Unit didactique : lenseignement du commentaire compos

Squence : Comprhension du texte

Fiche 1 : Lecture attentive et itrative
Objectif oprationnel :
A la fin de la sance, llve doit tre capable de bien lire un texte littraire.
Pr-requis :
Quels sont les paramtres dune bonne lecture ?
- Il y a la diction, le dbit, la voix, la perception
Droulement :
Support :
Cette religion qui ne fait que nous apporter des malheurs
Je voudrais savoir ce que vous rencontrez dans cette religion qui ne fait que nous apporter des malheurs.
Ici, tu as Nfumbaha1dormant sous la terre, derrire la maison de sa mre, un jeune homme qui a cherch sa
mort, parce quil a cru en cette religion qui est vtre dont je ne sais jusquo elle va vous conduire. Nous
autres, nous savons travers nos pres que les morts, une fois morts, traversent la frontire de la mort et
de la vie et partent vers le centre de la terre, aprs tre descendus et avoir travers le fleuve, pour rejoindre
l-bas les anctres, hommes sages et puissants qui veillent pour les leurs en cette vie. Maintenant arrive le
Blanc et il vous dit dornavant, ce nest pas en bas mais en haut que vous devrez partir, et vous, vous le
croyez. Je doute et ne cesse de douter. Et je me demande au cas o ce serait vrai, si l-bas en haut il y a un
autre sjour pour les Africains et si vous rencontrerez l-bas des anctres vous ? Comment tes-vous srs
que vous pourrez entrer dans le terrain sacr des Blancs, si ici sur la terre, ils ne vous laissent pas entrer,
puis-je savoir pourquoi vous voulez aller vivre l o on ne comprend de vous ni le langage ni les
coutumes. Ni mme la couleur de votre peau ne ressemble la leur.
Que cherche un Africain dans les nuages, pleins de froid sil ny a pas de fort o chasser, ni de fleuve o
pcher ? Stupides ! Plus que stupides ! Parce que sils vous laissent entrer dans leur ciel, ce serait
seulement comme domestiques ou esclaves.
Je crois que nous avons dj souffert suffisamment cause des Blancs, pour quune fois morts nous
continuions les souffrir. Stupides !
Par ces paroles se dissout la runion.

Maria NSUE ANGUE2, Ekomo, Editions LHarmattan, Paris, 1995.

Jeune homme du village, qui avait voyag en Europe et qui vient de mourir.
Ecrivain contemporain quato-guinen, journaliste de formation. Ekomo, publi en 1985 Madrid, est le premier
roman quato-guinen.
2

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 Lecture modle de lenseignant ;

Lecture mentale et individuelle des lves.
Questions :
De quoi est-il question dans le texte ?
- Il est question de lopposition de deux mondes : loccidental et lafricain.
Sur quoi porte vritablement cette opposition ?
- Elle porte sur les cultures. Le narrateur exprime sa dsapprobation de lacculturation, du mode
vie occidental.
Comment exprime-t-il ses sentiments ?
-Il le fait de faon nergique, voire catgorique.
Sur quoi vous tes-vous appuys pour le dire?
-Nous nous sommes appuys sur les lments suivants :
*le titre, suffisamment loquent;
* lvocation de Nfumbaha, comme une victime;
*lemploi rptitif du terme dvaluatif, stupides , appliqus aux acculturs ;
*de nombreuses interrogations rhtoriques prsentes dans le texte, pour appuyer le
rejet de la culture occidentale;
* discours sens unique, aucune objection ;
* tonalit critique, voire polmique (ponctuation expressive).
Ces lments, parmi dautres, permettent donc de bien comprendre les grandes orientations du
fragment.
2
Pour bien lire un texte, que faut-il finalement faire ?
Formalisation :
Pour bien entrer dans un texte littraire, il importe avant tout de bien le lire. Il sagit de le
parcourir dans un premier temps pour prendre conscience de faon nave de son contenu. Ensuite,
on le relit, en tenant compte de tous les lments graphiques et phoniques qui le composent pour
en lucider provisoirement les difficults formelles. Enfin, on procde une troisime lecture.
Celle-ci est dite latente. On procde la mise en relation provisoire des lments du fragment,
tout en cherchant en rvler les sous-entendus. Ici, la ponctuation joue un rle trs important.
Exercice dapplication :
Lecture et analyse rapide de deux textes dune dizaine de lignes chacun.
Rinvestissement : Lire la maison un extrait de lune des uvres intgrales retenues (par
exemple Le Pre Goriot de Balzac3 ou Une vie de boy dOyono4).

Auteur franais du XIXme sicle, un des porte-flambeau du ralisme.

Ecrivain et homme politique camerounais, il a notamment publi trois romans qui posent la question de la rencontre
entre lAfrique et lOccident.
4

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Fiche 2 : Regard para textuel

Objectifs oprationnels
A la fin de la sance, llve doit tre capable dexaminer le para texte dun extrait et de
lexploiter.
Pr-requis :
Dfinition du para texte et identification des lments constitutifs.
-Ce sont les lments qui sont autour du texte. On peut y relever le titre, le nom de lauteur, le
titre de louvrage, la maison ddition, lanne et/ou le lieu de publication, le chapeau
Droulement :
Trois supports :
1

Ebarlare
Une ville sombre Masuku
Un vieux manguier tordu
Que le vent secoue la nuit
Et dans lombre de la nuit
Sort le petit Ebarlare
Une mangue roule de larbre
Comme une pierre de la montagne
Lenfant la fourre dans son pagne
Puis regagne sa morne demeure
Quel triste bonheur !
Cest toujours la mme vie
Dans ce corps tout chtif
Une mangue verte un peu de sel
Avec un vieux bout de manioc quel
Triste rgal pour Ebarlare
Mais quand la mangue ne roule
Mais quand le manioc ne tombe
Ebarlare sassied dans la cour
Et en pleurant tout le jour
Noue la trame de sa vie

Maurice OKOUMBA NKOGHE5, Paroles vives corches, Ed. A.R.C.A.M., Paris, 1980

Cest lune des plus grandes plumes gabonaises par la qualit et la quantit des uvres produites. Cet enseignant
des universits a dj fait lobjet de plusieurs distinctions littraires au plan national.

