F - Echelles D'aménagement Et de Planification V - Etud

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INSTITUT NATIONAL D'AMENAGEMENT ET D'URBANISME

MODULE:

LES ECHELLES TERRITORIALES DE PLANIFICATION ET


D’AMENAGEMENT.
RESUME SUCCINCT DU COURS
INAU; LICENCE S5.
2017/2018

PREPARE PAR

Pr. NEJMI EL-HOUSSINE


ET
Pr. TAMIM MOHAMED

1
LES ECHELLES TERRITORIALES DE PLANIFICATION ET
D’AMENAGEMENT.

INTRODUCTION; DE QUOI ON PARLE, A PARTIR D’OU, POURQUOI, POUR QUI?


Un certain nombre de questions suivantes sont à clarifier avant tout travail sur documents
relatifs aux échelles d'aménagement.

- L'aménagement, c'est quoi, et qui en a la charge chargé?


L'aménagement est entendu comme l'acte politique de préparation, de
restructuration ou d'accompagnement du territoire (ou de ses parties) ou encore de
résorption de déficits caractérisant certains territoires, en vue d'atteindre des
objectifs socioéconomiques et environnementaux souhaités. L'aménagement n'est
donc pas statique: il tient compte du contexte international qui évolue (caractérisé
par une ouverture de plus en plus poussée aux échanges de capitaux et de
marchandises) et la manière de le penser évolue dans le temps; ainsi, on parlait à une
époque de la recherche d'une meilleure répartition des hommes et des activités sur
le territoire, aujourd'hui l'aménagement du territoire est appelé à traiter le territoire
selon la grille du développement humain durable (efficacité économique, protection
de l'environnement, et équité sociale: trois objectifs dont chacun ne présente pas la
même importance selon les territoires; ce qui nécessite donc un arbitrage entre ces
trois objectifs ).
L’aménagement du territoire, qu’il soit local, régional ou national, s’appuie, dans
l'élaboration des différents schémas de représentation qu'il nécessite, sur plusieurs
disciplines (histoire, géographie, économie, sociologie, droit, sciences politiques,
etc.). Il suppose donc, une conception globale de l’ensemble d’un territoire, une
analyse à la fois rétrospective et prospective.
L’aménagement du territoire ne peut donc faire l’économie de l’interrogation sur les
éléments qui organisent l’espace (rôle des villes par rapport à leur arrière pays,
relations entre villes…); il ne peut, non plus, ignorer l'interdépendance des villes et
campagnes.

- Les actions d'aménagement? Cette préparation, restructuration, accompagnement,


résorption de déficits et disparités entre territoires sont en fait des actions publiques
qui peuvent avoir soit une assise territoriale (un schéma de développement d'une
Région; un périmètre hydro agricole), ou être en réseau (le réseau national de
desserte en électricité; le réseau de circulation routière).

- Ses échelles? L'aménagement se fait par conséquent à plusieurs échelles du


territoire, depuis le niveau national jusqu'au niveau micro local, dans le rural et/ou
dans l'urbain.

- La cohérence entre les actions d'aménagement de différentes échelles territoriales?


Admettons que des actions d'aménagement d'envergure sont entreprises à

2
différentes échelles composant une Région. Quels arbitrages, alors, entre les
décisions prises à chacun des niveaux territoriaux composant la Région? Exemple:
Plusieurs communes élaborent leur Plan Communal de Développement et y
inscrivent des équipements que les populations demandent comme le lycée puis
s'adressent au Département de l'Education Nationale; en fait, comme ce
Département n'a pas les moyens de répondre à toutes les demandes, il est
nécessaire de faire un arbitrage au niveau provincial pour amener les communes en
question à choisir un lieu qui arrange tout le monde pour réaliser un lycée, tout en
cherchant les moyens pour rendre l'accès géographique au lycée possible (transport
scolaire; structures d'hébergement sur place etc.).

- Les schémas d'aménagement? Ce sont des représentations ou modèles qui donnent


les traits de l'aménagement souhaité, désiré et voulu. Ils sont généralement réalisés
par des bureaux d'études techniques privés pour le compte de l'administration, et
comportent une partie diagnostic de l'état des lieux, et une partie de propositions.

3
1. LE TERRITOIRE, TERME POLYSEMIQUE, QUEL CONTENU1 LUI
DONNER? QUELLE(S) LOGIQUE(S) DE FONCTIONNEMENT ?
1.1. Comment peut-on d’abord situer le Maroc dans le Monde ?
On peut proposer deux manières de situer le Maroc dans le monde :
- Géographiquement, le Maroc fait partie de l’Afrique, plus précisément situé en
Afrique du Nord, séparé de l’Europe par le détroit de Gibraltar. Il est bordé au nord
par la mer Méditerranée, à l’ouest par l’océan atlantique, au sud par la Mauritanie et
à l’est par l’Algérie. Cette position géographique du Maroc présente des avantages
parmi lesquels l’ouverture sur le monde par la mer et la proximité de l’Europe. C’est
un atout que d’autres pays n’ont pas. Le Maroc fait aussi partie de l’orient par les
arrivées humaines qui s’y sont succédé, par langue arabe, par l’Islam etc.
- Economiquement, le Maroc baigne dans le système économique dit capitaliste, en
subit les conséquences et y participe. La doctrine libérale puis néolibérale se donne à
voir dans de nombreux domaines de la vie sociale au Maroc (privatisations avec
délégations de gestion de services publics ; compétition des grandes villes avec
émergence de « l’urbanisme de projet » sous initiative Royale ; etc.).

1.2. C'est quoi le territoire? Quels critères de typologie utiliser ?


Comment identifier des territoires – que privilégier dans le diagnostic-?

1.2.1. Le territoire n'est pas donné: c'est un construit social. Il faut donc
penser à une généalogie des territoires (comment des territoires
se forment et comment ils se reconfigurent ou périssent). Il
conviendra par ailleurs de distinguer le "territoire" de projet
(espace géographique habité ou non sur lequel une autorité
publique viendrait appliquer un projet donné; cas du Projet
Bouregreg par exemple), et le "projet de territoire" (Une manière
de concevoir le futur d'un territoire institutionnel existant portée
par ses élites politiques et économiques; rappelez-vous l'exercice
autours du tapis de Taznakht).
1.2.2. Pour les critères, on partira du critère suivant (une question
simple) pour faire une typologie: "qui produit le territoire"?

A partir de cette question en guise de critère, on peut distinguer deux types de territoires
selon l'agent qui les initie ou qui en est le promoteur:

1.2.2.1. Le territoire fait par le haut ou territoires formels (C'est


un territoire fait par l'initiative de l'administration ou de
l'Etat de manière générale. On y distingue:
- Le découpage administratif d'une part (maillage du territoire national en Régions,
Préfectures et Provinces, Cercles, Communes, Machiakhat et douar), doublé d'un
découpage régalien (Wali; Gouverneur; Super Caid; Caid; Cheikh; Moqaddem),
1
Toute cette partie sera faite sous forme de cours magistral, avec participation des étudiants.

