Le Role de L'education Religieuse
Le Role de L'education Religieuse
Le Role de L'education Religieuse
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Le rle de lducation religieuse familiale et de lcole dans la construction de lidentit des jeunes dorigine maghrbine.
Exclusion ou intgration des nouveaux citoyens musulmans de France ?
Abdellah El Abbady
Doctorant chercheur au Laboratoire Mditerranen de Sociologie (LAMES). Maison mditerranenne des sciences de lhomme (MMSH). 5, rue du Chteau de lhorloge- BP 647- 13094 Aix-en-Provence Cedex 2. el_abbady@caramail.com Universit de Provence
Rsum La problmatique dintgration, de changement et de socialisation des jeunes dorigine maghrbine en France, impose-t-elle de prendre en compte les deux systmes de rfrence, famille/cole - du fait mme de la situation migratoire dans laquelle se trouve cette population, particulirement de cet inconscient culturel, ce noyau dur de la culture maghrbomusulmane. Il est important de situer les ressources en termes de valeurs culturelles qui concourent llaboration de leur identit ainsi que de leur processus de rinterprtation des valeurs parentales. Il ne sagit pas docculter les poids de lhritage culturel des parents, en prenant en considration la seule culture locale ou scolaire des jeunes, mais de le saisir dans lhistoire individuelle des jeunes et de la dialectique entre le rle de la tradition et celui de la modernit quils vivent quotidiennement. La question de l'identit et de l'intgration des jeunes issus de l'immigration maghrbine est souvent pose sous la forme d'une apparente contradiction entre une demande d'intgration sociale et une revendication d'un droit la diffrence. Mots clefs: identit, ducation religieuse, cole, culture musulmane, jeunes dorigine maghrbine. Introduction Le prsent article tente de mettre en vidence les difficults dinsertion culturelle et sociale que rencontrent les jeunes dorigine maghrbine en France. Il prsente les rsultats provisoires dune tude extraite dune recherche abordant les questions de lintgration de cette population munie dune autre culture. Il met laccent sur le rle de lducation religieuse qui influence la construction de leur identit sociale, culturelle et religieuse. Influence qui joue, finalement, un rle essentiel dans lintgration ou lexclusion de ces nouveaux citoyens de confession musulmane.
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 Ce phnomne de lintgration des jeunes dorigine maghrbine en France pose aujourdhui un vrai problme dans une socit multiculturelle. Lorsque de multiples tudes tentent de montrer que les jeunes dorigine maghrbine se comportent lcole et en dehors conformment leur statut social, la fonction intgrative de lcole rpublicaine se trouve ainsi fortement lgitime. Dautres recherches, pourtant, insistent sur lmergence de ghettos scolaires et sociaux dans des banlieues devenues incontrlables. Lcole est souvent prsente comme un instrument privilgi pour intgrer les jeunes entre autres dorigine maghrbine - et en faire des citoyens gaux. () le formidable espoir qui est mis alors dans lcole lorsquon est un jeune de cit. Elle est perue, plus que jamais, comme le seul vecteur possible de lascension sociale et le diplme comme ce prcieux passeport pour atteindre dautres rives , (Beaud, 2002). Selon Louis-Andr Vallet et Jean-Paul Caille (1996), la discrimination raciale commence au collge et les lves trangers parviennent moins frquemment que les Franais en quatrime gnrale sans avoir redoubl la sixime. Aprs quatre annes de scolarisation dans le secondaire, ils sont gnralement moins nombreux se voir proposer une orientation en seconde gnrale ou en technologie. C'est la consquence, en grande partie, de leur situation familiale et du fait qu'ils appartiennent des milieux dfavoriss. Puisque situation familiale et sociale gale les lves trangers ou issus de l'immigration russissent aussi bien que les lves franais, rajoutent les deux chercheurs. (Voir Gilson, 2001). Pourtant, parler de discrimination raciale ds le collge est une ralit selon Jean-Paul Payet (1997). Il a interrog, cout, les lves, leurs parents et les enseignants de deux tablissements de la banlieue lyonnaise. Dans ces collges, ds la sixime, les lves franais et ceux issus de l'immigration ne connaissent pas du tout le mme sort. A niveau gal, les jeunes filles franaises se retrouvent dans des classes de bon niveau, les filles et plus encore les garons d'origine maghrbine, eux, peuplent le plus souvent les classes de lyces denseignement professionnel. Les exclusions qui se dveloppent lcole ont des effets sur lidentit de ces jeunes et les poussent sur le chemin dune marginalisation sociale durable, en intgrant lide quils sont mauvais ; ils risquent alors plus souvent dexprimer des identits oppositionnelles. Et la culture traditionnelle, inculque par les parents apparat clairement ici quand elle entre en relation tumultueuse avec la culture laque lcole ; ceci leur donne encore plus le sentiment dtre trangers. Dans ce travail, nous avons essay de reprer chez ces jeunes le ct identitaire/culturel. Quelle est la culture actuelle de ces jeunes ? Quen est-il de la culture maghrebomusulmane ? Il sagit de chercher savoir si la religion est un obstacle leur intgration ou au contraire un facteur dintgration. Au-del, il sagit aussi de chercher saisir si lIslam des jeunes est un Islam culture : o tout se fait plus par tradition que par conviction, ou un Islam pratique : o le respect des dogmes et des pratiques relve effectivement de la foi et de la conviction.
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 I - Les familles maghrbines : entre conflits de gnration et stratgie de russite Les instances de socialisation sont nombreuses, mais la famille (ici maghrbine) qui constitue le premier espace de socialisation et dducation de lenfant, est un lieu de conservation et de transmission des lments culturels hrits par les parents. Ensuite vient lenvironnement social : lcole, le quartier, la communaut... Autant dinstances de socialisation, de normalisation et dintgration un systme culturel particulier au contact desquelles slaborent, progressivement, un schma de pense et de reprsentations, des modles dexpression orale et corporelle, des faons dapprhender le monde et de sinsrer dans la vie. Cela dtermine le systme des catgories daction, de pense, de sensibilit o se disposent et sorganisent les habitudes qui deviennent des habitus, selon lexpression de Bourdieu (1970). Ainsi se cre et se dveloppe un symbolisme social global qui permet linsertion dans lchange permanent des significations qui fondent la communication, en permettant lindividu de partager les mmes sanctions, dsirs et reprsentations que les autres acteurs sociaux. Lappartenance sociale, conomique et symbolique de la famille, les transformations des systmes de valeurs et des modles dducation, les conditions historiques de la naissance, ne sont pas sans influencer le devenir des individus quil sagisse de leur mode dinsertion sociale, de leur trajectoire scolaire ou mme de leurs rapports affectifs et sexuels. , (Bourdieu, 1963). 1- la jeunesse maghrbine de France : de quelle identit sagit-il ? Jeunes dorigine maghrbine, jeunes immigrs dorigine maghrbine, jeunes issus de limmigration, immigrs, jeunes migrants, jeunes de la deuxime gnration, jeunes immigrs, jeunes trangers, migrants Tant des termes utiliss par les chercheurs [1] et les institutions, il est sans doute lgitime de se demander de qui parle-t-on chaque fois ? Qui sont-ils ? Combien sont-ils ? Comment vivent-ils ? Quelles sont leurs relations avec leurs parents ? Que reprsente pour eux la culture maghrebomusulmane? Ces questions entre autres- ont t poses notre chantillon afin de tenter de mieux cerner leur identit, leurs difficults conomiques et sociales, leur(s) chec(s). Le projet de la sociologie est plus srieux, son ambition plus leve : mettre au clair le cach. La sociologie sans enqute du terrain reste une simple thorie philosophique. De notre ct, notre recherche repose sur la question identitaire chez les jeunes d'origine maghrbine scolaris Aix-en-Provence : une quarantaine des jeunes, filles et garons de 18 25 ans, qui sont ns ou ont grandi en France.
