Ursidae

famille de mammifères des ursidés, de l'ordre des carnivores

Ursidés, Ours

Les Ours forment la famille de mammifères des Ursidés (Ursidae), de l'ordre des Carnivores (Carnivora). Le Grand panda, dont la classification a longtemps prêté à débat, est aujourd'hui considéré comme un ours herbivore au sein de cette famille[1],[2]. Il n'existe que huit espèces d'ours vivantes réparties dans une grande variété d'habitats, à la fois dans l'hémisphère Nord et dans une partie de l'hémisphère Sud. Les ours vivent sur les continents d'Europe, d'Amérique, et en Asie.

Les ours modernes ont comme caractéristiques un corps grand, trapu et massif, un long museau, un pelage dense, des pattes plantigrades à cinq griffes non rétractiles et une queue courte. L'ours blanc est principalement carnassier. Le panda géant se nourrit presque exclusivement de bambou. Les six autres espèces sont omnivores, leur alimentation variée comprend essentiellement des plantes et des animaux. Sauf en période de reproduction et d'éducation des jeunes, les ours sont solitaires. Généralement diurnes, ils sont aussi éventuellement actifs la nuit ou au crépuscule, en particulier autour des zones d'habitation humaine. On les dit parfois « nocto-diurnes ». Les ours peuvent, malgré leur corpulence, courir rapidement, nager et escalader certaines parois ou des arbres. Cavernicoles, ils se réfugient volontiers dans des grottes, cavernes et tanières. La plupart des espèces y passent la saison froide à dormir (hivernation[3]).

Les ours sont chassés depuis la préhistoire pour leur viande et leur fourrure. Ils ont joué un rôle de premier plan dans la culture (mythologie, légendes, etc.) et les arts. À l'époque moderne, les populations d'ours sont victimes de pressions (comme celles des éleveurs dans les Pyrénées), de l’empiétement de l'humain sur leur habitat naturel, de l'artificialisation et de la fragmentation des forêts, ainsi que du commerce illicite, notamment le marché asiatique de la bile d'ours. L'UICN a classé six espèces d'ours comme vulnérables ou menacées d'extinction. L'ours brun pourrait disparaître dans certains pays européens. Le braconnage et le commerce international des populations les plus en danger sont interdits, mais se pratiquent toujours illégalement.

Histoire

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L'ours a largement marqué la culture humaine à travers des rites et des traditions attestés de l'Europe aux Amériques et en Asie, et a donné lieu à une abondante culture populaire. Théophraste, dans son traité Des odeurs, dit que la chair de l'animal croît si on la conserve, même cuite, pendant le temps de leur retraite. Il dit encore que, lors de l'hivernation, on ne trouve en lui aucune trace d'aliments et que son ventre ne contient qu'une très petite quantité de liquide ; de même dans leur cœur pour le sang[4], et que le reste du corps n'en contient pas du tout. À leur sortie, au printemps, ils consomment une certaine herbe nommée en grec ancien ἄρον / áron[5]).

Caractéristiques physiques et biologiques

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Tous les ours ont un grand corps trapu et massif, des membres puissants, un pelage dense et hirsute, une queue courte, des oreilles rondes, un long museau ou truffe, de grandes capacités olfactives (lui permettant de détecter une présence à 50 mètres) et d'audition, de larges pattes plantigrades à cinq griffes non rétractiles. Un ours vit de 25 à 40 ans.

Il a été constaté, notamment grâce aux techniques de pêche, que les ours se servent plutôt de la patte gauche, laissant supposer une latéralité du comportement de l'animal. Michel Pastoureau remarque : « Deux auteurs, l'un médiéval, l'autre moderne[6] ont en effet remarqué que l'ours se servait plus fréquemment de sa patte gauche que de sa droite et en ont conclu — un peu rapidement — qu'il était gaucher »[7].

