Madagascar Comptes Nationaux de La Santé 2003
Madagascar Comptes Nationaux de La Santé 2003
Madagascar Comptes Nationaux de La Santé 2003
MINISTERE DE LA SANTE
ET DU PLANNING FAMILIAL
1
Taux de change : 1 $US = 6068 FMG
2
Population : 16,441 millions
2
Table des Matières
Acronymes/Liste des abréviations 5
Remerciements 6
Résumé 7
1. Introduction 9
1.1 Le concept des CNS 9
1.2 Le développement des CNS Madagascar 10
1.3 Objectifs des CNS 10
1.4 Organisation du rapport 10
2. Analyse de la situation 11
2.1 Indicateurs de développement et état de santé de la population malgache 11
2.2 La Politique Nationale de Santé 12
2.3 Financement du secteur santé 13
2.4 Analyse de l’état de santé de la population 14
2.5 Problèmes d’équité 17
3. Organisation du système de santé 19
3.1 Les flux financiers 19
3.2 Les institutions 20
3.3 Les établissements de soins 20
3.4 Les centres de santé de base 20
3.5 Les centres de référence de premiers recours 21
3.6 Les centres de référence nationale 21
3.7 Distribution géographique et couverture géographique des formations 22
sanitaires et pharmaceutiques
3.8 Le Système pharmaceutique 22
4. Méthodologie 24
4.1 Aperçu de l’approche 24
4.2 Formation de l’équipe technique 24
4.3 Soutien du Secrétaire Général du MSPF 25
4.4 Partage des responsabilités 25
4.5 Collecte des données 25
4.6 Construction et analyse des tableaux des CNS 27
5. Résultats des Comptes Nationaux de la Santé de 2003 29
5.1 Sommaire des résultats clés 29
5.2 Agents de financement : taille du secteur de la santé à Madagascar et 30
comparaison avec d’autres pays d’Afrique
5.3 Flux des fonds financiers de santé selon les dimensions des CNS 31
5.4 Le financement des ménages 39
5.5 Répartition des dépenses récurrentes de santé par quintile de dépense des 40
ménages
5.6 Répartition des dépenses de santé par province 41
6. Conclusions 46
7. Prochaines étapes 49
Bibliographie 50
3
Annexe 1 : Sources de Financement par Agents de Financement (FSxHF), milliards 51
de FMG
Annexe 2 : Agents de Financement par Prestataires (HFxHP), milliards de FMG 52
Annexe 3 : Agents de Financement par Fonctions (HFxHC), milliards de FMG 53
Annexe 4 : Prestataires par Fonctions, (HP x HC), milliards de FMG 54
Annexe 5 : Répartition des dépenses courantes par quintiles de dépenses des 55
ménages, milliards de FMG
Annexe 6 : Répartition des dépenses de santé par prestataires et par provinces, en 56
milliards de FMG
Graphique 1: Qui a donné des fonds pour la santé à Madagascar? Les trois sources 32
principales de financement
Graphique 2 : Qui finance la santé à Madagascar ? 33
Graphique 3: Répartition des sources de financement pour les dépenses de santé par 34
tête
Graphique 4: Qui gère les fonds de santé ? Les agents de financement 35
Graphique 5: Utilisation des fonds de la santé par prestataire 37
Graphique 6 : Quels sont les services et produits fournis qui ont été fournis par le 38
secteur de la santé? Répartition par fonction
Graphique 7 : Distribution des dépenses récurrentes par quintile de dépense des 40
ménages
4
Acronymes/Liste des abréviations
CDT Centres de Diagnostic et de Traitement
CDMT Cadre des Dépenses à Moyen Terme
CHD Centre Hospitalier de District niveau I et II
CHRR Centre Hospitalier Régional de Référence
CHU Centre Hospitalier Universitaire
CNAPS Caisse Nationale de Prévoyance Sociale
CNS Comptes Nationaux de la Santé
CRESAN Projet d’Amélioration du Secteur Santé
CSB Centre de Santé de Base
CDD Centre de Diagnostic et de Dépistage
DAAF Direction des Affaires Administratives et Financières
DEP Direction d’Etudes et de Planification
DOTS Directly Observed Therapy Short-Course (stratégie de lutte contre la tuberculose)
DPS Direction Provinciale de Santé
DTS Dépenses totales de Santé
EDS Enquête Démographique et Sanitaire
EPM Enquête pour Ménage
FANOME Financement pour l’approvisionnement non-stop en médicaments
FMG Franc malgache
FNUAP Fonds des Nations Unies en matière des Activités pour la Population
INSTAT Institut National de la Statistique
IST Infection Sexuellement Transmissible (ex-MST)
JICA Coopération japonaise
MEFB Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget
MSPF Ministère de la Santé et du Planning Familial
ODM Objectifs de Développement du Millénaire
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONG Organisation Non Gouvernementale
OSIE Organisations Sanitaires Inter-Entreprises
PCA Paquet Complémentaire d’Activité
PF Planning Familial
PIB Produit Intérieur Brut
PMA Paquet Minimum d’Activités
RDM Reste du Monde
SALAMA Centrale d’Achats de Médicaments Essentiels et Consommables Médicaux
SE/CNLS Secrétariat Exécutif / Conseil National de Lutte contre le SIDA
SEECALINE Projet de Surveillance et Education des Ecoles et des Communautés en matière
d’Alimentation et de Nutrition Elargie
SONUC Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence Complets
SONUB Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence de Base
UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’Enfance
USAID United states Agency of International Development
VIH Virus d’Immunodéficience humaine
5
Remerciements
Le rapport CNS 2003 doit sa réalisation au comité de pilotage. Nous étendons nos
remerciements en particulier au Dr Dieudonné Rabeson, Secrétaire Général du MSPF et
au Dr Josué Lala Andriamanantsoa, Directeur des Etudes et de la Planification qui ont
géré le processus d’institutionnalisation et de revue des rapports intermédiaires. La
collecte et la saisie des données ont été réalisées par deux groupes. Le premier groupe,
supervisé par le Dr Viviane Raharolahy, était constitué des personnes suivantes du
MSPF : Lemg Seng Rajosohanta, Dr Marius Ratsimbazafy, Dr Noro Irenée
Razanamahery, Heriniaaina Randimbivololona, et Nirina Holinarisanta Rakotondravelo.
Le deuxième groupe était constitué du personnel de l’INSTAT, et était supervisé par
Samuel Randriambolamanitra, Directeur des synthèses économiques, Iharimamy
Andriamarozaka, Andry Rakotoarson, et Dera Andriambololona. L’assistance technique
apportée par Abt Associates Inc pour cet exercice a beaucoup contribué au succès du
projet. L’équipe de Abt Associates Inc était composée de : Stéphanie Boulenger, Clara
Burgert, Rudolph Chandler, Yann Derriennic, Dr Tania Dmytraczenko, Maria Fernanda
Merino, Takondwa Mwase, Caroline Quijada, et Dr Sara Zellner.
Ce premier effort pour la réalisation des CNS à Madagascar n’aurait été possible sans la
contribution financière du gouvernement japonais. L’administration de ce financement a
été assurée par l’unité de gestion de la Banque Mondiale à Antananarivo, le CRESAN II
(Projet d’Amélioration du Secteur Santé) et, principalement, par Dr Paul Richard
Ralainirina, coordonateur national, M. Jean Pierre Manshande, économiste senior à la
Banque Mondiale, Mme Rozenn Le Mentec, économiste de la santé, Léa Lanto
Rafarasoaniaina, responsable des marchés, et Christian Ranaivoson, contrôle interne et
budgétaire.
6
Résumé
En résumé, les CNS se proposent d’informer les décideurs de politiques de santé sur les
flux financiers dans le système sanitaire afin de les assister dans l’élaboration de
politiques de santé aussi adéquates et adaptées que possibles.
Les CNS permettent de suivre les flux de fonds au regard de quatre dimensions
principales du système de santé : (1) les sources de fonds, (2) les agents de financement,
(3) les prestataires qui utilisent les fonds et (4) les types de services qui sont offerts par ce
financement. La méthodologie des CNS offre la possibilité de construire neuf tableaux
différents. Pour Madagascar, les termes de référence se limitent aux quatre tableaux les
plus communément utilisés, soit : (1) Sources de financement vers agents de financement,
(2) Agents de financement vers prestataires de soins de santé, (3) Agents de financement
vers fonctions, (4) Prestataires de soins de santé vers fonctions. Les termes de référence
7
incluent également la production de deux tableaux supplémentaires montrant les flux par
groupes socio économiques et par région.
Les estimations des CNS à Madagascar ont été effectuées pour l’année calendaire 2003
par un groupe de cadres du Ministère de la Santé et du Planning Familial (MSPF), qui a
acquis la technique des CNS en exécutant chaque étape du processus d’estimation : la
collecte des données, l’entrée des données sur les tableaux CNS, l’analyse des données, la
rédaction du rapport, et la présentation des résultats. L’INSTAT a aussi activement
participé à la collecte des donnés et au remplissage des tableaux CNS. Le but de la
production de ces premiers résultats CNS est d’aboutir à l’utilisation des résultats pour
l’élaboration de politiques de santé et de leur financement.
Les résultats clés montrent que les dépenses totales de santé se sont élevées à 1 191,2
milliards de FMG (196,3 millions $US), soit 11,94 $US par tête, et représentent 3,5% du
Produit Intérieur Brut (PIB). Le secteur public, le secteur privé et le reste du monde (avec
une contribution à hauteur de 437,4 milliards de FMG) financent, respectivement, 32%,
31% et 37 % des dépenses de santé. Les fonds du gouvernement central représentent 23%
des dépenses de santé totales, alors que la part des ménages est estimée à 20%.
