Cirrhose, Hépacocytes, D'origine Radioinduite
Cirrhose, Hépacocytes, D'origine Radioinduite
Cirrhose, Hépacocytes, D'origine Radioinduite
Pr Romain Moirand, Service des Maladies du Foie CHU Rennes mise à jour 2011-06-16
Introduction
La cirrhose du foie est un syndrome défini par l'anatomo-pathologie. Elle correspond à l’évolution
ultime de la plupart des maladies chroniques du foie. Il s'agit d'une évolution cicatricielle, dont
l'évolutivité dépend du fait que la cause est encore active ou non. Sa traduction clinique est
variable, car la plupart des signes témoignent en fait de ses complications (insuffisance
hépatocellulaire, hypertension portale) ou de son étiologie.
Ascite
Du fait de l'HTP (effet shunt et suppression du premier passage) et de l'IHC
(diminution des fonctions d'épuration) substances vasodilatatrices en excès =>
vasodilatation artérielle splanchnique et donc hypovolémie efficace => activation du
1
système rénine - angiotensine - aldostérone, des systèmes vasoconstricteurs, du
système nerveux sympathique et du système vasopressine - hormone antidiurétique =>
rétention hydrosodée
Dans un premier temps, volémie efficace restaurée, cirrhose compensée avec volémie
augmentée, index cardiaque augmenté
Dans un deuxième temps, volémie non restaurée => persistance de l'activation
excessive des systèmes compensateurs: la rétention hydrosodée se majore et se
localise préférentiellement au péritoine.
Dans un troisième temps, le rein, jusqu'alors protégé de l'activation des systèmes
vasoconstricteurs par une augmentation des substances vasodilatatrices locales (en
particulier prostaglandines), voit ces mécanismes compensateurs dépassés =>
vasoconstriction rénale et effondrement du débit de filtration glomérulaire sans lésion
organique: c'est le syndrome hépatorénal (pouvant être déclenché par les AINS).
Encéphalopathie hépatique
C'est une encéphalopathie métabolique sans lésion cérébrale organique, dont les
mécanismes sont mal connus. On suppose une arrivée au niveau du cerveau de
substances neurotoxiques non épurées par le foie, du fait de l'HTP (effet shunt et
suppression du premier passage) et/ou de l'IHC (diminution des fonctions d'épuration).
En particulier la présence de sang digéré dans le tube digestif (hémorragie digestive)
aggrave +++.
Etat précancéreux
La cirrhose prédispose au développement du carcinome hépatocellulaire.
Histoire naturelle
Cirrhose compensée= asymptomatique
La cirrhose s’installe insidieusement. Cirrhose compensée = aucune complication ni manifestation
fonctionnelle présente.
Donc longtemps latente, découverte par hasard lors d’un examen systématique ou lors du bilan de
la maladie causale.
Possibilité de revenir à l’état compensé après une phase de décompensation
2
Histoire naturelle en fonction de l’étiologie
Alcool
Taux de survie à cinq ans des patients présentant une cirrhose alcoolique = 50%.
Meilleur si sevrage prolongé
Moins bon en cas de décompensation
Si abstinence prolongée, retour à une cirrhose compensée fréquent
Le plus souvent: évolution par poussées en fonction des rechutes alcooliques, avec récupérations
entre, puis évolution vers l’aggravation progressive et le décès (par coma hépatique, hémorragie
ou CHC)
Rarement, aggravation d'un seul tenant vers le décès malgré le sevrage (hépatite alcoolique grave)
Autres
Possibilité d'un traitement étiologique de la maladie causale (hépatite auto-immune, hépatite B,
hémochromatose, maladie de Wilson) = meilleur pronostic: la cirrhose peut rester compensée
Toutes
Pronostic dépend
- De la possibilité d'une prise en charge efficace du facteur étiologique;
- De la sévérité de la cirrhose, évaluée par l'importance de l'IHC (score de Child-Pugh - tableau
1- utilisé en routine pour évaluer le pronostic et guider les indications thérapeutiques ou score
de MELD) et de l'état nutritionnel.