Comparaison des mensurations de quelques ours[8]
Nom Longueur (cm) Poids du mâle
adulte (kg)
Poids de la femelle
adulte (kg)
Ours à collier 130 - 190 100 - 200 50 - 125
Ours lippu 140 - 190 80 - 140 55 - 95
Ours à lunettes 140 - 190 100 - 155 64 - 82
Ours noir 150 - 200 120 - 270 75 - 120
Ours brun 170 - 280 135 - 390 95 - 205
Ours blanc 190 - 260 300 - 730 98 - 450
 
Parties caractéristiques de l'ours blanc, brun et noir :
A : tête d'un ours blanc
B : patte avant
C : patte arrière

D : tête d'un ours brun
E : patte avant
F : patte arrière

G : tête d'un ours noir
H : patte avant
I : patte arrière

Taxonomie

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 v · d · m  Formule dentaire
mâchoire supérieure
2 2-4 1 3 3 1 2-4 2
3 2-4 1 3 3 1 2-4 3
mâchoire inférieure
Total : 32-40
Dentition des ursidae

Cette famille a été décrite pour la première fois en 1817 par le naturaliste saxon Gotthelf Fischer von Waldheim (1771-1853)[9].

Liste des genres et espèces actuelles

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Crâne d'ours des cavernes, Ursus spelaeus
 
Ours brun (Ursus arctos arctos).
 
Dessin d'un Ours blanc (Ursus maritimus).
 
Ursus thibetanus

Genres et espèces actuelles selon ITIS (4 juillet 2015)[10] et Mammal Species of the World (version 3, 2005) (4 juillet 2015)[11]:

Diverses études classent les genres actuels en trois sous-familles distinctes[12],[13]:

  • Sous-famille Ailuropodinae Grevé, 1894
    • Genre Ailuropoda Milne-Edwards, 1870
  • Sous-famille Tremarctinae Merriam & Stock, 1925
    • Genre Tremarctos Gervais, 1855
  • Sous-famille Ursinae Fischer von Waldheim, 1817
    • Genre Helarctos Horsfield, 1825
    • Genre Melursus Meyer, 1793
    • Genre Ursus Linnaeus, 1758

Liste des taxons éteints

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Sous-familles et genres fossiles d'après Paleobiology Database (novembre 2015)[14]: A transférer dans la future page du genre Ailuropoda

En 2011, des chercheurs espagnols annoncent la découverte d'une nouvelle espèce d'ailuropodinés anciens baptisée Agriarctos beatrix[15] rebaptisé Kretzoiarctos beatrix dans un nouveau genre[16] qui aurait vécu en Espagne au Miocène.

Phylogénie

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Les ursidés sont une famille d'évolution tardive, ils partagent un ancêtre commun avec les canidés, et un plus récent avec les mustélidés et les pinnipèdes.

L'ancêtre des mustélidés et des pinnipèdes a divergé de celui des ours il y a environ 30 Ma. L'ours à lunettes s'est séparé des autres ours il y a environ 13 millions d'années. Les six espèces distinctes d'ursinés sont apparues il y a environ 6 millions d'années. Les témoignages fossiles et l'analyse de leurs ADN ont montré que l'ours blanc a divergé de l'ours brun il y a environ 200 000 ans.

Phylogénie des espèces actuelles d'ours, d'après Yu et al. (2007)[17] et Nyakatura et al. (2012)[18] :

 Ursidae 
 Ailuropodinae 

 Ailuropoda melanoleuca (le Panda géant)



 Tremarctinae 

 Tremarctos ornatus (l'Ours à lunettes)


 Ursinae 

 Melursus ursinus (l'Ours lippu)





 Ursus arctos (l'Ours brun)



 Ursus maritimus (l'Ours blanc)





 Helarctos malayanus (l'Ours malais)




 Ursus americanus (l'Ours noir)



 Ursus thibetanus (l'Ours du Tibet)









Répartition géographique

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            Ailuropoda melanoleuca (et    ,    )
            Helarctos malayanus (et    )
            Melursus ursinus (et    )
            Tremarctos ornatus
            Ursus americanus
            Ursus thibetanus (et    ,    ,    ,    )
            Ursus arctos (et    )
            Ursus maritimus

Comportement

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L'ours est généralement diurne, mais peut être actif la nuit ou au crépuscule, notamment près des habitations.

