L'avenir était devant nousRéflexion, distraction, plaisir des mots, ambiance poétique à partager.
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Date de création : 04.01.2016
Dernière mise à jour :
02.10.2023
41 articles
Le poème jadis apprécié des sages érudits
S'est terni aux affres de la décadence.
L'éclairage de son ondoyante lumière
Humilié par la brillance aveuglante du projecteur
Agonise comme une délicate violette
Exposée aux rayons directs du soleil,
Et piétinée par les hordes de barbares
Inassouvis de brutalité et de pillage.
Adieu paradis terrestre au sol fertile,
L'aridité gagne les coeurs et les esprits.
Le projecteur focalise sur la bêtise
Pour évincer l'intelligente tolérance,
Pour assécher dans nos consciences
Jusqu'aux moindres traces de sagesse,
Le projecteur brûle le frêle terreau
Nécessaire à toute germination.
La fleur de poésie se fait rare,
Elle ne peut plus lutter contre l'invasion
De la dureté blessante et sèche
Que diffusent les puissantes machines.
Trouvera-t-elle un jour son havre de paix
Pour pouvoir y préserver au moins sa semence?
Espérer des jours meilleurs: utopie.
L'humanité se dessèche.
Les pilleurs nourrissent de leurs saccages
Les incultes faibles et pleutres.
Ils se montrent plus forts que les élus,
Avec leur fortune si mal acquise
Avec leur vérité si mal écrite.
Et le peuple des incultes applaudit,
Inconscient du crime qu'il cautionne,
Délaissant son pouvoir au profit des menteurs.
Pendant que menteurs et voleurs font ripaille
La société discrète des sages érudits
Voit se détourner d'elle les nombreux regards
De ceux qui ne savent plus lire la réalité.
Fascinés par tant d'images virtuelles
Ils courent vers le grand miroir aux alouettes,
Pauvres alouettes qui seront piégées,
Etourdies puis abandonnées aux charognards.
Les images du poème fleurissent à l'intérieur
Dans l'interprétation intime des mots
Que l'artiste a savamment disposés
Dans un moment d'inspiration éclairée.
Les images du poème nourrissent les cœurs
D'instants sublimés qui nous échappent
Et qui nous font oublier, le temps d'un rêve,
Les nécessités que la vie nous impose.
Le moment du poète est observation.
Le temps peu bien s'écouler, tranquillement,
Il n'est pas source de frustration
Le poète n'est pas pressé de rendre sa composition.
Le temps donne à la réflexion
Les mots pour la formulation
Un décor pour l'imagination
Un espace pour la méditation.
La voix du poète est si faible maintenant
Elle ne sera bientôt plus qu'un vague souvenir,
Etouffée par les désirs obsessionnels
De satisfactions égoïstes,
Retirée tel un poids inutile des bagages du savoir,
Jetée aux orties sans respect aucun,
Victime de la trahison des élites du peuple,
La voix ne dira plus le poème.
Les armes remplacent les mots
Les larmes ne sont plus de bonheur
Le rideau tissé de mensonge est tombé
Occultant le passage des lumières.
Les consciences vont à nouveau s'endormir,
Par les perfusions coulent la doctrine,
Les menteurs ont fini par gagner,
Voici venir le nouvel obscurantisme.
Car ceux qui sont à l'origine
De cette terrible machine
En sont désormais les esclaves
Prisonniers qu'ils sont dans l'enclave.
Ne savent plus imaginer
L'avenir qui leur rit au nez
Ils ne croient plus qu'à leur passé
Ce sont des êtres dépassés.
J'allais dans la campagne
Ecouter le chant des grillons
Voir voleter les papillons
Respirer le thym et le serpolet.
Les herbes folles se dandinaient
Au Vent espiègle
Et manipulateur des cœurs.
Les nuages en rangs dispersés
Tenaient un conciliabule
Attendant de savoir de quel côté
Ils devaient voguer,
Sur quelle prairie ils devaient verser
Leurs larmes de crocodile
Tranquilles.
Le Chat Non-Chat-Lent
Traversa devant moi
La route des vacances.
Il me prit pour un chaland
Errant sans doute.
J'avais bien vu dans son regard
Qu'il ne m'aimait pas
Il avait même marmonné dans ses moustaches
Des mots peu accueillants à mon égard.
Je suivais cependant mon idée
Sans savoir où elle allait
Me mener.
