Dom Prosper Gueranger - Institutions Liturgiques (Tome 2) PDF
Dom Prosper Gueranger - Institutions Liturgiques (Tome 2) PDF
Dom Prosper Gueranger - Institutions Liturgiques (Tome 2) PDF
LITURGIQUES
PAR
F.K K. P. DO Aï P R O S P E R GUKRANGKK
ABBÉ DE SOLESMKS
DEUXIÈME ÉDITION
l ' O M K I) K 1" X I KM K
PARIS BRUXKIJ.KS
jO, rue rft'A Saints-Pires, yh 2 g, rue des Paroissiens,
I 8 8 0
Biblio!èque Saint Libère
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INSTITUTIONS
LITURGIQUES
PRÉFACE
a
VI PREFACE
Ce long délai £ ) moins, ce long délai, durant lequel nous avons reçu
u
7 1
a au moins ° *
i e s
à manifester instances les plus vives et les plus multipliées pour la
quel intérêt • • I N .
paraît devoir coniinuation de 1 ouvrage, aura servi a manifester 1 intérêt
en s'attacher
France aux qui désormais parait devoir s'attacher aux études litur-
lirurpique*. gjq U C S s j longtemps éclipsées en France. Assurément,
lorsque nous prîmes la plume pour écrire sur ces matières,
nous étions loin de nous attendre que notre faible travail
dût exciter aussi vivement l'attention des catholiques, et
que le siècle fut en mesure de témoigner tant de s3'mpathie
pour une oeuvre que plusieurs pouvaient croire surannée
dans son objet, et que certains symptômes semblaient
signaler a l'opinion comme étant tout au moins dépourvue
de ce qu'on est convenu d'appeler aujourd'hui actualité.
Nous bénissons le Père des lumières qui a bien voulu
qu'il en fût autrement; car ce travail a été entrepris dans
des intentionspures^ et ce nous est une grande joie de voir se
préparer un retour vers l'étude el l'amour des pieuses tra-
ditions des âges catholiques. Profès d'un Institut qui place
en tete de tous ses devoirs le Service liturgique, il est naturel
que nos désirs et nos efforts se tournent vers ce but auquel
nous avons voué avec bonheur notre vie tout entière.
Nécessité d'une Mais avant d'ouvrir la source des mélodies, avant d'ex-
introduction
historique pliquer les mystères célestes, il nous fallait tracer un
r 1 J
en téte de toute
, . . . pas la m o i n d r e
canoniales dans un bréviaire, célébrant la sainte messe noiion sur
la révolution
dans un missel, et avouant avec simplicité ne s'être jamais linéique,
x
opérée
préoccupés de savoir les noms des rédacteurs de ce bré* ^V^e"ïvm*
. . * . . . . . . . siècles.
qu'à s'en plaindre. Dans ce cas, nous leur répondrions montrer dans
ses paroles.
la chrétienté, XVIJJ 0
siècle les a produites pour la plupart, devrons-nous
leur sacrifier sans résistance le recueil des chants chré-
tiens, centonisé par saint Grégoire, et devenu l'expression
de la foi et de la piété depuis mille ans, dans toute la
chrétienté occidentale? Et encore quelle critique plus san-
glante pourrions-nous faire d'une œuvre tout humaine,
entachée d'esprit de parti, de prétention nationale, et sur-
tout d'esprit presbytérien, que celle qu'on a osé faire de la
Liturgie romaine, lorsqu'on l'a mutilée, parodiée, expulsée
enfin de nos églises, comme si elle n'eût pas eu pour elle
l'antiquité et l'autorité que donne la tradilion ? S'il a pu
être permis de refaire à neuf les prières séculaires de la
chrétienté, et de donner cet attentat comme un progrès
sublime de la chose religieuse, il nous sera bien permis
sans doute d'environner de nôtre amour ces antiques for-
mes de la piété de nos pères, qui sont encore celles de la
religion de toute l'Église latine, de les défendre sans fai-
blesse, et de peser au poids du sanctuaire ce qu'on leur a
substitué.
nu reste, Au reste, dans cette lutte laborieuse, nous ne paraîtrons
l'auteur ne
paraîtra p a s s c u | b De nobles champions, à la tète desquels on verra
PRÉFACE XI
ilR
briller l'illustre Languet, archevêque de Sens, le marteau r seul en cette
... . . , . à scandaliser le
ne serait pas impossible que certains ecclésiastiques, peuple tidèie,
Le retour aux p a s mûre encore. Sans doute, notre intention est d'aider
r
• traditions
CI
pcut 5t re oplrc n C
^ l'instruction de cette cause, et nous la voudrions voir
4
du tenips et°par a
jugée déjà et gagnée par la tradition contre la nouveauté ;
la main des t , . . .
l'ouvrage. imparti,
nous sansassez
arrêter quepour
la marche
motiverdunotre
récitavis.
nousSi permette de
quelquefois
PREFACE XV
caractériser la
la réaction liturgique du xvin e siècle: c'était déjà notre réaction
0 1
liturgique du
intention, et nous croyons même que rien ne sera plus rie^n^est^pius
., i n ' • j v utile que
utile, quand, d une manière précise, nous en viendrons a de rapprocher
les f o r m u l e s
l'explication détaillée des offices divins, que de placer jour antiques des
pièces nouvelles
par jour, en reeard des formules de l'antiquité, les innom- qu'on leur a
1 7
' » i ? substituées.
bienveillants. p o u r n e p i
a r c r q U C c -( \. France, les encouragements
c d
Et nous, nous demandons au Père des lumières qu'il lui Puisse le Père
des lumières
plaise de se révéler de plus en plus à ces frères séparés, de pUis^el^pius
a
auxquels il a déjà donné de comprendre la nécessité de séparés.^
LITURGIQUE S
PREMIÈRE PARTIE
(Suite.)
CHAPITRE XVII
E
DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU X V I I SIECLE.
C O M M E N C E M E N T D E L A D E V I A T I O N L I T U R G I Q U E EN F R A N C E . —
A F F A I R E DU P O N T I F I C A L R O M A I N . — TRADUCTION FRANÇAISE
SUR L E S L I V R E S R O M A I N S . — A U T E U R S LITURGIQUE.S DE C E T T E
ÉPOQUE.
de France.
vœu du concile de Trente, confirmé par les divers con
cilcs provinciaux qui l'ont suivi, une révolution se pré
T. II
2 13E LA LITURGIE
a n
qu'il venait corrompre. A ceux qui étaient assez forts, il infernal,
0
prêcha un calvinisme véritable qui, au xvni siècle, se
transforma en le gnosticisme le plus honteux, par les con-
vulsions et le secourisme, en attendant qu'à la fin du même
siècle, on vît ses adeptes passer, de plain-pied, de la doc-
trine de Saint-Cyran et de Montgeron, à l'athéisme et au
A u x u u s il
culte de la raison. A ceux au contraire qu'un attachement
, prêche
énergique à l'ensemble des dogmes, un éloignemcnt pro- un calvinisme
/ , , , ,, . • , . , . véritable;
nonce pour une révolte contre les décisions évidentes de aux autres il
11
l'Église,garantissait de pareils excès, le jansénisme chercha "inspirer
. • j >£• * M • du mépris pour
a inspirer une défiance, un mépris, un eloignement même i Formes cs
1 1
• « les eveques de Montauban, de Treguier et de La R o -
« chelle, et Messieurs les abbés de Chavigny, de Valbelle
<* et de Fromenticrcs.
« Le 2 4 septembre, Monseigneur l'évêque deMontau-
« ban a dit qu'il avait rendu compte à la compagnie d'une
(
c commission qu'elle lui avait donnée, concernant le P o n -
te tifical romain, où, dans les nouvelles éditions, il a été
« changé quelques endroits; ce qui semble avoir été fait
« dessein, afin que les réguliers paraissent être seulement
« soumis à leur supérieur dans les temps de l'ordination,
* et non pas ;i Tévêquc ; ce qui étant d'une dangereuse
« conséquence, porta l'Assemblée de iG5o d'en écrire au
« Pape ; mais comme depuis O N n'y a pas remédié, il
a estime qu'il serait à propos de le faire, en faisant réim-
« primer la Messe pontificale dont il n'y a plus d'exem-
« plaircs à vendre, et que l'impression fut conforme à
« l'ancienne manière de parler ; et en faire une lettre à
« tous Messeigneurs archevêques et évêques du royaume,
« pour leur en donner avis. Sur quoi Monseigneur le
« président a dit que ces expédients sont très-judicieux, et
« qu'il faudrait joindre à l'édition de la messe la cérémonie
« de la bénédiction des abbesses, conformément à l'ancien
« usage; mais comme la compagnie n'était pas complète,
« elle a remis à y délibérer quand elle sera plus nombreuse.
« Le 1 4 octobre de relevée, Monseigneur de Mon-
« tauban a dit qu'il avait examiné, avec Messeigneurs les
« commissaires, les articles qu'on avait insérés dans les
« nouvelles éditions du Pontifical romain, oh ils ont trouvé
« D E S N O U V E A U T É S préjudiciables à l'autorité des évêques;
« serait de faire imprimer de nou-
Q U E L E M E I L L E U R REMÈnu
rait dans les arsenaux de la secte qui avait formé l'odieux par î'éveque
Nicolas
projet d'atteindre le dogme et la morale chrétienne par Pavillon en
1667.
la Liturgie. On avait eu en vue les simples fidèles dans la
traduction du Missel et dans les Heures du sieur de Laval;
on songea à atteindre le clergé dans un livre qui fut spé-
cialement à son usage. Il n'y avait pas moyen encore de
songer au bréviaire et au Missel : le Rituel parut être un
véhicule favorable aux doctrines qu'on voulait faire pré-
valoir. Ce livre, qu'un usage déjà ancien en France avait
rendu le répertoire de l'instruction pratique du saint mi-
nistère, aussi bien que le recueil des formules de l'admi-
nistration des sacrements, parut le plus propre à servir
les desseins du parti. U n de ses chefs les plus zélés, Pavil-
lon, évèque d'Alet, osa insérer, dans le Rituel qu'il publia
en 1667 pour son diocèse, plusieurs des maximes de Saint-
Cyran et d'Arnauld, sur la pratique des sacrements. Le
travail fut même revu par Arnauld lui-même, qui avait
succédé à Saint-Cyran dans la dictature du parti.
Ceux qui savent l'histoire et la tactique du jansénisme, Tactique
du jansénisme
connaissent l'art avec lequel ses adeptes étaient parvenus à qui, sans nier
la vertu
recouvrir leurs dogmes monstrueux du vernis menteur des sacrements,
, , ^ , M les anéantissait
d une morale plus severc que celle de rhglise, dont ils quant à l'effet
proclamaient le relâchement. Ils voulaient, disaient-ils, inaccessibles,
ramener les institutions des premiers siècles, qui seuls
avaient connu la vraie doctrine. Sans nier encore la vertu
des sacrements, ils venaient à bout de les anéantir quant
à l'usage, en enseignant que VEucharistie est la récom-
pense d'une piété avancée et non d'une vertu commençante;
que les confessions fréquentes nuisent d'ordinaire puis-
qu'elles ne servent; que Vabsolution ne doit régulièrement
R I T U E L D ' A L E T . V I N G T - N E U F S I G N A T U R E S LE S U I V E N T , E T ELLES S O N T
SIÈGE :
or
« DROIT DE MONSIEUR RÉVÊQUE D'ALET, CE QUE CÉLESTIN I
1 1 n
des signataires t
110
çaiscs ; on en compte encore aujourd'hui, en France, uh g™ $ 7 ° ^
certain nombre ( 1 ) .
Nous plaçons ici, en anticipant de quelques années, un Nicolas
fait qui rentre dans la même ligne que le Missel de voisin, avance
les alïiircs îles
les Heures de Laval et le Rituel d'Alet ; c'est la publication jansénistes en
de Y Année chrétienne, de Nicolas Letourneux. Cet ecclé- rf
ÇS?SS nt
C P I T R E X V
PLUSIEURS ÉVÊQUES FRANÇAIS LE PROSCRIVIRENT AUSSI, VERS LA ? - "•
MÊME ÉPOQUE.
LES FIDÈLES DURENT, APRÈS TOUTES CES "CONDAMNATIONS, SE L entreprises c s
1
TENIR POUR AVERTIS QU'UNE CONSPIRATION SE TRAMAIT CONTRE ^ci/UÉEÏ^ar ^
LEUR FOI, ET QUE LA SECTE QUI AVAIT JURÉ OBSTINÉMENT DE SE . gallicanisme,
7 1
T- , ' les usurpations
CACHER JUSQUE DANS L'EGLISE, AVAIT ENFIN CHOISI LA LITURGIE du pouvoir
' ^ . temporel s u r le
POUR LE PRINCIPAL LEVIER DE SA GRANDE ENTREPRISE. CEPEN- spirituel,
DANT, JUSQU'ICI, LES LIVRES DU SANCTUAIRE ÉTAIENT DEMEURÉS déclarée aux
FERMÉS à SES INNOVATIONS; ELLE DEVAIT DONC FAIRE TOUS SES et rhypercriti-
EFFORTS POUR LES ENVAHIR. LES CIRCONSTANCES SONT DEVENUES d e i ^ s r i e n c e .
FAVORABLES. LE BESOIN DE CHANGEMENT, UNE VAGUE INQUIÉ-
E
TUDE AGITE LES ESPRITS. LE XVN SIÈCLE, QUI N'A PAS SU PURGER
L'EGLISE DE FRANCE DU VIRUS QUI LA TRAVAILLE, EST SUR LE POINT
DEFINIRDANS L'INQUIÉTUDE ET L'ATTENTE DEGRANDSÉVÉNEMENTS.
LE MOMENT EST VENU OÙ UN ACTE SOLENNEL VA RÉSUMER AUX
YEUX DE LA CATHOLICITÉ ENTIÈRE LA SITUATION HOSTILE DE LA
FRANCE à L'ÉGARD DE ROME. LE JANSÉNISME LONGTEMPS HAR-
CELÉ DEVIENDRA DÉSORMAIS INVINCIBLE, ET ACHÈVERA IMPUNÉ-
MENT LE COURS IGNOMINIEUX DE SES SCANDALES. ROME SEULE
POUVAIT L'ATTEINDRE, ET LES JUGEMENTS DE ROME NE SONT PLUS,
COMME AUTREFOIS, IRRÉFORMABLES PAR CELA SEUL QU'ELLE LES A
PRONONCÉS. LA PUISSANCE SÉCULIÈRE DÉCLARÉE INDÉPENDANTE
FIXERA ELLE-MÊME SES PROPRES LIMITES, ET JUGERA QU'ELLE PEUT
OUVRIR DE FORCE LE TABERNACLE SACRÉ, EN ATTENDANT QU'ELLE
constitue civilement LE CLERGÉ national. LES LIBERTÉS DE
NOTRE ÉGLISE PROCLAMÉES HAUTEMENT comme le reste pré-
cieux de Vancienne discipline, ARRÊTERONT AUX FRONTIÈRES DE
LA FRANCE TOUTES LES BULLES, BREFS ET DÉCRETS DES PONTIFES
ROMAINS; EN SORTE QUE LE CENTRE DU GOUVERNEMENT ECCLÉ-
SIASTIQUE DEVIENDRA IMPUISSANT à RÉFORMER CHEZ NOUS LES
ABUS. LA CONSTITUTION MONARCHIQUE DE L'EGLISE, ALTÉRÉE
DANS SES FONDEMENTS, DU MOMENT QU'ON A PROCLAMÉ LA
SOUVERAINETÉ DES MEMBRES SUR LE CHEF, FOURNIRA DE NOU-
VEAUX PRÉTEXTES AU DÉVELOPPEMENT DES THÉORIES D'ANARCHIE.
26 . COMMENCEMENT DE LA DÉVIATION EN FRANCE
r , t e s c,!oc sflins
simplement le Bréviaire romain, Plusieurs des lettres « -
28 COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE
INSTITUTIONS
I
pastorales des évêques, placées en tête des Bréviaires dio-
R
LITURGIQUES , .Y- Î .... M .
q u i
Des motifs légitimes et des vues suspectes causaient à la livres* d e S
d
1?i noviuî( ms ' n'avait pas donné d'édition de son bréviaire depuis Tannée
S I lcs
* élabore a Pans,
manuscrits de l'église de Vienne, non-seulement on avait loin f
dédaigné de prendre pour base dans cette réforme litur- viennoises, par
, T • , • ^ 11- -TR • R• « I nommes
gique les livres de saint Pie V, qui avaient fait règle d'une
partout ailleurs; mais l'opération s'était effectuée hors du , £ 5 ^ ^
diocèse, loin des traditions viennoises, à Paris, où déjà
une commission créée par Hardouin de Péréfixe, pour la
correction du Bréviaire de cette Église, tenait ses séances,
comme nous le dirons tout à l'heure. Henri de Villars
avait député dans la capitale le sieur Argoud, doyen de
son église métropolitaine, mais il lui avait donné pour
adjoints le docteur Sainte-Beuve, tristement célèbre dans
les fastes du jansénisme, et le sieur Du Tronchet, cha-
noine de la Sainte-Chapelle. Ces trois hommes eurent le
soin et la responsabilité de l'œuvre tout entière, et au
bout de trois ans leur travail fut en état d'être présenté à
l'archevêque de Vienne, qui l'approuva et en fit la publi-
cation (î). de
(î) Drouet Un missel parut
Maupertuis. Histoire bientôt, procédant
de la sainte de la même
Église de Vienne, p.
C h a n e l , p. 6 0 8 .
32 COMMENCEMENT DE LA DÉVIATION EN FRANCE
INSTITUTIONS
LITURGIQUES
s o u r c e . C e n'est p a s ici le lieu d'insister sur- l e s détails ;
nous dirons cependant que l'engouement produit par la
nouvelle Liturgie dans le d i o c è s e de Vienne, si l'on en
croit les historiens d e cette Eglise, D r o u e t d e M a u p e r t u i s
et C h a r v e t . n e fut p a s si u n i v e r s e l q u e T o n n e vît encore
vingt plupart des ecclésiastiques du diocèse
a n s a p r è s la
T
de ] ienne réciter le Bréviaire romain de préférence à
celui de Henri de Villars.
<;c b r e y u u r e Toutefois, 7
ce bréviaire qui
1
disparut
f
tristement au
premier
p
spécimen des xviu siècle p o u r faire place à u n e d e s f o r m e s du nouveau
livres . . . .
liiurgiquescrees p a r i s i e n , n'en eut pas moins l'honneur de servir de
à nouveau .
comme t y p e a u x divers p r o d u i t s d e la p r e m i è r e p é r i o d e de fabri-
des ouvrages .. . , . .
d'osprUet avec c a t i o n liturgique qui comprend, outre le B r é v i a i r e pan-
s c c
a r d e de'n% icn ^ Harlay et celui de Cluny, ceux d'Orléans, d e la
d it(i
renversement de l'œuvre de Charlemagnc et des pontifes , >? 1
1
° b réalisée par
romains, œuvre qu'avaient, cent ans auparavant et depuis CHARICMAGNC
, , •1 1 T~I 1 , ,, les Pontites
encore, sanctionnée les conciles de France et les assemblées romains,
du clergé. L'histoire exacte de ces grands changements
va nous faire connaître les hommes qui eurent le malheur
de prêter leurs secours à des nouveautés coupables ;
plusieurs d'entre eux furent séduits, ou entraînés; le
grand nombre est marqué du sceau de la plus grave
responsabilité.
François de Harlay, archevêque de Paris, a été loué Franco*
y
. . . , , . ' . . de Harlay.
par ceux qui avaient intérêt au triomphe des principes ARCHEVÊQUE D E
1
qu'il fit prévaloir dans son administration. Nous laisse- D
KÉNSNN. | I A R
d u lSreviaire *• » r.
parisien. première réunion d'une commission de membres choisis
en partie par lui-même, et en partie par son chapitre :
cette commission tint dix-huit séances, jusqu'à la mort de
l'archevêque, arrivée Tannée suivante ( 1 ) .
u-H principaux Elle était composée ainsi qu'il suit h) : Jacques de Sainte-
membres d e , « 1 1 . . . . . .
ceue_ neuve, docteur de borbonne, connu par ses liaisons mti-
L 1
étaient mes avec Port-Royal. II avait été exclu de la faculté et con-
S a W t l ^ u v e , trahit de se démettre de la chaire qu'il y occupait, en i 6 5 8 ,
o u r
cims^dain P avoir refusé de souscrire à la censure lancée contre
a
r EÏOINWUX * doctrine de son ami Antoine Arnauld. II faut dire que
tous trois imbus depuis il signa le formulaire : mais quels membres de ce
de m a u v a i s . .
mission.
4 ° Nicolas Gobillon, curé de Saint-Laurent.
5° Léonard Lamet, chanoine de Notre-Dame, depuis
curé de Saint-Eustache.
6° Claude Ameline, d'abord prêtre de l'Oratoire, et
alors grand archidiacre de l'Église de Paris.
U
7 Nicolas*Coquelin, chancelier de l'Église de Paris.
U
8 Nicolas Letourneux, dont nous venons de signaler
la mauvaise doctrine et les relations suspectes. Il est vrai
que ses ouvrages ne furent condamnés par le Saint-Siège
qu'après sa mort.
François de Harlay, ayant pris en main avec ardeur Harlay ajoute
> J ? J r quelques
l'œuvre de la réforme du Bréviaire de Paris, confirma la membres à cette
, , commission
commission formée par son prédécesseur; « mais il joignit et en dirige
« aux députés M. l'abbé Benjamain, son grand vicaire travaux. "
c et de ses lumières ( î ) . »
Nous venons d'entendre le langage d'un adulateur \
mais nous conclurons du moins de ce que nous venons
de lire, que P'rançois de Harlay prit s u r lui toute la respon-
sabilité de l'œuvre. Jugeons-la maintenant, cette œuvre
qui eut une si grande intluence, et observons les principes
dont elle fut l'expression.
D'abord, n o u s conviendrons s a n s peine de plusieurs
points qui pouvaient être favorables à l'idée d'une réforme,
en j6(So.
i.ai-Lhe\c.|uc i" On ne peut nier que l'archevêque de Harlay n'eût le
t l L
n
' ^'rci'onûur 1
droit de travailler à la réforme du Bréviaire de son Eglise,
IC
son^'i;iisc^ puisque l'église de Paris s'était maintenue en possession
d'un bréviaire particulier, et que celui de saint Pie V,
malgré le désir de Pierre de Gond}', n'avait point été
accepté dans le diocèse, avec les formalités de la bulle
.Qitod a nobis.
line pomait 2 ° Ceci admis, il ne pouvait être blâmable de rétablir
cic 'consc!'vur o u certains usages dont l ' É g l i s e de Paris était en possession de
l
les b o r n e s d e la discrétion.
L c t r c
M a i s le B r é v i a i r e d e H a r l a y ne se borna pas aux amé- t pastorale
J r 0f
du i juin UiHo
horations dont nous venons de parler. L'archevêque promulguant
, , . . le Bréviaire
1 annonça a s o n cierge par une lettre pastorale, en date parisien,
q u e s o n i n t e n t i o n , d è s s o n é l é v a t i o n s u r le siège d e P a r i s ,
Il est trois points sur lesquels l'écolefrançaise d'alors n'était D'ACCORD INEC
i n s t i t u t i o n s
LITURGIQUES
2 o Restreindre en particulier les marques d e l à dévotion
envers la sainte Vierge. Les mêmes écrivains que nous
Lcscritimtcs venons de citer (Baillct surtout, dans un livre spécial qui
r 1
français de In im , , , .
du ivii- siècle,a mente les éloges de Bayle), n'avaient-ils pas déjà insulté
'avec les la piété des fidèles sur un article qui lui est si cher, et
a n
' poup cela, sans encourir aucune disgrâce? Est-il besoin de
l L S
a
k' m?uvcTu l'Arcopagite; ils portèrent leur main audacieuse sur le
Bréviaire. fameux prodige qui suivit la décollation du saint fonda-
teur de leur propre Église. Ils distinguèrent sainte Marie-
Madeleine de Marie, sœur de Marthe: ils ôtèrent à
cette dernière la qualité de vierge, et à saint Lazare
celle d'eveque. Ils effacèrent l'histoire si célèbre de
sainte Catherine d'Alexandrie : enfin, ces docteurs de
Paris, marchant sur les traces honteuses de Le Fèvrc
d'Estaples ct d'Érasme, flétris pourtant par l'ancienne
Sorbonne, pour avoir osé attaquer les traditions sur saint
ep
î) Voyez c i - d e s s u s , tome f , pag. 458,
BREVIAIRE PARISIEN DE HARLAY 40
1
Denvs et sur sainte Marie-Madeleine, enchérirent, comme
J 1
partie
' \ CHAPITRE XVII
l'on voit, sur ces frondeurs de la tradition. ~"
Veut-on savoir la vaine excuse qu'ils apportèrent lors- Pour défendre
, , , ^ ces témérités,on
qu on leur demanda compte de tant de t é m é r i t é s L u x allègue cpic ces
qui avaient biffé un si grand nombre de récits miraculeux contestables ont
et d'actions extraordinaires des saints, sans doute pour la pa^de^passagcs
plus grande gloire de ces amis de Dieu, on les entendit se ^cs^res*
faire un mérite de ces retranchements, parce qu'ils confirmant
1 r 1
les dogmes
avaient, disaient-ils, substitué à des récits purementhisto- catholiques et
7 1
t en particulier
riques et contestables, des passages des saints Pères par le cuite des
. s a i n t s .
lesquels les dogmes attaqués par les hérétiques, et parti-
culièrement le culte et l'intercession des saints étaient con-
firmes ( î ) . Etrange préoccupation et qui dure encore dans
INSTITUTIONS tisé les messes privées, parce que, disait-il, elles étaient
R 7 R 7
LITURGIQUES , ^
sainte vierge culte de la sainte Vierge avait été traité dans le Bréviaire
dc Harlay, nous voyons qu'il y avait été grandement
diminué. D'abord, on avait supprimé les bénédictions de
l'office de Beaia, qui étaient propres a l'Église de Paris,
Siipprcssmns t t temps si dévote à sa glorieuse patronne. Les capi-
c n o u
1 A n n o n i a t l o n
mystère de TIncarnation du Verbe. La commission osa v -
s'opposer à cette manifestation de la foi et de la recon-
naissance. Elle craignit sans doute les dévois indiscrets,
ct décréta que cette fête serait désormais exclusivement
une fête de Notre-Seigneur, sous ce titre : Annuntiaiio
Dominica. Nous verrons bientôt le progrès de cette entre-
prise : en attendant, que ceux-là se glorifient qui ont fait .
perdre à l'Église de France presque tout entière une des
principales solennités de la Mère de Dieu.
3 ° Nous passons maintenant à ce qui regarde Tautorité &n haine de
î -c ' r\i î J T~' • i T T i w * l'autorité
du pontife romain. D abord, François de Harlay décréta du Pontife
que la fête de saint Pierre serait descendue au rang des Haria""iesceiui
fêtes solennelles mineures ; en quoi il ne tarda pas à être j a œï" de '"saint
imité dans plus de soixante diocèses. Les légendes qui P
^csii^cndcs n c
racontaient les actes d'autorité des pontifes romains dans des saints,
r
qui alarmaient
Tantiquité furent modifiées d'une manière captieuse,' sous
1 r p ^ s fortement
ce pouvoir.
46 COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE
d c s a p c s
résumé ne pouvait être fait de la vie de ces grands pon- ^^) c n
cl 1
liberté ecclésiastique, et qui se préparait à faire voir à son pourvoir *
tour qu'il ne craignait pas les puissances terrestres. ^{pf^ l a t t
d 01t
Encore deux ans, et Innocent XI écrira à François de , ,^ ?,
de 1 Lghse a la
Harlay et'à ses collègues de l'Assemblée de 1 G 8 2 : « Vous puissance
, , . . séculière dans
« avez craint la ou il n y avait pas su et de craindre. U n e rAssembiée
v
d*if)S*'
« seule chose était à craindre pour vous ; c'était qu'on
« pût avec raison vous accuser devant Dieu et devant les
« hommes, d'avoir m a n q u é à votre rang, à votre honneur,
« à la dette de votre devoir pastoral. Il fallait avoir en
« mémoire les exemples de constance et de force épisco-
pales que ces anciens et très-saints évêques, imités par
« beaucoup d'autres, en chaque siècle, ont, en semblable
^ circonstance, donnés pour votre instruction... Qui d'en-
«. tre vous a osé plaider devant le Roi une cause si grave,
« si juste et si sacrée ? Cependant vos prédécesseurs, dans
« 'un péril semblable, la défendirent plus d'une fois, cette
" cause, avec liberté, auprès des anciens Rois de France, ct
" même auprès de celui-ci, et ils se retirèrent victorieux
<
' de la présence du Roi, rapportant de la part de ce
48 COMMENCEMENT ' DE L A DEVIATION EN FRANCE
1 1
t ° f de saint Louis.
lum quam lethalis peccati reum agnoscere. Le cardinal de
Noailles,dans les diverses éditionsqu'il donna du Bréviaire
de H a r l a y , s'empressa de réparer cette omission, en
restituant la mémoire de cette parole si célèbre et si popu-
laire, que la reine Blanche proféra dans une occasion
d'ailleurs fort délicate.
N o u s venons de donner au lecteur une idée des choses
superstitieuses, fausses, incertaines, superflues, contraires
à la dignité de VEglise, ou aux règles établies par elle,
que François de Harlay, dans sa lettre pastorale, se p r o -
posait de faire disparaître du bréviaire. Ce début, dans
la réforme liturgique, promettait beaucoup, comme l'on
voit, et bientôt il ne serait plus au pouvoir des archevêques
T . il 4
5o COMMENCEMENT DE LA DÉVIATION EN FRANCE
l e bl viail c
prit-Saint sur son administration. Aussitôt après l'assem- ^ ' -
blée, il se mit en devoir d'exécuter sur le missel le même
travail de réforme qu'il avait entrepris sur le bréviaire.
La commission dont nous avons parlé continua ses tra-
vaux, et dès le mois de novembre 1 6 8 4 , l'archevêque fut
en mesure d'annoncer à son diocèse, par une lettre pasto-
rale, le don qu'il lui faisait d'un nouveau missel digne de
l'Église de Paris (1).
N o u s répéterons d'abord ici, en peu de mots, ce que L i m i t e s dans
nous avons dit au sujet de la réforme du bréviaire. Nous adroit 8
so n l i s e
livres de son diocèse, pourvu qu'il les fit dans l'esprit de , . ^
1 r 1 x
devait s exercer.
la tradition, qui est l'élément principal de la Liturgie;
pourvu que dans ses améliorations la partie romaine d e '
ces livres fût respectée, et que les réformes fussent autant
d'applications des principes suivis dans toute l'antiquité
en matière de Liturgie.
N o u s n'attaquerons m ê m e pas François de Harlay dans Changements
les changements qu'il fit aux rubriques, pour les rendre ai^mbHqucs.
plus conformes aux anciens usages parisiens, bien que
ces changements ne pussent avoir lieu qu'aux dépens
des rubriques romaines que ses derniers prédécesseurs
avaient fait presque exclusivement prévaloir. Il y avait là
du moins une possession, bien qu'interrompue durant
quelque temps, et les prédécesseurs de Harlay, malgré le
désir qu'ils en avaient n o u r r i , n'avaient pu parvenir à
(ij Vid. la Note D.
52 COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE
ExultetEcclesia,
Dum triumphat Gallia
Paire Dionysio ?
son martyre.
Truncus truncum caput vexii,
Qiioferentem hoc direxit
Angelorum legio*
56 COMMENCEMENT DE LA DÉVIATION EN FRANCE
1
célèbre par le relâchement de ses moeurs et par sa colos-
r
partie
\ / CHAPlTRiiXVU
« rain. Il forma son plan et l'exécuta à son aise (î). » Nous î PARTIE
- , , / . . CHAPITRE XVII
d e
Bréviaire de Cluny. Sa critique violente, quelquefois
/ 1
. . . critiquer
même injuste, mais le plus souvent victorieuse, aurait , violentes,
spécialement ne
grandement nui, en d autres temps, à une œuvre aussi la part de .ï. n.
Thiers eu ré
difficile à défendre que celle de D. Paul Rabusson ct de de Vibrayc.
D. de Vert; mais tel était l'engouement des nouveautés
liturgiques, que le factum de Thiers qui n'avait pu trou-
ver d'imprimeur qu'à Bruxelles, n'arrêta en rien la marche
de l'innovation. On fut même presque scandalisé de voii;
J.-B. Thiers, un si bon esprit, ne pas s'extasier devant
une merveille comme le Bréviaire de Cluny. Son livre, qui
parut en 1 7 0 7 , appelait néanmoins une réfutation, ct
D. Claude de Vert s'était mis en devoir de la préparer,
lorsque Thiers vint à mourir. D. Claude de Vert ne jugea
pas à propos de le poursuivre au-delà du tombeau; peut-
être aussi trouva-t-il son compte à cette suspension
d'armes : car, assurément, le curé de Vibraye n'était pas
homme à laisser le dernier mot à autrui, dans la dispute.
En attendant que nous fassions connaître un autre innovations
pr
associé de D. Claude dc Vert dans la fabrication du Bré- a c ! i n u d e
de Vert et de
ses associés.
(1) Mcscnguy. Lettres sur les nouveaux bréviaires (1735), cité par
l'abbé Goujet, dans sa Continuation de la Bibliothèque d'EIlics Dupin.
tom. III, pag. 92.
62 COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE
1
le Bréviaire de Cluny qui devait servir de modèle sous tant
J 1
PARTIE
CHAPITRE XVII
d'autres points.
u n t
Ce fut dans un but analogue que, après avoir supprimé ^ j £ j f ^ ^
la plupart des fêtes à douze leçons pour les réduire à trois, du calendrier.
, i l - î , j • î 11 ! Toute* les Ktes
on décréta que le dimanche n admettrait plus celles qui tombant le
, . . , . dimanche ou
tombent en ce jour, si ce n est les solennités les plus con- dans le carême
sidérables, et que, sauf l'Annonciation et la fête dc saint ou transKrSs. U
1
chement des répons et antiennes sacrifiés déjà par le zèle
X
PARTIE
' * CHAPITRE XVII
Sans doute saipt Benoit ira point parle de tous ces rites -—
que l'Église n'a établis que dans des siècles postérieurs à
celui auquel il a vécu; mais les rédacteurs du Bréviaire de
Cluny pensaient-ils donc que ce saint patriarche revenant
au m o n d e , après mille ans, eût voulu, sous le prétexte de
rendre l'office de ses moines plus conformes à celui du
c
vi siècle, briser tous les liens que cet office avait, par le
laps de temps, contractés avec celui de l'Église univer-
selle?
Mais voici quelque chose de bien plus étrange. Depuis Des offices
1 1 x
* propres selon
le ix° siècle, la tradition de Tordre de Saint-Benoit porte la forme du rite
. . . . . bénédictin
que, durant les trois derniers jours de la semaine sainte, composés pour
l'office divin, dans les monastères, sera célébré suivant la vendredi"'ét
r 1/ r 11 r i • " samedi saints
forme gardée par 1 Eglise romaine, afin qu il paraisse a al»ré m
tous les yeux que les fils de la solitude s'associent en ces Vo*rdrc qui 1 1 dC
e ccs
jours solennels à la tristesse de tout le peuple fidèle. . P , !l . r w i c i
T
fl
dant, que si les nombreux bréviaires du xvin siècle firent
de riches emprunts au Bréviaire de Cluny, tous, à l'excep-
tion de ceux des congrégations de Saint-Vannes et de
Saint-Maur, laissèrent à dom de Vert son eleéson. Mais
Érasme imposait si fortement à ce novateur, que non
content d'en adopter, après François de Harlay, les sen-
timents audacieux sur saint Denys PAréopagitc et sur
sainte Marie-Madeleine, il se fit l'écho de ce docteur
ambigu, jusque dans ses absurdes théories sur la pronon-
ciation grecque. Son zèle ne s'arrêta donc pas à la créa-
tion de Veleéson : il démentit la tradition que François de
Harlay avait respectée sur le mot Paradilus, ct alla jus-
qu'à chanter et osa écrire en toutes lettres, Paracletus, cn
dépit de la quantité. Au reste, et ceci prouvera combien
les instincts liturgiques s'étendent loin : dans la même
censure où la Sorbonne, en Ô 2 G , vengeait les traditions
catholiques contre Érasme, elle notait aussi, comme nou-
veauté intolérable, l'affectation pédantesque du Paracle/us
que, cependant, tous nos bréviaires français ont emprunté
à D. de Vert. Il est curieux qu'aujourd'hui, après avoir
parcouru un long cercle, la science vienne à se retrouver
au point où était déjà rendue la Sorbonne au xvi° siècle,
par la seule fidélité aux traditions. Dieu veuille nous
délivrer, pour l'avenir, des hommes à systèmes et à idées
toutes faites!
Concluons tout ceci par une appréciation générale du d ^Brôviairc^
Bréviaire de Cluny, et disons que si cette œuvre, que sur l e q u e l ^ 3
. " ,
t > . . ^ . créateurs
nous croyons avoir démontrée intrinsèquement mauvaise, des Liturgies
ne paraissait pas d'abord destinée à exercer une influence Xwîeicr'icurs
œuvres.
funeste, parce que ce corps d'offices ne devait, après tout,
s'exercer que dans un petit nombre d'églises conven-
tuelles dans lesquelles le public était accoutumé à voir pra-
tiquer la Liturgie bénédictine, qui diffère déjà de la
romaine en beaucoup de points, elle n'en devait pas
70 COMMENCEMENT DE LA DÉVIATION EN FRANCE
c n ICr
tuaire de ses plus vénérables traditions. Il fallait, certes, ^dam
e t l e
qu'à la fin d u x v n siècle, le génie catholique eût bien faibli, Saint-Victor,
en France, p o u r qu'on n'aperçût pas la contradiction fla-
grante qu'offraient les allures et la personne tout entière
de Santeul, nous ne disons pas seulement avec les Hugues
et les Richard, que le cloître mystique de Saint-Victor
e
avait si saintement abrités au x n siècle, ni avec ce saint
réformateur de l'ordre canonial, le Père Faure, dont la
mémoire était encore toute fraîche, ni avec le pieux et
orthodoxe Simon Gourdan, qui vivait sous le même toit et
sous le m ê m e habit que l'hymnographe de Cluny, mais
avec l'illustre A d a m de Saint-Victor, dont les admirable"
séquences furent longtemps la gloire de l'Église dc
Paris, et seront toujours de véritables trésors de poésie
catholique.
N o u s avons cité, au chapitre xi de cette histoire litur-
gique, la fameuse lettre de saint Bernard à Guy, abbé de
Monticr-Ramey, dans laquelle le saint docteur détaille les
qualités que doivent réunir ct le compositeur d'une
œuvre liturgique et son œuvre elle-même.