Risque de CHC (cirrhose = état précancéreux) augmente avec le temps même si cirrhose
compensée
Epidémiologie
En France
Prévalence estimée : 150 000 cas, dont un tiers asymptomatique méconnu
Mortalité annuelle : 15 à 17 000
Principales causes de cirrhose de l'adulte
- Alcool, 50 à 75 % des cas, associé dans 10% des cas à une hépatite virale C
- Hépatite chronique à virus C, 15 à 25 % des cas
- Hépatite chronique à virus B, 5 % des cas
- Autres causes (5% des cas) sont plus rares
Dans bien des cas plusieurs causes associés : alcool plus hépatite C chez un ancien
toxicomane, alcool et syndrome métabolique
Histologie
= examen de référence pour le diagnostic de cirrhose.
Macroscopie seule capable d’apprécier le caractère diffus des lésions, rarement disponible.
Biopsie du foie par voie percutanée ou transjugulaire (si troubles de la coagulation ou
ascite)
Geste invasif
Très bonne spécificité, mais sensibilité imparfaite avec 10 à 20% de faux négatifs
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Diagnostic non invasif
Certains éléments ont une bonne valeur diagnostic car assez spécifiques, mais sont inconstants
- Un foie dur, à face antérieure régulière et lisse ou granitée, et à bord inférieur
tranchant
- Un tableau associant des angiomes stellaires, une circulation veineuse collatérale, une
splénomégalie et a fortiori une décompensation ictéro-oedémato-ascitique avec tous les
signes cliniques d'IHC et d'HTP
- La conjonction de signes biologiques d’insuffisance hépatocellulaire (baisse du
TP<70% +++, du facteur V, de l’albumine) et d’hypertension portale (thrombopénie)
- Des varices oesophagiennes (en l'absence de thrombose porte)
- Des anomalies morphologiques évocatrices en échographie ou tomodensitométrie
Foie à contours bosselés, dysmorphie du foie, signes d'hypertension portale
Dans ces conditions, le diagnostic de cirrhose est très fortement suspecté, on se passe
de biopsie.
Pour faire le diagnostic de cirrhose sans biopsie, on propose des tests non invasifs: scores basés
sur des combinaisons de dosages biologiques (Fibrotest™ Fibromètre™ Hépascore) ou encore la
mesure de l'élasticité du foie (élastométrie par Fibroscan™).
Tableau
Circonstances de découverte
Souvent diagnostiquée lors du bilan de la maladie causale
Parfois découverte fortuite (examen clinique, biologique, endoscopie, échographie, voire
laparotomie)
Parfois révélée par des signes fonctionnels, (asthénie altération de l’état général)
Souvent révélée par une complication (hémorragie digestive, décompensation ascitique ou CHC).
Bilan
Clinique
Peut être strictement normale
Foie de taille variable, de consistance dure+++, de surface (+++) lisse ou discrètement
granuleuse, à bord inférieur régulier et tranchant +++, indolore ++
Signes d’insuffisance hépatocellulaire
Asthénie et dénutrition, pas spécifique (= altération de l'état général)
Angiomes stellaires +++ (> 5), érythrose palmaire ++, ongles blancs +, atrophie et fragilité
cutanée, classiquement hippocratisme digital (signification discutable en fait)
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Signes endocriniens ++: (hypogonadisme) gynécomastie, dépilation et impuissance et chez
l'homme, aménorrhée et stérilité chez la femme
Syndrome hémorragique + (ecchymoses, purpura, hémorragies gingivales et nasales)
Syndrome d'hypercinésie circulatoire
Ictère ++, encéphalopathie (foetor hepaticus +, asterixis +++), rétention hydrosodée aux
stades des complications
Biologie
Peut être (rarement) strictement normale
Insuffisance hépatocellulaire
diminution du taux de quick ou TP +++, non corrigé après injection de vitamine K, baisse
du facteur V ++, de l’albumine +++ (avec fausse hypocalcémie en rapport), du cholestérol,
de l'urée, augmentation de la bilirubine totale +++ prédominant sur la conjuguée++
Hypertension portale
Hypersplénisme se traduisant par thrombopénie et une neutropénie ++
Bilan hépatique variable en fonction de l'étiologie et de son activité
Bilirubine ASAT (cytolyse peut parfois prédominer en ASAT quand cirrhose, quelque soit
étiologie), ALAT PALC GGT normales ou augmentées
Electrophorèse des protéines ++: élévation polyclonale des gammaglobulines avec ou sans
bloc béta-gamma
NFS normale ou anémie modérée, normochrome normo ou macrocytaire, arégénérative, fréquente
dans la cirrhose ascitique.