Les ours sont aidés par leur excellent sens de l'odorat, et malgré leur forte corpulence et une démarche maladroite, ils peuvent courir rapidement (jusqu'à 50 km/h) et sont des grimpeurs habiles comme d'excellents nageurs. Leurs dents sont utilisées pour la défense et comme outils et dépendent du régime de l'ours. Leurs griffes sont employées pour déchirer, creuser et attraper. Sur leurs pattes arrière, ils peuvent avoir une démarche bipède.

Hivernation

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Les ours sont des semi-hibernants. L'hivernation, contrairement à l'hibernation, n’entraîne pas une interruption de toutes les activités physiologiques. La température de leur corps descend relativement bas, mais ils peuvent se réveiller facilement. Les organes vitaux restent à une température normale pour réagir en cas de danger et l’ourse donne naissance aux petits pendant l’hiver. Beaucoup d'ours des régions nordiques hivernent ; ils se réfugient dans des grottes, cavernes et tanières, qui sont occupées par la plupart des espèces au cours de l'hiver pour cette longue période de sommeil.

Régime alimentaire

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Les ours sont principalement omnivores[19], bien que certains aient un régime plus spécialisé, comme les ours blancs, essentiellement carnivores. Ils mangent des lichens, des racines, des noix et des baies. Ils peuvent également aller à un fleuve ou à toute autre eau de surface pour capturer des poissons. Des animaux comme les brebis constituent également une source de nourriture. L'ours est une espèce méliphage (il aime le miel et les larves d'abeille quand il en trouve). Les ours voyageront généralement loin des sources de nourriture. Ils pratiquent habituellement la chasse au crépuscule, sauf quand des humains se trouvent dans le voisinage.

Reproduction

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Ourse brune allaitant

À l'exception des périodes de reproduction et de l'éducation des jeunes animaux, les ours sont solitaires. La période de reproduction de l'ours est brève. Il se reproduit saisonnièrement, habituellement après l'hivernation. Les oursons viennent au monde édentés, aveugles et chauves. Habituellement en portées de 1 à 3, ils resteront avec la mère pendant six mois. D'abord nourris du lait maternel, ils commenceront à chasser avec la mère après trois mois. Puis, ils sont sevrés. Cependant, ils resteront dans les parages pendant trois ans. Les jeunes animaux atteignent leur maturité sexuelle à l'âge de sept ans.

Territoire

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Territoire adapté à l'ours, Un matin dans une forêt de pins peint par Ivan Chichkine en 1886.

L'ours a besoin d'un vaste territoire à haut degré de naturalité. Ce type de milieu devient de plus en plus rare en Europe et régresse en Sibérie et en Amérique du Nord. Dans les forêts secondaires proches de zones urbaines ou de zones d'agriculture, même extensive, l'ours est sans cesse effrayé ou chassé. Les parcs nationaux lui convenant en Europe sont rares.

Les ours vivent dans les continents d'Europe, d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud et en Asie.

Amérique et Asie

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Ours noir à Whistler, Colombie Britannique, Canada

L'occupation par les ours bruns du continent américain et leur différenciation en Kodiak et Grizzli est très récente. La séparation d'avec les ours des régions tropicales est plus ancienne, l'ours à lunette d'Amérique du Sud étant le plus éloigné génétiquement. L'ours brun reste encore assez abondant en Sibérie (120 000 animaux dans les années 2000) et en Amérique du Nord (environ 50 000), surtout en Alaska et au Canada, sous la forme dite de l'ours grizzly, qui n'est qu'une forme géante de l'ours brun). Plus au sud, des populations se rencontrent au Proche-Orient, dans l'Himalaya, au Japon (environ 3 000 animaux sur l'île d'Hokkaido) et dans l'Ouest des États-Unis. Les Indiens d'Amérique du Nord qui portaient des crêtes iroquoises se raidissaient les cheveux avec de la graisse d'ours ou de l'huile de noix pour les rassembler en une sorte de corne.

On peut signaler la présence au cours du Mésolithique d'un ours « domestique » — dont les dents présentent des indices de liens — en grotte à Sassenage (Isère)[20].