Quant aux entités qui gèrent les fonds de santé, le MSPF est le principal acheteur des
services de santé, responsable de 42% du total du financement. Le secteur public domine
la prestation des services de santé à Madagascar : 67% des services et produits de santé
sont fournis par le secteur public, les autres étant administrés par les autres ministères et
les programmes spéciaux de santé. Le secteur privé (employeurs, assurances et
Organisations Sanitaires Inter-Entreprises – OSIE) ont fourni 28% des produits et
services : 5% des prestataires n’ont pas pu être identifiés. Egalement, 28% des dépenses
vont vers les centres de soins ambulatoires, 28% vers la prestation et la gestion de
programmes de santé publique, 20% vers l’achat des produits pharmaceutiques et 8%
vers les services rendus aux niveaux secondaire et tertiaire. 70% des versements directs
des ménages sont utilisés pour l’achat de médicaments et de produits pharmaceutiques, le
reste finançant leurs achats de services auprès des formations sanitaires. Les résultats de
l’analyse des dépenses récurrentes par quintile de revenue montrent aussi que les
ressources des agents de financement ont favorisé le quintile le plus riche : ce quintile a
consommé 31% des ressources totales récurrentes alors que le quintile le plus pauvre n’a
consommé que 14% des ressources.
8
1. Introduction
L’objectif principal des CNS est de fournir des informations pertinentes sur les dépenses
de santé afin d’aider au développement de politiques de santé et d’améliorer la capacité
des gouvernements à gérer leur système de santé. Le cadre des CNS offre aussi la
possibilité à un pays de comparer ses résultats à d’autres pays similaires ou à une région
géographique, car l’information est présentée selon des normes internationales permettant
des comparaisons entre pays. Les CNS sont aussi utilisés pour suivre les impacts sur
plusieurs années de politiques de santé. Les CNS informent sur de nombreux sujets qui
intéressent les décideurs de politiques de santé : Quel est le montant total du financement
de la santé ? Quelle est la participation des acteurs principaux ? Quels sont les services
qui sont produits, et quels sont les prestataires qui offrent ces services ?
Les CNS peuvent être produits pour le système de santé dans sa globalité, mais
également pour des programmes ou maladies spécifiques, tels que le VIH/SIDA, le
paludisme, la tuberculose, la santé reproductive et la santé infantile. Ces analyses sont
appelées « sous-analyses » et utilisent la même méthodologie et les mêmes tableaux que
les CNS généraux. Le présent rapport présente les résultats pour le système de santé dans
sa globalité, et servira de base pour l’élaboration des prochains CNS, ainsi que pour les
sous-analyses.
3
Publié par l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), la Banque Mondiale et l’USAID. 2003.
9
1.2 LE DEVELOPPEMENT DES CNS MADAGASCAR
C’est la première fois que la République de Madagascar entreprend de produire des CNS.
Le processus de développement des CNS à Madagascar a débuté en mars 2005.
Contractée par l’unité de gestion de projet de la Banque Mondiale à Madagascar, une
firme a été retenue, après compétition, par le Ministère de la Santé et du Planning
Familial (MSPF) pour encadrer l’institutionnalisation des CNS. En tenant compte des
données existantes et de la clôture des comptes fiscaux pour les institutions publiques,
c’est l’année calendaire 2003 qui a été retenue pour l’analyse en raison de l’existence de
données existantes et fiables.
Les étapes de formation, de collecte des données, d’analyse des données, de rédaction du
rapport et de restitution des résultats clés ont eu lieu entre mars 2005 et mai 2006.
Les CNS 2003 de Madagascar ont été élaborés afin de documenter de manière exhaustive
les flux financiers dans le système de santé dans le but d’améliorer le processus
d’élaboration des politiques de santé. De manière spécifique, les objectifs des CNS sont
les suivants :
Déterminer et estimer les flux financiers regroupant tous les intervenants : secteur
public (MSPF, autres ministères et programmes spéciaux de santé), secteur privé,
ménages, ONG et partenaires de développement,
Contribuer à une meilleure compréhension de l’impact de ces flux financiers sur les
résultats du système de santé,
Faciliter le suivi des tendances des dépenses de santé pour les besoins de suivi et
d’évaluation,
Entamer le processus des CNS en assurant la participation d’une équipe locale à tous
les aspects du processus : formation, élaboration de la stratégie de collecte de données
et développement des questionnaires de collecte de données, suivi de la collecte des
données, entrée des données dans les tableaux CNS, analyse et rédaction du rapport
final.
Ce rapport présente les résultats des CNS de Madagascar pour l’année calendaire 2003 et
comprend 6 sections :
Aspects d’environnement politique et socio-économique de Madagascar
Le système de santé de Madagascar
Méthodologie employée pour l’analyse: le processus, la collecte des données, les
méthodes d’échantillonnage et d’analyse, et la préparation du rapport.
Présentation et analyse des résultats des CNS.
Conclusion résumant les résultats clés, les prochaines étapes et l’impact potentiel des
CNS au niveau des politiques de santé mentionnées ci-dessus.
10
2. Analyse de la situation
Madagascar était placé au 146ème rang, parmi les 177 pays recensés par les Nations Unies
en 20034, au regard des indicateurs de développement humain. Près de deux tiers de la
population malgache vit sous le seuil de pauvreté (indice de 1 $US par jour/personne) ;
parmi les pays d’Afrique australe, seuls le Kenya et l’Ethiopie affichent des taux de
pauvreté inférieur autour de 25% de la population (voir Tableau 1).
L’état de santé des malgaches par rapport au Produit intérieur brut (PIB) par tête, bien
qu’il demeure nettement inférieur aux standards des pays occidentaux, est supérieur à
celui d’autres pays africains. L’espérance de vie de 50 ans est l’une des plus élevées de la
région sub-saharienne. Cela s’explique, entre autres, par le fait que le taux de prévalence
du VIH/SIDA à Madagascar, estimé à environ 2%13, demeure très inférieur à la moyenne
4
http://www.undp.org/hdr2003/indicator/cty_f_MDG.html81.9
5
Année 2003 pour les chiffres malgaches et 2002 pour les autres pays.
6
http://hdr.undp.org/statistics/data/indicators.cfm?x=133&y=1&z=1
7
http://hdr.undp.org/statistics/data/indicators.cfm?x=23&y=1&z=1
8
http://hdr.undp.org/statistics/data/indicators.cfm?x=99&y=1&z=1
9
http://hdr.undp.org/statistics/data/indicators.cfm?x=85&y=1&z=1
10
http://hdr.undp.org/statistics/data/indicators.cfm?x=56&y=1&z=1
11
EDS III 2003-2004
12
http://hdr.undp.org/statistics/data/indicators.cfm?x=79&y=1&z=1
13
World Health Statistics 2005, WHO
11
africaine (environ 8%), même si ce taux est en augmentation. L’incidence de la
tuberculose, de 326/100 000, demeure l’un des plus faibles taux d’Afrique subsaharienne.
Le taux de mortalité maternelle de 550 pour 100,000 naissances vivantes est l’un des plus
faibles de la région, mais la santé maternelle demeure tout de même un sujet critique à
Madagascar. Madagascar affiche aussi l’un des plus bas taux de mortalité infantile de la
région africaine. Il est à noter que la réduction de la mortalité maternelle et infantile
constitue l’un des objectifs principaux de la stratégie de lutte contre la pauvreté du
gouvernement malgache et que l’une des stratégies utilisées pour la réduction de ces taux
est l’extension des services essentiels de santé et de nutrition aux populations rurales.
Les informations récentes indiquent que 25% des décès à Madagascar (ou plus de la
moitié des patients hospitalisés) sont dus aux maladies transmissibles et pourraient être
contrôlés par la prévention. 15% des décès hospitaliers sont causés par les problèmes
néonataux et de santé maternelle, les diarrhées, et les infections respiratoires aiguës. Le
paludisme, la diarrhée, les infections respiratoires, la tuberculose et l’hypertension étaient
les causes principales d’hospitalisation en 200314.
14
Politique Nationale de Santé, juin 2005
15
Politique Nationale de Santé, juin 2005
12
Afin d’atteindre les objectifs mentionnés ci-dessus, l’accent sera mis principalement sur
les axes stratégiques suivants :
- Survie de la mère et de l’enfant,
- Lutte contre les maladies transmissibles et non transmissibles,
- Protection de la santé et promotion de comportements sains,
- Renforcement du système de santé représentant l’ossature des autres axes.
La santé à Madagascar est financée, premièrement, par des sources internes, constituées
du budget de l’Etat alloué au MSPF et autres institutions publiques, des dons aux
formations sanitaires et au MSPF, des versements directs des ménages aux formations
sanitaires et des dépenses du secteur privé, et, deuxièmement, des sources externes,
comprenant les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux et les ONG nationales et
internationales. Peu d’informations existent sur le financement de la santé par le secteur
privé et les autres institutions publiques, autres que le MSPF. La Banque Mondiale
estime néanmoins que les sources privées ont contribué à hauteur de 35%16 au
financement total en 2001. L’un des aspects du secteur privé à explorer est le nombre
d’organisations offrant des services de santé pour des groupes d’employeurs,
généralement désignés en tant que système inter-entreprises. Plus récemment, le pays a
aussi vu croître le mouvement mutualiste, encore restreint dans sa couverture.
Le budget de santé, qui s’élevait à 9,7% du budget de l’Etat en 2001, ne représente que
7,9% en 2005 (malgré une augmentation de 37% du budget en termes nominaux par
rapport à 2004). Le budget de la santé a été rééquilibré en faveur de la périphérie : en
2004, 43,6% du budget a été alloué pour les services de santé de district (contre 37,3% en
2000) 17. Des progrès sont encore à faire, notamment en ce qui concerne les critères
d’allocation entre les différents districts.
Le secteur externe joue aussi un grand rôle dans le financement de la santé à Madagascar.
Ce secteur externe peut être divisé en deux catégories. La première catégorie regroupe le
financement des programmes de santé par l’intermédiaire d’agences spécialisées, ou des
ONG. Les fonds de ces financements ne sont pas gérés directement par le MSPF, mais
Madagascar se soucie de plus en plus de les contrôler afin d’envisager que ces fonds
soient utilisés sous formes de supports budgétaires. Les bailleurs de fonds principaux
16
Preker, Alexander, 2001. Sustainable Health Care Financing and Development Challenges in
Madagascar. Health Nutrition and Population Policy Brief. Washington DC, Banque Mondiale.
17
Madagascar Health Sector Note, Banque Mondiale, Mai 2005
13
sont : la Banque Mondiale, l’USAID, l’UNICEF, l’OMS, JICA, le FNUAP, le Global
Alliance for Vaccine et Immunisation (GAVI), le Fond Global pour le VIH/SIDA, la
Tuberculose et le Paludisme (GFTAM), Raoul Follereau, l’Union Européenne, la
Coopération Allemande (GTZ-KfW) et la Coopération Française. Parmi les ONG, on
retrouve les ONG internationales (Médecins Sans Frontières, Population Services
International, Catholic Relief Service et Care International) et nationales : SALFA
(luthérien), SAF/FJKM (protestant) et ADRA (adventiste).