Alpha-foeto-protéine (AFP) ++
Dépistage du CHC, parfois un peu augmentée en cas de régénération hépatique
Importance du ionogramme sanguin et urinaire, de la créatinine en cas d'ascite ou autres
complications
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Examen tomodensitométrique du foie (pas systématique +)
Si patient peu échogène ou surtout si bilan de CHC
Spiralé, sans puis avec injection avec temps artériel puis temps portal (++ si technique
inadéquate examen à refaire!)
Renseignements identiques à l'écho + étude de la vascularisation des nodules (CHC) et des
vaisseaux
IRM
Identique au scanner parfois meilleur résultats dans les CHC - indications limitées en dehors
du CHC
Diagnostic étiologique
++++ conditionne la conduite thérapeutique.
Attention :
- Ce n'est pas parce qu'un patient a une consommation à risque d'alcool que sa cirrhose est
alcoolique
- L'association des facteurs de risque augmente le risque de cirrhose (un patient obèse,
alcoolique et VHC positif a statistiquement plus de risques d'évoluer vers la cirrhose)
- La présence de plusieurs facteurs étiologiques potentiels rend la biopsie utile
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Les différentes étiologies
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Hépatites chroniques auto-immunes (HCAI)
Cause rare, mais non exceptionnelle (3% des cirrhoses) de pathologies hépatiques souvent graves
et rapidement évolutives. L’efficacité du traitement et la gravité du pronostic spontané impose de
savoir y penser +++++.
Touche surtout (mais pas seulement) la femme jeune
Révélées soit par une hépatite aiguë, parfois grave voire fulminante, soit par une cytolyse
chronique, soit par une décompensation cirrhotique. Association possible, mais inconstante, avec
toutes autres maladies auto-immunes.
Traitement par corticoïdes ± immunosuppresseurs (azathioprine), d'attaque puis en entretien très
prolongé, permettant une rémission complète le plus souvent, mais avec rechute fréquente à l'arrêt
du traitement.
Pathologies biliaires
Cirrhose biliaire secondaire, consécutives à un obstacle prolongé sur la voie biliaire principale,
devenues exceptionnelles
Cirrhose biliaire primitive (CBP), qui n’est pas une cirrhose pendant une longue partie de son
évolution
Arguments en faveur de la CBP
- Existence d’un prurit marqué
- Absence d’autre étiologie +
- Importance de la cholestase enzymatique, avec augmentation marquée des PALC (+++=
SIGNE D'ALERTE SUR LE BILAN SYSTEMATIQUE)
- Absence d’argument pour une cholestase extra-hépatique ou une cholangite sclérosante
primitive sur les données d’imagerie +
- Elévation des immunoglobulines-M
- Présence à un taux significatif d’anticorps anti-mitochondries de type M2 +++
- Mise en évidence sur la biopsie hépatique de lésions typiques +++: granulomes
inflammatoires entourant les canaux biliaires lésés, ou simplement évocatrices, disparition
des canaux biliaires et infiltrat inflammatoire portal.
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Hémochromatose et surcharges en fer secondaires
Attention
Cirrhose possible au cours de l’hémochromatose génétique et des surcharges en fer secondaires
lorsque la surcharge est massive ou associée à une autre cause d'hépatopathie (alcool etc.)
Mais une surcharge en fer, parfois importante, peut se voir dans n'importe quelle cirrhose, surtout
au stade terminal
.
