Expansion Salon SIM 2018

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Sommaire

5 Éditorial. L’Éthiopie a trouvé sa voie, à nous de chercher la nôtre

Dans les pas de l’histoire


11
6 60 années d’histoire

8 Fredy Rajaonera , Président du Sim : valorisons nos matières premières, travaillons


ensemble, protégeons la Nation

11 Label « Malagasy ny antsika » : promotion et mise en avant du « Vita malagasy »

12 Histoire économique de Madagascar

Financer le développement
14 Éthiopie : un développement inspirant

16 Financement : le plafond de verre du développement 14


20 Comment financer le développement? Ils donnent des pistes

24 Entretien. Toky Rajaona : vivre plus et vivre mieux


16
Consolider l’industrie
26 Perspectives : à la recherche d’une transformation structurelle radicale

30 Alliance pour l’industrialisation durable

32 Barthelemy, DG de l’ANMCC : limiter les importations et impliquer davantage


les entreprises malgaches

34 Stéphane Hery Raveloson, DG de la Socobis : il faut établir une concurrence saine,


libre et sereine

38 Atlas des droits des enfants et des entreprises : assurer des pratiques durables
à l’égard des droits de l’enfant

40 Narindra Rakotonanahary, coordonnateur du Projet Tsara, Onudi : un artisanat fort


grâce aux industries créatives

42 Accréditation : pour rendre le monde plus sûr

46 Marc Scheffer, responsable marketing de la Société malgache des magasins :


pour soutenir la production locale, il faut avoir des filières structurées

48 Karine Rajaona Razafindrakoto, coordinateur communication du Groupe Star :


le Groupe Star croit dur comme fer que son investissement n’est pas vain

52 GIZ en support à la formation professionnelle : un élément majeur


de la compétitivité d’une entreprise

54 Chronique. Développement d’entreprise : quelles ressources humaines


pour la réussite de votre startup ?

4 EXPANSION MADAGASCAR 38
Éditorial
Le magazine du Syndicat des Industries de Madagascar
www.expansion-madagascar.mg

Syndicat des Industries de Madagascar


Immeuble PREMIUM 3ème étage
Ex-Village des Jeux
Antananarivo 101
+ 261 20 22 240 07
www.sim.mg
Syndicat des Industries de Madagascar

Fondateurs
Hery Ranaivosoa · Fredy Rajaonera L’Éthiopie a trouvé sa voie,
à nous de chercher la nôtre
Damase Andriamanohisoa · Frank Fohine
Stéphane Raveloson · Karim Barday
Francis Rajaobelina · Laurent Rajaonarivelo
Claude Ratefiarisoa

Directeur de publication
Fredy Rajaonera
Fredy Rajaonera
Président du SIM

Directeur général
Tanteliarimiza Rakotomalala

Directeur de création
Toky Rajaona

L
Rédacteur en chef
Andriamanambe Raoto ’Éthiopie est un pays inspirant. Elle est éri- long terme. La politique doit donc agir en faveur de
Chef de publicité
gée en modèle pour l’Afrique, pour sa capa- l’économie.
Anjasoa Randrianasolo cité de résilience, son essor incroyable et Le modèle éthiopien n’est pas forcément le meil-
Miangaly Andrianaly son développement incroyable. Peut-être que leur pour Madagascar. L’interventionnisme étatique
Directeur artistique
vous vous souvenez des images terribles de y est érigé comme une parole d’évangile. Nous, qui
Nirilanto Ramanamisata la famine qui a touché ce pays au milieu des années avions déjà goûté depuis de longues années au libé-
80. L’Éthiopie veut se défaire de ce tableau funeste. ralisme, serions-nous aptes à revenir en arrière ? Il
Infographiste
Fredo Bezama Tiaravo On peut dire qu’elle a réussi. n’en est pas sûr. Le secteur privé est un moteur
En effet, les performances incontournable de croissance
Attaché de production
Mampionona Rasoloarinony
économiques du deuxième et de revoir l’État avoir la
pays le plus peuplé d’Afrique mainmise sur les appareils
Secrétaire de rédaction attirent les investisseurs et de production peut freiner
Pela Ravalitera
impressionnent les écono- l’effort du privé. Soulignons
équipe éditoriale mistes. La croissance annuelle également le salaire minimum
Hilda Hasinjo · Iharivelo Randiniaina moyenne du PIB au cours qui est très faible. Cela permet
Julie Raharisoa · Van-Lee Behaja
des douze dernières années de développer le plein emploi,
Collaborateurs dépasse 10 %. Quand l’on sait mais la dignité humaine n’est
GIZ · Miora Navalona · Onudi d’où est parti ce pays, l’on pas pour autant préservée.
Tiana Rajoelisolo
peut le qualifier de miraculé et Cependant, il y a des aspects
Crédits photos sa croissance de miraculeuse. positifs indéniables à souli-
ACEP · GIZ · Groupe Star · Ihandry Randria Nous avons eu la chance de gner : le taux de bancarisation
Nirilanto Ramanamisata
Njaka Rajaonisaona
visiter ce pays, pour mieux est très élevé et les citoyens
Office de Tourisme National de Madagascar comprendre les contours ont été « exhortés » à prendre
(ONTM) · Tsilavo Rakoto de cet essor. Nos premières part aux divers projets de
UNICEF Madagascar/Abela Ralaivita impressions ont surtout développement, notamment
Régie publicitaire et abonnement porté sur les infrastructures : le Grand barrage de la renais-
office@mg-becom.com modernes et flambants neufs. sance. Avec une capacité de
magazine@mg-becom.com
Addis-Abeba, la capitale, est l’écrin de ce pays en production électrique de 6 000 MW, il devrait être
+261 34 02 002 02
marche et qui continue à étonner. le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique. Ce
Pour contacter la rédaction Les secrets d’une telle réussite se dessinent sur de que nous pouvons retenir de cette avancée est l’élan
redchef@mg-becom.com
+261 34 09 324 75
nombreux volets. Mais le plus fondamental est sans national qui a été donné pour mettre en œuvre ce
conteste l’élaboration, et surtout la mise en œuvre, chantier titanesque, qui fait aujourd’hui la fierté de
Imprimée par de plans quinquennaux. À Madagascar, beaucoup de l’Éthiopie et de l’Afrique.
NIAG
leaders s’y sont essayés mais ils ont buté de manière L’Éthiopie a trouvé sa voie, assurément. À nous de
récurrente sur des crises cycliques. Si nous voulons trouver la nôtre. Nous avons la chance d’avoir les
suivre la voie indiquée par l’Éthiopie, il faut d’abord ressources et surtout les Hommes pour parvenir à une
Expansion Madagascar est une publication de que nous ayons une visibilité sur le moyen et le croissance harmonieuse et inscrite sur le long terme. 

Expansion Madagascar est une marque déposée


auprès de l’OMAPI. La reproduction, même partielle,
des articles et illustrations parus dans Expansion
Madagascar est interdite sans l’autorisation
écrite de l’éditeur.
Expansion Madagascar décline toute responsabilité
pour les documents remis. NUMÉRO SPÉCIAL 5
Dans les pas de l’histoire | Infographie

60 années

d’histoire

6 EXPANSION MADAGASCAR
NUMÉRO
MAI-JUIN
SPÉCIAL
2018 7
Dans les pas de l’histoire | Entretien

8 EXPANSION MADAGASCAR
FREDY RAJAONERA , PRÉSIDENT DU SIM
Valorisons nos matières premières,
travaillons ensemble, protégeons la Nation
Les obstacles sont nombreux et empêchent le développement de l’industrie.
Les opportunités sont également légion. Entretien avec le président
du Syndicat des Industries de Madagascar.

Recueillis par Andriamanambe Raoto, Julie Raharisoa et Van-Lee Behaja · Photo © Nirilanto Ramanamisata

60 ans. Du chemin a été parcouru et en ressent pas les impacts. Il est important puissions contribuer davantage au PIB.
regardant dans le rétroviseur, qu’est-ce de donner une place au secteur privé qui Dans la Grande île, la part de l’industrie
que l’on pourrait retenir ? contribue de manière importante à alimenter dans le PIB demeure faible à raison de
Malgré les différents régimes qui se les caisses de l’État. Dorénavant, ce dernier 15%. À l’horizon de 2020, nous visons
sont succédé, nous avons maintenu notre doit s’engager davantage, notamment en une part qui pourrait atteindre 25%. Pour
cap, c’est-à-dire l’industrialisation de réhabilitant les infrastructures qui sont ce faire, un long chemin reste à parcourir.
Madagascar. Si l’on prend comme point de essentielles pour le développement. Nous L’État et le secteur privé devraient devrait
départ la carte datée de 1960, l’on pourrait avons évoqué maintes fois ce problème travailler main dans la main.
souligner le développement spatial des et avons demandé à ce que l’État en
unités industrielles. L’industrie a connu une fasse une de ses priorités cette question, Durant votre premier mandat, vous avez
évolution constante, malgré les hauts et les mais on ne ressent pas encore le résultat. misé sur l’ « expansion et la modernisa-
bas. La redevabilité exige que les dirigeants tion ». Durant ce second mandat, votre
gèrent convenablement la Nation. Le leitmotiv est « l’engagement pour une
Comment voyez-vous le SIM actuelle- rôle du secteur privé est de faire marcher meilleure efficacité ». Le SIM est-il sur la
ment ? l’économie. bonne voie ?
Le SIM garde toujours le cap. C’est le Pourquoi est-ce que j’ai choisi la
moins que l’on puisse dire après 60 années Depuis des années, les acteurs écono- modernisation comme thème durant mon
d’existence. Le principe du SIM est de miques déplorent la place accordée au premier mandat ? Le constat est simple :
défendre les intérêts des industriels en secteur privé… les industries de Madagascar sont un peu
proposant à l’État des solutions. Nous Il est dommage que l’on ne donne pas sa dépassées. Les matériels de production
sommes pour des dialogues public-privé chance au secteur privé. Néanmoins, nous sont obsolètes. Il faut que nous misions
efficaces. Nous souhaiterions avoir une tenons à saluer les efforts du ministère de sur l’innovation dorénavant. Concernant
participation plus active et que l’État soit l’Industrie et du Développement du Secteur l’engagement économique, le secteur
davantage à l’écoute du secteur privé. Nous privé (MIDSP) qui était à notre écoute privé concoure déjà à la dynamisation
n’avons eu de cesse de prôner des mesures et qui nous a beaucoup aidés pour faire de l’économie. Cependant, comme le
incitatives pour les industries locales. Un avancer le secteur industriel. La preuve secteur public, il doit s’engager plus
exemple concret est l’élaboration de la tangible, il a pu sortir la première Loi sur fortement en faveur de l’économie du
Loi de finances tous les ans, à laquelle le Développement Industriel (LDI). Ce pays. C’est pourquoi avons-nous contribué
participe le secteur privé. En effet, les deux ministère est à notre écoute, contrairement à l’élaboration de la LDI. Elle est la
parties se mettent d’accord sur certaines à certaines institutions… résultante de plusieurs ateliers organisés
dispositions. Cependant, dans la Loi de en collaboration avec la Friedrich Ebert
finances adoptée au Parlement, ce n’est pas Comment trouvez-vous le chemin qu’em- Stiftung (FES) et avec le MIDSP.
toujours le cas. Si le secteur privé propose prunte le SIM actuellement ?
une vingtaine de points, on n’en retient Nous ambitionnons de devenir une C’est l’occasion de revenir sur cette loi.
qu’un ou deux. « organisation patronale citoyenne ». Nous Quels en sont les enjeux ?
allons consolider les acquis et accroître les Deux choses très importantes sont à
Le dialogue public-privé n’est t-il pas emplois. Le SIM génère 60 000 emplois souligner : cette loi prévoit la création
effectif ? et contribue à près de 20% les recettes de l’Agence national de développement
Certes, le dialogue public privé est effectif, fiscales malgaches. Nous nous battons pour industriel (Andi), qui serait une agence qui
mais du côté des industries, l’on n’en le maintien de ces emplois et pour que nous gèrerait le secteur industriel avec /...

NUMÉRO SPÉCIAL 9
Dans les pas de l’histoire | Entretien

.../ la mise en place d’un Fonds national Quels seront les critères pour intégrer le Nous sommes très heureux d’avoir apporté
pour le développement industriel (FNDI). label ? notre contribution pour la mise en place de
Le fonds engagera les partenaires et les Avant qu’un produit ne soit labellisé, l’Alliance. Elle réunit tous les acteurs de
industriels. Il servira au développement l’entreprise doit déposer sa candidature. l’industrie, à savoir le Fivmpama, le Crem,
de l’industrie pour accroître les effets Une visite sera effectuée et, à la fin, le le CTM, le SMM et le SIM. Elle a été créée
multiplicateurs. conseil d’administration décidera. Nous dans le but de renforcer les acquis de la LDI.
préférons entamer une démarche sélective La plateforme vise aussi à lancer un projet
Où en sommes-nous dans l’effectivité de pour que la qualité soit au rendez-vous. Les portant sur un baromètre de l’économie
la LDI ? entreprises membres du SIM doivent être qui permettrait d’avoir les indicateurs de
Les décrets d’application sont déjà prêts. honnêtes envers elles-mêmes et envers les l’économie à un instant t. Publié trois fois
Ils doivent être présentés en conseil des autres. La force du SIM repose surtout sur par an, ce baromètre traitera des sujets
ministres. La situation qui a prévalu a le fait qu’il soit écouté. Mais pour maintenir importants pour chaque période.
retardé la mise en route des dispositions de ce niveau de confiance, il est important
la LDI. d’avoir une moralité irréprochable. Tous À l’échelle régionale, continentale et mon-
les membres du SIM ont signé un Code diale, de quel niveau de protectionnisme
Le label « Malagasy ny Antsika » vient d’éthique. Nous comptons sur la loyauté de avons-nous besoins ?
d’être lancé. Partagez-nous votre vision chaque membre envers ce Code. Nous arrivons à un moment où la
sur cette labellisation ? mondialisation est une réalité implacable.
Le « Vita malagasy » ne devrait plus être L’importation est l’un des sujets récur- Grâce à la technologie, le monde est
associé à cette image de produits de piètre rents dès que l’on parle d’industrie. devenu un « grand village ». Pour ce
facture. Nous devons démontrer que nos A-t-on des alternatives ? qui est des échanges, chacun défend ses
produits peuvent égaler ceux venant de Nous avons les matières premières de intérêts. Les membres du Comesa ou de
l’étranger. Les industries se préparent Madagascar. Nous avons des vastes terrains la SADC tirent profit des accords ratifiés
déjà à innover, que cela soit en termes de arables mais nous n’arrivons pas à les mais pas Madagascar. Le problème se
matériels et d’équipements de production, exploiter convenablement. Si le problème situe à différents niveaux, mais il est
ou en matière de savoir-faire. Nous militons repose sur le foncier, l’État doit intervenir clair que les informations manquent. La
pour que l’État prenne une décision ferme : par une prise de décision concrète. J’aime guerre commerciale sera difficile à mener
les articles locaux non travaillés devraient souvent citer en exemple le cas éthiopien, si les accords internationaux ne sont pas
être interdits d’exportation, notamment nos pour pouvoir construire le barrage de la maîtrisés et que si en même temps, les
essences précieuses. Pourquoi ne pas donner Renaissance, tous ceux qui sont en âge de mesures correctives ne sont pas prises en
de la valeur ajoutée à tous nos produits ? travailler ont dû prendre des obligations considération. Certains produits sensibles
C’est une décision politique. Ne l’oubliez pour être propriétaire du barrage. Il faut nécessitent des mesures protectrices fortes.
pas, bien souvent, bon nombre de produits prendre en considération cet exemple pour Il est dommage que les règles ne soient
bruts seront travaillés à l’étranger puis avancer en termes de productivités. pas suivies de la même manière sur le plan
réexportés à Madagascar. Les bons exemples international. Nous avons de nombreux
sont légion à Madagascar pour contrer cette …Comment concrétiser l’autosuffisance instruments, comme les normes par exemple,
situation. Des sociétés comme Salone ou en termes de matière première ? mais en pratique leur application laisse à
TAF transforment nos matières premières, Il faut que la chaîne de production soit en désirer.
très prisées, avant de les exporter. Ce qui adéquation avec l’industrie. Le ministère Madagascar fait partie des 44 pays signa-
donne une valeur ajoutée à nos produits. Nos de l’Agriculture et de l’élevage joue taires de l’accord sur Zone de libre échange
politiques devraient oser en promulguant un rôle primordial. Il est prioritaire de continentale africaine (ZLEC). Êtes-vous
des lois novatrices : par exemple, une multiplier les mesures incitatives pour les plutôt inquiet ou confiant quant à l’avenir ?
matière devrait être transformée à, au investisseurs et de soutenir les activités L’accord a été signé mais il n’a pas été
moins 40%, avant d’être exportée. Ce innovantes qui impliquent la population et ratifié. Les accords contiennent souvent
genre de disposition aide beaucoup un pays. son développement. D’où l’importance d’un des chausse-trappes : ils permettent parfois
L’économie ne se développe qu’avec des partenariat public-privé plus conséquent de contourner les textes en vigueur.
mesures fortes. Le président rwandais a dans le cadre d’une compréhension Actuellement, de nombreux produits de
décidé d’interdire l’importation de friperies. mutuelle. Il faut avoir un gouvernement qui grandes marques sont fabriqués sous
C’est une décision politique prise afin de se dévoue totalement au développement de licence en Afrique, à l’exemple de Colgate
développer les industries textiles locales. Madagascar. Le secteur privé est une force en Égypte. Ce n’est qu’un exemple parmi
Chez nous, les mesures de détaxation de proposition importante. Il ne demande tant d’autres. Je crains fort que la ZLEC
ont tué davantage les industries textiles que les accompagnements nécessaires à la n’occasionne des dommages plus importants
qui étaient déjà mal en point. D’ailleurs, concrétisation des idées. encore auprès de l’industrie malgache. Si
nous souhaiterions que, pour toutes les nous voulons avoir une place au soleil,
négociations futures, le secteur privé fasse Est-ce dans ce sens que le SIM a intégré dans le cadre du libéralisme africain, il faut
partie intégrante de la structure décisionnaire l’Alliance pour l’industrialisation durable que nous ayons une maturité politique plus
et qu’il soit pleinement consulté. de Madagascar ? importante. 