A partir des résultats obtenus à travers les enquêtes des employeurs privés et para-
étatiques, les CNS 2003 offrent une meilleure estimation des flux des dépenses du secteur
privé.
Des progrès ont été faits dans la transition démographique vers une réduction de la
fertilité. Malgré cela, le taux de croissance démographique annuel est élevé à 2,8%. La
prévalence contraceptive chez les femmes en union a gagné 13 points de pourcentage
entre 1992 et 2003, passant de 5% à 18% pour les méthodes modernes de contraception.
Les besoins non satisfaits demeurent importants en milieu rural (25%). Avec une
population jeune, la santé reproductive de la population en général et des adolescents en
particulier reste un axe sur lequel le gouvernement malgache doit continuer
d’intervenir18.
Malgré les succès enregistrés, la santé maternelle demeure toujours un enjeu important.
L’analyse des résultats de l’Enquête Démographique de Santé III (EDS III) ne montre pas
de changement significatif du ratio de mortalité maternelle : de 488 à 469 décès maternels
pour 100 000 naissances vivantes entre 1997 et 200319. En 2003, les causes de mortalité
maternelle hospitalière sont à 90% dominées par les pathologies obstétricales20. Il a été
estimé qu’en 2000 les décès lors d’avortements étaient responsables de 52% de la
mortalité maternelle à Antananarivo et 40% dans les zones rurales21. Ces résultats
18
2003-2004 Enquête Démographique et de Santé : Rapport de synthèse
19
Enquête démographique de santé : 1997 et 2003.
20
Annuaire statistique 2003, MSPF.
21
Gastineau B., Razafiarison J.C., Bulletin d’Information sur la Population de Madagascar, no 3, 2005.
14
montrent que la mortalité maternelle est principalement liée à un faible taux
d’accouchement assisté et aux complications nécessitant d’être référées.
La mortalité néonatale représentait 33% des décès parmi les enfants de moins de cinq ans
en 200322. L’insuffisance en équipements pour les soins obstétricaux et néonatals
d’urgence de base (SONUB) et les soins obstétricaux et néonatals d’urgence complets
(SONUC), et en personnel qualifié, ainsi que la faiblesse du taux de référence en sont les
principales raisons.
A l’exception des indicateurs nutritionnels qui sont demeurés au même niveau, les
déterminants de la santé infantile se sont améliorés entre 1997 et 2003. L’ EDS III révèle
respectivement une réduction de 43% et de 41% de la mortalité infanto-juvénile et de la
mortalité infantile entre les deux périodes. Les trois causes principales de mortalité
hospitalière (les infections respiratoires aiguës, le paludisme et la diarrhée) totalisaient
respectivement 68% des décès chez les moins de 5 ans en 2001, 54% en 2002 et 51% en
2003-2004. Cependant, le pays enregistre toujours un taux de malnutrition chronique
élevé chez 40 % des enfants de moins de 3 ans23.
La distribution semestrielle de vitamine A chez les moins de 5 ans (76%) depuis 1998,
l’augmentation de la couverture vaccinale, la campagne nationale de vaccination anti-
rougeole, et la disponibilité des produits de purification de l’eau à travers le marketing
social ont très probablement contribué à cette réduction.
L’enquête nationale auprès des femmes enceintes26 montre qu’il existe des disparités
géographiques importantes dans les taux de prévalence du VIH/SIDA: les hauts plateaux
(Tananarive et Fianarantsoa) sont moins touchés que les zones côtières, et les milieux
urbains moins que les zones rurales. En outre, cette enquête confirme la corrélation entre
le niveau d’éducation, le niveau de vie, et la prévalence du VIH/SIDA : les populations
pauvres et moins éduquées sont plus affectées que les populations riches et éduquées.
22
Politique Nationale de Santé, juin 2005
23
Annuaire statistique 2003, MSPF
24
World Health Statistics 2005, WHO
25
Madagascar Common Country Analysis 2003
26
EDSIII
15
Pour assurer une lutte efficace contre cette maladie, les programmes de prévention
doivent cibler les milieux identifiés à haut risque et des services de prévention minimum
doivent être mis en place sur le territoire malgache. A ce titre, le gouvernement a mis sur
pied :
- un programme national de grande envergure de lutte contre les IST en 2003, basé sur
une approche syndromique qui consiste à utiliser deux kits standardisés de traitement
des IST vendus à des prix subventionnés dans les secteurs public et privé,
- Un programme de centres de diagnostic et de dépistage (CDD) et de diagnostic et
prévention de la transmission mère-enfant. Le taux de fréquentation de ces centres
demeure cependant faible.
En outre, la capacité de prévention et de prise en charge est insuffisante dans les milieux
de soins (sécurité transfusionnelle et des injections, gestion des déchets médicaux,
formation et disponibilité des agents de santé, faible taux d’accessibilité aux soins).
Quant à la tuberculose, l’incidence annuelle est d'environ 20 000 cas. Cependant, le taux
de dépistage est seulement de 62%.28 « La méconnaissance de la maladie par la
population, la non-observance du traitement, la faible capacité des prestataires de soins à
prendre correctement en charge les tousseurs chroniques et les malades tuberculeux et le
manque de coordination des activités sont autant de difficultés supplémentaires »29.
Les bilharzioses affectent entre 500 000 et 2 millions d’individus. Le pays demeure
chaque année sous la menace de plusieurs flambées épidémiques meurtrières, notamment
la peste, la grippe, les diarrhées épidémiques, les toxi-infections alimentaires collectives,
ainsi que d’autres maladies émergentes et ré-émergentes. L’impact de ces menaces sur la
population est majoré du fait des difficultés du système de surveillance et de riposte, ainsi
que par des facteurs socioculturels entravant la prévention et la prise en charge précoce et
correcte des cas.
27
Politique Nationale de Santé
28
Politique Nationale de Santé
29
Politique Nationale de Santé
16
fortement endémiques30. Face à cette situation, Madagascar s’est résolument engagé dans
le Programme mondial d’élimination de la filariose lymphatique.
L’état de santé de la population est aussi un indicateur du problème d’équité dans l’accès
aux services de santé. Les résultats de l’EDS montrent que les indicateurs sanitaires, qu’il
s’agisse d’indicateurs de mortalité néonatale, infantile ou infanto-juvénile, ou
d’indicateurs d’accès et d’utilisation des services de santé publics, en préventif ou en
curatif, sont très significativement inférieurs pour les deux ou trois quintiles les plus
pauvres (entre 40 à 60% de la population) par rapport aux quintiles les plus aisés, variant
du simple au triple. Des inégalités existent également entre régions (zones urbaines et
rurales) et en fonction du niveau d’instruction. Ainsi, la mortalité infantile, de 33% pour
le quintile le plus riche, s’élève à 86,7% pour le quintile le plus pauvre, et est
significativement plus faible en zone urbaine (43% ; 27% pour la capitale) qu’en zone
rurale (76%). De même, la mortalité infanto-juvénile varie entre 49,4% et 141,8% en
fonction du niveau de pauvreté32.
La couverture vaccinale pour le DTC3, qui s’élève à 91% pour le quintile le plus riche,
n’est que de 39% pour le quintile le plus pauvre, et est également sensiblement plus faible
en zone rurale qu’en zone urbaine.
De telles disparités sont encore notées par exemple pour l’utilisation de suppléments en
vitamine A qui est plus élevée en milieu urbain (84%) qu’en milieu rural (74%), pour le
quintile le plus riche (90%) par rapport au plus pauvre (67%), et pour le quintile le plus
éduqué (90% contre 61%). Le même phénomène est observé pour le traitement des
30
Politique Nationale de Santé, juin 2005
31
Politique Nationale de Santé, juin 2005
32
Politique Nationale de Santé, juin 2005, sur base de l’EDS 2003-2004.
17
infections respiratoires, et la fréquence des accouchements assistés et des accouchements
par césarienne33.
33
Politique Nationale de Santé, juin 2005
34
A noter que le Fonds d'Equité (son utilisation) n'a été officialisé qu'en juin 2005 au lancement de la carte
solidarité. En 2003, le fonds n'était pas encore en vigueur.
18
3. Organisation du système de santé
SECTEUR PRIVE
SECTEUR ASSOCIATIF / ONG/ SECTEUR PRIVE
PUBLIC Marketing social LIBERAL
Services de santé des Forces Armées Réseau du Marketing Social Opticiens et prothésistes
Relais communautaires
19
3.2 LES INSTITUTIONS
Ce premier niveau35 de la pyramide sanitaire comprend les CSB1 les CSB2 et les CHD1,
soit environ 3 101 Centres de Santé de Base ou de formations assimilées :
• 2 424 centres de santé de base qui exercent sous l’autorité du Ministère de la Santé ;
• Environ 100 infirmeries et postes de santé de l’armée ;
• 396 centres de santé des organisations sanitaires privées; et,
35
Politique Nationale de Santé, juin 2005
20
• 281 dispensaires d’entreprises.
Les CSB1 sont tenus par des infirmiers et des aides-soignants et dispensent les services
de vaccination et de soins de santé de base. Les CSB2 (1 pour environ 10 000 individus)
offrent des soins de maternité et fonctionnent avec un médecin, ce qui représente une
réalité unique en Afrique à un échelon si bas de la pyramide sanitaire. Les 69 CHD1 du
pays offrent les soins obstétricaux essentiels, mais n’assurent pas de service de chirurgie.
Ils ne disposent pas de plateau technique adéquat (service d’imagerie, banque de sang et
laboratoire) permettant le diagnostic et la prise en charge des cas complexes. A long
terme, 100% des CHD1 devront se convertir en CHD2, c’est-à-dire en hôpitaux de
première référence36.
Ces Centres de Référence devront assurer, selon le plateau technique dont ils disposent,
la prise en charge des cas médicaux référés par les CSB1, CSB2, et CHD1 et des
interventions chirurgicales courantes. Typiquement, les CHD2 effectuent les chirurgies
courantes telles les césariennes ou les appendicectomies et les CHRR sont des centres
spécialisés (santé mentale, ORL, ophtalmologie, traumatologie) dans lesquels sont
effectuées, en autres, des chirurgies plus spécialisées.
