Cours de Droit Du Financement
Cours de Droit Du Financement
Cours de Droit Du Financement
MASTER
2018-2019
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Table des matières
COURS DE DROIT DU FINANCEMENT ................................................................................ 1
TITRE 1 : LE DROIT DES FINANCEMENTS INTERNES DE L’ENTREPRISE ................... 4
CHAPITRE 1 : LES RESSOURCES PERMANENTES DE L'ENTREPRISE ....................... 5
Section 1 : Le financement par les capitaux propres et ressources assimilées ....... 6
Paragraphe 1 : Le capital social ....................................................................................................... 6
A- Le capital social à proprement parlé .......................................................................................... 6
B- L’augmentation du capital social ................................................................................................ 8
Paragraphe 2 : Les fonds propres ................................................................................................... 9
A- Les capitaux propres .................................................................................................................... 9
B- Les autres fonds propres ........................................................................................................... 10
Section 2 : Le financement par les quasi-fonds propres .............................................. 10
Paragraphe 1 : Les comptes courants d’associés .................................................................... 10
A- La liberté d’avance en compte courant d’associé .................................................................. 10
B- Les difficultés liées au compte courant d’associé .................................................................. 11
C- La double qualité de l’associé ................................................................................................... 12
D- Le remboursement de l’avance en courant d’associé ........................................................... 12
E- Remboursement de la créance et procédure collective ........................................................ 13
Paragraphe 2 : Les prêts subordonnés et autres quasi-fonds propres ............................... 16
A- Convention de blocage .............................................................................................................. 16
B- Engagement de cession d'antériorité de créance .................................................................. 17
C- Clause de dernier rang .............................................................................................................. 18
D- Emprunts subordonnés (mezzanine financement) ................................................................ 18
Section 3 : Le financement par l’accroissement et réduction des fonds propres .. 19
Paragraphe 1 : L’opération de coup d’accordéon ..................................................................... 19
A- La notion du coup d’accordéon ................................................................................................. 19
B- Le mécanisme du coup d’accordéon ....................................................................................... 20
C- Le « coup d'accordéon » et l'intérêt social .............................................................................. 21
D- Le « Coup d'accordéon » et conséquences pour les tiers .................................................... 21
Paragraphe 2 : Le rachat par une société de ses propres actions ............................................... 22
CHAPITRE 2 : LES MONTAGES JURIDIQUES ET FINANCIERS .................................... 23
Section 1 : La structuration de l’actionnariat ................................................................... 24
Paragraphe 1 : La société holding ................................................................................................. 24
A- La notion d’une société holding ................................................................................................ 24
B- Constitution des sociétés holdings ........................................................................................... 25
C- Structure juridique de la société holding ................................................................................. 26
Section 2 : L’effet de levier (LBO) ........................................................................................ 26
Paragraphe 1 : Définition de la notion d’effet de levier ............................................................ 26
Paragraphe 2 : La description du montage ................................................................................. 27
Paragraphe 3 : Les avantages et effets du LBO ......................................................................... 28
TITRE 2 : LE DROIT DES FINANCEMENTS EXTERNES DE L’ENTREPRISE ............... 30
CHAPITRE 1 : LES INSTRUMENTS DE PAIEMENT ET DE CREDIT ............................... 31
Section 1 : Le chèque, la lettre de change ........................................................................ 32
Paragraphe 1 : Le chèque ................................................................................................................ 32
Paragraphe 2 : Les cartes bancaires ............................................................................................ 34
Paragraphe 3 : La lettre de change ................................................................................................ 35
Paragraphe 4 : Le crédit-bail ........................................................................................................... 38
Paragraphe 5 : L’affacturage ou le factoring .............................................................................. 38
Paragraphe 6 : Le crédit documentaire ........................................................................................ 38
CHAPITRE 2 : LE CREDIT BANCAIRE ET LES SÛRETES .............................................. 39
Section 1 : Les sûretés ........................................................................................................... 40
Paragraphe 1 : Les Sûretés personnelles .................................................................................... 40
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Paragraphe 2 : Les sûretés réelles ................................................................................................ 41
Paragraphe 3 : La protection des créances ordinaires ........................................................... 43
CHAPITRE 3 : LE FINANCEMENT PAR LES MARCHES FINANCIERS .......................... 44
Section 1 : Les marchés financiers ..................................................................................... 45
Paragraphe 1 : Marché primaire, marché secondaire, marché gris ...................................... 45
Section 2 : Les acteurs des marchés financiers .............................................................. 46
Paragraphe 1 : Les émetteurs ......................................................................................................... 46
Paragraphe 2 : Investisseurs .......................................................................................................... 47
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Section 1 : Le financement par les capitaux propres et ressources assimilées
Paragraphe 1 : Le capital social
C'est une garantie générale du créancier (fournisseur, banquier…) et est donc soumis
à un régime juridique strict. Ainsi les réductions du capital social sont soumises à des
mesures de publicité pour que les créanciers de la société en soient informés.
Le capital social est un élément obligatoire pour toutes les sociétés2. Il est constitué
1
Art. 61.- Toute société doit avoir un capital social qui est indiqué dans ses statuts, conformément aux dispositions
du présent Acte uniforme.
Art.62.- Le capital social représente le montant des apports en capital faits par les associés à la société et augmenté,
le cas échéant, des incorporations de réserves, de bénéfices ou de primes d’émission.
Art.63.- En contrepartie des apports, la société rémunère l’apporteur par des titres sociaux, pour une valeur égale
à celle des apports. En contrepartie des incorporations de réserves, de bénéfices ou de primes d’émission, la société
émet des titres sociaux ou élève le montant nominal des titres sociaux existants. Ces deux procédés peuvent être
combinés.
Art.64.- Le capital social est divisé en parts sociales ou en actions, selon la forme de la société.
Art.65.- Le montant du capital social est librement déterminé par les associés. Toutefois, le présent Acte uniforme
peut fixer un capital social minimum en raison de la forme ou de l’objet de la société.
Art.66.- Si le capital de la société en cours de formation n’atteint pas le montant minimum fixé par le présent Acte
uniforme, la société ne peut être valablement constituée. Si, après sa constitution, le capital de la société est réduit
à un montant inférieur au minimum fixé par le présent Acte uniforme, pour cette forme de société, la société doit
être dissoute, à moins que le capital soit porté à un montant au moins égal au montant minimum, dans les conditions
fixées par le présent Acte uniforme.
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Art. 61.- Toute société doit avoir un capital social qui est indiqué dans ses statuts, conformément aux dispositions
du présent Acte uniforme.
Art.62.- Le capital social représente le montant des apports en capital faits par les associés à la société et augmenté,
le cas échéant, des incorporations de réserves, de bénéfices ou de primes d’émission.
Art.63.- En contrepartie des apports, la société rémunère l’apporteur par des titres sociaux, pour une valeur égale
à celle des apports. En contrepartie des incorporations de réserves, de bénéfices ou de primes d’émission, la société
émet des titres sociaux ou élève le montant nominal des titres sociaux existants. Ces deux procédés peuvent être
combinés.