4
- et les territoires de projets initiés par des administrations sectorielles publiques
(Ministères) dans l'exercice de leurs fonctions (périmètre de mise en valeur agricole;
territoire minier de l'OCP; bassin versant pour le Haut Commissariat aux Eaux et
Forêts et pour l'Agence de Bassin Hydraulique du Ministère de l'Equipement etc.).

1.2.2.2. Le territoire fait par le bas ou territoires non formels


(initiative de populations, traditionnelles ou modernes) ;
Ce sont des territoires d'appartenance construits par les populations au fil du temps, qui
peuvent comprendre les lieux de résidence ou d'habitat (Tribu; douar; quartier…) et les
zones d'activités qui constituent leurs espaces de vie économique (espaces agricoles et
d'élevage; espaces de commerce…). En tant qu'espaces d'appartenance et de vie, ces
territoires (ces populations) donnent lieu, souvent, à la production de règles de conduite, à
des normes et à des valeurs à observer par les populations concernées. Des règles qui
concerneraient la vie en public (comment s'habiller), la gestion des espaces communautaires
(l'entretien de la mosquée du douar ou du quartier; l'entretien des chemins de circulation…),
ou encore des règles à caractère économique se rapportant aux parcours (règles régissant
l'accès aux parcours collectifs; à la gestion de l'eau d'irrigation…), aux métiers (qualité des
produits fabriqué2) etc. L'existence de territoires fabriqués par les populations
s'accompagne, ipso facto, par l'existence d'une autorité issue des populations que l'on
appelle généralement la "jma'a", c'est-à-dire une assemblée des membres de la collectivité
locale (douar, quartier ou tribu) qui discute les questions d'intérêt commun et qui édicte les
mesures pour faire respecter les décisions prises. Mais la jma'a a beaucoup évolué au Maroc.

1.2.3. Comment identifier des territoires?


- Pour les territoires crées sur initiative étatique (découpage administratif et territoires
de projets de Ministères ou d'agences publiques) les limites sont claires. Ainsi, il faut
consulter le Bulletin officiel pour connaitre le découpage administratif le plus récent
et la hiérarchisation territoriale instituée; ici aussi, le découpage administratif évolue
en fonction des besoins: si l'on se réfère à l'histoire du découpage administratif au
Maroc, celui-ci a connu un serrage continue avec le temps; donc un encadrement
plus proche des populations, renforcé par les moyens modernes de communication
et de mobilité.
- Pour les territoires crées sur initiatives de populations, il y a des méthodes pour cela
(Lieux de recours et de convergence; lieux de centralités et de polarisation actifs;
arrières pays; hinterlands; zones d'influence; réseaux fonctionnels etc.). C'est ici que
les diagnostics dits "territoriaux" butent et, généralement, les méthodes préconisées
proposent de s'appuyer sur le modèle de la matrice SWOT (Forces/Faiblesse;
Atouts/Opportunités); méthodes statiques qui, appliquées par exemple à une
Commune, ne s'intéressent pas à la manière avec laquelle les différentes
composantes de la Commune fonctionnent (lieux de centralité; lieux de convergence
et de recours des populations…) et aux processus (ou aux problématiques) à l'œuvre,
dans le temps, dans les différentes composantes de cette Commune. Car l'action
publique, si elle doit avoir lieu, nécessite sa territorialisation, c'est-à dire son calage
par rapport aux espaces de vie effectif des populations.

2
Voir notamment le rôle du muhtassib dans les anciennes médinas au Maroc.

5
1.2.4. Quelques éléments de cadrage à prendre en compte dans le
diagnostic aux différentes échelles de planification et/ou
d'aménagement à étudier.
Certaines dimensions de la société marocaine méritent d'être posées dès le départ.
L'interrogation préalable de ces dimensions permettra une meilleure lecture et discussion
des schémas d'aménagement à étudier dans la suite de ce Cours. Il s'agit des dimensions

- Géographique ;
- Démographique;
- Territoriale (l’ancien et le nouveau) ; La dimension étatique (le groupe ethnique qui
gouverne) et les principaux outils à connaitre (Constitution ; Stratégies, politiques
publiques et programmes; Lois de Finances ; Lois organiques des collectivités
territoriales …) ; La dimension sociale (Cohésion sociale et inégalité; classes
moyennes; informalité; pauvreté etc.).

1.2.4.1. La dimension géographique ;


Le Maroc se caractérise par sa double façade maritime. D’une part, la façade
Atlantique et Méditerranéenne qui se prolonge sur plus de 3500 km sous forme
de façade littoral, ouverte en majeure part sur des plaines, ensuite celle d’une
dorsale de hautes montagnes alignées du Rif central à l’Anti-Atlas occidental.
L’espace géographique marocains est constitué de :
a. Plaines Atlantiques Moyennes (Chaouia, Doukkkala, Abda, Chiadma)
b. Plaines et collines du Sebou et du Nord-ouest du Maroc (Kharb et Saïs)
épousent les bassins hydrauliques du Sebou et di Loukkos.
c. Compartiments intérieurs du Maroc occidental
Pays de haute meseta : Massif d’Oulmès et plateaux
phosphatiers et jbilet ;
Plaines semi-continentales : Tadla et Haouz
d. Le Sud Atlantique de la plaine du Souss, du Haut-Atlas Occidental et de
l’Anti-Atlas
e. Les chaines du Rif
f. La dorsale des montagnes du Maroc central : Le Moyen Atlas et le
Haut Atlas
g. Le Maroc oriental
h. Le Maroc Oasien et Saharien

6
7
1.2.4.2. La dimension démographique ;
La recomposition du territoire : essor urbain et permanence du cadre territorial
Les événements historiques, les bouleversements économiques et sociaux que le Maroc a
connus tout au long de la première période du XXème siècle ont apporté des transformations
profondes dans la société, dans la structure urbaine du pays et dans la physionomie du
peuplement. Ils ont créé un déséquilibre entre la ville et la campagne d’une part, les
différentes régions et les différentes villes d’autre part. Cette période, malgré sa courte
durée, s’est avérée donc une période cruciale dans l’organisation, le développement urbain
marocain et la répartition spatiale de sa population.
La période coloniale a constitué donc un tournant dans la dynamique urbaine du pays. En
moins de quarante ans, le Maroc est passé d’un très faible taux d’urbanisation, égal à 6% au
début du siècle, à un Maroc où la dynamique urbaine a nettement progressé, pour atteindre
un taux d’urbanisation de 30% au recensement de la population de 1952.
La politique poursuivie s’est fondée sur l’organisation en régions. Mais il faut noter que la
“région” du protectorat a été conçue et pratiquée comme un territoire d’administration et
de contrôle de la population, et non en tant que cadre d’exercice de planification et de
développement économique. De cette politique se dégagent trois types de déséquilibre :

