Boa 48
Boa 48
Boa 48
service d'Études
techniques
des routes
et autoroutes n° 48 - avril 2005
Ouvrages d'art
SOMMAIRE Bulletin du Centre
des Techniques d'Ouvrages d'Art
Soutenance de thèse
par Laurence Davaine ☛ P. 31
Stages ☛ P.31
Directeur de la publication : Jean-Claude Pauc. Comité de rédaction : Hélène Abel-Michel, Emmanuel Bouchon, Angel-Luis Millan (Sétra), Pierre
Paillusseau (CETE du Sud-Ouest), Ferry Tavakoli (CETE de Lyon), Jean-Cristophe Carles (CETE Méditerranée), Michel Boileau (DDE 31), Bruno Godart (LCPC),
Claude Bois (MISOA). Rédacteur en chef : Nicole Cohen (Sétra) - tél : 01 46 11 31 97. Coordination : Jacqueline Thirion (Sétra) - tél : 01 46 11 34 82.
Réalisation : Eric Rillardon (Sétra) - tél : 01 46 11 33 42. Impression : Caractère. 2, rue Monge - BP 224-15002 Aurillac Cedex - ISSN : 1266-166X - © Sétra - 2005
le Var à Puget-Théniers
Philippe Vion
Lancement de l’opération
destructifs avec enregistrement des paramètres et des fondations. Outre la prise en compte d’un ratio de
essais pressiométriques. ferraillage important dans les piles et les pieux, nous
Le profil géophysique par sismique réfraction a permis avons prévu de retenir des pieux de petit diamètre,
de vérifier le profil du substratum rocheux sous le lit du soit 1 100 mm à ce stade des études. En effet, à
fleuve qui ne présente pas d’irrégularité. Les coupes des déplacement sismique imposé les efforts dans le pieu
sondages carottés et pressiométriques ont permis de se réduisent quand le diamètre diminue.
déterminer un profil géologique dans l’axe de l’ouvrage La pré-étude sismique a permis d’évaluer les efforts
projeté. Compte tenu de l’éloignement des sondages, horizontaux sur les différents appuis selon deux
l’entreprise n’a pas pu définir avec exactitude le toit hypothèses d’appui du tablier sur la pile au droit du
du substratum sous le lit de la rivière. pylône, d’une part avec des appareils d’appuis glissants,
La campagne confirme la présence de calcaires d’autre part avec des appareils d’appuis à pot et des
marneux gris fracturés à des profondeurs variant de butées transversales. Le tablier est encastré sur la culée
la cote 393,00 m à 398,00 m NGF. Ces calcaires sont rive droite, et repose sur des appuis en néoprène avec
affleurants au sud du projet (en rive droite) avec des une butée transversale sur la culée rive gauche. Ce
pendages de l’ordre de 50 à 80°. Ce substratum est premier calcul, réalisé à l’aide d’un modèle simplifié,
surmonté par des remblais ou alluvions d’une épaisseur a permis d’évaluer, de façon sécuritaire, les efforts
variant de 9 à 13 mètres. Les alluvions sont constituées horizontaux en tête des appuis sous l’effet du séisme.
de limons argileux. La justification des pieux et leur ferraillage pour la
culée rive gauche a montré qu’il fallait augmenter le
En conclusion de l’étude géotechnique, il a été décidé
nombre de pieux de deux à quatre. Sous la semelle du
de ne pas recourir à des fondations par puits sous
pylône douze pieux sont nécessaires.
la culée rive droite, toutefois, le massif contrepoids
devra être descendu jusqu’au toit du substratum. Sous
la culée rive gauche et sous le pylône, les fondations L’étude architecturale
seront sur pieux.
L’étude architecturale du nouveau pont s’est appuyée
sur différents critères : l’intégration dans le site en
La pré-étude sismique respectant l’harmonie des proportions, la conception
d’un pont urbain prolongeant la voirie existante,
Le canton de Puget-Théniers est classé en zone de
l’amélioration de la perception de l’ouvrage dont le
sismicité II par le décret n°91-461 du 14 mai 1991. En
choix structurel représente une véritable identité.
l’absence de classement des ouvrages du département et
en application de l’arrêté ministériel du 15 septembre Le revêtement de trottoirs, qui exprime la dimension
1995, la R.D. 2211A pouvant servir de déviation en urbaine de l’ouvrage, est composé de dalles en béton
cas de coupure de la R.N. 202, le Maître d’ouvrage préfabriqué. Les culées sont équipées de murs pilastres
a décidé de ranger l’ouvrage projeté dans la catégorie supportant des mâts d’éclairage. Des projecteurs
dite « à risque normal » en classe C. L’accélération implantés au niveau du tablier éclairent les nappes
nominale a donc été prise égale à an = 3 m/s2. de haubans affirmant la silhouette de l’ouvrage en
perception nocturne. Les corniches - garde-corps
Des mesures particulières ont été prises pour garantir
monolithiques en béton sont surmontées par une
la résistance de l’ouvrage aux séismes. Ces mesures
main courante en acier inoxydable.
affectent plus particulièrement les appuis et les
Le profil en travers comporte une chaussée de Dans la travée de rive le tablier est une dalle pleine.
7,00 m, comprenant deux voies de 3,00 m, deux Le tablier est précontraint longitudinalement par des
bandes dérasées de 0,50 m, et deux trottoirs de câbles 19T15S situés dans les nervures et ancrés dans
3,80 m chacun (fig. 6). La largeur des trottoirs est de des bossages placés sur les faces internes des poutres.