Art.64.- Le capital social est divisé en parts sociales ou en actions, selon la forme de la société.
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d’apports en numéraire et/ou d’apports en nature. Le montant du capital social d’une
société doit obligatoirement figurer dans les statuts. Le capital social est divisé en titres
(actions ou parts sociales suivant la forme juridique de la société) répartis entre les
associés et/ou les actionnaires.
Le capital social initial d’une société n’est pas intangible, il peut ensuite être modifié
par voie d’augmentation ou de réduction de capital3.
Le capital social d’une entreprise est égal au montant total des apports de biens et
d’argent dont les associés ou actionnaires en transfèrent la jouissance à la société en
contrepartie de droits sociaux (parts sociales ou actions en fonction de la forme
juridique de l’entreprise).
Le capital social d’une société peut être composé de deux types d’apports : Les
apports en numéraire et les apports en nature. Les apports en industrie, qui
correspondent à la mise à disposition d’un savoir-faire par une personne à l’entreprise,
ne concourent pas à la formation du capital. Aucun titre représentatif du capital social
n’est attribué en contrepartie et ce type d’apport n’est pas autorisé dans toutes les
forme des sociétés : les apports en industrie sont interdits dans les SA. Les apports
en numéraire correspondent aux apports d’argent effectués par les associés ou
actionnaires directement au capital de l’entreprise. En contrepartie, ils recevront des
parts sociales ou des actions qui permettent notamment d’obtenir des droits de vote
en assemblée et des droits dans les bénéfices de l’entreprise.
Il ne faut pas confondre les apports en numéraire avec les apports en compte courant
Art.65.- Le montant du capital social est librement déterminé par les associés. Toutefois, le présent Acte uniforme
peut fixer un capital social minimum en raison de la forme ou de l’objet de la société.
Art.66.- Si le capital de la société en cours de formation n’atteint pas le montant minimum fixé par le présent Acte
uniforme, la société ne peut être valablement constituée. Si, après sa constitution, le capital de la société est réduit
à un montant inférieur au minimum fixé par le présent Acte uniforme, pour cette forme de société, la société doit
être dissoute, à moins que le capital soit porté à un montant au moins égal au montant minimum, dans les conditions
fixées par le présent Acte uniforme.
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Art.67.- Le capital social est fixe. Toutefois, il peut être augmenté ou réduit, pour chaque forme de société, dans
les conditions prévues par le présent Acte uniforme, pour la modification des statuts.
Art.68.- Le capital social peut être augmenté à l’occasion de nouveaux apports faits à la société ou par
l’incorporation de réserves, de bénéfices ou de primes d’émission.
Art.69.- Le capital social peut être réduit, dans les conditions prévues par le présent Acte uniforme, par
remboursement aux associés d’une partie de leurs apports ou par imputation des pertes de la société.
Art.70.- Lorsque le présent Acte uniforme autorise la réduction du capital, par remboursement aux associés d’une
partie de leurs apports, celle-ci peut être effectuée, soit par remboursement en numéraire, soit par attribution
d’actifs.
Art.71.- La réduction du capital est soumise aux conditions des articles 65 et 66 du présent Acte uniforme.
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d’associé, qui ne permettent pas d’obtenir de titres en contrepartie.
Dans certains cas, les apports en nature devront faire l’objet d’une évaluation par un
commissaire aux apports.
Dans les SA, l'assemblée générale extraordinaire peut décider, dans les conditions de
quorum et de majorité d'une assemblée ordinaire. Elle peut déléguer aux organes de
gestion les pouvoirs de réalisation matérielle. Dans les SARL, la décision
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d'incorporation peut être prise à la majorité simple des parts sociales. Le législateur a
souhaité favoriser ainsi le financement des SARL.
Du point de vue des droits d'enregistrement, le code général des impôts dispose que
« l'augmentation, au moyen de l'incorporation de bénéfices, de réserves ou de
provisions de toute nature, du capital des sociétés est enregistrée au droit fixe … »
Les sommes incorporées au capital ne peuvent plus désormais être distribuées ; elles
ne sont plus disponibles.
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B- Les autres fonds propres
On peut définir les autres fonds propres comme des instruments financiers qui, en
vertu de l’application des clauses d’un contrat et des conditions économiques, ne sont
pas remboursables ou le sont sous contrôle exclusif de l’émetteur, ou par émission et
attribution d’autres instruments de fonds propres.
Les autres fonds propres d’une société comprennent les éléments suivants :
- le montant des émissions de titres participatifs,
- les avances conditionnées et,
- les droits du concédant (pour les sociétés concessionnaires).
Les autres fonds propres figurent entre les capitaux propres et les dettes.
La place de ces comptes dans les quasi-fonds propres doit être justifiée. Au départ,
nous sommes en présence de prêts, et non de sommes qui seraient apparentées à
des fonds propres. Leur appartenance à cette catégorie est toutefois justifiable sur
plusieurs fondements : un fondement contractuel qui procède de la multiplication des
clauses immobilisant dans la société les sommes déposées en compte.
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des dettes sociales dont chaque associé doit personnellement répondre (cf.
Champaud, RTD com. 1990, p. 407). La Cour de cassation a refusé cette
augmentation de capital qui méconnaissait la nécessité, pour contraindre les associés
au paiement, d'une mise en demeure par les créanciers demeurés vaine.
Les associés n'ont normalement aucune obligation d'effectuer des apports en compte
courant, quand bien même la société serait en perdition. Un arrêt critiquable de la cour
d'appel de Paris s'est cependant prononcé en sens inverse en considérant qu'il pouvait
y avoir faute à refuser d'effectuer des apports en compte courant à une société en
difficulté (CA Paris, 5ème ch., sect. B, 4 juin 1998, Bernard c/ Real, Dr. sociétés 1998,
comm. 150, obs. Bonneau Th.).
Le monopole bancaire, tout d'abord, n'intéresse que des opérations effectuées à titre
habituel. Cette situation se présente très rarement dans la pratique des comptes
courants. En effet, pour apprécier le caractère occasionnel ou habituel, on se réfère
non à la fréquence des avances, mais au nombre de comptes dont l'associé est
titulaire (Urbain-Parléani I., Les comptes courants d'associés, voir n° 605). L'atteinte
au monopole ne peut être réalisée que si un associé est titulaire de plus de deux
comptes.
Lorsque les avances sont faites au sein d'un groupe par une société mère ou simple
participante à ses filiales, l'article L. 511-7 du code monétaire et financier exclut les
opérations de trésorerie du monopole bancaire. Encore faut-il qu'il existe un lien en
capital, direct ou indirect, conférant à l'une des entreprises liées un pouvoir de contrôle
effectif sur les autres. Les avances en compte courant entrent bien dans le cadre de
la définition des opérations de trésorerie si l'exigence d'un lien en capital est remplie.
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Cette dernière exigence ne sera parfaitement remplie que si le titulaire, personne
morale ou physique, détient 50 % du capital des sociétés financées ; ou une
participation inférieure à 50 %, à condition qu'aucun autre actionnaire ou groupe
d'actionnaires ne détienne une participation égale ou supérieure (cf. Urbain-Parléani
I., précité).
