La vannerie chez les Gaulois

LA VANNERIE CHEZ LES CELTES DE GAULE ARCHÉOLOGIE EXPÉRIMENTALE OU HISTOIRE VIVANTE ENTRE LES DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES ET LES TEXTES ANTIQUES Jérémy GRACIO¹, Hévane VAUCOURT ² ¹Archéologue, président association Sentiers d’Histoires: gracio.jeremy@orange.fr ²Artisan vannier spécialisé dans la confection et la vente d’articles en osier : hevane@artisanvannier.com Saint-Dié La troupe de reconstitution de l’association Sentiers d’Histoires, les « BELLATORES LEUCI », tente de tisser des liens avec différents artisans de la Haute-Vallée de la Meurthe pour tenter de recréer de nombreux artéfacts d’origine celtique, comme des casques ou des umbos de boucliers en fer avec des forgerons, des spina et des boucliers en bois avec des menuisiers, ou encore des couvre-casques et des boucliers en osier avec des vanniers. Si les découvertes archéologiques d’objets en vannerie sont rares pour la période celtique, les textes antiques suggèrent quelques utilisations de l’osier. De l’arbre à la branche, du saule à l’osier… En Europe, de nombreuses découvertes d’objets en vannerie ont été réalisées, comme des paniers pour la préhistoire en Espagne, ou dans des tourbières à Dartmoor ou encore à Much Farm, près de Peterborough en Angleterre pour l’Âge du bronze. En France, plusieurs pêcheries ont livré des nasses en osier, comme par exemple à Pont-sur-Seine pour la période romaine (Ier siècle de notre ère) ou encore à Saint-Marcel pour le Moyen Âge (Xe-XIIIe siècle). Pêcherie de Saint-Marcel située au débouché amont du gué du Port Guillot (maquette échelle 1/35e, musée Vivant-Denon, Chalon-sur-Saône) L’osier est l’un des noms donné à plusieurs arbres ou arbustes du genre SALIX : le saule appartenant à la famille des salicaceae. Dans la tradition vannière, il désigne les jeunes pousses annuelles du saule qui sont bien droites et sans ramifications. Il en existe de nombreuses variétés. Le bouclier « gaulois » en osier et en cuir Jules César, De la guerre des Gaules, livre II, 33 (en 57 avant notre ère) : « Sur le soir, César fit fermer les portes et sortir ses soldats de la ville, dans la crainte qu'ils ne commissent la nuit des violences contre les habitants. Ceux-ci, comme on le vit bientôt, s'étaient concertés d'avance, pensant qu'après leur soumission nos postes seraient dégarnis ou au moins négligemment gardés : une partie d'entre eux, avec les armes qu'ils avaient retenues et cachées, une autre avec des boucliers d'écorce en osier tressé, qu'ils avaient recouverts de peaux à la hâte, vu la brièveté du temps, sortent tout à coup de la place, à la troisième veille, avec toutes leurs troupes, et fondent sur l'endroit des retranchements où l'accès leur parut le moins difficile. » Réalisation d’un bouclier en osier Les couvre-casques et casques « gaulois » en osier Jules César, La Guerre Civile, livre III, 62 : Pompée fait des préparatifs d'attaque « Instruit de ces choses, et déjà résolu à tenter une sortie, ainsi qu'on l'a dit plus haut, Pompée ordonna à ses troupes de couvrir leurs casques avec de l'osier et de se pourvoir de fascines. Cela fait, il embarque de nuit, sur des chaloupes et sur de petites embarcations, un corps nombreux d'infanterie légère et d'archers, ainsi que toutes ces fascines, et vers minuit, ayant tiré soixante cohortes de son grand camp et de ses forts, il les mène vers cette partie des retranchements de César qui était la plus proche de la mer, et la plus éloignée de son grand camp. » Exemples de boucliers en osier Si certaines sépultures « gauloises », ou plus exactement laténiennes, livrent des traces de boucliers et notamment des orles ou des umbos en fer, le bois se retrouve parfois conservé comme pour quelques boucliers exhumés sur le site de La Tène (Neuchâtel, Suisse) par exemple. De nombreuses tombes, pour ne pas dire le plus grand nombre d’entre elles, de guerriers « gaulois » équipés de leurs armes (épées, lances etc.) ne fournissent pas de boucliers. Or, la confection de bouclier aux périodes antiques en osier, matériau périssable, pourrait apporter une première preuve quant à l’utilisation de ce type d’arme au combat, comme les sources antiques le signalent, et illustrerait ainsi certaines pratiques rituelles celtes. Réalisation d’un couvre-casque en osier Frondeur dans l’armée romaine De nombreuses réalisations en vannerie sont connues à travers les peintures murales et leurs iconographies dans les cités antiques de Pompéi ou d’Herculanum, auxquelles peuvent s’ajouter celles de la villa d’Oplontis ou de la seconde épouse de Néron, Poppée. Les découvertes archéologiques sont nombreuses au sein même de ce contexte particulier, qui a permis la conservation de certains brins voir d’objets en osier comme des cistes, des corbeilles, des caisses, des plateaux, des paniers etc.