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2 Un pur cauchemar
(Le romancier a donn Shaba deux le dcor dun vnement historique : linvasion de Shaba,
en 1978, par les ex-gendarmes katangais rfugis en Angola depuis 1968. Mais cest surtout la
lutte interne et spirituelle de lhrone, sur Marie-Gertrude, que lon peut suivre travers ses
carnets)
Ma journe me revient. Un pur cauchemar. Mes malades habituels ont dsert ds quils les ont vus
arriver. Do sortent-ils ? Mystre. Ils taient en civil, avaient lhabit remarquablement sale et le visage
puis. Des membres dmis, des plaies vives et, dans trois ou quatre cas, des blessures indniables de
balles. Des militaires sortant de la nuit ou de pauvres villageois pris entre deux feux ? Ils nappartiennent
certainement pas aux troupes katangaises qui occupent la ville. Leurs blesss entrent dans les meilleurs
hpitaux, le regard hroque. Ceux-ci suaient la peur. A neuf heures du matin, ils taient cinq ; dix
heures, onze ; et, en fin de matine, une quinzaine. Je dois supplier la plupart dentre eux de se rendre
lhpital de Gcamines. Les dpartements y sont mieux quips et les soins meilleurs que ceux offerts par
un petit dispensaire de quartier. Ttus, ils disent tous non. Je pansais une jambe, lorsque jai entendu le
vrombissement dune jeep. Cest ce moment que je me suis rendu compte que Jacques6 ntait pas dans
linfirmerie. Une dbandade. Des cris. Je me suis prcipite vers la grande entre. Jacques tait l, flanqu
de quatre Katangais. Les gendarmes se sont saisis de deux blesss qui navaient pu senfuir et les ont
emmens avec eux.
Jai regard Jacques. Imperturbable, il a soutenu mon regard. Quelque chose sest fendu en moi. La colre
mest monte la tte, en nergie aveugle. Jallais clater. Comme un clair, un air a travers mon esprit :
lesprit de Dieu ta envoy proclamer la paix La paix, quelle paix ! Je me suis assise sur une
chaise. Jacques tait toujours devant moi. Je lui ai, trs calmement, donn son cong dfinitif. Jai ensuite
ferm le dispensaire et suis rentre Emmas.

Valentin-Yves MUDIMBE,7 Shaba deux, Editions Prsence Africaine, Paris, 1989.

3 Afrique
Afrique mon Afrique
Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales
Afrique que chante ma grand-Mre
Au bord de son fleuve lointain
Je ne tai jamais connue
Mais mon regard est plein de ton sang
Ton beau sang noir travers les champs rpandu
Le sang de ta sueur
La sueur de ton travail
Le travail de lesclavage
Lesclavage de tes enfants
Afrique dis-moi Afrique
Est-ce donc toi ce dos qui se courbe
Et se couche sous le poids de lhumilit
Ce dos tremblant zbrures rouges
6

Aide-infirmier de sur Marie-Gertrude.

Cet crivain congolais de lex-Zare est prsent par de nombreux critiques comme le romancier dtres torturs ou
lamins par la drive des vnements. Shaba deux fait le rcit de la dsintgration dune communaut religieuse et de
tout un groupe humain, dans une guerre civile.
7

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Qui dit oui au fouet sur les routes de midi

Alors gravement une voix me rpondit
Fils imptueux cet arbre robuste et jeune
Cet arbre l-bas
Splendidement seul au milieu de fleurs blanches et fanes
Cest lAfrique ton Afrique qui repousse
Qui repousse patiemment obstinment
Et dont les fruits ont peu peu
Lamre saveur de la libert.

David DIOP, Coups de pilon, Prsence Africaine, Paris, 1973.

Regardons ces textes. Ont-ils un para texte ?
- Oui, chacun deux a un para texte.
Identifions-le.
Pour le premier :
Le titre, Ebarlare ;
Le nom de lauteur, Maurice OKOUMBA NKOGHE,
Le titre de louvrage do est tir le texte, Paroles vives corches,
La maison, le lieu et lanne ddition, Ed. A.R.C.A.M., Paris, 1980.
Pour le deuxime :
Le titre, Un cauchemar ;
Le chapeau, situation du texte;
Le nom de lauteur, Valentin-Yves MUDIMBE ;
Le titre de luvre do est extrait le texte, Shaba deux ;
La maison, lanne et le lieu de publication, Editions Prsence Africaine, Paris, 1989.
Pour le troisime :
Le titre, Afrique ;
Le nom de lauteur, David DIOP ;
Le titre de luvre do est tir le texte, Coups de pilon ;
La maison, le lieu et lanne ddition, Prsence Africaine, Paris, 1973.
Sur quoi portent ces allusions ?
-Elles portent sur les circonstances relatives la production de ces extraits.
Quel en est lintrt?
-Ces lments orientent la comprhension du texte. Ils donnent dj la thmatique centrale et les
circonstances qui entourent la publication ou ldition. Ils clairent, dune certaine manire,
certains aspects de la page.
En quoi doit-on y accorder un intrt pour lanalyse dun texte ?
-On doit en tenir compte parce quils situent de faon gnrale par rapport aux enjeux et aux
circonstances de lextrait. Ils peuvent viter les contresens dans la comprhension.