Une autre difficulté tient à la qualification de l'avance. Celle-ci est liée à ce que les
avances en comptes courants sont régies par la volonté des parties. Il est donc
nécessaire de rechercher leur volonté véritable pour qualifier l'opération. Par exemple,
à l'occasion d'une cession de titres, le cédant aura droit au remboursement des
sommes mises à disposition de la société si celles-ci l'ont été au titre d'avances en
compte courant. La solution inverse s'impose en revanche si l'opération est considérée
comme un apport en numéraire. Il est compréhensible qu'en ce domaine, la
qualification d'avance en compte courant puisse s'avérer délicate à mener (cf. Cass.
3ème civ., 16 avr. 2013, n° 12-14.634, Banque et droit 2013, n° 149, p. 56, note Storck
M., Gaz. Pal. 14 et 15 juin 2013, p. 30, note B.C.).
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doivent être appréciées indépendamment ou si, au contraire, la première ne rejaillit
pas sur la seconde. La question est à la fois ancienne et vaste et il faut prendre acte
des incertitudes de la jurisprudence, desquelles se dégageait autrefois l'idée d'une
domination de l'approche indépendante et, depuis l'arrêt du 3 mai 2012, d'une
approche dépendante des deux conditions.
L'idée de dépendance était également latente dans un arrêt de la cour d'appel de Lyon
du 10 mai 1984 (CA Lyon, 1ère ch., sect. B, 10 mai 1984, n° 4059, Bich c/ Dutrievoz).
Un plan de redressement avait été négocié entre un partenaire financier et les
associés d'une société en difficulté. Les apports de fonds s'étaient faits en compte
courant ; la société se retrouva en difficulté. Après l'échec du plan de redressement,
le « repreneur » demanda le remboursement des dépenses effectuées. La cour d'appel
de Lyon refusa en retenant que l'ensemble des accords intervenus avait un caractère
global et avait pour objet le rachat de l'entreprise par le repreneur ; ce dernier ne
pouvait donc prétendre avoir accordé un prêt. Cet arrêt a été cassé par la suite (cf.
Cass. com., 18 nov. 1986, n° 84-13.750, Bull. civ. IV, n° 216, JCP E 1987, II, n° 20806,
note Jeantin M., Rev. sociétés 1987, p. 581, note Urbain-Parléani I., RD bancaire et
bourse 1987, p. 3, obs. Jeantin M. et Viandier A.).
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qualités ne doivent pas être confondues, ainsi qu'on l'a vu. Comme le fait remarquer
Mme Urbain-Parléani, « ce sont alors des règles distinctes qui régiront les relations qui
s'établiront entre la société et l'associé, selon que celui-ci est considéré ès qualités ou
comme titulaire du compte. En tant qu'associé, ses droits et obligations dérivent du
contrat de société ; en tant que titulaire d'un compte créditeur, il est un créancier dont
les prérogatives sont régies par le droit commun des obligations » (Cass. com., 18
nov. 1986, n° 84-13.750, précité). Ce constat trouve toutefois au moins une limite :
celle de l'action en remboursement du compte courant (Cass. com., 3 mai 2012, n° 11-
14.844, JCP E 2012, 1437, comm. Couret A. et Dondero B.).
D'abord, l'associé créancier, en tant que titulaire d'un compte courant d'associé
créditeur, doit déclarer sa créance envers la société. En effet, lors de la survenance
d'une procédure collective, le titulaire du compte qui a avancé des fonds à une société
in bonis est un créancier chirographaire qui doit produire ou déclarer ses créances.
Bien qu'il n'y ait pas, en droit des procédures collectives, exigibilité immédiate des
créances à terme, le titulaire d'un compte d'associé à terme doit néanmoins déclarer
sa créance. Ainsi, les titulaires de comptes courants d'associés, dont le solde est
créditeur, qui n'ont à aucun moment manifesté leur intention de clôturer ces comptes,
ne peuvent voir leur solde considéré comme immédiatement exigible ; ce crédit doit
au contraire, être intégré dans l'actif disponible de la société (Cass. com., 24 mars
2004, n° 01-10.927, Bull. civ. IV, n° 60, D. 2004, p. 1022, obs. Lienhard A.).
Par un arrêt du 12 mai 2009, la Cour de cassation a rappelé qu'une avance en compte
courant entre dans l'actif disponible si l'associé qui l'a consentie n'en a pas réclamé le
remboursement et que les fonds n'ont pas été bloqués (Cass. com., 12 mai 2009, n°
08-13.741, Rev. proc. coll. 2009, p. 40, note Saintourens B., Gaz. Pal. 26 au 28 juill.
2009, p. 12, note Lebel Ch.). Cette solution a été confirmée dans les mêmes termes
dans un arrêt du 10 janvier 2012 (Cass. com., 10 janv. 2012, n° 11-10.018, Dr. sociétés
juillet 2012, comm. 116, obs. Mortier R., Bull. Joly Sociétés 2012, p. 295, note Lucas
F.-X.). Par voie de conséquence, en l'état de la jurisprudence, le solde d'un compte
courant d'associé ne constitue pas un passif exigible si son remboursement n'a pas
été demandé par l'apporteur ou plus généralement si les sommes sont bloquées.
Ensuite, la règle de l'arrêt du cours des intérêts est applicable aux avances en compte
courant. Cette règle trouve exception, aux termes du premier de ces textes, si les
contrats de prêt ont été conclus pour une durée égale ou supérieure à un an. Il s'ensuit
que les conventions de compte courant qui auraient été conclues pour une durée
inférieure ne produiront plus d'intérêt jusqu'à l'adoption du plan. Reste à situer parmi
ces cas, la convention qui ne prévoirait aucune durée.
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À ce titre, la Cour de cassation a précisé que la convention de compte courant qui ne
précise ni la durée pendant laquelle la mise à disposition des fonds est accordée, ni
les modalités de son remboursement, ne confère pas au compte courant la qualité de
prêt à plus d'un an. En conséquence, la règle de l'arrêt du cours des intérêts s'applique
de plein droit (Cass. com., 23 avr. 2013, n° 12-14.283, Bull. civ. IV, n° 71).
Les prêts consentis avant le jugement d'ouverture, par les titulaires de comptes
courants d'associés, doivent être considérés comme une simple créance
chirographaire n'octroyant aucun privilège de rang de la créance de remboursement.
Cette solution est justifiée par le principe du concours entre créanciers chirographaires
sur les fonds disponibles.
L'arrêt précité du 18 novembre 1986 avait pour champ d'intervention une situation de
ce type. Statuant la Cour avait estimé que la créance résultant du prêt en compte
d'associé devait être considérée comme une créance de la masse. La situation du
titulaire du compte est donc plus favorable pour les avances consenties
postérieurement au jugement déclaratif que pour celles consenties antérieurement.