Une cause du déclin de l'ours en Europe a été celui de son habitat, qui s'est accéléré au XVIIe siècle puis XIXe siècle ; dans son encyclopédie, Les Merveilles de la nature, parue en 1868, Alfred Brehm a écrit : « Les beaux temps de l'ours sont passés. L'espèce ne peut plus demeurer que dans les lieux que l'homme n'a pas encore envahis. (...) L'extension toujours croissante de l'homme sur la terre chasse l'ours et finira par le détruire complètement dans l'Europe centrale et méridionale ». Aujourd'hui leur territoire s'est considérablement réduit, du moins en Europe de l'Ouest avec quelques-uns dans les Pyrénées, une centaine en Espagne, en Italie dans les Abruzzes et une trentaine en Autriche. Il est encore relativement nombreux dans les forêts de Scandinavie, les Carpates, les Balkans et la Russie d'Europe (la population de ces quatre régions regroupe environ 12 000 animaux, soit l'essentiel de la population européenne).

 
Ours brun présent dans une réserve autrichienne

En France, le Parc national des Pyrénées n'a pas été créé sur un territoire vraiment idéal pour les ours, mais là où les promoteurs, bergers et forestiers ont jugé qu'il serait le moins gênant pour eux. Aucune population viable d'ours ne s'y est donc jamais spontanément et durablement installée.

 
L'ourse Cannelle conservée au Muséum de Toulouse après sa naturalisation.

Dans les Pyrénées françaises la dernière ourse de souche, Cannelle a été abattue par un chasseur en 2004, ce qui a provoqué une vague de protestations et d'indignation de la part d'associations de protection de la nature et de défense des animaux (SEPANSO-Béarn, FIEP Groupe Ours Pyrénées, Nature Midi-Pyrénées, SNPN, ASPAS, One Voice, FNE, 30 Millions d'Amis, Fondation assistance aux animaux, Fondation Brigitte Bardot, SPA, WWF, Pays de l'Ours - Adet, Ferus). Alors que la lignée pyrénéenne était condamnée, cinq ours en provenance de Slovénie ont été relâchés en 2006, soulevant une controverse notamment chez les bergers et les éleveurs. La première ourse introduite, Palouma, a été retrouvée morte en au bas d'une barre rocheuse à 2 100 m d'altitude. La deuxième ourse introduite, Franska, a été percutée mortellement par une voiture le . En 2021, lors d'une battue aux sangliers, une ourse en compagnie de deux oursons a attaqué un chasseur et le blessant grièvement, celui-ci a abattu l'ourse[21]. Cet accident a relancé la polémique entre les chasseurs et tenants de la protection des ours. Bien que les sondages montrent qu'une large majorité de la population est favorable au maintien d'une population ursine en France, l'espèce est toujours au bord de l'extinction dans ce pays qui abritait encore une centaine d'ours au début du XXe siècle [réf. nécessaire] ; dans les Alpes françaises, le dernier ours abattu avait toutefois été tué, selon les sources, à la veille de 1914-18[22] ou en 1921, le dernier ours vu ayant quant à lui fait l'objet d'un témoignage en 1937[23].

En Roumanie, des sociétés de chasse offrent la possibilité d'abattre un ours pour un peu plus d'un millier d'euros au cours de « safaris » controversés par les militants de la cause animale qui arguent que même quand un ours a un comportement familier (parce qu'il s'est habitué à l'homme par exemple), on peut l'effaroucher ou le capturer sans le stress occasionné par les battues ou les chasses traditionnelles. Un nouveau tourisme naturaliste d'observation du loup, de l'ours, du lynx ou du castor se développe, mais qui n'a pas assez de reconnaissance pour induire une véritable protection des habitats de ces espèces.[réf. nécessaire]

Les ours et les humains

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Menace pour les humains

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Quelques grandes espèces, telles l'ours des cavernes (éteint depuis 10 000 ans environ), l'ours blanc et le grizzly étaient ou sont dangereuses pour les humains particulièrement dans les secteurs où elles se sont habituées à la présence humaine, mais la plupart du temps, les ours sont timides et sont facilement effrayés par les humains. Cependant, comme de nombreuses autres espèces, ils défendront vigoureusement leur progéniture s'ils la sentent menacée.