1,70 m au droit des pylônes. Il est prévu 7 paires de câbles de précontrainte. Les
haubans ancrés à une extrémité dans la culée et dont
les ancrages en travée sont répartis de manière à
produire un effort normal constant dans la grande
travée.
Les pylônes et les haubans projet prévoyait deux paires de tôles pour les haubans
de retenue et une paire pour les haubans de travée.
La conception des mâts résulte de considérations Les flasques verticaux sont connectés au béton par
techniques et architecturales : l’intermédiaire d’arceaux.
• mâts verticaux, Les composantes horizontales d’ancrage des haubans
• section constante de forme ovale qui s’inscrit dans de travée et de retenue sollicitent les flasques verticaux,
un rectangle de 2 m par 3 m (fig. 7). et la composante verticale est transmise au béton par
l’intermédiaire des connecteurs.
Les deux mâts sont encastrés dans le tablier au moyen
d’une entretoise massive de section carrée de 2,5 m
de côté (fig. 8). Les appuis
Le haubanage de la grande travée est constitué de deux La conception de la culée rive gauche a été conditionnée
nappes de sept haubans en forme de semi-éventail. Les par le raccordement avec la voie des Chemins de fer
haubans de retenue sont constitués de deux nappes de de Provence. A l’emplacement du pont, la voie ferrée
quatre haubans en parallèle. Les nappes avant et arrière est supportée par un mur de soutènement qui se
se trouvent dans un même plan. transforme en un talus tronconique au milieu de
la culée. Le choix a été de remplacer le talus par un
La conception du haubanage a été conduite avec des soutènement en prolongement du mur existant et de
câbles constitués de multi-torons parallèles. Toutefois, placer la culée contre celui-ci. La culée est fondée
l’appel d’offre était ouvert aux autres types de câbles : sur pieux de 13 m de longueur. Elle est composée
multi-fils parallèles, et toron multi-couches. d’un mur garde-grève et de mur cache reposant sur
Les sept paires de haubans de travée sont composées de un sommier de 1,45 m d’épaisseur. La présence des
torons de précontrainte T15S, dont le nombre varie de réseaux de concessionnaires sous les encorbellements
15 à 22. Chaque toron comprend sept fils galvanisés du tablier a nécessité d’aménager la culée avec
de classe 1770 MPa. Les ancrages des haubans sur des chambres de tirage et de déviation. Des buses
le tablier sont espacés de 7,20 m longitudinalement préfabriquées sont prévues sous la voie ferrée pour
et de 9,80 m transversalement. Les quatre paires de permettre le raccordement aux réseaux existants.
haubans de retenue sont constituées de 37 torons de Le sommier de la culée rive gauche est équipé d’une
précontrainte T15S. Dans le massif contrepoids, les butée parasismique pour bloquer les débattements
ancrages des haubans de retenue sont espacés de 0,90 m latéraux du tablier.
longitudinalement et de 9,80 m transversalement.
En tête de mât, les haubans sont répartis afi n de La culée contrepoids est une boite de 10 m de hauteur,
minimiser la flexion dans les mâts sous charges 15,20 m de largeur, et 12 m de longueur. Elle repose
permanentes. sur le toit du substratum, et est composée de plusieurs
Les câbles de haubans sont ancrés dans une pièce cellules en béton armé remplies de grave compactée.
métallique centrale insérée dans le béton du mât Un couloir permet d’accéder aux ancrages bas des
(fi g. 9). Entre deux fl asques verticaux, de 25 mm haubans de retenue.
d’épaisseur et 6 m de hauteur, les tubes circulaires
servant d’ancrage aux haubans sont maintenus par
des tôles de transition inclinées soudées sur les
flasques. Elles donnent l’inclinaison des câbles ; le
Mode 1 : vertical tablier 0,862 Hz Mode 4 : flexion des mâts symétrique 1,786 Hz
ÉQUIPEMENTS, ENTRETIEN
routiers
Michel Dauvilliers, Michel Fragnet, Jean-Pierre Lhermitte
Introduction
La tenue au vieillissement des appareils d’appui des ponts routiers a toujours été une préoccupation des responsables de la gestion des
ouvrages d’art. Ceci pour plusieurs raisons :
- ces produits comportent des éléments comme l’élastomère ou l’acier qui peuvent être sensibles à une altération par l’environnement,
- ils sont composés de pièces en mouvement dont l’usure par frottement peut modifier les caractéristiques du produit et donc les conditions
de fonctionnement de la structure,
- enfin, les appareils d’appui sont des éléments de la structure et jouent un rôle fondamental dans le bon fonctionnement de celle-ci et
toute altération ou défaut de fonctionnement peut être grave pour ladite structure.
L’ensemble de ces éléments conduit donc à se préoccuper de leur durabilité. Or les informations dans la littérature sont relativement
peu nombreuses. A l’occasion de la rédaction du chapitre 6 « durabilité et vieillissement » du guide AFPC « appareils d’appui en
caoutchouc »[2], nous avions effectué une recherche bibliographique qui s’est avérée assez peu satisfaisante au final faute d’éléments
probants, voire par l’existence de résultats contradictoires.
A l’occasion d’opération de changement d’appareils d’appui ou de la démolition d’ouvrages ayant entre 15 et 20 ans, nous avons récupéré
des appareils d’appui en caoutchouc fretté et à pot et le Laboratoire Régional de l’ Ouest Parisien (LROP) a procédé à une analyse.
L’objet du présent article est de présenter les principales conclusions que l’on peut retenir de ces investigations.