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Formalisation :
Le para texte renvoie aux diffrentes indications qui entourent le texte. Il en est ainsi du titre, du
chapeau, du titre de luvre do il est extrait, de lanne de publication, de ldition, de la
collection ou mme de toutes les notes explicatives qui peuvent accompagner le texte. Ces
diffrents lments situent le fragment et permettent de mieux le comprendre.
Exercice dapplication :
Examiner deux extraits (exemples : un extrait de Cahier dun retour au pays natal de CESAIRE8
et un fragment de Madame BOVARY de FLAUBERT9). Identifier le para texte. Donner son
importance.
Rinvestissement :
Trouver la maison trois textes, essayer de reprer leur para texte et donner leur importance.
Prparer le travail lcrit, avec des supports textuels.

Ecrivain et homme politique martiniquais de renom. Avec SENGHOR et DAMAS, il a cr dans les annes 30 le
mouvement dmancipation des consciences noires appel Ngritude
9
Ecrivain franais talentueux du XIX me sicle, oscillant entre naturalisme et ralisme.

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Fiche 3 : Impressions gnrales et reprages

Objectifs oprationnels :
A la fin de la sance, llve doit tre capable de dgager les impressions gnrales dune
page et les reprages centraux.
Pr requis :
Que peut-on entendre par impressions sur un texte ? Quentend-on par reprage ?
- Les impressions font allusion aux sentiments suscits au premier abord et les indices
textuels font partie du reprage, comme lments de preuve.
Droulement :
Support :
Plus dEdongo
Mon village nest plus
Mon beau village est mort
Tu par la ville et lvolution
Tu par lmancipation.
Mon grand-pre nest plus
Mon bon grand-pre est mort
Tu par la vieillesse
La maladie et lusure.
Ma grand-mre nest plus
Ma gentille grand-mre est morte
Tue par les durs travaux des champs
La marche en fort et le paysannat.
Mon pre nest plus
Mon fameux pre est mort
Tu par largent
Lalcool et les femmes.
Ma mre nest plus
Ma tendre mre est morte
Tue par les soucis des enfants
La misre et labandon.
Moi la progniture je ne suis plus
Moi-mme le rejeton je suis mort
Tu par lorgueil et la vanit
Tu par la gourmandise et la luxure
Tu par la paresse
La corruption et lopprobre.

Quentin Ben MONGARYAS10, Voyage au cur de la plbe, 1986

10

Pote contemporain, avec Rawiri et Dpenaud, il fait partie des premiers potesgabonais.

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Le lire progressivement et poser des questions de comprhension.

Quels aspects sen dgagent ?
- Convocation des notations familiales ;
- Lapocalypse ; tout le monde est tu ( nest plus , je ne suis plus ) ;
- La dtresse est poignante;
- Implication personnelle ( moi , ma , mon , moi-mme )
Que peut-on en dduire ?
- Les diffrentes rsonnances renvoient un monde compltement dvast, pour
mieux dire, mort ;
- Lauteur est un tre meurtri, mort, jusquiau plus profond de son tre.
Sur quels paramtres peut-on sappuyer pour lexaminer?
- les rseaux lexicaux les plus rcurrents ;
- les rptitions de termes ( tu ) ;
- les images ( tu par lorgueil et la vanit , tu par la gourmandise et la
luxure ) ;
- des figures du discours vocateurs (lhyperbole et la mtaphore traversent le texte)
Comment faire des reprages centraux dans un texte ?
Formalisation :
Les impressions sont fonction des textes et du ressenti du lecteur. Pour parvenir les dgager, on
peut sappuyer sur la forme matrielle du texte, la ponctuation, les sonorits, les images, les
structures syntaxiques ou lexicales, lenchanement des ides, entre autres. A partir de ces
impressions se rvlent galement les grandes zones de sens qui vont commander des reprages
prcis.
Exercice dapplication :
Analyse dun extrait dune dizaine de lignes.
Consigne : dgager les impressions et les principaux reprages.
Rinvestissement :
Distribution de trois extraits traiter la maison (choisis en fonction des objectifs viss et des
lments mettre en valeur).

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Squence : Analyse
Fiche 4 : Exploitation dune page
Objectif oprationnel :
A la fin de la sance, llve doit tre capable danalyser un texte.
Pr requis :
Que signifie analyser un texte ?
-Analyser un texte signifie lexaminer pour mettre en lumire ses zones de sens, lexpliciter,
le creuser pour en rvler les non-dits, les sous-entendus et les prsupposs.
Quels types danalyse de texte connaissez-vous ?
-Pour analyser un texte, plusieurs approches existent. Il en est ainsi de la lecture mthodique,
la lecture suivie, lecture analytique, le commentaire compos
Droulement :
Support
Guine11
Cest le lent chemin de Guine :
La mort ty conduira.
Voici les branches, les arbres, la fort,
Ecoute le bruit du vent dans les longs cheveux
dternelle nuit.
Cest le lent chemin de Guine :
Tes pres tattendent sans impatience
Sur la route : ils palabrent.
Ils tattendent.
Voici o les ruisseaux grelottent
Comme des chapelets dos.
Cest le lent chemin de Guine :
Il ne te sera pas fait de lumineux accueil
Au noir pays des hommes noirs :
Sous un ciel fumeux, perc de cris doiseaux
Autour de lil du marigot
Les cils des arbres scartent sur la clart pourrissante
L tattendent au bord de leau un paisible village et
La case de tes pres et la dure pierre familiale
o reposer ton front.

Jacques ROUMAIN, Pomes (1936-1945)

11

Selon la symbolique vaudou, le retour la Guine mystique dsigne le passage dans lau-del, aprs la mort.

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Regardons ce texte. Comment pouvons-nous lancer son analyse ?