36
Politique Nationale de Santé, juin 2005
37
Maintenant au nombre de 22.
21
3.7 DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE ET COUVERTURE GEOGRAPHIQUE DES FORMATIONS
SANITAIRES ET PHARMACEUTIQUES
D'une manière générale, la répartition des institutions de soins dans le pays ne répond pas
toujours aux principes d'équité et de rationalité. Soixante cinq (65) pourcent de la
population est situé à moins de 5 kilomètres d'un centre de soins, mais le taux moyen
d'utilisation des services est estimé à 50%. La fréquentation des structures sanitaires est
considérablement limitée par le faible revenu des ménages et la qualité médiocre des
soins38.
38
Politique Nationale de Santé, juin 2005
39
Politique Nationale de Santé, juin 2005
22
1) 24 grossistes et 203 pharmacies, la majorité concentrée dans et autour de la
capitale malgache,
2) 1265 détaillants, plus également répartis sur le territoire.
En 2003, le chiffre d’affaires des grossistes a été estimé à 26 millions $US (produits
importés et locaux), se traduisant par un bénéfice net de 9 millions $US.
Or, suite à l’année d’inflation généralisée (entre 24% entre octobre 2003 et octobre 2004)
et le gel des prix jusqu’à la fin 2004, la SALAMA a connu de lourdes difficultés
financières. Le gouvernement et les bailleurs de fonds ont cherché des solutions pour
retarder ou minimiser l’augmentation des prix des médicaments, notamment par des
subventions directes.
Face à la multiplication des génériques entrés sur le marché dont la qualité est plus
difficile à contrôler, le Gouvernement a créé l’Agence du Médicament de Madagascar, à
laquelle il a confié la mission de suivi de la qualité des médicaments fournis à la
population.
En outre, de par la richesse de la flore et les coutumes ancestrales d’utiliser les plantes, la
pharmacopée traditionnelle connaît un développement significatif qu’il convient
d’encourager. Enfin, les tradi-praticiens ont amélioré leur capacité d’intégration dans le
système de santé par l’intermédiaire d’associations nationale et régionale.
23
4. Méthodologie
L’objectif principal de l’exercice des CNS était de produire les premiers Comptes
Nationaux de Santé (CNS) en institutionnalisant la méthodologie à Madagascar. Deux
équipes locales, une du MSPF et l’autre de l’INSTAT, ont suivi une formation technique
sur les CNS. Les deux équipes ont dressé un plan de collecte de données, organisé et
effectué la collecte des données, et ont également participé au remplissage des tableaux
des CNS. Certains membres de l’équipe ont aussi participé à la révision de la première
version du rapport d’analyse des résultats.
La période étudiée a été l’année calendaire 2003. La collecte de données s’est étalée sur
cinq mois, d’août à décembre 2005. La plupart des données sont des données primaires
recueillies au travers d’enquêtes menées auprès d’entités identifiées dans le tableau 4. Les
données secondaires ont été extraites, entre autres, de publications officielles, des
documents officiels du gouvernement malgache et d’autres études déjà publiées. Lorsque
des données n’étaient pas disponibles, elles étaient obtenues, autant que possible, de
plusieurs sources permettant ainsi de vérifier et de trianguler les données.
Les données ont été recueillies par les deux équipes à l’aide de questionnaires CNS
préalablement utilisés et testés dans d’autres pays, évitant ainsi une phase inutile de
développement des questionnaires. Il est à noter que ces questionnaires ont été adaptés
par les deux équipes aux besoins et au contexte de Madagascar.
Un atelier de formation d’une semaine a été organisé pour une quinzaine de cadres du
MSPF et de l’INSTAT en avril 2005. Le MSPF est le principal bénéficiaire des résultats
de l’analyse des CNS pour ses besoins de développement de politiques de santé. Quant
à l’INSTAT, cette institution possède une grande expérience dans la conduite d’enquêtes
et la gestion de bases de données. A la fin de la formation, ces deux institutions ont
sélectionné les cadres qui allaient constituer l’équipe technique CNS.
Cette formation a été réalisée par : Yann Derriennic, Takondwa Mwase, Clara Burgert,
Allison Comfort et Rudolph Chandler, consultants d’Abt Associates.
24
4.3 SOUTIEN DU SECRETAIRE GENERAL DU MSPF
Cette initiative des CNS a été possible grâce aux directives et soutien du Secrétaire
Général du Ministère de la Santé. Le rôle du Secrétaire Général de la Santé et du
Directeur des Etudes et de la Planification du MSPF ont été extrêmement importants et
essentiels pour la constitution et la participation de l’équipe du MSPF durant la
formation, pour la collecte des données, pour la coopération d’autres Ministères et
institutions étatiques, et pour la révision de la première version du rapport d’analyse des
résultats. Quant aux membres du comité de pilotage, ils ont également facilité l’accès aux
données financières d’autres entités.
L’équipe du MSPF était chargée de la collecte des données auprès des institutions
suivantes :
- Directions centrales du MSPF
- Directions Provinciales de Santé
- Services de Santé de Districts
- Grands hôpitaux publics (CHRR – CHU)
- Institutions de formation en matière de santé
- Autres Ministères
- Partenaires de développement/bailleurs de fonds
L’équipe de l’INSTAT était chargée de la collecte des données auprès des institutions
suivantes :
- Centres Hospitaliers de Districts I et II, publics et privés
- Centres de Santé de Base (I et II), publics et privés
- ONG oeuvrant pour la santé
- Cabinets médicaux privés
- Les assurances privées et la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNAPS)
- Les organisations sanitaires inter-entreprises
- Les ménages
- Les employeurs
L’INSTAT n’a pas conduit d’enquête auprès des ménages mais a utilisé les données de
l’enquête des ménages de 200440. L’INSTAT a actualisé les données de l’Enquête pour
Ménage (EPM) datant de 2004 en utilisant un indice déflateur pour les ramener au
niveau de 2003.
L’objectif de la collecte de données était de recueillir des données sur les dépenses
globales de santé des principales institutions offrant des biens et des services de santé
pour l’année civile 2003.
40
Enquête Prioritaire Auprès des Ménages, EPM: INSTAT, 2004
25
4.5.1 Collecte des données secondaires
Durant et suivant l’atelier de formation, les participants ont développé un plan de collecte
des données identifiant les sources de données secondaires, la plupart provenant de la
Direction des Affaires Administratives et Financières (DAAF) et de la Direction d’Etudes
et de Planification (DEP) du MSPF.
La collecte des données primaires a été menée entre août et décembre 2005 par les
équipes du MSPF et de l’INSTAT. Des instruments de collecte de données ont été
développés pour chacune des entités listées dans la section 4.4 ci-dessus. Ces instruments
sont disponibles par le biais du MSPF (Direction des Etudes et Planification). Cette étape
a été supervisée par le Dr Sara Zellner d’Abt Associates qui, lors de sa mission à
Antananarivo, à finalisé les questionnaires avec le MSPF et l’INSTAT. En même temps,
la formation de l’équipe du MSPF à conduire des interviews et à collecter des données
primaires a été réalisée.
Abt Associates a fourni des exemplaires de questionnaires utilisés pour les CNS 2002 au
Rwanda aux équipes du MSPF et de l’INSTAT : les deux équipes ont adapté et finalisé
ces questionnaires aux besoins et à la réalité malgache et les ont soumis pour révision à
l’équipe de recherche de Abt Associates avant de les utiliser sur le terrain. Les
questionnaires finaux ne sont pas inclus dans ce rapport mais sont disponibles au MSPF
(Secrétariat Général et Division d’Etudes et de Planification).
2. Echantillonnage
L’objectif de l’échantillonnage pour la collecte des données primaires est d’obtenir des
informations représentatives. Etant donné que Madagascar est un pays vaste et que
beaucoup d’organisations impliquées dans la santé sont dispersées sur le territoire, les
questionnaires ont été administrés sur une base d’un échantillonnage aléatoire. Le tableau
4 présente la liste complète des entités enquêtées, le nombre d’institutions qui ont été
interviewées et le taux de réponse par rapport au nombre d’entretiens.
La collecte des données primaires a été organisée et réalisée par les deux équipes
techniques (MSPF/DEP et INSTAT) en collaboration avec Abt Associates. L’équipe
technique du MSPF était constituée de 6 membres, responsables de contacter les entités
identifiées dans le tableau 4 et de conduire les enquêtes. Le deuxième groupe était quant à
lui composé d’une équipe d’enquêteurs et de superviseurs de terrain, supervisés par le
personnel de l’INSTAT. Les interviewers et les superviseurs des enquêtes ont été
26
sélectionnés et formés par l’INSTAT. La formation, qui a eu lieu à Antananarivo, a duré
2 jours et portait sur les questionnaires et les formulaires d’entrée des données.
Cette étape a été différente pour le MSPF et l’INSTAT. L’équipe du MSPF a reçu une
assistance technique d’Abt Associates pour la préparation des formulaires de saisie des
données en logiciel EXCEL. Les 6 membres de l’équipe du MSPF ont donc pu participer
à tout le processus de collecte, de vérification et d’entrée des données. Abt a travaillé
avec l’INSTAT et le MSPF pour le nettoyage des données, afin d’assurer la fiabilité de la
base de données.
INSTAT a utilisé son système de collecte de données et son personnel pour ces enquêtes.
INSTAT a ainsi repris les questionnaires fournis par Abt, a crée des formulaires de
saisies de données, a formé des enquêteurs, des superviseurs et des coordinateurs
régionaux La rentrée des données a été effectuée sur les logiciels CSPro et EXCEL.
27
Les tableaux ont été créés sur le logiciel EXCEL en utilisant le format standard proposé
par la méthodologie des CNS. Pour chaque donnée reportée dans les cellules des tableaux
CNS, l’équipe a dû documenter sa source et noter si des hypothèses étaient posées pour
l’estimation de cette donnée. Cette documentation est disponible dans les tableaux et peut
être obtenue en s’adressant au MSPF auprès de la DEP.
Les tableaux montrant la distribution des dépenses récurrentes de santé par groupe socio-
économique et par province ont été préparés par Abt Associates en mars et avril 2006.