Deux séries d’échantillons ont été recueillies. nous n’avons pas pu retrouver un marquage ou une
La première provenait d’un ouvrage sur lequel identification de lot qui aurait permis de retrouver les
les appareils d’appui ont été changés, la seconde caractéristiques contrôlées à la fabrication. En fait,
d’une démolition d’un ouvrage. Dans les deux nous n’avions pas grande illusion sur cette possibilité
cas, les ouvrages avaient entre 15 et 20 ans [3]. La plus de 20 ans après, dans des unités de fabrication
comparaison des caractéristiques après ces années de maintenant disparues.
service avec celles initiales s’est avérée difficile car
Pour l’analyse, faute d’élément d’identification, nous Mais ces observations sur la désadhérisation des
avons comparé les caractéristiques actuelles avec celles tranches sciées confirment aussi le bien fondé de
des spécifications de l’époque qui faisaient l’objet du la modification des techniques de fabrication que
bulletin technique N°4 du Sétra (BT4) de 1974 [1]. la norme XP T 47 815 a imposé avec des appareils
d’appui entièrement moulés sans frettes apparentes qui
Sur ces appareils d’appui nous n’avons fait que des font maintenant l’objet de la marque NF et, bientôt,
essais de module G et de tenue en adhérence au du marquage CE.
cisaillement.
Les méthodes d’essais sont celles conformes à la norme Seconde série
XP T 47 815 actuellement en vigueur, mais elles n’ont
pratiquement pas évoluées depuis 1974. Pour cette seconde série, nous n’avons pas pu faire
les essais de module G et de tenue en adhérence
Sur les échantillons des appareils d’appui récupérés, le sous cisaillement compte tenu de l’état des appareils
module G mesuré est de 0,96 alors que la spécification d’appui après l’opération de démolition. Nous n’avons
du BT4 le fixait à G = 0,8 ± 15% soit entre 0,68 et donc effectué que des mesures des caractéristiques
0,92. du mélange de base, là aussi en effectuant une
comparaison avec ce que l’on était censé avoir à la
Si on admet que le produit initial était conforme donc fabrication, conformément au BT4.
dans la fourchette, on peut émettre l’hypothèse d’une
augmentation de l’ordre de 5 à 6 % en 20 ans. Ceci Les appareils d’appui sont, vraisemblablement du fait
corrobore d’autres observations dans la littérature. de l’existence de feuillets en caoutchouc extérieurs,
de marque CIPEC fabriqués par l’usine Couqueberg
A noter que cette valeur mesurée est très proche (devenue SNAC depuis).
de celle obtenue sur des appareils d’appui ayant
subi un essai de tenue à la chaleur avec un cycle de Là non plus, nous n’avons pas retrouvé d’éléments
72 h à 100°C. Ceci confirme que ce vieillissement d’identification.
conventionnel est corroboré par ces observations du
comportement naturel.
13,3 12,69
Résistance à la rupture MPa T 46 002 ≥ 12 11,33 11,75 13,26 11,73
13,6* 13,96*
372,6 347,0
Allongement à la rupture % T 46 002 ≥ 450 313,5 316,2 327,6 311,3
367,5* 370,4*
59,5 60
Dureté DIDC** T 46 003 55 à 65 67 65 68 68
67* 66,5*
DRC %
(Déformation Rémanente à T 46 011 < 20 22,16 20,75 20,79 27,85 21,67 15,99
la Compression)
* Essais réalisés après tenue à la chaleur : 72 h à 100°C
** Dureté Internationale de Dureté du Caoutchouc (Cf. ISO 48)
Nous présentons, dans un tableau synthétique, Les principales conclusions que l’on peut tirer de ces
les résultats en les mettant en parallèle avec les observations sont les suivantes.
spécifications du BT4.
1 - D’une manière générale, le coussin d’élastomère
Si l’on part de l’hypothèse que les produits avaient des en caoutchouc (naturel) est en très bon état et a
caractéristiques conformes au BT4 à la fabrication, on conservé ses caractéristiques initiales (dureté shore
peut conclure ceci : sans changement).
- l’allongement à la rupture a tendance à décroître au
fur et à mesure du vieillissement, 2 - Le joint anti-extrusion en laiton constitué de
- par contre, l’évolution de la résistance à la rupture 3 anneaux ouverts dont les trois extrémités sont
n’est pas mise en évidence, décalées de 120° est aussi parfaitement conservé et
- la dureté DIDC tend à augmenter ce qui corrobore en parfait état de fonctionnement (photo 1).
l’observation sur l’évolution du module G observée
dans l’analyse précédente (Cf. § Première série)(1), 3 - Par contre, nous avons relevé une oxydation, peu
- l’évolution des caractéristiques après essais de prononcée, de la zone de contact de la virole sur
tenue à la chaleur dénote une fabrication avec laquelle vient s’appuyer le piston. Cette oxydation
une cuisson à cœur insuffisante. Cette observation n’est pas encore importante mais est pratiquement
est la confirmation d’une conclusion faite par systématique sur tous les appareils examinés. Ceci
MM. A. Chabert, LCPC, et M. Dauvilliers lors d’une corrobore une observation faite sur d’autres AAP. Il
étude sur des appareils d’appui. Voir Bulletin de faut y voir la conséquence du fait que cette partie ne
liaison des Laboratoires des Ponts et Chaussées, reçoit pas, après usinage, une protection contre la
N° 129, 1984. corrosion car une peinture serait très vite usée par le
frottement. Dans les fabrications actuelles, ces parties
sont maintenant bien graissées.
La tenue au vieillissement en service 4 - Le joint d’étanchéité entre le dessus de la virole et
d’appareils d’appui à pot le dessous de la platine piston constitué par un joint
Compriband® en bitume a mal vieilli et a pu laisser
pénétrer de l’humidité (photo 2).