Je n'en étais plus à ma première malheureusement
On m’a toujours dit qu'il fallait suivre
Sa première idée,
Seulement voilà, ma première idée,
Je l'ai perdue
Une nuit de tempête, je ne l'ai jamais retrouvée.
A peine sortie de son cocon
Elle n’était plus.
J’aurais bien aimé pouvoir la contempler
Un moment,
Et lui faire dire que moi, son géniteur, j’étais génial.
Pourtant j’en suis sûr,
Elle aurait changé ma vie,
Changé le monde!
Oui je m'en souviens
Elle était géniale.
Mais elle est perdue.
Je n’en n’ai même pas gardé l’odeur,
Ni le bruit, ni la couleur.
La route était maintenant bordée d’arbres,
Le Vent me suivait,
Toujours aussi manipulateur,
Je l’entendais dans les branches
Là, juste au-dessus de moi.
Peut-être suivait-il lui aussi
Mon idée ?
Je commençai alors à me méfier
De lui.
Je devais garder mon idée bien cachée,
Au creux de ma main
Dans un pli secret de ma paume,
Ce minuscule sillon que moi seul possède.
Celui que les autres n’ont pas.
Ici les herbes folles étaient couleur paille,
Elles tentaient de résister au Vent
Espiègle et manipulateur,
Car elles craignaient de se rompre.
J’observais ces magnifiques et délicates
Graminées,
Lorsque soudain, jaillissant de nulle part,
Arriva un Gras-Minet
Hilare qui me souriait.
« Tu m’as demandé ? » me dit-il.
Je crus un instant qu’il s’agissait d’un sortilège
Que le Vent
Espiègle et manipulateur,
M’envoyait pour me déstabiliser.
« Non, répondis-je, j’observais seulement ces plantes graminées ».
« Ah ! Avec ce vent j’ai mal compris, désolé » dit-il en s’esclaffant.
Puis il s’éloigna,
Dodelinant avec grâce,
Se fondant dans le paysage au point que sa silhouette
Se réduit comme peau de
Chagrin.
Chagrin ou Chat-Grain ?
Quelle drôle de coïncidence !
Le Chat-Grain se présente à moi
Poli, humble, éloquent :
« Tu sais, tu peux compter sur moi,
Je peux t’apporter conseil et clairvoyance »
Le Chat-Grain est petit, jaunâtre,
A peine plus gros qu’un galet
On eut pu l’appeler d’ailleurs
Chat-Grain-Galet
Mais il en aurait été certainement offusqué.
« Appelle-moi vers la mi-Août » me lança-t-il
Puis, se ravisant, « Excuse-moi, c’est la seule blague
Que je connais
Mais je ne la referai plus, parole de Chat-Grain ».
Il me salua respectueusement
Et il partit se cacher dans
Les herbes folles.
Tout en gardant consciencieusement ma main
Repliée sur elle-même,
Je me remis à marcher sur ma route,
Mais dès les premiers pas
Je m’aperçus que quelque chose
Avait changé,
Je n’avais plus le même entrain.
J’étais hésitant, perplexe,
En proie au doute
Plus rien ne me semblait intéressant dans la campagne.
Même le Vent
Espiègle et manipulateur
Me paraissait triste et désabusé.
Sur le chemin qui serpentait
Sur le coteau inondé de soleil,
Le Chat Non-Chat-Lent passait comme une flèche
Il m’espionne c’est certain
Il n’a pas confiance en moi.
Il s’arrête, il se lèche,
Je dois avoir l’air bizarre.
Me voici arrivé au croisement de deux routes,
La panique me prend,
Que dois-je faire ? Vers quelle direction aller ?
Je senti monter en moi le désespoir,
Sur le panneau de droite
Je lis : Paris
Et sur le panneau de gauche
Je lis : Sirap.
Une foule de questions dans ma tête
Circulaient de plus en plus vite et s’entrechoquaient
Se succédant à une vitesse telle
Qu’elles formaient un tourbillon,
Une tornade qui failli m’enlever
De la réalité.
Puis enfin, le calme revenu,
Une réponse tombée comme une évidence :
La route de gauche serait donc
Le miroir
De la route de droite…
J’étais peut-être à la porte d’un de ces mondes parallèles
Dont j’ai quelques fois entendu parler
Dans ces réunions où des personnes
Prétendument initiées exposent avec aisance et exubérance
Leurs longues suppositions
Sur le sujet.
Alors que ma mémoire scientifique ressassait sans cesse
Les trilles de ces très grandes théories
Ponctuées du trémolo du piètre et maigre auditoire
Du marché au poisson,
Mes palpitations entreprirent
Leur grande migration
Quittant l’angoisse noire du désespoir du soir
Pour aller s’agglutiner à l’angoisse noire
De l’inconnu tout nu.