15
La cour d'appel de Metz, dans un arrêt du 4 avril 1991, a jugé que le remboursement
d'un compte courant obtenu en période suspecte ne pouvait être annulé dès lors que
l'associé qui l'a obtenu ignorait l'état de cessation des paiements de la société (CA
Metz, 4 avr. 1991, Rev. proc. coll. 1992, p. 310, obs. Guyon. Cf. aussi, CA Paris, 17
sept. 1999, RJDA 1999, no 446). La question s’est donc naturellement posée de savoir
s’il était possible de remettre en cause le remboursement du compte courant d’associé
intervenu durant la période suspecte. La cour d’appel de Metz, dans un arrêt du 4 avril
1991, avait déjà répondu à cette question en estimant que le remboursement ne
pouvait être annulé dès lors que l’associé ignorait l’état de cessation de paiements de
la société. Cette position a été confirmée par la Cour de cassation dans un arrêt du 19
novembre 2013 (Cass. com., 19 nov. 2013, n° 12-25.925, Bull. civ. IV, n° 169, D. 2013,
p. 2767, note Lienhard A)
Selon la cour d'appel de Versailles, la créance en compte courant ne doit pas faire
l'objet d'un sort particulier en cas de liquidation judiciaire de la société (CA Versailles,
3e ch., 3 déc. 1991, Époux Gillet c/ Sté Chavenay Air Service, Bull. Joly Sociétés 1992,
p. 415). L'associé ne peut donc pas demander par voie judiciaire un paiement
préférentiel.
A- Convention de blocage
La convention de blocage stabilise les fonds dans les sociétés pour une durée qui
varie selon l'accord des parties. Cette durée peut être fixée avec précision. Elle peut
aussi être conditionnée par le remboursement du prêt consenti par l'établissement
financier. Sur un plan strictement juridique, une telle clause ne peut avoir qu'une valeur
limitée : tout remboursement opéré au mépris de la clause sera parfaitement valable ;
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seule sera engagée la responsabilité contractuelle du débiteur de l'obligation (Urbain-
Parléani I., Les comptes courants d'associés, voir n° 605).
La convention de blocage a donc une fragilité qui en fait surtout une garantie indirecte.
La tendance est à assortir ce blocage de garanties complémentaires, telles que :
Le blocage ne peut être opéré que dans le cadre d'une convention. L'assemblée
générale des actionnaires ne saurait avoir compétence pour imposer un tel blocage.
En effet, la décision de blocage des comptes courants prise par assemblée générale
tendant à augmenter, sans leur consentement, les engagements des associés, ne peut
pas leur être opposée ( Cass. com., 24 juin 1997, no 95-20.056, Bull. civ. IV, no 207,
Bull. Joly Sociétés 1997, p. 871, note Saintourens B., RJDA 1997, no 1349, D. aff.
1997, p. 938).
17
de la faible efficacité de la clause, certaines banques, comme BNP-Paribas et le Crédit
Lyonnais, prévoient que l'établissement de crédit pourra répéter contre l'associé et
appliquer au règlement de ces créances les sommes qu'il aurait pu encaisser au
mépris de cette interdiction.
La licéité d'un tel engagement a été pour partie validée par des applications législatives
à l'époque moderne : prêts participatifs et titres participatifs. Si la validité n'est pas
contestée en général, la question se pose, comme pour les clauses précédemment
évoquées, de l'efficacité véritable de l'engagement qui a été pris. La réponse procède
de l'analyse juridique de cette pratique.
La stipulation pour autrui est en effet révocable au gré du stipulant tant qu'elle n'a pas
été tacitement ou expressément acceptée par ses bénéficiaires. Elle peut être
également révoquée d'un commun accord entre le stipulant et le promettant.
Les comptes courants d'associés ne sont toutefois pas le seul domaine d'élection de
dispositions conventionnelles semblables.
18
souvent sur des Leverage buy out (LBO) ou des Rachats d'entreprises par les salariés
(RES), semblent caractérisées par un couple rendement-risque intermédiaire entre
celui d'une dette bancaire classique et celui des fonds propres. Ce n'est là qu'une toute
première approche qui mérite d'être affinée.
En Europe et, plus particulièrement, la pratique des mezzanines dans les montages
financiers s'est largement répandue. Pour l'année 2004, six milliards d'euros ont été
investis au titre de financement mezzanine. Au cours des neuf premiers mois de
l'exercice 2005, on avait relevé une hausse de 65 % des dettes mezzanines4.
Le capital social ne peut être réduit en dessous du minimum légal que de manière
exceptionnelle. L'exception est posée par l'article L. 224-2 du code de commerce : la
réduction du capital social en dessous du minimum légal ne peut être décidée que
sous la condition suspensive d'une augmentation d'un montant au moins égal au
minimum légal. Le procédé est désigné par la pratique de « coup d'accordéon ». Il est
donc permis de réduire le capital en dessous du minimum légal.
4
Cf. LAMY Financement.
19
à zéro dans un arrêt « Usinor » de la chambre commerciale du 17 mai 1994, arrêt
(Cass. com., 17 mai 1994, n° 91-21.364, Bull. civ. IV, n° 183, Bull. Joly Sociétés 1994,
p. 816, note Daigre J.-J., RJDA 1994, n° 934, Defrénois) sans que cela soit considéré
comme une expropriation ou une exclusion illicite des actionnaires. Ainsi, le coup
d'accordéon peut être composé d'une réduction du capital en dessous du minimum
pouvant aller jusqu'à zéro.
Plus récemment, la jurisprudence a admis que le coup d'accordéon était valable même
s'il était assorti d'une suppression du droit préférentiel de souscription ( Cass. com.,
18 juin 2002, n° 99-11.999, Bull. civ. IV, n° 108, Bull. Joly Sociétés 2002, p. 1221, note
Sylvestre S., JCP G 2002, II, n° 10180, note Hovasse H.). La jurisprudence semble
favoriser le redressement des sociétés en difficultés par le recours à la recapitalisation,
qui peut notamment prendre la forme d'un coup d'accordéon.
2- Refinancement
20
un effet multiplicateur, puisqu'il s'accompagne du retour de la confiance des créanciers
de la société, et permet donc à la société de recourir plus facilement à l'endettement.
Cependant, dans l'affaire Usinor, la Cour de cassation avait pris le soin de préciser
que « la survie de la société » légitimait la réduction du capital à zéro, solution
confirmée par l'arrêt de la chambre commerciale du 10 octobre 2000 ( Cass. com., 10
oct. 2000, n° 98-10.236, JCP E 2001, p. 85, note Viandier A.). On pouvait donc
légitimement considérer qu'il faillait que la société soit menacée de disparition. Il
semble que le critère de la « pérennité de l'entreprise » apparaisse moins précis que
celui de la « survie de la société », il sera donc plus facile de valider l'opération du
coup d'accordéon, et donc de porter préjudice plus aisément aux actionnaires. Il est
également fait référence au terme d'« entreprise » et non plus de « société », certains
y ont vu une influence du droit des procédures collectives alors que la société qui
pratique un coup d'accordéon n'est pas nécessairement soumise à une procédure
collective ( Cass. com., 18 juin 2002, n° 99-11.999, Bull. civ. IV, n° 108, Bull. Joly
Sociétés 2002, p. 1221, note Sylvestre S., JCP G 2002, II, n° 10180, note Hovasse
H.).