Lors de la dépose des appareils d’appui sur deux Pour la composition d’un appareil d’appui à pot,
ouvrages ayant entre 11 et 15 ans d’âge, le LROP, sur se reporter à la figure 2.1 du guide cité en 5 de la
commande du Sétra [4], a procédé à un démontage de bibliographie).
ceux-ci afin de pouvoir observer l’état de ces appareils
d’appui à pot (AAP) après plusieurs années de service,
parfois dans des conditions difficiles.
Photo 1 : vue du joint anti-extrusion, du dessus d’un coussin en Photo 2 : un piston et état du joint Compriband®.
élastomère et la rive de la virole avec les traces d’oxydation.
(1) Il existe une relation entre la dureté d’un élastomère et la valeur du module G.
Références bibliographiques
Frédéric Rumeau
Les outils de CAO Cela fait maintenant trois ans que nous utilisons
avec succès le logiciel INVENTOR. Nous pouvons
donc aujourd’hui tirer un premier bilan de cette
expérience.
Depuis maintenant quelques années on peut acquérir Nous allons décrire plus précisément, dans les
des logiciels de conception 3D paramétriques paragraphes qui suivent, les deux principaux
performants fonctionnant sous environnement champs d’application que nous avons commencé à
Windows. Les principaux sont : Catia, ProEngineer, développer :
Solid Works, Solid Edge, Inventor.
• la création de modèles parfaitement définis tels que
Ces logiciels utilisent des outils équivalents et une le pont cadre (PICF) ou le pont dalle (PSIDP) dont
architecture similaire pour créer des objets volumiques la géométrie répond à toutes les définitions possibles
paramétrables. Leurs principes généraux peuvent être en plan et en long ;
décrits comme suit :
• l’utilisation d’un modèle adapté à l’étude et à la
• l’objet créé est, soit une pièce volumique paramétrée, conception d’ouvrages non courants, pour réaliser le
soit un assemblage de pièces paramétrées adaptatives DCE d’un ouvrage d’art sur la Garonne.
entre elles (10 000 pièces et plus) ;
• l’espace de conception et d’assemblage est structuré
géométriquement à l’aide d’éléments de constructions
paramétrables et adaptatifs (points, axes et plans). Les
Création de modèles type
volumes créés s’appuient sur cette structure ;
• la création sur un plan de construction d’un dessin
2D, appelé esquisse, dont on contrôle la géométrie Les caractéristiques propres à la CAO, telles que nous
et les dimensions (paramètres) et auquel on applique les avons décrites plus haut, permettent de construire
une fonction 3D, (extrusion, révolution, lissage, une structure géométrique plastique sur laquelle
balayage) détermine un volume qui deviendra une appuyer une définition détaillée d’un ouvrage type.
pièce (fig. 2) ; En effet, il est possible de paramétrer correctement
• l’ensemble des variables dimensionnelles peut une série de plans et d’axes de construction pour que
être défini et contrôlé à l’aide d’un tableur de type ceux-ci adoptent une configuration spatiale et
Excel. géométrique particulière. A partir de là, le dessin
d’esquisses type telle que la coupe transversale d’un
Signalons pour terminer que les vues et les coupes 2D tablier dalle béton ou d’un cadre fermé sur des plans
obtenues à partir du modèle sont automatiquement appropriés, produit un volume qui obéira dans ses
créés et mises à jour. moindres détails à la définition recherchée, après
Après étude des différents produits, notre choix s’est application de la fonction 3D adéquate (fig. 3).
porté sur le logiciel Inventor développé par Autodesk, Une feuille Excel regroupant l’ensemble des paramètres
l’éditeur d’Autocad. Notre décision a été motivée par dimensionnels, contrôle les esquisses et les plans. Cette
deux critères : une parfaite compatibilité avec Autocad feuille assure une série de calculs se répercutant sur
et un prix d’achat raisonnable. le modèle. Ces calculs peuvent être des formules
conditionnelles ou résultant de macros.
Figure 2 : esquisse 2D du PICF (Passage Inférieur Cadre Fermé) Figure 3 : lissage de 3 esquisses 2D du PICF
afin de déterminer quelle est la pièce maîtresse autour peuvent abandonner leur parallélisme et adopter une
de laquelle s’articulera l’assemblage. orientation particulière.
Le lissage est la fonction 3D qui permet de relier
Le premier modèle que nous avons conçu a été le
entre elles ces trois esquisses. Celles-ci sont lissées
PICF. En étudiant attentivement son architecture, telle
deux à deux de façon à constituer un volume réglable.
qu’elle est présentée dans le dossier-pilote du Sétra,
Sur cet élément de base, l’application de fonctions
on peut concevoir celle-ci comme un assemblage de
appropriées, comme l’extrusion des longrines ou des
différents éléments.
corbeaux support des dalles de transition, complétera
Le portique fermé devient le volume principal sur la création du cadre. Pour répondre à toutes les
lequel s’ajustent l’étanchéité, la couche de roulement, hypothèses, on installe tous les ajouts nécessaires. Par
les dalles de transition et les murs en retour qu’ils exemple, les bossages de BN4 sont construits. On les
soient suspendus, ou sur semelle, ou en aile. Le cadre masque s’ils n’existent pas dans le cas concret étudié.
en béton est la pièce la plus importante et la plus
Nous avons donc réalisé une première pièce
complexe. Sa géométrie doit pouvoir couvrir toutes
représentant le volume en béton du portique fermé.
les définitions envisageables.
