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Laurent Bricault, Isis, Dame des flots, Liège 2006

"Le présent ouvrage est consacré à une des facettes les plus hellénisées d’Isis, qui fait d’elle une déesse liée à l’élément marin. À l’aide de nombreux documents tant écrits que figurés, et souvent trop méconnus, l’auteur offre une synthèse sur les divers et difficiles problèmes que soulève cette prérogative. Dans un premier chapitre, il est question des origines de cette Isis “marine”, étrangère aux anciennes conceptions pharaoniques, mais qui doit sans doute beaucoup à Arsinoé II. Ce nouveau trait sera mis en avant dans les textes arétalogiques qui sont ensuite examinés. Cette arétè d’Isis amènera à voir en elle l’inventrice de la voile. Le troisième chapitre est consacré aux problèmes des traductions iconographiques choisies pour illustrer la maîtrise de la déesse sur les eaux. La formule la plus typique nous la montre tenant une voile gonflée et/ou un gouvernail. Une statue récemment découverte à Messène et la documentation numismatique corinthienne permettent de supposer l’existence de statues d’Isis à la voile, une hypothèse autrefois réfutée par Ph. Bruneau. Ensuite sont examinés les qualificatifs qu’on lui attribua pour manifester ce nouveau pouvoir (Euploia, Pharia, Pelagia, etc.). Le cinquième chapitre étudie les questions de culte : existence de temples réservés à la déesse, Dame des flots, signification des lampes naviformes avec types isiaques, puis examen des deux grandes fêtes (Navigium Isidis et Sacrum Phariae) qui marquent, l’une la réouverture solennelle de la navigation avec participations des navarques et des triérarques, l’autre, l’arrivée à Ostie de la flotte frumentaire placée sous la sauvegarde d’Isis et de son époux. À ce dernier est consacré un chapitre qui nous montre que Sarapis fut lui aussi, mais dans une moindre mesure, un Pelagius. "

ÆGYPTIACA LEODIENSIA, 7 Série éditée par Michel M ISIS, DAME DES FLOTS Illustration de couverture : Drachme d’Alexandrie (An 11 d’Hadrien). Revers. Collection particulière. Cliché L. Bricault. UNIVERSITÉ DE LIÈGE FACULTÉ DE PHILOSOPHIE ET LETTRES Travaux publiés par le CENTRE INFORMATIQUE DE PHILOSOPHIE ET LETTRES Ægyptiaca Leodiensia, 7 Isis, Dame des flots 2006 par C.I.P.L. Laurent BRICAULT LIÈGE Conformément au règlement de la Collection, le présent ouvrage a été examiné par une commission composée de MM. Michel Malaise, professeur ordinaire émérite de l’Université de Liège, Pierre P. Koemoth, maître de conférences à l’Université de Liège, et de Miguel John Versluys, conférencier à l’Université de Leiden. M. Michel Malaise a été chargé de surveiller la correction des épreuves. À ma grand-mère In memoriam Avant-propos Durant l’époque gréco-romaine, la personnalité d’Isis connut un certain nombre d’évolutions, tant sur le plan théologique qu’iconographique, transformations qui déterminèrent, nuancèrent, afinèrent et précisèrent les rôles et les fonctions qui étaient jusqu’alors les siens, voire en définirent de nouveaux. Ces transformations visuelles et intellectuelles facilitèrent la difusion du culte d’Isis auprès des Grecs d’Égypte, puis, dans un second temps, cette polyonymie/polymorphie fortement hellénisée en favorisa la propagation à travers l’ensemble du bassin méditerranéen à partir de la fin du e siècle av. J.-C. Certaines prérogatives reçurent un accueil très favorable hors de l’Égypte, parmi lesquelles ses aspects de déesse guérisseuse et de maîtresse de l’élément marin. Ce dernier point fait l’objet du présent ouvrage. Au moment de le livrer aux lecteurs, il m’est agréable de remercier ceux qui eurent les premiers la lourde charge d’en scruter le manuscrit en ses successives versions, mon épouse Anne-Marie, mon maître Jean Leclant, mes collègues Fabrice Delrieux  à qui je dois également les trois cartes intégrées à ce texte , Yann Le Bohec, Pierre P. Koemoth, Vincent Planet et Miguel John Versluys. Merci aussi à Michel Amandry, Richard Ashton, Andrew Meadows et Yannis Touratsoglou pour m’avoir fourni quelques unes des photographies illustrant ce volume. Enfin, à l’issue de cet heureux périple, que Michel Malaise, qui me fait l’honneur de publier cette enquête dans la belle série qu’il a créée voici vingt ans, trouve ici les marques de ma plus cordiale reconnaissance. Introduction Lorsque l’on procède à une recherche sur le réseau Internet autour des termes Isis et Serapis 1 , les liens les plus nombreux renvoient en premier lieu vers de multiples sites et ouvrages ésotériques, ce qui ne saurait surprendre et, en second, de façon bien plus étonnante, notamment pour les Européens, vers des sites consacrés à la guerre d’indépendance américaine. En efet, derrière le nom Isis se cache un navire de la marine royale britannique, une frégate commandée par le capitaine anglais Charles Douglas, qui, au printemps 1776, parvint, malgré le gel, à remonter le Saint-Laurent jusqu’à Québec pour soutenir la garnison assiégée par le général américain Arnold. Derrière celui de Serapis on trouve une autre frégate britannique, demeurée dans l’histoire pour avoir afronté en septembre 1779, à Flamborough Head, au nord de la Grande-Bretagne, le fameux Bonhomme Richard commandé par John Paul Jones et avoir été capturée par lui (fig. 1) 2 . Fig. 1. John Paul Jones et le Serapis. Médaille de Dupré, ca 1840. Que deux navires de la Royal Navy, à la fin du e siècle, portent les noms de deux divinités gréco-égyptiennes peut paraître curieux. Ce n’est pourtant là que l’un des avatars ultimes d’une histoire dont les origines remontent à la plus haute antiquité. 1 C’est la forme la plus usitée, loin devant Sarapis ou, a fortiori, Sérapis, Sarapide et Serapide. Dans la présente étude, nous utiliserons la forme Sarapis, la plus anciennement attestée en grec. 2 Un vieil indiaman de 900 tonneaux ofert par la France aux Américains et ainsi baptisé en l’honneur de Benjamin Franklin. Sur ces épisodes, T. Tran, Corsaires, avec la bibliographie. Les publications anglophones sur le sujet sont innombrables. 10 I, D   Les liens qui unissent Isis, et dans une moindre mesure Sarapis, à l’élément marin ont depuis longtemps éveillé l’attention des modernes, érudits, collectionneurs ou savants. Dans sa thèse sur l’Histoire du culte des divinités d’Alexandrie. Sérapis, Isis, Harpocrate et Anubis hors de l’Égypte depuis les origines jusqu’à la naissance de l’École néo-platonicienne parue en 1884, Georges Lafaye ne consacrait que quelques pages à la fête du Vaisseau d’Isis, notant (p. 126) que celle-ci était indubitablement d’institution alexandrine et qu’elle correspondait à une des péripéties du mythe osirien. Les premières initiatives de collationnement de la documentation aférente au sujet furent l’œuvre de Wilhelm Drexler, dans le Lexikon de Roscher, vol. II, col. 474-490, puis de Johanna Schmidt, dans la PWRE, 37 (1937), col. 223 s. v. Pelagia, et 38 (1938), col. 1824 s. v. Pharia. Godwin Vandebeek, dans son ouvrage De interpretatio graeca van de Isisfiguur, paru à Louvain en 1946, consacra une dizaine de pages (p. 44-54) à Isis déesse de la mer ; il arriva à la conclusion qu’il s’agissait là d’un trait essentiellement grec de la personnalité de la déesse. Cette opinion fut contrebalancée par Dieter Müller qui, dans son étude sur l’Arétalogie d’Isis, Ägypten und die griechischen Isis-Aretalogien, se pencha p. 61-67 sur cet aspect d’Isis pour tenter d’en dégager les origines égyptiennes. Jan Bergman, dans son essai très controversé intitulé Ich bin Isis, Uppsala 1968, revint sur le sujet pour aboutir aux mêmes conclusions, synthétisées quelques années plus tard par John Gwyn Grifiths, The Egyptian Antecedents of the Isidis Navigium, dans Studia Aegyptiaca I. Recueil d’études dédiées à Vilmos Wessetzky à l’occasion de son 65 e anniversaire, Budapest 1974, p. 129-136. Mais la première véritable étude entièrement consacrée à Isis marine fut l’œuvre de Philippe Bruneau, Isis Pelagia à Délos, BCH 85 (1961), p. 435-446, complétée deux ans plus tard par un second article Isis Pelagia à Délos (compléments), BCH 87 (1963), p. 301-308. Ces travaux suscitèrent un grand intérêt et, en l’espace de quelques années, plusieurs publications furent consacrées à Isis marine. Charles Picard rédigea une note sur les Lampes d’Isis Pelagia et Euploia : à Délos et ailleurs, RA (1962.II), p. 228-230, tandis que Paul Naster s’intéressa à Isis Pharia sur les monnaies impériales d’Alexandrie, BSFN 23 (Février 1968), p. 238-240, sans toutefois que ces quelques pages aient apporté beaucoup de neuf aux analyses de Ph. Bruneau. Ce sont quatre autres publications qui mirent en avant un problème important de l’iconographie d’Isis marine. Coup sur coup, H. W. Müller, Der Isiskult im antiken Benevent und Katalog der Skulpturen aus den ägyptischen Heiligtümern im Museo del Sannio, Berlin 1969, Jean-Georges Szilágyi, Un problème iconographique, BMusHongr 32-33 (1969), p. 19-30, László Castiglione, Isis Pharia. Remarque sur la statue de Budapest, BMusHongr 34-35 (1970), p. 37-55, et Fausto Zevi, Una statua dall’Isola sacra e l’Iseo di Porto, RPAA 43 (1970-1971), p. xxiv, proposèrent de reconnaître dans trois statues des représentations d’Isis tenant une voile gonflée devant elle. Ces identifications furent rejetées par Ph. Bruneau dans un article important, Existe-t-il des statues d’Isis Pélagia ?, BCH 98 (1974), p. 333-381. Un débat s’instaura alors, marqué notamment par un texte de Giuseppe Pucci, Iside Pelagia. A proposito di una controversia iconografica, AnnPisa 6 (1976), p. 1177-1191, qui y afirma l’existence d’un modèle alexandrin à ce type statuaire et défendit la thèse de l’identification à Isis Pelagia des statues fragmentaires de I 11 Bénévent, Budapest et Ostie, contra Ph. Bruneau qui revint brièvement sur le sujet dans Deliaca, 25. Isis Pelagia (IV) ou l’horreur de l’Çποχå sceptique, BCH 102 (1978), p. 152-161. Ces dernières décennies, quelques articles consacrés à des documents inédits de Thessalonique, d’Athènes et de Pouzzoles publiés par Marie-Hélène Blanchaud, Un relief thessalonicien d’Isis Pelagia, BCH 108.2 (1984), p. 709-711, Ellen Reeder Williams, Isis Pelagia and a roman Marble Matrix from the Athenian Agora, Hesperia 54.2 (1985), p. 109-119, et Stefania Adamo Muscettola, Sulla connotazione del culto di Iside a Pozzuoli, dans N. Bonacasa et al. (éds), L’Egitto in Italia dall’antichità al Medioevo. Atti del 3 o congresso internazionale italo-egiziano, RomaPompei, 13-19 novembre 1995, Roma 1998, p. 547-558, furent l’occasion de brèves synthèses sur la question. Les ouvrages à visée synthétique parus ces dernières années, ici et là, n’apportèrent rien de nouveau sur le sujet. C’est au fil de la mise en forme de l’Atlas de la diffusion des cultes isiaques, Paris 2001, du Recueil des Inscriptions concernant les Cultes Isiaques, Paris 2005, et enfin de la Sylloge Nummorum Religionis Isiacae et Sarapiacae (à paraître), en réunissant documents inédits ou méconnus, que se fit jour l’idée de consacrer une petite monographie à cet aspect d’Isis, sans pour autant négliger son parèdre Sarapis, même si son rôle peut paraître bien secondaire. Il a en efet paru intéressant de regrouper les nombreux documents 3 attachés à cette facette de la personnalité d’Isis, afin d’essayer de mieux cerner comment une déesse d’origine égyptienne a pu devenir, dès l’époque hellénistique mais surtout à l’époque impériale romaine, l’une des principales divinités maîtresses de l’élément marin et de tout ce qui s’y rapporte. Pour ce faire, nous nous interrogerons d’abord sur les origines de cette Isis marine, avant d’envisager les processus qui permirent de théoriser cette prérogative nouvelle. Ceci énoncé, il faudra examiner celles qui, parmi les images d’Isis, ont pu l’identifier comme maîtresse de la mer, et quels noms lui furent alors attribués, avant de voir si la déesse, sous cet aspect, reçut un culte particulier, aux pratiques rituelles et aux fêtes spécifiques, pour mieux comprendre comment ces peregrina sacra que furent à l’origine les cultes isiaques passèrent finalement assez rapidement de la sphère privée et spontanée à la sphère publique et oficielle. Puis, après l’avoir souvent évoqué sans en faire le centre de notre enquête, nous nous intéresserons à Sarapis pour déterminer dans quelle mesure il fut, lui aussi, une divinité marine, avant de nous attarder en guise d’épilogue jusqu’en ce e siècle pour mettre en avant quelques-uns des nombreux avatars d’Isis maîtresse de la mer. Le titre de cet ouvrage s’inspire sans se cacher de celui utilisé par R. Turcan en tête du chapitre qu’il consacre à Isis et aux divinités de son cercle dans ses Cultes orientaux, Isis, Notre-Dame-des-flots. Il fut choisi certes pour son côté poétique, mais aussi parce qu’il permet d’échapper aux dificultés rencontrées dans la détermination d’une épithète pertinente en langue française. Initialement, nous 3 Mieux vaudrait sans doute écrire un grand nombre de documents, l’ambition d’exhaustivité demeurant ici comme ailleurs un vœu pieux. De natures très diverses, beaucoup sont demeurés peu connus des savants qui se sont intéressés à ce sujet. 12 I, D   avions songé à nommer la déesse évoquée dans ces pages Isis marine. Quelques discussions plus tard, à Leyde tout d’abord, en mai 2005, à l’occasion du III e colloque international sur les études isiaques, à Fréjus ensuite, en septembre de la même année, lors de l’un des ateliers de recherche franco-italo-allemands du groupe de réflexion sur Les “Religions orientales” dans le monde gréco-romain 4 , il est apparu que l’adjectif marine ne pouvait être pleinement satisfaisant. Isis n’est pas une déesse marine au sens où l’on entend cette expression en français, à savoir une divinité vivant dans la mer 5 , donc sous-marine. Car telle est l’ambiguïté du terme, puisque est sous-marin ce qui est à la fois sous et dans la mer. Aucun des nombreux dictionnaires consultés n’a pu apporter de réponse claire à ce sujet, le sens de marin étant le plus souvent conditionné par le substantif qu’il qualifie. Or, lorsque celui-ci est dieu, déesse ou divinité, il ne convient pas à Isis. Comme elle n’est pas non plus seulement navigans, pas plus qu’elle n’est uniquement maritime ou fluviale, la formule Dame des flots a paru la meilleure, ou comme l’on voudra, la moins mauvaise des appellations. 4 L. Bricault, M. J. Versluys (éds), Nile into Tiber. Egypt in the Roman world, IIIrd International Conference of Isis Studies / IIIème colloque international sur les études isiaques, Faculty of Archaeology, Leiden University, The Netherlands, May 11-14, 2005 (= RGRW, 159), Leiden 2006. Les actes des journées de Fréjus ont paru : C. Bonnet, J. Rüpke, P. Scarpi (éds), Religions orientales, culti misterici : Nouvelles perspectives – nuove perspettive – neue Perspektiven, Stuttgart 2006. Cf. par exemple Le Grand Robert de la langue française, tome VI, Paris 19922, p. 260, ou encore le Littré. Dictionnaire de la langue française, tome 4, Paris 1958, col. 2032. 5 I Aux origines d’Isis, Dame des flots Il y a une vingtaine d’années, traitant de l’iconographie de l’Isis gréco-romaine, Jean Leclant écrivait qu’Isis Pelagia, maîtresse de la mer et protectrice des marins, est largement attestée, dès l’époque hellénistique, en Grèce et dans les cités côtières de l’Asie. [...] Cet aspect passe généralement pour une forme typiquement grecque de la déesse, car on sait le rôle relativement minime que semble avoir joué la navigation maritime dans l’Égypte ancienne ; Isis n’a primitivement aucun rapport avec la mer ; cependant Hathor protégeait les marins qui se rendaient à Byblos. L’image d’Isis debout à la proue d’un navire, tenant à deux mains la voile gonflée par le vent, n’emprunte en tout cas aucun élément à l’art pharaonique 1 . Ce constat est ancien et se lit chez nombre d’auteurs modernes, la plupart de formation classique 2 . En suivant une démarche inductive plus ou moins forcée, quelques égyptologues ont tenté de retrouver trace de cette composante de la personnalité de la déesse en Égypte même, aux temps pharaoniques 3 , J. Gwyn Grifiths allant jusqu’à intituler le texte de l’une de ses études The Egyptian Antecedents of the Isidis Navigium 4 . Nous opterons dans les pages qui vont suivre pour la démarche inverse, en tentant d’abord de discerner qui, dans l’Égypte antique, a pouvoir sur les flots. Cette prérogative échut-elle d’une manière ou d’une autre à Isis ? Si oui, comment se manifesta-t-elle, aussi bien sur le plan théologique qu’iconographique ? Sinon, certains éléments peuvent-ils toutefois rattacher Isis au monde aquatique ? 1. Les maı̂tres des flots en Égypte ancienne Les rapports des Égyptiens avec la mer ne sont pas les plus étroits qui soient, même si l’on doit admettre qu’ils n’y furent probablement pas tous aussi allergiques qu’on a pu le dire 5 . De fait, aucune divinité ne semble avoir eu pour fonction la 1 J. Leclant, Isis, déesse universelle, p. 346-347. C’est ce qui ressort de la lecture des pages consacrées à Isis marine par G. Vandebeek, Isisfiguur, p. 44-54. 3 Ainsi D. Müller, Isis-Aretalogien ; J. Bergman, Ich bin Isis. 4 J. G. Grifiths, Isidis Navigium, p. 129-136. 5 Cette vision des choses paraît remonter au moins jusqu’à Hérodote. L’historien grec afirme en efet que les Égyptiens ignorent certains dieux grecs, parmi lesquels Poséidon, les Dioscures et les Néréides (II, 43 et II, 50). Plutarque (De Iside, 363D), ou encore Jean le Lydien (De Mensibus IV, 45), ont avancé une explication à ce constat : la mer serait en fait Seth-Typhon, c’est-à-dire le principe même de la violence et des forces négatives dans le mythe osirien qui prend une place prépondérante dans l’Égypte du Ier millénaire av. J.-C. Aux dires de l’écrivain de Chéronée (Quaest. conv. 8,2 [729 A-C]), les Égyptiens, et en particulier les prêtres, méprisent, repoussent et détestent tout ce qui vient de la mer, des poissons jusqu’aux marins. Ce rejet de la mer qui semble avoir tant frappé certains auteurs antiques est quelque 2 14 I, D   domination sur les flots et, par voie de conséquence, la protection des humains qui s’y aventurent. Cependant, un certain nombre de documents indiquent que deux divinités ont pu, de façon secondaire peut-être, assumer ce rôle : Amon et Hathor. À partir du Nouvel Empire, Amon est appelé parfois le Pilote qui connaît l’eau 6 , celui que l’on invoque avant un périple maritime car il sauve celui qu’il aime dans la tempête, il découvre les bancs de sable et il apporte le bon vent à celui qui a sa faveur 7 . Lorsque l’on invoque [son] nom sur la Très Verte en furie, [on] atteint la terre en paix 8 . Dans le grand hymne de Leyde, il est un charme contre l’eau, au nom duquel les vents tournent, le vent opposé bat en retraite ; il est aussi une douce brise pour celui qui l’appelle, celui qui sauve le noyé 9 . En tant que zš n t3w origine du vent et ít t3w père du vent 10 , maître de ¯ ¯ l’élément éolien, il peut donc protéger les navigateurs. Au temple d’Hibis, il est celui qui dirige les vents 11 . Ce rôle de protecteur de la navigation, notamment sur le Nil, semble encore être d’actualité à l’époque romaine. Plusieurs dédicaces d’Akôris s’adressant à Amon émanent de navarques et de triérarques 12 . Ces derniers devaient faire partie de l’escadre d’Alexandrie (στóλου >Αλεξανδρíνου), stationnée à Akôris pour assurer la police sur le fleuve (la ποταµοφυλακíα) 13 . On pourra objecter qu’Amon étant la principale divinité du lieu, il n’est pas étonnant de voir des marins l’invoquer peu exagéré, et doit être partiellement remis en question. Songeons par exemple à la déesse de Mendès, Hatmehyt, dont le nom signifie La première parmi les poissons, et qui, pour les uns, revêt l’aspect d’un schilbé, poisson égyptien connu pour les sauts qu’il efectue au-dessus de la surface de l’eau, alors que pour d’autres, il s’agit plutôt d’un dauphin femelle (D. Meeks, Le nom du dauphin et le poisson de Mendès, RÉgypt 25 [1973], p. 215-216), forme qu’elle revêtit pour aider Isis dans la quête du corps de son époux (H. Bonnet, art. Hatmehyt, Reallexikon der ägyptischen Religionsgeschichte, Berlin 1952, p. 282). Sur Hatmehyt, voir aussi I. Gamer-Wallert, Hatmehit, dans LdÄ II (1977), col. 1042-1043. Plus généralement, sur les relations entre l’Égypte et l’élément marin, D. Fabre, Le destin maritime de l’Égypte ancienne. 6 P. Anastasi II, 9, 2. J. Assmann, Hymnen und Gebete, no 177. 7 E. Drioton, Medamoud, Le Caire 1927, p. 38, n. 343. K. Sethe, Amun, p. 93-94 ; D. Müller, IsisAretalogien, p. 66 ; A. Gutbub, Kom Ombo, p. 151-153 ; M.-Th. Derchain-Urtel, Schwangere im Ozean, p. 754-756. 8 Dans un hymne à Amon des mammisis d’Edfou (47, 18-20) et de Dendera (28, 2-3), ce dernier étant daté du temps de Nectanébo (= Fr. Daumas, Mammisis, p. 433, et A. Barucq et F. Daumas, Hymnes et prières, no 93 p. 346). Ce texte est une imploration cultuelle au dieu des soufles de vie en faveur d’Hathor parturiente. Ce rapprochement entre le dieu des tempêtes et le soufle donné aux parturientes se retrouve dans l’Hymne à Amon d’Hibis II, 31, 38-39 (= A. Barucq et F. Daumas, Hymnes et prières, no 88 p. 317). Comparer une dédicace de Iasos, d’époque impériale, à Isis-Pelagia et Isis-Bubastis, infra p. 104 n. 14. 9 A. Gardiner, Hymns to Amon, p. 28-29 ; J. Assmann, Hymnen und Gebete, p. 396 ; A. Barucq et F. Daumas, Hymnes et prières, no 72 p. 220. 10 Au mammisi d’Edfou ; É. Chassinat, Mammisi d’Edfou, p. 24, 11.14. 11 E. Cruz-Uribe, Hibis, p. 123. 12 É. Bernand, Inscriptions d’Akôris, no 16.3 p. 28-29, et nos 18-19 p. 31-32. 13 J. Modrzejewski et T. Zawadki, Études, p. 537-543 (= I. Akôris 12). Le port très actif d’Akôris servait à l’embarquement du blé et au transfert de pierres de la carrière locale vers Alexandrie (I. Akôris 3). Comme il était essentiel que la sécurité des convois fût assurée, le port a dû faire ofice de statio de la police fluviale dirigée par des oficiers de la classis Augusta Alexandrina. Sur cette dernière, M. Reddé, Mare nostrum, Paris 1986, p. 241-244. A  ’I, D   15 comme n’importe quel autre individu, indépendamment de sa profession. Toutefois, une dédicace, du e siècle apr. J.-C. probablement, porte le texte suivant : Θε¦ Αµµωνι µεγíστÿ ∆ιοσκοúρου̋ σωτæρα̋ Χαρικλæ̋ ναúαρχο̋ στóλου Σεβ(αστοû) >Αλεξανδρíνου ¸πèρ τοû τéκνου καì τæ̋ συµβíου ε¹ξáµενο̋ νéθηκεν. Sa traduction et son interprétation posent, il est vrai, problème. Sans corriger le texte comme le proposait F. Preisigke 14 , on peut estimer que l’accusatif ∆ιοσκοúρου̋ dépend de νéθηκεν, ce qui voudrait dire que le triérarque a dédié une statue des Dioscures au dieu Amon 15 , ou alors, avec É. Bernand, considérer que ∆ιοσκοúρου̋ est construit avec ε¹ξáµενο̋ et comprendre qu’après avoir adressé une prière aux Dioscures, sans doute dans une circonstance dangereuse, dans l’intérêt de sa femme et de son enfant, le personnage, venu à Tehneh [= Akôris], a voulu remercier les Dioscures, associés au culte d’Amon, d’avoir été exaucé et d’avoir échappé au péril de la mer. Le participe à l’aoriste peut aussi marquer la simultanéité et signifier qu’en faisant à Amon une ofrande, qui ne serait pas précisée, le dédicant a en même temps adressé une prière aux Dioscures Sauveurs. 16 S’il semble dificile de trancher assurément entre les deux hypothèses, on apprend toutefois grâce à cet important document que les Dioscures sont ici associés au culte d’Amon toujours perçu comme un dieu protecteur de la navigation, au moins fluviale 17 . De son côté, Hathor apparaît dès le Moyen Empire dans les Textes des Sarcophages comme la maîtresse de Byblos [qui] tient les gouvernails de[s] barques 18 . C’est aussi la barque d’Hathor qui mène la procession de Sokar 19 . Présente dans la barque solaire, elle y joue souvent le rôle de pilote ou de timonier 20 . Dans le petit temple d’Hathor de Deir el Medineh, un des aspects de l’Hathor aux quatre visages est identifié au vent du nord 21 . 14 SB I (1915), 987. 15 Comparer avec I. Akôris 13. 16 I. Akôris, p. 32. 17 Sur cet aspect de la personnalité d’Amon, M. Malaise et J. Winand, Amon-grb, p. 24-25. Pour J. Yoyotte, Le second afichage du décret de l’an 2 de Nekhtnebef et la découverte de Thônis-Héracléion, Égypte, Afrique et Orient 24 (décembre 2001), p. 30-31, cet Amon-grb serait plutôt à mettre en relation avec un vocable présentant la même suite de consonnes (et pouvant dériver de la même racine), qui, dans des textes des temples ptolémaïques et des actes démotiques, désigne le document juridique constitué par l’inventaire du domaine royal. Pour J. Yoyotte, l’Amon du géreb d’Héracléion est le dieu qui transmet au souverain le titre écrit qui confirme la souveraineté universelle. Ce sens, évoqué par M. Malaise et J. Winand (p. 21), n’avait pas été retenu par ces auteurs, qui notaient par ailleurs fort justement que selon le P. Oxy. 1380, 61-62, Isis est dite aussi à Héracléion πελáγου̋ κυρíα maîtresse de la mer. Nous devons cette référence à l’amitié de M. Malaise. 18 P. Barguet, Textes des sarcophages, p. 200, Sp. 61. Ph. Derchain, Hathor quadrifrons, p. 38 ; J. G. Griffiths, Isis-Book, p. 31-38. 19 Comme G. A. Gaballa et K. A. Kitchen, Festival of Sokar, p. 62-63, l’ont bien montré. Voir aussi J. G. Grifiths, Isis-Book, p. 36. 20 21 Ph. Derchain, Hathor quadrifrons, p. 38-44, avec de nombreuses références. Ph. Derchain, Hathor quadrifrons, p. 5 et n. 11. Hathor est une ancienne déesse du vent. S. Allam, Beiträge zur Hathorkulte (= MÄS, 4), Berlin 1963, p. 132, n. 4 ; J. F. Borghouts, The magical Texts of P. Leiden I 348 (= OMRO 51), Leiden 1971, n. 395. 16 I, D   Cette prérogative semble être devenue, à l’époque gréco-romaine, un élément constitutif de la personnalité d’autres dieux, comme par exemple Khnoum 22 . Un hymne d’Esna invite ceux qui sont sur la mer à redouter Khnoum, car c’est lui le bon pilote de celui qui l’a placé en son cœur ; tous ceux qui l’exaltent parviennent au port sains et saufs ! 23 Il est le bon gardien, qui assure des voyages sans dommages, qui gouverne les bateaux sur la Très Verte, afin de garantir, à l’aller comme au retour, de bonnes traversées ; qu’un homme l’invoque, pour éviter que son bateau ne chavire, et il vient à lui, comme un vent serein, de sorte que l’homme aborde au port. 24 Mais tous ces textes datent de l’époque gréco-romaine et cette évolution est sans doute à interpréter comme une extension, par contamination, des nouvelles fonctions de l’Isis hellénistique, à d’autres divinités égyptiennes 25 . 2. Isis, la navigation et l’élément aquatique à l’époque pharaonique À l’époque pharaonique, les liens rattachant Isis à la navigation, tant dans les noms qu’on lui donne que dans les attitudes qu’on lui prête, sont ténus 26 . Certes, à l’instar d’Hathor, à qui elle semble avoir emprunté ce rôle 27 , Isis peut piloter la barque solaire 28 , la barque des dieux, donner des ordres à la barque du souverain 29 , figurer à la proue d’une barque lors du conflit opposant Horus et Seth 30 , voire accompagner, en tant que sœur-épouse d’Osiris, le défunt dans son voyage dans le monde souterrain, et apparaître là encore, souvent en compagnie de sa sœur Nephthys, sur une barque 31 . Ainsi, les hymnes de son temple de Philae la célèbrent comme celle qui commande la barque des millions, qui gouverne la barque divine 32 , c’est-à-dire celle qui [en] tient le gouvernail, comme on peut le lire dans un texte de son sanctuaire d’Assouan 33 . Elle est d’ailleurs parfois figurée sur lesdites barques. Mais peut-on pour autant rapporter ces images à une quelconque domination 22 Sur cet aspect d’Amon repris par Khnoum, M.-Th. Derchain-Urtel, Schwangere im Ozean, p. 753-761 ; D. Müller, I am Isis, col. 127-128. 23 Esna 277, 23-24. 24 Esna 378, 20-21 (trad. S. Sauneron, Esna V, p. 168). Comparer encore avec Esna 326 B. 25 Voir les documents réunis par W. Spiegelberg, ZÄS 44 (1907), p. 99-101. 26 Voir les éléments réunis par J. G. Grifiths, Isis-Book, p. 34-38. 27 Ph. Derchain, Hathor quadrifrons, p. 22 et 36-37. Sur les rapports anciens unissant Hathor et Isis, on pourra consulter, entre autres, M. Münster, Untersuchungen zur Göttin Isis, p. 119-124 ; L. V. Žabkar, Temple Ritual, p. 130, n. 22 ; id., Theological Signifiance, Hymne I, p. 116-122 dédié à Isis-Hathor (= id., Hymns to Isis, Hymne I). 28 Là se trouve, pour J. Bergman, Ich bin Isis, p. 198-202, l’origine d’Isis marine, puisqu’il écrit (p. 202) Ihre Stellung als „Herrin der Schiffahrt“, Ισι̋ ε»πλοια (usw.), und als Nothelferin am Meer ergibt sich natürlich aus ihrer Funktion an der Spitze der Sonnenbarke. 29 L. V. Žabkar, Hymns to Isis, Hymne V.18, p. 58. Cette prérogative s’explique par le rôle protecteur assumé par Isis vis-à-vis d’Horus et du Roi de Haute et Basse Égypte. 30 Ainsi à Edfou IV 18, 11 = VI 59, 6-7, ou encore Edfou IV 212, 14 - 213, 1. Lors des fêtes célébrant la victoire d’Horus sur Seth, elle était représentée à la proue de la barque de combat, protégeant son fils tandis qu’il abattait ses ennemis. A. Gutbub, Nome tanitique, p. 62. 31 Voir les exemples cités par J. G. Grifiths, Isis-Book, p. 34-35 et 45. 32 L. V. Žabkar, Hymns to Isis, Hymne VII, 11-12, p. 107 et notes p. 179-180. 33 E. Bresciani, Assuan, p. 103. A  ’I, D   17 sur l’élément marin ? Sans doute pas 34 . Nombreuses sont les représentations de divinités sur des embarcations, ce qui s’explique par la réalité propre de l’Égypte qui, structurée autour d’un fleuve, ne peut que reproduire l’espace dans lequel son créateur se déplace. Pour ce faire, comme les Égyptiens, il emprunte, et Isis avec lui, et d’autres encore, des navires à l’image de ceux circulant sur le Nil. Tout aussi peu probantes sont les épithètes mettant a priori Isis en rapport avec la mer 35 . Ainsi, dans un papyrus démotique souvent cité 36 , Isis est dite t3 p3 jm, que l’on a pu interpréter comme Dame de la mer 37 , alors qu’il faut comprendre Isis (dame) du Fayoum 38 . En fait, il semble que si l’on veut absolument trouver en Égypte un lien entre Isis et l’élément marin antérieurement à l’arrivée des Grecs, on doit regarder dans d’autres directions. Identifiée à Sothis dès les Textes des Pyramides (Pyr. 632) 39 , elle avait pouvoir sur le Nil, qui lui-même était considéré comme une partie du Noun, l’océan primordial 40 . Maîtresse de l’inondation, la fertilité du pays était entre ses mains 41 . Elle est celle qui provoque l’inondation 42 , Sothis la grande qui amène l’inondation en son temps pour faire vivre les hommes 43 , Sothis qui tire l’inondation hors de sa caverne 44 ou encore celle qui, sous le nom de Sothis, fait déborder le Nil afin qu’il inonde les Deux-Pays 45 . Le même thème est développé dans les deux premiers hymnes d’Isidôros de Narmouthis et la litanie d’Oxyrhynchos 46 . À Dendera, les représentations d’Isis entourée de l’Isherou, dans le Per-Our et la crypte sud 1 47 , sont à mettre en relation avec la fête de la navigation, qui dure seize jours, du 19 Tybi au 4 Méchir 48 . Les rites accomplis à cette occasion ont 34 J. Bergman, Ich bin Isis, p. 198-200 et 202, a mis en avant ce rôle d’Isis à la proue de la barque de Rê, mais cette hypothèse a été critiquée justement par D. Müller, I am Isis, col. 128. 35 Isis, à l’instar de pharaon, porte parfois les épithètes de maîtresse de l’océan, régente et maîtresse du grand noir, disque solaire féminin maître de la mer circulaire (nbt šn-wr, nbt km-wr, ítnt nbt phr-wr). ¯ Voir S. Cauville, Le temple de Dendera, La Porte d’Isis, Le Caire 1999, 54, 4-5. Cette référence aux trois mers, que l’on retrouve dans la phraséologie royale (Kôm Ombo I, 93 et A. Gutbub, Kôm Ombo, 202), évoque des contrées lointaines sans réalité géographique. Comparer Cl. Traunecker, Coptos. Hommes et dieux sur le parvis de Geb (= Orientalia Lovaniensia Analecta, 43) Leuven 1992, p. 220. 36 W. Spiegelberg, CGC 31169, p. 277, col. 10, 9. 37 Selon D. Müller, Isis-Aretalogien, p. 66, suivi par F. Dunand, Culte d’Isis I, p. 95. 38 Comme le rectifie M. Malaise, Isis à Canope, p. 362. 39 G. Clerc, Isis-Sothis. 40 D. Müller, Isis-Aretalogien, p. 62. À l’époque romaine, Servius (Ad Aen. VIII, 696) expliquera encore que le sistre qu’elle tient dans sa main droite symbolise la crue puis le reflux du Nil. 41 J. Bergman, Isis auf der Sau, p. 104-105, et Chr. Desroches-Noblecourt, Quatre objets, p. 108-117, sur les rapports entre Isis, Sothis, le chien et la truie. 42 L. V. Žabkar, Hymns to Isis, Hymne IV, 2. 43 Opet 136 ; voir également Edfou I, 115. 44 Edfou VII, 115 ; Opet 24. À Assouan (117 F 16d), assimilée à Satis, elle joue ce même rôle, dans la mesure où elle est celle qui fait sortir l’inondation des deux cavernes. 45 Assuan 55, 5. 46 Hymnes d’Isidôros I, 11-13 et II, 17-20, ainsi que P. Oxy. XI, 1380, 125-126 : τäν καì τòν Νεîλον Çπì πâσαν χöραν Çπανáγουσαν. Elle est celle aussi qui fait déborder le Nil sur toute l’Égypte. 47 Dendera II 84, 16-17 (Per-Our) et V 147, 1 (crypte). 48 Sur cette fête, B. Gessler-Löhr, Die heiligen Seen, p. 401-424 ; S. Cauville, Chapelle de la barque, p. 161-167 ; R. Preys, Hathor, Maîtresse des Seize, p. 259-268. Le nombre de jours correspond au nombre de 18 I, D   pour but d’apaiser la déesse furieuse (i.e. Hathor) revenant de Nubie, et de célébrer le retour concomitant de l’inondation dont elle est la garante. Si le rôle d’Isis y est secondaire, la déesse est toutefois étroitement associée au déroulement de la fête que l’on sait avoir été célébrée également à Thèbes 49 , à Boubastis 50 et à Esna 51 . Rappelons qu’à l’instar d’Hathor, elle est aussi le beau vent du Nord 52 . Enfin, à la Basse Époque, Isis est identifiée à la Lune et, comme telle, représentée parcourant l’Océan Céleste sur sa barque. Sous cet aspect, comme Tanit, Astarté ou Aphrodite, elle exerce une influence sur les marées et son apparition se fait rassurante pour le marin naviguant entre le ciel et l’eau, lorsque la nuit se fait noire 53 . Les textes arétalogiques souligneront le lien établi entre ces divers éléments, présentant de façon synthétique la déesse comme la souveraine des rivières, des vents et de la mer 54 . 3. Isis, les Phéniciens et les Grecs À grand-peine, nous avons pu distinguer quelques liens ténus entre l’Isis égyptienne d’époque pharaonique et l’élément aquatique, qu’il soit fluvial et/ou maritime. Doit-on alors en conclure que ce rôle majeur de la déesse hellénisée et romanisée est un trait grec ? Cela semblerait logique et l’on songe aussitôt à l’Alexandrie des Ptolémées. C’est toutefois oublier un peu vite que les Égyptiens furent très tôt en contact avec certaines populations du Proche-Orient beaucoup moins rétives à l’idée de parcourir les mers, mais aussi que les Grecs sont présents en nombre en Égypte depuis au moins le e siècle. Les Égyptiens avaient installé à Byblos un comptoir commercial dès l’Ancien Empire. Ashérat, parèdre du dieu créateur El, fut identifiée à Hathor 55 , et cette dernière trouva naturellement sa place dans le sanctuaire d’Ashérat, où elle semble toutefois être demeurée une déesse étrangère 56 . Cependant, l’identification d’Hathor avec Isis à partir du Nouvel Empire assura la pérennité de son culte, même après le vases oferts à la déesse du Per-Nou (16). Il est donc probable, comme l’écrit R. Preys, Hathor à Dendera, p. 563-564, que l’on ofrait chaque jour un vase de sorte à atteindre la hauteur idéale de seize coudées à la fin des célébrations. 49 S. Sauneron, Porte ptolémaïque, p. 22-23 ; B. Gessler-Löhr, Die heiligen Seen, p. 416-419 ; A. Spalinger, Religious Calendar, p. 173. 50 B. Gessler-Löhr, Die heiligen Seen, p. 405-408. 51 S. Sauneron, Esna V, p. 17-18 ; B. Gessler-Löhr, Die heiligen Seen, p. 419-420. 52 Dendara VII 84, 4. M. Malaise, Isis à Canope, p. 362, n. 64. 53 F. Dunand, Culte d’Isis. I, p. 94. Sur les fonctions aquatiques des divinités lunaires, on verra M. Eliade, Traité, p. 146-147. 54 Voir infra p. 38-39. 55 C. Bonnet, Astarté, p. 20-22, et T. N. D. Mettinger, Riddle of Resurrection, p. 211, pour qui la maîtresse de Byblos est une manifestation d’Hathor. 56 R. Stadelmann, Syrisch-Palästinensische Gottheiten, p. 6-13 ; R. du Mesnil du Buisson, Études, p. 74 ; Y. Volokhine, Hathor, p. 216. A  ’I, D   19 départ des Égyptiens 57 , Isis succédant alors à Hathor dans le temple d’Ashérat 58 , qu’il faut probablement identifier à l’Isieion signalé par Plutarque 59 , temple au sein duquel était conservé un antique tronc creux qui constituait encore à son époque (le début du e siècle apr. J.-C.) un objet de vénération pour les habitants de Byblos. L’origine de ce bois est rapportée par l’écrivain de Chéronée dans la version qu’il donne du mythe osirien. Lorsque le corps d’Osiris, placé dans un cercueil, fut abandonné aux flots, ceux-ci l’emportèrent jusqu’aux environs de Byblos, en Phénicie, et le déposèrent au milieu d’un Çρεíκη, une essence d’arbre que P. Koemoth propose d’identifier à un tamaris 60 . En peu de temps, l’arbre se développa tellement que le cercueil disparut à l’intérieur du tronc. Un jour, le roi de Byblos, de passage, décida de couper le tronc recelant le cercueil pour en faire un pilier de soutènement de la toiture de son palais. Après maintes péripéties, Isis, parvenue à Byblos, finit par retrouver le cercueil, et le libéra du tronc qui l’enveloppait. Elle mit de côté les pièces de bois, les plaça dans un linge parfumé et les confia au roi qui les déposa dans le temple en question 61 . De nombreux savants se sont interrogés sur ce passage singulier et fort complexe 62 , qui ne trouve aucun écho dans les sources classiques qui nous ont été conservées 63 . Sans doute faut-il distinguer dans cet épisode deux histoires qui peuvent n’avoir aucun lien entre elles à l’origine. D’une part la présence d’Osiris à Byblos 64 , d’autre part la quête d’Isis 65 . Ce n’est pas le lieu de tenter de démêler cet écheveau, 57 R. du Mesnil du Buisson, Études, p. 96-97. Au I er millénaire av. J.-C., l’influence égyptienne sur la culture et l’art phéniciens s’intensifie sur la base de rapports commerciaux et militaires nouveaux. Les inscriptions phéniciennes témoignent de cette évolution et de la persistance des cultes égyptiens au Proche-Orient. Ainsi, Isis est présente dans l’onomastique phénicienne à Ur au e siècle av. J.-C., à Sidon et Amrit au e siècle, à Byblos aux e-e siècles, à Umm el-Awamid au e siècle ; S. Ribichini, Divinità egiziane, p. 7-14. 58 R. du Mesnil du Buisson, Études, p. 58-59. 59 De Iside et Osiride, 16. 60 P. Koemoth, Osiris et les arbres, p. 275-276. De Iside et Osiride, 15-16. 61 62 Sur cet épisode, R. du Mesnil du Buisson, Études, p. 98-99 ; J. G. Grifiths, De Iside, p. 319-324 ; B. Soyez, Byblos, p. 67-72 ; J. G. Grifiths, The Origins of Osiris and his Cult, Leiden 19802, p. 28-34 ; H. Beinlich, Osiris in Byblos?, Die Welt des Orients 14 (1983), p. 53-66 ; P. Koemoth, Osiris et les arbres, p. 275-279 ; Cl. Vandersleyen, Plutarque et Byblos, p. 97-112 ; P. Koemoth, Mythe hellénisé d’Osiris, p. 37-40. On trouvera toute la bibliographie antérieure chez ces auteurs. Merci à M. Malaise pour ses remarques sur ce passage et pour avoir attiré notre attention sur l’étude de P. Koemoth parue très récemment, lequel nous a fort aimablement communiqué le texte de celle-ci. 63 Et sans doute guère plus dans les sources égyptiennes. Rappelons cependant l’hypothèse de H. Brunner, Osiris in Byblos, texte repris dans Das hörende Herz, p. 230-235, pour qui le chapitre 125 du Livre des Morts, d’interprétation délicate, ferait en réalité allusion au voyage d’un myste dans la région de Byblos pour y chercher deux parties du cadavre d’Osiris. Mais comme il le reconnaît lui-même (p. 232 dans Das hörende Herz), on ignore la situation exacte au Nouvel Empire des pays des Fénékhou, même si, à une époque plus ancienne, le terme désignait la région de Byblos. En outre, H. Brunner ne précise pas si les deux parties du corps d’Osiris se trouvaient en cet endroit. Le texte égyptien dit simplement que le myste a vu la clameur dans les pays des Fénékhou. 64 Voir les hypothèses rappelées ou avancées par P. Koemoth, Osiris et les arbres, p. 278-279 et 298, et id., Mythe hellénisé d’Osiris, p. 37-38. Certains rapprochements entre le mythe d’Adonis et celui d’Osiris ont probablement facilité l’existence d’un culte osirien à Byblos. 65 Cl. Vandersleyen, Plutarque et Byblos, p. 97-112. Pour cet auteur, l’épisode en question a été mal compris, du fait d’un contresens, qui remonte peut-être à Plutarque lui-même ou à sa source, sur le mot 20 I, D   de discuter les hypothèses en présence ou bien d’en proposer une nouvelle. Ce qui est intéressant pour notre propos, c’est la relation établie entre les deux histoires. Désireux de justifier le culte de ce vieux tronc dans le temple d’Isis, Plutarque  ou plutôt sa source, sans doute un (des) lettré(s) ou un (des) savant(s) grec(s) d’Alexandrie 66  élabore un récit expliquant à la fois la présence d’Isis à Byblos et la raison d’être du tronc d’arbre 67 . Cette composition peut remonter à l’époque hellénistique. Il est d’ailleurs tentant de mettre en relation cette version du mythe osirien et l’apparition dans le monnayage de Byblos, lors du règne d’Antiochos IV (entre 175 et 164 av. J.-C.), du type de l’Isis à la voile 68 . La ville aura sans doute cherché  et réussi  à tirer avantage de ce rapprochement pour revendiquer elle aussi le prestige du mythe 69 , tout en mettant en avant l’image d’une Isis navigans 70 . L’équation giblite Ashérat-Hathor-Isis-Astarté 71 , antérieure à l’époque ptolémaïque, pourrait donc aussi, d’une certaine façon, avoir joué indirectement dans l’acceptation d’Isis en tant que déesse maritime, fonction attestée de longue date pour ces divinités du Levant auxquelles elle fut parfois identifiée 72 . βúβλο̋ qui désignerait la région des papyrus dans le Delta et non la ville phénicienne de Byblos, ce qui le conduit à rejeter l’épisode giblite du mythe, et à le relocaliser dans le Delta. 66 Ces lettrés ont emprunté également de nombreux éléments de leur récit à la légende de Déméter, qu’Hérodote (II, 41) identifie déjà à Isis au e siècle av. J.-C. Si cet épisode a pour fond le culte giblite d’Osiris combiné à la quête d’Isis dans les marais du Delta, l’interpretatio graeca transmise par Plutarque l’a présenté sous la forme d’un hiéros logos éleusinien. Voir J. Hani, Religion égyptienne, p. 62-79. Rappelons simplement, à titre d’exemples, les parallèles bien connus entre la quête d’Isis à la poursuite d’Osiris à Byblos et la quête de Déméter cherchant Coré à Éleusis (voir e.a. S. Herrmann, Isis in Byblos, p. 48-55 ; Cl. Vandersleyen, Plutarque et Byblos), ou encore l’épisode a priori contradictoire qui voit la déesse Isis servir pendant quelque temps de nourrice à la cour du roi de Byblos, calque parfait de celui évoquant Déméter au palais d’Éleusis (J. Honti, Déesses servantes, p. 163-165 ; I. Lévy, Légende d’Osiris et Isis, p. 147-162). 67 De Iside et Osiride, 13-17. 68 Voir infra p. 66. 69 Même remarque chez P. Koemoth, Mythe hellénisé d’Osiris, p. 39-40. 70 Comme le fit ensuite Sinope en utilisant abondamment l’image de Sarapis dans son monnayage à partir des Flaviens, lorsque le récit de l’origine sinopéenne du dieu se difusa. Voir sur ce sujet notre étude à paraître Le songe de Ptolémée, une histoire à succès. 71 L’assimilation d’Isis à Astarté est ancienne et remonte au moins au Nouvel Empire ; J. Leclant, Astarté, p. 3-4. Une statuette d’Isis, de Memphis, sur laquelle est gravée une dédicace en phénicien, adressée à Astarté, est datée du e siècle av. J.-C. (RES 535). Une stèle du e ou du er siècle av. J.-C., de Memphis encore, est dédiée à Isis-Astarté (KAI 48). La déesse phénicienne y avait d’ailleurs un temple ; J. Leclant, Astarté, p. 4 ; R. Stadelmann, Syrisch-Palästinensische Gottheiten, p. 96-110, et notamment p. 104-105. Voir aussi le premier hymne d’Isidôros, gravé sur les pilastres d’entrée du vestibule du sanctuaire principal de Medinet Madi (Narmouthis) dans le Fayoum, qui indique que les Syriens appellent Isis Astarté (I, 18 ; É. Bernand, Inscriptions métriques, no 175, p. 643 ; V. F. Vanderlip, Hymns of Isidorus, p. 28), une dédicace déposée en 130/129 av. J.-C. au Sarapieion C de Délos pour Isis-la Mère des dieux-Astarté par Dionysios, fils de Démoclès, de Sidon (CE 82 = ID 2101 = RICIS 202/0242), et une autre dédicace délienne de peu postérieure à 140 av. J.-C. s’adressant Ισιδι Σωτεíραι >Αστáρτει >Αφροδíτηι ε¹πλοíαι Çπ[ηκóωι] (CE 194 = ID 2132 = RICIS 202/0365). Sur cette équation divine, S. L. Budin, Aphrodite-Ashtart, p. 131. Sur l’iconographie d’Astarté-Aphrodite-Isis, A. Krug, Isis-Aphrodite-Astarte. Notons enfin que sur certaines monnaies de Byblos du e siècle apr. J.-C., Isis à la voile semble se parer de la couronne tourelée d’Astarté. 72 À ce sujet, M.-Fr. Baslez, Divinités marines, p. 300-302 ; E. Lipiński, Dieux et déesses, p. 72 et 131 ; C. Bonnet, Astarté, p. 36, 46 et 79 ; M. Giufrida, Aphrodite Euploia, p. 342 et n. 5. A  ’I, D   21 En Égypte, l’avènement de Psammétique Ier en 663 marque l’ouverture du pays au monde hellénique et le développement de comptoirs grecs dans la vallée du Nil (Éléphantine, Daphnae, Memphis, et bien entendu Naucratis). Les découvertes archéologiques de ces dernières décennies ont en efet montré qu’il y avait des Grecs à Naucratis bien avant Amasis, leur présence étant attestée dès 615-610 av. J.-C. par la découverte sur le site de céramiques corinthiennes et attiques de la fin du e siècle 73 . Nombre de ceux-ci étaient des commerçants dont les afaires, sinon la vie, étaient intimement liées à l’élément marin. C’est vers Aphrodite, semble-t-il, que se dirigeaient les actions de grâce motivées par le souci d’être protégés lors de leurs voyages 74 . Une anecdote de Polycharmos de Naucratis, qui écrivait au début de l’époque lagide, rapportée par Athénée 75 , raconte qu’à l’époque de la 23e olympiade 76 , un certain Hérostratos, commerçant de Naucratis, avait acheté une statuette d’Aphrodite à Paphos, sur l’île de Chypre. Sauvé d’un naufrage en mer lors de son voyage vers l’Égypte, il rendit grâce à la déesse en son temple de Naucratis dès son arrivée dans la cité, lui faisant l’ofrande de la statuette et de rameaux de myrtes verts 77 . Une inscription grecque fragmentaire, trouvée à Naucratis, semble indiquer qu’un certain Kaikos, au e siècle av. J.-C. (?) venu à Naucratis, y fit graver une dédicace à Aphrodite sur le bord d’un disque de calcaire retrouvé à proximité du téménos de la déesse 78 . Même s’il n’est pas possible d’afirmer qu’il est parvenu dans la cité par voie de mer et, a fortiori, qu’il s’agit d’une action de grâce semblable à celle d’Hérostratos, cette double hypothèse paraît des plus vraisemblables 79 . Il est de fait quasiment assuré qu’à Naucratis, Aphrodite, dont le téménos se trouvait à proximité du débarcadère situé sur la branche canopique du Nil, assumait entre autres les fonctions de protectrice de la navigation et des marins 80 . Il n’apparaît cependant pas qu’Isis y ait possédé un lieu de culte antérieurement à l’époque lagide. Ceci 73 Voir par exemple M. M. Austin, Greece and Egypt, p. 22-33 ; W. Helck, Beziehungen, p. 233 ; U. Höckmann et D. Kreikenbom (éds), Naukratis ; G. Vittmann, Ägypten und die Fremden, p. 212-223. 74 Sur les rapports entre culte, diplomatie et commerce à Naucratis, H. Bowden, Sanctuaries at Naucratis, p. 31-36. 75 Athénée, Deipnosophistes XV, 18, 675f-676c. 76 Cette date, qui correspond aux années 688-685 av. J.-C., est trop haute, l’Aphrodision, sans doute le plus ancien sanctuaire du site, n’ayant été édifié qu’à la fin du e siècle. W. D. E. Coulson et Al. Leonard Jr., Investigations at Naukratis, p. 372 ; A. Scholtz, Aphrodite Pandemos, p. 236. 77 A. Bernand, Alexandrie la Grande, p. 34-35 ; id., Delta II, p. 599-600 (texte et traduction) ; H. Cassimatis, Chypriotes chez les Pharaons, p. 33-38. 78 E. A. Gardner, Naukratis II, p. 66 n o 795 ; A. Bernand, Delta II, p. 744-745, n o 5. Sur l’Aphrodision, A. Möller, Naukratis, p. 102-104. 79 Comme l’écrit A. Scholtz, Aphrodite Pandemos, p. 239, While none of the surviving dedications explicitly cites Aphrodite in her otherwise well-attested role as protector of seafarers, we do know of one statuette that was offered by its dedicator “upon arrival in Naukratis”, and it is likely that that dedication, along with others [Gardner, Naukratis II, p. 63 no 717, peut-être du même Kaikos], will have been presented to the goddess in gratitude for, or hopes of, a safe and successful voyage [Gardner, Naukratis II, p. 65 nos 776-777 pour deux ex-voto à Aphrodite]. Citons encore l’exemple du Samien Rhoecus, qui visita Naucratis vers 575 av. J.-C. et y sculpta un autel pour le temple d’Aphrodite, rapporté par W. M. Davis, Egypt, Samos, p. 73. 80 Sur Aphrodite marine, E. Miranda, Euploia, p. 123-144, avec les remarques chronologiques de G. Pugliese Carratelli, Afrodite Euploia, p. 59 ; V. Pirenne-Delforge, Aphrodite, p. 433-437 ; et S. L. Budin, Origins of Aphrodite, avec toute la bibliographie antérieure. 22 I, D   étant, un certain nombre de personnes n’étaient pas sans savoir qu’un tel rôle était dévolu à Aphrodite, une déesse identifiée à Hathor/Isis en plusieurs endroits de la Méditerranée orientale. 4. Arsinoé, Aphrodite et Isis marines Le premier véritable document daté associant directement Isis à l’élément marin, tout en concernant les Ptolémées, provient de Nymphaion, en Crimée, à 17 kilomètres au sud-ouest de Kertch, l’ancienne Panticapée, capitale du royaume du Bosphore cimmérien. Une grande fresque polychrome peinte sur stuc, autrement dit un scrafito, découverte dans une chapelle d’Aphrodite située près du port, présente plusieurs dessins de navires et des inscriptions en relation avec la mer écrites en grec 81 . Sur l’un des navires apparaît le nom ΙΣΙΣ. L’identification de ce navire, la signification de ce nom, le sens à donner à cet ensemble pictural et sa datation ont suscité nombre d’interrogations et d’hypothèses qu’il n’est pas inutile de rappeler ici, tant ce document est important pour notre propos 82 . N. Grač, publiant très rapidement les résultats de sa fouille, identifie le navire à une trirème nommée Isis 83 , qu’elle suppose probablement d’origine égyptienne. La présence des noms Parisadès et Satyros, inscrits près du bateau, suggèrerait qu’il s’agit d’un navire ayant transporté une ambassade envoyée par Ptolémée II auprès du roi Parisadès II (qui régna entre 284/283 et 245 av. J.-C.), comparable à celle envoyée cette fois par Parisadès en Égypte en 254 av. J.-C. et mentionnée dans les archives de Zénon 84 . L. Basch, s’intéressant uniquement au navire, reconnaît plutôt en lui l’une des super-galères de Ptolémée II 85 . J. S. Morrison, dans son étude sur les navires de guerre, s’oppose aux précédents auteurs. Pour lui, le navire ne s’appelait pas Isis, les noms des navires n’étant pas écrits sur les coques, mais suggérés par les parasèmes figurés sur les proues 86 . 81 Cette découverte exceptionnelle, faite en 1982 par une expédition du Musée de l’Ermitage, a suscité une abondante littérature. Outre les nombreuses publications de la directrice des fouilles, N. L. Grač, Nimfee, p. 81-88 (SEG XXXIV [1984], 756) ; ead., Archeologija (Ukraine) 57 (1987), p. 81-94 (J. Leclant, G. Clerc, Orientalia 57 [1988], p. 402 ; Bull. 1990, 590 ; SEG XXXIX [1989], 701) ; ead., Fresko, p. 90-95, fig. 2, pl. 35-39 ; ead., dans le catalogue (édité par B. B. Piotrovskij) de l’exposition Tesori d’Eurasia, 2000 anni di storia in 70 anni di archeologia sovietica, Palais des Doges, Venise, Septembre 1987-Février 1988, p. 11-12, 125, 143, no 177, avec fig. ; ead., Bospora s Egiptom. Voir également les études de L. Basch, Isis, p. 129-151 ; O. Höckmann, Antike Seefahrt, p. 106-110 ; G. L. Semenov, Plojafesii, p. 222-227 ; J. S. Morrison, Warships, p. 207-214, no 13 ; Ju. G. Vinogradov, Staatsbesuch, p. 271-302 ; O. Höckmann, Graffiti, p. 303-356 ; et Y. G. Vinogradov, M. I. Zolotarev, Worship, p. 357-381. Pour une présentation de l’ensemble du sanctuaire, O. Yu. Sokolova, Hellenistic shrine. 82 W. M. Murray, Sgraffito, p. 250-252, et id., Fresco, p. 540-542. Je tiens à remercier le Professeur William Murray pour m’avoir fort aimablement transmis le texte manuscrit de sa communication de 1999 (= Fresco), ainsi que d’excellentes photographies de la fresque. 83 RICIS 115/0401. 84 N. Grač, Fresko, p. 90-94. L’ambassade est mentionnée dans le PLond VII, 1973 (= T. C. Skeat, Greek Papyri in the British Museum, vol. VII : The Zenon Archive, London 1974). 85 L. Basch, Isis, p. 148-149. 86 J. S. Morrison, Warships, p. 209. A  ’I, D   23 L’image d’un Dioscure, bien visible sur la fresque, donnerait le nom du bateau, qui ne serait pas égyptien mais appartiendrait à la flotte royale du Bosphore. Conçu selon des normes phéniciennes, son nom renverrait au port de Dioskourias où il aurait été construit 87 . O. Höckmann, décrivant et analysant la représentation de façon très détaillée, confirme la taille imposante du navire (58 m de long selon lui) 88 . Il souligne que le vaisseau est figuré au port et non en action, tout en remarquant que l’on ne doit pas accorder une trop grande confiance aux éléments techniques peints par l’artiste sans beaucoup de souci de réalisme 89 . Y. Vinogradov propose, quant à lui, une explication globale de la scène dont le navire Isis ne serait qu’un élément 90 . Cette fresque se rapporterait à la visite d’État ptolémaïque dirigée par le dioecète Apollonios au printemps 254, intimement liée à celle dont il est question dans les papyrus de Zénon. L’Isis, une super-galère, aurait été le navire amiral de la flotte de Ptolémée II envoyé en ambassade auprès du roi du Bosphore afin de conforter la situation dominante de la thalassocratie lagide 91 . Cette visite aurait fourni l’occasion d’introduire les cultes isiaques en Crimée, comme le montrerait une dédicace de Chersonèse 92 , sensiblement de même époque, qui semble confirmer l’accueil favorable réservé à la triade isiaque par les notables de la ville. Enfin, W. Murray, reprenant tout le dossier, estime que l’on a bien afaire à une trirème nommée Isis, voire consacrée à la déesse, mais que sa représentation est antérieure à la gravure du nom de Parisadès 93 . Il s’agirait certes d’un navire de guerre, mais aussi d’un navire sacré. C’est d’ailleurs davantage le symbolisme religieux de sa création picturale qui aurait intéressé l’artiste plutôt qu’un souci de véracité technique. Le navire aurait eu pour fonction de convoyer jusqu’en Crimée, mais aussi ailleurs, des images et des objets destinés à y introduire et à y célébrer le culte d’Isis. L’auteur identifierait volontiers sur la scène figurée des vases canopes et une oie, animal consacré à Isis 94 . La présence de cette représentation dans un sanctuaire d’Aphrodite s’expliquerait par le fait que les prêtres d’Aphrodite auraient perçu une certaine identité de caractère entre leur déesse et Isis, notamment en ce qui concerne leurs fonctions marines. On le voit, les propositions d’explications ne manquent pas, des plus simples aux plus ingénieuses. Pourtant, aucune n’est pleinement satisfaisante, soit trop lacunaire, soit trop fragile, sinon erronée. Tentons dans un premier temps de dissocier le certain du probable, puis le probable du possible. 87 Ibid., p. 214. 88 O. Höckmann, Graffiti, p. 321. 89 Ibid., p. 305. 90 Ju. Vinogradov, Staatsbesuch, p. 271-302. 91 Ibid., p. 293 et 299-300. 92 Voir l’editio princeps de la dédicace et son commentaire par Y. G. Vinogradov, M. I. Zolotarev, Worship, p. 358-364, ainsi que RICIS 115/0302. 93 94 W. Murray, Fresco, p. 543. Ibid., p. 549-550. Cette oie pourrait être liée à l’Amon thébain susceptible de revêtir cette forme animale. 24 I, D   Fig. 2. Fresque de Nymphaion. Détail. La fresque en question couvre une surface de 15 m2, dont le navire qui nous intéresse ici n’occupe qu’une faible partie (fig. 2). Elle se trouve dans un petit sanctuaire consacré à Aphrodite, près du port de la ville de Nymphaion dans le Bosphore cimmérien. S’y côtoient plusieurs représentations de navires et un certain nombre de grafites. Sur le flanc visible de la proue apparaît l’image d’un Dioscure tenant un cheval. Un peu plus haut, toujours sur la proue, est inscrit le nom Isis, en belles lettres à apices. Voilà pour le certain. La présence des noms de Parisadès et d’un certain Satyros, sans doute un frère du roi jusqu’alors inconnu, invite à dater cet ensemble du règne du premier nommé. Sans doute, avec W. Murray, peut-on considérer que la fresque est antérieure à la gravure du nom du souverain 95 . Mais cette antériorité peut être d’un jour, d’un mois ou de plusieurs années. Voici pour le probable. Venons-en au possible. Premier point, le navire lui-même. Les spécialistes de la marine antique proposent pour ce navire une taille qui varie assez considérablement, de la trirème à la super-galère. Nous sommes incompétent pour trancher le débat sur un plan technique. La dificulté à identifier le type du navire tient semble-t-il au manque de rigueur de l’artiste dans le rendu qu’il a proposé pour cette nef, dont on ne sait s’il l’a jamais vue. Peut-être n’était-ce pas d’ailleurs ce qui l’intéressait au premier chef, comme le suggèrent O. Höckmann et W. Murray 96 . Deuxième point, son nom. 95 Ibid., p. 544. 96 O. Höckmann, Graffiti, p. 305 ; W. Murray, Fresco, p. 548. A  ’I, D   25 Hormis pour J. Morrison, le bateau d’Isis semble faire l’unanimité. Mais alors, que vient faire l’image du Dioscure sur le flanc droit de la proue ? Un navire peut-il être orné d’un parasème et porter un nom distinct de celui-ci ? En fait, trois possibilités s’ofrent à nous. Soit le nom Isis et le parasème sont tous deux d’origine. Soit le navire porte originellement le nom Isis, et l’ajout de l’image d’un (ou des) Dioscure(s) est postérieur. Soit le parasème est d’origine, et c’est le nom Isis qui est une addition plus tardive. Un élément graphique, certes non décisif, pourrait permettre d’aller dans le sens de cette dernière hypothèse. En efet, le iota initial du nom ISIS déborde un peu sur la partie supérieure du scrafitto. Quoi qu’il en soit, ce qui nous intéresse, c’est l’association, sur un même navire, du nom d’Isis et de l’image d’un Dioscure au milieu du e siècle av. J.-C. 97 Mais comment l’expliquer ? Sans réponse à cette question, il paraît ensuite bien hypothétique de vouloir reconstruire l’introduction des cultes isiaques en Crimée à partir de cette seule fresque et d’une inscription de Chersonèse, à plus de 200 kilomètres de là. Nous ne suivrons donc pas Y. Vinogradov dans son ingénieuse, mais indémontrable hypothèse. C’est en nous déplaçant vers Alexandrie que nous pensons pouvoir trouver la réponse à cette situation complexe. Lorsque Ptolémée Philadelphe épouse sa sœur, la veuve de Lysimaque et de Ptolémée Kéraunos, la puissance lagide est réelle, mais non pas dominante sur la scène internationale. Comme l’a très bien souligné H. Hauben 98 , c’est durant ces quelques années (279/274-270 av. J.-C.) que se mettent en place des changements profonds dans les rapports inter-étatiques de la Méditerranée orientale, dont certains furent appelés à durer fort longtemps. L’apogée de la thalassocratie lagide en est peut-être l’élément le plus marquant. Le rôle d’Arsinoé II auprès de son frère-époux est resté longtemps sujet de débat. Certains la considèrent comme la véritable maîtresse du royaume durant son séjour alexandrin 99 , tandis que d’autres ont pensé devoir minimiser son rôle 100 . Les diverses études de J. Quaegebeur sur la reine ont depuis tranché la question 101 . Arsinoé II, nsw-bítj, reine des Deux-Pays, fut 97 Car, malgré le P. Oxy. 1380, 235 qui s’adresse à Isis en ces termes : σ[ù] ∆ιοσκοú[ρου̋ σ]ω[τæ]ρ[α̋] Çποíησα̋; tu as fait des Dioscures des sauveurs, la déesse est, contrairement à Sarapis, très rarement associée aux Castores. Citons toutefois une dédicace de Délos (CE 110 = ID 2123 = RICIS 202/0273) de 118/117 av. J.-C. : Πóπλιο̋ [καì - - -] Τουτöρ[ιο̋ - - -] ¸πèρ [Æαυ]τ÷ν κα[ì] τ÷[ν ±δ]íων, Σαρáπ[ιδι], Ισιδι, >Ανοúβιδι, <Αρπ[ο]χρáτει, ∆ιοσκοúροι̋, Çπì °ερéω̋ Στασéου τοû Φιλοκλéου̋ Κολωνæθεν. Poplios [et ...] Toutôrios [...], pour eux-mêmes et pour les leurs, à Sarapis, à Isis, à Anubis, à Harpocrate (et) aux Dioscures, lors de la prêtrise de Staséas, fils de Philoklès, (du dème) de Colone. Or c’est la tétrade isiaque qui leur est ici associée, et non la déesse seule. Selon plusieurs auteurs, elle figurerait seule entre les Dioscures sur une monnaie alexandrine du règne de Trajan (BMC p. 54.451). Mais voir infra p. 83 n. 131. Sur l’association entre une Isis supposée assimilée à Hélène et les Dioscures, F. Chapouthier, Dioscures, p. 248-249 ; K. Schefold, Vergessenes Pompeji, p. 176. 98 H. Hauben, Arsinoé II, p. 99-127. 99 Ainsi G. Longega, Arsinoe II, ou H. Hauben, Arsinoé II. 100 101 E. Will, Histoire politique, p. 149-150 et 221-222 ; S. M. Burstein, Arsinoe II, p. 197-212. J. Quaegebeur, Ptolémée II, p. 191-217 ; Cult of Arsinoe, p. 239-270 ; Reines ptolémaïques, p. 245-262 ; Trois statues, p. 109-127 ; Documents égyptiens, p. 73-108. Voir également S. Albersmeyer, M. Minas, Weihrelief. 26 I, D   souveraine à part entière 102 , parée d’une couronne propre, comme le fut plus tard Cléopâtre VII 103 . Si la divinisation d’Arsinoé de son vivant n’est pas encore démontrée, malgré les fortes présomptions qui émergent de la documentation égyptienne 104 , qu’en est-il de son identification à Aphrodite ? Plusieurs épigrammes de Posidippe 105 nous apprennent qu’un sanctuaire fut édifié pour Arsinoé Cypris qu’on invoquera comme Aphrodite du Zéphyrion sur l’ordre du célèbre amiral Callicratès de Samos, à l’extrémité du cap Zéphyrion, près de Canope 106 . La construction de ce sanctuaire correspond-elle à la fondation du culte d’Arsinoé-Aphrodite 107 ? C’est probable, mais non certain. Les épigrammes, une dédicace, un papyrus, attribuent plusieurs épithètes 102 Sur ce titre, J. Quaegebeur, Ptolémée II, p. 204-206 ; id., Reine, «roi» et déesse, p. 76 et n. 13. 103 H. Hauben, Arsinoé II, p. 109-110. Sur cette couronne, P. Dils, Couronne. 104 La date de son décès a fait couler beaucoup d’encre. Traditionnellement, celle-ci est fixée en juillet 270, mais R. Hazzard, Regnal Years ; id., Ptolemaic Propaganda, p. 31, et E. Grzybek, Chronologie, p. 103-112, ont proposé de la placer le 1er ou 2 juillet 268 (1er Lôios). Voir sur ce point les remarques critiques de L. Criscuolo dans son compte rendu de l’ouvrage de Grzybek dans Aegyptus 71 (1991), p. 286-288 ; H. Hauben, Chronologie ; M. Minas, Pithom-Stele, p. 207-209 ; et surtout d’H. Cadell, Arsinoë II, p. 1-3. S’appuyant sur un papyrus inédit de la Sorbonne (P. Sorb. inv. 2440), cette dernière confirme la date de juillet 270. Daté du mois d’Audnaios de l’an 18 (268/267), le papyrus donne le nom d’une canéphore, Bérénice fille d’Andromachos, jusqu’à présent inconnue, ce qui fait donc remonter d’un an l’instauration de ce sacerdoce, au début de l’année de règne macédonienne, à la fin du mois de Dystros. 105 Deux sont connues depuis longtemps : la première (Posidippe 12 G.-P.) est conservée par le papyrus Didot et la seconde (Posidippe 13 G.-P.) par Athénée de Naucratis VII, 318 d ; A. S. F. Gow-D. L. Page, The Greek Anthology. Hellenistic Epigrams, Cambridge 1965, I p. 169-170 et II p. 491 (abrégé en G.-P.) ; D. Obbink, Posidippus, p. 16-28. Au moins une autre a été révélée par le P. Mil. Vogl. VIII, 309 ; G. Bastianini, C. Gallazzi et C. Austin, Posidippo di Pella Epigrammi, 2001, pour l’editio princeps (abrégée en B.-G.) ; C. Austin, et G. Bastianini, Posidippi Pellaei quae supersunt omnia, 2002, pour l’editio minor (abrégée en A.-B.). Il s’agit de 39 A.-B., voire de 36 A.-B. et de 37 A.-B. Sur celles-ci, voir plus particulièrement P. Bing, Posidippus, p. 243-266. Sur l’épigramme 36 A.-B., W. Luppe, Poseidipps, p. 21-24 ; id., Weihung, p. 7-12 ; et Fr. Angiò, Posidippo, p. 15-17. Sur l’épigramme 37 A.-B., voir infra n. 109. 106 Sur ce sanctuaire et le culte qui y était célébré, voir la Boucle de Bérénice (Callimaque, Aetia IV, Fr. 110 = Catulle LXVI, 54-58), avec le commentaire de G. Nachtergael, Offrande ; Strabon XVII 800 ; et Steph. Byz., s. v. Ζεφúριον. Voir également les commentaires de H. Hauben, Callicrates, p. 42-46 et 66-67, avec la bibliographie antérieure, dont L. Robert, Décret d’Ilion, p. 175-211 ; on ajoutera P. M. Fraser, Ptolemaic Alexandria, I p. 239-240 et II p. 388-390 ; K. Abel, s. v. Zephyritis, PWRE X A (1972), col. 230-234 ; F. T. Grifiths, Theocritus, p. 64 ; K. Gutzwiller, Lock of Berenice ; L. Koenen, Ptolemaic King ; M. Malaise, Isis à Canope, p. 356-357 ; B. Virgilio, Lancia, diadema e porpora, Pisa-Roma 1999, p. 95 ; L. Rossi, Chioma di Berenice ; et E. Lelli, Arsinoe II. Pour P. M. Fraser, Ptolemaic Alexandria I, p. 667-668, le premier hymne conservé par le P. Lit. Goodsp. 2 (voir infra p. 30 n. 132) a pu être composé pour l’inauguration du sanctuaire. 107 Comme le laisse entendre H. Hauben, Arsinoé II, p. 111. A  ’I, D   27 à la souveraine (Ε»πλοια 108 , Ζεφυρîτι̋ 109 , Φιλοζéφυρο̋ 110 , Κúπρι̋ 111 , >Ακραîα 112 et >Ακταíα 113 ), mais on ne sait sous quelle(s) épiclèse(s) le culte lui était rendu dans ce temple, même si celle de Zéphyritis apparaît la plus vraisemblable. Quant à l’identification d’Arsinoé à Aphrodite, suggérée par l’épigramme 12 de Posidippe, elle est confirmée par Strabon qui parle à propos de ce sanctuaire d’un naïskos d’ArsinoéAphrodite 114 , et par la dédicace déjà évoquée à Aphrodite Akraia Arsinoé 115 . Ceci étant, rien ne permet de considérer que cette fondation fut faite du vivant de la reine. Pour L. Robert, c’est par son assimilation à Aphrodite Euploia qu’Arsinoé II devint elle-même une protectrice des flottes et de l’empire maritime des Lagides 116 . Pour H. Hauben, l’aspect religieux des rapports supposés d’Arsinoé avec la mer ne doit pas faire oublier la dimension proprement politique, militaire et économique du problème. Pour M. Malaise, il faudrait peut-être se demander si du moins en terre égyptienne, Arsinoé ne se voit pas aussi reconnaître les prérogatives d’Isis Euploia 108 Posidippe 39 A.-B. : Καì µéλλων ‚λα νηì περâν καì πεîσµα καθáπτειν j χερσóθεν, Ε¹πλοíαι χαîρε δò̋ >Αρσινóηι, j πóτνιαν Çκ νηοû καλéων θεóν, Ðν à Βοíσκου j ναυαρχ÷ν Σáµιο̋ θåκατο Καλλικρáτη̋, j ναυτíλε, σοì τà µáλιστα; κατ’ ε¹πλοíαν δè διöκει j τæσδε θεοû χρåιζων πολλà καì ƒλλο̋ νåρ; j ε»νεκα καì χερσαîα καì ε±̋ ‚λα δîαν φιεí̋ j ε¹χà̋ ε¹ρåσει̋ τäν Çπακουσοµéην. Que tu te prépares à traverser la mer par bateau ou que tu attaches les amarres depuis le rivage, adresse un “salut” à Arsinoé Euploia et invoque la déesse-reine depuis son temple que le fils de Boiscos, le navarque Callicratès le Samien a dédié spécialement pour toi, marin ! Pour connaître une navigation heureuse, souvent on fait appel à cette déesse. Donc, que tu sois sur la terre ferme ou appareillant, tu la trouveras attentive à tes prières. 109 Posidippe 12 G.-P. et Callimaque 14 G.-P., épigramme conservée par Athénée VII, 318 b-c, qui rappelle l’ofrande d’un nautile à Arsinoé Zéphyritis par une certaine Selenaia de Smyrne ; sur ce texte, L. Robert, Hellenica XI-XII, Paris 1960, p. 153-155, et K. Gutzwiller, Nautilus. On rapprochera désormais de ce texte l’épigramme 37 A.-B. de Posidippe, lacunaire, mais qui rapporte la dédicace à Arsinoé Philadelphe par le gardien de son temple (ναοπóλο̋) d’une lyre déposée sur le rivage par un dauphin. Sans doute le temple en question est-il celui du cap Zéphyrion, comme le suggère P. Bing, Posidippus, p. 261-264. Sur cette épigramme, Fr. Angiò, Epigramma. Sur les fonctions attribuées à Arsinoé dans ce corpus poétique, S. Stephens, For you, Arsinoe. 110 Hédylos 4 G.-P. = Athénée XI, 497d. L’épigramme évoque l’ofrande à Arsinoé Φιλοζéφυρο̋ d’un rhyton ayant la forme du dieu Bès, conçu et dédié par l’ingénieur Ctésibios. 111 Posidippe 12-13 G.-P. L’épithète est attribuée communément à Aphrodite Chypriote, dès l’Iliade 5, 330, etc. 112 SB 7785 = SEG VIII (1937), 361 : dédicace à Aphrodite Akraia Arsinoé ; P. M. Fraser, Ptolemaic Alexandria I, p. 240. 