Arguments en faveur de l’hémochromatose
- Augmentation du coefficient de la transferrine (supérieure à 80%) +++après une semaine
d’abstention de boissons alcoolisées et en l'absence d'insuffisance hépatocellulaire sévère
- Présence de la mutation C282Y du gène HFE à l’état homozygote +++
- Surcharge ferrique massive, diffuse, touchant les hépatocytes mais aussi les canaux biliaires
et les artères des espaces portes sur la biopsie
Maladie de Wilson
Affection très rare, mais curable, qui doit être systématiquement évoquée devant toute
hépatopathie inexpliquée du sujet jeune +++
Transmission autosomique récessive, gène ATP7B sur le chromosome 13; mutations sur les deux
allèles responsables d'une accumulation du cuivre dans l'organisme
Clinique
- Hépatique: variable (hépatite aiguë - hépatite fulminante – hépatite chronique – cirrhose)
- Hématologique: anémie hémolytique, évocatrice quand associée à une hépatopathie ++
- Neurologique: syndrome extrapyramidal avec dysarthrie, démence précoce, tableau
psychiatrique trompeur
- Ophtalmologie: anneau cornéen de Kayser-Fleisher, visible par un spécialiste expérimenté
Traitement
- Chélateurs du cuivre (D-pénicillamine, trientine) et/ou sels de zinc
- Transplantation hépatique si indication après échec de la D-pénicillamine
- Enquête familiale +++ dès l'âge de 3 ans pour dépister des formes précliniques (examen
ophtalmologique et dosages biologiques, voire biopsie)
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Stéatohépatite non alcoolique
Associe des lésions de stéatose et de stéatohépatite avec une fibrose variable, cirrhotique dans
15% des cas, en l'absence de toute consommation à risque d'alcool (mais l'obésité augmente le
risque de cirrhose en cas de consommation à risque d'alcool)
Associée à des troubles dysmétaboliques (obésité, hyperlipémie, diabète de type II sous tendant
une insulino-résistance), beaucoup plus rarement à la chirurgie de l'obésité ou à des médicaments
(amiodarone…)
Motif très fréquent d'anomalies du bilan hépatique
Le plus souvent asymptomatique
Elévation modérées des transaminases prédominant en ALAT et des GGT
Foie hyperéchogène (=stéatose) en échographie
Traitement: mesures hygiéno-diététiques des troubles métaboliques; réduction +++ alcool
Cirrhoses cryptogéniques
Bilan pratique
Un arbre d’aide au diagnostic étiologique est proposé dans la figure 1.
- NE PAS FAIRE un bilan exhaustif, coûteux et inutile, devant toute cirrhose alcoolique
- Réserver ce bilan aux présentations atypiques (ALT trop élevées, cholestase trop marquée, pas
de régression des anomalies malgré le sevrage hospitalier) ou inexpliquées.
- Se méfier de la possible intrication de plusieurs causes possibles.
Etiologique
Le traitement à visée étiologique est fondamental ++++; il peut permettre d'éviter la
décompensation voire de revenir à une cirrhose compensée
- Prise en charge alcoologique des buveurs excessifs ou dépendants
- Traitement par antiviraux dans les hépatites virales
o Interféron pegylé ou antiviraux oraux dans l'hépatite B
o interféron pegylé et ribavirine dans l'hépatite C (mais contre-indiqué si cirrhose
décompensée)
- Traitement immunosuppresseur d’une hépatite auto-immune
- Phlébotomies dans l'hémochromatose (impossible en cas de cirrhose décompensée) ou
chélateurs du fer
- Arrêt d'un médicament responsable
- Acide ursodésoxycholique dans la CBP
- Chélateurs du cuivre dans la maladie de Wilson
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Il était admis jusqu'à une date récente que la cirrhose était irréversible; en fait, il semble que si le
traitement étiologique est efficace, on puisse dans certains cas voir régresser des cirrhoses
compensées, à condition qu'elles soient prises au stade asymptomatique.
Fibrose
Aucun traitement spécifique
Vaccinations
A risque de faire une hépatite aiguë grave ou fulminante
= vaccination systématique contre hépatite B et A (on vérifie l'absence d'ac anti VHA), la grippe
et le pneumocoque
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Surveillance
Cirrhose compensée
.
Prendre en charge les facteurs aggravants
Consommation d'alcool si cirrhose d'autre origine, surpoids, diabète etc
Cirrhose décompensée
Rechercher et traiter (si possible) la cause de la décompensation +++
Si pas possible discuter sans tarder la transplantation +++
Si récusée traitement palliatif durée de vie de l'ordre d'un an
Respecter la qualité de vie du patient, éviter tout accident iatrogène.