10 EXPANSION MADAGASCAR
Label « Malagasy ny antsika »

Promotion et mise en avant


du « Vita malagasy »
Photos © Ihandry Randria

« Malagasy ny antsika », un nouveau label économique d’excellence


promu par le SIM dans sa politique de promouvoir le « Vita mala-
gasy ». Pour l’organisation patronale, il s’agit d’une volonté d’enga- Envergure. Le SIM figure parmi les groupements patronaux de
gement dans le sens du développement local. poids qui défendent les activités des entreprises et des industries
siégeant à Madagascar. Ayant vu le jour en 1958, le SIM entend
Code d’éthique. Avec l’appui du Programme d’appui à l’emploi marquer son soixantième anniversaire à travers le lancement de
et à l’intégration régional (Procom), de l’Union Européenne, ce ce label. À travers cette labellisation, le syndicat entend mettre en
label a pu être lancé officiellement en mi-mars. Il garantira l’ori- valeur son parcours, ses réalisations et ses performances. Ainsi,
ginalité du produit fabriqué par les industries membres du SIM plusieurs séries d’activités sont prévues tout au long de cette année
avec des conditions spécifiques : la transformation doit s’effectuer à de commémoration, à travers cette labellisation comme la semaine
Madagascar, les produits doivent respecter les règlementations et les du « Vita malagasy », le Salon de l’Industrie de Madagascar q,
normes, les producteurs doivent respecter le code éthique du Syndicat. ainsi qu’une soirée de Gala « Vita malagasy ». Le véritable défi
72 entités, dont 64 entreprises, sept groupes et une association pro- auquel le SIM fera face, est d’imposer le label auprès des consom-
fessionnelle, membres du SIM bénéficient pleinement de ce label et mateurs pour qu’il devienne un véritable signe distinctif de la
de ses avantages. « qualité SIM » et pour qu’il procure un avantage concurrentiel. 

NUMÉRO SPÉCIAL 11
Dans les pas de l’histoire | Infographie

Histoire économique

de Madagascar

12 EXPANSION MADAGASCAR
NUMÉRO SPÉCIAL 13
Financer le développement | Dossier

Éthiopie

Un développement inspirant

Addis-Abeba est
la vitrine d’une
Éthiopie en
mouvement.

L’Éthiopie est la fenêtre de l’Afrique qui bouge. Ce pays se distingue avec une croissance
officielle à deux chiffres au cours de ces dix dernières années.

Par Miora Navalona · Photo © DR

S
ur la bonne voie. Considérée actuel- par des représentants du ministère de l’Indus-
lement comme le pays le plus per- trie et du développement du secteur privé,
formant en Afrique, l’Éthiopie ceux du ministère des Finances et du budget,
connait une croissance économique d’autres institutions de l’État, soutenue par
fulgurante. Le modèle de dévelop- la fondation Friedrich Ebert Stiftung (FES),
pement adopté par ce « lion africain » carac- ont effectué un voyage dans ce pays. En
térise son essor. Avec le Rwanda, c’est le seul seulement dix ans, l’Éthiopie a pu atteindre
État qui est considéré comme « développe- l’un des taux de croissance les plus élevés
mentiste » en Afrique. sur le continent africain et dans le monde,
à hauteur de plus de 10% chaque année.
Indicateurs remarquables. L’émergence Le produit intérieur brut (PIB) est passé de
de l’économie de ce pays se matérialise à tra- 37 millions en 1996 à 159 millions en 2010.
vers la politique d’un État résolument déve- Le pays a de véritables atouts, notamment un
loppementiste. Pour s’inspirer de ce modèle marché intérieur prometteur, avec une popu-
éthiopien, une délégation malgache, conduite lation de près de 102 millions d’habitants, le

14 EXPANSION MADAGASCAR
Chiffres clés
Les ingrédients
d’une réussite
La réussite éthiopienne est
une source d’inspiration
pour la délégation malgache,
notamment à travers une
industrialisation massive
ces dernières années. Cette
politique résulte des plans
de développement qui
sont quinquennaux et qui
définissent les priorités de
l’économie. Ils sont pris
au sérieux par tous. Une
des stratégies mises en
place par le gouvernement
éthiopien en ce qui concerne
l’industrialisation et le
développement industriel,
est de permettre de passer
fait d’être le deuxième pays d’Afrique par sa Impacts. Les bonnes performances de d’une l’économie « aléatoire »
population, et un environnement exception- l’économie éthiopienne sont basées sur une dépendante du climat et
nel. Les indicateurs socioéconomiques confir- économie saine, régie par un État fort et sou- de la pluie à une économie
ment ces progrès remarquables effectués sur industrielle stable.
cieux d’attirer les investisseurs. Le modèle
la dernière décennie. L’objectif du gouvernement
de développement que le défunt président
local est que l’industrie
Meles Zenawi avait mis en place a induit
contribue à 25% du PIB.
Miracle. Actuellement, des mégaprojets de des impacts sur la transformation de l’éco-
Dans son compte-rendu,
développement sont en cours et ils tirent nomie du pays. L’État a une mainmise très
la délégation malgache
l’économie éthiopienne vers le haut. La forte sur l’économie en créant des entreprises
qui effectué le voyage en
mise en place de sept parcs industriels spé- publiques dans des secteurs où le secteur
terre éthiopienne, a mis
cialisés (Textile Awasha, 150 ha) et écolo- privé a été réticent à investir. La délégation
en exergue les quelques
giques, orientés vers les exportations et à
points d’inspiration de la
intégration verticale, ainsi que d’une cen- politique adoptée par ce pays,
taine d’unités de sucreries figurent parmi ces
chantiers titanesques qui s’opèrent. À cela Les bonnes comme la mise en place de
banques de développement
s’ajoutent la construction du plus grand fret
cargo international et la modernisation de
performances de national, la mobilisation des

l’économie
ressources et des épargnes
la ligne ferroviaire allant jusqu’à Djibouti locales, le développement
pour assurer une sortie sur la mer, dont est
privée l’Éthiopie après l’indépendance de éthiopienne sont massif des infrastructures de
développement et d’appui à la
l’Érythrée. La renaissance d’un pays qui a
été tristement associé à la grande famine des basées sur une production. La valorisation des
ressources humaines locales
années 80, paraît porteuse d’espoir pour les
autres États africains. « Les gouvernants ont
économie saine ainsi que la nécessité d’un
État fort et omniprésent pour
pris des décisions importantes. Tout ce qui conduire le développement
touche aux infrastructures, est pris en charge malgache qui a visité le pays a pu constater d’un pays font partie des
par l’État », explique Fredy Rajaonera, pré- in situ la réussite éthiopienne, notamment ingrédients du succès de
sident du SIM. Effectivement, le miracle à travers Ethiopian Airlines, le fleuron de ce pays. Le développement
économique de l’Éthiopie se traduit par une l’industrie aérienne africaine et qui suit de n’est pas un vain concept en
gouvernance sous un modèle d’État déve- près les autres majors. Dans tous les coins Éthiopie même au fin fond du
loppementiste. « Un État fort au service du pays, de nouvelles routes apparaissent ici territoire : un village possède
de son peuple, explique Marcus Schneider, et là. Les villes sont un chantier permanent. son école, son centre de santé,
représentant résident de la FES. Une coa- La délégation a pu s’enquérir de ces avancées sa salle communale, son
lition avec le peuple qui est une armée de grâce à des conférences et des rencontres. ambulance, son antenne-relais
développement. Un encadrement de toute la Bien évidemment, le développement a ses pour le téléphone et souvent
bureaucratie et de la population pour un revers de la médaille. Les salaires en Éthiopie ses lignes électriques.
effort collectif pour le développement. » sont les plus bas au… monde. 

NUMÉRO SPÉCIAL 15
Financer le développement | Dossier

FinancemenT

Le plafond
de verre du
développement
La mobilisation des recettes propres permet
de financer le développement et fait partie des
conditions requises pour alléger la pauvreté et
améliorer les infrastructures.

Par Hilda Hasinjo

100
milliards de dollars de recettes. sion fiscale fixé à + 0,5% du PIB. En termes monétaires,
C’est ce que représentent, pour cela équivaut à 2 735 milliards ariary de recettes en 2018.
les pays en développement, les L’accroissement de l’assiette fiscale s’avère être l’un des
pertes annuelles à cause de l’opti- plus importants défis de cette direction. Les chiffres avoi-
misation et des fraudes fiscales. sinent actuellement les 16%.
Ce montant qui excède le niveau de l’aide publique étran-
gère reçue par ces mêmes pays. Différence. Mais pour l’instant, cet objectif est encore
lointain. Pis, les contribuables ne voient pas de bon œil cet
Assiette fiscale. Madagascar n’est pas en reste et se accroissement tant espéré par l’administration. En effet, il a
retrouve en queue de peloton en ce qui concerne la pression été toujours d’usage de mettre la pression sur ceux qui payent
fiscale. C’est l’un des plus faibles taux en Afrique. Bien que déjà. Hanta Tiana Ranaivo Rajaonarisoa, entrepreneure, est
des progrès très significatifs aient été réalisés au cours des de ceux qui le pensent. « Je me retrouve en difficulté pour
dernières années, le taux de pression fiscale à Madagascar écouler mes produits car ils sont en concurrence directe
reste l’un des plus faibles de la zone et ne permet pas au avec des produits importés exonérés de taxe. Certains distri-
pays de financer de manière autonome les projets de déve- buteurs choisissent de vendre des produits importés car les
loppement. La Direction générale des impôts (DGI) compte nôtres sont plus onéreux. Les taxes induisent une différence
accroitre de 23% les recettes fiscales, avec un taux de pres- importante sur les prix », déplore-t-elle. Elle a développé

16 EXPANSION MADAGASCAR
Flore Aroma, une entreprise de transformation de produits train de mettre en place une stratégie plus efficace en termes
naturels en anti-moustique. Et selon son témoignage, les de fiscalité. Il s’agit de toute une panoplie de mesures en vue
anti-moustiques importés ne sont pas soumis à des taxes car d’un élargissement fiscal, sans pour autant mettre la pres-
ils luttent contre le paludisme. Ceux produits localement, sion sur les contribuables, nous partage-t-il. Quand on parle
par contre, ne jouissent pas de cet avantage. « Il est juste d’un élargissement fiscal, on évoque le nombre de contri-
inconcevable de voir que les entreprises locales soient han- buables touchés et de montant recouvré. Dans cette optique,
dicapées par des mesures non concurrentielles, imposées nous allons nous focaliser sur les entreprises formelles et
par la fiscalité », martèle la toute jeune cheffe d’entreprise. effectuer des croisements de données afin de réduire au
Selon elle, la nouvelle Loi sur le développement industriel moindre possible les écarts. » Les nouveaux contribuables
(LDI) devait permettre aux industriels de jouir des mêmes feront également l’objet de suivi plus strict. « Certains se
avantages. servent de prête-nom et faussent les données statistiques, et
conséquemment les prévisions. La formalisation du secteur
Stratégie. Ce que vit au quotidien cette entrepreneure n’est informel suivra », précise-t-il. Une autre opération devrait
qu’une illustration parmi tant d’autres de cette « discrimina- permettre aux entreprises et aux affaires de mieux se déve-
tion » endurée par les entreprises locales de transformation. lopper tout en augmentant le recouvrement. Il s’agit du suivi
Cependant, le Directeur général des impôts, Iouri Garisse des opérations d’importation et exportation. Cette dernière
Razafindrakoto, tempère ce point de vue. « L’État est en fait perdre aux caisses de l’État une somme faramineuse /...