Après tout, il y avait peut-être dans l’inconnu
De l’espoir certains soirs.
Mes palpitations avaient viré de bord
Mais je n’étais pas tenu de les suivre
Jusque dans l’inconnu.
A l’impossible nul n’est tenu.
C’est bien connu.
Comment prendre ma décision ?
« Chat-Grain, peux-tu m’apporter
Ta clairvoyance, s’il te plaît ? »
Aussitôt je le vois arriver, se faufilant à travers les herbes folles.
« Je suis ton serviteur
Que puis-je pour toi voyageur ?
-J’aimerais que tu me dises comment choisir ma route
-Hé bien il faut que tu pèses le pour et le contre !
-Mais encore ?
-Tu dois mettre dans ta main gauche
Le contre
Et dans ta main droite
Le pour
Ensuite tu regardes de quel côté
Penche la balance »
J’étendis la main gauche, prête à recevoir le contre
J’étendis la main droite, prête à recevoir le pour
Et voilà tout d’un coup mes palpitations
Qui disparaissent
Comme par magie.
Evaporé le doute
Parti le désespoir
Dissipée la peur de l’inconnu
Désintégré le monde parallèle
« Merci Chat-Grain pour ton bon conseil
Tes facultés ont fait merveille
-Ce n’était pas compliqué pour moi
De voir que dans ta main refermée
Sur elle-même, ton idée se pâmait.
Si tu veux suivre
Ton idée
Celle-ci doit se trouver devant toi !
-Mais le Vent…
-Ce n’est pas le Vent qui vole les idées
Ce sont les idées qui s’évaporent quand elles ne sont pas bien tressées.
Il faut prendre le temps de bien tresser tes idées
Avec soin, avec douceur,
Passion, amour, art et bonheur,
Tout en finesse, avec souplesse les tresses,
Avant de les lâcher dans la nature. »
J’étais loin de m’imaginer qu’un Chat-Grain puisse
Etre une source de clarté
Aussi éminente.
J’en suis maintenant à me demander
Si je n’étais pas en train de chercher à
Inventer l’eau chaude
Alors que j’avais le robinet sous ma main gauche.
Ma route était à nouveau bordée
De mille et une choses aiguisant
Ma curiosité
Tout comme mon appétit qui me rappela
Que l’homme vivait aussi de pain
Et de tant d’autres nourritures
Que la Terre veut bien lui
Offrir
Selon son bon plaisir.
Justement, une auberge est annoncée
« L’Auberge des Tiroirs à Chats, à dix minutes » disait
Le panneau aux couleurs alléchantes.
Mon métabolisme lança aussitôt
Le processus
La salive me vint à la bouche
Mon estomac entamait une danse rituelle de
Bienvenue
Mes intestins faisaient le ménage
Non sans discrétion, au point que
Je vis bouger dans les herbes
Le Chat-Grain
Qui pensait peut-être que j’allais
Faire appel à ses services.
En fait j’ai dû marcher pendant une heure
Avant d’apercevoir cette auberge
Magnifique
Dans un cadre
Magnifique.
L’endroit était sans doute très accueillant
Pour les chats également.
En effet, le Gras-Minet était ici
Plongé dans une sieste plus profonde que les gorges du Verdon.
Sur l’aire de jeux le Chat-Pitre faisait le spectacle
Pour les enfants
Aux cuisines le Chat-Touille en se contorsionnant s’occupait de
La ratatouille,
Aidé par les Chat-Dose qui, dans l'ombre,
Pesaient scrupuleusement chaque ingrédient.
Le Chat-Rabbia divulguait à qui veut
L’entendre
Les nouvelles de la région, fraîches comme la rosée du matin en plein midi.
Pendant que le Chat-Cale maintenait
La porte ouverte
Je fus accueilli par le
Chat-Tertonne qui n’en finissait pas
De vanter le lieu et de flatter mon ego
Usant d'un vocabulaire très chargé en sucreries
Et surtout en miel.
Installé à ma table,
La plus belle de tout l’établissement, aux dires du
Chat-Telain, qui prenait l’air très distingué,
Je pouvais admirer les centaines, que dis-je
Les milliers de tiroirs du sol aux plafonds
Sans doute les loges des chats les plus originaux,
Les plus extravagants, les plus illustres que
Le monde ai jamais connu
J’imagine.