8
1. La colonisation s’est préoccupée d’une partie de l’espace national, avec la mise en
valeur d’un type d’organisation de l’espace prenant en compte les caractéristiques
géographiques et physiques du pays. Le Maroc se répartit en deux grandes zones : La
première comprend les plaines de Fès, de Meknès et les plaines du Rharb et de la Chaouia.
Sur cette partie du territoire marocain ont été concentrés l’essentiel de l’effort
d’investissement et la majeure partie de l’appareil économique. Cette zone est la mieux
dotée en infrastructures de transports et de communication (routes, voies ferrées,
aéroport). Il n’est, par conséquent, pas étonnant d’y voir se concentrer l’essentiel des
activités économiques du pays. La seconde zone comprend les plaines intérieures de Tadla,
du Haouz, du Saïs et les zones du Nord-est du Maroc qui restèrent en marge de tout
investissement et développement véritables.
2. La prédominance d’une partie du littoral atlantique qui s’étend de Kénitra au nord
à El-Jadida au sud englobant les deux capitales, Casablanca capitale économique et Rabat
capitale administrative.. Cet axe concentrait - et concentre toujours - l’essentiel des
infrastructures de base et de l’activité économique, industrie, commerce, services, et
administration centrale, ainsi qu’une proportion importante de la population urbaine.
3. De fortes inégalités entre le développement des villes et des campagnes. Cette
période a vu s’accentuer les déséquilibres et les crises économiques et sociales permanentes
vécues par les populations des zones rurales, provoquant une forte migration des
populations vers les grandes villes. Ces dernières sont passées d’une seule grande ville au
début du siècle, Fès, à six grandes villes en 1952: Casablanca, Rabat, Fès, Marrakech, Meknès
et Oujda.
La nouvelle structuration de l’espace marocain ne pouvait donc être que polarisée,
puisque les pouvoirs politiques et économiques ont été concentrés dans deux grandes villes :
Rabat, la capitale politique et Casablanca, la capitale économique.
La dynamique démographique : Une accélération de la croissance de la population urbaine
au lendemain de l’indépendance
Bien que la population rurale ait augmenté en valeur absolue, de 8.236.857 en 1960 à 13
546 781 en 2014, le Maroc est aujourd’hui un pays où vivent plus de citadins que de ruraux.
En un demi-siècle, la population urbaine a été multipliée par cinq; elle est passée de
3.389.613 à 20.432.439 habitants, et le rythme de l’urbanisation s’est depuis accéléré et six
(6) marocains sur dix (10) vivent actuellement dans les villes.

Tableau: Croissance de la population urbaine marocaine entre 1960 et 2014


Taux Taux d’accroissement
Population Population
RGPH d’urbanisation annuel moyen
totale Urbaine
% Urbain Maroc
1960 11626470 3389613 29
1971 15379259 5409725 35.2 4.8 2.8
1982 20419555 8730339 42.7 4.9 2.9
1994 26073717 13407835 51 4.4 2.5
2004 29891708 16463634 55. 2.1 1.4
2014 33 848 242 20 432 439 60.4 2,2 1,3

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L'urbanisation marocaine ne cesse de s’accélérée et l’enclenchement de cette dynamique
irréversible a porté le taux d’urbanisation de 30% en 1960 à 60% en 2014. Ce doublement
qui s’est effectué en un peu plus d’un demi-siècle s’avère notable. Par cet accroissement, la
transition urbaine a subi, au cours de la période 1960-2014, des accélérations telles qu’on

peut parler d’une explosion démo-urbaine des villes. L’intensité de cette croissance urbaine
est révélée d’une part, par le taux d’accroissement annuel, en nette progression depuis
1960, atteignant presque 5% durant les décennies 1970 et 1980, avant de connaître un
fléchissement à partir du milieu des années 1990 en enregistrant un taux égale à 2% entre
1994-2004 et 2004-20143 (cf. tableau 1). Et d’autre part, par la multiplication du nombre des
villes passant ainsi de x municipalités en 1960 à plus de 270 municipalités en 2014.

3
Si l’on se réfère au model de la transition urbaine (Baudelle, 2000; Moriconi-Ebrard, 1993), le Maroc est
dans la période terminale de la phase de l’accélération de son urbanisation.

10
Densité de la population (source SNAT)

Les caractéristiques de la croissance démographiques


Baisse générale de la fécondité mais géographiquement différentielle
Des mariages de plus en plus tardifs

Fécondité
Âge moyen
Population
RGPH 2014 au premier Indice
municipale Parité moyenne à 45-
mariage synthétique de
49 ans
fécondité
Total Maroc 33 610 084 28,5 3,5 2,2

Total Maroc Urbain 20 284 436 29,2 2,9 2,0

Total Maroc Rural 13 325 648 27,5 4,5 2,5

La mobilité géographique
Des flux migratoires en faveur des villes : Les mouvements interurbains

11
Flux migratoire (source SNAT)

1.2.4.3. La dimension territoriale (l’ancien et le nouveau) ;


La dimension territoriale est importante dans la mesure où tout « territoire » est fait
d’appartenance. Mais cette appartenance peut être aussi bien administrative
(appartenir à une Commune) qu’ethnique (appartenir à une tribu ou fraction de
tribu) ; l’appartenance administrative ne coïncide par toujours avec l’appartenance
ethnique.

12
Découpage militaro-civile
Région Région Région
Régions militaires et civiles
économique collectivité locale collectivité territoriale
du protectorat
1971 1997 2014
1948
7 REGIONS 7 REGIONS 16 REGIONS 12 REGIONS
RABAT-SALA-ZEMMOUR-ZAER RABAT-SALA-KENITRA
Région Civil de Rabat Nord Ouest TANGER-TETOUAN TANGER-TETOUAN-AL HOCEIMA
GHARB CHRARDA BENI-HSEN
Région militaire de Fès Centre-Nord TAZA-AL HOCEIMA-TAOUNATE
FES-BOULEMANE FES-MEKNES
Région militaire de Meknès Centre -Sud MEKNES-TAFILALET DARÄA-TAFILALET
Région Civile d’Oujda Oriental ORIENTAL ORIENTAL
GRAND CASABLANCA GRAND CASABLANCA-SETTAT
Région Civil de Casablanca Centre CHAOUIA-OUARDIGHA
TADLA-AZILAL BENI MELLAL-KHENIFRA
Région Militaire de
Tensift DOUKKALA-ABDA
Marrakech
MARRAKECH-TENSIFT AL HAOUZ MARRAKECH-SAFI
Région Militaire d’Agadir et
Sud SOUSS MASSA-DRAA SOUSS MASSA
confins
GUELMIM-ES-SEMARA GUELMIM–OUED NOUN
LAÄYOUN-BOUJDOUR-SAKIA EL
LAÄYOUN – SAKIA EL HAMRA
HAMRA
OUED ED-DAHAB-LAGUIRA DAKHLA-OUED EDDAHAB