NUMÉRO SPÉCIAL 17
Financer le développement | Dossier

les recettes de l’État


À la loupe

6 322,3
milliards d’ariary
Total des recettes et des dons

2 735
milliards d’ariary
Recettes fiscales intérieures

1 245,6
milliards d’ariary
Financements extérieurs nets

7 519
milliards d’ariary
Dépenses totales

-1 196,6 Madagascar est


un pays à vocation
milliards d’ariary agricole, or le
Déficit base des engagements monde rural souffre
le plus du déficit de
financement
Sources : Trésor public

.../ chaque année. « Les entreprises en situation irrégulière ment pour entretenir nos infrastructures. Mais à première
vis-à-vis de l’administration fiscales ou qui ne déclarent vue, les résultats ne sont pas tangibles. Les contribuables
pas leur situation ne pourront plus effectuer des opérations ont l’impression que l’argent qu’ils versent aux caisses de
douanières. Cette disposition s’avère efficace », explique l’État se volatilise », explique un spécialiste de la fiscalité
le DGI. au sein de PricewaterhouseCoopers. Un avis partagé par
Gil Razafintsalama, Directeur des opérations au sein de
Visibilité. Toutes ces mesures, accompagnées d’une édu- l’International Trade Board of Madagascar. « C’est une
cation en « civisme fiscal », devraient former un arsenal question de gouvernance, appuie-t-il. Cette équation devrait
d’outils de redressement aux termes de cette année 2018. être résolue suite à la mise en place d’une gouvernance
Mais pour les investisseurs et les usagers du service public, tripartite des fonds. Ce serait une possibilité d’avoir plus
l’heure est au bilan. La « désobéissance fiscale » est inti- de visibilité sur l’usage des deniers publics. » En Éthiopie,
mement liée à la gestion de ces contributions. Une étude la mobilisation des ressources propres a permis de financer
récente a mis à nu l’incivisme fiscal des citoyens mal- une partie du barrage de la Renaissance, le premier barrage
gaches. Ces derniers ne seraient pas disposés à s’acquitter hydroélectrique d’Afrique et le dixième du monde en termes
spontanément d’une contribution fiscale supérieure à 5% de puissance. Les réformes fiscales menées doivent conduire
de leurs revenus. La mobilisation efficace des ressources à renforcer davantage la confiance. Certaines dispositions
domestiques s’inscrit dans un débat sociétal sur l’accepta- fiscales deviennent antiéconomiques et déconnectées de la
tion de l’impôt par les citoyens. « Normalement, les recettes réalité sur terrain ; pénalisantes et trop exigeantes sur la
de l’État induites par les taxes et les impôts devraient forme ; trop focalisées sur le secteur formel et délaissant
servir à faire fonctionner les services publics et égale- le secteur informel et targuées par certains de difficile-

18 EXPANSION MADAGASCAR
ment applicables en raison de l’absence de textes d’appli- cèlement fiscal est due à un manque de dialogue entre les
cation, avait noté Transparency International – Initiative parties prenantes. Une série de dialogue public privé a per-
Madagascar (TI-IM), dans son étude Comment assurer une mis de réduire les distorsions », soutient le DGI. D’ailleurs,
fiscalité des entreprises plus transparente à Madagascar ? il est conscient que si l’on laisse les opérateurs économiques
parue fin 2016. travailler librement, sans répression, ils sont plus efficaces et
plus productifs. Un cercle vertueux pour le pays.
Dialogue. Dans tous les cas, les agents économiques
attendent de ressentir le retour de leurs « investissements Industrie. Cette prise de conscience de l’État est un sou-
sur l’État » afin de pouvoir améliorer leur business. « Le lagement pour les industriels. À Madagascar, ce secteur
climat économique en général n’est pas favorable aux entre- d’activités représente une grosse part des contribuables avec
preneurs. Les infrastructures se dégradent, l’État est aux environ 25% des recettes fiscales générées par le secteur
abonnés absents. Mais pour y pallier, il pourrait valoriser secondaire. D’autant plus que, selon la Loi de finances
les produits malgaches à l’exportation avec la création de initiale 2018, le développement économique du pays s’ap-
certifications répondant aux demandes des clients à l’export, puiera essentiellement sur le secteur secondaire. En effet,
comme la certification de produit fait main ou certificats ce dernier atteindra un taux de 6 % malgré une régression
d’efficacité des produits naturels », suggère Hanta Tiana par rapport à l’année 2017 avec une croissance de 7,7%.
Ranaivo Rajaonarisoa. Pour arriver à ce schéma, il est Les branches agro-industries (6,1%), énergie (8,4%), indus-
important de ménager la chèvre et le chou. En effet, pour trie de boissons (7,5%), industrie de bois (7,6%), indus-
faire développer l’économie, il faut un tissu d’entrepreneu- trie métallique (9,2%), industrie de papier (7,0%) et ZFI
riat fort, tout en ayant une fiscalité attractive. « Pour nous, (12,5%) sont les branches-clés de ce secteur, lit-on dans
il s’agit plus de prévention que de répression. Dans cette cette Loi. La fiscalité malgache, qui a l’atout d’être parmi
optique, nous avons allégé les procédures de vérification », les plus simples en Afrique compte tenu du fait que ses taux
explique Iouri Garisse Razafindrakoto. Cette main tendue d’imposition convergent tous vers un taux unique de 20%,
à destination des opérateurs vise à réconcilier le monde devrait contribuer au développement industriel. À condition
économique et la direction des impôts. « La sensation d’har- de l’utiliser à bon escient. 

Le point avec...

Emilhiot Marozara
Directeur administratif et financier,
société Eosol Madagascar
© ONTM

Enjeux de demain
Mobiliser les ressources
en
+ Que pensez-vous du financement
des entreprises dans la Grande île ?
Le financement reste encore une
problématique à Madagascar. Leurs
internes sources sont diversifiées, mais y
Accroître davantage les res- avoir accès est difficile : épargne, Est-ce une fatalité ?
sources nationales pourrait fonds propres, crédit, aides À l’heure de la mondialisation et de
renforcer la souveraineté et publiques, prélèvement (impôts et la globalisation de l’économie, les
l’indépendance de la Grande cotisations sociales). Ces dernières entrepreneurs doivent posséder des
île. Pour le moment, les projets années, je constate l’ouverture de compétences techniques et surtout
de développement sont tribu- nouvelles institutions de finance- des compétences managériales pour
taires des aides extérieures. ment. Des banques et des microfi- créer des richesses. Le système édu-
Les réformes fiscales et les res- nances ont ouvert des agences dans catif joue un rôle primordial dans
sources financières inutilisées sont à même de « doper » la plusieurs villes du pays. Cependant, la promotion de la culture entre-
croissance à travers la mise en place d’infrastructures. Pour il est étonnant de constater que preneuriale. La mise en place d’une
accroître les investissements publics dans la promotion Madagascar est un pays à vocation réglementation des affaires efficace
de l’emploi et la protection sociale, Madagascar devrait devrait inciter les investisseurs
agricole, or les acteurs de ce secteur
élargir la marge de manœuvre budgétaire interne grâce à
sont le plus marginalisés quand il à venir dans le pays et à investir
l’augmentation de la croissance économique à travers une
s’agit de l’obtention de financement. davantage.
imposition élargie et progressive.

NUMÉRO SPÉCIAL 19
Financer le développement | Dossier

Comment financer le développement?


Ils donnent des pistes
L’accès au financement est l’une des tares du développement du secteur privé
à Madagascar. Nos interlocuteurs nous partagent leurs avis sur cette épineuse
question.
Recueillis par Julie Raharisoa et Miora Navalona

3 questions à...

Mahefa Edouard Randriamiarisoa


Président de l’Association professionnelle des institutions
de microfinances (APIMF)

Comment évolue le secteur des microfinances à Madagascar ?


Aujourd’hui, on prône surtout le concept de l’inclusion financière car on
se focalise davantage sur la finalité que sur les acteurs. Et à ce propos,
nous sommes loin des standards internationaux. Mais en tout cas, nous
méritons à nous développer davantage, à concevoir des produits plus
adaptés et moins chers.

© ACEP
Le problème d’accès des Petites et moyennes entreprises (PME) au crédit
est-il en passe d’être solutionné ? Comment améliorer la situation ?
Les PME n’ont pas accès au crédit aussi facilement qu’on le souhaiterait La sécurisation des crédits est vraiment primordiale pour les institu-
parce que les conditions ne sont pas réunies pour que l’on prête de tions de microfinance, pour les entreprises que nous finançons et même
l’argent comme cela se passe dans les pays développés. Il s’agit avant pour les banques primaires auprès desquelles nous nous refinançons.
tout de conditions contextuelles et structurelles. La position adoptée par Fondamentalement, il faut repenser l’ensemble du processus et tout
les divers acteurs ne permet pas d’intégrer une vraie inclusion financière. revoir. Il faut insister énormément sur l’éducation financière, et puis
Par exemple, pour formaliser nos garanties et pour sécuriser nos cré- encourager l’entrepreneuriat en tant que modèle économique pour créer
dits, nous rencontrons des difficultés. Les structures, essentiellement au de la richesse. L’État joue un rôle prépondérant dans la stratégie d’inclu-
niveau administratif, ne permettent pas toujours une mise en confiance sion financière. Il est le seul à détenir les leviers juridiques, judiciaires,
de toutes parties. légaux qui pourraient concourir à ce que le crédit soit plus sûr.

Nirina Rajaonary
Fondateur de Société de Production d’articles hygiéniques (SPAH)

Lorsque l’on évoque le financement à Madagascar, on ne parle que des financements des
entreprises et jamais ceux des paysans et du monde rural. D’une manière générale, le
financement des entreprises, par des dons et des prêts venant de parents ou d’amis, est
encore très prépondérant. Nous oublions souvent que c’est l’une des plus importantes
sources de financement de la majorité des entreprises, notamment les TPME qui opèrent
dans le secteur informel. Du côté des institutions traditionnelles comme les banques, les
taux d’intérêt élevés et les produits de financement qui sont peu variés freinent encore
l’ardeur de beaucoup d’entreprises. Les procédures et les formalités, parfois très complexes
pour l’obtention de prêt, dissuadent beaucoup de chefs d’entreprise. Cependant, il faut
© Photo fournie

reconnaître que le marché des produits se diversifie peu à peu pour s’adapter davantage
aux besoins de certaines catégories d’entreprises.

20 EXPANSION MADAGASCAR
Marie Francia Razanany
Fondateur de la société Malandy Company

Dans notre pays, le financement n’est pas centralisé et aucune politique approfondie dans
ce sens n’est encore appliquée. Aucune aide au développement, ni de sécurisation d’activité
n’accompagne les opérateurs économiques, ce qui est vraiment dommageable. Ils sont
livrés à eux même. Je qualifierai donc l’environnement local de flou. Ainsi, pour un chef
d’entreprise, le principal défi est de savoir planifier et agir de telle sorte que son entreprise
puisse progresser et prospérer à long terme. Mais au vu de l’instabilité chronique liée au
contexte de notre pays, il est très difficile de concrétiser cette approche.
© Photo fournie
Publirédaction

LFL
N°1 en provendes à Madagascar

Silo de stockage ECM

Installé à Madagascar depuis Une industrie de provendes à mande ne cesse de s’accroître », nous
13 ans, LFL Madagascar, Madagascar confie Gabriel Desvaux, Responsable des
Oui, car c’est une île qui possède un Opérations. Nous devons maintenir et
industrie de provendes, a énorme potentiel de développement. améliorer notre qualité de produit en sui-
pénétré le marché sur une L’élevage en fait partie, mais pour de vant cette croissance du marché ;
volonté d’offrir à la clientèle meilleurs résultats pour nos clients éle-
une alimentation animale de veurs, il faut des acteurs professionnels Pour ce faire, nous devons penser déjà à
référence et de qualité produite en contact direct avec eux et être au cou- développer nos capacités de production,
rant de leurs besoins. D’ailleurs, ces der- en ce sens nos sites de stockage, la maî-
à partir de matières premières
niers méritent aujourd’hui l’attribution trise de nos mat premières, l’efficacité de
rigoureusement sélectionnées. d’entrepreneurs. Les techniques d’éle- nos moyens, nos packaging, etc.
vage se sont amélioré en même temps
que les techniques de production. « Ainsi, « LFL Madagascar, la qualité au
LFL Madagascar a su capitaliser son ex- cœur de son métier », nous partage
pertise au service de l’élevage dans la Bismarck Ranaivosolohery, Responsable
grande île », explique Michel De L’Estrac, Qualité. LFL Madagascar, appuyée par
Directeur des Opérations. sa maison mère, forte de 40 ans d’ex-
périences, qui elle, est en partenariat
L’industrie LFL, méthodes et technique avec MIXSCIENCE du Groupe
techniques rigoureuses Avril; met à disposition des matériels de
« Les éleveurs apprécient la qualité et laboratoire adéquats pour mieux contrô-
la performance de nos produits, la de- ler ses produits (matières premières et

22 EXPANSION MADAGASCAR
L’usine LFL Madagascar Les nouvelles devantures FARMSHOP

produits finis) durant le processus de fa-


brication. Un plan de contrôle rigoureux
vient s’ajouter à ceci pour l’analyse des
échantillons dans un laboratoire étran-
ger. Le processus formulation est un
atout majeur pour mettre en valeur une
formule optimale en qualité/prix.

LFL Madagascar certifiée


ISO 9001 : 2015
Pour crédibiliser son savoir-faire en pro-
duction de provendes, les ressources
humaines, les moyens, les matériels,
l’environnement de travail, les matières
premières et les procédures concourent
pour une meilleure efficacité de son
SMQ. LFL Madagascar a pris l’initiative
de mettre en place une démarche qualité ce processus de production, chaque ac- tions à la carte mais également par un
se conformant aux exigences de la norme teur est important, d’où est venue l’idée suivi régulier de leur exploitation notam-
ISO 9001. Première certification obtenue du business unit, LFL Agri consistant à se ment en matière d’alimentation animale
en 2013 (version 2008) et la nouvelle ver- rapprocher des petits producteurs pour et de biosécurité. « Farmshop a donc
sion 2015 obtenue en 2017. Une démarche donner à ces derniers les techniques adopté une démarche inclusive depuis
qualité qui voit un fort engagement de la d’une culture de maïs répondant aux cri- le producteur industriel de provendes
Direction et de ses Hommes pour mieux tères de l’industrie, à garantir l’achat de jusqu’à l’éleveur pour le plus grand bé-
répondre à l’attente et besoin de ses par- leurs produits et par conséquent contri- néfice du consommateur de poulets et
ties intéressées. buer à l’amélioration de leur niveau de d’œufs » dixit Pierre Raoelina, Directeur
vies. » des Opérations
LFL MadaGASCAR soucieuSE
de l’environnement Le concept Farmshop fonctionne ! Un réseau de distribution
LFL à Madagascar n’est pas en reste sur Farmshop s’occupe de la commerciali- performant
sa politique environnemental. Un point sation des provendes LFL à travers un Pour affirmer son positionnement, les
important dans sa politique qualité est réseau de franchises et de revendeurs. provendes LFL Madagascar sont distri-
la préservation de l’environnement. Mais Farmshop n’est pas simplement buées par le réseau revendeurs et fran-
Soucieux de ses riverains et son environ- une société commerciale, car elle accom- chises : présent dans les 06 provinces de
nement de travail, nous sommes enga- pagne ses distributeurs en profession- par plus d’une cinquantaine de points de
gés et sensibles dans ce sens. LFL s’est nalisant leur approche clientèle (prévi- vente. A travers ce même réseau, nous
engagé au respect des exigences envi- sions, accompagnement clients, gestion avons pu créer une plateforme de promo-
ronnementales. des réclamations,…) et de gestion (mise tion de l’entreprenariat local. « La proxi-
en place de budget, suivi d’indicateurs mité et la satisfaction de nos clients éle-
LFL Agri, pour être proche de ses clé,…). Farmshop accompagne égale- veurs sont nos atouts majeurs », conclut
partenaires ment ses clients éleveurs dans leur Lila Ratovoaritsoa, Responsable du
Bernard De Robillard nous confie « Dans conduite d’élevage, à travers des forma- Développement Commercial. 

NUMÉRO SPÉCIAL 23
Entretien

Toky Rajaona

Vivre plus et vivre mieux


Le discret Toky Rajaona sort de l’ombre et nous partage son lien intime avec la PNL, une discipline encore
confidentielle à Madagascar.

J’ai un métier atypique qui m’excite et qui


m’éprouve sans cesse, et c’est très prometteur
de surcroît. À mon humble mesure, je donne
un peu de sourire au monde... What else ?

Pourquoi vous ont-ils fait confiance ?


C’est à eux de le demander (rires). Ils ont
compris l’importance d’avoir un détachement
émotionnel, de prendre de la hauteur pour
voir les mêmes situations et sous des perspec-
tives différentes. C’est un métier qui exige
beaucoup de bienveillance, de simplicité, de
discrétion et de finesse psychologique.