Cette pièce primordiale est liée à un fichier Excel qui
Il est possible de définir son volume avec seulement
pilote la totalité de ses cotes. Ce fichier comprend
trois esquisses, quelles que soient ses caractéristiques
l’ensemble des paramètres qui contrôlent l’assemblage.
géométriques : biais, pente, dévers unique ou
Il sera lié à chaque fichier pièce ainsi qu’au fichier
double, longueur, largeur, hauteur. Ces esquisses
d’assemblage.
sont identiques. Seul change le nom de leurs
cotes respectives. Le dessin 2D qui les représente En reprenant la structure de la première pièce et
comprend le tablier, les piédroits avec leurs goussets en y appliquant les esquisses adéquates, on obtient
supérieurs et inférieurs ainsi que le radier. Chaque rapidement les pièces devant « coiffer » le cadre.
dessin est entièrement défini géométriquement par L’étanchéité, la couche de roulement, les caniveaux et
des contraintes de verticalité, d’horizontalité, de les trottoirs sont ainsi réalisés. Les dalles de transition
parallélisme, et en dimension, par des cotes. Les et les différents types de murs en retour sont construits
esquisses sont placées sur trois plans de construction suivant le même principe.
parallèles représentant respectivement les deux
Figure 4 : passage inférieur cadre fermé Figure 5 : éclaté du passage inférieur cadre fermé
Il ne reste plus qu’à assembler tous ces éléments et adopterait une géométrie quelconque. Ce modèle
ensemble. Cette opération doit être soigneusement doit pouvoir accepter une définition d’axe en plan
menée car, des rapports de dépendance entre les pièces, aussi bien droite que courbe et un profil en long soit
découlent les hiérarchies de pilotage et d’adaptabilité en pente, soit en arc parabolique.
des éléments entre eux. Par exemple, si le cadre, pilote Une rapide analyse soulève une première difficulté.
et définit la dalle de transition, le béton de propreté de Si l’on veut régler des plans, de sorte qu’ils prennent
celle-ci dépend des deux pièces à la fois (fig. 4 et 5). dans l’espace les positions envisagées, le calcul de leurs
L’assemblage général étant modélisé, il est possible cotes par Excel s’avère impossible. Il faut utiliser un
de l’habiller par l’adjonction d’éléments spécifiques programme écrit en Visual Basic© pour les résoudre.
pouvant être soit créés à la demande, (parements Celui-ci a été écrit pour calculer en coordonnées un
architecturaux, corniches), soit faire l’objet d’un point quelconque du fil rouge, quelle que soit la
emprunt à une bibliothèque (BN4, glissières…) définition géométrique de l’axe en plan et du profil
Un modèle comme celui-ci comprend environ cinq en long.
cent cotes différentes. La majorité d’entre elles se La pièce maîtresse d’un pont dalle à travées multiples
déduisent de calculs, mais il en reste cependant deux autour de laquelle s’organisent les éléments qui le
cent vingt à renseigner. Pour faciliter cette opération, définissent, culées, piles, superstructures, est le tablier.
nous avons élaboré un fichier Excel qui simplifie Nous avons donc construit une structure géométrique
cette tâche, tout en guidant l’opérateur de façon à ce constituée de points, d’axes et de plans de construction
qu’il n’oublie aucune donnée, ni n’écrive des valeurs qui détermine les trois profils transversaux suivants :
incohérentes. Seulement une cinquantaine de valeurs les deux extrémités et le milieu du tablier. Chaque plan
numériques reste à définir (fig. 6). de construction associé à un profil contient, en outre,
L’utilisation du modèle générique pont cadre, pour le point d’intersection de celui-ci avec le fil rouge.
être opérationnelle, ne demande que la mise à jour du L’esquisse 2D dessinée sur chacun d’eux représente
fichier Excel dûment renseigné et du fichier assemblage la forme de la dalle béton paramétrée, de telle façon
associé. qu’elle accepte toutes les variations possibles : dévers
variables à une ou deux pentes, axe décentré ou non,
Les surfaces et les volumes peuvent être extraits de
dalle simple ou à encorbellements, ainsi que toutes les
l’ensemble aussi bien que des parties. Ces informations
modifications de largeurs, d’épaisseurs, de hauteurs
servent à l’établissement du métré.
envisageables. Le lissage de ces profils le long de rails
L’obtention de plans 2D est facilitée par des outils appropriés (splines 3D équivalentes au fil rouge) crée
automatisés de projections, de coupes et de vues de le volume en béton du tablier. Le tablier peut aussi
détails. Ces plans sont liés au modèle volumique de recevoir un biais général commun à toutes ses lignes
telle sorte qu’un changement effectué sur celui-ci se d’appuis ou un biais particulier pour chacune d’elles
répercute aussitôt sur ceux-là. (fig. 7).
Ce premier modèle nous donnant entièrement
satisfaction, nous avons réfléchi à la réalisation d’une
structure plus complexe, qui pourrait être l’ossature
d’un modèle général d’ouvrage, du type pont dalle,
Figure 6 : fichier Excel définissant les paramètres du PICF Figure 7 : exemple de lissage d’un tablier de pont dalle suivant un
rail
Figure 8 : fichier avec macro Excel servant au calcul des points du fil
Un ouvrage sur la Garonne, le pont de Fos rouge et déterminant la géométrie du rail de lissage
sur la RN 125
sujet, la mise en application des accords de Kyoto de Le guide s’organise en cinq parties principales. La
1997 se traduit par une charte visant à augmenter la première partie présente un historique sur les ponts
part du bois dans la construction. en bois mettant en exergue l’importance des détails
de conception dans la durabilité de ce type d’ouvrage.