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 A vrai dire, lentretien sest avr linstrument indispensable pour une meilleure comprhension de la vie sociale et humaine de lenqut. Il permet de rvler une connaissance profonde de la vie matrielle, culturelle et sociopsychologique de lindividu. 2- Prsentation des jeunes, de leurs familles et de leurs convictions et mode de vie Les familles maghrbines sont analyses comme spcifiques et stigmatises, ayant des difficults dintgration en France. Lintgration maghrbine est devenue massive au milieu des annes 1970, cest--dire au moment de la fermeture des frontires, et surtout au moment dune profonde crise urbaine et sociale franaise. Simultanment, les rapports sociaux sethnicisent : laffaiblissement de la classe ouvrire et du mouvement ouvrier ouvre la voie une lecture ethnique, et non plus une lecture des classes ou des confrontations sociales. LEtat ouvre la voie cette ethnicisation des problmes partir des annes 1980 : HLM, Zup, le racisme... Or, les familles maghrbines, par leur religion et tradition se prtent bien cette ethnicisation : souvent, elles se protgent de la culture occidentale qui peut apparatre comme une menace leurs stabilits familiales. Les familles maghrbines tudies sont des familles nombreuses, voire trs nombreuses. Aussi, le taux de fcondit chez les familles dont sont issus les jeunes de notre chantillon est trs lev : 5,13 enfants par famille. La majorit de ces familles habitent dans des appartements en HLM, ce qui tmoigne bien de la forte densit des membres de la famille dans ces appartements, peu prs 5,03 personnes dans chaque famille. Prs des deux tiers des parents de ces jeunes enquts sont illettrs, le tiers restant atteint une ducation de base (cole primaire, cole coranique). Le taux des femmes illettres est plus lev par rapport celui des hommes. Tous les pres sont de la classe ouvrire, et la majorit des femmes sont au foyer. On a ici une illustration assez pertinente de la situation socioculturelle et conomique des familles maghrbines immigres. Dans ces familles, la langue parle est la langue arabe ou berbre, selon les rgions dmigration: A table nous parlons arabe (dialecte algrien) car mes parents parlent trs peu le franais dit un de nos enquts. Les parents immigrs gardent toujours le systme traditionnel du pays dorigine et veulent le transmettre leurs enfants (cela est dailleurs visible travers lquipement de la maison). En ce qui concerne lducation promue par la famille, la transmission des valeurs et des normes traditionnelles est vidente, et tous les enquts ont dclar avoir eu une ducation traditionnelle et religieuse : Mes parents mont appris la langue arabe pour communiquer avec eux et avec ma famille en Algrie, et depuis que je suis toute petite, ils mexpliquent ce quest la religion islamique , affirme une jeune dorigine maghrbine. En ce qui concerne le mariage, les familles maghrbines nadmettent gure la mixit (franco maghrbine), qui nest pas simplement un mauvais choix, non conforme aux souhaits et aux intrts du groupe familial, ni mme un mariage illicite socialement et religieusement. Il est tout cela, mais plus encore : cest lindice de limmoralit sexuelle de la femme, selon les termes de Fenart (1989). 4
La majorit des filles dorigine maghrbine enqutes considrent aussi la virginit comme trs importante, cest lhonneur de la fille et de la famille : La virginit est le plus beau cadeau quune fille puisse offrir son mari, cest trs important pour moi, dautant quelle symbolise lhonneur de la fille et de la famille . Si, partir de ces diverses donnes, nous construisons une catgorisation des individus de notre enqute, cette catgorie de filles est la plus pratiquante. Elle se caractrise par des filles qui ne boivent pas de vin, ne mangent pas de la viande non gorge selon la tradition musulmane, lgitiment le port du voile comme obligation pour la fille et refusent aussi le mariage mixte : Le voile est une obligation pour la femme musulmane, ce nest pas facultatif, jaimerais le mettre lavenir quand je serais femme marie dclare une jeune qui ajoute Non, je ne peux pas pouser un franais, cest un non-musulman, parce quil y aura un problme de religion, de culture, a ne marchera pas franchement, et surtout avec les enfants aprs . Une autre catgorie va regrouper des filles moins pratiquantes : elles croient en Dieu, mais certaines ne pratiquent que le jene. Pour elles, lIslam cest croire en Dieu, et cest l lessentiel - sans exigence de faire et de respecter les cinq piliers de lIslam : Je ne fais pas le jene, car il ne faut pas faire les choses par tradition mais par conviction . Certaines boivent du vin, mangent de la viande non coupe selon la tradition musulmane et sont contre le port du voile: Chacun fait ce quil veut, mais montrer ou cacher une partie de son corps nempche pas dtre imparfait , Le sexe est une chose belle en soi et la virginit quand elle est comprise mrite dtre salue . Ces filles dclarent quelles sont franaises dorigine musulmane, au contraire de la premire catgorie o elles se considrent toujours des maghrbines musulmanes en premier lieu. Dans lquivalent garons de ces catgorisations, tre musulman cest garder les origines et la tradition sans que cela nempche de profiter de la richesse des autres cultures : Ma culture reste et restera une culture arabo-musulmane car mes parents sont algriens musulmans nous vivons dans un monde moderne tout en gardant chacun sa propre culture . Les parents dont sont issus les jeunes de cet chantillon, sont tous pratiquants et clbrent toutes les ftes musulmanes. Tous les enquts dclarent quils ont eu une ducation islamique travers les parents. Ils affirment vouloir duquer leurs enfants selon la mme ducation reue des parents pour transmettre la culture et les valeurs de la religion musulmane. Ils se regroupent sur la mme ide : Inculquer aux enfants les bases de la religion, cest leur assurer un bon chemin dans la vie. 3 Les relations intergnrationnelles parents/enfants [2] On peut comprendre les transformations des modles ducatifs dans les rapports parents/enfants, si lon considre que le projet migratoire des parents est fond sur le dsir dascension sociale et conomique. Ainsi, il sera possible dapprocher les diffrents facteurs socioculturels qui concourent llaboration de lidentit sociale et culturelle de ces jeunes dorigine maghrbine. On saisira aussi les cohrences, les incohrences et les 5
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 situations qui sont lorigine des conflits et des compromis entre lidentit acquise grce la scolarisation et celle qui est dtermine par le contact avec la culture parentale. Cest avant tout dans le rapport avec les parents que lindividu va intrioriser les traits culturels constitutifs de cette symbolique sociale qui ouvre la voie de la sociabilit. Ainsi, lappartenance un ordre social, un systme de rfrence particulier, du fait mme dune socialisation familiale spcifique, apparat-elle ensuite dans les comportements et les conduites. Au sein dune mme culture, les acteurs sociaux disposent dun registre dlments culturels communs qui traduit la spcificit de leur rapport au monde. Intrioris, il devient laxe dorientation de lindividu dans la socit, dans sa manire de dcouper, danalyser et de comprendre la ralit sociale. Il constitue la culture primaire, le tissu de son existence. Les jeunes issus de la migration sont confronts une double flure dans les relations obligatoires du narcissisme primaire. Non seulement le cadre sur lequel sappuyaient leurs parents vacille mais aussi leur propre cadre est ddoubl. Ils sont introduits un univers aussi riche quangoissant. Certes, tout devient possible mais