On peut utiliser plusieurs entres. Ici, par exemple, on peut utiliser lentre formelle ou lexicale,
en examinant les caractristiques de lextrait du point de vue de la versification et des grandes
constellations lexicales. Dans ce sens, on peut faire les remarques suivantes :
-Cest un pome de vingt vers blancs, de longueurs varies, non organiss en strophes = on
dduira quil sagit dune posie libre ;
-Au niveau lexical, les notations qui apparaissent le plus charrient la spatialisation, le mouvement
( Guine , chemin , fort , route , ruisseau , pays , marigot , l , au bord
de leau , village , case ) = nul doute alors que la logique du voyage, dun changement
despace est mise en vidence ;
- Du point de vue stylistique, certaines figures du discours, comme la personnification,
notamment vers la fin du texte ( un ciel fumeux, perc de cris doiseaux , autour de lil du
marigot , les cils des arbres scartent sur la clart pourrissante ), mettent en exergue le
caractre chaleureux et humain du monde qui accueille ; ds lors, la mort nest plus envisage
comme une chute, mais comme un moment dascension et daccession un univers o la vie
baigne dans la communion, o il ny a plus dambiguit , pour emprunter les mots de Samba
Diallo12.
Formalisation :
Lanalyse dun texte est le moment o doit se lire la sensibilit de llve. Il opre en tenant
compte du type de texte ; car les textes, en fonction de leur nature, convoquent des orientations
techniques particulires, particulirement en rapport avec les lments techniques danalyse. Ici,
il importe dexaminer les lments porteurs de sens, de mettre en relation de faon trs troite
tout signe graphique avec le sens du texte. Tout lment est analysable sil ouvre une perspective
de comprhension.
Exercice dapplication :
Travail sur un texte choisi en fonction de lobjet dtude globale.
Rinvestissement :
Texte traiter la maison. Mme consigne, savoir, chercher les cls dentre dans un texte.

12

Personnage central de lAventure ambigu de Cheikh amidou Kane, victime de limpossible communion des deux
cultures au cur desquelles sest droule son existence. Seule la mort se prsente comme lissue salvatrice, pour
accder une vie sans ambiguit.

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Fiche 5 : Identification des outils

Objectif oprationnel :
A la fin de la sance, llve doit tre capable didentifier les outils danalyse dun texte.
Pr-requis :
Quentend-on par outil danalyse dun texte ?
-Cest un lment technique partir duquel peut se faire lexploration dun discours.
Quelles sont les catgories doutils quon peut relever ?
-Il y a les catgories grammaticale, typographique, stylistique, lexicale, phonique
Droulement :
Support
Lettre dun exil
Lencre de cette lettre sort de mon cur,
Vois, si je suis triste.
Jai perdu mon ciel et ma terre,
Je vis lhtel, suspendu
Comme un oiseau de passage
Dans un bois de fortune.
Le souvenir est le seul terroir qui me reste ;
Et parfois lenfance qui veut rejaillir
Parvient peine jusqu la mmoire.
Nous sommes de faux dieux :
Nous portons par devant des yeux
Qui ne peroivent que le pass.
Je suis seul tout seul prsent,
Et le froid frappe la porte.
Dans le lac gel du silence
Je suis la barque abandonne.
Les enfants ne mhabitent plus,
La femme est sortie de mes bras,
Qui fut longtemps consomme sous la lampe.
Mon cur sest dbattu pour la suivre,
Mais les curs souffrent la ghenne
Dans leur cage.
Je ne veux plus rien. Je donne ma maison
Aux rats, lherbe, aux ennemis ;
Quils achvent mon image
En dtruisant ces briques
O ma sueur nest pas encore sche.
Je flaire la nuit quil fera dans ma tombe
Car je nai plus de feu dans notre Plante.

Jean-Baptiste TATI-LOUTARD13, Les feux de la plante, NEA, 1977.

13

Pote congolais n en 1939.

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Identifions les diffrents outils susceptibles daider analyser ce texte, tout en faisant des
dductions sur leur apport au niveau du sens (de nombreuses questions orientes seront
poses pour amener les lves ressortir les diffrents aspects mis en valeur dans le
tableau).
Outils danalyse
Champ lexical de la dtresse

Adjectifs qualificatifs
Participe pass
Impratif
Phrase dclarative

Comparaison
Gradation ascendante
Rptition du mot

Reprage
exil (titre), triste (v1),
suspendu (v4), faux
dieux (v10), seul (v13),
froid (v14), silence (v15),
abandonne (v16),
souffrent (v21),
cage (v22), rien (v23),
nuit (v23), tombe (v23)
triste (v1), faux (v10)
suspendu (v4)
Vois (v2)

Interprtation
Dvoile le thme majeur du texte : la
douleur ou langoisse

Lencre de cette lettre sort de mon

cur (v1) ; Jai perdu mon ciel
et ma terre (v3)
Comme un oiseau de passage dans
un bois de fortune (5-6)
Je suis seul tout seul (v13
je (9 occurrences)

Enonciation de llgie, prsente

comme apocalyptique.

Mtaphore

lencre de cette lettre sort de mon

cur (v1)

Tonalit

cur (v1), triste (v2), je

(9 fois), suspendu (v4),
souvenir (v7), seul (v13),
souffrent (v21)

Termes renvoyant linconfort

Image de lalbatros baudelairien,

malheureux, incompris, tranger. 12
Intensit de lisolement ; un Cruso.
Insistance sur lindividualit, la
solitude.
Image de lpanchement
sentimental, caractre intime de la
parole, sincrit, profondeur.
Caractre lgiaque de la pge, car
la douleur personnelle est relle.

Que pouvons-nous dduire au terme de llaboration de ce tableau, certes non exhaustif ?