Vous parlez beaucoup de psychologie. En


quoi est-elle essentielle à la réussite ?
Côtoyer et interviewer des leaders et des per-
sonnes à succès m’ont permis de comprendre
qu’ils ont en commun quelque chose que l’on
n’apprend pas sur les bancs de l’école. J’ai eu
la confirmation que la réussite, dans toutes les
sphères de notre vie, est composée de 80%
Le coaching et le développement person- Qu’entendez-vous par qualité de vie ? de psychologie et de 20% de stratégie ou
nel ont le vent en poupe actuellement à Il est essentiel de faire la distinction avec le de technique. Il est urgent de valoriser notre
Madagascar, comment voyez-vous cela ? niveau de vie, qui est plus l’aspect matériel. quotient émotionnel. Savez-vous que 90% des
D’emblée, il est très judicieux de distinguer La qualité de notre vie dépend de la qualité des personnes les plus performantes ont un quo-
ces approches afin d’éviter de mélanger les émotions que nous vivons. Dans deux cas sur tient émotionnel élevé ? Ceux qui ne se servent
pinceaux. Le coaching cherche à booster la cinq, je suis sollicité sur des problématiques pas de leur intelligence émotionnelle risquent
performance dans un domaine précis, comme liées au manque de confiance en soi, la peur de de recourir à des moyens moins efficaces pour
devenir un meilleur manager, un meilleur ne pas être à la hauteur, le vide existentiel ou gérer leurs humeurs.
vendeur ou un meilleur athlète. Le déve- encore l’emprise du passé. La richesse émo-
loppement personnel cherche à trouver un tionnelle se travaille aussi grandement. Elle est Qu’est-ce qui vous différencie des autres
alignement avec soi-même, être cohérent garante d’un équilibre dans la vie. experts ou des autres coachs ?
avec ses valeurs, ses paroles, ses gestes et C’est sûrement le fait que c’est pour moi
ses comportements. Et puis, il y a théra- Vous accompagnez des personnalités, des une mission de vie de vouloir « bonheuriser
pie lorsqu’il y a souffrance : traumatisme, dirigeants, des CEOs, des couples et des le monde », en commençant par ma famille,
angoisse, phobies, deuil… À chaque cas cor- étudiants, vous animez des soirées VIP mes entreprises et la société. Aussi, je ne
respond une approche précise. comme la soirée de remise de prix HEC, suis aucune tendance ni phénomène de mode.
des team buildings tels que Axian Leader’s Je me suis permis d’investir massivement
Vous êtes entrepreneur, formateur, spé- Day. Que trouvez vous de plus passion- pour affuter mes armes auprès de grandes
cialiste en thérapie brève, vous êtes un nant dans votre métier ? références mondiales comme l’Institut de
des rares Malgaches à être certifié en PNL. Comme le disait si bien un de mes mentors, coaching international de Genève ou l’Ins-
Mais que faites-vous concrètement ? quand on fait ce qu’on aime on est libre. titut casablancais de coaching et de PNL
J’accompagne des personnes et des équipes à Quand on aime ce qu’on fait on est heureux. (ICCPNL) au Maroc.
développer de meilleures stratégies de chan- J’ai découvert ma mission de vie, ce que les
gement pour décupler leurs résultats et leur Japonais appellent Ikigaï. J’expérimente et Un dernier mot ?
qualité de vie. En d’autres termes, je les je développe tous les jours des talents qui Faites l’amour avec la vie. Puisqu’elle est
aide à « déprogrammer » leurs systèmes de me permettent d’accompagner des personnes belle.
croyances limitantes pour vivre plus et vivre qui veulent tailler leur propre pierre, de
mieux. devenir la meilleure version d’elles-mêmes. www.masterlife.mg

24 EXPANSION MADAGASCAR
LE PARTENAIRE DE RÉFÉRENCE
DES INVESTISSEURS À MADAGASCAR

L’Economic Development Board of Madagascar


(EDBM) est le partenaire de référence des
investisseurs à Madagascar. En tant qu’agence
officielle de promotion des investissements,
l’EDBM s’est fixé pour objectifs de renforcer
la compétitivité du secteur privé malgache,
d’accroître l’Investissement Direct Étranger
(IDE), d’élaborer et recommander des mesures
incitatives liées aux investissements privés à
Madagascar, d’accompagner les investisseurs
dans leurs démarches d’implantation et/ou
d’expansion en leur fournissant des services
dédiés grâce à des Conseillers spécialisés (Chargés
de Portefeuille Sectoriel) et à travers son Guichet
Unique. Ainsi, l’agence joue un rôle clé dans le
développement économique de Madagascar
en encourageant les investissements dans
les secteurs prioritaires suivants : le tourisme,
l’agribusiness, l’industrie légère exportatrice
comme le textile, les TIC, l’infrastructure et les
mines.

Immeuble EDBM
Rue Général Gabriel RAMANANTSOA Antaninarenina
101 Antananarivo Madagascar
+ 261 20 22 670 40 | + 261 20 22 681 21
edbm@edbm.mg
www.edbm.mg
NUMÉRO SPÉCIAL 25
Consolider l’industrie | Dossier

Perspectives

À la recherche d’une
transformation structurelle
radicale
I
Madagascar a l ne pourrait pas y avoir de développement et, surtout, les bas de la trajectoire éco-
sans industrialisation. En effet, il s’agit de nomique malgache qu’elle n’a de cesse
besoin d’industrie et considérer l’industrialisation comme un épousée. La nationalisation a mis à terre
levier de croissance et non plus comme l’industrie naissante qui a émergé lors de
d’infrastructures pour une simple politique industrielle, comme la Première république. Aujourd’hui, suite
atteindre une croissance les politiques l’ont toujours considérée. à la libéralisation à marche forcée imposée,
L’adoption de la Loi sur le développement de elle subit de plein fouet les affres de la
réellement durable. Une l’industrie (LDI) est une avancée majeure pour concurrence déloyale ainsi que des importa-
petite lueur d’espoir est Madagascar. tions. La nouvelle période que nous vivons,
qui correspond à l’ouverture des frontières,
entrevue. Mais elle est Éléments moteurs. En général, l’indus- augure des opportunités et des menaces pour
fragile. trialisation a toujours joué un rôle moteur l’industrie à Madagascar. Victor Harison,
dans le processus de diversification écono- Commissaire aux Affaires économiques de
Par Julie Raharisoa mique. Elle a également contribué au déve- la commission de l’Union africaine, y voit
loppement, au renforcement et au maintien une réelle opportunité pour aller de l’avant.
des conditions favorables à la croissance « Mais il faut une prise de conscience col-
économique et au développement. Durant lective car l’Afrique avancera avec ou sans
des années, l’industrie a connu les hauts Madagascar », exhorte-t-il.

26 EXPANSION MADAGASCAR
Défi de l’emploi. Le développement de l’in- le secteur secondaire devait contribuer davan- le secteur privé demande une approche
dustrialisation est sur la bonne voie dans la tage au Produit intérieur brut (PIB) car son plus inclusive de la part de l’État pour ne
Grande île à travers une politique industrielle apport est, jusqu’ici faible, à hauteur de pas prendre des décisions hâtives pouvant
adoptée. L’adoption de la LDI occasionnera 15% seulement. Concomitamment, durant compromettre l’industrie locale, comme la
l’étincelle qui agira comme un des éléments des années, l’État n’a alloué que 0,7% de fameuse détaxation des friperies qui met à
moteurs du développement du secteur indus- son budget au ministère de l’Industrie et mal les industries textiles malgaches, entrant
triel. Les mesures incitatives fiscales et non du développement du secteur privé. Ce qui dans le cadre de l’Accord de partenariat
prouve que le secteur de l’industrie a été économique intérimaire (APEI), tant décrié
La nationalisation a loin d’être une vraie priorité. D’où l’appel
de Gaëtan Ramindo, directeur général du
sur le continent africain. D’autres accords
sont autant d’épée de Damoclès qui pen
mis à terre l’industrie Développement de l’industrie, à « faire de « Nous demandons plus de temps », souffle
naissante qui a émergé l’industrie une priorité ». De nombreux pays Erick Rajaonary, président du Fivmpama,
émergents, en Asie et en Afrique, ont vu leur en ce qui concerne la création d’une zone
lors de la Première croissance économique s’accélérer grâce à de libre-échange en Afrique. Madagascar
république. l’industrialisation, notamment à travers l’in- doit subir une transformation structurelle
dustrie de transformation. radicale afin de relever une série de défis
fiscales inscrites pour les industries nais- étroitement connectés. Un de ces défis
santes et existantes vont renforcer davantage Défis à relever. Certes, des avancées cer- reste la croissance démographique. Près de
la compétitivité des industries locales. « Le taines sont constatées pour promouvoir 400 000 jeunes débarquent sur le marché
rôle crucial des industries dans la croissance l’industrie malgache. Néanmoins, des défis de l’emploi chaque année, alors que l’offre
économique du pays ne fait aucun doute. Le restent à relever. La balle revient incessam- n’arrive pas à combler les besoins. La Grande
SIM génère près de 60 000 emplois », affirme ment dans le camp des pouvoirs publics. île doit s’industrialiser tout en favorisant l’in-
le président du SIM, Fredy Rajaonera. Ainsi, Ainsi, dans toutes les négociations futures, tégration sociale. 
28 EXPANSION MADAGASCAR
NUMÉRO SPÉCIAL 29
Consolider l’industrie | Charte

Alliance pour

l’industrialisation durable
Nos engagements communs
Nous, Entrepreneurs et Producteurs, Travailleurs et Chercheurs, prenons les engagements suivants :

Contribuer activement à l’effort de la transformation structurelle de l’économie malgache à travers l’industrialisation ;

Assurer la transformation locale de nos ressources brutes pour créer plus de valeurs ajoutées nationales ;

Susciter un patriotisme économique ;

Faire de l’industrialisation agricole et rurale une réalité ;

Valoriser les ressources humaines nationales et créer des emplois décents ;

Valoriser les recherches et les formations pour une innovation effective ;

Assurer une justice et une équité sociales dans le réinvestissement des fruits de la croissance ;

Susciter la culture d’excellence et de résultat dans tous les domaines ;

Suivre, veiller et rappeler les rôles et responsabilités de tous les acteurs concernés par l’application effective des textes juridiques
relatifs au travail et des lois sociales, à l’amélioration du climat des affaires et la protection de l’environnement ;

Dénoncer toute forme d’actions et de mesures défavorisant le développement de l’industrie locale ;

Défendre toute action visant à protéger l’industrie nationale contre toute concurrence déloyale.

Les mesures concrètes


Dans une situation où des millions de nos concitoyens manquent de moyens pour mener une vie décente
et pour l’intérêt supérieur de la Nation, nous devons agir maintenant.

L’État étant le garant de l’application de ce changement que nous souhaitons entreprendre, nous sollicitons
des prises de décisions et l’application de mesures concrètes de sa part.

1. Nous affirmons la nécessité absolue de considérer l’industrialisation comme étant une priorité pour le développement national.

2. Nous appelons à l’émergence d’un consensus national autour de l’impératif de l’industrialisation.

3. Nous comptons sur un système fiscal et d’accès aux financements soutenant les efforts d’industrialisation.

4. Nous souhaitons une politique commerciale soucieuse des enjeux de l’industrialisation et des adhésions intelligentes
aux organisations internationales afin de permettre aux industries nationales de se développer.

5. Nous faisons appel à l’Etat pour qu’il procède à un assainissement de notre économie afin de garantir
des conditions favorables au décollage industriel.

6. Nous interpellons les autorités publiques pour la mise en œuvre d’une politique soutenant le développement
de l’industrialisation rurale.

7. Nous soutenons une industrialisation basée sur un travail, emploi et salaire qui répondent aux critères d’un travail
décent (emplois productifs, protection sociale, dialogue social et respect des lois et textes en vigueur).

30 EXPANSION MADAGASCAR
8. Nous sollicitons une industrialisation basée sur les dialogues politiques et sociaux entre toutes les forces productrices
de la nation, étatiques et non étatiques, où les débats se tiendront d’égal à égal.

9. Nous reconnaissons la nécessité de suivre la voie d’une industrialisation verte soucieuse


de la conservation de notre environnement pour le bien des générations futures.

10. Nous prônons une industrialisation basée sur le patriotisme économique. Nous appelons nos concitoyens
à sortir de leur apathie, à arrêter de subir et à se joindre à notre alliance afin de bâtir ensemble un Madagascar industrialisé,
pleinement indépendant et souverain, et qui mette les besoins de ses citoyens, de ses entrepreneurs, de ses producteurs,
de ses travailleurs et de ses chercheurs au centre de toute politique économique !

Nous appelons nos concitoyens, toute association, tout syndicat ou parti politique à signer et à adhérer à notre charte.
Nous sommes ouverts à tous et encourageons l’adhésion de tous ceux qui désirent contribuer avec leurs idées
à notre effort colossal commun.

Les signataires
Fredy Rajaonera, Président du SIM • Erick Rajaonary, Président du Fivmpama
Fanirisoa Ernaivo, Présidente de la SSM • Olga Vololona Rakotoarimanga, Coordonnateur de la CTM
Ramiliarison Andriampeno, Président du Crem

NUMÉRO
MAI-JUIN
SPÉCIAL
2018 31
Consolider l’industrie | Entretien

Barthelemy
Directeur général de l’Autorité nationale des mesures correctives commerciales (ANMCC)

Limiter les importations et impliquer


davantage les entreprises malgaches
aux pratiques commerciales préjudiciables à Pouvez-vous parler des mesures provi-
leur égard. Les mesures anti-dumping et les soires ?
mesures compensatoires sont instaurées pour Dès le moment où une enquête est ouverte, le
faire face à l’afflux des importations mas- recueil d’informations et des éléments devrait
sives. Souvent, la concurrence ne prend la prouver l’existence d’un dumping et des
forme que d’une prédation visant à englou- dommages qu’il fait subir sur les entreprises
tir le marché local. Quant aux mesures de locales. Dans ce cas précis, nous pouvons
sauvegarde, elles concernent les importa- déjà appliquer des mesures provisoires pour
tions affectant directement les industries empêcher l’accentuation de ces dommages
nationales. Nous avons pris une disposition jusqu’à ce que l’enquête soit terminée. Les
particulière dans les procédures. Lorsqu’une premiers éléments devront être rassemblés
enquête sur un produit spécifique est ouverte, entre deux et trois mois et selon les termes
son importation sera mise sous surveillance d’accord. Cependant, les mesures provisoires
et aura besoin d’une autorisation spéciale. ne devront pas être maintenues au-delà de
Nous pouvons donc déjà contrôler le flux de cinq mois.
l’importation de ce produit en question.
Où en sommes-nous dans la mise en
Quelles sont les étapes à franchir avant application de ces instruments ?
d’appliquer ces mesures ? La première enquête qu’on mène au niveau
Il est important de vérifier les informations et de l’ANMCC concerne les détergents en
leur cohérence pour prouver des faits prou- poudre. Sur ce sujet, l’enquête menée par
Les vagues d’importations vant les dommages sur les industries natio- l’ANMCC a abouti à une détermination pro-
submergent le pays. Les nales. Des indicateurs entrent en compte pour vision positive. Toute importation de déter-
entreprises et industriels démontrer ces préjudices : la part de mar- gent en poudre est soumise à déclaration et
ché affectée, le chiffre d’affaires concerné, autorisation traitées sous Midac.
malgaches sont défavorisés face
le volume de vente, les résultats financiers
à la concurrence déloyale. D’où et la tendance de l’évolution des prix sur le Et qu’en est-il des droits additionnels ?
l’adoption de mesures correctives marché. Souvent, nous déplorons une situa- Les droits additionnels de l’importation
commerciales en guise de tion : lorsque nous avons besoins de davan- concernent les marges des dumpings. L’écart
restriction. tage d’informations sur une entreprise, cette entre les prix de vente dans les deux pays –
dernière commence à être réticente. C’est ce importateur et exportateur – est additionné au
qui retarde l’ouverture de l’enquête. droit de douane qui aurait dû être appliqué.
Par Van-Lee Behaja Cette majoration limite le dumping. Il en est
Quelle est la durée de la procédure pour de même pour les subventions. Mais pour
Quels sont les instruments de mesures chaque instrument ? la sauvegarde, on peut effectuer une restric-
correctives adoptées par l’Autorité natio- Pour les mesures anti-dumping et les mesures tion qualitative qui peut être adoptée durant
nale des mesures correctives commer- compensatoires, de l’ouverture de l’enquête une période donnée pour que les sociétés
ciales (ANMCC) ? jusqu’aux mesures définitives prises, la durée malgaches puissent « respirer ». Mais avant
L’ANMCC a adopté des instruments de de la procédure est de 12 mois. Elle peut de prendre de telles mesures, il faut que
« défenses commerciales » qui se composent s’étaler jusqu’à 18 mois, si les informations les entreprises qui subissent les préjudices
des mesures anti-dumping, des mesures com- et les critères pour appliquer les mesures présentent un plan d’ajustement dans lequel
pensatoires et des mesures de sauvegarde. définitives sont insuffisants. Par contre, elle elles s’engagent à combler le déficit par
L’idée est de mieux protéger les industriels est de neuf mois pour les mesures de sauve- le développement de leurs activités, pen-
et les entreprises malgaches qui se trouvent garde. Cette durée ne doit pas dépasser les dant l’application des mesures. Ces cadres
souvent lésés à cause des importations. Dans 12 mois si elle devrait être prolongée. impliquent donc un fort engagement de la
le cadre de sa mission, l’ANMCC mène les Toutefois, avec une bonne coordination entre part des structures locales. Il s’agit de limiter
enquêtes à la demande des entreprises ou des les entités impliquées, à savoir les exporta- les importations mais elles doivent être subs-
branches de production nationales lésées face teurs et les autres organismes sources d’infor- tituées par une production locale de quantité
à l’accroissement massif des importations et mations, cette durée peut être raccourcie. et de qualité.