113 P. Enteux, 26 ; il y est fait mention d’un temple d’Arsinoé Aktia, situé non loin d’Alexandrie. Le point sur la question est fait par M. Malaise, Isis à Canope, p. 356 n. 22, pour qui ce temple fut sans doute construit après la mort d’Arsinoé II. Pour nombre d’auteurs, les sources égyptiennes et grecques s’accordent pour montrer que le culte d’Arsinoé II fut institué seulement après sa mort. Tel est le cas de S. Sauneron, Arsinoé II, p. 91-97 ; G. Longega, Arsinoe II, p. 109-122 ; H. Hauben, Callicrates, p. 41-42 ; J. Quaegebeur, Cult of Arsinoe, p. 242-243 et id., Reines ptolémaïques, p. 249 ; D. Burr Thompson, Ptolemaic Oinochoai, p. 74, 121 et n. 5. Pour P. M. Fraser, Ptolemaic Alexandria I, p. 238-239, certaines identifications d’Arsinoé à des divinités se seraient efectuées du vivant de la reine, et notamment celle à Aphrodite Zéphyritis, car les deux épigrammes de Posidippe confèrent à Arsinoé le titre de basilissa, lequel serait réservé aux reines en vie. Dans la mesure où il s’agit de poèmes et non de dédicaces, l’argument ne peut être retenu ; voir H. Hauben, Callicrates, p. 45, n. 2. De plus, le terme basilissa pouvait encore être utilisé immédiatement après la mort d’une souveraine, comme le rappelle D. Burr Thompson, Ptolemaic Oinochoai, p. 56. 114 Strabon XVII 800. 115 SB 7785. Sur Aphrodite >Ακραîα, E. Miranda, Euploia, p. 130-131, avec la bibliographie antérieure. 116 Hellenica 1960, p. 154 n. 2 ; id., Décret d’Ilion, p. 200-201 et n. 155. 28 I, D   ou Pelagia 117 . Il semble bien en tout cas qu’Arsinoé fut la créatrice d’une navarchie générale, permanente, confiée à son protégé Callicratès de Samos, et que la politique thalassocratique de la cour d’Alexandrie ait été de son ressort, avec Callicratès pour exécuteur 118 . La multiplication des fondations de cités maritimes à son nom parmi lesquelles Arsinoe Lyktou et Arsinoe Rhithymna en Crète 119 , Arsinoe Patara en Lycie 120 , ou encore les Asinoe de Cilicie 121 , de Pamphylie 122 et d’Argolide 123 , la difusion de son culte dans les villes, des ports dans leur écrasante majorité 124 , où la flotte alexandrine avait une forte influence sinon des bases, sont vraisemblablement liées à cette situation. Rien que dans le monde égéen, Lesbos, Paros, Ios, Théra, Amorgos, Délos, Érétrie, Milet 125 , sans oublier Chypre 126 , ont livré jusqu’à présent des dédicaces à Arsinoé Philadelphe qui émanent pour la plupart de la sphère privée 127 . Strabon 128 rapporte d’ailleurs que la reine était à Chypre l’éponyme de trois villes portuaires, dont une située près du Cap Zéphyria, entre Paphos et Palaiapaphos, le 117 M. Malaise, Isis à Canope, p. 358. G. Longega, Arsinoe II, p. 106-108 ; H. Hauben, Callicrates, p. 64-67 ; id., Arsinoé II, p. 113-114 ; E. Miranda, Euploia, p. 139-141. 119 Ces fondations peuvent être attribuées soit à Ptolémée Philadelphe soit, moins probablement, à Ptolémée Philopator. G. M. Cohen, The Hellenistic Settlements in Europe, the Islands, and Asia Minor, Berkeley – Los Angeles – Oxford 1995, p. 132-134 et 139-140 respectivement. 120 Ce port fut restauré par Ptolémée Philadelphe (Diodore XX, 93, 3). G. M. Cohen, Hellenistic Settlements, p. 329-330. 121 Ce port fut fondé entre 279 et 253 av. J.-C. par Aetos, fils d’Apollonios, stratège de Cilicie. G. M. Cohen, Hellenistic Settlements, p. 363-364. Arsinoé Philadelphe y possédait un lieu de culte propre, distinct de celui d’Aphrodite. E. Kirsten, I. Opelt, Eine Urkunde der Gründung von Arsinoe in Kilikien, ZPE 77 (1989), p. 55-66. 122 Arsinoé fut fondée probablement par Ptolémée Philadelphe, quand la région passa sous contrôle lagide, après 278 av. J.-C. G. M. Cohen, Hellenistic Settlements, p. 335-337. 123 La cité fut vraisemblablement fondée par Patroklos, amiral de la flotte lagide, vers 268 av. J.-C. G. M. Cohen, Hellenistic Settlements, p. 124-126. 124 L. Robert, Hellenica 1960, p. 156-157. 125 IG XII, 2, 513 (Lesbos, Méthymna) ; IG XII, 5, 264-266 (Paros) ; IG XII, 5, 16 (Ios) ; IG XII, 3, 462 et 1386, XII Suppl. 156 (Théra) ; IG XII, 7, 99 (Amorgos, Arkésiné) ; IG XII, 7, 263-264 et L. Marangou, Amorgos, p. 376 et fig. 5 (Amorgos, Minoa) ; IG XI, 4, 1303 (Délos) ; SEG XL (1990), 783 (Érétrie) ; I. Milet I, 7 nos 288-289 (Milet). 126 On a recensé jusqu’à présent plus de vingt autels pour le culte domestique d’Arsinoé Philadelphe à Chypre ; J. Młynarczyk, Nea Paphos. III, p. 115-120 ; I. Nicolaou, Inscriptiones, p. 226-228 ; et A. Anastassiades, >Αρσινóη̋ Φιλαδéλφου, p. 129-140. Bon nombre de ces dédicaces chypriotes furent retrouvées à Soli, Amathonte et surtout Palaiapaphos, tous lieux de culte renommés d’Aphrodite (A. Anastassiades, nos 5-9 [Palaiapaphos], 15-17 [Soli] et 18-20 [Amathonte]). 127 Sur les inscriptions concernant le culte d’Arsinoé II dans les cités grecques, M. Segre, Culto di Arsinoe Filadelfo ; T. B. Mitford, Epigraphy of Cyprus, p. 31 ; P. M. Fraser, Two Studies, p. 24. Ces dédicaces, souvent gravées sur de petites plaques destinées à être encastrées dans des petits autels particuliers, ont été étudiées par L. Robert, Décret d’Ilion, p. 202-210 ; voir également P. Brun, Lagides à Lesbos, p. 101-102. Pour un décret de Cos instituant le culte d’Arsinoé avec dédicace d’un téménos, M. Segre, Iscrizioni di Cos, ED 61 et 189. On notera toutefois qu’une dédicace >Αρσινóη̋ Φιλαδéλφου provient très probablement du sanctuaire isiaque de Théra (IG XII 3, 462 = RICIS 202/1201) ; sur ce sanctuaire, Chr. Witschel, Thera, p. 17-23 et 34-37, avec la bibliographie antérieure. Une pierre portant un texte identique fut retrouvée à Minoa, sur l’île d’Amorgos, sur le site de ce qui semble être le Sarapieion de la cité. Parmi les documents recueillis, on remarque un fragment d’inscription portant le nom de Callicratès ; L. Marangou, PAE (1989), p. 285-286 n. 74 et fig. 202b, et ead., Amorgos, p. 376. 128 Strabon XIV, 6, 3. 118 A  ’I, D   29 long de la route processionnelle empruntée par les pèlerins se rendant au sanctuaire d’Aphrodite. Il est tentant d’attribuer le sanctuaire mentionné par l’écrivain au culte d’Arsinoé-Aphrodite Euploia 129 . Rappelons enfin que la base d’une statue de l’amiral Callicratès fut retrouvée dans le sanctuaire de Palaiapaphos 130 . Il n’est alors sans doute pas téméraire de supposer que cette domination politique sur la flotte militaire ptolémaïque se soit bientôt étendue à tous les types de navires, à tous les marins et à la navigation dans tous ses aspects 131 . Fig. 3. Bérénice II. Mosaïque de Thmouis. 129 Considérant la similitude des noms des deux caps chypriote et égyptien, J. Młynarczyk (Nea Paphos. III, p. 118) va jusqu’à suggérer que le sanctuaire chypriote d’Arsinoé aurait inspiré à Callicratès, familier des lieux, la fondation du temple égyptien sur le Cap Zéphyrion. 130 T. B. Mitford, Old Paphos, p. 9, n o 18. Deux autres inscriptions découvertes à Kourion concernent aussi Callicratès (T. B. Mitford, Inscriptions of Kourion, p. 87-89, no 40 et p. 117-118, no 58). Pour J. Młynarczyk (Nea Paphos. III, p. 147, n. 253), Callicratès pourrait être l’introducteur des cultes isiaques à Paphos. Plus largement, on peut assez sérieusement envisager que le navarque eut un rôle à jouer dans la difusion du culte d’Isis à Chypre ; voir supra n. 126. 131 Le seul site égyptien où l’on ait retrouvé une des plaques dédiées à Arsinoé est Athribis, qui, dès le Moyen Empire, est un point de départ des expéditions maritimes ; G. Scandone Matthiae, Da Athribis a Biblo, dans P. Xella (éd.), Studi epigrafici e linguistici sul Vicino Oriente antico 7 (1990), p. 39-42. C’est aussi d’Athribis que provient l’une des trois seules lampes de terre cuite au motif d’Isis à la voile. Voir infra p. 52 et fig. 8. Ce fut peut-être également le cas pour Bérénice II, si nous interprétons en ce sens deux motifs identiques ornant des mosaïques découvertes à Thmouis, dans le Delta, et conservées au Musée gréco-romain d’Alexandrie (fig. 3). Au centre d’un panneau, la reine, vêtue d’une tunique pourpre et d’une cuirasse en métal, est coifée d’une proue de navire, sur un fond en faïence bleu clair évoquant l’air marin où flotte un ruban attaché à la vergue d’un mât tenu par la souveraine. Selon A.-M. Guimier-Sorbets, Les mosaïques, dans La gloire d’Alexandrie, catalogue de l’exposition du Musée du Petit-Palais, 7 mai – 26 juillet 1998, Paris 1998, p. 227-229 et fig. 3-4 p. 228, ces deux mosaïques, dont une, signée Sophilos, date des environs de 200 av. J.-C., doivent dériver d’un même original peint, appartenant à l’imagerie oficielle de la dynastie. 30 I, D   Tout naturellement, dans le processus de divinisation de la souveraine qui s’est enclenché après sa disparition, sinon avant, son assimilation à Aphrodite Euploia apparut évidente 132 . C’est sans doute dans ce contexte qu’il faut situer la construction du sanctuaire d’Arsinoé-Aphrodite qui procure une heureuse navigation et [fait] régner au milieu de la tempête, au large, une mer d’huile pour ceux qui l’imploreront 133 , selon les termes de l’épigramme 13 de Posidippe 134 , tandis que l’épigramme 39 attribue explicitement l’épiclèse Euploia à l’épouse de Ptolémée II 135 . Dans le même temps, peut-être par un efet plus ou moins direct de son mariage avec son propre frère, Arsinoé est identifiée à Isis, comme l’attestent plusieurs documents égyptiens 136 . Sur la stèle de Pithom, qui date de 264 av. J.-C. ou peu après, sur laquelle elle est figurée en Isis, la reine défunte est nommée image d’Isis et d’Hathor 137 . Callicratès, encore lui, fait édifier à Canope un temple d’Isis et 132 Il est fort probable que Callicratès joua un rôle majeur dans l’institution de ce culte  il en fut le premier prêtre éponyme en 269/268 av. J.-C. , et dans sa difusion, à Chypre comme ailleurs. Voir H. Hauben, Callicrates, p. 41-42. Un hymne grec conservé par le P. Lit. Goodsp. 2, I-IV et provenant d’Hermoupolis s’adresse à Aphrodite, image divine d’une reine Arsinoé qui doit très probablement être Arsinoé Philadelphe. Sur cet hymne, S. Barbantani, Goddess of love and mistress of the sea. Notes on a Hellenistic Hymn to Arsinoe-Aphrodite (P. Lit. Goodsp. 2, I-IV), Ancient Society 35 (2005), p. 135-165, étude qui nous a été aimablement signalée par V. Pirenne et transmise par R. Veymiers. Dans ce texte compilé au e siècle de notre ère, le portrait d’Aphrodite(-Arsinoé) maîtresse de l’amour et de la mer correspond à la propagande royale ptolémaïque du e siècle av. J.-C. S. Barbantani émet l’hypothèse que l’hymne a pu être conçu dans le cadre d’un culte chypriote de la souveraine défunte (p. 152-159). 133 La traduction est empruntée à A. Bernand, Delta I, p. 173. 134 M. Malaise évoque dans son étude sur Isis à Canope, p. 356-357, n. 23, une triade en granit noir figurant Amon placé entre Ptolémée II et Arsinoé II, retrouvée à Alexandrie, et dédiée par Ptolémée II en l’honneur de son épouse divinisée. Selon son éditeur S. Sauneron, Arsinoé II, p. 108, elle proviendrait de Canope, voire, comme le propose M. Malaise, d’Héracleion, non loin de Canope, un site qui abritait un culte d’Amon-grb ; sur celui-ci, M. Malaise, J. Winand, Amon-grb. Comme l’écrit encore M. Malaise, il y a entre Arsinoé et Amon une communauté cultuelle que traduit le titre fréquent qui fait d’Arsinoé la “fille d’Amon”, même sur des sites où Amon ne vient rien faire ; S. Sauneron, Arsinoé II, p. 103-104 ; J. Quaegebeur, Ptolémée II, p. 207-208. Le même savant dans son Cult of Arsinoe, p. 243 et n. 19, avait noté que le P. grec Yale 46 attestait aussi un culte conjoint d’Amon et d’Arsinoé et envisageait que cette filiation amonienne serait inspirée de la titulature des divines épouses d’Amon. On peut songer également que c’est leur commune domination sur les éléments marins qui leur valut d’être ainsi rapprochés sur tous ces documents ; pour d’autres explications, L. V. Žabkar, Hymns to Isis, p. 177, n. 100. 135 Il est en outre fort probable qu’Arsinoé protectrice des naufragés maritimes l’ait été également, à l’instar d’Aphrodite, par une métaphore aisée, des naufragés de l’amour, comme le laissent entendre certaines épigrammes. Sur ce sujet, W. Lapini, Posidippo, Ep. 110, p. 45-48, avec la bibliographie. 136 Une inscription hiéroglyphique des carrières de Ma’sara nomme la reine Isis-Arsinoé Philadelphe ; J. Quaegebeur, Cult of Arsinoe, p. 212 no 20 ; id., Reines ptolémaïques, p. 251 (ill.) ; M. Malaise, Isis à Canope, p. 359 ; J. Quaegebeur, Documents égyptiens, p. 95 no 44. C’est également le cas sur un naos conservé au Louvre (no C 123) et provenant de Saïs (266/265 av. J.-C.) : J. Quaegebeur, Cult of Arsinoe, p. 212 no 19 ; id., Documents égyptiens, p. 94 no 41. Le texte de ce document a pu être complété par Chr. Thiers, Prêtres de Saïs ; cf., id., Jardins de Salluste. Une stèle conservée au British Museum (no 379) mentionne un prophète d’Arsinoé la déesse Philadelphe, Isis, mère d’Apis : J. Quaegebeur, Cult of Arsinoe, p. 246-248 no 1 ; id., Documents égyptiens, p. 97 no 52. Voir également les documents réunis par D. B. Thompson, Ptolemaic Oinochoai, p. 57-59, p. 165-167, pl. 43-44, nos 122-124, p. 171-174, pl. 50, nos 142, 144, 146 et 147, oinochoe sur lesquels on lit soit >Αγαθæ̋ τúχη̋ >Αρσινóη̋ Φιλαδéλφου Ισιο̋, soit simplement >Αγαθæ̋ τúχη̋ >Αρσινóη̋ Φιλαδéλφου, et les remarques de P. M. Fraser, Ptolemaic Alexandria, p. 240-241 et 568-569. 137 Urk. II, 82, I, 15 et 84 ; CGC 22183 ; J. Quaegebeur, Documents égyptiens, p. 87 n o 8 ; elle est également appelée image d’Isis sur une stèle du Vatican (no 25) : id., Trois statues, p. 114 ; id., Cleopatra VII, et A  ’I, D   31 d’Anubis, au nom de Ptolémée Philadelphe et d’Arsinoé 138 , fondation sur laquelle il nous faut dire un mot. La première chose qui frappe dans cette dédicace, c’est l’absence du dieu que l’on s’attend à trouver mentionné dans un document de ce type : Sarapis. La seconde, c’est l’association d’Isis et d’Anubis. L’absence de Sarapis a été expliquée de diverses façons. Pour P. M. Fraser 139 , la dédicace fut consacrée dans l’enceinte du Sarapieion de Canope, dont l’édification serait antérieure à celle de ce hiéron 140 . Pour M. Malaise 141 , l’Osireion et le Sarapieion de Canope ont dû ne faire qu’un, mais rien n’implique que le temple dédié par Callicratès ait été bâti en son sein. Pour E. Breccia 142 et A. Bernand 143 , les deux temples sont à distinguer. Un document récemment publié permet d’y voir plus clair 144 . Il s’agit d’une plaquette d’argent provenant du dépôt de fondation d’un temple de Sarapis. Elle porte le texte suivant : notamment p. 47-48 pour une reproduction en couleurs de la stèle ; J.-Cl. Grenier, Notes isiaques I (1-6), fig. 10 p. 26 ; J. Quaegebeur, Documents égyptiens, p. 86 no 5. Pour d’autres documents, M. Malaise, Isis à Canope, p. 359-360. 138 SB I (1915), 429 : <Υπèρ βασιλéω̋ Πτολεµαíου καì βασιλíσση̋ >Αρσινóη̋, τò °ερòν Ισει >Ανοúβει Καλλικρáτη̋ Βο·σκου Σáµιο̋ ναυαρχ÷ν Ïδωκεν Πασíτι ±ερεî. Pour le roi Ptolémée (II) et la reine Arsinoé (II), le sanctuaire (dédié) à Isis et à Anubis par Callicratès, fils de Boiscos, de Samos, navarque, a été remis par lui au prêtre Pasis. A. Bernand, Delta I, p. 232, no 2 ; H. Hauben, Callicrates, p. 40-41, avec la bibliographie ; on ajoutera M. Malaise, Isis à Canope, p. 353-355. L’inscription est à dater entre le printemps 279 et 270 av. J.-C. Comme l’ont noté P. M. Fraser, Current Problems, p. 40 n. 75, et M. Malaise, Isis à Canope, p. 354 n. 7, les trois derniers mots ne figuraient sans doute pas dans le texte d’origine. La gravure est d’ailleurs bien peu soignée pour la dédicace d’une fondation signée Callicratès. Nous avons sans doute afaire à une copie due au prêtre Pasis, soucieux d’établir ses droits sur ce temple. 139 Ptolemaic Alexandria I, p. 41. 140 Il rappelle que Plutarque (De Iside, 27) mentionne, d’après Héraclide du Pont, l’existence d’un oracle de Pluton à Canope, qui aurait été dès la fin du e siècle, déjà, celui de Sarapis. Il est exact que l’oracle de Sarapis de Canope est demeuré fameux des siècles durant, et il est probable que le futur parèdre d’Isis a succédé à Pluton dans ce rôle. Toutefois, rien ne permet d’afirmer qu’il en était ainsi dès la fin du e siècle. Ceci étant, nous serions tenté d’associer cet oracle à un passage de Macrobe (Saturn., I, 20, 16-17) rapportant un oracle qui aurait été donné par Sarapis au roi de Salamine Nicocréon, lequel fut acculé au suicide par Ptolémée Sôter en 311 av. J.-C., en admettant que l’anecdote soit authentique  Macrobe écrit sept siècles après les faits supposés. Le lieu de la consultation n’est pas précisé (à Chypre ou ailleurs), et le nom même du dieu, souvent allégué pour soutenir une date haute pour la création de Sarapis, prête à interrogation. Le nom de la divinité oraculaire (Sarapis) est-il le nom qu’aurait pu lui donner Nicocréon et ses contemporains, ou bien celui dont un auteur postérieur (Macrobe ou sa source) l’a paré ? Voir cependant R. van den Broeck, Sarapis Oracle, qui accepte l’authenticité et l’historicité de l’oracle de Sarapis rapporté par Macrobe. Pour lui, ce passage ne peut être compris que si on le compare à un texte orphique (O. Kern, Orphicorum Fragmenta [Berlin 19632], p. 201-202, no 168), dans lequel la description du visage de Zeus correspond tout à fait à celui d’Hélios-Sarapis. Le texte de l’oracle de Sarapis dériverait de cet hymne orphique ou d’un autre texte très proche, énonçant l’idée d’un monde conçu comme un immense corps humain et la conception panthéiste et monistique de la divinité. Cette conception se retrouverait dans la religion de l’Égypte ancienne et, pour R. van den Broeck, l’idée du dieu cosmique et du cosmos représenté par un makranthropos divin englobant le monde entier dans son propre corps aurait été connue dans l’Égypte pharaonique. Sarapis, dès sa création, aurait alors été perçu comme un dieu cosmique, cosmocrator et pantocrator. Si la démonstration est stimulante, elle ne permet toutefois pas de confirmer que Nicocréon consulta bien un oracle de Sarapis. 141 Isis à Canope, p. 354 n. 9. 142 E. Breccia, Canopo I. 143 A. Bernand, Delta III, p. 1008. 144 Ph. Borgeaud et Y. Volokhine, Plaquette d’argent. 32 I, D   Βασιλεù̋ Πτολεµαîο̋ Πτολεµαíου καì >Αρσινóη̋ Θε÷ν >Αδελφ÷ν Σαρáπει τòν ναòν κατà πρóσταγµα. Le roi Ptolémée (III), fils de Ptolémée (II) et d’Arsinoé (II), dieux Adelphes (a dédié) à Sarapis ce temple, sur ordre (du dieu). Ce type de plaquette de fondation, en métaux divers (or, argent, bronze), en faïence, en limon du Nil ou en verre, est connu par plusieurs exemplaires similaires, retrouvés en majorité à Alexandrie et à Canope. Pour Alexandrie, nous savons ainsi grâce à elles que Ptolémée III fut le commanditaire du grand téménos du Sarapieion 145 , que Ptolémée IV fut celui d’un temple pour Isis 146 et d’un autre pour Harpocrate 147 , tous deux situés dans l’enceinte du Sarapieion, enfin qu’un anonyme (Philopator lui-même ?) fut celui d’un autre édifice pour Sarapis et Isis sauveurs associés à Ptolémée IV et Arsinoé III, bâtiment situé sous l’ancienne Bourse de la ville. Pour Canope, une plaquette en or nous apprend que Ptolémée III et Bérénice II ont fait édifier le téménos de l’Osireion 148 . Plusieurs constatations s’imposent. Les plaquettes en or et en argent d’Alexandrie sont bilingues. Un espace est toujours prévu pour les deux textes qui ont pu être, soit poinçonnés, soit écrits à l’encre. Dans le second cas, on comprend qu’il ait pu être efacé. En revanche, la plaquette de fondation de l’Osireion de Canope porte un unique texte, en grec, sans espace prévu pour un texte hiéroglyphique. C’est également le cas pour la nouvelle plaquette. Pour Alexandrie, on possède les plaquettes de fondation du téménos dédié à Sarapis, pour Canope celui du téménos dédié à Osiris. Le nouveau document correspondant à la dédicace d’un naos pour le seul Sarapis, nous serions enclin à voir dans celui-ci le temple de Sarapis de Canope, 145 A. J. B. Wace, Ptolemaic Finds, p. 106 (lots 1 et 2) et 108 (lot 3) ; A. Rowe, Suppl. ASAE 2 (1946), p. 4-10 (P. Jouguet, CRAI [1946], p. 680-687 ; SB VI.3 9299 [lots 1 et 2] et 9301 [lot 3]). Il s’agit de deux lots de 10 plaques de fondation bilingues (1 en or, 1 en argent, 1 en bronze, 1 en faïence, 1 en limon du Nil et 5 en verre opaque pour chaque lot) découverts dans le Sarapieion le 27 août 1943 (lot 1) et le 28 octobre 1945 (lot 2), respectivement aux angles sud-est et sud-ouest du téménos. Toutes les plaques portent le même texte grec (sauf la plaque en limon, anépigraphe semble-t-il), en lettres poinçonnées pour les plaques en métal, à l’encre pour les autres. Les textes hiéroglyphiques sont écrits à l’encre. Trois autres plaques en verre opaque furent également retrouvées dans un troisième dépôt, le 30 octobre 1945 (lot 3). Toutes sont aujourd’hui conservées au Musée gréco-romain d’Alexandrie, no inv. P. 8357-8366 (lot 1), P. 9431-9440 (lot 2) et P. 10052 (lot 3). Le texte hiéroglyphique donne : Le roi de Basse et de Haute Égypte, fils des dieux frères, élu d’Amon, Puissante est la vie de Rê. Le fils de Rê, Ptolémée (III), à jamais vivant, aimé de Ptah. Il a fait le temple et le domaine d’Osiris-Apis. 146 Plaque de fondation en or publiée par P. M. Fraser, Inscriptions, p. 135-136 no 4 et pl. XXIX.4. 147 A. J. B. Wace, Ptolemaic Finds, p. 108 et fig. 1 p. 107 (SB VI.3 9300) ; A. Rowe, Suppl. ASAE (1946), p. 54-55 ; et É. Drioton, Plaques bilingues. Il s’agit d’un lot de 10 plaques de fondation bilingues (1 en or, 1 en argent, 1 en bronze, 1 en faïence, 1 en limon du Nil et 5 en verre opaque) découvert dans le Sarapieion le 28 octobre 1945 dans l’angle d’un petit bâtiment adjacent au naos de Sarapis. Toutes portent le même texte grec (sauf la plaque en limon, anépigraphe), en lettres poinçonnées pour les plaques en métal, à l’encre pour les autres. Les textes hiéroglyphiques sont gravés sous les textes grecs. Musée gréco-romain d’Alexandrie, no inv. 10026-10035 ; un autre lot similaire porte le no inv. 10037-10046. Le texte hiéroglyphique, cryptographique, donne : Le roi Ptolémée (IV), aimé d’Isis, fils du roi Ptolémée et de la reine Bérénice (a fait le temple) d’Horus l’enfant sur ordre d’Osiris-Apis et d’Isis. L’absence de la mention d’Arsinoé peut laisser supposer que Ptolémée IV fit construire ce petit temple d’Harpocrate juste avant son mariage. 148 OGIS I, 60 ; SB V.3 (1950) 8296 ; A. Bernand, Delta I, p. 236 no 7 et pl. 3.3. A  ’I, D   33 peut-être situé dans l’enceinte de l’Osireion, mais en tous cas distinct de celui-ci. Tous deux sont des créations de Ptolémée III. Rien n’indique que Sarapis fut présent à Canope avant ce règne, même si l’hypothèse n’est pas invraisemblable, l’amiral Callicratès dédiant un temple aux seuls Isis et Anubis 149 . Quoi qu’il en soit, il est plus que vraisemblable que la reine y ait possédé assez tôt une statue à son image 150 , si tant est qu’elle ne se dissimule pas sous les traits d’Isis 151 . La déesse aura alors récupéré de la souveraine sa qualité d’Euploia. Nous avons vu plus haut combien il était dificile de pouvoir attribuer, indirectement et encore moins directement, ce rôle à l’Isis pharaonique. Toutefois, il est un trait de la personnalité d’Isis que nous avons brièvement évoqué plus haut et qui a pu, d’une certaine façon, faciliter cette transmission de pouvoir. Isis, traditionnellement, est la maîtresse des vents, qu’elle suscite par le battement de ses ailes, provoquant ainsi, entre autres, la crue du Nil. Dame des vents, elle peut déclencher la tempête mais aussi l’apaiser et permettre la navigation 152 . Ces éléments sont intimement liés et ce n’est sans doute pas un hasard si l’Arétalogie lui fait dire en un même énoncé Je suis la souveraine des rivières, des vents et de la mer 153 , tandis que Lucien de Samosate écrit d’un même élan qu’Isis amène la crue du Nil, envoie les vents et sauve les marins 154 . Un rapprochement entre Aphrodite 155 et Arsinoé Ζεφυρîτι̋ qui commande aux vents d’ouest d’une part et Isis le beau vent du nord 156 d’autre part pourrait ne pas être inopportun. Si notre raisonnement est exact, c’est, une fois n’est pas coutume, en quelque sorte d’une reine, certes divinisée, qu’une déesse aurait récupéré une fonction appelée à un grand avenir. D’Arsinoé-Aphrodite Euploia serait née Isis Euploia 157 . Si deux dédicaces, l’une d’Athènes (publiée par Ph. D. Stavropoullos, AD 20B (1965), p. 97 no 2 et pl. 55b = RICIS 101/0204, 133/132 av. J.-C.), l’autre de Délos (IG XI 4, 1263 = RICIS 202/0186, avant 166 av. J.-C.), s’adressent aux seuls Isis et Anubis, le temple de Canope est le seul, à notre connaissance, qui soit dédié au couple Isis/Anubis. 150 La stèle de Mendès (Urk. II, 41, 111 ; CGC 22181) précise qu’on élève sa statue dans tous les temples. De nombreux décrets de synodes de prêtres généralisent ensuite l’installation de statues royales dans les temples. Voir les exemples réunis par Chr. Thiers, Deux statues. 151 Pour des représentations d’Arsinoé II en Isis, B. Freyer-Schauenburg, Io in Alexandria, qui reconnaît dans les portraits cornus et diadémés qu’elle rassemble des images d’Arsinoé-Isis-Io, alors qu’il semble préférable d’y voir, avec Fr. Queyrel, Portraits, p. 105 no 43, et G. Grimm, Paulina und Antinous, p. 35, Arsinoé-Isis-Séléné. Pour d’autres portraits, voir entre autres W. R. Megow, Stuckporträt ; M. Hamiaux, Arsinoé II divinisée. 152 Voir supra p. 18 et n. 52. Une prérogative qui peut également être celle de Shou, comme semble l’indiquer un papyrus démotique inédit (pCarlsberg 585) mentionné par J. F. Quack, Memphitischen Isisaretalogie, p. 347 n. 50. 153 Arétalogie de Kymè d’Éolide ; A. Salac, BCH 51 (1927), p. 378-383 et pl. 15 = IG XII Suppl., p. 98-99 = I. Kyme no 41 p. 97-108 = RICIS 302/0204, verset 39 : >Εγõ ποταµ÷ν καì νéµων καì θαλáσση̋ ε±µì κυρíα ; voir infra p. 38-39. 154 Dial. deorum, 3. 155 Callimaque, Epig. 6, à propos de l’Aphrodite de Chypre. 156 Dendara VII 84, 4. 157 Telle était déjà la conclusion de M. Malaise, Isis à Canope, p. 364. Quant à S. Barbantani, Hellenistic Hymn to Arsinoe-Aphrodite, p. 152, elle écrit : Possibly Isis as a sea-goddess is an Alexandrian creation, due to syncretism with Aphrodite and her association with early Ptolemaic queens, mistresses of naval activities : this could have happened under the reign of Arsinoe II, divinised both as Isis and Aphrodite. 149 34 I, D   La fresque de Nymphaion à l’origine de cette analyse s’expliquerait alors assez simplement dans un tel contexte. Le bateau dont il vient d’être question serait bien un navire de guerre lagide envoyé en mission diplomatique auprès du roi Parisadès par Ptolémée Philadelphe entre 270 et 245 av. J.-C. Il a pu transporter des objets cultuels, parmi lesquels nous verrions bien la statue en basalte noir d’ArsinoéIsis, dont la partie supérieure fut retrouvée autrefois à Panticapée 158 . Comme de nombreuses autres villes portuaires, Nymphaion a dû accueillir un lieu de culte, fut-il de dimensions modestes, pour honorer Arsinoé-Aphrodite. Ainsi s’expliquerait la présence de l’image du navire dans une chapelle d’Aphrodite, qui a pu recevoir l’image d’Arsinoé Euploia, maîtresse de la navigation assimilée à Isis, qui partage désormais les mêmes prérogatives. Reste le nom du navire, dificile à déterminer. Soit on doit accepter l’idée que l’image d’un Dioscure pouvait figurer dès l’origine sur un navire appelé Isis 159 . Soit il ne s’appelait pas Isis à l’origine et le Dioscure faisant ofice de parasème devait lui donner son nom. Dans ce cas, pensons-nous, le nom de la déesse aurait été ajouté après coup, peut-être à l’initiative du prêtre du lieu, mais pas n’importe où : là précisément où l’on écrivait, sur la ptychè 160 , le nom des navires. Quoi qu’il en soit, ce document nous livre très probablement la première attestation qui nous soit connue, à l’époque hellénistique, de l’aspect marin d’Isis. On retrouve plus tard des témoignages de cette identité fonctionnelle entre Isis et Aphrodite marine 161 . Une dédicace de Délos de la seconde moitié du e siècle av. J.-C., exprime la reconnaissance d’un certain Andromachos, fils de Phanomachos 162 Ισιδι Σωτεíραι >Αστáρτει >Αφροδíτηι ε¹πλοíαι Çπ[ηκóωι], sans doute à l’issue d’un voyage maritime heureux 163 . Au siècle précédent, à Périnthe, sur la mer de Marmara, un dénommé Artémidôros, prêtre, dédie une statue (mais de qui ?) Ισιδι 158 B. Touraiev, Objets égyptiens, p. 27, fig. 14 ; M. A. Korostovtsev, Objets égyptiens, p. 973-974 ; I. A. Lapis, M. E. Matie, Drevneegipetskaya skulptura, p. 127, no 143 fig. 90 ; Y. G. Vinogradov et M. I. Zolotarev, Worship, p. 365 et fig. 2. Sur les contacts entre le royaume du Bosphore et l’Égypte lagide, on verra en dernier lieu Z. H. Archobald, Pontic Cities, avec la bibliographie. 159 Comme nous le suggère M. Malaise dans un courrier. 160 πτυχí̋ ou πτυχå : Pollux I, 86 et Schol. Apoll. Arg. I, 1089a. 161 Il est tentant d’ajouter à ce dossier un décret athénien de 333/332 av. J.-C. autorisant les marchands de Kition à acquérir au Pirée un terrain où fonder un sanctuaire d’Aphrodite, à l’instar des Égyptiens qui, déjà, y avaient fondé un sanctuaire d’Isis : IG II 168 = IG II/III2 337 = SIRIS 1 = Fr. Sokolowski, LSCG, no 34 p. 66-68 = RICIS 101/0101. Sur ce texte, voir entre autres C. J. Schwenk, Athens, p. 141-146 ; W. Habermann, Athenischen Handelsbeziehungen ; R. R. Simms, Isis in Classical Athens ; et B. Le Guen-Pollet, Vie religieuse, no 81 p. 216-219. Il est cependant hardi d’opérer un lien trop étroit entre les deux requêtes, sinon pour voir dans la mention des Égyptiens le rappel habile d’un précédent qui ne peut que faire aboutir la demande des Chypriotes, et de considérer que, dans les deux cas, celle-ci émane de commerçants maritimes soucieux de pouvoir rendre hommage à leur déesse favorite, spécifiquement sous son aspect de protectrice de la navigation. 162 163 Qui serait, pour S. L. Budin, Aphrodite-Ashtart, p. 131, likely un Chypriote. CE 194 = ID 2132 = RICIS 202/0365 : Délos, Sarapieion C, sans doute après 140 av. J.-C. On peut rapprocher ce texte d’une épigramme de Philippe de Thessalonique (Anth. Pal. VI, 231). Sur les cultes d’>Αφροδíτη et d’Ισι̋ ε»πλοια, voir E. Miranda, Euploia, p. 123-144. A  ’I, D   35 >Αφροδíτηι 164 . La date de ce document a beaucoup varié selon les commentateurs 165 . Les Lagides prirent possession de la cité en 245 av. J.-C. Pendant plusieurs siècles, de multiples émissions monétaires locales figurèrent Isis et Sarapis, mais aussi Anubis, Apis et Harpocrate 166 . Un sanctuaire des divinités isiaques a dû exister durant toute la période. Nous serions tenté de lier cette assimilation précoce d’Isis à Aphrodite à leur fonction maritime commune, voire à l’existence d’un lieu de culte d’Arsinoé II, dont Artémidôros a pu être le prêtre. Le document serait alors à dater de la seconde moitié du e siècle av. J.-C. Mentionnons enfin la dédicace d’un temple à Halicarnasse, au nom de Ptolémée Philadelphe, pour Sarapis, Isis (et ?) Arsinoé Philadelphe 167 . Les commentateurs ont toujours considéré que dans ce texte, Arsinoé divinisée était la synnaos de Sarapis et d’Isis. M. Malaise, de son côté, a proposé de faire sauter une virgule et de lire Ισι >Αρσινóηι 168 . Les deux hypothèses sont aussi plausibles l’une que l’autre, et il n’est guère possible de trancher 169 . Au er siècle apr. J.-C., les rédacteurs de la litanie d’Oxyrhynchos indiquent encore que : Τäν Çν >Αφροδíτη̋ πóλει τòν Προσωπíτου στολαρχεíδα, πολúµορφον >Αφροδíτην; À Aphroditopolis du (nome) Prosopite 170 , [Isis est] commandante de flotte, Aphrodite aux formes nombreuses 171 . E. Kalinka, JÖAI 12 (1926), Beibl. p. 193 no 152 = SIRIS 128 = M. Tacheva-Hitova, Eastern Cults, n I, 47 p. 27-28 = M. H. Sayar, Perinthos-Herakleia, no 42 p. 225 = RICIS 114/0601. 164 o e-e siècles av. J.-C. pour Kalinka, Fraser et Vidman ; seconde moitié du e siècle av. J.-C. pour Tacheva ; e-e siècles av. J.-C. pour Sayar. 165 166 E. Schönert, Perinthos, IS n os 31-58, 92, 149-156, 224-226, 259-271, 602-606, 749, 782-783, 860 et 896 ; voir p. 54-55 sur la continuité du culte du e siècle av. J.-C. au e siècle apr. J.-C. La question est reprise par U. Peter dans la SNRIS (à paraître). B. Haussoullier, BCH 4 (1880), p. 400 no 10 = GIBM IV.1 (1893), 906 = OGIS I, 16 = N. Greipl, Ptolemäer-Inschrift (Bull. 1930, p. 208-209) = U. Wilcken, Sarapisinschrift = P. M. Fraser, Two Studies, p. 34 = SIRIS 270 = RICIS 305/1702. Le texte est à dater entre 270 et 246 av. J.-C. 167 168 M. Malaise, Isis à Canope, p. 359-360 et n. 44. Voir également, sur cette inscription, F. Dunand, Culte d’Isis, III, p. 33-34. 169 Dans le RICIS, nous avons opté pour l’association, tout en signalant sans la rejeter l’idée d’assimilation. Pausanias (II, 32, 6) rapporte qu’à Trézène, les temples d’Isis et d’Aphrodite Akraia sont très proches l’un de l’autre : Ναòν ³δοι̋ Ισιδο̋ καì ¸πèρ α¹τòν >Αφροδíτη̋ >Ακραíα̋. Τòν µèν Àτε Çν µητροπóλει τ— Τροιζæνι <Αλικαρνασεî̋ Çποíσαν, τò δè ƒγαλµα τæ̋ Ισιδο̋ νéθηκε Τροιζηνíων δæµο̋ : (Après avoir traversé le sanctuaire de Pan Lytérios), vous pouvez voir un temple d’Isis, et au-dessus de lui un autre d’Aphrodite Akraia. Le temple d’Isis fut construit en Troizène par les gens d’Halicarnasse car il s’agit de leur métropole ; mais le peuple des Troizéniens dédia la statue d’Isis. Une inscription d’Épidaure ou des environs (la stèle portant l’inscription fut retrouvée sur l’île de Kyra) indique qu’aux e-e siècles apr. J.-C. (mais peut-être déjà plus tôt), elles possèdent un sanctuaire commun, puisque des cérémonies sont efectuées Çν >Αφροδισιδεíωι (IG IV2 742 = RICIS 102/0405). 170 P. Oxy. XI, 1380, 7-8. Sur cette ville, Hérodote II, 41 ; Strabon XVII, 1, 20 ; Pline, NH V, 64 ; Pietschmann, PWRE II, 2 (1896), col. 1896 ; Dizionario I, 2 (1966), p. 290-292. Ce n’est autre que l’<Ατáρβηχι̋ d’Hérodote. 171 Hathor est l’archétype féminin des divinités polyonymes et polymorphes. Voir l’hymne à Hathor contenu dans le Pap. Bremner-Rhind publié par R. O. Faulkner, Papyrus Bremner-Rhind, p. 38 sqq., et l’assimilation d’Hathor avec la déesse polymorphe à El-Kâb ; Ph. Derchain, Elkab I, p. 63, n. 73-75. 36 I, D   Le nom d’Aphrodite recouvre celui d’Hathor 172 . Il faut sans doute comprendre ici qu’Isis protège et dirige les multiples barques qui, selon Hérodote (II, 41), partent quérir un peu partout les ossements des bovidés mâles pour les ensevelir en un même lieu 173 . Si donc dans le sillage d’Arsinoé Euploia s’est fait jour l’idée d’une Isis maîtresse de la mer, il restait à imposer cette fonction nouvelle. La place qui lui fut réservée dans l’Arétalogie de la déesse joua sans aucun doute à merveille ce rôle. 172 BGU VI, 1216, dans lequel Isis est appelée <Αθερνεβθφηι Hathor dame d’Atfih (= d’Aphroditopolis) (égypt. Hathor nbt tp-ih : Philä I 119, 10). 173 A. B. Lloyd, Herodotus. Book II. Commentary 1-98 (= EPRO 43.2), Leiden 1976, p. 189. II La théorisation d’une prérogative nouvelle Cinq des cinquante-trois versets de l’arétalogie de Kymè afirment la domination d’Isis sur les éléments marins 1 . L’origine de ce texte et de ceux qui lui sont afiliés 2 a longtemps été source de débat pour savoir quelle culture, l’égyptienne ou la grecque, l’avait davantage inspiré, tant sur la forme que sur le fond 3 . Ce n’est pas le lieu de reprendre ce problème 4 . Avançons simplement ici que, pour nous, l’original commun à ces diférents documents fut probablement conçu à Memphis, à la fin du e ou au début du e siècle av. J.-C., lorsque le clergé memphite réussit à reprendre le pas sur le clergé thébain d’Amon 5 . Il s’agit incontestablement d’un texte de propagande, écrit en langue grecque, mais tributaire pour une bonne part de 1 Versets 15, 39, 43, 49 et 50. 2 Le texte original de l’Arétalogie a été reconstruit par R. Harder, Karpokrates, p. 20-21, à partir de la version a priori complète conservée sur une grande stèle en marbre blanc surmontée d’un fronton orné d’une rosace, trouvée en 1925 dans l’Isieion de Kymè d’Éolide par A. Salac, et publiée par lui-même dans le BCH 51 (1927), p. 378-383 et pl. 15 ; ce texte a depuis été notamment commenté par P. Roussel, Hymne, puis republié dans IG XII Suppl., p. 98-99, I. Kyme no 41 p. 97-108 et pl. XI, M. Totti, Texte, no 1 p. 1-4, et enfin le RICIS 302/0204. Outre le document de Kymè, que l’on peut dater du er ou du e siècle apr. J.-C., nous connaissons au moins quatre autres copies, fragmentaires, du même texte : une découverte sur l’île d’Ios, du e ou du e siècle apr. J.-C., qui donne la première moitié de l’arétalogie (IG XII 5, 14 = RICIS 202/1101) ; le texte très fragmentaire de Salonique (IG X 2, 254 = RICIS 113/0545 : er ou e siècle apr. J.-C.) ; un fragment de Telmessos, en Lycie, d’époque romaine (inédit ; RICIS 306/0201) ; un fragment, lui aussi inédit, découvert à Potidée en Macédoine, qui nous a été signalé par le Professeur Panayotis Pachis, que nous tenons à remercier pour cette information. Ajoutons un extrait de Diodore de Sicile (I, 27), très proche de l’original, alors qu’un long poème versifié trouvé à Andros, peut-être d’époque augustéenne, en livre une version très poétisée (IG XII 5, 739 = RICIS 202/1801). Citons enfin un texte de Cyrène, le seul daté (103 apr. J.-C.), proche sur le fond (SEG IX [1944/46] 192 = M. Totti, Texte, no 4 p. 13 = RICIS 701/0103), ainsi que l’arétalogie très hellénisée de Maronée (Y. Grandjean, Maronée, p. 17-21 = M. Totti, Texte, no 19 p. 60-61 = RICIS 114/0202), datable de 120 av. J.-C. environ. 3 Parmi l’imposante littérature consacrée à ces textes, cf., outre R. Harder, Karpokrates, et l’analyse fondamentale de D. Müller, Isis-Aretalogien ; A.-J. Festugière, Arétalogies d’Isis ; J. Bergman, Ich bin Isis, avec la réponse de D. Müller, I am Isis ; A. Henrichs, Isis Aretalogies ; Chr. Veligianni-Terzi, IsisAretalogien ; Fr. Trombley, Aretalogy of Isis ; F. Mora, Prosopografia Isiaca II, p. 47-71 ; et R. Beck, Aretalogy. Des études récentes ont proposé de retrouver dans certaines sources démotiques égyptiennes les origines des arétalogies se réclamant d’un supposé prototype memphite, et même de reconstruire un modèle du texte démotique original. Voir Th. M. Dousa, Imagining Isis ; J. F. Quack, Memphitischen Isisaretalogie, p. 319-365. 4 5 Nous y reviendrons dans notre Essay on the First Diffusion of the Isiac Cults (à paraître). Voir, pour la substitution de Sarapis et d’Isis à Amon dans le monnayage de Ptolémée Philopator, L. Bricault, Raphia, p. 342-343. Sur les relations entre les Lagides et les grands prêtres de Memphis, D. J. Thompson, Memphis, qui montre bien le pouvoir grandissant du clergé memphite dès le début du e siècle av. J.-C. ; ead., High Priests ; J. Quaegebeur, Memphite High Priest Family ; W. Huß, Prêtres égyptiens ; et G. Gorre, Clergé égyptien, p. 33-34. 38 I, D   réalités égyptiennes, visant à populariser Isis dans des milieux grecs 6 . La principale dificulté pour les concepteurs/rédacteurs du texte originel consista à faire coexister une déesse, Isis, régentant tous les domaines de la réalité humaine, avec les divinités du panthéon gréco-romain qui possédaient, chacune, leur propre sphère d’activités. Car l’Arétalogie nous livre un condensé des multiples pouvoirs d’Isis : elle est déesse souveraine, solaire, démiurge, maîtresse des éléments, législatrice, inventrice de bienfaits nombreux pour les hommes (écriture, langues, temples, mystères), déesse des femmes et incarnation de la fonction maternelle, protectrice des naissances, des récoltes, maîtresse du destin. Sans oublier qu’Isis est aussi, mais l’Arétalogie ne le dit pas, une déesse guérisseuse. À l’inverse donc de Sarapis, très hellénisé, Isis apparaît davantage comme une divinité typiquement égyptienne qui, pour être acceptée dans le monde hellénique, a dû subir une interpretatio graeca, dont l’Arétalogie ofre un parfait exemple. Elle se compose de trois sections : présentation de la divinité (filiation, identifications), description de son rôle dans les mondes divin et humain, enfin manifestations de son pouvoir universel. C’est dans la deuxième section, pour un verset, mais surtout dans la troisième qu’est évoquée la domination de la déesse sur les éléments marins. Le texte arétalogique lui fait dire en efet : >Εγõ >Εγõ >Εγõ >Εγõ θαλáσσια Ïργα ε³ρον (v. 15), ποταµ÷ν καì νéµων καì θαλáσση̋ ε±µì κυρíα (v. 39), πραϋνω καì κυµαíνω θáλασσαν (v. 43), et ναυτιλíα̋ ε±µì κυρíα. >Εγõ τà πλωτà ƒπλωτα ποι÷ Ëταν ǵοì δóξþ (v. 49-50). Elle est donc celle qui a inventé les activités maritimes (v. 15) 7 , la souveraine des rivières, des vents et de la mer (v. 39), celle qui apaise la mer et y déchaîne 6 Une demi-douzaine de versions du même texte ont été retrouvées dans toute la Méditerranée orientale, confirmant l’aspect propagandiste sinon prosélyte de l’Arétalogie. Ceci pose en outre la question des liens et des relais pouvant exister entre un certain clergé égyptien, probablement memphite, et les sanctuaires isiaques du monde gréco-romain. Ces liens sont encore loin d’être clairement définis. 7 Ce verset se retrouve dans les copies d’Ios et de Thessalonique ; les autres devaient figurer dans la partie non retrouvée de ces deux inscriptions. Dans l’hymne d’Andros, le v. 15 de l’Arétalogie correspond aux v. 34-35 : Αδε θαλáσσα̋ πρâτον Çν νθρöποισι περáσιµον “νεσα µóχθον Je suis celle qui, la première, chez les hommes, a accompli la dangereuse traversée de la mer ; le v. 39 correspond à une lacune de l’hymne d’Andros ; le v. 43 semble correspondre aux v. 127-132, très lacunaires, d’Andros ; les v. 49-50, enfin sont transposés dans les v. 145-157 : Πλωτà δè φιλεúδιο̋ >Αµφιτρíτα νηυσì µελαµπρöροισιν ¸παì παχνöδεο̋ α¹χµ÷, €νíκα µειδáµων °λαρàν Çρúθοισα παρεíαν µπετáσω Τηθùν γλαυκöλενον; Çν δè περητοî̋ βéνθεσιν στιβéα πλαγκτàν Ãδòν, ε½τé µε θυµó̋ κορθúσηι, κλονéω, παντâι δè µελανθéι; οíζωι σπερχóµενο̋ βαρù Πóντο̋ Çνì σπåλυγξι βαθεíαι̋ µυκâτ’ Çξ δúτων; πρáτα δ’ Çπì σéλµατι δοúρων κολπωτàν Äθóναισι θοàν τρóπιν ±θúνεσκον οµδµα καθιππεúοισα, δαµαζοµéνα̋ δè θαλáσσα̋ ¡κυπóροι̋ Çλáται̋ Æλικàν Ïστασε χορεíαν ∆ωρíδο̋ ε¹λοχíα, περιπáλλετο δ’ Çν φρεσì θáµβο̋ ε±ρεσíαν δáητον Çτ’ Ìθµασι παπταινοíσαι̋ : Amphitrite, aimante du beau temps, avance sur l’eau dans son navire à la proue noire de dessous la froide saleté, lorsque, faisant dans mon sourire rougir ma joue joyeuse, je déploie Téthys aux bras glauques. Dans les profondeurs navigables, quand le désir soulève mon cœur, je bouscule le chemin tortueux à le rendre désert et emporte partout d’une sombre précipitation. Pontos dans ses grottes profondes mugit sourdement du fond de son sanctuaire. La première, sur le pont du navire, j’ai mené l’esquif agile dont les voiles se gonflent, en caracolant sur le flot tandis que des mers domptées par les nefs rapides, la glorieuse progéniture de Doris a fait un chœur tourbillonnant. Et mon esprit tremblait de stupeur, en restant les yeux fixés sur le battement encore inconnu des rames. Nous ne pouvons suivre J. Bergman, Ich bin Isis, p. 98 n. 1 et p. 282, lorsqu’il met en relation M 15 avec l’océan primordial, pour en proposer une interprétation cosmogonique. L ́ ’ ́  39 la tempête (v. 43), la souveraine de la navigation [qui] rend les eaux navigables impraticables aux navires quand il [lui] plaît (v. 49-50). Cet aspect d’Isis n’apparaît pas dans l’arétalogie fortement hellénisée de Maronée, tout au moins dans sa partie initiale qui seule a été retrouvée ; on ne peut donc rien conclure de cette absence puisque l’architecture de texte fait supposer que c’est dans sa partie terminale qu’Isis maritime et fluviale avait (ou aurait) été évoquée. Quoi qu’il en soit, ces éléments traduisent, nous semble-t-il, le glissement qui s’opère entre ce que l’on pourrait considérer comme une conception égyptienne de l’art de la navigation, où l’on célèbre avant tout la maîtrise technique et les qualités de pilotage 8 , et une vision plus hellénique des choses, où la navigation n’est plus seulement un art que la divinité enseigne aux hommes, mais une activité humaine, commerciale pour l’essentiel, placée sous la protection de la déesse qui l’a inventée et rendue possible par son génie, matérialisée par l’invention de la voile 9 . L’auteur de l’hymne d’Andros a d’ailleurs développé cette première traversée, qui s’opère sous les yeux éberlués des Néréides 10 . La protection accordée par Isis aux marins se lit également dans le premier des quatre hymnes composés par un certain Isidôros et gravés sur les pilastres d’entrée du vestibule du sanctuaire principal de Medinet Madi (l’antique Narmouthis) dans le Fayoum 11 , sans doute au cours du er siècle av. J.-C. 12 : Οσοι ǵ πελáγει µεγáλωι χειµ÷νι πλéουσι νδρ÷ν Äλλυµéνων νη÷ν κατà γνυµενáων, σöζον’ ο½τοι ‚παντε̋, Çπευξáµενοí σε παρεîναι. Tous ceux qui voguent sur la mer par grande tempête, quand les hommes périssent, précipités des navires qui se brisent, les voilà tous sauvés, quand ils invoquent ton secours. 13 On retrouve ces thèmes dans la litanie d’Oxyrhynchos, rédigée dans le dernier tiers du er siècle apr. J.-C., qui les reprend et les développe. La déesse y est présentée v. 121-123 comme : 8 Dans cette même litanie v. 186-189, Isis est saluée pour avoir conduit à bon port la barque d’Osiris : Σù τòν δελφóν σου Çπανåγαγε̋ µóνη κυβερνåσασα καλ÷̋ καì ε¹αρµóστω̋ θáψασα; : Tu as ramené seule ton frère (dans une barque) que tu as bien gouvernée, et tu lui as donné une sépulture digne de lui. 9 10 F. Mora, Prosopografia Isiaca II, p. 57. RICIS 202/1801,152-157. 11 Ces quatre hymnes furent découverts et publiés par A. Vogliano, Primo Rapporto et Secondo Rapporto ; parmi les éditions de ces textes, citons celles d’É. Bernand, Inscriptions métriques, no 175, p. 631-652 et pl. CV-CVIII, et de V. F. Vanderlip, Hymns of Isidorus. 12 Les dédicaces gravées en 96 av. J.-C. à l’entrée du vestibule fournissent un terminus post quem pour les hymnes. Les graphies tardives et certaines allusions historiques amènent A. Vogliano à songer au er siècle av. J.-C. Selon V. F. Vanderlip, ces hymnes ne sont pas postérieurs à 80 av. J.-C., année de la mort de Ptolémée IX Sôter. Sur ce problème de datation, on verra les remarques d’É. Bernand dans son compte rendu de l’ouvrage de V. F. Vanderlip, publié dans BiOr XXXI (Janvier-Mars 1974), p. 81-84, sans ignorer la thèse, certes intenable, de J. Bollók, Hymnes d’Isidore, qui proposait une date entre 217 et 206 av. J.-C., d’après une allusion faite dans le troisième hymne au roi de l’âge d’or, également évoqué dans l’Oracle du potier, et où l’on retrouverait des analogies avec la titulature de Ptolémée IV Philopator. 13 Traduction empruntée à É. Bernand, Inscriptions métriques, p. 636. 40 I, D   >Επíτροπον καì Ãδηγòν θαλασσíων καì ποταµíων στοµáτων κυρíαν; Protectrice et pilote 14 , souveraine des mers et des embouchures des fleuves 15 . La mention des fleuves, dans la litanie comme dans l’Arétalogie, est significative et trahit indiscutablement une influence égyptienne, étant entendu que si le trafic maritime, transméditerranéen pour l’essentiel, est devenu important pour le royaume lagide, le Nil reste vital pour l’Égypte. Vital puisqu’il en constitue l’artère première, mais aussi parce qu’il est source de la crue, une crue placée sous la domination d’Isis, comme le rappelle là encore le rédacteur de la litanie oxyrhynchite 16 : Σù τæ̋ γæ̋ κυρíα γροî̋ πλåµµυραν ποταµ÷ν πáντων Çπανáγει̋; καì τοû Çν Α±γúπτÿ Νεíλου, Çν δè Τριπóλι >Ελευθéρου, Çν δè τ— >Ινδικ— Γáγγου; C’est toi qui, maîtresse de la terre, provoques le débordement de tous les fleuves sur les champs, tant du Nil en Égypte que de l’Éleuthéros à Tripoli et du Gange en Inde. Maîtresse de la crue 17 , Isis l’est aussi, sous le calame du même auteur, de tous les éléments humides créateurs de vie : Καì δι’ Ðν τò πâν κ[αì τ]ò Åν καíρ[ιó]ν Çστιν διà παντò̋ ̵βρου 18 καì πáση̋ πηγæ̋ καì πáση̋ 14 Ãδηγó̋, littéralement guide (LSJ p. 1198a). Comparer SB 7173, 16 pour Ãδηγà πλοîα = pilote de navire. 15 Sur l’embouchure des fleuves, W. F. Albright, Mouth of the Rivers, p. 170 et 174-175 (non vidi), cité par D. Müller, Isis-Aretalogien, p. 64, n. 5. 16 P. Oxy. XI 1380, 222-226. Ce pouvoir d’Isis est étendu nommément à deux autres fleuves, l’Éleuthéros de Syrie et le Gange de l’Inde, probablement avec le souci de créer un efet de réel, en ne restant pas au niveau des généralités. Quant au choix précis de ces deux fleuves, il peut provenir d’une connaissance que le rédacteur avait de crues importantes les concernant, à laquelle pourrait s’ajouter le fait qu’il était particulièrement bien informé de la géographie syrienne (voir le nombre de villes de Syrie citées dans la liste géographique de la litanie en proportion des autres régions). 17 18 Voir supra p. 17. Si ce mot, en grec, a généralement le sens de pluie (LSJ p. 1221a), il n’en va pas de même ici. Le terme, en Égypte, paraît plutôt désigner l’eau de l’inondation du Nil (p. ex. P. Tebt. 61(b), 133 ; 768, 26 ; 826, 33 et 51 ; P. Cair. Zenon 383, 13 ou encore P. Lond. Lit 239, 30 et 36). Sur ce petit hymne au Nil où Isis est responsable de la crue par ses courants d’eau, d’après la nouvelle lecture qu’en donne N. Lewis, BASP 19 (1982), p. 76, voir D. Bonneau, Courants d’eau, p. 90. Plusieurs savants, parmi lesquels D. Müller, Isis-Aretalogien, p. 67-69, Ph. Derchain, BiOr XXVII nos 1/2 (janv.-mars 1970), p. 22-23, et A.-P. Zivie, s. v. Regen, LÄ V.2 (1983), col. 202-206, ont cherché à montrer que toute relation entre Isis et la pluie est à rejeter, du moins en Égypte. La litanie d’Oxyrhynchos n’infirme pas ce point de vue. Cependant, la pluie peut apparaître comme un succédané de l’inondation à l’usage des peuples qui ne bénéficient pas de la crue et être présentée comme un Nil céleste (h cpy m pt) ; A.-P. Zivie, LÄ, col. 204. Le parallèle entre la pluie et le Nil est d’ailleurs un lieu commun chez les auteurs gréco-latins ; voir les textes rassemblés par S. Sauneron, Le Nil et la pluie, et ceux ajoutés par R. A. Wild, Water, p. 63-65 et n. 37-40 p. 222-223 (notamment n. 38). Un hymne à Isis de Philae (L. V. Žabkar, Hymns to Isis, Hymne III, 9) appelle la déesse nuage qui rend les champs verts lorsqu’il descend, expression qui semble associer Isis à la pluie bénéfique, laquelle pourrait, le cas échéant, pallier l’insufisance de la crue ; L. V. Žabkar, Hymns to Isis, p. 147-149. Il faut peut-être voir dans le texte du P. Oxy. 1380 un jeu de mots sur l’ambiguïté de sens du terme ̵βρο̋, l’eau de l’inondation pour les Égyptiens et la pluie pour les Grecs, ce qui ne surprendrait pas de la part du rédacteur. Comparer l’Arétalogie où Isis est maîtresse de la pluie (̵βρων κυρíα M 54) comme elle est maîtresse du tonnerre (κεραυνοû κυρíα M 42), c’est-à-dire revêtant certaines prérogatives de Zeus. L ́ ’ ́  41 δρóσου 19 καì [χι]óνο̋ 20 καì πáση̋ λ[ú]σε[ω]̋ κρ[åν]η̋ 21 καì θαλáσση̋; 22 (Toi) par qui tout existe à travers chaque inondation, chaque source, chaque rosée et (chaque) chute de neige, chaque fontaine qui coule et (chaque) puits. Une omnipotence qu’on lit de nouveau chez Apulée 23 lorsqu’il fait dire à Lucius : Tuo nutu spirant flamina, nutriunt nubila, germinant semina, crescunt germina. Sur un signe de ta part, les vents se mettent à soufler, les nuages se gonflent, les semences germent, les germes croissent. On retrouve donc énoncés dans cette litanie comme dans le texte arétalogique les éléments qui, en Égypte même, définissent Amon comme un dieu de la mer. Isis y est maîtresse des vents 24 ; elle peut donc soumettre à sa volonté les flots, qu’ils soient 19 Le terme δρóσο̋, que nous traduisons par rosée, correspond à l’égyptien j3dt, mais le mot grec renvoie à des réalités diférentes selon que l’on se trouve en Égypte ou, par exemple, en Grèce. Pour le sens de j3dt, Wb I, 36, 1 ; A. H. Gardiner, AEO, Oxford 1947, I, 6* no 18 ; J. Vandier, Le Papyrus Jumilhac, Paris 1961, p. 204, n. 621 ; Ph. Derchain, Papyrus Salt 825, p. 25, et id., Elkab I, p. 58, n. 36 ; J. Assmann, Liturgische Lieder, p. 249 ; D. Meeks, Donations au temple d’Edfou, p. 124, n. 262 ; D. Van der Plas, Hymne, p. 71-76. J3dt vient du ciel, comme l’indique le grand Hymne à la crue du Nil, ce qui descend du ciel est sa (i.e. Hapy) rosée. En tant que telle, j3dt apparaît comme une variante de la pluie. Mais le long du Nil, ce n’est pas la pluie qu’exprime le mot j3dt. En efet, comme l’indique un texte de Kom Ombo, tu (i.e. Souchos) es le grand Hapy qui fait vivre les céréales et dont la rosée submerge les Deux-Terres (?) (traduction J. Yoyotte, BIFAO 61 [1962], p. 107), le mot rosée étant mis directement en rapport avec la crue. Le verbe δροσíζειν, quant à lui, doit signifier l’humidification du sol au début de la crue (P. Mil. Vogl. II 60, 4 milieu e siècle apr. J.-C. ; D. Bonneau, La crue du Nil, p. 257-258), ce qui conduit à penser que la rosée (δρóσο̋) est le signe avant-coureur du débordement du Nil. L’arrivée de la crue se fait en deux étapes : l’humidité se propage d’abord dans le sol et les arbres comme les animaux la perçoivent (P. Oxy. 1796) ; puis l’inondation proprement dite se produit. C’est cette première étape que les prières pour le Nil rendent par rosée. Coïncidant avec le jour de naissance d’Isis, le quatrième épagomène, cette humidification du sol pourrait avoir un lien avec les fêtes Amesysia ; D. Bonneau, Amesysia, p. 366-379, et Jours épagomènes, p. 365-370. Isis est d’ailleurs assimilée à cette eau débordante (PGM IV, 2892 et PGM XII, 234 où Osiris est l’eau du Nil dans son lit tandis qu’Isis est l’eau qui se répand sur les terres). 20 Nous traduisons le mot χιöν par chute de neige plutôt que par eau glacée, quoique nous n’ayons pu trouver trace d’une Isis maîtresse de la neige dans les textes égyptiens. Le mot est utilisé à nouveau dans la litanie à la l. 239 : Σù νéµων καì βροντ÷ν καì στραπ÷ν καì χειóνων τò κρáτο̋ Ïχει̋ Tu as le commandement des vents, du tonnerre, des éclairs et des chutes de neige, une séquence où Isis reprend certaines fonctions de divinités suprêmes telles que Zeus, pour devenir la maîtresse de tous les éléments, un thème récupéré par Apulée, Métam. XI, 25. On pourrait aussi comprendre chute de grêle, comme nous le suggère P. Koemoth. 21 La lecture de ce passage est dificile, les lettres en ce début de ligne étant très efacées. Les restitutions des précédents éditeurs sont d’ailleurs assez variées : λ[.]σε[ω]̋ κα[ì γ]æ̋ pour Grenfell et Hunt dans l’ed. pr. ; λ[ú]σε[ω]̋ κα[ì γ]æ̋ pour G. Lafaye, Litanie, p. 89 ; ƒ[λ]σε[ω]̋ κα[ì γ]æ̋ pour K. F. W. Schmidt, GGA 180.3-4 (1918), p. 83, et G. de Manteufel, Notes, p. 165-166 ; φ[ú]σε[ω]̋ κα[ì γ]æ̋ pour M. Totti, Texte, p. 73. Aucune ne nous paraît toutefois satisfaisante. On peut en efet se demander ce que la terre peut venir faire au milieu de toute cette eau douce. D’où notre proposition, le mot κρåνη̋ s’opposant alors au terme πηγå, tout en le complétant. 22 Tous les traducteurs et commentateurs ont compris qu’il s’agissait ici de la mer, ce dont nous doutons fortement, la présence d’eau salée parmi toute cette eau douce étant suspecte. Si notre restitution du mot κρåνη̋ est correcte, nous traduirions plutôt θáλασσα par puits. Le terme est attesté en copte pour désigner l’eau douce d’un puits ; P. Grossmann, Grab des Shenute, p. 92-97. 23 Métam. XI, 25, 4. 24 Qu’elle les ait créés, comme le précise le Ier hymne de Madinet Madi (v. 10-11), qu’elle leur commande, comme l’afirme l’Arétalogie (v. 39), ou qu’elle les domine, comme le suggère Plutarque (De Iside, 16 [357d]), lorsqu’il rapporte comment la déesse, irritée, assécha le cours du Phédros. 42 I, D   fluviaux ou maritimes, et, par voie de conséquence, elle protège (ou non) les humains qui s’aventurent sur l’eau 25 . Mais là ne s’arrêtent pas ses compétences puisque son pouvoir s’étend à tous les éléments humides, faisant ainsi d’elle une déesse qui apporte la vie. Les deux fonctions de pelagia et de frugifera seront d’ailleurs toujours étroitement liées. L’un des traits les plus originaux difusés par le récit arétalogique paraît bien être l’invention des activités maritimes. Nous serions tenté de le rattacher à l’épisode giblite de la quête d’Isis et à son insertion dans le mythe osirien, insertion qui peut être contemporaine de la rédaction de l’Arétalogie, et participer à l’élaboration du caractère marin de la déesse. Un trait concret caractérise, a posteriori sans doute, cette arétè d’Isis, l’invention de la voile qui autorise ces dificiles traversées, une invention bientôt embellie par la mise en avant d’une géniale initiative : c’est de son manteau qu’elle fit une voile. C’est d’ailleurs ainsi qu’est interprété le trait par les commentateurs antiques, même s’ils opèrent une confusion que l’on retrouve parfois ailleurs 26 , entre Harpocrate et Osiris. Ainsi selon Hygin 27 : Velificia primum invenit Isis, nam dum quaerit Harpocratem filium suum rate velificavit. Isis inventa la voilure : en efet, en cherchant son fils Harpocrate, elle plaça des voiles sur un radeau. Cette explication est développée quelques siècles plus tard par Cassiodore 28 : Hoc (= velum) Isis rati prima suspendit, cum per maria Harpocratem filium suum audaci femina pietate perquireret. Ita dum materna caritas suum desiderium festinat explerere, mundi visa est ignota reserare. Isis, la première en suspendit une (voile) à une barque, lorsque, sur les mers, elle recherchait son fils Harpocrate avec la piété audacieuse d’une femme. Ainsi, pendant que la tendresse maternelle se hâtait de satisfaire son désir, on la vit révéler une chose encore inconnue des hommes. Mais, entre-temps, cette iconographie singulière s’est abondamment difusée dans le monde méditerranéen, selon des processus qu’il nous appartient maintenant de tenter de déterminer. 25 Comparer le P. Tebt. Tait 14, où il est écrit qu’Isis est celle qui est dans les rivières (ou les canaux). Quand on fait appel à elle, elle amène [les suppliants sains et saufs] sur le rivage. 26 Voir par exemple Lactance, Div. Inst. XVII, 6 : Isis filium perdidit, Ceres filiam. Isis a perdu son fils, Cérès, sa fille, et XXI, 24 : Isidis Aegyptiae sacra sunt, quatenus filium paruulum uel perdiderit uel inuenerit. Il y a des cérémonies en l’honneur d’Isis l’Égyptienne, tantôt parce qu’elle a perdu son tout jeune fils, tantôt parce qu’elle l’a retrouvé. La confusion de l’auteur chrétien doit probablement trouver son origine dans la lecture de Minucius Felix, Octavius XXII, 1 : Isis perditum filium cum Cynocephalo suo et calvis sacerdotibus luget plangit inquirit. Isis avec son Cynocéphale et ses prêtres à la tête rasée se lamente, pleure et cherche son fils disparu. 27 Fabulae, CCLXXVII (ca 190 apr. J.-C.). 28 Variae V, 17 (milieu du  e siècle apr. J.-C.) III Les représentations d’Isis, Dame des flots Nous avons déjà utilisé, à propos de l’image prêtée à Isis navigans, l’expression Isis à la voile. Cette iconographie singulière a suscité bien des écrits et des débats. Trente ans après la publication du plus important des articles fondamentaux consacrés par Ph. Bruneau à ce sujet 1 , il n’est sans doute pas inutile de faire le point sur ce dossier qui s’est enrichi, depuis, d’un nombre important de documents, dont certains particulièrement significatifs. C’est aussi l’occasion de s’interroger sur l’évolution de la figure d’Isis Dame des flots depuis le e siècle av. J.-C. et de se demander si l’Isis à la voile est bien la seule image possible pour la représenter. 1. Le type d’Isis à la voile a. Origine et définition L’ensemble documentaire concernant Isis à la voile est riche, le type apparaissant sur des monnaies, des intailles, des sceaux, des lampes, des verres gravés, des reliefs et peut-être des statues. Mais avant d’en présenter le catalogue et de tenter de démêler le certain du probable et du possible, il nous faut dire un mot sur les unités iconographiques qui, regroupées, définissent le thème d’Isis à la voile 2 . Un document retrouvé lors du dégagement de la stoa sud de l’Agora d’Athènes peut servir de point de départ. Il s’agit d’un fragment de marbre bleu foncé, probablement une matrice pour décors de joaillerie (fig. 4) 3 . Son éditrice, E. R. Williams, le décrit ainsi : Within a square field is a circle formed by closely set drill holes. Inside this frame and standing upon a short ridge for a ground line is a female in right profile, left leg advanced and knees slightly bent. Concentric ridges between and behind the legs suggest windblown drapery; in front of the left leg and extending from thigh to ankle is another ridge terminating in an oval boss. The figure’s elbows are bent with the forearms elevated. Each hand grasps the edge of a long piece of inflated fabric that is fringed along its front contour. A loop rises 1 Ph. Bruneau, Isis Pélagia, p. 435-446 ; Isis Pélagia. Compléments, p. 301-308 ; Statues, p. 333-381 ; Isis Pélagia (IV), p. 152-161. 2 Sur cette question des thèmes et des schèmes iconographiques relatifs à Isis marine, voir Cl. Bérard, Isis à la voile, p. 163-171. 3 E. R. Williams, Isis Pelagia. Dimensions : h. 13,2 cm, l. 10 cm. Agora Museum, n o inv. ST 527. Sur le sens à donner à ce document, voir infra p. 124. les monnaies les lampes (lieux de découverte) Aquincum les reliefs ? 44 LES REPRÉSENTATIONS D'ISIS À LA VOILE les lampes (ateliers de fabrication) les empreintes de sceau les intailles les statues Aquilée Callatis Anchialos Amastris Byzance Philippopolis Aleria Rome Latium ? Ostie ? Pouzzoles Pausilippe Périnthe ? Nicomédie Nicée Thesssalonique ? Bénévent ? Phocée Cleonae Corinthe ? Samos Kymè• ? Philadelphie Magnésie du Méandre Aspendos Iasos Délos Messène Salamine Byblos Carthage I, D   Cyrène Alexandrie Athribis 300 0 km 150 600 450 750 km FDx L ́ ’I, D   45 Fig. 4. Matrice. Agora d’Athènes. e-e s. apr. J.-C. from the maiden’s right hand. In the field between sail and frame, and echoing the curve of the punched border, are the letters EICIC. 4 C’est jusqu’à présent le seul monument associant explicitement l’image d’une divinité à la voile au nom d’Isis. La partie droite de la matrice n’a pas été retrouvée, et l’on ne sait si la déesse portait une couronne. Elle ne tient en tous cas pas de sistre, et l’esquisse du drapé de son vêtement ne permet pas de penser que le nœud isiaque le parait. Il est également impossible de dire si elle portait un manteau flottant dans le dos. Sur le plan épigraphique, l’absence de la moitié de la pierre peut laisser supposer qu’une épiclèse figurait en vis-à-vis du nom de la déesse, de l’autre côté de la représentation figurée d’Isis à la voile. Pourtant, malgré ces manques, réels ou supposés, nous avons bien afaire à une Isis. Une comparaison avec l’évolution des représentations de l’Isis à la voile sur des monnaies permet à E. R. Williams de dater le fragment de la seconde moitié du e ou du début du e siècle apr. J.-C. 5 L’artiste local, qui a assez maladroitement gravé le moule, s’est manifestement inspiré d’une monnaie, peut-être corinthienne 6 , dont il n’a pas compris tous les détails. Ce sont en efet les sources numismatiques qui nous livrent l’image la plus élaborée de ce thème. 4 Ibid., p. 110 et pl. 21. Pour l’inscription, RICIS 101/0213. 5 Ibid., p. 112-113. 6 C’est la cité ayant émis des monnaies au type d’Isis à la voile la plus proche d’Athènes. 46 I, D   Sur de nombreuses monnaies est représentée une femme debout, généralement à droite, vêtue d’un chiton et d’un himation qui descend jusqu’aux chevilles, le pied gauche en avant et reposant sur le bas d’une voile gonflée 7 , dont elle retient le haut de ses deux mains. Ce pied peut en outre être posé sur une proue 8 , celle-ci n’étant parfois qu’esquissée sous la forme d’un simple trait. Sur quelques émissions, la coque, généralement celle d’une galère, est entièrement représentée 9 . Sur la majorité des exemplaires, la femme est soit coifée du basileion 10 , soit tenant un sistre dans la droite 11 , soit les deux 12 , ce qui identifie cette figure féminine à Isis. Elle est exceptionnellement coifée d’un calathos 13 . Son long manteau peut, au mépris de toute vraisemblance, être gonflé par un vent (ou la vitesse du navire), souflant de droite à gauche, c’est-à-dire à l’inverse de la voile qui fait avancer l’embarcation. Sur des monnaies d’Éphèse et d’Alexandrie, un phare est figuré devant 14 ou derrière elle 15 . b. Essai de typologie Considérant les unités iconographiques présentes dans les images d’Isis à la voile, nous pouvons établir dans l’absolu la typologie représentée au tableau de la page 47 : A. Isis à la voile représentée sans le Phare ; B. Isis à la voile représentée avec le Phare. 7 Ce n’est pas toujours le cas ailleurs. Sur la matrice d’Athènes, rien ne semble retenir la voile en bas. Sur une cornaline de la collection von Stosch conservée aujourd’hui au Musée égyptien de Berlin, ce sont des cordelettes qui lient la voile au pont du navire ; W. Kaiser, Ägyptisches Museum, p. 114 no 1061 et fig. ; Ph. Bruneau, Statues, p. 344 et fig. 7. 8 J. Rouvier, JIAN 4 (1901), p. 44.656 (= SNRIS Byblus 5) ; G. Le Rider et H. Seyrig, Objets de la collection Louis de Clercq, RN (1968), p. 18.340 et pl. IV.340 (= SNRIS Byblus 10). 9 Par exemple R. Salditt-Trappmann, Tempel, p. 40.5, pl. A.6 (= SNRIS Cyme 5) et p. 40.6, pl. A.7 (= SNRIS Cyme 6) ; la SNRIS Roma pour toutes les émissions des Vota publica au type d’Isis à la voile. Il ne faut peut-être pas chercher d’explication trop élaborée à ces variations dans la représentation du bateau (complète, simplifiée ou suggérée), mais garder simplement à l’esprit que c’est davantage l’attitude de la déesse qu’il s’agit de mettre en avant. 10 Ph. Margaritis, Médailles grecques et tessères de plomb de la collection de M. Philippe Margaritis, RN (1886), p. 16, pl. II.1 (= SNRIS Anchialus 15) ; une monnaie inédite de Nicée conservée dans une collection particulière (= SNRIS Nicaea 8) ; et SNG Cop., 1069 (= SNRIS Phocaea 2). 11 J. Svoronos, JIAN 6 (1903), p. 196.180, pl. XII.11 (= SNRIS Aspendus 18) ; RPC I, 4528 (= SNRIS Byblus 15). 12 E. Schönert-Geiß, Byzantion, 1587 (= SNRIS Byzantium 1) ; SNG Sweden II, 3, 1962 (= SNRIS Nicomedia 2) ; Moushmov, 5207 (= SNRIS Philippopolis 3). 13 C. Preda, Monede inedite de la Histria, Callatis si Tomis, Studii si Cercetari de Numismatica 2 (1958), p. 113-114 no 10 (= SNRIS Callatis 4). 14 BMC Alexandria, p. 89.757 ; Dattari 1767-1768 ; Geissen 2, 1121, 1122, 1124 et 1125 ; Emmett 1002 (= SNRIS Alexandria 199) ; G. Hölbl, Ephesos, p. 73.H2kg (= SNRIS Ephesus 4). 15 Dattari 935 ; Geissen 1, 580 ; Emmett 529 (= SNRIS Alexandria 103) ; G. Hölbl, Ephesos, p. 73.H2kb, pl. XV.2 (= SNRIS Ephesus 5). Isis debout, en proue, un pied en avant, tenant une voile à deux mains, le navire étant représenté ou figuré par une ligne Son manteau flottant derrière elle La tête tournée vers l’arrière La tête vers l’avant Coifée du basileion Sans manteau derrière elle Tête nue Coifée du basileion La tête de face Tête nue Coifée du basileion La tête tournée vers l’arrière La tête vers l’avant Tête nue Coifée du basileion Tête nue Coifée du basileion La tête de face Tête nue Coifée du basileion Tête nue Avec le sistre de la droite Sans sistre Avec le sistre de la droite Sans sistre Avec le sistre de la droite Sans sistre Avec le sistre de la droite Sans sistre Avec le sistre de la droite Sans sistre Avec le sistre de la droite Sans sistre Avec le sistre de la droite Sans sistre Avec le sistre de la droite Sans sistre Avec le sistre de la droite Sans sistre Avec le sistre de la droite Sans sistre Avec le sistre de la droite Sans sistre Avec le sistre de la droite Sans sistre A1d 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 A1g 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 B1d 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 B1g 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 L ́ ’I, D   Typologie* * Pour ne pas aboutir à un tableau contenant 96 cases sur sa dernière ligne, et pour tenter de rendre cette typologie la moins complexe possible, tout en comptant sur l’indulgence du lecteur, nous avons opté pour le classement suivant. L’initiale A signifie que nous avons afaire à une Isis à la voile représentée sans le Phare ; le B signifie qu’Isis à la voile est représentée avec le Phare ; puis vient un numéro entre 1 et 24, correspondant à la grille typologique ; enfin la lettre d signifie qu’Isis avance vers la droite, et la lettre g qu’elle se dirige vers la gauche. Exceptionnel est le type A2d' où la déesse est coifée d’un calathos. Les numéros apparaissant en gras sur fond grisé correspondent aux types dont l’existence est avérée. 47 48 I, D   L’étude générale du monnayage isiaque antique que nous avons entreprise dans le cadre de la Sylloge Nummorum Religionis Isiacae et Sarapiacae et la réunion, sans doute non exhaustive, des diférents documents au type d’Isis à la voile, nous ont permis de reconnaître l’existence des types suivants 16 . Type A1d Isis debout, tournée vers la droite, un pied en avant et tenant une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’avant. Elle tient le sistre de la droite. Le pont du navire est figuré par une ligne 17 . Fig. 5a. Alexandrie. Hadrien an 18. Fig. 5b. Alexandrie. Antonin an 8. 