L'ours de l'Atlas a récemment disparu (début XIXe siècle). Et en 2007, six des huit espèces reconnues par l'UICN sont menacées[24].

Souvent dérangé et effrayé par l'humain et obligé de se cacher le jour, il doit se nourrir, plus difficilement, la nuit ou par mauvais temps. Mal nourri à l'automne, il se réveille plus tôt et peut être plus encore tenté par les moutons ou ruches non surveillés ou mal protégés.

Dans les pays d'Amérique du Nord, en particulier au Canada, il est arrivé parfois de voir des ours dans les plus petites villes ou à proximité. Ils sont attirés par la nourriture et attaquent parfois les humains. Les Rangers tentent de les repousser chaque jour.

Art et culture populaire

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La place de l'ours est de tout temps particulière, cet animal fut peut-être divinisé dès l'époque préhistorique où il partageait son biotope avec les humains. L'ours occupe une place importante (mythologie, blason, folklore, onomastique), partout où il était présent. On le retrouve dans l'ours en peluche. Le culte de l'ours symbolise : puissance, renouveau, royauté.

Le nom indo-européen de l'ours (correspondant au grec ancien ἄρκτος / árktos, et au latin ursus) semble avoir fait l'objet d'un tabou chez les peuples slaves, baltiques et germaniques, qui étaient de ceux qui avaient le plus de contacts avec l'ours ; ils usaient pour le désigner de périphrases ou de qualificatifs, du type « le mangeur de miel », « le lécheur », « le grogneur ». Antoine Meillet[25] remarque que des peuples non indo-européens voisins (Estoniens, Finlandais, Lapons) évitent aussi d'appeler l'ours par son nom et rappelle que « l'un des tabous de vocabulaire les plus fréquents porte, durant la saison de chasse, sur le nom de la bête qu'on chasse ». En Europe, le tabou portant sur le nom de l'ours pourrait remonter au Paléolithique[26].

Ainsi, le nom finnois de l'ours (karhu) devient kontio ou mesikämmen (« mains de miel ») dès qu'on rentre dans la forêt. En outre, les verbes « tuer » (tappaa) ou « chasser » (metsästää) ne sont pas utilisés en association avec le nom de l'ours : ils sont alors remplacés par l'euphémisme kaataa (« renverser »).

Le Kalevala contient également des poèmes de chasse pour expliquer à l'âme de l'ours que son décès relève en fait d'un accident et non d'un acte de chasse délibéré :

« En minä sinua kaannut : itse vierit vempeleltä. »

« Je ne t'ai pas abattu : c'est toi-même qui es tombé d'un arbre courbé. »

Citations et proverbes

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L'ours a donné naissance à une grande variété d'expressions.

  • « Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué », popularisé par la fable de La Fontaine L'Ours et les deux compagnons, mais se retrouve auparavant (chez Commynes), et dans les proverbes populaires[27].
  • Proverbe polonais : « Un ours grogne quand une branche lui tombe sur la tête, mais il se tait sous le poids d’un arbre. »
  • « Être un ours mal léché » signifie être bourru, désagréable.

L'ours dans la littérature

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Ours noir avec un saumon

De nombreuses œuvres font mention d'ours, mis en scène plus ou moins à leur avantage ou désavantage dans la littérature classique.

Un exemple remarquable nous est donné par le Guerre et Paix de Léon Tolstoï, qui donne à voir au lecteur l'ours Michka, mascotte d'une coterie de jeunes nobles militaires. D'abord, Tolstoï outre son lecteur en nous montrant l'ourson Michka enchaîné et apparemment maltraité par les jeunes officiers, qui, ayant trop bu, badinent avec l'ours.

Plus loin, dans le troisième salon, au milieu du tohu-bohu général des rires et des cris, le grognement d’un ours se faisait entendre. Huit jeunes gens se pressaient anxieusement autour d’une fenêtre ouverte ; trois d’entre eux jouaient avec un ourson, que l’un d’eux traînait à la chaîne en l’excitant contre son camarade pour lui faire peur[28].