O r , voici les paroles de l'illustre abbé de Clairvaux : Dans C oS3amné
« les solennités de l'Église, il ne convient pas de faire d'avance par
n r
' saint Bernard.
72 COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE
m e n
!
UTU»«QUBS °y de l'accomplir. Cette strophe fut toujours très-
~ ~ chère au parti ; nous verrons plus loin avec quelle sollici-
tude il veilla pour) la maintenir dans son intégrité. Dieu
seul sait combien de temps elle doit retentir encore dans
nos églises : mais qu'il nous soit donné de protester ici
contre une tolérance qui dure malheureusement depuis
Clément xi p i d'un siècle, et de dire, en passant, un solennel
u s
1 1 7 1 1
dans la bulle
Unigenitus anathème à trois propositions dc Ouesnel que Clé-
A 1
prosent trois \ ^-
propositions, ment X I et, avec lui, toute l'Eglise ont proscrites: heu-
absolument reux que nous sommes de n avoir point a repeter dans
le même sens. ,. . . . . .
nos oihees divins les quatre vers qui les rendent avec
tant d'énergie :
P R O P O S I T I O V I . Discrimen Inter fœdus judaïcitm et
chrisiianum est quod in Mo Deus exigit fugam peccati
et impîemenlum legis a peccaiore^ reîinquendo ilhtm in
sua impotentia : in islo rero, Deus peccatori dai quod
jubel, illum sua gratia purijicando.
P R O P O S I T I O V I I . Qiuv utiliias pro homine in veteri
fœdere, in quo Deus illum reliquii ejus propriœ infirmù
tait, imponendo ipsi suant legem ? Qua? rero félicitas non
est admitii ad fœdus, in quo Deus nobis donat quod
petit a nobis!
P R O P O S I T I O {.VIII. Nos non perlinemus ad novnm
fœdus, nisi in quantum participes sumus ipsi us novee
gralice quœ operalur in nobis id quod Deus nobis
prœcipit.
Le désir d'avoir des hymnes d'une irréprochable lati-
nité a fait passer, comme on le voit, sur bien des choses;
mais il nous restera toujours un problème insoluble à
résoudre : c'est de savoir comment quelqu'un peut être
obligé, sous peine dc péché, à réciter une hymne qui con-
tient matériellement une doctrine qu'on ne pourrait sou-
tenir sans encourir l'excommunication* A notre avis, trois
causes seulement peuvent excuser de mal l'usage de
l'hymne en question : une heureuse distinction dans
HYMNES DE SANTEUL 77
anciens? Faut-il donc que l'Église aille prendre parti dans CO ntrasuînt avccn
l c s
cette querelle, et décider, jusque dans ses offices, pour le hymnes
* i i i i r fractions du
anciennes.
génie chrétien
Parnasse de Boileau ? Voilà pourtant ce qu'on a fait; mais, encore
conservées dans
comme il arrive toujours, le monde littéraire a fait un les bréviaires
gallicans.
pas ; la notion du véritable chef-d'œuvre a été tant soit peu
déplacée. Que fera désormais la France de son Santeul,
quand clic s'apercevra enfin qu'il a vieilli comme Y Art
poétique de Despréaux ? Une telle situation littéraire sera
T. II f)
8A COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE
I PARTIE
solennité. A une époque où la tradition grégorienne CHAPITRE XVH
INSTITUTIONS fallait bien y voir clair pour lire dans tous ces nouveaux
LITURGIQUES . . V J I ' 1
1
« partout rèenc le bon sefis de l'imitation de la plus belle
* ° * . CHAPITRE XVH
1
Jugeaient devoir porter l'attention des fidèles. Il est bien PARTIE
LITURGIQUES „ .
3 volumes m - 1 8 . )
DuMoiîn, Du Molin, primicier de l'église métropolitaine
(1667),
^•Ivrics! 1
d'Arles, est auteur d'un ouvrage de Liturgie pratique,
presque oublié aujourd'hui, mais fort remarquable en
son genre. Il est intitulé : Pratique des cérémonies de
VEglise, selon Vusage romain, dressée par ordre de VAs-
semblée générale du Clergé de France. Nous n'avons entre
les mains que la seconde édition qui est de Paris, 1 6 6 7 ,
0
in-4 .
Arnaud ( 1 G G 7 ) . Arnaud Pcyronnct, théologal de la cathédrale
>
\h LM)ÎO^af' de .Montauban, a composé un excellent livre, intitulé :
de Montauban. ^j i foi
ame bréviaire romain, où sont exposées clai-
rement et méthodiquement les raisons historiques ct mys-
tiques des heures canoniales. (Toulouse, 1 6 6 7 , 4 vol.
in-8°.)
François (1GG8). François Maccdo de Saint-Augustin, franciscain
Saint-Augustin, portuguais, a laissé: i° Concentus euchologicits sanctee
port^g^s! MatrisEcclesiœ in breviaria, ctsancti Augustini in libris.
0
(Venise 1 G G 8 , in folio.) 2 A^ymus Eucharisticus sive
Joannis Bona doctrina de usu fermentati in sacrificio
Missœper mille et ampli us annosa Latina ecclesia obser-
vato, examinata, expensa, refutala. (Vérone, 1 6 7 3 , in-8°.)
3° De Diis iutelaribus orbis Christiani. (Lisbonne, 1 6 8 7 ,
in-folio.) Cet auteur bizarre aurait eu besoin d'une éru-
dition plus nourrie ct d'un jugement plus sain.
jean-Haptistc ( 1 G G 8 ) . Jean-Baptiste Thiers, curé de Vibraye au dio-
l h
v i b r a y e . ° cèse du Mans, homme hardi dans ses jugements et célè-
u d
Les Conférence.* (rf>7(>\ Nous plaçons sous cette date les Conférences
de La Rochelle. j j - » 1 r » T 11 r
ecclésiastiques du diocèse ae La Rochelle, ouvrage fort
remarquable qui a même été traduit en langue italienne,
et dans lequel un grand nombre de questions relatives à
la Liturgie sont traitées avec érudition et sagacité. Notre
exemplaire est de la seconde édition, 1 Ô 7 6 , à La Rochelle,
in-12.
e
DE LA SECONDE tàOITIE DU XVII SIECLE IB3
x
(1777).
X
Raymond Capisucchi, dominicaiii, rtiaître du
J
P A R T I
E
' ' " * ' % CHAPITRE XVII
0
2 Psallerium juxia editioncm Romanam el Gallicam,
cum caniieis, hymuario et orationali. ("Rome, i683.)
3" Responsorialici et anliphonana Romance ecclesiœ a
S. Gregorio magno, disposila cum appendice monumen-
torum veterum et scholiis. (Rome, 1 6 8 6 . )
0
4 Antiqui libri Missarum Romanœ ecclesiœ, id est
Aniiphonarium S. Gregorii. (Rome, i 6 q i . )
5° Officium Dominicœ Passionis, feria VI Parasceve
majoris Hebdomadœ,secundum ritum Grœcorum. (Rome,
1(595.)
6° Psallerium cum canlicis et versibusprimo more dis*
iinctum, argitmenlis el orationibus veluslis,novaque litte-
rali explicalionc brevissima dilucidatum.
Le P . Antoine Joseph Bianchini, de l'Oratoire de R o m e , ayant résolu
théatin, donne de donner une édition des œuvres du B. T o m m a s i , il en
L
EVI?IONDE C
publia le premier volume, in-folio, à Rome, en T 7 4 1 ;
ses œuvres.
mais cette édition n'eut pas de suite. En 1 7 4 8 , le père
Antoine-François Vczxozi, théatin, en entreprit une
u ut
autre en sept volumes i n - 4 , <] î f achevée à R o m e , en
0
in-8°.)
(1680). Michel N a u , savant jésuite, missionnaire dans le Michel Nau,
Levant, est auteur d'un livre intitulé : Ecclesiœ Romanœ J * e s u l t L
0
2 Dissertatio hislorica an Romanus pontifex baculo
pastorali uiatur. (Rome, 1 6 9 0 , i n - 4 . ) 0
e
xvn siècle.
7« L'emploi des 7° A la même époque, on remarque un mouvement
l
enVan^ue marqué vers les traductions de l'Écriture sainte et de la
S
F r a n c c
de saint Pie V et des conciles provinciaux de France, -
reconnue encore de fait et de droit par l'Assemblée du
0
clergé de i6o5 et 1 6 0 6 , le xvn siècle, en finissant,
la voit ébranlée et chancelante, et avec elle les antiques
mœurs catholiques, les arts, la poésie : toutes choses
e
que le xvin siècle ne relèvera pas.
A Rome, les souverains Pontifes maintenaient fidèle- A Rome
. . . _ R I L » . / les souverains
ment les livres reformes par saint Pie V, et la chrétienté Pontifes
•/ ... / . maintiennent
se montrait attentive aux décrets qu ils rendaient pour fidèlement les
1" JL C A .
û u c a l c n d r i c r
règles antérieurement établies, avaient pout but de mettre '
dans tout son jour la solennelle confiance de l'Église dans
F intercession des saints, dont le culte allait souffrir, en
France, de si rudes atteintes dans les bréviaires moder-
nisés.
Il8 NOTES DU CHAPITRE XVII
INSTITUTIONS
LITURGIQUES
N O T E S D U C H A P I T R E XVII
N O T E A.
ALEXANDER PAPA V I I ,
I PARTIE
NOTE B. CHAPITRE XVII
AD FUTURAM R E I MEMORIA M,
N O T E C.
NOTE D.
E
DE L A L I T U R G I E D U R A N T L A P R E M I E R E M O I T I E D U XVIII SIECLE.
fidèles
autres églises d'Occident sont demeurées fidèles aux tradi- à l'unité.
T. II g
iSo AUDACE DE L*HERESIE JANSENISTE
f 1 i x . t i CHAPITRE XVIII
usage.
Quesnel ose Mais comme ces traductions n'obtiendraient q u ' i m p a r - r
blamer remploi ^
dans la faitement leur but, et que le texte latin des offices divins
Liturgie d'une . . . . ,
langue est le seul qui puisse jusqu ici retentir chante dans les
inconnue au , , , .
peuple. églises, Quesnel émet la proposition suivante:
PROPOSITIO 86. Eripere simplici populo hoc solatium
3
jungendi vocem suam voci totius Ecclesia , est usus con-
trarias praxi apostolicœ el intentioni Dei.
Peut-être jusqu'ici le lecteur avait-il peine à saisir la
liaison des sept propositions que nous venons de citer
avec la Liturgie; peut-être trouvait-il nos conclusions un
peu forcées, ct blâmait-il la sévérité par laquelle nous
semblions vouloir, à tout prix, trouver un coupable. N o u s
aurions pu, pour le rassurer, faire appel à l'histoire et
aux faits qui nous montrent le jansénisme en action
dans toute l'innovation liturgique du xvm° siècle ; le
P . Quesnel nous épargne lui-même la peine d'anticiper
ainsi sur les événements. Voilà le but avoué de ses insi-
nuations au sujet dc l'Écriture sainte. Il veut demander
SILENCE. DU CANON DE LA MESSE ATTAQUÉ l 3 3
à
langue vulgaire dans les offices divins :ce moyen était de ne l'emploi de la
0 0
, langue vulgaire
plus observer le secret des mystères, mais d'introduire la dans
récitation du Canon a haute voix. Ce tait, peu grave aux
yeux des gens légers et non accoutumés à voir l'impor-
tance de la Liturgie, renfermait le germe d'une révolution
l34 AUDACE DE L ' H É R É S I E JANSENISTE
1
° . , Le Tourneux,
lisible n'était
a
pas de la première antiquité ct ne s'était „ Mathurin
1 1
, t , \ . Savary, eveque
pas introduit dans l'Eglise avant l'an rooo. Le cardinal d e S é e z e t i e
„ p n . , , ~ ... . docteurRobbes.
Bona affirme ce sentiment (i), et Bossuet 1 insinue a p r o -
pos du mot sécréta qu'il cherche à expliquer dans le sens
dc séparation plutôt que dans celui d'oraison secrète (2).
Nous avons dit plus haut que tel avait été aussi le sen-
timent de Nicolas Le T o u r n e u x . Nous ne voyons pas
0
que, dans le cours du xvn siècle, les jansénistes aient
fait déjà de grandes démonstrations sur cet article;
cependant il semblerait que la question pratique aurait
été dès lors débattue dans un certain degré, puisque nous
trouvons, sous la date du 1 6 mai 1 6 9 8 , un mandement de
Mathurin Savary, évêque de Séez, qui défend, sous peine
de suspense, de prononcer le Canon de la messe autre-
ment qu'à voix basse. N o u s avons cité plus haut, dans la
0
bibliothèque .liturgique du xvn siècle, un ouvrage r e m -
pli d'une certaine couleur polémique et composé par
le docteur Robbes, sous ce titre : Dissertation sur la
manière dont on doit prononcer le Canon et quelques au-
ti*es parties de la Messe. (Neufchâteau, 1O70.) L'auteur
se prononce pour la pratique des missels.
Dès les premières années du xvm" siècle, la question sentiment
d e
revint sur le tapis ct se formula promptement c n q u e s - ^Tv^t/^
tion de parti. N o u s retrouvons encore ici dom Claude
de Vert, le grand p r o m o t e u r du trop fameux Bréviaire
de Cluny. Dans son livre intitulé: Explication simple,
(1) Renan Litnrgicarum, lib. II, cap. XIIT, $ i.
'•>) Explication de quelques difficultés sur la Messe, page 5o3.
l36 SILENCE DU CANON DE LA MESSE ATTAQUÉ
INSTITUTIONS
du déplaisir que lui causa l'humiliante issue de son entre-
LITURGIQUES
prise, qu'il en mourut de chagrin ( i ) .
Polémique au Mais ni la mort dc François Ledieu, ni l'énergique con-
sujet tic la
recitation du duite dc Tévèque de Meaux, ne ralentirent l'ardeur dc la
Canon à haute
voix. secte à demander la récitation du Canon à haute voix.
Une polémique très-vive s'engagea entre les deux camps
qui partageaient alors le clergé cn France. Les droits de
l'orthodoxie furent d'abord soutenus par Pierre Le
Lorrain, plus connu sous le nom de l'abbé dc Vallcmont.
Dans un ouvrage assez mal rédigé, mais toutefois remar-
quable par la science incontestable dont Fauteur y faisait
preuve, il démontra jusqu'à l'évidence la témérité des
novateurs qui voulaient faire prévaloir leur système contre
une des règles les plus antiques et les plus vénérables de
Écrits dc l'abbé l'Église. Son livre, qui est intitulé: Du secret des mys-
de Vallcmont
et du chanoine tères, ou l'Apologie de la rubrique des missels (2), fut
Baudouin.
vivement combattu par un chanoine de Laval, nommé
Baudouin, qui publia des Remarques critiques sur le
livre de l'abbé de Vallcmont, ou apologie de D. Claude de
Vert (3).
Kl lies Dupin Le trop fameux Ellies Dupin n'avait pas non plus fait
se prononce
contre défaut dans cette grave circonstance. Il avait donné une
la rubrique
du missel. Lettre sur l'ancienne discipline de l'Eglise touchant la
célébration de la Messe (4), dans laquelle il se prononçait
avec son audace ordinaire pour la prétendue antiquité,
contre la rubrique des missels. Nous trouvons, plusieurs
années après, une brochure intitulée : L'Esprit de l'Église
c c s
> l e s
prières Misèrent ur et Indulgentiam, et même
radmfnfstraUon paroles du prêtre : Ecce Agnus Dei, ct Domine, non
ade ia
communion. SHm dis-nus.
o p
et lectures qui Ç\Q réciter en particulier les prières et les lectures qui se
1
se chantent au
chœur. font au chœur.
n e a u t r c
Rubrique ^ rubrique du misse! de Troyes, plus scanda-
consciilani leusc que celles que nous venons dc citer, témoignait le
d'ôter la crotx n i ' »
et les
chandeliers désir de voir abolir dans les églises du diocèse l'usage dc
des autels, placer une croix ct des chandeliers sur l'autel; on devait se
borner à y mettre ce qui est requis pour le sacrifice, c'est-
à-dire le calice, la patène ct l'hostie.
Suppression Enfin, à l'exemple du missel de Harlay, le missel dc
les pièces Bossuet, évêque dc Troyes, supprimait toutes les pièces
chantées, qui . , ,, . . , , ,. \
T . .
n'étaient pa» chantées qui n étaient pas tirées de 1 Ecriture sainte, et,
00
rÉcKÏînic qui .lui appartient cn propre, les remplaçait par des
textes choisis dans un but évidemment janséniste. D'autre
part, ses innovations étaient dirigées dans l'intention
évidente de diminuer le culte de la sainte Vierge et la *
vénération duc à saint Pierre ct au Siège apostolique.
L'archevêque Tel était le Missel dc Troyes, bien dienc, comme l'on
public trois
mandements,
voit, d enflammer
Je zelc d un aussi intègre gardien dc
.
1 orthodoxie que le parut toujours 1 archevêque Languet.
rédigés avec le
U
1?<ïc
d*u II reçut avec joie l'appel du Chapitre dc Troyes, et lui
7&uï"c*XnJ adressa un mandement plein de science et de vigueur qui
u t
il condamne ^ bientôt suivi de deux autres, adressés en général au
c c r
dc°Troyes ' g £ soumis à là juridiction de l'archevêque de Sens,
démasque les (]cs trois pièces, pour la rédaction desquelles le prélat
des novateurs emprunta l'aide du P. dc Tournemine, savant jésuite,
et expose les , . .
avec lequel il était dans une étroite liaison, sont trop
vrais principes
SUMV Liulrgie. importantes ct résument d'une manière trop précise les
LÀNGUJST DEFENSEUR DE LA TRADITION 14a
1
divers points de la controverse catholique contre les and-
R
^ CHAPITRE XVIII
liturgistes, pour que nous puissions nous dispenser d'en
placer une analyse dans cette histoire de la Liturgie. On
verra que si nous mettons une grande importance à cer-
taines choses, nous n'exagérons rien, et que nous avons
pour nous, dans notre lutte contre les innovations qui ont
désolé nos sanctuaires, non-seulement l'autorité des pon-
tifes romains, mais encore celle d'un des plus grands
prélats que l'Eglise gallicane ait possédés dans les temps
modernes. Les mandements originaux de l'archevêque
Languetsont devenus fort difficiles à trouver aujourd'hui :
heureusement qu'il eut l'idée de pourvoir à cet inconvé-
nient en les faisant traduire en latin ct les publiant, en
2 volumes in-folio, sous ce titre : J. J. Langue/, archic-
piscopi Senonensis, antea episcopi Suessionensis, opéra
omnia pro dcfensione Conslituiionis Unigenitus et
adversus ab ea appellantes successive édita, in laiinam
linguam conversa a variis Doctoribus Parisiensibus, et
ab auctore recogniia et emendata (T). C'est dans cette
collection qui jouit d'une si grande estime que nous pui-
serons les paroles de l'archevêque de Sens; nous place-
rons dans les notes le texte latin des morceaux que nous
aurons traduits.
Le prélat commence par signaler avec sagacité la double Prétentions
, j _ .* , T . T , contradictoires
tendance des novateurs en matière dc Liturgie : « Il y en des novateurs,
« a, dit-il, et c'est une chose déplorable, qui osent intro- e n ^ ê m ^ t e m p s
« duire des changements dans les rites sacrés, tantôt pour ' ' ^ n U q u î t é Y t 0
ae e r
« faire revivre, disent-ils, les usages de l'antiquité, ï^^*
« tantôt pour donner une plus grande perfection à des . par des
r
r n i innovations.
« usages nouveaux (2). » En effet, toute l'innovation
(1) Sens, 175*2.
(2) Sunt tamen îdentidem ( e t hoc dolendum) qui hos sacros ritus
immutare audent ; modo ut antiquîtatis usus, ut aiunt, reviviscant
modo ut novclïi ad majorcm pcrfcctioncm adducanlur. (J. J. Languet
opéra, tom. II. Mandatum et Pastoralis institutio de nova Missali
Treccnsi. pag. 1218.)
144 MISSEL DE TROYES
INSTITUTIONS liturgique des xvu° et xvin* siècles repose sur cette double
LITURGIQUES , . , ,
qui supprime * royes qui supprime 1 usage deja ancien dans IEglise
defaire^u-e à la latine, par lequel le célébrant de la messe solennelle est
soienneïK parle °bligé de lire à l'autel, cn son particulier, les prières et
C
ectures
^r^res^r ^ 1 U i s c l o n t a u
chœur. Il se plaint dc l'esprit
lectures oui se d'innovation audacieuse qui a produit cette nouvelle déro-
ront au chœur, , *
gation aux usages reçus, ct après avoir montré combien
est futile cette prétention à retracer les usages de l'anti-
quité, quand on est si éloigné soi-même de l'esprit des
temps primitifs du christianisme, il conclut ainsi : « C'est
« faire illusion a un peuple simple par ce non d'antiquité*
« que dc sc borner à l'invoquer pour autoriser le prêtre
« à s'abstenir de lire les choses qui sont chantées; pour
« supprimer des prières qui ont été prescrites par un
« motif d'édification dans l'administration de la commu-
« nion; pour faire réciter, dans la messe, à voix haute,
« des prières que l'Église ordonne de réciter secrète-
« ment (a). >•
La suppression Venant ensuite à la coupable entreprise du Missel de
de la croix ,
et des Troyes tendant ù supprimer l'usage de la croix ct des
chandeliers sur , , n i 1 1 » \»
rautel décèle chandeliers sur 1 autel pendant la messe, Languet dénonce
les instincts
calvinistes
destiovateurs. ( i ) Page 1227.
(2) Su h nomine aniiquiuuis populo siiuplici Hludilur, cum tain vene-
randum nomen ad nihil aliud adhibetur, nisi ut sacerdos a Iegendo ea
qua; cantantur, abstinent; ut preces qua; in communionc ad aediticatio-
nem prasscriptoc sunt, tollantur; ut clara voce in missa recitentur quai
secretn recitanda Ecclesia pnecipit. ILec enim sub antiquitatis nomine
tentare, est ipsi veneranda; derogarc, et iJIam contemptui exponere.
sPage 1247.)
LANGUET DÉFENSEUR DE LA TRADITION 147
1
les instincts calvinistes qui se traduisent si maladroitement
K
PARTIE
CHAPITRE XVIII
dans cette rubrique. « Déjà, dit-il, plusieurs églises se
u sont réduites à cette rustique nudité que cherche à ins-
u pircr l'auteur de l'innovation. Ce sont celles qui ont
u pour pasteurs quelques-uns de ces prêtres qui sont
« aujourd'hui en lutte avec le souverain Pontife pour la
« constitution apostolique, et qui, en même temps qu'ils
* affectent une doctrine singulière, ont entrepris dc sc
(t donner un culte singulier-, c'est là le scandale dont nous
» gémissons, le péril qui nous fait craindre. Le schisme
a qui doit son origine à une désobéissance aux décrets
« apostoliques, se consommera par les variations du culte
« extérieur (i;. «
L'infatigable prélat attaque ensuite les changements faits Languet
r
0 1 1 n
proteste contre
par évêque de Troves au Missel romain, la suppression a
la substitution
u x
- , t formules
des formules grégoriennes, et la substitution arbitraire ou grégoriennes
. . . . . . _ > . . Je passages de
malveillante de certains passages de 1 Ecriture sainte aux rÉcriture,
antiennes formées des paroles de la tradition, ou même arbitrairement,
empruntées, dès la plus haute antiquité, à rÉcriture elle-
même. C'est ici que nous n'avons plus à combattre, nous
seul, contre les audacieuses réformes de François de
Harlay, de Nicolas Le Tourneux et de dom Claude dc
Vert. L'illustre archevêque descend avec nous dans la
lice, et démasque l'esprit novateur qui a déjà produit en
plusieurs lieux le scandaleux abandon des saints cantiques
grégoriens, et qui se prépare à inonder la France dc bré-
viaires et de missels dressés sur le même plan. Ce ne sera
(i) Jam quasdam ecclesias reperies qua? ad i lia m rusticam nuditalcm
quam innovator inspirât, rediguntur. Sunt autem ilUe quibus président
sacerdotes ,'qui hodie cuiu s u m m o Pontirice de Constitutîone publiant,
sibique suam tidem fingunt, et similiter suum peculiarem cultum sibi
quoque fingere aggrediuntur, singularitatem in cultu sicut in doctrina
affectantes. Hoc dolemus propter scandalum, hoc timemus propter
periculum. Schisma quod per inobedientiam circa decretum Aposto-
licum oriri cet pi t, per culuis exlerioris diversitatem consummabitur.
(Pag. 1249.)
H8 MISSEL DE TROYES
INSTITUTIONS
LITURGIQUES plus seulement un pape, saint Pie V, qui protestera contre
ces Liturgies particulières, fabriquées sans autorité, et
qui déchireront la communion des prières catholiques,
discerpere communlonem ( 1 ) ; c'est un des plus grands
prélats de l'Église de France dont nous ne ferons p l u s ,
pour ainsi dire, que répéter la doctrine et proclamer le
jugement.
La vénérable Cette vénérable antiquité,dit-il, que l'auteur du Nou-
{(
1 1 1 1
antiquitc
foulée a u x « yeau Missel se çloriiie d'imiter, il la foule aux pieds
0
pieds par la .
composition dc « dans la composition des nouvelles messes qu'il substitue
messes
entièrement « aux ancrennes : ce qui prouve que cet auteur, dans les
nouvelles, p o u r , , . , . , . . n
1
« d'erreur et de schisme. Or cette union se forme et PARTIE
. CHAPITRE XVIII
—
« se conserve par l'usage d'une même Liturgie, et l e
« lien entre tant de nations isolées les unes des autres,
« et souvent même en guerre entre elles, paraît tou-
« jours dans l'unité des prières, des fêtes et du culte
« public (i). »
Languet rappelle la sollicitude de Pépin et de Charle- Le zèle pour la
, , . . 1 T . . . T-, . conservation
magne pour établir la Liturgie romaine en r rance, et le de l'unité
y.èle de saint Grégoire VII pour la faire prévaloir en ^mafle^
c o m u t e
Espagne; après quoi il ajoute: « Alors, on mettait du ^^.^
c a
« prix à garder l'unité avec l'Église romaine, et h' cun r e
^ ^ p a r ic
« concourait avee joie aux moyens de la corroborer en cette Église.
« toute manière; car tous sentaient l'utilité et la néces-
« site de cette union. On ne portait point envie à la supé-
« riorité de cette Église mère; on n'avait pas honte de lui
« être soumis et de lui obéir; que dis-je? on s'en faisait
« gloire et on sentait que cette obéissance était le moyen
« de maintenir et de fortifier l'unité. On jugeait nécessaire
K de réunir le rameau au tronc, de ramener le ruisseau à
« la source, et comme la gloire et la solidité de l'Église
« consistent dans son unité, on pensait que cette unité
« devait être produite et confirmée par une légitime
« subordination. Ainsi pensèrent nos pères,ceux-là mêmes
« par lesquels la foi est venue jusqu'à nous. Ils ont bien
« d'autres idées, ceux qui aujourd'hui n'ont pas de honte
« d'appeler l'Église romaine une église étrangère, et d'af-
« firmer que l'usage des livres liturgiques de cette Église
« n'a été introduit que par tolérance dans le diocèse de
« Troyes. Ainsi, sous le voile d'une Liturgie plus élé-
« gante, on cache le mépris de la Liturgie romaine; ainsi
« on affaiblit la sainte et précieuse unité; ainsi les liens
« qui nous unissaient à la Mère-Église se brisent peu à
K à peu; ainsi on prépare de loin les peuples à la sépara-
sévèrement ,
censurés par la saient dans ces bréviaires, sur le scandale que le peu-
1
Sorbonne au . .
xvr* siècle, pic ne manquerait pas d y prendre, sur le schisme que
pouvaient amener de semblables innovations ; puis il con-
tinue cn ces termes : « Tel était le jugement qu'on portait
« autrefois sur les innovations dans la Liturgie, même
K quand elles n'avaient lieu que dans cette partie des
« offices qui, étant plus spécialement entre les mains des
« prêtres, est moins familière aux laïques. Quel jugement
« auraient porté ces graves ct très-sages maîtres, s'ils
« eussent découvert des innovations importantes jusque
« dans la célébration dc la messe et dans l'administration
« de la communion aux fidèles ? S'ils eussent vu les
« introït ct les graduels dc l'antique missel entièrement
« changés, la vénérable antiquité foulée aux pieds, pour
« mettre cn place les idées singulières ct les inventions
d d'un particulier Ci) ? »
(1) Vid. la Note C.
(2) T o m e I, chap. x pag. et 4 ^ 1 .
(?) T a l e o l i m ferebatur judicium dc qunlîbct innovationc circa Lîtnr-
giam, etiam in Oflicioruin parte qiuc Sacerdotes spcctatpraîcipue, quacque
1 aï cor 11 m ma ni bus minus teritur, Quid judicassent graves illi ct sapien-
tissimi magistri, si majoris momenti innovationcs deprehendissent în
ipsius Missoc eclebratione, ct communions fidelibus distribuenda ? Si
LANGUET DÉFENSEUR DE L'ORTHODOXIE l53
1
Dans un autre mandement sur le Missel de Troyes, J
*TIEP A
tires des , . .
écritures par les « sont le plus souvent les idées d'un esprit individuel qu'on
novateurs . * I N J J HM
cessent d être la « a ainsi revêtues de I apparence de textes de I Ecriture,
pa
parVusagc * et subsituées aux antiques prières. A la vérité, les pa-
U>
LANGUET DÉFENSEUR DE LA TRADITION 155
• * • • •
C H A P I T R E XVIII
« commodation arbitraire à certaines fêtes, ou aux éloges
« de certains saints, est une production de l'esprit parti- ^uMu'c^fonf
s a n s
« culier. » Ici Lançuet cite en exemple plusieurs de ces a u t o n l
e
1 1
° aucune.
fameux contre-sens bibliques que renfermait le Missel de
Meaux, et dont regorgent avec tant de fierté nos nouveaux
missels et bréviaires, et il reprend ainsi : « Quelque
belles et ingénieuses que paraissent ces allusions, elles
n'offrent pas le sens naturel des textes de r É c r i t u r e ,
mais tout simplement le sens de l'auteur qui les a ima-
ginées. Si cet auteur est moderne, sans nom, s'il* n'a
•C CL
autorité que dans un seul diocèse, quelle force, quel
poids pourra-t-il donner à ces productions de son
propre génie? Les prières de l'ancienne Liturgie, toutes
simples et sans ornements qu'elles soient, n'auront-clles
pas plus d'autorité, ne seront-elles pas plus utiles, bien
qu'elles ne soient pas tirées des Écritures saintes ? »
« Ce n'est -pas cependant que nous prétendions con- on scandalise
d a m n e r ces accommodations et ces allusions : l'exemple -$ en 1 , F l l s c
1
" s u p p r i m a n t des
des saints Pères est là p o u r les défendre.IMais nous pré* chants antiques
1 1
* pour
tendons que ce n'est pas enrichir l'Eelise que de sup- employer ces
. accommodations
primer les chants antiques pour substituer enleur place qui détournent
j N « I, • • / L I A l'Écriture
des allusions cl une invention récente ; c est bien plutôt a des sens
la scandaliser que d'employer ces accommodations au quciq^ucfoiï
moyen desquelles l'Écriture est détournée à des sens d a n e
^ foi P
° u r
(i) An vero Missa; ilhe recentiorcs cum allusionibus qua? in eis insc-
r u n t u r , ut pro uniuscujusque nutoris arbitrio aut ingenii fecunditate
variantur, idem pondus, camdem autoritatem, e a m d e m utilitatem habe-
b u n t ' Primo quidem in illis desiderabitur antiquitas, siquidem fabri-
cata: sunt novo q u o d a m instinctu q u e m nascentem vidit hoc seculum.
Desiderabitur univcrsalitatis autoritas ; siqnidem Galllas solas afflavit
hajc novaruni missarum fabricandarum prurigo. Solis d o m î n a t u r in
Galliis. Quin etiam hoc ipso in regno u n u m q u o d q u c missale ab aliis
discrepat; u n u s q u î s q u e enim n o v a r u m missarum artifex vult altquid
dare de suo, m i n u s q u e quod jam înventum est imitari, quam felicio-
ribus allusionibus alios superare cogitât. (Ibidem,
LANGUET DÉFENSEUR DE LA TRADITION l5j
1
les versets de rEcriture qu'ils jugent propres à inculquer PARTIE
^ / O R X" 1 CHAPITRE X V I »
leurs sentiments. "
« N'est-ce pas, dit-il, une licence très-dangereuse et . Licence f
r 7 1
°
tres-dan gère use
« digne d'être soigneusement réprimée par les premiers , de placer
D
° . . dans les mains
a pasteurs, que de remettre aux mains des fidèles les des fidèles,
. . . . . sansexplication,
a armes mêmes avec lesquelles les novateurs combattent les textes
a les dogmes catholiques ; que d'accoutumer les peuples iïï firét1qucs c
INSTITUTIONS (( les chantera, qui les apprendra par coeur, qui bientôt
7 1 f r c 1 1
LITURGIQUES
peut-être les verra traduits en langue vulgaire, le peuple
« n'aura pas votre commentaire sous les 3-eux. Ce que
« ces passages renferment d'obscur et de difficile infec-
« tera l'esprit des fidèles de faux principes qui leur scm-
« bleront basés sur ces textes eux-mêmes, et lorsqu'il
« plaira à un novateur d'en abuser, p o u r répandre et con-
« firmer ses erreurs, il trouvera les peuples déjà préparés
« et disposés à prêter l'oreille et à ajouter foi (r). »
Languct Nous avons dit que le Missel de T r o y e s portait aussi
réclame contre . , , , - -, R* T /I
le Missel tic atteinte au culte de la sainte \ îcrge, et que le prélat qui
les d r o U s ^ i e la avait publié ce livre s'était empressé dc suivre les erre-
m c n t s e
S m n
M°aHe C l g C
^ François de Harlay, dont l'œuvre a droit d'être
considérée comme l'initiative de tous ces scandales. Ecou-
tons l'archevêque Languct réclamer contre son suftragant
les droits sacrés de la Mère de Dieu: « Dès les premiers
« siècles de l'Eglise, dit-il, le culte de la Mère de Dieu a
« été du plus grand prix pour le peuple iîdèle. O n en
« trouve la preuve dans les anciennes Liturgies des di-
Y verses églises qui s'accordent toutes sur ce point, et
(f concourent à honorer la Mère du Christ. Celui donc
« qui a composé la nouvelle Liturgie a du, sans doute,
« cultiver avec grand soin tout ce qui a rapport à cette
« dévotion, conformément à l'intention et aux usages de
« la sainte Eglise; il a du mettre tous ses soins, non-seu-
(1) Respondere igitur conatur, lolaque ejus responsio c o n s i s t i t i n expli-
cations atquc expositione testimnniorum q u o r u m u s u s ipsi exprobatur *
at quid ad rem facit comnientarium hoc r An igïtur de expositione
illorum lextuum : Enim vero sine ejus ope lextus illos sensu catholico
q u o intelligi debent facile quisquis exposuisset T h e o l o g u s . Sed populus
qiii eos lextus in inissa legel, qui canlahit, qui ediscet memoriter, qui
eos cito for tasse vernaculo sermonc rcJditos videbit, c o m m e n t a r i u m
istud non habebit ob oculos. Quod in eis o b s c u r u m est et difficile,
lideliuin mentes inlicict falsis principiis qunc his textibus stabiliri viden-
lur, et cum 'novatori libuerit iisdein textibus abuli, q u o errores suos
spargere ac conîirmare possil, populos paratos jam et instructos repe-
J
riel, ul ipsi aures lidemque priebcant. (I ag. 1 ^ 7 4 . }
LAXGUET DÉFENSEUR DE LA TRADITION- ï5q
1
« lement à la conserver, mais à l'accroître, à la rendre, PARTIE
, CHAPITRE XVIII
« tout à la fois, plus fervente et plus utile. Que s'il s'est '
« trouvé à propos de changer quelque chose dans les an-
« cieris cantiques, ce changement, pour être louable, a du
« se faire au moyen d'additions plutôt que de retranche-
Y ments. Celui-là dérogerait à la piété qui tenterait de di-
« minuer les louanges par lesquelles l'Église célèbre la
« maternité de Marie, ou les honneurs dont elle aime à
« l'environner (i). »
Languet parcourt ensuite le Missel de Troyes et signale u puriiication
les diverses innovations qu'il présente, au détriment du l'Annonciation
culte de la sainte Vierge. Dans ce livre, on n'a pas osé, à l a s e S c q u a i i t é
il est vrai, supprimer les fêtes de la Conception, de la Ko^c-sclgn-a-.
Nativité, de la Présentation, de la Visitation et de l'As-
somption de Marie; mais sa Purification et son Annoncia-
tion, restreintes désormais à la seule qualité de fêtes
de Notrc-Scigneur, n'oiVrcnt plus dans les prières du
Missel que quelques mots de souvenir pour la Mère de
Dieu. Le nom de Marie a même été retranché du titre de
la fête de l'Annonciation; ce n'est plus que VAnnonciation
du Seigneur. En vain, Tévèque de Troyes prétend-il que
l'archevêque de Sens voudrait qu'on oubliât dans cette
fête l'incarnation du Verbe, pour ne parler que de la
sainte Vierge. Languet répond avec énergie: « L'arche-
« vêque do Sens n'a d'autre désir que celui que lui inspire
1
« l Eglise universelle: il ne réclame que ce que cette
(i) A primis Ecclesiie seculis cultus beau; Maria? Virgînis plcbi pre-
liosus fuit et commcndabilïs. Hujus probatio eruitur ab «ntiquioribus
Lïturgiis variarum Ecclesiarum quœ in hoc omnino conveniunt, ct ad
honorandam Christi inatrem concurrunt. Qui novam Liturgiam ador-
navit, debuil cultum hune omni observantia colère secundum Ecclesia;
sancta: intentionem et usum ; curare omni sua opéra ut, si fieri potest;
non modo servictur, sed et crescat, fiatque devotior et utilior : et si
aliquid in antiquis Canticis immutare conveniat, Iaudabilius forsaii
tuisset addere aliquîd quam aliquid detraherc. Proindc pictati derogat
qui et laudes quibus Ecclesia Mariic Maternitatem Divinam praedicat,
et honores quibus illam colère solel, imminuere tentât. (Pag. 126'*.)
IÔO MISSEL DE TROYES
évêque qui ait retranché dans les messes de la Chaire de f£$q , apo UC
T. il II
IÔ2 MISSEL DE TROYES
de l'Ecriture, % t ,
qui ne peuvent « œdtjicabo Ecclesiam meam. Pourra-t-on réfuter avec
pas servir . , , . ,
aux fidèles « avantage et solidité un hérétique, quand, a la place de
d'armes contre , . . r ( 0 .,
les hérétiques. « ce témoignage, on lui opposera cn faveur du bicgc
« apostolique, ce texte d'Isaïe dont on a formé Y introït dc
« la fete de saint Pierre : Vocabo servum meum et dabo
« ei clavem David, et le reste; toutes choses qui s'en-
« tendent dc Jésus-Christ ct n'ont d'autre rapport à saint
« Pierre que celui d'un sens accommodatice, produit d'un
« génie tout humain ( f .