Stop dépistage du CHC
Attention +++ médicaments (mais savoir soulager la douleur)
Traitement préventif des infections liquide d'ascite
Traitement de l'ascite (souvent des ponctions itératives en hôpital de jour)
Transplantation hépatique
Cirrhoses représentent plus de 80 % des indications
Indications principales
Cirrhose décompensée avec insuffisance hépatocellulaire sévère ne régressant pas avec le
sevrage
CHC découvert à un stade précoce
Contre-indications liées à l'âge, d'autres tares viscérales, la continuation de la consommation
d'alcool
Résultats globaux: 90% de survie à un an, 60% à 5 ans
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Complications de la cirrhose
Les 5 classiques selon objectifs; infections bactériennes; ascite; hémorragie; encéphalopathie; ictère
Infections bactériennes
Fréquentes et sévères
Infections spontanées du liquide d'ascite, pneumopathies, infections urinaires, cutanées ±
septicémies; favorisent les autres complications et le décès
Toute complication d'une cirrhose fait rechercher une infection, avec antibiothérapie probabiliste
au moindre doute après prélèvements multiples (type cephalosporine 3G), stop au bout de 3 jours
en l'absence d'infection documentée
Ascite
Complication la plus fréquente de la cirrhose
50 % des patients décèdent dans les deux ans après la première décompensation
Devant une ascite, les arguments en faveur d'une décompensation d'une cirrhose sont
- Un tableau clinique et paraclinique évoquant une cirrhose +++
- Les caractères du liquide +++: pauvre en protides (<20g/l), pauvre en cellules (sauf si
infection)
En cas de doute calculer le gradient : albumine sérique moins albumine ascite; si supérieur à
11g/l, ascite par hypertension portale très probable
- L'absence d'autres étiologies +++ (en particulier rechercher systématiquement l'insuffisance
cardiaque droite - turgescence des jugulaires, liquide riche en protides)
Devant toute poussée d'ascite, il est fondamental de rechercher une cause déclenchante++++
En urgence pour celles qui nécessitent une prise en charge immédiate
Hémorragie digestive et infections (de l'ascite, urinaire, pulmonaire)
Sinon
Poussée aiguë de la maladie causale (en particulier hépatite alcoolique)
Hépatite surajoutée (médicamenteuse, virale)
Prise d'AINS
Carcinome hépatocellulaire (ascite hémorragique)
Thrombose porte
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- Infection secondaire à la perforation d'un organe creux ou à un foyer infectieux
abdominal: à suspecter si
PNN > 5000/ mm3
Examen direct positif à plusieurs germes
Cultures positives à plusieurs germes
Intérêt de la TDM abdominopelvienne
Ascite réfractaire
Ascite importante
- Persistante ou récidivante rapidement malgré le traitement par restriction sodée et
diurétiques à doses maximales (400 mg spironolactone + 160 mg furosémide) ou
- Non traitable par diurétiques du fait de contre-indications ou d'effets secondaires
Pronostic sévère avec environ 25% de survie à un an
Syndrome hépatorénal
Insuffisance rénale fonctionnelle spontanée, survenant à un stade avancé de la cirrhose et ne
régressant pas après un remplissage vasculaire énergique.
Autres complications
Dyspnée par compression
Hernie ombilicale pouvant s'étrangler ou se rompre (grave car chirurgie nécessaire)
Hydrocèle par reperméabilisation du canal péritonéovaginal
Traitement de l'ascite
Moyens
- A visée étiologique +++ de la cause de la cirrhose
- Abstinence de toute boisson alcoolisée+++ (quelque soit l'étiologie)
- Restriction sodée modérée 30-50 mmoles par 24h +++
- Restriction hydrique uniquement si hyponatrémie
- Diurétiques
Antialdostérones (spironolactone, amiloride) seuls ou associés aux diurétiques de l'anse
(furosémide) A MANIER AVEC PRUDENCE +++
- Ponctions évacuatrices (paracentèse)
Ponctions de grand volume (le plus possible), compensées par une perfusion d'albumine
humaine à 20% si > 3 litres (7 g par litre retiré)
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- Dérivation péritonéojugulaire ou shunt de Leveen
Cathéter placé en sous cutané dont l'extrémité supérieure est insérée dans la veine cave
inférieure par l'intermédiaire de la veine jugulaire interne et l'extrémité inférieure est libre
dans la cavité péritonéale
- TIPS (transjugular intrahepatic portal systemic shunt)
Mise en place en radiologie interventionelle d'une prothèse vasculaire (stent) entre la
veine sus-hépatique droite et la branche porte droite, réalisant un shunt portocave à gros
débit faisant chuter la pression portale. Même efficacité que les anastomoses portocaves,
maintenant complètement abandonnées.
- Transplantation hépatique
Hospitalisation en urgence pour éliminer causes déclenchantes graves et débuter prise en charge.