Un peu plus tard, l'ours apparaît comme un compagnon régulier du badinage des jeunes gens :

– Allons ! s’écria Pierre, allons, et en avant Michka ! » Il saisit l’ourson, l’entoura de ses bras, le souleva de terre et se mit à valser avec lui tout autour de la chambre[28].

Non loin dans le même chapitre, apparaît la conclusion des avanies oursines :

– Mais qu’ont-ils donc fait ? demanda la comtesse.

– Ce sont de véritables brigands, Dologhow surtout, reprit Mme Karaguine : il est le fils de Marie Ivanovna Dologhow, une dame si respectable… Croiriez-vous qu’à eux trois ils se sont emparés, je ne sais où, d’un ourson, qu’ils l’ont fourré avec eux en voiture et mené chez des actrices. La police a voulu les arrêter. Alors… qu’ont-ils imaginé ?… Ils ont saisi l’officier de police ; et, après l’avoir attaché sur le dos de l’ourson, ils l’ont lâché dans la Moïka, l’ourson nageant avec l’homme de police sur son dos.

- Ce Dologhow est une bien vile truffe, rétorqua la comtesse, et coupable de bien noires ourseries !

Mme Karaguine secoua son éventail, murmurant :

- Oui, c'est assez outrant. Que devenir si tant d'hommes se comportent dans le monde comme ce Pierre et ce Dologhow ?

Un autre exemple transparait dans le personnage Winnie l'ourson, un personnage éponyme de la littérature d'enfance par le Britannique Alan Alexander Milne en 1926.

Astronomie

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Constellation de la Grande Ourse

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Le nom de la Grande Ourse est issue d'une légende grecque. Selon la légende, la constellation de la Grande Ourse représente la nymphe Callisto. Réputée pour sa grande beauté, Zeus s'en éprit et parvint à la séduire en prenant les traits d'un autre (possiblement Apollon). De leur union charnelle naquit un enfant nommé Arcas. Toutefois, lorsque Héra, la femme de Zeus, apprit leur liaison, dans un élan de jalousie, elle changea la nymphe Callisto en ourse, d'où le nom de la constellation de la Grande Ourse. De cette transformation vengeresse, Héra condamna Callisto à errer dans les montagnes. Par la suite, Zeus pris la décision de placer l'ourse Callisto parmi les étoiles[29],[30],[31].

Constellation de la Petite Ourse

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La légende raconte que la constellation de la Petite Ourse représenterait Arcas, l'enfant issu de l'union entre la nymphe Callisto et Zeus. À la suite de la transformation de sa mère en ourse initiée par Héra, Arcas décida de la rejoindre parmi les étoiles[31],[30].

Menaces pour les ours

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L'ours souffre de la chasse et du commerce illicite, notamment le marché asiatique de la bile d'ours, mais aussi de la fragmentation écologique de son habitat, du roadkill et du dérangement.

Conséquence de l'industrialisation

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À l'époque moderne, les populations d'ours sont victimes de pressions (comme celles des éleveurs dans les Pyrénées), de l'empiètement de l'homme sur son habitat naturel. L'ours polaire est lui menacé par le recul rapide des glaces qui constituent son habitat naturel.

Les ours étant omnivores, mais volontiers consommateurs de cadavres et vivant longtemps, sans être au sommet de la pyramide alimentaire, ils accumulent de nombreux polluants (radioactivité dans les zones de retombées du nuage de Tchernobyl, métaux lourds, organochlorés, pesticides, etc. particulièrement l'ours blanc).

Animal volontiers cavernicole, il entre aussi facilement dans les tunnels ferroviaires où il peut être blessé ou tué par les trains.

 
Chasse à l'ours Eau-forte (A. Hirschvogel (15031553)

Les humains sont entrés en conflit avec l'ours, prédateur et rival direct, dès la Préhistoire. L'élimination de l'ours des cavernes par l'homme à la fin de la dernière glaciation est discutée (Des facteurs climatiques et/ou génétiques pourraient être en cause, mais cette espèce avait supporté deux glaciations précédentes). L'ours a été intensivement chassé, pour défendre le bétail, de manière rituelle (par les inuits) pour sa chair ou plus récemment pour le « sport ». Le moine Abélard a signé un document interdisant à ses moines de chasser l'ours plus de deux jours par semaine, et un menu précise que 300 oursons farcis ont été servis à un seul banquet donné par le roi Louis XIV.