Omission « C'est dans le même esprit ct avec une perfidie sembla-
de l'oraison M ,. ... . ,
pour le « blc, dit ailleurs le courageux prélat, qu on a omis aux
b
p ontifc ÂUSA
« messes férialcs d'indiquer l'oraison d'usage pour le
messes fériaies. a sj p t i f e . Elle est marquée au Missel romain,
o u v c r a n o n
(i) Eodem animo et sane doloso omissa fuit in missis pro feriis indi-
cari solita oratio pro summo Pontirïcc. Hocc indicatur in missali
Romano pro orationc tertia ubi opus est. Ibidem legitur missa pro eli-
gendo Pontirice, sede Romana vacante : hocc legebatur in antiquo mis-
sali Treccnsi. Vis in novo reperitur alicubi una oratio pro summo
Pontifice, in collectione scilicet orationum ad jcalcem Missalis. Numquid
novitates illae ad pietatem fidelium et ad populorum sediticationem pos-
sunt conferre ? (Ibid. pag. 1 3 6 1 . )
164 MISSEL DE TROYES
CHAPITRE XVIII
ft u m c e t
& i a t & o n sèufct
U
pl - ^ ouvrage m'a plu infiniment ; car non-
sa doctrine. (( seulement il prouve, mais il démontre jusqu'à l'évidence
<t que ce missel est rempli tout entier de nouveautés
« condamnables. Vos savantes recherches sur les anti-
« quités ecclésiastiques ont rendu manifeste que l'auteur
« de ce missel, sous le faux prétexte de rétablir l'antiquité,
« a abandonné ct même cherché à abolir l'usage constant
« de l'Église dans la célébration des divins offices. Pour
a ce qui est du dogme catholique, vous avez dévoilé les
a artifices dont l'auteur s'est servi dans le choix, la dis-
« tribution, le rapprochement des textes de l'Ecriture,
« dans un sens contraire à celui qui est reçu, et à la
« doctrine de l'Église, afin dc favoriser par là les erreurs
« des novateurs de ce siècle. Le zèle qui vous anime à la
« défense dc la foi, ct qui, dans toutes les occasions,
« brille dans vos écrits, me semble digne de tous les
« éloges.
L'auteur du « Il n'est pas d'art, ni d'entreprise, qu'on emploie
missel a pris
par ses « aujourd'hui pour attaquer notre sainte religion; mais
w a s o u r c c t c ct
n
dan" ia Lhurgîe V
il n'es* P P "" de moyen plus efficace que
w c c u c u a c m
pluselfficace ' * l p l ° y ^ l'auteur du Nouveau Missel; il n'en
e us
P
°ïc
01
peu*!" " * Pe
^ P ^ dangereux. Jusqu'à présent, c'est-à-dire
s t a s
m a n d e m e n t s
un de ceux qui avaient travaillé au Missel. Nicolas Petit- -
Vid. la Note F.
t68 MISSKL DE TROYES
c e droït
« devrait être tempéré par la prudence : Omnia mihi licent, '
« disait l'apôtre, sed non omnia expediuni. Si un évêque,
a pour faire éclater à la fois son pouvoir ct son zèle pour
« la vénérable antiquité, osait supprimer à la messe
« Thymne angélique Gloria in excelsis* et le symbole ; à
« matines, l'hymne "Te Deum laudamits ; à vêpres, le can-
« tique Magnificat* n'abuserait-il pas de son autorité ?
« Assurément, celui-là n'outre-passerait pas moins les
« limites de son pouvoir, et, qui plus est, de la prudence,
« qui détruirait des rîtes d'un usage universel, supprime-
I7O MISSEL DE TROYES
sairc à tout historien, et nous n'aurions pas mis dans tout l'introduction
1 r
dans son
c
son jour la fausse position où se trouvait, au xvm siècle, Église d'un
' . . , . bréviaire
1 Eglise gallicane, par rapport a la Liturgie, si nous remanié d'après
r • ' A , i • i i les nouveaux
ne taisions pas connaître le seul instant de cette grande principes,
controverse dans lequel Languet se trouve, à notre avis,
battu par son adversaire.
En effet, l'évêque de T r o y e s , pressant son métropo- , Languet
1 J 1 1
, . cherche a éluder
litain par un argument ad hominem, avait d i t : « On ne cet argument
, , , . . . en soutenant
« doit pas moins conserver la tradition dans les bre-- que des
« viaires que dans les missels. Cependant, que de choses c
\orft pîus e
_ t CHAPITRE XVIII
que si la tradition est l'élément principal de la Liturgie, ~"
. . ^ , , . . . . . j Faiblesse de
elle doit être autant ménagée dans le bréviaire que dans c c s
K U ï i 0 l i n u n c n t b
le missel; que les confessions de foi consignées par saint *
Grégoire, ou même ses prédécesseurs, dans les répons et
les antiennes, sont d'une égale autorité, d'une utilité pa-
reille contre les sectaires, que celles que nous avons dans
les introït, les graduels ct les offertoires ; que si les pas-
sages de r É c r i t u r e choisis par des particuliers sont dan-
gereux, sans autorité, dans les missels, ils ne le sont pas
moins dans les bréviaires ; que le désir de transformer le
bréviaire d'un diocèse particulier en un livre d'études
sacerdotales ne justifie pas l'inconvénient d'altérer par là
l'uniformité liturgique que Ton vient dc démontrer con-
forme au vœu de l'Eglise; que toute opération tendant à
isoler les prières privées du prêtre d'avec celles du reste
recentiuin i l l o r u m breviariorum militâtes et incommoda ponderare
o m i t t a m u s , nec attentemus t r a t r u i n n o s t r o r u m Episcoporum agendi
rationem in ea rc condemnare, ad solvcndain objectioncm quas ex novis
breviariis c r u i t u r , sufticit observarc, longe aliter judicari posse de b r e -
viariis q u a m de missalibus. Drcviarïum presbyteris praesertim ac pasto-
ribus destinatur, et eos non t a n t u m aedificarc débet, sed etiam cdocerc,
hac fortasse de causa multi episcopi fore crediderunt ut, si ipsis elabo-
rarent breviarium quod ex solîs Scriptural textibus c o m p o n e r c n t L i r , in
scientia SS. L i b r o r u m peritiores évadèrent ope Ofticii quod singulis
diebus recitant. Aliter enim ac per breviarium s u u m , doctrinani
Ecclesiœ scire débet presbyter, t r a d i t i o n e m q u e cognosecre q u a m per
breviarii sui u s u m : nec indiget, œque ac populus, ut habcat p r a ? m a n i -
bus euncta illa m o n u m e n t a quai nobis in Ecclesia.* precibus exhibentur.
Praeterea p o p u l u s divinuin Olïîcîum vulgo non récitât, et sine ullo
populi incommodo verba ct preces h o r a r u m nocturnarum et d i u r n a -
l'iim m u ta ri possunl. Missac a u t e m p o p u l u s assistit a s s i d u e ; alii eam
cantant, alii singulis d i e b u s d o m i n i c i s illam legunt ; sicque in m e m o -
riam suam revocant veritates q u a s a pueritia didiccrunt, et in missa
diei expositas et cxplicatas vident. Veritates î lias iirma fiducia crédit
populus, quas scit ipsas in o m n i b u s locis o m n i b u s q u e t e m p o r i b u s in
iisdem canticis fuisse d e c a n t a t a s ; cademne fiducia, cademne securitate
in diœcesi Trccensi a populo legentur missœ quas sciet nullo alio in
loco recitari ? (Pag, 1 3 3 4 . )
176 MISSEL DE TROYES
LITURGIQUES , . . T - , . , , , , , JZ
1
« et la sincérité qui président à nos délibérations: désirant PARTIE
, . , , . . CHAPITRE XVIII
v a c u r
ai
contreTc ' mystique à un geste, à un objet matériel, qui spiri-
tC
C C
dè "a traTition Missels et Bréviaires de Paris, de Cluny, dc Troyes, qui
a v a c
brévStrcfct ' corrompre le Canon de la messe dans le Missel
le
amenaft de Meaux, qui poussait à la traduction de la Bible ct des
S
J- - française
trop flagrante avec tout cet ensemble de naturalisme. »Y " 5I A I T D A
r
" , ridiculise un
Déjà, chez les Français, peuple frivole, le protestantisme, grand nombr
0
préludant aux sarcasmes de la philosophie du xvrn siècle,
avait déversé le ridicule sur un grand nombre de
cérémonies, et, certes, on peut dire que ce n'avait pas
été sans succès. L a seule comparaison des rituels du
xvi° siècle avec ceux de nos diocèses d'aujourd'hui,
nous montre assez combien de pieux et vénérables rites
pratiquaient nos pères qui sont aujourd'hui tellement
oubliés, que c'est presque dc la science que de savoir les
rappeler.
Généralement, nos docteurs se placèrent trop exclusi- Tendance
1
/ t _ t des docteurs
v e m e n t s u r l a défensive vis-à-vis de la prétendue Réforme; français à
. . . . . M >i • amoindrir le
ils amoindrissaient le dogme, ils élaguaient du culte tout dogme et la
ce qui leur semblait difficile à défendre au point de vue de ^contenter" 1
l c s
leurs adversaires. 'Ils voulaient ne pas choquer, contenter malgré*" 1
que reçoit la
Lettre de dom grand succès dans l'école à laquelle appartenait ce per-
D 1 r r r
Clauue de \ c r l .
NATURALISME DANS L* EXPLICATION DES CÉRÉMONIES l S(j
1
sonnase (i). Outre l'approbation de Henri-Félix de Tassy,
V ; r r
PARTIE
" f t il CHAPITRE x v n r
1
Les principes étaient les mêmes que nous venons dc
r r 1
PARTIE
. CHAPITRE XVIII
signaler dans la Lettre à Jurieu; m-.lis du moins, dans
cette Lettre, D. dc Vert gardait encore quelque mesure. i s hard^que p U
X
Il ne dissimulait plus rien dans son grand ouvrage. On *
prétendit même qu'il avait attendu la mort dc Bossuet " S ^ u ' i î y V d e 1
plus C dans
pour publier le premier volume, parce qu'il craignait que ies ^ cs
dap eme
« symboliques de saint Paul, qui ont pour objet de repré- ÏStcur?
« senter l'ensevelissement du fidèle avec Jésus-Christ
« comme signifié par l'immersion, ne sont point la cause
a et le principe de cette immersion, ne paraissant point
I 9 2 DOM CLAUDE DE VERT
D U CIERGE D E S reste encore un vestige de cet usage dans les rites actuels
BAPTRSÊSÏT'du du baptême. Voici, suivant D. de Vert, l'origine présumée
CIERGE PASCAL. ^ jc e« H y a quelque apparence que le linge dont
r t c ;
D
TCI^ï QUC ' miracle de la guérison du sourd-muet et de l'avcugle-nc,
1 R
( u c
1
^A \ etgîc-NÉ! ï
S U
l'Église a toujours considérée comme un des grands
IC
L
I école rationaliste, dansl Eglise de France,au xvm siècle. -
II faut avouer qu'aujourd'hui, nous catholiques français,
nous valons mieux sous ce rapport que nos pères. Si
nous ignorons beaucoup, du moins nous ne blasphémons
pas ce que nous ignorons.
L'insufflation et l'imposition des mains, ces deux rites L'insufflation et
M . . . t ,.. , . r i l'imposition
c\angeliques qui tiennent a ce qu il y a de plus prorond des mains, rites
dans Téconomie du christianisme, ne sont pas traités avec q u ï t w f t n e n t à a S
parce
R
qu'on en sortait
1
autrefois à la fin de chaque «oc-
1
i PARTIE
CHAPITRE XVIII
0 a u
française du xvn siècle, il influa comme cause s u r siècle, X V I U P
v a s c
subvereives de " borner à une réfutation froide ct à des preuves
K
0
la reytf " « languissantes, cn écrivant contre un homme qui impose
el débitées avec . » . . .
une assurance u par son air décisif, par les applaudissements qu'il donne
1
scandaleuse. * . . .
« a ses frivoles conjectures, et par le ridicule qu 11 semble
« vouloir répandre sur C J que nos cérémonies ont de plus
« respectable. Le monde, d'ailleurs, est plein d'esprits
* forts qui. ennemis du mystère, autant que du prodige,
«1 et de tout ce qui peut cn quelque manière captiver la
K raison, reçoivent avec avidité les maximes qui paraissent
« favoriser leur incrédulité. Le mépris des allusions
« pieuses des rubricaires réjouit ces incrédules. Ils s'en
« autorisent dans les railleries qu'ils en font, et c'est avec
« joie qu'ils croient trouver de quoi justifier à eux-mêmes
« le peu de cas qu'ils ont coutume de faire de tout ce
« qu'on appelle mystique, ou symbole, qui ne sert qu'à
M nourrir la piété. Il faut les détromper, ou les confondre,
SON SYSTEME REFUTE PAR LANGUET 199
1
« Il faut arracher les armes à celui qui leur en a fourni, PARTIE
. i - j - i j - - r* CHAPITRE XVIII
1
(fet faire sentir tout le ridicule de ses principes. Comment —-
« le peut-on faire sans employer cette vivacité de style*
« qu'une juste indignation inspire, et qui ne sert qu'à
1
« donner plus de jour et de grâce à la vérité ? Si fauteu *
« qu'on attaque est mort, son livre ne meurt point. Il vit
K entre les mains du public. Les hommes avides de la nou-
« veauté en ont déjà épuisé deux éditions. Non-seulement
» les incrédules s'en autorisent, mais les hérétiques même
« croient y trouver dc quoi s'armer contre nous, ct de
« quoi insulter à nos théologiens et à nos mystiques^
« Ce n'est pas avec une réfutation languissante qu'on
o vient à bout de détruire les préventions, de confondre
« les esprits fort;s, de désarmer les hérétiques, ct dc
« réveiller le zèle de ceux qui aiment la religion. »
La discussion de Languet est lumineuse ct concluante; Languet
M , -i ramène la
mais 1 espace nous manque pour analyser son travail, discussion à
N o u s nous bornerons donc à relater ici quatre points p r f c i p a u x .
q
n
tS
«
IXSTITUTIONS doivent leur première origine à la nécessité, elle ne Pa
LITURGIQUES .
: •« 1
pas fait par hasard, ou par pure habitude, mais parce
3»Ï/EGHSCU * 1 * 1 . 1 - • r
ATTACHE UN SENS « qu'elle a vu que les fidèles pourraient tirer du fruit des
Usure MÊME , . , • . i ' r
AUX CÉRÉMONIES « sens figures ct instructifs qu elle y avait attaches.
LEUVORLRINC^I LA « 4° Que plusieurs dc ces sens allégoriques, ou symbo-
NÉCESSITE. ft lîqucs, ne doivent point être regardés comme des idées
7 1 D
40 ON NE PEUT / . .
r
REGARDER « pieuses de quelques m\ stiques; mais qu ils sont adoptes
COMME DC * .. . . . .
SIMPLES IDÉES « par I h g h s e entière, par la tradition la plus ancienne,
PL NS
AUÉ«ORKJUCT « et confirmés par le langage de tous les auteurs ccclé-
f e = .
p £ • Cliques. .
LANGUET A LA Telle est la synthèse de Languet sur le symbolisme ; on
01
D'AVON' JAISI ET peut retendre sans doute à de plus vastes proportions ;
C m a s t e c
IES P?ANF ^E^A ^ ' * qu'elle est, il eût été grandement à désirer
c
SECTE j Français, au x v m siècle, s'y fussent tenus. Ce
q u e c s
7 1 J
JANSÉNISTE. * *
n'est pas une médiocre gloire à Languet d'avoir élevé la
voix dans cette circonstance, en faveur des antiques tradi-
tions de notre culte, qu'il devait bientôt défendre sur un
autre terrain. Ce grand prélat vit d'un coup d'oeil tous les
plans de la secte janséniste, et ne se lassa jamais de dé-
noncer au peuple fidèle les manœuvres diverses qu'elle
essaya ; que sa mémoire demeure donc à jamais en véné-
ration à tous les vrais catholiques!
EN HOLLANDE, Pendant que les jansénistes de France tendaient des
ARCHEVÊQUE DE pièges honteux à la simplicité des fidèles ct inoculaient
à RCXEMPIC sourdement le génie du calvinisme par des changements
L ans
prédécesseur, "* l'antique Liturgie, par le mépris déversé sur i'élé-
m c n t
dc CASTORLC mystique des cérémonies, par la récitation du canon
TIRE
HARDIMENT ^ haute voïx, en Hollande, ils tiraient plus hardiment les
CONSÉQUENCES conséquences de leurs principes. On doit savoir que.
X
DES PRINCIPES • / * J R- • • /
JANSÉNISTES trahissant les intérêts de la foi et du Saint-Siège, de Nécr-
ET PERMET CN , , , » . . . *•
PARTICULIER casscl, eveque de Castonc ct vicaire apostolique dans les
1 0 a
"LANGUE Provinces-Unies, avait semé des doctrines hétérodoxes
a u
I'ADMFN^TNU?ON milieu du troupeau qui lui était confié, et jeté ainsi
e s
SACREMENTS. ' premiers fondements dc cette société janséniste qui est
devenue depuis la petite église d'Utrccht. Étant mort cn
LITURGIE EN LANGUE VULGAIRE 201
1686, Codde, oratorien comme lui, fut choisi pour lui I PARTIE
, A 1 ^ / i CHAPITRE XVIII
INSTITUTIONS
LITURGIQUES
concertèrent ensemble le plan d'une nouvelle Liturgie qui,
tout en conservant les avantages des livres dc l'édition de
H a r l a y , quant à l'isolement à l'égard de Rome, offrit un
modèle vivant de la transformation qu'on projetait. Le
Missel de Troyes que Petitpied rédigea depuis, n'était,
comme on va le \ o i r , qu'une initiation, pour ce diocèse,
aux mystères de la Liturgie plus parfaite que l'église
d'Asnièrcs avait vu célébrer.
:
La Liturgie ae l n seul autel s'élevait dans cette église, décoré du nom
à Asnières, d'autel dominical, parce qu'on n'y devait célébrer que les
dimanches ct fêtes. H o r s le temps de la messe, cet autel
était tout aussitôt dépouillé, comme ils le sont tous, dans
l'Eglise latine, le jeudi saint, après l'office du matin. Au
moment d'y célébrer les saints mystères, on le couvrait
d'une nappe, ct alors m ê m e il n'y avait ni cierges ni
croix. Seulement, en marchant à l'autel, le prêtre était
précédé d'une grande croix, la même qu'on portait aux
processions ct la seule qui fut dans l'église. Arrivé au
pied de l'autel, il disait les prières d'ouverture auxquelles
le peuple répondait à \ o i x haute. P u i s il allait s'asseoir
dans un fauteuil, du côté dc l'épitre, et là il entonnait le
Gloria in excelsis et le Credo, sans les réciter ni l'un ni
l'autre, pas plus que l'épitre ni l'évangile. Il disait seule-
ment la collecte; mais, en général, il ne proférait aucune
des formules que chantait le chœur. Le pain, le vin et
l'eau étaient offerts au célébrant, cn cérémonie ; en quoi
il n'y avait rien de répréhensible, cet usage s'étant con-
servé jusqu'à cette époque, dans plusieurs églises de
F r a n c e ; mais, à cette oll'rande de la matière du sacrifice,
on joignait celle des fruits de la saison, qu'on plaçait sur
l'autel, malgré l'inconvenance de cette pratique.
Après l'offrande, on apportait dc la sacristie le calice
sans voile. Le diacre le tenait élevé conjointement avec le
prêtre, et disait avec lui les paroles de l'offrande, suivant
l'usage de Rome et de P a r i s ; mais ils prononçaient l'un
LITURGIE D E .IUBÉ, C U R E d ' A S N I È R E S 20'i
1
5° Retrancher dans le culte toutes les cérémonies, toutes PARTIE
- , , . . , , ^ . CHAPITRE XVIII
N O T E S DU C H A P I T R E XVIII.
NOTE A.
studio, in hanc partem sensim abreptus est. Plerique alii incerti et fluc- CHAPITRE X
NOTE »
Hoc autem non advertit autor ille, quantum tiuem orthodoxam con-
firme t sacrarum nuslrarum Iiturgïarum aniiquitas universalitasquc.
Siquidem litnrgiœ qua; a primis Ecclesiœ seculis, etiam longe anic
T II. 14
2IO AUDACE DE L'HÉRESIE JANSENISTE
INSTITUTIONS sanctum Gregorium, quœque in tota Ecclesia unanimiter leguntur,
LrT U I QUES
. f^ . fideni eamdem pretioso traditionis certœ monuincnto astruunt et contir-
jnanl. H arum testimonio contra quoslibet novatores tides catholica invin-
cibiliter aslruitur ct armatur ; fides, inquam, una et ubique et semper.
Si autem quœdam Ecclesia particularis hœc sacra monumenta suppri-
mit, arma quibus novatores iinpugnubat, deponit, et a manibus suorum
Jidclium removet.
O m e t ille suas novas liturgias canlicis belle ct déganter conscriptis,
textibus Scripturœ sacrœ ingeniosc inventis et concinne festis et solem-
nitatibus aptatis, quid sunt hœc etiam ingeniosa et elegantia, aut cujus
autoritatis, si comparemur iis quœ a quindecim seculis et amplius forsan
in orbe universo usurpata et décanta ta, fidèles omnes de cadem rtdc edo-
cent : Quilibet ex laïcis qua laie patet terra, audiens ca quœ cantantur
in Ecclesia quam fréquentât, sine labore cognoscit ubique et semper
uosdem festos dies, cadem myslcria celcbrata fuisse et ad hue eclebrari.
orbemque universum eamdcm fidem et veritates prœcipuasquœ in litur-
gfis cxprimtintur, profîteri unanimiter et professum fuisse simililer
iraditionc constanti et antiquissima.
Quod autem in Ecclesia particulari, antiquitate et univcrsalitate
spreia, de novo induceretur, non uliain sortitur autoritatem quam illam
quam a Prœlato suo mtituatur, errori sane obnoxio, et eo ipso obnnxio
quo sol us est, q u o nova întrnducit, q u o antiquitatem et universalita-
tem spernit. Quod au le m usu antiquo et universali consecratum est,
ab urrorc per promissa Christi scrvntur, atque in ipsa autoritatc Christi
fundatur, qui Sponsœ suœ semper assistons, ejus tidei per s un m verita-
lem, ejus administration! ut politicœ per suam prudentiam invigilat.
Aliud adverto quod grave est. Qui tôt innovationes in suam Iiturgiam
introduxit, muiando et delendo ea quœ ex liturgia ecclesiœ Romanœ
imitando mutuala crant, minime iniellcxissc videtur quis fuerit Patrum
nostrorum aninius in illa liturgiœ Romanœ îmitatîonc. Propter priniœ
Scdis honorcm, et ut cum illa sanctam unionem conglutinarent, illius
ri tus adoptandos senserunt, omisso propriœ nationis antiquo ritu, llinc
lac tu m est ut prisci ritus ecclesiœ Gallicanœ, Mozai'abicus in Hispania,
Ambrosianus in Italia ferc aboliti fuerinl, et oblivioni traditi. Sciebant
Patres nostrî" uniiatem in vera lide, ab unionu cum snneta Sede, et cum
(Christi vicario penderu omnino : atque î 1 las Ecclesias ab omni erroris
cl schismalis suduelione i ni m unes fore, quœ cum Rontana ecclesia.
omnium Kcclcsiarum maire et mug'*Lra centroque communi, conte-
nircnl. Ilœc unioejusdem liturgiœ usu coagmuntatur sorvaturque, atquc
toi mitionum diversarum l»cn dissitarum, s;epe bcllo adversarum, unio
snneta manil'criniui* per unitalem precum, lestorum, cultusquc publici.
(Mandatum J. J. Languct Archep. Saumon, de novo Missali
t Tvecensi.
Opp.j loin. H, pag. 12 51-1253.)
MISSEL DE TROYES 21 J
I PARTIE
NOTE C CHAPITRE XVIII
NOTE I)
INSTITUTIONS d o S U l l l p t a m .'
LITURGIQUES
> Cur sub obicntu hujus rcguiœ omnes antiqui Introitus, Gra-
dualia, etc., mutata sunt': Nonne ex Scrîptura sacra excerpta est magna
pars Introituum, Gradualium, ecterorumque Missœ canticorum in
Antiphonario S. Gregorii conservatorum r Tamen mutata sunt sub
specie majoris boni j quod bonum eo totum recidit ut Missali furtim ac
fraudulcnter insinuatœ novitates insererentur.
4° Nonne traditio est alia quœdam verbi dîvini species, fideique
régula? At quo monumento nobis tu n u s ct cflicacius exhibetur sancta
Traditio, quam his precibus in remotissima antiquitate compositis, uni-
\ersalîssima eonsuetudîne usurpatis, constantissima uniformitate con-
s e r v â t e s N o . i n c , licjt c\ ipsis Scrîptura; verbis desumptœ non sint illie
preces, cis ut Scripturœ sacrœ, servata tamen convcnienii proportione,
reverentia debetur a lidelibus : Plurïma sunt ridei nostrœ dogmata quœ
perspicue non cognoscimus, nisi ope Traditionis. Nulia porro clariora
sunt tutioraque monumenta quibus ea tueri possimus, quam Mis&tC
preces. Rcperiturne in sacris Scrîpturis dogma perfectœ integritatis
beatœ Mariœ, ut reperitur in precibus Ecclesiœ, a c prœsertim in his
\crbis quœ ieguntur in Jibris liturgicis S. Gregorii ; Post partwn Virgo
inviolata permansisti ? Nonne in sacra liturgîa reperitur probatio Tra-
ditionis Ecclesiœ cîrca eanonieiuitem sacrorum Librorum, aliaque p l u -
rinia
Cctcrum, et hœc est quinta nostra observalio, sœpe sœpius privati
ingenii commenta hac specie texluum Scripturœ vestiuntur, ct antiquis
illis precibus substituuntur. Verba quidem c Scrîptura sacra desumpta
s u n t ; sed arbitraria eorum accommodatio quibusdam festîs aut quo-
rum Jam sanctorum prœconiis, fœtus est privait ingenii
Qimntumlibet pulchrœ ct îngeniosœ \ideantur istœ allusiones, non exhi-
bent naturalcm sensum illorum Scripturœ textuum, sed merumsensum
autoris qui cas e x c o g i t a \ i t . Si autor ille n u p c r r . s est, s i sine nomine, si
nullam nisi. in una dûucesi autoritatem habet ; quod pondus, quam
v i m ingenii sui lictihus addere poterit ' Nonne multo plus autoritatis
atque utiiilatis habclv.im simplices e t inornatœ veteris liturgiœ preces.
licct C N Scripturir> s a c r i s excerptœ non sint
Neque tamen nobis est animus acconiniodatîones et allusiones illas
crmdemnaiv. Ipsorum c n î n i SS. PI*, excmplo defenduntur. Sed conten-
dimus Ecclesiam non dîtari, cum anlïqua cantica supprimuntur, ut i n
eorum locum substituanlur allusiones in\enti recentioris ; quin potius
cam scandali/an, cum adhibentur accommodattones quibus Scrîptura
ad sensus alienos, e L interdum suspeclos, atque in lîde periculosos
deiorqucttzr. Ac q u i s es! qui ncscKH, s i c mulilatis falsoque translatis
r<acrarum I.ibrorum textibus, qucmlibcl errorem i p s i s Scripturœ verbis
insinuari a c doccri possc 'i Excmpla referre supervacaueum est. l ' n » -
cuiqueenim in nientem facile \ c n i c n l . (Ibidem, pag. iX-ii-il-î?;».'
MISSEL DE TROYES 313
î PARTIE
NOTE E CHAPITRE xvm
Etenîm quo tôt novitates possunt duccrc i Quis crit iilarum fui.tus
scu terminus? Non nisi timoré perciti, pro vobis, pro Ecclesia a longe
prospïcîmus. Jam apud vos et a plurîbus in ter vos snneta! ScdisDscreta
contemnuntur. Vobis suadetur, et fere solis in orbe, super summi
Pontificis errores et super Ecclesiœ universœ tenebras ingemisecre. Sedes
apostolica quœ centrum est necessarium catholicœ communionis, vobis
exhibetur quasi erroribus tradita ; cxhibenlur episcopi qui cum ea
concurrunt in codem decreto publienndo, ul a fide déficientes, et cam
deserentes. Et non sine horrorc legimus quod apud vos Libri ecclesiœ
Romanœ liturgici nominantur Libri exotici, quasi si ecclesia Romana
mater alicûi ex Christianis posset repu ta ri exoiica, et thronus in quo
sedet pater communis iidelium, cuilibetex Illi i s amplissimœ suœ familiœ
reputari posset exoticus.
Frustra filiis qui patrem communem aut ignorant aut respuunt,
exhibemus célèbres illas sponsioncs quibus Christus corpori primorum
Pastorum sese quasi oppignoravit, promittens ci docenti adfuturum
omnibus diebus usque ad consummationcm scculi ; ac proindc sine i n ter-
miss ion « et sine fine. Frustra fidelium nduciam excitamus erga com-
munem Ecclesiam quœ ceterarum mater est quia genuit, ct magistra
quia edoect. Frustra illud obtrudimus ex E\angelio in quo Christus
testatur se rogasse pro Peîro ut non dcjiceret cjusjides, atquc prœccp-
tum illi impositum confirmandi fratres suos. Hœ sacrœ voces quœ
omnibus seculis teneram ct h u m i l e m riduciam générant in corde fide-
Hum erga Pastores suos, ac prœcipuc erga priinum et Pastorum Pas-
torem ; hae veritates obsolescunt et vix audiuntur. Quilibet suis prœ-
judiciis inhœret; et suam sîbî rldem et fideï régula m prœscribït. Intcrca
in tan ta opinionum et disputationum discordia, vobis exhibentur cul-
tus exterioris partes singulares et novœ : cujus discrepantia ad divisio-
nem tendit, et eam in externo cultu sensibilem et palpabilem reddet
quœ denique multorum pietatem offendet, et corum indignationem exci-
ta n do, schismatis aliquando portani aperiet. Porro aveUendo vos ab
Ecclesia matre, et ab ejus liturgia et decretis simul avertendo; novi
duces illi quo trahent vos r Protestantes qui inter nos adhuc vivunt,
his novitatibus plaudent, et facile sperabunt illos qui jam dogmata ab
Ecclesia damnata et Calvinistarum erroribus vicina defendunt, per
ritus exterioris immutationem propius ad illorum communionem brevi
accessuros. Jam sœpius deelaraverunt palam se non haberc circa gratiam,
Hbertatem, bonorum operum meritum, prœdestinationcm, reprobatio-
nemque, cl officia charitatis, alia princîpîa ct dogmata quam ca quœ
Janseniani profitentur. Quid evenict si jam adeo per dogmata vicini,
viciniores riant, et sanctœ Sedis contemptu, et cultus exterioris immu-
tatione ? Si ut illi, unusquisque de sua lidc judiect, ct judicem contro-
214 AinACi; DK Ï/HÉRÉSIE JANSÉNISTE
NOTE F
PIUCSRI., N.N'STNISSIMK,
singularis novam induere Religîoncm non timebit. Hoc est quod erga i PARTIE
C H A p I T R E
omnia q u œ novatores tentare a g g r e d i u n t u r , nos attentos et cautos esse xvin
jubet. U t i n a m vanus nos incitet t i m o r ! etc. [Ibidem, pag. 1 2 7 1 - 1 2 7 2 . )
NOTE G
NOTE H
C H A P I T R E XIX
INSTITUTIONS
LITURGIQUES
Nous avons entendu Fénclon nous dire que ce prélat
« bienfaisant, pieux, digne d'être aimé dc tout le monde.
« manquait malheureusement dc science et laissait toute
« l'administration dc son diocèse aux seuls docteurs jan-
« senistes, lesquels faisaient l'objet de son admiration ( i). »
Cette pernicieuse influence fut prédominante dans la
rédaction du nouveau bréviaire. Il eut pour auteur Jean-
Le Brun Baptiste Le Brun Dcsmarettes, fils d'un libraire de Rouen
Dcstnarettcs,
janséniste qui fut condamné aux galères pour avoir imprimé des
appelant, livres en faveur de Port-Royal. Le fils élevé par les
auteur
du nouveau solitaires de cette maison, garda toute sa vie un grand
Bréviaire
d'Orléans. attachement pour ses anciens maîtres et pour leur doctrine;
attachement «qui l'entraîna dans certaines démarches par
suite desquelles il fut renfermé à la Bastille durant cinq
ans : encore n'en sortit-il qu'à la condition de signer le
formulaire. Il est vrai qu'il rétracta cet acte d'orthodoxie,
en 1 7 1 7 , et sc porta appelant de la bulle Unigenitus.
Étant tombé malade et craignant un refus des sacrements,
il se traîna à l'église pour faire ses Pâques, le dimanche
des Rameaux 1 7 ' $ ! , et mourut le lendemain. Il avait pris
Tordre d'acolythe et ne voulut jamais entrer dans les
ordres sacrés ( 2 ) . Ce fut d'un pareil homme que l'Église
d'Orléans consentit à apprendre la manière de célébrer
les louanges de Dieu (3). Il y avait en cela une humilité
sans exemple. Dans tous les cas, c'est un chose bien
curieuse, mais non pas unique, comme nous verrons
bientôt, que le clergé d'Orléans pût se trouver cn même
temps obligé par ses devoirs de refuser les sacrements à
Le Brun Desmarettcs, et d'autre part contraint d'em-
prunter la voix du même Le Brun Desmarettes pour
satisfaire à l'obligation de la prière publique.
ac e e r o n r e c e s
MTTJRGIQUES ^ ^ *' ^ ^ P ^ ^ belles paroles, d'abord,
] " que Luther, Calvin et Quesnel se sont exprimés cn des
^"ttctuéorî'c" ternies analogues sur la suffisance dc la Bible : que la
4
m u c s
"ï'Jcriturc* ^ liturgiques, ne peuvent déplaire à Dieu, auteur de
sainte. VEcriture, il n'est pas également évident que Dieu,a/t/<?//r
de la Tradition, doive voir avec faveur qu'on efface cette
Tradition, et, qui plus est, que d'innombrables passages
des Écritures choisis ct employés depuis tant de siècles, et
en tous lieux, dans les divins offices par l'Église, seul juge
et interprète de rÉcriture, cèdent la place à d'autres pas-
sages choisis aujourd'hui ou hier, pour l'usage de l'Église
d'Orléans, par un hérétique ; que le Bréviaire d'Orléans,
lui-mOme cn
1727.
depuis la reforme liturgique de M. de Harlaj', lorsqu'on
vit paraître à Paris- en 1 7 2 0 , un ouvrage portant ce titre :
Projet d'un nouveau bréviaire, dans lequel Y office divin,
sans en changer la forme ordinaire, serait particulière-
ment composé de VEcriture sainte, instructif édifiant,
dans un ordre naturel, sans renvois, sans répétitions
E T T R È S - C O U R T , avec des observations sur les anciens et
sur les nouveaux bréviaires. L'auteur était Frédéric-
Maurice Foinard, autrefois curé de Calais, connu d'ail-
leurs par plusieurs ouvrages, entre autres par une
Explication de la Genèse, qui fut supprimée à raison des
idées hasardées et singulières qu'elle se trouva contenir.
Foinard ne se contenta pas d'exposer sa théorie aux yeux
du public; il prit la peine de joindre l'exemple au pré-
cepte, et publia, cn 1 7 2 6 , un bréviaire exécuté d'après son
plan, où toute la Liturgie des offices divins avait été dc
nouveau élaborée ct soumise au creuset de son génie
particulier. Ne croit-on pas rêver, en lisant le récit d'une
pareille témérité? et peut-on se défendre d'un sentiment
dc tristesse, quand on pense que beaucoup d'Eglises cn
France, après avoir expulsé les antiques prières, en sont
réduites à emprunter dans les divins offices la voix dc
Foinard en la place de celle de saint Grégoire ? Car le
Influence
considérable bréviaire de cet auteur forme, en grande partie, avec celui
de cette
publication. de Cluny, le magasin où l'on a puisé la plupart des
matériaux employés dans la confection des bréviaires
c
du x v m siècle. Ce livre, qui ne trouva d'imprimeur
qu'à Amsterdam, était intitulé : Breviarium ecclesiasti-
cum, editi jam prospectus executionem exhibeus, in
PROJETS DE BRÉVIAIRE A PRIORI 225
c n
liturgique développé dans ce chapitre avait déjà vu le jour p^ je I 7
0
L
t
n s u n
e t
pour jamais la foi catholique dans notre patrie, c'est le , , , A
c s
* > , . . " hérétiques.
mesquin presbytérianisme, dont toute l'œuvre des nou-
velles Liturgies demeure à jamais entachée. La plupart
de ces faiseurs étaient des hérétiques, comme nous l'avons
dit, et comme nous le dirons encore en temps et lieu ;
mais de plus, ils étaient de simples prêtres, sans caractère
pour enseigner, sans mission p o u r reformer l'Église, sans
troupeau à gouverner en leur nom. Jusqu'ici nous avions
vu la Liturgie, soit dans l'Eglise d'Orient, soit dans l'Église
d'Occident, formulée, disposée, corrigée par les évêques;
e
228 SUITE L)E L'HISTOIRE DE LA LITURGIE AU XVJII SIECLE
UTrnOIQîMïS
Léon I I , saint Grégoire V I I , Paul IV, dans l'Église de
Rome;saint Ambroise,dans l'Eglise de Milan;saint Paulin,
dans l'Eglise dc N o i e ; Maximien ct Johannicius, dans
l'Église de Ravenne; Théodose,dans l'Église de Syracuse;
saint Paulin, dans celle d'Aquilée; Voconius, dans l'Église
d'Afrique ; saint Hilaire, saint Césairc d'Arles, saint
Sidoine Apollinaire, saint Venantius Fortunat, saint Gré-
goire dc T o u r s , saint Protadius de Besançon, saint Adel-
helme de Sée/, dans FEglise des Gaules ; saint Léandre,
saint Isidore, Conantius, Jean de Saragosse, Eugène II
de Tolède, saint Ildefonse, saint Julien de Tolède, dans
l'Église gothique d'Espagne ; saint Eusthate d'Antiochc,
saint Basile, saint Maruthas, saint Cyrille d'Alexandrie,
saint Jean Maron, saint André dc Crète,Corne de Maïuma,
Joseph Studite. George de Nicomédie, etc., dans les
Eglises d'Orient. La Liturgie est donc l'œuvre des évêques ;
ils f o n t rédigée,iixée en établissant [es Églises; c'est d'eux
qu'elle a tout r e ç u ; c'est par eux qu'elle subsiste. Les
diverses réformes de la Liturgie n'ont jamais été autre
chose que le rétablissement de l'œuvre liturgique des
évêques dans son ancienne pureté; de même que la réforme
de la discipline n'est que le retour aux constitutions apos-
toliques, ct aux décrets des conciles. On doit se rappeler
que le soin donné pat* Grégoire IX aux Frères Mineurs
ne regardait pas la composition de la Liturgie, mais une
simple épuration, dans le genre de celle qu'accomplirent
les commissions romaines nommées par saint Pie V,
Clément VIII et Urbain V I I I ; encore ces dernières ren-
fermaient-elles plusieurs membres revêtus dc la pourpre
romaine, ou honorés du caractère épiscopal.