Ces tableaux ont été complétés en utilisant les méthodes décrites dans le Chapitre 14 du
Guide méthodologique des CNS et grâce aux calculs et données supplémentaires fournis
par le MSPF et l’INSTAT. Pour la distribution par groupe socio-économique, la
méthodologie utilisée est celle de la redistribution de l’utilisation des différents types de
prestataires par les ménages regroupés par agents de financements. Pour la distribution
des dépenses par provinces, la méthodologie utilisée a été basée sur la redistribution des
dépenses de santé selon les pourcentages des dépenses de fonctionnement et de capital du
MSPF. Les informations pour les secteurs public, privé et ONG n’étaient pas disponibles.
Ces deux méthodologies ont été revues avec le MSPF et l’INSTAT durant la semaine du
17 avril 2006 à Antananarivo.
28
5. Résultats des Comptes Nationaux
de la Santé de 2003
Ce chapitre discute les résultats de l’estimation des CNS de Madagascar pour l’année
civile 2003. Ces résultats sont basés sur l’analyse de six tableaux (présentés en Annexe)
des CNS décrivant les flux de ressources allant des :
Sources de financement (FS) vers les agents de financement (HF) – Annexe 1
Agents de financement (HF) vers les prestataires de soins de santé (HP) – Annexe 2
Agents de financement (HF) vers les fonctions (HC) – Annexe 3
Prestataires de soins de santé (HP) vers les fonctions (HC) – Annexe 4
Dépenses courantes de santé par agent de financement et par quintile de dépenses des
ménages – Annexe 5
Dépenses totales de santé par prestataires et par provinces – Annexe 6
Le tableau 5 présente les résultats clés des CNS pour l’année 2003. L’analyse montre que
les dépenses totales de santé (DTS) à Madagascar en 2003 se sont élevées à 1 191
milliards de FMG (196 millions de $US). En ajoutant à ce total les activités connexes45
de santé, les dépenses de santé se sont élevées à 1 205 milliards de FMG. Les DTS ont
représenté 3.5% du PIB et une dépense de 72 454 FMG par tête (11,9 $US).
45
Les activités connexes sont celles qui ne sont pas des produits et des services de santé mais qui ont un
impact sur la santé. Des exemples d’activités connexes sont la formation universitaire et professionnelle, la
recherche scientifique, les programmes nutritionnels pour le support des revenus des ménages, les projets
de construction et d’entretien des systèmes d’eau potable. Pour plus d’information, voir le Guide.
46
INSTAT : http://www.instat.mg/MADA/indic.htm
47
Taux de change : 1 $US = 6 068 FMG, Décembre 2003, Fonds Monétaire International/Banque
Mondiale
29
Secteur public 55%
Secteur privé 40%
Reste du Monde 5%
Dépenses des ménages
Dépenses totales des ménages en santé 235 074 millions FMG (38,7 millions $US)
Versements directs des ménages 227 163 millions FMG (37,4 millions $US)
Dépenses totales des ménages en % des DTS 20%
Versements directs des ménages par tête 13 816,8 FMG (2,2 US$)
Prestataires (en pourcentage des DTS)
Prestataires du secteur public 67%
Prestataires du secteur privé 28%
Autres prestataires non identifiés 5%
Fonctions (en pourcentage des DTS)
Soins hospitaliers 7%
Soins ambulatoires 28%
Médicaments 20%
Programmes de prévention et de santé publique 28%
Administration de la santé48 10%
Investissement en capital 7%
Sources : Comptes CNS 2003 ; INSTAT : http://www.instat.mg/MADA/indic.htm
Une comparaison des indicateurs de dépenses de santé entre Madagascar et d’autres pays
africains est présentée dans le tableau 6. Les DTS à Madagascar ont représentés 3,5% du
PIB en 2003. Ce chiffre indique que, par rapport à d’autres pays africains, Madagascar a
semblé affecter moins de ressources pour répondre à ses besoins de santé.
48
Deux notes : 9% dans le secteur public et 1% pour le secteur privé.
49
Les autres pays ne disposent pas de résultats CNS après 2002.
50
Ce tableau compare les agents de financement
51
Les dépenses du reste du monde ont été ajoutées à celles du secteur public.
30
Les dépenses de santé par tête ont été estimées à seulement 11,9 $US en 2003, un niveau
légèrement inférieur à la moyenne africaine, mais cependant supérieur à celui de
l’Ethiopie et du Mozambique.
5.3 FLUX DES FONDS FINANCIERS DE SANTE SELON LES DIMENSIONS DES CNS
La méthodologie des CNS définit les sources de financement comme « les organisations
ou les entités qui fournissent les fonds utilisés dans le système par les agents de
financement »54. Les principales sources de financement à Madagascar sont le secteur
public, le secteur privé et les bailleurs de fonds. Ils sont décrits plus en détail ci-dessous.
Le secteur public
• Les fonds provenant du secteur public sont constitués des recettes
octroyées aux institutions publiques par le Ministère de l’Economie, des
Finances et du Budget (MEFB), des autres fonds publics, tels que les prêts
qui sont fournis directement au Trésor, et des fonds des employés publics.
• Les revenus dépendent en grande partie du prélèvement des taxes générales
sur les importations et la consommation. Les recettes du gouvernement
central à travers le MEFB sont distribuées au MSPF et autres Ministères
(Défense, Education, etc.) qui ont leur propre système et services de santé.
Le Ministère de la Décentralisation utilise des fonds du gouvernement
central pour octroyer des fonds aux provinces.
• Les prêts octroyés au gouvernement (tel que le projet CRESAN de la
Banque Mondiale) font également partie des revenus du gouvernement
central. Dans cette catégorie est aussi ajoutée une partie des fonds de la
SEECALINE qui proviennent d’un crédit de l’International Development
Association, institution affiliée à la Banque Mondiale.
• Le secteur public comprend aussi les paiements effectués par le MEFB
pour les soins de santé de certains cadres de l’administration publique car
ils proviennent des recettes du gouvernement central.
Le secteur privé
52
L’OMS utilise les chiffres de leurs tableaux d’agents de financement et non celui des sources.
53
Les chiffres CNS pour les autres pays ne sont disponibles que jusqu’à 2002
54
Guide pour l'élaboration des comptes nationaux de la santé avec des applications spéciales pour les pays
à faible et à moyen revenus : OMS, Banque Mondiale et USAID. 2003
31
• Ce sont les fonds provenant des employeurs, des ONG et des entreprises
paraétatiques.
• La méthodologie des CNS inclut aussi les ménages qui, de par les
versements directs et autres paiements qu’ils effectuent, contribuent de
manière substantielle au financement du secteur de la santé à Madagascar.
• La présente analyse ne tient pas compte des mutuelles de santé, car ce
système, bien qu’en cours d’expansion, demeure encore peu répandu à
Madagascar. Cette estimation ne comprend pas les chiffres de la CNAPS
car les informations obtenues sont incomplètes : les informations partielles
semblent indiquer que la CNAPS a déboursé pour ses contribuables ou les
prestataires 361 millions de FMG en frais chirurgicaux, d’hospitalisation,
d’appareillage et d’accouchements en 2003, ce qui représente moins de
0.01% des dépenses totales de santé.
Une analyse des sources de financement de la santé à Madagascar est présentée dans les
graphiques 1 et 2 (voir également l’Annexe 1 pour le tableau présentant les fonds allant
des sources de financement vers les agents de financement). Le graphique 1 présente la
répartition des sources de financement en trois catégories et le graphique 2 présente des
données plus détaillées pour les sources de financement.
32%
37% Fonds publics
Fonds prives
RDM
31%
32
Le graphique 1 montre que chaque source de financement a représenté près d’un tiers des
DTS. Les fonds du secteur public ont totalisé 377,2 milliards de FMG (62 millions $US),
représentant 32% des DTS.
Le graphique 2 montre que pour le secteur public, les fonds provenant du gouvernement
central ont été estimés à 270 milliards de FMG, soit 23% des DTS, que les autres fonds
publics (autres Ministères, prêts de l’IDA pour le CRESAN et la SEECALINE) ont
totalisé 91,9 milliards de FMG (8% des DTS), et les dépenses faites par le MFEB pour la
prise en charge de soins médicaux de certains cadres de l’administration était de 15,2
milliards de FMG, soit 8% des DTS. Le secteur privé a contribué un peu moins que le
secteur public, soit 31%. Les ménages se sont avérés être les plus importants financeurs
dans le secteur privé, ayant fourni 235,1 milliards de FMG, soit 20% des DTS. Les
employeurs privés ont déboursé environ 89 milliards de FMG (15 millions $US), et les
entreprises para-étatiques, 38 milliards de FMG (6,3 millions $US). Bien que la part
déboursée par les ménages malgaches pour le financement des DTS ait été inférieure à
celle d’autres pays (tel que le Kenya) en 2003, les résultats montrent qu’elle a représenté
tout de même un fardeau financier important pour les ménages, dont la plupart vivent
sous le seuil de la pauvreté. La part des ONG en tant que source de financement n’a été
que de 1% des DTS. Le RDM a été responsable de 37% des sources de financement des
DTS. Bien que cette part ne soit pas en tant que tel anormale et soit comparable à
beaucoup d’autres pays avec des ressources financières internes limitées, elle pourrait
représenter un problème de pérennisation du financement de la santé à Madagascar.
37%
23%
20%
8% 7%
3%
1% 1%
Gouv Central Autres fonds Fonds des Entreprises Employeurs Ménages ONG Bailleurs
publics employés para étatiques privés
publics
5.3.2.1 Répartition des dépenses de santé par tête selon les sources de financement
Le graphique 3 présente le montant alloué par tête selon les sources de financement. La
source dominante constitue le reste du monde qui finance 26 699 FMG (4,40 $US) par
personne de par leurs dons à Madagascar. Le second financeur est le gouvernement
central qui a financé 16 626 FMG (2,74 $US) par personne. Les ménages arrivent en
troisième position avec une dépense de 14 442 FMG (2,38 $US) par personne.