rien nest stable. La matrise rapide dun univers ddoubl dans ses rgles de fonctionnement leur donne une illusion dindpendance vis--vis des rgles communes. La frontire entre conscient et inconscient est remplace par une frontire culturelle matrialise par le seuil de la maison familiale. De surcrot, ces jeunes sont soumis des injonctions paradoxales et contradictoires de la part de leurs parents : Intgre-toi, mais reste arabe, va lcole mais ne sois pas comme eux cite A. Akkari (2001). Dans le cas de la migration maghrbine, les difficults des jeunes et des parents entrent en rsonance, crise dadolescence et crise parentale risquent de samplifier rciproquement. La migration est une rupture de filiation, une rupture avec le cadre culturel interne, et les jeunes qui en sont issus traversent souvent des pisodes critiques lis aux problmatiques parentales. Il nest gure possible pour les jeunes dorigine maghrbine daborder la question des origines sans (la possibilit de nommer) la migration des parents. Tous nos interlocuteurs affirment avoir de bonnes relations avec leurs parents. Il convient cependant de prendre en considration que: - La transmission de la religion et les valeurs traditionnelles nest pas identique dans toutes les familles immigres maghrbines. - Il y a des diffrences de traitement selon que lenfant/le jeune est une fille ou un garon. Dans le cas des jeunes non pratiquants, les parents ninterviennent pas pour influencer le choix des jeunes, concernant par exemple le vestimentaire, les sorties, les amis Mais ils interdisent aux filles de passer la nuit chez des amis ou de recevoir des amis de sexe oppos la maison. Les filles pratiquantes ne sont pas autorises aller coucher chez des amis ou mme chez des amies que la famille ne connat pas. Les parents interviennent, aussi, pour influencer tous les choix concernant le comportement vestimentaire et les sorties. Ces dernires sont 6
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 plus surveilles que pour les premires, mais ces dernires sont aussi convaincues du bien fond de cette ducation. Presque autant que lducation reue par leurs parents, le comportement dpend aussi de la situation conomique et culturelle et du nombre denfants dans la famille. Tous les interlocuteurs garons, dclarent quils ont toute libert pour shabiller comme ils le souhaitent, pour sortir, et pour recevoir ou aller dormir chez des amis de mme sexe, ce qui explique bien les variations de comportement parental entre les garons et les filles au sein de la famille maghrbine migrante. Reste que, dans tous les cas, le pre est la personne sacre et respecte par tous les membres de la famille. Dans cette culture de lternel masculin, devenir pre, cest avant tout tre sacralis au regard de lIslam. A travers cette confirmation de sa virilit, lhomme musulmanmaghrbin va trouver loccasion de transmettre lducation (Tarbya) et de rgner sans partage, sur le devenir de sa famille. Dans lducation musulmane, les enfants demeurent tte basse et silencieuse, dans une attitude dhumble soumission devant leur pre, alors mme quils se montrent souvent arrogants lgard de leurs camarades et indisciplins lextrieur. Donc, de part et dautre de lacte autoritaire, il y a un contrat moral bas sur une rciproque reconnaissance ; le pre est un bon pre puisquil fait acte dautorit, le fils est un bon fils puisquil se soumet. Reconnaissant de sa paternit dans cette culture de lternel des hommes, le pre, personnage lointain durant la petite enfance, va devenir pour lenfant maghrbin vers sa septime anne, plus quune rfrence familiale, un tre dautorit morale, un repre de la loi, qui va le prendre en main pour le confronter la socit des hommes. Dans le sens commun, la figure du pre se confond avec celle dun homme farouchement pieux. Pit religieuse mais plus encore crispation culturelle, fondent un rapport sacr aux origines , (Gunif, 2000). Cet intrt de lhomme musulman pour lducation des garons sexplique par le caractre patrilinaire de la famille maghrbine, surtout par la lgitimit dun droit coranique mettant en avant cette notion dternel masculin. Il existe donc un niveau de culture sous-jacent cach et trs structur et un ensemble de rgles de comportements et de penses implicites, qui contrlent tout ce qui est fait. La langue, les habitudes et la religion jouent un rle fondamental dans laffirmation et la structuration symbolique de lidentit de lindividu. Toutefois, ces modles initiaux de socialisation ne sont pas donns une fois pour toute, ils peuvent faire lobjet de rinterprtations diverses ou entrer en contradiction les uns avec les autres (Hassini, 1997). Cest le cas de tout enfant issu de limmigration maghrbine, dont la socialisation oscille entre deux systmes de rfrences et de valeurs. Le systme dducation parentale qui, le plus souvent, appartient un autre espace-temps, diffuse des valeurs ducatives bases sur le principe de la diffrenciation des identits selon le sexe. Il en dcoule des rles et des 7
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 statuts socioculturels bien distincts. Mais en situation dimmigration, ce systme ducatif est dcontextualis. Il se heurte au systme de rfrence de la socit globale dans laquelle sinstalle la famille (en loccurrence ici, en France). En particulier, linstitution scolaire transmet des valeurs diffrentes : lindiffrenciation sexuelle, la russite sociale par le mrite et lacquisition de diplmes. Elle constitue, donc, un espace o se transmet une culture homognisante au nom de valeurs galitaires et rpublicaines ; qui sont incompatibles avec la culture et les valeurs transmises traditionnellement au sein de la famille maghrbine. II - Des enfants de limmigration aux publics difficiles Lcole, une solution miracle pour intgrer les jeunes dorigine maghrbine ou, linverse, lieu de lexclusion par lchec ? De immigr publics difficiles et intgration , langage, politiques, situations sociales, tout a chang. Un seuil a t franchi au cours des annes 1980, quand les enfants du regroupement familial sont devenus des franais, des rsidents ou des parents leur tour. Il ne sagit plus dsormais daccueillir, de dispenser un enseignement spcial des lves ayant des besoins spciaux. Il sagit ncessairement, au travers des politiques scolaires comme en dautres domaines, de faire prvaloir lgalit et de promouvoir la commune appartenance. Pourtant, la fin de limmigration saisonnire et lexistence des jeunes franais dorigine maghrbine nont pas supprim la diffrenciation des individus sur la base de leur appartenance ethnique. En gnral, les jeunes dorigine maghrbine ont beaucoup plus de difficults lcole, problme linguistique en premier lieu, car tous les sujets enquts sont issus des parents analphabtes. Les jeunes qui arrivent atteindre leur baccalaurat sont moins nombreux que la moyenne nationale franaise. Selon Gardou et Pieurreuse (1989), on compte 35% denfants de migrants en 3me, contre 45% dlves franais, 25% denfants de migrants prparent un CAP (Certificat daptitude professionnelle) contre 15% de franais, 7,1% denfants de migrants repartent ltranger ou vers dautres formations. On peut lire aussi que 60 jeunes franais sur 100 entrent au lyce, 64 jeunes trangers sur 100 ny accdent pas, moins de 5% des enfants de migrants atteindrent le baccalaurat. Sil convient ici de parler dchec, cet chec est d aux nombreux problmes vcus par cette jeunesse, au sein de linstitution scolaire ou familiale : Apprendre ncessite une volont que tous ne sont pas prts faire ou trouver laide ncessaire lorsque les parents ne comprennent pas le franais , oui, car lcole est compltement oppose avec le milieu familial, cest le choc culturel , affirme un jeune dorigine maghrbine.