32 EXPANSION MADAGASCAR
Consolider l’industrie | Entretien

34 EXPANSION MADAGASCAR
Stéphane Hery Raveloson, DG de la Socobis

Il faut établir une concurrence


saine, libre et sereine
Créée en 1965 et employant près de 400 travailleurs, la Société confiserie et
biscuitière (Socobis) s’impose aujourd’hui comme l’un des leaders du domaine.

Par Julie Raharisoaa · Photo © Tsilavo Rakoto

Dans un contexte de morosité écono- saine, totale et libre. Si nous voulons moyens, surtout financiers, le processus de
mique, quelles sont les perspectives de la avancer, tous les opérateurs doivent être mis contrôles suivra un cours normal au niveau
société Socobis ? sur le même pied d’égalité pour pouvoir de nos frontières. C’est une question de
Nous essayons d’avoir le maximum de part opérer sur le marché local. moyens et de volonté. Mais entendez bien
sur le marché local, d’élargir nos gammes qu’il ne s’agit pas d’interdire les produits
de produits sur le marché, de renforcer Certaines sociétés ont décidé de se tour- importés, mais d’asseoir des contrôles très
notre présence et de consolider notre chiffre ner vers les exportations face à la concur- stricts.
d’affaires. Nous avons aussi l’ambition de rence déloyale qui prévaut sur le marché
tendre vers l’exportation, d’ici quelques local. Qu’en pensez-vous ? L’on parle toujours du manque de compé-
années. Des opportunités sont à saisir sur le titivité des produits malgaches. Comment
marché extérieur, comme la Communauté améliorer la situation ?
Le secteur de la confiserie et de la bis- de développement d`Afrique australe La contrainte majeure des industries locales
cuiterie souffre énormément des impor- (SADC) ou le Marché commun de l’Afrique est leur obligation d’importer la majorité de
tations massives. Comment la Socobis orientale et australe (Comesa). Cependant, leurs matières premières. Ce qui augmente
opère-t-elle pour survivre ? il est important que les industries locales le coût de revient automatiquement. Par
Effectivement, la concurrence est déloyale, se conforment aux normes en vigueur exemple, la plupart des sociétés de confiserie
voire même sauvage, au sein du marché avant d’envisager cette voie. Par exemple, importent leurs matières premières : le
malgache. Les importations massives tuent au sein de la Commission de l’océan glucose, le sucre et les arômes. Cela leur
le marché local. La distribution est devenue Indien (COI), les pays sont très exigeants revient assez cher. Nous nous référons aux
un secteur stratégique. Des distributeurs et sur cette question de normes. Il est cours mondiaux des matières premières
des importateurs essayent de vendre à bas également nécessaire que les normes soient et nous sommes également tributaires de
prix leurs produits dont on ne connaît ni les uniformisées au sein des organisations la fluctuation de l’ariary. Dorénavant, il
origines, ni les compositions. La traçabilité régionales. Nous devons apprendre à se faut que les industries locales songent à
est totalement occultée. L’heure est grave conformer à ces standards qui ne feront que la transformation des matières premières
parce que, d’un côté, il y a ceux qui ne nous faire évoluer positivement. existantes. Certains le font déjà avec réussite.
paient pas leurs taxes – mais qui peuvent C’est une démarche salutaire à tous les
pourtant écouler facilement leurs produits Que pensez-vous des mesures prises par niveaux. Ce qui garantit une valeur ajoutée
sur le marché –, et de l’autre, il y a ceux l’État pour lutter contre la concurrence pour les sociétés locales. Cela va également
qui paient des taxes à l’État et qui doivent déloyale ? améliorer les revenus des paysans et va créer
travailler dur pour vendre leurs produits. Les mesures prises sont louables mais des emplois.
insuffisantes. Pour établir une concurrence
Quelles sont les solutions à adopter face saine et sereine, tout le monde doit penser Comment évolue le secteur de l’agroali-
à ce fléau ? aux intérêts de la Nation. Certains agents mentaire actuellement ?
C’est un cercle vicieux. L’on a besoin de de l’État et les opérateurs malveillants Le secteur de l’agroalimentaire a un avenir
personnes qui aiment ce pays et qui disent : devraient arrêter leurs mauvaises pratiques radieux : le marché existe et il y a beaucoup
« il faut mettre fin au fléau actuel ». La pour garantir le libre jeu de la concurrence. d’opportunités à saisir. L’accroissement
corruption est présente à tous les niveaux. Du côté des consommateurs, ils doivent naturel de la population va cristalliser
Elle alimente un réseau occulte existant dans prendre conscience du danger que présentent davantage les enjeux dans ce secteur. Cela
toutes les chaînes et qui existe depuis bien certains produits importés illégaux sur leur est prouvé par les importations massives
longtemps. Il faut établir une concurrence santé. Si le pays arrive à retrouver ses que nous venons d’évoquer. Mais il faut /...

NUMÉRO SPÉCIAL 35
Consolider l’industrie | Entretien

.../ juste s’aligner par rapport au pouvoir Le SIM a toujours mis en œuvre des Abordons les actualités récentes, les blo-
d’achat des Malgaches qui reste faible. campagnes de communication pour inciter cages au niveau du port ont-ils affecté vos
la population à consommer les produits activités ?
Vous évoluez dans l’agroalimentaire. « Vita malagasy ». Face à la libéralisation Des discussions ont été entamées, cependant
Comment la Grande île peut-elle atteindre de l’économie, et à la concurrence, les il faudrait accélérer les processus de
l’autosuffisance alimentaire ? produits fabriqués localement doivent se dédouanement des marchandises qui nous
Je pense qu’il faut se recentrer sur distinguer davantage. Le « Malagasy ny sont utiles, mais qui restent jusque-là
l’agribusiness et que la politique allant antsika » fait savoir l’existence des produits bloqués au niveau du port. C’est notre
dans ce sens doit être développée. Cela fabriqués spécifiquement sur le territoire transitaire qui s’en occupe. Il essaye de
permettra à tous les acteurs locaux, malgache. Les consommateurs devront régler les blocages. Mais, je peux affirmer,
c’est-à-dire aux paysans, aux industriels s’identifier également avec ce label en comme mes collègues vous le partageront,
et aux consommateurs, de créer une priorisant les produits locaux par rapport que des manques à gagner sont constatés au
chaîne de valeurs pour un développement aux importés. Les avantages produits/pays, niveau de notre exploitation.
inclusif. Pour ce faire, il faut appuyer les bénéficiaires /consommateurs, devront être
paysans dans leur milieu et leur assurer véhiculés. Quels impacts positifs pourrait-on
les débouchés, selon les demandes ou attendre de l’actuelle extension du port
les besoins des industries locales. Nous Malgré le fait qu’ils aient choisi le libé- de Toamasina ?
devrions faire en sorte que les paysans- ralisme économique, certains pays amé- Ce projet présente un avantage très
producteurs puissent valoriser eux-mêmes nagent une dose de protectionnisme pour important pour les opérateurs économiques
leurs produits au niveau du marché. C’est protéger l’économie locale, est-ce indis- locaux et pour l’industrie en général. À
la voie qu’a empruntée de nombreuses pensable dans le contexte actuel ? terme, nous espérons que les nouvelles
nations dans le monde. Il n’y a pas de Certaines personnes disent que le infrastructures permettront de faire sortir
raison pour que nous ne surfions pas sur ce protectionnisme est démodé, vu que nous nos marchandises assez rapidement du port.
succès. évoluons actuellement dans l’ère de la Nous ne serons plus obligés de transiter sur
mondialisation. Mais des grands pays l’île Maurice, Durban ou autres hubs et cela
Quelles solutions avancez-vous pour réé- comme les États-Unis ou la France, ou diminuera ainsi considérablement les coûts.
quilibrer la balance commerciale ? des pays émergents comme l’île Maurice,
Il faut miser sur les exportations. Comme appliquent le protectionnisme pour protéger Des manifestations politiques rythment
je l’ai déjà esquissé, pour être compétitif à leurs opérateurs locaux. Il faut penser à le quotidien de la capitale depuis des
l’exportation, il faut que nous fabriquions cela. Il ne s’agit pas d’interdire les produits semaines. Quels sont vos sentiments ?
nos produits avec les matières premières importés, mais d’essayer de mettre en place Le blocage administratif occasionne des
locales. Il faut songer à être compétitif des normes sanitaires, des barrières de pertes énormes pour le secteur privé et
d’abord sur le plan national, puis dans qualité et de prix à l’entrée de ces produits pour les opérateurs économiques. Les
le cercle régional et, par la suite, sur le sur le territoire malgache. Il est important solutions pour débloquer la situation sont
plan mondial. L’État devrait jouer, à la de protéger les opérateurs locaux, puis surtout au niveau de la politique. Pour
fois, le rôle de régulateur du marché et de d’essayer d’imposer des normes et des éviter d’éventuelles inflations, il faut que
« commercial » à l’international. Il doit conditions plus drastiques à l’importation. la machine administrative tourne, même au
vendre le label Madagascar sur les marchés ralenti, car le secteur privé doit opérer tous
mondiaux à travers nos ambassades La mise en place de la Zone de libre- les jours pour pouvoir survivre et donner vie
disséminées dans le monde. échange africain est en cours, à travers à l’économie nationale.
un Accord de libre-échange continental
Quelle est la place que devrait occuper (ZLEC). Madagascar est-il prêt ? En tant qu’ancien président du SIM, com-
l’industrialisation dans le développement Madagascar n’est pas encore prêt. Il nous ment voyez-vous son évolution ?
de Madagascar ? faut encore du temps – à peu près deux Le SIM est dans la bonne voie. Il
L’adoption de la Loi sur le développement à trois ans de préparation – pour que les travaille dans le concret. Par exemple,
de l’industrie à Madagascar (LDI) est opérateurs et les industriels locaux soient il a œuvré pour la mise en œuvre de la
une excellente initiative. Je pense que prêts. Plusieurs avantages sont à noter LDI. Le Syndicat évolue dans l’intérêt
l’industrie, notamment l’agroalimentaire, certes, mais si nous n’avons pas les moyens de ses membres. Il doit renforcer, son
joue un rôle important dans le processus suffisants pour affronter nos concurrents au rôle de leader d’opinion et de locomotive
de développement du pays. Pour que son sein de cette zone de libre-échange, nous d’initiatives.
économie puisse décoller, un pays comme risquons de « disparaître » compte tenu de
Madagascar a besoin d’industries fortes. la situation actuelle qui est déjà difficile Quel message voulez-vous passer ?
pour les opérateurs locaux. Il faut discuter L’industrie ne peut que se développer
D’ailleurs, le patriotisme économique est avec les industries locales pour décider de positivement, malgré les nombreux obstacles
mis en avant à travers le label « Malagasy notre processus d’intégration ainsi que pour qui jalonnent la route des industriels. Toutes
ny antsika » qui vient d’être lancé par le débattre des mesures d’accompagnement les parties prenantes doivent prendre leur
SIM. Est-ce un signe fort en faveur du nécessaires. D’où l’importance d’un responsabilité et travailler dans le sens du
développement de l’industrie ? dialogue public-privé fort. développement. 

36 EXPANSION MADAGASCAR
Consolider l’industrie | Dossier

Présentation de
l’Atlas lors de la
7ème édition de
l’International
Tourism Fair
Madagascar
(ITM 2018)

Atlas des droits des enfants et des entreprises

Assurer des pratiques durables


à l’égard des droits de l’enfant
Les entreprises sont une force extraordinaire positive dans la promotion des droits de l’enfant. À travers
10 principes, les meilleures pratiques et les valeurs partagées pour l’amélioration des conditions de vie
et de bien-être des enfants sont à distinguer dans l’Atlas.

L’
Par Van-Lee Behaja · Photos © UNICEF Madagascar | 2018 | Abela Ralaivita

Atlas est une plateforme numé- neuf autres indiquent les actions principales des entreprises et de leur chaîne de valeur. Un
rique mondiale qui accompagne à mettre en œuvre, en tenant compte de index, noté de 0 à 10, présente le niveau de
les entreprises et les investisseurs l’impact positif ou négatif des activités des risque de chaque pays en matière de respect
dans une démarche de dévelop- entreprises sur les conditions de vie et de des droits de l’enfant.
pement durable et inclusive, sen- bien-être des familles, particulièrement les
sible à l’amélioration des conditions de vie et enfants. L’ensemble couvre des questions Cadre légal. Pour Madagascar, les indices
de bien-être des enfants. plus larges comme le travail décent pour les de risque de violation des droits de l’enfant
jeunes, la protection et la sécurité des enfants, sont élevés. Sans parler que sur le chapitre
Travail décent. Lancée le 11 avril dernier les services de marketing et de publicité, les de l’analyse de la pauvreté des enfants à
par l’Unicef et le Global Child Forum, la impacts environnementaux, etc. Madagascar, l’Unicef a fait savoir que près
plateforme sert à indiquer, au niveau mon- de 30% des enfants de 10 à 14 ans sont
dial, les efforts déployés par les États et les PratiqueS durableS. Il s’agit aussi d’assu- actifs économiquement. Ce qui démontre
parties prenantes clés du secteur économique rer des pratiques durables à l’égard et au sou- que des efforts sont encore à mener au
en vue de respecter et de faire respecter les tien des droits de l’enfant dans les activités niveau de l’État pour faire respecter les
droits de l’enfant. Se basant toujours sur les des entreprises. En effet, dans ce programme, droits et pour promouvoir les mécanismes et
Principes directeurs sur les droits de l’enfant les entreprises, les entités ministérielles et les les programmes d’action. Un extrait d’Atlas,
et les entreprises (PDDEE), l’Atlas mesure investisseurs sont orientés sur les pratiques et paru en avril 2018, a fait savoir que la
les indices sur les trois domaines qui y sont les politique à établir, les analyses de risques mise en application des conventions inter-
relatifs : le milieu de travail, le marché et la à mener et les programmes de responsabilité nationales et les dispositions règlementaires
communauté et l’environnement. Le premier sociale et sociétale à bâtir. Ce, à travers une au niveau national est encore insuffisante
principe oriente les entreprises dans chaque évaluation des impacts potentiels et réels de pour Madagascar. Néanmoins, la Grande île
étape d’intégration des droits de l’enfant leurs activités et une guide pour l’intégration présente des indices plutôt positifs dans la
dans leurs politiques et leurs stratégies de des droits de l’enfant dans les pratiques poli- partie « cadre légal », qui engage leurs rati-
développement de conduite des affaires. Les tiques et procédures de diligence raisonnable fications. 