D’ailleurs il y avait sur le livre d’or, un mot
Du Chat-Beauté,
Signé de sa plus belle plume.
Le tout baignait dans une musique
D’ambiance mexicaine très cha-cha-cha
Menée de main de maître par le
Chat-Luthier qui, jouant sans filet, sortait de sa guitare
Une ambiance raffinée et envoûtante.
Au bar se tenait le Chat-Bichou
Très enrhumé, et qui portait des lunettes bleues,
Une veste bleue, des chaussettes bleues…
On aurait dit une Gay-Chat.
Il était en pleine conversation financière avec
Le vieux Chat-Laid qui venait de Suisse
Et le Chat-Rio qui n’arrêtait pas de danser la samba.
Dans l'arrière salle, on jouait au poker.
Il y avait le Tri-Chat, grand illusionniste,
Le Faux-Chat, grand voleur,
Et le Toux-Chat-Toux qui était pris d'une quinte sans fin.
Je tentai de risquer un œil par la porte entre-baillée
Mais aussitôt on me pria de rester en dehors de tout-Chat .
Le repas, servi par le Chat-Sœur avec sa cornette blanche
Se déroula de façon royale, ponctué de
Courbettes fatales,
De mots poétiques d’une extrême rareté,
Soutenant les volutes doubles ou triples
Des manchettes et des chapeaux à plume d’une époque
Où l’or coulait à flots
Aux fontaines du désir.
Arriva le dessert, accompagné de pétards, de feux d’artifices,
D’un défilé carnavalesque qui renversait tout sur son
Passage.
Puis une voix de GPS qui annonce : » Dessert arrivé à destination,
Dessert arrivé à destination ».
Enfin le café.
Le Chat-Sœur me demanda si je souhaitais prendre une boisson forte
En guise de digestif
Je lui répondis « Non, merci, je n’ai point envie de noyer mon Chat-Grain
Dans l’alcool ! »
Le Chat-Grain se précipita, affolé,
« Ne t’inquiète pas, lui dis-je, c’est la seule plaisanterie que je connais,
Je ne la referai plus, parole d’étranger ! »
Rassuré il s’en alla se cacher dans les herbes folles.
Lorsque je demandai l’addition, le patron lui-même
Chat-l’Heureux est venu à ma table me l’apporter avec
Un sourire éclatant comme la salle de bain de Monsieur Propre.
La note ne me sembla pas trop salée
« Passez à la caisse » me dit-il en me montrant du doigt
Un chat dans sa litière. C’était bien le seul chat normal de cette auberge,
Il revenait du marché et il avait
Un regard Persan.
Le chat de la caisse me donna le LA
D’un commun accord je lui exécutai un LA Majeur, TVA incluse.
En passant près des cuisines, je fus impressionné par une activité digne d’un jour
De braderie sur une île
Où la terre entière se serait rassemblée.
J’y entrevis le Chat-Rogne qui nettoyait l'os qu'un Chat-Rolais avait laissé traîner.
A côté le Chat-Teint en voyait de toutes les couleurs
Mais à côté du Chat-Toyant il n'en menait pas large
A cause du Chat-Mailleur qui voulait détricoter son gilet en peau de Chat-Moi.
Le Chat-Hutteur tapait sur des bambous au lieu de construire sa hutte,
Le Chat-Pelle toujours religieusement assidu au travail
Ramassait les feuilles mortes.
Le Chat-Cécroisé était aux prises avec le Chat-Pardeur pour une histoire de vol de tombeau.
Le Chat-Rançon d’ailleurs était fortement impliqué, il était soupçonné de chatage.
Cette affaire me donne des boutons
Dit le Chat-Peau qui n'avait pas un poil,
Et qui était allergique au poil
De Chat-Meau.
« Je t’en prie » lui dit le Chat-Pelet,
Ne reste pas comme cela, Il faut que tu ailles consulter.
Le Chat-Mane était en transe
Dans son lieu sacré, le Chat-Rive-Harry
Entouré de fumée, de crânes et de fioles où nageaient des crapauds,
Des herbes pendantes ici et là, des poudres inquiétantes qui n’attendaient
Que l’étincelle
Des grimoires, des parchemins, des papyrus, des hiéroglyphes
Sacrées
Des pattes de poulet, des cœurs de bœuf, des langues de chat, des têtes de loups,
Des pieds de biche, des coups du lapin, des pets de coucou…
Le Chat-Peau dû attendre son tour car
Le Chat-Mane était sur un cas très difficile qui demandait la plus haute concentration.
