 14th and the 17th cent. (8th-11th cent. anno Hegirae). Relying on a complex taxonomic and hierarchical system, they developed the idea of a theophany of divine names in order to account for the world, for what lies beyond it, and for human beings, before converging with Shī’i imamology through the idea of the perfect Man as manifestation of the supreme Name.
MIDEO, 2018
Cet article entend exposer et analyser la représentation particulière des juifs et des chrétiens ... more Cet article entend exposer et analyser la représentation particulière des juifs et des chrétiens dans la tradition ésotérique šīʿite imamite telle qu’elle s’est perpétuée des origines du šīʿisme jusqu’à l’aube de la modernité. Cette représentation paradoxale, radicalement différente de celle du sunnisme, est au cœur d’une conception de l’histoire sainte comme cyclique et téléologique tout à la fois, une historiosophie liée à une théologie particulière des Écritures. La première partie porte sur le schéma général de cette historiosophie, l’idée d’une histoire sainte répétitive récusant toute supériorité de l’islam en soi. La deuxième partie porte sur le rôle de juifs et de chrétiens considérés comme des alliés des šīʿites imamites aux trois périodes-clés de l’histoire sainte : avant l’islam, à l’avènement de l’islam et du vivant des Imams, à la veille de la fin des temps. Enfin, une dernière partie étudie comment l’exégèse imamite du Coran, conformément à cette historiosophie, interprète les versets apparemment hostiles aux juifs et aux chrétiens. Nous conclurons sur l’importance déterminante de cette représentation des autres dans la définition de soi du šīʿisme imamite, en nous interrogeant sur ses conditions historiques d’émergence.
The notion of badā’, ‘appearance, emergence’, meaning the advent of a divine decree changing a pr... more The notion of badā’, ‘appearance, emergence’, meaning the advent of a divine decree changing a previous one announced to the Prophet or the Imām, is certainly one of the most the most typical and paradoxical tenets of Shī‘ī Imāmī theology. Surprisingly, this notion was revived by the philosopher Mīd Dāmād (d. 1040/1631) in a special epistle entitled Nibrās al-ḍiyāʾ wa-taswāʾ al-sawāʾ fī sharḥ bāb al-badāʾ wa-ithbāt jadwā al-duʿāʾ. After a brief historical survey of the notion of badāʾ, this paper presents an analysis of this work in its four consecutive approaches of the issue: theological and scriptural; historiographical; philosophical; last, esoteric and occultist. It argues that in doing so, Mīr Dāmād not only gave to badāʾ the dignity of a philosophical concept, but also opened the way to a Shiʿi philosophy of history.
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Book Reviews by Mathieu Terrier
Papers by Mathieu Terrier
À travers différentes phases historiques et dans différents corpus, ‘Alī apparaît tour à tour comme une source de sagesses, un parangon de vertus, un maître de vérité, une incarnation de l’Homme parfait et un être théophanique. À travers tous ces aspects s’effectue un passage presque insensible d’un ‘Alī historique à un ‘Alī métaphysique. Si le plan de cet article vise à fournir des repères conceptuels commodes, les aspects successivement traités devront donc être compris comme les moments d’un continuum ou les facettes d’une figure polymorphe.
À travers différentes phases historiques et dans différents corpus, ‘Alī apparaît tour à tour comme une source de sagesses, un parangon de vertus, un maître de vérité, une incarnation de l’Homme parfait et un être théophanique. À travers tous ces aspects s’effectue un passage presque insensible d’un ‘Alī historique à un ‘Alī métaphysique. Si le plan de cet article vise à fournir des repères conceptuels commodes, les aspects successivement traités devront donc être compris comme les moments d’un continuum ou les facettes d’une figure polymorphe.