33
Graphique 3: Répartition des sources de financement
pour les depenses de sante par tête
$5.00 4.4
$4.50
$4.00
$3.50 2.7
$3.00 2.4
$2.50
$2.00
1.0
$1.50 0.8
$1.00 0.1 0.4
0.1
$0.50
$-
Gouv. Central Autres fonds MEFB Entrep. para Employeurs Ménages ONGs Bailleurs
publics etatiques privés
La plupart des fonds mobilisés pour les dépenses de santé ne vont pas directement des
sources à leur utilisation finale, mais passent plutôt par les agents de financement, définis
comme « les organisations ou les entités qui canalisent les fonds fournis par les sources
de financement et les utilisent pour payer ou acheter les activités comprises dans le
champ délimité des comptes de la santé »55. Les agents de financement reçoivent les
fonds des sources de financement et les utilisent pour financer les services de santé, les
produits (produits pharmaceutiques en particulier), les programmes de prévention et de
santé publique, et les dépenses administratives. Les agents de financement sont
représentés dans le graphique 4 (voir également les Annexes 2 et 3 pour les tableaux
présentant, respectivement, les fonds allant des agents de financement vers les
prestataires, et les fonds allant des agents de financement vers les fonctions).
55
Guide pour l'élaboration des comptes nationaux de la santé avec des applications spéciales pour les pays
à faible et à moyen revenus : OMS, Banque Mondiale et USAID. 2003
34
Graphique 4: Qui a gère les fonds de santé? Les agents de financement
MSPF
5%
Autres Ministères/Programmes
Speciaux
19%
Entreprises para-étatiques
42% Employeurs
privés/Assurances/OSIE
ONG
10%
Ménages
8% RDM
3%
13%
Les fonds de la part des employeurs privés, qui comprennent les dépenses effectuées par
les employeurs pour le paiement des soins de santé de leurs employés (par l’intermédiaire
de remboursements directs aux employés), les fonds pour l’achat des primes d’assurance
privées, et les fonds des OSIE ont représenté 10% des DTS, alors que ceux des
entreprises para-étatiques se sont élevés à 3%. Les ONG ont reçu et ont géré 10% des
DTS. Le reste du monde a contrôlé 5% des DTS.
Le tableau 7 montre la distribution des fonds transférés par les sources de financement
aux agents de financement. Les revenus du gouvernement central (97%), les autres fonds
publics (100%) et les fonds du RDM (66%) sont allés principalement aux entités
gouvernementales. 3% des fonds gouvernementaux sont passés à des ONG pour assurer
des activités de santé. Les fonds des ménages ont été utilisés pour le paiement de services
de santé et pour l’achat de produits pharmaceutiques (97%). Quant aux dépenses de santé
des entreprises, elles peuvent être catégorisées de la manière suivante :
• Dépenses effectuées pour opérer leurs propres cliniques et au remboursement direct
des services de santé reçus par leurs employés,
• Paiements aux assurances privées et aux OSIE
Les entreprises para-étatiques ont utilisé 93% de leur fonds pour l’opération de leurs
propres services de santé, qui sont utilisés par leurs employés et leurs familles, et au
remboursement direct des soins de santé à leurs employés (le reste allant aux assurances).
Les employeurs privés ont eu davantage recours au système d’assurance du secteur
privé : les employeurs utilisent 62% de leurs fonds au remboursement direct de leurs
employés et pour les paiements aux prestataires de services, et le reste (soit 38%) pour les
paiements aux OSIE et assurances.
35
Tableau 7 : Où ont été les fonds des sources de financement?
Revenu du Autres fonds Fonds des Fonds des Fonds des ONG RDM
Gouv. Central publics et des entreprises employeurs ménages
Agents de employés para-étatiques
financement publics
MSPF 95% 85% 36%
Autres Ministères et
Programmes Spéciaux
2% 15% 30%
Entreprises para-
étatiques
93%
Assurances privées et
OSIE
7% 38% 3%
Employeurs 62%
Paiements des
ménages
97%
ONG 3% 100% 21%
RDM 13%
TOTAL 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%
Les transferts de ressources entre les sources de financement et les agents de financement
se sont effectués comme suit :
Le gouvernement central a transféré 346,4 milliards (57 millions $US) de FMG (29 %
du financement total de la santé) au MSPF à travers le budget de l’Etat et autres fonds
publics,
Le RDM a transféré 288,1 milliards de FMG (43 millions $US), soit 24% des DTS,
au secteur public (MSPF et autres entités),
Les ménages ont effectué des versements directs aux prestataires de soins de santé
des secteurs privé et public pour le paiement de services et pour l’achat de
médicaments et autres produits pharmaceutiques, pour un total de 227,2 milliards de
FMG (37 millions $US), représentant 19% des DTS,
Les employeurs (privés et para-étatiques) ont payé aux prestataires de services de
santé l’équivalent de 127,1 milliards de FMG (20 millions $US) (11% du
financement total) pour les soins de leurs employés,
Les ONG ont reçu un total de 111,8 milliards de FMG (18 millions $US), soit 9% du
total, des sources suivantes : du gouvernement malgache (8,8 milliards de FMG), de
leurs propres fonds (13,1 milliards de FMG) et du RDM (90 milliards de FMG).
5.3.3 Analyse des utilisateurs des fonds : les prestataires de soins de santé
Le graphique 5 montre la distribution des ressources par type de prestataires (voir aussi
les Annexes 2 et 3).
265,7 milliards de FMG (22% des DTS) ont été utilisés pour le fonctionnement des
centres de soins ambulatoires, 328,3 milliards de FMG (28%) pour la fourniture et la
gestion des programmes de santé publique et 20% pour l’achat de médicaments dans les
officines. En combinant les dépenses pour les centres de soins ambulatoires et les
programmes de prévention et de santé publique, il est apparent que le gouvernement a
joué un grand rôle dans le financement des soins de base primaires. Les dépenses du
36
secteur public vers les niveaux secondaire et tertiaire (CHU, CHRR et CHD) totalisaient
104 milliards de FMG, ne représentant que 8% des DTS.
Les dépenses pour les services offerts par les prestataires du secteur privé, comprenant les
hôpitaux privés, les officines et les médecins (privés et tradi-praticiens) ont représenté
28% des dépenses totales (équivalent à 308,6 milliards de FMG).
A part les autres prestataires non identifiés, le reste des dépenses a été réservé à
l’administration de la santé, avec 9% (106,0 milliards de FMG) et 2% (17,7 milliards de
FMG) pour le secteur public et privé, respectivement. Près de 5% des dépenses de santé
(58,9 milliards de FMG) n’ont pu être attribués à des prestataires déterminés.
22.0%
20.0%
9.0%
5.0% 5.0%
3.0% 3.0% 3.0% 2.0%
Generales/Assurances
Hopitaux prives
Autres prestataires
Adm Publique
Officines
Prev + San Publique
CHD
CSB
Cabinets prives et
CHU/CHRR
tradi-praticiens
Adm
Cette section décrit le flux de ressources par types de services et produits fournis par le
système de santé. Comme le montre le graphique 6 :
- Les postes les plus importants de dépenses ont été ceux des services de prévention
et de santé publique (327,7 milliards de FMG, soit 28% des DTS) et ceux des
soins curatifs en milieu ambulatoire (328,7 milliards de FMG, soit 28% des DTS).
37
- Les soins curatifs hospitaliers ont représenté seulement 7% du total, avec un
montant de 88,9 milliards de FMG.
- Les achats de médicaments dans les pharmacies indépendantes se sont élevés à
représentent 20% du total des DTS.
- L’administration des services de santé dans le secteur public et le secteur privé
ont atteint près de 9% et 1%, respectivement, pour un total de 10% des DTS.
- L’investissement en capital des établissements prestataires de soins,
principalement dans le secteur public, a représenté 7% du total.
Graphique 6: Quels sont les services et produits qui ont ete fournis par le secteur de la santé?
Répartition par fonction
28% 28%
20%
9%
7% 7%
1%
Investissement
Prod pharma et
hospitaliers
Admin. de la
secteur privé
administrations
etablissements
biens med non
en capital des
ambulatoires
santé publique
prévention et
assurance
Services de
maladie:
Générale :
santé et
Soins
publiques
durables
Admin.
Soins
Le tableau 8 montre la manière dont les ressources provenant des principaux agents de
financement ont été distribuées aux fonctions de santé. On remarque que le MSPF a bien
équilibré le financement en donnant priorité aux soins ambulatoires et services de
prévention et de santé publique (56% des dépenses du MSPF, équivalent à 289,5
milliards de FMG). Cependant, les dépenses administratives du MSPF ont été assez
élevées, à 105,8 milliards de FMG, représentant ainsi 20% des dépenses du MSPF. En ce
qui concerne les autres ministères et entités publiques, la grande part des dépenses
affectées aux services de prévention et de santé publique s’explique principalement par le
financement important, de 130 milliards de FMG, octroyé en 2003 par le Fonds Global au
SE/CNLS pour le programme de prévention du VIH/SIDA.
Quant aux employeurs privés et para-étatiques, leur principale catégorie de dépenses a été
les soins curatifs ambulatoires (80% et 93% de leurs propres dépenses, respectivement).
Il faut cependant noter que les résultats semblent indiquer que les employeurs et les
entreprises para-étatiques ne financent pas les programmes de santé publique et de
prévention. Même pour les OSIE (non comprises dans le tableau 8, voir Annexe A3), les
38
dépenses en santé publique se sont élevées à presque 2 millions de FMG et ne
représentent que 5% de leurs dépenses, le reste étant dépensé en produits
pharmaceutiques (37,2 milliards de FMG, soit 90% de leur propre financement) et en
soins curatifs.
Les ménages sont ceux qui, proportionnellement aux autres agents de financement, ont
dépensé légèrement et proportionnellement plus pour les soins hospitaliers (16%) que
pour les soins ambulatoires (10%). Les ménages ont aussi utilisé une grande proportion
de leurs ressources en produits pharmaceutiques (72% du total des dépenses des
ménages).
Les ONG et le RDM ont dépensé respectivement 63% et 78% de leurs propres fonds aux
programmes de santé publique et de prévention.
La part des ménages dans le financement des DTS en 2003 est estimée à 20%, soit 235,1
milliards de FMG (38 millions $US). Ils ont constitué la troisième source de financement
de la santé au Madagascar, après le RDM et le MSPF (respectivement 37% et 23% des
DTS). Le tableau 9 permet de voir les types de dépenses qu’ont effectué les ménages en
termes de versements directs.