16 Par commodité et pour ne pas alourdir dans le corps du texte la déjà très dense liste principale, nous renvoyons le lecteur à la seule SNRIS, mais nous donnons en note, pour ces documents multiples que sont les monnaies, les références éventuelles aux principaux répertoires numismatiques, sans souci d’exhaustivité. Certaines pièces nous sont toutefois restées inaccessibles, et les descriptions antérieures ne livrent pas toujours les précisions nécessaires à l’intégration assurée de tel ou tel exemplaire dans cette typologie, ce qui a pu entraîner ici et là certaines erreurs de détail dans le classement de quelques monnaies sorties de l’atelier d’Alexandrie. Il en est allé de même pour les pièces mal conservées, ou décentrées, qui ne laissent pas toujours voir les détails (sistre, basileion, orientation de la tête et même date) qui nous occupent. Lorsqu’il nous a été impossible d’insérer un exemplaire dans une série et par conséquent de le classer dans cette typologie, nous avons préféré l’ignorer. Il en va ainsi, par exemple, d’une monnaie datée de l’an 4 du principat d’Hadrien citée dans Mionnet 6, p. 149-150.870, ou d’une autre publiée dans Mionnet 6, p. 155.917, et datée de l’an 7 du même principat. Hors d’Alexandrie, citons deux émissions d’Éphèse pour Valérien (253-260 apr. J.-C.) et Gallien (253-268 apr. J.-C.) [SNRIS Ephesus 28-29], deux de Nicomédie pour Marc Aurèle (161-180 apr. J.-C.) et Commode César (166-177 apr. J.-C.) [SNRIS Nicomedia 3 et 5]. En revanche, nous avons parfois corrigé, amendé et précisé un certain nombre de descriptions par rapport aux publications d’origine (souvent incomplètes et ne disposant pas toujours d’exemplaires sufisamment lisibles) pour intégrer nombre de monnaies à notre typologie. Nous n’avons pas estimé utile de détailler toutes ces informations dans le présent volume, pour ne pas le déséquilibrer davantage. Ajoutons enfin que sans la collaboration de notre ami F. Delrieux, cette enquête n’aurait pu aboutir. Qu’il en soit chaleureusement remercié. Une cornaline inédite de l’American Numismatic Society à New York, no inv. 0000.999.33833, que nous n’avons pu voir, est ainsi décrite dans le fichier : Isis Pharia stdg. r., holding billowing sail to r.. 17 L ́ ’I, D   49 Monnaies A1d Alexandrie Empereur Corinthe An 2 4 5 6 8 9 10 11 12 14 15 16 17 18 19 21 ✓a Domitien ✓b Trajan ✓d ✓e ✓f ✓g Hadrien ✓c ✓h ✓i ✓j ✓k ✓l ✓m ✓n Sabine ✓x ✓y Faust. M. ✓z ✓ aa M. A. Cés. ✓ ab Antonin Luc. Verus ✓o ✓p ✓q ✓r ✓s ✓t ✓u ✓v ✓w ✓ ac ✓ ad M. A. Aug. ✓ ae Commode ✓ af Sep. Sév. Aurélien 27 ✓ ag a Dattari 510 ; RPC II, 2639 ; Emmett 268(11) ; SNRIS Alexandria 045b : an 11 = 91/92 apr. J.-C. b Mionnet 6, p. 119.646 ; Christiansen, Coins of Alexandria, p. 173 ; Emmett 630(14) ; SNRIS Alexandria 143a : an 14 = 110/111 apr. J.-C. Connue par le seul Mionnet, l’existence de cette émission demande à être confirmée. Par ailleurs, K. Emmett 528(16) et (631) signale deux monnaies inédites de Berlin à ce type, sans préciser si la déesse est coifée du basileion et/ou tient le sistre. La date de la première (an 16 [?] de Trajan = 112/113 apr. J.-C.) n’est pas assurée ; celle de la seconde, attribuable au même règne, n’est pas lisible ; voir SNRIS Alexandria 102. c Emmett 630(18) ; SNRIS Alexandria 143b : an 18 = 114/115 apr. J.-C. d Milne 1016 ; Emmett 868(6) ; SNRIS Alexandria 168aa. Mionnet suppl. 9, p. 56.179 ; Emmett 1093(8) ; SNRIS Alexandria 168ca : an 6 = 121/122 apr. J.-C. e Dattari 1403 ; Geissen 2, 856 ; Emmett 868(8) ; SNRIS Alexandria 168ab : an 8 = 123/124 apr. J.-C. f Curtis, Tetradrachms, 443 ; Emmett 868(9) ; SNRIS Alexandria 168ac : an 9 = 124/125 apr. J.-C. g Emmett 868(10) ; SNRIS Alexandria 168ad. Mionnet 6, p. 162.978 ; Emmett 1093(10) ; SNRIS Alexandria 168cb : an 10 = 125/126 apr. J.-C. h Geissen 2, 1016-1017 ; Emmett 1093(14) ; SNRIS Alexandria 168cc : an 14 = 129/130 apr. J.-C. i Feuardent 1360 ; Emmett 1093(15) ; SNRIS Alexandria 168cd : an 15 = 130/131 apr. J.-C. j BMC Alexandria, p. 89.752 ; Emmett 1093(16) ; SNRIS Alexandria 168ce : an 16 = 131/132 apr. J.-C. k Dattari 1757-1758 ; Geissen 2, 1078 ; Emmett 1000(17) ; SNRIS Alexandria 168ba : an 17 = 132/133 apr. J.-C. l Dattari 1759-1761 ; Emmett 1000(18) ; SNRIS Alexandria 168bb : an 18 = 133/134 apr. J.-C. (fig. 5a). m Dattari 1762 ; Emmett 1000(21) ; SNRIS Alexandria 168bc : an 21 = 136/137 apr. J.-C. n Dattari 2068 ; Geissen 2, 1265 ; Emmett 1340(16) ; SNRIS Alexandria 239 : an 16 = 131/132 apr. J.-C. o Dattari 2657 ; Emmett 1590(2) ; SNRIS Alexandria 248ba : an 2 = 138/139 apr. J.-C. p Dattari 2662 ; Geissen 2, 1353 ; Emmett 1724(4) ; SNRIS Alexandria 248ca : an 4 = 140/141 apr. J.-C. q Dattari 2663 ; Geissen 2, 1398 ; Emmett 1590(5) ; SNRIS Alexandria 248bb. Dattari 2664-2265 ; Geissen 2, 1396-1397 ; Emmett 1724(5) ; SNRIS Alexandria 248cb : an 5 = 141/142 apr. J.-C. r BMC Alexandria, p. 132.1113 ; Emmett 1590(8) ; SNRIS Alexandria 248bc : an 8 = 144/145 apr. J.-C. (fig. 5b). s Emmett 1724(9) ; SNRIS Alexandria 248cc : an 9 = 145/146 apr. J.-C. t Dattari 2667-68 ; Geissen 2, 1550-51 ; Emmett 1590(10) ; SNRIS Alexandria 248bd : an 10 = 146/147 apr. J.-C. u Dattari 2670 ; Geissen 2, 1580 ; Emmett 1590(11) ; SNRIS Alexandria 248be. Förschner 633 ; Emmett 1724(11) ; SNRIS Alexandria 248cd : an 11 = 147/148 apr. J.-C. v Förschner 634 ; Emmett, 1590(12) ; SNRIS Alexandria 248bf : an 12 = 148/149 apr. J.-C. w BMC Alexandria, p. 114.989 ; Emmett 1724(14) ; SNRIS Alexandria 248ce : an 14 = 150/151 apr. J.-C. x Geissen 2, 1694 ; Oxford 2208-2210 : an 17 = 153/154 apr. J.-C. y Demetrio 1904 ; Emmett 1591(21) ; SNRIS Alexandria 248bg : an 21 = 157/158 apr. J.-C. z Geissen 2, 1970-1971 ; Emmett 1949(17) ; SNRIS Alexandria 332a : an 17 = 153/154 apr. J.-C. aa Dattari-Savio, 9096 ; Emmett 1950(21) ; SNRIS Alexandria 332b : an 21 = 157/158 apr. J.-C. ab Dattari 3161 ; Emmett 1851(17) ; SNRIS Alexandria 316 : an 17 = 153/154 apr. J.-C. ac Dattari 3730 ; Emmett 2451(4) ; SNRIS Alexandria 442a : an 4 = 163/164 apr. J.-C. 50 I, D   ad ae Dattari 3475 ; Emmett 2243(19) ; SNRIS Alexandria 397 : an 19 = 178/179 apr. J.-C. Mionnet 6, p. 339.2364 ; Emmett 2603(27) ; SNRIS Alexandria 475 : an 27 = 186/187 apr. J.-C. L’appartenance de cet unique exemplaire, connu par le seul Mionnet, au type A1d n’est pas du tout assurée. af Collection particulière ; SNRIS Corinthus 9 : 193-211 apr. J.-C. ag Dattari-Savio, 10587 ; Emmett 3945(4) ; SNRIS Alexandria 678 : an 4 = 272/273 apr. J.-C. Relief en marbre de Pylaia 18 (e-e s. apr. J.-C.). Type A1g Isis debout tournée vers la gauche, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’avant. Elle tient le sistre de la droite. Le pont du navire est figuré par une ligne. Fig. 6. Iasos. Lucius Verus. Monnaies A1g Alexandrie Empereur 6 Hadrien ✓ 7 17 21 ✓b ✓c ✓d a Antonin ✓e Marc Aurèle Lucius Verus Iasos An ✓f ✓g New York, ANS n o inv. 1974-26-3493 ; Emmett 999(6) ; SNRIS Alexandria 168d : an 6 = 121/122 apr. J.-C. Dattari 2260 ; SNRIS Alexandria 248aa : an 7 = 143/144 apr. J.-C. Dattari 2262-2263 ; Emmett 1403(17) ; SNRIS Alexandria 248ab : an 17 = 153/154 apr. J.-C. Dattari 2264-2265 ; Emmett 1404(21) ; SNRIS Alexandria 248ac : an 21 = 157/158 apr. J.-C. Collection particulière ; SNRIS Iasus 4A : 161-180 apr. J.-C. Geissen 2188 (mais l’année est incertaine ; an 5 ou 6 ?) ; Dattari-Savio, 9478 ; Emmett 2452(6) ; SNRIS Alexandria 442b : an 6 = 165/166 apr. J.-C. Nous n’avons pu voir, pour les émissions d’Alexandrie se rapportant au type A1g, que les deux exemplaires (le premier conservé à Cologne, le second ayant appartenu à G. Dattari) cités dans cette note, tous deux hélas mal conservés. g E. Babelon, Inventaire Sommaire de la Collection Waddington acquise par l’État en 1897, Paris 1898, no 2445 ; SNRIS Iasus 4 : 161-169 apr. J.-C. (fig. 6). a b c d e f 18 M.-H. Blanchaud, Relief, p. 709-711. Le relief est sculpté sur une face d’un autel en marbre blanc provenant de Pylaia, à 2 km à l’est de Thessalonique (Musée de Thessalonique no inv. 6976). La déesse, debout sur ce qui semble être le pont d’un navire, porte une coifure haute, très endommagée pour être identifiable avec certitude. Dans ses mains, qui retiennent une voile gonflée par le vent, elle tient également un sistre et ce qui pourrait être une ampulla. Le fait qu’il s’agisse d’un autel montre le caractère cultuel de cette représentation d’Isis à la voile. Voir infra p. 121 fig. 55a pour une photographie du relief. L ́ ’I, D   51 Type A2d Isis debout, tournée vers la droite, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’avant. Elle ne tient pas de sistre à la main. Le pont du navire est figuré par une ligne. Fig. 7a. Corinthe. Antonin. Fig. 7b. Phocée. Maximin. Monnaies A2d Alexandrie Empereur 9 Domitien Hadrien 10 11 ✓a ✓b Corinthe ✓d Marc Aurèle ✓e Lucius Verus ✓f Plautille Maximin Gordien III Phocée Samos ? ✓c Antonin Commode a b c d e f g h i j Callatis An ✓g ✓h ✓i ✓j Dattari 508 ; RPC II, 2574 ; Emmett 268(10) ; SNRIS Alexandria 045a : an 10 = 90/91 apr. J.-C. Dattari 509 ; RPC II, 2613-2615 ; SNG France 4, 930 ; Emmett 268(11) ; SNRIS Alexandria 045b : an 11 = 91/92 apr. J.-C. Dattari 1404 ; Geissen 4, 3463 ; Emmett 868(9) ; SNRIS Alexandria 168ac : an 9 = 124/125 apr. J.-C. Mionnet suppl. 4, p. 88.592 ; SNRIS Corinthus 3 : 138-161 apr. J.-C. (fig. 7a). New York, ANS n o inv. 1944-100-38581 ; SNRIS Corinthus 7 : 161-180 apr. J.-C. Imhoof-Blumer, Gardner, NCP, p. 17.11 ; SNRIS Corinthus 6 : 161-169 apr. J.-C. Collection particulière ; SNRIS Callatis 2 : 177-192 apr. J.-C. Collection particulière ; SNRIS Corinthus 10 : 202-205 apr. J.-C. SNG Cop., 1069 ; SNRIS Phocaea 2 : 235-238 apr. J.-C. (fig. 7b). P. R. Franke, M. K. Nollé, Homonoia-Münzen, no 1804 ; SNRIS Samus Err1? : 238-244 apr. J.-C. 52 I, D   Fig. 8. Lampe. Tell Atrib. er-e s. apr. J.-C. Lampes alexandrine, trouvée à Tell Atrib 19 (er-e s. apr. J.-C.) [fig. 8] ; alexandrine, sans provenance connue 20 (e s. apr. J.-C.). Type A2g Isis debout, tournée vers la gauche, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’avant. Elle ne tient pas de sistre à la main. Le pont du navire est figuré par une ligne (Alexandrie) ou entièrement représenté (Rome). Fig. 9. Rome. Constantin. 19 Cette lampe fragmentaire a été trouvée sur le site de Tell Atrib, l’ancienne Athribis du Delta, dans un quartier d’habitation, à l’intérieur de la pièce 66. J. Młynarczyk, Isis Pharia, p. 332-333, fig. 1. 20 Ph. Bruneau, Isis Pélagia. Compléments, p. 303 et fig. 2 p. 302. Cette lampe à six becs, en argile rouge, est conservée dans la collection Bénaki. Il est intéressant de noter que ce sont là, avec la lampe chypriote du type A9d', p. 60 et fig. 20, les trois seuls exemplaires avérés de lampes au motif d’Isis à la voile, avec peut-être le fragment corinthien découvert à Délos (voir infra p. 68 fig. 29a). Ce thème ne paraît donc guère avoir connu de succès en dehors de deux ateliers, l’un alexandrin, l’autre chypriote. L ́ ’I, D   53 Monnaies A2g Alexandrie An 17 Empereur Rome ✓a Antonin Constantin ✓b Contorniate ✓c a Dattari 2261 ; Emmett, 1403(17) ; SNRIS Alexandria 248ab : an 17 = 153/154 apr. J.-C. Cette série demande vérification car ce serait la seule, pour Alexandrie, sur laquelle Isis ne tient pas de sistre. b Alföldi, Festival of Isis, 10 et pl. I.13 ; SNRIS Roma V009b : 317-326 apr. J.-C. (fig. 9). c A. et E. Alföldi, Kontorniat, n o 112.1-4, pl. 38.5-7 et 215.3 : e s. apr. J.-C. Fig. 10. Cornaline. Cornaline ocre-jaune 21 (e-e s. apr. J.-C.) [fig. 10]. Type A2d' Isis debout, tournée vers la droite, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du calathos, est tournée vers l’avant. Elle ne tient pas de sistre à la main. Le pont du navire est figuré par une ligne. Fig. 11. Callatis. Septime Sévère. 21 Elle provient de la collection von Stosch et est conservée aujourd’hui au Musée égyptien de Berlin (no inv. 9827) : J. J. Winckelmann, Description des pierres gravées du feu baron de Stosch, Florence 1760, p. 16 no 62 ; E. H. Tölken, Erklärendes Verzeichniss der antiken vertieft geschnittenen Steine der Königlich Preussischen Gemmensammlung, Berlin 1835, p. 16 no 38 ; W. Kaiser, Ägyptisches Museum, p. 114 no 1061 et fig. ; Ph. Bruneau, Statues, p. 344 et fig. 7 ; H. Philipp, Mira et magica, p. 63 no 73, pl. 17. 54 I, D   Monnaie A2d' Empereur Callatis Septime Sévère ✓a a C. Preda, Monede inedite de la Histria, Callatis si Tomis, Studii si Cercetari de Numismatica 2 (1958), p. 113-114 no 10 ; SNRIS Callatis 4 : 193-211 apr. J.-C. (fig. 11). Type A3d Isis debout, tournée vers la droite, un pied en avant, tient une voile à deux mains 22 . Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, nue, est tournée vers l’avant. Elle tient un sistre de la droite. Le pont du navire est figuré par une ligne. Fig. 12. Byblos. Diaduménien. Monnaies A3d Empereur Byblos Commode ✓a Septime Sévère ✓b Julia Domna ✓c Caracalla ✓d Géta ✓e Macrin ✓f Diaduménien ✓g Élagabal ✓h a b c d e f SNG Cop., 139 ; SNRIS Byblus 16 : 177-192 apr. J.-C. Mionnet 5, p. 354.122 ; SNRIS Byblus 17 : 193-211 apr. J.-C. Baramki, p. 154.44 ; SNRIS Byblus 18 : 193-217 apr. J.-C. E. Babelon, Perses achéménides, p. 200.1393 ; SNRIS Byblus 19 : 198-217 apr. J.-C. Mionnet suppl. 8, p. 252.73 ; SNRIS Byblus 20 : 198-211 apr. J.-C. E. Babelon, Perses achéménides, p. 200.1396, pl. XXVII.13 ; SNRIS Byblus 21 : 217-218 apr. J.-C. g N. Vismara, Diadumenianus, p. 195 ; SNRIS Byblus 22 : 217-218 apr. J.-C. (fig. 12). h J. Sabatier, Monnaies inédites impériales romaines, grecques et coloniales, RN (1861), p. 97 pl. IV.11 ; SNRIS Byblus 23 : 218-222 apr. J.-C. 22 La gauche paraît retenir la voile grâce à un cordage. L ́ ’I, D   55 Type A4d Isis debout sur le pont d’un navire, tournée vers la droite, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, nue 23 , est tournée vers l’avant. Elle ne tient pas de sistre à la main. Le navire est entièrement représenté. Fig. 13a. Cymè. Antonin. Fig. 13b. Cymè. Anonyme (253-260 apr. J.-C.). Monnaies A4d Empereur Cymè Antonin ✓ Faustine Mineure ✓b Anonyme ✓c Anonyme ✓d Anonyme ✓e Anonyme ✓f Anonyme Rome a ✓g a b c d e f g R. Salditt-Trappmann, Tempel, p. 40.5, pl. A.6 ; SNRIS Cyme 5 : 138-161 apr. J.-C. (fig. 13a). Ibid., p. 40.6, pl. A.7 ; SNRIS Cyme 6 : 161-175 apr. J.-C. SNG München, 523 ; SNRIS Cyme 9 : 241-244 apr. J.-C. Athènes (1891-1892 KS' 407) ; SNRIS Cyme 9A : 244-249 apr. J.-C. R. Salditt-Trappmann, Tempel, p. 39.2, pl. A.2 ; SNRIS Cyme 10 : 253-260 apr. J.-C. (fig. 13b). Ibid., p. 39.1, pl. A.1 ; SNRIS Cyme 15 : 253-268 apr. J.-C. Alföldi, Festival of Isis, 396 et pl. VII.24 ; SNRIS Roma V193aa. Alföldi, Festival of Isis, 397 et pl. XII.17 ; SNRIS Roma V193ac : fin e s. apr. J.-C. Type A4g Isis debout sur le pont d’un navire, tournée vers la gauche, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, nue, est tournée vers l’avant. Elle ne tient pas de sistre à la main. Le navire est entièrement représenté. 23 On distingue toutefois, au sommet de la tête de la déesse, l’ébauche de ce qui pourrait être une fleur de lotus ou un basileion atrophié. 56 I, D   Fig. 14. Rome. Constantin. Monnaie A4g Empereur Rome Constantin ✓a a Alföldi, Ibid., 20 et pl. I.23 ; SNRIS Roma V015b : 317-326 apr. J.-C. (fig. 14). Type A5d Isis debout, tournée vers la droite, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’arrière. Elle tient le sistre de la droite. Le navire est figuré par une ligne. Fig. 15a. Alexandrie. Antonin an 21. Fig. 15b. Aspendos. Maximin. Monnaies A5d Alexandrie Empereur 5 Hadrien Antonin a b c d e f g h ✓c Aspendos An 18 21 ✓a ✓b ✓d Macrin ✓e Diaduménien ✓f Julia Mamaea ✓g Maximin ✓h Geissen 2, 1120 ; SNRIS Alexandria 168bb : an 18 = 133/134 apr. J.-C. Dattari 1763 ; SNRIS Alexandria 168bc : an 21 = 136/137 apr. J.-C. (fig. 15a). Geissen 2, 1396-1397 ; Emmett 1724(5) ; SNRIS Alexandria 248cb : an 5 = 141/142 apr. J.-C. Dattari 2266 ; SNG Milano XIII, 1318 ; SNRIS Alexandria 248ac : an 21 = 157/158 apr. J.-C. SNG PfPs 4, 75 ; SNRIS Aspendus 5 : 217-218 apr. J.-C. SNG PfPs 4, 76 ; SNRIS Aspendus 7 : 217-218 apr. J.-C. Collection particulière ; SNRIS Aspendus 12 : 222-235 apr. J.-C. J. Svoronos, JIAN 6 (1903), p. 196.180, pl. XII.11 ; SNRIS Aspendus 16 : 235-238 apr. J.-C. (fig. 15b). L ́ ’I, D   57 Type A6d Isis debout, tournée vers la droite, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’arrière. Elle ne tient pas de sistre à la main. Le navire est figuré par une ligne. Lampe égyptienne 24 e siècle apr. J.-C. Type A6g Isis debout, tournée vers la gauche, un pied en avant, tient une voile frangée à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’arrière. Elle ne tient pas de sistre à la main. Le navire est figuré par une ligne. Fig. 16. Callatis. Gordien III. Monnaie A6g a Empereur Callatis Gordien III ✓a SNG Hungary, 10 ; SNRIS Callatis 8 : 238-244 apr. J.-C. (fig. 16). Type A8d Isis debout sur le pont d’un navire, tournée vers la droite, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, nue, est tournée vers l’arrière. Elle ne tient pas de sistre à la main. Le navire est entièrement représenté. Fig. 17a. Rome. Constance. 24 D. M. Bailey, Lamps of Metal, p. 131 no Q 2028bis et pl. 172. Fig. 17b. Rome. Jovien. 58 I, D   Monnaies A8d Empereur Rome Constantin ✓a Constance ✓b Magnence ✓c Constance Galle ✓d Jovien ✓d Anonyme ✓f a b c Alföldi, Festival of Isis, 8 et pl. I.6 ; SNRIS Roma V008 : 317-326 apr. J.-C. Ibid., 52 et pl. II.8-9 ; RIC VIII 481 ; SNRIS Roma V027bd : 353-355 apr. J.-C. (fig. 17a). Alföldi, Festival of Isis, 60 ; RIC VIII 476 ; SNRIS Roma V031 : 350 apr. J.-C. Alföldi donnait comme titulature CAE MAGNENTIVS AVG. Celle-ci a été corrigée par P. Bastien, Magnence, p. 52 et 207 no 449 et acceptée dans le RIC VIII. d Alföldi, Festival of Isis, 58 et pl. II.10 ; RIC VIII 482 ; SNRIS Roma V033 : 352-354 apr. J.-C. e Alföldi, Ibid., 87, pl. II.30-31 et XIX.40 ; Iside p. 207.IV.171 ; RIC VIII 512-513 ; Iside p. 207.IV.172 ; Alföldi, Festival of Isis, 78 ; SNRIS Roma V053 : 364 apr. J.-C. (fig. 17b). f Voir la SNRIS (à paraître), pour une étude de celles-ci : fin e siècle apr. J.-C. Type A8g Isis debout sur le pont d’un navire, tournée vers la gauche, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, nue, est tournée vers l’arrière. Elle ne tient pas de sistre à la main. Le navire est entièrement représenté. Monnaies A8g Empereur Rome Constantin ✓a Crispus ✓b Constantin Iunior ✓c Constance ✓d Constance ✓e Constance ✓f Constans ✓g Anonyme ✓h a Alföldi, Festival of Isis, 9 et pl. I.7 ; SNRIS Roma V009a. Alföldi, Festival of Isis, 19 et pl. I.22 ; D. O. A. Klose, B. Overbeck, Ägypten zur Römerzeit, München 1989, p. 58.178 ; SNRIS Roma V015a et c : 317-326 apr. J.-C. (fig. 18). b Alföldi, Festival of Isis, 28 et pl. I.26, 30 et pl. I.28 ; SNRIS Rome V019 : 317-326 apr. J.-C. c Alföldi, Ibid., 41 et pl. I.38, 42 et pl. I.39 ; SNRIS Rome V025 : 317-337 apr. J.-C. d Alföldi, Ibid., 48 et pl. I.42 ; SNRIS Roma V027a : 324-337 apr. J.-C. e Alföldi, Ibid., 51 et pl. II.7 ; RIC VIII 475 ; SNRIS Roma V027ba : 337-340 apr. J.-C. f Alföldi, Ibid., 49 et pl. II.2 ; RIC VIII 480 ; SNRIS Roma V027bb. Alföldi, Festival of Isis, 50 et pl. XIX.37 ; RIC VIII 479 ; SNRIS Roma V027bc : 353-355 apr. J.-C. g Alföldi, Ibid., 43 ; RIC VIII 475A ; SNRIS Roma V029 : 348-350 apr. J.-C. h Fin e siècle apr. J.-C. L ́ ’I, D   59 Fig. 18. Rome. Constantin. Type A9d Isis debout, tournée vers la droite, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est vue de face. Elle tient un sistre de la droite. Le navire est figuré par une ligne. Fig. 19a. Nicomédie. Antonin. Fig. 19b. Philippopolis. Commode. Monnaies A9d Empereur Amastris Byzance Nicée ✓b ✓c ✓d Commode ✓e Caracalla ✓f Sévère Alexandre Gordien III Salonine a b c d e f Philippopolis ✓a Antonin Faustine Mineure Nicomédie ✓g ✓h ✓i SNG Sweden II, 3, 1962 ; SNRIS Nicomedia 2 : 138-161 apr. J.-C. (fig. 19a). Rec. Gén., p. 181.108, pl. XX.25 ; SNRIS Amastris 7 : 147-176 apr. J.-C. Collection particulière ; SNRIS Nicaea 8 : 161-175 apr. J.-C. Moushmov, 5207 ; SNRIS Philippopolis 3 : 177-192 apr. J.-C. (fig. 19b). E. Schönert-Geiß, Byzantion, 1587 ; SNRIS Byzantium 1 : 198-217 apr. J.-C. Rec. Gén., p. 473.589 ; SNRIS Nicaea 27 : 222-235 apr. J.-C. g W. Drexler, Kleinasien, p. 41.1/d/β ; SNRIS Nicomedia 14 : 222-235 apr. J.-C. Connue seulement par d’anciennes publications, l’existence de cette monnaie est incertaine. La position du visage n’est d’ailleurs pas précisée. Toutefois, les autres émissions de Nicomédie au type d’Isis à la voile figurant la déesse le visage de face, nous la classons sous cette variante. h New York, ANS n o inv. 1944-100-41524 ; SNRIS Amastris 15 : 238-244 apr. J.-C. Nous n’avons pu voir de photographie de cette monnaie. Nous l’avons classée sous ce type en considérant que son revers était semblable à celui de la monnaie de Faustine sur laquelle le visage de la déesse est clairement de face. i Rec. Gén., p. 572.421, pl. XCVIII.36 ; SNRIS Nicomedia 27 : 253-268 apr. J.-C. 60 I, D   Type A9d' Isis debout, allant à droite mais le corps de face, un pied en avant, tient une voile de la main gauche. L’orientation du corps n’a pas permis de représenter un manteau flottant éventuellement dans son dos. Sa tête, coifée du basileion, est vue de face. Elle tient le sistre de la droite. Le navire est figuré par une ligne. Lampe de Chypre 25 (époque impériale, peut-être du e siècle apr. J.-C.) [fig. 20]. Fig. 20. Lampe. Chypre. Type A10d Isis debout, tournée vers la droite, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est vue de face. Elle ne tient pas de sistre à la main. Le navire est figuré par une ligne. Fig. 21. Anchialos. Début e siècle apr. J.-C. Monnaie A10d Empereur Anchialos Anonyme ✓a a Ph. Margaritis, Médailles grecques et tessères de plomb de la collection de M. Philippe Margaritis, RN (1886), p. 16, pl. II.1 ; SNRIS Anchialus 15 : début e s. apr. J.-C. (fig. 21). 25 Plusieurs lampes moulées d’époque impériale romaine découvertes à Chypre et conservées au Cyprus Museum de Nicosie sont ornées au disque de motifs isiaques ou égyptisants. Th. Oziol, Salamine, p. 192-193 ; l’auteur pense reconnaître sur la lampe no 567 (pl. 35) une représentation d’Isis à la voile, ce qui est exact. L ́ ’I, D   61 Type A10g Isis debout tournée vers la gauche, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est vue de face. Elle ne tient pas de sistre à la main. Le navire est figuré par une ligne. Fig. 22a. Cornaline. Fig. 22b. Sceau. Cyrène. Cornaline brun rouge 26 (fin er s. av. – début er s. apr. J.-C.) [fig. 22a]. Empreinte de sceau de Cyrène 27 (début er s. av. – déb. e s. apr. J.-C.) [fig. 22b]. Type A14d Isis debout, tournée vers la droite, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Elle ne porte pas de manteau derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’avant. Elle tient le sistre de la droite. Le navire est figuré par une ligne. Fig. 23. Byblos. Anonyme. 62-61 av. J.-C. 26 E. Zwierlein-Diehl, Gemmen in Wien I, p. 144 n o 453, pl. 75 (n o inv. IX B 138). On notera sur cette cornaline la présence, derrière Isis, d’un petit Harpocrate debout à droite, portant le doigt à la bouche et tenant une cornucopia dans la gauche. Sous la ligne d’exergue, une dédicace à Hermès : <Ερµεî. 27 G. Maddoli, Cretule, p. 84, n o 262. La ligne éventuelle figurant le navire n’est pas visible, l’empreinte étant brisée à la partie inférieure. Les crétules sont de petits objets d’argile cuite de forme vaguement pyramidale, dont les faces portent des empreintes de sceaux. Ces empreintes en relief étaient faites au moyen de pierres dures travaillées en intaille. On utilisait les crétules pour clore des rouleaux de papyrus en les attachant par un fil. En général, chaque crétule porte plusieurs empreintes représentant, chacune, un sujet. 62 I, D   Monnaies A14d Empereur Byblos Anonyme ✓a Claude ✓b a G. Le Rider et H. Seyrig, Objets de la collection Louis de Clercq, RN (1968), p. 18.340 et pl. IV.340 ; SNRIS Byblus 11 : 62-61 av. J.-C. (fig. 23). A. et E. Alföldi, Kontorniat, pl. 249.6, donnent la photographie du revers d’une monnaie de Byblos au type d’Isis à la voile, qu’ils attribuent à Antiochos V et datent de 164-162 av. J.-C. Or le revers de cette monnaie est absolument identique à celui de l’émission anonyme de 62-61 av. J.-C. Il n’est guère pensable qu’un coin de revers ait pu servir deux fois à un siècle de distance. Cette prétendue monnaie d’Antiochos V est donc mal attribuée. Nous ne connaissons aucune monnaie à ce type pour ce souverain. b Rouvier, 680 ; SNRIS Byblus 16a : 45-46 apr. J.-C. Type A14g Isis debout, tournée vers la gauche, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Elle ne porte pas de manteau derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’avant. Elle semble tenir un sistre de la droite. Le navire est représenté grossièrement. Fig. 24a. Byblos. Antiochos IV. Fig. 24b. Sceau. Délos. Monnaies A14g Empereur Byblos Antiochos IV ✓a Claude ✓b a E. Babelon, Rois de Syrie, 575 et pl. XIII.10 ; SNRIS Byblus 1 : 175-164 av. J.-C. (fig. 24a). b Rouvier, 681 ; SNRIS Byblus 16b : 45-46 apr. J.-C. Empreinte de sceau de Délos 28 (fin e– début er siècle av. J.-C.) [fig. 24b]. 28 M.-Fr. Boussac, Sceaux déliens, p. 331, no 54. L ́ ’I, D   63 Type A18g Isis debout, tournée vers la gauche, un pied en avant, tient une voile quadrillée égyptienne à deux mains. Son manteau ne flotte pas derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’arrière. Elle ne tient pas de sistre à la main. Derrière la déesse, un gouvernail. Le navire est figuré par une ligne. Fig. 25. Intaille. Carthage. Intaille gris bleuté de Carthage 29 (fig. 25). Type B1d Isis debout, tournée vers la droite, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’avant. Elle tient le sistre de la droite. Le navire est figuré par une ligne. Devant elle, le phare d’Alexandrie. 26a. Hadrien an 18. Fig. 26. Alexandrie 26b. Antonin an 12. 26c. Faustine Mineure an 12. 29 Fr. Baratte et al., Trésor de Carthage, p. 85-86 et pl. II.5. British Museum n o inv. AF 329/EC 247. Cette intaille octogonale, à rebord biseauté, qui présente de part et d’autre de la tête d’Isis une inscription rétrograde : NAVI/GA FELIX, devait être le chaton d’une bague employé pour un cachet. Bien entendu, la description donnée ici vaut pour le bijou lui-même. L’empreinte est inversée. 64 I, D   Monnaies B1d Alexandrie Empereur 2 3 5 Hadrien Antonin 6 ✓ ✓g ✓h An 8 10 7 a ✓i ✓ b 11 ✓ ✓j ✓k 12 c ✓l 17 18 21 d e ✓f ✓ ✓m ✓ ✓n ✓o Marc Aurèle Cés. ✓p Faustine Mineure ✓q a b c d e f g h i j k l m Mionnet 6, p. 153.896 ; Emmett 1002(6) ; SNRIS Alexandria 199aa : an 6 = 121-122 apr. J.-C. Mionnet suppl. 9, p. 56.178 ; SNRIS Alexandria 199ab : an 7 = 122-123 apr. J.-C. Feuardent 1279bis ; Emmett 1002(11) ; SNRIS Alexandria 199ac : an 11 = 126-127 apr. J.-C. Dattari 1765-1766 ; Emmett 1002(17) ; SNRIS Alexandria 199ad : an 17 = 132-133 apr. J.-C. Dattari 1767 ; Geissen 2, 1124-1125 ; Emmett 1002(18) ; SNRIS Alexandria 199ae : an 18 = 133-134 apr. J.-C. (fig. 26a). Mionnet 6, p. 197.1310 ; Emmett 100(21) ; SNRIS Alexandria 199af : an 21 = 136-137 apr. J.-C. Dattari 2671 ; Geissen 4, 3470 ; Emmett 1592(2) ; SNRIS Alexandria 273a : an 2 = 138-139 apr. J.-C. Dattari 2672 ; Emmett 1592(3) ; SNRIS Alexandria 273b : an 3 = 139-140 apr. J.-C. Mionnet suppl. 9, p. 70-71.262 ; Emmett 1592(5) ; SNRIS Alexandria 273c : an 5 = 141-142 apr. J.-C. Dattari 2673 ; Geissen 2, 1474 ; Emmett 1592(8) ; SNRIS Alexandria 273d : an 8 = 144-145 apr. J.-C. Dattari 2674 ; Emmett 1592(10) ; SNRIS Alexandria 273e : an 10 = 146-147 apr. J.-C. Dattari 2675 ; Emmett 1592(11) ; SNRIS Alexandria 273f : an 11 = 147-148 apr. J.-C. Dattari 2676-2679 ; Geissen 2, 1601-1608 ; Emmett 1592(12) ; SNRIS Alexandria 273g : an 12 = 148-149 apr. J.-C. (fig. 26b). n Mionnet 6, p. 269.1843 ; Emmett 1592(18) ; SNRIS Alexandria 273h : an 18 = 154-155 apr. J.-C. o Dattari 3204 ; Geissen 2, 1913 ; Emmett 1889(12) ; SNRIS Alexandria 327 : an 12 = 148-149 apr. J.-C. p Dattari 3289 ; Geissen 2, 1943 ; Emmett 1989(11) ; SNRIS Alexandria 342a : an 11 = 147-148 apr. J.-C. q BMC Alexandria, p. 164.1338 ; Emmett 1989(12) ; SNRIS Alexandria 342b : an 12 = 148-149 apr. J.-C. (fig. 26c). Type B2d Isis debout, tournée vers la droite, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’avant. Elle ne tient pas de sistre à la main. Le navire est figuré par une ligne. Devant elle, le phare d’Alexandrie. Monnaie B2d Empereur Hadrien Alexandrie an 18 ✓a a Dattari 1768 ; Geissen 2, 1121-1122 ; Emmett 1002(18) ; SNRIS Alexandria 199ae. BMC Alexandria, p. 89.758 ; Geissen 2, 1123 ; Emmett 1002(18) ; SNRIS Alexandria 199b : an 18 = 133-134 apr. J.-C. (fig. 27). Sur une émission d’Alexandrie de l’an 12 d’Antonin (= 148-149 apr. J.-C.), Isis ne tiendrait pas non plus de sistre. C’est du moins ce qu’indiquent les descriptions données pour les trois exemplaires connus de cette variante : Milne 2001 ; Geissen 1608 ; catalogue de vente de Classical Numismatic Group 41 (1997), 1286 (= SNRIS Alexandria 273g). Or, il s’agit peut-être d’un coin bouché, car il nous semble distinguer le sistre sur la monnaie du catalogue CNG. L ́ ’I, D   65 Fig. 27. Alexandrie. Hadrien an 18. Type B5d Isis debout, tournée vers la droite, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’arrière. Elle tient le sistre de la droite. Le navire est figuré par une ligne. Devant elle, le phare d’Alexandrie. Monnaie B5d Empereur Hadrien a Alexandrie an 21 ✓a Dattari 1764 ; Emmett 1003(21) ; SNRIS Alexandria 199af : an 21 = 136-137 apr. J.-C. Type B5g Isis debout, tournée vers la gauche, un pied en avant, tient une voile à deux mains. Son manteau flotte derrière elle. Sa tête, coifée du basileion, est tournée vers l’arrière. Elle tient le sistre de la droite. Le navire est figuré par une ligne. Derrière elle, le phare d’Alexandrie. Fig. 28b. Cornaline. e s. apr. J.-C. (?). Fig. 28a. Alexandrie. Trajan an 15. Monnaies B5g Alexandrie Empereur Trajan 15 An 16 a b ✓ ✓ 18 ✓c a Dattari 935 ; Geissen 1, 580 ; Emmett 529(15) ; SNRIS Alexandria 103a : an 15 = 111-112 apr. J.-C. (fig. 28a). b Christiansen, Coins of Alexandria, p. 185 ; New York, ANS n o inv. 1973-56-587 ; SNRIS Alexandria 103b : an 16 = 112-113 apr. J.-C. c Mionnet 6, p. 132.750 ; Christiansen, Coins of Alexandria, p. 798-799 ; SNRIS Alexandria 103c : an 18 = 114-115 apr. J.-C. 66 I, D   Cornaline 30 (e siècle apr. J.-C. ?) [fig. 28b]. c. Évolution et questions d’identification Comme l’a très justement écrit Ph. Bruneau la complexité du classement laisse au moins en évidence la variété des représentations qui semblent procéder de la libre inspiration des artistes 31 , sinon de ceux qui leur ont commandé telle ou telle œuvre. De la typologie qui précède, il ressort que la quasi totalité des variantes a existé presque simultanément aux e-e siècles apr. J.-C., à l’exception du type A14. Les six documents appartenant à ce type sont indiscutablement les plus anciens à livrer une représentation d’Isis à la voile, la déesse étant clairement identifiée par le basileion 32 . Cinq sont des frappes monétaires de Byblos, s’étalant du règne d’Antiochos IV au principat de Claude, le sixième est un sceau retrouvé à Délos dans une maison détruite par un incendie en 69 av. J.-C. Ils ont pour autre point commun le fait de présenter une Isis à la voile sans manteau flottant dans le dos 33 . Comme l’a fortement suggéré Ph. Bruneau 34 , cette particularité doit s’expliquer par le fait qu’à l’origine, c’est de son manteau qu’Isis fait une voile, même si nul texte ancien ne vient confirmer cette hypothèse 35 . Seul un passage de Moschos décrivant l’enlèvement d’Europe par Zeus pourrait indirectement la corroborer 36 . Traversant la mer sur le dos de son ravisseur métamorphosé en taureau, elle relève le bas de sa robe pour ne pas la mouiller, tandis que : Κολπöθη δ’ £µοισι πéπλο̋ βαθù̋ Ε¹ρωπéιη̋ °στíον ο´á τε νηó̋, Çλαφρíζεσκε δè κοúρην. Aux épaules, le péplos d’Europe se gonfla en une poche profonde, comme la voile d’un navire, allégeant le poids de la jeune fille. 37 Il est probable que ce texte s’inspire d’une peinture, voire d’une sculpture, qui a pu également servir de modèle aux représentations d’Isis à la voile 38 . À l’époque 30 Achetée à Smyrne en 1890, elle est conservée aujourd’hui dans la collection Lewis du Corpus Christi College à Cambridge (no inv. B 176). M. Henig, Lewis Collection, p. 34, no 113 et ph. 31 Isis Pélagia. Compléments, p. 441. La présence du sistre demande à être confirmée par la découverte d’un exemplaire mieux conservé du monnayage giblite. 32 33 À ceux-ci, il faut ajouter l’unique représentant de notre type A18g, une intaille de Carthage sur laquelle Isis, coifée du basileion, debout vers la gauche tient une voile à deux mains. Nul manteau ne flotte dans son dos, mais derrière la déesse se trouve un gouvernail. Fr. Baratte et al., Trésor de Carthage, p. 85-86 et pl. II.5. Aucune datation n’est proposée pour ce document. Sur la plus ancienne de ces monnaies, émise lors du règne d’Antiochos IV, la déesse, voguant vers la gauche, tient la voile de la droite et un gouvernail de la gauche laissée en arrière. 34 Cette hypothèse rationnelle, à laquelle nous nous rallions, a été avancée par Ph. Bruneau, Isis Pélagia, p. 442-444, et développée par le même savant dans Statues, p. 347-348. 35 Hygin (Fab., 277) et Cassiodore (Var., V, 17) rappellent simplement qu’Isis fut l’inventrice de la voile. Europe, 129-130. Moschos écrivait au e siècle av. J.-C. Sur ce texte, voir entre autres O. Wattelde Croizant, Europe et l’Europe dans l’Antiquité gréco-romaine, AClassDebr 37 (2001), p. 3-18. 37 Traduction Ph. Legrand, Les Bucoliques grecs II, p. 149, légèrement modifiée. 38 Voir par exemple une mosaïque de Stabies provenant du nymphée de la villa San Marco, datable ca 60-70 apr. J.-C., sur laquelle Europe, assise en amazone sur la croupe d’un taureau nageant vers la 36 L ́ ’I, D   67 impériale, sur une monnaie de Callatis 39 , sur la matrice d’Athènes 40 , la voile est frangée, ce qui indique bien, semble-t-il, que l’on a afaire à un manteau. L’ajout d’un vêtement gonflé par le vent dans le dos de la déesse a pu répondre à un souci esthétique, la représentation apparaissant ainsi beaucoup plus équilibrée. Mais on ne peut probablement pas évacuer une influence possible de l’iconographie d’Aphrodite Euploia, bien souvent représentée de la sorte, une pièce de son vêtement flottant dans le dos 41 . Le plus ancien document daté avec précision figurant Isis tenant une voile devant elle et portant un manteau gonflé derrière elle est une monnaie alexandrine frappée en l’an 10 de Domitien (= 90-91 apr. J.-C.) 42 . Seule, à notre connaissance, une cornaline du musée de Vienne datée par les spécialistes de la fin du er siècle av. J.-C. ou du début du er siècle apr. J.-C. pourrait être plus ancienne 43 . Quoi qu’il en soit, c’est probablement au cours du er siècle de l’ère chrétienne que ce type apparaît, pour subsister jusqu’à la fin du paganisme. Sur l’immense majorité des documents énumérés ci-dessus, la présence du sistre et/ou du basileion assure l’identification à Isis. La question est plus délicate en l’absence de ces unités iconographiques. L’identification à Isis ou à une autre divinité doit alors s’opérer par comparaison ou contextualisation. Les monnaies appartenant au type A4d sont toutes des émissions de la ville de Kymè, en Éolide 44 . Outre les six émissions mentionnées ici, nous avons recensé quatorze émissions distinctes présentant indiscutablement des types isiaques dans le monnayage de cette cité (Isis et Harpocrate, Isis debout, Sarapis en buste), entre le règne de Trajan et celui de Gallien. La cité  comme bien d’autres certes  possédait un Isieion, dans l’enceinte duquel on retrouva la copie la plus complète de l’Arétalogie d’Isis. On peut donc considérer avec vraisemblance que la déesse à la voile du monnayage kyméen est bien Isis. Dans le cas des monnaies appartenant aux types A8, il s’agit de frappes qui s’insèrent dans une telle liste de représentations d’Isis à la voile qu’il semble dificile de ne pas les y intégrer. droite, se sert de son manteau comme d’une voile gonflée à l’arrière par le vent marin ; sur ce panneau, O. Wattel-de Croizant, I mosaici. Deux mosaïques pariétales du Nymphée, dans A. Barbet, P. Miniero (coord.), La Villa San Marco a Stabia, Napoli 1999, p. 85-93, fig. 177-191, avec la bibliographie antérieure, à laquelle on ajoutera L. Laugier, De l’Égypte à Pompéi. Le Cabinet d’antiques du Duc d’Aumale à Chantilly, Paris 2002, p. 93-95 no 129. Plus généralement, sur ce thème, O. Wattel-de Croizant, Les Mosaïques représentant le mythe d’Europe ( er- e siècles). Évolution et interprétation des modèles grecs en milieu romain, Paris 1995. Pour R. Merkelbach, Roman und Mysterium, p. 329-332, cette œuvre de Moschos serait d’ailleurs un poème allégorique à mettre en rapport avec le culte d’Isis. 39 SNRIS Callatis 8. 40 E. R. Williams, Isis Pelagia, p. 114 et pl. 21, et supra p. 43-45. 41 H. Metzger, Céramique attique, p. 67-68 ; Cl. Bérard, Isis à la voile, p. 165-166. 42 Dattari 508 ; RPC II, 2574 ; Emmett 268(10) ; SNRIS Alexandria 045a. E. Zwierlein-Diehl, Gemmen in Wien I, p. 144 no 453, pl. 75 (no inv. IX B 138). On notera sur cette cornaline la présence, derrière Isis, d’un petit Harpocrate debout à droite, portant le doigt à la bouche et tenant une cornucopia dans la gauche. Sous la ligne d’exergue, une dédicace à Hermès : <Ερµεî. 43 44 Voir supra p. 55 et fig. 13a-b. 68 I, D   L’image ornant le fragment de lampe retrouvé à Délos publié par Ph. Bruneau (fig. 29a) 45 pose le même problème d’identification, d’autant que l’on ne possède aucun parallèle intact pour nous venir en aide. Fig. 29b. Monnaie de Corinthe. Époque antonine. Fig. 29a. Lampe corinthienne. Délos. e s. apr. J.-C. Sur ce document datable du e siècle apr. J.-C., la divinité ne présente ni basileion ni sistre. Toutefois le fragment est brisé de telle sorte que rien n’empêche de considérer qu’ils aient pu figurer à l’origine sur le médaillon de la lampe. Deux autres éléments peuvent plaider en faveur d’une identification à Isis, comme l’avait déjà souligné l’éditeur. D’une part cet objet a été trouvé en 1909 au Sarapieion C, d’autre part il s’agirait d’une fabrication corinthienne du e siècle apr. J.-C. Or Corinthe, qui possédait un temple d’Isis Pelagia 46 , a frappé un grand nombre de monnaies au type d’Isis à la voile, semblable à celui de la lampe (fig. 29b). Il est donc fort possible que nous ayons ici afaire à une représentation d’Isis à la voile. Beaucoup plus problématique est le cas de deux reliefs édités eux aussi par Ph. Bruneau. Dans son premier article sur Isis Pelagia à Délos, il avait en efet publié un relief, représentant sensiblement le même motif et datant de la première moitié du er siècle av. J.-C., mis au jour en 1904 à l’Agora des Italiens de Délos, dans le magasin 106 qui devait être l’atelier d’un marbrier (fig. 30) 47 . Il présente, dans l’encadrement d’une stèle en forme de naïskos sans fronton, l’image d’un personnage féminin, debout à droite sur le pont d’un navire, tenant des deux mains et de son pied gauche une voile gonflée par le vent. Elle ne porte ni sistre Ph. Bruneau, Isis Pélagia, p. 435-436 et fig. 1 ; id., Statues, p. 342-343 et fig. 5. Musée de Délos, no inv. B 2984. 45 46 Pausanias II, 4, 6. Voir infra p. 113-114. Ph. Bruneau, Isis Pélagia, p. 437-438 et fig. 3 ; id., Statues, p. 342-343 et fig. 4. Musée de Délos, no inv. A 3187. 47 L ́ ’I, D   69 Fig. 30. Relief. Délos. Début er siècle av. J.-C. ni basileion, et aucun nœud isiaque n’est visible sous sa poitrine. Certes, les cultes isiaques étaient bien implantés à Délos, mais rien ne permet de dire avec certitude que ce document est à mettre en rapport avec eux. Il peut tout aussi bien s’agir d’une représentation d’Aphrodite Euploia, qui ne saurait surprendre dans un port 48 . Fig. 31. Relief. Thasos. e siècle apr. J.-C. (?). 48 Cette absence de trait isiaque distinctif et ce dépouillement suggèrent selon Cl. Bérard, Isis à la voile, p. 169, la volonté délibérée de l’artiste de ne pas être trop précis, d’opérer un retour au dénominateur commun. Plus prosaïquement encore, notons que le relief ne porte aucune inscription, signe qu’il est probablement inachevé. En l’absence de tout trait permettant de lire cette image exclusivement comme une Aphrodite, une Isis ou encore une Isis-Aphrodite à la voile, ce pouvait être, pour le marbrier, un moyen d’adapter, au final, sa production à une clientèle plus large, soit en précisant ultérieurement l’identité de la divinité par une inscription, soit en lui conservant son caractère maritime pluraliste. 70 I, D   La même incertitude pèse sur un fragment de relief de provenance inconnue conservé au musée de Thasos (fig. 31) 49 sur lequel on voit la partie inférieure d’une représentation de personnage féminin debout à droite sur la proue d’un navire schématisé, probablement en train de tenir une voile gonflée par le vent. Mais aucun élément ne permet d’y reconnaître avec certitude une Isis à la voile. Tout aussi délicat est le cas d’un relief découvert en 1959 remployé dans un mur de l’antique Aquincum, en Pannonie (fig. 32). Sur la face antérieure d’un autel assez endommagé, qui porte sur le côté les traces d’une inscription, on voit l’image d’une femme debout à droite sur une proue, tenant de ses deux mains et de son pied gauche une voile gonflée par le vent. Elle est vêtue d’un long chiton et d’un himation. Son manteau flotte dans son dos, à l’opposé de la voile comme toujours. La tête a disparu, de même que la partie supérieure de la main droite. On ignore donc tout de sa coifure et de la présence éventuelle d’un sistre. Identifiée initialement comme une Victoire par son éditrice, K. Póczy 50 , elle a été reconnue récemment par cette même savante comme une Isis Pharia 51 . Cela n’est ni impossible, ni assuré. Certes, les témoignages isiaques provenant d’Aquincum, un camp de la légion, et de ses environs, sont nombreux 52 , mais ils ne sufisent pas à eux seuls à faire de cette femme une Isis, même si l’hypothèse est assez séduisante. La présence éventuelle d’une image cultuelle, s’agissant d’un autel portant dédicace 53 , d’Isis à la voile sur les bords du Danube Fig. 32. Autel. Aquincum. Époque impériale. Musée de Thasos no inv. 2220. Publié par Ph. Bruneau, Isis Pélagia. Compléments, p. 301-303 et fig. 1. Selon Cl. Rolley, Cultes égyptiens à Thasos, p. 198, la surface, soigneusement polie, ferait penser au e siècle apr. J.-C. 49 50 K. Póczy, Újabb kőemlékek, p. 152-153. 51 K. Póczy, Isis-Relief ; ead., Ägyptischen Kulte, p. 166 et pl. 30 fig. 2. Musée d’Aquincum, no inv. 64.10.187. 52 Même si deux inscriptions de la cité généralement considérées comme isiaques ne le sont peut-être pas : RICIS *614/0301-*0302. Sur la présence isiaque dans cette région, L. Bricault, Atlas, 2001, p. 124-129. 53 Signalée par l’éditrice, qui n’en donne pas le texte, la dédicace n’est pas repérable sur la photographie. L ́ ’I, D   71 serait alors à rapprocher de la monnaie à ce type frappée par la cité de Philippopolis, en Thrace intérieure, située à près de 200 kilomètres de la mer de Thrace, mais disposant d’un port fluvial sur le fleuve Hébros 54 . Signalons enfin le cas d’une sardoine de la collection Southesk, achetée en 1880 à Constantinople et présentée par son éditrice comme une Isis Pharia 55 . Fig. 33. Gemme Southesk. L’absence de basileion  la figure est coifée d’un curieux couvre-chef, dificile à identifier, mais qui n’a rien d’isiaque , de sistre, de manteau dans le dos, nous empêche d’y reconnaître une Isis à la voile, et a fortiori une Isis Pharia 56 . d. Essais de contextualisation Dans les représentations d’Isis et d’un phare que nous venons d’évoquer, comme dans celles dont il nous faudra parler ensuite, l’aspect du monument est soumis à un certain nombre de variantes (fig. 34a-c) qu’il n’est pas nécessaire de détailler ici 57 . Fig. 34a-c. Alexandrie. Hadrien, ans 12, 17 et 18. 54 Sur la navigabilité de l’Hébros suggérée par cette émission de Philippopolis, voir la communication présentée par U. Peter lors du XIII Congreso Internacional de Numismática de Madrid en 2003 (à paraître dans les Actes du Congrès). Ce n’est pas le cas de Philadelphie de Lydie, ce qui fait douter de l’exactitude de l’identification du revers d’un unicum de la collection Prokesch-Osten (= SNRIS Philadelphia 3) proposée par W. Drexler, Kleinasien, p. 148.3. Le premier éditeur de cette monnaie, A. von Prokesch-Osten, Inedita meiner Sammlung autonomer altgrieschischer Münzen II, Vienne 1859, p. 324, décrivait la déesse comme une Victoire gradiens, binis manibus cor. spiceam. 55 H. Carnegie, Collection of Antique Gems, p. 120 n o K 4, pl. 11. Ph. Bruneau, Isis Pélagia, p. 440, considérait l’identification comme douteuse. 56 Sur une émission de Trajan, G. Dattari (p. 61 n o 936 et pl. XVII) a voulu reconnaître Isis Pharia in piede a d. sopra biga tirata da hippocampi, tiene vela gonflata dal vento ; sotto, acqua con delfini ; cette identification est reprise dans le LIMC V.1 (1990), s. v. Isis, p. 783 no 281. Il s’agit en fait de Poséidon comme le montrent, par exemple, une monnaie de Londres (BMC, p. 49.406 ; an 12 du principat de Trajan) ou une monnaie de Paris (SNG France 1171 ; an 16 de Trajan). 57 Sur les représentations du phare dans le monnayage alexandrin, S. Handler, Architecture, p. 58-61 ; G. Tabarroni, Faro, p. 191-203 ; M.-H. Quet, Pharus, p. 794 n. 18, et p. 805. 72 I, D   Le plus souvent, il se présente sous la forme d’une tour de deux (plus rarement trois) étages, vue de côté, flanquée d’une entrée parfois surélevée ; sur la terrasse de l’étage inférieur, on distingue une lanterne flanquée de deux (ou trois) tritons souflant chacun dans un buccin ; tout au sommet se tient une statue masculine, nue 58 . Au-delà de sa représentation propre, le phare est aussi l’image du port d’Alexandrie dont il est à la fois le symbole et la merveille. Quand Antonin le Pieux entreprend de le restaurer, en l’an 18 de son règne, les émissions le faisant apparaître à côté de la déesse à la voile se multiplient. Peut-être est-ce à cet évènement que l’on doit rattacher la frappe d’un médaillon de bronze de Faustine Mineure (fig. 35) sur lequel Fig. 35. Médaillon. Rome. Faustine Mineure. apparaissent trois éléments : le Phare, Isis et une proue. Le Phare n’est que partiellement représenté. On retrouve cependant ses trois étages. Au centre, plus grande que lui, apparaît Isis, le pied gauche en avant, les deux jambes fléchies. Elle brandit un sistre de la main droite et paraît coifée d’un basileion passablement atrophié. Elle est vêtue d’une longue tunique, aux plis bien visibles. Mais le galbe des jambes est très net. Un voile flotte dans le dos de la déesse et tout autour de sa tête. Devant Isis figure une proue sur laquelle est fixé un mât auquel est attachée une voile déployée 59 . Ce dernier document exprime, croyons nous, le lien privilégié établi entre Isis et l’Annone, sur lequel nous allons revenir 60 . Une intaille en pâte de verre, d’un bleu soutenu (fig. 36), acquise par Fr. Daumas dans le commerce d’art cairote, présente une scène originale et fort intéressante 61 . Isis y figure debout à droite, coifée d’un basileion relativement déformé 62 , tenant de ses deux mains et de son pied gauche avancé une voile rectangulaire et quadrillée. De la droite, elle brandit en outre un sistre. Devant elle, une représentation, inexacte, du Phare, telle qu’on la retrouve sur certaines monnaies alexandrines d’Hadrien et Antonin. Enfin, sur la droite de la scène, debout à gauche, Poséidon, nu, tient 58 Une statue dont l’identité a longtemps fait débat, mais qui n’est clairement pas celle d’Isis Pharia. Il faut bien plutôt y retrouver la représentation de l’un des dieux sauveurs auxquels le Phare est dédié, à savoir Zeus ou Poséidon. On verra sur ce sujet, entre autres, A. Bernand, Veilleurs du Phare. 59 F. Gnecchi, Medaglioni Romani II, p. 114 n o 43, pl. 151.4 ; A. Alföldi, Festival of Isis, pl. XX.1 ; Ph. Bruneau, Statues, p. 351 et p. 350 fig. 11 ; V. Tran tam Tinh, s. v. Isis, LIMC V.1 (1990), p. 783 no 293. 60 Voir infra p. 79. 61 Fr. Daumas et B. Mathieu, Un document inédit, p. 43-54 ; J.-Y. Empereur, Le phare d’Alexandrie, dans La gloire d’Alexandrie, catalogue de l’exposition du Musée du Petit Palais (7 mai – 26 juillet 1998), Paris 1998, p. 100, no 59. 62 Plutôt que de trois boutons de lotus, comme le proposent les deux éditeurs de l’objet. L ́ ’I, D   73 Fig. 36. Intaille. Égypte. Époque antonine (?). un trident de la gauche, sans doute un dauphin dans la paume droite 63 , et pose le pied droit sur ce qui paraît bien être une bitte d’amarrage 64 . Comme l’écrivent fort justement Fr. Daumas et B. Mathieu parallèlement à Isis Pharia accordant un vent favorable au navigateur, au même titre que le Phare garantissant de nuit l’abord du rivage, Poséidon assurait l’arrivée à bon port, sur la terre ferme, conformément à son origine chthonienne 65 . La symbolique exprimée par le motif de cette intaille se retrouve sur un chaton de verre gravé conservé au Musée du Caire (fig. 37a) 66 . Fig. 37a-b. Verres gravés. Le Caire. Sur le même plan, on voit, de gauche à droite : Isis debout à droite, coifée du basileion, tenant dans la droite une torche et dans la gauche des épis ; puis deux Osiris Canope 67 tournés l’un vers l’autre, séparés par Poséidon debout, nu, tenant un trident et un dauphin et posant le pied sur ce qui est peut-être là encore une borne d’amarrage 68 ; enfin, tout à droite, est Isis à la voile debout à droite, coifée du 63 Fr. Daumas et B. Mathieu, Un document inédit, p. 52. Le dauphin et la bitte apparaissent sur une monnaie d’Hadrien au type de Poséidon ; Dattari 1449. 65 Fr. Daumas et B. Mathieu, Un document inédit, p. 53. 66 Abd El-Mohsen El-Khashab, Deux verres gravés, p. 116-120. 67 Tel est le nom forgé par les modernes pour désigner l’entité divine ainsi figurée, mais qui jamais ne s’est appelée ainsi. Voir E. Panofsky, Canopus Deus. 68 Plutôt qu’une pierre comme le propose l’éditeur (p. 119), avec toutefois un point d’interrogation. 64 74 I, D   basileion et tenant le sistre. À l’aspect marin symbolisé par Isis à la voile et Poséidon s’ajoute l’aspect agraire et frugifère d’une Isis pourvue d’attributs empruntés à Déméter et d’Osiris Canope. Un second verre gravé, lui aussi conservé au Musée du Caire, présente l’image de plusieurs divinités sur diférents registres (fig. 37b) 69 . Au registre supérieur, on trouve Déméter debout à gauche, coifée du calathos, tenant torche et épis, et Isis debout à gauche, la tête de face, coifée des cornes d’Hathor et de deux plumes, tenant un sceptre dans la droite et une cornucopia 70 dans la gauche, encadrant un Sarapis trônant à gauche qui étend sa main droite au-dessus de Cerbère. Au registre inférieur, Isis à la voile, debout à droite, coifée du basileion, tient un sistre de la droite, Harpocrate debout, nu, coifé du pschent, porte l’index droit à la bouche et tient une cornucopia, tandis qu’Isis coifée du basileion, brandit un uraeus à l’instar d’Hygie 71 . À gauche des deux registres, à mi-hauteur, se dresse un serpent coifé de deux cornes enserrant un disque et de deux plumes, qui doit être, pensons-nous, une représentation d’Isis ophiomorphe 72 . Les aspects frugifères et salvateurs du couple isiaque apparaissent clairement, et intimement liés, sur ces deux verres d’époque impériale. Plusieurs autres documents soulignent le lien étroit entre Pelagia et la fortune 73 . Un ensemble de sceaux retrouvés à Délos, dans la maison d’un particulier, sans doute une sorte de banquier chez qui étaient conservées des archives d’ordre généralement privé, a été étudié par M.-Fr. Boussac 74 . L’incendie qui a détruit la maison, en 69 av. J.-C., a permis de conserver les pastilles d’argile qui scellaient contrats et transactions déposés là pendant plus d’un demi-siècle (de 128-127 à 69). Bien entendu, les sceaux ne sont pas directement d’ordre cultuel, mais les scènes représentées sont indubitablement le reflet des préférences religieuses des particuliers concernés. L’ensemble des sujets correspond assez étroitement à ce que nous savons de l’univers religieux de l’île. Si la majorité concerne Apollon et Tychè, Artémis ou Isis n’en sont pas absentes. Sur l’un d’entre eux, on reconnaît Isis à la voile 75 . L’inscription qui l’accompagne, désignant soit le propriétaire, soit le graveur, n’est hélas pas complètement lisible, mais, tel quel, ce petit document nous renseigne probablement tout autant sur les croyances d’un individu que sur ses activités, dont on peut supposer qu’elles étaient liées de près à la navigation. Plus parlante encore, une statuette de bronze provenant d’Alexandrie, conservée aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale de Paris (fig. 38), montre Tychè (ou Isis), coifée du calathos, debout sur une embarcation 69 Abd El-Mohsen El-Khashab, Deux verres gravés, p. 111-116 ; Ph. Bruneau, Statues, p. 343-344, n o 5 et fig. 6. 70 Et non un sistre comme l’écrit V. Tran tam Tinh, s. v. Isis, LIMC V.1 (1990), p. 783 n o 296a. 71 Sur cet aspect d’Isis, G. Sfameni Gasparro, Iside salutaris. 72 Sur ces représentations d’Isis assimilée à Rnn.t, la Thermouthis des Grecs, F. Dunand, Agathodémon ; G. Deschênes, Isis-Thermouthis ; ead., Isis-Thermouthis. Biculturalisme ; A. Boninu, M. Le Glay et A. Mastino, Turris Libisonis, p. 117-120. Peut-être Sarapis-Agathodaimôn lui faisait-il pendant symétriquement à droite de l’ensemble ? 73 Sur les relations entre Fortuna, Providentia et Annona, J.-P. Martin, Providentia deorum, Rome 1982, p. 329-330. 74 M.–Fr. Boussac, Sceaux déliens. 75 Voir supra p. 62 fig. 24b. L ́ ’I, D   75 dont la proue et la poupe sont symétriquement recourbées de chaque côté de la déesse. Celle-ci, drapée dans un vêtement qui lui descend jusqu’aux pieds, tient une corne d’abondance dans la main gauche 76 . Fig. 38. Statuette en bronze. Paris. Sans oublier celle figurée sur le premier des verres gravés du Caire évoqués plus haut 77 , la composition qui illustre peut-être le mieux cette dualité se retrouve sur certaines gemmes. Sarapis, coifé d’un calathos et portant chiton et himation, trône à droite, sur le pont d’un navire pourvu de rames, un sceptre dans la gauche. Isis-Tychè 78 , coifée du calathos 79 ou du basileion 80 , se tient debout derrière lui, à droite, à la poupe, empoignant un gouvernail de la gauche et une cornucopia de la droite. À la proue, debout à droite devant Sarapis, Isis encore, la tête coifée d’un basileion 81 plutôt que d’un calathos, retournée vers le dieu, tient une voile gonflée par le vent de ses deux mains et de son pied droit. Cette scène se retrouve sur une intaille conservée à Athènes 82 , une cornaline de Berlin 83 , une autre de Paris (fig. 39a), datée E. Babelon et J.-A. Blanchet, Bronzes antiques, p. 273, no 638 ; Ph. Bruneau, Statues, p. 356 n. 45 et p. 380, fig. 23. 77 Avec Isis à la torche et Osiris Canope d’un côté, Isis à la voile et Poséidon de l’autre. 78 Sur Isis Bonne Fortune, G. Sfameni Gasparro, Iside Fortuna. 79 Ainsi sur la cornaline de Bologne présentée infra p. 76 fig. 39b. 80 Il est parfaitement visible sur l’intaille de Paris. 76 81 Stylisé, il est toutefois identifiable sur l’intaille de Paris. I. N. Svoronos, ∆ΩΡΕΑ ΤΣΙΒΑΝΟΠΟΥΛΟΥ, JIAN 17 (1915), p. 71, pl. 7 no 85. La pierre, provenant de l’ancienne collection Tsibanopoulos, est conservée dans la collection numismatique du Musée Archéologique National d’Athènes. Le sens de la scène, vers la droite, ne peut être opposé à celui présenté par les émissions monétaires du même type, puisque l’empreinte, comme l’image livrée par les monnaies, est orientée à gauche. 83 A. Furtwängler, Beschreibung der geschnittenen Steine im Antiquarium, Königliche Museen zu Berlin, Berlin 1896, p. 119, pl. 23 no 2549. Ancienne collection Wolf. Staatliche Museen Berlin, no inv. FG 2549. L’auteur identifie les personnages à Sarapis placé entre Isis et un homme regardant en arrière. Malgré la qualité médiocre de la photographie, on doit reconnaître la même composition que sur l’intaille d’Athènes. 82 76 I, D   du e siècle apr. J.-C. 84 , une quatrième, de couleur orange, de Bologne (fig. 39b) 85 , une cinquième, rouge, peut-être trouvée à Aquilée et conservée à Udine (fig. 39c) 86 , et une sixième, de Sibiu, des e-e siècles apr. J.-C. (fig. 39d) 87 . Fig. 39a. Gemme de Paris. Fig. 39b. Gemme de Bologne. Fig. 39d. Intaille de Sibiu. Fig. 39c. Gemme d’Aquilée. Fig. 39e. Intaille de Florence. Une cornaline insérée dans une monture en or, conservée à Florence (fig. 39e), présente la même scène à laquelle s’ajoute, entre Sarapis et Isis à la voile, ce qui paraît être le buste casqué d’Athéna 88 . La triade regroupant à bord d’un navire Sarapis et Isis sous ces deux aspects (gubernatrix et véliphore) n’apparaît pas jusqu’à présent dans la documentation numismatique. En revanche, une composition analogue se retrouve à plusieurs reprises Ces documents, comme les suivants, seront réunis et commentés par R. Veymiers dans un ouvrage à paraître sur Sarapis dans la glyptique et la bijouterie antiques. 84 E. Babelon, Antiques et objets d’art, p. 58 n o 2027bis ; W. Hornbostel, Sarapis, p. 303 n. 1, pl. 195, fig. 322. 85 A. R. Mandrioli Bizzarri, La collezione di gemme del Museo civico archeologico di Bologna, Bologna 1987, p. 95 no 157. 86 A. M. Napolitano, Gemme, n o 1277 fig. 19 ; C. M. Tomaselli, Gemme incise, p. 46 n o 11 ; K. Szábo, dans le catalogue Aquileia-Aquincum, Budapest 1995, p. 62 no 6 ; G. Copulutti, Römische Gemmen, no 45 p. 63 ; M. Buora, Da Aquileia... al Danubio. Materiali per una mostra (= Archeologia di Frontiera 4), Trieste 2001, p. 34 no 71 ; M. Buora et W. Jobst (éds), Catalogue de l’exposition Roma sul Danubio. Da Aquileia a Carnuntum lungo la via dell’ambra, Udine octobre 2002-mars 2003, Udine 2002, no Vf.2 p. 279. Museo civico, Udine, no inv. 1277/271. 87 L. Teposu-David, ColecŃia de geme a Muzeului Brukenthal din Sibiu, Studii şi communicări Muzeul Brukenthal 12 (1965), p. 98, no 34, pl. IV, fig. 7. Merci à R. Veymiers pour cette information. 88 G. Lafaye, Histoire, p. 314 n o 171 ; S. Reinach, Pierres gravées des Collections Marlborough et d’Orléans, des Recueils d’Eckhel, Gori, Levesque de Gravelle, Mariette, Millin, Stosch ... réunies et rééditées avec un texte nouveau, Paris 1895, p. 33, pl. 29, no I-57-6 ; W. Hornbostel, Sarapis, p. 303 n. 1, pl. 195, fig. 321. Museo archeologico, Florence, no inv. 356. L ́ ’I, D   77 dans le monnayage alexandrin. Plusieurs émissions de l’atelier local présentent en efet au revers l’iconographie suivante : Sarapis, coifé d’un calathos et portant chiton et himation, trône à gauche, sur le pont d’un navire, un sceptre dans la gauche ; Déméter se tient debout derrière lui, à gauche, appuyée sur une colonne à la poupe du bateau, une torche dans la droite et une cornucopia dans la gauche ; à la proue, debout à gauche devant Sarapis, Isis, la tête retournée vers le dieu, tient une voile gonflée par le vent de ses deux mains et de son pied droit. Ce type est attesté pour des émissions de Trajan (ans 11 89 , 12 90 , 13 91 , 14 92 et 15 93 [fig. 40a]), d’Hadrien Fig. 40a. Alexandrie. Trajan an 15. (ans 15 94 et 19 95 ), d’Antonin (ans 21 96 et 22 97 ) et de Faustine Mineure (an 21 98 ). R. S. Poole 99 voyait dans cet équipage la représentation de l’arrivée à Alexandrie de la statue de Sarapis en provenance de Sinope, telle que la rapportent Tacite et Plutarque 100 . L’hypothèse est séduisante. Il nous semble toutefois que la signification à donner à cette scène soit autre, sauf à considérer que deux lectures puissent être proposées pour la même composition, ce que l’on ne peut exclure. En l’an 2 89 Dattari 1036 ; Emmett 594(11) ; SNRIS Alexandria 137a (107-108 apr. J.-C.). 90 BMC Alexandria, p. 66.548 ; Geissen 1, 488 ; Emmett 594(12) ; SNRIS Alexandria 137b (108-109 apr. J.-C.). 91 Dattari 1037 ; Geissen 1, 520-521 ; Emmett 594(13) ; SNRIS Alexandria 137c (109-110 apr. J.-C.). 92 Geissen 1, 545 ; Emmett 594(14) ; SNRIS Alexandria 137d (110-111 apr. J.-C.). 93 Emmett 594(15) ; SNRIS Alexandria 137e (111-112 apr. J.-C.). 94 Emmett 1047(15) ; SNRIS Alexandria 219a (130-131 apr. J.-C.). 95 BMC Alexandria, p. 103.886 ; Geissen 2, 1170 ; Emmett 1047(19) ; SNRIS Alexandria 219b (134-135 apr. J.-C.). Au revers, le dieu étend visiblement la droite au-dessus de Cerbère et Isis est assurément coifée du basileion. Une monnaie inédite de New York, ANS no inv. 1944.100.58424 appartenant à cette série, percée de deux trous réguliers, a dû être utilisée comme amulette et/ou comme pendentif. 96 Dattari 2861 ; Emmett 1673 ; SNRIS Alexandria 295a (157-158 apr. J.-C.). 97 Dattari 2862 ; Emmett 1673 ; SNRIS Alexandria 295b (158-159 apr. J.-C.). 98 Emmett 2001 ; SNRIS Alexandria 346 (157-158 apr. J.-C.). 99 BMC XVI Alexandria, p. xciv. Pour lui, Sarapis trônant avec Cerbère à ses pieds correspond à ce que les auteurs nous ont rapporté des premières représentations du dieu. La présence de Déméter à ses côtés rappellerait le rôle de l’Eumolpide Timothée, venu d’Éleusis, dans l’introduction du culte de Sarapis à Alexandrie. Le caractère chthonien des deux divinités pourrait de surcroît expliquer leur cohabitation sur la barque. Isis, placée à la proue de l’embarcation, aurait alors joué le rôle de guide. 100 Tacite, Hist. IV, 83-84 ; Plutarque, De Iside et Osiride, 28. 78 I, D   d’Antonin 101 , puis de nouveau en l’an 5 102 et en l’an 8 103 , avant d’être reprise en l’an 3 104 puis en l’an 7 105 de Lucius Verus, et enfin en l’an 8 106 de Marc Aurèle Auguste, apparaît une variante particulièrement suggestive 107 : Déméter est désormais à la proue, et se tourne vers Sarapis toujours trônant, tandis qu’à la poupe se tient une déesse tenant cornucopia et gouvernail, qu’il faut vraisemblablement identifier à Isis. Cette composition se retrouve sur une gemme en jaspe vert (fig. 40b) appartenant à une collection privée récemment publiée 108 ainsi que sur une intaille inédite du Musée de l’Ermitage 109 , au revers de laquelle est gravée l’acclamation ΕΙC ΖΕYC | CΑΡΑΠΙC 110 . Fig. 40b. Gemme. Collection privée. e siècle apr. J.-C. Une autre intaille inédite du Musée de l’Ermitage propose un équipage encore plus complet puisqu’il se compose de quatre divinités : Sarapis, trônant à gauche, coifé du calathos, le chiton et l’himation passant sur l’épaule gauche, tient un sceptre de la gauche, et baisse la droite vers Cerbère. Derrière lui, debout vers la gauche, Isis, coifée du basileion, vêtue du chiton et de l’himation, tient une cornucopia de la gauche et un sceptre court de la droite. Devant le dieu, debout de trois-quarts vers la droite, Déméter, coifée du calathos, voilée, vêtue elle aussi du chiton et de l’himation, porte un long flambeau de la droite levée et tient sans doute des épis de la gauche 101 Dattari 2859 ; Emmett 1672 ; SNRIS Alexandria 294a (138-139 apr. J.-C.). Dattari 2860 ; Emmett 1672 ; SNRIS Alexandria 294b (141-142 apr. J.-C.). 103 Emmett 1672 ; SNRIS Alexandria 294c (144-145 apr. J.-C.). 104 Emmett 2431 ; SNRIS Alexandria 438a (162-163 apr. J.-C.). 105 Dattari 3778 ; Emmett 2431 ; SNRIS Alexandria 438b (166-167 apr. J.-C.). 106 Dattari 3528 ; Emmett 2185 ; SNRIS Alexandria 385 (167-168 apr. J.-C.). 107 Ce type se retrouve sur une autre émission d’époque impériale portant au droit la représentation du Nil (Dattari 6490 ; Emmett, Alexandrian Coins, 4528). La triade Sarapis-Déméter-Tyché apparaît sur plusieurs émissions alexandrines, hors de la présence d’un navire. SNRIS Alexandria 131, 135, 384, 411, 436, 464 et 524. 108 Cl. Wagner et J. Boardman, Intaglios, p. 43.268. 109 Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg : U 6721. Mentionnée par O. Neverov, Les amulettes magiques de l’Ermitage. Essai d’une classification, dans A. Mastrocinque (éd.), Atti dell’incontro di studio Gemme gnostiche e cultura ellenistica, Verona, 22-23 ottobre 1999, Verona 2002, p. 200, n. 5. 110 La même formule se lit sur un grand nombre de documents, par exemple sur une amulette en or datée des er-e siècles apr. J.-C. et trouvée dans un sarcophage exhumé devant le mur occidental de Périnthe (RICIS 114/0602). Elle est à comprendre comme Zeus (et) Sérapis ne font qu’un seul et traduit l’identification entre les deux divinités. 102 L ́ ’I, D   79 baissée. À la proue, Isis, debout à gauche et tournant la tête vers la droite, coifée du basileion, vêtue du chiton et de l’himation, retient de ses mains une voile gonflée par le vent. Le bateau qui les transporte est en outre propulsé vers la gauche par un rang de rames. Dans le champ supérieur est gravée une inscription peu lisible 111 . Enfin, une monnaie inédite de l’an 21 d’Antonin montre une scène proche, avec toutefois l’addition d’un élément particulièrement significatif : Sarapis, coifé d’un calathos, trône à gauche, sur le pont d’un navire, avec derrière lui Isis debout à gauche, la tête coifée du basileion, tenant une cornucopia de la gauche et un gouvernail de la droite. Devant lui, Déméter debout à gauche, une torche dans la gauche et des épis dans la droite. À la poupe, Euthénia, coifée d’un calathos, repose à gauche (fig. 40c) 112 . Allégorie divinisée personnifiant l’abondance en blé de l’Égypte, Euthénia est très proche de l’Annona romaine 113 . Elle est en outre dotée bien souvent de certains attributs l’identifiant à Isis, ce qui ne peut surprendre 114 . Le lien entre ces émissions et l’Annone ne fait plus de doute. Fig. 40c. Alexandrie. Antonin an 21. De nombreuses frappes alexandrines sont au type de Sarapis et Déméter, indiscutablement associés en tant que divinités frugifères 115 . Une émission de Trajan, connue pour les ans 12, 13 et 20 de son règne, figure Déméter, Isis et Sarapis à l’intérieur d’un temple dont le fronton s’orne de la représentation d’une barque 116 . Plutôt que de rattacher avec S. Bakhoum ces diférentes émissions à l’existence d’un temple dédié aux trois divinités, dont le culte aurait donné lieu à des cérémonies en barque sur le Nil ou à des processions sur des barques fictives, voire directement à un sanctuaire dédié à la barque sacrée [sic] 117 , nous préférons lire dans ces représentations des illustrations du transport annonaire à destination de Rome. 111 Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg : U 6722. Un grand merci à R. Veymiers pour nous avoir montré une photographie de cette intaille et de celle mentionnée note 109, qu’il doit toutes deux publier. Catalogue de vente de la maison F. Künker no 89 (2004), 1801 ; SNRIS Alexandria 295A. Tête laurée d’Antonin, à dr. An 21 (157-158 apr. J.-C.). 112 113 H. Pavis d’Escurac, s. v. Annona, LIMC I.1 (1981), p. 795-799, et I.2 pl. 644. 114 Voir par exemple M.-Th. Picard-Schmitter, L’Allégorie de l’Égypte, p. 43-44, fig. 11, ou M.-O. Jentel, Euthénia, coudées et nilomètre. Sur Euthénia, voir l’étude bien documentée de M.-O. Jentel, Euthénia. 115 SNRIS Alexandria 130, 131, 134, etc. 116 Dattari 1152 ; Emmett 593(12) ; SNRIS Alexandria 135a (an 12 = 108-109 apr. J.-C.). Emmett 593(13) ; SNRIS Alexandria 135b (an 13 = 109-110 apr. J.-C.). Dattari 1154 ; Emmett 593(20) ; SNRIS Alexandria 135c (an 20 = 116-117 apr. J.-C.). 117 S. Bakhoum, Dieux égyptiens, p. 54-55. 80 I, D   La flotte frumentaire alexandrine était ainsi placée sous la triple protection de Déméter, déesse des récoltes, Sarapis, dieu de la végétation, et peut-être aussi protecteur des marins  nous y reviendrons , et Isis, à la fois dispensatrice des richesses (elle tient la cornucopia et Isis/Euthénia 118 apparaît au moins sur l’une de ces émissions alexandrines), garante du bon acheminement de la cargaison (elle tient la voile et/ou le gouvernail), et bonne fortune (elle est de fait assimilée ici à Tychè). Une telle pluralité fonctionnelle pouvait-elle s’accommoder d’un seul type de représentation figurée ? Les quelques documents étudiés ci-dessus laissent clairement à penser que non. Aussi doit-on maintenant se demander si l’Isis à la voile est bien le seul schéma iconographique susceptible de rendre plastiquement compte des rôles multiples d’Isis, Dame des flots. 2. Les autres images d’Isis, Dame des flots Deux documents particulièrement intéressants vont tout d’abord retenir notre attention. Le premier est une intaille en verre bleu, conservée à Vienne (fig. 41) 119 , qui présente de grandes similitudes avec celle de la collection Fr. Daumas 120 . Isis, debout à droite, coifée d’un basileion déformé, vêtue d’un long chiton, s’appuie de la droite sur un long sceptre enguirlandé, et tient de la gauche un gouvernail. Devant elle, se dresse le phare d’Alexandrie. Le rapprochement de cet objet avec les documents précédents nous invite à voir dans cette Isis au gouvernail et au sceptre une déesse maîtresse des éléments marins et protectrice de la navigation. 