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 1 Rle du capital conomique, culturel et linguistique La dimension de lorigine parentale charge de valeurs et de symbolisme loign de ceux de la socit franaise et, surtout, de ceux de lcole, trouve encore sa raison dtre dans la dtermination de lchec scolaire. Les jeunes issus de limmigration maghrbine sont sur-represents parmi les exclus scolaires et ils y sont donc particulirement visibles. Peu dtudes nous informent sur le nombre des jeunes maghrbins avant et aprs le baccalaurat durant ces dernires annes, aussi, il est difficile de connatre leur taux de russite. Gardou et Pieurreuse signalaient en 1989 que seulement 5% des jeunes maghrbins atteignent la classe de terminale. Dans les annes 1980, un certain nombre denseignants ont tent de dvelopper une pdagogie multiculturelle. La diffrence culturelle se trouvait ainsi prise en compte explicitement dans lunivers scolaire. Cependant, derrire le droit la diffrence annonc explicitement, continuait fonctionner la rfrence la norme qui restait idologiquement prgnante. La diffrence culturelle tait ainsi interprte la fois comme richesse et comme handicap pour les jeunes, les deux significations venant se fondre dans la notion de jeune biculturel. Il est certes lgitime de prendre en compte les diffrences culturelles pour expliquer les diffrences de russite scolaire entre jeunes. Mais encore faut-il ne pas se tromper de culture. La culture de ces jeunes nest pas une culture dorigine ; celle-ci, pour la grande majorit dentre eux, ne survit qu travers des habitudes alimentaires et des pratiques quotidiennes parses, non coordonnes dans un ensemble symbolique faisant sens. Leur culture est une culture artificielle qui nest ni dorigine, comme celle de leurs parents, ni celle de la socit daccueil. Cela ne veut pas dire que leur origine est culturellement, scolairement et socialement insignifiante. Mais, dune part, elle agit moins travers un ensemble de comptences linguistiques et de codes culturels spcifiques qu travers un rapport la vie, lcole, lavenir Dautre part, elle fonctionne comme appui autant que comme obstacle. Ferrol (1992) montre que des chercheurs ethnographes britanniques de lcole ont bien dcrit ce processus de construction dune sous-culture dopposition, en rponse aux mcanismes de diffrenciation et de polarisation que le systme scolaire met en uvre. Ceux qui ont t dvaloriss par lcole, la dvalorisent en retour et opposent leurs normes de groupes aux normes scolaires. Or, ces jeunes dorigine maghrbine, gnralement, vivent dans des quartiers forte composante ethnique et se retrouvent dans des classes o les enfants issus de limmigration sont majoritaires. Il nest pas tonnant, dans ces conditions, que la sous-culture ainsi construite prsente une dimension ethnique affirme. Mais il faut bien comprendre que cette ethnicisation est une des consquences de lchec scolaire, et non une de ses causes.
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 2 Rle stratgique des familles Parmi les enfants douvriers, seuls russissent dans leurs tudes, ceux dont les parents avaient ds le dpart, form un projet ambitieux et cohrent, ceux en somme qui, linstar des cadres suprieurs, considrent la scolarit comme un investissement (Establet, 1987). Selon ce mme chercheur, pour ces enfants douvriers, la scolarit na pas une rentabilit vidente ; russir, ce nest pas russir forcment sur tous les tableaux, chouer lcole ce nest pas ncessairement tout perdre. Dans les familles maghrbines migrantes, russir limmigration, cest rendre possible le projet dascension sociale par la russite scolaire des enfants. Celle-ci apparat comme le lieu dexemple suivre et dapprentissage de leffort : un certain quilibre y rgne. Les parents insistent sur la ncessit deffort visant moins assurer ladaptation un mode tabli qu russir dans la socit daccueil. Ils montrent leurs enfants les efforts queuxmmes ont entrepris dans ce sens dans leur pass. Ils dveloppent des pratiques sociales permettant une adaptation instrumentale la socit franaise. En dpit de multiples difficults - parents avec peu de capital culturel et scolaire, famille nombreuse, statut socio-conomique dfavoris -, certaines familles maghrbines mettent en place de vritables stratgies de russite scolaire pour leurs enfants. Mais le milieu social reste un dterminant important du cursus scolaire. Il rend compte des rsultats, des performances et de la trajectoire scolaire de llve. Cette logique de lcole montre que les lves franais de souche sont plus proches de la culture scolaire que les enfants de migrant. Lcole tente daccrditer la thse selon laquelle lchec scolaire des jeunes dorigine maghrbine est d pour lessentiel des facteurs externes : la famille et son origine trangre. En fait, tout se passe comme si linstitution rinterprtait son profit quelques aspects de la thorie de la reproduction, qui voit dans le capital linguistique un des instruments indispensables la russite scolaire. Lingale distribution entre les diffrentes classes sociales du capital linguistique scolairement rentable constitue une des mdiations les mieux caches par lesquelles sinstaure la relation entre lorigine sociale et la russite scolaire (Bourdieu, 1970). 3 Nature et type de difficults scolaires chez les jeunes maghrbins Pour expliquer lchec scolaire chez une partie des jeunes issus de limmigration maghrbine, on a souvent recours deux thses opposes. La premire met en avant le handicap culturel et linguistique de ces jeunes. La seconde insiste sur la slectivit du systme scolaire lgard des trangers ou des minorits ethniques. En dpit de leurs divergences, ces deux cadres interprtatifs ont en commun de ne sintresser quaux macrostructures en prsence : le milieu socio-ethnique pour le premier, lappareil denseignement pour le deuxime. Les difficults scolaires sont une ralit dans le processus scolaire des jeunes dorigine maghrbine qui aboutit parfois lchec. Ces difficults commencent par la mauvaise adaptation des jeunes lcole qui diffre totalement de la culture traditionnelle transmise 10