Les évêques En France, au contraire, il ne s'agit point de corriger,
du xvnicsîecic dc mettre dans un meilleur ordre la Liturgie romainc-
r\Vmpiacelr française, ni dc rétablir l'antique ct vénérable rite gallican;
desaintGrégoirc il s'agit de donner dc fond cn comble une Liturgie à une
PROJETS DE BREYÏAIRF A PRIORI 2 2 Q
1
Église qui n'en a pas, et aucun évêque ne couvre de la PARTIE
1 m- ' i •* . . CHAPITRE XIX
e
et inouïe révolution, les évêques français du xvm siècle <*d« laïque*,
sc constituent sous la dépendance de simples prêtres qui se
sont érigés en législateurs de la Liturgie. Les plus justes
réclamations sont étouffées, comme on va le voir, et il
faut que saint Grégoire disparaisse avec tout l'imposant
cortège de ses cantiques séculaires, pour faire place à
des prêtres comme Le Tourneux, de Vert, Foinard,
Petitpied,Vigier« Robinet, Jacob; bien plus, à des D I A C R E S ,
comme J.-B. Santeul; à des A C O L Y T E S , comme Le Brun
Desmarettes et Mésenguy ; à des L A Ï Q U E S , comme Coffin
et Rondet !
Nous n'ignorons pas qu'il serait possible de montrer On ne peut
. . . .» alléguer
dans la Liturgie romaine certaines pièces, des hymnes en faveurde
. . . ces témérités
principalement, qui ont eu pour auteurs non-seulement rusage que fait
de simples prêtres, maïs des laïques même, comme Pru- romaine
d e uel ues
dence, Charlemagnc, etc. C'est à Elpis, femme de Boèce,. <-i <ï
1 r 7 7
, " hymnes qui ont
que l'Église romaine a emprunté en partie leshvmnes de J e s laïques
1
° jt - i - pour auteurs,
la fête dc saint Pierre et de saint Paul. Mais d'abord, à
l'Église appartient de choisir avec une souveraine autorité,
parmi les œuvres de ses enfants, celles qu'elle juge dignes
de servir d'expression à ses propres sentiments dans les
divins offices. Ajoutons encore que ces adoptions d'hymnes
ont eu rarement lieu du vivant des auteurs, mais souvent
plusieurs siècles après leur mort; que l'esprit de parti ct
de coterie n'y a été pour rien. Enfin, quand l'Église,
pour orner le texte d'un dc ses offices, daigne emprunter
quelque composition à un de ses enfants, elle ne déroge
cn rien à l'ensemble de sa Liturgie, qui n'en demeure pas
moins invariable dans sa forme traditionnelle. i/Ègiisc ne
L'Église, on a dû le voir dans tout ce qui a précédé, ne ""^iJfiljjf*
suî a lt
renouvelle donc point sa Liturgie, suivant les siècles. .\ 5 1
1 1
les siècles.
2 0O PROJETS DE BREVIAIRE
, J
L I T U R G I Q U E S
a u c u n
bréviaire T R È S - C O U R T . C'est dans cette intention qu'un si succès,
grand enthousiaste de l'antiquité que prétend l'être Mau-
rice Foinard. ne craint pas de proposer l'établissement
d'offices à six leçons pour les fêtes auxquelles on voudra
donner un rang médiocre. Nous ne connaissons qu'un
seul bréviaire dans lequel cette étrange forme d'office ait
été admise.
Maintenant, si on se demande en vertu de quel droit Foinard allègue
nos faiseurs imaginaient rendre licite un pareil boulever- u r l é g i t i m e r
po
a
c c s
sèment du culte divin, Foinard nous répond, ct cette r é - °cnts " L
n
C r s e
ponse a été souvent donnée, dc nos jours, avec tout autant , ' u . l a t o r i l é
7
* ' donnée sur la
d'irréflexion et d'un air tout aussi triomphant, Foinard L ituI
„ *F . P? ic r
, , . saint Oregoire
e
nous repond que saint Grégoire écrivit, au vi siècle, à le Grand à
& • A. ji* 1 1-1 1 r - . saint Augustin,
saint Augustin, apotre d Angleterre, qu il le faisait libre apôtre
d e
d'admettre dans le service divin les coutumes, soit des l A n
S l c t e r r e
*
Gaules, soit de toute autre église, si leur fusion avec
(il Page
238 PROJETS DE BREVIAIRE
( 1 ) T o m e I, p gos 1 7 ^ c l s u i v .
DE FOINARD ET DE GRANCOLAS
INSTITUTIONS ment. Ils sont des hommes, ils ont fait une œuvre hu-
LITURGI0.1"KS
parce c j u e l e s 1 1
INSTITUTIONS j même qui, après avoir suivi pendant douze ans la doc-
c
1 1
le Bréviaire de *
Le Brun Bréviaire que Le Brun Desmarettes avait rédigé par
1
Desmarettes cl , . . .
du cardinal Tordre du cardinal de Coislin. M. Fleuriau d'Arme-
de Coislin, cn - n i . . . , . 1 1 ,
faisant quelques nonvule s appropriait jusqua la lettre pastorale, par
Vid. tome I, page 4 4 0 .
BRÉVIAIRE PARISIEN DU CARDINAL DE NO AILLES 24'i
1
laquelle son prédécesseur avait promulgué la nouvelle
n r
PARTIE
. CHAPITRE XIX
forme de l'office divin, en I 6 Q 3 . Pour toute différence : -
entre les deux mandements, on ne trouve que la sUp- ^sp^re^ics'
pression de quelques phrases sans portée. Dans le corps u n
^hoiiq ue ,L P n t
en iyn, fatigua si
io"98ct longtemps de sa mesquine ct opiniâtre rébellion
c
C t
"en ? 7 o î ! ; ' Siège
S S u l
apostolique et la cour dc France, ne pouvait
C C U C
sous
Vivant,
t
manquer
n i c r u
Bréviaire de Paris
de laisser dans par
données les son
livres parisiens
autorité, celle quelques
dc ICMIS
pénitencier
la direction de de i d r n C G S c s o npassage. Nous trouvons deux éditions du -
1 n
François
Vivant, (i) Kquidem prise* Kcclcsiiu nostnu lege coaretiuis, juxta quam sine
pénitencier di
Notre-Dame. codice Oflicium nocturnum, diurnumque pcrsolvi consuevît, nova Rcs-
ponsoria, novasque Antiplionas pliiriinascx Scrîptura concînnandi nobis
copia non luit, ne toi mulationibus inlcrturbarctur Oflicium, et ab
«utiUe lenerrima choro nostro addielîs lierct ïmpossîbilis sacroruni canti-
corum praxis inexperta.
BRKVIATnE PARISIEN HT* CARDINAL HE KO AILLES 245
1
et celle de 1 7 1 4 , et une du Missel en 1 7 0 6 . L'édition du partik
1
l'avons remarqué, sont encore demeurés conformes, pour PARTIR
Cl
t 1 S
c l i ^ h u l l c ? I^^ris vers sa soixante-quinzième année. H o m m e de mé-
S
MTtMlOIQUKS
bulle ct en faveur de Pappel (j) en faisaient l'un des plus
célèbres champions du parti.
Un Le second des collaborateurs dc Vigier était un simple
simple laïque,
Charles Coflin, laïque. Charles Coilin, successeur de Rollin dans l'admi-
principal du
collège de nistration du collcge de Bcauvais, à P a r i s , et appelant
Bcauyaîs ct
janséniste comme son prédécesseur, s'était chargé de composer les
déclaré,
y compose les hymnes nécessaires pour le nouveau bréviaire. Nous
h ymnes
du nouveau mettons, certes, son mérite, comme hymnographe beau-
hréviaire.
coup au-dessus de celui de Santeul; il est d'autant plus
triste pour nous d'avoir à raconter jusqu'à quel point
il le prostitua. Mais si Phymnographc du nouveau
bréviaire était supérieur à Santeul p o u r le véritable
génie de la poésie sacrée, sous le rapport de l'orthodoxie,
il ollrait moins de garanties encore. Le poëte Victorin,
homme léger et sans conséquence, était, il est vrai, ami
et fauteur d'hérétiques ; Colfin, personnage grave et
recueilli, était hérétique notoire. C'était donc d'un homme
étranger à l'Eglise catholique, que l'Eglise de P a r i s , et tant
d'autres après elle,allaient recevoir leurs cantiques sacrés.
Les poésies d'un janséniste contumace allaient remplacer
les hymnes de l'Eglise romaine, que François de Harlay
et le cardinal de Noailles avaient du moins retenues
presque en totalité.
Le curé de Ce fait unique dans les fastes dc l'histoire ecclésiastique,
Saint-Ktiim nc-
du-Mont ct qui témoigne d'un renversement d'idées sans exemple,
cl l'arehcx cque
de Paris, est d'autant plus inexplicable que l'Eglise de Paris elle-
C h r i s t o p h e de
Hoamiionl, même, quand son hymnographe fut sur le point de
refusimt
les sacrements à mourir, cn 1 7 4 0 , lui refusa le baiser de sa communion.
Cofïin m o u r a n t .
Coflin mourut sans sacrements, et le refus que fit le curé
de Saint-Elicnnc-du-Mont dc les lui administrer, fut ap-
prouvé par Parchevèque Christophe de Beaumont. Et
l'Eglise dc Paris continua déchanter et chante encore les
INSTITUTIONS
Enfin, l'année i-'M) vit l'apparition de la nouvelle
uriïRCiiijrrcs
T. Il 17
258 MOUVEMENT NOUVEAU DANS LA LITURGIE
3
* des leçons.
« toutes les parties de l'office; persuadés, avec les saints
« Pères, que ces prières seront plus agréablesà la majesté
« divine, qui reproduisent non-seulement les pensées,
« mais la parole même de Dieu. » Les saints Pères dont
il est ici question se réduisent à saint Cyprien, qui, du
reste, ne dit pas le moins du monde ce qu'on lui fait dire
ici. Les saints Pères relèvent sans cesse l'autorité dc la
tradition, et l'on ne citerait pas un seul passage de leurs
écrits dans lesquels ils aient dit ou insinué qu'il serait à
propos "d'effacer dans les offices divins les formules de
style ecclésiastique, pour les remplacer par des versets
de rÉcriture. Si la parole de l'Église peut légitimement
trouver place dans les hymnes et les oraisons, en vertu
2t>0 MOUVEMENT NOUVEAU DANS LA LITURGIE
de samt Basile ^ comme ces docteurs, que le but est de faire qu'on
v r a
BRÉVIAIRE PARISIEN DE VINTIMILLE 261
ait plus de plaisir à réciter l'office de la férié que celui des * PARTIE
CHAPITRE XIX
d
bien autre que celle du Psautier romain; on en peut voir ï î ° H Y
n
1 eau
, bréviaire.
le détail dans les vies des Pères des déserts d'Orient; et
si saint Benoît divise les Psaumes en plusieurs sections, il
fallait dire aussi que les matines de son office se com-
posent dc douze psaumes, trois cantiques, douze leçons,
douze répons, l'évangile du jour tout entier, etc. Certes,
c'est un avantage réel de pouvoir parcourir le psautier
chaque semaine; mais, encore une fois, le Bréviaire de
Paris n'aurait pas obtenu un si brillant succès, si cette
division des psaumes ne Peut en même temps rendu le
plus court de tous.
« On* a conservé au dimanche sa prérogative d'exclure Au détriment
d u C u l t C
1 • - 11 • 1
« toutes sortes de ietes, si ce n est celles qui ont dans des saints le
1 1 T 'i t• 1 , , , , X T dimanche reçoit
« 1 Eglise le premier degré de solennité. » Nous sommes j e privilège
ici encore à la remorque des docteurs Foinard ct Gran- toutesfes fîtes
colas, qui avaient suivi eux-mêmes dom de Vert et Le n o s
J \ °L^™- J c ,ca
" « que l'on doit avoir dans les labeurs et les tribulations
« de cette vie. Enfin, le samedi, on rend grâces à Dieu
« p o u r les bonnes œuvres accomplies par les fidèles et
« pour la récompense qui leur est assignée. » C'est ici le
seul endroit des nouvelles Liturgies dans lequel on ait
voulu foire du symbolisme; mais pour faire du symbo-
lisme, il faudrait autre chose que de la bonne volonté.
On pourrait dire d'abord qu'il faudrait avoir vécu, il y a
dix siècles, surtout s'il s'agit de symbolisme sur une
matière aussi fondamentale que la signification des jours
de la semaine. 11 faudrait, en outre, que le fonds prêtât à
ce symbolisme; car il ne suffit pas d'attacher par ordon-
nance une idée à un fait; ce fait doit être par lui-même
une forme plus ou moins complète de l'idée. Certes, les
fidèles du diocèse de Paris ignorent profondément que le
lundi soit consacré à la bonté de Dieu, le mardi à la cha-
rité fraternelle, le mercredi à l'espérance, etc. On ne
s'occupe guère de le leur enseigner, et s'ils veulent eux-
mêmes consulter les anciens Liturgistcs sur les mystères
de la semaine, ils y trouveront tout autre chose. L'Église,
comme nous le dirons ailleurs, a attaché aux divers jours
de la semaine la commémoration de certains faits, parce
qu'elle procède toujours par les faits et jamais par les
abstractions. Nous reviendrons sur ce sujet; continuons
la lecture dc la lettre pastorale.
Suppression c< P o u r le rite de l'office quadragésimal, nous avons juoé
1 0 &
tics tetes d u r a n t . , '
le carême « équitable de rappeler l'ancienne coutume dc l'Église, qui
u r r
contraire à . , , . P i
l'esprit de « ne jugeait pas que la solennité joyeuse des fetess accordât
1 Eglise. ^ assez avec le jeûne et la salutaire tristesse de la pénitence.
« Beaucoup de diocèses nous avaient déjà précédé en cette
« voie; c'est à leur exemple que nous avons ôté du carême
« toutes les fêtes, à l'exception de celles dans lesquelles on
« s'abstient d'œuvres scrviles.» Ici, nous ne ferons qu'une
réflexion. Ou le Bréviaire dc Paris a atteint par cette
BRÉVIAIRE PARISIEN DE VINTIMILLE 263
1
mesure le véritable esprit de l'Église dans la célébration
X
M » ™
° / CHAPITRE XI3C
0
de celui , 9
à insinuer les de ses auteurs. D abord, toutes les hardiesses que nous
erreurs •
du temps, avons signalées dans le Bréviaire de Harlay s'y retrou-
vaient fidèlement; puis, on avait enchéri s u r l'œuvre de
la commission de 1 6 8 0 . Si les auteurs de la correction
du Bréviaire de Harlay s'étaient proposé de diminuer le
culte et la vénération des saints, de restreindre principale-
ment ladudévotion
torité Pontife envers
romain,
la sainte
ce plan
Vierge,
avait d'affaiblir
été fidèlement
l'au-
BRÉVIAIRE PARISIEN DE VINTIMILLE 2Ô5
j C S U S ~ v j nrisc
bant desperare pro quibus in Cruce pendens Dominus est p o u r tous les
hommes.
dignatus or are.
P o u r favoriser le damnable système qui prétend que Suppression
J 1 r 1
de trois
les commandements ne sont pas toujours possibles, et que passages des
s a i n t s P è r e s
' * . • • j.i * • ' • • r •
i o n ne résiste jamais a la grâce intérieure, on avait fait contraires
disparaître de l'office de saint Jacques le Majeur une a
d * la^ccte'*
homélie de saint Jean Chrysostome, parce qu'elle conte- iimpuîssanœ
nait ces paroles : Christus ita locutus est ut indicaret ^obse^veHes
c o m m a n t 1 e
non ipsius esse solius dare, sed eorum qui decertant acci- -
7 1
•* t ments
pere. Nam si solius esset ipsius, omnes homines salvi et l'efficacité
. , absolue de la
lièrent, et ad agnitionem ventatis venir eut. grâce.
A la fête de sainte Agathe, une autre homélie du même
nobis
saint ces
lisait docteur
auxilio
motsopus
avait
: Quod
esse
pareillement
ideo
(quoddixit,
quidem
disparu,
ut ostenderet
omnibusparceilludpeten*
supertore
qu'on v
266 MOUVEMENT NOUVEAU DANS LA LITURGIE
— evadere.
O n avait retranche pareillement la deuxième leçon du
lundi dc la Pentecôte, qui renfermait ces paroles : Ergo
quantum in medico est sanare venit œgrotum (Christus).
Ipse se inlerimit qui preecepta medici servare non vult.
Salvari non vis ab ipso : ex tejudicaberis.
Suppression Dans la deuxième leçon de l'office de saint Léon, des
d U
saintLéon, d e
paroles de ce saint docteur, qui semblaient mises là tout
^lïsoîfmissicm exprès pour commander l'acceptation du formulaire et la
aux décisions du s o u m i s s i o n à la Bulle, avaient été effacées. Mais aussi 7
Saint-Siège,
combien elles étaient expressives ! Damnent (hœretici)
aperiis professionibus sui superbi erroris auctores, et
quidquid in docirina eorum universalis Ecclesia exhor-
tant detestentur; omniaque décréta synodalia quœ ad
excisionem hujus hœreseos Apostolicœ Sedis conjirmavit
auclorilas, amplecti se et in omnibus approbare, plenis
et aperiis ac propria manu subscriptis protestationibus
eloquantur.
Altération U n passage dc la troisième leçon de saint Martin, pape
de la léçcndodc . , . ^ . . .
saint Martin, et martyr, avait également disparu. O n en devinait sans
pap^a^mauyi, p j j
C i n cquand on sc rappelait qu'il y était parlé
a r a s o n ( )
d u
I e
Silence de Ledit de l'empereur Constant, qui prescrivait le silence
respectueux. s u j q t i n s de la foi, et de la résistance du saint
r e s U C S 0
7
. . , , CHAPITRE XIX
d 50
voulait faire l'application aux prodiges du Bienheureux jJ ^f^
Diacre, des hérétiques.
Les additions et insertions faites au nouveau Bréviaire Prudence
cs
. , , . . ° - rédacteurs
parisien,dans un but janséniste, étaientnombreuses : mais, du nouveau
, . , bréviaire dans
en gênerai, elles étaient prudentes, et les précautions les additions
/ , - n r <_ suggérées
avaient ete prises, au moins d une certaine laçon, contre p a r leur cêpm
les réclamations des catholiques. C'est le propre de l'hé- an
J semste.
résie de procéder par équivoques, de se retrancher dans
les sinuosités d'un langage captieux. Languet, dans sa dis-
cussion avec l'évêque de Troyes, a trop bien démasqué les
artifices liturgiques du jansénisme pour que nous ayons
besoin de faire ici autre chose que citer des exemples tirés
du Bréviaire de Vigier et Mésenguy.
G
On sait que durant la première moitié du xvm siècle, Les répons du
les jansénistes, déconcertes de leur petit nombre compa- après
» 1^ l^entccôtc
rativement au reste de l'Eglise qui avait accepté la Bulle, consacrés '
imaginèrent de se faire un mérite de ce petit nombre, espérances^îa
se e
prétendantque la visibilité del'Églises'était obscurcie,que tutendaît *
ri0I hc
^j 0
du dimanche . . , „ .,_«, . .
main, ct dans laquelle ILglise remercie avec tant de no-
contient u n vers
îMntention est blesse ct d'onction le Créateur, pour le don sublime de la
quoique lumière physique, et lui demande la lumière des âmes,
a v a
emprunté mot ^ ^té supprimée. En place, on lisait une hymne dc
C
7 r 0 7
a saint Paul. ° ;
mais, à la dernière strophe, un vers avait été lancé à des-
sein. On y demandait à Dieu qu'il veuille nous adapter à
toute espèce de bien. Adomne nosapta bonum.Sans doute,
BRÉVIAIRE PARISIEN DE VINTIMILLE
1
cette expression est de saint P a u l : mais il y a longtemps P A R T I E
les hommes. h
r a cî Redemisti N O S , Domine, Deus veritalis.
e t ( s ; Écou-
tez maintenant Vigier et Mésenguy : Redemisti ME, Do-
mine, Deus veritalis. La rédemption, suivant eux, n'est
pas une faveur générale; le Christ n'est pas mort pour
tous. L'Église ne peut donc pas dire : Redemisti nos! Que
si vous leur reproche/ l'altération du répons, ils vous di-
BRÉVIAIRE P A R I S I E N D E VINTIMILLE
ront qu'ils n'ont fait que rétablir le texte sacré; que dans
1
* PARTIE
7 1
^ CHAPITRE XIX
l'Écriture il y a redemisti me. — Sans doute, ct c'est
pour cela même que l'Église, interprète dc l'Écriture, crai-
gnant qu'on tirât de fausses conséquences, avait dit : i?<?-
demisti nos. Dans la Liturgie, il arrive sans cesse que des
passages de l'Écriture sont interprétés, adaptés pour la
nécessite du service divin. Les nouveaux livres ont eux-
mêmes retenu un certain nombre dc prières dans lesquelles
les paroles de l'Écriture ont été modifiées par l'Église. Ils
en ont même dc nouveaux, composés dans le mêmegout.
Après lc répons bref, le Bréviaire romain, toujours at- Le verset ainsi
tentif à nourrir les fidèles de sentiments affectifs et propres la^même ra?son.
à entretenir la confiance,avait ajoutécette touchanteprière
dans le verset :
Custodi N O S , Domine, ut pupillam oculi; sub timbra
alarum tuarum protège NOS.
.C'est la même intention que dans le redemisti NOS. Lc
nouveau bréviaire, toujours d'après le même système, in-
dividualisant la rédemption et ses conséquences, avait mis
sous le même prétexte de l'intégrité du texte sacré : Cus-
todi ME, protège ME.
Mais voici quelque chose de bien plus fort, ct en quoi J L'antienne
1 r 1 1
^ t t du cantique de
apparaît merveilleusement l'intention des novateurs dans siméon
t i T IT% i- • * i . i supprimée pour
tout cet ensemble. L Eglise romaine, après re cantique dc taire place à
r>. , i i i i i r A un texte qui
bimeon, mettait dans la bouche de ses enfants, prêts a sc confirme
1
livrer au repos, une antienne composée dc ces touchantes a n
mcnt f i s e
"
parole^ : Salva nos, Domine, vigilantes; custodi nos dor- a b
V oionté l a
d c
face. Le nouveau bréviaire, après avoir expulsé cette pieuse 1
^jÇîJJc aance
s o n
l'Église : ceci dit tout. Il n'est donc même pas nécessaire apposition
0 r
obstinée
de rappeler àson propos les notes fixées par saint Bernard, à rÉgiisc.
dans sa fameuse lettre à G u y , abbé de Monticr-Ramey,
et dont nous avons fait ci-dessus l'application à Santeul.
Au reste, ce dernier hymnographe triomphait dans le Santeul o b t i e n t
nouveau bréviaire, à côté de Coffin; il y avait obtenu une ic nouveau
plus large place que dans celui de Harlay. On remarquait p i ^ i a r g e p\l%
278 MOUVEMENT NOUVEAU DANS LA LITURGIE
que dans
Marc ct de saint Luc,. ct
,
les jansénistes se délectaient dans
celui de Harlay. la lamcuse strophe citée plus haut :
Insculpla saxo lex vêtus
Prcecepta, non vires dabat :
Inscripta cordi lex nova
Quidquid jubet dat exequL
bréviaire au
nouveau
„ j bréviaireavaient
auteurs avait traité
pris leà culte
tachedes saints, onsur
d'enchérir dirait
les
eu ltc des saints. 1 -i
témérités de François dc Harlay. Déjà, nous avons vu
Prédominance combien le système de la prépondérance du dimanche sur
du dimanche 1 1 n -r ^
s u r presque toutes les ictes occurrcntcs, a moins qu elles ne lussent du
toutes les fêtes j * » j * j ^ ï
occurrcntcs. premier d e g r é , système admis dans tous les nouveaux
bréviaires ct dans celui de Paris cn particulier, enlevait
de solennité au culte des saints ; combien, sous couleur dc
rétablir les usages dc l'antiquité, il était cn contradiction
avec l'Église romaine, à qui il appartient d'instruire les
autres Églises par ses usages. Encore on ne s'était pas
borné ù établir une règle aussi défavorable a u culte des
saints, lc calendrier avait subi les plus graves réductions.
Nombreuses En janvicr,on avait supprimé les octaves de saint E t i e n n e ,
supprimées, de saint J e a n , des saints Innocents et même de sainte
BRÉVIAIRE PARISIEN DE VINTIMILLE 279
1
Geneviève, la fcte de sainte Émércntiennc ct l'antique
7
PARTIE
t * CHAPITRE XIX
d c s n v e a u x
1 5 4 8 , était applicable de mot à mot aux nouveaux offices. ^ 0 f l e s
t o u ^ c e ^ u Y p e u t crainte a été cause que Ton a gardé lc silence sur les stig-
0
* i " ! ^ ' ! , ^ 1
mates de saint François. C'est sans doute dans une sem-
i\ l C i ^ t i l (.1 t i c s '
tout. Or, c'est dans les églises que le culte des saints se i PARTIE
d c l a t é
fond sentiment de tristesse. On peut dire que c'est là la P^
x
, _ envers la
grande plaie des nouveaux bréviaires, ct les gens les plus sainte Vierge.
bienveillants, o u , si l'on veut, les mieux prévenus, sont
bien obligés de convenir que les rédacteurs ont eu Vin-
tention expresse de diminuer les manifestations de la piété
catholique envers la Mère de Dieu. Nous avons raconte
les attentats sanctionnés par François de Harlay, dans le
bréviaire de 1 6 8 0 ; mais du moins, dans ce livre, on avait
gardé des mesures : on n'en gardait plus dans le Bréviaire
de 1 7 3 6 . Voici d'abord comment avaient été déshonorées L'hymne
les hymnes les plus chères à la piété catholique. Com- stciia, odieuse
mençons par YAve, maris Stella. Cet admirable cantique ^arce^u'eUe 0
284 MOUVEMENT NOUVEAU DANS LA LITURGIE
INSTITUTIONS q j f ji; \
1
U a a j j
0 c c t la consolation de l'Église, exprime avec
LITURGIQUES ' t
r
' . t i t r e de M è r e
reçus par Elle au moment de leur mort. d e l àdécerné
§ràce et de
A
* la miséricorde,
à Marie.
Texte de VÉglise romaine Texte de Coffin, dans le
conservé par François de Bréviaire de Vintimille
rU
Harlay. (i édition).
I N S T I T U T I O N S Maria, m a t e r g r a t i s , E t n o s Dei V i r g o p a r c n s ,
L I T O R O I O O K S Mater misericordia,', V u l t u b c n i g n o respicc :
T u n o s ab h o s t c protège P l a c a b i l e m tua prece
Kt h o r a m o r t i s suscipe. Fac esse n o b i s filium.
n'avait pas cru pouvoir déroger. Non-seulement les famcu- > j — T ofl cc d c
c o à
d'Éphèse et de Chalcédoinc, avaient disparu jusqu'à la der- i™^^
d
nière syllabe; mais, parmi les textes des saintes Écritures ?s conciles
, - - . 1 1 • 1 vi ' * A ^Ephèse et de
qu on avait mis a la place, rien ne rappelait la mémoire de Chalcédoinc.
l'antique solennité qui consacrait depuis tant de siècles le
jour des Calendes de Janvier au culte dc la Mère de Dieu.
Lc deuxième jour de février, quarantième du divin En- Le nom d e l à
. . . 7 . , sainte Vierge
fantement, continuait d être désigne sous ce nom : Pré- maintenu par
seniation du Seigneur et Purification de la sainte îc'tUrcd^îa
Vierge. Cette hardiesse, qui avait passé du Bréviaire de Ja puruication
Cluny dans la plupart des autres bréviaires français, de entfc'rcmc^t de
1O80 à 1 7 3 6 , se faisait aussi remarquer dans le nouveau n^nnondlrtion
calendrier. Du moins, la désignation de cette fête était
encore remarquable par le nom dc Marie, qui continuait
toujours d'être exclu du titre de la fête de l'Annonciation.
C'était toujours Annunciaiio Dominica, Y Annonciation
de Notre-Seigneur, que bientôt, dans d'autres Diocèses,
on appela l'Annonciation et l'Incarnation de Notre-
Seigneur, ou l'Annonciation de l'Incarnation de Notre-
Seigneur. La France presque tout entière était donc La France
destinée à perdre cette magnifique solennité de la Mère solennité, qui
, • 1 1 / est le fondement
de Dieu, qui lui fut si cherc a ce titre dans le passe, et de la gloire
que l'Église romaine regarde encore et regardera toujours prérogatives
comme le fondement de la gloire de Celle qui, seule, a Mwede^ieu.
détruit toutes les hérésies dans le monde entier. Au reste,
un grand nombre de fidèles de France, ceux qui sont
membres des pieuses associations que le Siège apostolique
a enrichies de ses faveurs, n'ont point cessé de demeurer
288 MOUVEMENT NOUVEAU DANS LA LITURGIE
e n u n c seulc
R o m e , et au 2 2 février, la Chaire du même apôtre à *
Antioche, pour honorer le souverain Pontificat qui avait
eu son siège successivement dans ces deux villes. C'était
trop pour Vigier et Mésenguy, d'employer deux jours dc
l'année à la confession d'un dogme aussi odieux à la secte
que Test celui de la principauté papale. Ils avaient donc
réuni les deux Chaires en un même jour, et brisé encore
sur ce point avec Rome et toutes les Églises qui la suivent.
L'invitatoire des matines était aussi fort remarquable. En
place de l'ancien qui était ainsi conçu : Tu es Pastor ^^atTnes
r
ovium, Princeps Apostolorum, tibi tradidit Deus claves p ^ ^ f
ex t p
regni cœlorum, on avait substitué celui-ci : Caput corporis ^ ™^ *° u en
T . 11 19
2g0 MOUVEMENT NOUVEAU DANS LA LITURGIE
dire que Coffin avait fait les frais de toutes les nouvelles,
et quant à la division du Psautier lui-même, elle était, à
peu de chose près, celle de Foinard, dans son Breviarium
c
Ecclesiasiicum. Au iv siècle, saint Damase et saint
Jérôme s'étaient unis pour déterminer la division liturgi-
que du Psautier. L'Eglise de Paris, quatorze siècles après,
voulant donner une'nouvelle face à cette grande œuvre, se
recommandait à Vigier, a Méscnguy, à Coffin, lesquels,
pour toute tradition, consultaient le docteur Foinard !
Les a b s o l u t i o n s Parlerons-nous des absolutionsjct desbénédictions qu'on
et les t '
bénédictions,
avait empruntées à l'Ecriture sainte, et dont la longueur,
c 1
e n style S i
phrase obscure contrastaient si fortement avec les an-
a
présentait pas un seul office qui n'eût été refait, et même, la du^ouveau
plupartdu temps, en entier. Les fêtes de Noël(i),dePâques, refait en entie
de la Pentecôte, n'étaient plus célébrées par les mêmes
chants. L'avent, le carême, le temps pascal, avaient vu
sacrifier leurs innombrables répons, antiennes, versets,
leçons ; à peine une centième partie avait été conservée.
Mais ce qui était le plus grave et en même temps le plus
affligeant pour la piété catholique, c'est que l'office des
trois derniers jours de la semaine sainte avait été entiè-
rement refondu et présentait, dans sa presque totalité, un
aspect différent de cet imposant corps de psalmodie et de
que deux articles sur lesquels eût été conservée fidèlement eccf|siaVtiquc
l'ancienne forme. C'étaient la Bénédiction de la Table . d"}*!* .
Bénédiction d
et ^Itinéraire. On avait été tolérant jusqu'à laisser, dans la table
'Itinéraire
la première, les paroles Mensœ cœlestis participes, etc., échappent
296 MOUVEMENT NOUVEAU DANS LA LITURGIE
m s a v e c
^motffs ^ 08
précision ct vigueur les motifs de cette opposi-
t e l'opposition i d laquelle se réunissaient les corps et les personnes
t o n a n s
n
des catholiques. r r
que Paris et la France entière connaissaient pour être les
plus intègres dans la défense des décisions de l'Église con-
tre lc jansénisme. Les Nouvelles ecclésiastiques attribuè-
rent cet écrit à Gaillande; mais, suivant l'Ami de la Reli-
gion, il avait pour auteur le P. Claude-René Hongnant,
( 1 ) L'Ami de la Religion, tome X X V I , page 2 0 2 .
jésuite, un des rédacteurs des Mémoires de Trévoux (1).
RECLAMATIONS DU CLERGE
297
1 P A R T I K
Ouoi qu il en soit, le scandale monta bientôt à son
« . . C H A P I T R E XIX
de la part des prêtres les plus vénérables ct d'ailleurs les brévïa?« pour
plus attachés à sa personne. Rejeter avec éclat un bréviaire u n
S
g o pposîtîon
qu'on avait annoncé au diocèse avec tant de solennité, menaçante,
était un parti bien fort et qu'on ne pouvait guère espérer
d'un vieillard qui, d'ailleurs, eût trouvé sur ce point une
vive opposition dans la majorité de son conseil. Dans le
courant du mois de juillet, le prélat réunit une commis-
sion composée de l'abbé d'Harcourt, doyen de Notre-
Dame, le même qui avait fait choix dc Vigier pour la
rédaction du bréviaire; l'abbé Couet, autrefois grand
vicaire du cardinal de Noailles, ct connu pour ses liaisons
avec la secte à laquelle avait si longtemps appartenu cet
archevêque ; les abbés de Romigny, Joly de Fleury, dc
La Chasse, et enfin le Père Vigier lui-même. On n'avait
pas, sans doute, ose inviter Mésenguy : les deux grands
298 JJRl': VIAIRE PARISIEN DE VINTIMILLE
du bréviaire *
avec cinquante bréviaire, toujours sous la même date de 173(5, et on prit
cartons environ. . . , t 1 1
des mesures pour arrêter le débit dc la première dont les
exemplaires, par suite de cette mesure, sont devenus ex-
trêmement rares. Au reste, on ne fit que cinquante cartons
environ, ct les corrections ne furent pas très-nombreuses.
La plus remarquable fut la suppression dc Y Ave, maris
Stella, arrangé par Coffin, ct le rétablissement de cette
uAve, maris hymne dans son ancienne forme. On rétablit l'homélie dc
stelia " ,
rétabli dans sa saint Jean Chrysostome, qui avait été supprimée dans
forme ancienne. . . ,
1 office de saint Jacques le Majeur. On fit disparaître le
canon du troisième concile dc Tolède, placé à prime du
Mardi de la quatrième semaine de carême, etc.
Le tond du II était aisé de voir que ces légers changements, par
1
bréviaire . .
et mCme des lesquels on voulait donner quelque satisfaction aux catno-
spjdalulncnt liqucs, n'atteignaient point le fond du bréviaire lui-même,
rcitenïïntacta. et laissaient même sans correction plusieurs des passages
qui avaient excité des réclamations spéciales. Il fut im-
(1) Nouvelles ecclésiastiques, a8 juillet 1731Ï. Ami de la Religion.
Ibidem,
RÉCLAMATIONS DU CLERGÉ 299
INSTITUTIONS « m a pi
L
u m c dans le fiel amer que présente Terreur ou la
1 1
LITURGIQUES
' ti séduction.
L'intérêt « Si j'ose aujourd'hui vous faire d'humbles représen-
te lïi religion . . „
et de la g l o i r e « tations et me plaindre de vous-même a vous-même,
îe'port^scul « c'est l'intérêt de votre gloire qui m'inspire, c'est lc zèle
a parler. <( de cette religion que vous aimez, que vous soutenez,
« que vous avez toujours si glorieusement défendue. Dai-
« gnez un moment jeter les yeux sur ces réflexions simples
« et naïves. Q u e lc titre ordinairement odieux de Remon-
« irance, sous lequel je l'annonce, ne me ferme point,
« chez Votre Grandeur, u n e entrée qui ne fut jamais
« refusée à personne.
La publication « Il en est de différentes espèces, selon la différence des
du bréviaire, , r . . , A , r ^
seule démarche « motifs qui font agir, d intérêt ou de fanatisme. Quoi
du^rliatqui « qu'il en soit, daignez lire celle-ci avec cette bonté ordi-
"nîpprobation" tc
nairc qui nous charme. Si par hasard elle n'est appuyée
publique. (( s ufondement solide, qu'importe à votre gloire !
r a u c u n
« leurs cœurs.
« Oui, Monseigneur, le bréviaire que vous leur avez ^ bréviaire
• . . . î . . nouveau détruit
« mis entre les mains ne convient ni a leur religion, m à ce que
_ . ... l'archevêque
« la votre. Il détruit ce que vous leur enseignez et ce qu ils leur enscignect
-.•c. c "i J a. i ce qu'ils croient.
croient. Et que faut-il donc enfin pour vous le persua-
« der? Tout parle contre lui : son histoire abrégée suffira
« pour la conviction la plus sensible et la plus palpable,
« Le père de cet ouvrage informe est un prêtre de l'Ora-
« toire, zélé par goût autant que par état pour un parti ph^^^phe
& qu'il aurait autrement défendu que par la composition «lu nouveau
* , , . . . i j i - j bréviaire sont
« d un bréviaire, s il avait eu plus dc lumières ct de deux jansénistes
, T 1 , . . . . t . . . notoires.
« talents. Il s est associe depuis, pour la composition des
« hymnes, un prétendu poëte plus connu par son appel
« au futur concile que par ses poésies, plus occupé à
« fomenter les nouvelles erreurs dans son collège, qu'à y
« faire fleurir les bonnes moeurs et les belles-lettres.
« Il y a plus de quinze ans que ce fruit conçu dans les Coiruit, t
, . , t, * conçu depuis
« ténèbres était en état de paraître; mais il fallait trouver plus de
* , . i * i A * > quinze ans dans
« un protecteur a l'ombre duquel il put impunément les ténèbres,,
« braver le grand jour, et quels efforts n'a-t-on pas mis 1ic^ourftirte n ir
a 1 , a r c h e v c t u c
a alarmes qu'elle causerait. Elles sont parvenues jusqu'à ï -
« vous, Monseigneur, et ce sont des faits que vous ne pou-
« vez dissimuler. Vous n'ignorez pas que l'acceptation du L'acceptation
« bréviaire par vos bons diocésains, est un sacrifice forcé e s ^ u n ' V a c T h k c
« de leur soumission au poids de votre autorité. Le sémi- p a ^ i w o d t é
« naire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet n'a point caché ? , , P ! . s c
u r é a t à
i set» d i o c é s a i n
« ses justes r é p u g n a n c e s ; mais le curé ayant voulu abso- Ciîl
holiques.