Le changement de terminologie a pu également être perçu comme révélateur
d'une vision économique de la Cour de cassation qui validerait l'opération au regard
de sa nécessité économique.
21
débiteur d'une promesse d'achat portant sur le solde des actions, décide une réduction
du capital à zéro, l'opération lui permet d'échapper à sa dette. En effet, les actions
anciennes seront annulées et l'actionnaire sera libéré de son obligation d'achat. Il
faudra cependant que l'opération du « coup d'accordéon » ne soit pas motivée par une
intention frauduleuse (Cass. com., 10 oct. 2000, n° 98-10.236, précité).
L'assemblée générale qui a décidé une réduction de capital non motivée par des
pertes peut autoriser le rachat d'un certain nombre d'actions pour les annuler. Une
offre collective devra être faite aux actionnaires. Ce rachat soulève une difficulté
technique lorsque le prix de rachat est différent de la valeur nominale, tout au moins
jusqu'à concurrence de la valeur mathématique. La différence est normalement
imputée sur les réserves. À défaut de réserves suffisantes, l'imputation pourra être
réalisée en « pertes et profits ». Il conviendra de prendre en compte cette imputation
en « pertes et profits » dans le calcul des capitaux propres.
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CHAPITRE 2 : LES MONTAGES
JURIDIQUES ET FINANCIERS
23
Section 1 : La structuration de l’actionnariat
Paragraphe 1 : La société holding
A- La notion d’une société holding
1- Définition d’une holding
La société holding n'est pas un type sociétaire particulier. C'est une société qui détient
des participations dans d'autres sociétés ; elle n'a pas de statut juridique propre.
Les sociétés holdings financières sont souvent créées par de grandes banques qui
maîtrisent parfaitement les instruments financiers. Leur tâche est extrêmement
importante et constitue la base de ce qu'un groupe soucieux de s'impliquer activement
dans la gestion de ses filiales doit faire :
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celle(s)-ci pour l'octroi de prêts et de crédits. Bien entendu, cette mission ne
peut être parfaitement opérée que si les participations de la société-mère dans
les filiales sont proches de 100 % car il existe deux types de propriétaires des
filiales considérées :
• le groupe majoritaire s'intéresse à sa fille en tant qu'instrument de sa
politique d'ensemble et,
• en revanche, les actionnaires minoritaires ne voient que la filiale « hors
le contexte-groupe », c'est-à-dire pareillement à une entreprise isolée et
peuvent ne pas accepter les transferts – de trésorerie en l'occurrence –
susceptibles de les léser. Ce qui est parcelle pour les uns est un tout
pour les autres et, dans ces conditions, la politique de groupe ne sera
vraiment efficace que si les liens de participations mères-filles sont
importants ;
- accessibilité aux marchés financiers et monétaires : la société-mère
détermine et négocie les sources de financement de ses filiales : emprunts
obligataires, dotations en capital, prêts divers, émission de billets de trésorerie
peuvent être assurés par elle, aux conditions de marché ;
- gestion des risques financiers (risque de change, etc.) et services divers
(information, audit, etc.).
b- Holdings industriels
c- Holdings mixtes
Il a toujours été délicat de distinguer avec
netteté les sociétés holdings financières des sociétés holdings industrielles. Or,
précisément, les holdings les plus nombreux participent peu ou prou d'une double
nature qui se superpose à la distinction pouvoir/propriété inhérente aux structures de
holding.
La technique est la suivante : la société holding est créée par apport des titres d'une
société qui existe déjà. C'est la technique nécessairement retenue dans les
opérations de rachat d'entreprise par les salariés.
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2- Holding « par le bas »
La technique retenue consiste à filialiser les activités d'une entreprise de manière que
celle-ci ne demeure plus, en quelque sorte, qu'une coquille vide détentrice des titres
de ses filiales. Cette solution est souvent recommandable en raison des avantages
fiscaux qui y sont attachés.
Pour bénéficier des avantages fiscaux, il faut apporter une « branche complète et
autonome d'activité ». Si cette condition est remplie, l'apport pourra bénéficier du
régime fiscal de faveur des fusions de sociétés.
Enfin, la société civile autorise la pratique des droits de vote multiples, d'où son
utilisation dans des montages complexes de démultiplication du pouvoir. Le cas le plus
remarquable est sans doute le montage mis en place, à l'époque, par le fondateur de
Moulinex pour contrôler son groupe sans détenir de véritable propriété.
26
par une holding de reprise peut apparaitre particulièrement intéressant puisqu’il
confère un effet de levier.
La société acheteuse de la société cible va créer une SOCIÉTÉ HOLDING dont elle
sera majoritaire. Les autres associés sont souvent des banques et des fonds de
capital-investissement (ce sont en quelque sorte des bailleurs temporaires de fonds).
La société holding (sachant qu’il peut y en avoir plusieurs) est créée (à moins qu’elle
existe déjà) avec pour objectif d’acquérir la SOCIÉTÉ CIBLE et c’est la société holding
qui s’endettera autant que la capacité de remboursement de la société cible le permet.
Le montage consiste à faire acquérir une société cible par une ou plusieurs holdings.
Par exemple, une personne A dispose de 100 000 000 F CFA et souhaite acquérir une
société cible valorisée à 530 000 000 F CFA. D’autres investisseurs sont intéressés
par le projet et souhaite y investir 75 000 000 F CFA.
1. A crée une holding 1 et apporte 100 000 000 F CFA. D’autres investisseurs
apportent 75 000 000 (soit 175 000 000 F CFA au total).
2. La holding 1 contracte un emprunt de 50 000 000 F CFA et apporte 225 000
000 FCFA à une nouvelle holding 2.
3. Cette holding 2 va pouvoir conclure, à son tour, un emprunt de 305 000 000 F
CFA pour acquérir la société cible.
4. L’emprunt sera remboursé grâce aux dividendes versés par cette dernière.
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Paragraphe 3 : Les avantages et effets du LBO
Le LBO est une solution pour l’entrepreneur qui souhaite acquérir une société, mais
qui ne dispose pas des fonds nécessaires pour procéder lui-même à cette acquisition.
C’est la société holding qui détiendra les droits sociaux de la société cible.
L’entrepreneur, s’il détient la majorité des droits sociaux, aura non seulement le
contrôle de la société holding, mais aussi celui de la société cible de manière indirecte.
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Il y a un EFFET DE LEVIER FISCAL, car il y aura une économie d’impôt. En effet, les
sociétés holding et cible peuvent généralement bénéficier du régime avantageux dit
des sociétés mères.
