ALGÉRIE : DES VISAS AU COMPTE-GOUTTES
Farida Souiah
GISTI | « Plein droit »
ISSN 0987-3260
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-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Farida Souiah, « Algérie : des visas au compte-gouttes », Plein droit 2012/2 (n° 93), p. 25-28.
DOI 10.3917/pld.093.0025
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2012/2 n° 93 | pages 25 à 28
Plein droit n° 93, juin 2012
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Algérie : des visas
au compte-gouttes
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Farida Souiah, doctorante en science politique à l’Institut
d’études politiques de Paris, CERI
Depuis la signature des accords d’Évian, les réglementations relatives à la circulation des Algérien·ne·s
en France ont bien évolué. Il ne s’agira pas ici d’interroger les réglementations relatives à l’installation et/ou
au travail des Algérien·ne·s en France, à moins qu’elles
aient une incidence directe sur les règles régissant les
séjours courts.
Les accords d’Évian, signés le 18 mars 1962 et
approuvés par référendum le 8 avril de la même année,
maintiennent un régime de circulation privilégié entre
la France et l’Algérie. Ainsi, aucun document de voyage
spécifique n’est exigé des Algérien·ne·s qui sont libres
de circuler entre la France et l’Algérie, muni·e·s seulement d’une carte d’identité (sauf décision de justice).
Ces accords, fruit des négociations entre des représentants du gouvernement français et du FLN (Front de
libération nationale), affirment que la liberté de circuler
entre l’Algérie et la France « correspond d’abord à un
droit élémentaire du citoyen, reconnu par la Déclaration
universelle des droits de l’homme : celui de franchir les
frontières avec le minimum de formalités ». À la suite
d’un décret algérien du 10 avril 1964, les touristes
algérien·ne·s doivent se munir d’un billet retour et de
la somme de 200 francs afin d’accéder au territoire
français. Cette somme est portée à 500 francs par le
gouvernement français en octobre 1964.
Négocié du côté algérien par Abdelaziz Bouteflika,
alors ministre des affaires étrangères, un nouvel accord, relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour en
France des ressortissants algériens et de leurs familles,
est signé le 27 décembre 1968 entre les gouvernements
des deux pays. Cet accord prévoit que les Algérien·ne·s
souhaitant faire un séjour inférieur à trois mois en
France soient admis, sans formalités, sur présentation
du passeport. Il réaffirme « l’intérêt de garantir et d’assurer la libre circulation des ressortissants algériens se rendant
en France sans intention d’y exercer une activité professionnelle salariée ». Ainsi, bien qu’il introduise l’obligation
du passeport, cet accord dispense les Algérien·ne·s de
visa court séjour.
Pourtant, par la suite, les entraves à la liberté de
circulation ne vont cesser de se multiplier et la liste des
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Cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, la question de la
circulation des hommes et des femmes vers la France mérite d’être posée.
Les structures et les mécanismes mis en place ain de la faciliter ou de la
limiter sont révélateurs des relations entre les deux pays et déterminent
les liens qui peuvent exister entre leurs populations ; les réglementations
concernant la circulation ainsi que l’octroi et le refus de visa peuvent
s’avérer de véritables instruments diplomatiques.
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cesse réaffirmée. Ces perceptions vont influencer les
formalités auxquelles sont soumis les voyageurs, de
politiques concernant la circulation entre les deux pays.
s’allonger. Ce mouvement ne peut être analysé qu’en
Ceux qui déclarent être des voyageurs désirant effectuer
lien avec la politique d’immigration de la France et les
un court séjour en France sont désormais soupçonnés
réglementations régissant l’installation et le travail des
Algérien·ne·s en France. À la suite des accords d’Évian, d’être des candidats à l’immigration clandestine. La
représentation d’un « risque migratoire » domine proces dernières sont particulièrement favorables aux
gressivement les procédures d’octroi et le refus de visa.