Mots-clés : al-Ghazālī, al-Fayḍ al-Kāshānī, soufisme, shī‘isme imāmite, barzakh, eschatologie
authority in Shīʿi Safavid Iran. Studies on Twelver Shīʿism, particularly in the context of Safavid Iran (907-1134 / 1501-1722), are characterized by a dichotomy between the emphasis on law and that on philosophy, reflecting the duality between both the exoteric and esoteric dimensions of this religion. Based on this observation, this article presents a corpus of known and lesser known texts of Mīr Dāmād (d. 1041/1631), a philosophy master and super- mujtahid at the court of the Shāhs in Esfahan, in order to analyse the link between these two facets of his personality and shed some light on the relationship between legal and spiritual authorities in modern Shīʾism. The first part of this paper studies Mīr Dāmād’s portrait in the Shīʿi prosopographical sources. The second part deals with his legal works, notably his fatwās on Friday prayer and defensive jihād. The third part analyses the doxographic notice devoted to Mīr Dāmād by his former student Quṭb al-Dīn Ashkevarī (d. between 1088 and 1095 /1677 and 1684), which weaves legal, philosophical and mystical texts authored by his teacher. This study will show that in the view of Mīr Dāmād and his disciples, the temporal authority of the jurisconsult, during the period of Great Occultation, remained inseparable from the spiritual authority of the Gnostic (ʿārif), whose metaphysical knowledge was both rationally proven and mystically experienced.
Dans le Coran, Dieu l’unique se fait connaître par une multiplicité de noms exprimant ses attributs. Plus que les attributs, ce sont les noms divins qui ont inspiré la pensée théologique et philosophique en Islam, notamment chez le soufi Ibn ‘Arabī (m.1240) et, à sa suite, en milieu shī‘ite imâmite. L’article analyse ainsi la doctrine, à la fois traditionnelle et originale, élaborée par des gnostiques shī‘ites entre le XIVe et le XVIIe siècles (VIIIe-XIe s / anno Hegirae). Partant d’un système complexe de classification et de hiérarchisation, ils développent l’idée d’une théophanie des noms divins pour rendre compte de ce monde, de l’au-delà et de l’homme, avant de rejoindre l’imâmologie shī‘ite par l’idée de l’Homme parfait comme manifestation du Nom suprême.
Abstract
In the Qur’an, the one God makes himself known through multiple names which express His attributes. More than the attributes, it is the divine names which have inspired theological and philosophical reflections within Islam, among others by the Soufi Ibn ‘Arabī (d. 1240) and, in his footsteps, among Imami Shī’is. This article analyses the doctrine set forth by gnostic Shī’is between the 14th and the 17th cent. (8th-11th cent. anno Hegirae). Relying on a complex taxonomic and hierarchical system, they developed the idea of a theophany of divine names in order to account for the world, for what lies beyond it, and for human beings, before converging with Shī’i imamology through the idea of the perfect Man as manifestation of the supreme Name.
À travers différentes phases historiques et dans différents corpus, ‘Alī apparaît tour à tour comme une source de sagesses, un parangon de vertus, un maître de vérité, une incarnation de l’Homme parfait et un être théophanique. À travers tous ces aspects s’effectue un passage presque insensible d’un ‘Alī historique à un ‘Alī métaphysique. Si le plan de cet article vise à fournir des repères conceptuels commodes, les aspects successivement traités devront donc être compris comme les moments d’un continuum ou les facettes d’une figure polymorphe.
À travers différentes phases historiques et dans différents corpus, ‘Alī apparaît tour à tour comme une source de sagesses, un parangon de vertus, un maître de vérité, une incarnation de l’Homme parfait et un être théophanique. À travers tous ces aspects s’effectue un passage presque insensible d’un ‘Alī historique à un ‘Alī métaphysique. Si le plan de cet article vise à fournir des repères conceptuels commodes, les aspects successivement traités devront donc être compris comme les moments d’un continuum ou les facettes d’une figure polymorphe.
Mots-clés : al-Ghazālī, al-Fayḍ al-Kāshānī, soufisme, shī‘isme imāmite, barzakh, eschatologie
authority in Shīʿi Safavid Iran. Studies on Twelver Shīʿism, particularly in the context of Safavid Iran (907-1134 / 1501-1722), are characterized by a dichotomy between the emphasis on law and that on philosophy, reflecting the duality between both the exoteric and esoteric dimensions of this religion. Based on this observation, this article presents a corpus of known and lesser known texts of Mīr Dāmād (d. 1041/1631), a philosophy master and super- mujtahid at the court of the Shāhs in Esfahan, in order to analyse the link between these two facets of his personality and shed some light on the relationship between legal and spiritual authorities in modern Shīʾism. The first part of this paper studies Mīr Dāmād’s portrait in the Shīʿi prosopographical sources. The second part deals with his legal works, notably his fatwās on Friday prayer and defensive jihād. The third part analyses the doxographic notice devoted to Mīr Dāmād by his former student Quṭb al-Dīn Ashkevarī (d. between 1088 and 1095 /1677 and 1684), which weaves legal, philosophical and mystical texts authored by his teacher. This study will show that in the view of Mīr Dāmād and his disciples, the temporal authority of the jurisconsult, during the period of Great Occultation, remained inseparable from the spiritual authority of the Gnostic (ʿārif), whose metaphysical knowledge was both rationally proven and mystically experienced.