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TITRE 2 : LE DROIT DES FINANCEMENTS
EXTERNES DE L’ENTREPRISE
30
CHAPITRE 1 : LES INSTRUMENTS DE
PAIEMENT ET DE CREDIT
31
Section 1 : Le chèque, la lettre de change
Paragraphe 1 : Le chèque
Par excellence, le chèque est un instrument de paiement typiquement bancaire,
puisqu’il ne peut être émis que sur un compte tenu par un établissement de crédit. Le
chèque est un titre tiré par un tireur sur une banque, ou établissement assimilé,
pour obtenir le paiement au profit du porteur. Il a une forme particulière. Il peut se
transmettre et produire des effets particuliers lors du paiement. Le chèque n’est pas
un instrument de crédit. Il ne constitue pas un effet de commerce.
Le chèque joue des rôles aussi bien pour le tireur que pour les banques. Pour le tireur,
le chèque permet de retirer les fonds déposés soit par soi-même, soit par un
mandataire. Le chèque, en revanche, permet aux banques de procéder à des
compensations interbancaires.
L’émission du chèque n’est pas un acte de commerce par la forme contrairement à la
lettre de change. Il n’est un acte de commerce que si un commerçant l’émet pour les
besoins de son commerce. C’est donc un acte de commerce par accessoire. S’il est
émis par un non-commerçant, le chèque est alors acte civil.
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B- La transmission du chèque
L’émission du chèque intéresse trois personnes à savoir le tireur, le tiré et le
bénéficiaire. La transmission du chèque se fait par endossement, sauf s’il s’agit d’un
chèque avec la clause non à ordre, qui n’est transmissible que dans la forme.
L’endossement peut être fait même au profit du tireur ou de tout autre obligé, ces
personnes pouvant endosser le chèque à nouveau. L’endossement doit être inscrit sur
le chèque ou sur une feuille qui y est attachée. Le chèque doit être signé par
l’endosseur. La signature de celui-ci est apposée soit à la main soit par tout procédé
manuscrit.
L’endossement transmet tous les droits résultants du chèque et notamment la
propriété de la provision. Lorsque l’endossement contient la mention « valeur en
recouvrement » ou « pour encaissement » ou « par procuration » ou toute autre
mention impliquant un simple mandat, le porteur (l’endossataire) peut exercer tous les
droits découlant du chèque mais il ne peut endosser celui-ci qu’à titre de procuration.
[ Le chèque émis dans un Etat de l’UMOA et payable au Togo, doit être présenté
dans le délai de quarante (45) jours ;
Exemple : Chèque émis au Sénégal payable au Togo
[ Le chèque émis hors de l’UMOA et payable au Togo doit être présenté dans le
délai de soixante-dix (70) jours.
Exemple : Chèque émis au Tchad et payable au Togo.
Le point de départ de ces délais est le jour porté sur le chèque comme date d’émission.
Passé le délai, le porteur sera considéré comme un porteur négligent, qui perd ses
recours cambiaires, en particulier le protêt. Néanmoins, le banquier doit payer le
chèque si la provision existe même après l’expiration du délai de présentation.
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L’émetteur peut légalement former opposition au paiement d’un chèque qu’il a signé
et remis à son destinataire en cas de perte, de vol, d’utilisation frauduleuse du chèque,
de redressement ou de liquidation judiciaire du porteur. Dans tous les autres cas,
former opposition peut être puni d’une peine d’emprisonnement et d’une amende.
Le porteur doit donner avis du défaut de paiement, à son endosseur et au tireur, dans
les quatre (04) jours ouvrable qui suivent le jour du protêt.
2- Le visa
Le visa est une garantie de l’existence de la provision au moment où il est apposé sur
le chèque. Il est fait par le banquier qui en est obligé lorsqu’il y a provision.
3- La certification
Le tireur ou le porteur d’un chèque peut demander la certification au banquier (tiré) s’il
y a provision au compte. En conséquence, lorsque le chèque est certifié, la provision
est bloquée sous la responsabilité du tiré au profit du porteur jusqu’à l’expiration du
délai de présentation.
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A- Application
La règle générale est le respect des dispositions prévues par la banque émettrice de
la carte. Si cette pratique de paiement est à ses débuts au Togo, elle est très appréciée
en Europe, car elle permet au client de ne pas avoir le souci de protéger des sommes
d’argent qu’il aura sur lui, et d’avoir une forme de crédit.
Pour que le client règle par carte bancaire, il faut qu’il ait été passé au préalable :
• Un contrat entre le client et la banque ; après accord, la banque remet au client
une autre carte bancaire avec obligation d’approvisionner le compte du montant
des sommes à régler ;
• Un contrat entre le commerçant et sa banque qui inclut le commerçant dans un
réseau acceptant ce mode de paiement.
B- Des obligations
Avant la délivrance de la carte, la banque doit s’assurer que le client n’a pas fait l’objet
une décision de retrait de carte, d’une interdiction bancaire ou judiciaire d’émettre des
chèques, ou d’une condamnation pour un délit d’affaires dans l’utilisation de la carte.
Le titulaire de la carte pourra être tenue responsable s’il n’approvisionne pas son
compte, s’il tarde à faire opposition, s’il divulgue son code secret.
Les sanctions dans la gestion civile et pénale des règles de la carte bancaire sont les
mêmes que celles prévues pour le chèque, à savoir l’emprisonnement et les amendes.
La lettre de change est un titre par lequel une personne, appelée tireur, donne
l’ordre à l’un de ses débiteurs, appelé tiré, de payer une certaine somme
déterminée à une troisième personne appelée bénéficiaire.
Au départ la lettre de change permettait de réaliser les transferts de fonds, une
conversion de monnaie, et servait surtout dans les foires comme moyen de change.
Maintenant, elle est un instrument de paiement.
Les conditions de forme sont relatives à des mentions qui sont facultatives ou
obligatoires. La lettre de change étant un écrit, l’article 110 de la loi uniforme sur les
instruments de paiement subordonne sa validité à l’inscription des mentions suivantes
qui sont obligations :
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La dénomination « lettre de change » insérée dans le texte, dans la langue où
le titre est écrit
L’ordre de payer une somme déterminée
Le nom de celui qui doit payer (tiré)
La date et le lieu de création de la lettre
L’indication de l’échéance de la lettre
Le lieu du paiement
Le nom du bénéficiaire
La signature du tireur ; cette signature est apposée à la main ou par tout autre
moyen
Il s’agit des règles de validité d’un contrat, à savoir le consentement et la capacité des
parties, l’objet et la cause licites.
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fois fournie sort du patrimoine du tireur. La lettre de change peut-être tirée soit à vue,
soit à un certain délai ou à jour fixe.
Le bénéficiaire ou le porteur doit présenter l’effet au paiement, au domicile du tiré au
plus tard dans les deux jours ouvrables qui suivent l’échéance.
Si l’effet n’est pas payé, le porteur dresse protêt, sauf clause de « sans protêt ».
Il peut arriver que le tireur donne la lettre de change, sans avoir véritablement une
créance auprès du tiré et de concert avec le tiré, il tire une lettre de change. Cette lettre
est nulle, mais le porteur de bonne foi a le droit de considérer la lettre comme valable
et exiger le paiement de la part du tiré. Si le porteur est de mauvaise foi, la nullité
produit des effets à l’égard de tous.
