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Plantes invasives à Bruxelles

Synthèse de l'inventaire floristique complet de la Region de Bruxelles-Capitale et d'une cartographie de la flore.

ANNEXE 3 – PROFILS DE PLANTES INVASIVES L'essentiel des notices est issu de Luc Allemeersch (Jardin botanique national de Belgique), Realisation d’un inventaire floristique complet de la Region de Bruxelles-Capitale et d’une cartographie de la flore. Y compris une comparaison approfondie des donnees et cartes anterieures, ainsi qu’une vaste evaluation scientifique, adjudicateur : Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement - Division Espaces verts , Octobre 2006, 330p (+annexes) Buddléa- Buddleja davidii Franch. Le Buddlea (Buddleja davidii), comme la Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum), s'est initialement echappe de la RBC. Ces especes sont encore typiques de la RBC mais se sont etendues dans l’intervalle dans le Nord et en Moyenne Belgique. “Plante originaire de l'Himalaya, à la croissance rapide et se disseminant au gre du vent – particulierement commune apres le Blitz, mais qui fut peut-être importee comme decoration des les annees 1880 - , le buddleia est adapte à l'oeuvre monumentale d'erosion des reliefs. 1” Le Buddlea, ou arbre aux papillons, est extrêmement repandu en RBC. Cette plante nationalisee est originaire de Chine et a pousse massivement dans les villes allemandes apres les bombardements de la Seconde Guerre mondiale (SCHMITZ 1991). La plus ancienne decouverte documentee de la RBC, dans l’herbier du Jardin botanique national, date de 1945. Une branche de Buddlea avait alors ete ramassee sur le chantier de la jonction NordMidi, pres du Jardin botanique national de l’epoque. Pendant un moment, le Buddlea a ete une espece typique de Bruxelles. Depuis lors, ce buisson s’est aussi etabli dans d’autres villes et zones urbanisees. Cette plante colonise toutes sortes de surfaces perturbees et recouvertes d’un revêtement. A terme, des populations homogenes en viennent même à se developper, sans vegetation de sous- bois. Tout comme le Seneçon sudafricain, le Buddlea est omnipresent dans les terrains vagues, les terrains ferroviaires et les maisons abandonnees. Dans les regions au climat plus continental comme la Baviere et Berlin, l’Ailante glanduleux est le buisson dominant à ce type d’endroits (SCHMITZ 1991). Le Buddlea est plus sensible au gel que l’Ailante glanduleux. Durant la periode 1991-1994, cette espece etait presente pratiquement partout en zone urbaine. Pour la periode 2003-2005, le Buddlea est egalement present plus en peripherie et même jusque dans la Forêt de Soignes. Le Buddlea peut former des vegetations monospecifiques dans les terrains vagues en zone urbaine. Le Buddlea est present pratiquement partout sur les surfaces pierreuses en RBC. Des etudes ont demontre que l'arbre à papillons, epargne par les herbivores en Europe, et donc plus vigoureux, produit davantage de graines qu'en Chine2. On peut toutefois affirmer que ce buisson ne constitue pas une reelle menace pour les zones naturelles en RBC. Ce buisson ne peut se fixer que comme pionnier et de preference, sur des surfaces pierreuses. Renouée du Japon- Fallopia japonica (Houtt.) Ronse Decraene La Renouee du Japon est extrêmement frequente en RBC. Cette plante non indigene originaire du Japon, a ete introduite au 19e siecle comme plante d’ornement. Au milieu du 20e siecle, elle s’etait dejà echappee à plusieurs endroits de la Capitale. La colonisation de la RBC etait dejà en grande partie accomplie durant la periode 1991-1994. Cette espece est capable de se developper massivement sur des talus riches, le long de cours d’eau et dans les terrains vagues. Dans les endroits tres riches, elle envahit rapidement toutes les autres especes. Bien que cette espece ne soit pas presente massivement partout, la Renouee du Japon peut être observee pratiquement dans chaque carre- kilometre de la RBC. Elle n’est absente de quelques carreskilometre que dans le centre tres betonne et dans la partie plus sablonneuse à l’est de la Forêt de Soignes. Cette espece est presente massivement dans les zones tres riches. Ces zones tres riches, ou pendant des decennies, il n’y a jamais eu d’evacuation de nutriments et que l’on a tout au plus brulees ou fauchees sans evacuer la litiere, forment un milieu tres peu naturel. Ce type de milieu n’existe un tant soit peu que le long des berges de riviere. En situation naturelle, ces berges sont regulierement nettoyees, et ainsi renouvelees et rajeunies. Pour lutter le plus efficacement contre la Renouee du Japon, il convient de deblayer le sol sur quelques dm. Il s’agit toutefois d’une mesure tres couteuse. En fauchant 3 à 4 fois par an, la plante perdra egalement de sa vitalite. Dans les bosquets et les zones de parc en RBC, la Renouee du Japon est tres presente aux endroits ou les riverains deversent leurs dechets de jardin. 