« lument qu'il fût chanté dans son église, il n'a pas été
« possible de lui résister.
« Les prélats qui vous avaient promis de se joindre à L'évêque
j / . de Valence, Je
« vous commencèrent a se dégager d une parole que leur chapitre
« conscience ne leur permettait pas de garder. M. PÉvcquc et î e ^ p r ^ î a t s
« de Valence comptait d'adopter le nouveau bréviaire; il a ^"prornSs" 1
c i ai i_nc\ e q u e ,
« Le chapitre dc Lodève était près de l'accepter dc la main ^"dégager *
« de son évêque ; aujourd'hui il est déterminé à ne jamais deieur'parole.
« souffrir que le diocèse en soit infecté, et ce changement
« est le fruit de la lecture que quelques-uns d'entre eux
« en ont fait.
« M. l'Evêquc de La Rochelle a avancé dix mille livres; Avance d'une
* grosse
« mais on ne doute point qu'il ne les sacrifie généreuse- somme d'argent,
« ment, plutôt que de faire un présent si funeste à ses i cvûquVde la
,• / Rochelle
« diocésains. P o l i r l e s f r a i s
tournait o i r
de leur côté. « votre personne ct à votre autorité, et qui, depuis votre
« arrivée à Paris, n'ont cessé de la défendre contre les
« novateurs. Qui sont maintenant ceux qui en prennent
« la défense, qui sont empressés à le faire chanter, qui
« disent que c'est un coup du ciel'que ce bréviaire paraisse
« sous votre nom ? Ce sont ceux qui sont révoltés contre
« l'Eglise et ses décisions, ceux qui n'ont cessé de vous
« déchirer dans leurs libelles, ceux qui ont tout mis cn
« œuvre pour noircir votre réputation et déshonorer votre
« épiscopat, ceux,en un m o t , q u e vous avez toujours paru
« regarder comme hérétiques. Il ne vous convient pas de
« vous déclarer ni contre les premiers, ni en faveur des
« derniers; et cependant c'est ce que vous paraissez faire,
« lorsque vous soutenez lc bréviaire et que vous vous
« engagez à lc soutenir t o u j o u r s ; vous donnez lieu aux
« Appelants dc dire, comme ils le disent cn effet, que
« vous tournez de leur côté.
« Telles étaient, Monseigneur, les réflexions de ce ma-
« gistrat dont vous estimez la religion, la droiture et les
« lumières.
L'ouvrage « Voilà, ce me semble, p o u r toutes les personnes non
porte , , ... . . .
en l u i - m ê m eprévenues, des preuves assez solides; mais on n aurait
«
a s
condamnation, « P absolument besoin de tous ces a r g u m e n t s étrangers,
'rerraïchcjncnts " puisque l'ouvrage dont il s'agit porte d a n s lui-même sa
des passages condamnation, pour quiconque se donne la peine de
K
e r r e ucontre
décisifs rs. 7 1 1 A r
1
« sc mettre sur les yeux u n bandeau volontaire, pour ne ^^«RANCIICR
1
(t pas apercevoir u n objet réel qui blesse la vue. Or, dans ^ S S C LES
« dételles circonstances généralement avouées, comment CATHOLIQUES OU
7
° LE REPOUSSER
« convient-il à V. G. de se comporter? Cest ce qui doit ABSOLUMENT.
« faire l'objet de ses plus sérieuses réflexions, et je m'en
« rapporterai volontiers à la décision de sa pieté rendue à
« elle-même et débarrassée des conseils de la molle con-
« descendance. C'est à ce tribunal que j'en appelle, et je
« m'assure du triomphe de ma cause. Il n'y a que deux
« partis à prendre : l'un, de corriger le bréviaire ct d'en
« retrancher tout ce qui peut blesser la délicatesse catho-
« lique ; l'autre, de lc repousser absolument et de le tenir
a comme non avenu.
« Il paraît que c'est au premier parti que V.' G. s'en est IMPOSSIBILITÉ DO
« tenue (car on n'est pas venu à bout de lui cacher tout ternaire,
'« tous les retranchements des fêtes, des octaves, des prières
« à la sainte Vierge et de cette immensité de textes de
« l'Écriture ct des SS. Pères, que les auteurs ont sacrifiés
« aux mânes de Jansénius et de Quesnel ?Comment effacer
« des hymnes, des leçons, des capitules, des répons, des
« oraisons, cette multitude de phrases captieuses, équi-
« voques, mal sonnantes, pour ne pas dire hétérodoxes,
« sous lesquelles on a eu l'adresse d'insinuer des erreurs
« si souvent condamnées ? Il faudrait absolument repétrir,
« refondre toute cette masse impure, c'est-à-dire, qu'il n'en
« coûterait pas davantage pour refaire un nouveau bré-
« viaire.
Les catholiques « La chose fùt-clle possible, ce qui n'est pas, croyez-
a
fa"nais dîrer
vous, Monseigneur, que les vrais catholiques trouve-
a r o n t a m a
a v e
bre\iairc U n
j î s du goût à réciter un bréviaire composé par
composé par des « j e s ennemis dc l'Église leur Mère? N o n , nous ne vou-
7
ennemis &
de rÊ£iise,ci a Ions point de leurs présents; nos lèvres ne souffriront
craindront t r
toujours « qu avec peine des prières dont les auteurs ne furent pas
de prononcer , . . ,
des blasphèmes « nos défenseurs; ct lc triste souvenir que nous les tenons
a
paroic^tîrées d'appelants et de fauteurs d'hérésie, sera capable de
tf
désuètes troubler la dévotion de nos temples et de répandre
Écritures. « l'amertume sur la sainte gaieté dc nos plus belles fêtes.
v Le dirai-je, Monseigneur ? nous craignons de pronon-
« cer des blasphèmes, en ne récitant que des paroles res-
te pectables et uniquement tirées dc nos saintes Écritures.
« U n passage isolé, détaché de ce qui le précède et de ce
« qui le suit, souvent ne présente par lui-même aucun
« sens; mais l'union artificieuse dc plusieurs de ces pas-
« sages leur donne souvent un sens tout à fait étranger,
. , « et c'est ainsi que la parole de Dieu dans la bouche des
1 r
Exemples de
'abus fait dc
abus fait dc 1la « hérétiques devient le langage de Terreur. Par exemple,
r
parole de Dieu
aaroledeDieu , _* ,
par
par la
la secte
secte «« comparer
comparer 11 état présent de
état présent de 11 Lgh
hghsc a 1 état d Israël
et 'h* auteurs « séduit par Jéroboam, faire entendre qu'il ne la faut
<( u s
d
brévfoin^ U
p l chercher que dans un petit nombre d'élus que la
RÉCLAMATIONS DU CLERGE 3o9
peuvent t '
empêcher une « l c r bien des obstacles et de différentes espèces : mais
CV
solution . .
réclamée par la « enfin la chose doit-elle être regardée comme impos-
tonscicncc. ^ [\)\ } L fonds de charité, d'honneur et de bienséance,
s c e s
ft t r a
l°
^ sainteté de ses maximes. II n'est qu'un seul
t
a
a n s u n c n u c s u t e
V
dc \VntimiTlc * ^ l° 8 ^ d'années qui ne soit pas à
v couvert dc la critique; trait cependant qui sera marqué
« dans les fastes de l'Eglise, trait qui pourra défigurer le
« glorieux portrait qu'on y fera de votre personne : hâtez-
« vous dc l'effacer. Vous avez toujours été un de ces murs
« d'airain, unc dc ces colonnes inébranlables que la re-
n ligion oppose à l'hérésie. Vous êtes encore aujourd'hui
« son ornement ct son appui ; c'est un éloge que la mali-
« gnité ct l'envie ne peuvent vous refuser, et auquel je
« suis lc premier à souscrire. Vous soutiendrez jusqu'à
« la fin ce noble caractère : vous vous souviendrez dc ces
« beaux sentiments tracés avec tant d'énergie dans la
« lettre que vous écriviez au roi,quelque temps après que
« vous cùtes'pris lc gouvernement dc cette Eglise : Je ferai
« mon devoir (disiez-vous),/e le ferai avec le %èle et la
RÉCLAMATIONS DU CLERGÉ 3 11
l'orthodoxie de r ^ * r • i • T n TT" •
son œuvre, ra pas néanmoins tout a fait sans apologie. Le P. Vigier
entreprit une défense de son travail, sous le point de vue
de l'orthodoxie. Son intention était de prouver que le
bréviaire renfermait un nombre suffisant de textes favo-
rables au dogme catholique de la mort de Jésus-Christ
pour tous les hommes, au culte de la sainte Vierge et à la
Faiblesse de primauté du Siège apostolique. Quand il en eût été ainsi,
justification, cette démonstration n'eût pas infirmé les reproches des
catholiques sur la suppression de tant de choses respec-
tables, sur la frauduleuse insertion d'un si grand nombre
de particularités suspectes, reproches d'autant plus fondés,
que les cartons étaient là pour attester l'existence du mal.
Il n'en demeurait pas moins évident que le bréviaire était
une œuvre janséniste, par ses auteurs, son esprit et son
exécution; que les cartons n'avaient atteint, après tout,
qu'une faible portion des choses répréhensibles, soit
comme exprimant des ambiguïtés sur le dogme, soit
MISSEL PARISIEN DE VINTIMILLE 3l3
cp
datées des i ct i 5 octobre, et du 3 o décembre 1 7 3 6 , et
parurent avec approbation ct privilège du roi.
Le P. iiongnant Le courageux Père Hongnant avait publié, vers la fin
lînc^Voîsîlmc de la même année, une troisième Lettre sur le nouveau
sur k mu\*cau Bréviaire,
C
dans laquelle il s'efforçait de renverser les
iic^v'poioeîu subterfuges de Vigier ct de faire voir que l'Apologie, pas
ne parviendra i p que les cartons, ne parviendrait à faire du bré-
u s
pas a cn (aire . .
unc œuvre viaire une œuvre catholique. Nous ignorons si cette trou
catholique. , . . . ,
sterne Lettre obtint, comme les deux précédentes, les
honneurs d'une condamnation au Parlement de Paris (3).
Quoi qu'il cn soit, la controverse demeura close pour lc
moment ct le bréviaire resta, comme sont restées beau-
c
coup d'autres choses, que lc xvn ct le X V I I I siècle ont vues
0
a s t e
pferVc ct°£ui. y k ^ l'Europe du moyen âge, leur suppression n'offen-
sait que les convenances liturgiques. Quant à ce que disait
la Lettre pastorale, qu'on avait conservé les épîtres ctlcs
évangiles des fêtes chômées parle peuple, il eût fallu dire:
moins l'évangile de la fète de saint Pierre et saint Paul.
Cet évangile avait disparu, avec son fameux texte : Tu es
Petrns, et super hanc petram œdijicabo Ecclesiam meam,
pour faire place au passage du xxi° chapitre dc saint Jean,
où Jésus-Christ dit à saint Pierre : Posce oves meas ; texte
important, sans doute, pour l'autorité du Saint-Siège, mais
moins clair, moins populaire, moins étendu que Tu es
Pet rus, qu'on avait lu pendant mille ans, ce jour-lù, à
Paris comme à Rome.
a c t r c
Système ' - l t pastorale continue : « Nous avons choisi les
w a s s a c s
aTa réc?actTon P S de l'Écriture qui nous ont'scmblé les plus pro-
des pièces « p r c s à exciter la pieté, les plus faciles à mettre en chant
MISSEL PARISIEN DE VINTIMILLE ^19
des docteurs i i i r
de S o r b o n n e . prières d'un usage si sacré, un hérétique comme le doc-
teur Laurent-François Boursier, expulsé de la Sorbonne
cn 1 7 2 0 , p o u r avoir écrit contre le concile d ' E m b r u n ?
C'est à un pareil homme que l'Eglise de Paris doit la pré-
face de la Toussaint, qui se chante aussi à la fête du
La préface patron. Dans cette préface, Boursier dit à Dieu qu'en
de la Toussaint, , , . i n - M
œuvre couronnant les mentes des baints, il couronne ses propres
^Boursfcr, 1
dons, eorum coronando mérita, coronas doua tua; expres-
s o n
l
ap pdan\fmort ^ très-catholique dans un sens, et très-janséniste dans
dans Phéresic. u n N o u s manquerions i\ notre devoir d'historien
a u t r e <
ces formules de prières que nous ont laissées par tradi- SdVctton'du
î a
l c
lion ces antiques témoins de la doctrine chrétienne, ces Q ^ ^llll\^
docteurs excellents de la vénérable antiquité, comment
justifier le missel en tête duquel on lit ces belles paroles,
puisqu'il est clair comme le jour qu'un nombre considé-
rable de formules de ce genre sont abolies par le seul fait
dc sa publication ? Si saint Célestin doit être loué d'avoir
dit que/a règle de la foi dérive de celle de la prière, pour-
quoi cette règle de la foi ne dérive-t-elle pas tout aussi
pure des paroles d'une prière appelée introït ou graduel,
que de celles d'une prière appelée collecte ou postcommu-
nion ? Bien plus, ces introït, ces graduels, étant destinés
à être chantés par le chœur des prêtres, auquel s'unit la
voix du peuple, n'aideront-ils pas plus puissamment encore
à la perpétuité du dogme ; ne rendront-ils pas plus soJen-
T . il 2r
322 MISSEL PARISIEN DE VINTIMILLE
1
dans les autres formules si arbitrairement sacrifiées ? Il PARTIE
CHAPITRE XIX
nous semble que si, dans la Liturgie régénérée, on peut ;—;
encore chanter sans inconvenance : Alléluia* Vent, sancte i a suppressfon
d n iib c
e 1808
Spiritus, repletuorum corda, etc., on pourrait bien aussi formules
d u m ù m e
chanter, pour honorer la Mère de Dieu, Y introït sui- B a -
vant :
Salve, sancta Parens, enixa puerpera Regem qui cœlum
terramque régit in sœcula scecidorum !
Et le graduel :
Benedicta et venerabilis es, Virgo Maria, quœ sine
iactu pudoris inventa es Mater Salvatoris.
Et Y alléluia :
Assumpta est Maria in cœlum : gaudet exercitus Ange-
lorum.
Et le trait :
Gaude, Maria Virgo, cunctas hœreses sola interemisii,
quœ Gabrielis Archangeli dictis credidisti, etc.
Et cet autre alléluia :
Virga Jesse Jloruit; Virgo Deum et hominem genuit :
pacem Deus reddidit, in se reconcilians ima summis.
Et l'offertoire :
Félix namque es, sacra Virgo Maria, et omni lande
dignissima : quia ex te ortus est sol justitiœ, Christus
Deus noster.
Et la communion :
Beata viscera Mariœ Virginis quœ portaverunt œterni
Patris Filium !
Mais, qu'est-il besoin d'insister sur la contradiction contradiction
d'avoir conservé le verset alléluiatique de la Pentecôte, flagrant encore
quand nous avons si ample matière à un argument ad d
d
a
c
n
noi^
hominem, bien autrement embarrassant? Le nouveau mis- • Ri?!!:!'* u
qui étaient a J H
sel était rempli de proses nouvelles, pour toutes les fetes / o i s
P. a r o l
f,
1 1 7 1
humaine ei
possibles. Ces compositions n'étaient pourtant ni tirées de parole nouvelle.
l'Écriture sainte, ni empruntées aux anciennes Liturgies.
Elles étaient à la fois une parole humaine et une parole
324 MISSEL PARISIEN DE VINTIMILLE
INSTITUTIONS nouvelle. Bien plus, on ne s'était pas contente de faire des
LITURGIQUES
proses nouvelles; unc des anciennes avait été retouchée
La prose des d'après les idées modernes. Ainsi on ne lisait plus la pre-
morts, mutilée
pour mière strophe de la prose des morts, comme autrefois :
y supprimer
l'allusion
au témoignage Dies iras, dies illa,
dc la si b vile,
annonçant Solvei seclum in favilla,
lc jugement
dernier, et le Teste David cum sibylla :
nom dc sainte
Marie-
Madeleine. Mais bien :
Peccairicem absolvisti !
nière bien efficace de témoigner de son accord parfait avec raison, alléguée
* 1 t** T i - i par un prélat
la Mère et la Maîtresse des Eglises, que de répudier le qui rejetait
missel qu'elle promulgue et garantit de son autorité, pour en totalité
s'en fabriquer un nouveau, dans la composition duquel 1 A n l
JP j° l n a l r e
V
o exemple nous était donné par toutes les églises de tous i bVév^afre e
1 h l 0 a c c
cathédrales, ct, sur ce nombre, cinquante et plus s'étaient ^ ^P
déclarées pour l'œuvre des Vigier et des Mésenguy. La ^ j ^ M a l t 1 1
I a
sainte Éelisc de Lyon était de ce nombre. Quel evéne- au
J c
° m . . . x v m sicclc
ment donc que l'apparition des livres dc Vintimille ! Com- et préparait la
I - I 1 • > I 1 1 J . . ^ révolution.
ment n a-t-il pas laisse plus de place dans i histoire :
C'est que l'indifférence, le mépris, l'oubli même du passé
était la grande maladie qui travaillait les hommes du
e
xvin siècle; et cependant, quand les jansénistes et les
philosophes eurent totalement miné la société religieuse ct
civile, beaucoup d'honnêtes gens s'étonnèrent de voir
crouler pêle-mêle, en un instant, tant d'institutions que
les moeurs ne soutenaient plus. Le récit dc cette catas-
trophe n'est pas de notre sujet: nous avons seulement à
raconter comment une des formes principales de la civili-
sation religieuse du moyen ùge, la forme liturgique, a péri
cn France: poursuivons notre histoire.
Il serait par trop minutieux d'enregistrer ici successi- Blois,Évreux et
, ,. . s s , Suez donnent
vement les divers diocèses qui acceptèrent tour a tour les l'exemple
nouveaux livres parisiens. Il suffira de dire que partout où de cinquante
cette adoption eut lieu, on fondit le calendrier ct le propre q u i ^ d o p w n t la
diocésains avec ceux de Paris, et qu'on mit cn tête du parisienne,
1 1 6 8
bréviaire ct du missel le titre diocésain, le nom de l'évêque " ^ ^ ^ J
qui faisait cette adoption, et une lettre pastorale' compo- modifications,
sée d'ordinaire sur le modèle de celle dc Vintimille. Les
premières Eglises qui entrèrent dans cette voie, furent
celles dc Blois, d'Évreux et dc Séez. On fit dans ces dio-
cèses quelques légères rectifications au bréviaire, ct même
les Nouvelles ecclésiastiques se plaignent amèrement
qu'à Évreux on ait osé changer quelque chose dans la
fameuse strophe dc l'hymne de Santeul, pour l'office des
évangélistes. Elle avait été mise ainsi :
33o PROGRÈS DE LA LITURGIE PARISIENNE
INSTITUTIONS
LITURGIQUES Insculpta saxo lex vêtus
Les jansénistes Prœcepia, non vires dabat ;
mécontents de
la correction, Inscripta cordi lex nova
faite à Evrcux,
d'une s ' r o p h c Dat posse quidquid prœcipit.
fameuse
dc Santeul.
On avait donc adouci lc dernier vers :
INSTITUTIONS
MTUItniQtIKR
çi ec s e passait quelques mois après l'apparition du
L 1 1 1 1 r
n a s c s
Tis/wci"^!?^? g ^ dans ' œuvres de la secte antiliturgique, dix sont
bréviaires"? visibles dans les divers produits dc la grande "révolution
missels de q venons de raconter.
U C n o u s
1
v rance.
i« Kloigncmcnt Eloigncmenl
i° pour les formules traditionnelles.
formules Foinard, Grancolas, dans leurs Projets; les Bréviaire ct
traditionnelles. m ] ^ q ] ^ p a r j s d c ^ p a r t o u ^ Q n c d e q t f i l faut
io° Intervention
dont les
.
sentiments . n'étaient
, ,
que catholiques. Nulle ré-
de la puissance clamation de l'autorité compétente contre un si énorme
seculicre. , ,
scandale.
Unc^ forme _ C'est donc unc déplorable forme liturgique que celle
porte\c tels ^ à laquelle sont devenues applicables, et en si grand nombre,
caractères. etViui , A , . . . .
est l'œuvre les notes auxquelles on reconnaît la secte antihturgistc.
d'auteurs pour -» T . , i t • ? i •
la plupart En outre, c est unc chose bien étrange que le remaniement
t o t a kiX
U C
la fm cst p!u ce n
' ^e Liturgie ait eu p o u r auteurs et promoteurs
tait même hérétiques jansénistes, séparés de la communion,
1 7 r 7
jui^ec ct ' ,
condamnée, même extérieure, de l'Eglise, tels que Le B r u n Desma-
rettes, Coilin et Boursier, ct d'autres non moins déclarés,
appelants des jugements de l'Eglise, et, malgré cela, par
une inexplicable contradiction, honorés de la confiance
des prélats qui avaient promulgue ces mêmes jugements.
C'est aussi un fait bien instructif que celui d'un arche-
vêque de Paris obligé d'admettre de nombreux cartons
dans u n bréviaire dont il a garanti l'excellence dans une
lettre pastorale, et réduit à protester, deux ans après, en
tête d'un missel, qu'il y a maintenu la foi dans sa pureté,
et qu'en retouchant le style de certaines oraisons, il n'a
point altéré la doctrine catholique qu'elles renfermaient.
Foinard ct C'est une chose bien humiliante, qu'en donnant la liste
Grancolas, seuls . , r , , T . . r ...
parmi les des relormatcurs dc la Liturgie, il nous taille ajouter,
a u x
dcTuursics noms de Sainte-Beuve, Le Tourneux, de Vert, San-
g ï
soin p a s °n
' 7 Ledieu, Ellies Dupin, Bcaudoin, Bossuet, évoque
t c u
r
suspects de c j p y e s , Petitpied et J u b é , tous jansénistes, ou fauteurs
c r 0
jansénisme. J ' r i f t
de cette hérésie, ceux de Caylus, évêque d'Auxerre, Le
Brun Desmarettes, Vigier, Mésenguy, Coffin et Boursier,
tous fameux à divers degrés pour leur zèle et leur indul-
gence envers la secte. N o u s serions injuste de ne pas leur
adjoindre l'intrépide champion du. nouveau Bréviaire
parisien, l'avocat général Gilbert dc Voisins, dont nous
signalerons encore, au
maximes françaises surchapitre suivant,
la Liturgie. le zèle
Notre pour les
impartialité
CARACTÈRES DE LA NOUVELLE LITURGIE 335
I T1E
nous oblige, tout en laissant les docteurs Foinard ct *£*
CH A
NOTE A
NOTE B.
INSTITUTIONS legcm intucrcmur, cui alias omnes cedere oportet, ut nempe mens
LITURGIQUES— S U R \ Dcum crigatur, et ad sacrum tidei, spei et caritatis igncm
S U M a i
concipicndum adjuvetur.
Eadem adducti rationc quasdam Prœfationes addidimus ubi propria;
dcerant, nempe pro tempore Adventus, et quibusdam celebrioribus
annî Solemnitatibus, videiicct Corporis Christi, Dedicationis, Sanctorum
omnium, et aliis nonnullis. Sic conati sumus ad morem antiquum
1
Romana: Ecclesia, , qua licuit, accederc, apud quam, ut et nunc in iis
Ecclesiis qua: ritu Ambrosiano utuntur, singulis prope Missis singulœ
Prcfationes attrîbutœ sunt.
Neque minorcm curam adhibuimus circa cas Orationes quas in singu-
lis Missis rccîtantur, quœ quidem non ultimum in sacra Liturgia locum
tenent; Collectas mtelligimus, Sécrétas et Postcommuniones. Earum
plerasque ex antiquis Sacramentorum libris excerpsimus, pietatis unc-
tione plcnissimas. Novas inseruimus quam paucissimas, easque ad vetus-
tarum exempter, quantum fieri potuit, elaboratas, et sœpius ex ipsis
Sacramentariorum verbis magnam partem expressas. Etcnim cum Lcgem
credendiy ut monct Cœlcstinus, lex statuât supplicandi : quam pio vene-
rationis aflectu amplecti debemus cas precum formulas, quas nobis
tradiderunt prisci illi doctrinœ Christianœ testes, et verendac antiquitatis
prœconcs eximii ! Sanctos illos homines dicîmus, in quibus habitabat
Spiritus intelligcntiœ et precum, Leonem, Gelasium, Gregorium, Hila-
rium, Ambrosium, Salvianum, Lcandrum, Isidorum. Quantam et quam
sanctam nubem testium ! quorum auctoritate constat priscis illis
lemporibus, camdem quam ct nos hodic prolitemur, viguisse fîdem ;
casdem Catholici dogmatis veritates, Romœ, Mediolani, in Galliis, in
Hispania, uno verbo per totum Oceidcnlcm, a tôt rétro seculis testatas
fuisse, créditas, ac propugnatas.
His e fontibus limpidissimis, maximo vero ex Sacramcntariis Romanœ
Kcclesiœ, quœ cœterarum mater est et magistra, Orationes Missalis
nostri deprompsimus. Quin etiam non sine divinœ Providentiœ natu ac
gubernatione contigit, ad nostrum gregisque nostri grande solatium,
ut non ita pridem repertum fuerit omnium Sacramentariorum Ecclesiœ
omanœ vetustissimum, quod a pluribus seculis ig'notum latitabat.
Opus illud aureum, prout erat exaratum in membranis manUscriptis
œtatis annorum supra mille, prodiit in lucem typis Vaticanis, sub auspiciis
su m mi Pontihcis Clcmcntis duodeciiiii, qui non minus sa ne te quam
sapienter Beatri Pétri navem moderatur. Ex illo igitur spectabili monu-
mento mutuati sumus preces plurimns, eximiam spirantes pietatem,
Magnique Leonis, cui tanquam certissimo auctori tribuuntur, stylum ct
doctrinam referentes.
lias, quœ nobis abunde suppetebant divitias, passim per Missale
nostrum larga manu distribuimus : unde factum est ut aliœ interdum
in hoc Missali Collectas Jegantttr, quam quœ in Breviario recitantur
Orationes, parvo sane aut nullo incommodo. Hœc nobis multo futurs
NOTES DU CHAPITRE XIX 341
major jactura visa est, si toc egregiis veterum Patrum precibus Ecclesia i PARTIE
C H A P I T R E XX
1
SUITE DE L HISTOIRE DE LA LITURGIE, DURANT LA PREMIERE
MOITIÉ DU XVIII 0
SIÈCLE- RÉACTION CONTRE L'ESPRTT
JANSÉNISTE DES NOUVELLES LITURGIES. — URÉVIAIRE
D ' A M I E N S . — ROI1INET,—' UREVIAIRE DU MANS. — CARACTERE
GÉNÉRAL DE L'iNNOVATION LITURGIQUE SOUS LE RAPPORT DE
LA POÉSIE, DU CHANT ET DE L'ESTHÉTIQUE EN GÉNÉRAL. —
JUGEMENTS CONTEMPORAINS SUR CETTE GRAVE REVOLUTION
ET SES PRODUITS.
u Ics ne
maine, leçon dont elle pouvait d'autant moins profiter ï ' 5 i ,
7 j r
* servissent a
qu'elle est inviolablement attachée à ces belles prières _ appuyer
1 r
les doctrines
composées par les Léon et les Gélase, sanctionnées par jansénistes sur
une tradition solennelle, et dont, après tout, les hérétiques
n'abuseront ni plus ni moins qu'ils n'abusent des Écri-
tures-. Une entreprise aussi hardie prêtait le flanc aux jan-
sénistes, et ils ne manquèrent pas de la signaler dans les
Nouvelles Ecclésiastiques (i). Au reste, c'était la première
fois que, dans l'Église, la vérité se défendait par un moyen
analogue à ceux que les sectaires ont si souvent employés
pour la combattre : mais tel était le jugement de Dieu sur
8
l'innovation liturgique du xvni siècle, qu'elle devait être
tantôt exploitée par des hérétiques, tantôt favorisée par
des catholiques, et toujours au détriment du respect dû au
langage de l'Église.
Dans les nouveaux livres d'Amiens, on avait cherché à Ktrange
dissimuler les intentions qui avaient amené la suppres- l e q u e m v a n g U e
sion des collectes dont nous parlons, en rédigeant le missel dimanche
sur un nouveau plan. On avait pris pour base de chaque ^ ' 1 ? messe*
messe des dimanches, la leçon de l'évangile au missel j/ce^our.
romain, et, pour le reste, on avait cherché à mettre toutes
les autres formules en rapport avec cette leçon qui deve-
nait ainsi le centre obligé de chaque messe. Les introït,
graduels, offertoires, communions, épîtres même, tout
(i) i 3 Février 1 7 5 8 .
3-4.6 BRÉVIAIRE D'AMIENS
après la Pentecôte.
BREVIARIUM ECCLESIASTICTJM DE ROBINET
1
pouvaient l'être, pourvu qu'on passât condamnation sur
r
C H A P I T R E XX
ESPRIT
l* d a n
VRAIMENT
s u n
. . propose DES
respecté, même dans le nouveau Bréviaire de Paris, était INNOVATIONS
A • • • BIZARRES DANS
, i J i i • * l'office DIVIN.
c Pè es
Ce n'étaient pas là les seules singularités que présentait A * ^
r
° i r réduites A un
le Bréviaire de Robinet, sous le rapport des leçons. Le PETIT NOMBRE
. , . par Robinet
r
Docteur avait trouve mo} en de faire lire, même dans ET EMPRUNTÉES
INSTITUTIONS £ j t a t t ; ;
r ( e j ' u n autre livre que les deux premières, dans
1 1
LITURGIQUES
défauts , . . .
essentiels. après toul, un bréviaire n'est pas simplement un recueil
de prières et de lectures; c'est le livre de l'Eglise, ct si
jamais il pouvait être permis à un particulier de lc com-
piler, ce devrait être d'abord à la condition dc faire cette
compilation en harmonie avec des règles fixes et anciennes.
Mais telle était sans cesse la préoccupation dc ces nou-
BREVIAIRE DE ROBINET 351
t u r l c l , s
'd^KrouUaj* ^ i 1,
S i p' heureux que ce prélat, avait goûté les
évêque du
Mans, dans ie
mandement ( ) Nous nous tenons d'autant plus obligé à rendre ce trop juste
t
llC
^Tc £ré\^a1re témoignage à la mémoire dc ce prélat, que nous habitons un menas*
dc son Eglise, tère à l'égard duquel il donna l'exemple d'une piété ct d'une générosité
qu'on peut considérer comme un véritable prodige, à l'époque où il le
lit paraître. Il tenait en commende l'abbaye de Saint-Pierre de la Cou-
ture du Mans, et avait droit en cette qualité dc pourvoir d'un titulaire
le prieuré de Solcsmcs, qui était la principale dépendance de la Couture.
La congrégation de Saint-Maur, introduite a Solcsmcs cn 1603, avait en
vain cherché à obtenir la réunion dc la mense priorale à la mensc con-
ventuelle; tout ce qu'elle avait pu faire avait été de procurer de temps
en temps la collation du prieuré à quelques religieux. Maïs, à chaque
vacance, la commende était toujours sur le point d'envahir dc nouveau
ïc monastère. Charles de Froullay voulant user dc son autorité pour
traiter favorablement le prieuré de Solcsmcs, sur la requête des moines,
envoya au Roi des lettres de consentement à l'extinction du titre prioral
ct à sa réunion à la mense conventuelle. Louis XV fit expédier, sous la
date du fj février 1 / 5 3 , un brevet que le prieuré, aujourd'hui abbaye de
Solcsmcs, possède encore dans ses archives, ct qui autorise Je prieur ci
les moines à poursuivre ladite extinction.
BRÉVIAIRE DE ROBINET 353
1
saintes maximes de l'archevêque Languet sur l'inimitable
1
PARTIE
° C H A P I T R E XX
la MS
îcf c
vierge ^ mesures avaient été prises pour diminuer le culte de la
s a n t c
C
miSntenuc * Viergo et des Saints, principalement au moyen du
grâce à la privilège affecte au dimanche de ne céder désormais
1 0
restriction du ^ .
privilège affectéqu aux fetes de Notre*Seigneur, ou tout au plus qu'a celles
aU
pi™ics' du degré solennel, les rubriques du nouveau Bréviaire
brévùilrcs. manceau portaient que le dimanche céderait à toutes les
fêtes du rite double majeur (les seules après tout, qu'on
eût conservées à neuf leçons), ce qui maintenait la célé-
bration populaire, non-seulement des fêtes moins solen-
nelles de la sainte Vierge, mais dc celles des apôtres, dc
la Sainte-Croix, de plusieurs saints, etc. Il y avait, sous
ce rapport, un siècle entier dc distance entre le Bréviaire
de Froullay et ceux qu'on introduisait journellement dans
la plupart des diocèses de France.
Colère Sous le point de vue dc l'orthodoxie dans les matières
con tre Rob?net, de la grâce, le travail dc Robinet non-seulement était irré-
S n
(i) 2 7 février 1 7 D I -
HIIEVIAIHE DE ROBINET 355
1
des hymnes du psautier, qui sont toutes de la composi-
J
P A R T I E
. C I U P I T R E XX
Et encore ceux-ci :
Notre but n'étant point, dans ce coup d'oeil sur l'histoire c e t t e réaction
liturgique, de réunir tous les détails du sujet qui nous contre^hérésie
occupe, nous nous bornerons à cette brève excursion sur C xtension et nS
o r t s a v c c c 0 fl
S
U TURGIQUES P ' S ^ l poésie et l'esthétique en général.
Chez tous les peuples, ct principalement dans la religion
1 1
Ln révolution . j• •
liturgique chrétienne, les choses du culte divin ont toujours eu une
dans sus . . . . . , . . . . .
rapports avec relation intime avec la poésie et les arts : toute révolution
c s
pocsVc'ct \ l
1 L
concerne a dû par conséquent offrir des phéno-
U]
m
mène™"^ é n c s importants ii étudier sous le point de vue de la
forme. Tout est poésie dans la Liturgie, aussi procède-
t-elle presque toujours avec le secours du chant. Si le
mètre ne distingue pas toutes ses formules, lc nombre, la
cadence, la rime même le supplée, et toujours l'enthou-
siasme lyrique domine l'œuvre tout entière. C'est cet
enthousiasme qui éclate dans les répons, après que le
chœur a écouté en silence la lecture des leçons, dans les
antiennes qui suivent les psaumes et les cantiques, et
réunissent dans un chant à l'unisson les voix jusqu'alors
divisées dans un chant alternatif. Ces hommes donc qui
s'imposaient la rude tache de refaire en masse le réper-
toire des chants chrétiens à l'usage des églises dc France,
devaient être doués d'un miraculeux don de poésie et
Pour refaire d'une abondance que rien ne pourrait épuiser. C'était là,
ies,chants des certes, Pacte d'un grand courage, que de se dévouer à
Fratice, iTaurait remplacer l'œuvre successive des peuples chrétiens par
S
c s s m c s
h o n ! m e s d o u é s ^ ^ P ^ ^ s o u r c e s d'une inspiration unique et indivi-
d
:NSTITUTIONS videns exclamavit dicens : Ecce Agnus Dei, ecce qui iollii
LITURGIQUES , J * /
— ——peccaia mundi .
Rubum quem viderai Moyses incombustum, causer*
vaiam agnovimus tuam laudabilem ; Dei Genitrix, inter-
cède pro nobis.
<I Cette Antienne Ecce Maria... quem Joannes
« Cela est bien distant Fun de l'autre, la naissance de
« Jésus-Christ par Marie, et sa manifestation par saint
« Jean dans la même antienne; comme aussi rubum*
« l'allégorie entre le buisson ct la virginité dans une
« antienne ! » Ainsi, dix-huit siècles après l'accomplisse-
ment, on ne peut, sans un anachronisme qui révolte le
docteur, rappeler, cn présence du berceau de l'Enfant
Jésus, sa touchante qualité d'Agneau de Dieu, ni les rap-
ports qu'il aura avec saint Jean. Grancolas ne se doute
pas qu'il attaque ici l'iconographie chrétienne de tous les
siècles ; car la peinture catholique n'est qu'un reflet de
la Liturgie. Quant à sa répugnance à voir le rapport du
buisson qui brûle sans se consumer, avec la,virginité
de Marie que sa maternité n'altère pas, on ne peut que
plaindre de pareils hommes ct déplorer le sort de la poésie
catholique, livrée à la merci de leur brutalité.
Étranges Écoutons pourtant encore notre critique : rien ne saurait
observatiions du ^ instructif. C'est à propos dc ce beau répons des
w
—
huitième répons du même office est formé de ces gra- ~
cieuses et nobles paroles :
Nesciens Mater Virgo virum peperit sine dolore
Salvatorem sœculorum : ipsum Regem Angelorum sola
Virgo lactabat ubere de cœlo pleno.
Qui jamais se serait imaginé qu'il fût besoin d'avertir
ceux qui chantent ce répons, que l'allaitement du divin
Enfant n'avait pas lieu au moyen d'un canal de commu-
nication par lequel le lait serait descendu du ciel au sein
de la Vierge ? C'est pourtant contre cette interprétation
burlesque et indécente que Grancolas cherche gravement
à prévenir son lecteur (i). Ces délicatesses de poésie et de
piété le dégoûtent ct le font soupirer sans cesse après le
jour où tous ces pieux mouvements seront remplacés par
des phrases de la Bible.
Notre réformateur liturgique ne montre pas plus d'in- La célèbre
11 i • - • J i - * i- / * strophe
dulgence pour les inspirations de 1 Eglise sur le mystère o Crux, ave,
, . . y r• * *
~ i » i i . ne trouve pas
de la croix, qu il n en a lait paraître sur celui de la nais- grAcc devant le
I l s l J c tcnbCUr
sance du Sauveur. Il dénonce la célèbre strophe : O Crux, -
ave, spes'unica ! a Cette expression, dit-il, paraît un peu
« forte; on pourrait Vadoucir, en disant :
« O Christe, nostrœ viciima
a Sahttis, et spes unica :
« Serva pios, per hanc Crucem
a Reisque dele crimina (2). »
OU LINE RJRLTLI* * * \ t
°}HS . 7 .
u l :
mencant par ces mots : Exultet 1
iam angelica turba cœlo-
et difficile» J a
expliquer, runi, éclate avec une si ineffable jubilation, à l'office du
Samedi saint. Voici l'avis de Grancolas sur cette magni-
fique pièce, qui n'a pas, il est vrai, le mérite d'être com-
posée de versets de la Bible : « Cette prière est fort
« obscure et très-difficile à expliquer pour lui donner un
« bon sens (4). »
L'office du S'agit-il de l'immortel office du Saint Sacrement, l'œuvre
Saint Sacrement , ^ M - ^ • • j«
ne mérite pas Ju Docteur angehquc, notre critique nous dit avec un
a û i ï i ^ m c n t d e imperturbable sang-froid : « Quand on voudra examiner
a n
ce entique
impitoynpic
j * 0H cc trouvera point qu'il mérite de
c
1
s c c l f\\ o n n c
PARTIS
« j^eniris generosi ! Le Sacris soîemniis est celle où il y * t
. CHAPITRE XX
D r 1
' comme l'a fait
viaire romain, le capitule des laudes, dans l'office de la parfois relise
-, . i 1 T>I • au temps de
fcne, au temps de la Passion : la Passion.