38 EXPANSION MADAGASCAR
BFV
Consolider l’industrie | Entretien

Narindra Rakotonanahary
Coordonnateur du Projet Tsara, Onudi

Un artisanat fort grâce


aux industries créatives

© Njaka Rajaonisaona
Le coordonnateur du
projet Tsara

Adopter une approche Parlez-nous du projet Tsara ? de valeurs en adoptant une approche tirée
Le Projet Tsara est une initiative de par le marché et la créativité. Tsara est le
innovante dans le domaine l’Organisation des Nations unies pour le fruit de l’extraordinaire savoir-faire des
de l’artisanat, à travers développement industriel (Onudi), financé femmes vannières du Sud-est et du design
une démarche créative et par le gouvernement de Norvège, pour contemporain. Des artisans et ateliers de
soutenir l’artisanat de Madagascar et pour la capitale apportent ensuite leurs touches
innovante. Tel est l’objectif créer de nouvelles opportunités économiques finales aux produits. Les femmes et les
du projet Tsara. Entretien pour les artisans. Il fait la promotion d’un artisans bénéficiaires du projet, issus de
artisanat orienté vers le marché, misant sur milieux défavorisés ou de zones rurales
avec son coordonnateur. la créativité et le design pour mettre en reculées sont formés aux techniques de
valeur le savoir-faire des artisans du pays. production. Ils ont des sources de revenus
Par Onudi durables et un meilleur niveau de vie.
Votre projet ambitionne de soutenir les L’artisanat est le reflet de notre tradition et
industries créatives pour améliorer les de notre culture. Notre but est de le valoriser
revenus des artisans. Par quelle manière ? en l’associant aux notions de qualité et de
Le projet Tsara est une approche novatrice créativité, en l’éloignant de l’image négative
pour revitaliser les industries créatives du d’un produit de mauvaise qualité, peu
pays en assurant des revenus aux artisans esthétique et non solide. Il faut transformer
malgaches. L’objectif est d’augmenter la l’artisanat pour en faire un secteur
compétitivité des artisans le long des chaînes économique moderne, capable d’insuffler

40 EXPANSION MADAGASCAR
l’innovation tout en créant des activités et de compétences toute en préservant l’identité touristique nous intéresse pour la diffusion
l’emploi. Nos artisans gagneront à répondre du pays pourront réussir. Il s’agit de créer de nos produits. Plus important encore,
aux exigences du marché. et de produire un produit malgache, pas de nous travaillons sur la pérennisation de la
reproduire un objet africain, européen ou collection Tsara à travers un repreneur local
L’artisanat ne souffre-t-il pas de la compa- asiatique. Cela ne nous empêche pas de faire en gardant la philosophie du projet. Nous
raison avec l’industrie ? appel à la technologie et aux techniques prenons des dispositions afin que le Master
Un artisanat moderne et performant n’a rien créatives comme le design pour améliorer Design et Innovation soit durable. L’enjeu
à envier à l’industrie. C’est généralement nos produits. Même si on bénéficie d’une sera de mettre en avant des designers
le processus de production et la quantité certaine sympathie de la clientèle étrangère malgaches. Enfin, nous agissons pour
produite qui font la différence. Un bon sensible au commerce équitable et au l’introduction effective de l’éducation à
produit artisanal avec un design bien conçu, développement durable, on ne doit pas l’entrepreneuriat dans les lycées techniques
réalisé avec précision et rigueur, devrait oublier l’essentiel : la qualité et la régularité. et professionnels. Elle est actuellement
avoir plus de valeur qu’un produit fabriqué en phase pilote dans 10 LTP ciblent les
en usine. Le fait-main est une valeur Quels sont les prochains challenges pour jeunes élèves. L’apprentissage aborde trois
ajoutée. Ce n’est pas encore évident dans le le projet Tsara ? domaines : les idées et les opportunités, les
contexte malgache. C’est pour cette raison Nous continuons à faire des appels à ressources et la mise en œuvre. Les jeunes
que les produits de qualité fabriqués par les collaboration, à partenariat pour avoir ont ainsi l’occasion de mettre en pratique
artisans sont destinés soit aux touristes, soit de nouvelles boutiques locales ou une culture d’initiatives, de l’innovation
à l’exportation. Heureusement, on note une internationales. Les produits Tsara sont et de la créativité mais aussi d’identifier
certaine évolution du comportement d’achat disponibles dans deux points de vente des opportunités dans leurs propres
des nationaux qui ont un certain pouvoir à Antananarivo et en zone duty free à communautés et de transformer leurs idées
d’achat. l’aéroport d’Ivato. À l’international, les en valeur. Les cours sont axés sur l’action
produits sont disponibles dans une boutique et mobilisent la communauté incluant le
L’artisanat représente plus de deux mil- en suisse, mais également à travers un secteur privé local. L’objectif premier
lions d’emplois à Madagascar, mais la réseau de magasins de luxe Coincasa est de doter les jeunes de compétences
plupart évoluant dans le secteur informel. en Italie, et les clients ont également la entrepreneuriales pour mieux les préparer à
Est-ce un réel handicap pour la filière ? possibilité d’acheter online. Le secteur leur carrière. 
Comme dans d’autres pays, on constate une
certaine marginalisation voire une disparition
TEXTO
des entreprises artisanales à Madagascar. Le
défi est donc de structurer les artisans, en
particulier les groupes de femmes, sachant Soutenir les industries
que c’est un métier majoritairement féminin créatives
dans notre pays. Ce n’est pas un métier qui
doit être condamné à rester dans le secteur Afin de développer l’artisanat malgache
informel. L’intérêt des initiatives en faveur par le design, Tsara a créé un écosystème
de l’artisanat comme le projet Tsara, consiste créatif. Le projet fait la promotion de
à dynamiser la filière sur l’ensemble de la l’artisanat contemporain de Madagascar.
chaîne de valeurs en soutenant cette dernière Il identifie les talents et à travers un outil
par un accès renforcé au marché local et à méthodologique, favorise la fabrication
l’importation. À terme, l’artisanat trouvera la de produits attractifs et compétitifs au
place qu’il mérite dans le tissu économique niveau national et international. Dans une
et social. Au préalable, il faut créer, produire approche Madagascar terre de talent, des
et vendre en quantité et à prix convenable. formations pour les industries créatives
sont offertes afin de renforcer de manière
© Onudi

La finalité est donc d’avoir une branche durable les capacités de création, la
de l’artisanat qui sera plus performante. culture du design et les compétences
Comment sera-t-elle ? entrepreneuriales des jeunes et des artisans créer un vivier de designers digne de ce
Il y aura toujours un artisanat à deux malgaches. Le projet lance des appels à la nom, avec un parcours de deux ans ponctué
vitesses, dont une première qui mise sur créativité à travers les prototypages selon de quatre workshops par année avec le
la créativité et utilise les techniques, les la méthodologie adoptée et dans un souci concours des entreprises partenaires
outils et même les technologies récentes, de qualité. locales. Les étudiants en design profitent
et une autre qui se contente de copier, Un Master Design et Innovation a été mis de la participation de deux designers
de reproduire souvent en moins bonne en place en association avec l’Institut internationaux confirmés à chaque atelier
qualité. Or, c’est un secteur où il y a une supérieur de la communication, des affaires créatif. La sortie de la première promotion
forte compétitivité, surtout si l’on veut et du management (Iscam). Le but est de est prévue pour le mois de septembre 2018.
pénétrer le marché extérieur. Seuls ceux qui
s’approprient l’innovation et développent les

NUMÉRO SPÉCIAL 41
Consolider l’industrie | Dossier

Accréditation

Pour rendre le monde plus sûr

C
Dans un contexte ette année, le thème de la Journée 12 mars dernier, relative aux systèmes de
mondiale de l’accréditation a porté management de la santé et de la sécurité au
de mondialisation, sur le rôle joué par l’accréditation travail permettant la réduction des risques et
pour rendre le monde plus sûr. la garantie de meilleures conditions au travail,
l’accréditation vise à la Actuellement, dans l’ensemble de l’analyse de matériaux radioactifs dans les
facilitation des échanges la société, nous attendons que les produits aliments par un laboratoire accrédité confor-
que nous achetons, les services auxquels nous mément à la norme ISO/IEC 17025, agréé
commerciaux. Son objet est avons recours et notre environnement soient par le ministère en charge de l’Agriculture
d’établir la confiance en sûrs et sans danger. Cependant, les statis- au Japon assurant la salubrité des viandes et
tiques ne mettent pas en exergue cette attente œufs exportés vers Hong Kong, l’inspection
garantissant la compétence dans la réalité. agréée pour les ascenseurs publics aux Pays-
et l’impartialité des Bas. Ces exemples fournissent une très brève
Un monde plus sûr. Combler cet écart est introduction à la vaste gamme de moyens
organismes accrédités. une considération vitale pour le gouverne- par lequel l’accréditation, l’évaluation de la
ment, les régulateurs et les entreprises, visant conformité et les normes peuvent offrir un
Par le Ministère du commerce et de la consommation
Photo © Ihandry Randria
à maintenir les gens plus en sécurité dans leur monde plus sûr.
travail, leur vie domestique, leurs voyages
et toutes les autres parties de leur vie. Les Norme, évaluation de conformité
normes, l’évaluation de conformité ainsi que et accréditation. Les projets achevés,
l’accréditation sont des outils bien établis et matières premières, produits, processus, ser-
acceptés qui contribuent à ce monde plus sûr. vices, systèmes de gestion et les personnes
Des exemples de l’utilisation de ces outils peuvent être évalués par rapport à une norme,
comprennent la certification des entreprises un code de bonne pratique ou une exigence
suivant la norme ISO 45001, publiée le réglementaire par les laboratoires d’essais et

42 EXPANSION MADAGASCAR
d’étalonnages, les organismes de vérifica- tion d’un monde plus sûr. Pour commémo- créditation régionales reconnues et rentables
tion, les organisateurs de comparaisons inter rer cette Journée mondiale de l’accréditation, et vise à soutenir le commerce, à améliorer
laboratoires et producteurs de matériaux de un certain nombre d’activités sont prévues la protection des consommateurs, de l’envi-
référence, les laboratoires de biologie médi- dans divers pays. Comme aucun organisme ronnement et à accroître la compétitivité des
cale, et les organismes d’inspection, de cer- d’accréditation n’œuvre à Madagascar, nous produits et services de la SADC. Rejoignant
tification ou de qualification, collectivement bénéficions des services de Southern afri- Ilac en 2008, le Sadcas est actuellement
appelés Organismes d’évaluation de confor- can development community accreditation signataire reconnu, depuis novembre 2015,
mité. Et l’accréditation est l’évaluation indé- Service (Sadcas). dans la délivrance de certificat d’accréditation
pendante de ces organismes d’évaluation pour les programmes d’accréditation des labo-
de la conformité par rapport à des normes Les produits et les ratoires d’essais et d’étalonnage suivant la
spécifiques pour garantir leur intégrité, leur
impartialité et leur compétence. Elle est
services testés, norme ISO/IEC 17025. Et en Octobre 2017,
la portée d’accréditation de SADCAS s’est
effectuée par des organismes d’accréditation inspectés ou certifiés élargie aux laboratoires d’analyses médicales
reconnus compétents et signataires d’accords peuvent être acceptés selon la norme ISO 15189 et aux organismes
de reconnaissance internationaux gérés par
l’International accreditation forum (IAF) et le
partout dans le monde d’inspection selon la norme ISO/IEC 17020.
Depuis 2009 jusqu’au 31 décembre 2017,
Laboratory accreditation cooperation (Ilac). avec le même niveau Sadcas a déjà délivré 98 certificats d’accrédi-
Il en résulte que les produits et les services de confiance. tation dans les 10 États membres de la SADC
testés, inspectés ou certifiés, une fois sous incluant Madagascar par l’accréditation du
l’égide d’IAF ou d’Ilac, peuvent être acceptés Accréditation et Sadcas. Sadcas est l’orga- laboratoire textile de SGS Madagascar selon
partout dans le monde avec le même niveau nisme d’accréditation multi-économique s’oc- le référentiel ISO/CEI 17025 :2015 en actobre
de confiance. La Journée mondiale de l’ac- cupant de l’accréditation des organismes au 2017. Le Sadcas a également fourni plusieurs
créditation 2018 offre une excellente occa- sein de 13 États membres de la Southern afri- séances de formations sur les normes clés
sion d’explorer comment l’accréditation peut can development community (SADC) n’ayant d’accréditation. 
aider les entreprises, les gouvernements et les pas leur organisme d’accréditation nationale. Il
organismes de réglementation dans la créa- a pour mission de fournir des prestations d’ac- www.sadcas.org - nafp.madagascar@gmail.com

NUMÉRO SPÉCIAL 43
Publirédaction

Unité Partenariat public privé (Unité PPP)


Pour des contrats gagnants-gagnants
Convaincu de la place du secteur privé dans le processus de développement notamment en matière de
promotion des investissements et de développement d’infrastructures structurants, l’État Malagasy
– à travers l’Economic Development Board of Madagascar (EDBM) et le soutien financier de la Banque
Africaine de Développement (BAD) – affirme sa volonté de développer les Partenariats Publics Privés
(PPP) en contribuant à la mise en place et à l’opérationnalisation de l’Unité PPP.

L
’adoption de la Loi n° 2015-039 du 3 de tels processus complexes. «  Les cessus, en étroite collaboration avec le
février 2016 sur le Partenariat Public contrats de PPP englobent souvent des MFB. Dans ce sens, l’Unité PPP les ac-
Privé (PPP) a donné une nouvelle conditionnalités relativement complexes compagne pour défendre les intérêts de
impulsion dans l’environnement des d’octroi de financement. L’État a choisi l’État dans l’exécution de ces processus
affaires et dans la perspective du déve- de mutualiser, au sein de l’Unité PPP, sur financement externe, tout en satisfai-
loppement des infrastructures. En effet, les compétences techniques nécessaires sant les conditions suspensives d’accès
Madagascar présente un fort potentiel pour accompagner les ministères et pour au financement qui sont relativement
de projets PPP dans les secteurs clés : renforcer les capacités et le savoir-faire nombreuses et complexes. « Bien qu’il
ports, aéroports, routes, énergie, infras- de l’État en matière d’exécution de pro- existe une Loi portant sur l’exécution de
tructures d’adduction d’eau, et barrages grammes PPP ayant atteint le bouclage de PPP, un PPP repose essentiellement sur
hydro-agricoles. Ainsi, les PPP sont incon- financement », soutient le DG de l’Unité la qualité du contrat signé en amont. Un
tournables dans les différents secteurs PPP, Christian Andriantiana Assomany. contrat bien conçu, bien rédigé et bien
stratégiques pour doper la croissance. Ainsi, l’Unité PPP joue un rôle fondamen- négocié est équilibré et stable. Un contrat
tal entre les Cellules PPP ministérielles de PPP est donc le fruit de négociations
Utilité et mission et le Ministère des Finances et du Budget ardues auxquelles l’État doit se préparer,
La mise en place d’une unité dédiée, (MFB) pour permettre la préparation des notamment pour être en mesure de lever
l’unité PPP, a pour but d’optimiser les étapes menant au bouclage des contrats. toutes sortes de conditions suspensives
performances du secteur public, à travers Le décret N°2017-149 du 2 mars 2017, por- de financement propres aux PPP », affirme
un cadre institutionnel défini par décret tant procédures de passation des contrats le numéro un de l’Unité PPP. Pour qu’un
N°2017-150 du 2 mars 2017. Placée sous tu- en application de ladite Loi, vient complé- contrat puisse être bénéfique, il doit offrir
telle du Ministère auprès de la Présidence ter ce cadrage institutionnel. un effet de croissance nette à l’économie,
en charge des Projets Présidentiels, de et cela se négocie fermement. Eu égard
l’Aménagement du Territoire et de l’Équi- Contrat équilibré et réussi aux partenaires privés souvient bien « ar-
pement (M2PATE), l’Unité PPP, en tant Le rôle de l’Unité PPP est crucial dans més » techniquement et juridiquement,
qu’organe expert d’assistance à toutes le cadre d’un contrat équilibré, c’est-à- l’État a besoin d’une entité compétente
personnes publiques, assiste l’exécution dire, gagnant-gagnant. Ces conditions en la matière, à travers l’Unité PPP. « Le
de contrats PPP nationaux. L’Unité PPP particulièrement complexes et suspen- PPP est le fruit d’une négociation entre
assure aux Cellules PPP ministérielles, sives, qui supposent l’accompagnement l’État et le partenaire privé et les banques.
titulaires de programmes sectoriels PPP, et le renforcement des cellules de PPP Non seulement, l’État doit faire face au
le support nécessaire pour la conduite ministérielles viennent baliser le pro- secteur privé mais également aux institu-

44 EXPANSION MADAGASCAR
tions financières internationales qui par- douanières. Il doit également apporter un un certain nombre d’opportunités en ma-
ticipent au financement du projet » assure « effet d’entrainement » sur le PIB. « Le tière d’investissements PPP. L’existence de
Christian Andriantiana Assomany. projet doit être en mesure d’apporter un cadre légal permet la sécurisation des in-
revenu en monnaie local structuré pour vestissements et augmente très significa-
Contrat soutenable être reconverti dans la monnaie d’emprunt tivement l’attractivité du pays en matière
L’Unité PPP prépare en amont le projet généralement en devises étrangères ». d’Investissements Directs Etrangers »,
pour anticiper un certain nombre de ques- précise le DG de l’Unité PPP. Madagascar,
tions et de conditions suspensives carac- Un cadre règlementaire pour des avec ses potentialités et ressources, est
téristiques des PPP. « On ne peut pas en- contrats sûrs en mesure d’attirer les investisseurs. « Le
gager un contrat sur lequel on n’a pas déjà La mise en place de l’Unité PPP garan- succès du PPP est une affaire de volonté,
analysé sa faisabilité en matière PPP, et sa tit l’exécution de contrats PPP préparés d’expertise, et de ressources humaines
soutenabilité financière et ses impacts sur et négociés en amont entre les parties compétentes et investies dans le proces-
les finances publiques avec le MFB. C’est concernées de l’État. En effet, pour in- sus long et complexe. Il faut être rigou-
un principe », argue notre interlocuteur. vestir dans un pays, les investisseurs et reux et coordonné entre entités concer-
Pour cela, un projet ne devrait être éli- les partenaires techniques et financiers nés incluant les finances publiques, et les
gible que s’il est bancable, structurant et exigent un cadre règlementaire et légal ministères sectoriels dans omettre les or-
soutenable par rapport aux exigences en adapté. « Tout financement de projet PPP ganes de régulation », conclut le numéro
matière de finances publiques, fiscales et se fait de façon externe. L’État présente de l’Unité PPP. 