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 au sein de la famille : Cela dpend des professeurs, certains aident les lves en difficult, mais la plupart laisse tomber les lves en difficult et les isolent , selon une jeune tudiante. Ces jeunes, en majorit sorientent alors vers les LEP (Lyce denseignement professionnel). Ces derniers accueillent aujourdhui les jeunes exclus, aristocratie ouvrire des filires que les lves appellent normales; lentre dans ces tablissements est dfinie dabord par lchec et le choix contraint. Dans les faits, lcole applique ingalement le systme mritocratique. Elle ne juge pas les enfants de migrants selon les mmes critres et selon le mme systme, surtout au moment de lorientation scolaire. Le critre dominant dans lorientation dun lve franais et le jugement sur lintelligence, est lui-mme trs fortement corrl la performance, alors que celui port frquemment sur les lves dorigine maghrbine fait rfrence au jugement sur le travail. Aussi, plus les jeunes dorigine maghrbine sont en interaction positive avec lespace culturel et symbolique de lcole, plus leur chance de russite scolaire augmente. Inversement, une faible relation avec linstitution peut engendrer des situations dchec : la discontinuit entre les deux espaces provoque linadaptation et la marginalisation sociale et scolaire. Tribalat (1995) a montr, en se fondant essentiellement sur les jeunes dorigine algrienne en France, que leur russite est moins bonne que la moyenne franaise : les jeunes dorigine algrienne comptent plus de non-diplms que la moyenne franaise, et une petite moiti dispose dun diplme technique. Moins dun quart ont eu leur baccalaurat contre 36 % des garons et 44 % des filles en moyenne en France. Cet chec scolaire, li le plus souvent une non-matrise du franais et du capital culturel, rejette des jeunes la rue, des jeunes sans perspectives davenir qui ne trouvent comme moyen dexpression que la violence ou la religion pour chercher leur vraie identit. Un part de cet chec vient du modle rpublicain dassimilation : on dsigne bon tous ceux qui ont russi une bonne intgration sociale par la famille, lcole et le travail, ceux qui sont en rupture avec leurs racines pour exister socialement. Et mauvais , ceux qui gardent leur tradition, leur appartenance religieuse et leurs coutumes, ceux, selon ce modle, qui sont en mal adaptation dfaut de ces critres ou encore ceux qui se rebellent pour vivre avec leur diffrence. 4 Comment lcole peut-elle intgrer ces jeunes ? On peut dautant moins le penser que les enfants trangers ont dans lcole les mmes comportements et obtiennent les mmes rsultats que les enfants franais appartenant aux mme milieux sociaux. Si lon compare les rsultats scolaires de lensemble des enfants trangers lensemble des enfants franais, les premiers connaissent un chec scolaire suprieur, quel que soit lindicateur retenu , (Schnapper, 1991). Mais quel regard portent nos jeunes dorigine maghrbine sur lcole et lintgration ? 11
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 Pour la plupart dentre eux, ils sont ns ou ont t levs en France, dans des bidonvilles, des cits de transit, des HLM. Leurs parents, venus du Maghreb, taient analphabtes. Pendant toute leur enfance, ils ont fait leurs devoirs scolaires sur la table de la cuisine dans des appartements surpeupls. Ils ont pris de plein fouet la crise et le chmage, ils ont assist la monte de lIslamisme et celle des discours lepnistes. Pour cela, ils ont souvent le sentiment dtre des miraculs. Cependant, ils sont svres vis--vis de lcole rpublicaine, considre comme le creuset de lintgration : Jtais brillante tous mes annes scolaires, malgr a, ils mont orient vers le LEP, je ne sais pas pourquoi, nous les jeunes maghrbins, comme si nous tions tous destins avoir des diplmes infrieurs. Aprs, mon pre a rclam et jai pass un bac normal, et jai eu de bonnes notes, mais mon pre voulait que je fasse mes tudes lIUT (Institut universitaire technologique). Mme lIUT, ds la rentre, le prof a lu la liste des noms, on nest pas beaucoup en classe, et elle ma demand si je parlais bien le franais, tu sais pourquoi, parce que mon nom est de consonance arabe . Ces jeunes ont avou leur souffrance lcole cause des difficults linguistiques, culturelles : Les professeurs naident pas les lves en difficult, ils sont souvent mis au fond de la classe et ignors par les professeurs . Ces jeunes lves redoublent plus frquemment lcole primaire, mais le redoublement na peut-tre pas sur leur carrire scolaire ultrieure, la valeur prdictive quon lui connat chez les autres lves : il nest pas associ statistiquement plus de difficults dans le second degr, ni une moindre chance davoir le baccalaurat. A linverse, une absence de redoublement nest pas forcement associe une russite de la scolarit secondaire. Leur chec est expliqu par la mauvaise adaptation spatiale, temporelle, culturelle, voire pdagogique. Il sagit dune rfrence directe la dialectique famille/cole ou leur appartenance une communaut trangre. Concernant leur comportement lcole, une mme rponse est rcurrente chez tous ces jeunes enquts : Oui, on se regroupe, parce que les franais nous considrent diffrents, cest pourquoi on reste ensemble, on partage la mme culture, on habite la mme cit et on se comprend entre nous . Selon les tmoignages recueillis auprs de nos enquts, il semble que la culture des parents influence mme au sein de lcole, ce qui pousse les jeunes se regrouper. On peut parler l dun groupe qui se constitue par une double culture et une double appartenance. Il apparat galement pour ces jeunes maghrbins en France quil existe deux types de crise qui faonnent et modulent leur identit. La premire est la crise de ladolescence, phase universelle dans le cycle de vie des individus, et ce qui est spcifique aux jeunes maghrbins, une crise relative au choix culturel li la situation migratoire des parents. Conscutivement, les deux crises ont des effets importants sur le droulement scolaire des enfants de migrants et se traduisent par une mauvaise adaptation scolaire. Dans leur tentative de comprhension de lunivers qui les entoure, ils prouvent parfois des difficults faire la synthse culturelle qui leur permet de construire une relation continue et quilibre entre lcole et la famille. Labsence dune relation tangible entre les deux espaces se traduit chez ces jeunes par une difficult structurer leur identit et rconcilier leurs dsirs. Elle provoque des conflits 12
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 psychiques et finit parfois par engendrer un blocage culturel et social, conduisant souvent, au niveau scolaire, des redoublements. Cela est confirm par lenqute : la majorit des jeunes maghrbins de notre chantillon a redoubl au moins une fois dans sa scolarits (seulement 10% nont jamais redoubl), et plus des deux tiers dclarent quils nont pas envie de continuer leurs tudes. Ces checs (redoublement et abandon) sont essentiellement dus un manque de confiance en soi, fruit de ces manques de performance et dune inadquation au systme scolaire. Ces notions de continuit ou discontinuit trouvent leurs sources dans les tentatives dexplication des diffrences de performances scolaires entre les lves franais et les enfants dorigine maghrbine. Il sagit principalement dun processus de classement des connaissances scolaires et extra-scolaires des modles et des schmas de pense des enfants de migrants. Linadaptation scolaire des enfants de migrants provient essentiellement dune difficult dchiffrer et rinterprter les nouveaux codes culturels sur lesquels se base linstitution pour transmettre et inculquer son savoir et sa culture savante. En France, aprs une phase assimilationniste o la question des enfants trangers lcole tait peu prise en compte en tant que telle, laccent a t mis sur les langues et cultures dorigines. La dcennie 1980 a t marque par lapparition de mots nouveaux : linterculturel, les