Algérien·ne·s qui bénéficient d’un statut privilégié. En
C’est pourquoi, les formalités auxquelles sont soueffet, ceux et celles qui souhaitent s’installer et tramis les voyageurs vont sans cesse s’alourdir. Ainsi, à
vailler en France bénéficient des mêmes droits que les
la suite d’un échange de lettres datant du 31 août 1983,
Français·es (exception faite des droits politiques).
les Algérien·ne·s désirant se rendre en
Ces privilèges sont une contrepartie
France pour un séjour inférieur à trois
cédée par la France afin de préserver
Les voyageurs
mois sont dans l’obligation de préla communauté européenne d’Algérie.
désirant effectuer
senter un passeport, leur billet retour
C’est pourquoi, le départ continu des
un court séjour
et une carte de débarquement à deux
Européen·ne·s d’Algérie conjugué à
volets. Le second volet de cette carte
l’intensification de l’immigration alen France sont
est à remettre à la sortie du territoire
gérienne en France et à son caractère
désormais
pour prouver que le séjour fut infédurable, a conduit le gouvernement
soupçonnés d’être
rieur à la durée limite. En outre, celles
français à vouloir sans cesse aligner
et ceux qui se rendent en France pour
le régime des Algérien·ne·s sur le
des candidats
une visite familiale ou privée sont
régime général, sans rompre la loà l’immigration
dans l’obligation de présenter une atgique des négociations bilatérales 1.
testation d’accueil (certifiée conforme
Le nombre d’Algérien·ne·s autorisé·e·s
clandestine.
par l’autorité française ou l’autorité
à s’installer et à travailler en France,
consulaire
algérienne).
Le premier avenant à l’accord
le contingent, devient l’objet récurrent des discussions entre les deux parties. Les accords Nekkache- du 27 décembre 1968 ne modifie pas ces dispositions.
C’est un échange de lettres, daté du 10 et
Grandval en 1964, et l’accord du 27 décembre 1968
11 octobre 1986, qui introduit la nécessité pour les
s’intègrent dans cette dynamique, limitant le nombre
ressortissant·e·s d’Algérie souhaitant effectuer un court
d’Algérien·ne·s autorisé·e·s à s’installer en France et
séjour en France l’obligation d’obtenir, au préalable, un
multipliant les conditions préalables au regroupement
familial. En parallèle, le racisme anti-arabe et plus parti- visa délivré par les autorités françaises. Cette procéculièrement anti-algérien croît dans une France frappée dure est annoncée comme provisoire. Dans son courrier, Éric Desmarest, directeur de cabinet du ministre
par la crise économique depuis 1972. Les violences
2
des affaires étrangères invoque les « circonstances
racistes se multiplient en 1973 .
exceptionnelles qui traversent actuellement la France et
Suspension des migrations
qui imposent d’exercer de toute urgence une vigilance particulière en ce qui concerne le mouvement des personnes
En septembre 1973, le président algérien, Houari
et d’instituer la procédure de visa de manière générale ».
Boumédiène, invoque le racisme anti-algérien en
Les circonstances exceptionnelles, auxquelles il fait
France, pour suspendre l’émigration algérienne de
référence, sont la vague d’attentats qui a touché des
travail. Selon Sylvain Laurens 3, Boumédiène prend
grands magasins en France durant les années 1985cette décision pour des raisons diplomatiques car il
1986, attribuée ultérieurement au Hezbollah libanais 4.
anticipe une « décision unilatérale que comptait prendre
Dans le courrier réponse, l’Algérie prend acte de cette
le ministère de l’Intérieur français à l’égard des ressortismodification et annonce que « sur le principe d’égalité
sants algériens entrés sur le territoire français sans certificat de traitement, les ressortissants français venant en Algérie
de résidence ». En juillet 1974, le gouvernement français pour un séjour inférieur à trois mois seront temporairedécrète la suspension provisoire de l’immigration de
ment soumis à la procédure de visa consulaire pour l’enmain-d’œuvre, notamment algérienne. Cette suspentrée sur le territoire algérien ».
sion s’avère définitive. Le gouvernement tente par la
Ce principe de réciprocité, l’Algérie va l’appliquer
suite, sans succès, de mettre en place des politiques
systématiquement. Ainsi, toute complexification des
de retour qui visent plus particulièrement encore les
procédures de demande de visa touche également les
Algérien·ne·s. Une perception négative des immigrés,
Français·es qui souhaitent se rendre en Algérie pour un
domine. La nécessité de maîtriser les flux est sans
séjour inférieur à quatre-vingt-dix jours.