Par ailleurs les ouvrages en bois sont légers et faciles Les notions fondamentales liées au comportement
à monter, ce qui est très appréciable quand la gêne mécanique et physique du bois sont ensuite
occasionnée aux voies franchies doit être réduite le développées dans une seconde partie assez théorique.
plus possible. La passerelle de Vaires-sur-Marne, Un chapitre traite ensuite des risques liés à l’utilisation
montée récemment la nuit d’une seule pièce, en de produits de traitement de préservation des bois,
quelques heures, en est le plus brillant exemple. Les aussi bien en terme de toxicité qu’en terme de recyclage
ouvrages d’art en bois, en particulier les ponts piétons, du bois ainsi traité. La conception et les dispositions
possèdent ainsi un fort potentiel de développement. constructives sont traitées dans une partie faisant la
part belle aux exemples de ponts récents construits en
Un guide pour la conception et la prescription France et en Europe. Enfin, les bases de la prescription
réussie sont réunies dans la dernière partie.
Dans cette optique de développement de l’emploi du
bois, un guide technique sur les ouvrages en bois va
prochainement être édité par le Sétra. L’objectif de
ce guide est de donner aux maîtres d’ouvrages des
éléments leur permettant d’appréhender correctement
la conception et la prescription d’ouvrages d’Art en
bois.
Évolution de la construction et entretien des ponts bois. Ils sont généralement surmontés de bâtiments,
dans le but de protéger la structure des intempéries.
Au Moyen-Âge, les constructeurs prennent conscience C’est notamment le cas à Paris.
que la pourriture est l’ennemi majeur du bois et peut Les ressources des péages prélevés par la Ville lui
être évitée en conservant le matériau au sec. permettent de rémunérer le travail et d’assurer la
En Europe, les ponts en bois sont alors très répandus. subsistance d’une corporation chargée de l’entretien
Charlemagne, par exemple, fait construire vers des ponts. Les techniques utilisées sont assez
800 un très gros ouvrage sur le Rhin à Mayence, évoluées, la main d’œuvre et la matière première
malheureusement incendié en 813. Au cours des abondantes : à chaque période d’étiage, on étaye ;
siècles qui suivent, les ponts de franchissement de des pièces sont changées, d’autres renforcées ; des
la Seine à Paris sont les plus réputés et contribuent traitements de préservation à base d’huile bouillante
à l’importance du rôle historique de cette ville. On sont aussi probablement mis en œuvre.
retrouve le même type d’ouvrages à Cologne. Cette gravure ancienne (fig. 4) témoigne d’une
Les ponts à tablier en bois sont construits généralement certaine façon de cette maîtrise, mais elle représente
avec des piles en pierre fondées sur pieux battus en l’effondrement d’un pont bâti parisien, celui du
Petit-Châtelet, en janvier 1407 lors d’une crue de la
Seine : la Grande Peste de 1349 et la guerre, en
causant un terrible dommage à la démographie et à
l’économie, avaient probablement conduit à l’abandon
progressif des bonnes pratiques en matière d’entretien
du patrimoine d’ouvrages d’art.
Un autre pont, le Pont Notre-Dame, construit en
bois de 1413 à 1420, s’effondre en 1499 avec ses
60 maisons, par manque d’entretien de la charpente.
Le prévôt des marchands et les échevins payèrent cette
négligence de leur liberté.
Par précaution et décision régalienne, les ponts en
bois ultérieurs du Royaume ne sont plus bâtis. C’est
en Italie, qu’André Palladio publie en 1571 un traité
d’architecture où il recommande que les ponts de
bois, à défaut d’être bâtis, soient au moins couverts.
Malgré les avantages des dispositions inventées par
Palladio, il semble qu’on n’en fasse pas grand usage
en France, les ponts en bois y étant en fait assez mal
Figure 4 : pont du Petit-Châtelet
vus des bourgeois du fait des obligations d’entretien
rigoureuses qu’ils exigent.
Figure 5 : projet de Pont des Arts dessiné d’après les idées d’André Palladio.
À noter les fûts de pile en maçonnerie, fondés sur pieux de bois.
La durabilité, un critère de conception oublié. de plomb. De plus, les ponts en bois de la Salpétrière
et de la Mulatière n’ont même que des piles en bois
Durant le 18e siècle, les ponts non «provisionnels»
et non des piles en pierre.
sont construits en maçonnerie. En ce qui concerne
les structures en bois, Perronet constate d’expérience, Le pont de Tournus (fig. 7), construit en bois sur la
notamment au pont de Saint-Cloud, que la durée de Saône en 1801, bénéficie d’appuis en maçonnerie et
vie d’une poutre de bois abandonnée à découvert en représente, avec des travées d’environ 30 mètres, le
région parisienne est limitée à 25 ans. C’est pourquoi pont en cintre le plus abouti de France. Sa conception
il recommande la couverture complète des charpentes mécanique et esthétique est extrêmement soignée,
en bois par des feuilles de plomb pour éviter leur avec des potelets rayonnants. Mais, ses concepteurs
pourrissement. continuent, bien à tort et peut-être sans le savoir,
Perronet s’empresse d’ajouter dans son mémoire, après de respecter l’interprétation étroite des Parlements
un calcul économique de justification : « Malgré cette concernant le vieux texte français interdisant de
plus longue durée qu’on pourroit donner aux ponts de bâtir sur un pont de bois et n’ont donc pas prévu de
charpente en bois, il sera toujours préférable de faire les couverture.
ponts entièrement en maçonnerie, quand les matériaux
ne seront pas trop éloignés et trop chers ». Tous ces ouvrages ont donc été malheureusement
destinés à disparaître assez vite, car les maîtres
Des ponts éphémères en bois sont toutefois construits
d’ouvrage ont négligé de fournir les ressources
en France, faute de moyens financiers. Ainsi, en 1719
nécessaires à leur entretien, le bois de construction
à Lyon, les conditions économiques contraignent
étant rare et cher.
l’ingénieur Garrin à abandonner le plan initial d’un
arc métallique, approuvé avant 1685 par Colbert, et
alors en cours de travaux, pour ne pas prendre seul les
risques financiers liés à l’innovation : l’ouvrage sur le
Rhône est finalement construit en bois.