1 Mike Davies, Dead Cities, villes mortes : une histoire naturelle, p.92 2 Pierre Meerts, Anne-Laure Jacquemart, Les invasions de plantes exotiques, que nous apprennent-elles sur le fonctionnement des ecosystèmes ?, in Pierre Meerts (dir.) Vers une nouvelle synthèse ecologique, editions du CIVA, Bruxelles, 2013, p.69 A propos de la renouee du Japon (Polygonum cuspidatum, itadori) “La biomasse (productivite) aerienne est en fait de 106 tonnes à l'hectare si on supprme les effets limites. Ce geant de l'ecosysteme urbain bruxellois (la hauteur atteint souvent pres de trois metres apres quelques mois) existe au Kauwberg ou nous avons mesure apres une premiere coupe effectuee fin juin, une repousse de 4 tonnes à l'hectare. L'espece est de ce fait, pour nous, un avenir pour l'agriculture, dans le cas, ou l'on demanderait à celle-ci une production elevee de biomasse.3” “De maniere generale, la fauche de renouees asiatiques et l'arrachage de leurs rhizomes seront proscrits. Sauf lorsqu'elles sont pratiquees sur de tres petites surfaces juste apres l'installation de la plante, ces pratiques ne permettent pas de venir à bout des populations de renouees et entraînent generalement la formation de populations plus denses et plus etendues encore. Elles favorisent en outre leur dissemination par l'intermediaire de petits fragments de tiges ou de racines. 4“ Berce du Caucase - Heracleum mantegazzianum Somm. et Lev. La Berce du Caucase est repandue en RBC. Cette gigantesque plante non indigene est originaire du sud-ouest de l’Asie. Elle pousse sur les sols denudes, à des endroits plutôt instables. Il peut s’agir d’accotements larges et escarpes, mais aussi de petits emplacements dans des parcs et dans des friches. Cette espece a ete signalee pour la premiere fois dans la Capitale et en Belgique juste avant la Seconde Guerre mondiale. Au milieu du 20e siecle, il existait depuis longtemps une grande population le long de la ligne de chemin de fer vers Namur. Cette derniere decennie, la Berce du Caucase s’est repandue davantage dans les environs de Bruxelles, d’abord le long des grandes voies de chemin de fer et des arteres principales. Actuellement, cette plante ne se cantonne plus à ces routes, mais elle apparaît regulierement et de façon notable dans des petits coins de parcs et de terrains vagues. En Region bruxelloise, les populations les plus importantes se situent toujours le long de la ligne de chemin de fer vers Ottignies/Namur. Pour l’heure, il n’existe pas encore de terrain en RBC, comme c’est le cas ailleurs en Europe occidentale et en Europe centrale, ou la Berce du Caucase forme de vastes vegetations monotones. On observe toutefois des plantes isolees, disseminees à peu pres partout. Les principaux problemes avec cette plante dans la capitale sont lies à la sante publique: les sucs de cette plante, combines à un rayonnement solaire important, peuvent provoquer des brulures sur une peau humide. Au premier contact, on ne ressent ni douleur, ni gêne. Ce n’est que plusieurs heures plus tard que les problemes apparaissent. La peau endommagee peut rester sensible à la lumiere ultraviolette durant des annees. Il est des lors chaudement recommande de lutter contre cette plante dans les parcs et à proximite des pleines de jeux. Brome de Californie - Bromus carinatus Hook. et Arnott Le Brome de Californie est une plante bruxelloise par excellence. Cette espece est apparue en RBC en 1944, comme adventice. Cette herbe robuste, originaire d’Amerique du Nord, apparaît sur le chantier de construction de la jonction Nord-Midi, pres de l’ancien Jardin botanique national. Aux Pays-Bas, le Brome de Californie a ete decouvert en 1945. C’est pourquoi les auteurs neerlandais (WEEDA et al. 1994) considerent cette espece comme un ‘adventice de la guerre’, amene par l’armee americaine. La tentation est donc grande de supposer la même chose pour Bruxelles. Toutefois, la