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»
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Bien qu’annoncée comme temporaire, l’obligation
du visa se révèle durable. La signature des accords de
Schengen, le 14 juin 1984, entre les gouvernements des
États de l’Union économique Benelux, de la République
fédérale d’Allemagne et de la République française
y a contribué. L’article 7 prescrit aux parties de rapprocher leurs politiques dans le domaine des visas
dans les meilleurs délais. Les procédures relatives à la
délivrance des visas et à l’admission sur leur territoire
doivent tenir compte, selon les accords de Schengen
« de la nécessité d’assurer la protection de l’ensemble des
territoires des cinq États contre l’immigration illégale et
les activités qui pourraient porter atteinte à la sécurité ».
Par ailleurs, la manière dont l’octroi et le refus de
visa s’appliquent aux guichets du consulat de France
à Alger est symptomatique de la logique de soupçon
qui pèse sur chaque demandeur. Une note de service
rédigée par le service des visas du consulat d’Alger,
en septembre 1990, invite les employés du consulat à
faire preuve « d’une large faculté d’appréciation » et à se
montrer vigilant. Il les invite à rassembler « les informations permettant d’acquérir la conviction que le requérant est de bonne foi et quittera la France ». La logique
appliquée est diamétralement opposée à celle de la
présomption d’innocence. On présume que le demandeur d’un visa court séjour à l’intention d’en détourner
l’objet et de s’établir en France. Il lui appartient de
prouver le contraire. À ce titre, les pièces à fournir sont
nombreuses et font l’objet d’un examen strict.
Durant les années 1990, alors qu’une confrontation violente oppose le gouvernement algérien et divers
groupes islamistes faisant plus de 100 000 victimes
civiles, la possibilité de circuler entre l’Algérie et la
France est de nouveau affaiblie. Conséquence des violences, en août 1994, les consulats de France en Algérie
ferment leurs portes. Les demandes sont instruites
à Nantes, ce qui complexifie la procédure et rallonge
notablement les délais d’obtention. En outre, la France
diminue drastiquement le nombre de visas octroyés :
80 000 en 1998, alors que dix fois plus étaient accordés
en 1990.
On assiste parallèlement à un processus de communautarisation des procédures d’obtention de visa
courte durée et l’institution du visa « Schengen ». En
juin 1990, la convention d’application de l’accord de
Schengen est signée. Elle entre en vigueur en 1995. Elle
aligne les procédures d’octroi et de refus de visa dans
les pays dont les ressortissant·e·s sont dans l’obligation
de détenir un visa court séjour, les instances chargées
de délivrer le visa, les conditions, la forme, le contenu,
la durée de validité, les droits à percevoir pour leur
délivrance, les conditions de prolongation et de refus.
Ainsi, les réglementations régissant les séjours courts
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entre l’Algérie et la France dépendent du droit communautaire et non plus des accords bilatéraux entre les
deux pays. La liste des garanties à fournir s’allonge et
les formalités se multiplient. L’établissement d’une liste
(« la liste noire ») de pays pour lesquelles le visa est
nécessaire est symptomatique de la logique du soupçon qui régit l’octroi et le refus de visa court séjour.
L’inscription d’un pays dans « la liste noire » prend en
compte principalement trois critères : le risque migratoire (détournement de l’objet du visa court séjour), le
risque sécuritaire et les relations avec le pays. L’individu
est systématiquement soupçonné s’il appartient à un
pays d’émigration ou un pays instable d’où peuvent
provenir des personnes « violentes ». Didier Bigo le
note « l’octroi du visa individuel est à cet égard une exception à l’exception (et c’est pourquoi elle obéit à une logique
de « rareté » dans l’esprit de ceux qui les délivrent). C’est
un rétablissement de la confiance dans l’individu après
l’épreuve du soupçon porté sur un ensemble national » 5.