Il était en train d’essayer de guérir le Chat-Loupé
Qui n’avait que trois pattes,
Ce qui lui donnait une démarche peu discrète.
Le Chat-Piteau était jaloux du Chat-Mane
Et il prétendait avec son assurance mettre Chat-Qu’un à l’abri
Mais le Chat-l’Ange qui veillait à la libre concurrence l’a traité
De Chat-Rlatan
« Un jour Chat-Piteau tu finiras par faire l’aumône
Dans le métro, comme le Chat-Rité » lui dit le Chat-l’Ange.
Dehors les Chats-Faux étaient en train de couper
La tête d’un choux
Devant le regard ébahi du bourreau des cœurs
D’artichaut.
Si un jour vous allez à l’Auberge des Tiroirs à Chats
Méfiez-vous du Chat-Teigne, il est méchant comme la peste
Mais celui que tout le monde craint par-dessus tout
C’est le Chat-Timent, il est terrible et
En vérité nul ne sait ce qu’il nous réserve.
Le Chat-Mallow se promenait prudemment en prenant
Soin de raser les murs.
Il est tellement gros
Mais aussi tellement léger que le Vent
En écoutant les grincements de la vieille charpente séculaire je me suis mis à vouloir l'imiter, non pas en cherchant à grincer ou à reproduire ce bruit, mais j'avais envie d'entrer en résonance avec ce bois, coupé il y a un ou deux siècles, peut-être trois. Je cherchais à me synchroniser avec ses vibrations, trouver son rythme, et sa respiration. Comprendre une infime partie de son secret, de sa force ou de sa longévité, me serait très agréable pensais-je. Ce bois prélevé sur la nature et considéré comme ayant vécu, me semblait doté d'une seconde vie. Privé de sa sève, symbole de la vie, plus rien apparemment ne circulait en lui. Pourtant il vibrait, il émettait des craquements, comme des petits cris. Les vibrations ont remplacé les pulsations. Et il vibrait comme le fait un violon ou une contrebasse, avec élégance. Il avait toujours son axe de vieillissement, il avait un futur, il n'était pas mort.
Quand sera-t-il mort ? Lorsque la force l'abandonnera. Alors peu à peu il va s'affaisser, se recroqueviller, se courber, se réduire en poussière, en gaz, devenir invisible. Encore, sera-t-il vraiment mort ?
Toi qu'on nomme le vent
J'entend bien trop souvent
Dans les branchages, hurlant,
Ton langage cinglant.
Je te devine le vent
Lorsque de mon divan
Tes sifflements stridents
M'extirpent d'un roman
Je te connais le vent
C'est toi de temps en temps
Qui t'amuses en sonnant
La cloche du vieux couvent
Je t'aime bien le vent
Quand tu es caressant
Et doux comme un onguent
Sur le soleil couchant
Je te déteste le vent
Quand soudain il te prend
Comme un caprice d'enfant
De jouer au méchant.
Mais c'est si beau le vent
De voir les goélands
Glisser sur tes courants
Invisibles rubans
Fier et puissant le vent
Tu souffles droit devant
Et tant pis pour l'auvent
Il sera cerf-volant.
La calme platitude de l'eau dormante
L'absence de source de chaleur
Le vide de l'espace autour
Et les croyances qui reviennent
Je suis peut être immortel
Mon corps non, mais moi, oui.
Et moi sans mon corps
Que suis-je? Qui suis-je?
Mon corps sans moi
Un amas d'atomes universels
Savamment organisés
Fruit de l'évolution
Depuis l'origine du monde
Voué à un éternel recyclage
Moi sans mon corps
Un esprit fuyant
A travers le grand labyrinthe
Dans la matière noire
Répondant à l'appel
D'une autre dimension
Qui m'est révélée maintenant
Une autre mémoire
Qui sommeillait en moi
Se réveille enfin
Une mémoire collective
Fusionnée,
Fondue en un bloc vivant
La mémoire unique
Celle de l'Origine absolue
Qui renferme tous les passés,
Tous les présents
Et tous les futurs
De tous les mondes.
Un bruissement d'aile
Mon regard se rallume
L'eau dort toujours
L'oiseau se désaltère
Il s'envole
Je suis un bébé sorti du ventre de sa mère
J'étais si bien juste avant cet instant
Où la porte temporelle s'est refermée.
Me jetant à l'extérieur, seul,
A la merci de tant de conflits,
Avec comme devoir
Une petite mémoire à remplir.