-Nous pouvons dire quil est une grille partir de laquelle les ressources du fragment sont mises
en vidence, pour en revler le sens.
Que faut-il alors retenir des outils danalyse dun texte ?
-Ce sont des cls techniques qui aident mieux explorer une page, pour en ressortir la
substantique moelle

Formalisation :
Un texte littraire est un systme doutils danalyse, un tissu .Lanalyse vise saisir les
rapports de sens entretenus par ses diffrentes constituantes pour dire. Et la richesse dun texte
tient la possibilit de pouvoir y extraire ou dnicher ces ressources de la langue.Tout lment
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entrant dans sa composition peut faire lobjet dun regard technique. Les outils danalyse sont de
plusieurs ordres.
Exercice dapplication : Trouver un texte dune dizaine de lignes.
Travail faire (Identifier les diffrents outils susceptibles daider analyser ce texte, tout en
faisant des interprtations possibles).
Je dtestais les peignes, convaincu sans doute que jy aurais toujours le dessous.
Au demeurant je naurais pas plus aim donner des coups que je naimais den recevoir. Tout de mme,
chez Vedel, il y avait un grand sacr rouquin au front bas, dont le nom mest heureusement sorti de la
mmoire, qui abusait un peu trop de mon pacifisme. Deux fois, trois fois, javais support ses sarcasmes ;
mais voil que, tout coup, la sainte rage me prit ; je sautai sur lui, lempoignai ; les autres cependant se
rangeaient en cercle. Il tait passablement plus grand et plus fort que moi ; mais javais pour moi sa
surprise ; et puis je ne me connaissais plus ; ma fureur dcuplait mes forces ; je le cognai, le bousculai, le
tombai tout aussitt. Puis, quand il fut terre, ivre de mon triomphe, je le tranai la manire antique, ou
que je croyais telle ; je le tranai par la tignasse, dont il perdit une poigne. Et mme je fus dgot de ma
victoire, cause de tous ces cheveux gras quil me laissait entre les doigts, mais stupfait davoir pu
vaincre ; cela ma paraissait auparavant si impossible quil avait bien fallu que jeusse perdu la tte pour
my risquer. Le succs me valut la considration des autres et massura la paix pour longtemps. Du coup,
je me persuadai quil est bien des choses qui ne paraissent impossibles que tant quon ne les a pas tentes.

Andr GIDE14, Si le grain ne meurt, (1920-1924)

Rinvestissement :
Travail didentification et dinterprtation des outils faire sur la base de lextrait suivant.
Pour ces sept jours, nous ferons des vires la plage, au cinma. Surtout pas aux sances programmes
tard dans la nuit, Trouville tant devenu une jungle o tout le monde se perd. Cest le colt qui fait
maintenant la loi. La vraie loi. On dit quon vous troue maintenant labdomen et la gorge pour quelques
pices de monnaie. La nuit. Le jour aussi. Devant tmoins. Personne, pas mme les hommes-lopards,
posts chaque dtour du chemin, le crache-feu en bandoulire, ne vous prte main forte. Leur
omniprsence, le long des rues, participe pour beaucoup au dcor insalubre dune ville sans charme. Cest
croire que seul le vert de leur vestimentaire fait office de verdure en ces contres o les espaces verts
sont si rares. Quon ne sen meuve. Les braves savent bien se rendre utiles. Adeptes de la divine
bouteille, les journes de racket se terminent toujours dans ces trous bruyants de dcibels. Pendant ce
temps, les hommes aux longs couteaux font leur safari. Allgrement. Pour taler aux yeux du monde leurs
tmraires exploits, ils exposent sans moi leurs trophes au grand public. A Trouville, le sang charrie les
trous des avenues. Avenues ? Plutt des rues lpreuses reconnaissables leurs pansements et leurs
cicatrices hideuses. Tout le contraire de Ymoville avec sa candeur, son amiti. Trouville est un caveau,
un Palerme des tropiques. Lorsquon quitte le lit au petit matin, on nest jamais sr de le retrouver avant le
petit soir. Entre le matin et le soir, il est probable quon vous envoie dans un trou. Trouville, nagure
radieuse, a maintenant tout lair dun monstre urbain o des milliers de serrures sautent tout instant. Du
fond de chaque maison, des rles de ceux qui reoivent des coups de poignard en plein cur. Ici, un
homme bat sa femme. L, on crie au voleur. L-bas, un enfant vient de crever. Tout ct, un corbillard,
toutes sirnes hurlantes, dpose un sarcophage. Plus loin, on crie au sparez-les . On vit dans cette
sarabande tous les instants. Comment ne pas se confondre en regrets, mme pour un petit temps hors de
Ymoville, lide daller sempoisonner lexistence Trouville ?

Armel NGUIMBI15, Le Bourbier, Editions Odette Maganga, 2012.

14

Ecrivain franais, auteur de plusieurs uvres, GIDE a t Prix Nobel de littrature en 1947.

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13

Fiche 6 : Organisation par convergences

Objectif oprationnel :
A la fin de la sance, llve doit tre capable dlaborer un plan de commentaire compos.
Pr requis :
Quest-ce que le plan dun travail ?
-Cest la ligne directrice, la structure ou les tapes harmonieuses dun travail.
Droulement :
Support le texte prcdent et les diffrents lments danalyse relevs.
Outils danalyse
Champ lexical de la
dtresse

Adjectifs qualificatifs,
Participe pass,
Impratif
Phrase dclarative

Comparaison
Gradation ascendante
Rptition du mot
Mtaphore
Tonalit

Reprage
exil (titre), triste (v1),
suspendu (v4), faux
dieux (v10), seul (v13),
froid (v14), silence (v15),
abandonne (v16),
souffrent (v21),
cage (v22), rien (v23),
nuit (v23), tombe (v23)
triste (v1), faux (v10)
suspendu (v4)
Vois (v2)

Interprtation
Dvoile le thme majeur du texte : la
douleur ou langoisse

Lencre de cette lettre sort de mon

cur (v1) ; Jai perdu mon ciel
et ma terre (v3)
Comme un oiseau de passage dans
un bois de fortune (5-6)
Je suis seul tout seul (v13
je (9 occurrences)

Enonciation de llgie, prsente

comme apocalyptique.

lencre de cette lettre sort de mon

cur (v1)
cur (v1), triste (v2), je
(9 fois), suspendu (v4),
souvenir (v7), seul (v13),
souffrent (v21)

Termes renvoyant linconfort

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Image de lalbatros baudelairien,

malheureux, incompris, tranger
Intensit de lisolement ; un Cruso.
Insistance sur lindividualit, la
solitude.
Image de lpanchement sentimental
Un pome lgiaque

Comment pouvons-nous les organiser dans un plan ?