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Nbr
Nbr Nbr Nbr Nbr Nbr
Région Communes
Préfectures Provinces Cercles Municipalités Centres
Rurales
01. Tanger-Tetouan-Al Hoceima 2 6 22 17 17 129
02. Oriental 1 7 17 28 15 96
03. Fès-Meknès 2 7 26 31 27 161
04. Rabat-Salé-Kénitra 3 4 19 21 15 91
05. Béni Mellal-Khénifra 0 5 19 16 22 119
06. Grand Casablanca-Settat 2 7 16 28 14 124
07. Marrakech-Safi 1 7 25 22 20 228
08. Drâa-Tafilalet 0 5 17 16 10 112
09. Souss-Massa 2 4 17 21 7 154
10. Guelmim-Oued Noun 0 4 9 8 2 45
11. Laayoune-Sakia El Hamra 0 4 5 5 0 15
12. Eddakhla-Oued Eddahab 0 2 4 2 0 8
MAROC 13 62 196 215 149 1282

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1.2.4.4. La dimension étatique :
Il ne s’agira pas ici de faire la théorie de l’Etat. Toutefois, il est utile de rappeler
certaines formes extrêmes de ce dernier :
- L’Etat peut être pensé comme l’outil de gouvernement mis en place par une société
(vision idéaliste).
- l’Etat est un outil utilisé par tel ou tel groupe pour dominer la société (vision plus
proche de la réalité).
Dans la gestion de la société, l’Etat met en place un référentiel juridique pour
gouverner (Constitution ; corpus de textes de lois; lois de finances etc.), quadrille le
territoire (découpe ; fait le maillage…) pour contrôler les populations, met en place
des stratégies dites de développement (déclinées en politiques sectorielles et en
programmes d’action à mettre en œuvre sur le terrain…) et délègue certaines de ses
prérogatives aussi bien à des collectivités territoriales (voir lois organique relatives
aux collectivités territoriales) qu’à des personnes privées (délégation de gestion de
services publics comme les transports, l'eau et l'électricité, les déchets ménagers
etc.). Dans tout diagnostic territorial, il convient donc d'interroger l'action de l'Etat.

1.2.4.5. La dimension sociale de la société marocaine


Il s’agit ici particulièrement de prendre en compte certains aspects visibles de la
société marocaine tels que « l’informalité » dans de nombreux domaines
(économique, habitat…) et la pauvreté. On entendra souvent revenir des termes ou
expressions tels que « cohésion » sociale, « lutte contre les inégalités » sociales et
contre les « disparités »s territoriales etc.
En aménagement du territoire la dimension sociale se pose en termes de la capacité
d’assurer l’équité territoriale. Et si les inégalités sociales et les déséquilibres spatiaux
sont le résultat du libre jeu de l’économie et des acteurs économiques la politique
d’aménagement du territoire se donne, parmi ses objectifs, de contribuer au
rétablissement de l’égalité des chances sur le plan spatial (équité spatiale). Cette
équité recherchée appel l’égalité sociale, puisqu’elle a pour objet de ne pas ajouter
aux inégalités résultant de la position occupée dans la société et dans le monde
économique une inégalité selon le lieu de vie. Ainsi, L’aménagement du territoire doit
prendre en compte les inégalités sociales et chercher à les réduire et cela va souvent
de paire avec la réduction des inégalités spatiale.

1.2.4.6. Pour conclure: Quels critères utiliser pour conduire un


diagnostic territorial à une échelle donnée du territoire?
Il y a plusieurs façons de faire, nous proposons une. Dans le discours sur le
développement, le paradigme du « développement humain durable » (DHD) est
souvent mis en avant. Le DHD recommande de profiter des ressources existantes
aujourd’hui sans compromettre les mêmes chances pour les générations futures.
Dans le diagnostic territorial, comment traduire la démarche du DHD?
Le tableau suivant nous donne une idée ou façon de procéder. La grille comprend en
lignes les grandes composantes du DHD, et les colonnes comprennent les échelles
territoriales pour lesquelles on propose de brosser le tableau sur l'état des lieux de la
situation économique, sociale et environnementale.

15
Territoire pris en compte
National Région Province Préfecture Commune
Composantes du DHD:
Efficacité économique
Equité sociale
Protection de
l’environnement

Ainsi, pour chaque territoire, on est amené à nous poser (parmi d'autres) les
questions suivantes: en prenant telle ou telle échelle territoriale,
- comment se présente l'économie de ce territoire? (importante, moyenne, faible…);
- Comment se présente la cohésion sociale? (forte avec des solidarités de tous genres
mises en œuvre; moyenne; faible, les gens n'ont pas accès aux services de base, la
pauvreté règne, la délinquance est forte, la violence est forte etc.);
- Enfin, comment se présente l'environnement dans le territoire? (Florissant; moyen;
fortes menaces: les ordures sont dans la rue, si elles sont ramassées elles sont jetées
dans des décharges sauvages, l'eau est polluée, les déchets hospitaliers sont
mélangés aux déchets domestiques, le réseau d'assainissement est en grande partie
inexistant ou défectueux, les espaces verts sont quasi absents, l'érosion des sols est
forte, les barrages sont pleins de charriage etc.).
A partir de ces différentes des réponses aux différentes questions posées, il y a lieu
alors à faire des arbitrages entre les axes de DHD à privilégier. Par exemple, en
partant de cas du Maroc, dans une Région caractérisée par la prédominance du relief
de montagne (Province d’Azilal dans la Région de Béni Mellal) les questions de
protection de l’environnement sont importantes à traiter (présence de grands
barrages qui risquent de s’envaser suite à l’érosion des sols), mais aussi la question
de l’équité sociale se pose dans la mesure où l’accès aux services sociaux de base
reste faible (adduction d’eau potable, accès aux soins de santé, éducation etc.).
Dans la Région de Casablanca, c’est par exemple l’efficacité économique qui devient
importante, c’est le cœur économique du Maroc, la porte sur l’extérieur ; par
conséquent, des mesures favorisant la compétitivité économique de Casablanca sont
importantes ; mais cela n’exclut pas des mesures à caractère social etc.

16
2. DIFFERENTES ECHELLES TERRITORIALES DE PLANIFICATION ET
D'AMENAGEMENT ; COMMENT ELLES SE PRESENTENT ?
L’aménagement du territoire est multiscalaire. Il touche plusieurs échelles à la fois.
Les échelles de planification et d’aménagement existantes présentent un aspect
hiérarchique et pyramidal, allant du haut vers le bas. Certaines prennent appui ou partent
des limites du découpage administratif, d'autres peuvent déborder sur plusieurs communes
par exemple (périmètre hydro agricole).
On peut proposer trois schémas de représentation suivants:
- Schémas montrant le maillage administratif du territoire ;
- Schémas avec une assise territoriale ;
- Enfin Schémas comportant des aménagements en réseau.