Les ours sont chassés depuis la préhistoire pour leur viande et leur fourrure. Les produits tirés de l'ours ont longtemps été réputés dans diverses pharmacopées, sa bile, sa peau, son cuir, sa graisse, ses dents et ses griffes se virent attribuer de nombreuses vertus, et ce, dans toutes les cultures. Sa viande semble avoir été au contraire peu appréciée, et considérée taboue en Europe orientale[P 1]. La chasse est principalement liée au commerce international illicite de leur fourrure, griffes mais aussi leur vésicule biliaire[32]. Le braconnage et le commerce international d'ours appartenant aux populations les plus menacées est interdit, mais se pratique toujours. En Asie, dans certains élevages d'ours pour la pharmacopée traditionnelle chinoise, les cruelles conditions d'extraction (de bile notamment) sont sujettes à controverse[33].

Captivité

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Ours dressé pour la danse photographié en 1900 aux États-Unis
 
Montreur d'ours à Luchon (1895) par Eugène Trutat - Photothèque du Museum de Toulouse

Des ours ont été gardés dans des ménageries de princes ou de saltimbanques en Europe et Asie. Le dressage d'ours était très populaire, et continue à se perpétuer jusqu'à nos jours ; ces spectacles sont de plus en plus controversés eu égard à la souffrance des animaux, dressés dans des conditions violentes (à l'aide de fouets, tisons enflammés, etc.), et certains pays (comme la Turquie, la Grèce ou la Bulgarie[34], mais pas la France à ce jour) ont interdit l'exhibition d'ours « savants ».

Les ours sont aussi des hôtes fréquents des zoos ; toutefois, il est devenu très rare que des animaux soient prélevés dans la nature pour peupler de tels établissements (la reproduction des ours en captivité est très aisée, du moins chez l'ours brun), et leurs conditions de vie se sont souvent améliorées depuis une vingtaine d'années. Les ours sont progressivement retirés des fosses archaïques comme celles du Jardin des Plantes à Paris, et ils sont de plus en plus souvent présentés dans de grands parcs boisés qui leur offrent des conditions de vie un peu plus proches de la nature (par exemple Thoiry, le CERZA, le parc animalier de Sainte-Croix, etc.) ; il est significatif de noter que les ours recouvrent alors fréquemment des comportements « naturels » comme la léthargie hivernale.