118 Un autre type monétaire alexandrin, connu pour les années 12 à 20 de Trajan (à l’exception, à notre connaissance, de l’an 14), pose problème (SNRIS Alexandria 104). Le revers se décrit ainsi : divinité féminine debout à droite, coifée du basileion, drapée dans un himation gonflé dans le dos, un sceptre dans la gauche, serrant la main d’une autre divinité féminine, debout à gauche, elle aussi coifée du basileion, un sceptre dans la gauche. L’identité des deux divinités ne fait pas l’unanimité chez les spécialistes. Le port du basileion les a toutefois conduits, assez logiquement, à identifier la divinité de gauche à Isis. Curieusement, la même démarche n’a pas toujours présidé à l’identification de la divinité de droite. La présence dans le dos de la première d’un manteau gonflé a sans doute incité J. G. Milne, Alexandrian coins, 1933, nos 2288-2291, A. Geissen, Alex. Kaisermünzen, p. 146 no 492, E. Christiansen, Coins of Alexandria, p. 153, S. Bakhoum, Dieux égyptiens, p. 73, et K. Emmett, Alexandrian coins, p. 36 nos 531-532, à nommer celle-ci Isis Pharia ; pour V. Tran tam Tinh, LIMC V.1 (1990), p. 784 no 302, il pourrait s’agir d’Isis-Déméter. Quant à la divinité de droite, elle pourrait, selon A. Geissen, suivi par V. Tran tam Tinh et S. Bakhoum, représenter Euthénia, voire Déméter, alors que selon G. Dattari, nos 931-932, J. G. Milne et E. Christiansen, elle serait sans doute une autre Isis. Qu’il s’agisse de deux aspects d’Isis ne fait aucun doute, mais il n’est guère possible de pousser les identifications plus loin en l’absence de traits déterminants. Remarquons par exemple que l’himation gonflé dans le dos d’une divinité féminine se repère sur d’autres monnaies alexandrines de Trajan (Dattari 1015-1016 ; Geissen 654). Traditionnellement, cette figure est identifiée à Euthénia ; M.-O. Jentel, Euthénia, p. 175. E. Zwierlein-Diehl, Gemmen in Wien II, p. 91 no 973 ; F. Dunand, Isis, fig. p. 81. Kunsthistorisches Museum Wien, no inv. XI 991. 119 120 Voir supra p. 73 fig. 36. L ́ ’I, D   81 Fig. 41. Empreinte de l’intaille de Vienne. Une autre représentation d’Isis marine nous est livrée par une intaille insérée dans le chaton d’une bague en or, retrouvée dans une tombe à ciste d’époque hellénistique tardive, près de la main gauche d’un squelette féminin, lors d’une fouille de sauvetage menée en 1979 au sud de la ville de Patras (fig. 42) 121 . Fig. 42. Intaille. Patras. Époque hellénistique. La tombe, au riche mobilier, essentiellement d’or et d’argent, suggère le rang social élevé de son occupante. Sur la gemme, on reconnaît Isis, coifée d’un basileion, debout de trois-quarts vers la droite, sur une proue. La déesse est vêtue d’un chiton serré par une ceinture et drapée dans un himation qui lui enveloppe le bas du corps, et dont un pan retombe sur l’épaule droite. Sa main gauche tendue tient l’extrémité d’un gouvernail, tandis que sa droite empoigne une longue palme à laquelle est accrochée une couronne, attributs qu’elle emprunte à Tychè (le gouvernail) et Nikè (la palme et la couronne), marques de sa domination sur l’élément marin 122 . I. A. Papapostolou, Ellinistikoi Taphoi tis Patras II, AD 33/A' (1978) [1984], p. 361-363, no 5, pl. 112, fig. a-b ; G. Touchais, BCH 109 (1985), p. 788 fig. 61. L’objet serait conservé au Musée de Patras, no inv. 2130. Nous tenons à remercier R. Veymiers d’avoir attiré notre attention sur ce document original trouvé en contexte. 121 122 Voir infra p. 84-85. 82 I, D   Fig. 43. Statuette en bronze. Balanea. Mais le document le plus intéressant pour notre propos est sans conteste une statuette de bronze ayant fait partie de la collection De Clercq, dont la provenance déclarée est le port de Balanea, l’actuelle Banyas, sur la côte syrienne (fig. 43) 123 . Elle représente une divinité féminine, debout, vêtue d’un long chiton et d’un himation, coifée d’un calathos, tenant de la gauche une cornucopia et de la droite un objet disparu qui ne pouvait être qu’un gouvernail, c’est-à-dire, pour reprendre la formule de V. Tran tam Tinh, une image de Fortuna sans aucune caractéristique isiaque 124 . Sur la base supportant la statuette 125 , une courte inscription : Εµσι̋ Φαρíα. Pour A. de Ridder, qui la publia le premier, la base n’est pas sûrement celle de la figurine 126 . Dans l’impossibilité où nous sommes d’avoir pu examiner cet objet 127 , il n’est possible ni d’infirmer, ni de confirmer avec certitude la justesse de cette remarque que l’on peut toutefois soupçonner avoir été suscitée par l’apparente inadéquation entre le type représenté par la statuette et l’épiclèse figurant sur la base. Or nous venons de voir que cette supposée distinction n’en est pas une. Isis protectrice des marins, de la navigation, a pu être aussi bien représentée sous l’aspect d’Isis à la voile que sous celui d’Isis tenant gouvernail et éventuellement cornucopia 128 . 123 A. de Ridder, Coll. de Clercq III, p. 225 n o 321 et pl. L.3 ; IGLS IV (1955), 1309 = SIRIS 358 = Ph. Bruneau, Statues, p. 349 et fig. 10 = RICIS 402/0501. 124 V. Tran tam Tinh, s. v. Isis, LIMC V.1 (1990), p. 794. 125 Hauteur totale 24,2 cm ; hauteur de la base 4,6 cm. 126 A. de Ridder, Coll. de Clercq III, p. 225. 127 Il n’est pas localisable au Musée du Louvre, comme Ph. Bruneau le notait déjà en 1974. 128 Sur l’iconographie du type dénommé traditionnellement Isis-Tychè-Fortuna, on verra B. Lichocka, Fortuna. L’auteur, malheureusement, n’a pas regroupé les documents au type d’Isis-Fortuna, sur lequel elle ne livre d’ailleurs pas d’étude. Le dépouillement des planches permet toutefois de repérer un certain nombre de représentations d’Isis-Fortuna, reconnaissables au basileion porté par la divinité : fig. nos 458-460, 467, 469-471, 477-510, 515, 517, 520, 527, 537 et 541. Ces statuettes en bronzes, non pourvues L ́ ’I, D   83 Fig. 44. Callatis. Caracalla / Tychè (ou Isis) sur une proue. L’existence de ces deux types de représentation peut s’expliquer de plusieurs façons. Sur un plan strictement matériel, il devait être particulièrement délicat de réaliser, tant dans la petite statuaire que dans la grande, des Isis à la voile, et le second type a pu avantageusement le remplacer sur ce point 129 . Sur le plan symbolique, une Isis tenant une cornucopia de la gauche et un gouvernail de la droite peut symboliser, au sens figuré, la bonne fortune. Elle peut sans dificulté être également comprise, au sens propre, comme une déesse marine (le gouvernail) et propice (la cornucopia) 130 . L’union de ces deux fonctions, déesse de la mer protectrice de la navigation, mais aussi déesse propice qui apporte une heureuse vie, a semble-t-il trouvé son accomplissement dans un contexte bien particulier, celui du transport de l’annone, chaque année, depuis Alexandrie jusqu’en Italie, par la flotte frumentaire impériale placée sous la protection divine d’Isis 131 . d’un numéro, peuvent être retrouvées dans le catalogue grâce au dépouillement de l’index p. 299-310. B. Lichocka note que ce syncrétisme apparaît surtout sur les lampes, les gemmes et la petite statuaire de bronze, à partir du e siècle apr. J.-C. Ces représentations sont en revanche rares dans le monnayage et la grande statuaire de pierre. Traditionnellement, la déesse tient le gouvernail de la droite et une cornucopia dans la gauche. On note quelquefois l’adjonction de deux attributs mineurs, le globe en tant que symbole de l’univers et la roue, symbole de la bonne fortune. Particulièrement intéressantes sont les représentations sur lesquelles apparaît la proue d’un navire, qui ne sont sans doute autres que des images d’Annona ou d’Isis marine. Voir par exemple une monnaie de Callatis pour Caracalla (fig. 44). 129 Cette idée avait déjà été émise par M. Malaise, Conditions, p. 181. 130 La métaphore se lit à plusieurs reprises, en termes évocateurs, chez Apulée (XI, 15) : Multis et variis exanclatis laboribus magnisque Fortunae tempestatibus et maximis actus procellis ad portum Quietis et aram Misericordiae tandem, Luci, venisti. Après tant d’épreuves essuyées, de toute sorte, secoué par les rudes assauts de la Fortune et les plus violentes tempêtes, te voilà enfin parvenu, Lucius, au port du Repos et à l’autel de la Miséricorde. ; (XI, 25) Nec dies nec quies tuis transcurrit beneficiis otiosum, quin mari terraque protegas homines et depulsis vitae procellis salutarem porrigas dexteram, qua fatorum etiam inextricabiliter contorta retractas licia et Fortunae tempestates mitigas et stellarum noxios meatus cohibes. Il n’est de jour, de nuit, d’instant fugitif que tu laisses passer sans le marquer de tes bienfaits, protégeant les hommes sur mer et sur terre, écartant loin d’eux les orages de la vie, leur tendant une main secourable qui dénoue les trames inextricables ourdies par le Destin, apaisant les tempêtes de la Fortune et maîtrisant le cours funeste des étoiles. 131 Une monnaie alexandrine de l’an 15 de Trajan (mais selon E. Christiansen, Coins of Alexandria, p. 180, cette date n’est pas assurée) figurerait Isis à la voile entre les deux Dioscures (BMC, p. 54.451), eux aussi protecteurs bien connus de la navigation. Pour R. S. Poole, la déesse tient un sceptre dans la main droite et porte (sans plus de précision) son usual headdress sur la tête. Cette identification semble délicate à certifier en l’absence d’exemplaire plus net. On notera qu’une monnaie a priori semblable de la collection Dattari (no 844, an 12 de Trajan) pourrait montrer selon le collectionneur italien (p. 54) Demeter? di fronte, porta in testa luna bicorne e stella. La planche XI ne permet toutefois pas de confirmer l’identification du couvre-chef. Il ne s’agit de toute façon en aucun cas d’Isis à la voile. 84 I, D   Ainsi s’explique le type a priori exceptionnel de la monnaie de Callatis (notre type A2d') 132 , sur lequel la déesse à la voile, qui est bien Isis, est coifée d’un calathos. Toutefois, nous nous garderons bien de systématiser ce constat et de faire de toutes les statuettes d’Isis avec gouvernail et corne d’abondance des images d’Isis marine. Fig. 45. Lampe. Aléria. er siècle apr. J.-C. (?). C’est le moment d’évoquer un document jusqu’à présent unique, une lampe au thème très original (fig. 45), découverte dans une maison privée sur le site d’Aléria, en Corse 133 . Le médaillon de cette grande lampe au réflecteur en forme de croissant, type caractéristique de l’époque augustéenne 134 , s’orne d’une scène complexe montrant Isis à la voile et Harpocrate debout sur un bateau, ainsi décrite par Th. Oziol : Sur une mer fortement nervurée, ont embarqué deux personnages : à la poupe Isis, à la proue, son fils Harpocrate. La déesse, représentée de profil, en appui solide, les pieds écartés, tient à deux mains une voile qui se gonfle devant elle. Sur l’annone en général, voir les études de G. E. Rickmann, Corn supply ; A. J. B. Sirks, Food for Rome ; E. Gabba (éd.), Ravitaillement, avec la bibliographie antérieure. 132 Voir supra p. 53 fig. 11. 133 Th. Oziol, Les fouilles d’Aléria, p. 23-24, no 44, pl. IV (no inv. 59/157). 134 D’après les traces de signature, il pourrait s’agir d’une lampe produite par l’atelier de Myro, c’est-à-dire fabriquée dans le Latium au début du er siècle apr. J.-C. L ́ ’I, D   85 De sa main droite, dépasse le sistre. Elle est habillée de sa longue robe ample et légère, à travers laquelle se devine la position de ses jambes. Elle a revêtu l’écharpe aux stries obliques dont les franges, poussées par le vent, prolongent le mouvement vers l’arrière. Une longue masse flotte librement derrière elle ; sur sa tête repose une coifure importante, assez plate, diférente de la coifure isiaque traditionnelle ; on penserait à une couronne de feuillages et de fleurs. À l’autre extrémité du bateau, Harpocrate, de face, a adopté son attitude conventionnelle : légèrement déhanché, en appui sur la jambe gauche, il porte, serrée contre son corps nu, une corne d’abondance très pleine d’où paraissent sortir des épis. Il a posé l’index de sa main droite sur ses lèvres. Sa tête est surmontée de la fleur de lotus. En figure de proue, on distingue un ibis, de profil. Au centre du bateau, entre les deux personnages, une corbeille tressée, fermée d’un couvercle conique, ne laisse apercevoir que le cou et la tête de l’ureus qui se dresse 135 . La déesse, debout à droite, est parée d’une longue chevelure flottant dans son dos, à moins qu’il ne s’agisse d’ailes qui l’apparenteraient alors à Victoria-Nikè 136 , selon une iconographie bien connue, que l’on retrouve entre autres dans le monnayage rhodien de la fin du er siècle av. J.-C. (fig. 46a) et du début Fig. 46a-b. Rhodes. Nikè navigans. er siècle av. J.-C. er siècle apr. J.-C. du er siècle apr. J.-C. (fig. 46b). Nombreuses sont en efet les émissions qui livrent des représentations de Nikè debout à droite ou à gauche sur une proue, tenant une palme et une couronne 137 . Isis, elle, ne porte plus qu’un léger chiton, ayant quitté son manteau pour en faire une voile. Notons enfin qu’elle a revêtu ici l’écharpe aux bords frangés qu’elle porte régulièrement sur des médaillons de lampes plus tardifs, où elle est figurée en compagnie d’Anubis et d’Harpocrate 138 . Sur cette lampe, Isis tient la voile à deux mains, sans s’aider de son pied gauche pour augmenter la voilure qui est finalement assez ramassée, bien qu’elle occupe le centre du médaillon. Cette voile plutôt symbolique  n’oublions pas qu’Isis est à la poupe , doit en efet laisser de la place pour la représentation de plusieurs autres éléments au moins aussi 135 Th. Oziol, Les fouilles d’Aléria, p. 23. 136 On peut songer à la Victoire ailée de Samothrace, fendant l’air et les flots. Le prototype de l’Isis à la voile pourrait être à chercher dans les représentations de Nikè selon E. R. Willams, Isis Pelagia, p. 115. 137 138 Voir par exemple SNG Finland 767 et RPC 2772. Voir par exemple V. Tran Tam Tinh, Campanie, pl. XXII, et surtout J.-L. Podvin, Isis-HarpocrateAnubis. 86 I, D   importants. Harpocrate d’abord, figuré de façon très traditionnelle, tenant la corne d’abondance, comme la plupart du temps, qu’il soit seul ou avec sa mère. Comme nous le suggère M. Malaise, la ciste présente sur le pont pourrait contenir la relique osirienne 139 , sur laquelle veille le serpent protecteur 140 . En Égypte, les humeurs d’Osiris conservées dans une hydrie sacrée étaient constamment sous la protection de serpents 141 . L’ibis 142 enfin, figure de proue de l’ensemble, sert de parasème au navire 143 . Comme nous venons de le voir, il existe au moins deux types de représentation d’Isis, Dame des flots : l’Isis à la voile et l’Isis au gouvernail. Attestée dans la joaillerie et la numismatique, leur présence reste discutée dans la ronde-bosse, la petite et la grande statuaire. 3. Le problème des représentations statuaires d’Isis, Dame des flots La question de l’existence de statues d’Isis à la voile a déjà été longuement débattue, avec des arguments forts, par Ph. Bruneau, et elle a suscité des réactions. Au terme d’une analyse d’une grande rigueur méthodique et méthodologique 144 , ce savant considère que le type que nous appelons Isis à la voile intègre d’une part des traits non distinctifs, c’est-à-dire des caractères morphologiques communs à d’autres types tels la position des pieds ou le mouvement du corps élancé vers l’avant et, d’autre part, un trait pertinent qui serait la voile gonflée par le vent qui 139 Un serpent (Agathodaimon) plutôt qu’un uraeus. Les témoignages concernant la ciste mystique en contexte isiaque ne sont pas exceptionnels. Évoquée par Tibulle, Apulée et Plutarque, elle est parfois représentée sur des reliefs, des autels, des sarcophages ou des vases, enfin sur quelques peintures murales comme à Pompéi ; J. G. Grifiths, Isis-Book, p. 222-226 ; M. S. H. G. Heerma Van Voss, Cista mystica ; M. Malaise, Ciste et hydrie, p. 125-155. 140 Même s’il ne s’agit sans doute que d’une coïncidence géographique et chronologique, mentionnons un autel dédié à Isis et orné des images d’Isis-Thermouthis, du dieu crocodile Sobek et d’Anubis, qui fut exhumé dans les années 1924-1928 près de la gare de Porto Torres, l’ancienne Turris Libisonis, en Sardaigne (SIRIS 521 = RICIS 519/0301). M. Malaise, Documents nouveaux, p. 670-673 ; A. Boninu, L’Antiquarium turritano. Breve storia delle ricerche su Turris Libisonis, dans A. Mastino (éd.), L’Africa romana. Atti del II Convegno di studio, Sassari, 14-16 dicembre 1984, Sassari 1985, p. 243 et pl. V-VI ; le catalogue de l’exposition Iside (E. Arslan éd.), p. 214-215 no IV.194. 141 M. Malaise, Terminologie, p. 63. 142 À Pompéi, les ibis étaient présents dans le sanctuaire d’Isis, soit sous forme de statues, soit figurés sur les tableaux ayant orné le temple. V. Tran tam Tinh, Pompéi, p. 144 no 48 et pl. VII.2 (tableau), et p. 175 nos 145-146 (ibis en marbre et en bronze). Ils apparaissent de même sur les fresques isiaques d’Herculanum : V. Tran tam Tinh, Herculanum, p. 83-86 et pl. XXVII-XXVIII. On trouve également des ibis sur les paysages nilotiques, dont certains ont pu orner des lieux de culte isiaques, comme au Sérapeum d’Ostie ; M. De Vos, Egittomania, p. 81-82 et fig. 39b ; plus généralement P. G. P. Meyboom, Nile Mosaic of Palestrina., p. 250 n. 97-98, et p. 257 n. 122 ; G. Capriotti Vittozzi, Oggetti, idee, culti egizi, p. 113-115 ; et M. Malaise, Terminologie, p. 85-89. 143 144 Sur les parasèmes, voir infra p. 168-170. Le raisonnement cartésien, dont les vertus ne sont plus à démontrer, notamment dans la recherche historique, ainsi poussé à son extrême, peut-il toutefois être applicable aux sciences humaines en général, et au sujet qui nous occupe en particulier ? L ́ ’I, D   87 n’appartiendrait qu’à Isis à la voile 145 . Aucune des quatre statues qui ont servi de point de départ à son étude (une statuette du Musée de Mariemont, une statue du Musée de Budapest, une autre du Musée de Bénévent et une troisième du Musée d’Ostie) ne possède ce trait pertinent. Ph. Bruneau en conclut qu’aucune des trois statues, non plus que la statuette de Mariemont [...] ne pouvait être valablement tenue comme Isis à la voile 146 . De l’existence de statues d’Isis à la voile, on n’a jusqu’ici aucune preuve : rien n’empêche que les statues de Mariemont et de Budapest soient des Isis à la voile, mais rien ne le prouve non plus en l’absence du trait pertinent, la voile gonflée par le vent 147 . Quant à celles de Bénévent et d’Ostie, elles ne sont pas conformes au type d’Isis à la voile. 148 Constatant d’une part qu’aucune monnaie d’Alexandrie de l’époque hellénistique ne figure le type d’Isis à la voile et, d’autre part, surtout le fait qu’il y ait certaines variantes sur des émissions datant d’un même règne, il estime que l’iconographie monétaire locale, en l’absence d’autres preuves, ne me paraît pas inviter à admettre l’existence à Alexandrie d’une statue d’Isis à la voile 149 , avant de conclure sur le fait que le nombre de variantes constatables dans les représentations graphiques n’invite pas à croire que ces dernières dérivent d’un original statuaire [...]. Représenté exclusivement par des images graphiques, le type d’Isis à la voile reste donc pour l’instant un cas exceptionnel dans l’imagerie gréco-romaine. 150 Depuis, de nouveaux documents sont apparus, qui nous invitent à présenter au lecteur un état de la question, trente ans après. Outre les quatre documents déjà cités, nous pouvons ajouter deux autres statues à la discussion, l’une de Pouzzoles, l’autre de Messène. Présentons rapidement ces six statues, en reprenant l’ordre suivi par Ph. Bruneau. La statuette de Mariemont (fig. 47) 151 La statuette, en marbre blanc, est haute de 55 cm. Elle figure une femme debout, la jambe gauche en avant. Le bras droit était levé, le gauche pendait le long du corps. Le vêtement se compose d’une tunique tombant jusqu’aux pieds, sur laquelle 145 Au-delà des critiques de détail et de forme avancées par G. Pucci, Iside Pelagia, qui ne sont guère recevables, et dont Ph. Bruneau a déjà fait justice dans son article Isis Pélagia (IV), c’est toutefois ce détail du trait pertinent qui suscita le plus de réserves. Voir par exemple V. Tran tam Tinh, Études iconographiques, p. 1727-1728, publié en 1984 mais écrit beaucoup plus tôt, et qui ne connaît donc ni l’Isis Pélagia (IV) de Ph. Bruneau, ni l’Isis à la voile de Cl. Bérard. Revenant sur son raisonnement et les critiques formulées à son encontre, Ph. Bruneau admet (Isis Pélagia [IV], p. 160), un peu à contre-cœur mais non sans humour, qu’il aurait pu finalement exister des Isis à la voile sans voile. 146 Ph. Bruneau, Isis Pélagia (IV), p. 152. 147 Mais aussi tenue des deux mains et retenue par le pied de la déesse, ce qui n’est pas toujours le cas, comme Ph. Bruneau le concède lui-même, Statues, p. 344-345. 148 Ibid., p. 379. 149 Ibid., p. 358. 150 Ibid., p. 379. Musée de Mariemont, no inv. B 165. A. Furtwängler, Sammlung Somzée, München 1897, p. 38, no 51 ; P. Lévêque, Antiquités, p. 80-81, no G39 ; P. Lévêque et G. Donnay, Mariemont, p. 149-150, no 87 ; V. Tran tam Tinh, Campanie, p. 68, n. 2 ; Ph. Bruneau, Statues, p. 359-361, fig. 12 ; G. Pucci, Iside Pelagia, p. 1179 et pl. LXXIII.1 ; V. Tran tam Tinh, s. v. Isis, LIMC V.1 (1990), p. 784 no 301. 151 88 I, D   Fig. 47. Statuette en marbre. Mariemont. est drapé un long châle à franges, noué sur la poitrine. L’arrière est très négligé. Manquent la tête, qui était rapportée, l’avant-bras gauche, le bras droit, les pieds. 152 La statue de Budapest (fig. 48) 153 La statue, en marbre, est haute de 1,45 m. Il s’agirait d’une copie romaine d’un original du e siècle av. J.-C., trouvée semble-t-il dans une villa de Pausilippe, dans les environs de Naples. Voici la description qu’en donne Ph. Bruneau 154 . Statue de femme drapée fortement penchée en avant. La tête et les bras manquent. Le pied gauche se porte en avant ; le pied droit, en arrière, est perpendiculaire à l’axe du pied gauche ; les deux pieds sont chaussés de sandales. Le personnage porte une longue robe plissée tombant jusqu’à terre et un manteau dont un pan, terminé par des franges, tombe de l’épaule gauche après avoir passé sous les seins. Au niveau de la fesse gauche, un autre pan est brusquement interrompu par une cavité profonde de 3 cm qui présente un angle droit ménagé à dessein, puis une cassure, elle, accidentelle. Dans cette région on note la présence de trois trous de scellements. Une cavité hémisphérique servait à la mise en place de la tête [...]. La cassure de l’épaule gauche semble indiquer que le bras était tenu le long du corps et que seul l’avant-bras pouvait se porter en avant. Sous l’aisselle, une cavité 152 P. Lévêque et G. Donnay, Mariemont, p. 149-150. Musée des Beaux Arts de Budapest, no inv. 3934. Ancienne collection Hartwig. A. Hekler, Museum des bildenden Künste in Budapest. Die Sammlung antiker Skulpturen, Wien 1929, p. 63, no 51 ; J.-G. Szilágyi, Problème, p. 19-30, fig. 22-25 ; L. Castiglione, Isis Pharia, p. 37-55, fig. 26 ; S. Handler, Architecture, p. 60 ; M. Malaise, Inventaire, p. 327 ; V. Tran Tam Tinh, Campanie, p. 67-68, no IS 19, fig. 9-11 ; Ph. Bruneau, Statues, p. 361-365, fig. 13-15 ; G. Pucci, Iside Pelagia, p. 1179 et pl. LXXIII.2 ; V. Tran tam Tinh, s. v. Isis, LIMC V.1 (1990), p. 784 no 298. 153 154 Ph. Bruneau, Statues, p. 362. L ́ ’I, D   89 Fig. 48. Statue en marbre. Budapest. Époque impériale. creusée dans le marbre contient une tige de fer. La cassure de l’épaule droite indique que le bras droit était tendu. Le pied droit déborde légèrement en avant de la plinthe. Chacune des faces latérales de la plinthe présente deux trous de scellements carrés. Récemment, une analyse minutieuse de la statue a apporté les informations suivantes 155 . Sous deux ajouts en marbre collés à hauteur des omoplates, on a découvert deux trous d’agrafes antiques de grande dimension, en forme de prisme irrégulier, ce qui prouve que la pièce avait été complétée encore dans l’Antiquité : après avoir dégrossi le manteau sur l’épaule gauche et le chiton sur l’épaule droite, deux attributs ultérieurs, très probablement une paire d’ailes, ont été rajoutés. De même, la partie inférieure de la statue (avec la jambe gauche de la personne représentée) jointe à l’ensemble de la pièce par deux bandeaux de fer et des agrafes de plomb était sculptée dans un marbre de la même espèce que celui des ajouts certainement modernes recouvrant les omoplates. 156 La statue de Bénévent (fig. 49) 157 Statue fragmentaire, en marbre blanc, retrouvée dans le mur d’enceinte septentrional de la ville de Bénévent. Elle date probablement du er siècle av. J.-C. La hauteur maximale du fragment conservé est de 47 cm, et sa longueur totale est de 1,02 m. Voici la description qu’en fait Ph. Bruneau 158 . 155 Á. M. Nagy, BMusHongr 86 (1997), p. 30-32. 156 Ibid., p. 30. 157 Museo del Sannio, n o inv. 1917. H. W. Müller, Benevent, p. 18-19, 21, 25-26 et 83-85, n o 279, pl. 26 ; M. Malaise, Inventaire, p. 300 no 15 ; Ph. Bruneau, Statues, p. 365-370, fig. 16-18 ; G. Pucci, Iside Pelagia, p. 1179 et pl. LXXIII.3 ; V. Tran tam Tinh, s. v. Isis, LIMC V.1 (1990), p. 784 no 300 ; catalogue Iside (E. Arslan éd.), p. 505 no V. 190. 158 Ph. Bruneau, Statues, p. 366. 90 I, D   Fig. 49. Statue en marbre. Bénévent. er siècle av. J.-C. Sont conservés un bateau et les deux pieds, chaussés de sandales, d’un personnage qui s’y trouvait debout. Le bateau se présentait au spectateur par tribord ; à babord, le marbre est grossièrement travaillé, ce qui indique que cette face n’était pas visible. Le bateau repose sur une plinthe rectangulaire, beaucoup moins large que lui et décorée de lignes sinueuses qui représentent la mer ; la tête d’un dauphin apparaît entre les vagues. La poupe, les extrémités supérieures et inférieures de la proue et une partie de la rambarde de babord manquent. Deux petits trous sont forés dans la rambarde, celui de babord à 19 cm de la proue, celui de tribord à 23 cm ; H. W. Müller suppose qu’y était fixée la voile, peut-être en bronze doré, tenue par Isis 159 . Les deux pieds du personnage ne sont pas placés sur l’axe longitudinal du navire, mais déportés vers babord. Le pied gauche (long. : 21 cm) est le plus proche de la proue ; le pied droit, cassé au talon (long. : 20 cm ±), est très en arrière du pied gauche ; les axes des deux pieds sont à peu près perpendiculaires. La statue d’Ostie (fig. 50) 160 Statue d’une femme drapée et penchée en avant, en marbre d’Asie Mineure, trouvée en 1969 dans l’Isola Sacra, et provenant probablement d’un édifice public. Elle date du e siècle apr. J.-C. Sa hauteur actuelle est de 2,09 m. De nouveau, nous reprenons la description de Ph. Bruneau 161 . La tête, les bras, les extrémités des pieds sortant du vêtement et l’élément sur lequel reposait le pied gauche ont disparu : alors que tout le reste de la statue est 159 H. W. Müller, Benevent, p. 18 et 85. Museo Ostiense, no inv. 18141. F. Zevi, Statua ; id., Museo Ostiense. Nuove immissioni, Supplemento alla Guida, Ostia 1971, p. 7-8 ; G. Becatti, Ninfe e divinità marine, Studi Miscellanei 17, Roma 1971, p. 51, n. 114 ; V. Tran tam Tinh, Campanie, p. 68 n. 2 ; Ph. Bruneau, Statues, p. 370-372 ; M. Floriani Squarciapino, Les cultes orientaux, p. 71 et fig. p. 70 ; LIMC V.1 (1990), p. 784 no 299 ; F. Zevi, Il cosidetto “Iseo di Porto” e la sua decorazione, dans Iside (E. Arslan éd.), p. 322-323. 160 161 Ph. Bruneau, Statues, p. 371. L ́ ’I, D   91 Fig. 50. Statue en marbre. Ostie. en marbre gris-bleu, ces parties rapportées devaient, comme F. Zevi le suppose avec toute apparence de raison, avoir été exécutées en marbre blanc. Le personnage est représenté s’élançant vers l’avant, mais avec une légère torsion sur sa droite. La jambe gauche est soulevée ; le pied “reposait sur un élément ou attribut qui devait justifier l’action et l’élan du personnage”. Le pied droit, en arrière, est très oblique par rapport à l’axe du pied gauche. La tunique, plaquée sur le corps, moule la poitrine, le ventre et les cuisses, puis retombe sur la jambe gauche en un drapé épais. Sur les flancs, une mince ceinture serre le vêtement. Le manteau, enroulé sur la poitrine, se gonflait sur les côtés ; on relève en efet sur les flancs de la statue des traces de supports auxquels venaient s’attacher ces éléments du manteau. La partie postérieure de la statue, travaillée sommairement, ne devait pas être visible. La statue de Pouzzoles (fig. 51) 162 Statue en marbre foncé, retrouvée au fond du port de Pouzzoles en 1965 et qui a pu appartenir à un édifice bâti sur la rive. La hauteur actuelle est de 1,95 m. Elle peut dater du milieu du e siècle apr. J.-C. Statue de femme, dont le bras droit, comme la tête, autrefois rapportés, ont disparu. La figure, en mouvement vers la droite, a la jambe gauche fléchie et portée latéralement. Elle est vêtue d’un chiton et d’un ample manteau, ourlé d’une frange volumineuse. Ce manteau passe sur le bras gauche, puis dans le dos, pour revenir sur le flanc droit et se terminer dans le replis du coude gauche, laissant ainsi la poitrine dégagée ; il devait autrefois se gonfler à l’arrière, grâce à des pièces rapportées, dont on distingue encore les trous de fixation. Les mains sont portées vers l’avant. 162 S. Adamo Muscettola, Iside a Pozzuoli, p. 549-558, avec la bibliographie antérieure. 92 I, D   Fig. 51. Statue en marbre. Pouzzoles. La statue de Messène (fig. 52) 163 Statue en marbre, retrouvée avec quatre autres statues dans le théâtre de Messène lors de fouilles efectuées en 2002. Statue de femme debout, la jambe gauche avancée, sur un éperon de navire. Elle est vêtue d’un chiton serré à la taille par une ceinture et drapée d’un himation qui semble flotter derrière elle. Les plis du vêtement, ondulés et dynamiques, laissent deviner le modelé des jambes. Elle est parée d’une guirlande végétale disposée en sautoir de l’épaule gauche à l’aine droite. Ses cheveux ondulés sont tirés vers l’arrière et de longues mèches lui retombent dans le dos. Elle porte une couronne sur la tête. Elle pouvait tenir de ses deux mains une voile gonflée par le vent. Rappelons maintenant les opinions en présence sur le problème de l’existence ou non de statues d’Isis à la voile. En 1897, A. Furtwängler avait publié la statuette appartenant alors à la collection Somzée, conservée aujourd’hui au Musée de Mariemont, comme une Isis Pharia (?) 164 , hypothèse jugée osée, mais ingénieuse par P. Lévêque, qui qualifia primitivement la statuette d’Isis Pelagia 165 , avant de revenir quelque peu sur cette identification pour n’y voir plus qu’une Isis à l’attitude très proche de celle d’Isis 163 V. Ch. Petrakos, dans To Ergon 49, 2002 [2003], p. 28-29 (ph), avec des compléments dans Praktika 157 (2002) [2005], p. 27-28, pl. 17, 20-22. F. Burkhalter, A. Philippa-Touchais, Chronique des fouilles en Grèce 2001 et 2002, BCH 127, 2 (2003), p. 801 fig. 85. Je remercie R. Veymiers qui, outre ces informations, m’a procuré une bonne photographie de la statue. 164 A. Furtwängler, Sammlung Somzée, 1897, p. 38, no 51. 165 P. Lévêque, Antiquités, p. 80-81. L ́ ’I, D   93 Fig. 52. Statue en marbre. Messène. Pelagia 166 . Pour S. Adamo Muscettola 167 , en l’absence de manteau gonflé dans le dos, mais surtout en considérant que la probable position abaissée des bras ne devait pas permettre la tenue d’une voile, la statuette ne doit pas représenter une Isis à la voile. Cela nous paraît en efet improbable 168 . J.-G. Szilágyi, étudiant la statue conservée à Budapest 169 , s’appuyait sur le détail du manteau frangé et la provenance de la statue, qui semble avoir été trouvée dans les environs de Naples, pour suggérer d’y reconnaître une Isis Pelagia debout à la proue d’un navire, et non une Niobide comme on le pensait jusqu’alors. Cette identification, acceptée par L. Castiglione et V. Tran tam Tinh 170 , a été rejetée par Ph. Bruneau en l’absence d’une voile gonflée par le vent 171 . Pour L. Castiglione 172 , le style de la statue de Budapest, qui aurait été exécutée vers le début de notre ère mais serait la copie d’une œuvre antérieure, sans doute du milieu du e siècle av. J.-C., est très proche des représentations de Nikè debout en proue 173 . Cette image en ronde-bosse d’Isis à la voile dériverait d’un original statuaire placé à l’entrée du port de Pharos à Alexandrie. À ce premier type de représentation aurait succédé un 166 P. Lévêque et G. Donnay, Mariemont, p. 149-150. S. Adamo Muscettola, Iside a Pozzuoli, p. 551. 168 Elle rejette, sans doute à juste titre, ibid., p. 551-552, pour la même raison, l’identification à Isis Pelagia de deux statues du Musée Torlonia et de la Galerie Borghese que G. Pucci, Iside Pelagia, p. 1188, fig. LXXVI.1-4, avait voulu intégrer au dossier, ainsi que l’image féminine du relief des Musei Capitolini que nous évoquerons plus loin, p. 98-99. Nous ne la suivons pas sur ce dernier point. 169 J.-G. Szilágyi, Problème, p. 19-30. 170 V. Tran tam Tinh, Campanie, p. 68. 171 Ph. Bruneau, Statues, p. 365. 172 L. Castiglione, Isis Pharia, p. 37-55 et fig. 26. 173 C’est aussi l’avis d’E. R. Willams, Isis Pelagia, p. 115. 167 94 I, D   deuxième type, datant de l’époque impériale et s’en distinguant par la présence d’un manteau rejeté à travers le torse de la déesse et dessinant derrière le dos un arc gonflé par le vent. Peut-être détruite avec les édifices de l’île de Pharos durant le bellum alexandrinum de 48-47 av. J.-C., la première statue cultuelle d’Alexandrie aurait été remplacée par une autre (à manteau gonflé) dont s’inspirèrent les représentations de l’époque impériale. Ces hypothèses audacieuses, acceptées par S. Handler 174 , nous semblent des plus fragiles, l’existence même d’un temple d’Isis sur l’île de Pharos restant encore à démontrer 175 . Pour Á. Nagy 176 , la statue aurait été transformée en une Nikè pourvue d’ailes en bronze. L’idée est intéressante, mais on peut tout aussi bien considérer que les trous de scellement à hauteur des omoplates, combinés à ceux repérés sur la fesse gauche de la statue, ont pu servir à accrocher un manteau gonflé en bronze, rapporté à la statue. De la même manière, la restauration du pied gauche, qui coïncide avec le bouchage des trous des omoplates, a pu faire disparaître le point d’ancrage d’une seconde voile rapportée, elle aussi éventuellement en bronze. Force est donc d’admettre que si rien ne prouve qu’il s’agisse bien d’une Isis à la voile, rien ne s’y oppose non plus 177 . Les vestiges de la statue visibles sur le pont du navire découvert dans la muraille lombarde de Bénévent en 1903 ont été attribués à Isis auf dem Schiff  par H. W. Müller, suivi par M. Malaise 178 , identification rejetée de nouveau par Ph. Bruneau, qui souligne l’absence d’une voile  ce qui n’était peut-être pas la réalité 179  et note par ailleurs que la position géographique de Bénévent, au milieu des montagnes du Samnium, n’ofre pas des conditions favorables au développement du culte d’Isis de la mer,  ce qui est exact dans l’absolu, mais l’est peut-être moins lorsque l’on reconnaît la double fonction de divinité maritime et frugifère de la déesse 180 . La statue d’Ostie, quant à elle, a été identifiée à une Isis Pelagia par son inventeur F. Zevi, suivi par G. Becatti 181 , alors que Ph. Bruneau, constatant que la déesse a le pied gauche levé et posé sur un élément indistinct (un rocher ?)  ce qui serait, il est vrai, original et peu compréhensible pour une représentation d’Isis à la voile , verrait plutôt dans cette efigie une Aphrodite du type 174 S. Handler, Architecture, p. 56-61, particulièrement p. 60, tout en notant avec justesse à la page suivante que the juxtaposition of the goddess’ statue and the Pharos on the coins cannot be taken literally. Whether the Isis is a cult statue or an open-air monument such as the Nike of Samothrace cannot be known. 175 L. Bricault, Un phare, p. 138. 176 Á. M. Nagy, BMusHongr 86 (1997), p. 30. 177 Pour S. Adamo Muscettola, Iside a Pozzuoli, p. 552, l’ipotesi che essa non raffiguri una Iside Pelagia mi sembra, in questo caso, difficile da sostenere. 178 M. Malaise, Inventaire, p. 300. 179 Voir infra p. 96. 180 Voir à ce sujet W. Johannowsky, Canali e fiumi, p. 161-165, évoquant la présence d’un moulin d’époque hadrienne sur le Calore, près d’Apice, ce qui le conduit à lier la construction de l’Iseum de Bénévent à la présence supposée d’Égyptiens investis dans le commerce des céréales dans la région. L’hypothèse est totalement gratuite. L’édification du sanctuaire est à rapporter au règne de Domitien et au lien particulier qui unit la dynastie flavienne à la famille isiaque. Voir entre autres M. Malaise, Conditions, p. 415 ; F. Colin, Domitien, Julie et Isis, p. 258 ; S. Adamo Muscettola, I Flavi, p. 99. 181 G. Becatti, Ninfe e divinità marine, Studi Miscellanei 17, Roma 1971, p. 51, n. 114. L ́ ’I, D   95 Brazza 182 . Pour V. Tran tam Tinh, la figure féminine a le pied gauche posé sur un “rocher”, ce qui rend l’identification [à Isis à la voile] peu plausible, opinion que nous partageons 183 . Récemment, S. Adamo Muscettola 184 a suggéré, sur des critères stylistiques, de rapprocher la statue d’Ostie d’un ensemble d’œuvres représentant a priori Fortuna (une de Palestrina en marbre noir 185 , une autre provenant peut-être de l’Iseum de Bénévent 186 et une troisième conservée à Munich mais acquise sur le marché napolitain), ainsi que de l’image d’Isis livrée par le médaillon de Faustine associant la déesse tenant un(e) voile au Phare (d’Ostie ?) dont nous avons déjà parlé 187 . Les similitudes entre les quatre statues sont relativement convaincantes (drapé du vêtement, position des deux jambes, la gauche en avant), même si celles de Palestrina et de Bénévent sont fragmentaires. S’il est en efet peu probable que nous ayons afaire à des Isis à la voile, on pourrait toutefois concevoir que la statue fragmentaire de Bénévent, comme celle d’Ostie, représentent Isis(-Fortuna) en tant que protectrice de la navigation. Si le lien avec le médaillon de Faustine  et une inscription alexandrine mentionnant Faustine Pharia et sôsistolos 188  est pertinent, cette protection doit pouvoir être directement mise en relation avec la flotte annonaire. La présence de telles statues à Ostie, port de débarquement de la flotte frumentaire, et à Bénévent dans un sanctuaire isiaque construit ou remanié en l’honneur de Domitien de retour de campagne, ne pourrait alors surprendre 189 . La statue de Pouzzoles est identifiée à Isis Pelagia par S. Adamo Muscettola, suivie à juste titre (mais avec prudence) par M. Malaise 190 , qui note que le manteau frangé est le seul indice dans l’état actuel de l’œuvre d’une identification probable avec Isis. Il semble possible de dater la statue du milieu du e siècle apr. J.-C. Elle aurait pu appartenir à l’Iseum voisin du môle et de la mer. On sait que l’activité annonaire du port de Pouzzoles ne s’est pas totalement interrompue avec la construction du port d’Ostie 191 . La posture de la statue de Messène, la présence d’un éperon de navire en font indubitablement une représentation de divinité marine. La guirlande végétale, la chevelure, le drapé permettent d’envisager une identification de la figure féminine à Isis, même si ces éléments ne sont pas, il est vrai, exclusivement isiaques. Cependant, celle-ci nous semble d’autant plus probable qu’un temple de la déesse vient d’être mis au jour à proximité immédiate du théâtre où fut retrouvée notre statue. Quant à 182 P. Bruneau, Statues, p. 372. 183 V. Tran tam Tinh, Campanie, p. 68 n. 2. 184 S. Adamo Muscettola, Iside a Pozzuoli, p. 552 et fig. 6-8 p. 553. 185 M. G. Lauro, Statua della Fortuna, pl. I-IV et VIII-XI ; S. Gatti, La difusione del culto di Iside : Praeneste, dans E. Arslan (éd.), Iside, p. 332-333. La statue pourrait dater du e siècle av. J.-C. 186 Ibid., p. 207 et fig. VIIa. 187 Voir supra p. 72 fig. 35. 188 L. Bricault, Un phare. 189 Sur ce sanctuaire, H. W. Müller, Der Isiskult im antiken Benevent und Katalog der Skulpturen aus den ägyptischen Heiligtümern im Museo del Sannio (Münchner Ägyptologische Studien 16) Berlin 1969 ; M. Malaise, Inventaire, p. 294-305 ; R. Pirelli, L’Iseo di Benevento, dans E. Arslan (éd.), Iside, p. 376-380. 190 M. Malaise, Nova isiaca, p. 34-35. 191 J. D’Arms, Puteoli in the 2nd century AD, JRS 64 (1974), p. 104-124 ; G. Camodeca, Puteoli. 96 I, D   la position des mains, elle s’accorde parfaitement à la tenue d’une voile. Il nous paraît donc assuré, pour la première fois, d’être en présence d’une représentation statuaire d’Isis à la voile. Sa localisation à Messène, c’est-à-dire à l’intérieur des terres, conforte l’idée que la présence d’une statue d’Isis marine à Bénévent n’est pas en soi inconcevable. Ajoutons enfin que la documentation numismatique corinthienne, comme nous le verrons plus loin, accrédite l’existence d’une statue d’Isis à la voile dans l’un des ports de la cité à l’époque impériale 192 . Récemment, J. Rodríguez Morales a attiré l’attention sur un épisode fameux du Satyricon de Pétrone mettant en scène la déesse Isis 193 dans le cadre d’une tempête. À partir d’une analyse du chapitre CXIV, il tente de reconstruire un passage perdu du roman, qui peut intéresser directement notre propos. Rappelons brièvement la situation. Embarqués sur le navire de Lichas dans le port d’une graeca urbs, Encolpe et ses acolytes Giton et Eumolpe sont bientôt confrontés à une tempête qui menace de les engloutir. La situation devenant critique, Lichas adresse une prière à Encolpe : Itaque pernicies postquam manifesta convaluit, Lichas trepidans ad me supinas porrigit manus et : “Tu, inquit, Encolpi, succurre periclitantibus, et vestem illam divinam sistrumque redde navigio. Per fidem, miserere, quemadmodum quidem soles.” Aussi, quand le péril apparut à son comble, Lichas, tremblant d’efroi, tendit vers moi des mains suppliantes : Encolpe, dit-il, tu le peux, viens au secours de notre détresse : rends le voile sacré et le sistre au vaisseau. Au nom des dieux, montre-toi pitoyable, comme tu l’as toujours été ! La mention du sistre permet d’identifier sans grand risque d’erreur la patronne du vaisseau, la Tutela navis mentionnée au chapitre CV, à Isis. Du passage cité ci-dessus, on peut induire que dans un épisode perdu du roman, Encolpe ou l’un de ses compagnons a dérobé sur une statue de la déesse le sistre (sistrum) qu’elle brandissait sans doute de la droite et un voile (vestis) qui la parait 194 . Sans doute celle-ci était-elle de pierre, et le sistre, une pièce métallique rapportée. Quant au voile, on sait que les statues étaient souvent habillées de tissus et de parures réelles. C’était d’ailleurs 192 193 Voir infra p. 116 sq. C’est également l’opinion de D. E. Smith, Egyptian Cults at Corinth, p. 230 n. 95. Dans deux articles parallèles. J. Rodríguez Morales, Isis Pelagia, et id., Tutela Nauis. J. Rodríguez Morales, Isis Pelagia, p. 242-243, pense que le manteau volé (latrocinio pallium) qu’Encolpe et Ascylte cherchent à vendre sur le marché (Satyricon XII-XV) n’est autre que la vestis divina du chapitre CXIV, qu’ils auraient récupérée dans un autre épisode perdu du récit. Ce vêtement apparaît de nouveau, pour la dernière fois, au chapitre CXVII (vestis rapinae comes). Ceci est discutable et suppose que l’auteur latin fasse de pallium et de vestis des synonymes. Le pallium est un manteau grec, l’himation (cf. le terme palla et, dans un contexte isiaque, la palla nigerrima d’Apulée, Métam. XI, 3), alors que la vestis peut désigner aussi bien le vêtement complet qu’un voile de femme (Stace, Thébaïde, 7, 244). Dans l’inventaire de Nemus Dianae relatif à l’habillement et à la parure d’une statue d’Isis, la linia vestis désigne l’habit complet de la statue, lequel se compose d’une tunica, d’un pallium, d’une zona cum segmentis argenteis et d’une stola. CIL XIV 2215 (p. 488) = G. Lafaye, Histoire, p. 135-136 = ILS 4423 = SIRIS 524 = RICIS 503/0301. Les deux pièces de vêtement sont peut-être à distinguer dans le texte de Pétrone. Sans doute les lascars ont-ils entièrement dépouillé la statue. Pour l’action de vêtir les statues, et notamment celles d’Isis, comparer la dédicace de Luna publiée par G. Mennella, Un ignota dedica lunense a Iside in una scheda autografa di Santo Varni, Atti della Società Ligure di Storia Patria, n.s. 23 (1983), p. 27-33 = RICIS 511/0701 : Vettia Pasipila Isi stolam et amictum oculos aureos l(ibens) m(erito) Vettia Pasipila (a ofert) à Isis une robe et un manteau, ainsi que des yeux en or, de bon gré et à juste titre. Sur ce document, P. Gallo, Aegyptiaca di Luni, p. 72. 194 L ́ ’I, D   97 l’origine de la fonction des stolistes 195 . Plusieurs documents d’époque impériale nous ont conservé des listes d’objets et de vêtements destinés à la parure de statues d’Isis 196 . Courroucée par ce forfait, la déesse, qui donne son nom au navire de Lichas 197 , profitant de la présence à son bord des voleurs, provoque une tempête dans laquelle le navire finit par sombrer, emportant l’infortuné capitaine. Nous retrouvons là l’une de ses prérogatives en tant que déesse marine, celle de soulever les flots, ou de les apaiser. In fine, J. Rodríguez Morales suggère que le sistre et le voile furent prélevés sur une statue d’Isis à la voile, sur laquelle le sistre comme la voile auraient été rapportés. Sur la statue de Bénévent, l’encoche visible devant les pieds de la déesse ne serait autre qu’un tenon de fixation destiné à la mise en place d’une voila movible, qui aurait pu n’être que de tissu 198 . L’hypothèse est intéressante, mais invérifiable et dificile à retenir. Sans doute est-il plus simple de considérer que nous avons afaire ici à un voile (vestis) et non à une voile, prélevée sur une simple statue d’Isis debout parée d’un vêtement par un stoliste. On rapprochera du texte de Pétrone le poème d’accompagnement que Stace écrivit pour Mécius Céler 199 , dans lequel le poète finit par remettre son ami aux bons 195 M. Malaise, Stolistes. Outre les deux inscriptions citées supra n. 194, d’autres textes mentionnent des ofrandes de bijoux et de linges, comme à Acci (CIL II 3386 = ILS 4422 = SIRIS 761 = RICIS 603/0101), Italica (AE, 1982, 521 = AE, 1983, 521 = RICIS 602/0201), Thessalonique (IG X 2, 114 = RICIS 113/0556), Délos (voir les inventaires du Sarapieion réunis dans le RICIS) et Pergame (I. Pergamon p. 248 no 336 = SIRIS 313 = RICIS 301/1202). 197 V. Ciafi, Petronio e Apuleio, Torino 1960, p. 16 ; J. P. Sullivan, The Satyricon of Petronius. A Literary Study, London 1968, p. 43. 198 J. Rodríguez Morales, Isis Pelagia, p. 248-249. H. W. Müller, Benevent, p. 18 et 45, avait déjà envisagé, rappelons-le, l’existence d’une voile rapportée, mais en bronze. 199 Stace, Silv. III, 2, 101-122 : Isi, Phoroneis olim stabulata sub antris, / nunc regina Phari numenque orientis anheli / excipe multisono puppem Mareotida sistro / ac iuuenem egregium, Latius cui ductor Eoa / signa Palaestinasque dedit frenare cohortes, / ipsa manu placida per limina festa sacrosque / duc portus urbesque tuas. Te praeside noscat, / unde paludosi fecunda licentia Nili, / cur uada desidant et ripa coerceat undas / Cecropio stagnata luto, cur inuida Memphis, / curue Therapnaei lasciuiat ora Canopi, / cur seruet Pharias Lethaeus ianitor aras, / uilia cur magnos aequent animalia diuos ; / quae sibi praesternat uiuax alataria Phoenix, / quos dignetur agros aut quo se gurgite Nili / mergat adoratus trepidis pastoribus Apis. / Duc et ad Emathios manes, ubi belliger urbis / conditor Hyblaeo perfusus nectare durat, / anguiferamque domum, blando qua mersa ueneno / Actias Ausonias fugit Cleopatra catenas. / Usque et in Assyrias sedes mandataque castra / prosequere et Marti iuuenem, dea, trade Latino. Isis, jadis parquée dans les grottes de Phoronée, à présent reine de Pharos et déesse de l’orient haletant, salue du bruit multiple de ton sistre le vaisseau de Maréotide ; et ce jeune homme éminent, auquel le chef du Latium a confié ses étendards d’Orient avec le commandement des cohortes de Palestine, conduis-le toi-même d’une main bienveillante par tes temples en fête, par tes ports sacrés, par tes villes. Qu’il apprenne sous ta protection d’où vient le fertile débordement du Nil répandu en marécages, pourquoi ses eaux décroissent et sont maintenues par la berge que colmate la boue de l’oiseau de Cécrops (i.e. l’hirondelle), pourquoi Memphis est jalouse, ou débauché le rivage de la thérapnéenne Canope, pourquoi le portier du Léthé protège les autels de Pharos (Plutarque, De Iside 14, et Diodore I, 87, 2), pourquoi de vils animaux sont mis sur le rang de divinités puissantes, quels autels se prépare à l’avance le Phénix séculaire, quels champs juge dignes de lui ou dans quels goufres du Nil s’immerge Apis, adoré par les bergers tremblants (Pline, NH VIII, 184). Conduis-le aussi vers les restes du héros de l’Émathie, à l’endroit où le belliqueux fondateur de la cité subsiste encore, enveloppé du nectar de l’Hybla, ainsi qu’au palais infesté de serpents où, noyée dans la douce torpeur du poison, la Cléopâtre d’Actium échappa aux chaînes de l’Ausonie. Escorte ce jeune homme jusqu’à son poste assyrien et au camp qui lui a été confié, et remets-le, ô déesse, à la garde du Mars latin. (trad. H. J. Izaac). 196 98 I, D   soins d’Isis 200 , qui se voit confier plusieurs tâches. Elle doit d’abord saluer de son sistre le bateau, puis le conduire d’une main bienveillante à bon port (v. 101-106) ; il lui appartient ensuite de faire découvrir au jeune homme les mystères et les curiosités de l’Égypte (v. 107-120), avant de l’escorter jusqu’en Orient pour le confier finalement au dieu de la guerre (v. 121-122). Isis se voit donc parée d’un double rôle : protectrice du voyage maritime et guide de Mécius Céler, se substituant en cela aux autres divinités marines évoquées dans les vers précédents 201 . Avant de nous interroger sur les épithètes et épiclèses susceptibles de concerner Isis dans ses rapports avec l’élément marin, il nous faut dire un mot sur un relief découvert en 1935 au voisinage du théâtre de Marcellus, dans la Regio IX de Rome, conservé aujourd’hui aux Musei Capitolini (fig. 53) 202 . Fig. 53. Relief en marbre. Rome. er-e siècle apr. J.-C. Ce fragment de marbre de bonne taille 203 représente Isis en haut relief. La déesse est vêtue d’un himation, qui semble se gonfler dans son dos, fixé par le nœud isiaque à 200 Les premiers vers ne s’adressent pas à la déesse : Di, quibus audaces amor est seruare carinas / saeuaque uentosi mulcere pericula ponti, / sternite molle fretum placidumque aduertite uotis / concilium, et lenis non obstrepat unda precanti. Dieux qui aimez à préserver les navires téméraires et à atténuer les terribles dangers d’une mer livrée aux vents, aplanissez mollement les flots ; que votre assemblée bienveillante prête l’oreille à mes vœux et que les eaux adoucies ne couvrent pas de leur bruit ma prière. (v. 1-4 ; trad. H. J. Izaac). 201 Neptune, les Dioscures, les Néréides, Protée, Triton, etc. Musei Capitolini, no inv. 2448. C. Pietrangeli, Culti orientali, p. 31-32, no 18 ; K. Parlasca, Isiskultrelief, p. 195-205 et pl. 56-59 ; M. Malaise, Inventaire, p. 214 no Roma 392 et pl. 22 ; S. Ensoli, Rilievo con Iside Frugifera, dans le catalogue Iside, p. 400-402 no V.19, avec une bibliographie quasi exhaustive, à laquelle on ajoutera M. J. Versluys, Aegyptiaca Romana, p. 352. 203 La hauteur du fragment conservé est de 71,8 cm. 202 L ́ ’I, D   99 hauteur de sa poitrine, mais ne porte pas de chiton. Son corps et ses bras sont orientés à droite, tandis qu’elle tourne légèrement sa tête en arrière, en un mouvement qui laisse nu son sein gauche. Elle porte un diadème orné d’un uraeus, dont ne subsiste que le bas du corps. Un orifice au-dessus du front servait probablement à la fixation d’attributs aujourd’hui disparus, peut-être un basileion. Derrière elle, à hauteur de la tête, sont représentées les extrémités supérieures de deux tiges de millet, céréale jadis répandue en Italie, mais pas en Égypte. Tel quel, le fragment a dû appartenir à un grand panneau de marbre, copie romaine du er ou du e siècle apr. J.-C. d’un original pouvant dater du e siècle av. J.-C. 204 , et provient peut-être d’un sanctuaire isiaque, éventuellement de l’Iseum de la Regio VIII. Initialement, K. Parlasca avait songé à une Isis Pelagia 205 , mais la présence du millet lui fit identifier la déesse plutôt à Isis Frugifera, d’autant qu’une dédicace à Isis frugifera, accompagnée d’empreintes de pieds, est attestée pour la première fois au e siècle dans l’église S. Maria in Aracoeli, non loin de là 206 . L’absence de chiton est notable et l’on a pu y voir une allusion supplémentaire à ses aspects fertile et fécond, à l’imitation des représentations d’Isis lactans et courotrophe. Pour E. La Rocca, nous serions en présence d’une Isis tenant les rênes d’un char, à l’instar de Déméter 207 ; pour S. Ensoli, on pourrait envisager une Isis frugifère tenant un araire 208 . Que nous soyons en présence d’une divinité agraire ne fait aucun doute, et les identifications proposées avec force parallèles techniques et artistiques sont intéressantes. Il nous semble toutefois que l’on ne peut éliminer l’identification à Isis marine sur le seul fait de la présence d’épis. Rien ne permet de dire que ce n’est pas une voile que tient Isis, en tous cas ni plus ni moins qu’un araire, des rênes de char ou autre chose. Nous avons souligné plus haut le lien plus qu’étroit existant entre Isis patronne de la navigation et Isis-Tychè karpophoros. Nous serions de fait tenté de retrouver dans ce relief une représentation d’Isis à la voile. La présence d’épis, de millet certes (mais les commanditaires de l’œuvre ont pu aisément préférer cette céréale à toute autre précisément parce qu’elle est plus italienne), ne fait que souligner l’un des aspects majeurs de l’Isis maîtresse des flots : permettre grâce à la navigation, grâce au commerce, grâce au trafic annonaire, à l’Empire d’être ce qu’il est. La portée idéologique d’un tel document, comme l’ont bien vu les précédents commentateurs, ne doit pas être négligée. 204 Époque julio-claudienne pour S. Ensoli, dans E. Arslan (éd.), Iside, p. 400 ;  e siècle apr. J.-C. pour K. Parlasca, p. 202. 205 L’idée est reprise par G. Pucci, Iside Pelagia, n. 48 p. 1190-1191 et pl. LXXVII.2. 206 CIL VI 351 ; H. Stuart Jones, Sculptures, p. 139 n o 1a et pl. 36 ; SIRIS 379 = RICIS 501/0111 ; la pierre est conservée aux Musei Capitolini. 207 E. La Rocca, Arcus, p. 271-272, fig. 5-7. 208 L’ensemble des hypothèses de lecture est discuté par S. Ensoli dans sa notice du catalogue de l’exposition de Milan. IV Les noms d’Isis, Dame des flots À lire les auteurs modernes, on est en droit de se demander quel(s) nom(s) pouvai(en)t bien désigner Isis marine dans le monde antique, si tant est qu’il y en ait eu un 1 . Pour ne prendre qu’un exemple, l’épithète associée au nom d’Isis pour qualifier la déesse lorsqu’elle tient la voile sur une monnaie, dans les catalogues et les ouvrages numismatiques, varie d’une notice à l’autre. Le plus souvent, elle est appelée Pharia, parfois Pelagia, sans que l’on comprenne bien pourquoi les raisons de l’un ou l’autre choix. De l’ensemble des documents épigraphiques, littéraires, numismatiques et papyrologiques qui mettent Isis en relation avec le monde marin ressortent principalement quatre épithètes : Ε»πλοια, Πελαγíα / Pelagia, Σöτειρα et Φαρíα / Pharia, mais aussi quelques autres 2 . 1. Isis Ε»πλοια À l’instar d’Aphrodite 3 , Isis porte l’épithète ε»πλοια dans trois (voire quatre) textes : deux dédicaces déliennes, la grande litanie isiaque du Papyrus Oxyrhynchos 1380 et, peut-être, une dédicace d’Alexandrie 4 . 1 Le problème apparaît clairement, par exemple, lorsque L. Vidman, Isis und Sarapis, p. 86, écrit qu’Isis est maîtresse de la mer wie ihre Epitheta Euploia, Pharia, Pelagia vor allem auf Delos bezeugen, ou bien quand V. F. Vanderlip, Hymns of Isidorus, p. 81 n. 38, explique que On Delos especially, Isis is Pelagia, Euploia and Pharia, ce qui est doublement inexact, car les trois épithètes n’apparaissent pas toutes dans la documentation délienne et elles ne sont certainement pas interchangeables. Ph. Bruneau avait bien vu la dificulté et tenté de la résoudre dans Statues, p. 349-351. 2 Nous avions regroupé cette documentation dans un petit ouvrage publié il y a une dizaine d’années : L. Bricault, Myrionymi, p. 28 (ε»πλοια), p. 60 et 89 (Πελαγíα / Pelagia), p. 68 (σöτειρα), et p. 72 et 89 (Φαρíα / Pharia). 3 Sur Aphrodite Euploia, on verra E. Miranda, Euploia, p. 123-144, G. Pugliese Carratelli, Afrodite Euploia, p. 58-61. On retrouve des traces de Vénus marine, à l’époque impériale, jusqu’en Afrique du Nord ; H. G. Pflaum, Euploea, ZPE 42 (1981), p. 221-222. 4 SB I 977 = F. Kayser, I. Alexandrie, n o 83, p. 250-252 et pl. 43 (Alexandrie, 15 février 14 apr. J.-C.). Un certain Lucius Tonneius Antérôs fait le vœu d’une bonne navigation (ε¹πλοíý) pour le navire Νικαστáρχτη̋. Mais rien ne permet d’associer avec certitude Isis à ce souhait. Problématique également est le cas d’un sarcophage retrouvé à Ostie et portant l’inscription ε¹πλοíý. Certains savants, tels G. Stuhlfauth, Leuchtturm von Ostia, p. 146-147, et L. Vidman, SIRIS, p. 254, y ont reconnu une épiclèse d’Isis, s’appuyant sur le décor du sarcophage : deux génies, celui d’Ostie et celui d’Alexandrie, y sont représentés, de même qu’une tête d’uraeus, ce qui évoquerait l’Égypte et Isis en son rôle de protectrice de la navigation. Pour Ph. Bruneau, Statues, p. 336, il peut s’agir d’un vœu plus général, qui n’est pas nécessairement lié à Isis. Sa 102 I, D   La première dédicace, que nous avons déjà mise à contribution 5 , s’adresse à Isis qui sauve-Astarté-Aphrodite, qui procure une heureuse navigation et qui écoute les prières, ainsi qu’à Éros-Harpocrate-Apollon. Elle fut déposée au Sarapieion C de Délos, sans doute peu après 140 av. J.-C., par Andromachos, fils de Phanomachos, en son nom propre et au nom de son épouse et de ses enfants, en marque de reconnaissance. Pour M.-Fr. Baslez 6 , cette Isis Euploia Épékoos n’est pas une des manifestations de la divinité toute-puissante, maîtresse de la mer et inventeur des techniques de navigation, comme le rappellent les arétalogies isiaques ; le caractère marin de la déesse n’est qu’un aspect de sa fonction essentielle de déesse qui écoute et protège. L’accent est mis non sur la toute puissance, mais sur la compassion de la divinité. Cet aspect très humain des rapports entretenus par les gens de mer, et les autres, avec Isis, s’éloigne, tout en s’en inspirant, de l’image très intellectuelle transmise par l’Arétalogie. En témoigne la seconde dédicace délienne, œuvre d’un certain Isidôros, fils d’Isidôros, Athénien, et placée au Sarapieion C de Délos en 104-103 ou en 92-91 av. J.-C. 7 Le P. Oxy. XI, 1380, 98-99 nous livre la troisième occurrence de l’épithète, laquelle serait portée par Isis à Gaza selon l’(es) auteur(s) du texte : Çν Γáζþ ε¹π[λ]éαν. La forme ε»πλεα, inusuelle, n’est sans doute qu’une corruption auditive de l’épithète ε»πλοια, comme il en est bien d’autres dans le texte de cette litanie, copie du e siècle apr. J.-C. d’un original probablement d’époque flavienne 8 . Qu’Isis soit parée d’une telle épithète ne saurait étonner dans une cité comme Gaza, célèbre pour son port de Maïouma. Le grand dieu du lieu était Marnas 9 , dont on sait qu’il assumait, entre autres, un rôle de protecteur du commerce maritime en tant que patron des négociants de Gaza installés à Ostie 10 . Des monnaies de Gaza montrent le theos patrios Marnas debout, avec à ses côtés une déesse qui pourrait bien être Io-Isis 11 . présence sur un sarcophage pose toutefois question. S’agit-il de rappeler une vie de traversées entre Ostie et Alexandrie, ou bien d’appeler la protection divine sur le voyage du défunt dans l’au-delà ? On connaît plusieurs épitaphes où le défunt est assimilé au marin définitivement à l’abri des naufrages. Comme l’écrit J. Carcopino, Tombeau de Lambiridi, p. 225-227, dans certains de ces textes la vie y est plus ou moins explicitement comparée à une traversée dont le trépas est le port où viennent s’ancrer tous les voyageurs. Cette idée a été reprise par F. Chapouthier, Dioscures, p. 322. 5 Voir supra p. 20-22 et n. 71. CE 194 = ID 2132 = RICIS 202/0365. Ισιδι Σωτεíραι >Αστáρτει >Αφροδíτηι Ε¹πλοíαι Çπ[ηκóωι] καì Ερωτι <Αρφοκρáτει >Απóλλωνι, >Ανδρóµαχο̋ Φανοµáχου [¸πèρ Æαυτοû] καì γυναικò̋ καì τéκνων χαριστåριον. 6 Recherches sur les conditions de pénétration et de diffusion des religions orientales à Délos (IIe-Ier s. av. notre ère), Paris 1977, p. 62. 7 CE 147 = ID 2153 = RICIS 202/0329 : >Ισíδωρο̋ >Ισιδöρου >Αθηναîο̋ Ισιδι Ε¹πλοíý, Çφ’ °ερéω̋ >Απολλοδöρου Κρωπíδου, ζακορεúοντο̋ Νικíου. 8 IG V, 1 1551 pour la forme ∆ιóσκουροι ε»πλειαν. 9 Sur celui-ci, G. Mussies, Marnas, p. 2447-2449 pour les parèdres féminines du dieu. Sur Γáζα, I. Benzinger, PWRE VII.1 (1910), col. 880-886, et A. Calderini-S. Daris, Dizionario geografico II.1, p. 75. 10 IG XIV 926 et 1043. 11 P. Chuvin, Derniers païens, p. 210-211. Isis Euploia ÉPITHÈTES ET ÉPICLÈSES D'ISIS DAME DES FLOTS L  ’I, D   Isis Pelagia Isis Pharia Isis Sôteira Rome Portus Ostiae Sagonte Mytilène Corinthe Iasos Délos Cos ? ? Rhodes Phoenix Alexandrie ? ilôt du lac Mareotis 150 Philae 600 450 750 km Hiéra Sykaminos 103 300 0 km FDx 104 I, D   2. Isis Πελαγíα L’épithète Pelagia apposée au nom d’Isis n’est guère fréquente non plus. Elle nous est connue par trois occurrences en grec et deux (voire trois) en latin, sur des documents s’étalant du er siècle av. J.-C. au e siècle apr. J.-C. La plus ancienne attestation apparaît sur une dédicace gravée sur une colonne, découverte autrefois à Mytilène et aujourd’hui égarée 12 . Elle est l’œuvre d’une femme, Octavia, fille de Marcus, pour Ε³σιδι Πελαγíý ε¹ακóÿ. Elle est paléographiquement datée du er siècle av. J.-C., toutefois sans certitude. La deuxième provient, elle aussi, de l’Égée orientale. Un autel en marbre trouvé en 1948 à Iasos, et des brûle-parfums, disparus quant à eux 13 , furent consacrés à Anubis et à Isis Pelagia, ainsi qu’à Isis Boubastis, par Gaius Caninius Synallassôn et sa compagne Caninia, fille de Stratos 14 , à l’époque impériale, sans qu’il soit malheureusement possible de préciser davantage 15 . L’existence d’un culte iasien en l’honneur d’Isis Pelagia semble confirmée par une émission monétaire locale au type d’Isis à la voile, à l’efigie de Lucius Verus 16 . Corinthe possédait également un lieu de culte consacré à Isis Pelagia, comme le précise Pausanias 17 : >Ε̋ δè τòν <Ακροκóρινθον τοûτον νιοûσιν Çστιν Ισιδο̋ τεµéνη, ¤ν τäν µèν Πελαγíαν, τäν δè Α±γυπτíαν Çπονοµáζουσιν, καì δúο Σαρáπιδο̋, Çν Κανöβÿ καλουµéνου τò Îτερον. 12 IG XII 2, 113 (d’après Villoison) = SIRIS 259 = RICIS 205/0302 : >Οκταυíα Μáρκου θυγáτηρ Ε³σιδι Πελαγíý ε¹ακóÿ. J. B. G. d’Ansse de Villoison, Histoire de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres 47 (1809), Mémoires de littérature, p. 306, qui a vu l’inscription de Mytilène et en a donné le texte, écrit ensuite : J’en trouvai une de même dans la cour d’une maison à Corinthe. On a pu comprendre qu’il avait vu à Corinthe une dédicace en tous points identique à celle de Mytilène. C’est le cas de L. Vidman qui proposait dans sa SIRIS, sous le no 34, une seconde inscription, corinthienne cette fois, au même texte que celle de Mytilène. Ph. Bruneau, Statues, p. 337, estimait suspecte l’existence d’une seconde dédicace corinthienne avec le même adjectif rare ε¹áκοο̋. Cet argument ne peut être décisif car, s’il s’agit de la même personne, Octavia, fille de Marcus, rien ne l’empêche de déposer en deux endroits diférents (des ports d’embarquement, des escales ou des destinations) des dédicaces portant le même texte, même s’il contient un adjectif peu courant. Toutefois, nous n’avons pas retenu dans le RICIS cette soi-disant dédicace corinthienne dont l’existence nous paraît improbable. Peut-être Villoison a-t-il vu à Corinthe une inscription mentionnant simplement Isis Pelagia ? Peut-être avait-il aussi en tête le texte de Pausanias ? Tout cela n’est pas clair. Voir les remarques de D. E. Smith, Egyptian Cults at Corinth, p. 216-217. 13 Une cavité à la partie supérieure et une rainure ont pu sans doute servir à l’installation d’un brûle-parfums. 14 L. Robert, Deux inscriptions d’Iasos, REG 70 (1957), p. 368-373 = SEG XVIII (1962) 449 = SIRIS 274 = I. Iasos no 281 = RICIS 305/1402 : Γáιο̋ Κανíνιο̋ [Συνα]λλáσσων µετ[à Κα]νινíα̋ Στρατο[û̋ τæ̋] ±δíα̋ συµβíου [τòν] βωµòν µετà τ÷ν [περì] α¹τòν θυµιατη[ρíων >Α]νοúβιδι καì ´Ισι[δι Πελ]αγíý καì Ισιδι Βου[βáστει Çκ] τ÷ν ±δíων νé[θηκεν]. Gaios Kaninios Synallassôn, avec Kaninia, fille de Stratos, sa compagne, a consacré à ses frais l’autel avec les brûle-parfums qui sont autour de lui, à Anubis et à Isis Pelagia ainsi qu’à Isis Boubastis. Rappelons qu’Amon, en Égypte, avait à la fois la capacité de déchaîner les tempêtes et de donner le soufle aux parturientes ; supra p. 14 n. 8. 15 Gaius Caninius Synallassôn apparaît également dans un long décret iasien voté en son honneur. Th. Reinach, Inscriptions d’Iasos, RÉG 6 (1893), p. 157-166, no 3 = I. Iasos, no 248. 16 W. Weiser, Zur Münzprägung von Iasos und Bargylia, dans W. Blümel (éd.), Die Inschriften von Iasos Teil II (= Inschriften Griechischer Städte aus Kleinasien, 28.2), Köln 1985, p. 180 (AE 24-31a-c) ; SNRIS Iasus 4. 17 Graec. descr. II, 4, 7. L  ’I, D   105 En montant à l’Acrocorinthe vous voyez deux enceintes sacrées d’Isis, l’une étant surnommée (Isis) Pelagia, et l’autre (Isis) Égyptienne, et deux de Sarapis, honoré dans l’une sous le nom (de Sarapis) de Canope. Il en allait de même pour Rome, si l’on en croit l’inscription funéraire 18 d’un certain Servius Sulpicius Alcimus, afranchi impérial, qui vécut 37 ans et fut durant 10 années gardien auprès d’Isis Pelagia. Ce document est datable de la fin du er siècle apr. J.-C. 19 La restitution de Pelagia dans une autre inscription de Rome, datée de l’an 1 apr. J.-C., demeure en revanche hypothétique 20 . Enfin, de Sagonte provient une dernière dédicace à Isis Pelagia, émanant d’un certain Lucius Valerius Fi[dus ?] 21 , gravée sur un autel en calcaire dont ne subsiste que le fragment supérieur gauche. Elle est datée de la fin du er ou du début du e siècle apr. J.-C. 3. Isis Σöτειρα Plusieurs inscriptions et la litanie du papyrus d’Oxyrhynchos attribuent à Isis l’épithète Σöτειρα. 22 . Si certaines occurrences sont clairement hors contexte maritime 23 , une est indiscutablement à rapporter à la protection apportée par Isis aux marins, et deux autres pourraient l’être. Nous avons déjà évoqué la dédicace délienne Ισιδι Σωτεíραι Αστáρτει Αφροδíτηι ε¹πλοíαι Çπ[ηκóωι], où Σöτειρα renvoie 18 CIL VI 8707 = ILS 4421 = SIRIS 396 = RICIS 501/0132 : Dis Manibus sac(rum). Ser. Sulpicio Aug(usti) l(iberto) Alcimo, aedituo ab Isem Pelagiam. Vix(it) an(nos) XXXVII, aedituavit an(nos) X. 19 Servius Sulpicius est un afranchi de Galba. 20 CIL VI 30975 (Hülsen) = ILS 3090 = M. Adele Cavallaro, Un liberto “prega” per Augusto e per le gentes : CIL VI 30975, Helikon 15-16 (1975-1976), p. 146-186 et ph. p. 152 = AE 1981, 76 = R. E. A. Palmer, Studies of the Northern Campus Martius in Ancient Rome, TAPhS 80.2 (1990), p. 18-28 = AE 1991, 278 = RICIS 501/0137 : Mercurio aeterno deo, I[ovi, I]unoni regin(ae), Min[ervae, So]li, Lunae, Apol[lini, Dia]nae, Fortuna[e, Iunoni (?) Luci]nae, Opi, Isi Pe[lagiae (?), Sarapi (?)], Fatiis d[ivinis. Quod bo]num [faustum feli]xque [sit]. Imp(eratori) Caesari Augus[to, imperio] eius, senati populi[que Romani] et gentibus, nono [anno] introeunte felic[iter] C. Caesare L. Pau[llo co(n)s(ulibus)] L. Lucretius L(ucii) l(ibertus) Zethus iussu Iovis aram Augustam posuit. Salus Semonia, populi Victoria. À Mercure dieu éternel, à Jupiter, à Junon reine, à Minerve, au Soleil, à Luna, à Apollon, à Diane, à la Fortune, [à Junon (?)] Lucina, à Ops, à Isis Pe[lagia (?), à Sarapis (?)], aux Parques divines. Que ceci soit bon, favorable et heureux. À l’empereur César Auguste, à son empire et à celui du Sénat et du peuple romain, aux lignages, à l’heureux commencement de la neuvième année (de l’institution des magistri du vicus), Caius César et Lucius Paullus étant consuls. Lucius Lucretius Zethus, afranchi de Lucius, sur l’ordre de Jupiter a fait l’ofrande de cet autel auguste. Salus Semonia, Victoire du peuple. L. 5-7 Fortuna[e, Matri] / [Mag]nae, Opi, Isi, Pi[etas, —], / [—] Fatiis d[ivinis] Hülsen ; Fortuna[e, —] / [—]nae, Opi, Isi, Pi[etatis, —], / [—] Fatiis d[ivinis] Cavallaro. En rapprochant cette dédicace de CIL VI 31073, Palmer propose un certain nombre de restitutions que nous reprenons ici avec un point d’interrogation. Selon lui, ce groupe de divinités évoquerait celui des jeux séculaires de 17 av. J.