2.1. Les schémas montrant le maillage administratif du territoire (l'aspect


régalien4 et politique5);
Le maillage administratif du territorial signifie « l’assignement » » des populations à des
morceaux du territoire national pour mieux les gouverner. Avoir en quelque sorte une
adresse administrative qui a des conséquences variées en terme d’accès à certains droits
(étudier, se soigner, voter etc.). La notion de « gouvernement » apparait ici à travers la zone
de commandement administratif à laquelle un citoyen appartient. On appartient ainsi à un
douar ou quartier qui se trouve dans tel Caïdat, dans telle Commune, dans telle Province ou
Préfecture etc. Cette appartenance administrative (qui vient d’en haut et qui s’impose au
citoyen) est inscrite dans les documents administratifs et d’identité. Plus ce maillage est
lâche (ou large), plus les distances à parcourir entre le lieu de résidence et le lieu chef-lieu du
commandement administratif auquel on appartient sont grandes. Plus le maillage est serré,
plus ces distances sont courtes. Certains parleront alors de rapprochement de
l’administration des citoyens, d’autres de contrôle plus serré de la population. Dans ce sens,
il convient de voir comment a évolué le maillage administratif au Maroc ; pour cela, il faut
voir notamment le nombre de communes actuelles par rapport à celles passées, et la
population moyenne de la commune actuellement par rapport à ce qu’elle était avant.

2.2. Les schémas ayant une assise territoriale;


On partira ici de l’échelle nationale à l’échelle micro locale.
Si le processus d’aménagement doit partir de la base, au niveau territorial il faudrait inverser
le sens et partir du sommet : c’est une fois qu’une politique d’aménagement national se
trouve arrêtée qu’on pourrait attaquer l’échelon régional, ensuite l’échelon local. C’est une
fois que les objectifs globaux se trouvent précisés, que les collectivités territoriales et les
acteurs (publics et privés) peuvent arrêter plus facilement ceux assignés à un territoire
régional et ou local donnée.

4
Le pouvoir régalien est le pouvoir qui assure l'ordre publique (police, forces auxiliaires etc.); le découpage
administratif intègre ce pouvoir régalien.
5
Quels pouvoirs aux collectivités territoriales en matière de planification et autres attributions ? Lire les lois
organiques à ce sujet. Main mise de l’Etat ou liberté des élus au niveau local ?

17
2.2.1. L’échelle nationale : les documents à caractère
stratégique ;
2.2.1.1. Schéma national d’aménagement du territoire (SNAT) ;
A la fin de la décennie 1990, le Maroc va définir le rôle et la place que doit occuper
l’aménagement du territoire dans la conduite du changement. L’approche territoriale est,
désormais, considérée comme la principale composante de l’aménagement du territoire qui
consiste à mieux articuler l’action (s) publique(s) avec les réalités territoriales et les enjeux
qui en découlent qu’ils soient, démographiques, économiques ou sociaux. Cette nouvelle
approche va être traduite par l’élaboration d’un document de référence : le Schéma National
d’Aménagement du Territoire.
Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT)

SCHEMA NATIONAL D’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE


SNAT

Domaine : Etude

Objectif du document : Elaboration d’un document de référence pour l’organisation de l’espace


national marocain, destiné à présenter une vision cohérente du développement territorial, en
situant les options dans une perspective à long terme.
élaboration.

Echelle territoriale : le document se situe à l’échelle nationale. C’est un document qui traites des
éléments d’ampleur et d’intérêt national.

Echelle temporelle : la réflexion se situe à l’échelle d’une génération (25 ans)

La matière traitée : elle est territoriale. La principale mission de L’aménagement du territoire est de
veiller à la cohérence territoriale des actions sectorielles. Et de présenter aux acteurs, ministériels
ou régionaux, le cadre d’objectifs dans lequel il est souhaitable qu’ils inscrivent leurs actions.

Intervenant principal : Direction de l’Aménagement du Territoire (DAT) / Division des Etudes et


Enquêtes (DEE) / Service des Etudes de Base (SEB) / Division des Aménagements et de la
Planification Physique (DAPP) / Cellules infographie et documentation (CID)
Période : Long Terme
L’étude se déroule en deux phases :
Phase préliminaire : Elaboration du rapport d’établissement (approche méthodologique.
1ere phase : Bilan diagnostic et actualisation des données
Etape 1 : perspective d’évolution des secteurs économiques et effets sur l’aménagement du
territoire.
Etape 2 : Rapport sur les institutions et les conditions cadre pour la gestion de l’aménagement du
territoire.
2eme phase : Elaboration du SNAT
Etape 3 : Elaboration d’objectifs concrets et d’orientation intégrant les recommandations issues du
débat national
Etape 4 : Etude des déterminants de la croissance économique et définition des espaces de
croissance.
Etape 5 : Elaboration du projet de SNAT.

18
2.2.1.2. Le Schéma d’armature rurale (SAR)
Les SAR ont été élaborés depuis le début des années 1971 au Maroc par la Direction de
l’Aménagement du Territoire. Il s’agissait de doter les acteurs publics de documents
permettant de mieux localiser les équipements d’intérêt collectif (écoles, dispensaires et
centres de santé…) ; la mise en œuvre de ces documents a été précédée par le lancement,
par le Ministère de l’Intérieur, de l’opération dite « chefs-lieux » ; une opération qui visait à
faire orienter les investissements publics dans les équipements collectifs dans les centres
chefs-lieux des communes rurales. La finalité étant d’éviter la dispersion du peu de
ressources publiques disponibles et le saupoudrage du territoire communal (éviter
l’installation d’une école ici ; du dispensaire là-bas ; du souk ailleurs etc.) en intégrant les
différentes actions publiques dans un même lieu créateur d’effet économiques
d’agglomération.
Les SAR se sont par conséquent intéressé à consolider des chefs-lieux de communes qui
présentent des potentialités de polarisation de l’arrière pays de la commune et même au-
delà.
Ce sont des documents qui sont abandonnés. Aujourd’hui, on parle plus de « centres
émergeants » pour l’étude desquels une étude de la Direction de l’Aménagement du
Territoire vient d’être lancée.

2.2.1.3. La petite région agricole ;

L’idée de la Petite Région Agricole vient de celle de « bassins de vie et d’emploi » ou


d’activité qui a été adoptée en France. Un bassin de vie et d’emploi est un territoire
dans lequel un citoyen dans le milieu rural réside, travaille et trouve tous les services
de proximité ou d’usage courant dont il a besoin. La Direction de l’Aménagement du
Territoire a déjà fait une étude de ces bassins de vie et d’activité, et a dégagé des
territoires qui correspondraient à ceux des Cercles administratifs du Ministère de
l’Intérieur. Ces bassins de vie se composent généralement d'une petite ville qui
constitue le centre polarisant auquel la population rurale environnante recourt.
Le Ministère de l’Agriculture, pour sa part, a parlé de la Petite Région Agricole dans le
même sens que ce qui vient d’être dit. Il s’agissait, pour le Ministère, de dire que
l’activité agricole à elle seule ne peut occuper toute la main d’œuvre existante en
milieu rurale et ne peut assurer la totalité du revenu des ménages ruraux. Penser les
petites villes dans le cadre de leur territoire rural environnant devient donc une
nécessité. Une étude importante sur la « stratégie de développement des petites
villes » a été menée par la Direction de l’Aménagement du Territoire. Mais cette
étude n’a pas été finalisée et a été oublié pour lancer une autre étude sur les
« centres émergeants » signalée plus haut.