discriminations positives. Tournant difficile pour un pays o le droit des minorits nest pas toujours reconnu, o seules peuvent tre prises en compte les ingalits socioculturelles et o le modle dintgration scolaire est surtout individuel. Quelques affaires aussi font voluer les positions : ainsi, en 1987, le dbat sur la rforme du code de la nationalit, o beaucoup des jeunes issus de limmigration maghrbine ont montr que leur allgeance se fondait en grande partie sur la socialisation par lcole. De mme, laffaire des foulards, en 1989, a relanc le dbat sur une lacit remettre au got du jour et sur les rponses fournir lIslam dans lcole. Les annes 1990, semblent marquer un autre tournant, celui du choix de lintgration et de la mise en question du droit la diffrence. Dans la majorit des cas, le voile exprime une volont dintgration de jeunes filles qui ne trouvent pas dautre moyen de ngocier et dapprivoiser la distance entre la communaut de leurs parents et la socit franaise ; cest une volont dintgration sans assimilation, une aspiration tre franaise et musulmane. Cest enfin lexpression dun recouvrement de leur dignit en raction la xnophobie des autres. Il est vrai quil tait demand lcole, non pas de faire triompher la raison et les programmes scolaires, mais de crer lesprit de libert et de responsabilit partir de lexprience vcue, de transmettre des connaissances mais pas dignorer les histoires de vie. Pour cela, elle doit cesser dopposer thoriquement intgration et diffrence, universalit et particularit, car aucun na le droit de sidentifier ce que dautres devraient apprendre, comme si aucun ntait charg dune histoire particulire. Lexclusion et donc la dscolarisation de ces jeunes filles pose un problme majeur relativement ce quest et doit tre une cole rpublicaine, o lducation est offerte tous.
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ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 A lissue de cette enqute, nous questionnons le modle dintgration franais : peut-il continuer intgrer en assimilant ou doit-il accepter un certain cart entre lassimilation et lintgration ? III - Les jeunes dorigine maghrbine et le changement social et culturel dans la socit daccueil Les barrires qui sparent parents et enfants cause du nouveau milieu ne font quaccentuer les problmes dadaptation vis--vis de la socit daccueil. Les enfants, peu peu, soulvent les diffrences culturelles entre leur vie familiale et leur vie scolaire : des diffrences qui, toute premire vue, paraissent contradictoires. Dpourvus de moyens pour soutenir leurs enfants dans leur apprentissage scolaire, les parents immigrs se sentent impuissants. Certains pensent quil sagit l dun bricolage interculturel, en utilisant le terme de G. Vinsonneau (1996) ou en dautres termes, dun produit syncrtique de deux cultures procdant de valeurs et dunivers mentaux diffrents tant aux plans historique que religieux. Certes, les jeunes en question sont crateurs de culture en ce sens quils puisent dans leur double source culturelle des lments quils rinterprtent, car toutes les cultures sont dynamiques. Depuis vingt ans, tous les ministres de lIntrieur ont analys les problmes des banlieues sous langle exclusivement scuritaire, sans jamais se demander do vient la violence, linscurit et les inciviliss. Le fond du problme est plus srement que cette jeunesse issue de limmigration maghrbine se sent relgue, ignore, rejete. Entre le modle rpublicain d intgration et lexclusion sociale et scolaire des jeunes, leur identit se perd, ce qui peut les amener chercher leur identit dorigine dans la religion. Tous les jeunes de notre enqute se souviennent dune enfance comme les autres enfants franais, mais partir du collge et lyce commencent les difficults identitaires : jtais une lve au collge, au moment de la guerre du Golfe, a la politique ne mintressait pas, mais un jour un lve franais ma dit : cest cause de vous, les Arabes, quil y a la guerre, cest ce quil coutait peut-tre chez lui, cest la premire fois que jai senti que je ntais pas franaise . Cest sans doute au collge et au lyce que commence lethnicisation de ces jeunes et leur marginalisation : cest au lyce, quon commence connatre notre vraie identit, cest l o javais des difficults pour comprendre certains mots, au contraire des autres lves franais ; oui, au lyce jai trs bien compris que jtais diffrente des franais, je suis trangre . Ce processus de marginalisation du systme scolaire qui narrive pas intgrer les lves en difficult, donne naissance une identit oppositionnelle parfois agressive envers lcole et les enseignants. Si les jeunes dorigine maghrbine font lexprience de la discrimination, tous, cependant, ne la dfinissent pas raciste. La variation individuelle des descriptions passe par la diversit 14
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 des situations voques, plus exactement de celle des modes dauto-dfinition des sujets celle des rles sociaux reprsents. 1 Changement dans les normes traditionnelles La situation dmigration, en rduisant la vie sociale extrieure la famille, renforce les liens qui unissent la mre aux enfants, dans un pays tranger, donc menaant, lintensit renouvele des relations entre la mre et les enfants conduit celle-l transmettre un ensemble de normes explicites sous formes de jugement moral et de rappel lordre plus aux moins nergique. LIslam fournit ventuellement un systme dexplication et de justification la transmission de normes de comportement conforme la socit dorigine. (Schnapper, 1991). Dans la communaut maghrbomusulmane, lIslam est un lment de base de la personnalit. Le Coran et le Hadith (Sunna) constituent linvariant par excellence. Le contenu est peru la fois comme message ternel et en mme temps comme idal de vie. Se conformer leurs rgles et lois est impratif pour tout individu. Gnralement, le systme culturel maghrbomusulman est centr autour de cette triple exigence : Identifier, analyser, comprendre la tradition . Ainsi la relation tradition / modernit ou linnovation peut tre la source de tension dans une situation de crise. Cette tradition traduit gnralement lensemble des pratiques, des comportements, des attitudes et des croyances ou des reprsentations fondes sur des valeurs, rgles et des prceptes que diffuse la religion islamique. On peut penser que la dialectique de la tradition et de la modernit dtermine le rapport quentretient le migrant avec son identit culturelle dorigine et le choix des modles ducatifs. Aussi, avant daborder en pratique le changement social et culturel, est-il ncessaire de comprendre non pas lensemble des mcanismes constitutifs de lordre social maghrbomusulman mais les traits qui constituent les rapports entre les sexes. Dans lIslam, les derniers sont en opposition, alors que, sur bien des points, lvolution de la socit franaise tend affaiblir la diffrenciation entre les sexes. La problmatique du changement social et de laccs la modernit par linnovation est un processus caractristique de cette communaut en gnral et de lindividu en particulier. Il existe deux tendances : lune rigoriste et fidle la tradition, lautre plus modre, qui accepte plus ou moins lintgration de linnovation dans la tradition. La premire tendance, rpertorie dans lenqute, est celle des jeunes croyants et pratiquants, qui gardent les traditions transmises par les parents, et toujours lies au pays dorigine : Ma culture est islamique, car je suis musulmane, mme si je suis ne en France, je suivrai toujours mes origines , Ma culture na pas chang et je pense ne changera jamais : cest tre musulmane . Cette catgorie des jeunes est plus fidle la tradition et aux coutumes des parents. Au contraire, lautre catgorie a dj accept linnovation et la modernit : ce sont des jeunes moins pratiquants ou non-pratiquants qui ont reu la mme ducation traditionnelle 15