70% des versements directs des ménages ont été effectués pour les achats de
médicaments et produits pharmaceutiques, 11% ont payé des services dans les hôpitaux
56
Pour le MSPF, la valeur des produits pharmaceutiques est comprise dans les soins curatifs hospitaliers et
ambulatoires.
39
privés, 4 % ont été utilisés pour les consultations privées, tradi-praticiens et pour les
analyses en laboratoires, et 6% pour les hôpitaux et cliniques publics.
20% 20%
17%
14%
Les quintiles de dépenses par ménage sont présentés par groupes de 20% de la
population : du quintile 1 qui représente le groupe le plus pauvre, jusqu’au quintile 5
représentant le quintile le plus riche. Cette analyse utilise les dépenses récurrentes de
santé (DTS sans les investissements) et est basée sur les données d’utilisation des
structures sanitaires par les ménages telles qu’obtenues par l’enquête prioritaire des
ménages de l’INSTAT.
40
groupe qui a le plus bénéficié des dépenses de santé en détriment des autres groupes, en
particulier le quintile le plus pauvre et le quintile 4.
L’analyse selon les différents agents de financement montre que les dépenses pour les
différents quintiles de population sont influencées différemment. Les ressources du
MSPF qui vont au quintile le plus pauvre sont inférieures à celles des autres quintiles :
comparativement aux quintiles 3, 4 et 5, les ressources dépensées pour le quintile le plus
pauvre est à peu prés la moitié des montants des autres quintiles. Le quintile 2 reçoit
légèrement plus de financement que le quintile le plus pauvre mais est aussi inférieur à
celui des quintiles 3, 4 et plus riche. Pour les programmes des autres agents du secteur
public (excepté le Ministère de la Défense), les résultats sont basés sur l’hypothèse que le
financement de leurs activités favorise l’ensemble de la république malgache et ne
favorise aucun quintile de population en particulier. L’hypothèse pour le Ministère de la
Défense est cependant différent et leur financement a été équitablement réparti entre le
quintile le plus riche, le quintile 4 et le quintile 3 : le Ministère n’alloue aucun fonds aux
quintiles 2 et le plus pauvre. Pour la SEECALINE, l’hypothèse est que leurs programmes
sont destinés aux populations rurales démunies, i.e. le quintile le plus pauvre.
Les ONG semblent favoriser les quintiles 2 et 3 (59% des leurs ressources) et le quintile
le plus riche (25%), par rapport au quintile le plus pauvre (12%). Les assurances, les
OSIE, les entreprises publiques et les employeurs privés ont aussi privilégié les quintiles
les plus aisés comparés aux quintile les plus pauvres : ces institutions rassemblent le
secteur formel des employés.
Quant aux ménages, le quintile le plus riche a utilisé près d’un tiers (31%) des ressources
des ménages, et le quintile 4, 3, 2 et 1, respectivement, 23%, 19%, 16% et 11%.
Quant au RDM, l’hypothèse posée est qu’un tiers de leur financement est allé pour le
quintile 2 et la solde (soit deux tiers) au quintile le plus pauvre.
Cette approche a une implication sur l’interprétation des données de la distribution des
DTS par province : ces estimations sont seulement approximatives. La méthode retenue
est très élémentaire et rudimentaire, et n’est en aucune manière la meilleure approche.
Elle demeure une façon d’analyser et de présenter les résultats. Cependant, avec les
données reçues et le temps imparti, l’utilisation de cette méthode est la seule approche
possible.
41
L’analyse par province est utile pour le processus de prise de décision si elle tient compte
des différences dans l’utilisation des services et de la distribution des ressources
(médicaments, ressources humaines, investissements, etc.) selon les provinces.
Une première estimation a été tentée afin de reconstituer les données du secteur public à
partir des données existantes sur les salaires, les médicaments et les investissements. Le
MSPF ayant fourni la liste complète des employés du MSPF dans chaque province, la
répartition des produits pharmaceutiques et de l’investissement, une première estimation
des salaires provinciaux a été produite. Cependant cette approche a révélé une
inadéquation entre les chiffres obtenus par les CNS et les données fournies. Par exemple,
en multipliant le nombre de cadre du MSPF par le salaire moyen des cadres techniques et
administratifs (la grille de salaires a été fournie par le MSPF) pour chacune des
provinces, on obtient un total de 86,2 milliards de FMG. Ce total n’inclut cependant pas
les 4 000 fonctionnaires qui sont payés par le MEFB mais que le MSPF ne retrouve pas
dans son recensement de personnel pour 2003 : la masse salariale payée par le MEFB
pour les employés du MSPF est estimée à 153,2 milliards de FMG pour 200357. De plus,
même en utilisant cette approche, les salaires du secteur public constituent seulement
19% des DTS dans le secteur : cette proportion est très basse comparée à d’autres pays.
Même en incluant les médicaments et les investissements, seulement 33% des dépenses
du secteur public a pu être reconstitué. Pour un secteur qui a été responsable de 67% des
services fournis en 2003, ce taux de 33% de données vérifiables ne permet pas une
estimation très fiable des répartitions par province. Donc cette approche a été
abandonnée.
Il est recommandé de mieux rechercher les chiffres des salaires et la manière dont ils sont
effectivement distribués dans le système de santé :
Estimations des salaires des autres Ministères, les programmes spéciaux (notamment
le SE/CNLS), les ONGS et le secteur privé.
Estimation des produits pharmaceutiques distribués par ces intervenants.
Autres dépenses d’opération des différents secteurs.
La seconde approche est entièrement basée sur des données supplétives : le nombre de
formations sanitaires par type (CHU, CHR, cabinets de médecins, officines, …etc.), par
secteur (public et privé) et par province. Ces données ont été obtenues de l’INSTAT58.
Dans les instances où l’INSTAT n’a pu fournir les données directes (comme la
distribution des prestataires de santé publique et ceux des cabinets de médecins), des
techniques estimatives et d’approximation ont été utilisées.
57
Conversation avec la Division des Ressources Humaines du MSPF, 21 avril 2006.
58
L’Annuaire des Statistiques du Secteur Santé de Madagascar, INSTAT, 2003
42
Elle calcule une moyenne des dépenses par type de formation sanitaire selon
l’hypothèse que les dépenses sont également réparties parmi les différentes
formations sanitaires (c'est-à-dire qu’une CSB de zone rurale dépense les même
montants q’une CSB de zone urbaine).
L’hypothèse sous-jacente est que toutes les dépenses de santé s’effectuent au niveau
des établissements de soins et que les ressources (ressources humaines, équipement)
sont distribuées de manière homogène entre les provinces. A moins que cette
hypothèse soit vérifiée, cette approche n’est pas recommandée.
Résultats
Le tableau complet des dépenses par provinces est présenté en Annexe 6 de ce document.
Pour l’analyse, le tableau a été consolidé en deux tableaux complémentaires.
Le premier tableau (Tableau 10) présente la répartition des dépenses de santé par le
secteur public, le secteur privé et les prestataires non identifiés. Le nombre et le type de
formations sanitaires ont eu un impact sur les dépenses provinciales. Les provinces avec
plus de formations sanitaires et celles possédant des formations sanitaires de niveau plus
avancé ont enregistré des dépenses plus élevées comparativement aux autres provinces.
De plus, la présence du secteur privé dans certaines provinces a aussi influencé ces
résultats.
43
Prestataires)
Le second tableau (Tableau 11) présente une image différente des dépenses de santé en
présentant les dépenses de santé provinciales par tête. Le nombre d’habitants par
province influence le niveau de dépenses de santé par tête : un plus grand nombre
d’habitants pousse les dépenses vers le bas.
En intégrant les chiffres de populations provinciales et en comparant avec les DTS par
tête (estimé à 72 454 FMG), on remarque que quatre provinces (Fianarantsoa, Majunga,
Toamasina et Toliara) ont enregistré des dépenses moyennes supérieures à la moyenne
nationale : les deux provinces restantes (Antananarivo et Antsiranana) ont été en dessous
de cette moyenne nationale. La population de ces deux provinces est cependant assez
élevée comparée aux autres provinces : elles regroupent plus de 50% de la population
malgache.
Une première conclusion de ces estimations est que les six provinces ont des dépenses
par tête qui ne sont pas uniformes. Il y a une différence assez significative entre la
dépense par tête dans la province de Toliara (138 943 FMG) comparée à celle
d’Antsiranana (36 352). Cependant ces estimations, en elles-même, ne sont pas encore
indicatives de changements de politiques de santé. Il est recommandé qu’une analyse plus
approfondie des besoins de santé des populations de ces provinces et des types de
formations sanitaires soit faite, de voir comment les dépenses moyenne par tête par
province pourraient être mieux équilibrées et d’analyser la distribution des ressources,
l’utilisation des services, et l’accès aux services.
44
financement observés. Cette hypothèse peut cependant être utilisée pour amorcer des
discussions avec les autorités subnationales à propos de la dépense de leur juridiction
jusqu’à ce que ces dernières élaborent un outil pertinent de suivi et d’évaluation. »61.
En matière d’exemple, en vue du déséquilibre des dépenses provinciales révélé par une
analyse CNS, le gouvernement sud africain a pu négocier avec le secteur privé pour une
meilleure répartition des formations sanitaires privées vers des régions qui n’avaient pas
suffisamment de formations sanitaires. Pour Madagascar, ce genre d’analyse devrait être
repris après 2004 pour voir s’il y a une meilleure répartition des ressources avec la
nouvelle politique de régionalisation et les 22 régions sanitaires.