De même, plusieurs ingénieurs charpentiers, Goiffon,
Calippe et de Montpetit, proposent à plusieurs reprises,
en vain, faute de financement, des arcs métalliques à
Lyon entre 1755 et 1779 pour concurrencer la pierre. Figure 7 : élévation partielle du pont de Tournus
Une première arche en fer de 25 m de portée aurait Ce pont est peu différent du pont romain de Cologne construit en 310
même été montée en 1755 pour un ouvrage de trois
arches. Les arches suivantes ayant été montées en bois
par raison d’économie, la faible durabilité de l’ensemble
n’a pas permis que cet ouvrage devienne aussi célèbre
que celui de Coalbrookdale, pont métallique achevé
en Angleterre en 1779 et toujours en service.
Une exception : les ponts de bois de Suisse Parmi ces ponts couverts, nombreux sont ceux dont
le service a duré plus de cent ans bien que le bois n’ait
Le pont de la chapelle de Lucerne datant de 1333 est fait à l’origine l’objet d’aucun traitement chimique de
un exemple frappant de longévité. Au cours des siècles, préservation.
certaines parties ont été reconstruites, et en 1993 une La créosote fait l’objet d’un brevet aux États-Unis
grande partie de l’ouvrage est détruite par le feu. Il est dès 1831. Pour obtenir ce produit, on ajoute, dans
reconstruit à l’identique en 1994 (photo 5). une huile de charbon ou de pétrole, certains déchets
De nombreux autres ouvrages couverts très anciens toxiques des industries chimiques et sidérurgiques.
sont toujours en service en Suisse même s’ils ne L’imprégnation aux sels d’arsenic, chrome et
supportent plus aujourd’hui qu’un trafic réduit. cuivre (CCA), apparaît aux USA en 1933, et le
pentachlorophénol y apparaît en 1935.
Les charpentiers suisses Hans Ulrich et Jean
Grubenmann sont les maîtres d’œuvre des ponts de Grâce à des traitements de protection contre les
MATÉRIAUX
Schaffhouse avec deux travées de 60 mètres en 1758, intempéries, en particulier les enduits à base de
et de Wettingen en 1778 dont la portée aurait été de produits pétroliers, les ponts couverts ont été
110 mètres. Ces deux ouvrages sont couverts. Tous progressivement abandonnés. Aux États-Unis au
deux ont été malheureusement incendiés en 1799 par Canada et en Australie, les ponts en bois à structure
vandalisme, de telle sorte qu’on ignore quelle aurait en treillis se développent au milieu du 19e siècle, ainsi
été la durabilité du pont de Schaffhouse (fig.8), qui que des structures mixtes acier-bois.
avait déjà plus de 40 ans de service au moment de sa Le pont dit de «Sioux-Narrows» est situé sur la route
destruction. principale n°71 juste au nord de Kenora dans l’Ontario.
Construit en 1936, sa portée est de 64 mètres en travée
Les ponts de bois en Amérique du Nord. isostatique. Il s’agit d’un pont Warren sans couverture
qui constitue le plus grand pont en bois de ce type en
Aux États-Unis, on estime que 10 000 ponts couverts Amérique du Nord et qui est encore récemment cité
environ sont construits entre 1805 et 1885. Les dans un rapport de l’OCDE comme l’exemple d’un
ouvrages en bois réussissent aujourd’hui encore à pont en bois correctement conçu, réalisé et entretenu
conserver une part honorable du marché, en particulier dont la durée de vie peut s’avérer comparable à celle
au niveau des voiries secondaires, puisque 7% des d’un pont en acier. Toutefois l’ouvrage vient d’être
ponts sont toujours en bois. Ce maintien s’explique coupé complètement à la circulation en 2003 pour
par un savoir-faire conservé, et par la présence toujours raison de sécurité et doublé par un pont Bailey. En
abondante de la forêt qui couvre par exemple encore dépit de son grand intérêt pour le tourisme local,
89% de la surface de l’État du Maine. il n’est pas encore décidé s’il sera reconstruit à
l’identique.
Figure 8 : pont de Schaffhouse (Suisse) Photo 7 : passerelle Cocteau construite à Nîmes. Arc lamellé-collé sans
protection vis-à-vis des chocs et de la pluie (1975)
Par ailleurs, le concept des tabliers en bois précontraint À la fin du 20e siècle on note enfin une tendance
est développé au Canada dans les années 70 et imité à concevoir des ponts abrités qui tient compte de
aux États-Unis. Cela consiste à comprimer des solives l’expérience suisse et de l’expérience nord-américaine
à l’aide de barres métalliques. du 19e, et les prolonge en Allemagne et en France.