Elle est la somme d’argent qui servira au tiré pour payer le porteur. Cette provision
peut ne pas exister, au moment de la signature de la lettre. L’essentiel est qu’elle existe
à l’échéance. Lorsque la provision existe, mais que le porteur sent que le tiré risque
de devenir insolvable, le porteur peut pratiquer une saisie entre les mains du tiré par
décision judiciaire.
b- L’acceptation
C’est l’engagement pris par le tiré de payer la traite à l’échéance. Cette acceptation
est portée sur la lettre de change et est irrévocable. Le tiré, qui a signé la mention
« acceptation » de la lettre de change, est tenu de payer qu’il y ait ou non provision à
l’échéance.
c- L’aval
Aval est la garantie donnée par une personne pour assurer que la lettre de change
sera payée à échéance. L’aval doit indiquer le nom de celui pour le compte duquel il
est donné.
A défaut de nom, l’aval est réputé donné pour le tireur. La signature de l’avaliste fait
naître entre lui et le tireur, au profit du porteur, un recours pour le recouvrement lorsque
le tiré paie pas à l’échéance.
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Il est encore appelé endossement à titre de propriété. Il permet de transférer la
propriété les droits du porteur à l’endossataire. Il offre une garantie solidaire de tous
les endosseurs à l’endossataire.
2- L’endossement de procuration (mandat)
Il permet d’utiliser la lettre de change pour garantir une dette. L’endossataire dans ce
cas, ne devient propriétaire du titre jusqu’à l’échéance du contrat de gage. Avant la
réalisation du gage, les exceptions relatives à la lettre de change lui sont inopposables.
Paragraphe 4 : Le crédit-bail
Il est un contrat par lequel une personne (le locataire), demande à une société de
crédit-bail d’acheter un bien dont elle a besoin, afin de la lui louer contre le paiement
d’une redevance. Cette opération met en relation trois (03) personnes, qui sont le
locataire, le crédit bailleur et le client.
Il permet aux entreprises qui ont peu de moyens, de se procurer des biens nécessaires
à leurs activités.
Il est un contrat écrit, à durée déterminée, qui peut prévoir qu’à l’échéance le locataire
devienne propriétaire ou restitue les biens.
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CHAPITRE 2 : LE CREDIT BANCAIRE ET
LES SÛRETES
39
Section 1 : Les sûretés
A- Le cautionnement
Le cautionnement est un contrat par lequel une personne appelée caution s’engage
envers le créancier - qui accepte - à exécuter l’obligation du débiteur si ce dernier ne
venait pas à s’exécuter lui-même. Comme toute convention ou contrat, le
cautionnement obéit aux règles générales du contrat mais à des exigences
particulières.
Ainsi, le cautionnement doit être constaté dans un acte comportant la signature des
deux (02) parties et la mention écrite des mains de la caution de la somme garantie
en toute lettre et en chiffre. Dans tous les cas, la caution doit présenter des garantis
de solidarité en tenant compte de tous les éléments de son patrimoine. Elle doit être
domiciliée ou faire élection de domicile dans le ressort territorial de la juridiction du
créancier.
La caution n’est tenue de payer la dette qu’en cas de non-paiement du débiteur. Le
créancier doit prévenir la caution de toute défaillance du débiteur principal.
Lorsque la caution est saisie, elle peut demander au créancier de saisir d’abord
certains biens du débiteur principal, on parle du bénéfice de discussion. Ou s’il y a
plusieurs autres cautions sur la même dette, elle peut demander le partage de la dette
proportionnellement au nombre de cautions. Il s’agit du bénéfice de division.
Le cautionnement prend fin par :
- L’extinction de l’obligation principale ;
- L’arrivée du terme prévu au contrat ;
- La remise de dette à la caution ;
- La confusion entre la caution et le créancier ;
- La Novation de l’obligation principale ;
- Le décès du débiteur (la caution garantie seulement le solde existant
au jour du décès du débiteur)
- Le décès de la caution (seulement pour les dettes nées avant son
décès).
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Ne mettent pas fin au cautionnement, le divorce du débiteur dans le cas où un époux
a cautionné l’autre. Egalement, le transfert de la créance à un autre créancier ne met
pas fin au cautionnement. L’obligation principale est transférée avec son accessoire,
le cautionnement.
B- L’aval
L’aval est une garantie donnée sur un effet commerce par une personne (avaliseur ou
avaliste) qui s’engage à en payer le montant à l’échéance si le débiteur principal n’a
pas payé. Toutefois le traité de l’OHADA n’en fait pas allusion dans l’Acte uniforme
portant droit des sûretés.
C- La lettre de garantie
Elle est une convention par laquelle une personne, le garant, s’engage à payer une
somme déterminée à une autre personne appelée le bénéficiaire (créancière) à la
requête ou sur instruction préalable émise par le donneur d’ordre (débitrice).
Elle se fait obligatoirement par écrit comportant certaines mentions obligatoires telles
que la dénomination, le nom du donneur d’ordre et du garant, des conditions de
paiement et de la somme garantie.
A- Le gage
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Le gage est le contrat par lequel, un bien meuble corporel présent ou futur est remis
au créancier pour garantir le paiement d’une dette. Ce meuble corporel doit forcément
appartenir au débiteur personnellement. Le créancier gagiste doit retenir le bien jusqu'
au complet paiement de ce qui lui est dû. Il peut le garder lui-même ou le faire garder
par un tiers.
Lorsque le débiteur n’a pas payé à l’échéance, le créancier gagiste, peut faire procéder
à la vente forcée de la chose gagée 8 jours après la sommation. Dans ce cas, le
créancier gagiste est privilégié sur le prix de la chose vendue. On dira qu’il y a un droit
de préférence.
Le créancier gagiste ne peut user de la chose ni en percevoir les fruits. Il doit veiller à
sa conservation en bon père de famille. Le gage prend fin si la chose est remise
volontairement au débiteur ou sur décision judiciaire.
B- Le nantissement
Un nantissement est un contrat par lequel un débiteur remet une chose mobilière à un
créancier en garantie d’une dette. Le plus souvent le nantissement se fait sans
dépossession. Il porte sur le fonds de commerce, le matériel professionnel, les
véhicules automobiles, les droits des associés, les valeurs mobilières etc.
C- L’hypothèque
L’hypothèque est une sûreté immobilière, conventionnelle ou forcée, qui donne un
droit de réalisation, un droit de suite et un droit de préférence. Le créancier laisse
le débiteur dans un immeuble, mais dispose d’un droit réel accessoire sur l’immeuble.
L’hypothèque ne porte que sur des immeubles présents et déterminés. Elle subsiste
malgré les changements de propriétaire. Elle doit être écrite (acte notarié) et enregistré
au livre foncier et faire l’objet d’une publicité.
L’hypothèque peut prendre fin par :
- L’extinction de l’obligation ;
- La renonciation du créancier ;
- La péremption de l’inscription ;
- La purge de l’hypothèque qui permet à un acquéreur d’immeuble
hypothéqué de payer au créancier le prix de l’acquisition.
D- L’antichrèse
Cette forme de sûreté réelle, n’est pas prise en considération par le traité de l’OHADA.