-C., auquel s’ajouteraient les divinités isiaques adorées dans ce quartier. 21 P. Beltrán, NAH 3-4 (1954-1955), p. 164 ; A. García, AEspA 33 (1960), p. 192 n. 32 = AE 1962, 78 = A. García y Bellido, Religions orientales, p. 111 no 5 = SIRIS 764 = ILER 355 = F. Beltrán Lloris, Epigraphia latina de Saguntum y su territorio, Valencia 1980, no 5 p. 20 et pl. II = CIL II2 14,1 (1995) 295 et pl. 6,1 = RICIS 603/0401 : L. Val(erius) Fi[dus (?)] Isid[i] Pelag[iae] v(otum) s(olvit) l(ibens) [m(erito)]. L. 2-3 Isid(orus) / Pelag... Beltrán 1954-1955, Isid[i] / Pelag[iae] García 1960. 22 Plusieurs études furent consacrées, en tout ou partie, à cet aspect d’Isis. Citons, entre autres, H. Haerens, ΣΩΤΗΡ et ΣΩΤΗΡΙΑ ; C. J. Bleeker, Isis as a Saviour Goddess ; H. Tarrant, Salvation. 23 Les inscriptions RICIS 202/0170 (Délos) et 402/0601 (Libo), et le P. Oxy. XI, 1380, 20 et 91-92. Selon ce dernier document, elle porterait cette épithète à Naucratis et Pétra, a priori hors contexte maritime pour cette dernière cité. 106 I, D   indiscutablement à son rôle de protectrice de la navigation 24 . Il en va peut-être de même dans une courte dédicace de Rhodes où un métèque, Hippôn de Cnide, au er siècle av. J.-C., rend hommage, en marque de reconnaissance, à Isis qui sauve 25 , ainsi que dans une autre de la même époque, de Cos cette fois, où un néocore du nom de Glaukias s’adresse, sur ordre de la déesse, à Isis qui sauve 26 . De Cos encore est originaire Prôtos, fils de Pythiôn, sauvé de nombreux et grands périls (marins ?), qui dépose dans le Sarapieion C de Délos ca 150 av. J.-C. un acte de grâce pour Sérapis, Isis, Anubis, Apollon 27 et les dieux qui partagent le même temple, en son nom propre et au nom de ses enfants Philouménè et Pythiôn, en marque de reconnaissance 28 . Il apparaît clairement qu’en certains cas, la figure complexe d’Isis Σöτειρα recouvre plus précisément ses aspects de divinité protectrice des marins, qui sait entendre leurs prières. Il existe ainsi une relation étroite entre les épithètes ε»πλοια / πελαγíα et Çπåκοο̋ / ε¹áκοο̋, que M.-Fr. Baslez attribue à une spécificité sémitique, Çπåκοο̋ étant conférée à Isis la plupart du temps par des individus originaires de la côte syro-palestinienne. Ces vocables ne traduiraient donc pas des réalités foncièrement diférentes, même si le terme Çπåκοο̋ met incontestablement l’accent sur une relation personnelle entre le fidèle en danger et le dieu “qui l’écoute”. 29 Quoi qu’il en soit, ces adjectifs qualificatifs caractérisent pleinement les préoccupations immédiates et les aspirations des fidèles, de Délos comme d’ailleurs, émigrés et navigateurs exposés aux périls de la mer qui s’en remettent à Isis, comme aux Dioscures, à Héraclès, aux dieux d’Ascalon ou à d’autres 30 . 4. Isis Φαρíα Beaucoup plus fréquente est l’épithète Pharia, attestée pour Isis dans les sources littéraires, épigraphiques et numismatiques 31 . Elle apparaît dans les premières à la fin du er siècle av. J.-C., dans les deuxièmes au e siècle apr. J.-C., et dans les troisièmes au e siècle apr. J.-C. 24 CE 194 = ID 2132 = RICIS 202/0365. Voir supra p. 20-22 et 101. A. Maiuri, Nuova silloge epigrafica di Rodi e Cos, Firenze 1925, no 17 = SIRIS 179 = RICIS 204/0108 : Ιππων Κνíδιο̋ µéτοικο̋, Ισ[ει] Σωτεíραι, χαριστåριον. 25 26 A. Maiuri, Nuova silloge, 1925, n o 449 = SIRIS 247 = I. Cos EV 149 = RICIS 204/1004 : Γλαυκíα̋, νεωκóρο̋, Ισι Σωτεíρý [κ]ατà πρóσταγµα. 27 Apollon est sans doute ici Harpocrate. Ce même personnage est par ailleurs l’auteur de l’ofrande d’un petit Apollon (sans doute là encore identifié à Harpocrate) en pierre (RICIS 202/0423 A I,22 = RICIS 202/0424 B I,22 = RICIS 202/0433 A,21). 28 CE 72 = ID 2119 = RICIS 202/0230 : Πρ÷το̋ Πυθíωνο̋ Κ÷ιο̋, σωθεì[̋] Çκ πολλ÷ν καì µεγáλων κινδúνων Σερáπει, Ισει, >Ανουβει, >Απóλλωνι, θεοî̋ συννáοι̋, ¸πèρ α¸τοû καì τ÷ν παιδíων Φιλουµéνη̋ καì Πυθíωνο̋, χαριστåριον. Sur les ex-voto marins, voir infra p. 123-125. 29 M.-Fr. Baslez, Recherches, p. 132. Il est permis de douter de cette spécificité sémitique. Les anciens Égyptiens ont toujours insisté sur la capacité d’écoute de leurs divinités, au point que l’épiclèse celle qui écoute tout finit par se muer en une entité divine, Sédjémet-Nébet. 30 Pour Délos, voir ID 2401 (Dioscures), ID 2433 (Héraclès), ID 2305 (dieux d’Ascalon), etc. 31 La plupart des références littéraires et épigraphiques se trouvent déjà chez A. Calderini, Dizionario I, 1, Le Caire 1935, p. 161 ; voir également les notes de P. M. Fraser, Ptolemaic Alexandria I, p. 20-21, et II, p. 54-56, n. 125-128. Nous ne connaissons pas d’occurrence papyrologique pour cette épithète. L  ’I, D   107 Tibulle, le premier, évoque la foule des célébrants de Pharos 32 , tandis qu’Ovide 33 , avec à sa suite Martial 34 et Stace 35 , parle de la iuvenca Pharia, la génisse de Pharos, qui n’est autre qu’Isis-Io 36 . Le même Stace 37 , à propos d’Io parvenue sur le sol d’Égypte, écrit que maintenant, [elle est] reine du Pharos. Ce toponyme n’est qu’un substitut du mot Égypte, comme le prouvent ses autres occurrences dans l’œuvre du poète 38 . Chez Ovide, le Pharos désigne clairement par métonymie Alexandrie 39 , ce qui doit être également le cas dans le vers de Tibulle cité plus haut, ainsi que chez Apulée 40 . Force est de constater que si ambiguïté il y a, elle ne porte que sur le fait de savoir si Pharos, chez les Latins, désigne seulement Alexandrie ou bien l’Égypte entière. Le même doute subsiste à propos de la citation qu’Eusèbe de Césarée fait de Porphyre, lorsque celui-ci évoque, parmi d’autres divinités, Isis de Pharos 41 , comme pour celle (en discours indirect, rapporté qui plus est), que Minucius Felix ferait d’Évhémère 42 . Il en va probablement de même pour les deux dernières attestations littéraires de l’épiclèse, chez Tertullien 43 et dans le Carmen in paganos 44 . Aucun de ces textes ne justifie en lui-même la remarque fréquente selon laquelle le Pharos serait un centre important du culte d’Isis, où la déesse aurait eu un sanctuaire célèbre. En fait, trois hypothèses s’ofrent à nous : — Isis Pharia possède un temple à Alexandrie, sur l’île de Pharos ou ailleurs : cela reste à démontrer. — Isis possède un temple sur l’île de Pharos, qui pourrait lui valoir le qualificatif de Pharia : c’est possible, mais aucun document littéraire ou archéologique décisif ne permet encore de l’afirmer. — Isis possède un temple à Alexandrie, et c’est son assimilation littéraire à Io qui lui vaut d’être qualifiée par métonymie de Pharia (= alexandrine ou égyptienne) : cela ressort nettement de la documentation ; aller plus loin serait extrapoler. Cependant, la présence de cette épithète sur plusieurs documents épigraphiques vient apporter des éléments importants. En efet, dans le poème funéraire de 32 33 34 35 I, 3, 32 (trad. M. Ponchont, CUF). Ars amat. III, 635 et Fastes V, 619. Voir également Pont. I, 1, 38. Ep. X, 48. Théb. I, 254. 36 Il en est de même pour l’occurrence chez Eusèbe, Chronica, apud Syncelle 237, 6-9 (Schoene). Silv. III, II, 102. 38 Silv. III, II, 112 et V, III, 244. 39 Dans Am. II, 13, 9, Ovide rappelle qu’Isis possède des sanctuaires à Parétonium, Canope, Memphis et Pharos. L’absence d’Alexandrie dans ce vers indique clairement que la cité se cache par métonymie sous le nom de son monument le plus emblématique, au moins pour un Latin ; même figure de style dans Métam. IX, 773-774. Voir également les remarques d’A. Ramirez de Verger, The text of Ovid, Amores 2.13.17-18, AJPh 109.1 (1988), p. 87-89. 40 Métam. II, 28. 37 41 Porphyre, De philosophia ex oraculis haurienda (p. 123-124 [v. 46] Wolf = fgt 309F Smith p. 358) apud Eusèbe, Praep. Ev. V, 7, 5. 42 Octavius XXI, 1. Isis, humaine divinisée, est ici mise sur le même plan que Jupiter de Dicté ou Apollon de Delphes. 43 Apol. 16. (197 apr. J.-C.). Il y est question cette fois de Pallas Attica et de Ceres Pharia. 44 Carmen IV, 99 = Anth. Lat. I, 1 p. 13 sqq. (fin  e-début  e siècle). 108 I, D   l’épicurien Agricola, de Tivoli, celui-ci évoque la mémoire de son épouse Primitiva Flavia, adoratrice de la déesse du Phare (cultrix deae Phariae), i.e. Isis. L’inscription peut être datée du milieu du e siècle apr. J.-C. L’expression doit ici encore être comprise comme une périphrase stylistique désignant Isis en tant que déesse égyptienne, plutôt que comme l’indice de l’existence, à Rome, d’un sanctuaire d’Isis Pharia auquel la défunte aurait été attachée 45 . Dans deux proscynèmes peints de Haute Égypte et de Nubie, datables de la fin du e siècle apr. J.-C., les pèlerins évoquent Isis Pharia 46 . Là encore, il est permis d’hésiter. Doit-on comprendre qu’ils vivent à proximité d’un sanctuaire 45 CIL VI 17985a = Bücheler, CLE 856 = SIRIS 451 = M. Malaise, Inventaire, p. 127-128 Roma 51 = E. Sabbadini, Culto isiaco ed epicurismo nell’ epitafio di Flavio Agricola tiburtino, AST XLVIII (1975), p. 71-72 = RICIS 501/0177. L’inscription, gravée sur un sarcophage en marbre trouvé en 1626 sous la basilique Saint-Pierre à Rome, semble aujourd’hui perdue. Elle pourrait dater du e siècle apr. J.-C. : Tibur mihi patria, Agricola sum vocitatus, / Flavius idem, ego sum discumbens, ut me videtis. / Sic et aput [sic] superos annis, quibus fata dedere, / animulam colui nec defuit umqua [sic] Lyaeus. // Praecessitque prior Primitiva, gratissima coniuncxs, / Flavia, et ipsa cultrix deae Phariae casta / sedulaque et forma decore repleta, / cum qua ter denos dulcissimos egerim annos. / Solaciumque sui generis Aurelium Primitivum // tradidit, qui pietate sua coleret fastigia nostra, / hospitiumque mihi secura servavit in aevum. / Amici, qui legitis, moneo, myscete Lyaeum / et potate procul redimiti tempora flore / et Venereos coitus formosis ne denegate puellis : // cetera post obitum terra consumit et ignis. Tivoli est ma patrie. On m’appelle Agricola, et aussi Flavius ; moi je suis couché, comme vous me voyez. C’est ainsi que chez les gens d’en haut aussi, pendant les années que les destins m’ont accordées, j’ai entretenu ma petite âme et jamais Lyaeus ne m’a fait défaut. Elle m’a précédé en partant la première, Primitiva Flavia, ma très charmante épouse, elle-même adoratrice à la fois chaste et empressée de la déesse du Phare (i.e. Isis), pourvue de l’ornement de la beauté, en compagnie de laquelle j’ai vécu trente années très douces. Comme consolation de son cru, elle m’a laissé Aurelius Primitivus, pour qu’il entretienne de sa piété nos sépultures, et m’a conservé tranquillement une place pour l’éternité. Amis qui lisez, je vous le conseille, mêlez Lyaeus et buvez-le loin d’ici les tempes couronnées de fleurs et ne refusez pas les embrassements de Vénus aux belles jeunes filles. Tout le reste, après le trépas, la terre et le feu le consument. À la lecture Phariae du CIL, Sabbadini oppose un original Pharidis. 46 1. CIG III 5119 = SB V 8542. Hiéra Sykaminos. Proscynème de Maximus peint sur l’épistyle du temple d’Isis : Τò προσκúνηµα τæ̋ κυρíα̋ Βρουττíα̋ Φαρíα̋ καì τοû τéκνου α¹τæ̋ >Ιοúνκου –µεγíστη δóξα διà βíου – καì õοíω̋ τοû τéκνου α¹τæ̋ Μαρκéλλου –  λαµπρà ζíα – καì õοíω̋ Μαξιµíωνο̋ τéκνου – πáση̋ τæ̋ παιδεíα̋ δóγµα – καì τοû πατρò̋ α¹τ÷ν Μαξíµου – δεξιò̋ νäρ εì δóκιµο̋ παιδεíα – καì >Αρéα̋ Σεραπιáδο̋ καì Σωστρáτου – λíου Çπíτευγµα – καì Βρουττíου Βρουτταρâτο̋, Âν γαπ‡  Φαρíα Ισι̋ – Âλη̋ συνγενεíα̋ τæ̋ βασκáντου. νδρεîο̋ νεανíα̋ Μáξιµο̋ Ïγραφα. Ceci est l’acte d’adoration de Dame Bruttia Pharia, de son enfant Iuncus  très grande gloire à vie , également de son enfant Marcellus  la brillante renommée , également de Maximiôn, son enfant  modèle de toute éducation , de leur père Maximus  homme toujours droit réputé pour son instruction , d’Area Serapias et de Sostratos  réussite du soleil , et de Bruttius Bruttaras que chérit Isis Pharia  de toute sa famille à l’abri du mauvais sort . Moi, Maximus, jeune homme valeureux, j’ai écrit [ce texte]. 2. É. Bernand, Les inscriptions grecques de Philae, II. Haut et Bas-Empire, Le Caire 1969, no 168, p. 166-174. Épigramme de Serenus peint sur le mur ouest de la porte d’Hadrien (25 mars 191 apr. J.-C.) : Ισιν τäν Çν Φíλαι̋ προσκυνåσα̋ τι̋ ε¹τυχεî, ο¹χ Ëτι µóνον πλουτεî, πολυζÿεî δ’ ‚µα τοúτÿ; τραφεì̋ δ’ Çγõ πàρ Φαρíý Ισιδι Çνθáδε °κóµην, –ε±µì δ’ Çγõ Σερηνó̋, βοηθò̋ γακλυτοû Πτολεµαíου– õοû σùν Φåλικι καì >Απολλωνíÿ ζωγρáφÿ, χρησµοî̋ >Απóλλωνο̋ νικåτοιο ƒνακτο̋, σπονδ÷ν καì θυσι÷ν Îνεκα Çνθáδ’ ±κóντε̋, δεóµενοι καì τοúτων µετασχεîν; πρéπον γàρ ”ν; ο¹δéνα µ÷µον ε¸ρåσει̋. Celui qui a adoré l’Isis de Philae a un sort heureux, non pas seulement parce qu’il devient riche, mais parce qu’en même temps il obtient une longue vie. Moi, qui ai été élevé près d’Isis Pharia, je suis venu ici  je suis Serenus, adjoint du très illustre Ptolémaios , en compagnie de Félix et d’Apollônios le peintre ; incités par les oracles d’Apollon, prince invincible, c’est pour des libations et des sacrifices que nous sommes venus ici, désireux d’y participer. Car cela était bienséant. On ne trouvera là rien à blâmer. (trad. É. Bernand, légèrement modifiée). L  ’I, D   109 d’Isis Pharia  Isis du Pharos , ou bien simplement qu’ils afichent ainsi leur origine alexandrine ? Dans ce dernier cas, Isis Pharia désignerait de nouveau l’Isis d’Alexandrie, sans plus de précision. Une autre inscription, gravée sur une base dont les côtés s’ornent de reliefs représentant d’un côté Sarapis Agathodémon et de l’autre Isis Thermouthis, retrouvée sur un îlot du lac Maréotis, porte une dédicace à la déesse très grande Isis épèkoos Pharia 47 . La dédicace est malheureusement mutilée et les lectures proposées ne garantissent pas le sens à donner à l’épithète, si elle est bien à restituer dans ce texte. Ce sont d’autres documents épigraphiques qui vont nous permettre d’avancer. Ainsi, une dédicace à Isis Pharia d’une statue d’Isis de Ménouthis 48 pour le salut d’un empereur Antonin 49 provient du Portus Ostiae 50 . Les rapports entre le Port d’Ostie et Alexandrie sont très étroits depuis la mise en service de ce nouveau havre par Trajan. La fréquentation des Alexandrins y est forte, comme en témoignent les nombreuses inscriptions en grec qui furent retrouvées sur le site, dont une grande partie reste encore à fouiller 51 . La présence d’Isis n’est pas faite pour surprendre dans ce contexte, non plus que celle de Sarapis 52 . Il est vraisemblable que c’est au sein d’un édifice religieux isiaque que fut placée la statue d’Isis de Ménouthis, dont on ne peut hélas déterminer quelles étaient les caractéristiques essentielles, tant iconographiques que proprement fonctionnelles. Sans doute quelque trait devait la distinguer d’Isis 47 Seymour de Ricci, APF II (1903), n o 123, p. 566 = E. Breccia, Iscrizioni, Alexandrie 1911, n o 103 : Θε‡ µεγíστþ Ε³σιδι Çπηκ[óÿ ?] Φαρ[íý] ε¹ξáµενο̋ σùν τ— γυναικì καì τοî̋ τéκνοι̋ νéθηκα Çπ γαθ¦ ∆ιóσκορο̋ Πετησωτη ελαφθου. À la déesse très grande Isis qui écoute les suppliants Pharia, moi Dioscoros fils de Petesôte, j’ai consacré (ceci) en marque de reconnaissance avec mon épouse et mes enfants. La restitution des deux dernières épithètes d’Isis pose problème. Selon les éditeurs du texte, la pierre porte les lettres ΕΠΙΚ ΦΑΡ, ce que Seymour de Ricci interprète en Çπικ[óÿ] Φαρ[íý] (lire Çπηκ(óÿ ?) Φαρ[íý] et Breccia en Çπικ(αλουµéνþ) Φαρ[íý]. Nous n’avons pu voir la pierre au Musée d’Alexandrie (no inv. 3609), mais on peut sans doute envisager quelques ligatures, dont au moins une entre le H et le K d’ΕΠΗΚΟΩ. Voir les remarques d’É. Bernand, Dédicace de la région du lac Mariout, ZPE 87 (1991), p. 57 et supra p. 106 sur les liens étroits unissant les épithètes marines d’Isis et le qualificatif Çπåκοο̋. 48 Isis avait un temple à Ménouthis (Épiphane de Salamine, De fide 12,1-12,4). Sur cette ville, voir A. Bernand, Delta. I, p. 296-299. Voir également SIRIS 556a (= RICIS 503/1212) pour une seconde dédicace d’une statue d’Isis de Ménouthis, toujours du Portus Ostiae. Sur Isis de Ménouthis, J. Winand, Divinités-canopes. 49 On a longtemps hésité, et les avis divergent toujours, sur la personne de cet Empereur : Antonin le Pieux, Commode ou Caracalla ? J. Gruter, Inscriptiones antiquae, Heidelberg 1602, pl. 85 no 1 (inscription trouvée dans une maison de Rome et vendue en 1843 au Musée de Parme) = J.-A. Letronne, Recueil des inscriptions grecques et latines de l’Égypte. I, Paris 1842, p. 434-437 no XLV, la considéra, d’après son contenu, comme originaire d’Alexandrie ou de ses environs, information reprise ensuite par Franz (CIG 4683b ; il mentionne l’origine romaine de la pierre dans les Addenda p. 1186), Dittenberger (OGIS 706) et Kiessling (SB V 8282) = IG XIV 1005 (Kaibel, qui privilégie l’origine romaine) = SIRIS 403 = L. Moretti, Sulle iscrizioni greche di Porto, RAL 19 (1964), p. 198-201, no 4 fig. 3, qui attribue ce texte au Portus Ostiae (suivi par M. Malaise, Inventaire, p. 93 Portus Ostiae 14) = A. Bernand, Delta. I, p. 296-299 (ph) = I. Porto 9 = RICIS 503/1204 : Ε³σιδι Φαρíý Εµσιν τäν Çν Μενουθì ¸πèρ σωτηρíα̋ τοû κυρíου µ÷ν α¹τοκρáτορο̋ >Αντωνεíνου [à δεîνα νéθηκε]. 50 51 Elles ont fait l’objet d’un corpus : G. Sacco, Iscrizioni greche d’Italia. Porto, Roma 1984. 52 Sur les cultes isiaques à Ostie, M. Floriani Squarciapino, Ostia, p. 19-36 ; R. Mar et al., Serapis en Ostia. 110 I, D   Pharia. Toutefois, le document n’est pas davantage explicite que les précédents sur la nature d’Isis Pharia, qui peut encore n’être que l’Isis d’Alexandrie 53 . Les mêmes conclusions sont à tirer de l’examen d’une inscription latine découverte en Crète, à Phoenix, l’actuelle Loutro, et datée du règne de Trajan 54 . Il s’agit d’une dédicace à Jupiter Soleil Très bon Très grand Sarapis et à tous les dieux ainsi qu’à l’empereur Trajan, efectuée par Epictetus, afranchi impérial, commissionnaire (tabellarius) 55 , par l’intermédiaire de Dionysios, fils de Sostratos, Alexandrin, commandant d’un navire aux armes d’Isis Pharia appartenant à Titus Claudius Theon. Ce dernier doit être lui aussi un Alexandrin, comme l’indique le parasème de son bateau 56 . On peut supposer qu’il fit une escale à Phoenix, sur la côte méridionale de la Crète, sur le chemin qui le menait d’Alexandrie en Italie. La nature de sa cargaison reste cependant indéterminée. Si l’on accepte ce raisonnement, Isis Pharia, c’est-à-dire l’Isis d’Égypte ou d’Alexandrie des poètes, serait devenue, par un glissement de sens aisément compréhensible, dans lequel le jeu de mot subtil entre φâρο̋ (la voile) et Φáρο̋ (le phare) soupçonné par Ph. Bruneau a peut-être joué un rôle 57 , la déesse protectrice des convois de céréales assurant le ravitaillement de Rome 58 . Comme le précise M. Malaise [Isis] méritait aussi le qualificatif de Pharia, dans la mesure où un phare évite de grands périls aux marins 59 . Ceci explique la légende monétaire ISIS FARIA sur les émissions des Vota Publica. Responsable du ravitaillement en blé de Rome, il est logique de voir la puissance émettrice et distributrice de ces monnaies votives se placer sous les auspices de la déesse de Pharos, port de départ de la flotte frumentaire, et s’assurer ainsi de la protection d’Isis marine. 53 Nous ne sommes guère convaincu par la démonstration de L. Castiglione, Isis Pharia, p. 37-55, pour qui à Sarapis/Osiris de Canope aurait correspondu une Isis Pharia alexandrine, puisque c’est d’Alexandrie qu’Isis se serait embarquée sur la mer à la recherche de son époux, depuis un sanctuaire que ce savant présume avoir existé sur l’île de Pharos. 54 CIL III 3 = ILS 4395 = I. Cret. II XX, 7 (p. 228) = SIRIS 171 = RICIS 203/0701. La titulature impériale permet de dater le texte entre 102 et 114 apr. J.-C. : Iovi Soli optimo maximo Sarapidi et omnibus diis et imperatori Caesari Nervae Traiano Aug(usto) Germanico Dacico n(ostro), Epictetus libertus tabellarius, curam agente operis Dionysio Sostrati filio Alexandrino, gubernatore navis parasemo Isopharia T. Cl(audii) Theonis. Voir J. Rougé, Recherches, p. 327. 55 Sur le tabellarius présent sur les navires alexandrins, Sénèque, Epist. 77, 1. 56 Voir infra p. 169. 57 Ph. Bruneau, Isis Pélagia, p. 444 ; l’idée fut reprise par P. Naster, Isis Pharia, note dans laquelle il résume les deux premiers articles de Bruneau. 58 Aberrante est l’appellation Faria attribuée un peu partout à l’Isis debout, tenant sistre et situle, présente sur des antoniniens de l’atelier d’Antioche frappés en 268-269 apr. J.-C. (RIC V.1, p. 229.217 = SNRIS Antiochia 13) et portant en légende de revers SALVS AVGVSTI. 59 M. Malaise, Terminologie, p. 148. L  ’I, D   111 5. Isis Κυβερνåτι̋ et <Ορµíστρια D’après la litanie d’Oxyrhynchos, Isis porterait à Peucestis, sans doute un village côtier situé non loin d’Alexandrie et probablement fondé par un Peucestas macédonien 60 , le qualificatif de κυβερνåτι̋ pilote 61 . Cette épithète est à mettre en rapport avec le rôle de navigatrice de la déesse, le terme κυβερνåτη̋ étant parfois appliqué aux pilotes de felouques parcourant le Nil 62 . À deux reprises, Isis est qualifié d’Ãρµíστρια 63 dans la même litanie, épithète qui serait la sienne à Psochémis et à Péluse 64 . Si la localisation de Péluse est connue, à l’extrémité ouest du lac Sirbonis, cette vaste lagune qui communiquait avec la mer par un goulet, celle de Psochémis n’est pas certaine, même si là aussi il doit s’agir d’un lieu disposant d’un port 65 , ce qui expliquerait que la déesse puisse y porter le nom de Notre-Dame-du-Havre, protectrice des marins arrivés à bon port. Avienus 66 appelle d’ailleurs Isis dea litoris Pelusiaci. Le même papyrus d’Oxyrhynchos donne, aux lignes 80-81, le texte suivant : >Εν Κνíδÿ ƒφεσιν Çφóδων, ε¸ρéτριαν. Ce passage délicat a été diversement interprété par les savants qui s’en sont préoccupé. Les premiers éditeurs du texte, B. P. Grenfell et A. S. Hunt 67 , ont traduit ƒφεσιν Çφóδων par dispeller of attack ; G. Lafaye 68 , sans certitude, par qui repousse les attaques (?) ; P. Collart 69 par éloignement des attaques ; K. Fr. W. Schmidt 70 , qui déclarait ne pas comprendre le texte lu par les éditeurs, préférait mettre un point après Αφεσιν, pour ensuite corriger le texte en Çφ <Αλιáδων, ce qui n’est pas nécessaire. I. Cazzaniga 71 proposa, quant à lui, d’y voir un aspect d’Isis Pelagia, maîtresse des flots pour assurer le bon acheminement des navires. D’une part, il mettait en relation le terme ƒφεσι̋ et les Πλοιαφéσια, et d’autre part il rattachait les mots Ïφοδο̋ et ε¸ρéτρια à la célébration des mystères isiaques. Si le lien supposé par cet auteur entre ce passage et l’aspect mystérique du culte semble forcé et peu convaincant, sa mise en relation avec les prérogatives maritimes d’Isis est plus 60 P. Tebt. III 867, 107, 210 ; Géogr. Ravenne III, 2 (Peucestim) ; Dizionario IV.2 (1984), p. 117. P. Oxy. XI, 1380, 69-70. 62 P. Hibeh I 39, 6, P. Giess. I 1, etc. 63 H. Kees, PWRE XIX.1 (1937), col. 413. 64 P. Oxy. XI, 1380, 15-16 et 74. 65 H. Kees, PWRE XXIII.2 (1959), col. 1420 ; Dizionario V (1987), p. 178. Le rapprochement entre la Ψωχåµι̋ du papyrus et Ψöχεµµι̋ πολíχνιον Α±γúπτου de Stéphane de Byzance a été fait par Grenfell et Hunt (p. 205) qui proposaient de situer cette petite cité à Kafr es-Zayat, voire près de celle-ci. L’épithète attribuée à Isis en ce lieu indique que Psochémis devait être un port, sans doute sur une branche du Nil, la Canopique ou la Bolbitique, mais pas nécessairement sur la côte méditerranéenne comme le laisse entendre la notice du Dizionario p. 178. 66 Phaenom. Arat. 282. 67 The Oxyrhynchus Papyri, vol. XI, Oxford, 1915, p. 201. 68 Litanie grecque d’Isis, RevPhil 40 (1916), p. 83. 61 L’invocation d’Isis, d’après un papyrus d’Oxyrhynchos, RevÉgyp 1 nelle série (1919), p. 94. Dans son compte rendu de Grenfell and Hunt, The Oxyrhynchus Papyri Part XI, GGA 180 nos 3-4 (1918), p. 112. 71 Intorno ad alcuni epiteti di Iside nella litania di P. Oxy. 1380, ParPass 103 (1965), p. 234-235. 69 70 112 I, D   séduisante. En efet, si, littéralement, les traductions déjà proposées ne peuvent guère se discuter, il est également possible de traduire Çν Κνíδÿ ƒφεσιν Çφóδων, ε¸ρéτριαν par à Cnide [Isis est celle] qui libère les voies, [l’]inventrice, et de comprendre à Cnide [Isis est celle] qui libère les voies (maritimes), [l’]inventrice (de la navigation ou de la voile), par le biais d’une identification entre la déesse et l’Aphrodite Euploia cnidienne. Ceci étant, on ne peut exclure une autre explication, à laquelle nul ne paraît avoir songé. Chez Hippocrate, Prog. 20, le terme Ïφοδο̋ signifie attaque, accès de fièvre. Or, l’invention de la médecine fut attribuée à Isis dans un certain nombre de textes arétalogiques 72 , faisant d’elle une déesse guérisseuse 73 . Cnide, patrie de Ctésias, est connue pour avoir abrité en son sein une confrérie d’Asclépiades presque aussi fameuse que celle de la toute proche île de Cos 74 , patrie d’Hippocrate. Si tel était le sens à retenir, nous pourrions alors traduire ce passage par à Cnide, [Isis est celle] qui repousse les maux, inventrice (de la médecine). Force est donc de constater que les divers qualificatifs attribués à Isis en relation avec ses prérogatives marines ne semblent pas pouvoir être utilisés comme autant de synonymes. Il faut sans doute réserver l’épiclèse Pharia à l’Isis alexandrine, iconographiquement le plus souvent accompagnée du Phare, en tant que protectrice de la flotte frumentaire qui transporte le blé d’Égypte en Italie. Le terme Euploia, employé surtout à l’époque hellénistique 75 , comme celui de Pelagia qui fleurit essentiellement à l’époque impériale, renvoient plus généralement à l’Isis protectrice des marins. La polysémique Sôteira recouvre très certainement à l’occasion, notamment dans l’espace égéen, la même fonction salvatrice. Appliquée à Isis, elle rejoint l’épithète Épèkôos, et l’on marque ainsi sa reconnaissance envers la déesse qui a su écouter et exaucer les vœux de protection de ceux qui se sont adressés à elle. Quant aux autres termes, ils apparaissent comme des épithètes plus littéraires que cultuelles. 72 Par exemple l’Arétalogie de la Korè Kosmou § 13. Comparer par exemple Diodore I, 25, 2 apud Eusèbe, Prép. évang. II, 1, 30 ; Juvénal, Sat. VI, 92-94 ; ou l’épithète λεξíκακο̋ qu’elle porte, associée à Sarapis, sur une lampe retrouvée à Sabina dans le Samnium (RICIS 508/0801). 74 Sur ces derniers, voir p. ex. Giovanni Pugliese Caratelli, La norma etica degli Asklapiadai di Cos, ParPass XLVI (1991), p. 81-94. 75 Les seules attestations d’époque impériale concernant Isis apparaissent dans le P. Oxy. 1380, texte dans lequel les traces d’archaïsme sont nombreuses. Voir notre réédition commentée de ce texte si souvent cité et si méconnu, à paraître prochainement. 73 V Un culte pour Isis, Dame des flots 1. Des lieux de culte pour Isis marine La question corollaire à celle des qualificatifs attribués à Isis marine est de savoir si l’on a afaire à de simples épithètes ou bien à des épiclèses cultuelles 1 . En d’autres termes, Isis Dame des flots a-t-elle bénéficié de lieux de culte propres où, éventuellement, un service divin particulier aurait pu lui être rendu 2 ? Deux documents invitent de prime abord à répondre par l’afirmative : le texte de Pausanias 3 décrivant Corinthe et ses environs, et une inscription funéraire de Rome 4 . Dans sa description de Corinthe, Pausanias mentionne nommément deux enclos sacrés d’Isis (Ισιδο̋ τεµéνη) distincts, l’un pour Isis Aigyptia, l’autre pour Isis Pelagia, et deux sanctuaires de Sarapis eux aussi distincts, l’un étant plus spécifiquement consacré à Sarapis de Canope, tous quatre situés le long de la montée vers l’Acrocorinthe, sans doute à proximité immédiate du forum, si l’on considère que sa description s’opère à partir de celui-ci, comme il le fait pour les routes de Lechaion et de Sicyone 5 . Le Périégète ne nous en dit hélas pas plus sur chacun d’eux. De fait, la présence d’Isis et de son cercle est bien attestée à Corinthe et dans son port de Cenchrées 6 . En 1965, au pied nord de l’Acrocorinthe, dans un tunnel de système hydraulique du district dit d’Anaploga, fut trouvée une petite base de trépied en marbre portant une dédicace à Sarapis et à Isis de la part d’une certaine Philôtis, fille de Philônidas, 1 Sur la distinction entre épithète (littéraire) et épiclèse (cultuelle), voir par exemple P. Brûlé, Le langage des épiclèses dans le polythéisme hellénique (l’exemple de quelques divinités féminines), Kernos 11 (1998), p. 18. 2 On ne trouvera guère d’informations sur cette question dans M. Romero Recio, Cultos Marítimos. Voir toutefois les p. 90-91 et 131. 3 Pausanias II, 4, 6 ; voir G. Roux, Pausanias en Corinthie. Texte – traduction – commentaire archéologique et topographique (= Annales de l’Université de Lyon, 3e série, fasc. 31), Paris 1958, p. 38, 39 et 104 pour la mention de sanctuaires consacrés à Asclépios et à Isis à l’extrémité du port de Cenchrées (II, 2, 3), p. 46-47 pour les quatre enclos sacrés isiaques le long de la montée vers l’Acrocorinthe (II, 4, 6), et supra p. 104-105. 4 CIL VI 8707 = RICIS 501/0132 ; voir supra p. 105 et n. 18. 5 C. K. Williams, II, Corinth 1974: Forum Southwest, Hesperia 44 (1975), p. 28-29. 6 Une synthèse utile est proposée par D. E. Smith, Egyptian Cults at Corinth, p. 201-231. 114 I, D   et qu’il semble possible de dater du e ou du e siècle av. J.-C. 7 , c’est-à-dire avant la destruction de la ville par Mummius. On ne saurait toutefois tirer un argument très fort de cette inscription pour avancer que l’un des quatre 8 sanctuaires isiaques de Corinthe mentionnés par Pausanias existait sur le même emplacement dès l’époque hellénistique. Du milieu du er siècle apr. J.-C. date une seconde inscription adressée au couple divin, rédigée cette fois en latin, par un dénommé Caius Iulius Syrus et gravée sur une colonne en marbre vert fragmentaire trouvée en mars 1929 dans le théâtre situé sur le côté du forum opposé à l’Acrocorinthe 9 . Quant à l’hypothétique texte mentionnant Isis Pelagia que J. B. G. d’Ansse de Villoison aurait vu à Corinthe, mieux vaut sans doute ne pas en tenir compte 10 . À ces deux brèves dédicaces, on ajoutera deux bustes et une tête de Sarapis, retrouvés respectivement au nord de la basilique sur la route de Lechaion, dans la stoa Sud et à l’est du théâtre. Les deux bustes seraient datables de l’époque antonine, la tête de la période sévérienne 11 . La partie inférieure d’une grande statue en marbre de Sarapis accompagné de Cerbère fut également exhumée dans l’angle nord-ouest du forum 12 . Une statuette en stéatite 7 H. S. Robinson, Excavations at Corinth, AD 21 (1966), B'1 Chron. p. 138-139 et pl. 129c-d ; G. Daux, Chronique des fouilles 1965, BCH 90 (1966), p. 757, ph. fig. 10 = SIRIS 34a = D. E. Smith, Egyptian Cults at Corinth, 1977, p. 217-218 = RICIS 102/0101 : Φιλωτì̋ Φιλωνíδα Σαρáπι, Ισι. Musée de Corinthe, no inv. I 2650. La forme des lettres fait songer à la haute époque hellénistique. Le regard où la base fut retrouvée a été remblayé au er siècle apr. J.-C. 8 Nous ne suivons pas L. Castiglione, Isis Pharia, p. 37-55, lorsqu’il écrit qu’il ne s’agit pas de quatre temples, mais de deux, dédiés à deux couples divins, dont l’un est consacré à Isis Pelagia et Sarapis de Canope, c’est-à-dire aux deux divinités envisagées sous leur aspect de protecteurs de la navigation. Ce savant voyait là une preuve de sa thèse selon laquelle c’est du sanctuaire de Canope qu’est partie la version marine d’Isis pour se répandre dans le monde méditerranéen (ce qui est bien possible, nous l’avons vu supra), alors qu’elle n’était à l’origine rien d’autre que la parèdre d’Osiris vénéré à Canope (ce que nous ignorons pour le moment). Notons que si l’aspect guérisseur du Sarapis de Canope est bien connu, sa fonction de protecteur de la navigation reste entièrement à démontrer. Nous serions en outre plutôt enclin à considérer Isis de Ménouthis comme la parèdre du Sarapis de Canope. 9 Mentionnée par T. L. Shear, Excavations in the Theatre District and Tombs of Corinth in 1929, AJA 33 (1929), p. 519, elle fut publiée par J. H. Kent, Inscriptions, p. 33 no 57 = D. E. Smith, Egyptian Cults at Corinth, p. 218 = RICIS 102/0102 : Isi et Serapi v(ovit) C. Iulius [S]yr[us]. 10 J. B. G. d’Ansse de Villoison, Histoire de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres 47 (1809), Mémoires de littérature, p. 306. Voir nos remarques énoncées supra p. 104 n. 12. 11 E. J. Milleker, Heads of Sarapis, p. 121-135. Le premier buste (p. 124-127, pl. 24), en marbre blanc (h. actuelle 14,1 cm), fut découvert au nord de la basilique sur la route de Lechaion. Le calathos a disparu. La barbe est abondante et bouclée. Sur le front, cinq grosses mèches forment une sorte de frange. E. J. Milleker la date du début de l’époque antonine. Le second buste (p. 127-132, pl. 26-27), également en marbre blanc (h. 40 cm), fut mis au jour en 1936 dans la stoa sud. Deux paires de mèches bouclées tombant sur le visage laissent dégagée la partie centrale du front. Les boucles de la barbe et des tempes sont tire-bouchonnées. Pour E. J. Milleker, ce buste est une œuvre locale du début de l’époque antonine, peut-être du règne d’Hadrien. La tête (p. 132-135, pl. 28, 29a), elle aussi en marbre blanc (h. 15,7 cm), fut trouvée en 1982 à l’est du théâtre, dans un niveau non stratifié. Le front est dégagé, la barbe abondante ; les cheveux retombent en boucles de part et d’autre d’une raie médiane. Sur le crâne, un orifice permettait la fixation d’un calathos aujourd’hui disparu. Cette tête, qui correspond au type à anastolè, proviendrait sans doute pour E. J. Milleker d’une statuette de Sarapis trônant et daterait du début de l’époque sévérienne. 12 F. P. Johnson, Corinth, vol. IX, Sculpture 1896-1923, Cambridge 1931, p. 30-31, n o 23 ; R. L. Scranton, Corinth, vol. I, part 3, Monuments in the Lower Agora and North of the Archaic Temple, Princeton 1951, p. 71 et 148, pl. 28.3 ; W. Hornbostel, Sarapis, p. 350-351 n. 7 ; D. E. Smith, Egyptian Cults at Corinth, p. 218-221. U   I, D   115 à l’efigie d’Osiris Hydreios provient de la zone située à l’est du théâtre 13 . Un certain nombre de fragments sculptés appartenant à des représentations d’Isis ou d’isiaque(s ?) ont également été découverts lors des fouilles américaines 14 . Enfin, plusieurs lampes romaines de fabrication corinthiennes ornées de motifs isiaques sont connues 15 : deux portent des représentations de Sarapis en buste 16 , une de Sarapis trônant de face 17 , une de Sarapis et d’Isis en bustes 18 , et la dernière, retrouvée à Délos, que nous avons déjà évoquée, l’image d’Isis à la voile 19 . Quant au buste décorant une épingle en os, parfois identifié à Sarapis 20 , c’est plutôt celui d’un Égyptien imberbe 21 . Mais le document le plus souvent mis à contribution pour faire de Corinthe-Cenchrées le centre isiaque le plus important du Péloponnèse 22 est incontestablement L’Âne d’or d’Apulée de Madaure. Pour la grande majorité des modernes, le choix de l’auteur africain de faire de son héros Lucius un homme de Corinthe 23 , alors que le roman Lucius ou l’âne attribué à Lucien, qui lui servit de modèle, se déroule à Thessalonique et a pour personnage principal un homme originaire de Patras, s’explique par sa volonté de structurer et d’homogénéiser sa nouvelle puisque la partie terminale se déroule à Cenchrées, le port oriental de Corinthe 24 . Cenchrées aurait eu la faveur de l’écrivain en souvenir d’une expérience personnelle liée à l’initiation vécue en ce lieu 25 , et peut-être aussi du fait de la renommée de l’Isieion local. Malgré les tentatives de nombreux savants, cette 13 Ch. K. Williams II et O. H. Zervos, Corinth, 1984, p. 79-80, no 49, pl. 17. 14 F. P. Johnson, Sculpture, p. 68 no 123 ; M. C. Sturgeon, Sculpture, p. 205 no 88, pl. 72/b-c. 15 E. J. Milleker, Heads of Sarapis, p. 124 n. 18, ne cite que les trois lampes retrouvées à Corinthe ; D. E. Smith, Egyptian Cults at Corinth, p. 222-223, mentionne les cinq. Remarquons avec Ph. Bruneau, Lampes, p. 42, que ces représentations des divinités égyptiennes témoignent de la difusion de leur culte dans le grand public. Il ajoute que ces thèmes sont plus fréquents sur les lampes corinthiennes que sur les lampes attiques (références p. 53-54, n. 151), Corinthe étant selon lui moins fidèle qu’Athènes à un hellénisme d’assez stricte observance. 16 La première, publiée par O. Broneer, Terracotta Lamps, p. 194, n o 604 fig. 117, a été trouvée à Corinthe. La seconde, conservée à Athènes, est de provenance inconnue, mais le nom de l’atelier, celui d’Apollophanos, permet d’en attribuer l’origine à Corinthe. G. Siebert, Lampes corinthiennes, fig. 20 p. 498. Elles appartiennent toutes deux au type XXVII défini par O. Broneer, datable du début ou du milieu du e siècle apr. J.-C. Voir O. Broneer, Terracotta Lamps, p. 90-96. O. Broneer, Terracotta Lamps, p. 206, no 704 fig. 140. Trouvée à Corinthe, elle appartient également au type XXVII défini par O. Broneer, et date probablement du début ou du milieu du e siècle apr. J.-C. 17 Conservée au Musée de Corinthe, no inv. L-4106, elle est signalée par G. Siebert, Lampes corinthiennes, p. 499, n. 5. 18 19 20 21 22 23 24 Voir supra p. 68. G. J. F. Kater-Sibbes, Sarapis Monuments, p. 84 no 471. G. R. Davidson, Minor Objects, no 2350, pl. 119 ; E. J. Milleker, Heads of Sarapis, p. 124 n. 18. Comme l’écrit J. Beaujeu, Dieux d’Apulée, p. 396. Aux origines toutefois mêlées. Métam., I, 1, 3. J. G. Grifiths, Apuleius, p. 14-20. 25 C’est la communis opinio sur le sujet. La bibliographie est considérable. Citons, entre autres, P. Veyne, Apulée à Cenchrées ; J. G. Grifiths, Apuleius, p. 15 ; H. Pavis d’Escurac, Apulée, p. 51 et 61 ; R. Th. van der Paardt, The Unmasked «I» ; M. J. Hidalgo de la Vega, Comentario ; M. Malaise, Initiation isiaque, avec les références plus anciennes ; ou encore L. F. Pizzolato, Iniziazione isiaca, pour qui c’est probablement en 147 apr. J.-C. qu’Apulée, alors en Grèce, eut l’occasion d’approcher pour la première fois les cultes isiaques à Cenchrées, lors de la fête du Navigium Isidis. 116 I, D   hypothèse reste encore à démontrer 26 . En efet, rien ne permet de dire qu’Apulée ait été initié aux mystères d’Isis, et, a fortiori, qu’il le fût à Cenchrées. Quant à la renommée de l’Isieion local, rien ne dit non plus qu’elle dépassait celle de bien d’autres sanctuaires de la déesse. Nous serions en fait tenté d’inverser les éléments et de considérer que le choix d’Apulée se portant sur Corinthe est délibéré, la scène finale de Cenchrées n’en étant que l’inévitable et judicieux corollaire. Outre une tradition littéraire que Thessalonique ne possédait pas, Corinthe était célèbre pour la perversion sexuelle et la cruauté de ses habitants 27 . De plus, certaines réminiscences classiques, comme la légende locale de Médée ou les attaches des Cyniques à la cité, ont pu favoriser l’élaboration de certains passages du roman. Enfin, la cupidité célèbre des Corinthiens autorisait les féroces peintures humaines du livre X. En choisissant Corinthe plutôt que Thessalonique, Apulée optait pour un environnement propice à ses desseins : faire du livre XI le pendant des bassesses énumérées auparavant 28 . La présence d’un lieu de culte consacré à Isis dans le port de Cenchrées est attestée par Pausanias (II, 2, 3), par une monnaie d’Antonin et par Apulée (Métam. XI, 16). Selon Pausanias : >Εν δè Κεγχρéαι̋ >Αφροδíτη̋ τé Çστι ναò̋ καì ƒγαλµα λíθου, µετà δè α¹τòν Çπì τ¦ Çρúµατι τ¦ διà τæ̋ θαλáσση̋ Ποσειδ÷νο̋ χαλκοûν, κατà δè τò Îτερον πéρα̋ τοû λιµéνο̋ >Ασκληπιοû καì Ισιδο̋ °ερá. À Cenchrées se trouvent un temple et une statue de pierre d’Aphrodite, puis après ceci, sur le môle s’avançant en mer, une statue en bronze de Poséidon, et, à l’autre extrémité du port, des sanctuaires d’Asclépios et d’Isis. Une monnaie corinthienne publiée en 1812 par J. Millingen fournit une représentation proche de la description de Pausanias 29 . Frappée au nom d’Antonin, 26 La thèse sur le caractère autobiographique de l’œuvre trouve l’un de ses principaux arguments dans l’utilisation (Métam. XI, 27, 9) de l’ethnique Madaurensem pour désigner l’homme que devient Lucius sur le point d’être initié à Osiris. Voir entre autres P. G. Walsh, The Roman Novel, p. 184 ; W. S. Smith, Narrative Voice ; R. Th. van der Paardt, The Unmasked «I» ; et J. L. Penwill, Ambages Reciprocae, p. 224-226. Il n’est toutefois pas nécessaire, comme le fait J.-C. Fredouille, Apulée. Metamorphoseon Liber XI, Paris 1975, p. 15-16 et p. 129 n. 5, de considérer qu’il s’agit d’une erreur d’interprétation et qu’il faudrait plutôt lire Corinthiensem, puisqu’à deux reprises Apulée précise que Corinthe est la patrie de Lucius (Métam. I, 22 et II, 12). 27 H. J. Mason, Lucius at Corinth. 28 Au-delà de l’aspect autobiographique ou non du roman se pose la question de la sincérité de l’auteur face à l’expérience vécue. Voir les arguments avancés récemment par plusieurs savants mettant en doute cette sincérité et considérant que le livre XI n’est autre qu’un roman satirique : G. Anderson, Eros Sophistes, p. 83-85 ; J. J. Winkler, Auctor & Actor, p. 219-227. Pour S. J. Harrisson, Apuleius’ Metamorphoses, ce final pourrait être inspiré par les Discours sacrés d’Aelius Aristide, publiés peu avant les Métamorphoses, c’est-à-dire vers 175-176 apr. J.-C. Sur la date des Discours sacrés, C. A. Behr, Aelius Aristides, p. 108-110 ; id., Aristides and the Egyptian Gods ; et C. G. Weiss, Literary Turns, p. 38-39, qui situe leur publication précisément au printemps de 176. Pour B. Rochette, dans une conférence faite et publiée dans le cadre de Faculté ouverte – Entretiens sur l’Antiquité gréco-romaine (Université de Liège, 21 mars 2001) et accessible sur Internet (http://www.ulg.ac.be/littlat/dossiers/aristide.htm), Aelius Aristide, Lucien, Apulée : trois témoins du sentiment religieux dans l’Empire romain au IIe s. ap. J.-C., si Apulée porte parfois un regard critique sur certaines pratiques religieuses de son temps, les parallélismes entre L’Âne d’or et les Discours sacrés d’Aelius Aristide s’expliquent plutôt par le contexte général de l’époque. 29 J. Millingen, Recueil de quelques médailles grecques inédites, Rome 1812, p. 46.2, pl. II.19 ; Mionnet, Suppl. 4, p. 88.593 ; Fr. Imhoof-Blumer, P. Gardner, JHS 6 (1885), p. 66, pl. D-LX ; Fr. Imhoof-Blumer et U   I, D   117 elle présente au revers un port d’aspect quasiment semi-circulaire suggéré par un long quai peut-être bordé d’une colonnade, aux extrémités duquel se trouvent deux temples. L’un, celui de gauche, tétrastyle, flanqué d’un arbre, est vu de face, l’autre simplement vu de trois-quarts vers la droite. Faisant symétriquement pendant à l’hémicycle, trois bateaux naviguent toutes voiles dehors à l’entrée du port. Au centre du champ, et donc du port, on distingue une statue de Poséidon, nu, armé de son trident et accompagné d’un dauphin. Au-dessus de l’iconographie se lit la légende C(olonia) L(aus) I(iulia) Cor(inthiensis). Les divergences, davantage encore que les similitudes, qui apparaissent entre cette image et la description de Pausanias ont fait couler beaucoup d’encre, et éclore de nombreuses hypothèses, souvent ingénieuses. Pour la plupart des auteurs, l’identification de ce port avec celui de Cenchrées ne fait aucun doute, les ressemblances avec la description de Pausanias étant manifestes 30 . La diférence majeure paraît concerner la statue de Poséidon. Elle se trouve sur le môle pour Pausanias, dans le port pour la monnaie. Or, le terme Çρúµατι est dû à une correction de J. Facius dans son édition critique de Pausanias parue en 1794 31 , les codices donnant en réalité la leçon Çπì τ¦ εúµατι τ¦ διà τæ̋ θαλáσση̋, plaçant ainsi la statue sur une plate-forme flottant au milieu du port, ce qui paraît bien improbable. La correction de Facius a été acceptée par tous les auteurs, à l’exception notable de W. M. Leake, qui suggéra de corriger la tradition manuscrite en Îρµατι plutôt qu’en Çρúµατι 32 . Selon lui, la statue aurait été érigée sur un rocher émergeant des flots dans l’enceinte portuaire. P. Gardner, NCP, London 1887, p. 17, pl. D-LX ; I. P. Lamprou, Anagraphi ton nomismaton tis Kurios Hellados: Peloponnisos [J. P. Lambros, Description des Monnaies du royaume de Grèce, Péloponnèse], Athènes 1891, p. 27, pl. Γ’, fig. 9 ; A. A. Boyce, The Harbor of Pompeiopolis. A Study in Roman Imperial Ports and Dated Coins, AJA 62 (1958), pl. 13.4 ; F. Dunand, Culte d’Isis II, pl. XLV-3. Un second exemplaire, conservé à Berlin, fut publié par K. Lehmann-Hartleben, Hafenanlagen, p. 238, Münztafel no 10 (et repris par J. Leipoldt, K. Regling, Isis-Religion, p. 130, pl. 5 no 2). Ces deux monnaies sont de nouveau illustrées dans l’article de R. L. Hohlfelder, Pausanias, pl. 80a-b. Un troisième exemplaire est conservé au Musée numismatique d’Athènes (4025). Deux autres appartiennent à des collections privées : S. Boutin, Coll. Pozzi, Maastricht 1979, no 3859, et le catalogue de la maison Numismatik Lanz München no 105 (2001), no 667. 30 Seule E. Walde (Poseidon, p. 106) conteste cette identification, préférant y voir l’autre port de Corinthe, le Léchaion, ce qui lui permet de rattacher la statue de Cenchrées à son aufgestützten Poseidontypus. La statue de Poséidon visible sur les monnaies devait, selon elle, s’élever sur la structure quadrangulaire, d’époque impériale, située dans le port intérieur du Léchaion (J. W. Shaw, Lechaeum, p. 370-372, pl. 96). Pour étayer son hypothèse, E. Walde se réfère au texte de Pausanias (II, 2, 3), qui signale à Léchaion un sanctuaire et une statue de bronze de Poséidon, et à une tradition locale, rapportée par A. S. Georgiades (Les ports de la Grèce dans l’Antiquité qui subsistent encore aujourd’hui, Athènes 1907, pl. 1, p. 4), qui met cette structure en relation avec une statue d’airain représentant Poséidon tenant en main le feu du phare au port. Or, Pausanias ne donne aucune indication sur l’emplacement de la statue du Léchaion et la tradition populaire qu’évoque E. Walde paraît très douteuse, car invérifiable, tardive et curieusement proche d’une des descriptions du colosse de Rhodes. En tout état de cause, tout en étant conscient des conventions numismatiques qui expliquent entre autres la position centrale de la statue de Poséidon, on doit admettre que la configuration du port telle qu’elle apparaît sur ces monnaies ne ressemble guère à celle qui ressort des recherches menées jusqu’à présent au Léchaion (R. M. Rothaus, Lechaion). Le lien avec Cenchrées ne s’impose toutefois guère davantage jusqu’à présent sur les seuls critères archéologiques. 31 Jo. Facius, Pausaniae Graeciae Descriptio. I, Leipzig 1794, p. 184, n. 4. 32 W. M. Leake, Travels in the Morea. III, London 1830, p. 235. 118 I, D   Les fouilles menées dans le port de Cenchrées durant plusieurs décennies par les missions des Universités de Chicago et d’Indiana n’en ont jamais trouvé clairement trace 33 . Pas plus qu’elles n’ont pu repérer les substructures qui auraient été celles d’un port de forme semi-circulaire. Comme l’écrit R. L. Hohlfelder, Although the Kenchreai bay area today coincides approximately with the semicircular numismatic portrayal of the ancient port, excavations conducted at various points on land and underwater indicate a more linear design for the ancient harbour. 34 Il ne faut sans doute pas prendre l’image donnée par la monnaie au pied de la lettre. Il est vraisemblable que le souci esthétique du graveur et la forme ronde d’une pièce de monnaie l’ont emporté sur une description fidèle de la réalité. La double symétrie de la composition (quai/navires, temple/temple) permettait en outre de mettre en valeur l’image centrale, ici une statue de Poséidon. Ceci semble d’autant plus probable qu’il existe au moins une autre série monétaire corinthienne, de même époque puisque au droit figure là aussi le portrait d’Antonin, quasiment identique à celle que nous venons d’étudier, à deux détails près. Ce n’est pas une représentation de Poséidon qui orne le centre du revers (la statue du dieu est visible à l’intérieur du temple de gauche, distyle) mais une Isis à la voile (fig. 54). Correctement identifiée par K. Regling 35 , suivi par M. J. Price et B. L. Trell 36 , ainsi que D. E. Smith 37 , Isis n’avait pas été reconnue par K. Lehmann-Hartleben 38 , ni par R. L. Hohlfelder 39 . Fig. 54. Corinthe. Antonin. 33 Les fouilles sous-marines ont cependant mis au jour à l’extrémité du môle septentrional quelques blocs de poros de grande dimension qui pourraient avoir servi de base à une statue colossale ; R. Scranton, J. W. Shaw et L. Ibrahim, Topography and Architecture, p. 18-19. 34 R. L. Hohlfelder, Pausanias, p. 330. 35 J. Leipoldt, K. Regling, Isis-Religion, p. 130 et pl. 5, 3. 36 M. J. Price, B. L. Trell, Coins and their Cities, p. 83 fig. 146. 37 D. E. Smith, Egyptian Cults at Corinth, p. 202-203. 38 K. Lehmann-Hartleben, Hafenanlagen, p. 238, n. 2, ne parle que d’une weibliche Gottheit. 39 R. L. Hohlfelder, Pausanias, p. 328, n. 10, et pl. 80c, évoque simplement another deity. Il est vrai que cet auteur ne semble pas connaître l’article de Leipoldt et Regling, Isis-Religion, ni l’iconographie d’Isis à la voile. U   I, D   119 La statue de Poséidon étant visible à l’intérieur de son temple sur cette série, on ne peut suivre ce dernier auteur lorsqu’il explique que la statue de Poséidon a été érigée peu avant la visite de Pausanias, en lieu et place de celle, non identifiée par lui, figurant au centre de l’autre série, qui serait alors la plus ancienne des deux 40 . Il est beaucoup plus vraisemblable de penser que la puissance émettrice de ces monnaies, très probablement contemporaines, a voulu mettre en avant le port ainsi placé sous la protection de divinités marines de premier plan : Poséidon et Isis. L’existence d’une troisième série cette fois à l’image d’Aphrodite Euploia peut d’ailleurs être envisagée, même si aucune monnaie à ce type ne nous est pour le moment connue 41 . Pour finir, on peut se demander si Pausanias, dans sa description, ne s’est pas laissé contaminer par la monnaie qu’il a peut-être eue entre les mains 42 . Toujours à Cenchrées, la mission des Universités de Chicago et d’Indiana, fouillant dès 1964 un complexe partiellement immergé, à l’extrémité sud-ouest du port de Cenchrées, a découvert dans une salle à abside de nombreux panneaux d’opus sectile en verre, rangés dans des caisses à claire-voie, sur lesquels on remarque plusieurs scènes nilotiques et portuaires, mais aussi quelques scènes pastorales et des figures hiératiques représentant des consuls, des philosophes ou des personnages mythiques 43 . Ces panneaux semblent avoir été destinés à une rénovation du bâtiment dans la seconde moitié du e siècle apr. J.-C. 44 Pour leurs inventeurs, l’édifice dans lequel ils furent exhumés a pu appartenir à l’Isieion mentionné par Pausanias, ce qui semble bien dificile à afirmer en l’absence du moindre élément d’identification 45 . Les mêmes fouilleurs ont également pensé retrouver une épiclèse d’Isis dans le terme >Οργíα gravé sur la partie inférieure d’une colonne en marbre découverte dans les débris d’une église de Cenchrées 46 ; là encore, cette remarque demeure très hypothétique 47 . Rappelons enfin que le monnayage impérial de Corinthe est riche d’émissions au type d’Isis à la voile et que nous connaissons des frappes à ce type sous Antonin, 40 Ibid., p. 328. La série avec Isis à la voile ne l’est que par deux exemplaires, celui du British Museum, et un autre, inédit, au médaillier de Berlin (Löbbecke 1906 = SNRIS Corinthus 4.2). 42 Nous ne pouvons suivre L. Castiglione, Isis Pharia, p. 47, lorsqu’il écrit que la disposition présentée par cette monnaie correspondrait à celle de Pharos, et qu’il en déduit qu’on avait voulu ériger à CorintheCenchrées la copie exacte du sanctuaire d’Isis d’Alexandrie et de sa statue. Pour une analyse des autres lieux de culte représentés sur ces monnaies, L. Bricault, R. Veymiers, Isis at Corinth, p. 392-414. 43 L. Ibrahim, R. Scranton et R. Brill, The Panels of opus sectile in Glass (Kenchreai: Eastern Port of Corinth, II), Leiden 1976, avec toute la bibliographie antérieure. Cet ouvrage a fait l’objet d’un compte rendu critique de Ph. Bruneau, dans la REG XCIII (Juillet-Décembre 1980), p. 551-552, dont nous partageons les conclusions. Sur ces scènes nilotiques, M. J. Versluys, Aegyptiaca Romana, p. 217-219 no 117. 44 Selon L. I. Wente, A Catalog of Glass in the Graeco-Roman Museum of Alexandria, ARCE Newsletter 121 (Spring 1983), p. 19-22, l’étude des objets en verre du Musée d’Alexandrie, qui proviennent pour la plupart de la ville et des environs, permettrait de montrer l’origine alexandrine de ces panneaux d’opus sectile à décor nilotique ou portuaire, datables des environs de 350 apr. J.-C. 45 R. Scranton, J. W. Shaw et L. Ibrahim, Topography and Architecture, p. 71-78. Contra cette identification, R. M. Rothaus, Corinth, p. 71, qui préfère y voir an elaborate and sumptuously decorated Nymphaeum, certainly worthy of note. 46 R. Scranton, J. W. Shaw et L. Ibrahim, Topography and Architecture, p. 73 et ph. p. 125 = RICIS *102/0201. 47 Même si Isis a pu, parfois, porter cette épithète. Ainsi à Thessalonique (RICIS 113/0552). 41 120 I, D   Marc Aurèle, Lucius Verus et Septime Sévère 48 . Et cette liste n’est probablement pas exhaustive. En dehors de Corinthe, le seul document faisant expressément référence à un lieu de culte consacré à Isis Pelagia provient de Rome. L’inscription funéraire d’un certain Servius Sulpicius Alcimus, afranchi impérial 49 , mentionne qu’il fut dix années durant gardien (aedituus) 50 auprès d’Isis Pelagia (ab [sic] Isem Pelagiam) 51 . Afranchi par Galba, ce personnage fut gardien de ce que l’on peut supposer être un bâtiment cultuel 52 consacré à Isis Pelagia sous les Flaviens, bâtiment qui fut parfois mis en relation avec un pied colossal en marbre, chaussé d’une sandale ornée de motifs marins, retrouvé près de la via Appia dans les Thermes de Caracalla. Comme l’avait déjà écrit il y a plus d’un siècle G. Lafaye, ce rapprochement est purement spéculatif 53 . G. Boulvert a montré qu’Auguste avait généralement afecté ses esclaves et afranchis aeditui à l’entretien des édifices du culte qu’il avait construits ou remis en état ou englobés de toute autre façon dans les domaines impériaux, ce qui a pu être également le cas sous ses successeurs 54 . On peut alors se demander si l’on a réellement afaire à un bâtiment isolé réservé au culte d’Isis Pelagia 55 ou bien si cet aedituus n’est pas le gardien d’une chapelle incluse dans l’Iseum Campense, dont on sait qu’il fut reconstruit par Domitien après l’incendie qui le ravagea en 80 apr. J.-C. 56 ? Jusqu’à présent, aucun °ερεú̋ ou sacerdos d’Isis marine ne nous est connu 57 . 48 L. Bricault, R. Veymiers, Isis in Corinth, et la SNRIS Corinthus (à paraître). Servius Sulpicius est un afranchi de Galba. G. Boulvert, Esclaves et affranchis impériaux, p. 55-56. 50 Sur les distinctions sémantiques et grammaticales à opérer entre les termes aeditu(m)us et aedituus, voir les deux contributions de F. Cavazza, Aeditu(m)us, p. 58-61 ; id., Aedituus, p. 784-792. 51 Voir supra p. 105. La construction ab + acc. est surprenante et sans doute faut-il corriger en ad Isem Pelagiam. 52 L. Chiofi, Isis Pelagia, p. 114, songe à une aedes, peut-être à localiser près du Tibre. 53 G. Lafaye, Histoire, p. 227. M. Malaise, Inventaire, p. 222-224. 54 G. Boulvert, Esclaves et affranchis impériaux, p. 56 et n. 278-281. Comparer l’inscription funéraire d’un certain Tiberius Claudius Callistus, afranchi de Néron et gardien d’un temple de Sérapis, retrouvée dans une zone funéraire au no 122 de la via Flaminia et publiée par E. L. Caronna, S. Panciera, NSA ser. 8 XXIX (1975), p. 231 no 5 et ph. p. 213 fig. 16 (= RICIS 501/0131). 55 Même interrogation chez M. J. Versluys, Aegyptiaca Romana, p. 364 qui écrit à juste titre the cult place for Isis Pelagia known through the inscription can have been anywhere in Rome or have been part of, or connected with, already known sanctuaries. 56 Sur la date de construction du sanctuaire, J. Scheid, Iseum Campense. 57 Dans les dunes du littoral, à 300 m de l’acropole de Cumes, on a découvert les vestiges d’un monument qui pourrait dater du er siècle avant ou du er siècle apr. J.-C. Les fouilleurs ont exhumé un bassin monumental aux parois dotées d’un riche revêtement de marbres polychromes et pourvu d’un système d’adduction et d’écoulement de l’eau. Il était entouré sur trois côtés d’un portique. Au sud du bassin se trouvait un podium rectangulaire, accessible par une rampe, sur lequel devait s’élever un petit temple. D’autres structures ont été mises au jour à côté du podium. Dans le bassin, on a découvert trois statuettes égyptiennes acéphales, ornées d’inscriptions hiéroglyphiques : un prêtre naophore (30e dynastie), une Isis (ou plutôt, selon nous, une reine lagide en Isis) figurée les bras allongés le long du corps (er siècle av. J.-C.), toutes deux en basalte, et un sphinx ptolémaïque en pierre verte. Sur ces statues, C. Cozzolino, Recent Discoveries. Pour le fouilleur, P. Caputo, Aegyptiaca Cumana, il s’agirait d’un Iseum, peut-être consacré à Isis Pelagia. Cette identification, acceptée notamment par S. De Caro, Iside nei Campi Flegrei, p. 350-351, et M. Malaise, Nova Isiaca, p. 32-33, a été rejetée sans véritable argument par M. Gigante, Iseo a Cuma. Qu’il s’agisse d’un sanctuaire isiaque est fort possible, et probablement d’un Iseum. Mais rien ne permet 49 U   I, D   121 Cependant, de l’existence de certains reliefs cultuels à l’image d’Isis à la voile, comme celui de Thessalonique (fig. 55a) 58 , on peut inférer la célébration d’un culte dédié à Isis patronne des flots. C’est ce que semble matérialiser le décor d’une intaille en pâte de verre de l’Ashmolean Museum (fig. 55b) qui présente, associés, un gouvernail, un lituus et un basileion 59 . On se souvient également de l’autel et des brûle-parfums oferts à Anubis, Isis Pelagia et Isis Bubastis à Iasos 60 . De Macra Comé, dans la haute vallée du Spercheios, en Grèce centrale, provient une table d’ofrandes portant une dédicace à Isis 61 ; elle était autrefois conservée dans la cour d’un particulier, où se trouvait également une ancre de pierre, qui proviendrait du même endroit que l’inscription 62 . Il est toutefois hardi d’associer ces deux témoignages pour en déduire l’existence d’un temple d’Isis marine à proximité du fleuve. Fig. 55b. Intaille. er siècle apr. J.-C. Fig. 55a. Autel. Pylaia. Que conclure ? Qu’Isis Pelagia a pu, comme à Corinthe, être la divinité titulaire d’un espace sacré qui lui fût propre mais aussi, sans doute le plus souvent, être plutôt vénérée dans une chapelle intégrée à un sanctuaire isiaque plus important. Contrairement à ε»πλοια, σöτειρα 63 ou Φαρíα, πελαγíα fut donc bien une épiclèse d’afirmer qu’il fût consacré à Isis Pelagia, hormis sa proximité avec la mer. L’argument est faible. Tous les Isea littoraux n’étaient pas nécessairement dévolus au culte exclusif d’Isis Dame des flots. 58 M.-H. Blanchaud, Relief, p. 709-711. Le relief date du  e ou du  e siècle apr. J.-C. Rappelons qu’à notre avis le caractère isiaque de celui de Délos n’est pas assuré. Voir supra p. 68-69. 59 Ashmolean Museum, Oxford, n o inv. 2003.96. M. Henig, A. MacGregor, Catalogue of the Engraved Gems and Finger-Rings in the Ashmolean Museum. II. Roman (BAR International Series, 1332. Studies in Gems and Jewellery, 3), Oxford 2004, p. 117.11.33. 60 Voir supra p. 104 et n. 14. 61 G. Roux, Note sur les antiquités de Macra Comé, BCH 78 (1954), p. 90 = SIRIS 72 = RICIS 109/0101. Voir Th. Spyropoulos, AD 26, 1971 [1974], p. 237-238, et F. Dunand, Culte d’Isis. I, p. 46. 62 63 G. Roux, BCH 78 (1954), p. 90 n. 1. Nous ne suivons pas F. Dunand, Culte d’Isis. I, p. 111, quand elle écrit qu’un autre temple consacré à l’Isis protectrice des marins  Ισι̋ σöτειρα  s’élevait semble-t-il, sur le cap Lochias ; c’est à lui que 122 I, D   de la déesse, et non une simple épithète. L’existence de lieux voués à son culte aurait pu, a priori, s’envisager uniquement dans des sites portuaires. Les deux documents de Corinthe et de Rome que nous venons d’étudier démontrent qu’il n’en est rien, de même sans doute que la statue de Bénévent, voire celle de Messène. Pour autant, d’autres documents indiquent qu’elle était vénérée à Cenchrées, comme sans doute à Ostie et ailleurs (cf. carte). Un ailleurs peut-être parfois bien éloigné des ports de Méditerranée orientale. Dans son traité sur les mœurs des Germains, Tacite (Germania IX, 1) signale qu’une partie des Suèves sacrifiait à Isis : pars Sueborum et Isidi sacrificat. Il ajoute : Unde causa et origo peregrino sacro parum comperi, nisi quod signum ipsum in modum liburnae figuratum docet aduectam religionem. La cause, l’origine de ce culte étranger, je n’ai pu les connaître. Toutefois, l’emblème lui-même, figuré à la ressemblance d’une liburne, indique une religion importée. Ce texte a beaucoup intrigué les érudits 64 et suscité depuis le e siècle bien des interprétations 65 . Certains ont rapproché cette Isis des Suèves des Matres locales. D’autres l’ont identifiée avec Nehalennia, protectrice de la navigation sur le cours inférieur du Rhin et sur les rives de la mer du Nord 66 , elle aussi déesse-mère, dispensatrice de fertilité, divinité chthonienne et des mystères 67 . On a également songé à Nerthus 68 , déesse comparée par Tacite au chapitre XI du même ouvrage à la Terra Mater romaine 69 . On peut toutefois se demander s’il ne s’agit pas en fait tout simplement ... d’Isis, dont on sait qu’elle possédait un temple à Mogontiacum (Mainz) au moins depuis le er siècle, et qui a pu, en tant que protectrice de la navigation fluviale, jouer ce rôle sur le Rhin et le Neckar 70 . Comme l’écrit M. Haase ferait allusion le récit de Plutarque [Vita Anton. LXXIV] rapportant que Cléopâtre fit construire, pour elle et pour Antoine, des sépultures monumentales auprès du temple d’Isis. Elle ajoute (p. 111 n. 1) qu’il ne peut s’agir que du temple d’Isis Lochias car, d’après Dion Cassius LI, 8, le tombeau de Cléopâtre avait été construit dans le palais même, et l’on sait que les palais royaux se trouvaient près du cap Lochias. Si l’on peut aisément accepter l’idée qu’Isis possédait un temple près du palais royal, rien ne permet d’afirmer que ce fût sur le cap Lochias, et encore moins qu’elle y fût vénérée sous le nom de Sôteira. Sur ce point, M. Malaise, Terminologie, p. 149-151. 64 J. Baltrušaitis, Quête d’Isis, p. 107-117. Dificile, mais pourtant essentielle, est la question de déterminer qui sont les Suèves dont parle Tacite et où ils se trouvaient au moment où l’auteur latin écrivait ces lignes à leur propos. 65 Voir G. Grimm, Zeugnisse, p. 98-100 ; R. Turcan, Cultes orientaux, p. 102 ; M. Haase, Signum, p. 317-338 ; ead., Kulte der Isis, p. 113-115. 66 D. Martens, s. v. Nehalennia, LIMC VI, 1 (1992), p. 716-719 ; P. Stuart, J. E. Bogaers, Nehalennia. Römische Steindenkmäler aus der Oosterschelde bei Colijnsplaat (= Corpus signorum Imperii Romani. Nederland, 2), 2 vols, Leiden 2001. 67 F. Kaufmann, en appendice (p. 549) à l’article de W. Drexler, s. v. Isis II (die Isis der Sueven), dans W. H. Roscher (éd.), Lexikon der griechischen und römischen Mythologie II.1, Leipzig 1890-1894, p. 548-549 ; G. Grimm, Zeugnisse, p. 2 n. 6-7 et p. 99. F. Heichelheim, s. v. Nehalennia, PWRE XVI.2 (1935), col. 2180, est plus prudent ; voir aussi U.-M. Liertz, Isis und ihre nordischen Schwestern. 68 Ainsi H. Hommel, Die Hauptgottheiten der Germanen bei Tacitus, Archiv für Religionswissenschaft XXXVII.1 (1941), p. 169-170, ou, plus récemment J. B. Rives (éd.), Tacitus: Germania: Translated with Introduction and Commentary, Oxford 1999, p. 162. 69 70 A. Franke, s. v. Nerthus, PWRE XVII.1 (1936), col. 51-52. M. Witteyer, Heiligtum für Isis. U   I, D   123 Apuleius 71 [...] zufolge fand sogenannte cymbia als Lampe oder als Zeichen der Isis im Isis-Kult Verwendung. Von den Antiquaren wie Festus und Servius werden cymbia als schiffsförmige Gegenstände erklärt 72 . Wenn solche schiffsförmigen Gegenstände, wie Apuleius sagt, im Isis-Kult Verwendung fanden, dann kann Tacitus tatsächlich die Gottheit Isis gemeint haben. 73 Cela établi, il nous faut maintenant nous interroger sur les formes revêtues par ce culte et les fêtes qui s’y rapportaient. 2. Pratiques cultuelles Les textes que nous venons d’évoquer ne nous donnent aucun renseignement sur l’aspect éventuel des lieux cultuels consacrés à Isis marine, ni même sur le culte quotidien qui s’y déroulait. Sans doute n’était-il pas de toutes façons bien diférent du rituel journalier propre au culte d’Isis en général. Chants, louanges, habillage de la statue, ofrandes 74 , dépôt de dédicaces, actions de grâce, etc. Tout ceci n’a rien de particulièrement original, l’aspect salvateur des divinités isiaques n’étant plus à démontrer. Les formules rappelant ce trait de leur personnalité sont nombreuses, qu’elles concernent les dieux eux-mêmes, qualifiés de secourables ou d’attentifs, les dédicants, qui se désignent comme sauvés ou guéris, ou les circonstances mêmes de la dédicace, présentée parfois comme le juste acquittement d’un vœu. Rappelons, par exemple, cette marque de reconnaissance déposée ca 150 av. J.-C. dans le Sarapieion C de Délos par Prôtos de Cos, sauvé de nombreux et grands périls (marins ?), à Sérapis, à Isis, à Anubis, à Apollon (= Harpocrate) et aux dieux qui partagent le même temple 75 . On peut également se demander si Isis marine avait droit à des ofrandes particulières, à l’instar d’Aphrodite Euploia qui recevait notamment des coquillages 76 . 71 Métam. XI, 4 et 10. Discussion de ce point chez M. Haase, Signum, p. 322-325, et n. 43-55. 73 M. Haase, Kulte der Isis, p. 114. 74 Voir par exemple une épigramme de Philippe de Thessalonique (Anth. Pal. VI, 231), du  er siècle apr. J.-C. : Α³γυπτου µεδéουσα µελαµβöλου, λινóπεπλε | δαîµον, Çπ’ ε¹ϊéρου̋ βæθι θυηπολíα̋; | σοì γàρ ¸πèρ σχιδáκων λαγαρòν ποπáνευµα πρóκειται | καì πολι÷ν χην÷ν ζεûγο̋ Çνυδροβíων | καì νáρδο̋ ψαφαρä κεγχρíτισιν ±σχáσιν µφì | καì σταφυλä γραíη χö µελíπνου̋ λíβανο̋. | Ε± δ’ ̋ Çκ πελáγου̋ Çρρúσαο ∆âµιν, ƒνασσα, | κ‘κ πενíη̋, θúσει χρυσóκερων κεµáδα. Patronne de l’Égypte à la glèbe noire, déesse au voile de lin, viens recevoir mes ofrandes rituelles : c’est à toi que je consacre une mince galette présentée sur un plateau de bois, un couple d’oies blanches (Ovide, Fasti I, 453 ; Juvénal, Sat. VI, 540 sq.), habitantes des eaux, du nard sec autour de quelques figues granulées, une vieille grappe de raisin et cet encens au doux parfum. Si tu sauves Damis de la pauvreté, souveraine, comme tu l’as sauvé des eaux, il te sacrifiera un faon aux cornes dorées. Anth. Gr. VI, 190,9-10 ; 191,6 ; 300,7-8 et Virgile, Aen. V, 366 ; IX, 627 pour cette habitude de dorer les cornes des victimes. 72 75 CE 72 = ID 2119 = RICIS 202/0230 : Πρ÷το̋ Πυθíωνο̋ Κ÷ιο̋, σωθεì̋ Çκ πολλ÷ν καì µεγáλων κινδúνων, Σερáπει, Ισει, >Ανουβει, >Απóλλωνι, θεοî̋ συννáοι̋, ¸πèρ α¸τοû καì τ÷ν παιδíων Φιλουµéνη̋ καì Πυθíωνο̋, χαριστåριον. Prôtos, fils de Pythiôn, de Cos, sauvé de nombreux et grands périls (marins ?), à Sérapis, à Isis, à Anubis, à Apollon et aux dieux qui partagent le même temple, en son nom propre et au nom de ses enfants Philouménè et Pythiôn, en marque de reconnaissance. 76 Callimaque, Epig. 5, pour l’ofrande d’un nautile à Arsinoé-Aphrodite dans le sanctuaire du Cap Zéphyrion par une femme venue de Smyrne. Quant à Pline, NH IX, 25 et XXXII, 1, il rapporte que 124 I, D   Nous savons que certaines peintures faisant ofice d’ex-voto marins étaient déposés dans les lieux de cultes dédiés à Isis. Juvénal s’en est fait l’écho, raillant cette pratique 77 : Sed cognita multis et quam uotiua testantur fana tabella plurima ; pictores quis nescit ab Iside pasci ? (Les naufrages), connus de beaucoup de gens, et dont, dans bien des temples, les tableaux votifs portent témoignage : qui ne sait, en efet, qu’Isis nourrit les peintres 78 ? Ces remerciements se font évidemment a posteriori, au terme d’une traversée heureuse, ou simplement sauve, et correspondent parfois à l’acquittement d’un vœu exaucé (cf. l’épithète épèkoos souvent attribuée à Isis marine) 79 . L’interprétation d’un vers de Juvénal 80 a même conduit certains auteurs à suggérer que parfois les marins ou les simples passagers ayant échappé à un naufrage, arrivés à bon port, faisaient le sacrifice de leur chevelure à Isis dans l’un de ses temples 81 , à l’instar des membres de son clergé. Avant le départ, certains devaient déposer auprès de la déesse des petits reliefs votifs tels ceux fabriqués par la matrice à l’image d’Isis à la voile retrouvée dans les fouilles de l’agora d’Athènes 82 , mais aussi d’autres objets : de petites ancres 83 , certains coquillages, des sortes de murex, étaient tout spécialement consacrés à Aphrodite de Cnide. Sur les coquillages dans la religion égyptienne, S. H. Aufrère, L’étrange et la curiosité. Minéraux, coquillages, fossiles, météorites et plantes curieuses dans les mentalités des Anciens Égyptiens, dans S. Aufrère, Encyclopédie religieuse de l’univers végétal. Croyance phytoreligieuse de l’Égypte ancienne I (= Orientalia Monspeliensia X), Montpellier 1999, p. 71-75, ainsi que le compte rendu de P. Koemoth dans BiOr LVIII.1-2 (2001), p. 116-117. 