Li Yo-Yang est un petit garçon, il vit avec ses parents dans un village situé à 50 kilomètres de la ville, là où les usines sont la principale source de revenu pour les habitants de la région. Maintenant qu'il a douze ans, il va aller travailler dans une usine de parapluies, là où il est inscrit par ses parents depuis l'an dernier, avec l'accord du parti. Li Yo-Yang doit assembler 20 parapluies par jour, la première semaine il parvient difficilement à en faire une dizaine, son chef lui dit qu'il doit continuer à s'améliorer pour arriver à 20 parapluies par jour, sinon l'usine ne pourra pas le garder. La deuxième semaine Li Yo-Yang est déjà très fatigué car il doit se réveiller très tôt pour prendre le bus qui l'emmène à l'usine, et il est stressé à l'idée qu'il pourrait être renvoyé si sa production ne s'améliore pas. En plus il serait certainement puni par ses parents qui auraient un blâme du parti. A peine entré dans l'usine il se met à l'ouvrage avec toute son énergie et son courage, ses doigts saignent, ses mains sont engourdies quand la journée de douze heures se termine. Mais il est très fatigué, alors ses parents vont voir le chef et demandent à ce qu'il puisse dormir sur place. C'est accepté, car ce n'est pas une exception, loin de là. Dans le local de « repos » des rangées de paillasses accueillent d'autres enfants qui sont dans la même situation, en échange d'une retenue sur le maigre salaire qui n'est que de 1,50 euros par jour.
Un jour Li Yo-Yang au moment de rentrer dans sa famille croise une dame bien habillée qui porte un magnifique parapluie. Il lui demande dans quelle usine elle a acheté ce bel objet, elle lui dit : »C'est un parapluie français, il vient de chez Piganiol, je l'ai payé très cher ». Rentré à la maison l'enfant dit à ses parents : »Un jour je fabriquerai des parapluies comme les Français, et je les vendrai moins cher. Et les petits Français iront travailler dans les usines au lieu d'aller à l'école pour pouvoir les acheter. »
Les parapluies sont vendus 2 euros pièce à l'acheteur français. Il les revend 7 euros pour les magasins de détail qui les revendent 8 euros, et au moindre coup de vent ils sont bon à mettre à la poubelle.
A méditer.
Que deviennent les mots...
Une fois exprimés, que ce soit de manière orale ou écrite, les mots ont une vie. Certains sont mis de côté et laissés sur la table après correction ou reformulation, d'autres sont ravalés par leur auteur avec une grande frustration, d'autres sont récupérés et réarrangés dans un but mesquin voire nuisible. Mais la plupart de ceux qui ont rencontré notre oreille ou notre regard continuent leur vie.
Tous ces mots-là portent une signature, une empreinte, un ADN, car ils expriment une idée ou une observation qui est le produit de son auteur. Il y a dans le choix du mot, bien que cela se fasse en un éclair, de la créativité et une affinité avec l'auteur, d'où la notion de signature. Evidemment si le vocabulaire de l'auteur est pauvre et qu'il ne maîtrise pas les formes de l'expression, la créativité est presque absente mais, malgré le désordre qui en découle, il y a une préférence pour certains mots, d'où la signature. Lors d'une discussion sage où le respect des idées est mutuel, les mots peuvent être soumis à une tacite correction, soit pour une meilleure précision, ou pour recentrer le débat, ou pour éviter une mauvaise interprétation qui laisserait trop de place à la polémique. Il est donc possible d'abandonner des mots et de les remplacer par d'autres, mieux choisis. Les mots abandonnés vont se retrouver dans la corbeille comme on le fait avec un papier devenu inutile, et c'est souvent là que les gens mal intentionnés vont les récupérer pour en faire un usage peu glorieux. Les mots qui restent dans les mémoires deviennent parfois des emblèmes, des devises, des références historiques, qu'ils soient positifs ou négatifs. La langue de bois laisse aussi son empreinte au rayon des moqueries, à vouloir faire trop de détours pour nommer les choses, arrive un moment où c'est le ridicule qui triomphe.
La reformulation est faite quant à elle pour présenter l'expression d'une idée ou d'une conclusion sous une seconde forme sans pour autant en changer le sens vrai. Ceci est utile si l'on s'adresse à un groupe hétérogène et dont l'utilisation du vocabulaire risque d'introduire de la confusion.