> 3 questions à…

Christian Andriantiana Assomany


DG de l’Unité PPP

Quelle est la mission de l’Unité PPP ?


Les principales missions de l’Unité PPP, avec ses trois grands
départements financier, juridique et technique, sont de ren-
forcer les capacités et de transmettre le savoir-faire aux cel-
lules PPP ministérielles à travers deux grands volets d’acti-
vités. Le premier volet renforce la sélection, l’identification,
le choix de programmes PPP selon des grilles d’évaluation
et de critères d’éligibilité de PPP, et l’exécution d’un projet
bancable techniquement. Tandis que le second volet consiste
à rédiger des contrats de haut niveau et correctement négo- Dans quelle mesure la nouvelle loi améliore-t-elle le climat
ciés pour l’État Malagasy en étroite collaboration avec le MFB. des affaires et rassure les investisseurs ?
Aujourd’hui, il faut savoir que tout financement de projet
L’État fait de plus en plus appel aux contrats PPP. Ce choix PPP dépend à 70% de financement d’institutions bancaires,
n’est pas à l’abri de critiques, quels sont les enjeux du PPP ? contrairement aux contrats financés sur Ressources propres
Nous n’avons pas d’autres choix que de nous tourner vers les internes de l’État Ce qui amène l’État à recourir à des fi-
PPP pour formaliser notre économie et structurer les investis- nancements auprès d’institutions extérieures en devises.
sements attendus. Les projets structurants sont prioritaires L’instrument des PPP assure ainsi une manne d’injection
pour l’économie pour leurs impacts directs à effet d’entraî- de devises au pays, pour réduire les effets inflationnistes
nement du PIB national. Par exemple, la redevance fixe for- d’une économie et corrige le niveau d’informel encore trop
faitaire de 3 millions d’euros par an issue de la concession pénalisant autant pour l’emploi qualifié, que pour la struc-
des deux aéroports d’Ivato et de Nosy Be va permettre à turation du marché des PME de sous-traitance, premières
l’Adema d’investir et de se concentrer sur les 10 autres aéro- bénéficiaires du développement des PPP. Les PPP sont ainsi
ports nationaux, pour développer ces régions. Nous sommes un levier d’amélioration significatif du climat des affaires,
aujourd’hui dans une situation de déficit d’investissements tout en rassurant les investisseurs par rapport aux contraintes
fermes dans le pays, les PPP nous permettent d’y remédier de notre monnaie, et où l’État garantit l’accès à des marchés
par une injection structurant d’IDE et locaux. Si les grandes aux fort potentiel, tout en priorisant les projets à lancer, pour
entreprises internationales sont à même de gagner les gros garantir les effets d’entraînement du PIB national. Ce sont
contrats de PPP, je vous garantis que l’impact de ces inves- les objectifs assignés au niveau de l’Unité PPP, et qui seront
tissements revient légitimement aux sous-traitants et co-trai- partagés au niveau de tous les secteurs, sous la direction
tants malagasy. Ce qui « structure » notre économie et la rend stratégique du Comité National PPP dirigé par le Président
plus compétitive, par les emplois qualifiés et des marchés de la République Hery Rajaonarimampianina, les ministres
offerts par l’État. sectoriels et un représentant du secteur privé.

NUMÉRO SPÉCIAL 45
Consolider l’industrie | Entretien

Marc Scheffer
Responsable marketing de la Société malgache des magasins

Pour soutenir la production locale,


il faut avoir des filières structurées

© Ihandry Randria
Le responsable
marketing de la
Société malgache
des magasins croit
en l’essor du « Vita
malagasy »

La Société malgache des Comment développez-vous les produits 48 magasins seront concernés par cette
« Vita malagasy » au sein de vos maga- campagne, à savoir : 36 Supermaki, neuf
magasins (SMM) est l’une sins ? Score et trois Jumbo Score. Des balisages
des plus importantes Notre objectif est de mettre toujours en spécifiques, avec des stops-rayons, seront
sociétés de distribution relief les produits fabriqués localement. mis en place. Des réglettes permettront
Une visée qui démontre notre véritable de signaler les produits dans les linéaires.
à Madagascar. Elle veut implication dans l’économie malgache. L’ensemble sera accompagné par toute
accompagner la mise en Nous sommes présents dans les provinces une campagne de communication sur
comme dans la capitale. Nous générons près différents supports en même temps. Nous
avant de la production de 1 400 emplois, répartis dans toute l’île, allons également effectuer des animations
locale. Interview. via nos chaines de magasins. Dans cette spécifiques. Et encore, pendant tout le
opération de promotion des produits « Vita mois de juin, à l’occasion de la célébration
Par Van-Lee Behaja malagasy », nous avons établi un partenariat de la fête de l’Indépendance, les produits
avec le SIM. Cette année, en particulier, du labellisés  « Malagasy ny antsika »
28 mai au 1er juillet, les produits labélisés seront placés en allée-centrale dans
« Malagasy ny antsika » auront davantage cinq grandes surfaces, à Ankorondrano,
de visibilité dans nos rayons. Digue, Tanjombato, Talatamaty et Itaosy.
Cela renforcera davantage la mise en
Concrètement, comment cette campagne relief des produits « Vita malagasy ». Ce
de promotion prendra-t-elle forme ? partenariat que nous lançons avec le SIM,

46 EXPANSION MADAGASCAR
montre et favorise notre implication dans réaliste, peut-on contrer les importations malgache des magasins en particulier :
l’économie locale, tout en la soutenant. massives ? il est déjà avantageux pour notre
Nous référençons de plus en plus de Aujourd’hui, nous souhaiterions bien productivité que les importations
produits locaux et en les mettant en avant, évidemment moins importer, pouvoir trouver diminuent. Nous rencontrons divers
notamment via ces séries d’initiatives pour tout ce qu’on recherche en local. Mais pour problèmes, surtout au niveau du port. Il
cette année avec le Syndicat des industries cela, il faudra qu’il y ait des filières qui est de plus en plus compliqué d’avoir
de Madagascar. Mais en outre, nous, au soient plus structurées, notamment pour un approvisionnement régulier sur
quotidien, essayons déjà de référencer de tout ce qui est de l’approvisionnement en les importations. Donc, dès que l’on
plus en plus de prestataires locaux dans nos fruits et légumes. Nous souhaitons nous peut trouver des produits locaux qui
rayons. Nous cherchons toujours à favoriser approvisionner au niveau local, plus qu’à peuvent se substituer aux importations,
les produits fabriqués localement plutôt que notre niveau actuel, mais aujourd’hui, nous faisons le choix de nous
les importations. disons-le, il est encore assez compliqué approvisionner localement. Aujourd’hui,
d’avoir des approvisionnements réguliers par via nos enseignes Jumbo score, Score et
Actuellement, les produits « Vita mala- rapport à nos demandes. Cependant, il faut Supermaki, nous cherchons déjà à limiter
gasy » sont-ils suffisants par rapport à la souligner la progression notée ces dernières les importations, en donnant la place à
demande ? années. Pour soutenir la production locale la production locale. Nous essaierons
Aujourd’hui, les produits « Vita malagasy » et pour encourager encore plus à sa d’assurer la continuité de l’initiative que
dans les ventes dans Jumbo et Score consommation, il est indispensable d’avoir nous avons lancée cette année, avec le
représentent près de 70% des volumes des interlocuteurs et des filières qui soient SIM. De ce fait, il est essentiel de rendre
qu’on écoule. Nous pouvons en conclure vraiment structurées pour être en mesure de permanente cette approche, qui sera
que nous avons donc une clientèle qui répondre à notre demande, en produits frais bénéfique aussi bien pour le groupe et
est à la recherche de la production locale en particulier. pour l’économie locale. Nous aurons déjà
pour des raisons personnelles, éthiques ou des emplacements fixes et visibles pour
économiques. Mais les consommateurs Quelles sont les perspectives ? les produits « Vita malagasy » dans nos
malgaches cherchent les produits qui Je vais vous parler du cas de la Société magasins. 
sont fabriqués localement surtout pour
leur qualité. D’ailleurs, cette qualité s’est
considérablement améliorée ces dernières
années, nous pouvons le clamer haut et
TEXTO
fort. Ainsi, l’objectif est de répondre à leurs
attentes à ces niveaux-là. Grande distribution
Levier incontournable
Pourquoi avez-vous joué la carte de de l’agroalimentaire
la proximité en lançant l’enseigne
Supermaki ? La production locale sort de plus en plus de
Nous l’avons lancée depuis 2015. En effet, l’anonymat en prenant une place croissante
elle joue sur le registre de la proximité. dans les étals des supermarchés. Les
Les Supermaki se focalisent davantage grandes surfaces consacrent davantage
sur les produits locaux, plus que Jumbo de rayons à la production locale, ce qui
ou que Score. Cette enseigne de proximité leur permet d’attirer des consommateurs
aura beaucoup plus un rôle d’épicerie que soucieux de la qualité des produits qu’ils
Jumbo Score et Score. De ce fait, nous achètent et surtout de les engager dans
cherchons surtout à nous rapprocher des une démarche de patriotisme économique.
consommateurs et des épiceries de quartiers, Même si le taux de pénétration de la grande dernières années, les produits venant
en proposant beaucoup plus de produits distribution est encore faible à Madagascar, de l’étranger prédominent encore
« Vita malagasy ». Chez Supermaki, par rapport à ses voisins continentaux dans les rayons. Cependant, le secteur
désormais, nous pouvons affirmer que près ou îliens, la structure et les réseaux de de l’agroalimentaire représente un
de 50% des produits qui sont proposés dans distribution ont significativement évolué important gisement de création de valeur
l’assortiment sont fabriqués localement. Des durant ces dernières années avec des ajoutée (industrialisation), mais aussi
produits issus de la production locale dont la supermarchés qui se sont étendus dans les d’opportunités de création d’emplois. La
qualité en témoigne pour pouvoir satisfaire, principales villes pour capter le potentiel dissémination du secteur de la grande
justement, cette demande. Une demande qui d’achat. distribution dans le pays favorise les
s’accroit de jour en jour, convoitant en effet Pour l’industrie agroalimentaire, cela modifications de comportement et
une augmentation et une diversification de représente un défi de taille en termes d’habitudes d’achats des consommateurs,
l’offre. d’approvisionnement. Malheureusement, les faisant évoluer vers plus d’exigences en
malgré les efforts entrepris ces termes de qualité de services.
Votre secteur est très dépendant des
importations. Selon-vous, de manière

NUMÉRO SPÉCIAL 47
Consolider l’industrie | Entretien

Karine Rajaona Razafindrakoto


Coordinateur communication du Groupe Star

Le Groupe Star croit dur comme fer


que son investissement n’est pas vain
Et le Groupe Star change sans vraiment changer. Le groupe a opéré un léger « rebranding »
qui devrait s’ancrer plus dans l’air du temps.

Par Andriamanambe Raoto · Photos © Groupe STAR

Le Groupe Star a changé de charte visuelle


et graphique de manière subtile, avec
des connotations plus « patriotiques ».
Quelles en sont les significations ?
En effet, cette année est une année
particulière pour la Star car nous
célébrons nos 65 années d’existence.
Afin de marquer d’une pierre blanche
cette célébration, il nous a paru important
de « rajeunir » et de « dynamiser »
l’image de la Star en commençant par le
« rebranding » de son identité visuelle.
Cela a été marqué par le dévoilement d’un
nouveau logo appuyé par de nouvelles
valeurs et une nouvelle signature.

Quel message voulez-vous transmettre à


travers ce « rebranding » ?
Comme vous avez pu le voir, le nouveau
logo revêt de nouvelles couleurs. Aux
couleurs rouge et blanc, auxquelles l’on
connaissait la Star depuis toujours, s’ajoute
la couleur verte afin que le logo traduise
notre fierté d’être une entreprise malgache.
Le logo a aussi changé dans sa forme en
étant plus ouvert et dynamique. Il traduit
cet élan que nous allons prendre grâce à
nos 65 ans d’existence, pour ensemble
viser les étoiles  !