Restriction hydrique si hyponatrémie. Restriction sodée systématique
L'ascite réfractaire est traitée par restriction hydrosodée et ponctions évacuatrices répétées en
hôpital de jour (rythme fonction de la vitesse de reconstitution). Parfois, avec le traitement
étiologique, elle évolue vers l'ascite simple puis vers la cirrhose compensée. Sinon, on se pose
d'abord la question de la faisabilité d'une transplantation. Si récusée: TIPS si la fonction hépatique
n'est pas trop sévère; dérivation péritonéojugulaire pratiquement abandonnée; le plus souvent
ponctions évacuatrices répétées jusqu'au décès.
Prévention des infections des liquides d'ascite +++ systématique en cours d'hémorragie digestive
(norfloxacine 400 mg X2) et si antécédents d'infection (norfloxacine 400 mgX1). En dehors de
ces cas, prophylaxie si taux de protides < 15 g/l. En pratique, la prophylaxie est mise dans les
ascites chroniques.
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Infection liquide d'ascite
- faire HC et ECBU avant de commencer
- antibiothérapie, dès le résultat des polynucléaires +++
cefotaxime 1gX4 IV pendant 5 jours (traitement de référence)
ou amoxicilline – acide clavulanique (1g/125mg) IV X3 par jour pendant 7 jours
si allergie ofloxacine IV puis per os 400 mg X2 pendant 7 jours
adapté si nécessaire à l'antiobiogramme
relais systématique par traitement prophylactique par norfloxacine 400 mg par jour
- albumine 20% 1,5 g/kg à J1 1 g/kg à J3 (sauf si pb cardiaque…)
Efficacité jugée sur baisse > 50% des PNN après 48h et sur la clinique. Si inefficace et pas de
germe isolé, envisager péritonite secondaire (TDM) et antibiothérapie à très large spectre
Hémorragie digestive
Cf.
Encéphalopathie
Ensemble des complications neuropsychiques en rapport avec l'insuffisance hépatocellulaire,
favorisées par les dérivations portocaves. C'est une encéphalopathie métabolique, se manifestant
par des signes moteurs et une atteinte des fonctions supérieures.
Clinique
Signes moteurs:
- Asterixis ou flapping tremor : suspension brève, paroxystique, asynchrone, de fréquence
lente, du tonus musculaire. Pratiquement constant en cas d'encéphalopathie clinique. peut
manquer au stade infraclinique. Non spécifique (peut être observé au cours de toutes
encéphalopathies métaboliques).
- Signes d'atteinte extrapyramidale: amimie ou dyskinésie buccofaciales , hypertonie plastique
prédominant aux membres supérieurs.
- Signes d'atteinte pyramidale prédominant aux membres inférieurs:
Troubles des fonctions supérieures gradués en trois stades, variable dans le temps ++
Stade I : troubles des fonctions supérieures sans altération de la vigilance:
modifications du sommeil, apathie avec lenteur d'idéation, troubles du comportement.
Stade II : troubles de la conscience de type confusionnel.
Stade III : coma, de profondeur variée et variable, généralement sans signe de localisation.
Ou en 4 grades (HAS)
Grade 1 insomnie confusion
Grade 2 abattement / comportement anormal
Grade 3 somnolence désorientation
Grade 4 coma
Hyperventilation avec alcalose gazeuse souvent associée aux stades II et III.
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Il faut éliminer
- Intoxication alcoolique, médicamenteuse ou aux produits illicites
- Hypoglycémie,
- Hémorragie méningocérébrale
- Hématome sous-dural
- Encéphalopathie carentielle de Gayet-Wernicke et syndrome de Korsakoff
- Delirium tremens (d'autant que traitement radicalement opposé)
- Phase post-critique d'une crise convulsive (de sevrage en particulier) ou état de mal
épileptique
- Et toutes les autres causes de troubles de conscience: AVC, troubles métaboliques,
(hypercapnie, hyper calcémie, hypontrémie, acidocétose) méningo-encéphalites…
Evolution
Encéphalopathie aiguë à l'occasion d'une complication, évoluant favorablement avec le traitement
de la complication.
Encéphalopathie chronique ou par poussée, sans cause autre que l'insuffisance hépatocellulaire,
présente à la phase terminale des cirrhoses, de mauvais pronostic (rechercher un gros shunt
portocave spontané)
Traitement
Préventif +++
Interdiction des médicaments sédatifs, respect des contre-indications des diurétiques.