2.2.1.4. Sites d’Intérêt biologique et écologique (SIBE) ;

Ce sont des territoires de projets qui visent à protéger ou recréer des


environnements naturels (flore, faune) capables de générer la diversité écologique
dans le pays. Des territoires de projets identifiés et crées par le Haut Commissariat

19
aux Eaux et Forêts. Ils sont nombreux et variés (voir carte dans Fenêtres sur le Maroc;
Le territoire marocain, édition 2009; Direction de l'Aménagement du Territoire).

2.2.2. L’échelle régionale ;

L’Aménagement régional :
Promu collectivité territoriale en 2014, la région est devenue une entité
incontournable de l’ménagement du territoire assurant par là « un rôle prééminent
dans l’élaboration, l’exécution et le suivi du schéma régional d’aménagement du
territoire et le programme de développement régional.6. ». Elle est devenue un
partenaire, avec les autres collectivités territoriales, garant de « la bonne utilisation
des ressources naturelles, leur valorisation et leur préservation » (art.80) et un acteur
et pivot dans le renforcement de la compétitivité territoriale, en adoptant des
mesures et des actions d’encouragement de l’entreprise et de son environnement
tout en œuvrant à faciliter la domiciliation des activités génératrices de la richesse et
d’emploi » Art. 80.

Le Schéma régional d’aménagement du territoire (SRAT) ;


Dans le nouveau contexte marocain de décentralisation et de régionalisation
avancée, le schéma régional d’aménagement du territoire (SRAT) constitue le
document de référence pour la région lui permettant de redéfinir ses problématiques
territoriales, de mettre en évidence les difficultés économiques, sociales,
urbanistiques etc. et les zones d’ombre et élaborer son projet de territoire selon une
vision stratégique et prospective. C’est aussi un document ciblé, destiné à préparer
l’action des pouvoirs publics au plan national et régional.
Le SRAT constitue le prolongement du SNAT et sa déclinaison à l’échelle de la région.
Il est de ce fait l’outil de planification spatiale et de mise en cohérence des politiques
et stratégies sectorielles

FICHE 2.
ETABLISSEMENT DU SCHEMA REGIONAL D’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
SRAT
Domaine : Etude

Objectif du document : Le SRAT est un document de référence de caractère spatial, dont l’objectif
est de créer et diffuser un modèle de développement régional en cohérence avec les orientations
nationales en matière d’aménagement du territoire et d’orienter les acteurs territoriaux et les
guider dans le future de leur territoire.
Intervenant principal : Conseil régional / Maitre d’ouvrage délégué (Inspection régionale
d’aménagement du territoire)
Période : Long Terme
L’étude se déroule en deux phases :
· Première Phase : Etude du projet SRAT
Etape préliminaire : Elaboration du rapport méthodologique
Etape 1 : Premier diagnostic
Etape 2 : Consultation et identification de projets

6
Art. n°5 de la loi organique n° 111-14 relative aux régions

20
Etape 3 : Elaboration du Schéma régional
Etape 4 : mise au point définitive du projet de SRAT.
· Deuxième phase : Approbation du SRAT
- Etape 1 : Pré approbation du projet de SRAT.
- Etape 2 : Homologation du SRAT.
- Etape 3 : Publication et mise en vigueur du SRAT

2.2.3. L’échelle métropolitaine: le SOFA.


Les villes métropoles sont celles qui abritent des fonctions de type stratégique
(Grands Centres de recherches; grands édifices culturels tels que musées,
Conservatoires de musique, théâtres, opéras …de renommée internationale); elles
sont fortement connectées au Monde. Les métropoles développent des effets qui
vont au-delà de leurs limites administratives propres pour englober d’autres
territoires administratifs (étalement urbain; stratégies résidentielles des ménages se
déplaçant hors des limites administratives de la métropole faisant des navettes
quotidiennes etc.). Au Maroc, c’est le cas par exemple de la zone géographique
formée par Casablanca et Rabat et qui comprend d’autres villes comme Kenitra, El
Jadida, Settat et une multitude de centres de moindre importance dont la dynamique
se nourrit de la métropole. Quel instrument alors pour rendre compte de ce qui se
passe dans ces zones et pour aider à orienter l’action publique dans ce genre de
zones ? C’est de là qu’est né le Schéma d’Orientation Fonctionnelle et
d’Aménagement (SOFA).

Le SOFA est un document d’aménagement qui a été défini par le SNAT. C’est un document
qui répond à une problématique territoriale d’envergure nationale, tout en posant la
question d’articulation et de cohérence entre les deux métropoles à savoir Casablanca et
Rabat et les autres villes et centres urbains périphériques qui en sont les points
d’articulation. C’est un document d’orientation, et non un document réglementaire, qui
propose une nouvelle logique d’aménagement à long terme. En effet, le parti
d’aménagement du SOFA consiste à :
1. Organiser La croissance et l’extension des deux métropoles (Casablanca et Rabat)
2. Rattrapage des retards accumulés en matières d’infrastructure et d’équipement et
3. Le déblocage de la croissance économique

2.2.4. L’échelle communale ; le Plan Communal de


Développement.
Le PCD a été mis en œuvre en 2008 par la Direction Générale des Collectivités Locales
(DGCL) relevant du Ministère de l’Intérieur. C’est un document de planification qui
concerne le territoire communal ; mais ses rédacteurs du ont insisté sur la nécessité
de mettre en cohérence différents PCD d’une même zone géographique afin de créer
des intercommunalités pour certains équipements (décharge ; lycée ; collège etc.).
Le PCD devait se faire sur une base participative de l’ensemble des acteurs de la
commune (population, élus, associations, représentants de professionnels,
représentant de services extérieurs etc.). Le PCD devait prendre en considération,
dans son élaboration et dans certains domaines, toutes les conventions
internationales signées par le Maroc.

21
Le PCD met l’élu au centre du processus de son élaboration : l’élu doit faire des
enquêtes auprès de sa population, la connaitre, recueillir ses doléances et participer
à l’élaboration de la vision de développement future de la commune. Le PCD se veut
un outil d’interaction politique (l’élu se frotte à la population, discute, fait des
propositions etc.).
La nouvelle loi organique sur les collectivités territoriales et de la commune en
particulier a laissé de côté le PCD pour adopter un nouveau document qu’est le
Programme d’Action de la Commune » (PAC). On n’en parle plus donc. Mais leur
méthodologie n’a pas pour autant disparu : elle figure de manière pâle dans le PAC.