Venile miitamus lignum in panent ejus, et eradamus
ettm de terra viventium, et nomen ejus non memorelur
ampli us. d\m nouveau Bréviaire, page 93.
(1) Projet
(2) Ibidem.
3(56 CARACTÈRE I)K E'iNNOVATIOX LITURGIQUE
du génie des r • i p , j ji
livres saints ct sa pericction, quand on 1 a mis en état de servir d expres-
d e s o n a u > :
t i u
nipri^re * sentiments, à la prière personnelle d'un homme.
us c L l c C)U
^n^peut^re 1 1
^ ° P ' > l ' b l i du génie des livres saints, du psautier
la prière lui-même, dans lequel on entend tour à tour la voix
1
personnelle #
7 J x
« t que l'Eglise se
posent ni plus ni moins que de RAMENER LIXR SIÈCLE au propose dans
r
î ses offices.
but que l'Eglise se propose dans la Liturgie. Mais qu est-
ce que leur siècle, si ce n'est VEglise de leur temps,
puisque ces nouveaux bréviaires qu'ils veulent établir
diflerent totalement, non seulement du Bréviaire romain,
mais de tous ceux qui ont- été suivis jusqu'alors dans la
chrétienté :
Robinet, s'apercevant pourtant que son système de Le docteur
n'employer que des textes formés de prières, appauvrirait tcxu s de styîe P
n c
par trop son bréviaire, et qu'il lui serait difficile d'en ^cux qul°
remplir le cadre, eut recours à un expédient ingénieux, sSppHcadons C eS
de ne prier gistes ont ete plus heureux que sur la forme. On sait que
Liturgie qïavcc leur prétention était dc faire que, désormais, on n'eût
a
DANS SES RAPPORTS AVEC LA POÉSIE ET LE GOUT $71
d,u îèrc
qui ne sont employées qu'improprement à la louange de " * ™ ^ u t
originales
ct s o u v e n t nombre étaitremarquable par un caractère nobleet original.
sublimes du
passé. Voilà, certes, un acte de vandalisme s'il cn fut jamais, et
qu'on ne s'est pas encore avisé de reprocher à ce dix-hui-
tième siècle qui avait la rage de tout détruire. E t quelle
excuse donnait-on pour justifier une si monstrueuse
destruction ? D'un côté, les faiseurs liturgistes, comme
Foinard, disaient que rien ne serait plus aisé que de trans-
porter les motifs des anciens répons, antiennes, etc. ( i )
sur les nouvelles formules, et nous avons vu commen
ils s'entendaient à préparer le thème du compositeur.
D'autre part, il y avait des forgeurs de plain-chant qui
croyaient bonnement qu'en ne sortant point matériel-
lement du caractère des huit modes grégoriens dans la
composition de nouveaux chants, on suffirait à tout ;
comme si ce n'était rien que de perdre une immense quan-
tité de pièces des cinquième et sixième siècles, vraies
(1) Projet d'un nouveau Bréviaire, page 180.
DANS SES RAPPORTS AVEC LA POESIE ET LE GOUT
1
réminiscences des airs a n t i q u e s : 'comme si, pour être
1 7
P A R T I E
. C H A P I T R E XX
J r 1
J * R D
CHAPITRE XX
C
de noter'*îes étant plus que sexagénaire, il accepta l'offre qu'on
I I V ,
ï âcquitîc lui fit de mettre en chant la nouvelle Liturgie du dio-
n 8 ,
c s c u
c
Vttc tâche 1S
^ ^ Mans, et vint à bout, dans l'espace dc trois ans,
tlc
mais «lus J noter les trois énormes volumes dont clic sc com-
c
maladroitement
encore que pose. Ainsi, le même compositeur était en état de
1
de la première. , i - i • r i- i i •
fournir un contingent dc six volumes m-folio de plain-
chant à l'innovation liturgique ! On remarqua, toutefois,
que la dernière œuvre dc Lebeuf était encore au-dessous
de la première. La lassitude l'avait pris à la peine; mais
on ne dit pas qu'il ait jamais ressenti de remords pour
la part si active qu'il prit au vandalisme de son siècle.
Pour achever la C'est assez parler des nouveaux livres dc chant par
toutes l e s lesquels furent remplacées les mélodies grégoriennes;
0
n o u s
dSdiant n'ajouterons plus qu'un mot au sujet du trop fameux
8
LÙ N C IANI L ÎIV c u c n o u s a v o n s
^^^^T P^ ' ^ F B' ^> l signalé ailleurs à
figuré prend r nimadvcrsion dc nos lecteurs, ct qui prit une nouvelle
a
une vogue t .
nouvelle. vogue à cette époque de débâcle universelle des anciennes
DANS SES RAPPORTS AVEC LA POESIE ET LE GOUT 383
1
traditions sur le chant. On vit éclorc une immense quan- A
PARTIE
CHAPITRE X X
Je leurs Hvres Être acceptées pour l'ornement des églises, par les graves
à Pans, personnages qui se délectaient dans ces nouveaux bré-
1
à Chartres ct . . . . . . , . . . .
ailieursjdes vuures si sévèrement expurges dc toutes les licences char-
gravures T . . T i , . . * o r^i • « n r i
quî révoltent nettes du Bréviaire romain r C est ici qu il faut admirer
I e c s
S
p"rîeur t , C n
l jugements de Dieu. Il est écrit que quiconque s'élève
vulgarité, indiscrètement par l'esprit tombera dans la chair; c'est
la loi universelle. Seulement, comme les partisans dc
l'innovation ne sentirent pas toute retendue de leur faute,
à raison dc leur complète impuissance sur les choses dc la '
poésie, Dieu, en permettant que lc sens du beau s'éteignît
cn eux, et les livrant à la merci des artistes dégradés du
DANS SES RAPPORTS AVEC LA POÉSIE ET LE GOUT 385
1
siècle dc Louis X V , ne permit pas qu'ils eussent la
1 r
r ~1 CHAPITRE XX
e t t i u
prirent le nom d'ailes, en attendant que le dix-neuvième surplis.
s'amusât à les plisser de cette façon ridicule et incommode
qu'elles ont de nos jours. Q u a n t au bonnet de chœur qui,
au commencement du règne de Louis X I I I , était encore
tel en France que dans les autres églises de la catholicité,
le dix-septième siècle, en finissant, avait effacé la saillie
de la partie supérieure, et l'avait allongé d'un tiers ; en
attendant que le dix-huitième siècle, appointissant cette
partie supérieure et allongeant encore le corps du bonnet,
préparât cette coiffure ridicule et gênante qui, de nos
jours, affectant la forme d'un éteignoir, compromet la
gravité des fonctions sacerdotales, et fournit gratuitement
aux esprits forts l'occasion de déclamer contre le mauvais
goût de l'Église catholique.
Cet oubli de l'esthétique religieuse de la part du clergé, Cet oubli
devait aussi être attribué à l'esprit rationaliste dont Claude ^ ^ r e ï f g i c u s e ^
cons
de Vert, organe de son siècle, s'était fait l'apôtre. Aux f^?u ' d c
1
yeux d'une religion spiritualiste, il n'y a qu'une seule ^i^uTed^Vert
chose qui puisse relever la forme, c'est le mysticisme, ^apôtre ' 1
INSTITUTIONS p
R
0 U r rédiger le bréviaire de leurs églises ; Jam R
prœ-
LITURGIQUES . ° °
(i) Tôt nova Breviaria hoc seculo in Gallia prodierunt, tôt opuscula,
et dissertationes de officiis singularibus, de precibus horariis uni-
verse, de litaniis, hymnisque recentibus Dei pane in Mercurio Gallico^
in Diario Dinouartii, in Bibliotheca rituali Zacharia? indicantur, ut
possit aliquis subvercri ne in Galliis, ut fcmînae novas vestium formas,
ita sacerdotes nova breviaria quotannis inveniant, in quibus vel sola
novitas placcat.
3 g 4 JUGEMENTS CONTEMPORAINS SUR LA REVOLUTION LITURGIQUE
C H A P I T R E XXI
d S S
due à ce héros de l'Église et de l'humanité, et l'on peut %™ î nom e
c s rè
même dire que sa gloire croît encore tous les jours. P o u r 5
1 T
01t
J}??& ï
" ' dans I histoire,
aider à mettre dans toute son évidence ce phénomène pro- wç™} enfin de
1 A
nos jours une
videntiel, nous avons voulu, dans le présent chapitre, justice
r
r , . ' éclatante.
raconter une faible partie des outrages que ce grand
h o m m e , que cet admirable saint a essuyés, non de la part
des protestants et des philosophes du dernier siècle (ceci
serait moins instructif), mais de la part de plusieurs qui,
3g6 S U I T E DE L'HISTOIRE DE LA LITURGIE
7
* . * Domnizone.
« l'événement, des cris de douleur se font entendre ; ils
« sont causés par le trépas du pontife Grégoire, que le
« Seigneur Christ vient d*enlever aux cieux, sept jours
« avant la fin de mai. Les moines le pleurent, parce qu'il
« était moine lui-même ; les clercs sont dans les larmes,
tf et plongés dans le deuil sont aussi les laïques dont la
« foi est pure de tout contact avec les schismatiques (3). »
(1) Itaque septitbrmi gratia plenus septimi Gregorii spiritus, qui
mundum et principes ejus arguebat de peccato et de injustitia et de
judicio, in fortitudîne cœlestis cibi nuper nccepti cœlestem viam arri-
piens, meritoque divinî zeli, velut îgneo curru, instar Elise subvectus,
Urbani prœdecessoris sui, cujus ca die festivitas exstitit, omniumque
beatorum laetitiam in cœlesti gloria cum Christo gaudentium excel-
lenter ampliavit ; in terris vero peregrinantem ecclesiam discessu suo
non parvo moerore consterna vit. (Pauli Bernrieden S. Gregorii VII
vita, cap. xn, 102.)
(2) De cujus obitu omnes rcligiosi utriusque sexus, et maxime pau-
percs, doluerunt : erat enim Catholicae religionis ferventissimus insti-
lutor, et Ecclesiasticae libertatis strenuissimus defensor. Noluit sane
ut Ecclesiasticus ordo manibus laïcorum subjaceret, sed eisdem el
morum sanctitate, et ordinîs dignitatc praeemineret. ( Bertholdi CAro-
111c. ad annum io85.)
(3) Interea planctus de prœsule nascitur altus
Gregorio, gestat Dominus quem Christus ad tethra,
400 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII
(•.>) Matih., x, 2 4 .
T . II. . 26
402 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VIT
I N S T I T U T I O N S « prêtres, que l'Eglise reçoit une heureuse paix, que la
A 1 A
L I T U R G I Q U E S * .
I N S T I T U T I O N S
LITURGIQUES
opérés par son intercession
\ . .
(t) : ct lorsque, vers la fin du
d e c c t t e m U u r c
ont vécu dans l'Église avant l'institution des procédures '
aujourd'hui en usage, ne repose que sur un jugement du
même genre, il est un grand nombre de saints parmi ceux
qui ont fleuri dans rÉglise,depuis que le Siège apostolique
s'est réservé les causes de canonisation, qui n'ont cepen-
dant été inscrits au catalogue des saints que de cette ma-
nière équipollente; tels sont, par exemple,saint Romuald,
saint Norbert, saint Bruno, saint Pierre Nolasque, saint
Raymond Nonnat, saint Ferdinand III, saint Jean de
Matha, sainte Marguerite d'Ecosse, saint Etienne de Hon-
(i) Ciacconi. Vita? et res gestœ Pontificum liomaitorum, tom. I,
page 853.
406 AKKAIRE DE LA LKGENDE DE S A I N T GRÉGOIRE VII
San Severino, laquelle est attestée par unc inscription conçue cn ces
termes, qu'il fit placer dans la cathédrale dc Salerne :
Ego Lucius Sanseverinus, Archiepiscopus Salernitamts, altare hoc
in honorent B. Gregorii Papa* VII consecravi; ejusque sacrum corpus
in co inctusi) prœsentibtts, aniuim inutm, anniversaria deinceps consé-
crations die, ipsum pie visitantibus, \quadraginta dies vero* indulgentia?
de Ecclesiœ more, coiicessi. A. D. MDCXIV, die IV mensis Maii.
( 1 ) Papebrock. Ibidem.
(•») Grctscri, Opéra, loin. VI.
AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII 409
m è
Alexandre. Il avait publié les dix premiers siècles de ^ ™ ™ j d a t r e
0 n
moment où d'absurdes préjugés commençaient à éclipser £„ "°j <JJr d o S
p l de
pour renseignement des quatre Articles, et, tant qu'il ^ J?^s e
our
avait vécu, on avait tenu à l'exécution de cet engagement, P "ccroîtrc
. . . I , , , , , * ? 7. démesurément
qui, oint a la lettre de réparation des eveques de lassem- celui de r E t a t .
412 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VU
IN F E S T O S. G R E G O R I I VII. PAP^ ET
CONFESSORIS.
IN SECUNDO NOGTUHXO.
LEOTIO IV.
LECTIO v.
Réflexions s u r Maintenant que nous avons mis sous les yeux du lecteur
l a 00 c c t t e
mTnfetc pièce si fameuse, avant d'entrer dans le récit des
pontifical. événements qui suivirent sa promulgation, nous nous
permettrons quelques réflexions sur la portée dc ce mani-
feste pontifical.
La légende de Q u e suit-il du récit que nous venons de lire des actes et
Grégoire vu des vertus d'un pape du x i ° siècle? Cela veut-il dire que*
P
coinme ia' R o m e se prépare à fondre, comme l'aigle, sur les Etats
P
répété européens, a disposer arbitrairement de la couronne des
V X
10
S^ciaratïon princes qui les gouvernent, en un mot, à ébranler le
inc
a n s c s
i^officedVnei?nt ^ * Principes des appelants. On sc rappelle, sans
Grégoire vil. deutte, son zèle à'faire adopter dans son diocèse le nouveau
Bréviaire dc Paris, et la courageuse opposition du cha-
pitre à cette mesure. Nous ne fatiguerons point le lecteur
de toutes les déclamations que ce mandement renferme
contre les prétentions romaines; nous extrairons seule-
ment les qualifications qu'il applique à un acte du souve-
rain Pontife. La Légende de saint Grégoire VII est
condamnée comme « renfermant une doctrine séditieuse,
« contraire à la parole de Dieu, tendante aù schisme,
« dérogeante à Vautorité souveraine des rois, et capable
« d'empêcher la conversion des princes infidèles et héré-
« tiques (i). » Il cn défend l'usage, sous les peines de
(i) Rien n'est beau comme ce zèle d'un évêque hérétique pour ln pro-
pagation dc la foi chez les infidèles ct les hérétiques. U est évident que
le Pape et sa Propagande n'y entendent rien.
AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII 4ï3
droit: ordonne, sous les mêmes peines, qu'on en porte les i PARTIE
. - i l 1 / * CHAPITRE XXI
gouvcrnemenl. ^
« blement que nous Favons été, en voyant dans ce peu
« de paroles un dessein ferme de proposer au clergé et aux
« peuples, comme un éloge destiné à rendre croyable la
« sainteté d'un pape, ce qui, suivant les principes delà foi
» ct les lumières de la raison, ne devrait servir qu'à la
« condamnation de son gouvernement. Votre piété, sans
« doute, s'est sentie d'autant plus blessée, que cet éton-
a nant office a été rendu public, sous les apparences d'une
« autorité empruntée de celle du Saint-Siège. Mais cette
« vue ne doit point alarmer votre vénération pour ce
Le Pape n'a eu « premier siège de l'Eglise. Lc saint pontife, que la Pro-
certaincmcnt . , , , ^1 » . ~ ,
nulle part « vidcncc a place sur la Chaire de saint Pierre, n a eu
ll P
de ccue piecc, n
« nulle part à la composition, encore moins à la publi-
q
frauduiei{sc-d
* cation de cet artificieux ouvrage. II a appris, dans
ment sous (( p £ i de ce chef des Apôtres, le respect et l'obéissance
c o e
le couvert de .
son autorité. <, q i s t due aux souverains. Il préfère à cet égard les
U e
w w u e
l'histoire a du moins confirmé, il ne parut pas fort disposé l -
à laisser croire que les actes les plus importants de son
gouvernement s'accomplissaient à son insu. Nous verrons
bientôt l'énergique réponse qu'il fit à ces insolentes provo-
cations.
En attendant, le prélat déclare que, voulant, dans une Coislin termine
. . , t , . , , par la défense
occasion aussi importante, donner au rot des preuves de de publier
la fidélité qu'il lui a vouée; à Vempereur, à S. A. R. de ^fficc^otfvS*
Lorraine et aux autres souverains qui ont quelque portion onSd&5ntR C
SCfïnclaïcux
de leurs États dans son diocèse, de Vattention qu'il aura '
toujours pour ce qui les intéressera, ei P O U R PRÉSERVER
LES A M E S C O M M I S E S A S A C H A R G E D E S I L L U S I O N S QUE L E P R É -
i a
le Parlement de Bretagne s'empressa de suivre les traces sa!nt ° Ic e rf
1
* ' souverains
« fidélité. Imagination fatale, qui ne s'est que trop perpé- pontifes
4^6 AFFAIRE DE LA LÉGENDE DE SAINT GREGOIRE VII
P
ceuo !é^ndc l
respecter comme permises, ces foudres que les papes
Ï C ft
d c
« les nœuds sacrés qui attachaient ses sujets à son service. P 0 l l V 0 i r
-
« Ce fait dans lequel ce pape a si injustement excédé son
« pouvoir, ce fait qui! est à présumer qu'il expia par la
« pénitence, ne peut être un des motifs de sa canonisation;
« et, si Tonne le regarde que comme un fait historique,
* ce n'est pas dans une légende de saint, ni au milieu
« d'un office divin, qu'il doit être cité. »
Voilà bien la naïveté de certains honnêtes gallicans, qui i/évéque de
. /I . / j , T I / Verdun n'ose
seraient tout aussi éloignes cl admettre les conséquences pas contester la
du système à la manière des parlements, que de ménager Grégoire vn, 0
n
catholique que celui deMontpellier, consentdonc à recon- ™|* {iponufiT
a
naître Grégoire V I I pour saint; mais, pour se rendre ait pénitence f
1
° . de son pèche,
compte à lui-même de la valeur de sa canonisation, il
suppose ingénument que ce grand pape a fait pénitence
de la déposition de Henri I V . Toutefois, cette distinction
ne l'empêche pas de conclure son mandement par la même
11
prohibition que ses trois collègues : « Dans la crainte, dit- défend
L
, , , - . , . néanmoins
« il, que cette légende ne lasse illusion a quelques esprits l'usage
ice
« faibles, et les évêques ne pouvant veiller de trop près à ° '
« la sûreté des rois; pour ensevelir autant qu'il est en
« nous, dans un éternel oubli, cette entreprise du pape
« Grégoire VII, nous avons défendu ct défendons par
« ces présentes de réciter, soit en public, soit en particu-
« lier, l'office contenu dans ladite feuille, le tout sous les
a peines de droit. »
428 AFFAIRE DE T.A LEGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VII
c s
p r o W b c n * * parlements dc Paris et dc Bretagne, Celui dc Bordeaux
e t ux
U 0 J1C t a r c a s n o n u s a s c
l*oîfil» dc saînt to P P' déclarer par un arrêt, sous la
Grégoire VIL date du 1 2 du même mois, et on entendit même l'avocat
général Dudon demander à la cour, dans son réquisitoire,
qu'il lui plut de prendre certaines précautions qui pour-
voient à Vavenir à ce qifil ne se glisse rien dans les livres
destinés au service divin, et autres livres de piété, qui
puisse blesser les droits du roi et troubler la tranquillité
de l'État.
Certains curés L'affaire était bien loin d'être terminée par ces scanda-
prêscntcnt leux arrêts : de nouveaux troubles se manifestèrent encore
c n
rarenevéque de plusieurs lieux. A Paris, un certain nombre dc curés
d c I a v c
^^e^suppiicr" ^ » faubourgs et banlieue, présentèrent requête à
1
d e s c u n 3 s
mois de septembre, sur les querelles religieuses du temps. -
Les curés signataires de la requête dont nous avons parlé,
présentèrent à l'archevêque un nouveau mémoire, dans
lequel ils se plaignaient amèrement de la rigueur du
prélat envers le parti, et revenaient encore sûr la légende.
Ce fut alors que l'archevêque, si l'on en croit les Nou-
velles Ecclésiastiques, leur dit avec sévérité : « Je con-
« damne ce qu'on a fait h Rome, et je suis aussi bon
« serviteur du roi que v o u s ; mais puisque le roi l'a fait
•« condamner par son Parlement, il était inutile d'en
v parler. Si quelqu'un remue sur cela, M. J'officiai fera son
. " devoir, et, s'il le faut, on abrégera les procédures en
« envoyant à la Grève, » ce que lc Prélat répéta deux fois.
MM. les Curés se levèrent, disant « qu'ils n'avaient point
« dessein de lui faire de la peine, mais dc lui représenter
(f l'état de leurs paroisses, et le scandale que cause la
« légende qui est entre les mains de plus de la moitié des
u prêtres du diocèse, qui récitent le Bréviaire romain[f) »
t
t o u s CGS
de ce monde (non est de hoc mundd), ne doit pas être
. . . mandements ct
sacrifiée aux considérations humâmes et personnelles, ces arrêts et
Rome sc mit cn devoir de se défendre par les armes que sienne?
le Roi des rois a déposées entre ses mains. En vain, les réseTveïVa^es
mandements que nous avons cités, les arrêts des parle- partï[pation
ments eux-mêmes, en condamnant la légende, avaient fait ^ p ^ b H c Ï Ï f o n la
d e I a e n d e
leur réserve sur la complicité de Benoît XIII, prétendant ^s -
qu'il avait ignoré cet attentat, qu'il était trop vertueux,
Grégoire VIL Rome faisait voir assez, sans doute, qu'elle m'andement
n'avait pas lancé à la légère cet éloge d'un si illustre c o n
j?Un? c c
lh
m a n ° d c m e n t mandement dc l'évêque de Metz, ct conçu dans les mêmes
lc
de révoque de termes que celui qui avait été lancé contre l'évêque
d'Auxerre, fut solennellement publié et affiché dans
Rome, le 8 octobre.
L'évêque de En France, ces actes apostoliques ne ralentissaient pas
Quiqucrand le zèle des ennemis de Rome. Le scandale d'un nouveau
d
pr^bc ift' mandement contre la légende éclatait à grand bruit. Voici
C
c n < U C S t c r m c s
1
^régoir e vn I '
J C
Honorât dc Quiquerand de Beaujcu,
nt
, . C H A P I T R E XXI
e
évoques. Cette cour exhalait son indignation par le minis- ^ ^ xin t i e n o
r
d'autres, par un mandement. [Xoitvctles ecclésiastiques, r mai iy3i.)
Dans le fait, pour les prélats attachés à la doctrine de tt'iHz, Ja position
était bien difficile. Leur réserve dans unc occasion si délicate ne larda pas
à leur attirer le reproche de contradiction, de la part des jansénistes.
AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VU ^.ij
1 P A R T 1 E
l'ancienne société, en 7
1 7 8 0 , pa-s une église séculière ou
1 J 1 r 0
t C H A P I T R E XXI
Paris contre le bref qui avait flétri son mandement, ayant doléances
préalablement pris l'avis d'un conseil auquel ne siégeaient
pas moins de cent avocats. Peu de jours après, le 11 février
i7*3o, il adressait ses doléances au roi, dans une longue
lettre où il cherche à exciter le zèle du monarque contre
les entreprises de la cour de R o m e ( i ) . Il n'obtint cepen-
dant pas l'éclat qu'il désirait ; car, le 1 8 février, le cardinal
de Fleury écrivit aux gens du roi la lettre suivante, qui
montra que la politique du m o m e n t était de s'en tenir à la
paix :
« Je n'ai rien à ajouter, Messieurs, à ce que j'écris à Lettre du
1 7 1
' t ' cardinal de
« M. le premier président; et je m'en remets aussi aux Fleury aux gens
1 . du roi pour
« ordres du roi, que M. le Chancelier vous c o m m u n i - d é f e n d r e d e faire
T J rr 1 t • > mention
« quera. Il sumt, dans les conjonctures présentes, que de la requête
« l'essentiel, c'est-à-dire les maximes du royaume, soient mandement de
M d A u x c r r e
« à couvert : et la prudence demande qu'on ne cherche pas - ' -
« à irriter le m a l , plutôt que de le guérir. Le roi veut,
« surtout, qu'il ne soit fait aucune mention de la requête,
« ni du mandement de M. l'évêque d A u x e r r e . Il devait
« savoir qu'avant de le publier, il convenait qu'il sût les
« (1)intentions de S. M.
Dès le 3i décembre sur une
précédent, matière
l'Évêque aussi délicate,
dc Montpellier et
avait écrit
une première épître au Roi, p o u r lui dénoncer le danger que courait sa
personne, et p o u r le supplier de faire faire à la prochaine Assemblée du
Clergé une nouvelle Déclaration des q u a t r e articles de 1O82, et dc pour-
voir à ce qu'elle fût lue désormais tous les ans dans l'Eglise.
438 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SAINT GREGOIRE VII
• d'Auxerre écrit à
tira de ce pas difficile : mais, en attendant la décision, un rassemblée
e t
incident remarquable la força dc prendre position sur le dc^avTr 1 ande
Umgcmtus, qui . , , . ,
n'a aucune « à quels excès il s'était ci-devant porté contre un juge-
1
liaison avec les . - - n i
maximes « ment dogmatique de 1 Lghsc universelle, auquel tout
rinîïependancc « évêque, comme tout fidèle, doit adhérer dc cœur et
de la couronne
de France. « Cl esprit.
L'Assemblée « Que l'Assemblée, au surplus, était justement scanda-
refusc même , , i t- . m
e s t
U b
dc France. ^ fondé sur la catholicité. Jamais plus un seul mot dans
1
, , . — de Montpellier
n
qu eut a subir en France, au xvin siècle, la mémoire publie une
de l'incomparable pontife, Hàtons-nous donc de dire ^"conTrek^
h a d e
que l'évêque de Montpellier, dans son courroux contre r^]uc
t l e N î m e s
l'Assemblée qui avait refusé de s'associer à ses fureurs, -
attaqua violemment son collègue l'évêque de Nîmes,
dans une lettre pastorale, en date du 3 o novembre 1 7 3 0 ,
où il s'efforce de montrer la contradiction, évidente en
effet, entre la harangue du prélat et l'adresse de l'Assem-
blée au roi. « Dans la harangue, dit-il, on donne pour
« maxime que le règne de Sa Majesté est fondé sur la
« catholicité, et qu'zV doit toujours se soutenir sur les
« mêmes principes ; d'où il est aisé de conclure que si un
446 AFFAIRE DE LA LEGENDE DE S A I N T GREGOIRE VII
encore plus U tient dans cctte nièce scandaleuse le même langage que
J
scandaleux que , *
ceux des nous avons remarque dans les mandements des eveques
d^Atixerre, d'Auxerre, de Montpellier, de Troyes. Ce sont les mêmes
deMontpcllieret . . , , r , t l l £, , A
o r t u a n c
en l'omuS^Tpar ^ g ' - U parait pas cependant qu'on y ait proscrit.
u e
r.. ? ,- la légende; mais un homme plus téméraire, Antoine
1 1 7
dissertation °
AFFAIRE DE LA LÉGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VIT 453
1
Pereira de Figueircdo, entre les nombreux écrits qu'il MUTIR
° , r»' C H V P I T R E XXI
publia contre les droits de l'Eglise et du Saint-Siège, con- — T T " .
r
. injurieuse
sacra une dissertation spéciale à combattre la personne ct d'Antoine
. . ^ Pere ira
les écrits dc notre saint pontifc,sous centre: De Gestts et de Figueircdo.
scriptis Gregorii VIL C'était, assurément, un outrage
parti de bien bas, que celui qui provenait d'un homme
auquel son attachement à la cause du Saint-Siège avait
d'abord valu la disgrâce dc Pombal, ct qui devenu, sans
transition, l'enthousiaste prôneur de ce ministre, l'un des
plus infâmes persécuteurs de l'Eglise, se montra l'ignoble
er
flatteur d'un aussi pauvre souverain que lc fut Joseph I .
Non ; le caractère apostolique de saint Grégoire VII indigne
. . . . caractère de cet
n avait rien de commun avec 1 ex-oratonen qui applaudit écrivain
a l'atroce supplice de Malagrida, ct dont la plume vénale
écrivit les fades pamphlets intitulés : Parallèle d'Auguste
César et de Don Joseph, roi magnanime de Portugal,
et Vœux de la nation portugaise à l'ange gardien du
Marquis de Pombal ( i ) .
e
Le xix siècle a bien fourni aussi quelques insultes Ces attentats
à la mémoire du saint pontife. Sans parler des blas- pontife
i * , j, r • i i • continuent au
phemes qui plus d une f o i s , au parlement anglais, i . \i \c x i x s C
C S a c e
eVpag^oïcs P ' * l'héroïque Hildebrand tomba en proie à ces anar-
dc 1822, non chistes dont les désirs sont aussi des désirs de tyrannie.
J
m o i n s acharnes
contre saint En France, on vit le régicide Grégoire, dans son Essai
GregoircVIIque •
les rois historique sur les libertés de VEglise gallicane, publié
et l e s é v ê q u e s , . ,
courtisans, en i o i o , accumuler contre le saint pape et sa légende tous
les blasphèmes des protestants ct des jansénistes. En
Espagne, au mois de mars 1822, on faisait aux Cartes la
proposition de supprimer une partie de Voffice de Gré-
goire l V/, COMME A T I EXTATOIRE AUX DROITS DES NATIONS (2)!
Certes, c'était là une bien a mère dérision dc ces rois ct dc
ces évêques courtisans, occupés depuis si longtemps à
poursuivre le culte du saint Pontife, et qui l'avaient noté
Cet accord dc comme coupable de lèse-majesté royale ! Elle fut donc
t o u s les h o m m e s , . 1 • 1 • 1 ,. . \ , ,
qui bien droite, bien pure, la politique de ce grand homme;
1
"IwïtfTO Dieu avait donc placé cn lui unc notion bien haute du
de la j u s t i c e ct
(•2) L'Ami de la Religion, i3 avril 1 S 2 2 . T o m e X X X I .
A F F A I R E DE EA LEGENDE DE SATNT GRÉGOIRE VIT 455
1
droit public, si tous les hommes à excès sc sont donné le PARTIE
- . , , . . . . - CIIAPJTRE XXI
mot pour faire de son nom et de sa mémoire I objet de leurs -
clo^c
attaques. Jouissez de cette gloire, saint Pontife; jusqu'ici de iapoîitique
, " , , du saint
nul mortel ne 1 a partagée avec yous. pontife.
Encore un outrage : ce sera lc dernier. Au comrnen- Sur %
l a
cernent de Tannée 1 8 2 8 , une nouvelle édition du Bré- d e s ^ u l i k s 0 1 1
sainteté ct la o r ->
mission j e MuIIcr, des Voifft, etc., qui va retentir; ce n'est plus
7 1 1 1 1
glorieuse ° \
de saint même celle de Joseph dc Maistre, prophète du passé,
1
Grégoire VIL ' f f ,
annonçant a 1 Lurope que le moment est venu d adorer
ce qu'elle a brûlé, dc brûler ce qu'elle avait adoré. Toutes
les barrières sont tombées; c'est maintenant l'Eglise dc
France qui proclamera saint Grégoire VII sauveur de la
société, restaurateur de la science, dc la vertu ct dc la
justice; ct l'organe dc l'Église dc France, dans l'accom-
plissement dc ce devoir sacré, sera ce pieux et savant
évèquc, fils, par l'intelligence autant que par lc sang, du
grand philosophe catholique à qui Dieu donna d'appro-
fondir la législation primitive des sociétés, et de com-
prendre dans toute son étendue le rôle sublime du législa-
MI-T de Donald tcur pontife. Or ce fut le 4 mars i 8 3 8 , que fut donnée
U
«lu Kiy, !ouc au Puy, par monseigneur Louis-Jacqucs-Mauricc dc
1
^rinutmnër Bonald, aujourd'hui cardinal de la sainte Église romaine,
s o n
r w
"-ûitbrc archevêque de Lyon, Primat des Gaules, cette magnifique
du c t c o u
"4 mars7s^s n t g e u s c lettre pastorale sur le chef visible de
* vMbie U
l'Eglise, qui restera dans les annales de l'Église dc
de vfigihc. France, comme un des événements les plus graves qu'ait
vus notre siècle, qui en a vu un si grand nombre. C'est cn
ce jour mémorable qu'on entendit professer, avec non
moins d'éloquence que dc doctrine, du haut dc la chaire
épiscopalc, la foi dans l'infaillibilité du pontife romain
parlant aux églises, ct proclamer la haute mission imposée
par la Providence à saint Grégoire VII, et si dignement
accomplie par sa grande âme.
« L'irruption des barbares, disait le prélat, n'était que
« l'image d'une invasion plus dangereuse pour l'Église ct
AFFAIRE DE LA LÉGENDE DE SAINT GRÉGOIRE VTI 45j
« ses écrits, dans ses actions, dans ses paroles, dans tout
« son pontificat. Peu lui importent les calomnies, les per-
« secutionset la mort, pourvu qu'il abaisse toute hauteur
« et fasse fléchir lc genou devant les lois éternelles de la
« justice ct de la vérité. Dans ses démêlés avec les princes
« dc la terre, on n'a voulu voir que des empiétements
e s
« injustes; on a appelé comme d'abus 4 saintes entre-
« prises de ce grand pape. Que pouvait-il faire, quand
« les peuples, broyés sous le pressoir du despotisme
« insensé de leurs maîtres, venaient réclamer à genoux,
« comme un dernier secours et un extrême remède à leurs
« maux, l'exercice sévère de sa juridiction ct les foudres
« de ses sentences spirituelles ? Ce qui nous étonne ct
« presque nous scandalise, n'était aux yeux du moyen
« âge que l'exercice d'un juste droit ct l'accomplissement
« nécessaire d'une mission divine. Or, combattre pour
« établir partout le règne de la justice, delà science et de
u la vertu, qu'est-ce autre chose que de combattre
« pour civiliser le monde ? Ce furent là les combats
« dc Grégoire V I I , ct lc sujet pour lui d'une gloire im-
« mortelle, »
Parce Enlisant ces lignes si calmes, si épiscopales, dans lcs-
mnndcincnt la n A , i, i j n »
bataille est quelles estbeni avec tant d amour le nom dc ce Grégoire
c L l c n o u s fl
cJïïcïcsahit l vons vu poursuivi avec tant d'acharnement
V I Ï
G r
^scra dans les pages qui précèdent, ne semblc-t-il pas au lecteur
nécessairement catholique qu'il se repose avec suavité dans une paix qui
en France. nc sera plus troublée ? Après ce mandement, on peut lc
dire, la bataille est gagnée; il n'y a pins d'Alpes; Rome
ct la France sont unanimes à célébrer la gloire et les
vertus de Grégoire, père de la chrétienté. Tout est oublié,
renouvelé; le Christ est glorifié dans son serviteur. Mais
espérons que bientôt la louange dc Grégoire ne retentira
plus seulement dans des discours ct des instructions pas-
torales; que bientôt des autels s'élèveront à sa gloire dans
AFFAIRE DE LA LEGENDE DE SATNT GREGOIRE VU 469
1
cette France qu'il aima et qui le méconnut trop long-
1 1
r & C H A P I T R E XXI
temps; qu'enfin, le jour viendra où nous chanterons tous
& l'honneur de Grégoire ce bel éloge que Rome et toutes
les autres églises latines entonnent danslasolennite.de
ces saints pontifes qui, pour leur fidélité, ont mérité
d'échanger la tiare contre la couronne de l'immortalité;
Dum esset summus Pontifex terrena non metuit ; sed
ad cœlestia régna gloriosus migravit.-
Si maintenant, selon notre usage, nous en venons à Conclusions,
tirer les conséquences des faits consignés au présent cha-
pitre, elles se présentent en telle abondance, qu'il nous
faudrait consacrer un chapitre entier à les recueillir; mais
nous nous bornerons à celles qui rentrent directement
dans notre sujet.
La première,que nous offrons à ceux de nos lecteursqui 0
i Un . s c u l f a i t
r 1 1 1
liturgique
ne comprendraient pas encore toute 1'ïmportance dc la a suffi
. . . , . . . . . . pour mettre en
science liturgique, est que néanmoins, ainsi qu ils ont pu mouvement
ï a
le voir, un seul fait liturgique a suffi pour mettre en gLrtie?" ° d
de
l'enseignement
d'une doctrine
par les livres dc
FKglisc
romaine.
NOTES DU CHAPITRE XXI 461
1 P A R T |
E
CI[\PITRK xxr
N O T E S DU C H A P I T R E XXI
NOTE A
B E N E D I C T U S P A P A XIII
AI) P ]• R P E T U A AI R EI AI E Al O RIA M
NOTE C
B E N E D I C T U S P A P A XIII
CHAPITRE XXII
n o
"î abm^
t mineur avec lc titre de doc-
uluV i5r t e u r
ceUes\îe ° - ^ éleva au même rang de double mineur, de senti-
quatre saints, doubles qu'ils étaient, les offices de saint Paul, ermite,
ct de saint Jean dc Dieu, et créa semi-double d'obligation
celui dc sainte Elisabeth de Portugal, qui auparavant
était ad libitum.
Honnît xin Benoît XIII, outre la fète dc saint Grégoire VII dont
clive d\ln dcçré nous avons parlé, institua celle des Sept Douleurs de la
s a i n t c
u vTe?(^ Vierge^ ct celle dc Notre-Dame
f du Monl-Car-
me u l c
dc^iiniTrcnts ^ ^ " double majeur, et éleva celle de Notre-Dame
saints. d | Merci au même degré. Ii établit du rite double mi-
c a
J • j r • TI /1 A t / 1 CIIMMTRK XXII
contre les
nouveautés e u r S ( ) témoigner leur étonnement ces mêmes
1 o n t c s s Z ( s o u r c
'iïSwioT^tan: P ^ » * ^ P ^ dépôt des traditions liturgiques,
le théâtre, n'aient pas fulminé contre les nouveautés dont les églises
de France étaient le théâtre a cette époque. Nous avons
même été à portée de nous apercevoir que plusieurs
semblaient disposés à regarder ce silence comme une
sorte d'approbation.