Les mots transportent un peu de l'histoire de leur auteur, c'est pourquoi on leur attribue un sens ou un poids différent selon la personne qui les dit ou qui les écrit. Un manager respectable et respecté donnera aux mots plus de valeur, parfois même de la puissance, celle-là qui donne confiance et force, tandis qu'une personne prétentieuse mettra dans ses mots du mépris. Les mots puissants sont aussi protecteurs et offrent une vue sur l'ouverture d'esprit, ils sont valorisants pour ceux qui les reçoivent. Les mots du prétentieux sont ceux du théâtre et du spectacle, ce sont des boniments, et ce ne sont pas les applaudissements d'une foule qui peut leur donner de la valeur. Les mots sont comme les globules rouges qui alimentent le corps en oxygène, ils apportent des idées, par fragments plus ou moins importants, ils provoquent les déclics qui mettent en route une réflexion, une invention, une théorie, une création.
Les mots du poète sont si légers qu'ils s'envolent, cependant ils impriment dans notre mémoire un message, une image qui, selon notre sensibilité nous apporte un peu de bien-être, une ouverture à la philosophie, à la vie.
Un langage trop cru ou inadapté peut amener son auteur à ravaler ses mots, cette situation arrive surtout en public, là où il faut essayer de ne pas perdre son sang froid devant de nombreux spectateurs. En privé l'auteur réagit en général par des propos violents et la discussion se termine quand elle n'a plus de sens. Ravaler ses propres mots revient à se trouver en porte-à-faux, en perte d'équilibre. L'auteur perd son aplomb et apparaît d'un coup comme fragile alors qu'il voulait se montrer fort et s'imposer, d'où une grande frustration. Les mots de la colère font des dégâts, il sont tranchants comme des lames, crochus comme des griffes, brûlants comme le fer rouge. Toute colère qui n'est pas maîtrisée fini par blesser autant celui qui la porte que celui qui la reçoit. Mais les mots peuvent aussi se faire douceur et compréhension, heureusement.
Des commerçants, des fonctionnaires
Condescendants propriétaires
Pauvres mendiants ou bien notaires
Des aspirants et des stagiaires
Des architectes ils sont cobayes
Le temps leur est compté par bail
Se faufilent dans l'agitation
Le bruit et la circulation
Toujours pressés ils vont, ils courent
Sans voir tout ce qui les entoure
Se détournant des racoleurs
Tout en se méfiant des voleurs
Fuyant le temps qui les surveille
Comme ils l'ont déjà fait la veille
Vers leurs magasins, leurs bureaux
Ils vont retrouver leurs barreaux
Au pied des murs vertigineux
Les gens des villes sont malheureux
Ils voudraient bien pouvoir voler
Prendre des ailes et décoller
Les gens des villes sont des fourmis
Qu'ils soient libres ou qu'ils soient soumis
Trottinent au fil des phéromones
Sous les yeux blasés des gorgones.
Passant des pavés au bitume
Sans sourire et sans amertume
Ils ont oublié la souplesse
Du doux gazon de leur jeunesse.
Oubliée la brise légère
Remplacée par les courants d'air
Disparue l'odeur des prairies
Remplacée par la droguerie.
Mais les gens des villes ont une âme
Et quand ils ont du vague-à-l'âme
Ils projettent dans leur futur
L'heure du retour à la nature.
Le semeur travaille par tous les temps,
Et il sème par tous les vents
La tâche pour lui est infinie
A perpétuité du matin au soir
Faire germer des idées.
Des graines il n'en manque pas
Il en a bien autant
Que d'étoiles dans le ciel
Mais la bonne terre
Celle qui sait donner
Souvent se fait discrète
Elle attend patiemment
Retenant sa respiration
Espérant que lui arrive
Comme un cadeau une graine.
Mais le semeur ne voit pas clair
Alors il doit semer sans cesse
La récolte lui importe peu
Il n'est là que pour semer
Et il ne s'en prive pas
Il peut semer le jour
Semer la nuit
Sans relâche répéter son geste large
Sans cesse épandre les graines.
Les idées voyez-vous
Ca ne pousse pas n'importe où
Sauf peut-être les idées noires
Elles arrivent en pleurant
Par un jour de mauvais temps
Entraînant nos regards vers le bas
Assombrissant le grand tableau
Où se projetaient les desseins
Ou, comme la mauvaise herbe
Indésirable pour les autres
Inavouable à soi-même
Une idée mauvaise
Contraire à la morale
Elle pousserait même
En terre inhospitalière
Sur le bord de la route
Tentation du voyageur
A l'idée saugrenue il a manqué
Un petit je ne sais quoi
C'est un feu follet
Qui vit le temps d'un hoquet
Souvent elles germent, les idées folles,
Avant d'avoir touché le sol
Mais si l'artiste l'attrape
Dans son filet à papillon
Alors elle pourrait bien devenir
Une oeuvre magistrale.