Les accords de Schengen créent également un système d’information (le « SIS »), une base de données
communes qui regroupe les informations des États
membres concernant des personnes (disparues, recherchées et étrangères signalées aux fins de non-admission
sur le territoire) et des objets. Si un individu est fiché
dans le SIS comme une personne ne devant pas être
admise dans la zone «S chengen », pour quelque raison
que ce soit, le visa courte durée lui est refusé.
Le taux de refus le plus élevé du monde
L’apaisement des violences en Algérie, à la fin des
années 1990, conduit à la réouverture progressive des
consulats de France. Depuis 2006, on en dénombre
trois situés à Oran, Alger et Annaba. Cependant la
politique sévère mise en place dans les années 1990
et au début des années 2000 donne au « visa » un
statut particulier en Algérie. On y consacre même
des chansons de raï, musique populaire qui privilégie
d’ordinaire les chansons sur l’amour souvent physique
et invariablement malheureux. Bien que la mise en
place d’un système de rendez-vous pour le dépôt de
dossier mette fin en 2006 aux interminables et perpétuelles files d’attente devant les consulats, l’image de
ces files marque durablement l’imaginaire algérien. En
outre, le taux de refus élevé, les délais d’instruction des
dossiers et l’incompréhension vis-à-vis des critères de
refus (alors non mentionnés) donnent l’impression aux
demandeurs qu’obtenir un visa est du même ordre que
de gagner à la loterie. L’opacité des procédures d’octroi
de visa favorise le développement d’initiatives crapuleuses. Par ailleurs, des cas de corruption des agents
consulaires sont à déplorer.
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Plein droit n° 93, juin 2012
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En 2007, dans un rapport du Sénat 6, Adrien
Gouteyron dresse un bilan négatif des refus de délivrance des visas aux Algérien·ne·s, très significativement supérieurs à la moyenne. Le classement des
consulats dont le taux de refus est le plus élevé révèle
que ceux d’Annaba et d’Alger occupent les deux premières places avec respectivement 47,82 % et 43,98 %
de refus. En 2010, la Cimade, dans son enquête sur les
pratiques des consulats de France 7, dresse également
un bilan négatif de la situation globale, particulièrement en Algérie. Bien que les délais d’instruction des
dossiers se soient notablement améliorés, le taux de
refus reste bien plus élevé que la moyenne 8. Notons
également que les procédures ne sont pas encore
harmonisées et que le degré d’externalisation du traitement des demandes de visa diffère selon les consulats.
Ainsi, le consulat de France a poussé l’externalisation
au plus haut degré. L’examen du dossier relève encore
des autorités consulaires, mais la prise de rendez-vous,
l’accueil des demandeurs, la récolte des documents
et la remise du passeport après examen du dossier
sont effectuées par un prestataire de service. Ce haut
degré d’externalisation interdit d’ailleurs au consulat la
récolte de données biométriques destinées à nourrir le
système d’information des visas (VIS). En cas de refus,
la frustration du demandeur est d’autant plus grande
qu’à aucun moment il n’a été en contact direct avec un
agent consulaire. À Oran, le consulat n’a externalisé
que la procédure de dépôt de dossier et il relève par
conséquent les données biométriques des demandeurs
de visa.