De nombreux Cependant, si ces personnes voulaient se donner la
consrésatiîîns peine de parcourir les collections imprimées des décrets
de Trente des congrégations du concile dc Trente ct des Rites,
c l l e s r
téiîioSjJnenÏÏc 5 trouveraient des preuves multipliées des inten-
icur intention t ions persévérantes du Saint-Siège sur l'observation
1
persévérante de «
maintenir les des constitutions dc saint Pic V, pour le Bréviaire ct le 1
constitutions de
saint Pie V. i) Vid. la note A.
DURANT LA PREMIERE MOITIÉ DU XVIII* SIECLE 47$
1724-1738.
(1709). Antoine Baldassari, jésuite italien, a publié les Antoine
Baldassari,
ouvrages suivants : i° 7 / Sacerdote sacrificanie a Dio jésuite.
nelV Altare, con la norma délie Rubriche, cioe il Sacer-
dote reso esperto nelle Cerimonie délia Messa. Pistoie,
1 6 9 9 . — 2 La sacra Liturgia
0
dilucidala. Forli et Urbin,
1 6 9 7 - 1 6 9 8 , 3 vol. i n - 1 2 . — 3° I Pontifiai Agnus Dei
0
dilucidati. Rome, 1 7 0 0 , i n - 1 2 . — 4 La Posa d'oro, che
si benedice nella quarta Domenica di Qiiaresima dal
sommo Ponlefice. Venise, 1 7 0 9 , i n - 8 ° . — 5° Il Pallio
Apostolico dilucidaio. Venise, 1 7 1 9 , in-8°.
(1709). Dom Thierry Ruinart, savant bénédictin d e l à Dom Thierry
Ruinart, de ia
congrégation de Saint-Maur, a laissé manuscrit l'ouvrage congrégation
dc Saint-Maur.
intitulé : Disquisitio historica de Pallio Archiepiscopali,
qui a été publié parmi les ouvrages posthumes de Dom
Mabillon. 1 7 2 4 , i n - 4 .0
INSTITUTIONS qui a reçu les plus grands éloges de la part des jansé-
L I T U R G I Q U E S
nranMitte, 1
de T y r , a rendu un éminent service aux amateurs de la
ai
dc Tyr" C
Liturgie orientale, par la publication de sa fameuse liiblia-
theca Orientalis, où il mentionne un grand nombre de
pièces concernant les offices divins. Elle p a r u t à Rome,
de 1 7 1 9 a 1 7 2 8 . Son édition de saint E p h r e m est aussi
d'un grand prix, p o u r les nombreuses hymnes de ce saint
moine, qui jusqu'alors étaient demeurées inédites, au
moins pour la plupart. Enfin Joseph-Simon Asscmani a
publié les six premiers volumes d'un grand ouvrage,
malheureusement resté imparfait, comme tant d'autres, et
qui porte ce titre : Kalendaria Ecclesiœ universce. Rome,
0
1 7 5 5 - 1 7 6 7 , 6 vol. in-4 .
Philippe (1720). Philippe Bonanni, jésuite, est auteur du livre
^és^iite!' intitulé : La Gerarchia Ecclesiasiica considerata nelle
vesti sacrée civili, usate da quelliquali la compongona,
espresse, e spiegale cou le immagini di ciascun grado
délia medesima. Rome, 1 7 2 0 , in-_]°.
Thomas Breti, (\j2o). Thomas Brett, docteur anglican, fit paraître cn
an^ik-an. cette année, à Londres, une Collection des principales
Liturgies de l'Eglise chrétienne usitées dans la célébra'
lion de la sainte Eucharistie. Cette collection, en langue
anglaise, sc compose: i" de la Liturgie tirée des consti-
0
tutions apostoliques; 2 de celle de saint Jacques; 'i" de
0
DE LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIII SIECLE 481
INSTITUTIONS quotannis
1
usitaia ceremonia ensem et pileum benedicendi.
LITURGIQUES .
Rome, 1 7 2 G , in-8°.
justeFontnnini, ( 1 7 2 7 ) . Juste Fontanini, savant prélat romain, a laissé :
prélat romam. ^ Discus argenieus imlipus veterum Christianorum
Pcrusite reperlus, ei commentario illustraius. Rome,
1 7 2 7 , i n - 4 . 2 Codex Consiilulionum 0
quas summi Pon-
0
, J. - 1 , CHAPITRE XXII
connu dans la science liturgique par les deux ouvrages —
suivants : Réfutation de la Dissertation du P. Lebrun
I ° ^YNSNTHC"
—- • 1 7 4 5 , in-folio.
Jean Pinius, ( 1 7 2 9 ) . Jean Pinius, l'un des continuateurs de Bollan-
bolhimUstc. dus, a donné, cn tétc du sixième tome de juillet des Acta
Sanctorum, l'importante dissertation de Liturgia Mo\a-
rabica, que nous avons citée ailleurs. N o u s profiterons
dc l'occasion pour mentionner les divers travaux litur-
giques des jésuites d'Anvers. D'abord, leur magnifique
compilation, si importante sous tant de rapports, est avant
Travaux tout une œuvre liturgique. De plus, il n'est pas rare de
épari "ïïans ia rencontrer, cn tetc des divers volumes, des dissertations
1 S
C
bôuanalstcs. spéciales sur les choses du culte divin. Lc deuxième tome
a
italien.
Jean-Baptiste ( 1 7 4 6 ) . Jean-Baptiste Gattico, chanoine régulier de La-
Gattico,
chanoine tran, est connu par les ouvrages suivants: i° De Oraioriis
régulier de
Latran. domesticis et de usu Altaris portatilis,juxta veterem ac
recentem Ecclesiœ disciplina??!. R o m e , 1 7 4 C , in-fol. —
0
2 Epistola Apologetica ad amiewn, dans laquelle Fau-
teur défend ce qu'il a avancé au chapitre X X I X du p r é -
cédent ouvrage, au sujet de l'administration du sacrement
dc l'Eucharistie dans les oratoires privés. Bergamc, 1 y 5 1 .
— 3 ° Acta selccla Cœre??io?iialiasa?ictœ ro??ia?iœEcclesiœ ex
variis MSS.Codicibus et Diai^iis sœculiXV.XVI.XVII.
Rome, 1 7 5 3 , in-folio; un volume ct demi, l'impression
du second n'ayant point été achevée. Cet ouvrage ren-
ferme des détails du plus grand prix pour l'histoire
domestique dc la Cour dc R o m e , autant que pour la
Liturgie.
Le pape ( 1 7 4 7 ) . C'est l'année où parurent à R o m e , cn douze
Benoit XIV.
volumes in-folio, les œuvres du grand Pontife Benoît XIV,
dont le nom seul rappelle la plus vaste science liturgique
dont jamais un homme ait été orné. Il suffira sans doute
de désigner ici cn abrégé les divers ouvrages dc ce grand
homme, puisqu'ils sont entre les mains dc tout le monde.
e
DE LA PREMIÈRE MOITIE DU X V I I I SIECLE
INSTITUTIONS tion : d'où il suit que nous avons encore huit ou neuf cents
LITURGIQUES * .
I PARTIE
C H A P I T R E XXII
N O T E D U C H A P I T R E XXII
CHAPITRE XXIII
E
DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIÉ DU XVIII SIECLE.
DERNIERS EFFORTS POUR LA DESTRUCTION DES USAGES
ROMAINS EN FRANCE. — RONDET ET SES TRAVAUX. — BRE-
VIAIRE DE POITIERS. JACOB. — BREVIAIRE DE TOULOUSE.
LOMENIE DE BRIENNE. — BREVIAIRE DE LYON. MONTAZET. —
REVISION DU PARISIEN. SYMON DE DONCOURT. — ASSEMBLÉE
DES ÉVÊQUES DE LA PROVINCE DE TOURS. — BREVIAIRE DE
CHARTRES. SIEYES. — MISSEL DE SENS. MONTEAU. — DESOR-
GANISATION DE LA LITURGIE DANS PLUSIEURS ORDRES RELI-
GIEUX EN FRANCE. — SITUATION DE L'ÉGLISE DE FRANCE,
SOUS LE RAPPORT LITURGIQUE, AU MOMENT DE LA PERSECU-
TION. — ENTREPRISES ANTILITURGIQUES DE JOSEPH II, EN
ALLEMAGNE ET EN BELGIQUE ; DE LÉOPOLD, EN TOSCANE.
RICCI. SYNODE DE PISTOIE. CONSPIRATION GENERALE DE LA
SECTE ANTILITURGISTE CONTRE LE CULTE ET L'USAGE DE
L'EUCHARISTIE. — RÉACTION CATHOLIQUE PAR LE CULTE DU
SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS. — TENTATIVES ANTILITURGISTES DE
LA SECTE CONSTITUTIONNELLE EN FRANCE, APRES LA PERSÉ-
CUTION. TRAVAUX DES PAPES SUR LA LITURGIE ROMAINE,
0
DURANT LA DERNIERE MOITIÉ DU XVIII SIECLE. BULLE
AUCTOREM FIDEL—AUTEURS LITURGISTES DE CETTE
ÉPOQUE.
à cette rapide histoire liturgique; ils viendront assez tôt publiés par
r
, . . Rondet est la
ailleurs. Toutefois, observons que tous les bréviaires et substitution
missels à la publication desquels Rondet prit part, pré- Vui^atenouvelie
même
sentent deux caractères particuliers qui les distinguent des i t a l i q u e *îèces
™ 0
r
l'affectation d'employer rÉcriture sainte d'après la Vul- 7 % | ^ ^ à a e
gâte actuelle, en faisant disparaître les phrases, les mots, Clément vin.
les syllabes même qui, provenant de l'Ancienne Italique,
rappellent encore, quoique bien rarement, dans le pari-
sien actuel, l'origine grégorienne de quelques répons ou
antiennes. On sait que Rondet se piquait d'érudition
biblique; mais il est fâcheux qu'il ait cru devoir en faire
un usage si barbare. Au reste, la question de savoir si l'on
devait conserver dans la Liturgie les paroles de l'Ancienne
Italique, avait été agitée à Rome, dès le xvi° siècle.
Mais de bonne heure, Clément VIII fixa toutes les incer-
titudes, en déclarant qu'on devait maintenir l'ancienne
version dans toutes les pièces chantées. Le pontife cen-
sura même avec énergie la témérité et Vaudace des nova-
teurs, ne voulant pas qu'on pût dire qu'une atteinte, si.
légère qu'elle fût, aurait été portée à la tradition par les
pontifes romains ( i ) . On doit, après tout, savoir gré à
INSTITUTIONS Rondet, qui n'avait pas les mêmes intérêts que l'Église
LITURGIQUES
romaine au maintien des traditions, de n'être pas allé
jusqu'à remplacer lc Venite extiliemns du psautier ita-
lique, par celui du psautier gallican.
Le second Le second caractère des livres liturgiques sortis de ses
caractère des
mains, est d'avoir un Commun des prêtres.
Liturgies N o u s discu-
Rondct est* terons ailleurs les motifs et les avantages de cette nouvelle
P
ï'un°Conw?uii création. Il faut dire cependant que les livres publiés par
Rouen et chezà Rondet ne sont pas les premiers qui la présentent ; mais,
déji^nau^Sre
les chanoines quoiqu'on l'eût déjà inaugurée au Bréviaire de Rouen, dès
réguliers dc
Sainte- 1 7 2 6 , Vigier et Méscnguy n'avaient pas cru devoir imiter
Geneviève.
cet exemple. La congrégation des chanoines réguliers de
Sainte-Genevicve,en adoptant leur bréviaire,y introduisit
tout d'abord le nouveau Commun qui bientôt devait être
accueilli en tous lieux, par acclamation, à cette époque où
les pouvoirs du second ordre étaient proclamés si haut.
La révolution était donc partout, et d'autant plus voisine
de son explosion, que ceux-là mêmes qu'on avait trouvé
moyen d'y intéresser, étaient ceux qu'elle devait atteindre
Cette nouveauté les premiers. Quoi qu'il en soit, le nouveau partage des
l'esgrU de communs produisit encore un déplorable renversement
nism'e des traditions liturgiques, dans les bréviaires modernes,
d
\ i a n d o n n c r savoir, la suppression absolue du titre dc confesseur^sans
U t
C t
ic"ure lequel il est impossible cependant dc rien entendre au
e r
c t
^quîavak ^ ^ 1
portaient en tête le nom et l'approbation de
a c o
l c s
vaut Vœuvre de la création ( i ) ? Pouvait-on démentir d'une t î e n n e s cfu an
v
' psautier ne
manière plus énorme tous les siècles chrétiens, qui n'ont > 8 ( n t
P l u s t î r é e s
r
t K . . . «es psaumes
qu'une voix sur les mj'stèrcs de la semaine, ct qui jamais eux-mêmes.
ne confondirent le jour de la lumière avec le Sabbat du
Seigneur? A l'effet d'étayer ce beau système, Jacob n'avait
eu rien de plus pressé que de débarrasser les vêpres du
dimanche de ces belles et populaires antiennes, conservées
cependant à Paris et partout ailleurs : Dixit Dominus —
Fidelia, etc., pour amener, comme dans tout le reste de
son psautier, de nouvelles antiennes plus ou moins décou-
sues et tirées des divers livres de la Bible ; en quoi il avait
rompu non seulement avec Rome, Milan, l'ancienne
Eglise gallicane, l'Eglise gothique d'Espagne, mais même
avec tous les nouveaux bréviaires, dont aucun n'avait
encore été puiser hors des psaumes eux-mêmes les
antiennes du psautier. Dans la voie des nouveautés, quand
on a franchi un certain degré, on ne s'arrête plus. Nous
nous bornerons, pour le moment, à ces traits du bré-
viaire de Jacob, en signalant toutefois les indignes gra-
vures dont on avait prétendu l'orner.
(i) Dies Dominica Dei complentis opus creationis requiem célébrât,
Christi resurgentis commémorât triumphum, varia describit pietatis
officia quibus obligantur fidèles, ct œternae requiei desiderium excitât et
accendit.
5o8 BRÉVIAIRE E T MISSEL DE POITIERS
œ t t C
nïï?s chapitre primatial fit entendre ses réclamations. On vit
U r C Î
m m c a r a t r e u n
intem^n^ua ^ P î écrit intitulé : Motifs de ne point
Liturgie admettre la nouvelle Liturgie de M. Archevêque de r
LE RITE LYONNAIS ABOLI PAR MONTAZET 51 I
d c D o n c o u r t
furent spécialement chargés de diriger l'édition du Missel -
de 1 7 7 7 , et celle du bréviaire de 1 7 7 8 . Ils introduisirent
quelques améliorations légères ; par exemple, en faisant
disparaître la divergence des oraisons de la messe ct dc
l'office, dans une m ê m e fête ; inconvénient qui rappelait
la précipitation avec laquelle on avait procédé, au temps
de l'archevêque Vintimille. Malheureusement, toutes les
améliorations introduites p a r J o u b e r t et Symon de Don-
court n'étaient pas aussi dépourvues d'esprit de parti ;
autrement, on ne s'expliquerait pas la faveur inouïe qu'ob-
tint le travail des deux sulpicicns delà part des jansénistes, -
qui jusqu'alors n'avaient jamais manqué unc occasion de
s'exprimer contre leur compagnie dans les termes les plus
grossiers et les plus m é p r i s a n t s . Ce fut donc merveille de ^ ç ^ s u
a
r t e
voir successivement trois feuilles des Nouvelles ecclésias- accordée par les
jansénistes
tiques (Ï) consacrées, presque en entier, à reproduire avec au travail des
. 1 V 1 , . , , i T i deux sulpicicns.
une faveur complète le mémoire dans lequel Joubert et
Symon de Doncourt rendaient compte de leur opération
au public.
U n e des raisons de cette haute faveur apparaît en parti- Symon
i- 1 1 „ . . , • , -% ir * t de Doncourt
euher dans une des améliorations de 1 édition du Missel signale avec
, ., n j T-V 1 • A complaisance la
de 1 7 7 7 , signalée p a r Symon de Doncourt lui-même avec correction
f 0
la(1)plus naïve
20 août, complaisance,
29 octobre dans
ct 5 novembre 1 7 8une
4. lettre de cet ecclé- dcsam\ PÎCRRE
T. II. 33
514 REVISION DU BRÉVIAIRE PARISIEN
f lS
obTtacïe à ses Petro apostolo tuo, collatis clavibus regni cœlestis ANIMAS
su? ie tem°p o rel Ugandi atque
r te n
solvendi pontificium
S
tradidisti. L a cour
des rois. j R suivant l'auteur de la lettre, aurait, dans les
c e o m C i
S a c n > C œ u r
messe étaient de la composition de Joubert et dc Don- -
court. Ainsi, une solennelle réclamation contre l'esprit
janséniste qui avait inspiré l'oeuvre de Vigiej et Mésenguy,
venait s'implanter au milieu de cette œuvre elle-même.
Quelques années auparavant, en 1 7 7 0 , Christophe de Christophe
Beaumont avait approuvé un office du saint Rosaire qui *ic Beaumont
, , . . - , , ^ , , . . . . avait déjà
n était pas, il est vrai, destine à être insère au bréviaire, approuvé un
^ * . . » •» . ^ ^ oflicedu saint
mais qui pourtant était aussi unc réclamation contre cet Rosaire,
isolement dans lequel on tenait les catholiques français à
l'égard de Rome et de la chrétienté, en leur interdisant la
commémoration d'une des plus magnifiques victoires que le
nom chrétien, sous les auspices de Marie, et par les efforts
du Pontife romain, ait jamais remportée sur le Croissant.
Antoine-Eléonor Leclerc de Juigné, qui siégeait sainte- MR de Juignc,
1 1 7. , . , , dernier
ment et glorieusement dans l E g h s e de P a n s , quand la archevêque de
A . , . . . , Paris avant
tempête si longuement et si complaisamment préparée i Révolution, a
s'en vint mugir avec tant de rage contre les institutions f Nouvelle u n
d c
l'édition du Bréviaire de Paris qu'il préparait, mais qui ^ôfficc de"
n'eut pas lieu, il songeait à introduire l'office de Notre- Notre-Dame du
Dame du Mont-Carmel ; mais les temps n étaient pas Mont-Carmcl.
Y ^ , ™ ^ . ,
5l6 PUBLICATION DU RITUEL DE PARIS
o u r c s e n a e r
^bréWalrc^ a
P * g g à s'occuper de cet objet. On dit que
« Luce de Lancival, alors professeur de rhétorique au
« Collège de Navarre, concourut et obtint le prix pour les
Luce de « hymnes de sainte Clotilde ( 2 ) . » Cependant, si nous
J
Lancival obtient , • M » I - ^
îe^rixpour nous en souvenons bien, il nous semble que saint Ber-
safni^ciotfide*! nard exige tout autre chose de Thymnographe chrétien,
que la qualité de professeur ou d'ami de la poésie latine*
La persécution qui renversa les autels suspendit l'édi-
tion du bréviaire projeté; mais n'eût-il pas été bien déplo-
rable de voir réunis dans le même livre des prières cléri-
cales, les psaumes de David, les cantiques des prophètes
ct les fantaisies latines d'un personnage erotique qui, après
avoir cultivé cn auteur du troisième ordre le tragique et
le comique du Théâtre-Français, mourut à quarante-
quatreansd'une maladie honteuse (3)? Et pourtant, mieux
vaut encore pour hymnographe un libertin qu'un héré-
tique.
L'archevêque de Juigné, s'il ne renouvela ni le missel,
(1) Trois pour lc commun des prêtres, deux pour le patron, et trois
pour sainte Clotilde,
(a) VAmi de la lieligion.Tomc XXVI, page 2 9 6 .
(3) Le nouveau bréviaire de Paris de 18-22 renferme trois h y m n e s de
sainte Clotilde, sans nom d'auteur. Ne seraient-elles point celtes dc Luce de
Lancival t Que d'autres nous le disent. Jusque-là nous nous abstenons.
PAR L'ARCHEVÊQUE DE JUI6NÉ 5l7.
:
bien grave dans le diocèse de Paris : ce fut la publication
d'un nouveau rituel. Nous neparlerons pasici du Pastoral, d ^ g n é ^ b H c
l e p lc
ou recueil dogmatique et moral qui ne concerne que la ^^f^
P a r i s l
pratique du saint ministère. Le Rituel proprement dit doit ( i^)>
nous occuper uniquement. On remarqua dans la nou-
velle édition de ce livre une hardiesse qui dépassait, sous
un rapport, tout ce qu'on avait vu jusqu'alors. Sans doute,
les jansénistes, auteur des nouveaux livres, s'étaient exer-
cés à mettre du nouveau dans tout l'ensemble de la Litur-
gie, mais du moins ils ne s'étaient pas avisés de retoucher
pour le style les pièces de l'antiquité qu'ils avaient jugé
à propos de conserver. Les prières pour l'administration
des sacrements n'avaient souffert aucune variation ; ct,
Q
jusque-là, le xvni siècle ne s'était pas cru en droit de
donner des leçons de langue latine à saint Léon et à saint
Gélase. Dans le Rituel parisien de 1 7 8 6 , le clergé s'aperçut Ce dernier
L n
que l'ensemble de ces vénérables formules avait été sou- ™\*$\lttt
to C8
mis à une nouvelle rédaction, sous le prétexte d'y intro- jan5mstes
duire une plus grande élégance! Ainsi, ce n'étaient plus j * q u ï i o n e n
u
2
s u t à
de T unité de VÉglise, l'assemblée de 1 7 8 0 s'occupât des dop^ f a a
INSTITUTIONS q U e
R
p a r procureur, écrivirent à l'archevêque : Nous ne
LITURGIQUES ^ *„ ^ 7•/ . , ,
U
^ÉgiTsc mélodie. Quelques années plus tard, l'auguste cathédrale
d C
a l a r a
rc°i aza ristc dans * publication d'un nouveau missel, promulgué par
, ! u S , a u t o n t
M o n t
tird l ^ du cardinal dc Luyncs, archevêque dc cctte
schismatique métropole. L'auteur de ce missel fut l'abbé Montcau,
constitutionnel. , .
lazariste, supérieur du séminaire ; son travail est célèbre
par la multiplicité des traits d'esprit qui scintillent de
toutes parts dans les collectes, secrètes et posteommu-
MISSEL DE SENS 521
6
raissant telle qu'elle est, dans ses motifs, dans ses auteurs, ^cït'pVfc
elle-même des
moyens de la
(1) L'Ami de la Religion, tome LV. Notice sur Dom Foulon ct ses soutenir,
ouvrages, pages, 3 o 5 - 3 u .
524 RÉSUMÉ DE L'ÉTAT DE LA LITURGIE EN FRANCE
INSTITUTIONS dans ses agents, être jugée de nos jours, cofnme elle le
LITURGIQUES , M I - I t
sera par-devant tout tribunal qui voudra juger les institu-
tions du catholicisme d'après lc génie même du catho-
licisme ! L'Église de France est donc arrivée à la veille
d'une effroyable persécution ; ses temples vont être fer-
mes par les impies, ses fêtes ont cessé de réunir les peuples,
et les nouveaux chants qu'elle a inaugurés, à la veille d'un
si grand désastre, n'ont pas eu le temps de remplacer
dans la mémoire des fidèles ceux qui retentirent dans les
âges de foi. Naguère, cette Église n'avait qu'une voix
dans ses temples, et cette voix était celle de toutes les
églises dc la langue latine ; aujourd'hui, la confusion est
survenue ; vingt dialectes, plus discordants les uns que les
autres, divisent cette voix et en affaiblissent la force.
Prête à descendre aux catacombes, l'Église gallicane a
perdu le droit de citer désormais aux peuples la parole
des livres dc l'autel et du chœur, comme l'oracle dc l'an-
tiquité, de la tradition, de l'autorité. En alléguant le texte
des nouveaux missels et bréviaires, on ne peut donc plus
dire désormais : L'Eglise dit ceci ; ct ce coup fatal, ce
n'est point la main d'un ennemi qui Ta porté. Les hommes
de nouveautés ct dc destruction ont trouvé le moyen dc
faire mouvoir cn leur faveur lc bras qui ne devait que les
foudroyer. Or, voilà ces jurisconsultes, ces mêmes gens
du palais qui décrétèrent l'abolition du Bréviaire romain
ct firent brûler, par la main du bourreau, les remon-
trances ou réclamations que lc zèle de la tradition catho-
lique, aussi bien que dc l'unité dc confession, dictait à
quelques prêtres courageux ; les voilà qui s'apprêtent à
mettre au jour la constitution nationale, ct non romaine,
qu'ils ont préparée au clergé de France. Dans leur attente
sacrilège, ils comptent sur les peuples qui, dans beaucoup
de provinces, ont déjà commencé à perdre le respect
envers leurs pasteurs, à l'occasion des changements intro-
duits dans les formes du culte. Déjà dans de nombreuses
LA SECTE ANTILITURGISTE HORS DE FRANCE 5fc5
paroisses, la dîme a été refusée aux curés qu'une injonc- *PARTIE
. , . . , . 1 . 1 - CHAPITRE XXIII
d
peupïc " perfectionnement autant littéraire que religieux.il avait
fallu dissimuler lc but auquel on tendait, parler beaucoup
d'antiquité tout en la violant, et surtout éviter de
s'adresser au peuple par des changements trop extérieurs
dans les objets visibles ; car la nation, en France, a été et
sera toujours catholique avant toutes choses, et plus elle
se sentira refoulée à une époque sous le rapport des mani-
festations religieuses, plus elle y reviendra avec impé-
tuosité, du moment que l'obstacle sera levé.
La secte II en était tout autrement en Allemagne. La réforme de
e
^ î û s ^ T o r e ' Luther avait été accueillie par acclamation, au xvi siècle,
0
p r t
Tuf avliit comme l'affranchissement du corps à l'égard des pratiques
m e
P
terrair/ extérieures et gênantes qu'imposait le catholicisme. Dans
e
es a s
directemâvfaux ^ P y demeurés catholiques, le zèle des antiliturgistes
0
formes mêmes du xviii siècle s'inspira de ces favorables commencements, 1
du catholicisme. .
et quand il voulut tenter une explosion, il se garda bien
d'aller perdre un temps précieux à falsifier des bréviaires
ct des missels. Il appliqua tout franchement et tout direc-
tement sur les formes', pour ainsi dire, plastiques du culte
catholique ses perfides essais dc réforme. Il savait le
rationalisme allemand moins subtil que l'esprit français,
ct vit tout d'abord que l'on pouvait bien laisser le Bré-
viaire romain intact entre les mains d'un clergé qu'on
saurait amener peu à peu à ne plus vouloir réciter aucun
bréviaire. Les premières atteintes de cet esprit antilitur-
giste, au sein même des catholiques, avaient déjà percé
dans les canons de ce fameux concile de Cologne de 1536,
dont nous avons parlé ailleurs (i). Mais ce fut bien autre
n'est pas un point essentiel dans la religion. C'était bien français avaient
r r
° a peine avoue.
là, comme Ton voit, l'esprit de nos novateurs français,
mais fortifié de toute l'audace qu'on pouvait se permettre
en Allemagne.
Mais ce qui parut le plus étonnant à cette époque, fut Les mêmes
l'apparition des mêmes scandales, en Italie, où tout sem- appara^sent
blait conspirer contre les développements, et mêjnc contre e
ics caractères
les premiers symptômes de l'hérésie antiliturgiste. Cette p^p^lvant-ais
importation manifesta à la fois les caractères de l'esprit f{t Je l'esprit
r x
allemand, sous
français plus subtil, plus cauteleux, et dc l'esprit allemand i t s auspices
r r 7 r
* % de Leopold,
plus hardi et plus prompt a rompre cn visière. On grand-duc de
, . , j «• , . ' Toscane ot grâce
s expliquera aisément ce double caractère, si on sc rap- à Sçîpîon de
R ut
pelle les efforts inouïs que les jansénistes français avaient deVisVo\e\
faits pour infiltrer leurs maximes en Italie, ct aussi l'in- ^nsenistes?
iiuence T.que
U. devait naturellement exercer sur 34 Léopold,
53o LA SECTE ANTILITURGISTE EN ITALIE
« leur ordre les offices divins. Chacun sait que Dieu, qui ~~~~—: ~
A de la Liturgie
« est la venté, ne veut pas être honoré par des mensonges; les axiomes des
-, i l 1 1 - novateurs
« et d autre part, que les plus savants et les plus saints français.
« personnages, des papes même, ont dans ces derniers
« temps reconnu dans notre bréviaire, spécialement pour
a ce. qui regarde les leçons des saints, beaucoup dc faus-
« setés, et ont confessé la nécessité d'une plus exacte
« réforme. Quant à ce qui regarde les autres parties du
« bréviaire, chacun comprend qu'à beaucoup de choses
« ou PEU UTILES, ou MOINS ÉDIFIANTES, il serait nécessaire
« d'en substituer d?autres TIRÉES DE LA PAROLE DE DIEU OU
« des ouvrages originaux des saints Pères; mais, sur
« toutes choses, on devrait disposer le bréviaire lui-
« même de façon que, dans le cours de Tannée, on pût lire
o tout entière la sainte Écriture ( 0 . »
Ainsi donc, nous entendrons les antiliturgistes tenir ne Luther à
partout un langage uniforme, de Luther à Ricci, cn antnîturgistes
attendant le tour de nos constitutionnels français. Tou- ^ ^ " î a n g a g e 6
(i) Prima di tutto pero noi giudichiamo dî doverc cooperare col nostro
Prelato alla ri forma del Breviario e del Messale délia nostra Chicsa,
variando, correggendo e ponendo in migliore ordine i divini Ufizi.
Ognun' sà che Iddio, il quale è la verità, non vuole csse're onorato con
menzogne ; e che per altra parte i pïu dotti e santi uomini, e i Ponlefici
medesimi in questi ultimi tempi hanno riconosciuto nel nostro Breviario,
spécial mente per quel che riguarda le lezioni dei santi, moite falsita, ed
hanno confessato la nécessita d'una piu csatta ri forma. Pur qucllo che
riguarda poi le altre parti del Breviario, ognuno comprende, che a moite
cose o poco utili o meno edificanti sarebbe necessario sostituire altrc
toi te dalla parola di Dio o dalle opère genuîne dei Patri; ma soprattutlo
che dovrebbesi disporre il Breviario medesimo in maniera, che nel corso
d'un anno vi sil eggesse tutla intiera IaSanta Scrittura. (A tti c décreti del
Concilio Diocesnio di Pistoia. Sesaione VI, pagina -zob.)
532 LA SECTE ANTILITURGISTE EN ITALIE
f a c i L h o i n L C S
de misère, et sont résolus de s'adresser à S. A. S. le * -
G r a n d - D u c , p o u r obtenir unc réduction dans le nombre
de ces jours consacrés aux devoirs religieux (3). C'est,
sans doute, pour honorer en Léopold la qualité dc prince
de la Liturgie, que les Pères décrètent qu'on ajoutera
désormais au Canon ces paroles : Et pro Magno Duce
nostro N. (4). On voit que l'esprit des antiliturgistes est
partout le m ê m e , en Italie c o m m e ailleurs : la seconde
majesté profite toujours des dépouilles de la première,
« P o u r ce qui regarde les pratiques extérieures de la Le rosaire
, , , • u - . . i • condamné sous
« dévotion envers la sainte Vierge et les autres saints, p *tcxted'ôter rc
t0 r de
« disent les Pères, nous voulons qu'on enlève toute ombre su%rs?hi on
08
« de superstition, comme serait d'attribuer une certaine ™* J/voJiJJn
nvcr
« efficacité à un nombre déterminé de prières et de salit- , ? * r
r
v la sainte Vierge
et les saints.
(1) Sessione IV, pag. 1 2 9 .
(2) Sessione VI, pag. 238,239.
(3) Ibid. pag. 2 0 7 - 2 0 9 .
(4) Ibid., p a g . 2 0 4 .
L A
534 SECTE ANTILITURGISTE EN ITALIE
r
^acrl Cœur lement en venir à poursuivre les images. C'est pourquoi,
C Ie
nt
, °y ? J ? immédiatement après, ils enjoignent d'enlever des églises
réputation il e u e *• ' ' «-* <->
miraculeuses, toutes les images qui représentent de faux dogmes, celles
par exemple du Cœur de Jésus, ct celles qui sont aux
simples une occasion d'erreur, comme les images de Vin-
compréhensible Trinité. On enlèvera de niûme celles dans
lesquelles il paraît que le peuple a mis une confiance sin-
gulière, ou reconnaît quelque vertu spéciale. Le synode
ordonne pareillement dc déraciner la pernicieuse coutume
qui dislingue certaines images de la Vierge par des litres
ci noms particuliers, la plupart du temps j'ains el pué-
rils, comme aussi celle de couvrir d'un voile certaines
images; ce qui, cn faisant supposer au peuple qu'elles
auraient unc vertu spéciale, contribue encore à anéantir
toute r utilité et la fin des images (a).
Réforme du La réforme dans le culte dc la sainte Vierge et des
saint^aercment saints n'était pour le synode qu'une conséquence de la
dcVamcssi5 . réforme à laquelle, toujours à la remorque de Joseph II,
C : tt
réflexions arbitraires, 1
souvent fausses, plus souvent * PARTIE
' CHAPITRE XXIII
encore capricieuses, et toujours périlleuses ( i ) . -
On voit que nos réformateurs du catholicisme allaient illusion des
. . ^ . . , £ novateurs qui
vite en besogne, et que si, a la façon des novateurs Iran- prenaient
çais, la refonte des livres liturgiques sur un plan jan- paiiemagn^ou
l a F r a n c c
séniste leur paraissait un moyen important d'avancer -
l'œuvre, ils voulaient mener de front, à la manière de
Joseph II, la réduction extérieure des formes du culte
catholique. Ils s'étaient trompés en prenant ainsi l'Italie
pour l'Allemagne; car si c'était un avantage pour la
Toscane d'être régie par un prince de la maison d'Au-
triche, c'était du moins une grande faiblesse de jugement
dans Léopold, que de vouloir régir les populations au
rebours de leur génie et de leurs habitudes.
Le synode de Pistoie fut imité par ceux que présidèrent | ç | ™ ^ p r i
a
i
1
i é a r
peu après dans leurs diocèses, Sciarelli, évêque de Colle, marani, évêques d c C o l l e
• * * i t •
et Marani, eveque d Arezzo, lesquels tinrent a. honneur
i
et d'arczzo, qui
de marcher à la suite de Ricci et de ses curés. Dès lors, "uuTEs i t n m m e
INSTITUTIONS
J
pour les défunts: sur Turgencedesoumettreles réguliers aux
R
LITURGIQUES , . . ^ • • • , . , ,
accroître D O 7
le scandale. « q ^ à l'avenir la doctrine de saint Augustin devrait être
« suivie dans renseignement ecclésiastique ; on ordonna
« la réforme des missels et des bréviaires, etc. (2). »
La Révolution Toutefois, ainsi que nous l'avons dit, cette levée de bou-
francaisc^ arrête j j c > p ^
e r si n L dislocation sociale qui, en
c u t a § s u t e s a
de la
t o u c l
qui touche le culte de la glorieuse Vierge Marie et des
c u l t e
Ct s a n t s
M I
des M i n i ? i - Nous dirions comment ils les ont livrés, ces peuples
sans défense, au souffle glacé du rationalisme, en expul-
sant de la Liturgie, et, partant, de la m é m o i r e des fidèles,
la plupart des miracles et des dons merveilleux accordés
aux saints, sous le vain prétexte des droits de la critique;
comme s'il suffisait de la volonté d'un pédant pour faire
reconnaître comme incontestables les stupides ailirma-
La suppression tions du pyrrhonisme historique. N o u s dirions comment
des anciens , , , » r . . , . ^ , T r .
offices des saints us ont retranche du bréviaire, et bientôt des Vies même
p o r t
rnorteî° u p
des saints, le récit des actes de vertu extraordinaire ins-
a leur culte. pjr(is p r
Esprit de Dieu
a r à
ses m e m b r e s , sous la futile
apparence que ces laits ne seraient pas imitables ; comme
si T Esprit de Dieu, dans les livres qu'il a dictes lui-même,
n'avait pas accumulé p o u r sa gloire les actes les plus
extraordinaires, aussi bien que les actes les plus vulgaires
cn apparence ( i ) . Nous dirions comment il était inévi-
table au peuple d'oublier les actions, les mérites, les ser-
vices ct jusqu'au nom des saints patrons, du moment
su n î ent
des campagnes se livraient à une joie, quelquefois abusive, fi's fe tes
8
nous en convenons, Joseph I I , Léopold, Jérôme de ^JJnîa'sôus
Collorédo, Ricci, etc., voulaient bien plus éteindre les ^^n^her les
r
a b u s
influences religieuses puisées dans le culte des saints, que -
favoriser, ainsi qu'ils le prétendaient, la réforme des
mœurs et l'avancement des saines doctrines de l'économie
politique; comme si les moeurs étaient meilleures et la
nation plus heureuse, quand le motif des réjouissances
publiques ne provient plus d'une source religieuse, mais
tout simplement des habitudes grossières d'un peuple
inaccessible d'ailleurs à ridée de morale qui ne lui vient
leurs vertus, prières, des vœux, des chants, des démonstrations exté-
rieures, si Ton n'est pas déjà vivant de la vie de la grâce
et de la sainteté ; comme si la simple louange n'était pas
déjà un acte surnaturel et excellent de la religion;
comme si celui qui rend hommage à la sainteté ne pro-
testait pas déjà contre le péché qui est dans son cœur;
comme si tout acte religieux, pour n'être pas parfait,
n'était pas un acte conforme à l'ordre; comme si, enfin,
la miséricordieuse Mère du Sauveur ct les Amis de Dieu
ne devaient pas sc trouver inclinés à demander à Dieu
l'entière conversion de ces pauvres âmes qui, trop char-
nelles encore dans leurs espérances et leurs vœux, n'ont
jusqu'ici compris, comme la Samaritaine, que dans un
sens matériel, cette eau qui jaillit jusqu'à la vie éternelle!
L'oubli complet Le fait est que depuis le triomphe dc toutes ces théories
du culte ct . .
-de la vie des perfectionnées, nous ne connaissons plus la vie des saints,
e t
M
trSinpiuîde qu'après un siècle et demi de rationalisme, la simple
lu
(1) Du Guet, Traité sur tes dispositions pour offrir les saints mystères,
page 3 2 .