Lactulose ou lactitol per os en cas d'hémorragie digestive
Curatif
- Traitement de la cause déclenchante +++
- Lactulose ou lactitol (discuté : fait en pratique)
Per os si conscient QSP 2 à 3 selles molles par jour
Effet secondaire : diarrhée pouvant être cause de déshydratation
En lavement si inconscient trois fois par jour si réveil
- Transplantation hépatique si possible dans les formes chroniques ou récidivantes
Ictère
Favorisé par
Une infection une poussée d'hépatite
L'insuffisance rénale
L'hyper hémolyse
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L'insuffisance hépatique
Fait rechercher une complication de la cirrhose
Facteur pronostic défavorable mais peu spécifique
Complications pulmonaires
Hydrothorax du cirrhotique
Accumulation de liquide d'ascite dans la plèvre à travers des brèches diaphragmatiques
A droite dans 90% des cas
Mêmes caractéristiques biologiques que l'ascite
Isolé ou associé à l'ascite
Problème spécifique: dyspnée
Même prise en charge que l'ascite sauf que les ponctions pleurales itératives se compliquent très
vite, si hydrothorax "réfractaire" envisager vite la transplantation ou le TIPS
Hypertension portopulmonaire
Définie par l'association d'une hypertension artérielle pulmonaire primitive et d'une HTP
Suspectée devant l'importance de la dyspnée, la turgescence des jugulaires, le taux élevé de
protides dans le liquide d'ascite
Confirmé par l'échographie cardiaque et le cathé droit
Mauvais pronostic contre-indique la transplantation
Syndrome hépatopulmonaire
Associe affection cirrhotique, hypoxie (PaO2 < 70 mmHg) et dilatation diffuse des vaisseaux
pulmonaires
Suspectée sur dyspnée d'effort
Diagnostiquée sur échographie cardiaque de contraste ou scintigraphie pulmonaire de perfusion
Traitement par oxygénothérapie et surtout transplantation hépatique
Carcinome hépatocellulaire
Non traité ici cf.
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annexe
score de Child-Pugh
Pour chaque malade, on calcule un score en additionnant les points. La classe A correspond aux
patients ayant un score de 5 ou 6 ; La classe B aux patients ayant un score de 7, 8 ou 9 ; la classe
C aux patients ayant un score ≥ 10
Source objectifs
Score de Maddrey
Gravité des hépatites alcooliques aiguës
Référence :
Conférences de consensus
http://www.snfge.asso.fr/
aller à grande bibliothèque>conférence de consensus
complications de l'hypertension portale chez l'adulte
alcoolodépendance 2001 (modalités de l'accompagnement)
alcoolodépendance 1999 (modalités du sevrage)
aller à étudiants et chercheurs
objectifs illustrés d'hépatogastroentérologie
20
Bilan de première intention
NFS-plaquettes
Asat/Alat
!-GT
Bilirubine, ; PalcALAT GGT PALC
ASAT
Electrophorèse des protéines
Evolution avec l'arrêt (hyper-! isolée
de la consommation ou bloc
d'alcool ++ ß-!) - Si Ag HBs +
Ac anti Hbc Ag Hbs
Electrophorèse des protéines Ac anti HBs ADN VHN
Ac anti VHC
Taux deSaturation
prothrombine
de la transferrine ferritine -Si Ac anti VHC+
Glucose triglycérides
(après cholestérol
6 jours d’abstinence +++) ARN VHC
Coefficient de saturation
contrôle ASAT ALAT de la transferrine,
GGT après 6ferritine
jours d’abstinence +++ -VIH si B ou C +
Mais augmenté aussi par la consommation alcoolique ou FdR
Antigène Anomalie lipidique,
HBs, anticorps glycémique
anti HBs, anticorps anti HBc -Sérologie VHD si
Anticorps anti VHC AgHBs +
Figure 1
Proposition d’arbre guidant la prescription des examens à visée étiologique en cas de cirrhose chez
l’adulte. NASH : stéatohépatite stéatosique. HFE : gène impliqué dans l’hémochromatose génétique.
CBP : cirrhose biliaire primitive. CSP : cholangite sclérosante secondaire. CPRE : cholangio
pancréatographie rétrograde LAF : lampe à fente.
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