77 Juvénal, Sat. XII, 26-28, avec l’explication du scholiaste : Antiquitus enim solebant qui naufragio liberati essent pro voto pingere tabellas et in templo Isidis ponere. De fait, depuis l’antiquité, ceux qui ont échappé à un naufrage ont coutume de faire peindre en ex-voto des tableaux et de les déposer dans le temple d’Isis. (Scholia ad Sat. XII, 26-28 [éd. Wessner p. 195]). 78 Isis en ses diverses fonctions, puisque Tibulle, Eleg., I, 3, 27-28, rapporte l’habitude de certains malades de déposer eux aussi des tableaux votifs après une guérison attribuée à la déesse : Nunc, dea, nunc succurre mihi (nam posse mederi picta docet templis multa tabella tuis). Maintenant, déesse, maintenant secours-moi (tu sais guérir, comme le prouvent les nombreux tableaux de tes temples). Une peinture du mur nord du cubiculum sud-ouest du péristyle d’une maison privée (reg. IX, ins. III, no 15) de Pompéi, sur laquelle on reconnaît Isis-Fortuna brandissant le sistre de la droite, tenant une cornucopia de la gauche, le pied droit posé sur un globe contre lequel s’appuie un gouvernail, pourrait être un exemple de ce type d’action de grâce si l’on en croit le texte tracé au pinceau qu’on lit au-dessus de la scène : Philo[ca]lus votum sol(vit) libe(n)s merito. V. Tran tam Tinh, Pompéi, p. 148 no 59 et pl. XVII pour la peinture, CIL IV, 882 = SIRIS 494 = RICIS 504/0218 pour l’inscription. Il ne paraît pas impensable de retrouver Isis marine dans ce tableau. 79 Voir les documents réunis dans le catalogue de l’exposition Ex-voto marins dans le monde de l’antiquité à nos jours. Musée de la marine, Paris 1981, notamment p. 37-57. 80 Juvénal, Sat. XII, 81 : ... gaudent ibi vertice raso : ils s’y réjouissent, après s’être rasé la tête. 81 M. V. Ronnick, Juvenal, Satire 12.81. Pour cet auteur, le terme ibi désignerait le temple d’Isis du Portus Ostiae. 82 E. R. Williams, Isis Pelagia, p. 118. 83 Il en va diféremment pour un document iasien portant ce qui paraît être une lex sacra et une dédicace à Sarapis, Isis et Anubis, peut-être d’époque impériale. Cf., pour le texte, D. Levi, G. Pugliese Carratelli, Nuovi iscrizioni di Iasos, ASAA 39-40 (1961-1962), p. 585-586 no 14 fig. 14 = L. Robert, Nouvelles inscriptions d’Iasos, REA 65 (1963), p. 311-312 = SIRIS 274a = I. Iasos II no 242 = RICIS 305/1403. Avant d’être remployée comme seuil de porte, la pierre, percée de trois orifices circulaires, fut très probablement U   I, D   125 comme cette pierre calcaire 84 de provenance inconnue, de forme trapézoïdale, munie d’un orifice à sa partie supérieure et gravée de l’image d’un serpent barbu coifé du basileion ; des représentations d’animaux marins, comme sans doute ce dauphin sur un pilier déposé dans le dromos du Sarapieion C de Délos que mentionnent deux inventaires du milieu du e siècle av. J.-C. 85 Cependant, il n’est guère possible d’aller plus loin en ce sens, faute de documents probants 86 . Les moins fortunés, ou les plus fréquemment mobiles, ne devaient pas forcément recourir à ce type de démarche pour invoquer la protection de la déesse. Des gemmes, des intailles, ou tout simplement des pièces de monnaie au type d’Isis à la voile, trouées pour être portées sur soi avec une chaînette comme amulette ont pu jouer le même rôle (fig. 56) 87 . Remarquons toutefois l’absence, à notre connaissance, de bijoux d’or ou d’argent reproduisant cette iconographie de la déesse, ce qui est somme toute plutôt surprenant quand on connaît la variété des iconotypes isiaques utilisés dans l’orfèvrerie. Fig. 56. Alexandrie. Tétradrachme d’Hadrien. retravaillée pour être utilisée comme ancre de marine, au e ou au e siècle selon P. Desantis, L’ancora litica di Iasos : episodi di un reimpiego, ParPass (1999), p. 393-400. Il n’y a cependant aucun lien à établir entre le contenu du texte et cette réutilisation de la pierre. 84 8 cm sur 11 cm. Conservée au Fitzwilliam Museum de Cambridge, n o inv. EGA 288-1949, elle est publiée par E. Brunner-Traut, Figured Ostraka, no 47 p. 78, pl. XXXIX ; ead., Anker für Isis, p. 7. Vu sa taille et son poids, ce modèle d’ancre d’époque romaine est sans conteste un document votif destiné à remercier Isis Pelagia pour sa protection durant une traversée. 85 ID 1416, B, I, 24 = RICIS 202/0424 B, I, 24 (156-155 av. J.-C.). Il s’y trouve toujours onze ans plus tard : ID 1442 A I, 12 = RICIS 202/0428, 12 (145-144 av. J.-C.). Sur un grand relief fragmentaire en marbre blanc de Luna, découvert à Vettona, en Ombrie, figure un grand ruban entourant un bouquet d’épis et se perdant dans un cofret à demi ouvert. Sur le devant se tient un moineau et sur la base, un dauphin. Sur le côté gauche, on trouve un bouclier avec une tête de petit faune et, au dessous, l’inscription Veneri martiali. Plus bas, sous le cofret, est une palme à gauche de laquelle on lit Victoriae, tandis qu’à droite, Isidi figure au-dessus d’un sistre. Ce relief, perdu, daterait du e siècle apr. J.-C. Le dauphin pourrait être mis en relation avec les prérogatives marines communes à Vénus et Isis. 86 Beaucoup plus nombreux sont les ex-voto marins (ornements de proue, gouvernails, ancres, vases en forme de barques) mentionnés dans les inventaires déliens qui concernent Apollon. Sur les croyances religieuses des marins de l’Antiquité, D. Wachsmuth, Pompimos ho daimôn. Untersuchungen zu den antiken Sakralhandlungen bei Seereisen, Berlin 1967 ; J. Rougé, La marine dans l’Antiquité, Paris 1975, p. 206-210. 87 Voir par exemple les monnaies de Iasos (SNRIS Iasus 4) et de Rome (SNRIS Roma V027a1, V084ba6, V112bb2 et 6, V128a7 et V193ab1). La position du ou des trous ne paraît toutefois pas significative. Pour les monnaies frappées à six heures, on aurait pu, a priori, penser que la face montrant le trou en haut était celle que l’on souhaitait voir portée à l’endroit. Or l’observation de toutes les monnaies trouées réunies dans la SNRIS laisse apparaître qu’il n’en est rien, certaines pièces étant trouées à trois ou quatre heures. 126 I, D   Il nous faut évoquer maintenant un dernier type de document que l’on a souvent volontiers rattaché à l’aspect maritime de la famille isiaque : les lampes naviformes portant un type isiaque. Nous en connaissons au moins sept exemplaires, tous en terre cuite 88 . Fig. 57. Lampe. Pouzzoles. Fin er-déb. e siècle apr. J.-C. Deux de ces lampes ont été découvertes en Italie. La première, pourvue de vingt becs latéraux et d’un grand bec sur la poupe, a été trouvée en mer, près du port de Pouzzoles (fig. 57) 89 . Sur la proue sont représentés côte à côte Isis debout, de face, tenant la corne d’abondance au creux de son bras gauche et levant le droit en direction de son parèdre Sarapis, debout, coifé du calathos et tenant un gouvernail de 88 Ces lampes naviformes ont été étudiées récemment par M. Ciceroni, Iside, p. 793-801 ; M. Haase, Signum, p. 320-329 ; et J.-L. Podvin, Lampes isiaques, p. 369-371. H. B. Walters, Catalog of the Lamps in the British Museum, London 1914, p. 55-56 no 390 et pl. X ; Ch. Picard, Lampes d’Isis, p. 228-230 ; V. Tran tam Tinh, Campanie, IS 4 p. 52-54 ; D. M. Bailey, Roman provincial Lamps, no Q 2722, p. 339-340 et pl. 80 avec toute la bibliographie antérieure ; V. Tran tam Tinh, Ex Oriente Lux, p. 129-131 ; R. Merkelbach, Zeus Sarapis – Isis regina, p. 673 pl. 213 ; E. Sanzi, Culti egiziani a Pozzuoli, p. 140-142. Pour l’inscription, IG XIV 2045,48 = RICIS 504/0403. 89 U   I, D   127 la droite 90 . En dessous, dans la partie centrale rectangulaire, sur le premier registre du pont, un des Dioscures, debout, nu, tient un cheval ; plus bas, au second registre, Ptah démiurge sous l’aspect d’un nain aux jambes torses s’apprête à mettre au four un petit vase 91 . À l’extrémité de la navicelle, une tête couronnée de lierre et un thyrse. Au-dessous du Dioscure, on lit ε»πλοια dans une tabula ansata, tandis qu’au dos de la navicelle figure l’inscription : Λαβé µε τòν <Ηλιοσéραπιν, que l’on peut comprendre comme Prends-moi, l’Héliosérapis ! 92 Elle peut être datée de la fin du er ou du début du e siècle apr. J.-C. 93 Fig. 58. Lampe. Ostie. Fin er-déb. e siècle apr. J.-C. L’autre a été trouvée à Ostie (fig. 58) 94 . À dix becs, elle figure au centre Isis debout entre deux colonnes, vêtue du chiton et de l’himation, coifée du basileion, 90 Pour F. J. Dölger, Dioskuroi, p. 280, Sarapis est plutôt représenté comme le protecteur de la navigation, alors qu’Isis apparaît davantage comme une dispensatrice de richesses et de prospérité. 91 V. Tran tam Tinh, Campanie, p. 53, songerait plutôt à un Silène imitant un fabricant de vase ; D. Bailey, Roman provincial Lamps, p. 340, à un Cabire. 92 Le sens de cette inscription n’est pas clairement établi. V. Tran tam Tinh, M.-O. Jentel, Lampes isiaques, p. 63 n. 37, rappellent les interprétations proposées : est-ce le nom du bateau, un terme argotique pour désigner la lampe navire (?), l’identification de l’iconographie du dieu représenté sur le bateau avec le bateau lui-même (?). Nous pensons qu’il s’agit du nom du bateau. 93 Selon D. Bailey, cette lampe et la suivante sont des productions cnidiennes datables de 70-120 apr. J.-C. De ce fait, l’inscription ε»πλοια s’adresserait à Aphrodite, ce qui semble bien improbable au vu de la décoration de la lampe. Pour S. Adamo Muscettola, Iside a Pozzuoli, p. 557 n. 40, la lampe serait une produzione dell’isola di accompagno al commercio del vino con l’Italia. 94 M. Floriani Squarciapino, Ostia, frontispice et p. 35 ; W. Hornbostel, Sarapis, p. 307 et fig. 323 ; R. Merkelbach, Zeus Sarapis – Isis regina, p. 672 pl. 212 ; catalogue de l’exposition Ostia, port de la Rome antique (éd. J. Chamay), Musée Rath Genève 2001, p. 111. Ostia antica, Antiquarium, no inv. 3218. 128 I, D   brandissant le sistre de la droite et tenant une cornucopia surmontée d’un uraeus de la gauche. À l’une des extrémités, dans le même sens que la déesse, est représenté Harpocrate en buste, coifé du pschent, tenant une cornucopia de la gauche et portant l’index droit à la bouche, tandis qu’à l’autre extrémité, en sens inverse, on trouve Sarapis en buste, coifé du calathos. Les trois personnages divins sont représentés de face. Harpocrate et Sarapis apparaissent dans un encadrement de colonnes supportant un fronton triangulaire figurant une façade de temple. Fig. 59. Lampe. Carthage. Une autre lampe très proche, à huit becs, fut trouvée à Carthage, en 1900, non loin de la basilique de Dermech, à l’emplacement du Serapeum (fig. 59) 95 . On y trouve la même partie centrale, presque carrée cette fois, au relief hélas non conservé (à moins qu’il n’ait jamais été travaillé ?). À la proue, le buste d’Harpocrate de face, dans la même attitude que précédemment, fait pendant à celui de Sarapis, de nouveau placé à la poupe. Ici encore, les dieux sont entourés de colonnes, cette fois réunies par une arche. Dans les deux cas, des anneaux situés sous les bustes des deux divinités permettaient la suspension des lampes. Une autre lampe africaine, fragmentaire elle aussi, fut découverte à Gigthis. Elle présente encore une fois en son centre la figure d’Isis, accompagnée d’un serpent, entre deux colonnes et Sarapis en buste à la poupe (l’autre extrémité est cassée) 96 . 95 P. Gauckler, Notes d’épigraphie latine, BCTH (1901), p. 135-136, avec un croquis ; L. Hautecœur, Catalogue du Musée Alaoui, Supplément, Paris 1910, no K 1280, p. 229 (= Musée du Bardo no inv. K 1280) ; J.-L. Podvin, Lampes isiaques, p. 370 et fig. 3. 96 P. Gauckler, Rapport sur des inscriptions latines trouvées en Tunisie de 1900 à 1905, Nouvelles archives des missions scientifiques et littéraires XV (1908), p. 559 ; L. Hautecœur, Catalogue du Musée Alaoui, Supplément, no K 1281, p. 229 (= Musée du Bardo no inv. K 1281) ; elle est également signalée par M. Pisanu, La vita religiosa a Gigthis : testimonianze epigrafiche e monumentali, dans L’Africa romana VII, Sassari 1989, p. 230. U   I, D   129 Une cinquième lampe naviforme isiaque fut trouvée à Kato Paphos (Chypre), dans la Maison d’Orphée. Elle présente douze becs latéraux et figure Sarapis trônant sur le pont, tandis que le buste d’Harpocrate orne l’une des extrémités (fig. 60) 97 . Au revers, on lit l’inscription ΗΛΕΙΟ CΕΡΑΠΕC (<Ηλειοσερáπε̋ : [ceci est dédié] à Héliosérapis). Fig. 60. Lampe. Kato Paphos. Sur une sixième lampe, provenant de Sabratha, dont on n’a conservé qu’une des extrémités, figure Isis en buste 98 . Une septième lampe, à huit becs, conservée à Berlin 99 , présente les bustes d’Isis à la poupe et de Sarapis à la proue. Harpocrate, en pied près d’un autel sur la partie centrale, tient une oie de la droite, tandis que dans la partie gauche apparaît un petit pilastre surmonté d’une lyre et d’un caducée. Au-dessous est une tête de lion 100 . Sous la lampe, on lit l’inscription ΘΕΟΙC ΛΑΒΕ ΕΥΧΑΡΙΣΤΗΡΙΟΝ (θεοî̋ λαβé 97 V. Karageorghis, Chronique des fouilles à Chypre en 1986, BCH 111 (1987), p. 689-690, fig. 45 = RICIS 401/0501. Les deux étoiles pourraient symboliser les Dioscures. 98 E. Joly, Lucerne, no 839 p. 164 et pl. XXXI. 99 W. Weber, Terrakotten, I p. 31 et II, pl. 1 no 12a-b. 100 L’éditeur reconnaît en outre sur la proue l’image de Pan. 130 I, D   ε¹χαριστåριον : Prends ceci pour marquer ta reconnaissance envers les dieux). Pour W. Weber, son éditeur, elle serait d’origine égyptienne 101 . Mentionnons enfin une lampe de terre cuite du Céramique d’Athènes, elle aussi à huit becs (fig. 61). À l’avant et à l’arrière de la face supérieure sont figurés deux bustes, parfois considérés comme isiaques 102 , ce qui n’est pas assuré 103 . Fig. 61. Lampe. Athènes. Des lampes en forme de barque furent également retrouvées en Égypte et reprennent toutes peu ou prou un même schéma, fort diférent des précédents. De petite taille, monolychnes, elles montrent Sarapis seul, coifé du calathos, trônant, s’appuyant de la gauche sur un sceptre, la droite étendue au-dessus de Cerbère (fig. 62) 104 . 101 On peut en douter, car ce type de lampe n’est semble-t-il pas attribuable à un atelier égyptien. Elle est comparable à une autre lampe naviforme, hélas très fragmentaire, trouvée dans une tombe de Gerasa (H. Kraeling [éd.], Gerasa, City of the Decapolis, New Haven 1938, p. 461, no 249, pl. CXXVIIe), portant la même inscription, mais dont le caractère isiaque ne peut être assuré vu son état de conservation. Cette dernière est considérée comme probably Cnidian par D. M. Bailey, Roman provincial Lamps, p. 340. 102 J. Perlzweig, The Athenian Agora VII. Lamps of the Roman Period, Princeton 1961, p. 121-122 et pl. 23j (et non pl. 24 comme indiqué p. 121) ; Ph. Bruneau, Statues, p. 338-340 ; M. Ciceroni, Iside, p. 796, reconnaît Isis, tenant une cornucopia d’où émerge une palme, et Sarapis. Les lampes attiques de ce type ne semblent pas attestées avant la fin du e siècle apr. J.-C. 103 L’une des divinités, coifée d’un calathos et tenant une cornucopia, peut être identifiée à une Tychè aussi bien qu’à une Isis marine, sans gouvernail, très stylisée. Une autre lampe, assez proche, mais très fragmentaire, provenant elle aussi du Céramique, porte l’inscription ΕΥΠΛΟΙΕΙ ; D. M. Bailey, Roman provincial Lamps, p. 328. Signalons également une lampe très fragmentaire retrouvée lors des fouilles américaines à Corinthe, dont le seul relief subsistant est une grenouille, ce qui ne saurait sufire à en faire un document égyptien, et a fortiori isiaque : Ch. K. Williams II et O. H. Zervos, Corinth, 1985: East of the Theater, Hesperia 55 (1986), p. 157 et pl. 35.24. 104 Nous en connaissons une douzaine d’exemplaires ; deux sont conservés à Londres : D. M. Bailey, Roman provincial Lamps, nos Q 1990-1991 p. 243 et pl. 39 ; six à Alexandrie : V. Tran tam Tinh, M.-O. Jentel, U   I, D   131 Fig. 62. Lampe. Alexandrie. e siècle apr. J.-C. Elles sont toutes datables du e siècle apr. J.-C. Un détail permet toutefois de les classer en deux catégories. Sur certaines, de chaque côté du pont, sur les bastingages, se dresse une colonne contre laquelle s’appuie un Dioscure nu, armé d’une lance, le chef coifé d’un pilos surmonté d’une étoile. Sur la coque, de part et d’autre de la poupe, est figurée une rame. Sous le fond, se lit l’inscription ΚΑΤΑΠΛΟΥC, en guise de vœu pour une bonne navigation 105 . Sur d’autres, les serpents Agathodaimon, coifé du pschent (à gauche) et Thermouthis, coifé du basileion (à droite) remplacent les Dioscures. Sous le fond, on lit l’inscription ΝΕΙΚΗ, souhait de victoire, peut-être autant de Sarapis sur les flots tumultueux, que du commerçant dans ses afaires 106 . Ces inscriptions ne sont autres que des sortes de prière jaculatoire où le souhait est en même temps une invocation en hommage à la divinité 107 . Signalons également une lampe-navire à cinq becs, conservée au Musée égyptien du Caire 108 , sur la poupe de laquelle Sarapis est figuré debout, torse nu, s’appuyant de la gauche sur un sceptre, la droite tendue au-dessus de Cerbère. La question qui se pose est de savoir quel(s) rôle(s) attribuer à ces lampes naviformes si souvent rattachées au culte maritime d’Isis : usage liturgique, rôle votif, fonction funéraire ou bien simplement utilisation fonctionnelle ? Notons d’emblée que la liste des lampes-navires est beaucoup plus longue que celle proposée cidessus, puisque toutes ne présentent pas d’élément iconographique indiscutablement Lampes d’Alexandrie, nos 26-30, p. 50-53 ; d’autres, inédits, sont conservés à Athènes (2), Hildesheim et Dresde ; la liste n’est évidemment pas close. 105 V. Tran tam Tinh, M.-O. Jentel, Lampes d’Alexandrie, n os 26-28, p. 50-52 citent cinq exemplaires, dont trois inédits. Les deux exemplaires déjà publiés le furent par D. M. Bailey, Roman provincial Lamps, no Q 1991, et M. Pietrzykowsi, Sarapisa, p. 127-128, fig. 7. Ce dernier exemplaire fut trouvé à Alexandrie lors des fouilles polonaises de Kom el-Dikka. Le no 28 de Tran tam Tinh et Jentel est anépigraphe. 106 Ibid., n os 29-30 p. 52-53, qui citent deux autres exemplaires, dont D. M. Bailey, Roman provincial Lamps, no Q 1990. 107 V. Tran tam Tinh, M.-O. Jentel, Lampes d’Alexandrie, p. 63. 108 N o inv. 26503, signalée par D. M. Bailey, Roman provincial Lamps, p. 23. 132 I, D   isiaque 109 . Ceci ne veut pas dire pour autant que des lampes-navires dépourvues de ces éléments n’ont pu être utilisées en contexte isiaque 110 . Plusieurs auteurs ont voulu rattacher assez logiquement les lampes naviformes isiaques à la fête du Navigium Isidis 111 , et notamment à la mention par Apulée de la navicelle d’or portée lors de la procession 112 , mais les arguments solides en faveur de cette hypothèse font encore défaut. En revanche, certaines lampes ont été incontestablement consacrées en ex-voto à Isis 113 , comme à Sarapis. Une célèbre épigramme de Callimaque 114 a d’ailleurs parfois été mise à contribution pour justifier le caractère votif des lampes naviformes 115 : Τ¦ µε Κανωπíτý Καλλíστιον ε³κοσι µúξαι̋ πλοúσιον, € Κριτíου, λúχνον Ïθηκε θε¦, ε¹ξαµéνα περì παιδò̋ >Απελλíδο̋. Ε̋ δ’ Çµà φéγγη θρåσα̋ φåσει̋ «Εσπερε, π÷̋ Ïπεσε̋» Au dieu de Canope (i.e. Sarapis), Callistion, fille de Critias, m’a dédiée, moi, lampe riche de vingt mèches, après avoir fait un vœu pour son enfant Apellis. Tournant les yeux vers mes feux, on dira : Étoile du soir, comment es-tu tombée sur terre ? 109 Cette remarque a été faite depuis longtemps par W. Deonna, L’ornementation des lampes romaines, RA 1927.II, p. 255, suivi par Ph. Bruneau, Exploration archéologique de Délos. XXVI : Les Lampes. Chap. IV : Lampes en forme de navire, Paris 1965, p. 107-108, publiant 17 lampes ou fragments dont aucun ne présente a priori d’élément isiaque, et id., Statues, p. 340 n. 1. Voir par exemple les lampes-navires publiées par W. Deonna, Exploration archéologique de Délos. XVIII : Le mobilier délien, Paris 1938, p. 197-203 ; H. Menzel, Antike Lampen im römisch-germanischen Zentral Museum zu Mainz, Mainz 1969, no 490, p. 73-74 et fig. 58 ; J. W. Hayes, Ancient Lamps in the Royal Ontario Museum. I. Greek and Roman Clay Lamps, Toronto 1980, no 410, p. 103 et pl. 63 ; M.-Chr. Hellmann, Lampes antiques de la B.N. II, Fonds général : lampes préromaines et romaines, Paris 1987, nos 231-232 p. 61-62 et pl. XXVIII ; D. M. Bailey, Roman provincial Lamps, no Q 1989, p. 243 et pl. 39 ; ou encore M. Ciceroni, Iside, p. 794 et n. 9. Voir également, sur les lampes-navires, les contributions de L. Pavlović, Une lampe romaine de bronze en forme de navire de guerre, Starinar 17 (1966), p. 123-130 ; A. Göttlicher, Materialen für ein Corpus der Schiffsmodelle im Altertum, Mainz 1978, pl. 23.293 et 41.522 ; id., Römische Lampen in Schifsform, Das Logbuch, 15.3 (Wiesbaden 1979) [non vidi]. 110 Un certain nombre de lampes en forme de navire, en bronze ou en terre cuite, ont été retrouvées à Pompéi, dans la Casa di P. Cornelius Tages I, 7, 10/12 (NotScav, 1927, p. 77-78), dans la Casa del Moralista III, 4, 2 (V. Spinazzola, Pompei alla luce degli Scavi nuovi di Via dell’Abbondanza, Roma 1953, I, p. 728) et dans l’Isola occidentale de la Regio VI (Pompeianarum Antiquitatum Historia, Naples 1860-1864, I, 1, 120). Elles ne portent pas de représentation isiaque. On peut toutefois penser que les deux lampes trouvées dans le triclinium de la maison du marchand P. Cornelius Tages, richement décorée de motifs nilotiques et égyptisants, sinon isiaques, ont pu servir lors de processions isiaques, et pourquoi pas lors du Navigium Isidis. 111 Ainsi O. Mazaubert, Dieux marins, p. 318 ; Ch. Picard, Lampes d’Isis, p. 229 ; M. Floriani Squarciapino, Ostia, p. 32 ; V. Tran tam Tinh, Pompéi, p. 27 ; H. Menzel, Antike Lampen, p. 73 ; J. G. Grifiths, Isis-book, p. 195. Contra, Ph. Bruneau, REG 78 (1965), p. 440-441, et L. Vidman, Isis und Sarapis, p. 7. 112 Apulée, Métam. XI, 4. Parmi les oficiants représentés sur les murs du Péribole de l’Iseum de Pompéi, un porte une lampe d’or en forme de navicelle accrochée à un long bâton terminé par un crochet, qu’il est tentant de rapprocher de celle décrite par Apulée. Voir V. Tran tam Tinh, Pompéi, p. 93-94 et p. 136-137 no 33 (Musée de Naples, no inv. 8926). 113 Ph. Bruneau, Statues, p. 338-339, et id., Lampes, p. 51, n. 118. 114 Epig. 55 = Anth. Pal. VI, 148 = Souda, s. v. µúξα. 115 O. Mazaubert, Dieux marins, p. 317-318. U   I, D   133 Nous nous heurtons toutefois à deux problèmes. La précision concernant les vingt mèches ne fait pas automatiquement de cette lampe une lampe-navire 116 . Quant au dieu de Canope, qui n’est sans doute autre que Sarapis, il est davantage connu pour ses qualités de guérisseur que pour son rôle de protecteur des marins. C’est probablement à l’occasion de la guérison de son enfant que Callistion fit la dédicace de cette lampe. Quoi qu’il en soit, les inscriptions votives marquées sur certaines de ces lampes peuvent naturellement être l’expression de souhaits pour une heureuse navigation, ainsi que des marques de reconnaissance envers les dieux qui ont permis celle-ci. C’est le cas des lampes portant les termes ε»πλοια, κατáπλου̋ ou νεíκη, mais aussi celle de Kato Paphos dédiée à Héliosérapis protecteur de la navigation, protection d’autant plus eficace sans doute lorsque le navire en question s’appelle précisément l’Héliosérapis comme à Pouzzoles. Il en va de même pour les lampes de Gerasa et de Berlin, idéales pour marquer sa reconnaissance comme le proclame l’inscription qui court sur leur dos. On peut aussi considérer que, dans certains cas, une lecture diférente de ces inscriptions peut les rattacher à un heureux déroulement de la vie et à des souhaits de richesse et de prospérité. En efet, cette navigation peut être comprise au sens figuré, et se rapporter au cours de l’existence humaine, comme le laissent entendre plusieurs pierres gravées portant l’acclamation : Σù µèν ο½ν ε¹πλοéι, ¥ βéλτιστε. Que ta navigation soit heureuse ! 117 . Le rôle, bivalent en la circonstance, d’Isis, qui tient d’ailleurs souvent la cornucopia sur ces lampes 118 , en tant que protectrice de la navigation mais aussi de la fertilité/fécondité, autorise ce double sens 119 . La présence de certaines de ces lampes  celles de Gerasa, du Céramique et d’Hermoupolis , dans des tombes a conduit certains auteurs à insister sur leur caractère funéraire 120 . S’il est vrai que depuis fort longtemps, les lampes étaient employées en Égypte dans le rituel funéraire, cela paraît beaucoup plus discutable ailleurs. Il ne faut sans doute pas attribuer systématiquement aux lampes trouvées hors d’Égypte un emploi funéraire, même si l’on en découvre souvent dans des tombes, pas plus qu’il ne sufit de trouver des lampes dans des sanctuaires pour conclure qu’elles y jouaient nécessairement un rôle cultuel. N’oublions jamais que la fonction première des lampes est d’éclairer. Tel a dû être la plupart du temps leur usage, qu’elles aient été l’objet d’un vœu et déposées dans un sanctuaire, ou bien simplement conservées au sein de demeures privées. Sans doute parfois simplement décoratives, elles ont pu évidemment à l’occasion signifier l’attachement de leur propriétaire à telle ou telle divinité, qu’il ait été ou non un marin. Dans le cas des 116 Nous ne pouvons suivre Tran tam Tinh lorsqu’il écrit dans Ex Oriente Lux, p. 129 : la lampe de Pouzzoles nous rappelle la fameuse épigramme votive de Callimaque mentionnant une lampe semblable dédiée à Sarapis de Canope. 117 E. Le Blant, 750 inscriptions de pierres gravées inédites ou peu connues (= Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, XXXVI.1), Paris 1898, p. 36 no 83. 118 Tout comme la présence d’Harpocrate / Carpocrate. 119 Une double lecture qui peut aussi justifier (et se justifier par) la présence des Dioscures ou de l’Agathodémon et de Thermouthis sur les lampes-navires égyptiennes, lampes sur lesquelles, rappelons-le, Isis n’apparaît pas. 120 Ainsi F. Benoît, L’archéologie sous-marine en Provence, Rivista di Studi Liguri 18 (1952), p. 300-307, ou M. Ciceroni, Iside, p. 795-798, dont la démonstration, par trop systématique, vise à minimiser à l’extrême le caractère votif et marin de ces lampes. 134 I, D   lampes naviformes, il est dificile de ne pas considérer que leur propriétaire, ou leur dédicant, n’ait pas eu un quelconque rapport avec le milieu maritime, comme en témoignent les provenances des exemplaires mis au jour (Ostie, Pouzzoles, Carthage, Gigthis, ...). Sans doute est-ce pour des raisons de cet ordre que l’on a exhumé certaines de ces lampes de tombes, à Gerasa ou à Athènes, qui ont pu être celles de marins. Les questions soulevées par l’existence de lieux de cultes pour Isis, Dame des flots, et les utilisations possibles de certaines lampes-naviformes nous ont amené à évoquer la célébration de fêtes en l’honneur d’Isis dame de la mer, festivités qui vont maintenant retenir notre attention. 3. Les fêtes en l’honneur d’Isis, dame de la mer Ainsi précisées, caractérisées et développées, les prérogatives maritimes et fluviales d’Isis ne peuvent qu’être célébrées à l’occasion de cérémonies particulières. Toutefois, l’origine de telles manifestations est bien délicate à préciser. On peut certes imaginer que, à partir du moment où le cadre idéologique fortement suggéré par l’Arétalogie se met en place, cet aspect de la déesse ne manque pas d’être reconnu et fêté comme il se doit. Il est en revanche bien plus dificile d’établir à quel moment, dans quel contexte et sous quelles conditions ce trait de sa personnalité est devenu sufisamment important pour que des cérémonies spécifiques lui soient consacrées. C’est seulement à l’époque impériale que la documentation nous permet d’appréhender la question, deux fêtes du calendrier romain mettant directement en scène Isis marine : le Navigium Isidis du 5 mars et le Sacrum Phariae du 25 avril. a. Le Navigium Isidis La fête qui marque la réouverture des routes maritimes en Méditerranée, au printemps, est appelée Πλοιαφéσια dans une inscription de Byzance 121 , chez Apulée 122 et Jean Le Lydien 123 . Dans le domaine latin, elle porte le nom de Navigium Isidis, attesté par les Ménologes rustiques 124 , Lactance 125 , le calendrier du Chronographe de 354 (dit de Philocalus) 126 , Claudien 127 , Fulgence 128 et le SIRIS 130 = RICIS 114/0703 (début du er siècle apr. J.-C.). Voir également L. Vidman, Isis und Sarapis, p. 76-78. 121 122 Métam. XI, 17 (ca 175 apr. J.-C.), après correction de la leçon des manuscrits, qui donnaient ΑΟΙΑΦΕΣΙΑ. Cette correction, admise par quasiment tous les auteurs, a été rejetée par A.-J. Festugière, Initiée par l’époux, MonPiot 53 (1963), p. 142-143. 123 De Mensibus IV, 45 (milieu du  e siècle apr. J.-C.), qui établit l’équivalence entre cette navigation et la fête des Ploiaphesia. 124 CIL I2, p. 358. 125 Div. Inst. I, XI, 21 (début du e siècle apr. J.-C.). 126 CIL I2, p. 338. 127 De Isidis navigio (fin du e siècle apr. J.-C.). 128 Mythologiae I, 20 (e-e siècles apr. J.-C.). U   I, D   LES LIEUX DE CÉLÉBRATION DU NAVIGIUM ISIDIS Tomis Sinope ? Byzance Rome Nicomédie ? Amphipolis Kios Misène ? Chalcis ? Érétrie Cenchrées Éphèse Séleucie de Piérie ? Ténos ? 135 300 0 km 150 600 450 750 km FDx 136 I, D   Troisième mythographe du Vatican 129 . Ausone 130 use de la périphrase natalis ratis isiacae et Végèce 131 l’évoque sans la nommer 132 . Les Ménologes rustiques, qui ne précisent pas le jour, la situent en mars ; le calendrier de 354 et Jean le Lydien la placent précisément le 5 du mois. Comme l’écrivait quelques siècles plus tôt Pline l’Ancien (NH II, XLVII, 122) : Ver ergo aperit navigantibus maria. C’est le printemps qui ouvre les mers à ceux qui naviguent. Végèce (IV, 32), de son côté, à la toute fin du e siècle, rappelle que s’il est aisé de naviguer entre le 27 mai et le 14 septembre, mieux vaut se montrer prudent du 10 mars au 27 mai et du 14 septembre au 11 novembre. Entre cette date et le début mars, les mers sont théoriquement fermées. Mais comme le note M. Reddé, ces dates sont en fait approximatives, et de nombreux textes montrent que, même au plus fort de l’hiver, toutes les relations maritimes n’étaient pas interrompues. D’abord le cabotage local restait possible ; ensuite les risque-tout, ou ceux que leurs afaires obligeaient absolument à partir, ceux que l’appât du gain tenaillait, prenaient parfois la mer pendant la mauvaise saison à condition de trouver un bateau et un équipage. 133 Toujours est-il qu’à une date printanière, même légèrement mobile, on célébrait un peu partout en Méditerranée une fête pour marquer cette réouverture oficielle. Une description de cette fête, souvent considérée comme canonique, mais qui peut n’être qu’un exemple particulier, se lit au livre XI des Métamorphoses d’Apulée. L’écrivain de Madaure, qui situe la célébration à Cenchrées, le port oriental de Corinthe, précise en efet qu’elle s’efectue dans la langue et selon le rite grecs (sermone rituque Graeciensi), ce qui peut laisser supposer qu’il existe une, sinon plusieurs autres façons de la conduire. D’après ce récit, le lancement du navire (Métam. XI, 16-17) est précédé d’une mascarade (Anteludia ; Métam. XI, 8) 134 et Script. rerum mythicarum III, 5 (e-e siècles apr. J.-C.). 130 De feriis romanis 24 (fin du  e siècle apr. J.-C.). 131 Epitoma rei militaris IV, 39 (ca 400 apr. J.-C.). 132 R. Merkelbach, Navigium Isidis, p. 217-219, considère qu’un passage de Suétone, Nero, XX, 2, fait directement allusion à la fête du Navigium Isidis : Captus autem modulatis Alexandrinorum laudationibus, qui de novo commeatu Neapolim confluxerant, plures Alexandria evocavit. Charmé de s’entendre loué dans des cantates par des Alexandrins tout juste débarqués à Naples, il [Néron] en fit venir un encore plus grand nombre dans cette ville. Malgré certains rapprochements lexicaux avec Apulée, Métam. XI, 5.5, 9.4-5 et 16.7, cette hypothèse n’est guère convaincante. 133 M. Reddé, J.-C. Golvin, Voyages sur la Méditerranée romaine, Paris 2005, p. 7. 134 C’est l’unique témoignage de l’existence d’une mascarade liée à une fête isiaque. S’agit-il d’une simple réjouissance, indépendante du rite, ou d’une manifestation purement isiaque, les déguisements ayant alors une valeur symbolique ? Pour J. G. Grifiths, Isis-book, p 172-180, qui rappelle la position des nombreux commentateurs, cette exubérance n’a rien d’isiaque. Ce n’est pas la thèse d’A. Alföldi, Vota Publica, p. 74-78, qui voit dans la fête isiaque du 5 mars l’origine de notre carnaval, ce que rejettent plusieurs auteurs ; voir par exemple M. Meslin, Fête, p. 86-87. N. Genaille, Carnaval, a développé une réflexion très séduisante sur ce point. Selon elle, il ne s’agit pas seulement d’une explosion de joie populaire à la fin de l’hiver, mais aussi d’une satire libératrice, où l’homme nargue, pour les vaincre, les forces néfastes de la nature. La mascarade dénonce les lieux communs et les apparences trompeuses, la fausse respectabilité et l’hypocrisie des activités mondaines. Cette absurdité met en lumière la beauté ordonnée de la procession 129 U   I, D   137 d’une procession très colorée (Métam. XI, 9-11) : des femmes tout d’abord, vêtues de blanc, versent sur le sol pétales et parfums sur le parcours du cortège sacré, tandis que d’autres tendent des miroirs pour refléter l’image de la déesse Isis, dont certaines miment la parure. Une foule nombreuse des deux sexes s’avance, porteuse de luminaires variés (lampes, torches, cierges). Viennent ensuite des musiciens et un chœur de jeunes hommes eux aussi vêtus de blanc, précédant les initiés aux mystères, hommes au crâne rasé et femmes aux cheveux humides de parfums. Ils sont suivis par les ministres du culte : le premier tient une lampe en or en forme de nacelle, à orifice central ; le second soutient un petit autel ; le troisième porte une palme faite d’une feuille d’or et le caducée de Mercure ; le quatrième montre à la foule une main gauche figurée la paume ouverte et porte un petit vase d’or arrondi en forme de mamelle pour les libations de lait ; le cinquième tient un van d’or chargé de rameaux d’or, et le sixième, une amphore. À leur suite, défilent les images des dieux Anubis et Isis, puis deux prêtres tenant corbeille et hydrie sacrées. Enfin, se presse la foule. Tous se dirigent vers le port. Un navire, du nom d’Isis, magnifiquement décoré, les y attend. Le grand-prêtre prononce alors les prières rituelles, purifie le bateau et le consacre à Isis ; la foule des dévots le charge d’aromates et d’ofrandes votives, verse sur les flots des libations de bouillie au lait. Libéré de ses attaches, le navire prend la mer, sans doute manœuvré à cette occasion par les navarques. De retour au temple, le grammateus prononce des vœux de prospérité pour l’Empereur, le Sénat, l’ordre équestre, le peuple romain, tous les navigateurs et tous les navires. Enfin, il proclame les Ploiaphesia, littéralement le lancement des navires 135 . Si, grâce au texte d’Apulée, le déroulement et le contenu de la fête semblent relativement bien connus 136 , si le sens à donner à ces cérémonies, à savoir rouvrir la navigation après l’interruption hivernale, en plaçant celle-ci sous le patronage isiaque qui suit la liesse carnavalesque, et la vraie sagesse des adorateurs d’Isis. Ce paragraphe comique ne doit donc pas être dissocié de la procession du Navigium Isidis. Sous forme d’antithèse, il en constitue véritablement le prélude, selon le terme même d’Apulée : Anteludia. Pour G. F. Gianotti, Anteludia, ceci montre de manière spectaculaire comment la religion d’Isis, unificatrice et universelle, accueille les diférents types humains et les diverses catégories sociales. Selon lui, Apulée accepte sans réserve la double dimension de divertissement et de sérieux qui caractérise les fêtes populaires et il connaît l’importance de l’élément comique pour susciter l’intérêt et transmettre un message. 135 Pour un commentaire perpétuel de ce passage, qu’il n’est pas utile de reprendre ici, J. G. Grifiths, Isis-Book, p. 181-233 (procession) et p. 259-269 (Ploiaphesia), avec l’imposante bibliographie antérieure. On y ajoutera entre autres M. C. Marín Ceballos, Religión de Isis ; Ph. Bruneau, Statues, p. 340-341 ; Fr. Perpillou-Thomas, Fêtes d’Égypte, p. 114-116 ; et K. Lembke, Iseum Campense, p. 122-124. Notons simplement qu’Osiris n’est pas absent de cette cérémonie, et que sa présence cachée se lit en filigrane au travers de la présence de symboles divers : la ciste et l’hydrie (M. Malaise, Ciste et hydrie, p. 125-155), ou le pin dont est fait le mât du navire (N. Fick, Symbolique végétale, p. 334 ; P. Koemoth, Isis, les arbres, p. 149-150). 136 À la fin du  e siècle, Végèce, Epit. rei milit. IV, 39, précise encore que cet événement marquant la reprise des activités économiques était l’occasion de diverses réjouissances, comprenant entre autres des combats navals et un spectacle public : Ex die tertio idus Novembres usque in diem sextum idus Martias maria clauduntur ; nam lux minima noxque prolixa, nubium densitas, aëris obscuritas, ventorum imbri vel nivibus geminata saevitia non solum classes a pelago sed etiam commeantes a terrestri itinere deturbant. Post natalem vero, ut ita dicam, navigationis, qui sollemni certamine publicoque spectaculo multarum urbium celebratur ... Du troisième jour avant les ides de Novembre jusqu’au sixième avant celles de Mars, les mers sont fermées ; en efet, la brièveté du jour et la longueur de la nuit, l’épaisseur des nuages et l’obscurité de l’air, la cruauté des vents amplifiée par la pluie et la neige détournent non seulement les navires de la 138 I, D   d’Isis, paraît clair, l’origine et la date de ces Ploiaphesia ont suscité bien des interrogations 137 . Les cérémonies sont mises explicitement en relation avec Isis dans l’inscription de Byzance, que l’on date du er siècle apr. J.-C. Les autres documents la mentionnant sont tous postérieurs. Toutefois, il ne semble pas impossible de faire remonter ce lien plus haut. Mais jusqu’où ? Nous avons vu que les arétalogies, dont le prototype pourrait remonter au e siècle av. J.-C., font déjà d’Isis la patronne de la navigation. Cependant, il s’agit de textes de propagande et rien ne permet de dire que cet énoncé fut aussitôt suivi de manifestations concrètes telles que la fête qui nous occupe. Chronologiquement, le second élément que l’on pourrait avancer est d’ordre numismatique. Les premières monnaies au type d’Isis à la voile 138 sont apparues dans le monnayage séleucide, lors du règne d’Antiochos IV (175-164 av. J.-C.). Elles furent frappées à Byblos. Jusqu’au e siècle apr. J.-C., le type est récurrent dans les émissions de la cité phénicienne. Peut-on pour autant en faire à coup sûr l’illustration de la célébration des Ploiaphesia ? Non, même si nous sommes pourtant enclin à le penser. Nous avons déjà évoqué l’influence, même indirecte, qu’a pu avoir Byblos sur la genèse d’Isis marine, et ce à deux reprises. D’abord lorsque Hathor, dame de Byblos, y gagna son caractère de dame de la mer ; ensuite quand Isis, dans l’épisode giblite de la quête d’Osiris, s’y rendit par mer, faisant preuve d’ingéniosité autant que de courage 139 . Nous ne serions alors guère étonné que cette frappe puisse à la fois rappeler les liens étroits unissant la cité portuaire à Isis et commémorer la réouverture de la navigation en Méditerranée, désormais placée sous la protection de la déesse. Le troisième élément est une grande stèle trouvée dans l’Isieion d’Érétrie ; elle présente une liste de navarques, datée du er siècle av. J.-C., et gravée au revers d’une liste d’éphèbes érétriens du début du e siècle av. J.-C. 140 Cette liste est l’œuvre de diférentes mains et s’est constituée au fil des années, mais toujours sous la prêtrise de Dionysios, fils de Philoclès. Il est vraisemblable que nous sommes en présence mer, mais aussi les voyageurs de leur route terrestre. Ensuite, vient le jour anniversaire, pourrait-on dire, de la naissance de la navigation, qui est célébré par un combat solennel et un spectacle public dans de nombreuses villes. 137 Voir par exemple la mise au point de F. Dunand, Culte d’Isis III, p. 223-230. 138 Pour G. Manganaro, Monetazione, p. 261-262, ce ne serait toutefois pas la plus ancienne représentation numismatique d’Isis marine. Sur une monnaie d’argent de Syracuse datant de la IIe République (215-212 av. J.-C.), on voit au revers une figure féminine tenant un long rameau de la gauche et un rouleau en partie déroulé de la droite. Cet objet a été interprété dans la SNG Lockett Collection, 1024 comme un sistre, identification acceptée par la plupart des auteurs ; P. R. Franke, Hierons II, p. 80 ; SNG München, 1439 ; SNG Fitzwilliam Museum, 1440 ; SNG Ashmolean Museum, 2125. G. Manganaro reconnaît Isis Pelagia sur cette monnaie en raison de la voile gonflée derrière les épaules, une identification maintenue dans plusieurs autres études : Ripostiglio siciliano, p. 37, no 7, pl. 10.7 ; id., Egitto e Sicilia, p. 534, sur laquelle nous émettons les réserves les plus vives (SNRIS à paraître). 139 Voir supra p. 18-22. N. Pappadakis, AD 1 (1915), p. 158-169 = IG XII Suppl. 557 = SIRIS 80 = Ph. Bruneau, Érétrie, no VIII p. 79-84 et pl. XXXII = RICIS 104/0109. Le début de cette même liste, avec des variantes mineures, fut gravé sur une autre stèle, de schiste vert celle-là : N. Pappadakis, AD 1 (1915), p. 158 = IG XII Suppl. 558 = SIRIS 81 = Ph. Bruneau, Érétrie, no IX p. 84-85 = RICIS 104/0110. Pour expliquer cette singularité, Ph. Bruneau a proposé, sans doute à juste titre, de comprendre que la gravure sur schiste n’étant pas satisfaisante, on a abandonné rapidement celle-ci pour graver la liste, avec quelques retouches, sur la stèle de marbre. 140 U   I, D   139 d’une liste énumérant, année après année, les membres de l’équipage d’un jour du navire mis à la mer à l’occasion des grandes Πλοιαφéσια 141 . Une autre inscription, de même époque, concerne elle aussi des navarques 142 . Ces documents impliquent clairement la célébration de cette fête depuis au moins le er siècle av. J.-C. La plupart des auteurs ont voulu attribuer la paternité de celle-ci à Alexandrie 143 , ce qui est possible mais ne s’impose pas, en l’absence de véritable argument ; Byblos, nous l’avons vu, est un candidat tout aussi acceptable. S’agissant des origines de cette fête, R. Merkelbach avait efectué un rapprochement subtil entre les Ploiaphesia, qui concernent essentiellement Isis, et les Kikellia ptolémaïques du mois de Choiak évoqués dans le Décret de Canope où Osiris tient le premier rôle 144 . Un poème gravé sur une stèle retrouvée dans le sanctuaire isiaque de Thessalonique 145 , qui ferait allusion à une fête de la navigation, lui donna l’occasion de réafirmer ce point de vue. Œuvre d’un certain Damaios, fils d’Hégésandros, Macédonien de Thessalonique, elle est dédiée à Osiris et peut être datée de la fin du e siècle av. J.-C. Le texte célèbre l’édification d’un téménos de bonne pierre consacré à Osiris et à l’intérieur duquel a été placée une larnax ; le périple de l’époux d’Isis est ensuite évoqué, conclu par des réjouissances ; enfin, pour l’auteur du poème, Osiris est celui qui, le premier de tous, a assemblé les planches d’un navire à rames, dont il s’est par la suite servi 146 . Pour R. Merkelbach cette ofrande fut déposée lors de la fête du Navigium Isidis 147 . C’est fort peu probable. Certes, le périple d’Osiris auquel il est fait allusion ici est bien celui du 29 Choiak, qui s’efectue entre le temple d’Amon-grb d’Héracléion et l’Osireion de Canope. Il doit 141 Cette suggestion avait déjà été faite par Ph. Bruneau, Érétrie, p. 141. Sur les navarques, voir infra p. 143 sqq. 142 N. Pappadakis, AD 1 (1915), p. 152-153 = IG XII Suppl. 565 = SIRIS 82 = Ph. Bruneau, Érétrie, n o X p. 86-88 et pl. XXXIII = RICIS 104/0111. 143 Par exemple J. Hani, Religion égyptienne, p. 378. 144 R. Merkelbach, Isisfeste, p. 35-41. Il a été suivi, entre autres, par L. Castiglione, Isis Pharia, p. 41-43. Mais voir déjà les réticences de F. Dunand, Culte d’Isis III, p. 229-230. 145 IG X 2, 108 et pl. IX = M. Totti, Texte, n o 72 p. 163 = RICIS 113/0506. Voir aussi J. Bingen, Dédicace osiriaque, p. 288-291 ; R. Merkelbach, Zwei Texte, p. 45-49 ; P. Koemoth, Mythe hellénisé d’Osiris, p. 42-44. 146 Σοì τóδε δωµητòν τéµενο̋ θéτο, δαîµον >Οσε[îρι], λáρνακá τε γλαφυρàν Ïνδοθι ναµóφορον; Ïνθα περιπλöει̋ σù κατ’ στεροφεγγéα νúκτα καì τεúχει̋ Çρατäν Ισιν Çν γλα·αι̋. Α¹τò̋ γàρ πáµπρωτο̋ Çπåξαο νåϊα δοûρα καì πóρον ε¹ξéστοι̋ τµæξα̋ Ïνερθε πλáται̋. λλ’ ƒνα, Φυλακíδηι τε καì υ°éϊ καλòν Äπáζοι̋ δ÷ρον Çϋκλε·η̋ ƒµφω πηµοσúνηι, Ìφρα τι̋ µερíων λεúσσων τáδε θυµòν Äτρúνηι σφω·τεροµ µακáρωµ µåποτε λæστιν Ïχειν. ∆αµαíου. C’est pour toi, divin Osiris, que [Phylakidès] a élevé cet enclos bâti et, à l’intérieur, le cofre bien ouvré qu’emporte le courant, là où tu accomplis ton périple par la nuit brillante d’étoiles et rends Isis charmante au milieu des réjouissances. En efet, toi-même, le premier de tous, tu as assemblé les planches d’un navire et tu t’es frayé une voie avec des rames soigneusement polies. Mais lève-toi et puisses-tu accorder à Phylakidès et à ses fils le beau don de la renommée en les gardant sains et saufs, tant qu’un mortel, en voyant tout ceci, incitera son cœur à ne jamais oublier les dieux. (Poème de) Damaios. (Trad. J. Bingen). 147 R. Merkelbach, Zwei Texte, p. 47-48, suivi entre autres, par M. Totti, Texte, n o 72 p. 163. 140 I, D   correspondre à la partie terminale de la quête d’Isis lorsque, après avoir parcouru les marais dans une barque de papyrus à la recherche d’Osiris démembré 148 , elle ramène, seule, le corps du dieu 149 . D’ailleurs, la référence aux réjouissances concluant cette terrible quête renvoie clairement aux fêtes célébrées en l’honneur d’Osiris retrouvé, l’Inventio Osiridis des Romains. C’est pourquoi nous ne croyons pas que cette λáρναξ ναµóφορο̋ soit un cofre contenant une urne remplie d’eau sacrée du Nil, comme il le propose 150 , mais plutôt, comme le suggère J. Bingen, une reproduction du cofre-cercueil d’Osiris emporté par le courant vers Byblos 151 . Or, comme l’a montré M. Malaise 152 , rien ne permet de relier l’épisode d’Osiris flottant sur les eaux avec la fête de la réouverture de la navigation. Le contenu respectif de chaque fête est trop dissemblable, la discordance des dates trop inconciliable. Quant au vers faisant d’Osiris en quelque sorte l’inventeur de la navigation, il démarque l’Arétalogie d’Isis, dont un exemplaire a été retrouvé dans l’enceinte du sanctuaire thessalonicien, au bénéfice de son frère-époux 153 . Il n’est donc pas question des Ploiaphesia dans ce poème. Plusieurs représentations figurées, peintures et mosaïques, ont été associées au Navigium Isidis. Parmi les nombreuses mosaïques découvertes à Antioche sur l’Oronte, deux ont parfois été mises en rapport avec la fête marquant l’ouverture de la navigation. Dans la Maison du Calendrier, datée du e siècle apr. J.-C., le mois de mars est représenté par une figure féminine portant une tunique blanche avec un manteau brun noué sur la poitrine ; coifée de feuillages, elle tient une coupe à libation 154 . D. Levi, dans son étude sur les mosaïques d’Antioche et de son port Séleucie, estime que, s’il s’agit bien d’une divinité ou d’une prêtresse, on peut songer à la cérémonie du Navigium Isidis. Cela semble bien fragile, d’autant que dans les calendriers, c’est le mois de novembre que symbolise généralement Isis ; il faut sans doute reconnaître ici plutôt Déméter. Dans la Maison des mystères d’Isis 155 , une mosaïque en partie détruite, datable du milieu du e siècle apr. J.-C., laisse voir deux navires dans une baie et au-dessus desquels plane une Victoire. Un personnage s’apprête à monter dans un troisième navire. Pour D. Levi, il s’agit sans doute là encore d’une allusion au Navigium Isidis, la maison ayant probablement appartenu, selon lui, à un fidèle d’Isis. Force est de reconnaître que ce panneau central est si 148 Plutarque, De Iside et Osiride, 18. 149 P. Oxy. XI 1380, 186-189. Comparer avec le Décret de Canope : OGIS I 56, l. 41 ναγωγå et l. 54 περíπλοο̋. 150 R. Merkelbach, Zwei Texte, p. 45, accentuant ναµóφορο̋, au sens actif de qui emporte l’eau. 151 Plutarque, De Iside et Osiride, 13, allusion au mythe osirien, lorsque le corps du dieu, découpé en morceaux par Seth, fut emporté par le courant du Nil jusqu’à la Méditerranée, puis vers Byblos. 152 M. Malaise, Conditions, p. 219-220 ; J. G. Grifiths, Isis-Book, p. 38-41 ; et surtout, M. Malaise, Documents nouveaux, p. 704-705. 153 Osiris vient ainsi s’ajouter à la liste impressionnante des inventeurs supposés de la navigation dressée par Pline, NH VII, LVI, 206-209. 154 D. Levi, Mosaic Pavements I, p. 37-38 et pl. V b. Pour F. W. Norris, Isis, Sarapis and Demeter, p. 204, la déesse du mois de mars sur cette mosaïque représenterait plutôt Déméter qu’Isis. 155 D. Levi, Mosaic Pavements I, p. 164-165 et II, pl. XXXIII b ; S. D. Campbell, Mosaics of Antioch, pl. 205. U   I, D   141 endommagé qu’une identification assurée semble impossible, tant au Navigium Isidis qu’à autre chose 156 . D’Ostie provient une peinture 157 sur laquelle figurent deux scènes montrant des enfants assemblés en procession ou pour des cérémonies religieuses. Elles ont suscité bien des interprétations. La plus satisfaisante, proposée par A. Piganiol 158 , est d’y voir un calendrier dont chaque mois serait illustré par des fêtes : la plupart des auteurs s’accordent pour retrouver ainsi, dans l’un des tableaux, une scène du Natalis Dianae, célébré le 13 août, et une autre relative à une fête des vendanges 159 . L’autre tableau Fig. 63. Peinture d’Ostie. Bibliothèque Vaticane. pose davantage de problèmes (fig. 63). Sur celui-ci, on reconnaît un voilier, apporté au rivage sur une charrette traînée par deux enfants, et mis à flots. A. Piganiol voyait dans cette scène une évocation des régates des Neptunalia du 23 juillet, mais H. Stern propose d’y voir deux cérémonies distinctes : le Navigium Isidis du 5 mars, à gauche, avec le navire d’Isis apporté au rivage lors d’une procession 160 , et l’anniversaire de Septime Sévère, célébré le 11 avril, à droite. Selon ce dernier auteur, on avait l’habitude, à la date du 5 mars, d’abandonner au gré des flots et des vents un navire sans équipage, chargé de dons pour obtenir la faveur et la protection d’Isis, déesse de la mer. Il paraît clair que c’est cette fête décrite en détail par Apulée, et 156 Cette mosaïque très fragmentaire est reproduite, assez médiocrement et partiellement, dans le catalogue de I. Pekáry, Schiffsdarstellungen, SYR-1, p. 341. Antakya, Museum no inv. 1006. 157 Trouvée en 1868, peut-être dans un hypogée, elle est conservée aujourd’hui à la Bibliothèque Vaticane. 158 A. Piganiol, Le calendrier illustré d’Ostie, dans ses Jeux romains, p. 44-57. 159 Ainsi H. Stern, Cycle illustré, p. 125-126. 160 B. Nogara, l’un des premiers commentateurs de cette peinture dans Nozze Aldobrandine, p. 76-77, avait déjà envisagé cette hypothèse, sans la retenir. V. Tran tam Tinh, Herculanum, p. 45, n. 9, rapprocherait plutôt ce thème de scènes semblables figurées sur des oenochoe attiques, et rejette l’identification au Navigium Isidis. 142 I, D   plus particulièrement la cérémonie centrale de l’envoi du bateau vers le large que représente la fresque. Le voilier, transporté dans une charrette sur le rivage, vient d’être mis à l’eau. Deux esclaves s’en reviennent en traînant derrière eux le véhicule dans lequel ils avaient déplacé le navire. 161 L’idée est séduisante, mais, outre le fait que deux enfants font dificilement une procession et qu’aucun élément proprement isiaque n’apparaît dans la scène, il est fort peu probable que le bateau lâché sur les flots à l’occasion soit un modèle réduit, une maquette sans équipage. L’embarcation mise à flot lors de la cérémonie devait être un véritable navire 162 , fut-il de petite taille, sur lequel prenaient place un vrai pilote secondé par des navarques, aux compétences maritimes certainement variables. C’est pourquoi il nous paraît dificile de retrouver dans cette scène une illustration de l’épisode central du Navigium Isidis. À Rome, des fouilles menées dans le secteur de l’église de Santa Sabina ont mis au jour ce qui paraît être un lieu de réunion isiaque, plutôt qu’un véritable Iseum 163 . Construit à l’extérieur de la ville, près de l’enceinte, au début du er siècle, ses parois étaient recouvertes de grafitis et de peintures de facture médiocre et mal conservées. Parmi elles, une scène nautique pourrait rappeler la fête du Navigium Isidis, ou tout autre chose. Enfin, huit tableaux représentant une bataille (plutôt qu’une parade) navale, peints dans le péribole de l’Iseum de Pompéi 164 , évoqueraient pour certains 165 la fête du Navigium Isidis, ce qui nous paraît très contestable. Aucun document autre que le texte de Végèce, qui écrit à la fin du e siècle, ne nous permet en efet d’afirmer qu’une naumachia avait lieu à l’occasion des cérémonies marquant l’ouverture de la navigation. Sans doute ces peintures renvoient-elles plutôt, plus généralement, à la souveraineté d’Isis sur les mers et à la protection qu’elle peut assurer à tous les marins 166 . Mentionnons encore une autre peinture de ce temple 167 , provenant du sacrarium, qui montre deux barques de type égyptien ; dans l’une d’elles a pris place un personnage féminin  Isis très vraisemblablement ; dans l’autre se trouve un cofre surmonté d’un faucon. Plusieurs auteurs ont voulu y voir une représentation du Navigium Isidis 168 , ce qui n’a guère de sens. Il s’agit d’une scène représentant la 161 H. Stern, Cycle illustré, p. 126. 162 J. G. Grifiths, Isis-Book, p. 46-47. Pour cet auteur, le navire partait pour une destination réelle, qui aurait pu être Délos dans le cas de la fête de Cenchrées. Cela nous semble peu probable. Si l’équipage du navire était bien constitué, comme nous le pensons (voir infra p. 146), pour partie sinon entièrement de navarques isiaques, on imagine mal les voir s’embarquer pour un périple au long cours. 163 F. Darsy, Sainte-Sabine ; M. J. Versluys, Aegyptiaca Romana, p. 365-366 avec la bibliographie antérieure. Musée de Naples, nos inv. 8519, 8527, 8529, 8530, 8541, 8552, 8554 et 8590. K. Schefold, Theologie Alexandrias, p. 178 ; V. Tran tam Tinh, Pompéi, p. 98-100 ; E. Moormann, The Temple of Isis at Pompeii, dans L. Bricault et al. (éds), Nile into Tiber., p. 150. 164 165 Par exemple J.-M. Croisille, Paysages et natures mortes au temple d’Isis à Pompéi, dans D. Porte et J.-P. Néraudau (éds), Res sacrae. Hommages à Henri Le Bonniec (= Coll. Latomus 201), Bruxelles 1988, p. 131 et pl. X. 166 Même opinion chez E. Moormann, Temple. 167 V. Tran tam Tinh, Pompéi, p. 143-144 et pl. 10, 1. Musée de Naples, no inv. 8929. 168 R. Merkelbach Der Isiskult in Pompei, Latomus 24 (1965), p. 145 ; G. Capriotti Vittozzi, Note sulla comprensione dell’Egitto nel mondo romano, Rivista storica dell’antichità 30 (2000), p. 137 ; M. Bommas, Heiligtum und Mysterium, p. 68. U   I, D   143 quête d’Isis, dans laquelle le faucon doit être Sokar-Osiris 169 . À l’issue de ce rapide tour d’horizon, force est de constater qu’aucune représentation assurée du Navigium Isidis ne nous est encore parvenue 170 . La fête de l’ouverture de la navigation devait être célébrée dans de très nombreux ports du bassin méditerranéen : à Byzance 171 , à Cenchrées, où Apulée situe son récit, mais aussi à Érétrie 172 , Séleucie de Piérie 173 , Tomis 174 , Éphèse 175 , Amphipolis 176 et Cios 177 , cités pour lesquelles sont connus des navarques, des hiéronautes et des triérarques isiaques. Le témoignage des émissions monétaires permet vraisemblablement d’allonger cette liste 178 ; en efet, on retrouve le type d’ Isis à la voile, outre à Byblos, sur des frappes d’Alexandrie, Amastris, Anchialos, Aspendos, Callatis, Cleonae, Corinthe, Éphèse, Iasos, Cyme, Magnésie du Méandre, Nicomédie, Périnthe, Philadelphie de Lydie (?), Philippopolis de Thrace et Phocée 179 . La présence, dans cette liste, d’au moins une cité fluviale (Philippopolis, sur l’Hébros) 180 laisse entendre qu’à l’époque impériale on célébrait également les Ploiaphesia sur des cours d’eau, sinon des lacs. Deux des navires de luxe de Caligula, construits à la mode égyptienne et attestés par les auteurs latins, ont été découverts au fond du lac de Nemi. Peut-être avaient-ils été consacrés et mis à l’eau lors d’une célébration du Navigium Isidis 181 ? M. Malaise suggère que des cérémonies marquant l’ouverture de la navigation ont pu avoir lieu également sur le lac de Garde 182 . 169 J. G. Grifiths, Isidis Navigium, p. 135-136. 170 Dans une inscription peinte sur le mur gauche de la Grotta Regina, près de Palerme, au-dessus de la représentation d’un navire à double rang de rames, on a reconnu le nom d’Isis écrit en caractères néo-puniques. B. Rocco, Grotta Regina, p. 547-554, et id., SicArch 5 (1969), p. 23-26 fig. 6-7 ; M. G. Guzzo Amadasi, dans A. M. Bisi, M. G. Guzzo Amadasi (éds), Grotta Regina, Roma 1969, p. 45-46 et pl. XIX-XX ; G. Sfameni Gasparro, Culti orientali, p. 251-252 no 273 et fig. 84 ; RICIS 518/0101. B. Rocco envisageait de retrouver ici une allusion au Navigium Isidis. P. Bartoloni, Navi puniche, p. 34-35, suivi par G. Coacci Polselli, M. G. Guzzo Amadasi et V. Tusa, Iscrizione puniche, p. 96-98, a montré qu’il s’agissait en fait de la représentation d’un navire de guerre. Nous pensons qu’il s’agit probablement de l’acte de dévotion d’un marin. Isis pourrait éventuellement être le nom du bateau. L’ensemble est daté du er siècle av. J.-C. ou du er siècle apr. J.-C. 171 SIRIS 130 = M. Tacheva-Hitova, Eastern Cults, no I, 54 p. 32-35 = I. Byzantion 324 = RICIS 114/0703. 172 Voir supra p. 138. 173 IGLS III 1, 1144 = SIRIS 355a = RICIS *402/0201. 174 D. M. Teodorescu, Monumente inedite din Tomi, Bucuresti 1918, n o 3 p. 8-15 = SIRIS 709 = M. TachevaHitova, Eastern Cults, no I, 18 p. 13-14 = ISM II (1987), no 98 (64) = RICIS 618/1007. 175 CIG II 2955 = SIRIS 302 = I. Ephesos IV 1213 = RICIS 304/0609. 176 Chr. Veligianni, Trierarchos, p. 241-246 = RICIS 113/0908. 177 LBW 1143 = SIRIS 324 = I. Kios no 22 = RICIS 308/0301. 178 Sur le sens à donner aux émissions monétaires au type d’Isis à la voile, voir supra p. 138. 179 SNRIS (à paraître). 180 L’existence du type pour Philadelphie demande à être confirmée. Voir supra p. 71 n. 54. 181 L’hypothèse a été émise par L. Morpurgo, Nemi, p. 304. De leurs épaves, on retira notamment un fragment de sistre, des situles dorées et un simpulum. G. Ucelli, Navi di Nemi, p. 290-291, et fig. 145, p. 136, pour le fragment de ce qui serait un sistre en bronze. Voir aussi sur ce point E. Köberlein, Caligula, p. 23 ; M. Malaise, Inventaire, p. 65. 182 M. Malaise, Conditions, p. 221, n. 5. 144 I, D   Cette fête de l’ouverture de la navigation était encore en faveur au e siècle, comme en témoignent, outre le Calendrier de 354, certains médaillons contorniates 183 émis à Rome dans la seconde moitié du siècle 184 . Cette importance s’explique, comme Isis le déclare à Lucius 185 , par le fait que : Diem [...], quo sedatis hibernis tempestatibus et lenitis maris procellosis fluctibus nauigabili iam pelago rudem dedicantes carinam primitias commeatus libant mei sacerdotes. En ce jour où l’hiver fuit avec ses tempêtes, où le calme est rendu aux flots impétueux, où la haute mer redevient navigable, mes prêtres, en me dédiant un navire neuf, m’ofrent les prémices du commerce. Au-delà de la navigation elle-même, c’est donc la prospérité et la paix dans l’Empire que la déesse assure. Les vœux publics formulés au cours de la fête le sont : Principi magno senatuique et equiti totoque Romano populo, nauticis nauibus quaeque sub imperio mundi nostratis reguntur. Pour l’Empereur et le Sénat, pour les chevaliers et tout le peuple Romain, pour les marins et les navires et pour tout ce qui dépend de la domination romaine. Le culte d’Isis, sinon les cultes isiaques dans leur ensemble 186 , est alors clairement devenu un culte romain à part entière, même si, à l’occasion, telle ou telle cérémonie peut encore abriter un ritus aegyptiacus. Comme l’écrit N. Belayche, la naturalisation est efective au er siècle de notre ère. Le Navigium Isidis est inscrit au calendrier et, comme le signalait justement Minucius Felix à la fin du e siècle 187 , “ce culte jadis égyptien (haec tamen aegypta quondam) est aussi de nos jours un culte romain (nunc et sacra romana sunt)”. 188 Nous avons évoqué en passant quelques acteurs du Navigium Isidis. La plupart sont évidemment restés anonymes. Toutefois, les titres portés par certains sont parvenus jusqu’à nous, attestés par quelques documents épigraphiques. Mais qui sont donc ces navarques, ces triérarques, ces ναυβατοûντε̋ et ces °εροναûται ? Le titre de navarque 189 pose problème dans la mesure où il n’apparaît pas toujours dans un contexte expressément isiaque, et où il peut donc être aisément 183 A. et E. Alföldi, Kontorniat I, no 112 et pl. 38. 184 Nous ne citerons que pour mémoire la thèse d’A. Alföldi, Festival of Isis, p. 42-58, et id., Vota Publica, p. 74-78, selon laquelle, à partir du e siècle apr. J.-C., le Navigium Isidis aurait été célébré par anticipation lors des Vota Publica du 3 janvier de manière à identifier les vœux pour l’Empereur à la fête du renouveau de la nature. Cette thèse a été rejetée, entre autres, avec des arguments définitifs par L. Vidman, Isis und Sarapis, p. 77-78, et M. Malaise, Conditions, p. 220-221. 185 Apulée, Métam. XI, 5 et XI, 17 pour la citation suivante. 186 Sur cette distinction, voir nos remarques dans L. Bricault, Bilan et perspectives, p. 91, complétées et précisées par celles de M. Malaise, Terminologie, p. 29-30. 187 Octavius 22, 1. R. Merkelbach, Zeus Sarapis – Isis regina, p. 131-146. 188 N. Belayche, Romanité, p. 574-575. 189 Sur les navarques isiaques, voir l’étude pionnière de L. Vidman, Nauarchos, p. 270-277, reprise dans son ouvrage Isis und Sarapis, p. 76-87, aux conclusions toutefois discutables, ainsi que les remarques de Ph. Bruneau, Érétrie, p. 137-141. U   I, D   145 confondu avec le titre homonyme porté par certains fonctionnaires de la flotte. Tentons de faire la part des choses. À Byzance, une dédicace à Isis et Sarapis, datée du début du er siècle apr. J.-C., émane d’un personnage qui fut navarque lors des µεγáλα Πλοιαφéσια 190 . Trois (sinon quatre) inscriptions d’Érétrie 191 du er siècle av. J.-C. livrent les noms de navarques, notamment sur deux (voire trois) listes dont une, particulièrement longue, porte 95 noms. Cette dernière fut gravée sur plusieurs années, alors que le même prêtre, Dionysios, fils de Philoclès, lui aussi nommé dans la liste en tant que navarque, était en charge. Une autre liste de navarques, trouvée à Érétrie mais qui proviendrait de Chalcis, ofre une nouvelle série de noms, tandis qu’est nommé en premier un hégémon du nom de Nicainétos 192 . Sur une inscription funéraire de Nicomédie, en Bithynie 193 , cité qui fit frapper de nombreuses monnaies au type d’Isis à la voile, le défunt, disparu à l’âge de cinquante ans, est qualifié de prêtre et de navarque. C’était fort probablement un serviteur du culte. Enfin, dans l’île de Ténos 194 , à l’époque impériale, un autre navarque du nom d’Apollônidès est à la tête d’une amicale, association cultuelle de huit membres, dont le caractère isiaque est envisageable, mais non assuré 195 . Beaucoup moins probants sont les quatre témoignages suivants. De Sinope provient une inscription d’époque augustéenne honorant un certain Caius Numisius Primus, fils de Spurius, de la tribu Quirina, navarque, prêtre de l’empereur César Auguste, édile, duumvir à deux reprises et duumvir quinquennal 196 . Rien de décisif ne permet d’associer ici le titre de navarque porté par C. Numisius Primus aux cérémonies marquant la réouverture de la navigation 197 . Il peut tout aussi bien s’agir dans le cas présent d’une charge municipale. Une inscription de Séleucie de Piérie, le port d’Antioche sur l’Oronte, datée des e-e siècles apr. J.-C., fut gravée en l’honneur d’un certain Flavius [...]nus, (ancien ?) navarque et préfet de cohorte 198 . Le texte est très mutilé et il est impossible de dire s’il s’agit d’un ancien navarque 190 SIRIS 130 = RICIS 114/0703. Voir supra p. 134 n. 121. 191 SIRIS 80-82 = RICIS 104/0109-0111. Voir supra p. 138 n. 140. Ph. Bruneau, Érétrie, p. 96, signale une opinion de D. Knoepfler pour qui le fragment érétrien IG XII 9, 254, appartient lui aussi à une liste de navarques. Il s’appuie sur la date de l’inscription (er siècle av. J.-C.), sur la présence de femmes et de couples là aussi, enfin sur le fait que cette liste est l’œuvre de plusieurs mains successives. 192 Signalée par B. C. Petrakos, AD 23.I (1968), p. 99 (Bull. 1969, 449) ; publiée par Ph. Bruneau, Érétrie, no XV p. 94-95 et pl. XXXV.1 = RICIS 104/0204. 193 I. Bithynien p. 88-89 n o 88 et pl. 35 (L. Robert, RPh 17 [1943], p. 183-184, sur le navarque) = SIRIS 327 = TAM IV.1 (1978) 215 = RICIS 308/0601. 194 IG XII 5, 912 = SIRIS 153 = RICIS *202/0604. 195 E. Ziebarth, BPhW 36 (1916), p. 388-389, attribue ce texte au culte isiaque ; il est suivi par F. Poland, PWRE IV A, 1, col. 1080, L. Robert, RPh 17 (1943), p. 184 n. 6, et L. Vidman, Isis und Sarapis, p. 79-80. 196 CIL III 6980 = ILS 2824 = SIRIS 328 = RICIS *309/0101. 197 Pour M. I. Maksimova, Antichnÿe goroda, p. 367-368, C. Numisius Primus fut navarque de la flotte pontique, mais ceci est dificilement acceptable dans la mesure où celle-ci n’existait pas à l’époque d’Auguste ; pour C. G. Starr, Roman imperial Navy, p. 128, n. 8, ce personnage fut navarque de la flotte romaine, ce que conteste L. Vidman, Isis und Sarapis, p. 83-84, qui voit dans ce titre une fonction cultuelle. Selon le savant tchèque, Numisia rend hommage à la carrière de son père, rappelant d’une part deux fonctions sacrées et, d’autre part, ses fonctions municipales. 198 IGLS III 1, 1144 = SIRIS 355a = RICIS *402/0201. H. Devijver, Prosopographia, F 35 p. 361-362. 146 I, D   de la flotte romaine, ou bien d’un navarque lié au Navigium Isidis 199 . Enfin, deux personnages ayant appartenu à la flotte impériale basée à Misène, mentionnés dans des inscriptions du e siècle apr. J.-C., respectivement de Rome 200 et de Misène 201 , portent le titre de bis navarc(h)us. Pour C. G. Starr et L. Vidman 202 , ce titre signifie que ces personnages furent navarques à deux reprises lors du Navigium Isidis 203 . Cette idée est rejetée par M. Reddé, considérant qu’il s’agit d’un titre purement militaire, l’inscription de Rome mentionnant précisément la flotte de Misène 204 . L’argument est toutefois de peu de poids, un marin professionnel pouvant à l’évidence être navarque d’un jour lors de la cérémonie isiaque. L. Vidman ajoute que les deux termes placés en tête des épigraphes, Thiasus d’une part et Felix d’autre part, indiquent que les deux hommes sont les adeptes d’un culte à mystères 205 . Y. Le Bohec 206 repousse cette interprétation, niant tout caractère religieux à ces deux signa, pour lui simples éléments de l’onomastique. Sans aller jusque là, et même en concédant une valeur religieuse à ces signa, rien ne permet toutefois de les rattacher exclusivement aux cultes isiaques. Remarquons enfin que l’un de ces personnages est mort à 24 ans ; l’âge du décès de l’autre nous est inconnu. Certes, on peut concevoir que ce grade de navarque pouvait être obtenu très tôt, mais comment comprendre le titre de bis navarcus dans un cadre strictement militaire ? En l’absence de mention plus explicite, il ne semble pas possible de rejeter l’une ou l’autre hypothèse. Peut-être pourrait-on même avancer l’idée que si ces deux personnages furent deux fois navarques, c’est qu’ils le furent à la fois dans l’armée et lors du Navigium 207 ? Ceci établi, qui sont ces navarques ? Pour certains auteurs, la navarchie isiaque serait une sorte de liturgie, éventuellement ponctuelle 208 . Les navarques sont parfois considérés comme les membres d’une association 209 , comme les organisateurs des 199 Pour A. Degrassi, Athenaeum n. s. 46 (1968), p. 156, dans son compte rendu de l’ouvrage de D. Kienast, Untersuchungen zu den Kriegsflotten der römischen Kaiserzeit, et L. Vidman, Isis und Sarapis, p. 84, la navarchie évoquée dans ce texte est certainement isiaque car, aux e-e siècles apr. J.