L'idée fixe s'accroche obstinément
Crispée, tétanisée, mortifiée
Elle s'agrippe, elle se tord,
Elle mord
Elle tourne en rond
Elle se morfond
Elle vous confond.
L'idée brillante,
Qui pousse dans le talent,
Dans la douce convection de l'imagination,
Suscite autant l'admiration
Que les pires jalousies
L'idée de génie
D'une extrême rareté
Change le monde à jamais
L'idée philosophique
Court par les chemins initiatiques
Continuant des siècles durant
A se heurter aux dogmes
A titiller les traditions
Méfiez-vous des idées reçues
Elles sont déplumées, façonnées,
Retouchées, dupliquées,
Diffusées à la mode industrielle.
Elles n'ont plus rien à dire
Rien à voir avec l'originale.
Les bonnes idées sont celles qui germent
Dans le terreau nourricier
Doux et accueillant comme un berceau,
Les bonne idées sont celles qui vont fleurir
Et diffuser la paix
Comme un parfum d'amour.
Le semeur travaille par tous les temps,
Et il sème par tous les vents
La tâche pour lui est infinie
A perpétuité du matin au soir
Faire germer des idées
Alors s'il vous plaît
Veillez à protéger par ci, par là
Quelques parcelles de bonne terre
Pour que les idées s'épanouissent
Et nous éclairent vers un monde meilleur.
La ponctuation est une respiration, elle est donc nécessaire. Une lecture sans ponctuation n'est pas attrayante car elle n'est pas vivante. La nature respire, la machine ne respire pas. La ponctuation donne des repères au lecteur aussi bien qu'à l'auditeur, et elle participe au sens du texte voulu par l'auteur. Une lecture sans ponctuation c'est une suite de mots expulsés, sans plus ; qui aurait envie de mettre les mains dans le déversoir pour s'en saisir et tenter de reconstituer un message ?
La ponctuation donne sa noblesse au texte, elle permet l'expression de la nuance comme sur une partition musicale, donnant la force à l'argument inattendu, la discrétion à l'accord tacite. Elle est indispensable à l'harmonie et à la cohérence, à l'esthétique et au rythme, au charme et à la présence, à la vie tout simplement.
Point de vie sans ponctuation. Celle de l'alternance du jour et de la nuit, du chaud et du froid, du soleil et de la pluie, de l'ombre et de la lumière, du sommeil et de l'activité. Une vie sans ponctuation deviendrait vite insupportable et ne pourrait durer que très peu de temps, à l'image de l'apnée. Au second degré cela pourrait être une focalisation obsessionnelle vers un objectif très ambitieux voire hors de portée, ce serait un champ visuel très fermé qui ne montre rien des paysages, une vie qui occulte l'aspect humain et qui rend la vie impossible à tout l'entourage, puis à soi-même.
Il ne suffit pas seulement de quelques virgules, ce sont les respirations normales, régulières, et plutôt monotones finalement. Il ne faut pas craindre d'introduire des points d'interrogation de temps en temps, se demander où l'on est et où l'on va n'est pas chose superflue. Ne pas oublier que le questionnement est souvent une source de jouvence pour l'esprit. Le point d'interrogation est souvent accompagné par les points de suspension, la réponse attendue n'est pas automatique, et les points de suspension sont porteurs de satisfaction lorsque le temps de la réflexion a permis de trouver la piste d'une réponse. Bien qu'ayant les pieds sur terre il n'est pas désagréable de rester suspendu un instant, le temps d'entrevoir se profiler un rêve, un projet. Bingo ! Voici le point d'exclamation. Avec lui le sentiment présent prend de l'intensité, qu'il soit positif ou négatif, la joie ou bien la peur, votre cœur change de rythme, vos joues changent de couleur, votre voix est différente. C'est la vie, la vraie vie avec les hauts et les bas. Il n'est pas interdit d'ouvrir une parenthèse, à condition de savoir quand la refermer, cela peut correspondre à une longue respiration, une consultation, une période d'observation ou de ressourcement. Alors utilisez la ponctuation et vous vous sentirez beaucoup mieux, ainsi vous pourrez à l'occasion ouvrir les guillemets et apporter généreusement votre grain de sel.