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 et religieuse de leurs parents, mais qui ont choisi de porter une autre culture, diffrente de celle de leurs parents : Ma culture est franaise, on ne peut pas renier les origines, il faut tre en accord avec soi-mme, avoir une culture diffrente signifie aussi respecter celle des parents . 2 Culture dorigine et changement de statut Dans le systme maghrbomusulman, comme dans la plupart des systmes culturels, si les hommes sont agents et promoteurs de la culture, les femmes sont le rceptacle et le garant de ses valeurs les plus centrales. La fonction symbolique fminine est ainsi fortement privilgie. Lorsque les femmes de migrants arrivent en France, elles se sentent inscurises par les coutumes et les murs franaises, qui, bien que sduisantes, constituent une menace pour leur identit. Pour se protger, elles ont tendance se replier sur les valeurs traditionnelles de leur communaut. Elles sont implicitement encourages par les hommes qui nont nulle envie de les voir smanciper et sefforcent de prserver le statut quo. Un nombre important des femmes maghrbines migrantes restent illettres, napprennent pas le franais, ne sortent pas sans tre accompagnes. De plus, si, dans leurs pays dorigine, les parents se trouvaient en harmonie avec leur culture et capable de sadapter aux changements dune socit en volution, lintgration les coupe de ces capacits volutives et les fige dans des attitudes dfensives destines prserver leur identit. Vinsonneau (1996) souligne que ces stratgies visent surtout le domaine des prescriptions religieuses et familiales, deux points forts de la culture maghrbomusulmane. Pour tenter de mesurer linfluence que peut avoir lducation scolaire sur la vie familiale, un certain nombre de questions ont t poses sur les sujets de conversations abords entre parents et enfants/jeunes ( propos de sentiments, de sexe, de mariage) ainsi que leur perception de la rpartition des tches mnagres. Pour la premire question, il semble que la discussion sur le sexe reste toujours tabou entre parents et jeunes dans la famille maghrbine migrante ; le mariage peut tre un sujet de discussion entre mres et filles, la vie sentimentale aussi, mais pas avec le pre. Pour les garons, les discussions de ce genre restent interdites et surtout avec le pre qui reprsente le chef de lunit familiale, quil faut obir et quil faut couter. On observe cependant quil y un changement de mentalit entre la premire et la deuxime gnration sur le deuxime sujet abord : la plupart des jeunes sont pour le partage des activits domestiques entre les deux poux seulement 15% dclarent que la cuisine et la vaisselle sont des tches fminines. Ce changement est d en premier lieu au niveau scolaire de la deuxime gnration et aussi au changement du statut de la femme, cest-dire le passage de la femme au foyer la femme active et lettre. Le changement de mentalit et du statut de la femme chez ces jeunes ne signifie pourtant pas une rupture avec la religion ou la tradition : cest un progrs des ides modernes sur la femme et la vie du couple en gnral (la religion dailleurs ne marginalise pas la femme mais elle donne la priorit son rle ducatif). 16
Ce statut de la femme en Islam et au Maghreb particulirement sarticule, partir de structures profondes, telles que celles de la parent ou celles ordonnes partir du Coran et dautres structures plus contingentes qui ont leurs racines dans des conditions socioconomiques et historiques indissociables. 3 Les jeunes musulmans en France : Entre Islam culture et Islam pratique La religion revt un caractre collectif du fait du contrle social qui tend aligner les pratiques des individus sur les valeurs morales dessence religieuse. Dans le cadre de la population maghrbine en France et compte tenu de sa spcificit religieuse, ce sont toujours les pratiques ducatives, dtermines par la notion de lhonneur et de la diffrenciation sexuelle dans les divers champs des pratiques sociales, qui priment et guident les stratgies de socialisation. La diffrenciation des identits sexuelles est au centre de lducation des parents. Cest un lment dautant plus important quil se situe comme un principe de loi intangible dans la vision ducative islamique de la famille. En France, il existe dimportantes spcificits sociales qui distinguent lensemble des familles franaises de la majorit des familles maghrbines : une plus forte fcondit des femmes, des classes dge plus jeunes, un taux beaucoup plus important douvriers et de chmeurs, et dautres caractristiques communes aux immigrs rcents qui se trouvent tre surtout musulmans aujourdhui. On a l, de faon rcurrente, un cheveau de difficults qui se traduit par la dstabilisation, la marginalisation, parfois la dviance sociale et qui sont contemporaines de lapparition, depuis le milieu des annes 1970, dun grand nombre de mouvements et dassociations qui entendent sattaquer ces problmes en y apportant - ce qui est nouveau en France - une solution islamique , selon lexpression de Gilles Kepel (1991). Lintgration, selon Kepel (1991), suppose que soit brise la logique communautaire. Cela ne peut se faire uniquement par la rpression couple avec le rappel incantatoire des principes de la lacit. Il faut aussi rechercher les causes de la constitution de ples communautaires comme le mouvement pitiste islamique, voir quels maux de notre socit, ajoute Kepel, ils prtendent rpondre, et den proposer une thrapie plus efficace si lon veut promouvoir une socit o lintgration et la lacit ne soient pas seulement une ritournelle pour les intellectuels des beaux quartiers. En situation migratoire, lespace priv revt une dimension particulire : il devient le lieu de la transmission des valeurs et des modles dorigine. Cest au sein de la famille que se transmettent les modles dorigine avec ce quils ont, la fois, de concret et de symbolique, et lordre maghrbomusulman dans ce quil a de plus fondamental et de plus quotidien. Le rapport des migrants au domaine priv, lien dinscription des valeurs passes, permet de saisir le changement social des jeunes et danalyser la dialectique de lintriorisation et de linterprtation de la tradition parentale.