Le pont de Thalkirchen construit à Munich en 1991
Le retour du bois présente une grande originalité : il est constitué d’une
charpente en bois particulièrement bien protégée, à
Au cours de ces vingt dernières années, le bois connaît
l’abri d’une dalle orthotrope en acier (photo 8).
en Europe un regain d’intérêt. Ainsi dans les pays
germaniques, il est utilisé pour la réalisation de En France, quelques ponts adaptés au trafic routier
passerelles et de ponts à faibles charges. ont été réalisés en bois comme le pont couvert sur la
Dore à Saint-Gervais-sous-Meymont construit pour
Le lamellé-collé est inventé par le suisse Otto Hetzer
le Conseil Général du Puy de Dôme (photo 9).
qui fait breveter en Allemagne ses découvertes entre
1891 et 1910. Certaines s’inspirent des idées publiées À Blagnac, le pont piéton Pinot dont la DDE de Haute-
en 1561 par Philibert de l’Orme, contemporain Garonne a assuré la maîtrise d’œuvre, constitue avec
d’André Palladio. De nombreux développements une protection de glace plastique en polyméthacrylate
techniques sont réalisés au 20e siècle principalement de méthyle un autre ouvrage original qui associe
en Amérique du Nord. Le lamellé-collé a permis de le bois avec d’autres matériaux pour concilier la
réaliser des ponts en arcs où la protection contre la fonctionnalité, l’aspect architectural et la durabilité
pluie est assurée par la chaussée, ou des ponts à poutres (photo 10).
de grandes longueurs et de grandes sections.
Les auteurs remercient toutes les personnes ayant
Mais les mauvaises habitudes sont tenaces : en contribué à l’élaboration du guide technique, et
France de nombreux ponts, comme la passerelle de notamment Stella Becker, Dominique Calvi, Jean-
Montigny-les-Cormeilles doivent être rapidement Louis Chazelas, Pierre Corfdir, Jérome Laplane,
démolis et reconstruits. À Nîmes, la passerelle Cocteau Robert Leroy, Serge Lenevé ■
(photo 7), qui subit le choc d’un véhicule hors
gabarit dans les années 80 est une première fois Crédit photos : DDE 31, photos 1 et 10 - Olivier Thomas, photo 2 - Joël
reconstruite. De plus, le régime climatique de la Raoul, photo 3 - DDE 01, photos 4 - Jacques Berthellemy (Sétra) , photo
région et les stagnations d’eau causent d’abord des 8 - Dominique Calvi, photo 9 - Jean-Philippe Rey (maîtrise d’œuvre
pourrissements localisés, puis l’arrivée de capricornes. SNCF pour RFF ), photo 11 et couverture - Gérard Homann (Sétra),
Ces derniers creusent des galeries remplies de sciure figures 1, 2 (logiciel OPERA).
qui retiennent l’humidité à l’intérieur du bois. De
ce fait, divers champignons opportunistes y ont été
récemment observés.
Photo 9 : pont sur la Dore (Puy de Dôme) Photo 11 : passerelle de Vayres sur Marne bien abritée sous sa
toiture
La pose des produits bitumineux est la cause d’une Une zone chaude longue de plusieurs dizaines de
difficulté souvent négligée. mètres, à la température de 150°C peut alors être
déplacée sur le modèle. Les divers effets de dilatation,
Ces produits sont à l’origine d’effets thermiques qui dans le sens longitudinal et de courbures selon l’axe
peuvent faire monter localement la température de vertical et l’axe horizontal peuvent y être appliqués.
la tôle jusqu’à près de 180°C. Les raidisseurs en U L’objectif est de faire apparaître les efforts engendrés
qui se comportent comme des radiateurs sont déjà notamment au droit des appareils d’appui pour vérifier
beaucoup moins chauds. Le reste de la charpente si ces derniers sont capables d’y résister.
INFORMATIONS BRÈVES
Stages
IQOA - MURS
Murs de soutènement
Guide méthodologique
Réf. 0507 – mars 2005 – Prix de vente : 13 euros
Ce guide méthodologique traite de l’évaluation
des murs de soutènement réalisée dans le cadre
de l’opération IQOA - Murs, selon l’instruction
technique du 19 octobre 1979 et sa révision du 26
décembre 1995.
Il remplace le guide méthodologique de mars 2000 et
comporte 3 chapitres et des annexes.
Le premier chapitre rappelle les objectifs de l’opération
IQOA - Murs et son domaine d’application. Il rappelle
également la typologie des différents ouvrages de
soutènement qui sont répartis en deux listes ; la liste
I constituée d’ouvrages dont les éléments structuraux
sont apparents et la liste II pour les autres ouvrages.
Le deuxième chapitre traite de la méthode d’évaluation
des murs de la liste I. Ce chapitre reprend les chapitres
de l’ancien guide. Il est complété par des documents
spécifiques faisant office à la fois de catalogues de
LE KIOSQUE DU SÉTRA
Les avis techniques fournissent un avis officiel sur le Produit Entreprise Date Validité Réf.
comportement prévisible des produits, procédés et
matériels pour éclairer les maîtres d’ouvrages et les Asparène
Asten 11-2004 11-2009 FATET04 03
maîtres d’œuvre dans leurs décisions. Pont
Ces avis techniques ont été préparés sous la Rappel : le prix de chaque avis technique est de 3,05 euros
responsabilité d’une commission mise en place par
le Sétra, associant l’administration et la profession
représentée par les syndicats.
Le secrétariat et la présidence de cette commission sont
respectivement assurés par le Sétra et la profession.
L’élaboration d’un avis technique est soumise aux
étapes suivantes :
• dépôt de la demande ;
• enquête préalable (s’il s’agit d’une première demande
jugée recevable) ;
• examen du dossier technique et établissement du
programme d’essais ;
• établissement d’un avis technique.
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36 Ouvrages d'art N° 48 avril 2005
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