On regroupe les lments par convergences, cest--dire en mettant ensemble les plus proches
smantiquement.

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Didacticien, auteur gabonais, Nguimbi est particulirement proccup par les questions sociales.

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Ici on peut retenir comme plan possible, les orientations suivantes (on y arrivera par un
questionnement pertinent et progressif) :
I.
Lexpression des sentiments douloureux
(Les rfrences renvoient au tableau)
A) Solitude insurmontable : rptition de je , gradation ;
B) Inconfort pathtique : titre, comparaison ;
C) Angoisse poignante : phrase dclarative tonalit.
Formalisation :
Le plan est le moment o on organise tout ce qui a t relev ou identifi travers le regard port
sur le texte. On opre par units de sens. En dautres termes, on mettra ensemble, dans un premier
temps, les lments qui vont dans la mme orientation. Ensuite, on dfinit les tapes de chaque
partie, avant dy mettre les lments qui la sous-tendent, on prvoit les rfrences au texte et les
lments techniques, de faon harmonieuse et quilibre.
Exercice dapplication :
Travail sur le texte suivant. Lexplorer et essayer dlaborer un plan danalyse possible.
(Le roi de la Rpublique des Oublis, le Pre de la nation et regrett Grand Oubli, est mort.
Doute et inquitude sinstallrent sur toute ltendue du pays)
Le despote partit sans dire au revoir, sans dire o se terminait son voyage, sans dire o le retrouver pour
rcuprer la dernire valise qui pouvait srement sauver le peuple de sa situation de misre ; cette valise
salvatrice qui pouvait boucher les nids de poule des routes du pays ; cette valise qui amliorerait les
conditions de vie des citoyens. Peine perdue, il allait falloir faire sans lui, moi aussi dailleurs qui attendais
dtre intgr dans la vie des Oublis ; il allait falloir se dbrouiller, pleurer pour les cinquante ans venir
dj couverts de dettes et que nos fils et petits-fils devraient satteler couvrir. Le peuple tait presque
mort avec lui, car sans avenir, sans repres, sans boussoles qui donnaient la vie, le muse tait rest, pour
une fois, ouvert au peuple, un des rares moments, quand on exclut les dners somptueux que lternel
offrait ses fidles amis et buveurs deau de vie. Pour une fois le peuple avait le droit de marcher sur ce
fabuleux tapis rouge et se rapprocher de la dpouille du vivant-pre-dfunt. Il fallait donc traverser la
devanture de marbre avant de franchir la grande entre aux portes gigantesques et gardes par deux soldats
dj lge de la retraite. Puis, je fus frapp par lair conditionn en guise de bienvenue avant de prendre
les marches qui suivaient et vous imposaient une dmarche royale. Un dispositif renforc et coordonn ;
juste devant nous, le chef du protocole qui me demandait davancer prcautionneusement. Le cercueil tait
gard par deux agents de la dfense royale. Ils veillaient sur la tte du chef car selon certaines rumeurs,
elle avait t recouverte dor et de diamants pour ne rien laisser en chemin, ctait lhistoire dun peuple et
des gnrations que ce grand roi, combattant de la paix et de la concorde, emportait dans son antre ternel.

Peter NDEMBI, Le Dernier voyage du roi, Editions Odette Maganga, mars 2011, P.P. 72-73
Rinvestissement :
Travail faire la maison (Trouver un texte dune vingtaine de lignes et lexaminer selon le
travail prcdemment fait).
N.B : Le texte de Ndembi a t fidlement recopi.

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Fiche 7 : Dfinition des hypothses de lecture

Objectif oprationnel :
A la fin de la sance, llve doit tre capable de dfinir les hypothses de lecture.
Pr requis :
Quest-ce quune hypothse de lecture ?
-Cest un axe d'tude construire en regroupant des lments langagiers concourant un mme
effet. Par exemple, une mtaphore, la structure grammaticale d'une phrase, un phnomne
rythmique, un champ lexical peuvent concourir exprimer de la nostalgie.
Droulement :
Support : les lments prcdents.
Essayons de formuler des hypothses de lecture sur la base du travail fait prcdemment.
Le texte met nettement en valeur :
- les sentiments douloureux dun tre qui doute de son existence ;
- le tableau dune vie vide de son sens.
Sur quoi nous sommes-nous appuys ?
-Sur les ides qui peuvent fdrer ces lments. En dautres termes, il sagit de trouver des titres
gnriques ou englobants. Ceux-ci sont parfois suggrs par le libell du sujet qui, en ralit,
nest quune proposition de piste dtude.
Formalisation :
Une hypothse de lecture est la reformulation gnrique qui regroupe des lments convergents.
Elle est le titre ou le chapeau de la partie. A ce titre, elle doit tre le plus reprsentatif et le plus
prcis possible. On vitera des titres trs sommaires, norientant pas vritablement ltude.
Exercice dapplication:
Travail sur un texte dune dizaine de lignes, pour vrifier les acquisitions.
Rinvestissement :
Distribuer des listes dlments regroups et relevs dans un texte. Les lves doivent formuler
des axes danalyse adquats.