L’antichrèse tout comme l’hypothèque porte sur les immeubles. L’antichrèse se fait en
dépossédant le débiteur d’un immeuble au profit du créancier qui jouit alors d’un droit
de préférence. Pour être valable, elle nécessite un écrit authentique puis une publicité
foncière.
E- Les privilèges
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Les privilèges sont une catégorie spéciale de sûreté qui permettent au créancier d’être
préféré à tous les autres créanciers avec ou sans titre. Ils ne peuvent être accordés
que par une loi. Il y a des privilèges généraux et spéciaux.
Comme privilèges généraux on peut citer les frais d’inhumations, les frais dus aux
salariés, les frais fiscaux et autres frais dus à l’Etat.
Les privilèges spéciaux sont par exemple le privilège du vendeur de meuble sur le
meuble vendu, du bailleur d’immeuble sur les meubles du locataire, du transporteur
sur la chose transportée.
Une procédure de distribution de prix au créancier ayant des sûretés a été élaborée
en tenant compte de la nature mobilière ou non du bien. De façon générale, l’ordre de
préférence suivant peut-être établi :
- Créancier de frais de justice ;
- Créancier de salaire ;
- Créancier ayant un privilège spécial ;
- Créancier hypothécaire ou d’antichrèse ;
- Créancier gagiste ;
- Créancier nanti sans dépossession ;
- Créancier chirographaire ou ordinaire sans sûreté.
B- L’action oblique
Elle est une action intentée par un créancier au nom et pour le compte de son
débiteur négligeant et insolvable. Pour exercer cette action, la dette doit être licite,
déterminée dans sa valeur, exigible et le débiteur doit être insolvable et négligeant.
Le débiteur du débiteur négligeant pourra opposer au créancier tous les moyens de
défense qu’il aurait pu opposer à son débiteur.
C- L’action paulienne
Elle est une action par laquelle, le créancier demande en justice la révocation des
actes d’appauvrissement accomplit par son débiteur en fraude de ses droits.
C’est l’exemple d’un débiteur qui donne ou vend ses biens afin de les faire échapper
aux poursuites de ses créanciers. Quand l’action réussit, elle profite seule au créancier
demandeur.
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CHAPITRE 3 : LE FINANCEMENT PAR LES
MARCHES FINANCIERS
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« Une bourse n'a jamais été créée pour donner une importance première au marché
des obligations (...) Une bourse sert d'abord à donner une valeur certaine chaque jour
à des titres beaucoup plus volatiles par nature, c'est-à-dire aux actions », déclarait en
1983 Y. Flornoy, alors syndic de la Compagnie des agents de change.
Les faits ont démenti cette déclaration, car plus que tout autre compartiment du
marché des capitaux, le marché obligataire a fait preuve d'un grand dynamisme depuis
le début des années 1980 au point de devenir un moyen essentiel de financement de
l'économie, couvrant désormais plus de la moitié de la variation de l'endettement
interne des agents non financiers.
Les pouvoirs publics ont encouragé, voire provoqué, le cas échéant, le mouvement.
En effet, il s'agit d'un moyen de financement non monétaire, donc moins inflationniste,
notamment pour l'État lui-même ainsi que pour les institutions financières.
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Ce marché joue un rôle directeur en raison de l'existence d'un calendrier sur lequel
joue le Trésor. Une certaine tendance sur les taux peut, en effet, être imposée.
Le marché secondaire accueille les titres déjà émis et cotés. C'est donc le marché de
bourse pour l'essentiel.
Le marché gris se situe entre les deux précédents marchés. C'est un marché de
négociation de titres entre le moment de leur émission et celui de l'entrée des titres en
bourse. Il fait surtout intervenir des investisseurs institutionnels.
Les collectivités locales sont également des émetteurs réguliers. Fréquemment, les
villes, les départements et les régions se présentent sur le marché.
B- Secteur public
Il s'agit le plus souvent d'emprunts réalisés par des sociétés d'économie mixte ou
des organismes à statut spécial intermédiaire entre le droit privé et le droit public
(EDF, GDF Suez, Caisse nationale des autoroutes, SNCF, RATP, La Poste, etc.). Ces
emprunts comportent généralement une garantie implicite de l'État qui est actionnaire
unique ou largement majoritaire de l'émetteur.
C- Banques
Elles ont été pendant longtemps d'importants émetteurs sur le marché obligataire en
raison de l'avantage que cette catégorie de ressources présentait dans le cadre de la
réglementation du crédit. Cette réglementation a été supprimée en 1986, mais les
banques continuent d'émettre les emprunts obligataires pour ajuster l'échéance de leur
passif à celle de leurs actifs. Elles recourent aussi au marché obligataire afin d'assurer
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le renforcement de leurs fonds propres.
Elles ne sont pas les plus gros emprunteurs sur le marché obligataire. Seules les
sociétés importantes ayant la surface nécessaire peuvent faire appel directement au
marché obligataire. Toutefois, des groupements ont été créés qui permettent à des
PME et PMI d'une même profession d'avoir accès à ce marché. Ces groupements ont
été émetteurs réguliers au début des années 1970 avant d'être délaissés par le public.
2) elle permet parfois une augmentation différée du capital social (cas des emprunts
obligataires convertibles en actions et des emprunts obligataires à bons de
souscription d'actions). Dans certains cas, cependant, l'émission d'un emprunt
obligataire soulève des difficultés, et cela pour deux raisons au moins :
son placement est plus ou moins facile, selon l'état du marché financier,
elle peut
conduire, lorsque la société est en situation délicate, à un accroissement important de
ses charges de trésorerie.
E- Étranger
Les agents économiques étrangers ont aussi la possibilité de venir collecter des fonds
sur le marché des obligations d’un pays. Mais les rares émetteurs étrangers ou
supranationaux présents sur le marché obligataire sont principalement de droit public.
Exemple de la BIDC
Paragraphe 2 : Investisseurs
Les grandes catégories de détenteurs d'obligations sont constituées par les
particuliers. Ces derniers accèdent de moins en moins directement au marché
obligataire. Ils ont recours très largement aux organismes de gestion collective
(OPCVM).
Les caisses de retraite, les compagnies d'assurances, les banques et les entreprises
sont aussi des détenteurs d'obligations. Les investisseurs étrangers sont peu présents
sur le marché des obligations, mais leur poids tend à s'accroître.
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A- Particuliers
B- Compte géré
C- Entreprises d'assurances
Pour faire face à leurs obligations contractuelles, les entreprises d'assurances gèrent
des provisions importantes qui sont divisées en deux grandes catégories :
Les provisions techniques sont de loin les plus importantes et elles sont notamment
investies en titres obligataires.
D- Caisses de retraite
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Les fonds qu'elle investit proviennent essentiellement des fonds d'épargne, c'est-à-dire
des livrets d'épargne liquide (livret A, livret Bleu, livret d'épargne populaire, livret de
développement durable).
qui n'ont pas pu être placés.
Certains établissements financiers ont pour vocation de
constituer et de gérer un portefeuille obligataire.
G- Investisseurs étrangers
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