« Ensemble, visons les étoiles ». Vous


adressez-vous à vos collaborateurs, à
vos consommateurs ?
Aux deux à la fois. Cette signature est
inspirée de nos nouvelles valeurs qui
sont le respect et la considération, la
© Groupe STAR

culture du client, et la création de valeur


à long terme. Ces valeurs nous guident
au quotidien, autant sur le volet interne
« Ensemble, visons qu’externe. En interne, à travers nos
les étoiles ! » collaborateurs, notre culture d’entreprise
et notre fierté d’appartenance. Mais

48 EXPANSION MADAGASCAR
aussi et surtout en externe, à travers nos La fierté du « Vita malagasy » est le développement local, dans la création
activités. Une phrase revient souvent ancrée au sein du groupe Star. Comment d’emplois, dans la création de valeur à
dans notre communication interne afin affronte-t-il le marché local qui est de long terme et dans le « Vita malagasy »
de fédérer nos troupes concernant nos plus en plus concurrentiel avec l’ouver- car nous croyons dur comme fer, que
valeurs : « Le monde que nous créons ture de nos frontières ? notre investissement n’est pas vain. En
pour nos collaborateurs est celui que nos Le « Vita malagasy », nous en sommes témoignent les produits Star comme la
collaborateurs créeront pour nos clients et plus que fiers. En effet, les produits Star THB ou Caprice Bonbon Anglais qui,
partenaires ». Donc quand nous parlons, sont « Vita malagasy » car ils sont produits en toute humilité, sont devenus avec le
d’« Ensemble, visons les étoiles », c’est localement grâce au savoir-faire de nos temps des produits « emblématiques » de
vous, c’est nous, c’est nous tous ensemble. 1 950 collaborateurs mais aussi et surtout notre pays et dont les Malgaches sont fiers
grâce aux quelque 20 000 paysans qui au-delà de nos frontières.
Vous ambitionnez d’offrir des services et collaborent avec nous, tout au long de
des produits différenciés, performants l’année, dans la production des matières Quelles sont les perspectives du Groupe
et de qualité aux standards interna- premières locales. Parmi celles-ci, on Star ?
tionaux répondant aux besoins de nos retrouve l’orge, le maïs et le sucre. Notre vision reste la même : être le
consommateurs. Comment allez-vous y Pour nous, c’est un investissement dans leader régional dans la production et la
procéder ? l’agriculture et dans le développement distribution de boissons alimentaires dans
La Star est connue surtout à travers ses local que l’on défend avec beaucoup de le cadre d’une organisation moderne,
produits. Aujourd’hui, nous avons un ferveur. Aujourd’hui, en effet, le contexte performante, rentable et citoyenne. À
portefeuille de plus de 70 références concurrentiel est complexe car le pouvoir travers nos nouvelles valeurs, nous nous
réparties à travers six segments (boisson d’achat du consommateur malgache ne tournons vers l’avenir avec beaucoup de
gazeuse, bière, rhum, eau de source, jus cesse de régresser. Face à la qualité et au conviction et de fierté. La fierté d’être une
plat et boisson énergisante). Et parmi les « Vita malagasy », beaucoup de produits entreprise malgache qui a perduré et qui
produits Star, nous avons des marques importés peuvent ainsi prendre une part continuera de perdurer et d’investir pour le
phares qui ont traversé le temps comme de marché conséquente. Mais qu’à cela ne développement de Madagascar. Ensemble,
la THB, qui, notons-le au passage, fête tienne, nous continuerons d’investir dans visons les étoiles ! 
cette année ses 60ans, Caprice ou encore
Eau Vive. Au fil du temps, nous ne
cessons d’innover afin que nos marques
TEXTO
perdurent, évoluent et qu’elles satisfassent Groupe Star
nos clients. L’innovation est ainsi au Un mastodonte économique
centre de nos priorités. De plus, grâce à
nos certifications ISO 9001 (la famille Le Groupe Star est un acteur économique,
ISO 9000 couvre les divers aspects du social et citoyen majeur à Madagascar
management de la qualité et comprend depuis plus de 60 ans. La ramification
certaines des normes les plus connues de de son réseau s’étend dans tout le pays.
l’ISO. Elles offrent des lignes directrices C’est un mastodonte économique local
et des outils aux entreprises et aux et régional. La Star au travers de ses
organismes qui veulent que leurs produits quatre filiales que sont les brasseries
et services soient constamment en phase Star Madagascar, Malto, Sema Eau Vive
avec ce que leurs clients demandent et et Nouvelle Brasserie de Madagascar,
que la qualité ne cesse de s’améliorer, investit chaque année près d’un milliard
NDLR) et FSSC22000 (le FSSC 22000 est d’ariary dans des actions en faveur des plus
un protocole internationalement reconnu démunis. Pour l’unique société Malto, près
qui complète les référentiels ISO existants de 20 000 paysans collaborateurs assurent
en matière de sécurité des aliments. Ce l’approvisionnement en intrant à travers le
standard permet de répondre aux besoins contrat paysannat et près de 800 hectares
des fabricants de produits alimentaires de champs. Les actions sociétales du
souhaitant garantir leur propre chaîne Groupe portent principalement sur quatre chacune de ses usines dans des stations
d’approvisionnement, NDLR), nous axes : l’éducation, le social, la santé et d’épurations biologiques afin de traiter
garantissons la qualité de nos produits l’environnement. Ce dernier volet constitue les eaux usées avant de les restituer à la
dans le respect des normes réglementaires l’une des préoccupations primordiales du nature. Ce sont également 16 000 plants
de l’achat des matières premières à la groupe. d’arbres qui sont plantés chaque année
production, en passant par le stockage La Star s’est engagée dans la protection durant les campagnes de reboisement
jusqu’à la distribution. L’objectif principal de l’environnement en investissant pour gérées par Sema Eau Vive.
pour nous demeure la satisfaction de notre
clientèle.

NUMÉRO SPÉCIAL 49
Publirédaction

American School
of Antananarivo (Asa)
Allier pédagogie
et développement personnel
Située dans le complexe Le Park à Alarobia,
l’American School of Antananarivo (Asa) s’impose
comme l’école anglophone de référence dans la Grande île.

L
’ASA est la seule école d’expres- plus de 170 diplômés. Début 2018, l’ASA
sion anglaise reconnue interna- a inauguré son nouveau campus établi à
tionalement, accréditée par la Ivandry-Alarobia.
Middle States Association (États-
Unis), et autorisée par l’Organisation Approche holistique
du Baccalauréat International (Suisse) Avec une trentaine d’enseignants anglo-
à Madagascar. Créée en 1969 pour les phones qualifiés venant principalement
familles de diplomates américains, au des États-Unis, elle privilégie une ap-
fil des années, elle a ouvert ses portes proche holistique et pragmatique centrée
aux membres de la communauté locale sur l’étudiant et allie la pédagogie et le
et internationale. Partant d’une qua- développement personnel. Les étudiants
rantaine d’élèves dans les années sont incités à développer leur plein po-
70, aujourd’hui, elle accueille près de tentiel pour leur développement acadé-
245 élèves d’une trentaine de nationa- mique, physique, social et émotionnel.
lités. Les Français, les Américains ainsi La vision de l’ASA est que « les étudiants
que les nationaux arrivent en tête du réussissent, soient productifs et membres
classement avec respectivement une positifs de leurs communautés locales et
représentation de 20,41%, 19,59%, et mondiales ». Tout en offrant un cadre d’en-
de 19,18%. Depuis 2000, l’école a sorti seignement convivial et harmonieux, l’ASA

50 EXPANSION MADAGASCAR
avec son personnel et les parents, forme Performance et réputation Les atouts de l’IB
une communauté positive, attentionnée internationale La formation se focalise sur la recherche
et amicale, favorisant un environnement Le système éducatif de l’IB propose un et le développement des qualités de
tolérant et solidaire qu’elle met au profit « continuum d’éducation destiné aux l’étudiant, entre autres, l’ouverture
de la diversité culturelle et internationale. élèves âgés de 3 à 19 ans et composé d’esprit, l’audace ou la créativité. Le
de quatre programmes distincts. Ces pro- Baccalauréat International vise à propo-
Baccalauréat international grammes encouragent la réussite scolaire ser des programmes plus étoffés que les
En mars 2013, l’ASA devient une « école et personnelle, en stimulant les élèves afin autres programmes d’études, en déve-
du monde de l’IB » en se voyant octroyer qu’ils excellent tant dans leurs études que loppant chez les jeunes la curiosité in-
une accréditation par l’Organisation du sur le plan personnel ». Réputé pour sa tellectuelle, les connaissances, la sen-
Baccalauréat International pour propo- qualité et son excellence, l’IB est détermi- sibilité et la détermination nécessaires
ser le programme primaire (3-12 ans). En nant tant sur la performance académique pour réussir. Il est aussi espéré que les
mars 2018, elle obtient l’autorisation de que personnel des étudiants. Le proces- élèves contribuent à bâtir un monde
proposer le programme du diplôme du sus d’autorisation est long et rigoureux meilleur dans un esprit d’entente mu-
Baccalauréat International (16-19 ans). avec un suivi impeccable. Il varie selon tuelle et de respect interculturel. Connu
Jusqu’à présent, plus de 4 700 établisse- les établissements et le programme de par sa performance, ce programme est
ments scolaires dans le monde ont choisi l’IB concerné, mais dure généralement longtemps considéré comme déter-
de proposer les programmes de l’IB en entre deux et trois ans. En effet, l’IB in- minant pour l’accès à des universités
raison de leur qualité et de l’accent qu’ils tègre les meilleures pratiques issues d’un prestigieuses (Harvard, le MIT, etc.).
mettent sur le développement complet de éventail de programmes d’études inter- L’IB offre dix fois plus de chance que les
l’élève. nationaux. autres diplômes. 

> Développement
des compétences

Les programmes de l’IB se


distinguent des autres programmes
d’études pour les raisons
suivantes :
• Ils encouragent les élèves à
réfléchir de manière critique
et à remettre en question les
informations qui leur sont exposées
• Ils incitent les élèves à
s’intéresser à la fois à leur
environnement local et
international
• Ils encouragent les élèves à
réfléchir sur leur meilleure façon
d’apprendre
• Ils aident à développer des
compétences de recherche dont
l’utilité dans l’enseignement
supérieur est attestée
• Ils sont indépendants des
gouvernements et des systèmes
nationaux et peuvent donc
intégrer les meilleures pratiques
issues d’un éventail de cadres
pédagogiques et de programmes
d’études internationaux

American School of Antananarivo


Lotissement Le Park Alarobia
020 22 420 39
contact@asamadagascar.org

NUMÉRO SPÉCIAL 51
Consolider l’industrie | Dossier

GIZ en support à la formation professionnelle

Un élément majeur de la compétitivité


d’une entreprise
Sous le mandat du BMZ, la GIZ a créé le pôle de coopération avec le secteur privé à Madagascar pour mieux
soutenir les entreprises du secteur privé dans leur croissance.

L
Par GIZ · Photo © GIZ

e Bundesministerium für wirts- importance dans le cadre de la coopération garantir que l’enseignement et la formation
chaftliche Zusammenarbeit und au développement germano-malgache. Un des professionnelle répondent autant que possible
Entwicklung (BMZ) est le ministère outils mis à la disposition du secteur privé à la demande du secteur privé, les représen-
fédéral pour la Coopération écono- est le programme develoPPP.de qui encou- tants du secteur privé peuvent jouer un rôle
mique et du développement. La GIZ rage l’engagement du secteur privé là où se décisif dans l’élaboration de la politique de
en est l’agence de mise en œuvre. Elle a été croisent opportunités entrepreneuriales et les la formation professionnelle, la définition des
mandatée pour mettre en place le pôle de coo- actions de la politique de développement qui normes professionnelles, la mise en œuvre de
pération avec le secteur privé à Madagascar consiste à soutenir des entreprises allemandes la formation professionnelle et même le che-
(Competence center for the private sector). mais aussi européennes et malgaches répon- minement vers l’accréditation. Ces initiatives
dant aux critères d’éligibilité par la combinai- peuvent ainsi être appuyées dans le cadre du
Encourage l’engagement du secteur son d’aides financières et d’appuis techniques. programme develoPPP.de.
privé. Depuis plus de 40 ans, la GIZ est
active dans le domaine de la coopération Rôle décisif. À Madagascar, la GIZ a déve- Harmoniser les approches. Réunissant
internationale, et ce, également dans le cadre loppé de tels partenariats dans différentes plusieurs participants du secteur privé et du
d’une collaboration étroite avec le secteur régions et différents secteurs prioritaires : secteur public ainsi que les partenaires tech-
privé. Avec une expertise régionale recon- la vanille, au Nord, les fruits et légumes niques et financiers de la formation profes-
nue, de solides connaissances spécialisées sur les Hautes terres, le développement local sionnelle, des réflexions étaient émises sur
et des compétences managériales éprouvées, économique autour des zones d’exploitations l’adéquation de la formation actuelle avec
elle offre à ses clients, ses commettants ainsi minières industrielles dans le Sud-est, le les besoins des entreprises. Le secteur privé a
qu’à ses partenaires, des solutions viables, ricin, l’apiculture et les pois dans le Sud- une réelle volonté de s’investir dans la forma-
durables et efficaces pour faire face aux pro- ouest. Plusieurs entreprises comme Symrise, tion professionnelle mais il faudrait harmoni-
cessus de changement politique, économique Lecofruit, Havamad, Savonnerie Tropicale, ser les approches et légitimer une approche
et social. La collaboration avec le secteur Rio Tinto sont bénéficiaires de ce partena- standardisée pour une meilleure synergie des
privé est une composante essentielle du déve- riat. Et c’est dans le cadre de ces partena- interventions. Les entreprises privées vou-
loppement économique de Madagascar ainsi riats que la GIZ a organisé un atelier de lant développer des approches impactant la
qu’un facteur important dans la réalisation des réflexions stratégiques pour l’implication du communauté sont ainsi invitées à contacter
objectifs que le pays s’est fixé. Ainsi, le par- secteur privé dans la formation profession- le Competence center for the private sector
tenariat avec le secteur privé revêt une grande nelle, le 4 mai dernier. En effet, afin de pour une possibilité d’appuis. 
Chronique

Développement d’entreprise :
Quelles ressources humaines pour la réussite
de votre startup ?
Par Tiana Rajoelisolo

V
ous avez décroché votre financement, menté, etc. Il faut se poser la question : « Combien
c’est une étape de plus de franchie. de temps suis-je prêt à consacrer pour former ma
Maintenant, il importe de trouver les future recrue ? » La réponse vous dira s’il vous faut
hommes qui seront à vos côtés pour que absolument un profil senior ou non. Il est important
le rêve prenne vie et pour qu’il soit pro- de budgétiser le poste au-delà de trois mois, en
ductif et rentable au moins aussi rapidement que vos réfléchissant à la nature du contrat (CDI, CDD ou
plans de financement l’ont prévu. stage) et la forme de rémunérations à proposer (par-
tie fixe vs variable, prime liée aux résultats). Recruter
Anticiper l’expansion le meilleur profil est bien, mais le garder motivé est
John Kennedy l’avait bien vu : « L’art de la réussite mieux. The last but not the least : le profil. Vous savez
consiste à savoir s’entourer des meilleurs ». C’est maintenant tout sur ce dont vous avez besoin et ce
encore plus vrai pour une startup. Pour ne pas rater que vous avez les moyens de vous offrir. Attention à
ce passage important il faut avoir en ligne de mire bien voir au-delà des capacités techniques et à inté-
quatre concepts. Premièrement, la culture et les grer tout ce qui a trait à la personnalité du candidat,
valeurs de l’entreprise. Comment voulez-vous que conditions sine qua non d’une intégration réussie au
votre rêve ou votre passion soient vécus par vos sein de votre startup.
équipes au quotidien ? La réponse à cette question
est la plus fondamentale des critères de sélection. L’agilité
La vie de la startup doit vous ressembler et unir Cependant, faites attention sur quelques points chez
votre future équipe. Deuxièmement, le poste et les votre candidat. En premier lieu, son tempérament
compétences requises sont importants. Organisez d’entrepreneur : la conscience que son travail d’au-
votre activité en listant toutes les compétences jourd’hui ne sera peut-être pas le même que celui de
nécessaires à votre réussite et établissez de réelles demain, son confort dans l’ambiguïté. Ensuite, son
BIO FLASH fiches de poste afin de vous projeter d’un point de envie de vivre une expérience de vie plus qu’un tra-
Au cours de sa carrière, Tiana vue financier et organisationnel, en fonction de vos vail. Son potentiel : qu’est-ce qu’il peut rapidement
Rajoelisolo a milité pour la mise prévisions et de votre potentiel de développement, devenir avec vous et votre entreprise ? Et surtout, son
en place d’une Direction des en anticipant l’éventuelle expansion de votre activité. agilité : ne faites aucun compromis sur ce trait. Une
ressources humaines partenaire personne agile a le sens de la coopération, l’ouver-
stratégique de l’entreprise. De Condition d’intégration ture d’esprit, la polyvalence et la créativité. Avant de
formation financière et comp- Troisièmement, la question du budget est fondamen- décider, faites confiance en votre intuition, votre fee-
table, cette passionnée des res- tale. Faites un rapide tour d’horizon sur le marché ling pour déceler le fit culture : « Est-ce que j’ai envie
sources humaines vient de créer de l’emploi pour connaître le salaire moyen pratiqué de travailler avec cette personne ? » « S’intègrera-t-
son cabinet de conseil RH (Agile par rapport au poste défini : débutant, profil expéri- elle à mon équipe ?  » 
Conseils) et ambitionne, à travers
cette structure, d’appuyer les en-
treprises à fluidifier leurs process
ou à créer leur département RH.

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