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Squence : Rdaction
Fiche 8 : Introduction
Objectif oprationnel :
A la fin de la sance, llve doit tre capable dlaborer une introduction de commentaire
compos.
Pr requis :
Que vise une introduction de commentaire compos ?
- Elle vise prsenter le texte et donner lordre que va suivre lanalyse.
Droulement :
Rappelons les tapes successives dune introduction de commentaire compos :
Mise en contexte prsentation du texte annonce du plan
Distribution dun document comportant trois introductions diffrentes (sur les textes de JeanBaptiste TATI LOUTARD, Andr GIDE et Jacques ROUMAIN).
1.
La thmatique de lexil traverse la sphre littraire ngroafricaine. De Parole de vivant de
Auguste MOUSSIROU MOUYAMA Antsa de Jacques RABEMANANJARA, en passant par Une
vie de boy de Ferdinand OYONO, la question est bien voque. Cest dans ce cadre quil
convient de situer le pome de TATI LOUTARD. En effet, ce texte intitul Lettre dun exil ,
tir du recueil Les feux de la plante, publi aux Nouvelles Editions Africaines en 1977, nous
plonge dans le monde de la male vie vcu intrieurement par un prisonnier. Ainsi, dans le cadre
dune analyse de ce passage, il semble judicieux dtudier lexpression des sentiments
douloureux chez un tre qui doute de son existence et le tableau dune vie vide de son sens.
2.
Depuis lantiquit, la littrature sest toujours investie dans des questions aussi varies que les
comportements antisociaux de certains individus. GIDE nous donne justement loccasion de nous
en rendre compte dans un extrait. Son texte dcrit une situation qui montre comment lhomme
peut tre amen agir contrairement ses convictions. Cette question est dailleurs rvlatrice
des manquements perceptibles dans notre socit. A cet effet, notre commentaire sattellera
mettre en valeur cette thmatique.
3.
Jacques ROUMAIN est sans nul doute lun des grands crivains de notre poque. Dailleurs ses
nombreuses publications permettent de le dmontrer. Dans le texte quil offre notre attention,
Guine , il est question de nous plonger dans la cosmogonie ngroafricaine en prsentant le
mythe de la mort comme un voyage mystique. Son texte est tir des Pomes, publis Pomes entre
1936et 1945. Notre tude va consister voir dans quelle mesure cette page peut tre lue comme
la description du monde de laude-L et la prsentation du cheminement y conduisant.

Analysons ces introductions. Sont- elles recevables ? Pourquoi ?

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La premire est recevable parce quelle suit les orientations mthodologiques et elle est bien
structure.
La deuxime comporte des errements : depuis lantiquit , formule bannir, car cest une
prtention ; texte non situ ; confusions au milieu, avec une analyse qui na pas sa place l ; pas
dannonce de plan ; emploi peu justifi de cet effet .
La troisime nest pas recevable : affirmation gratuite et maladroite ds lamorce ; situation du
texte donne dans la confusion ; pas darticulations mettant en lumire la cohrence interne du
paragraphe.
Formalisation :
Une introduction de commentaire compos doit tre structure et articule. Elle commence par
une mise en contexte brve, puis la prsentation de la carte didentit du texte et son ide
gnrale, avant de se terminer par lindication du plan dintervention.
Exercice dapplication :
Faire une introduction partir dun extrait de luvre intgrale en tude (exemple : Je demande
trop aux hommes , tir de La tragdie du roi Christophe dAim CESAIRE).
Rinvestissement :
Une introduction critiquer et une introduction laborer sur le texte de CESAIRE.

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Fiche 9 : Conclusion
Objectif oprationnel :
A la fin de la sance, llve doit tre capable dlaborer une conclusion de commentaire
compos.
Pr requis :
Que vise une conclusion de commentaire compos ?
- Elle vise clturer lanalyse, tirer les enseignements et ouvrir la page dautres.
Droulement :
Rappelons les tapes successives dune conclusion de commentaire compos :
Bilan de ltude intrt du texte ouverture
Distribution dun document ayant trois conclusions diffrentes (cf. textes prcdents).
1.
TATI LOUTARD est un crivain qui sait mettre son talent en uvre. Il nous le montre bien dans
ce texte, travers un style alerte o cohabitent mtaphores et anaphores pour dire la douleur. Il
veut par-l interpeller notre conscience au sujet de ce que reprsente en ralit lexil. Comme
BESSORA16, dans Tches dencre ou Ferdinand OYONO dans Chemin dEurope, lexil est vcu
comme le moment de la brisure.
2.
Que retenir de ce fragment de texte dAndr GIDE ? Cest un pote dont lambition est purement
thique. Il veut moraliser dans son texte, surtout apprendre mesurer les potentialits endormies
au fond de chacun de nous. Il invite aussi regarder autrui, non pas comme un ennemi en cas
dadversit mais comme une personne avec qui on peut parvenir la comprhension. Nest-ce
pas de cette manire que la vie doit fonctionner ?
3.
Jacques ROUMAIN a su nous prsenter dans ce texte un des pans de la cosmogonie
ngroafricaine, notamment la vision de la mort. Cette prsentation est soutenue par une
expression faite dimages renvoyant la nature, vivante. Ds lors, on est tent de mettre en
relation la mort et les lments naturels. Une telle optique est perceptible dans la logique
symbolique de BAUDELAIRE, lorsquil voque notamment les vivants piliers qui font la
nature.
Analysons ces conclusions. Sont- elles recevables ? Pourquoi ?
La premire et la dernire sont recevables, car rpondant aux exigences mthodologiques.
La deuxime est confuse, ne faisant aucune remarque sur la forme, aucun lien avec dautres
textes ou auteurs. Elle se termine par une interrogation sans intrt.

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Auteur gabonais, dj prim en France o elle rside, Bessora a un rythme de production suffisamment soutenu.

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Formalisation :
Une conclusion de commentaire compos est la dernire tape du travail. Elle se fait trois
niveaux : le bilan de lanalyse, lintrt de la page et louverture du texte dautres horizons.
Exercice dapplication :
Faire une conclusion partir dun extrait de texte de CESAIRE, voqu prcdemment.
Rinvestissement :
Demander aux lves de produire des conclusions collectives et de procder des changes.
Chaque groupe critique le travail de lautre, en donnant les raisons.