61
Page 227, Guide pour l’élaboration des comptes nationaux de la santé: Banque Mondiale, OMS et
USAID – OMS 2003
45
6. Conclusions
Madagascar a dépensé 3,5% de son PIB dans des activités liées à la santé, ce qui est
inférieur à la moyenne de 6,0% pour les pays d’Afrique subsaharienne. De même, avec
des dépenses de santé atteignant 11,9 $US par tête, Madagascar demeure en-dessous de la
moyenne africaine, qui se situe aux alentours de 12,9 $US. Le rapport de la Commission
Macro Economique et Santé (OMS, 2001) recommande un niveau de dépenses de santé
par tête de 34 $US pour permettre le financement d’un paquet minimum de soins de
santé. Bien que le niveau fixé par l’OMS soit basé sur l’inclusion de programmes de
VIH/SIDA et est plus représentatif des pays africains ayant des taux de prévalence du
VIH/SIDA plus élevés qu’au Madagascar, le niveau des dépenses pour Madagascar ne
représente tout de même que 35% du niveau recommandé, ce qui reflète un niveau
inadéquat des ressources allouées au secteur de la santé. Pour continuer les progrès dans
les atteintes des ODM concernant la réduction de la mortalité infantile et maternelle, le
pays aura besoin de ressources additionnelles, surtout pour les approches
communautaires, afin d’atteindre plus efficacement les populations rurales. Réduire la
mortalité et morbidité maternelles en accroissant l’accès aux visites prénatales, le nombre
d’accouchements assistés et le nombre de références pour les grossesses à risque
demandera des ressources financières importantes. Des efforts considérables seront aussi
requis pour poursuivre la politique de planning familial et pour continuer d’offrir aux
femmes, hommes et adolescents les produits et services de contraception nécessaires : les
besoins non satisfaits en contraception sont toujours importants et estimés à 25% en
milieu rural. Le défi pour les décideurs politiques malgaches sera de trouver des solutions
pour réduire cet écart de financement.
En 2003, le secteur de la santé malgache était financé à 37% par le RDM, le reste étant
financé par le gouvernement et le secteur privé. Bien que la participation financière des
bailleurs de fonds soit moindre que dans d’autres pays africains, elle demeure tout de
même importante et représente un défi pour les décideurs politiques en ce qui a trait à la
pérennisation financière des activités de santé. De plus, le RDM finance une très grande
partie des soins de prévention et de santé publique, et des programmes qui ont permis à
Madagascar d’obtenir de grands succès en matière de planning familial, de santé
infantile, et de contrôle de l’épidémie de VIH/SIDA (grâce aux programmes administrés
par le SE/CNLS). Ces actions sont une étape primordiale dans l’atteinte des ODM. Le
RDM gère directement 5% des dépenses totales de santé, le reste étant canalisé par le
secteur public (principalement le MSPF) et les ONG. Cependant, il semble que peu de
46
fonds de la part des bailleurs soient utilisés pour le contrôle et le traitement de d’autres
causes de mortalité et de morbidité, telles que les nouvelles maladies émergentes
(diabète, problèmes cardio-vasculaires).
Le MSPF (avec 43% des DTS) est le principal agent de financement. Une part importante
de ce financement a servi pour les services de santé de base et pour les programmes de
prévention et de santé publique. Le fait que les ménages soient le deuxième agent de
financement (près de 20%) suggère qu’une nouvelle orientation de l’utilisation de leurs
fonds est nécessaire. Une des observations qui mérite attention est que 70% des
versements directs des ménages (et 13% des DTS) est utilisé pour l’achat de produits
pharmaceutiques, donnée qui peut montrer une place importante accordée à
l’automédication et à la sur-prescription. Les décideurs de politiques de santé devraient
élaborer des stratégies visant à réduire l’impact des achats de produits pharmaceutiques
sur les budgets des ménages. Les efforts déjà entrepris à travers la SALAMA
(principalement les efforts de promouvoir les produits pharmaceutiques génériques)
devraient être poursuivis. Bien que la proportion des dépenses auprès des prestataires
(formations sanitaires du secteur public et du secteur privé, médecins privés et tradi-
praticiens) avoisine seulement 30% des versements directs des ménages, ces paiements
peuvent avoir un impact négatif en matière d’équité, car ils représentent un fardeau
additionnel pour les ménages démunis. Une revue des études portant sur le financement
de la santé dans les pays africains montre que la participation financière des usagers
décourage les classes pauvres à utiliser les services de santé. Les efforts entrepris pour le
développement des mutuelles de santé devraient être soutenus pour permettre aux
couches qui peuvent se permettre une cotisation mensuelle d’accéder à des services de
santé. Une autre alternative à considérer serait une assurance sociale à l’échelle nationale.
Certainement, l’extension du fond d’équité permettra aussi aux plus démunis d’avoir
accès aux soins de santé.
Les résultats de l’analyse de tous les prestataires et des fonctions montrent que 28% des
ressources financières est alloué aux programmes de prévention et de santé publique et
28% aux soins ambulatoires. Seulement 7% des fonds est utilisé dans les formations
sanitaires du niveau secondaire et tertiaire. Il est difficile de conclure sur les implications
de cette répartition en ce qui a trait à l’efficacité et à l’équité des soins. Madagascar
semble avoir atteint une certaine efficacité dans l’allocation de ses ressources en ciblant
les services efficients (soins ambulatoires et programmes de prévention et de santé
publique). L’intervention du gouvernement pour la lutte contre la tuberculose est un
exemple de l’utilisation efficace des ressources : la Politique Nationale de Santé
mentionne la décentralisation des Centres de diagnostic et de traitement (CDT) et des
centres de microscopie. De plus, cette intervention consiste à assurer la disponibilité
d’une quantité suffisante de médicaments anti-tuberculeux pour la généralisation de la
stratégie DOTS dans 215 CDT. Le gouvernement est en train de réviser sa stratégie avec
l’intention d’étendre le nombre de CDT à près de 1 000 et d’établir des collaborations
entre les CDT et les départements faisant du dépistage et du traitement du VIH/SIDA,
afin d’assurer un meilleur suivi des patients62.
62
Politique Nationale de Santé, juin 2005
47
Il est cependant recommandé de mieux lier les dépenses des programmes de santé aux
interventions qui ont la capacité de réduire la mortalité et la morbidité.
Les résultats de l’analyse des dépenses récurrentes par quintile de dépenses montrent
aussi que les ressources des agents de financement ont beaucoup plus favorisé le quintile
le plus riche : ce quintile, en ce qui concerne son utilisation des structures sanitaires, a
consommé 31% des ressources totales récurrentes alors que le quintile le plus pauvre n’a
consommé que 14% des ressources. Même pour les quintiles intermédiaires (4 et 3), les
ressources sont approximativement le double du quintile le plus pauvre. La faible
utilisation des structures sanitaires par les plus pauvres démontre à nouveau l’importance
de la réallocation des ressources en faveur des quintiles les plus pauvres. Une autre
interprétation de ces données est leur impact sur les dépenses catastrophiques du quintile
le plus pauvre : même si les prix des traitements recommandés pour certaines maladies
(tel que le traitement présomptif pour le paludisme) sont relativement bas, ces traitements
ont un poids assez élevé sur les budgets des ménages pauvres et découragent l’utilisation
de services.
48
7. Prochaines étapes
Les résultats de cette première estimation des CNS pour l’année 2003 met en évidence
des enjeux de pérennisation financière, d’équité et d’efficacité pour Madagascar. Le
gouvernement malgache a l’intention d’utiliser ces résultats pour mieux définir ses
décisions de politique de santé et renforcer le système de santé.
Des recommandations très spécifiques sont présentées dans un rapport recommandant des
activités et des étapes spécifiques pour l’institutionnalisation des CNS. Les points les
plus importants sont les suivants :
49
Bibliographie
Guide pour l'élaboration des comptes nationaux de la santé avec des applications
spéciales pour les pays à faible et à moyen revenus : OMS, Banque Mondiale et USAID.
2003
Kenya National Health Accounts 2001 -2002: Republic of Kenya, Ministry of Health
(non daté)
50
Annexe 1 : Source de Financement par Agents de Financement
(FSxHF), milliards de FMG
FS.1.1.1 Revenu FS.1.2 Autres FS.2.1.3 Fonds FS.2.1.1 Fonds FS.2.1.2 Fonds FS.2.2 Ménages FS.2.3 ONG. FS.2.4 Autres FS.3 FS.nsk Non Total HF
du Gouv fonds publics des employés des employeurs des employeurs fonds privés Partenaires de specifié par
Central publics (MEFB) des entreprises privés developpement type
publiques (RDM)
52
Annexe 3 : Agent de Financement par Fonction (HFxHP), milliards
de FMG
53
Annexe 4 : Prestataire par Fonction (HPxHC), milliards de FMG
54
Annexe 5 : Répartition des dépenses courantes par quintiles de
ménages, en milliards de FMG
Quintile
Plus pauvre Quintile 2 Quintile 3 Quintile 4 Plus riche Total
MSFP 53618 70927 100059 91193 106391 422188
Défense 0 0 1076 1076 1077 3229
Educ 141 141 141 141 141 705
Décent 508 508 508 508 508 2540
MEFB 0 0 5075 5075 5075 15225
CNLS 26000 26000 26000 26000 26000 130000
SEEC 325 0 0 0 0 325
OSIE 0 944 698 9521 29874 41037
Assurances 0 0 0 2708 2708 5416
Ménages 24079 37029 43388 53156 69512 227164
ONG 14119 33354 32242 3002 28462 111179
Entreprises Publiques 716 2149 5374 10388 17194 35821
EmployeursPrivés 1094 3282 8204 15861 26253 54694
RDM 39363 19388 0 0 0 58751
Total 159963 193722 222765 218629 313195 1108274
Pourcentage 14% 17% 20% 20% 28% 100%
55
Annexe 6 : Répartition des dépenses de santé par prestataires et par
provinces, en milliards de FMG
Autres
Autres prestat. % des
Santé Hopitaux Officines et dect. non DTS par
CHU CHR CHD2 CHD1 CSB publique Administration privés pharmacies Medecins privé identifiés Total provinces
Antananarivo 23,808 - 7,432 1,187 46,978 70,501 22,772 12,376 71,672 12,961 8,740 12,643 291,070 24%
Antsiranana - 2,387 9,290 274 23,206 31,215 10,082 7,219 28,900 5,226 5,098 5,598 128,497 11%
Fianarantsoa - 2,387 16,722 1,278 59,204 70,667 22,825 3,094 21,579 3,902 2,185 12,673 216,517 18%
Majunga 4,762 - 7,432 1,370 42,450 49,732 16,063 4,125 48,938 8,850 2,913 8,919 195,554 16%
Toamasina - 2,387 11,148 913 48,789 56,147 18,135 - 32,497 5,877 - 10,069 185,962 16%
Toliara - 2,387 7,432 1,461 45,054 50,017 16,155 3,094 31,212 5,644 2,185 8,970 173,612 15%
TOTAL 28,569 9,549 59,457 6,483 265,682 328,279 106,033 29,909 234,798 42,460 21,121 58,872 1,191,212 100%
56