premiere decouverte de plantes adultes à Bruxelles, dans l’herbier du Jardin botanique national, date de juillet 1944 (BR, 1944, Michel). Il est donc plus probable que le Brome de Californie se soit echappe de l’ancien Jardin botanique national, proche du centre de Bruxelles. Un demi-siecle plus tard, cette sorte est naturalisee et assez repandue en RBC. Elle est tres rare en Flandre et encore plus en Wallonie. Cette plante est representee au maximum dans l’ouest et le nord de la Capitale. Le Brome de Californie peut tres bien se developper là ou des sentiers longent des terrains à l’abandon. Si ces terrains se ruderalisent ou que la vegetation y devient trop dense, la plante ne peut pas y subsister. Le Brome de Californie peut par contre se maintenir dans des terrains de jeu, qui ne sont fauches que trois à quatre fois par an. 3 Paul Duvigneaud, Les sites semi-naturels et l'ecosystème Bruxelles, La vegetation du Kauwberg à Uccle, Edition du Centre d'Etudes Jacques Georgin, 1991, p.25 4 SPW, Circulaire relative aux plantes exotiques envahissantes, 30 mai 2013 Fraisier des Indes - Duchesnea indica (Andrews) Focke Le Fraisier des Indes est tres frequent en RBC. Cette plante non indigene originaire d’Asie s’est echappee des jardins. Cette espece n’est absolument pas exigeante, elle s’etablit partout ou il y a des endroits ombrages. Le Fraisier des Indes est surtout present dans les parcs, les jardins publics et prives. Les exemplaires plantes n’ont toutefois pas ete recenses! Cette plante a dejà atteint d’anciens bois à la lisiere de la Capitale (Bois du Laerbeek à Jette, Forêt de Soignes). Le Fraisier des Indes presente donc clairement un comportement invasif. Le plus ancien cas d’echappee date de 1950 et vient du parc- château de Val-Duchesse (WoluweSaint-Pierre). Jusqu’en 1990, l'espece n'a plus ete recensee. Lors de la periode d’inventaire systematique de 1991-1994, on a releve des donnees pour 14 carres- kilometre. En 2003-2005, le Fraisier des Indes etait present pratiquement partout: il ne subsiste des vides que dans la region plutôt rurale de Neerpede, dans la zone nord du canal et dans la Forêt de Soignes. En RBC, le Fraisier des Indes est en train de s’etendre, non seulement dans les parcs mais aussi dans les grands complexes forestiers plus anciens. Robinier faux-acacia Localement, le Robinier faux-acacia peut se developper massivement en RBC, dans des talus et des lisieres escarpes qui ne sont plus entretenus. Par leur action, les bacteries qui forment des nodules au niveau du systeme racinaire peuvent avoir un effet tres enrichissant sur des sols naturellement pauvres. En RBC, ces sols ont entre-temps ete considerablement enrichis par diverses influences humaines. Il existe un bois sauvage (= bois forme spontanement) dont la principale essence est le Robinier faux-acacia, derriere les bâtiments de la VRT/RTBF (Schaerbeek). L’evolution d’un bois sauvage constitue principalement de Robiner faux-acacia, apparu entre 1950 et 1960, peut ainsi être decrite et evaluee. Si l’on choisit localement de lutter contre le Robinier faux-acacia dans les talus abruptes, il convient de tenir compte du risque d’erosion. La lutte contre le Robinier faux- acacia ne doit pas être consideree comme une priorite mais peut être integree dans des plans de gestion forestiere concrets. Houblon - Humulus lupulus L. Le Houblon est une espece repandue en RBC. A l’origine, cette plante volubile apparaissait souvent dans les parties tres lumineuses des bois humides et riches. Depuis, le Houblon a fait son apparition le long des talus boises et des plans d’eau, mais aussi dans les friches plus anciennes, le long des voies de chemin de fer, etc. Cette plante apparaît partout en RBC, sauf dans les parties homogenes, peu lumineuses de la Forêt de Soignes et dans la partie centrale, tres betonnee de la Capitale. Millepertuis commun - Hypericum perforatum L. Le Millepertuis commun est extrêmement frequent en RBC. Cette plante pousse dans des endroits ouverts et enherbes. Elle peut apparaître massivement, surtout dans des conditions extrêmes telles que dans les graviers de terrains ferroviaires. Le Millepertuis commun est une espece repandue, tant en zone urbaine qu’en zone rurale. Cette espece peut parfois faire defaut dans les zones urbaines ou il y a peu de terrains vagues et de friches, ainsi que dans les zones homogenes, plus sombres de la Forêt de Soignes.