Dans le Coran, Dieu l’unique se fait connaître par une multiplicité de noms exprimant ses attributs. Plus que les attributs, ce sont les noms divins qui ont inspiré la pensée théologique et philosophique en Islam, notamment chez le soufi Ibn ‘Arabī (m.1240) et, à sa suite, en milieu shī‘ite imâmite. L’article analyse ainsi la doctrine, à la fois traditionnelle et originale, élaborée par des gnostiques shī‘ites entre le XIVe et le XVIIe siècles (VIIIe-XIe s / anno Hegirae). Partant d’un système complexe de classification et de hiérarchisation, ils développent l’idée d’une théophanie des noms divins pour rendre compte de ce monde, de l’au-delà et de l’homme, avant de rejoindre l’imâmologie shī‘ite par l’idée de l’Homme parfait comme manifestation du Nom suprême.
Abstract
In the Qur’an, the one God makes himself known through multiple names which express His attributes. More than the attributes, it is the divine names which have inspired theological and philosophical reflections within Islam, among others by the Soufi Ibn ‘Arabī (d. 1240) and, in his footsteps, among Imami Shī’is. This article analyses the doctrine set forth by gnostic Shī’is between the 14th and the 17th cent. (8th-11th cent. anno Hegirae). Relying on a complex taxonomic and hierarchical system, they developed the idea of a theophany of divine names in order to account for the world, for what lies beyond it, and for human beings, before converging with Shī’i imamology through the idea of the perfect Man as manifestation of the supreme Name.
« Revisiter les monothéismes » du LEM (Laboratoire d'études sur les monothéismes), en collaboration avec le Séminaire en sciences religieuses (niveau Master et Doctorat) de l'IPT (Institut Protestant de Théologie)
Programme:
10 h - Daniel DE SMET (CNRS - LEM):
Les philosophes grecs, tous monothéistes ! Une relecture islamique de l’histoire de la philosophie (Pseudo-Ammonius)
14 h - Mathieu TERRIER (docteur EPHE, membre associé du LEM):
Pythagore, maître d’ésotérisme et de théologie monothéiste dans la renaissance de la philosophie islamique en Iran au XVIIe siècle
« Islam savant et islam populaire : contradictions et interactions. Une approche transdisciplinaire » (IISMM-EHESS)
Organisée par : Sepideh Parsapajouh - Mathieu Terrier
Avec le soutien de l’IISMM, LEM, CéSor
The fist part of the volume looks at the diversity of the discourse among the Shi'i 'ulamâ' in the run up to and during the Safawid period. The second part focuses on the social and intellectual history of the most popuplar Shi'i Sufi order in Iran, the Ni'mat Allâhiyya. The thrid part examines the relationship between Shi'ism and Sufism in the little-explored literary traditions of the Alevi, Bektashi and the Khâksâriyya Sufi order. With contributions from leading scholars in Shi'i and Sufi studies, this book is one of the first to reveal the mutual influences and connectings between Shi'ism and Sufism,
publié avec le soutien du Laboratoire d’études des monothéismes
(École pratique des hautes études / CNRS / PSL)
SOMMAIRE
Constantinos Macris, Joëlle Soler, Anna Van den Kerchove: Avant-propos, p.651-655
Anna Van den Kerchove, Un « sage égyptien » chez les auteurs chrétiens de l’Antiquité: Hermès Trismégiste, p.657-701
Joëlle Soler, Virgile, prophète du monothéisme dans l’Antiquité tardive?, p.703-730
Mathieu Terrier, La figure de Pythagore comme maître d’ésotérisme
et de théologie monothéiste dans la philosophie islamique du XIe/XVIIe siècle, p.731-766
Constantinos Macris, Philosophes de la Grèce antique dans un centon monothéiste de Clément d’Alexandrie, p.767-789
Blandine Colot, Lactance, nouvel auctor, et les témoignages païens du monothéisme, p.791-819
Daniel de Smet, Les philosophes grecs, tous monothéistes ! Une relecture néoplatonicienne islamisée de l’histoire de la philosophie (Pseudo-Ammonius), p.821-846.