-C., il n’y a aucun lien dans le cursus honorum entre navarque de la flotte impériale et préfet de cohorte. Toutefois Y. Le Bohec, Isis et Sérapis, p. 136, a souligné l’importance de la présence militaire à Séleucie de Piérie en cas de conflit contre les Parthes. Pour lui, il est possible que le navarque de cette inscription ait été un militaire. 200 CIL VI 32772 (p. 3842) = ILS 2843 = SIRIS 428 = M. Malaise, Inventaire, p. 132-133 Roma 69 = RICIS *501/0175. Voir M. Reddé, Mare nostrum, p. 546 n. 396. 201 CIL X 3350 = SIRIS 500. 202 C. G. Starr, Roman Imperial Navy, p. 87-88 et 103 n. 82, L. Vidman, Isis und Sarapis, p. 83-84. 203 Remarquons que dans la longue liste érétrienne (IG XII Suppl. 557 = SIRIS 80 = RICIS 104/0109) gravée sur plusieurs années et donnant les noms de 95 navarques, aucun n’est cité deux fois. 204 Il reprend une remarque de L. Wickert, Flotte, p. 103, n. 82. 205 L. Vidman, Namen im Isiskult, p. 60-61. Pour cet auteur, le terme Thiasus pourrait désigner l’association cultuelle des fidèles isiaques plutôt qu’un nom de personne. 206 Y. Le Bohec, Isis et Sérapis, p. 136. Selon cet auteur, Felix est un cognomen. 207 La remarque est déjà présente, à titre d’hypothèse, chez Y. Le Bohec, Isis et Sérapis, p. 137, qui note, en outre, que ce type de jeu de mots n’était pas inconnu des Romains. 208 Ainsi L. Vidman, Nauarchos, p. 277, et Isis und Sarapis, p. 86, ou M. Malaise, Conditions, p. 150, qui songe à une sorte de charge liturgique non permanente. 209 L. Vidman, Nauarchos, p. 271, et Isis und Sarapis, p. 87, pour le cas précis des navarques érétriens. U   I, D   147 Ploiaphésia 210 , ou comme de simples participants 211 . Certaines de ces hypothèses peuvent aujourd’hui être écartées 212 . Les navarques d’Érétrie, au er siècle av. J.-C., n’assumaient probablement pas une liturgie. En efet, des couples, des enfants, parfois plusieurs membres d’une même famille sur trois générations sont nommés dans la liste à proximité les uns des autres, ce qui signifie qu’ils ont participé à la même fête, la même année, ou à des fêtes rapprochées dans le temps. Comme l’écrit Ph. Bruneau, on n’imagine pas que la contribution financière qu’est la liturgie fût répartie sur plusieurs membres d’une famille dont certains pouvaient être mineurs. Cette remarque pertinente paraît confirmer, dans le cas d’Érétrie, que l’on a encore afaire à un culte privé. Pour autant, aucun document ne permet pour le moment de dire que les navarques formaient une association. Ils ne se présentent jamais comme tels. Il n’est fait nulle part mention d’un quelconque κοινóν ou σúνοδο̋ de navarques. De plus, l’emploi, à plusieurs reprises, des aoristes Çναυáρχησαν 213 ou ναυαρχåσα̋ 214 indique qu’il s’agit d’un acte ponctuel et non d’un état durable. Cependant, les navarques n’étaient pas à l’évidence n’importe lesquels des participants aux Ploiaphésia, comme l’écrit N. Pappadakis 215 , car, à l’instar des thérapeutes déliens, ils ne se seraient pas alors targués d’un titre spécial qui les distinguât des autres fidèles. Toutefois, il est peu probable que la navarchie isiaque ait été un commandement réel. Les navarques étaient plusieurs (peut-être une dizaine, mais ce nombre a pu varier) 216 , lors de chaque fête. Ils étaient trop nombreux pour exercer une charge importante, chaque fête ne donnant semble-t-il lieu qu’au lancement d’un unique navire. Sans doute les navarques étaient-ils alors ceux des fidèles qui formaient l’équipage de ce navire. Ils devaient s’en remettre à une autorité supérieure qui pouvait être soit le véritable pilote du navire, soit un personnage important chargé de donner des ordres à celui-ci. Tel devait être le rôle, dans l’inscription attribuée à Chalcis, de l’γεµöν Nicainétos 217 , mais aussi, croyons-nous, du triérarque isiaque de Cios. Cios, en Bithynie, où les membres d’un thiase honorent, au er siècle av. ou apr. J.-C., un certain Anoubiôn, fils de Nicostratos, qui exerça, entre autres, la charge de triérarque 218 ainsi que celle d’organisateur (?) des Charmosyna d’Isis. La proclamation des honneurs qui lui sont décernés à cette occasion sera répétée chaque année, lors des Isieia et des autres fêtes des membres du thiase, de même que lors des assemblées communes régulières de l’association 219 . D’Amphipolis en Macédoine 210 211 M. Malaise, Conditions, p. 149. N. Pappadakis, AD 1 (1915), p. 162. 212 Nous reprenons ici, en les prolongeant, les remarques très justes de Ph. Bruneau, Érétrie, p. 140-141. 213 RICIS 104/0109-0110 (Érétrie) ; Ph. Bruneau, Érétrie, no XV p. 94-95 = RICIS 104/0204 (Chalcis ?). IG XII Suppl. 565 = SIRIS 82 = Ph. Bruneau, Érétrie, no X p. 86-88 = RICIS 104/0111. N. Pappadakis, AD 1 (1915), p. 162. 216 Il semble en efet dificile de déterminer le nombre d’années (et partant, de célébrations du Navigium Isidis) couvertes par la liste de 95 noms donnés par l’inscription érétrienne RICIS 104/0109. 214 215 217 RICIS 104/0204. Dans le commentaire qu’il donne de cette inscription, Ph. Bruneau, Érétrie, p. 95, ne dit rien sur ce titre, sinon qu’il serait mieux à sa place à Chalcis, où c’est l’éponyme habituel. 218 LBW 1143 = SIRIS 324 = I. Kios n o 22 = RICIS 308/0301. 219 Voir F. Dunand, Culte d’Isis III, p. 107-109, pour les fonctions exercées par Anoubiôn. 148 I, D   provient une inscription datée précisément de 67-66 av. J.-C., dans laquelle un prêtre du nom d’Apollodôros et les hypostoles 220  ce qui semble déterminer un contexte isiaque 221  ont ofert une couronne à un certain Aulos Anthestios parce qu’il exerça convenablement la charge de triérarque 222 . Enfin, une inscription d’époque impériale, honorifique là encore, d’Élée, près de Pergame, pourrait, elle aussi, être mise en relation avec les cultes isiaques 223 . Elle indique que le peuple et les personnes consacrées (à une divinité, qui peut être isiaque ... ou pas) ont honoré Moschos, fils de Moschos, ancien triérarque 224 . Les deux premières inscriptions nous apprennent toutefois que la charge de triérarque, à l’instar de celle de navarque, était ponctuelle (cf. l’aoriste τριηραρχåσαντα de Cios). La charge de τριåραρχο̋ se limitait-elle à la direction de la manœuvre lors du lancement du navire ? Probablement pas. Le triérarque devait être l’organisateur de la cérémonie, celui qui la finançait. Si, à la lecture d’Apulée, on peut penser que le bateau mis à la mer à cette occasion était bien un bateau neuf 225 , fut-il de petite taille, la richesse de sa décoration, en supposant même qu’elle ait été exagérée par la plume apuléenne 226 , nécessitait un investissement assumé par celui auquel était attribué le titre de triérarque. La 220 Sur le rôle des hypostoles dans les cultes isiaques, Ph. Bruneau, Érétrie, p. 112-113. Nous ne croyons pas, contra N. Pappadakis, AD 1 (1915), p. 149, L. Vidman, SIRIS, no 75, et id., Isis und Sarapis, p. 62 et 73, et F. Dunand, Culte d’Isis II, p. 47 et III, p. 201, que les ¸ποστóλοι, que l’on retrouve à Démétrias (IG IX 2, 1107 = RICIS 112/0703), soient des habilleurs en second, c’est-à-dire l’exact pendant de l’[ρχ]íστολο̋ d’Éphèse (I. Ephesos IV 1244 = RICIS 304/0606). Ph. Bruneau, très justement, proposait de rapprocher ces hypostoles des personnages revêtus de longs pagnes blancs que l’on voit sur les fresques d’Herculanum. Comparer le verbe ¸ποστéλλειν, que l’on peut traduire littéralement par ramener en bas en serrant, et la description donnée par Apulée (Métam. XI, 10) de certains ministres du culte : Antistites sacrorum [...] candido linteamine cinctum pectoralem adusque vestigia strictim iniecti Quant aux ministres du culte, ces hauts personnages étaient étroitement serrés dans un vêtement de lin blanc qui, prenant à la taille et moulant leur corps, descendait jusqu’à leurs pieds. 221 La seule mention des hypostoles ne peut certes garantir assurément le contexte isiaque de l’inscription. Ainsi, certains hypostoles sont mis en relation avec la déesse Almopia sur une inscription rupestre de la pente sud du Pangée. Voir G. Balalakis, PAA 1937, p. 484-488 ; P. Collart, Déesse Almopienne. Toutefois la présence, à Amphipolis où Isis et les siens ont disposé d’un sanctuaire dès l’époque hellénistique (RICIS 113/0901-0910), dans un même texte, d’un prêtre, d’hypostoles et d’un triérarque couronné par eux, semble en assurer le caractère isiaque. 222 Chr. Veligianni, Trierarchos, p. 241-246 = RICIS 113/0908. 223 A. Pottier, Am. Hauvette-Besnault, BCH 4 (1880), p. 380-381 n o 7 = SIRIS 315a = RICIS *302/0101. 224 L. Robert, RPh 18 (1944), p. 12 n. 1, qui rattache avec prudence ce document au culte d’Isis, en le rapprochant de l’inscription de Cios (SIRIS 324 = RICIS 308/0301). Pour L. Vidman, Isis und Sarapis, p. 81, le triérarque se trouverait à la tête d’une association dont les hiéroi seraient les membres les plus importants après lui. Il s’appuie sur une inscription de Magnésie du Sipyle du er ou du e siècle apr. J.-C., qui livre une liste de thérapeutes isiaques, nommant dans l’ordre le prêtre, puis deux hiéroi et enfin les thérapeutes ordinaires. Ce texte a été publié par J. et L. Robert, Dédicace aux dieux égyptiens et liste de thérapeutes, Hellenica VI, 1948, p. 9-13 et pl. II (= SIRIS 307 = I. Magnesia am Sipylos no 15 p. 138-139 = TAM V.2 (1989), 1348 = H. Malay, Inscriptions Manisa Museum, no 86, avec la bibliographie antérieure = RICIS 303/0301-0302). Le rapprochement ne nous convainc guère, un triérarque n’étant visiblement pas à placer sur le même rang hiérarchique que le prêtre. 225 Apulée, Métam. XI, 16 : Navem faberrime factam. 226 Ibid. : Ibidem simulacris rite dispositis navem faberrime factam picturis miris Aegyptiorum circumsecus variegatam summus sacerdos taeda lucida et ovo et sulpure, sollemnissimas preces de casto praefatus ore, quam purissime purificatam deae nuncupavit dedicavitque. Les images divines y furent disposées suivant les rites. Un navire était là, fait de main d’ouvrier, et entièrement décoré de merveilleuses peintures égyptiennes. Le grand-prêtre, après avoir, de ses chastes lèvres, prononcé les prières les plus solennelles U   I, D   149 probable intégration du Navigium Isidis, au moins depuis le er siècle apr. J.-C., dans le calendrier oficiel de l’Empire, transforma ces célébrations en manifestations publiques organisées par les serviteurs d’un culte désormais parfaitement intégré à la cité. Dans un tel cadre, la charge de navarque, comme celle de triérarque, devint une véritable liturgie. Plus dificiles à cerner sont les titres de ναυβατοûντε̋ et de °εροναûται qui ne sont attestés qu’une fois dans notre documentation. Une inscription d’Éphèse rapporte l’ofrande à Isis et à Sarapis, au milieu du e siècle apr. J.-C., d’une phiale et d’un vase à libations, par un Romain du nom de Marcus Pomponius Latinus. La fin du texte précise ναυβατοúντων Λυκíδα καì Χαριδåµου τοû Χαρ[ιδåµου ?]. Le contexte isiaque a conduit la plupart des commentateurs à reconnaître dans ces ναυβατοûντε̋ 227 des ναúαρχοι, des ναυαρχοûντε̋ 228 . F. Dunand écrit plausiblement que, étant donné le contexte, on peut penser que ναυβατεîν désigne la même activité que le terme de ναυαρχεîν à Érétrie, c’est-à-dire la célébration de la “Fête de la navigation”. Les ναυβατοûντε̋ d’Éphèse doivent être soit les organisateurs du Navigium dans leur cité, soit des participants à cette cérémonie, et la dédicace a pu être faite à l’occasion de sa célébration. 229 Quant aux °εροναûται, ils sont nommés en compagnie de pastophores dans une inscription très fragmentaire de Tomis du début du e siècle apr. J.-C. honorant un προστáτη̋ 230 . Le rôle de ces hiéronautes n’est guère aisé à définir. Étaient-ils, comme les pastophores, réunis dans une association dont le personnage ici honoré était le président ? Faut-il les assimiler, comme le propose L. Vidman 231 , à des navarques réunis dans un collège, ce qui les distinguerait des navarques d’Érétrie ? Ne constitueraient-ils pas plutôt le groupe de fidèles chargé de transporter le navire consacré à Isis lors de la procession qui précède sa mise à flots ? Toujours est-il que cette fête était si importante que ceux qui y avaient participé portaient ensuite longtemps le(s) titre(s) qui avai(en)t été le(s) leur(s) en cette grande occasion. et l’avoir saintement purifié avec une torche ardente, un œuf et du soufre, le plaça sous l’invocation de la déesse et le lui consacra. CIG II 2955 (d’après une copie de Wood) ; O. Riemann, BCH 1 (1877), p. 292 no 81 ; et O. Benndorf, Ephesos I, p. 70-73 (d’après une copie de Cyriaque d’Ancône). La pierre étant perdue, les éditeurs successifs ont suivi à quelques détails près, qui ne concernent pas le terme qui nous occupe, ces deux éditions : ainsi J. Keil, Serapiskultes, p. 223-224 no 5 (Bull. 1955, 193 ; SEG XV [1958], 709) = SIRIS 302 = R. Salditt-Trappmann, Tempel, p. 27 no 3 = G. Hölbl, Ephesos, p. 47-49 no 4 = I. Ephesos IV no 1213 = RICIS 304/0609. 227 228 Voir entre autres L. Vidman, Isis und Sarapis, p. 83 et 87, et G. Hölbl, Ephesos, p. 48. Notons que si le terme de naubate désigne uniquement les passagers d’un navire, il peut néanmoins être synonyme de celui de navarque, en contexte isiaque, puisqu’il semble bien que ces derniers n’aient eu aucun pouvoir de commandement et ne furent que des passagers, voire des membres d’équipage occasionnels. 229 F. Dunand, Culte d’Isis III, p. 70. Remarquons que les noms de Lykis et Charidémos sont au génitif, tout comme leur fonction mentionnée par un participe présent. Selon F. Mora, Prosopografia isiaca I, nos 742 et 1261, ces deux hommes auraient assumé une charge annuelle et sont cités pour dater l’inscription. On serait alors en présence d’une double datation : la première, oficielle, est donnée par la double allusion à la prytanie de Gaios Claudios Titianos, fils de Démostratos, et à la prêtrise (isiaque) de Gaios Sossianos ; la seconde, privée, est fournie par la mention de la naubatie de Lykis et Charidémos. 230 SIRIS 709 = RICIS 618/1007. La première lettre du nom de cet hapax est restituée, mais elle semble s’imposer. 231 L. Vidman, Nauarchos, p. 274. 150 I, D   Avant d’évoquer l’autre grande fête à mettre en rapport avec les prérogatives marines d’Isis, il nous faut mentionner l’existence d’un collège qui intrigue, celui des Pelagi, évoqué sur le sarcophage d’Ovillia Iunia à Bordj el Hatab, sur les bords du lac de Bizerte 232 . Le signum Pelagi, la présence de pavots, de figues et d’épis sur le sarcophage établit assez clairement, semble-t-il, un rapport entre la terre et la mer, les fruits de la première et ceux de la seconde. L’importance des divinités des eaux en Afrique est considérable : elles sont invoquées pour protéger les activités et le commerce maritimes, non seulement dans les ports, mais aussi en toute cité où vivent des propriétaires fonciers qui sont également armateurs et exportateurs de leurs produits. Les divinités de la mer y sont donc souvent honorées loin des côtes, dans l’intérieur des terres, où leur rôle prophylactique est mis à contribution pour lutter contre les méfaits de la sécheresse, car elles président aussi à l’apparition des sources et aux pluies bienfaisantes gages de fertilité et de fécondité. Le collège de ces Pelagi pourrait alors avoir été celui de sacrati adorateurs d’Isis, en sa double fonction de maîtresse de la fécondité terrestre et de protectrice des marins(-pêcheurs) 233 . b. Le Sacrum Phariae Dans les Ménologes rustiques (Colotianum et Vallense), pour le mois d’avril, sont mentionnées deux fêtes dont l’une au moins doit être mise en rapport avec Isis marine 234 : le Sacrum Phariae 235 et, probablement célébrée le même jour, sinon en même temps (item), les Serapia. Cette dernière fête se retrouve dans le Calendrier de 354 et se place précisément le 25 avril 236 . R. Merkelbach avait déjà remarqué que cette date correspondait au 29 Pharmouthi du calendrier en usage à Alexandrie, soit la veille du 1er Pachôn, date à laquelle on célébrait en Égypte, justement, une importante fête des moissons 237 . Nous avons établi ailleurs la relation entre ces deux fêtes du 25 avril (Sacrum Phariae et Serapia) et l’annone 238 , notamment grâce à un important document archéologique 239 . Une pièce, partie intégrante du Caseggiato dei Molini, à Ostie (Reg. I, Ins. III,1), lequel est désormais identifié comme une boulangerie, 232 G.-Ch. Picard, Rapport, p. 80-81 ; id., Les religions de l’Afrique antique, Paris 1954, p. 192 ; H. FournetPilipenko, Sarcophages, no 4, p. 84-85. 233 Voir OGIS I 496 = RICIS 304/0608, pour la dédicace, par une certaine Cominia Iunia, d’un autel et d’une statue d’Isis dans la douane des poissonniers à Éphèse, au milieu du e siècle apr. J.-C. Sur ce type de documents, I. Dittmann-Schöne, Götterverehrung bei den Berufsvereinen im kaiserzeitlichen Kleinasien, dans U. Egelhaaf-Gaiser et A. Schäfer (éds), Religiöse Vereine in der römischen Antike. Untersuchungen zu Organisation, Ritual und Raumordnung (= Texte und Studien zu Antike und Christentum, 13), Tübingen 2002, p. 85. 234 L. Bricault, Un phare, p. 141-143. 235 CIL I, 1 p. 358 = CIL VI 2305-2306 = CIL I2 p. 280-281 = RICIS 501/0219. CIL I2 p. 262 = RICIS 501/0221 ; voir H. Stern, Le Calendrier de 354 (= Bibliothèque archéologique et historique, LV), Paris 1953, p. 99 et 103. 237 R. Merkelbach, Isisfeste, p. 43 ; il n’est pas question du sacrum Phariae dans cet ouvrage ; voir également le rapprochement fait par M. Malaise, Conditions, p. 229 et, plus généralement, Fr. PerpillouThomas, Fêtes d’Égypte, p. 132-133. 238 L. Bricault, Un phare, p. 142-145. 239 Nous tenons à remercier tout particulièrement notre ami Miguel John Versluys d’avoir attiré notre attention sur ce document. 236 U   I, D   151 est connue sous le nom de sacellum de Silvanus 240 . Il s’agit d’un laraire privé dont la décoration peut être datée entre 210 et 235 apr. J.-C. environ. Les murs latéraux présentent un ensemble de peintures extrêmement intéressantes. Sur l’un des murs, on reconnaît trois groupes de personnages : un premier avec un cheval et les Dioscures, puis un deuxième avec Auguste, Harpocrate supportant la cornucopia, Isis brandissant le sistre, Fortuna avec la cornucopia et un gouvernail, Annona tenant la tessera frumentaria et un gouvernail, un Genius (celui de l’Empereur ?) chargé d’une cornucopia, et Alexandre le Grand, enfin un troisième où l’on devine au moins un personnage et Silvanus. Sur le mur opposé, on retrouve les mêmes personnages, à la diférence qu’Isis n’est plus représentée, remplacée par une figure masculine tenant une patère dans la dextre 241 . L’ensemble est à rapporter au règne de Caracalla, d’autant qu’un grafito marque le passage en ces lieux de deux personnes (Marius et Anna) le 25 avril 215 apr. J.-C., précisément le jour du Sacrum Phariae et des Serapia 242 . J. Th. Bakker rappelle d’ailleurs 243 , à juste titre, qu’à cette même date, au er siècle apr. J.-C., on célébrait à Ostie la fête des Robigalia en l’honneur de Robigus (ou Robigo), une divinité qui protégeait les céréales de la rouille 244 . Il est tentant de considérer qu’au e siècle les Serapia se sont en partie substitués à cette antique fête. Cet ensemble pictural associe clairement les divinités isiaques à l’arrivée de l’annone à Ostie et réafirme le lien étroit existant alors entre culte impérial (avec Caracalla comme nouvel Auguste et nouvel Alexandre) et cultes isiaques. Il n’est donc pas étonnant de retrouver Isis, Harpocrate, et peut-être Sarapis dans la chapelle attenante à une boulangerie d’Ostie. On ignore toutefois qui commanda ces peintures : un simple boulanger, le corpus pistorum, ou bien une guilde religieuse ? On notera que, parmi la quinzaine de statuettes retrouvées sur le site, figurent deux Sarapis en bronze 245 . Rappelons enfin que Tertullien, qui écrit son Apologétique en 197 apr. J.-C., évoquant Isis, lui donne le nom de Ceres Pharia 246 , associant clairement l’épiclèse Pharia à la fertilité agraire. Dès lors, si l’on admet qu’à partir du e siècle apr. J.-C. Isis Pharia est devenue la protectrice de l’annone, dont on sait qu’elle provient alors pour bonne partie d’Égypte 247 , et par là même que la déesse garantit, avec son parèdre Sarapis, le 240 J. Th. Bakker, Living and Working, p. 135-166. 241 Ibid., p. 152, suggère un Genius ; nous songerions plus volontiers à Sarapis. On rapprochera de cette date une émission monétaire de Caracalla dont le type de revers n’est attesté précisément que pour cette année 215. Il s’agit d’une frappe d’aurei (RIC IV, 1 nos 257a-b, p. 249) et de sesterces (RIC IV, 1 no 544, p. 303). Sur le revers, l’Empereur est debout à gauche, portant cuirasse et paludamentum, tenant une lance et posant le pied droit sur un crocodile ; Isis, face à lui, debout, avançant à droite, tient le sistre de la main gauche et lui présente de la main droite deux épis de blé. 243 J. Th. Bakker, Living and Working, p. 166. 244 CIL XIV S 4547. Sur cette fête dont la création est attribuée à Numa par la tradition, Ovide, Fast. IV, 905-942 ; Varron, De Re Rust. I, 1-2 p. 90 (éd. Bip.), de Ling. Lat. VI, 16 ; Pline, NH XVII, XXIX, 269 ; Festus, s. v. 242 245 246 J. Th. Bakker, Living and Working, chapitre 5B. Apol. 16. Voir H. Pavis d’Escurac, Préfecture de l’annone, p. 206-207 ; M. Reddé, Voyages sur la Méditerranée romaine, p. 44-46. Selon Flavius Josèphe (Bel. Iud. II, 386), l’Égypte est censée fournir quatre mois de consommation à Rome. 247 152 I, D   ravitaillement de Rome et le bien-être des habitants de l’Urbs 248 , d’autres éléments vont s’expliquer plus aisément. Fig. 64. Médaillon de Commode. 190 apr. J.-C. On a beaucoup discuté, à la suite d’A. Alföldi 249 , du sens à donner à plusieurs médaillons émis en 190 (fig. 64) 250 . Au revers de ceux-ci, on voit Commode ofrant un sacrifice (sacrum) au pied d’un phare à quatre étages, à l’entrée d’un port qui doit être celui d’Ostie 251 . Vers celui-ci se dirigent cinq navires, deux grandes galères toutes voiles dehors et trois embarcations plus petites, l’une à quatre rameurs, les deux autres avec un seul rameur, qui doivent leur servir de pilote. À la poupe de la plus grande galère siège Sarapis, reconnaissable à son calathos, tandis qu’un vexillum se dresse à la proue. Aux pieds de l’Empereur, on reconnaît un taureau, que l’on pourrait 248 Comme nous pensons l’avoir montré dans L. Bricault, Un phare. Sur les distributions de blé public à Rome, voir C. Virlouvet, Tessera frumentaria. Les procédures de distribution du blé public à Rome à la fin de la République et au début de l’Empire (= BEFAR 286), Rome 1995. 249 A. Alföldi, Festival of Isis, p. 48-49, et id., Vota Publica, p. 54-57. 250 H. Cohen, Description Historique des Monnaies Frappées sous l’Empire Romain, III, Paris 1886, no 993 ; F. Gnecchi, I Medaglioni Romani II, Milano 1912, p. 71, no 174 et pl. 89,6-8 (pour le revers) ; W. Szaivert et al., Moneta Imperii Romani, no 1139-3/46 ; H. Küthmann et al., Bauten Roms auf Münzen und Medaillen. Ausstellungskatalog Staatliche Münzsammlung München 1973, no 152. 251 Pour plusieurs auteurs, dont Ch. Picard, Sur quelques représentations nouvelles du phare d’Alexandrie et sur l’origine alexandrine des paysages portuaires, BCH 76 (1952), p. 61-95, le phare du port d’Ostie serait d’ailleurs une imitation de celui d’Alexandrie, comme le montrerait la mosaïque du Palais des Conservateurs trouvée sur le Quirinal (p. 88-89 et fig. 12) ou encore le relief Torlonia provenant d’Ostie (p. 88 et fig. 13) et montrant le Portus. La scène portuaire du couvercle du sarcophage de Iulius Filocyrius (p. 91-92, fig. 14), datant de la seconde moitié du e siècle apr. J.-C., trouvé à Ostie, évoque également Alexandrie par bien des détails. On pourrait ajouter que le temple que l’on distingue à l’extrême gauche de la scène pourrait bien être l’Iseum. J. Leclant, IBIS III (1985), no 1087, faisait en outre remarquer que le défunt figuré dans un clipeus est coifé de la mèche égyptienne de l’enfance, qui distinguait les jeunes garçons consacrés à Isis ; V. von Gonzenbach, Untersuchungen zu den Knabenweihen im Isiskult der römischen Kaiserzeit, Bonn 1957, p. 147-148, no K 16 et pl. 15 ; sur ce document, L. Musso, Lastra funeraria del fanciullo Filocyrius sul mercato antiquario, BCAR 93 (1989-1990), p. 294-299 (ph) (AE 1991, 312) ; R. Merkelbach, Zeus Sarapis – Isis regina, pl. 126 ; RICIS 503/1122. Pour le symbolisme des scènes nilotiques et portuaires en général, voir les remarques de J. Leclant, Un relief pannonien d’inspiration égyptisante, RA (1950.II), p. 147-149. Cette influence alexandrine dans les paysages portuaires était, semble-t-il, déjà sensible pour Pouzzoles, qui précéda Ostie comme destination du commerce alexandrin en Italie ; Ch. Picard, Pouzzoles et le paysage portuaire, Latomus 18 (1959), p. 23-51, avec XIV pl. U   I, D   153 comprendre comme une victime sacrificielle, d’autant qu’une patère est figurée devant la bête 252 . Une autre émission, très proche, se distingue de la précédente par la présence d’un prêtre aux côtés de l’Empereur, qui apparaît cette fois voilé (fig. 65). La légende du droit, qui accompagne le portrait de Commode, est également diférente. Fig. 65. Médaillon de Commode. 190 apr. J.-C. Comme l’atteste la légende de revers, cette frappe est à mettre en relation avec des Votis felicibus qu’A. Alföldi avait songé tout d’abord à identifier aux Vota publica du Nouvel An, voire au Navigium Isidis du 5 mars, ce qui n’est pas acceptable 253 . J. Beaujeu considérait quant à lui que ces Vota felicia étaient plutôt à mettre en relation avec la Felicitas de la propagande impériale, intimement liée à l’annone. En efet, en 189, une très violente famine avait secoué Rome, provoquant des émeutes au cours desquelles Cléandre, le favori de l’Empereur, avait péri 254 . L’approvisionnement en blé de Rome, crucial, ainsi placé oficiellement au début de 190 sous la protection de Sarapis et d’Isis, devait permettre d’éviter qu’une telle tragédie se reproduise. On peut alors songer que cette émission eut lieu à l’occasion des fêtes du Sacrum Phariae et des Serapia du 25 avril. C’est en ce sens que Sarapis peut apparaître comme conservator Augusti sur certaines monnaies de Commode frappées en 191 et 192 255 . 252 H. A. Grueber, Roman medallions in the British Museum, London 1874, p. 30.44 et pl. XXXV.3 ; H. Cohen, Description Historique des Monnaies, no 996 ; F. Gnecchi, Medaglioni romani, II, p. 71.175 et pl. 89.7 (pour le revers) ; SNRIS Roma 19A. 253 J.-P. Martin, Providentia deorum, Rome 1982, p. 361 ajoute que l’on retrouve ici simplement un des soucis principaux du moment, le ravitaillement de Rome et de l’Italie, Sérapis et Neptune étant les divinités protectrices des flottes pendant leurs traversées. Notons d’ailleurs que dans le cas présent, les navires entrent au port, ce qui se comprendrait mal s’il s’agissait d’une cérémonie d’ouverture de la navigation. 254 J. Beaujeu, La religion romaine à l’apogée de l’empire. I. La politique religieuse des Antonins, Paris 1955, p. 379-381. Cet auteur songe même à identifier (p. 381 n. 4) ces vœux aux Vota decennalia qui auraient dû être célébrés en 190. 255 RIC III n o 601 p. 434, avec pour légende de revers Serapidi Conserv(atori) Aug(ustus) Co(n)sul VI P(ater) P(atriae) S(enatus) C(onsultum), ainsi que les nos 605 et 607, p. 435, pour l’année 191. RIC III no 246, p. 394. Au revers on trouve Commode debout à gauche, couronné par la Victoire, les mains tendues au-dessus d’un autel, face à Sarapis portant le calathos et Isis tenant le sistre debout à droite. Voir également le no 261, p. 397, avec pour légende de revers Serapidi Conserv(atori) Augustus, et les nos 614a-b, p. 436, 621, p. 437, 628, p. 437 et 630, p. 438, pour l’année 192. 154 I, D   Pour 192, le type de revers employé, avec Commode sacrifiant devant Isis et Sarapis (fig. 66), doit pouvoir être rapporté à cette même cérémonie du 25 avril. Fig. 66. As de Commode. 192 apr. J.-C. Dans les pages qui précèdent, nous venons d’évoquer à plusieurs reprises le dieu Sarapis, dont nous avions, il est vrai, fait peu de cas depuis le début de cette enquête. Il est temps maintenant de nous intéresser à lui et de voir dans quelle mesure il a pu, lui aussi, être un dieu marin. VI Sarapis et la mer 1. Sarapis protecteur de la navigation et des marins À la diférence de sa parèdre, Sarapis ne semble être mis en relation avec l’élément marin qu’à la fin de l’époque hellénistique. Le document le plus ancien allant en ce sens pourrait être une inscription rhodienne retrouvée sur le territoire de Camiros 1 , marque de reconnaissance envers Hécate et Sarapis d’un certain Hermias de Soloi (de Chypre) pour avoir été sauvé de grands périls. Il semble possible de la dater de la fin du e ou du er siècle av. J.-C. Un doute subsiste sur la nature des périls encourus. Toutefois, s’agissant d’un Chypriote faisant une dédicace sur l’île de Rhodes et s’adressant à Hécate, patronne des carrefours, on peut supposer qu’il est ici fait allusion à des dangers rencontrés lors de voyages terrestres et maritimes. Nous avons évoqué plus haut la dédicace à Sérapis, Isis, Anubis et Apollon placée dans le Sarapieion C de Délos par Prôtos de Cos, sauvé lui aussi de nombreux et grands périls marins (?) ca 150 av. J.-C. 2 Deux autres textes déliens, associant Zeus Ourios, le dieu des vents favorables 3 , à la famille isiaque sont également à mettre en rapport avec le monde maritime. Le premier est une dédicace de deux Athéniens, déposée vers 112-111 av. J.-C. dans le Sarapieion C 4 , le second une autre dédicace, cette fois d’un habitant de Nymphaion, en Chersonèse Taurique, pour tous les navigateurs, faite en 105-104 av. J.-C. dans le même sanctuaire 5 . D’autres inscriptions, qui le 1 IG XII 1, 742 = SGDI 4143 = GIBM IV, 2 (1916) 967 = SIRIS 198 = RICIS 204/0218 : <Ερµíα̋ >Αθαναγóρα Σολεù̋, <Εκáται, Σαρáπιδι, χαριστåριον, σωθεì̋ Çγ µεγáλων κινδúνων. Hermias, fils d’Athanagoras, de Soloi, à Hékate, à Sarapis, en marque de reconnaissance, pour avoir été sauvé de grands périls. 2 CE 72 = ID 2119 = RICIS 202/0230. Voir supra p. 123. 3 Sur Ζεù̋ Ο»ριο̋, en latin Jupiter Secundanus (ID 1754, ), Eschyle, Suppl. 594 ; les inscriptions déliennes 7 RICIS 202/0295, 202/0324, 202/0330, ID 2305 et 2415-2416 ; G. Manganaro, SicGymn (1963), p. 1-4 ; R. Arena, Di Ωριο̋ epiteto divino, ParPass (1987), p. 328-334 ; F. Cordano, Due note adriatiche : Zeus Ourios in Italia e sul Bosforo, dans L. Braccesi (éd.), Hesperia. Studi sulla grecità di Occidente 3, Roma 1993, p. 149-153. 4 CE 129 = ID 2179 = RICIS 202/0295 : [>Α]θη[ναγó]ρα[̋] καì Λε[ωνíδη̋ ο° >Α]θηναγóρ[ου] >Αθ[ηναîοι] ∆ιì Ο¹ρíωι, Σαρáπι[δι, Ισιδι, >Α]νοúβιδι, <Αρποκρáτε[ι]. Athénagoras et Léônidès, les fils d’Athénagoras, Athéniens, à Zeus Ourios, à Sarapis, à Isis, à Anubis (et) à Harpocrate. 5 CE 153 = ID 2128 = RICIS 202/0324 : Ε»τυχο̋ >Απολ[λ]ωνíου Νυµφα·δη[̋], ¸πèρ Æαυτοû καì τοû υ°οû Ε¹βóλου καì ¸πèρ τ÷ν πλοιζοµéνων πáντων ∆ιì Ο¹ρíωι, Σαρáπιδι, Ισιδι, >Ανοúβιδι, <Αρφοκρáτει, θεοî̋ συννáοι̋ καì συµβöµοι̋, Çπì °ερéω̋ Θεοµνåστου τοû Θεογéνου Κυδαθηναιéω̋, ζακορεúοντο̋ Νυσíου, χαριστåριον. Eutychos, fils d’Apollônios, de Nymphaion, en son nom propre et au nom de son fils Eubolos, 156 I, D   nomment au côté des Dioscures 6 , sont à comprendre de la même façon : Sarapis y est considéré comme un dieu sauveur, secourable et attentif aux demandes de ses fidèles, sur terre comme sur mer. Il bénéficie en outre dans son principal sanctuaire délien d’associations avec d’autres divinités, et notamment Isis, qui, d’une certaine manière, le contaminent. C’est sans doute grâce à sa parèdre que cette fonction, à l’origine non constitutive de sa personnalité, se développe pour en devenir un aspect important, mais non majeur. C’est peut-être la raison pour laquelle armateurs et négociants lui réservent la dîme de leurs gains, comme le montrent plusieurs textes déliens 7 , mais aussi lui octroient une véritable part d’associé dans leurs entreprises maritimes, comme le rappelle plus tard Aelius Aristide 8 . Si le culte d’Isis semble bien s’être implanté seul hors d’Égypte dans un tout premier temps, c’est-à-dire entre le début du règne d’Alexandre et le début de celui de Ptolémée II, celui de Sarapis s’est bientôt difusé à son tour dans tout l’Orient méditerranéen selon des facteurs et des voies de difusion assez complexes que nous développerons ailleurs 9 . Cependant, on peut faire ressortir trois types de contextes favorables à cette difusion et qui ne sont évidemment pas exclusifs l’un de l’autre, combinant à la fois facteur commercial, facteur social et facteur politique, sans oublier le facteur humain. On peut en efet remarquer que les premiers sanctuaires qui se sont édifiés le furent : et pour tous les navigateurs, à Zeus Ourios, à Sarapis, à Isis, à Anubis, à Harpocrate et aux dieux qui partagent le même temple et les mêmes autels, lors de la prêtrise de Théomnestos, fils de Théogénès, (du dème) de Kydathénaion, Nysias étant zacore, en marque de reconnaissance. 6 CE 110 = ID 2123 = RICIS 202/0273 : Πóπλιο̋ [καì - - -] Τουτöρ[ιο̋ - - -] ¸πèρ Æαυτ÷ν καì τ÷ν ±δíων, Σαρáπιδι, Ισιδι, >Ανοúβιδι, <Αρποχρáτει, ∆ιοσκοúροι̋, Çπì °ερéω̋ Στασéου τοû Φιλοκλéου̋ Κολωνæθεν. Poplios [et...] Toutôrios [...], pour eux-mêmes et pour les leurs, à Sarapis, à Isis, à Anubis, à Harpocrate (et) aux Dioscures, lors de la prêtrise de Staséas, fils de Philoklès, (du dème) de Colone. L’un des dédicants pourrait être P. Tutorius Antiochus, mort à Délos (M.-Th. Couilloud, Les monuments funéraires de Rhénée [= EAD XXX], Athènes 1974, no 497), sans doute un marin, poséidoniaste de surcroît (ID 1751, 4-10). 7 IG XI 4, 1241 ; CE 57 = RICIS 202/0182 : >Αρíστων >Αριστíωνο̋ Κορκυραîο̋ δεκáτην Σαρáπι. Aristôn, fils d’Aristiôn, Corcyréen, (consacre la) dîme à Sarapis. Mais Sarapis n’est pas le seul bénéficiaire de cette dîme. Il est parfois associé à Isis et Anubis. IG XI 4, 1220 = CE 2e = RICIS 202/0118 : Σαρáπιδι, Ισιδι, >Ανοúβιδι Γλαυκíα̋ Καλλιφáνου >Αµóργιο̋ δεκáτην, Çπιµεληθéντο̋ ∆ηµητρíου τοû ∆ιáλλου. Glaukias, fils de Kalliphanès, d’Amorgos (a consacré) la dîme à Sarapis, à Isis et à Anubis, Démétrios, fils de Diallos, étant épimélète. Elle peut aussi être consacrée à Osiris : IG XI 4, 1248 ; CE 7 = RICIS 202/0125 : Βασιλεî >Οσεíριδι Κτησíα̋ >Απολλοδöρου Τåνιο̋ παρχäν πò τæ̋ Çργασíα̋ δεκáτην. Au roi Osiris, Ktésias, fils d’Apollodôros, Ténien, ofre la dîme sur ses gains dans le trafic maritime. Ces trois inscriptions, provenant du Sarapieion C, datent de la fin du e ou du début du e siècle av. J.-C. La diversité des bénéficiaires semble indiquer que la protection des activités maritimes n’est sans doute pas la seule raison du versement de cette dîme. 8 Aristide, Orat. XLV, In Serapidem, 28 : Παραπλησíα δè καì ‘ κατà τà ƒλλα πρò̋ α¹τòν κοινωνíα, õοτíµων πρò̋ οµóτιµον, ο´ον ǵπóρων καì ναυκλåρων, ο¹ µóνον δεκáτα̋ ναγóντων, λλà καì µερíτην Çξ ³σου ποιουµéνων, ̋ πρò̋ συνéµπορον καì κοινωνòν τ÷ν διà µéσου πáντων; Çπì τοσοûτον νθρöποι̋ Çγκαταµéµικται. Le partenariat avec lui [= Sarapis] lors d’autres transactions est toujours le même, une association entre égaux. Par exemple, les marchands et les capitaines de navires ne lui versent pas seulement la dîme, mais ils lui permettent de partager les bénéfices à parts égales, comme ils le feraient avec n’importe quel marchand ou partenaire associé dans la même entreprise. Tel est son degré d’implication dans les afaires humaines. 9 Dans un ouvrage à paraître sur ce que nous appelons la première difusion isiaque. Voir les quelques remarques de synthèse présentées dans L. Bricault, Diffusion isiaque. S    157 – soit dans des villes portuaires (Le Pirée, Érétrie, Délos, Kéramos, etc.) 10 ; – soit dans des cités ayant des contacts étroits avec l’Égypte lagide (qu’ils soient consentis librement ou imposés par les circonstances  Rhodes, Halicarnasse, Chéronée, Orchomène) ; – soit dans des cités occupées militairement et d’ailleurs pas nécessairement par les Lagides (Rhamnonte, Éphèse, Stratonicée, Priène), les militaires jouant parfois clairement le rôle de vecteurs de la propagation, comme à Rhamnonte 11 . Bien souvent, Sarapis rejoint sa parèdre dans le sanctuaire qui lui est consacré, et ensemble ils jouissent de l’adoration de leurs fidèles, dont une bonne partie sont vraisemblablement à l’origine des marins et des marchands. Ce n’est cependant pas avant l’époque antonine que s’afirme son rôle marin. Quelques textes clairsemés témoignent de cette évolution. Au milieu du e siècle apr. J.-C., une recrue de la classis Misensis nommée Apion écrit, dans une lettre adressée à son père Épimachos, qu’en route pour Misène il fut sauvé d’un naufrage par l’intervention salutaire de Sarapis 12 . Vers 175 apr. J.-C., Aelius Aristide, rescapé d’une tempête par le secours du dieu qu’il avait invoqué au plus fort de la tourmente, lui rend grâce dans l’un de ses Discours sacrés : Ο¹ µóνον δè τà̋ Çν τ— γ— πáσα̋ Ïχει δυνáµει̋ [...] λλà καì Çν θαλáττþ µéγα̋ ο³το̋ à θεó̋ – καì Ãλκáδε̋ καì τριåρει̋ ¸πò τοúτÿ κυβερν÷νται – καì Çν α±θéρι καì νεφéλαι̋. Non seulement, il [= Sarapis] détient toutes les forces sur la terre [...], [mais] c’est aussi un grand dieu sur la mer  il guide les vaisseaux et les trières  ainsi que dans l’air et les nuées. 13 , un propos développé plus loin quand il écrit que : Ο½το̋ ºδωρ νæκε πóτιµον Çν µéσþ θαλáττþ, ο½το̋ κειµéνου̋ νéστησεν, ο½το̋ περισποúδαστον λíου φ÷̋ τοî̋ θεαταî̋ Ïδειξειν. Au milieu de la mer, il a fait surgir de l’eau potable, il a apaisé les flots, il a montré à ceux qui étaient là la lumière du soleil qu’ils recherchaient avec empressement 14 , avant de conclure sur le sujet en déclarant : 10 On peut ajouter à cette liste le Sarapieion de Pouzzoles, dont l’existence est attestée en 105 av. J.-C. par une loi concernant son agrandissement par les autorités (CIL X 1781 = RICIS 504/0401), mais dont la date de fondation peut être remontée sans doute au e siècle av. J.-C., alors que le culte du dieu se développe dans la toute proche Sicile orientale grecque. Il faisait très probablement face à la mer, comme semblent le montrer deux verres gravés qui ofrent une vision panoramique de la ville et de son port. V. Tran tam Tinh, Campanie, p. 5-11 ; S. E. Ostrow, The topography of Puteoli and Baiae on 8 glass flasks, Puteoli 3 (1979), p. 77-140. 11 B. Petrakos, <Ο δæµο̋ τοû <Ραµνοûντο̋. ΙΙ. Ο° Επιγραφé̋, Athinai 1999, no 59 = RICIS 101/0502. BGU II (1895), no 423 = A. S. Hunt, C. C. Edgar, Select Papyri I, no 112 p. 305-307 : Ε¹χαριστ÷ τ¦ κυρι¦ Σερáπιδι, Ëτι µου κινδυνεúσαντο̋ ε±̋ θáλασσα Ïσωσε ε¹θéω̋. Οτε ε±σæλθον ε±̋ Μησενοú̋ κτλ. Je rends grâce au seigneur Sérapis de ce que, alors que j’étais en danger sur la mer, il m’a sauvé sur le champ. À mon arrivée à Misène [...]. 12 13 Aristide, Orat. XLV, In Serapidem, 23. 14 Ibid., 29. 158 I, D   Ω τäν καλλíστην ¤ν Çφορ‡̋ κατéχων πóλιν, ’ σοι τäν δι’ Ïτου̋ πανåγυριν πληροî, ¥ κοινòν ‚πασιν νθρöποι̋ φ÷̋, µîν τε δä πρöην περιφαν÷̋ γενóµενο̋, Ëτ’ Çπιρρεοúση̋ τæ̋ θαλáττη̋ καì πολλæ̋ πáντοθεν α±ροµéνη̋ καì ο¹δενò̋ Ãρωµéνου πλäν τοû µéλλοντο̋ καì σχεδòν “δη παρóντο̋ Äλéθρου χεîρα ντáρα̋ ο¹ρανóν τε κεκρυµµéνον Çξéφηνα̋ καì γæν Ïδωκα̋ ±δεîν καì προσορµíσασθαι, τοσοûντον παρ’ Çλπíδα ¢στ’ ο¹δ’ Çπιβâσι πíστι̋ •ν. Ô toi qui habites la plus belle parmi toutes les cités qui chaque année célèbre en ton honneur une fête solennelle ! Toi, lumière universelle pour tous les hommes ! Toi qui t’es récemment manifesté à nous alors que la mer infinie se soulevait de toutes parts et se précipitait sur nous ! Quand plus rien n’était visible hormis notre destruction toute proche, tu étendis la main, révélant le ciel obscurci, et nous permis de gagner la terre et d’arriver à bon port, tellement au-delà de nos espérances que nous n’étions pas encore totalement convaincus même une fois débarqués. Au-delà du discours général du rhéteur sur la puissance cosmique, oraculaire et guérisseuse de Sarapis, ces quelques lignes apparaissent comme l’expression d’un lien personnel entre le dieu et lui-même, un dieu protecteur des hommes confrontés aux périls marins 15 . C’est probablement ce qu’exprime le double décor d’une intaille de jaspe noir provenant d’Alexandrie (fig. 67) et datée du e siècle apr. J.-C. Au droit, on trouve une ancre et au revers, l’inscription ΜΕΓΑC | CΑΡΑΠΙC 16 . Fig. 67. Intaille. e siècle apr. J.-C. Peut-être cette évolution nouvelle est-elle en partie redevable à la difusion de l’histoire du songe de Ptolémée relatif à l’introduction du culte de Sarapis à 15 G. Sfameni Gasparro, Elio Aristide, p. 249. C’est davantage à des dieux protecteurs des soldats en campagne que simplement protecteurs des hommes en mer que s’adresse une marque de reconnaissance gravée sur le mur du Bouleutérion de Stratonicée de Carie au e ou au e siècle apr. J.-C. CIG II 2716 = LBW 516 = SIRIS 280 = I. Stratonikeia no 1104 = RICIS 305/0503 : Ζηνì Πανη[µερí]ÿ καì <Ηλíÿ ∆ιì Σερáπει, σωθéντε̋ Çκ πολéµων µεγáλων καì λλοδαπ÷ν θαλασσ÷ν, ε¹χæ̋ ²νεκε ταûτ’ Çπéγραψαν ¸φ’ Æν ο° τéσσαρε̋ ƒνδρε̋, Ζωτικó̋, >Επíκτητο̋, ‘δ’ >Αντíοχο̋, [‘δ’] ‚µα Νεîλο̋. En l’honneur de Zeus Panamaros et du Soleil Zeus Sarapis, pour avoir réchappé à de grandes guerres et à des campagnes sur des mers étrangères, quatre hommes Zôtikos, Épiktètos, Antiochos (et) Neilos, suite à un voeu, ont fait graver en commun cette inscription. Ashmolean Museum, Oxford, no inv. Fortnum 88. M. Henig, A. MacGregor, Catalogue of the Engraved Gems and Finger-Rings in the Ashmolean Museum. II. Roman (BAR International Series, 1332. Studies in Gems and Jewellery, 3), Oxford 2004, p. 117.13.29. 16 S    159 Alexandrie, dont Tacite et Plutarque se sont fait l’écho, sinon le relais 17 . Souvenonsnous. À la suite d’un songe, et sur les avis de membres influents de son entourage, un Ptolémée envoie à Sinope, en Paphlagonie, une délégation chercher la statue de Jupiter Pluton censée apporter le bonheur à ses États. Alors que le peuple de Sinope rechigne à laisser partir cette statue, celle-ci va d’elle-même sur le rivage et s’installe dans l’un des vaisseaux de l’ambassade lagide. Tacite écrit : Maior hinc fama tradidit deum ipsum adpulsas litori nauis sponte conscendisse : mirum inde dictu, tertio die tantum maris emensi Alexandriam adpelluntur. Ceci accrédita la tradition selon laquelle le dieu alla lui-même s’embarquer sur les vaisseaux ancrés au rivage. Autre prodige ! Le troisième jour vit, malgré l’immensité du trajet, la flotte rendue à Alexandrie. Malgré cet exploit, il semble toutefois bien dificile pour Sarapis d’assumer seul ce rôle marin. Aucune épiclèse ne l’exprime, aucun lieu de culte ne paraît être consacré à un hypothétique Sarapis Pelagius. Rares sont les représentations du dieu seul sur un navire. Une intaille de jaspe rouge, peut-être conservée encore aujourd’hui au musée archéologique de Florence, connue par un simple dessin de S. Reinach (fig. 68a) 18 , laisse apparaître le buste de Sarapis à droite, coifé d’un calathos, à la poupe d’un bateau pourvu d’une voile et de rames et naviguant vers la droite. Sur le pont, un personnage (le pilote ?), tend le bras droit vers l’avant. Un vexillum (?) se dresse peut-être à la proue. Le caractère exceptionnel de ce document anciennement publié ne permet pas d’en dire davantage. Une autre intaille, une hématite montée dans une bague en argent, autrefois dans les collections Montigny puis Southesk (fig. 68b) 19 , montre Sarapis, coifé d’un calathos, trônant à droite dans une barque de papyrus allant vers la droite. Il s’appuie de la droite levée sur un long sceptre et tend la gauche au-dessus, nous semble-t-il, de la tête de Cerbère. La proue comme la poupe sont surmontées chacune par un faucon portant une couronne végétale et regardant vers le dieu 20 . Cette scène doit être rapportée aux cérémonies qui se déroulaient Fig. 68a. Intaille. Florence. Fig. 68b. Intaille Southesk. 17 Tacite, Hist., IV, 83-84 ; Plutarque, De Iside, 28 (361 F-362 A). Sur cette légende et son succès, on pourra se reporter à notre étude à paraître Le songe de Ptolémée. Une histoire à succès. 18 S. Reinach, Pierres gravées, p. 33 pl. 29 no I-58-1 (dessin). 19 H. Carnegie, Collection of Antique Gems I, p. 119-120, K 2 et pl. X. 20 Contrairement à ce qu’indiquait W. Hornbostel, Sarapis, p. 302 et n. 3, il n’existe à notre connaissance pas de parallèle numismatique à cette intaille. Le renvoi à Dattari 3528 est erroné ; le dieu n’y est pas du tout figuré allein auf einer Nilbarke, mais entouré d’Isis et de Déméter. 160 I, D   chaque année lors de l’inondation, lorsque la statue du dieu sortait de son temple, à l’instar de celle d’Osiris s’embarquant sur le fleuve pour visiter ses divins voisins et participer à leurs propres fêtes. Les deux oiseaux sont les protecteurs du dieu lors de son déplacement ; on les retrouve sur d’autres compositions, veillant de la même manière sur la barque d’Osiris ou celle d’Harpocrate 21 . Ces rapaces, parfois coifés du pschent, sont identifiables à Isis et Nephthys qui apparaissent dans la même position et le même rôle sur d’autres gemmes (fig. 69) 22 , et qui empruntent bien souvent l’aspect d’éperviers 23 . Fig. 69. Gemmes magiques. Du site antique de Vertillum, en Gaule 24 , provient un fragment de moule en terre cuite présentant une scène originale (fig. 70). On reconnaît, de droite à gauche, dans un bateau, Sarapis, coifé du calathos, assis à gauche et tenant un long sceptre, Harpocrate, debout à gauche, tenant une cornucopia de la gauche et portant l’index droit à la bouche, enfin Isis, sans doute debout, à droite 25 . Il est probable que nous avons afaire à un moule, peut-être local, inspiré de ceux qui servirent, à partir du er siècle apr. J.-C., à fabriquer les nombreux médaillons d’applique rhodaniens à thèmes isiaques, à l’instar de ceux gravés par quelques centres arvernes de production céramique. Le thème de la famille isiaque dans un navire a dû connaître une Voir, pour Osiris, C. Bonner, Studies in Magical Amulets, Ann Arbor 1950, p. 253, pl. I, no 2, et pour Harpocrate, les exemples nombreux rassemblés par A. Delatte et Ph. Derchain, Intailles magiques, p. 116 no 146, et p. 120-123 nos 155, 156, 158, 159 et 162. 22 H. Philipp, Mira et magica, p. 66-67, pl. 19.78 (intaille de lapis-lazuli de l’ancienne collection Von Stosch, conservée au Musée égyptien de Berlin, no inv. 9836) : Sarapis est représenté trônant, de face, dans une barque de papyrus vue de profil. Coifé de l’atef et vêtu d’un himation, il tient un sceptre dans la main gauche levée et baisse la droite au-dessus de la tête d’un personnage dificilement identifiable placé à ses pieds (qui n’est sans doute pas Cerbère ; Harpocrate, un oiseau, une tortue ?) ; à sa gauche, un être hybride androcéphale mais à corps d’oiseau, coifé de la double couronne et tenant une sorte de crosse. La poupe est surmontée du buste d’Isis à droite, la proue de celui de Nephthys à gauche. Plusieurs inscriptions magiques complètent l’ensemble. Une seconde, similaire, est publiée par T. Hackens, Classical Jewelry, p. 153 no 83 (intaille no inv. 14.003) : la scène est semblable à la précédente. Outre l’être hybride à la gauche du dieu (le faucon Horus ?), on remarque à droite un enfant solaire (Harpocrate ?) assis sur un lotus, la tête tournée vers Sarapis et couronnée du pschent. Les deux intailles sont datables du er ou du e siècle apr. J.-C. 23 A. Delatte et Ph. Derchain, Intailles magiques, p. 98. 24 Vicus situé sur un éperon rocheux dominant la vallée de la Laigne, actif du  er au  e siècle apr. J.-C., qui domine l’actuel village de Vertault, en Bourgogne. 25 A. Alföldi, Vota Publica, p. 71 n o 10 et pl. 15.2 ; H. Vertet, Observations sur les vases à médaillons d’applique de la vallée du Rhône, Gallia 27 (1969), p. 100 ; V. Tran tam Tinh et al., s. v. Harpokrates, LIMC IV.1 (1988), p. 440 no 388 ; id., s. v. Isis, LIMC V.1 (1990), p. 773 no 166 ; E. Arslan (éd.), Iside, p. 556 no VI.9. L’objet est conservé au Musée de Châtillon-sur-Seine. 21 S    161 Fig. 70. Empreinte du moule de Vertault. certaine popularité dans le sillon rhodanien, là où le commerce fluvial était vital pour beaucoup. Sans doute la présence, attestée pour Lyon, d’Orientaux hellénophones, potiers, verriers et bronziers a-t-elle ofert aux cultes isiaques une certaine assise populaire dans cette partie de la Gaule 26 . Mais Sarapis, hors de son cercle, est souvent associé sinon assimilé à de véritables divinités marines. Ainsi à Ostie, dans le Serapeum, un ex-voto est déposé pour Zeus très bon très grand Sarapis et pour les Castors 27 ; la mention des Dioscures suggère que nous avons afaire à un sauvetage maritime. À l’autre extrémité de la ligne Ostie-Égypte, à Alexandrie donc, les Dioscures étaient vénérés notamment comme protecteurs des gens de mer 28 . Dans le monnayage de la cité, les premières émissions les associant à Sarapis apparaissent sous le règne de Trajan, en 109-110 apr. J.-C. 29 et se poursuivent jusqu’en 164-165 30 . Nous avons déjà vu que sur les lampes naviformes 26 Cf., en attendant la synthèse préparée par G. Clerc et J. Leclant, les nombreux documents épars rassemblés dans notre Atlas, p. 96-107. 27 SIRIS 549 = A. Pellegrino, Note sul culto di Serapide ad Ostia, MGR XIII (1988), p. 228 n o 16 = RICIS 503/1129. Les Dioscures apparaissent aussi comme protecteurs de la flotte annonaire : Ammien Marcellin XIX, 10, 4 (en 359 ou 360 apr. J.-C.) ; Ethicus, XXIV (éd. Riese, Geog. Lat. Min., p. 83) ; et le calendrier de Polemius Silvius en 449 (CIL I, 2 p. 257, au 27 janvier). 28 P. M. Fraser, Ptolemaic Alexandria, I p. 18-19 et II, p. 49 n. 101 et 108. 29 En l’an 13 de Trajan ; SNG France 4, 1075. Les Dioscures afrontés sont figurés chacun sur un cheval, une lance dans la main gauche, entourant le buste de Sarapis, coifé du calathos, à droite. Le type apparaît peut-être dès 108-109, si l’on en croit E. Christiansen, Coins of Alexandria, p. 153. Un type proche, attesté pour l’an 19 du même empereur, sur lequel Sarapis se tient debout, de face, un simpulum à la main entre les Dioscures, de face, tenant un fouet et une lance (Dattari 1034 ; E. Christiansen, Coins of Alexandria, p. 203), apparaît peut-être dès 107-108, mais nous n’avons pu vérifier la date sur l’exemplaire de la vente Malloy 14 (South Salem, juillet 1979), no 148. 30 Sur une émission commune à Marc Aurèle et Lucius Verus, Sarapis apparaît debout, de face, la tête coifée du calathos à gauche, un simpulum dans la droite, un bassin à ses pieds, entre les Dioscures le regardant, une étoile sur la tête, celui de gauche tenant une bride et un fouet, celui de droite tenant une bride et couronnant Sarapis. Pour Marc Aurèle : BMC Alexandria, p. 157.1299 ; Dattari 3529-3529bis ; Milne 162 I, D   égyptiennes, Sarapis est très souvent représenté en compagnie des Dioscures, et que ces derniers apparaissent également sur la lampe-navire de Pouzzoles 31 . Fig. 71. Empreinte de gemme. Saint-Petersbourg. e-e siècle apr. J.-C. Nous avons évoqué plus haut les documents, monnaies et gemmes surtout, figurant Sarapis trônant sur un navire, entouré de divinités féminines. À celles-ci on peut ajouter un jaspe rouge inséré dans une bague, du musée de l’Ermitage (fig. 71), datable des e-e siècles apr. J.-C., portant l’image de Sarapis, coifé du calathos, trônant à gauche sur un navire voguant à gauche sur les flots, face à Isis debout à droite, coifée du basileion, brandissant le sistre de la droite et tenant une situle de la gauche baissée, tandis que Mercure-Hermès, debout à gauche derrière le dieu, un mantelet posé sur le bras droit, tient une bourse de la droite et un caducée de la gauche 32 . La présence d’Hermès, protecteur des voyageurs, n’est pas surprenante dans une composition renvoyant au rôle maritime du couple isiaque 33 . 2526 (où Marc Aurèle est pris avec prudence pour Lucius Verus) ; Geissen 3, 2104 ; Emmett 2182(5). Pour Lucius Verus : Dattari 3779 ; Milne 2526 ; Emmett 2430(5). 31 Hors de tout contexte maritime direct, il n’est pas rare de voir Sarapis associé aux Dioscures, que ce soit sur des monnaies, des gemmes ou même sur les parois de certains temples. O. Deubner, Sarapis und die Dioskuren, Marburger Winckelmann-Programm (1947), p. 13-16. Lors des fouilles menées à Magdôla, dans le Fayoum, P. Jouguet, CRAI 1902, p. 355-359, avait cru retrouver les Castors armés chacun d’une lance et tenant la bride d’un cheval sur la décoration de la façade d’un temple transformé en Sarapieion à la fin du er siècle av. J.-C. En fait, comme l’a bien reconnu É. Bernand, Recueil des inscriptions grecques du Fayoum. III. La «méris» de Polémôn, Le Caire, 1981, p. 56, le dieu représenté est en fait Hérôn. Sur cette divinité, voir la bibiliograhie et les documents réunis par É. Will, s. v. Heron, LIMC V.1 (1990), p. 391-394 (en particulier p. 392 pour Magdôla), à laquelle on ajoutera É. Bernand, Dédicace au dieu Hérôn, ZPE 91 (1992), p. 226-228 ; G. Nachtergael, Trois dédicaces au dieu Hèrôn, CdE 71 (1996), p. 139-142 et 310 ; S. Poulin, Harpocrate-Hérôn à cheval, dieu de l’abondance, dans M.-O. Jentel, G. Deschênes-Wagner (éds), Tranquillitas, Mélanges en l’honneur de Tran tam Tinh, Québec, 1994, p. 486-496 ; J. Bingen, Le dieu Hérôn et les Hérôn du Fayoum, dans C. Berger et al. (éds), Hommages à J. Leclant, III, p. 41-50 (pour Magdôla, voir p. 41, 44-45) ; et Z. Kiss, Harpocrate-Héron. À propos d’une figurine en terre cuite du Musée National de Varsovie, dans D. M. Bailey (éd.), Archaeological Research in Roman Egypt. The Proceedings of the Seventeenth Classical Colloquium of the Department of Greek and Roman Antiquities, British Museum, held on 1-4 December 1993, Ann Arbor, 1996 (= JRA Suppl. Series, 19), p. 214-222. Merci à M. Malaise pour ces références. 32 O. J. Neverov, Amulettes magiques, p. 468 et fig. 2 p. 469. Le renvoi à la figure, en p. 468, est mal placé, le personnage de droite n’étant évidemment pas Horos ; la légende en p. 469 est correcte. Le navire en question, muni d’un gouvernail mais dépourvu de rames et de voile, ne peut être une barque du Nil comme l’écrit l’auteur p. 468. 33 Mentionnons aussi une intaille biface de jaspe vert, brun et jaune, ayant appartenu à la collection Schlumberger, aujourd’hui conservée au Cabinet des Médailles de Paris, no inv. S 390, et présentant une S    163 Plusieurs documents, nous l’avons vu, associent plus ou moins directement Sarapis au bon acheminement de l’annone vers Rome. Intéressantes sont à ce titre deux inscriptions, l’une provenant de Carthage, l’autre du limes danubien, qui identifient cette fois clairement Sarapis à une divinité marine. La première est gravée sur une proue de navire en marbre soutenant un pied droit levé, vestige probable d’une grande statue, dans une attitude familière de Poséidon (fig. 72). Fig. 72. Dédicace à Sarapis-Neptune. Carthage. e siècle apr. J.-C. signification diférente, même si la scène est, a priori, comparable. A. Delatte, Ph. Derchain, Intailles magiques, p. 215-217, no 294 ; W. Hornbostel, Sarapis, p. 303, n. 8 ; V. Tran tam Tinh, Sérapis debout, p. 96-97, no IA 17, fig. 18 ; Z. Kiss, s. v. Ouroboros, dans LIMC VII.1 (1994), p. 136, no 4 : au droit, dans un ouroboros, une barque, dont la proue se termine par une tête de bélier et dont la coque est décorée d’arêtes de poisson, porte sept personnages. À la proue, Hélios radié lève la main gauche à hauteur du visage et tient un fouet dans la droite. Hermès nu, debout à droite, tenant de la main droite un caducée et de la gauche une nébride (?), lui fait face. Anubis cynocéphale et clidophore apparaît à mi-corps. À sa droite, un homme nu, debout à gauche, la tête coifée d’un chapeau à larges bords, tend un instrument à lame bifide vers la bouche de Sarapis dressé devant lui. D’après A. Delatte et Ph. Derchain, cet objet serait un des instruments qui servaient en Égypte au rituel de l’ouverture de la bouche, par lequel momies et statues étaient “animées”, et qui pouvait être exécuté dans les temples pour Osiris. Sarapis, debout à droite, coifé du calathos, est appuyé de la main droite sur un sceptre surmonté d’un uraeus lové et baisse la gauche au-dessus de Cerbère. Derrière lui, un second Anubis tient de la main gauche un rouleau et de la droite trois bâtonnets. Enfin, à la poupe, un pilote manœuvre le gouvernail. Une autre scène à quatre personnages orne le revers. 164 I, D   La dédicace, datable du e siècle apr. J.-C., œuvre de deux homonymes appartenant à une famille bien connue pour son attachement aux cultes isiaques, indique que le dieu ainsi représenté était Sarapis-Neptune 34 . En Afrique, Neptune est le grand dieu de la mer, patron de plusieurs villes portuaires, dont Hadrumète 35 . Divinité marine, il l’était également des eaux terrestres, et notamment des sources. À ce titre, lorsqu’une source présentait des propriétés thérapeutiques, il pouvait apparaître comme un dieu guérisseur 36 , ce qui le rapprochait encore de Sarapis(-Esculape). Dans le cas de la dédicace carthaginoise, on peut supposer avec vraisemblance que les dédicants étaient investis dans le commerce maritime, peut-être avec Rome 37 . La seconde figure sur un autel découvert sur le site de l’actuelle Piliscsév, en Pannonie Inférieure, sur les bords du Danube. Œuvre du légat propréteur de la province, elle s’adresse à Jupiter-Neptune-Sarapis 38 , et doit coïncider avec la visite de Caracalla en ces lieux, siège d’une garnison romaine, en 214 apr. J.-C. L’invocation adressée 34 CIL VIII 1002 = 12462 = ILS 4390 = SIRIS 770 = RICIS 703/0102 : Sarapidi Neptuno Aug(usto) sacr(um). P.Aurelii Pasinici cum suis s(ua) p(ecunia) f(ecerunt) d(ecreto) d(ecurionum). Consacré à Sarapis Neptune Auguste. Publius Aurelius Pasinicus et Publius Aurelius Pasinicus avec les leurs l’ont fait à leurs frais sur décret des décurions. Le pied posé sur une proue, parfois sur un rocher, est une attitude bien connue de l’iconographie neptunienne. C’est ainsi qu’il est figuré sur un verre gravé du Musée du Caire (voir supra p. 73-74), sur une intaille de verre bleu, au côté du Phare et d’Isis à la voile (voir supra p. 72-73), ou encore sur certaines monnaies tardives des Vota publica (A. Alföldi, Festival of Isis, p. 46 et nos 1 [Dioclétien], 4 [Constance Chlore], 5 [Galère] et 14 [Constantin Ier], et la SNRIS Roma). Sur ces monnaies, Isis brandissant le sistre est représentée à côté d’un dieu tenant un trident dans une main et dans l’autre un dauphin, le pied gauche posé sur la proue d’un navire, identifié par A. Alföldi comme un Sarapis-Neptune, ce qui semble discutable en l’absence du moindre attribut caractéristique du parèdre d’Isis, pas même le calathos. Nous remercions Jean-Pierre Laporte pour nous avoir communiqué une photographie de la pierre portant l’inscription de Carthage. 35 Voir une inscription grecque de Thapsus (Ras Dimas-Bekalta) sur laquelle est mentionné, parmi d’autres dieux, Poséidon Karpodotès (AE 1987, 1016). A. Beschaouch, Poséidon en Barbarie, dans M. Galley et L. Ladjimi-Sebaï (éds), L’homme méditerranéen, p. 419-424, y voit une identification avec Frugifer et rappelle que Neptune était le genius d’Hadrumète. Sur Neptune patron d’Hadrumète (Colonia Ulpia Traiana Frugifera Hadrumetina), voir L. Foucher, Hadrumetum, Paris 1964, p. 113-114. 36 S. Ben Baaziz, Neptune dieu guérisseur, dans M. Galley et L. Ladjimi-Sebaï (éds), L’homme méditerranéen, p. 425-436. Signalons par exemple, dans la région de Thala, au sein d’un établissement thermal toujours fréquenté, la découverte d’un autel à Neptune sur lequel le dieu est représenté tenant d’une main son trident habituel et de l’autre, un bâton entouré d’un serpent, attribut ordinaire d’Esculape. Pour M. Le Glay, Sur une inscription de la région de Thala, BCTHS 22 (1992), p. 81-82, il s’agit d’une tendance dans la religion romaine d’Afrique à associer des divinités diférentes pour former de nouvelles entités : Saturne-Jupiter, Mercure-Silvain, Neptune-Esculape. Nous ajouterons Sarapis-Neptune. 37 Il faut peut-être également relier à ses prérogatives maritimes la dédicace romaine IG XIV 1030 = IGRR I 107 = SIRIS 406 = IGUR I (1968) 193 = RICIS 501/0145 : >Αγαθ— Τúχþ. ∆ιì <Ηλíÿ µεγáλÿ Σαρáπιδι καì τοî̋ συννáοι̋ θεοî̋ Στáτιο̋ Κοδρâτο̋ à κρáτιστο̋, νεωκóρο̋, Çκ µεγáλων κινδúνων πολλáκι̋ σωθεì̋ ε¹χαριστ÷ν νéθηκα. À la Bonne Fortune. À Zeus Soleil grand Sarapis et aux dieux qui partagent le même temple, moi, son excellence Statios Kodratos, néocore, sauvé à plusieurs reprises de grands périls, j’ai consacré (cette colonne) en marque de reconnaissance. 38 CIL III 3637 = L. Barkóczi, AErt, ser. III 2 (1941), p. 26 n o 6 ph. pl. VIII 2 = V. Wessetzky, Die ägyptischen Kulte zur Römerzeit in Ungarn (= EPRO, 1), Leiden 1961, p. 51-52, pl. XV.19 = SIRIS 670 = RIU III (1981) no 800 = RICIS 614/0201 : Iovi optimo [max(imo)] Neptuno Serap[idi], pro salut[e et] victor[ia] et perpetuitate [I]mp(eratoris) Caesaris [M. A]urel(ii) [[Antonini]] [Pii] Felicis Aug(usti), [L. Al]fenus Avitianus, [leg(atus)] eius pr(o) pr(aetore) prov(inciae) Pann(oniae) inf(erioris). À Jupiter Très bon Très grand Neptune Sérapis, pour le salut, la victoire et la perpétuité de l’empereur César Marc Aurèle [[Antonin]] Pieux Heureux Auguste, Lucius Alfenus Avitianus, son légat propréteur de la province de Pannonie Inférieure. S    165 à la divinité implique autant une demande de protection pour l’Empereur, sur terre comme sur le fleuve, face aux périls de la guerre comme à ceux de la maladie, que pour son armée dans ses forces terrestres et fluviales. Une monnaie d’Alexandrie de l’an 12 de Trajan (fig. 73) illustre, elle aussi, cette identité entre Sarapis et Neptune, voire la substitution du premier au second. Au revers, on reconnaît Sarapis coifé du calathos debout sur un chariot de face tiré par deux Tritons 39 . Le dieu, légèrement tourné vers la gauche tient un long sceptre de la gauche et lève la droite en guise de salut vers un objet ou un visage non identifiable. Fig. 73. Alexandrie. Trajan an 12 Si, sur un plan général, Sarapis, dans son rôle de protecteur des marins et de la navigation demeure incontestablement dans l’ombre d’Isis, sur un plan plus strictement économique 40 et politico-militaire, il prend le pas sur sa parèdre. Ainsi, sur une monnaie d’homonoia entre Éphèse et Alexandrie, sont représentés Artémis d’Éphèse et Sarapis, respectivement sur la proue et la poupe d’un navire voguant à gauche, sa voile gonflée par le vent, avec en arrière-plan les murailles d’Éphèse et un temple (fig. 74a) 41 . Cette émission s’inscrit dans un ensemble de frappes qui, sous 39 J. W. Curtis, The Coinage of Roman Egypt: A Survey, The Numismatist (January-August 1956), p. 45 pl. XXXIII, qui identifie le personnage à un Empereur. Deux autres exemplaires, l’un autrefois dans la collection Dattari (= Dattari-Savio, 12238 ; Emmett 578[12]), l’autre passé en vente publique aux États-Unis (= catalogue Classical Numismatic Group 29 [1993], 1006), mieux conservés, certifient qu’il s’agit bien de Sarapis. L’identification de l’élément auquel le dieu adresse son salut demeure toutefois problématique. L’auteur de la notice du catalogue de vente suggérait une head with modius on body of a bird, perhaps, ce qui n’est guère vraisemblable. 40 Rappelons la dédicace de Phoenix en Crète, œuvre du commandant d’un navire marchand alexandrin, l’Isopharia, à Iovi Soli Optimo Maximo Sarapidi (SIRIS 171 = RICIS 203/0701 ; voir supra p. 110), ainsi que l’existence, à Salonae, à la fin du er ou au début du e siècle, d’un collège de Sérapis, composé au moins pour partie de marins. Nous avons conservé le texte de l’épitaphe de l’un d’entre eux, décédé de l’autre côté de l’Adriatique, à Aternum. CIL IX 3337 = SIRIS 677 = RICIS 615/0401 : L. Cassio Hermodoro nauclero, qui erat in colleg(io) Serapis Salon(itano). Per // freta, per maria tra/iectus saepe per und(as), / qui non debuerat / obitus remanere / in Atern(o). Set mecum // coniunx si vivere / nolueras, at Styga / perpetua vel rate / funerea utinam / tecu(m) comitata // fuissem. Ulpia Candi/da domu Salon(itana) con(iugi) b(ene) m(erenti) p(osuit). Pour Lucius Cassius Hermodorus, nauclère, qui appartenait au collège salonitain de Sérapis, lui qui traversa souvent les flots, les mers, les eaux (et) qui n’aurait pas dû mourir à Aterni et y rester. Mais puisque tu n’avais pas voulu vivre avec moi en tant qu’époux, plût au ciel que je t’aie accompagné jusqu’au Styx éternel sur un bateau, fut-il funèbre. Ulpia Candida, domiciliée à Salonae, a placé (cette inscription) pour son époux qui l’avait bien mérité. Sur ce document, voir également A. Bugarski-Mesdjian, Cultes orientaux, p. 624 et 628. 41 M. K. Nollé, Die Eintracht zweier Metropolen: Überlegungen zur Homonoia von Ephesos und Alexandreia zu Beginn der Regierung Gordians III, JNG 46 (1996), p. 56.19 ; SNRIS Ephesus 20. 166 Fig. 74a. Éphèse. Gordien III. I, D   Fig. 74b. Nicée. Caracalla. Fig. 74c. Périnthe. Sévère Alex. Marc Aurèle et surtout Gordien III, font clairement allusion aux relations étroites, notamment commerciales, entretenues entre les deux grandes cités 42 . Au revers d’une monnaie de Nicée datant du règne de Caracalla (fig. 74b) 43 , on trouve, à la proue d’une galère, Sarapis, debout à droite, coifé du calathos, saluant de la droite levée et tenant son sceptre de la gauche, faisant face à l’empereur assis, lequel tient un sceptre et une patère. Sur la proue est représenté l’aigle impérial et, sur la poupe, un vexillum 44 . Cette émission doit être mise en relation avec une campagne militaire menée par Caracalla en Orient, au cours de laquelle la flotte et, plus largement, la victoire des armes de l’Empereur sont placées sous les bons auspices de Sarapis 45 . Dans le même sens, plus précise encore, est une émission de Périnthe, en Thrace, au motif complexe (fig. 74c) 46 . Sur le pont d’une galère navigant à gauche, on trouve à la proue Isis debout à gauche, la tête de face, tenant une voile de ses deux mains, dans le sens de la marche du navire. Au milieu, Sévère Alexandre, vêtu de la toge, debout de face, la tête à gauche, salue de la droite levée et tient un sceptre de la gauche. À la poupe, Sarapis, debout de face, la tête coifée du calathos à gauche, vêtu d’un long pallium, couronne l’empereur de la droite, la gauche tenant le gouvernail du bateau. Cette émission doit dater de 231 apr. J.-C. et commémorer l’embarquement, depuis Périnthe, de Sévère Alexandre parti afronter les Sassanides. L’expédition, à commencer par la traversée, est ainsi placée sous la protection d’Isis et de Sarapis, garants d’une victoire qui ne saurait échapper aux Romains. Rares sont cependant les monnaies représentant Sarapis marin. Signalons toutefois quelques émissions de l’atelier de Cologne pour l’empereur gaulois Postumus (aurei et antoniniens) qui mettent à l’honneur Hercule, mais aussi Sarapis. Le dieu 42 Voir les nombreux exemples réunis par P. R. Franke, M. K. Nollé, Homonoia-Münzen ; SNRIS Ephesus 3 (Marc Aurèle) et 4-26 (Gordien III). 43 Rec.Gén., p. 458.469 ; SNRIS Nicaea 21. 44 Cette scène est à rapprocher de certaines monnaies romaines, où le bateau seul est figuré pour évoquer le voyage impérial. C’est le cas par exemple sur des émissions d’Hadrien (RIC II, 351 [134-138 apr. J.-C.]) ou de Lucius Vérus (RIC III, 1325 [162-163 apr. J.-C.]). 45 Après avoir traversé les provinces danubiennes et la Thrace, Caracalla et son armée s’embarquèrent à Périnthe pour gagner l’Asie. Il échappa à un naufrage lors de la traversée de l’Hellespont. Il passa ensuite l’hiver 214-215 à Nicomédie. A. Johnston, Caracalla’s Path: The Numismatic Evidence, Historia 32 (1983), p. 58 et 76 ; H. Halfmann, Itinera principum. Geschichte und Typologie der kaiserreisen im Römischen Reich, Stuttgart, 1986, p. 224. 46 E. Schönert, Geschichte Thrakiens, p. 250.125, fig. 13 ; SNRIS Perinthus 14. S    167 est qualifié de comes Augusti (compagnon de l’Empereur) sur ces monnaies que l’on date actuellement de 266-267 47 . On peut distinguer, au-delà des variantes de détail, deux types : un premier, traditionnel, figurant Sarapis debout, la main droite levée et tenant le sceptre ; un second, original, sur lequel Sarapis pose le pied droit sur une proue (fig. 75a). Fig. 75a. Cologne. Postumus. Fig. 75b. Rome. Maximien Hercule. Nous serions tenté de rapporter cette dernière image au rôle de protecteur du commerce fluvial rhénan que le dieu a dû assumer à Cologne dès le e siècle, comme semble le montrer une dédicace I(ovi) o(ptimo) m(aximo) et Serapi et Genio loci émanant d’un beneficiarius en poste dans la ville et datée de 179 apr. J.