Notes et références

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  1. p. 127-129
  1. « Encyclopédie Larousse en ligne - ours latin ursus », sur larousse.fr (consulté le ).
  2. « Encyclopédie Larousse en ligne - grand panda », sur larousse.fr (consulté le ).
  3. « Hibernation ou hivernation (semi hibernation) chez l'ours », sur www.ursides.com (consulté le )
  4. Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne] (XI, 91, 224)
  5. Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne] (VIII, 54, 129)
  6. Thomas de Cantimpré, Liber de natura rerum, éd. Helmut Boese (de), Berlin/New York, Walter de Gruyter, 1973, livre IV, chapitre 105, p. 169 ; Marcel A.-J. Couturier, L'Ours brun, Grenoble, 1954, p. 433
  7. L'Ours. Histoire d'un roi déchu, Seuil, 2007, p. 56
  8. D'après les données de Catherine et Rémy Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997
  9. (fr + en) Référence ITIS : Ursidae Fischer de Waldheim, 1817 (consulté le ).
  10. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 4 juillet 2015
  11. Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 4 juillet 2015
  12. J. Krause, « Mitochondrial genomes reveal an explosive radiation of extinct and extant bears near the Miocene-Pliocene boundary », BMC Evolutionary Biology, vol. 8,‎ , p. 220 (ISSN 1471-2148, PMID 18662376, PMCID 2518930, DOI 10.1186/1471-2148-8-220)
  13. (en) Iram Shahzadi, Safia Janjua, Fakhar-i-Abbas et Gary J. Galbreath, « A universal primer set to amplify the cytochrome c oxidase subunit I gene in bears », Ursus, vol. 25, no 1,‎ , p. 73-77 (DOI 10.2192/URSUS-D-13-00014.1, lire en ligne, consulté le ).
  14. Fossilworks Paleobiology Database, consulté le novembre 2015
  15. J., P. Montoya, and J. Morales. "A New Species of Agriarctos (Ailuropodinae, Ursidae, Carnivora) in the Locality of Nombrevilla 2 (Zaragoza, Spain)." Estudios Geologicos 67.2 (2011): 187-191
  16. Abella, Juan, David M. Alba, Josep M. Robles, Alberto Valenciano, Cheyenn Rotgers, Raül Carmona, Jorge Morales, and Plinio Montoya. "Kretzoiarctos Gen. Nov., the Oldest Member of the Giant Panda Clade." PLOS ONE 7.11 (2012): 1-5.
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  19. Régime alimentaire omnivore
  20. Chaix (L.), Picavet (R.), Bridault (A.). 1999. Un ours captif dans le Mésolithique récent de la Grande-Rivoire (Isère, France) ?. In : Thevenin (A.), Bintz (P.), &d. L'Europe des derniers chasseurs : Epipaléolithique et Mésolithique. Colloque int. UISPP, Commission XII, 5 (Grenoble, 18-23 septembre 1995). Paris : Ed. du CTHS. (Documents préhistoriques ; 12), 559-562)
  21. https://www.20minutes.fr/societe/3177755-20211121-pyrenees-chasseur-blesse-ourse-tuee-sait-face-face-fatal-survenu-ariege
  22. Armand Frémont, « La terre », in Les Lieux de mémoire, tome III (dir. Pierre Nora), Quarto Gallimard, 1997, p. 3047-3080 (en part. p. 3048, p. 3050-3051)
  23. Marcel Couturier, « L'ours brun dans les Alpes françaises. Sa chorologie actuelle. Le dernier ours tué (Maurienne, Savoie). Le dernier ours vu (Vercors, Drôme) », Revue de géographie alpine, vol. 30, no 4,‎ , p. 781-790 (lire en ligne, consulté le )
  24. « Six espèces d’ours sur huit sont menacées d’extinction », sur IUCN,
  25. « Quelques hypothèses sur des interdictions de vocabulaire dans les langues indo-européennes », in Linguistique historique et linguistique générale, Paris, Champion, 1965, p. 282-286.
  26. Julien d'Huy, « L'Oreille de l'Ours », Mythologie française, no 250,‎ , p. 10-14 (lire en ligne).
  27. Alain Rey, Sophie Chantreau, Dictionnaire d'expressions et locution, Robert.
  28. a et b « Guerre et Paix, Première Partie, Chapitre 1 - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )
  29. « La petite histoire de la Grande Ourse »
  30. a et b « Mythologie : la légende de la Grande Ourse »
  31. a et b « Comment reconnaître la Petite Ourse et pourquoi s'appelle-t-elle ainsi ? »
  32. « Un résident de l'Ontario reçoit une amende de 40 000 $ pour la possession et l'exportation illicites de vésicules biliaires d'ours noirs » [archive du ], sur Environnement Canada, .
  33. Bile d’ours : la barbarie au service de croyances
  34. Bulletin au Sec'OurS sur le site de la Société française pour l'étude et la protection des mammifères (SFEPM)

Annexes

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Bibliographie

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  • Waits L, Paetkau D, Strobeck C Compiled by C. Servheen, H. Herrero and B. Peyton and the IUCN/SSC Bear and Polar Bear Specialist Groups (1999), Genetics of the Bears of the World. In: Bears: Status Survey and Conservation Action Plan (eds Servheen C, Herrero S, and Peyton B), p. 25–32. IUCN, Gland, Suisse.
  • Michel Pastoureau, L'ours. Histoire d'un roi déchu, Seuil, 2007.

Articles connexes

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Références taxinomiques

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Liens externes

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