Le service consulaire français et l’UE semblent
conscients des problèmes que constitue la décrédibilisation du visa. Le règlement européen du 13 juillet
2009 établissant un code communautaire des visas
impose aux autorités françaises depuis le 5 avril 2011 de
communiquer le motif de refus. Ce premier pas facilite
les procédures de recours, mais le fait de cocher des
cases au lieu de personnaliser la réponse limite l’utilité d’une telle mesure. Michel Dejargher et Xavier de
Driencourt 10, respectivement consul et ambassadeur de
France à Alger, ont fait un effort de communication particulier. Les sites internet détaillent la procédure et diffusent désormais des messages d’informations invitant
les demandeurs à la méfiance et au versement strict
des sommes listées par le site, soit 60 euros pour les
personnes majeures pour un court séjour et les frais de
téléphone pour la prise de rendez-vous. Ils mettent en
avant les améliorations : baisse des délais et des taux
de refus. Ils affirment également régulièrement leur volonté d’alléger les procédures d’obtention des visas et
de faciliter la circulation entre les deux pays. À Alger, le
taux de refus est de 28 % en 2011, ce qui demeure bien
supérieur à la moyenne mais notablement inférieur aux
47,82 % de 2007. Cependant, la logique du soupçon
et la peur priment encore. En effet, pour expliquer le
taux supérieur à la moyenne, le « risque migratoire »
est évoqué 11. Tant que la migration est perçue comme
un risque et que le soupçon plane sur ceux et celles qui
demandent un visa court séjour, une amélioration réelle
de la circulation est impossible. u
Décrédibilisation
Laure D’Hauteville, « Algériens : feu la liberté de circulation », Plein droit,
n° 29-30, 1995.
2
Yves Gastaut, « La flambée raciste de 1973 en France », Revue européenne
des migrations internationales, vol. 9, n° 2, 1993, p. 61-75.
3
Sylvain Laurens, « L’immigration : une affaire d’États. Conversion des regards sur les migrations algériennes (1961-1973) », Cultures & Conflits, n° 69,
2008, p. 33 – 53.
4
Didier Bigo, « Les attentats de 1986 en France : un cas de violence transnationale et ses implications », Cultures & conflits, n° 4, 2002.
5
Didier Bigo, « Le visa Schengen et le recours à la biométrie », in Xavier
Crettiez, Pierre Piazza, Du papier à la biométrie, 2006, p. 254.
6
Adrien Gouteyron, Trouver une issue au casse-tête des visas, Rapport d’information du Sénat, n° 353, 2006.
7
Cimade, Visa refusé : enquête sur les pratiques consulaires en matière de délivrance des visas, 2010.
8
20 % en moyenne dans l’ensemble des consulats français, sachant que de
très fortes disparités existent suivant le « risque migratoire » supposé du
pays de départ. Voir le rapport de la Cimade, op. cit.
9
Ces entretiens ont été effectués dans le cadre d’une thèse de doctorat,
en cours de rédaction, à propos de l’émigration irrégulière par bateau en
Algérie.
10
On peut ainsi lire des articles d’El-Watan tels que « Le refus de visa en
baisse » (8/12/2011), « Vers des dispositions plus souples pour l’attribution
de visas vers la France » (7/12/2011).
11
« Fort taux de refus de visa aux demandeurs algériens : le consul général
de France à Alger évoque le « risque migratoire » », El-Watan, 13/07/2010.
Le manque de clarté des procédures et le taux de
refus élevé créent une situation de frustration voire un
découragement, plus particulièrement encore parmi
les jeunes hommes algériens. Des entretiens menés
auprès de certains d’entre eux en Oranie 9 révèlent une
représentation ambiguë du visa. Plusieurs ne semblent
plus y croire et ne font pas de demande. Ainsi, Yacine,
vingt ans, a tenté de quitter le pays sur une barque avec
d’autres jeunes de son quartier, risquant sa vie, sans
avoir au préalable essayé d’obtenir un visa. Quant à
Mehdi, 29 ans, dont le père réside en France, il a déposé des dizaines et des dizaines de demandes, toutes
refusées. Il pense que tout cela n’est qu’une question
de chance. Les obstacles à la mobilité ont décrédibilisé
le système de circulation légale en même temps qu’ils
accroissent paradoxalement le désir de migration :
les candidat·e·s à l’émigration irrégulière par bateau
invoquent « l’envie de changer d’air » ou de « voir autre
chose » comme cause de départ.
1
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