-C. 48 La qualification de comes Augusti appliquée à Sarapis,  comme à Hercule et à Neptune , souligne que l’Empereur agit en liaison directe avec celui-ci 49 . Le dieu est à la fois un compagnon et un conservator 50 . En 306, des petites monnaies de cuivre frappées à l’occasion des Vota Publica présentent un revers inédit (fig. 75b) sur lequel on reconnaît Isis debout à droite à la proue d’un navire voguant à droite, tenant une voile et regardant en arrière, tandis que Sarapis, coifé du calathos, est assis à droite, à la poupe, tenant le cordage d’une seconde voile 51 . Seul parfois, associé ou assimilé à d’autres divinités marines (les Dioscures, Neptune, Isis) le plus souvent, Sarapis est donc bien, lui aussi, un Pelagius. 47 G. Elmer, Münzprägung, p. 49.382 (sans la proue) daté de 266, et 383 (avec la proue), daté de 267 par E. Besly et R. Bland, Cunetio Treasure, p. 56. 48 CIL XIII, 12052 = SIRIS 717 = G. Grimm, Zeugnisse, p. 138-139.19 et pl. 31 = B. et H. Galsterer, Die römischen Steininschriften aus Köln, Köln 1975, no 75 et pl. 16 = RICIS 610/0101 : I(ovi) o(ptimo) m(aximo) et Serapi et Genio loci L. Caesius Florentinus, b(ene)f(iciarius) co(n)s(ularis), pro se et suis v(otum) s(olvit) l(ibens) m(erito), imp(eratoribus) Comm(odo) II et V[er]o II co(n)s(ulibus). À Jupiter Très bon Très grand, à Sérapis et au Génie du lieu, Lucius Caesius Florentinus, beneficiarius du consulaire, pour lui et les siens, s’est acquitté de son vœu de bon gré et à juste titre, les empereurs Commode et Verus étant consuls pour la deuxième fois. 49 R. Turcan, Culte impérial, p. 1022, rejette, à juste titre, l’opinion d’A. D. Nock, Comes, qui avait voulu restreindre la portée de ce terme au sens de protecteur et non pas compagnon. 50 L’exemplaire publié par E. Besly, Cunetio Treasure, n o 2968 est une imitation d’un antoninien de Victorin, qui reprend un droit de cet empereur et lui associe un revers utilisé par Postume. En fait, il ne semble pas que Victorin ait jamais fait frapper de monnaies au type de Sarapis. 51 Alföldi, Festival of Isis, 2 et pl. I.1 = SNRIS Roma V002 (Dioclétien) et Alföldi, Festival of Isis, 3 et pl. I.2 = SNRIS Roma V003 (Maximien Hercule). Pour la date, P. Bastien, VOTA PVBLICA, p. 98. Il est probable que des pièces ont dû être frappées avec le même coin de revers pour Galère et Constance Chlore. 168 I, D   2. Isis et Sarapis, parasèmes de navires C’est probablement à ce titre que le dieu apparaît comme parasème d’un navire sur une fresque (fig. 76) conservée aujourd’hui au Palazzo Grosso à Rome et provenant d’un établissement thermal de Pietra Papa, le long du Tibre, à proximité immédiate du port fluvial de l’Urbs 52 . Les thermes sont à dater, d’après les estampilles des briques, de l’époque d’Hadrien. Dans le cadre d’une scène marine sont représentés six navires, nommés alpha, béta, etc. par leur inventeur. La proue du navire alpha s’orne d’une représentation de Sarapis trônant, de face, coifé du calathos et s’appuyant de la gauche sur un sceptre, la droite tendue au-dessus de Cerbère, entouré à sa gauche de Déméter (?) 53 tenant un objet indistinct et à sa droite d’Isis brandissant le sistre 54 . Fig. 76. Fresque. Pietra Papa Rome. Comme l’écrit fort justement G. Jacopi, non ci meraviglieremo della presenza di queste divinità sulla prora della nostra navicella romana in pieno secondo secolo, nel periodo cioè in cui quel culto si stava prodigiosamente diffondendo e radicando, specialmente in quel mondo di battellieri, di pescatori, di corporazioni di lavoratori del porto e del fiume, che forma per così dire l’ambito entro il quale si sviluppano le nostre scene pittoriche di Pietra Papa. 55 52 G. Jacopi, Scavi e scoperte, p. 97-107 ; id., Pietra Papa, col. 46-53, 73-81 et pl. III-IV ; R. E. A. Palmer, Topography, p. 387 ; C. Rossetti, Fr. Tella, Affreschi e mosaici. Nous remercions Serena Ensoli pour nous avoir procuré plusieurs documents sur cette peinture méconnue. 53 G. Jacopi, Pietra Papa, col. 51, parle seulement d’un personaggio con scettro o tirso o fiaccola, vestito di chitone biancastro-verdino con clamide gialla, mais col. 73, il identifie à juste titre cette divinité à Déméter. La présence de cette dernière en compagnie d’Isis et Sarapis marins n’est pas surprenante. Voir supra p. 76-80. 54 G. Jacopi, Scavi e scoperte, pl. I ; H. Fuhrmann, AA (1940), p. 485-486, fig. 36 ; A. W. van Buren, AJA 44 (1940), p. 379, fig. 4 ; G. Jacopi, Pietra Papa, col. 50-51, fig. 52 et pl. III-IV ; R. Bianchi Bandinelli, Rom, fig. 285 ; W. Hornbostel, Sarapis, p. 89 n. 5 et pl. XXIII.34. 55 G. Jacopi, Pietra Papa, col. 80-81. S    169 Il en va de même pour Isis. Ainsi, le navire éponyme du récit de Lucien de Samosate porte sur les deux côtés de sa proue une représentation de la déesse Isis qui lui a donné son nom 56 , comme sans doute le navire emprunté par les héros de Pétrone, nous l’avons vu. Le navire commandé par Dionysios, fils de Sostratos, d’Alexandrie, qui fit une dédicace à Sarapis lors d’une escale à Phoinix, en Crète, était aux armes d’Isis Pharia (gubernator navis parasemo Isopharia) 57 . Nous connaissons d’ailleurs un certain nombre de navires portant un nom dérivé de celui d’Isis ou, plus rarement, de Sarapis, et ce depuis au moins le milieu du e siècle av. J.-C. 58 : un bateau (κυβαíα) servant au transport du blé de l’Arsinoïte vers Alexandrie 59 , un autre préposé aux mêmes fonctions 60 , une trière de la flotte de Misène 61 , un bateau à grains (caudicaria) peint sur les murs d’une tombe de la nécropole de la via Laurentina à Ostie (fig. 77) 62 , ou encore une embarcation du Nil  παρáσηµ(ον) Ισι̋ 63  portent Fig. 77. Isis Geminiana. Ostie. 56 Sur ce texte fameux, on pourra se reporter à l’édition de G. Husson, Le Navire, précisément vol. II p. 15-16 pour le parasème, sans oublier l’étude classique de L. Casson, Isis. 57 CIL III 3 = RICIS 203/0701 ; voir supra p. 110. 58 Sur l’origine des noms donnés aux navires, voir L. Casson, Seafarers, p. 348-360. Une bibliographie sur le sujet est donnée par J. Vélissaropoulos, Les Nauclères grecs. Recherches sur les institutions maritimes en Grèce et dans l’Orient hellénisé, Hautes études du monde gréco-romain, 9 (Paris, 1980), p. 67-68. 59 P. Cair. Zen. III 59320,3 (ca 28 janvier 249 av. J.-C.). 60 P. Heid. VI (1994) 368,4 (29 avril 212 av. J.-C.). 61 Voir les inscriptions funéraires de marins ayant servi sur ce navire : CIL X 3615 = RICIS 504/0501 ; CIL VI 3123 = RICIS 501/0218 ; CIL X 3618 = RICIS 504/0502 et CIL X 3640 = RICIS 504/0503. Ces textes doivent dater de la fin du er ou du e siècle apr. J.-C. Sur les noms des navires de la classis Misensis et de la classis Ravennas, M. Tomorad, Roman Fleets, p. 59-60. Nous remercions l’auteur d’avoir eu la gentillesse de nous transmettre le texte de sa communication avant sa publication. 62 CIL XIV 2028 = RICIS 503/1132. Devant la proue du bateau, on lit le nom du navire Isis Giminiana, au-dessus de la proue, derrière la tête du maître, Farnaces magister et enfin, au-dessus des trois hommes chargeant les grains, Arascantus. La peinture est datée du e siècle apr. J.-C. L’adjonction de l’épiclèse Geminiana (dérivée du nom Geminius) suggère qu’on ne peut nommer alors à Ostie un navire simplement l’Isis, sous peine de ne pouvoir le diférencier des autres embarcations portant un nom construit sur celui de la déesse. 63 PSI IX 1048, 9 (Oxyrhynchos, e siècle apr. J.-C.). 170 I, D   le nom de la déesse. Un souhait pour la bonne navigation du Déméter et du Sérapis nous est parvenu de l’île d’Imbros 64 , un autre de l’île de Syros pour celle du Philosérapis 65 . Une dédicace de Coptos d’époque romaine s’adresse à Isis 66 , la déesse très grande, pour la bonne navigation du navire Sarapis 67 . Une trière de la flotte de Misène aurait porté le nom double 68 Iove et Serapion 69 . Un papyrus, datable du e siècle après J.-C., fragment d’un registre d’entrée de navires dans un port qui n’est hélas pas nommé 70 , mentionne deux navires portant des noms doubles, dont un est formé sur celui de Sarapis 71 . Enfin, un akatos ascalonitain, mentionné dans un papyrus de Théadelphie (?) du Fayoum, porte le nom triple Antinoüs Philosarapis Sôzôn 72 . On écartera de cette liste le prétendu nom d’un navire dessiné sur le mur sud de la chapelle St-Vartan, dans la partie de la basilique du Saint-Sépulcre qui dépend de l’Église arménienne, à Jérusalem, lu erronément Isis mirionimus par les premiers éditeurs 73 . Si, la plupart du temps, les parasèmes évoquent des divinités de bon augure, secourables, salvatrices et protectrices, voire des allégories tout aussi propices, la relative fréquence de noms formés sur ceux de Sarapis et d’Isis donne une certaine idée de la popularité qui fut la leur dans ce rôle à l’époque gréco-romaine. 64 IG XII 8, 584 = RICIS 201/0201 : Ε»[πλοια τ— ∆å]µητρι κ[αì τ¦] Σερáπι κα[ì - - -]. Pour l’heureuse navigation du Déméter et du Sérapis, ainsi que [...]. Le texte est à dater du e ou du e siècle apr. J.-C. 65 IG XII 5, 712 n o 25A = RICIS 202/0703 : Ε»πλοια τ¦ Φιλοσéραπι τ¦ >Ιουλιαν¦ >Αρτεµισíου Μειλησíου. Pour l’heureuse navigation du Philosérapis (et) de Ioulianos, fils d’Artémisios, de Milet. Le grafite est d’époque impériale. 66 La déesse est, avec Min, la titulaire du grand temple de la cité. Voir le catalogue de l’exposition Coptos. L’Égypte antique aux portes du désert, Lyon 2000, p. 60-91. 67 A. Bernand, Les portes du désert, Paris 1984, n o 94 p. 255-257 : Θε‡ µεγíστþ Ισιδι, ¸πèρ ε¹πλοíα̋ πλοíου Σαρáπιδο̋, Ερµα[...]. W. Dittenberger, OGIS II (1905), 696 estimait que le génitif Σαρáπιδο̋ dépendait de πλοíου, indiquant alors que le navire était consacré au dieu, et mettait cette dédicace en parallèle avec un passage du décret de Canope évoquant la procession rituelle de la barque sacrée d’Osiris (OGIS I, 56, l. 51). Le contexte est ici bien diférent, et Sarapis est sans aucun doute le nom du navire, comme l’ont noté à juste titre N. Sandberg, Euploia, p. 33 et A. Bernand p. 256. Comparer la dédicace I. Alexandrie impériale 83 pour la bonne navigation du Nikastarté. 68 Cette pratique des noms doubles, voire triples, est attestée par des papyrus d’époque romaine : voir par exemple P. Oxy. XXIV 2415,49 (e siècle apr. J.-C.) ou SB XIV 11850,5 (149 apr. J.-C.). 69 CIL X, 3638, mais il est fort possible que l’inscription livrant ce nom soit un faux. 70 Il doit s’agir soit de Péluse, soit, plus probablement, d’Alexandrie. 71 P. Heilporn, Navires marchands, l. 5 et 19. Il s’agit d’un bateau (akatos) nommé le Sarapis (et) Tychè, en provenance d’Aigai, en Cilicie, et d’un autre appelé Asclépios (et) Sarapis, arrivant quant à lui de Gagai, en Lycie. 72 SB VI 9571 = XIV 11850,6 (13 février 149 apr. J.-C.). 73 C. M. Bennet, Jerusalem Ship, IJNA 3 (1974), p. 307-309 ; S. C. Humphreys, Analysis and Dating, IJNA 3 (1974), p. 309-310 ; W. S. Helms, Jerusalem Ship, p. 105-120. Le nettoyage du mur a permis de lire l’inscription DOMINE IVIMVS, que l’on peut rapprocher du psaume 122 In domum domini ibimus, voire de l’Évangile de Jean 6, 68 Domine, ad quem ibimus ?. Il s’agirait en fait de l’ex-voto de pélerins chrétiens parvenus sains et saufs à Jérusalem. Le dessin et l’inscription qui l’accompagnent dateraient des années 326-335, entre la destruction du temple de Vénus et l’achèvement de la basilique. Voir à ce sujet T. Zawadki, Saint-Sépulcre. VII Efacement et renaissance d’Isis et Sarapis marins La seconde moitié du e siècle apr. J.-C. n’a guère livré de documents attestant la pérennité de la domination du couple isiaque sur les mers 1 . Vide imputable aux aléas des découvertes, aux dificultés à dater avec précisions certains documents uniquement estampillés époque impériale, ou bien réalité profonde ? Il semble que cette dernière hypothèse ne doive pas être retenue, si l’on en croit une série monétaire de toute première importance, celle des monnaies romaines à thèmes isiaques frappées à l’occasion des Vota publica, bien connues grâce aux travaux d’A. Alföldi 2 . Sur les émissions où apparaît le buste de l’Empereur, c’est-à-dire entre le règne de Dioclétien et celui de Gratien (379 apr. J.-C. précisément pour A. Alföldi), la légende du droit identifie le souverain. Sur les émissions anonymes qui vont suivre pendant plus de quinze ans, deux légendes accompagnent le type du droit : Deo Sarapidi s’il s’agit de Sarapis seul ou du couple Sarapis/Isis, Isis Faria s’il s’agit d’Isis seule. Les multiples types isiaques ornant les revers de ces monnaies, qu’il s’agisse d’Isis à la voile, d’Anubis tenant la palme et le caducée, d’Isis chevauchant Sothis, d’Isis allaitant Harpocrate se rattachent tous à la thématique des vœux du Nouvel An (santé, paix, nourriture, prospérité, naissance), ainsi placés sous les auspices du dieu Sarapis et d’Isis Pharia. Il est d’ailleurs significatif que ces pièces frappées à Rome n’aient pas disparu après 331, lorsque la décision fut prise de réserver le blé d’Égypte aux besoins de Constantinople 3 . Le patronage d’Isis s’étendait bien encore à tous les navires, à toutes les flottes annonaires, dont celle d’Afrique, devenue la plus importante. Dans ce contexte, la décision prise oficiellement, en théorie, au début de 376 apr. J.-C. par Valens, Gratien et Valentinien II de rendre à la déesse Isis son temple (du Portus Ostiae) et son portique n’est pas pour surprendre. C’est le clarissime 1 Certaines identifications, que l’on peut lire ça et là, mériteraient bien souvent d’être reconsidérées. Ainsi, lorsque J. Polzer, Goddess of the Sea, p. 88-90 et fig. 2, reconnaît Isis sur une frise décorant un vase du British Museum on ne peut le suivre, comme l’a fort justement montré M.-O. Jentel, Euthenia, coudées et nilomètre, Échos du Monde Classique / Classical Views XXXIV, n. s. 9 (1990), p. 173-179. Il s’agit bien plutôt d’Euthénia. On ne suivra pas non plus J. Polzer pour de possibles représentations d’Isis(-Aphrodite) en tant que déesse de la mer sur des sarcophages et des peintures murales de la seconde moitié du e siècle et du début du e siècle apr. J.-C. La démonstration par trop confuse de l’auteur n’est guère convaincante. 2 A. Alföldi, Festival of Isis ; id., Amulett-Medaillen, p. 3-9 ; et id., Vota Publica, p. 53-87. 3 A. Piganiol, L’Empire chrétien, Paris 1947, p. 48-51. 172 I, D   Sempronius Faustus, préfet de l’annone 4 , placé sous les ordres du préfet de la Ville (praefectus Urbi) 5  que l’on peut davantage soupçonner être à l’origine de cette décision , alors en charge des opera publica à Ostie et au Portus, qui en assura l’exécution 6 . Il est d’ailleurs plus que probable qu’à cette date l’Empereur n’était plus le commanditaire réel de ces émissions du Nouvel An. L’aristocratie païenne de Rome a dû se charger de la frappe de ces monnaies à types isiaques, comme sans doute des contorniates, dont certains présentent des types en rapport avec Isis marine 7 , alors même que le pouvoir impérial de Milan ou de Constantinople devenait chrétien 8 . Sous Gratien disparaît l’association du portrait de l’Empereur et d’un type isiaque. L’édit de Théodose ne marque probablement pas la fin de ce monnayage, dont on peut supposer qu’il perdura au moins jusque sous le règne d’Eugène. La défaite de ce dernier à la bataille de la Rivière Froide le 5 septembre 394 9 mit un terme à la longue présence isiaque dans le monnayage impérial romain et, plus généralement, dans le monnayage antique, mais peut-être pas à la célébration du Navigium Isidis. En efet, si l’on en croit Végèce et Jean le Lydien, la fête a dû être célébrée encore au e, voire au e siècle. De ce patronage tardif d’Isis sur la mer témoigne probablement une plaque alexandrino-copte sur laquelle on voit la déesse debout, au centre d’une scène complexe, mais tenant clairement de la main gauche une cornucopia, surmontée d’une image d’Harpocrate assis à l’intérieur d’une sorte de temple tétrastyle, et portant de la droite relevée un bateau ayant trois hommes à son bord 10 . Apportée en Europe, elle fut intégrée dans la décoration de la chaire de la cathédrale d’Aix-la-Chapelle et se trouve désormais sur le même rang qu’une autre plaque à l’image de Jésus entouré d’évangélistes. L’ensemble porte une inscription datant du règne d’Henri II (1002-1014) et fut restauré au e siècle 11 . 4 Sur cette fonction, voir H. Pavis d’Escurac, Préfecture de l’annone, dont l’étude s’arrête au début du e siècle. 5 A. Chastagnol, La préfecture urbaine à Rome sous le Bas-Empire, Paris 1960, p. 50-53. 6 SIRIS 562 = RICIS 503/1223. On lira les commentaires complémentaires d’A. Chastagnol, La restauration du temple d’Isis au Portus Romae sous le règne de Gratien, dans J. Bibauw (éd.), Hommages à M. Renard II (= Coll. Latomus, 102), Bruxelles 1969, p. 135-144 ; L. Vidman, Isis und Sarapis, p. 161-162 ; id., Ein neuer „praefectus annonae“ von Ostia, dans Studi in onore di Edoardo Volterra. I, Milano 1971, p. 207-211. 7 A. et E. Alföldi, Kontorniat. Ces médaillons, émis à Rome à partir de 357 apr. J.-C. environ, qui portent au droit des représentations de grands personnages ou d’Empereurs et au revers des thèmes relatifs aux Jeux du cirque, de l’amphithéâtre, du théâtre, voire des thèmes païens étaient destinés, selon A. Alföldi, à servir de cadeaux distribués par les aristocrates à l’occasion des jeux liés aux Vota Publica et auraient été également un instrument de la propagande païenne. 8 L’étude magistrale d’A. Alföldi, Festival of Isis, si elle doit être nuancée sur certains détails et complétée par les documents nouveaux parus depuis 1937, reste fondamentale. 9 Sur ce sujet, on verra entre autres J. Wytzes, Der letzte Kampf des Heidentums in Rom (= EPRO, 56), Leiden 1977, et P. Chuvin, Derniers païens, p. 74-76. W. F. Volbach, Elfenbeinarbeiten der Spätantike und des frühen Mittelalters, Mainz 19763, p. 59 no 72 et pl. 41 ; J. Baltrušaitis, La quête d’Isis, p. 124-125 et fig. 85 ; R. Merkelbach, Zeus Sarapis – Isis regina, p. 580-581 et fig. 102. 10 11 L. Lersch, Isis und ihr heiliges Schiff. E   ’I  S  173 Dans l’étude qu’il consacre à la plaque d’ivoire d’Aix 12 , L. Lersch opère un rapprochement plein de pertinence entre cette restauration et la grande procession de 1132 durant laquelle on promena dans les rues d’Aix-la-Chapelle un grand bateau sur roues. Voici la description qu’en fit Rudolf, abbé de Saint-Trond, dans ses Chroniques 13 : Les tisserands du lin et de la laine de Linden [en Saxe] allaient, avec la permission des magistrats, dans la forêt voisine. Ils y coupaient du bois pour la construction d’un vaisseau qu’ils mettaient sur des roues et qu’ils traînaient de ville en ville, de Linden à Aix-la-Chapelle, d’Aix-la-Chapelle à Utrecht, d’Utrecht à Tongres. Le bateau était pourvu de voiles et de drapeaux. La cérémonie se faisait avec pompe. Un peuple immense de tout sexe suivait cette procession en chantant. Des femmes dansaient à demi-nues. Le rapprochement avec la procession du Navigium Isidis décrite par Apulée et la liburna des Suèves de Tacite a été opéré depuis longtemps 14 , et les liens entre les carnavals médiévaux et la fête antique plusieurs fois soulignés 15 . Antiquaires et scoliastes germaniques multiplient, aux e, e et e siècles les étymologies renvoyant au nom de la déesse. On dresse les listes des villes et des fleuves qui tireraient leur nom de celui d’Isis, de l’Asie à l’Europe, en passant par l’Afrique 16 . De toutes ces étymologies savantes, la plus curieuse est peut-être celle qui associe Isis et la glace (Eis). Dans son ouvrage sur l’Atlantide, l’ingénieur et mythographe suédois Olav Rudbeck 17 fait de la Scandinavie le berceau d’Isis. Puisant dans la dernière édition en date (1670 à Amsterdam) de l’ouvrage de L. Pignoria sur la Mensa Isiaca, il livre un dessin surprenant. On y voit Isis debout, voguant sur un morceau de glace paré d’un mât et d’une voile (fig. 78) 18 , à l’imitation des monnaies alexandrines au type d’Isis à la voile. Cette iconographie est probablement à l’origine de l’image Fig. 78. Isis sur la glace. Dessin. e siècle. 12 Ibid., p. 115. 13 Chroniques de l’abbaye de Saint-Trond (éd. C. de Borman), Liège 1877, I, p. 222-223. 14 J. Baltrušaitis, La quête d’Isis, p. 109, avec la bibliographie antérieure n. 10. 15 N. Genaille, Carnaval, et supra p. 136-137. 16 J. Baltrušaitis, La quête d’Isis, p. 112-115. 17 O. Rudbeck, Atlantica sive Manheim, Upsal 1689. 18 Ibid., p. 275 fig. 56 ; reproduit par J. Baltrušaitis, La quête d’Isis, p. 117 fig. 76. 174 I, D   de la Fortune naviguant sur une coquille qui se répand à partir du e siècle (la Mensa Isiaca fut découverte en 1525) dans l’imagerie allégorique 19 . Au e siècle, dans le même temps où John Paul Jones capture le Serapis, en France, Court de Gébelin remet au goût du jour les prétendues origines isiaques de Paris, lorsqu’il écrit : Dans celle-ci [l’île de la Cité] étoit le Temple d’Isis sur les ruines duquel fut élevée l’Eglise de Notre-Dame. [...] Comme elle [Paris] étoit sur un fleuve et adonnée à la navigation, elle prit pour symbole un Vaisseau et pour Déesse Tutélaire Isis, Déesse de la navigation : et ce Vaisseau fut le Vaisseau même d’Isis, symbole de cette déesse [...] ; le nom de ce vaisseau devint également le nom de la Ville : il s’appelait Baris et, avec la prononciation forte du nord des Gaules, Paris. 20 Fig. 79. Armoiries de Paris. 1811. En 1810-1811, une commission, placée sous la direction de Louis Petit-Radel, s’inspirant du texte de Court de Gébelin, démontre oficiellement l’origine isiaque de Paris. Isis est choisie pour figurer sur les nouvelles armoiries de la ville (fig. 79) ainsi décrites par lettres patentes en date du 29 janvier 1811 : de gueules au vaisseau antique, la proue chargée d’une figure d’Isis, assise, d’argent, soutenue d’une mer de même et adextrée d’une étoile d’argent, au chef cousu des bonnes villes de 19 C. Bérard, Genèse de la Fortune, dans Fortune, catalogue de l’exposition, Lausanne 1981-1982, p. 52-53. 20 A. Court de Gébelin, Le Monde primitif I, Paris 1773, p. 165, cité par J. Leclant, En quête de l’égyptomanie, Revue de l’Art 5 (1969), p. 82. E   ’I  S  175 l’Empire 21 . Elles demeurèrent telles jusqu’à ce que Louis XVIII, par l’ordonnance du 26 septembre 1814, décide de revenir à celles d’avant 1789 22 . Mais la maîtrise d’Isis sur les flots ne fut pas pour autant oubliée. Ainsi, simple exemple parmi bien d’autres, une médaille frappée pour récompenser le huit féminin vainqueur de la L’ C P. H R, présente au droit les bustes accolés, à gauche, d’une figure féminine à la longue chevelure et d’un personnage masculin, chevelu et barbu, identifiés par la légende : ISIS ET TAMESIS (fig. 80) 23 . On appelle Isis la partie de la Tamise qui se situe en amont de sa jonction avec la Thame. Pour J. G. Grifiths, ce nom dériverait des deux dernières syllabes du latin tamesis 24 . Peut-être. Mais dans l’Angleterre du e siècle, on n’ignore pas les prérogatives marines d’Isis comme en témoigne le navire baptisé du nom de la déesse évoqué au début de cet ouvrage. Le nom donné à cette partie du fleuve est probablement à rapprocher du rôle de protectrice de la navigation dévolu à la déesse. Le masque d’Isis fut d’ailleurs sculpté, sans doute en 1786, sur la face du pont d’Henley regardant vers Oxford 25 . Fig. 80. Médaille. Henley-on-Thames. 1924. La Henley Regatta, compétition d’aviron disputée annuellement sur la Tamise depuis 1839 26 , s’ouvrit aux femmes en 1845 et prit le nom de Ladies’ Challenge 21 L.-M. Tisserand, Les Armoiries de la Ville de Paris, Paris 1874-1875, t. I, p. 34-38, 149-152 et appendice XLVIII. Le dessin retenu s’inspirait visiblement de la Mensa Isiaca mise au jour à Rome en 1525, et dès lors très souvent reproduite ; voir le catalogue de l’exposition Egyptomania, Paris – Ottawa – Vienne 1994-1995, no 13, p. 64-66. 22 J.-M. Humbert, Nouveaux mystères d’Isis, p. 164. Sur Isis et Paris, M. Malaise, La Révolution française et l’Égypte ancienne, dans Bulletin de la Classe des Lettres. Académie royale de Belgique, 6e série, t. XIV, 1-6 (2003), p. 198 et 223. 23 La médaille, en métal argenté, mesure 43 mm de diamètre pour un poids de 48,5 grammes. L’exemplaire illustré ici (fig. 80) fut frappé en 1924 (collection particulière). 24 J. G. Grifiths, Isis in Oxford. 25 26 J.-M. Humbert, Nouveaux mystères d’Isis, p. 164 et n. 5. Précisément à Henley-on-Thames (Oxfordshire). Créée en 1839 par le maire et la population de Henley comme une attraction supplémentaire à l’occasion de la fête communale, la régate connut aussitôt le succès. Disputée chaque année fin juin-début juillet, sauf durant les deux Guerres Mondiales, elle s’étendit sur deux journées dès 1840, puis trois en 1886, quatre en 1906, et enfin cinq en 1986. Depuis 1851, date de la visite du Prince Albert, le patronage royal est accordé à la compétition. Sur celle-ci, on pourra consulter le site de la Henley Royal Regatta : http://www.hrr.co.uk. 176 I, D   quelques années plus tard. L’avènement des femmes dans la compétition sportive, qui plus est nautique, ne pouvait évidemment s’accomplir que sous les auspices d’Isis. Conclusion Dans ce volume, nous avons tenté de mieux comprendre pourquoi et comment Isis puis Sarapis se sont imposés durant l’Antiquité tardive comme des divinités marines. Plusieurs points se dégagent de cette enquête. Dans l’Égypte pharaonique, les liens unissant Isis à l’élément aquatique, qu’il soit fluvial et/ou maritime, sont ténus. S’il faut en chercher les racines profonde, mieux vaut sans doute se tourner vers la Phénicie et Byblos, voire Naucratis. Ce n’est toutefois qu’au début du e siècle av. J.-C. qu’Isis se voit réellement parée de prérogatives maritimes, sinon marines. Elle les doit probablement à la personnalité d’Arsinoé II et à la personne de son amiral, Callicratès de Samos. Une fois n’est pas coutume, c’est d’une reine, certes divinisée, que la déesse aurait récupéré une fonction appelée à un grand avenir. D’Arsinoé-Aphrodite Euploia serait née Isis Euploia. Cette fonction nouvelle fut reprise et théorisée par les auteurs de la fameuse Arétalogie d’Isis, qui en firent l’un des éléments les plus originaux difusés par ce texte. L’invention des activités maritimes, qui se lit en plusieurs endroits du récit arétalogique, pourrait se rattacher à l’épisode giblite de la quête d’Isis et à son insertion dans le mythe osirien, insertion sans doute contemporaine de la rédaction de l’Arétalogie, et participer à l’élaboration du caractère marin de la déesse. Un trait concret caractérise, a posteriori sans doute, cette arétè d’Isis, l’invention de la voile qui autorise ces dificiles traversées, une invention bientôt embellie par la mise en avant d’une géniale initiative : c’est de son manteau qu’elle fit une voile. La traduction iconographique de cette évolution théologique s’observe dès le début du e siècle av. J.-C., avec le type de l’Isis à la voile, qui pourrait bien être né à Byblos plutôt qu’à Alexandrie, avant de se difuser largement dans le monde méditerranéen. Mais ce type de représentation ne fut pas le seul à être utilisé pour figurer Isis en tant que Dame des flots : à l’Isis à la voile s’ajoute l’Isis au gouvernail. Cette dualité des formes s’observe dans la numismatique, la joaillerie, mais aussi dans la ronde-bosse et la statuaire. Une statue découverte récemment à Messène et la documentation numismatique corinthienne assurent semble-t-il l’existence de représentations statuaires d’Isis à la voile, mise en doute avec force, il y a trente ans, par Philippe Bruneau. Le monnayage alexandrin, plusieurs gemmes traduisent cette double iconographie, et mettent clairement en relation Isis avec la flotte frumentaire alexandrine, placée ainsi sous la triple protection de Déméter, déesse des récoltes, de Sarapis, dieu de la végétation et protecteur des marins, enfin d’Isis, à la fois dispensatrice des 178 I, D   richesses (elle tient la cornucopia), garante du bon acheminement de la cargaison (elle tient la voile et/ou le gouvernail), et bonne fortune (elle est de fait assimilée à Tychè). Si les images la déterminant sont plurielles, les qualificatifs qu’on lui attribua pour manifester les facettes diverses de cet aspect le sont aussi. Mais ils ne peuvent être employés comme autant de synonymes. Il faut sans doute réserver l’épithète Pharia à l’Isis alexandrine, iconographiquement le plus souvent accompagnée du Phare, en tant que protectrice de la flotte frumentaire qui transporte le blé d’Égypte en Italie. L’adjectif Euploia, employé surtout à l’époque hellénistique, comme l’épiclèse Pelagia qui fleurit essentiellement à l’époque impériale, renvoient plus généralement à Isis inventrice de la navigation et protectrice des marins. La polysémique Sôteira recouvre très certainement à l’occasion, notamment dans l’espace égéen, la même fonction salvatrice, et l’on s’adresse à elle à l’issue d’une traversée heureuse. Les autres qualificatifs étudiés apparaissent davantage comme des épithètes plus littéraires que cultuelles. Isis Pelagia a pu, comme à Corinthe, être la divinité titulaire d’un espace sacré qui lui fût propre mais aussi, sans doute le plus souvent, être plutôt vénérée dans une chapelle intégrée à un sanctuaire isiaque plus important. Contrairement à ε»πλοια, σöτειρα ou Φαρíα, Πελαγíα fut donc bien une épiclèse de la déesse, et non une simple épithète. L’existence de lieux voués à son culte aurait pu, a priori, s’envisager uniquement dans des sites portuaires. Des documents de Corinthe et de Rome montrent qu’il n’en est rien, de même sans doute que les statues de Bénévent et de Messène. Pour autant, d’autres documents indiquent qu’elle était vénérée à Cenchrées, comme sans doute à Ostie et ailleurs. Déesse marine, Isis avait droit à des ofrandes particulières. Avant le départ, certains déposaient auprès d’elle des petits reliefs votifs tels ceux fabriqués par une matrice à l’image d’Isis à la voile retrouvée dans les fouilles de l’agora d’Athènes, mais aussi d’autres objets : de petites ancres, des représentations d’animaux marins, des lampes peut-être. Au terme d’une traversée heureuse, on plaçait dans les lieux de culte qui lui étaient dédiés des ex-voto, et notamment des peintures, qui correspondent bien à l’acquittement d’un vœu exaucé, comme le rappelle l’épithète épèkoos souvent attribuée à Isis marine. Les moins fortunés, ou les plus fréquemment mobiles, ne devaient pas forcément recourir à ce type de démarche pour invoquer la protection de la déesse. Des gemmes, des intailles, ou tout simplement des pièces de monnaie au type d’Isis à la voile, trouées pour être portées sur soi avec une chaînette comme amulette ont pu jouer le même rôle. Le cas des lampes-naviformes pose problème. Si rien ne permet d’afirmer qu’elles assumèrent un rôle précis dans le culte d’Isis, notamment lors des processions, il est toutefois bien dificile de considérer que leurs propriétaires ou ceux qui les déposèrent dans les temples n’aient pas eu un quelconque rapport avec le milieu maritime, comme en témoignent les provenances des exemplaires mis au jour (Ostie, Pouzzoles, Carthage, Gigthis, ...). Sans doute est-ce pour des raisons de cet ordre que l’on a retrouvé, à Gerasa ou à Athènes, certaines de ces lampes dans des tombes qui ont pu être celles de marins. C 179 Deux fêtes sont à relier au caractère marin de la déesse : le Navigium Isidis et le Sacrum Phariae. La première, qui est célébrée dès le er siècle av. J.-C. en Méditerranée orientale, et peut-être même avant, est intégrée sans doute dès le siècle suivant dans le calendrier oficiel de l’Empire, à la date du 5 mars, devenant une véritable manifestation publique organisée par les serviteurs d’un culte désormais romain à part entière. Au cours de cette célébration interviennent les navarques, qui ne sont autres que ceux des fidèles qui formaient l’équipage du navire mis à flot lors de la cérémonie, probablement placés sous les ordres d’une autorité supérieure qui pouvait être soit le véritable pilote du navire, soit un personnage important chargé de donner des ordres à celui-ci, le triérarque. La seconde, le Sacrum Phariae du 25 avril, doit certainement être mise en relation avec l’arrivée à Ostie de la flotte frumentaire placée oficiellement sous la protection d’Isis et de Sarapis. À l’époque impériale sinon avant, seul parfois, associé ou assimilé à d’autres divinités marines (les Dioscures, Neptune, Isis) le plus souvent, Sarapis est, lui aussi, un Pelagius, comme l’attestent entre autres les nombreux navires portant un nom formé sur le sien, comme sur celui d’Isis. Cette popularité ne paraît pas s’être démentie jusqu’à la fin du e siècle, ainsi qu’en témoigne le petit monnayage de cuivre frappé à l’occasion des Vota Publica romains. D’ailleurs, si l’on en croit Végèce et Jean le Lydien, le Navigium Isidis était célébré encore au e, voire au e siècle. Si ce caractère de Dame des flots fut bien l’un des aspects majeurs de la personnalité de l’Isis gréco-romaine, et ce finalement sur une assez longue période, ce ne fut pas le seul. Son rôle, associée ou non à Sarapis, de déesse guérisseuse fut au moins aussi important. Ce sera l’objet de l’une de nos prochaines enquêtes. Index des sources 1. Sources épigraphiques Les numéros sont ceux du RICIS, sauf indication contraire. 101/0101 : 34 n. 161 101/0204 : 33 n. 149 101/0213 : 45 n. 4 101/0502 : 157 n. 11 102/0101 : 114 n. 7 102/0102 : 114 n. 9 *102/0201 : 119 n. 46 102/0405 : 35 n. 169 104/0109 : 138 n. 140 ; 145 n. 191 ; 146 n. 203 ; 147 n. 213 et 216 104/0110 : 138 n. 140 ; 145 n. 191 ; 147 n. 213 104/0111 : 139 n. 142 ; 145 n. 191 ; 147 n. 214 104/0204 : 145 n. 192 ; 147 n. 213 et 217 109/0101 : 121 n. 61 112/0703 : 148 n. 220 113/0506 : 139 n. 145 113/0545 : 37 n. 2 113/0552 : 119 n. 47 113/0556 : 97 n. 196 113/0908 : 143 n. 176 ; 148 n. 222 114/0202 : 37 n. 2 114/0601 : 35 n. 164 114/0602 : 78 n. 110 114/0703 : 134 n. 121 ; 143 n. 171 ; 145 n. 190 115/0302 : 23 n. 92 115/0401 : 22 n. 83 201/0201 : 170 n. 64 202/0118 : 156 n. 7 202/0125 : 156 n. 7 202/0170 : 105 n. 23 202/0182 : 156 n. 7 202/0186 : 33 n. 149 202/0230 : 106 n. 28 ; 123 n. 75 ; 155 n. 2 202/0242 : 20 n. 71 202/0273 : 25 n. 97 ; 156 n. 6 202/0295 : 155 n. 3-4 202/0324 : 155 n. 3 et 5 202/0329 : 102 n. 7 202/0330 : 155 n. 3 202/0365 : 20 n. 71 ; 34 n. 363 ; 102 n. 5 ; 106 n. 24 202/0423 : 106 n. 27 202/0424 : 106 n. 27 ; 125 n. 85 202/0428 : 125 n. 85 202/0433 : 106 n. 27 *202/0604 : 145 n. 194 202/0703 : 170 n. 65 202/1101 : 37 n. 2 202/1201 : 28 n. 127 202/1801 : 37 n. 2 ; 39 n. 10 203/0701 : 110 n. 54 ; 165 n. 40 ; 169 n. 57 204/0108 : 106 n. 25 204/0218 : 155 n. 1 204/1004 : 106 n. 26 205/0302 : 104 n. 12 301/1202 : 97 n. 196 *302/0101 : 148 n. 223 302/0204 : 33 n. 153 ; 37 n. 2 303/0301-0302 : 148 n. 224 304/0606 : 148 n. 220 304/0608 : 150 n. 233 304/0609 : 143 n. 175 ; 149 n. 227 305/0503 : 158 n. 15 305/1402 : 104 n. 14 305/1403 : 124 n. 83 305/1702 : 35 n. 167 306/0201 : 37 n. 2 308/0301 : 143 n. 177 ; 147 n. 218 ; 148 n. 224 308/0601 : 145 n. 193 *309/0101 : 145 n. 196 401/0501 : 129 n. 97 *402/0201 : 143 n. 173 ; 145 n. 198 402/0501 : 82 n. 123 402/0601 : 105 n. 23 182 501/0111 501/0131 501/0132 501/0137 501/0145 *501/0175 501/0177 501/0218 501/0219 501/0221 503/0301 503/1122 503/1129 503/1132 503/1204 503/1212 503/1223 504/0218 504/0401 504/0403 504/0501 504/0502 504/0503 508/0801 511/0701 518/0101 519/0301 602/0201 603/0101 603/0401 610/0101 614/0201 *614/0301 *614/0302 I, D   : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : 99 n. 206 120 n. 54 105 n. 18 ; 113 n. 4 105 n. 20 164 n. 37 146 n. 200 108 n. 45 169 n. 61 150 n. 235 150 n. 236 96 n. 194 152 n. 251 161 n. 27 169 n. 62 109 n. 50 109 n. 48 172 n. 6 124 n. 78 157 n. 10 126 n. 89 169 n. 61 169 n. 61 169 n. 61 112 n. 73 96 n. 194 143 n. 170 86 n. 140 97 n. 196 97 n. 196 105 n. 21 167 n. 48 164 n. 38 70 n. 52 70 n. 52 615/0401 618/1007 701/0103 703/0102 : : : : 165 n. 40 143 n. 174 ; 149 n. 230 37 n. 2 164 n. 34 A. Bernand, Delta, p. 232 no 2 : 31 n. 138 Ibid., p. 236 no 7 : 32 n. 148 A. Bernand, Portes du désert, 94 : 170 n. 67 É. Bernand, Inscriptions métriques, 175 : 20 n. 71 ; 39 et n. 11-13 É. Bernand, Inscriptions de Philae, II 168 : 108 n. 46 É. Bernand, Inscriptions d’Akôris, 16, 18 et 19 : 14 n. 12 Ibid., 12 : 14 n. 13 E. Breccia, Iscrizioni, 103 : 109 n. 47 CIG III, 5119 : 108 n. 46 CIL I2 p. 338 : 134 n. 126 ; p. 358 : 134 n. 124 CIL X, 3350 : 146 n. 201 F. Kayser, Inscriptions d’Alexandrie impériale, 83 : 101 n. 4 ID 1754 : 155 n. 3 ID 2305 : 155 n. 3 ID 2415-2416 : 155 n. 3 IG XII, 9, 254 = RICIS Suppl. I, 104/0114 : 145 n. 191 OGIS I, 56 : 140 n. 149 ; 170 n. 67 SB I, 429 : 31 n. 138 SB I, 977 : 101 n. 4 SB V, 8296 : 32 n. 148 SB V, 8542 : 108 n. 46 SB VI, 9299 et 9301 : 32 n. 145 SB VI, 9300 : 32 n. 147 SIRIS 500 : 146 n. 201 I 183 2. Sources littéraires Aelius Aristide, Orat. XLV, In Serapidem 23 et 29 : 157 ; 28 : 156 n. 8 Apulée, Métam. I, 1, 3 : 115 n. 23 ; XI, 3 : 96 n. 194 ; 4 : 123, 132 et n. 112 ; 5 : 144 ; 8 : 136 ; 10 : 148 n. 220 ; 10 : 123 ; 15 : 83 n. 130 ; 16 : 148 n. 225-226 ; 16-17 : 136-137 et n. 134-135 ; 17 : 134 n. 122, 144 ; 18 : 116 n. 26 ; 20 : 116 n. 26 ; 25 : 41, 83 n. 130 ; 27 : 116 n. 26 Ausone, De feriis romanis 24 : 136 Callimaque, Epig. 5 : 123 n. 76 ; 55 : 132 Carmen in Paganos IV, 99 : 107 Cassiodore, Variae V, 17 : 42 Claudien, De Isidis navigio : 134 n. 127 Diodore, Bibl. Hist. I, 25, 2 : 112 n. 73 ; I, 27 : 37 n. 2 ; I, 87, 2 : 97 n. 199 Eusèbe, Praep. Ev. II, 1, 30 : 112 n. 73 ; V, 7, 5 : 107 n. 41 Fulgence, Mythologiae I, 20 : 134 n. 128 Hédylos, Epig. 4 : 27 n. 110 Hérodote, II, 41 : 20 n. 66, 36 ; 43 et 50 : 13 n. 5 Hygin, Fabulae CCLXXVII : 42 Jean le Lydien, De Mensibus IV, 45 : 13 n. 5 ; 134 n. 123 Juvénal, Sat. VII, 92-94 : 112 n. 73 ; XII, 26-28 : 124 et 125 n. 77 Lactance, Div. Inst. XI, 21 : 134 n. 125 ; XVII, 6 et XXI, 4 : 42 n. 26 Lucien, Dial. deorum, 3 : 33 et n. 154 Navig. : 169 Macrobe, Saturn. I, 20, 16-17 : 31 n. 140 Martial, Ep. X, 48 : 107 Minucius Felix, Octavius XXI, 1 : 107 n. 42 ; XXII, 1 : 42 n. 26 Ovide, Am. II, 13, 9 : 107 n. 39 Ars amat. III, 635 : 107 n. 33 Métam., IX, 773-774 : 107 n. 39 Pont. I, 1, 38 : 107 n. 33 Pausanias, Perieg., II, 2, 3 : 116 ; II, 4, 6 ; 113-114 ; II, 4, 7 : 104-105 ; II, 32, 6 : 35 n. 169 Pétrone, Satyr. XII-XIV, CV, CXIV et CXVII : 96-97 Philippe de Thessalonique (Anth. Pal. VI, 231) : 123 n. 74 Pline, NH II, XLVII, 122 : 136 ; VII, LVI, 206-209 : 140 n. 153 Plutarque, De Iside, 13 : 140 n. 151 ; 14 : 97 n. 199 ; 15-16 : 19 ; 16 : 41 n. 24 ; 18 : 140 n. 148 ; 27 : 31 n. 140 ; 28 : 159 n. 17 ; 32 : 13 n. 5 Quaest. conv. 8, 2 : 13 n. 5 Vita Anton. LXXIV : 122 n. 63 Posidippe, Epig., 12, 36 et 37 : 26 et n. 105, 27 et n. 109 ; 13 : 26 n. 105, 30 et n. 134 ; 39 : 27 n. 108, 30 et n. 135 Stace, Silv. III, 2, 101-122 : 97 n. 199 ; III, 2, 102 et 112 : 107 ; V, III, 244 : 107 Théb. I, 254 : 107 Tacite, Hist. IV, 83-84 : 159 Germania IX, 1 : 122 Tertullien, Apol. 16 : 107 n. 43 Tibulle, Eleg. I, 3, 27-28 : 124 n. 78 ; I, 3, 32 : 107 Troisième Mythographe du Vatican, Script. rerum mythicarum III, 5 : 136 Végèce, Epitoma rei militaris IV, 32 et 39 : 136 et 137 n. 136 3. Sources papyrologiques P. Cair. Zen. III, 59320 : 169 n. 59 P. Heid. VI, 368 : 169 n. 60 P. Oxy. XI, 1380 : 15 n. 17 ; 17 n. 46 ; 25 n. 97 ; 35 n. 170 ; 40 et n. 16-18 ; 102 ; 105 n. 23 ; 111-112 ; 140 n. 149 P. Oxy. XXIV, 2415 : 170 n. 68 PSI IX, 1048 : 169 n. 63 P. Tebt. Tait 14 : 42 n. 25 SB VI, 9571 : 170 n. 72 SB XIV, 11850 : 170 n. 68 et 72 Index général A I P  105 n. 18, 120. A lampe avec Isis à la voile à — 84-85. A police fluviale d’— 14 ; plaquettes de fondations d’— 32 ; Isis à la voile sur les monnaies d’— 48-65, 77, 80 ; Isis, Sarapis et Déméter sur les monnaies d’— 77-80, 125 ; phare d’— 72-73 ; statue d’Isis à la voile à — 93-94 ; le Pharos désigne — 107 ; Ostie et — 109-110 ; lampes naviformes d’— avec Sarapis 130-131 ; arrivée de Sarapis à — 159 ; Sarapis et les Dioscures sur les monnaies d’— 161 ; Sarapis(-Neptune) sur les monnaies d’— 165 ; Sarapis, dieu d’— sur les monnaies d’Éphèse 165. A monnaies au type d’Isis à la voile d’— 69, 143. A —, maître des flots 14-15 ; statue d’—, Ptolémée II et Arsinoé II 30 n. 134 ; — sur les monnaies ptolémaïques 37 et n. 5. A triérarque et hypostoles à — 143, 147-148. A monnaies au type d’Isis à la voile d’— 60, 143. A —, Pelagia et Fortuna 74 ; — et Euthénia 79 ; statuettes d’— 83 n. 128 ; — sur une peinture d’Ostie 151. A — et monnaies d’Alexandrie 78-79 ; Isis, protectrice de l’— 83-84, 151, 153, 171-172 ; Faustine et l’— 95 ; Sacrum Phariae et — 150-151 ; Dioscures, protecteurs de l’— 161 n. 27. A IV É apparition du type d’Isis à la voile sous — 20, 62, 66, 138. A statue d’Isis à la voile dans le port de Cenchrées sur une monnaie de Corinthe frappée sous — 118-119. A sanctuaire d’Isis et à — Canope 30-31, 33 n. 49 ; — sur les monnaies de Périnthe 35 ; —, Isis Pelagia et Isis-Boubastis à Iasos 104, 121 ; — dans la procession de Cenchrées 137. A Isis- — -Astarté 20 ; —, maîtresse des flots 21-22 ; chapelle d’— à Nymphaion 22-24, 34 ; Arsinoé II assimilée à — 26-30, 33 ; Isis et — marines 34-36, 171 n. 1 ; iconographie d’— Euploia 67, 69 ; — Euploia 101, 112, 119, 123, 127 n. 93. A — sur les monnaies de Périnthe A relief d’— 70-71. 35. I 185 A́ Isis, Dame des flots dans l’— 33, 37-42, 140 ; Isis, déesse guérisseuse dans l’— 112. B monnaie au type d’Isis à la voile de — 46, 59, 143 ; Ploiaphesia de — 134, 138, 145. A́ II — reine et patronne de la flotte lagide 25-26, 28 ; — assimilée à Aphrodite 26-30, 33 ; fondation de cités maritimes au nom d’— 28-29 ; statue d’Amon, Ptolémée II et — 30 n. 134 ; — identifiée à Isis 30-31, 33-36. C Isis à la voile et au calathos sur une monnaie de — 53-54, 84 ; voile d’Isis frangée sur une monnaie de — 57 ; Isis ou Tychè à la proue sur une monnaie de — 83. A monnaies au type d’Isis à la voile d’— 46, 56, 143. A́ —, maîtresse des marées 18 ; Isis-Aphrodite- — 20, 102 ; navire Nikastarté 170 n. 67. A̀ matrice d’Isis à la voile d’— 43-45, 67, 124 ; lampe naviforme du Céramique 130, 134. A lampe avec Isis à la voile à — 52. 29 n. 131, B statuette d’Isis Pharia de — 82. B le — coife Isis à la voile sur la majorité des monnaies, des gemmes et des lampes 46, 66-67. B́́ statue d’Isis de — 89-90, 94-97. B N titre porté par un marin à Misène 146. B statue d’Isis de — 88-89, 93-94. B Hathor, Dame de — 15-16 ; Isis à la voile sur les monnaies de — 66, 138 ; apparition du type d’Isis à la voile à — 20, 139, 179 ; épisode giblite du mythe d’Osiris 19-20, 140. C̀  S — dédie un sanctuaire d’Arsinoé-Aphrodite au cap Zéphyrion 26-27 ; — promoteur du culte d’Arsinoé II 27-29 ; — dédie un temple d’Isis et d’Anubis à Canope 30-31, 33. C sanctuaire d’Arsinoé-Aphrodite au cap Zéphyrion 26-30 ; sanctuaire d’Isis et à Anubis à — 30-31 ; Sarapieion et Osireion de — 31-33, 139 ; Sarapis de — à Corinthe 105, 113-114 et n. 8 ; dédicace d’une lampe au dieu de — 132-133. C peintures isiaques d’Ostie sous — 151 ; dédicace de Piliscsév à Jupiter-NeptuneSarapis lors de la visite de — 164-165 ; Sarapis et — sur une monnaie de Nicée 166. C intaille de — 63 ; lampe naviforme de — 128, 134 ; dédicace à Sarapis-Neptune de — 163-164. C voir D. C́ Isis à — 113, 116-119 ; — et L’Âne d’or 115-116 ; procession isiaque de — 136-137. C — à Cios 147. C lampe de — avec Isis à la voile 60. C triéraque à — 143, 147-148. 186 C monnaie au type d’Isis à la voile de — 44, 143. C médaillons de — émis pour le Sacrum Phariae 152-154. C Isis à la voile sur les lampes et monnaies de — 49-51, 68 ; Isis Pelagia à — 104-105 ; culte d’Isis à — 113-116. C̀ monnaie au type d’Isis à la voile de — 55. D́ dédicaces de — à Isis 34, 102, 106 ; sceau isiaque de — 62, 66, 74 ; lampe isiaque retrouvée à — 68 ; relief isiaque de — 68-69 ; ex-voto de — 125. D́́ — identifiée à Isis 20, 86, 99 ; —, Isis et Sarapis sur un verre gravé 74-75 ; Isis, Sarapis et — sur des gemmes et des monnaies d’Alexandrie 77-80, 125 ; — sur une mosaïque d’Antioche 140 ; — sur une fresque de Pietra Papa 168 ; navire Déméter 170. D́ — introduit les types isiaques dans le monnayage des Vota publica 167-168. D les — associés à Amon dans une dédicace d’Akôris 15 ; un — sur la fresque de Nymphaion 23-25, 34 ; les — rarement associés à Isis 25 et n. 97, 83 n. 131 ; dédicaces déliennes aux — 106 ; un — sur la lampe naviforme de Pouzzoles 127 ; un — sur les lampes naviformes d’Alexandrie 131 ; les — sur une peinture d’Ostie liée à l’annone 151 ; les — protecteurs de l’annone 161 n. 27 ; I, D   Sarapis et les — à Délos 155-156 ; Sarapis et les — à Ostie et à Alexandrie 161. D apparition sous — du type d’Isis à la voile avec manteau dans le monnayage d’Alexandrie 49, 67. É̀ Isis à la voile sur les monnaies d’— 46 ; naubates d’— 149 ; Sarapis, dieu d’Alexandrie sur les monnaies d’— 165. É́ navarques d’— 138-139, 145-147. E́ — sur les monnaies d’Alexandrie 79-80. F M —, Isis et l’annone 95. G lampe naviforme de — G lampe naviforme de — 130, 133-134. 128, 134. H dédicace à Sarapis et Isis(-Arsinoé) à — 35. H — sur des monnaies de Périnthe 35 ; — confondu avec Osiris 42 ; —, Isis et Sarapis sur un verre gravé 74 ; — et Isis à la voile sur une lampe 84-86 ; dédicace de Délos à Aphrodite-Isis et Éros- — 106 ; — sur des lampes naviformes 128-129 ; — sur une peinture d’Ostie liée à l’annone 151 ; — sur un moule de Vertault 160 ; — dans un temple sur une plaque copte 172. H —, Dame de Byblos, pilote et vent du Nord 15-16, 18 ; — identifiée à Isis et Astarté 18-19, 35. H́́ — à Érétrie 145, 147. I 187 H́ — à Tomis 149. H — à Amphipolis 148. I dédicace à Anubis, Isis Pelagia et IsisBoubastis à — 104, 121. I à la voile apparition du type d’Isis — sous Antiochos IV 20, 62, 66, 138 ; invention des activités maritimes et de la voile 42 ; matrice d’Isis — d’Athènes 43-45, 67, 124 ; typologie 43-66 ; statues d’Isis — 86-97. Ε»πλοια 101-102. κυβερνåτι̋ 111. Ãρµíστρια 111. Πελαγíα / Pelagia 104-105 ; Isis — à Corinthe 104-105 ; aedituus d’Isis — à Rome 105, 120 ; Anubis, Isis — et Isis-Boubastis à Iasos 104, 121. Σöτειρα Isis — à Délos et dans l’espace égéen 105-106. Φαρíα / Pharia 106-110 ; — sur les monnaies des Vota publica 171-172. navire — au e siècle 9 ; — à l’époque pharaonique 13-18 ; influences grecque et phénicienne sur la personnalité d’— 18-22 ; le nom d’— sur une fresque de Nymphaion 22-25, 34 ; — identifiée à Arsinoé II 30-31, 33-36 ; culte d’— à Canope 32-33 ; — et Aphrodite marines 34-36 ; pouvoirs et fonctions d’— dans les arétalogies 38-41 ; — au gouvernail 74-80 ; autres représentations d’— 80-86 ; statue d’— de Ménouthis dédiée à — Pharia 109 ; —, déesse guérisseuse 111-112 ; culte d’— à Corinthe et Cenchrées 113-120 ; —, Tacite et les Germains 122-123 ; ofrandes pour — 123-125 ; fêtes pour — 134-144 ; — parasème de navires 169-170 ; étymologies isiaques 173-174. J P J — capture le navire Serapis K —, maître des flots K 139. 9. 16. L() — d’Athribis 29 n. 131, 52 ; — de Chypre 60 ; — isiaque retrouvée à Délos 68 ; — d’Aléria 84-85 ; — isiaques de Corinthe 115 ; — naviformes 126-134 ; — d’Alexandrie avec Sarapis 130-131. M́  M́ monnaie au type d’Isis à la voile de — 44, 143. M statuette d’Isis de — 87-88, 92-93. M(-H̀) — sur un navire avec Isis et Sarapis 162. M̀ statue d’Isis de — 92-93, 95-96, 122. M̀ à —, épitaphe de marin ayant servi sur l’Isis 146 ; marin de la classis Misensis sauvé par Sarapis 157 ; l’Isis, trière basée à — 169. M — au type d’Isis à la voile (corpus) 46-66 ; — d’Alexandrie avec équipage divin 76-80 ; nom donné à Isis à la voile sur les — 101 ; — de Gaza avec Marnas et Io-Isis 102 ; Isis faria sur les — de Rome 110 ; — de Corinthe montrant une statue d’Isis à la voile 116-119 ; — utilisées comme amulettes 125 ; 188 I, D   première — au type d’Isis à la voile 138 ; Sarapis sur des — de Commode 153 ; Isis et Neptune sur des — des Vota publica 164 ; — avec Sarapis-Neptune 165 ; — d’homonoia entre Éphèse et Alexandrie 165 ; — de Nicée avec Caracalla et Sarapis 166 ; — de Périnthe avec Isis, Sarapis et Sévère Alexandre 166 ; Sarapis, comes Augusti sur des — de Cologne 167 ; Isis et Sarapis navigantes sur des — des Vota publica 167. M̀ inscription mentionnant Isis Pelagia à — 104. N — d’Éphèse 149. N Aphrodite et Isis à — 21 ; Isis sôteira à — 105 n. 23. N() — à Akôris 14 ; Callicratès de Samos, — 27, 29, 31 ; les — forment l’équipage du navire lancé lors du Navigium Isidis 137, 142 ; — dans les inscriptions 144-147 ; —, une liturgie 149. N() aux noms d’Isis et de Serapis dans la marine britannique 9 ; au nom d’Isis à Nymphaion 22-25, 34 ; Isis sur un — sur les monnaies 46-66 ; statuette en bronze d’une déesse sur un — 75 ; Isis, Sarapis et alii sur un — sur les monnaies d’Alexandrie 75-79 ; statue d’Isis sur un — à Bénévent 89-90, 94 ; statue d’Isis sur un éperon de — à Messène 92-93, 95 ; — de Lichas dans le Satyricon 96-97 ; l’Isopharia 110 ; lampes en forme de — 126-134 ; — au nom d’Isis chez Apulée 137 ; — sur une mosaïque d’Antioche 140 ; — sur une peinture d’Ostie 141-142 ; — de Caligula sur le lac de Nemi 143 ; — sur des médaillons de Commode 152-153 ; Sarapis sur un — 159-162, 165-167 ; Isis et Sarapis parasèmes de — 168-170 ; — au nom d’Isis chez Lucien 169. N I lampes naviformes et — 132-133 ; nom et origine du — 134-136, 138-140 ; contenu de la fête 136-137 ; représentations figurées du — 140-143 ; — célébré sur des lacs 143 ; les acteurs du — 144-150 ; — encore célébré aux e-e siècles 172. N (P́) —, Isis, Sarapis et alii sur un verre gravé 72-74 ; statue de — à Cenchrées 116-119 ; dédicace à Sarapis- — de Carthage 163-164 ; Sarapis(- —) sur les monnaies d’Alexandrie 165. N́ monnaies au type d’Isis à la voile de — 59 ; monnaie de — avec Caracalla et Sarapis sur une galère 166. N́ monnaies au type d’Isis à la voile de — 48, 59, 143 ; navarque dans une inscription de — 145 ; Caracalla à — 166 n. 45. N fresque avec le nom d’Isis à — 22-25, 34. O cercueil d’— 19-20, 140 ; culte d’— à Canope 32, 110 n. 53, 114 n. 8 ; — confondu avec Harpocrate 42 ; — -Canope sur un verre gravé 73-74 ; — Hydreios à Corinthe 114-115 ; — présent lors du Navigium Isidis 137 n. 135 ; — et les Kikellia 139 ; poème dédié à — à Thessalonique 139-140. I 189 O statue d’— 90-91, 94-95 ; — et Alexandrie 102, 109-110 ; lampe naviforme à — 127-128 ; peinture isiaque [?] d’— 141-142 ; fresques du Caseggiato dei Molini 150-151 ; port d’— sur des médaillons de Commode 152-153 ; dédicace à Sarapis et aux Castors 161 ; Isis Geminiana à — 169. P Arsinoé et Aphrodite à — 28-29 ; lampe naviforme à — 129, 133. P — dans une inscription de Byzance 134, 138, 145 ; — célébrées sur des cours d’eaux et des lacs 143. P́ ibis dans le sanctuaire d’Isis de — 86 n. 142 ; Isis-Fortuna sur une peinture de — 124 n. 78 ; lampes naviformes de — 132 n. 110 ; bataille navale peinte sur le péribole de l’Iseum de — 142. P O dédicace à Isis Pharia au — 109 ; temple d’Isis au — 124 n. 81 ; restauration du temple d’Isis du — en 376 apr. J.-C. 171-172. P̀ position du — sur la coque 22 ; nom et — 25 ; ibis — sur une lampe isiaque d’Aléria 86 ; Isis et Sarapis, — 168-170. P́ voir N. P̀,   B nommé sur une fresque de Nymphaion 22-24, 34. P monnaies de Cologne avec Sarapis sur un navire frappées par — 166-167. P statue d’Isis dans une villa de — P statue de — 91-92, 95 ; lampe naviforme de — 126-127, 133-134, 162 ; Sarapieion de — 157 n. 10. 88. P́ dédicace à Isis-Aphrodite de — 34-35 ; monnaies isiaques de — 35 ; Isis à la voile sur une monnaie de — 143 ; Isis, Sarapis et Sévère Alexandre sur une monnaie de — 166. P le — d’Alexandrie 72-73 ; temple et statue d’Isis au — 109-110 ; le — désigne Alexandrie 107. 94, 107, P  L monnaie au type d’Isis à la voile de — 71 n. 54, 143. P monnaie au type d’Isis à la voile de — 59, 71, 143. P́ monnaie au type d’Isis à la voile de — 51, 143. P́́ II ambassade de — dans le Bosphore 22-23, 34 ; —, fondateur de cités nommées Arsinoé 28. P́́ III —, commanditaire du Sarapieion d’Alexandrie 32 ; —, fondateur du téménos de l’Osireion de Canope 32-33. P́́ IV —, fondateur d’un temple pour Isis et d’un autre pour Harpocrate dans le Sarapieion d’Alexandrie 32. R — célébrées à Ostie 151. 190 R annone et famines à — 152-153 ; monnaies isiaques des Vota publica 52-53, 55-59, 167 ; médaillon de Faustine frappé à — 72 ; relief isiaque des Musei Capitolini 98-99 ; culte d’Isis Pelagia à — 105, 113, 120 ; grafiti isiaques sous Sta Sabina, à — 142 ; à —, épitaphe de marin ayant servi sur l’Isis 146 ; fresque de Pietra Papa, à — 168-169. S lampe naviforme de — 129. S P 150-151, 153. S dédicace à Isis Pelagia de — 105. S monnaie au type d’Isis à la voile de — 51. S/S nom du navire britannique capturé par J. P. Jones 9 ; culte de — à Canope et Alexandrie 31-33 ; —, dieu oraculaire 31 n. 140, 158 ; — substitué à Amon dans le monnayage de Ptolémée IV 37 n. 5 ; —, Isis et alii sur deux verres gravés 74-75 ; Isis, — et Déméter sur des gemmes et des monnaies d’Alexandrie 75-80, 125 ; — de Canope à Corinthe 105, 113-115 ; — au Portus Ostiae 109 ; dédicace à — de Phoenix 110 ; — sur les lampes naviformes 126-134 ; —, dieu de Canope 132-133 ; —, dieu guérisseur 133, 158, 164 ; dédicace de Byzance à Isis et — 145 ; — sur des peintures d’Ostie 151 ; — sur des médaillons de Commode 152-154 ; —, dieu marin 155-167 ; arrivée de — à Alexandrie 159 ; — et les Dioscures sur les monnaies d’Alexandrie 161 ; I, D   —(-Neptune) sur les monnaies d’Alexandrie 165 ; —, dieu d’Alexandrie sur les monnaies d’Éphèse 165 ; —, protecteur du travail fluvial sur le Rhin 166-167 ; — parasème de navires 168-170. S — au type d’Isis à la voile de Cyrène 61 ; — isiaque de Délos 62, 66, 74. S́  P́ navarque à — 143, 145-146. S́̀ A —, Isis et Sarapis sur une galère sur une monnaie de Périnthe 166. S le — brandi par Isis à la voile sur la majorité des monnaies et des gemmes 46, 48-67. S la —, attribut du type de l’Isis debout à l’époque impériale 110 n. 58, 162. T relief isiaque de — 69-70. T hiéronautes à — 143, 149. T́ 147-149. T  — dans le Satyricon 96-97. V Isis invente la — en utilisant son manteau 39, 42 ; Isis à la voile, principal type figuré d’Isis, Dame des flots 43-66. Z O — associé aux divinités isiaques à Délos 155-156. Bibliographie Les abréviations utilisées pour les périodiques sont celles de l’Année philologique, pour les recueils papyrologiques celles de la Checklist of editions of Greek Papyri and Ostraca, pour les recueils numismatiques celles du Roman Provincial Coinage, et pour les ouvrages épigraphiques celles du Guide de l’épigraphiste. Abréviations ne se trouvant pas dans les recueils sus-cités : CE : Pierre Roussel, Les cultes égyptiens à Délos du IIIème au Ier s. av. J.-C., Paris 1916. IBIS : Jean Leclant et Gisèle Clerc, Inventaire bibliographique des Isiaca. Répertoire analytique des travaux relatifs à la diffusion des cultes isiaques (= EPRO, 18), 4 vol., Leiden 1972-1991. LIMC : Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae, Zurich-Munich 1981-1999. RIC : Roman Imperial Coinage. RICIS : Laurent Bricault, Recueil des Inscriptions concernant les Cultes Isiaques (= Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, XXXI), 3 vol., Paris 2005. SIRIS : Ladislav Vidman, Sylloge inscriptionum religionis Isiacae et Sarapiacae (= Religionsgeschichtliche Versuche und Vorarbeiten, XXVIII), Berlin 1969. SNG : Sylloge Nummorum Graecorum. SNRIS : Laurent Bricault (dir.), Sylloge Nummorum Religionis Isiacae et Sarapiacae (à paraître). * * * Seules les publications directement liées au sujet abordé dans cette enquête ont été retenues dans la bibliographie proposée ici. Dans les notes du présent volume, pour citer ces études, nous utiliserons des abréviations correspondant aux termes entre crochets. Abd el-Mohsen el-Khashab, [Deux verres gravés] Représentation du panthéon égypto-gréco-romain sur deux verres gravés, dans M.-L. Bernhard et al. (éds), Mélanges offerts à K. Michalowski, Varsovie 1966, p. 111-120. 192 I, D   Stefania Adamo Muscettola, [I Flavi] I Flavi tra Iside e Cibele, PP XLIX (1994), p. 83-118. [Iside a Pozzuoli] Sulla connotazione del culto di Iside a Pozzuoli, dans N. Bonacasa, M. C. Naro, A. Tullio (éds), L’Egitto in Italia dall’Antichità al Medioevo. Atti del III Congresso Internazionale Italo-Egiziano Roma, CNR – Pompei, 13-19 Novembre 1995, Roma 1998, p. 549-558. Sabine Albersmeyer, Martina Minas, [Weihrelief ] Ein Weihrelief für die vergöttlichte Arsinoe II, dans W. Clarysse, A. Schoors et H. Willems (éds), Egyptian Religion: The Last Thousand Years. I, Studies Dedicated to the Memory of Jan Quaegebeur (= Orientalia Lovaniensia Analecta, 85), Leuven 1998, p. 3-29. William Foxwell Albright, [Mouth of the Rivers] The Mouth of the Rivers, The American Journal of Semitic Languages and Literatures 35.4 (1919), p. 161-193. Andreas Alföldi, [Festival of Isis] A Festival of Isis in Rome under the Christian Emperors of the IVth Century (= Dissertationes Pannonicae, II.7), Budapest 1937. [Amulett-Medaillen] Stadtrömische heidnische Amulett-Medaillen aus der Zeit um 400 n. C., dans A. Stuiber, A. Hermann (éds), Mullus. Festschrift Th. 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Fig. 5a-b Monnaies d’Alexandrie (coll. part.). Fig. 6 Monnaie d’Iasos (Paris ; ph. BnF). Fig. 7a Monnaie de Corinthe (coll. part.). Fig. 7b Monnaie de Phocée (Londres ; ph. d’après BMC Ionia, pl. XXIII.18). Fig. 8 Lampe de Tell Atrib (ph. d’après J. Młynarczyk, Isis Pharia, p. 332-333, fig. 1). Fig. 9 Monnaie des Vota Publica romains (Vatican ; ph. d’après A. Alföldi, Festival of Isis, pl. I.13). Fig. 10 Cornaline (Berlin ; ph. d’après W. Kaiser, Ägyptisches Museum, p. 114, fig. no 1061). Fig. 11 Monnaie de Callatis (coll. part.). Fig. 12 Monnaie de Byblos (Londres ; ph. d’après N. Vismara, Diadumenianus, fig. p. 195). Fig. 13a-b Monnaies de Cymè (Berlin et Londres ; ph. d’après R. Salditt-Trappmann, Tempel, pl. A.6 et A.2). Fig. 14 Monnaie des Vota Publica romains (Oxford ; ph. d’après A. Alföldi, Festival of Isis, pl. I.23). Fig. 15a Monnaie d’Alexandrie (coll. part.). Fig. 15b Monnaie d’Aspendos (Athènes ; ph. d’après J. Svoronos, JIAN 6 [1903], pl. XII.11). Fig. 16 Monnaie de Callatis (Budapest ; ph. d’après SNG Hungary, 10). Fig. 17a-b Monnaies des Vota Publica romains (Rome et Vatican ; ph. d’après A. Alföldi, Festival of Isis, pl. II.8 et II.30). Fig. 18 Monnaie des Vota Publica romains (coll. part. ; ph. d’après D. O. A. Klose, B. Overbeck, Ägypten zur Römerzeit, München 1989, p. 58.178). 240 I, D   Fig. 19a-b Monnaies de Nicomédie et Philippopolis (coll. part.). Fig. 20 Lampe de Chypre (ph. d’après Th. Oziol, Salamine, no 567 pl. 35). Fig. 21 Monnaie d’Anchialos (ph. d’après Ph. Margaritis, RN [1886], pl. II.1). Fig. 22a Cornaline (Vienne ; ph. d’après E. Zwierlein-Diehl, Gemmen in Wien I, no 453, pl. 75). Fig. 22b Empreinte de sceau de Cyrène (ph. d’après G. Maddoli, Cretule, p. 84, no 262). Fig. 23 Monnaie de Byblos (ph. d’après G. Le Rider et H. Seyrig, RN [1968], pl. IV.340). Fig. 24a Monnaie de Byblos (coll. part.). Fig. 24b Empreinte de sceau de Délos (Délos ; ph. d’après M.-Fr. Boussac, Sceaux déliens, p. 331, no 54). Fig. 25 Intaille de Carthage (Londres, British Museum ; ph. d’après Fr. Baratte et al., Trésor de Carthage, pl. II.5). Fig. 26a-c Monnaies d’Alexandrie (coll. part.). Fig. 27 Monnaies d’Alexandrie (coll. part.). Fig. 28a Monnaie d’Alexandrie (Paris ; ph. d’après SNG France 4, 1141). Fig. 28b Cornaline (Cambridge, Corpus Christi College ; ph. d’après M. Henig, Lewis Collection, p. 34, no 113). Fig. 29a Lampe corinthienne (Délos ; ph. d’après Ph. Bruneau, Isis Pélagia, p. 435-436 fig. 1). Fig. 29b Monnaie de Corinthe (ph. Musée numismatique d’Athènes). Fig. 30 Relief de Délos (Délos ; ph. d’après Ph. Bruneau, Isis Pélagia, p. 437-438 fig. 3). Fig. 31 Relief de Thasos (Thasos ; ph. d’après Ph. Bruneau, Isis Pélagia. Compléments, p. 301 fig. 1). Fig. 32 Relief d’Aquincum (Aquincum ; ph. d’après K. Póczy, Ägyptischen Kulte, pl. 30.2). Fig. 33 Gemme (ph. d’après H. Carnegie, Collection of Antique Gems, no K 4, pl. 11). Fig. 34a-c Monnaies d’Alexandrie (coll. part.). Fig. 35 Médaillon romain (Paris ; ph. d’après F. Gnecchi, I Medaglioni, pl. 151.4). Fig. 36 Intaille (ph. d’après Fr. Daumas et B. Mathieu, Un document inédit, pl. Ia). Fig. 37a-b Verres gravés (Le Caire ; ph. d’après Abd El-Mohsen El-Khashab, Deux verres gravés, pl. I p. 112). Fig. 38 Statuette (Paris ; ph. d’après Ph. Bruneau, Statues, fig. 23 p. 380). Fig. 39a Gemme (Paris ; ph. d’après W. Hornbostel, Sarapis, pl. 195.322). Fig. 39b Gemme (Bologne ; ph. d’après A. R. Mandrioli Bizzarri, La collezione di gemme del Museo civico archeologico di Bologna, Bologna 1987, p. 95 no 157). Fig. 39c Gemme (Aquilée ; ph d’après A. M. Napolitano, Gemme, no 1277 fig. 19). Fig. 39d Intaille (Sibiu ; ph. d’après L. Teposu-David, ColecŃia de geme a Muzeului Brukenthal din Sibiu, Studii şi communicări Muzeul Brukenthal, 12 [1965], pl. IV.7). Fig. 39e Intaille (Florence ; ph. d’après W. Hornbostel, Sarapis, pl. 195.321). Fig. 40a-b Monnaies d’Alexandrie (coll. part.). Fig. 41a Gemme (d’après Cl. Wagner, J. Boardman, Intaglios, pl. 42.268). Fig. 41b Empreinte d’intaille (Vienne ; ph. d’après F. Dunand, Isis, fig. p. 81). Fig. 42 Intaille de Patras (ph. d’après G. Touchais, BCH 109 [1985], fig. 61 p. 788). L      Fig. 43 Statuette de Balanea (ph. d’après Ph. Bruneau, Statues, fig. 10 p. 349). Fig. 44 Monnaie de Callatis (coll. part.). Fig. 45 Lampe d’Aléria (ph. d’après Th. Oziol, Les fouilles d’Aléria, no 44, pl. IV). 241 Fig. 46a-b Monnaies de Rhodes (coll. part.). Fig. 47 Statuette de Mariemont (ph. d’après Ph. Bruneau, Statues, fig. 12 p. 359). Fig. 48 Statue de Budapest (ph. Musée des Beaux-Arts de Budapest). Fig. 49 Statue de Bénévent (ph. d’après le catalogue Iside, p. 505 no V.190). Fig. 50 Statue d’Ostie (ph. d’après M. Floriani Squarciapino, Les cultes orientaux, fig. p. 70). Fig. 51 Statue de Pouzzoles (ph. d’après S. Adamo Muscettola, Iside a Pozzuoli, fig. 4 p. 550). Fig. 52 Statue de Messène (ph. d’après To Ergon 49, 2002 [2003], fig. p. 28). Fig. 53 Relief de Rome (Musei Capitolini ; ph. d’après le catalogue Iside, p. 401 no V.19). Fig. 54 Monnaie de Corinthe (Londres ; ph. d’après M. J. Price et B. L. Trell, Coins and their Cities, fig. 146 p. 83). Fig. 55a Autel de Pylaia (ph. d’après M.-H. Blanchaud, Relief, fig. p. 709). Fig. 55b Intaille d’Oxford (ph. d’après M. Henig, A. MacGregor, Catalogue of the Engraved Gems and Finger-Rings in the Ashmolean Museum. II. Roman, p. 117.11.33) Fig. 56 Monnaie d’Alexandrie (coll. part.). Fig. 57 Lampe de Pouzzoles (Londres ; ph. d’après R. Merkelbach, Zeus Sarapis – Isis regina, pl. 213). Fig. 58 Lampe d’Ostie (Ostie ; ph. d’après R. Merkelbach, Zeus Sarapis – Isis regina, pl. 212). Fig. 59 Lampe de Carthage (dessin d’après P. Gauckler, BCTH [1901], p. 135-136). Fig. 60 Lampe de Kato Paphos (ph. d’après V. Karageorghis, BCH 111 [1987], fig. 45 p. 690). Fig. 61 Lampe d’Athènes (ph. d’après J. Perlzweig, The Athenian Agora VII, pl. 23j). Fig. 62 Lampe d’Alexandrie (ph. d’après Tran tam Tinh, M.-O. Jentel, Lampes d’Alexandrie, no 26). Fig. 63 Peinture d’Ostie (Vatican ; ph. d’après H. Stern, Cycle illustré, p. 126). Fig. 64-65 Médaillons de Commode (coll. part.). Fig. 66 As de Commode (coll. part.). Fig. 67 Intaille d’Oxford (ph. d’après M. Henig, A. MacGregor, Catalogue of the Engraved Gems and Finger-Rings in the Ashmolean Museum. II. Roman, p. 117.13.29) Fig. 68a Intaille de Florence (dessin d’après S. Reinach, Pierres gravées, pl. 29 no I-58-1). Fig. 68b Gemme Southesk (ph. d’après H. Carnegie, Collection of Antique Gems I, K 2 pl. X). Fig. 69a Gemme (Berlin ; ph. d’après H. Philipp, Mira et magica, pl. 19.78). Fig. 69b Gemme (Providence ; ph. d’après T. Hackens, Classical Jewelry, p. 153 no 83). Fig. 70 Empreinte du moule de Vertault (Châtillon-sur-Seine ; ph. d’après le catalogue Iside, p. 556 no VI.9). Fig. 71 Empreinte d’une gemme insérée dans une bague (Saint-Petersbourg no inv. U 1511 ; ph. d’après O. J. Neverov, Amulettes magiques, fig. 2 p. 469). 242 I, D   Fig. 72 Dédicace à Sarapis-Neptune (Carthage ; ph. J.-P. Laporte). Fig. 73 Monnaie d’Alexandrie (coll. part.). Fig. 74a Monnaie d’Éphèse (coll. part.). Fig. 74b Monnaie de Nicée (Londres ; ph. d’après BMC Pontus, pl. XXXIII.5). Fig. 74c Monnaie de Périnthe (Londres ; ph. d’après W. Hornbostel, Sarapis, fig. 340). Fig. 75a Monnaie de Cologne (coll. part.). Fig. 75b Monnaie des Vota Publica romains (Paris ; ph. d’après A. Alföldi, Festival of Isis, pl. I.2). Fig. 76 Fresque de Pietra Papa (Rome ; ph. d’après W. Hornbostel, Sarapis, pl. XXIII.34). Fig. 77 Fresque d’Ostie (Vatican ; ph. Musei Vaticani). Fig. 78 Isis sur la glace (dessin d’après J. Baltrušaitis, La quête d’Isis, fig. 76 p. 117). Fig. 79 Armoiries de Paris en 1811. Fig. 80 Médaille de la Henley Regatta. 1924 (coll. part.). Table des matières Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 I — Aux origines d’Isis, Dame des flots . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 1. 2. 3. 4. Les maîtres des flots en Égypte ancienne . . . . . . . . . . Isis, la navigation et l’élément aquatique à l’époque pharaonique Isis, les Phéniciens et les Grecs . . . . . . . . . . . . . . . Arsinoé, Aphrodite et Isis marines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 16 18 22 . . . . . . . . . . . . . . II — La théorisation d’une prérogative nouvelle . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 III — Les représentations d’Isis, Dame des flots . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 1. Le type d’Isis à la voile . . . . . . . . . . . . . . . . . a. Origine et définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . b. Essai de typologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . c. Évolution et questions d’identification . . . . . . . . . . d. Essais de contextualisation . . . . . . . . . . . . . . . 2. Les autres images d’Isis, Dame des flots . . . . . . . . . . . 3. Le problème des représentations statuaires d’Isis, Dame des flots . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV — Les noms d’Isis, Dame des flots . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 43 46 66 71 80 86 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 104 105 106 111 V — Un culte pour Isis, Dame des flots . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 1. Des lieux de culte pour Isis marine . . . . 2. Pratiques cultuelles . . . . . . . . . . . 3. Les fêtes en l’honneur d’Isis, dame de la mer a. Le Navigium Isidis . . . . . . . . . . b. Le Sacrum Phariae . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 123 134 134 150 1. 2. 3. 4. 5. Isis Ε»πλοια . . . . . . . . Isis Πελαγíα . . . . . . . . Isis Σöτειρα . . . . . . . . Isis Φαρíα . . . . . . . . . Isis Κυβερνåτι̋ et <Ορµíστρια . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244 T  ̀ VI — Sarapis et la mer . . . . . . . . . . . . . . . 155 1. Sarapis protecteur de la navigation et des marins 2. Isis et Sarapis, parasèmes de navires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155 168 . . . . . . . . . . . . . 171 . . . . . . . . . . . . . VII — Efacement et renaissance d’Isis et Sarapis marins Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177 Indices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181 Index des sources Index général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181 184 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191 Table des illustrations – Crédits photographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 239 . Bibliographie . . . . ÆGYPTIACA LEODIENSIA Série éditée par Michel M 1. Jean W, Le voyage d’Ounamon. Index verborum, concordance, relevés grammaticaux, 1987. 2. Jean W, Études de néo-égyptien, 1. La morphologie verbale, 1992. 3. Pierre K, Osiris et les arbres. Contribution à l’étude des arbres sacrés de l’Égypte ancienne, 1994. 4. Juan Carlos M G, Études sur l’administration, le pouvoir et l’idéologie en Égypte, de l’Ancien au Moyen Empire, 1997. 5. Dimitri L, La statuaire de Thoutmosis III. Essai d’interprétation d’un portrait royal dans son contexte historique, 1998. 6. Michel M & Jean W, Grammaire raisonnée de l’égyptien classique, 1999. 7. Laurent B, Isis, dame des flots, 2006. Composition : Étienne R, TEX, PSTricks Achevé d’imprimer le 15 décembre 2006 pour le compte du Centre informatique de Philosophie et Lettres sur la presse ofset d’Étienne R, imprimeur-éditeur, à La Salle, B – 4120 N́ Téléphone : + 32 4 372 13 66 Télécopie : + 32 4 372 13 88 E-mail : etienne.riga@skynet.be D/2006/0480/41