Le Plan Communal de Développement (PCD)


Dans le cadre de ses missions d’accompagnement des collectivités territoriales, le Ministère de
l’intérieur, via la Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL), s'est engagée dans un
processus d'appui aux communes pour l'élaboration de leurs PCD à travers la mise en œuvre d'une
offre de service dans le but de :
2) Généraliser des plans communaux de développement au niveau de toutes les communes ;
3) Renforcer la position institutionnelle de la commune, en la dotant de la capacité de piloter
le diagnostic de son territoire;
4) Renforcer davantage la décentralisation des structures et de l’appareil administratif de
l’Etat, en améliorant les compétences dans le domaine de la planification stratégique ;
5) Rationaliser des dépenses des communes en spécifiant les priorités dans le cadre d’un
budget spécifique.

L’offre de service consiste en :


v La mise à disposition des communes des documents et référentiels pour l’accompagnement
de celles-ci dans ce processus (guide d’élaboration des PCD)
v La mobilisation du partenariat avec des partenaires nationaux et internationaux. C’est ainsi
qu’un ensemble d'accords et de partenariats ont été conclus entre la DGCL et le haut
commissariat au plan, l’agence de développement social et les agences de développement
économique et social de la région du nord du sud et de l’oriental, ainsi qu’avec plusieurs
organisme et institutions de coopération internationale en vue de soutenir cette stratégie,
en donnant la priorité aux communes rurales. Ces partenariats, ont pour but l’assistance
technique des acteurs locaux et principalement les collectivités territoriales pour le
renforcement de leurs capacités en matière de l’élaboration et l’exécution des plans
communaux de développement dans les meilleures conditions.
v Des programmes de formations pour développer une compréhension commune du
processus tout en menant des actions de sensibilisation d’abord à l’interne, auprès du
personnel administratif de la commune puis auprès des différents acteurs incluant
l’ensemble des services extérieurs.
v A fin de clarifier les concepts énoncés dans la définition du plan Communal de
développement (article 36 de la charte communale et décret n°2.10.504 du 28 avril 2011
expliquant la procédure d’élaboration du PCD).

L’objectif de cette démarche n’est pas seulement de permettre aux communes de disposer de leur
PCD, mais également d'assurer l'ancrage de la culture de la planification stratégique participative et
de permettre à la commune d'assurer son autonomie en matière de conduite du processus.
Ainsi, 1203 communes relevant de 52 provinces et préfectures se sont engagées dans le processus

22
de planification stratégique, dont 1000 communes ont été accompagnés par le ministère de
l’intérieur à travers des partenaires et 1007 communes ont déjà élaborés et approuvés leurs plans
de développement communal.
Les lois organiques sur les Collectivités Territoriales (Régions, Préfectures-Provinces et Communes),
promulguées en 2015 prévoient, parmi les compétences propres de ces collectivités, des
programmes de développement pour les Régions, d'autres pour les Préfectures et Provinces et des
programmes d'actions pour les communes.

2.2.5. L’échelle infra communale ;


2.2.5.1. Le quartier de l’INDH ;
Tout d’abord, le quartier, ou la houma en arabe, peut être défini sociologiquement
comme l’espace de la vie quotidienne de la population en milieu urbain (en milieu
rural c’est le douar). C’est donc un territoire fait de résidence, de voisinage, de
relations de voisinage et d’équipements collectifs et privés de proximité (mosquée,
four, hammam, épiceries, pharmacie…) qui font que les résidents de cet espace se
voient presque tous les jours, échangent des civilités, participent à des moments
douloureux comme la mort etc.
Partant de cette définition, on se demande ce qu’est le « quartier » de l’INDH ? On
peut dire que, sur la base des études menées dans ce domaine7, le quartier de l’INDH
est un territoire de projet dont les limites sont tracées suivant des indicateurs de
pauvreté urbaine, mais qui dépasse les limites d’un quartier tel que défini plus haut.

2.2.5.2. Le Projet urbain du Bouregreg ;

Le projet urbain fait appel à un nouveau mode de faire urbanistique et remet en


question la planification urbaine jugée trop rigide par ses procédures de
réglementation et de normes. Ainsi partout dans le monde, dans les pays développés
et en développement, les villes, particulièrement les plus grandes, s’orientent de plus
en plus vers un urbanisme de « projet » considéré plus réaliste et adapté au contexte
urbain actuel.
Si l’aménagement de la vallée Bouregreg s’inscrit dans une opération-phare porteuse
d’une nouvelle image de l’agglomération de Rabat-Salé, l’intérêt est de savoir
comment s’est construite la légitimité du projet et quels sont les fondements
juridiques et institutionnels de cette nouvelle pratique d’aménagement urbain ?
Par conséquent, l’espace sur lequel se déploie le projet Bouregreg peut être
considéré comme un territoire de projet sur lequel une nouvelle autorité (l’Agence
d’Aménagement du Bouregreg) s’installe et prend toutes les décisions qui,
théoriquement devaient être prises par la Municipalité de Rabat et de Salé, et par les
communes rurales concernées par ce projet. Et ce ne sont pas les élus de Rabat ou de
Salé qui ont décidé, par leurs propres réflexions et initiatives politiques de lancer ce
projet. Le contre exemple est celui de Bilbao en Espagne, avec la relance de
l’économie urbaine suite à un long déclin industriel, sur la base d’une nouvelle image
travaillée par les élus locaux autour du thème de la Culture comme locomotive de
développement du tourisme et de la ville.
2.3. Les schémas de représentation qui ont une assise en réseau.

7
Voir étude en ligne sur « Mobilisations collectives et mouvement associatif dans les quartiers insalubres, quels
changements avec l’INDH » ; INAU ; 2012)

23
2.3.1. Education;
Le droit à l'éducation est inscrit dans la Constitution du Maroc. La part du budget de
l'éducation dans le budget général de l'Etat se situe autour de 25 à 28% selon les années, et
le budget de fonctionnement dans le budget de l'éducation accapare l'essentiel de ce
budget. L'éducation est un service public qui interpelle, tous les jours, les populations (pour
ne citer que cet acteur). Chaque matin, en effet, des enfants, des adolescents et des jeunes
font le va-et-vient entre leur lieu de résidence et l'établissement scolaire. Et ceci dans le
milieu rural et dans l'urbain. L'arrivée chaque année de vagues d'utilisateurs du service de
l'éducation et formation oblige les responsables à mettre en place une planification et un
schéma de desserte des populations. Il y a alors l'élaboration de la carte scolaire qui localise
les équipements scolaires (Ecoles-mères avec leurs écoles satellites en milieu rural par
exemple; collèges; lycées) dans certains lieux permettant la desserte des usagers et
l'accessibilité de ces derniers à ce service. Chaque établissement a une zone de provenance
de ses usagers. Pour ce qui concerne par exemple les écoles en milieu rural, on peut estimer
aujourd'hui à environ un établissement scolaire primaire pour 700 habitants (soit en
moyenne deux douar).