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Fiche 10 : Dveloppement
Objectif oprationnel :
A la fin de la sance, llve doit tre capable dlaborer un dveloppement de commentaire
compos.
Pr-requis :
Comment sorganise le dveloppement dune dissertation ?
-Il sorganise de faon argumente. Il en est ainsi du dveloppement dun commentaire compos.
Droulement :
Support : Paragraphes rdigs
Texte
Le rituel sotrique dbuta. A minuit. Le grand chef navait plus rien de grand, ni de chef, dbarrass des
attributs qui font lhomme et la fonction. Il dposa ses habits sur la berge et entra dans leau avec pour
unique vtement une petite culotte popo. 17Lun des trois vtrans prit un seau deau moiti plein et le lui
cala entre les jambes. Le second plaa une poule vivante sur sa tte tandis que le troisime, visiblement un
puits de science, lui tendit une branche de fougre en dclarant :
- Mon fils, tu es venu vers nous en toute connaissance de cause. Nous trois ici runis ne sommes que de
modestes intermdiaires entre toi et lau-del, le domaine du possible. Notre science est dsintresse.
Quoique tu veuilles devenir ou faire, tu ne le devras qu ton propre mrite. Seuls les anctres qui nous ont
lgus cette connaissance savent mieux que nous la nature de ton cur. Ils sauront par consquent si tu es
apte ou non obtenir ce que tu dsires. En tant quan de mes frres, cest moi que revient le devoir de
tinstruire sur la procdure du rituel. Tu dois commencer par faire ta confession. Ensuite, tu devras
arracher une palme de la fougre toutes les fois que tu estimeras avoir fait du mal autrui. Chaque palme
correspond naturellement un pch. Mais attention, la rgle fondamentale consiste ne rien cacher.
Sinon, tu ne pourras pas bnficier de notre savoir familial et traditionnel. Cette poule pose sur ta tte
sera ton srum de vrit. Maintenant mon fils, je te laisse avec ta conscience. Que les mnes des anctres
qui sont avec nous cette nuit te protgent.
Lhomme la culotte popo commena son mea culpa. Il tait une heure du matin. Lair tait glacial. Ses
lvres murmuraient des paroles inaudibles et sa main droite plongeait intervalles rguliers dans le sceau.
Leau courait bravement autour de lui et la poule, immobile, semblait apprcier le sommet du crne
ministriel. Bientt, le mouvement des lvres et des mains cessa. Le temps sgrenait toujours. Lentement.
La poule ntait toujours pas dcide abandonner la tte du malheureux. Elle poussait mme le culot
jusqu y dverser des flots dexcrments. Les trois frres sinterrogeaient du regard, inquiets.
- Cette poule blanche est le baromtre du Bien et du Mal. Son enttement sur la tte prouve sans conteste
que tu nas pas tout dit. Parle, mon fils, naie crainte. Lave ton cur des salets qui tempchent de te
librer, dit encore lan.

Chantal-Magalie MBAZOO-KASSA18, FAM, La Maison Gabonaise du Livre, 2003

17
18

Popo ancienne appelation du tissu wax ou sosso import dAfrique de lOuest.

Ecrivaine gabonaise, Mbazoo fait partie des plus grandes plumes que compte le Gabon.

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Identifier les lments constitutifs des paragraphes qui suivent.

Lextrait de texte narratif de MBAZOO KASSA laisse dcouvrir certaines pratiques
traditionnelles des pays africains. Cette prsentation, travers des paramtres pertinents, dvoile
le matriau et le cadre initiatique.
Le lecteur de lextrait est tout de suite saisi par lvocation dun environnement gographique
propre au rituel sotrique . Car il sagit dun ensemble de composantes dont la symbolique
nest pas accessible tout le monde. Cet espace est domin par l eau , prsent comme un
principe actif, fcondant et purificateur et viatique pour lentre dans le monde des initis. Elle
entoure le rite, tout en en constituant llment central. Sy ajoutent dautres lments,
reprsents par des substantifs comme le sceau , une poule vivante et une branche de
fougre . Ces notations renvoient des allusions sotriques bien prcises ; chacune de ces
composantes est un lment dynamique pour laccomplissement du culte. Cest dailleurs la
raison pour laquelle les vtrans , dsignation mliorativement charge, laissent limptrant
face sa conscience.
En outre, le cadre est particulirement pesant, lourd : la crmonie a lieu minuit , dans la
fort, dans leau . Les lments sont ici coloris pour nous introduire dans le dcor dun film
dhorreur. Car le temps comme lespace semblent propices aux apparitions fantomatiques. On ne
stonne donc pas quun des matres initiateurs lance, sous forme dimprcation :
Que les mnes des anctres qui sont avec nous cette nuit te protgent. Il y a donc des forces
invisibles, incontrlables par le commun dans ce lieu.
Quels sont les lments dun dveloppement ?
-laxe ;
-les ides permettant de valider laxe ;
-les rfrences du texte servant de preuve (entre guillemets) ;
-les outils techniques, relevs dans les faits textuels identifis.
Quen dduire ?
Le dveloppement du commentaire compos est le moment de lanalyse du texte. Cela se fait de
faon structure, argumente, pour valider laxe.
Formalisation :
La rdaction dun dveloppement de commentaire compos sappuie sur un plan de travail
rigoureusement organis. Celui-ci est habill de phrases qui montrent les diffrentes
interprtations faites sur le texte, intgrant les allusions techniques. Les lments du texte doivent
tre bien cits et la correction syntaxique doit tre de mise. On devra penser lquilibre des
parties.
Exercice dapplication :
Ajouter un paragraphe de dix lignes au travail prcdent.
Rinvestissement :
Rdiger la suite la maison deux ou trois paragraphes de commentaire, sur la base dun extrait de
texte dune vingtaine de lignes.

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