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ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 Pour tout musulman, le meilleur moyen de raliser laccord voulu par Dieu, est avant tout dassurer sa masculinit et pour la femme de prendre en charge sa fminit. La sparation des rles est au centre de la constitution de lidentit des filles et des garons. Ds lors, tout est fait pour moduler lidentit des filles selon une conception fminine traditionnelle dont lobjectif est de distinguer leurs pratiques sociales, culturelles, voire symboliques, de celles des garons. La transmission de la religion se fait par les parents travers une stratgie qui conjugue la fois des pressions morales, mais aussi une sorte dembellissement de ces pratiques pour viter lenfant den percevoir laspect contingent. Les sujets enquts sont tous des croyants, mais la majorit dentre eux, ne sont pas pratiquants ; mme les filles qui dfendent le voile et la virginit, ne portent pas de foulard islamique. En revanche, il est trs difficile davoir une rponse relative aux rapports sexuels avant le mariage. Elles dfendent largement les habitudes religieuses traditionnelles mme si elles ne pratiquent pas les piliers de lIslam. Ces jeunes se sentaient franais au dpart, pendant leur enfance et adolescence, mais aprs le coup mdiatique contre lIslam et les musulmans en France et dans le monde concernant laffaire du voile notamment, se sont, pour beaucoup, rendus compte quils taient dabord musulmans, et ont commenc approfondir leur connaissance religieuse. LIslam de banlieue, le terme le plus rpandu ces dernires annes, est d la crise conomique et sociale des jeunes maghrbins, qui se sentent sans identit et essaient de la trouver dans la religion - ce qui expliquerait laugmentation du nombre de pratiquants dans les banlieues et les quartiers populaires. Conclusion La multiplication des grands ensembles et des Zup a donn une grande visibilit la deuxime gnration des franais dorigine maghrbine dans lespace public. De surcrot, les discours mdiatiques et savants se focalisent sur une seule composante de ce groupe : les jeunes issus de limmigration maghrbine, constamment renvoys leur origine ethnique, une religion que la moiti dentre eux ne pratique pas parfaitement. Cette partie de la jeunesse, dont lchantillon retenu est en partie reprsentatif, prsente au plus haut point les caractristiques sociologiques propres toute la deuxime gnration. Le degr extrme de domination quont subit leurs parents sans pouvoir protester, les multiples formes de rejet quils vivent chaque jour engendrent chez eux un profond dsir dintgration. Mais ils ont besoin dexprimer publiquement leurs refus dun monde qui les mprise et les dlaisse. Les comportements violents auxquels se livre une fraction de cette jeunesse refltent la fois son intgration dans lunivers local qui est le sien (la cit) et son refus daccepter le sort qui lui est fait. En effet, la domination et la dvalorisation de la culture des migrants, tant par la socit que par linstitution scolaire, ont permis au courant intellectuel de transposer au cas des jeunes dorigine maghrbine les thses de la violence symbolique du systme ducatif. Elles montrent que les enfants de migrants connaissent une mauvaise adaptation et lchec 18
ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 scolaire parce que linstitution scolaire, travers le principe du traitement galitaire, procde une vritable dngation socioculturelle de ces jeunes qui finissent par sautodvaloriser. Lcole leur renvoie une image ngative deux-mmes et de leur culture dorigine. Ils intriorisent le sentiment dinfriorit qui dbouche sur la non-comptence et lvitement scolaire. Lcole joue donc un rle trs important parmi les sources du conflit culturel que connaissent les jeunes dorigine maghrbine. Elle est pour eux une instance majeure de lvaluation culturelle. Mais elle ignore la variance socioculturelle. Ce qui produit un conflit qui ne peut pas clater, mais qui est profondment ressenti. Cest peut-tre ce dni, ancr dans la routine scolaire et dans le code du savoir scolaire, que les jeunes dnomment racisme lorsquils se plaignent des enseignants et de lcole en gnral. Entre cole et famille, les jeunes maghrbins baignent dans cette contradiction perptuelle entre une vie familiale rgie par le respect dune autorit et une vie en socit o la permissivit est de rigueur. Des jeunes qui, dans le pass, auraient cherch lexplication de leurs problmes dans des engagements politiques, sociaux, sont sans doute tents aujourdhui de combler leur angoisse sociale en cherchant la rponse leurs difficults dans la dimension religieuse. Sil peut tre question dun retour au religieux, il sagit dabord dune proccupation identitaire, qui ne traduit pas seulement une crise didentit culturelle mais qui exprime aussi une crise didentit sociale. Nous relions cela au fait que les jeunes issus de limmigration maghrbine sont en majorit issus de la classe ouvrire, du monde populaire. Or, ce monde est bascul, perturb, il est frapp par le chmage et lexclusion sociale, et ses valeurs sont en crise. Si, dans le pass, un jeune issu de limmigration maghrbine pouvait se considrer comme ouvrier, aujourdhui il se questionne sur le fait de savoir qui il est. A partir de l, la religion apparat comme une piste pour trouver des rponses. Cette qute didentit sexprime chez les jeunes sous forme parfois paradoxales, avance Dounia Bouzar (2001). Comme lengouement de plus en plus grand pour lIslam dans les cits, qui, contrairement ce quon pourrait penser, est en fait un signe dintgration : cest prcisment parce que les jeunes ont abandonn toute ide de retour et se sentent vraiment chez eux quils se cherchent maintenant des racines culturelles et religieuses, non plus en reniant, mais en assumant leur pass. Abdellah El Abbady Notes [1] Le Bras (1997) a not lusage de dix vocables pour dsigner la population immigres : immigrants , migrants , sous-ensemble population trangre , apport tranger , population migrante , prsence trangre , immigrs , population immigre , trangers , population trangre .
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ESPRIT CRITIQUE 2006 VOL.08, NO.01 [2] Traitant la relation intergnrationnelle, nous utilisons le terme enfant par commodit et parce que aux parents on associe communment les enfants - rappelons cependant que, pour notre chantillon, plus que des enfants, il sagit de jeunes de 18 25 ans. Rfrences bibliographiques Abou, Selim, (1981) Lidentit culturelle, Paris, dition anthropos. Akkari, A. (2001) Les jeunes dorigine maghrbine en France : les limites de lintgration par lcole , in revue lectronique de sociologie, vol 03, n 08, aot. Beaud, S. (2002) 80% au bacet aprs ? Les enfants de la dmocratisation scolaire, Paris, la dcouverte Belbahri, A. (1987) Immigration et situation post-coloniale, Paris, lHarmattan. Bourdieu, P. & Passeron, J-C. (1970) La reproduction, Paris, dition de minuit. Bourdieu, P. (1963) Sociologie de lAlgrie, Paris, PUF Bourdieu, P. (1993) La misre du monde, Paris, Seuil. Bouzar, D. (2001) Lislam des banlieues - les prdicateurs musulmans, travailleurs sociaux ? Paris, Syros. Braudel, F. (1986) Lidentit franaise, les hommes et les choses, Paris, Flammarion. Caille J-P et Vallet L-A (1996), Nationalit, lieu de naissance et autres approches : pertinence compare des scolarits en France Espace, populations, socits, n 2-3. Charles. G & Stehli. J-S (2001), La France maghrbine, ou en sont les beurs ? , lExpress, 08 novembre Dewitte, P. (1999) Immigration et intgration, Ltat des savoir, Paris, la dcouverte. Dolle, N. (2002) La rpublique et ses immigres, qui reprsentera les musulmans de France ? , Le monde diplomatique, janvier. Dubet, F. (1987) La galre, jeune en survie, Paris, Fayard. Establet. R. (1987) Lcole est-elle rentable ? Paris, PUF. Fanon, F. (1971) Peau noire, masques blancs, Paris, Seuil. Fenart, J-s.P. Boutignat (1999) Thories de lthnicit, Paris, PUF. Fenart, J-S. (1989) Les couples franco-maghrbins en France, Paris, Harmattan. 20
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