2.3.2. Santé;
Le droit à la santé est inscrit dans la Constitution du Maroc. La part du budget de la santé
dans le budget général de l'Etat se situe entre 4 et 5% du budget général de l'Etat. Là aussi,
le budget de fonctionnement est largement dominant, et pour ce qui concerne les
investissements, il y a les dépenses d'équipement immobiliers et de matériel de
fonctionnement qui coûte cher. Pour arriver au droit à la santé pour des catégories de la
population le chemin n'est pas souvent court. Pour offrir des soins de santé, le Ministère
adopte aussi une carte sanitaire qui localise les établissements de soins de santé en des lieux
géographiques donnés suivant en cela le découpage administratif (Dispensaires, centres de
santé, hôpital provincial et préfectoral, Centre hospitalier etc. Des moyens de transport sont
aussi mobilisés tels que ambulances. En milieu rural, les dispensaires et centres de santé
définissent des zones desservies pour le mode ambulatoire (les patients viennent au
dispensaire) et le mode itinérant (l'infirmier ou le médecin se déplace vers les populations
dans les zones de leur résidence.

2.3.3. Routes rurale, électrification rurale et adduction d'eau


potable rurale;
Ces trois domaines de l'action publique ont fait l'objet d'une réflexion et d'une action
systématique de la part de l'Etat depuis le milieu des années 1990 (soit 1995): l'Etat a mis en
place des programmes avec des financements et une période de temps pour couvrir
l'ensemble du territoire national.

2.3.3.1. Les routes rurales: le PNRR.


Le programme national des routes rurales est basé sur le recensement des voies de
circulation carrossables en milieu rural pour choisir celles qui sont prioritaires à aménager
et/ou à construire. Il s'agit en particulier de relier les chefs-lieux des communes rurales au
réseau routier provincial avec une circulation sans interruption.
Chemin faisant, l'Etat a procédé à une redéfinition de la nomenclature des routes au Maroc
depuis 2004 (Cf. Bulletin officiel n° 5297 du 7 mars 2005) comportant les autoroutes (prises
en charge par Autoroutes du Maroc), routes nationales, routes régionales et routes

24
provinciales (prises en charge par le Ministère de l'Equipement (Direction des Routes et de la
Circulation Routière –DRCR-).

Le PNRR s'est déroulé sur deux grandes phases: le PNRR et le PNRR2.


- Le PNRR1 (1995-2005) a cerné un linéaire de 11236 km. Il visait
essentiellement le désenclavement économique des zones rurales où une
circulation automobile importante a lieu mais où des coupures de la
circulation à certains moments de l'année ont lieu; le linéaire a concerné
aussi des zones rurales où des ressources mobilisables en richesse
économique existent.
- Le PNRR2 a suivi le précédent, avec comme objectif un désenclavement
social des populations rurales et porte sur un linéaire de 15500 km. Par
désenclavement social, il s'agit de réaliser le raccordement des douars
enclavés d'une commune donnée au chef-lieu de cette commune.
- Un troisième programme est en cours pour compléter le précédent. Il
comporte le PMAT (Programme de Mise à Niveau Territorial) que l'on
retrouve comme cinquième programme de l'INDH.

2.3.3.2. L'électrification rurale: Le PERG.


Le programme d'électrification rural global est un programme qui comporte une desserte
par le réseau national d'électricité (environ 90% du PERG), et une desserte par le mode dit
décentralisé (Plaques photovoltaïques, électrification par force hydraulique, éolienne ou par
engin à carburant. Le modèle de financement du PERG est le suivant: 55% par l'ONE, 25% par
les clients qui demandent un compteur, et 20% par la Commune dont relève le client. Par
conséquent, la Commune participe au financement de tout demandeur branchement au
réseau, même si les gens ne le savent pas. La Commune finance aussi la consommation
d'éclairage public dans les douars, comme c'est le cas en ville.

De ces deux programmes (PNRR et PERG), mais aussi de tous les autres programmes
concernant l'éducation et la santé, la question qui se pose est la suivante:
Jusqu'où les populations accèdent au service?
L'accessibilité au service suppose d'abord la disponibilité du service. Ensuite, l'accessibilité
comporte une triple dimension: géographique, économique et sociale.
- L'accessibilité géographique suppose la minimisation de la distance à
parcourir entre le lieu de résidence et le lieu de l'offre du service. La
distance se pose ainsi en termes de temps ou de distance en km. Dans les
zones de plaine irriguées par le réseau routier, où il y a fluidité de la
circulation et où il y a une offre multiple de moyens de transport, 30
kilomètres de distance peut se parcourir en 30 minutes par exemple. Dans
une zone de montagne où il n'y a qu'une piste difficile ou dangereuse en
cas de vitesse, 30 km peuvent se parcourir en deux ou trois heures. Par
conséquent, la distance kilométrique reste à nuancer selon les zones.
- L'accessibilité économique; même si le service est dit gratuit, des coûts
annexes sont à prendre en compte, notamment pour les populations
démunis. C'est le cas aussi bien pour l'éducation et pour la santé.
- L'accessibilité sociale; ici on peut donner l'exemple de l'éducation:
l'existence de l'école et de l'électricité n'est pas toujours suffisante; il faut

25
un accompagnement des élèves chez eux pour la lecture, la
compréhension et l'achat de livres par exemple. Aussi, les parents
analphabètes sont démunis face à l'école, à moins que les enfants ne
soient sérieux et responsables dès le jeune âge et cherchent par eux-
mêmes à comprendre. Une lumière que tous les enfants n'ont
malheureusement pas. Le milieu social de l'élève joue ainsi un rôle
important, notamment lorsque les élèves s'engagent dans des filières
littéraires qui nécessitent l'échange quotidien sur des sujets en littérature,
en histoire etc.

26
3. Bibliographie sélective;

"Territoire », In J. Lévy, M. Lussault (dir), Dictionnaire de géographie et de


Lévy Jacques;
l’espace des sociétés, 2003, Edit. Belin.

MADIOT Yves; l’Aménagement du Territoire, 1979, Paris, Masson.

MERLIN Pierre ; l’Aménagement du Territoire, 2002, PUF, France.

MERLIN Pierre; Géographie de l’aménagement, 1988, PUF, France.

MERLIN Pierre et
Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, 2015, Collection: Quadrige
CHOAY Françoise,
dicos poche.
(Dir.);

TROIN Jean-François Maroc, Régions, Pays, Territoires, 2002, Maisonneuve et Larose, Tarik,
(Dir) et al ; URBAMA.

Monod, Jérôme L'aménagement du territoire Paris : PUF, 2012. - 127 p. (Que sais-je ? ; 987).

Schéma National d’Aménagement du territoire (synthèse, ) Groupe Huit - Sud


MATEE. Maroc
/ 2003.

27

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