(2) En la Messe de saint Jérôme, au Missel de l'archevêque Vintimille,
rédigé par l'acolyte Mésenguy, on a lu pendant bien des années cette
Secrète, digne pendant de certaine Postcommunion de saint Damase
qu'on y lit encore : Sacriflcium salutis nostrœ fac nos tibi, Domine, cum
timoré ac tremore offerre, quod sanctus Presbyter Hieronymus prœ vere-
cundia et humilitate veritus est exercere.
548 CONSPIRATION DE LA SECTE ANTILITURGISTE
c e r a o r t a v e c l e
ÎTTTJRGIQUES PP même acharnement par les antilitur-
i V n t o i n c gistes. Ici, c o m m e toujours, les théories viennent de
A m a u i d et le F r a n c e ; l'application brutale et audacieuse aura lieu dans
x r
Rituel d Alet, et '
appliquées plus d'autres pays. Le livre de la Fréquente Communion,
J
audacieusement ' .
encore d a n s d'Antoine A r n a u l d , le Rituel d'Alet, ces deux produc-
les a u t r e s pays . . . .
nom* p r i v e r tions du parti qui ont exerce et exercent encore sourde-
Ics â m e s du * j • û t »
ment une si grande influence sur la pratique des sacre-
divin a l i m e n t
do 1 euchansue. m F r a n c e , donnent, comme l'on sait, pour maxime
e n t s c n
Elle était dans le sens des novateurs, ct ne tarda pas d'être mise à VIndex,
ainsi que le livre de Nannaroni. On peut lire, sur cette controverse,
l'ouvrage de Benoît Vulpî, sous ce titre : Storia délia célèbre controversia
di Crema sopra il pubblico divin dirattti alla communione Eucaristica nella
Messa, con una disserta^ione sullo stesso argumente. Venise, 1 7 9 0 .
(1) Tit.HI, 4.
(2} Joan., m, 16.
55o CONSPIRATION DE LA SECTE ANTILITURGISTE
n e ut
Mouitns° Ç ; ^ f inauguré à Paray même que huit ans
a m e n a
s r us t a r d
)c \ c'u "dans P ^ ' Depuis, l'Église entière, province par province,
PÉgiise entière. Ta reçu, et cette admission libre et successive offre un
spectacle plus atterrant peut-être pour les novateurs, que
l'adhésion simultanée qu'eût produite un décret aposto-
lique.
Sacré-Cœur Enregistrons les principaux faits qui signalèrent cette
à Coutanccs marche triomphante du culte dc l'amour dc Jésus-Christ
o u r l c s
à Besanfon C
P hommes. C'est d'abord la France, principal foyer
en 1 6 9 4 , à ^cs manœuvres jansénistes, qui se trouve être à la fois
Lyon cn I7i8, t 7 i
d c l c u r n a t ï o n
nations dc l'Europe, travaillant à faire jouir la chrétienté -
des richesses du Cœur du Sauveur des hommes. Ce Cœur,
le plus fidèle de tous, ne saurait oublier que les instances
de la Pologne sont, avec celles de l'archiconfrérie dc
Saint-Théodore, les seules mentionnées dans le décret
qui vint enfin consoler la piété des fidèles. Plusieurs
évêques de France avaient, il est vrai, pris l'initiative cn
établissant la fète ; mais, quoi qu'il en soit de leur pou-
voir en cette matière, il n'y avait là qu'un fait louable,
sans doute, et l'Eglise catholique attendait toujours le
jugement de Rome.
Il fut rendu le 6 février 1 7 6 5 , et on disait dans les clément xju,
* . associe a
motifs du décret, qu tl était notoire que le culte du Sacré- ivchiconi'rérîe
Cœur de Jésus était déjà répandu dans toutes les parties tic Rome quand
du monde catholique, encouragé par un grand nombre qucV\*ardlnal
d*évêques, enrichi d'indulgences par des milliers de brefs lalt^ubner'ie
apostoliques pour l'érection des confréries devenues [în^crct7/ui
i ) L'Ami de la Religion. Ibid. page 3 4 1 .
556 RÉACTION CATHOLIQUE
I N S T I T U T I O N S
innombrables. E n conséquence, sur les instances du plus
I.ITI'IÏCÏIQI'IÏS
.grand nombre des révêrendissimes évêques du royaume
annuicceUii de Pologne, et sur celles de l'archiconfrérieromaine (i), la
dc 1 7 2 rj
ct a n n o n c e sacrée congrégation, ouïes les conclusions du R . P . G a é -
s'occuper d'une tan Forti, promoteur de la foi, déclarait se désister de la
inesse et d ' u n t • n 1 o • -n ^ ^
office d u resolution prise p a r elle le 3 o juillet 1 7 2 9 , et jugeait
Sacre-Cœur. devoir condescendre aux prières desdits évêques du
royaume de Pologne et de ladite archiconfrérie romaine.
Enfin, elle annonçait l'intention de s'occuper de l'office et
de la messe, devenus nécessaires p o u r solenniser la nou-
velle fête.
^ , . L'un ct l'autre ne tardèrent pas à paraître, et ils étaient
Publication m . .
dc cette messe et dignes de leur sublime objet, q u i est, suivant les termes
6
de cet oflicc. 1 ,, , . 7 ,. , . . ,
du décret, de renouveler symboliquement la mémoire de ce
divin amour,par lequel le Fils unique de Dieu s'est revêtu
y
de la nature humaine, et, s éta?il rendu obéissant jusqifà
la mortj a dit qu'il donnait aux hommes Vexemple d'être
t vin doux et humble de cœur (2). Clément X I I I , qui confirma
1
Clément XIII • ' *
p e r m e t à tous j c décret de la congrégation des Rites, ne tarda pas à
les ordinaires t
donner de nouvelles preuves de son zèle pour le culte du
d ' i n t r o d u i r e la
leurs diocèses. Cœur dc Jésus. P a r ses soins, la fête fut célébrée dans
toutes les églises de R o m e , ct faculté générale fut attri-
buée à tous les ordinaires dc l'introduire dans leurs dio-
r,- T.I . n - \TIT cèses. P i e VI maintint cette précieuse dévotion, et l'enri-
1
Pie VI et Pie VII '
accordent chit même de nouvelles Indulgences, lesquelles s'accrurent
n 1
ÎI la dévotion
au s a c r e - C œ u r encore p a r Pcflct de la pieuse munificence de P i e V I I ,
des indulgences . , ,
et des faveurs q u i , dérogeant a toutes les règles reçues, a statue, p a r un
extraordinaires. • -u o c i • J i i '
resent du 7 juillet I O I 5 , q u e les indulgences attachées
à la célébration dc la fête seraient transférées à tel jour
(1) Instantibus plcrisquc Rcvcrcndissimis episcopis regni Poloniaï, etc.
Décréta authent. S. R. C. T o m e V, N° 4 1 7 5 .
(•j.) Symbolicc renovari m e m o r i a m illius divini amoris quo unigenilus
Dei
m
b uomr tiel'ilius
lm h u m aIbidem.
i s , corde.
prœbere n ase
m dixit
suscepit
cxcmn aptluurma mh, o et
m i nfactùs
i b u s , qobediens
u o d essetusque
mitis ad
et
POUR LE CULTE DU SACRE-CŒUR SSj
de I7Ô5, le désir de voir la fête introduite dans les dio- tous les diocèses
* . n • • de France.
ceses ou elle ne I était pas encore, bes pieuses intentions
furent remplies, et les prélats, après une délibération tenue
le 1 7 juillet, résolurent d'établir dans leurs diocèses res-
pectifs la dévotion et l'office du Sacré-Cœur de Jésus, et
d'inviter, par une lettre-circulaire, les autres évêques du
royaume d'en faire de même dans les diocèses où cette
Ï C
1* m » J1* / \ J° éprouvée
dévotion et cet office ne sont pas encore établis ( 1 ) . par le roi
Le vertueux roi de Pologne, Stanislas, père de Marie lorsque révoque
Leczinska, avait, dès 1 7 6 3 , écrit à Claude de Drouas, &abHUa féte. U
l
le même que nous avons vu rétablir le Bréviaire romain ^ ï n * f £ s t l
h C
\i chnïtc° de l'affaire, donna, lc u juin 1 7 7 6 , un arrct portant
n
S
de LHurgîc. Paris* les tristes restes du clergé intrus, décimé par
l'apostasie, le supplice ct même la conversion dc plu-
sieurs de ses membres. Ils étaient, de compte fait, vingt-
neuf évêques sans compter six procureurs d'évèques
absents, et les députés du second ordre, le tout sous la
présidence dc citoyen Claude Lccoz, évêque métropo-
litain d'Illc-ct-Vilaine. Convoquée pour relever les
ruines dc l'Église avortée dc 1 7 9 1 , l'assemblée des
Évêques réunis (c'est ainsi qu'ils s'intitulent dans leurs
(i) L'Ami de la Religion, page 387.
LA SECTE CONSTITUTIONNELLE EN FRANCE 55cj
I T n
propres actes), devait nécessairement s'occuper des pro- c i n p ^" I ;
grès de la Liturgie. O n a vu que Ricci ne s'en était pas *
fait faute dans son synode de Pistoie, digne précédent
des prétendus conciles de 1 7 9 7 et 1 8 0 1 .
Déjà, dans le journal de la secte, il avait été question Le prétendu
de réunir la France dans une seule liturgie, ct les livres témoljlncde sa
vu Ur
de Vigier et Mésenguy avaient été mis en avant, comme "erau°tcurs
d c l a L U L i r i c
dignes à tous égards de servir d'expression aux besoins . s
O F O R parisienne en
religieux de l'Église gallicane régénérée (r). Le concile de recommandant
w
D O o leurs livres
1797, dans sa Lettre synodique aux pères et mères et aux îidèlcs.
autres chargés de l'éducation de la jeunesse, avait témoi-
gné de sa vénération pour les auteurs de la récente Liturgie
parisienne, en recommandant, comme Ricci, parmi les
livres les plus intéressants pour la foi el les mœurs,
Y Année chrétienne de Le Tourneux ct l'Exposition de la
doctrine chrétienne de Mésenguy ( 2 ) . Toutefois, les évê-
ques réunis ne bornèrent pas leur sollicitude à recomman-
der solennellement la mémoire et les écrits des réforma-
teurs liturgistes parisiens ; ils s'occupèrent de dresser
plusieurs décrets sur la matière du culte divin. Lc pre-
mier commençait ainsi : « Le concile national, considé- Défense
d e
vi • ji * j 1 1 i- 1 1 célébrer des
« rant qu il importe d écarter du culte public les abus messes
s u n u l t a n c e s
« contraires à la religion, et de rappeler sans cesse les -
« pasteurs à l'observation des saintes règles, décrète :
ER
« Article 1 . Les messes simultanées sont défendues. »
Nous venons de montrer le but de cette défense dans le
plan des antiliturgistes; observons seulement ici ce zèle
à copier Joseph II et Léopold, bien remarquable dans
les évêques républicains. Au second décret, on lit : « Ar- enUnfrançais.
rituel
« ticlelIL Dans la rédaction d'un rituel uniforme pour u m
rêJjç/ c r a
• comme un perfectionnement !
« Dans l'Église dc Jésus-Christ, dit Grégoire, tout
« doit se rapporter à Vunité; c'est donc entrer dans son
« esprit que d'adopter une m ê m e manière de célébrer les
A saints offices ct d'administrer les sacrements. L'identité
« des formules est un des moyens les plus propres à
« garantir l'identité de la foi, selon le principe du Pape
« saint Célestin : Legem credendi lex statuât suppli-
« candi.
Grégoire insiste « Q u a n d les vérités à croire, les vertus à pratiquer sont
inconvénients « invariables, pourquoi la méthode d'enseignement est-
c l c V( 81tC (< e c s l
ci de Éa ^ variée ? P o u r q u o i cette multitude d'eucologes,
multiplicité des d ' f f 5 divins, dc catéchismes q u i , lorsqu'un individu
(( 0 c e s
7
Liturgies au T. 7 i
point de vue dc p d'un diocèse dans un autre, dérangent p o u r lui
(( a s s e
r 0 r
I enseignement
dc la foi « et pour ccux qui doivent le diriger, tout le plan des
r
et de l'unité dc \ . . ' ,
la nation. «
instructions publiques ct domestiques? bi des erreurs
«
et des vices à combattre exigent, dans certains cantons,
«
une instruction plus étendue, ne peut-on pas en faire
«
l'objet d'un travail particulier, sans intervertir l'ordon-
«
nanec d'un plan général? T o u t e s les villes ct les p r o -
«
vinces, renonçant à leurs privilèges civils ou politiques,
«
ont désiré sc fondre dans Punité constitutionnelle, pour
«
être régies p a r l e s mêmes lois. En ramenant à l'unité lc
«
code civil, le système monétaire, les poids et les me-
«
sures, etc., on a fait un grand pas pour donner à la
«
nation un caractère homogène; mais rien ne peut y
«
contribuer plus puissamment que l'uniformité du culte
«
public ct de l'enseignement religieux : vous aurez bien
«
mérité dc la religion ct de la patrie, par des opérations
«
analogues pour la France ecclésiastique (i). »
Grégoire Non seulement Grégoire entendait ramener en France
c L la
°néccTs itélic Punité liturgique, mais, entraîné par les nécessités de la
garder la langue
latine dans
la Liturgie. ( l ) ? a g e 3 H C k
SES TENTATIVES ANTILITURGIQUES 563
a r i n d u
sacramentaire français, et il attendait en patience les p^"° r
1 1 1
lorsque tout à coup il se vit attaqué dans le journal dc la ^ j P ^ ^ ^
secte par Saurine, évêque des Landes, qui exhalait son français,
c s t
, 1 1 . . rejeté par
mécontentement dans une dissertation expresse contre la secte,
l'usage de la langue vulgaire dans la Liturgie (3). Bientôt
les Annales publièrent l'adhésion dc Royer, évêque dc la
Seine, et de Desbois, évêque de la Somme, à la disserta-
tion de Saurine, et enregistrèrent peu après les protesta-
tions, dans le même sens, de Lecoz, Villa, Font, Blam-
poix, Delcher, Becherel, Dcmandre, Prudhommc, Etienne,
Aubert, Rcymond, Flavigny, Berdolet ct Nogarct, évêques
(1) Annales de la Religion, tome VII, 18 Thermidor an VI.
(1) Ibid., tome IX, an VII, page 4G1.
p) Ibid., tome X, an VIII.
564 TRAVAUX DES SOUVERAINS PONTIFES
s
p?Btoic°nffirme ^ * grande au sujet du calendrier, un acte solennel de
la doctrine j p i a n c e pontificale vint attester bien plus fortement
a U SS
A 1 c
de TKglise ,
romaine sur les encore la doctrine dc l'Eglise romaine, à propos des
controverses . . . ,
e c
soulevées par controverses que les xvu et xvin siècles avaient soulevées
1C
cn"mui6re S
sur les matières liturgiques. Nous voulons parler de la
de Liturgie. Altciorem
b u Uldci
c i f ^
i j p i V I , le cinq des
p a r a q u c c c
e
condamnées' par X X V I I I , qui donne à entendre que les messes auxquelles
la bulle. personne ne communie manquent d'une partie essentielle
0
au sacrifice; la X X X , qui qualifie d'erreur la croyance au
pouvoir du prêtre d'appliquer le fruit spécial du sacrifice
0
à unc personne en particulier; la X X X I , qui déclare
convenable et désirable Vusage de n'avoir qu'un seul autel
0
dans chaque église; la X X X I I , qui défend déplacer sur
e
les autels les reliques des saints, ou des fleurs; la X X X I I I ,
qui émet le désir de voir la Liturgie ramenée à une plus
grande simplicité, el de la voir aussi traduite en langue
vulgaire ei proférée à haute voix\ la L X P , qui affirme
BULLE A.UCTOREM FIDEI 567
e
révolution liturgique du xvin siècle n'a été qu'un des liturgique,
résultats. Toutefois, il est de notre sujet de rapporter ici
les paroles générales qui viennent à la suite de la cen-
568 AUTEURS LITURGISTES
Rome, 1 7 2 4 , 1 7 5 3 , 1 7 5 3 .
( 1 7 5 4 ) . Alban Butler, savant et zélé prêtre catholique Aiban Butler,
7 p r e t r e a n l a i s
anglais, s est fait un nom par ses fameuses Vies des Saints, s -
ouvrage véritablement érudit, et qui a été traduit en fran-
çais par Fabbé Godescard. Elles parurent en Angleterre,
de 1 7 5 4 à 1 7 6 0 , et furent suivies de onze traités sur les
Fêtes mobiles, qui furent imprimés après la mort de
l'auteur, et ont été traduits en français par l'abbé Nagot,
supérieur du séminaire de Baltimore.
( 1 7 5 4 ) . Fortuna de Brescia, mineur observantin, a laissé Fortuna
. » . . . . de JBrescia
une dissertation de Oratoriis domesticis, qui a été reim- mineur
o b s c r v a n t i n
primée à la fin du traité de Ecclesiis, de Joseph-Aloyse '
Assemani.
( i 7 5 5 j . Alexandre Lesley, jésuite écossais, fidèle com- Alexandre
Les Ue
pagnon des travaux de son illustre confrère Azevedo, a icossau!
rendu un des plus importants services à la science litur-
gique, en publiant le fameux Missale mixtum scenndum
Regidam beati Isidori, dictum Mozarabes, prcefatione,
0 e n
notis et appendice ornatum. Rome, 1 7 5 5 , in-4 deux
parties. Lesley se proposait de publier aussi le Bréviaire
mozarabe, avec un travail analogue à celui du missel. Il
570 AUTEURS LITURGXSTES
cus. Milan, 1 7 6 1 .
Pierre Gaiiadc. ( 1 7 6 1 ) . Pierre Galladc, auteur dont l'existence ct les
travaux nous sont révélés par Zaccaria, est auteur de
trois dissertations savantes qui parurent à Hcidclbcrg cn
ft
1 7 6 1 ct [ 7 ( > 3 . i Templornm Calholicorum anliquilas et
0
consécration — 2 Sancti las Templi ritibus Catholicis
consecrati. — 3° Sancti las Templornm Calholicorum do-
lala ac ornata.
D o m Grégoire O?*^). "Dom Grégoire Zalhvein, bénédictin allemand,
u n c c s
bénédictin '' ' premiers canonistes dc son siècle, dans scsPrin-
ailemand. cipia juris ecclesiastici universalis et particularisa Germa-
7
nia (Augsbourg, 1 y<>3, quatre volumes in-4"', au tome
second, traite avec érudition de Liturgiis, libris liiurgi-
cis, et studio liturgiœ.
jean»Uurent ( 7*>^)« ("est l'année où mourut Jean-Laurent Berti,
|
prennent part, très en réponse, biles turent suivies d une réplique par le
P. Giorgi, augustin, sous ce titre : Chrisiotimi Amerista',
adveisus episiolas duas ab anonymo censnre in Disserta-
iioncm commonitoriam Camilli Blasii de Festo Cordis
Jesu vulgaias, Anlirrheticus : accedil mautissa contra
episiolium iertium nuper rime cognilum. R o m e , 1 7 7 2 , t
1
tutioues nova methodo in quatuor libros dislribuia , ad
usum Seminarii Neapolilani. Naples, G vol. in-12 souvent
0
2 DeLiminibusAposlolorumdisqiiisiiiohistorica. Rome,
1 7 7 5 , i n - 4 . — 3" De falsa veterum Christianorum
0
Ri-
tuum a ritibus Ethnicorum origine Dialriba. Rome,
1 7 7 7 , in-4».
, L e cardinal ( 1 7 7 5 ) . Etienne Borgia, cardinal, préfet de la Propa-
Eticnne Borgia. g j ^ t i q u a i r c fameux, s'est exercé sur plusieurs ma-
a n c c an
viaire, p a r u t à R o m e , 1 8 0 4 , in-folio.
( 1 7 7 6 ) . François-Antoine Zaccaria, jésuite, est sans François-
contredit l'homme le plus versé dans toutes les branches Zaccaria,
de la science ecclésiastique qu'ait vu la période que nous etsaBibUotheca
décrivons dans ce chapitre. Ses ouvrages imprimés s'élè- rituahs.
vent au nombre de cent six. Celui qui occupe le premier
rang parmi les travaux liturgiques du savant reli-
gieux, est la Bibliotheca ritualis, publiée à Rome ( 1 7 7 6 ,
1 7 7 8 , 1 7 8 1 ) , en trois volumes i n - 4 . Zaccaria voulut com-
0
(1) T o m e I, page 4 7 9 .
T. II. 3?
578 AUTEURS LITURGISTES
0 e n
in-4 deux séries. *
( 1 7 7 9 ) . François-Xavier Holl, jésuite allemand, illustre Francoïs-xavier
professeur de droit canonique dans l'Université d'Heidel-
berg, a publié le premier volume d'un ouvrage remar-
quable intitulé : Statistica Ecclesiœ Germanicœ, 1 7 7 9 ,
i n - 8 ° . Ce volume, le seul qui ait paru, renferme une dis-
sertation infiniment précieuse : De Liiitrgiis Ecclesiœ
Germanicœ.
(1781). Joseph-Marie Mansi, clerc régulier des Ecoles Joseph-Marie
. A , Mansi, pianste.
pies, fit paraître cette année, a Lucques, un opuscule rem-
pli d'érudition, sous ce titre: LetHra ad un Ecclesiastico,
nella quale si dimosira, che non e lecito ad ogni Sacerdote
celebrare la Messaprivata nella notte del santo Natale,
1779.
(1784). Jean Sianda, cistercien de Mont-Réal, a laissé JeanSianda,
cistercien >
un ouvrage trop superficiel et trop abrégé pour le sujet
qu'il traite. Il porte ce titre : Onomasiicum sacrum : opus-
culum tripartitum. Rome, 1 7 7 4 , i n - 8 . û
r
yone délia Basilica Vaticana. Rome, 1 7 8 8 , i n - 1 2 . — 2 A o- 0
rce 1 , , é s u i t e
ses travaux archéologiques, a laissé : i° Kalendarium Ec- ° '
clesiœ Constantinopolitanœ mille annorum vetustate insi-
gne, primitns e Bibliotheca Romana Albanorum in lu-,
cent ediium, et veterum monumentorum comparaiione
diurnisque commentariis illustration. Rome, 1 7 8 8 , deux
0 2
volumes i n - 4 . — ° Agapea Michaelia et tesserce Pas-
chales, 1 8 1 6 , 1 8 1 8 . Ces opuscules, d'un style trop clas-
sique peut-être, ont été réimprimés ensemble, à Bologne,
1 8 2 2 , in-8°.
(1790). / / Breviario Romano difeso,egiustificaio contro Opuscule
il libro intitolato : Lettera risponsiva di un parroco Fio- défendante
rentino alla Lettera di un parroco Pistoiese. — Cet ou- romaîn^ontre
l e d e
vrage anonyme, publié en 1 7 9 0 , sans Heu d'impression, p^"^
est dirigé contre le curé Scaramucci, l'un des fauteurs du
synode de Pistoie.
( 1 7 9 7 ) . Jean Marchetti, savant prélat romain, si connu Jean Marchetti,
• . 1 T-.1 1 • > 11 prélat romain.
par son excellente critique de r l e u r y , a laisse 1 ouvrage
suivant : Del Breviario Romano, o sia delV Officio divino
e del modo di recitarlo. R o m e , 1 7 9 7 , i n - 1 2 .
( 1 7 9 8 ) . Jean Gonzalès Villar, chanoine de la cathédrale Jean GonzaJès
la Liturgie iè lcs. s c
romaine.
Les liiurgistcs II est clair, en troisième lieu, que si tous nos litur-
prudentTque ies gistes français n'ont pas été aussi loin dans leur au-
U
e S d a c c c u e l e s R i c c i l e s G r é o i r c etc
"&î^ïn t ï > g > - > ceux-ci les ont
toujours été hautement avoués ct recommandés comme des hommes
recommandes
par ceux-ci.
q ; possédaient leurs sympathies. U
c s
C
°tous ?cs l hommes qui ont eu le plus à cœur de répandre le jan-
U de
1 a n c c n n e e e
^lacr^éTu'n î ? " s'était séparée dans lc culte divin non seule-
vain désir de ment de l'Église de Rome, mais de toutes les autres
1
perfectionne- , *-* m
ment les liens EçHscs latines, et cela sans pouvoir rétablir dans son
les plus intimes . . , . m/% , .
de l'unît* avec propre sein cette unité qu elle avait sacrifice à un vain désir
toutes les . - - ... ,
églises latines, de perfectionnement, cn renonçant avec une facilite sans
exemple à cette glorieuse immutabilité qui est la gloire de
la Liturgie, et qui a inspiré cet axiome de tous les siècles :
Legem credendi statuai lex supplicandi. Gloire et actions
de grâces soient donc rendues au Seigneur, qui n'a point
abandonné cctte Église au jour dc la tribulation.
1 PARTIE
CHAPITRE XXIV
CHAPITRE XXIV
e
DE LA LITURGIE AU XIX SIECLE. — EN FRANCE, RETABLISSE-
MENT DU CULTE CATHOLIQUE. PROJET D'UNE LITURGIE NA-
TIONALE. ACTES DU LÉGAT CAPRARA. SACRE DE NAPOLEON.
PIE VII DANS LES ÉGLISES DE PARIS. SITUATION GENERALE
DE LA LITURGIE SOUS L'EMPIRE. — CARACTERE DES ŒUVRES
LITURGIQUES SOUS LA RESTAURATION ET DEPUIS. DESTRUC-
TION PRESQUE TOTALE DE LA LITURGIE ROMAINE. MOUVE-
MENT INVERSE ET FAVORABLE AUX USAGES ROMAINS. NOU-
VELLE MODIFICATION DU PARISIEN EN l 8 2 2 . EFFORTS DIVERS
DANS LE MÊME SENS. DIFFICULTES DE LA SITUATION, ET
SON REMÈDE. — EN ALLEMAGNE, SCANDALES DES ANTI-
LITURGISTES. ORDONNANCE DE L'ÉVÊQUE DE ROTTENBO URG.
AFFAIRE DE COLOGNE. — EN ANGLETERRE, TENDANCES
FAVORABLES AUX FORMES CATHOLIQUES, ET AU BREVIAIRE
ROMAIN EN PARTICULIER. EN RUSSIE, INFLUENCE DESAS-
TREUSE DE LA LITURGIE GRECQUE. — A ROME, TRAVAUX
DES PAPES SUR LA LITURGIE ROMAINE. — ' BIBLIOTHEQUE
e
DES AUTEURS LITURGISTES DU XIX SIECLE.
e
Le xvni siècle, en finissant, voyait s'éteindre la cruelle La persécution
c e s s e e n
j HTÎ* 1* J T - « • * France
persécution dont 1 Eglise de France avait eu a supporter avec le
x v m C s i e c l e
les rigueurs pendant dix années. Dès l'année 1 7 9 9 , des '
oratoires publics, des églises même se rouvraient de
toutes parts. Les prêtresse montraient avec plus de sécu-
rité, les autels dépouillés revoyaient comme une ombre
des anciennes pompes. On osait enfin exposer au jour ces
quelques vases sacrés, ces ornements, ces reliquaires,
derniers et rares débris de l'opulence catholique, soustraits
584 RÉTABLISSEMENT DU CULTE CATHOLIQUE EN FRANCE
était partout.
LES ARTICLES ORGANIQUES DU CONCORDAT 58g
m e n t
?e France ct
fi
bouleversé la circonscription des diocèses. Mais
e s
la chVfticnté * évêques réunis, comme ils lc disent fort bien, trou-
vaient surtout dans lc projet d'une Liturgie uniforme
pour la France (idée qui leur appartient cn propre), un
moyen efficace dc perpétuer leur secte, si elle fut née
viable, cn rattachant cctte organisation liturgique au
système dc nivellement ct dc centralisation sur lequel
avait été fondée la république ( 1 ) . On conçoit parfaite-
ment cette idée dans unc Église schismatique repoussée
par toutes les autres églises, et qui ne peut avoir de
vie qu'en se nationalisant; mais quel machiavélisme impie
r i o r préparer.
sienne, l'autre celle de tel ou tel diocèse, un autre enfin
un amalgame formé de toutes ensemble. Personne n'osa
proposer de revenir à l'ancien rite gallican, seul projet
pourtant qui eût été sensé, le principe étant a d m i s ; mais
projet impraticable, puisque les monuments de ce rite
ont péri p o u r la plupart. Il en fut donc de ce projet de
Liturgie nationale, comme de la réédification du temple
e
de Jérusalem au iv siècle; ou si l'on veut remonter
592 RÉDUCTION DES FETES CHOMEES
( 1 ) Vid. Note A.
T . IL 38
e r
5g4 SACRE DE NAPOLÉON I
a é
Vè pariTpar Cambacérès reçurent le chapeau de cardinal; après quoi,
e
l e
Pontifc P i ^ * présida un consistoire secret dans lequel furent
ain
(1) On peut voir sur cela les journaux du temps, mais surtout lc pré-
cieux recueil intitulé : Annales philosophiques et littéraires
3 rédigé alors
par l'abbé de Boulogne, qui fut depuis évêque de Troyes.
EN FRANCE 5g7
1
Tels étaient les riches et féconds moyens que la divine PARTIE
. . . i i T-I • C H A P I T R E XXIV
Providence avait choisis p o u r rattacher les Français au
centre de l'unité catholique, à la veille des malheurs inouïs triompha* du
qui se préparaient à fondre sur l'Église romaine, au grand ^Vra^e?"
péril de l'unité et de la foi. Pie V I I partit enfin de Paris
r
le 4 avril, et son vo} age à travers la France fut un triom-
p h e continuel. Il s'arrêta le dimanche des Rameaux à
T r o y e s , bénit les palmes et célébra une messe basse dans
la cathédrale. L'ancienne cathédrale de Chalon-sur-Saône
eut la gloire de le posséder, les trois derniers jours de la
Semaine sainte, et le vit, le jour de Pâques, célébrer le
saint Sacrifice dans son enceinte. Le pontife ne put encore
d i r e qu'une messe basse p a r la même raison qui avait
privé Notre-Dame de Paris de l'honneur de servir de
théâtre sacré à une solennité papale.
Mais le moment le plus triomphal du voyage du pontife s o n séjour
a L y o n
fut peut-être celui de son séjour à Lyon, en cette ville si "
justement appelée la Rome de la France. Pie VII y entra
le 1 6 avril. Le lendemain, il célébra la messe dans la
vieille primatiale, qui a vu deux conciles œcuméniques et
la réunion de l'Église grecque et de l'Église latine. L'af-
fluence était extrême, et la vaste basilique ne pouvait
contenir la multitude condensée des fidèles lyonnais. On
vit une foule de personnes qui n'avaient pu pénétrer dans
son enceinte qu'après la sortie du pontife, se précipiter
avec enthousiasme et baiser le siège où il s'était reposé, le
prie-Dieu où il avait fait ses prières, le tapis sur lequel il
avait posé ses pieds. Le 1 8 avril, Pie VII revint célébrer
la messe dans la primatiale, et ce ne fut qu'après avoir
donné la communion à douze cents fidèles, ce qui dura
trois heures, que ses bras apostoliques se reposèrent. Le
même jour, dans l'après-midi, il les étendit encore, en
présence de la cité tout entière, réunie sur l'immense
place Bellecour, et ce fut p o u r bénir, avec une pompe
magnifique, les drapeaux de la garde lyonnaise.
598 SITUATION GÉNÉRALE DE LA LITURGIE SOUS L'EMPIRE
d e
c t\™
M o n t a z e t
qui ait alors réimprimé les livres de son Montazet. La -
guerre absorbait tout, et d'ailleurs le moment était peu
favorable pour songer à faire du neuf sur la Liturgie,
quand la catholicité de la France était elle-même en péril,
et que le pontife triomphateur de i 8 o 5 , traversait la
France sous les chaînes de sa glorieuse confession.
Le Fort armé qui avait refusé le rôle de Charlemagne, Louis xvm
, , i * i- • * . r • rétablit
tomba avant le temps, et les églises respirèrent ; toutefois, la Ljturçie
la liberté du catholicisme ne fut pas restaurée avant l'an- cha^S^r^iîe.
cienne djmastie. Il n'est point de notre sujet de raconter
ce que l'Église souffrit durant quinze années, ni ce qu'elle
a pâti depuis ; nous n'avons qu'à raconter le sort de la
Liturgie. D'abord, Louis XVIII rétablit, dès son arrivée,
l'usage de la Liturgie romaine dans les chapelles royales :
la simple raison d'étiquette l'eût demandée, et nous ne
nous arrêterons point à chercher dans cet acte une valeur
ou une signification qu'il ne saurait avoir.
Mais, avant d'entrer dans quelques détails sur cette sacre
de C X
époque, nous rappellerons ici deux grands faits qui la àRelms.
dépeignent assez bien, du moins sous le point de vue qui
nous occupe. Le premier est le sacre de Charles X, à
Reims. En cette circonstance, la Liturgie fut encore
l'expression de la société. On ne se servit point du Ponti-
fical romain dans la cérémonie, comme on avait fait au
sacre de Napoléon, mais bien du cérémonial usité de
temps immémorial dans l'Église de Reims, et dont les
formules remontent probablement à l'époque delà seconde
race de nos rois. Or ce fut ce vénérable monument, dont ^ g°{î A l a 8
l e
des traditions grand besoin qu'on avait alors dc fortifier, même dans les
1 7
liturgiques , .
se manifeste choses de pur extérieur, les traditions liturgiques dc tous
jusque dans les _ . . . . .. , c
l e s f u r e s t e s
refondus, créés même de nouveau. On ne peut nier que . î
r
principes
des travaux dans ce genre ne fussent assez à propos à duxvn«etdu
B
xvin siècle
cette époque de paix et de prospérité universelle. C'était le mais avec*
théories. q S
moment de venir enfin au secours des diocèses fatigués ind?ces
d
de l'anarchie liturgique et de la bigarrure que présentait memëures*
la plus grande partie d'entre eux. Que s'il fautmaintenant
faire connaître ce que nous pensons de cette nouvelle
crise, nous dirons, avec tous les égards dus à des contem-
6o2 CARACTÈRE DES ŒUVRES LITURGIQUES
INSTITUTIONS
r
porains, qu'elle nous semble n'avoir fait autre chose
LITURGIQUES * i r • J
n t
Fri2ce. pour tout le monde que la science liturgique a totalement
e n
0
secoué assez tôt un joug que les xvn" ct xvin siècles nous
ont légué : il faut même reconnaître que toutes les
fautes que nous avons pu faire en notre époque ont été
comme nécessaires. Nos pères nous ont laissé, avec leurs
préjuges, la succession de leurs œ u v r e s , et si la Liturgie
est aujourd'hui une science à créer de nouveau; c'est
qu'elle est tombée sous les coups de nos devanciers. T o u t
le mal de notre situation vient donc d'eux; le bien qui
reste à raconter est de nous seuls.
pa r es
presbytérien qui anime plus ou moins ces faiseurs ? Et ces iap cnt a t t
o t h c c a u x
derniers où s'arrêteront-ils, si on les laisse faire ? Car ils î?'
, >. v-i«j. diacres et aux
ne se sont pas contentés de fabriquer ainsi un office pour sous-diacres,
A 1 eveque
l'ordination des prêtres du diocèse, ils ont osé l'adapter seul est oublié,
par des leçons particulières aux DIACRES et même aux
SOUS-DIACRES ; rien n'a été oublié, si ce n'est I'ÊVÈQUE. Pour
lui, il devra se contenter de réciter l'office de l'Église, au
6 l 2 MOUVEMENT INVERSE
les personnes, en petit nombre, qui ont fabriqué de leurs OT p / f**™| XIV
cr C c Se
jourd'hui l'avantage de ne plus réciter l'office dans un d F r a n c c c
1
bréviaire universel, de ne plus célébrer la messe dans ^dc^so^fiSt*
un missel qui soit pour tous les lieux. C'est le besoin comprendre
r
^ > qu'il faut avant
universellement reconnu d'être en harmonie avec rÉelise toutêtre_
, ° en harmonie
romaine, besoin qui augmente sans cesse, et devant avec l'Église
romaine.
lequel s'efface de jour en jour toute la résistance de
nos soi-disant maximes. Après tout, il est assez naturel
que l'on trouve meilleur de tenir la Liturgie de saint
Grégoire et de ses successeurs, plutôt que d'un prêtre
e
obscur et suspect du xvin siècle; tout le monde est
capable de sentir que si la loi de la foi dérive de la loi
de la prière, il faut pour cela que cette loi de la prière
soit immuable, universelle, promulguée par une autorité
infaillible. En un mot, quand bien même les tendances
romaines dont l'Église de France se fait gloire aujour-
d'hui ne seraient pas le résultat naturel de la situation si
particulière que lui a créée le Concordat de 1 8 0 1 , le
simple bon sens suffirait à lui seul pour produire ces
tendances.
614 MOUVEMENT INVERSE ET FAVORABLE AUX USAGES ROMAINS
in
pora?son l'oraison dc la fête dc la Conception, l'énoncé précis dc
nS
1
rât encore malheureusement en son entier, à part ces cor- •
rections suggérées par un esprit bien différent, et qui s'y
trouvaient implantées désormais comme une réclamation
solennelle, on vit néanmoins paraître une brochure de
l'abbé Tabaraud ( 1 ) , dans laquelle ce Vétéran du Sacer-
doce protestait avec violence contre la plupart des amélio-
rations que nous venons de signaler. Un journal ecclé-
siastique du temps (2) présenta aussi ses réclamations, et
la nouvelle prose de saint Pierre fut plusieurs fois rap-
Je précieux conseil de Fénelon, dans une de ses lettres àM. Leschassier : d'abord
La solide piété pour le saint Sacrement et pour la sainte Vierge, qui Gaffai- courageusemen
Missent et qui se dessèchent tous les jours par la critique des novateurs, combattue.
doivent être le véritable héritage dc votre maison. ( 1 9 novembre 1 7 0 3 . )
Elle ne pouvait donc voir sans douleur, dans le nouveau bréviaire, la féte
du Saint Sacrement abaissée à un degré inférieur à celui qu'elle occupait
auparavant, et l'office dans lequel saint Thomas traite du mystère eu-
charistique avec une onction et une doctrine dignes des anges, supprimé,
sauf les hymnes, et remplacé par u n autre élaboré par des mains jansé-
nistes. Elle ne pouvait considérer de sang-froid les perfides stratagèmes
employés par Vigier et Mésenguy pour affaiblir et dessécher la piété en-
vers Marie; entre autres, cette falsification honteuse dc Y Ave maris Stella,
à laquelle on porta remède, il est vrai, mais sans rendre à cette hymne
incomparable la place qui lui convient aux fêtes de la sainte Vierge.
Plus tard, les choses changèrent; Symon de Doncourt et Joubert s'ap-
privoisèrent au point de prêter leurs soins au perfectionnement de l'oeu-
vre de Vigier et Mésenguy; ils trouvèrent que tout était bien au bréviaire
pour le culte du saint Sacrement et de la sainte Vierge : nous avons vu
comment, pour la plus grande gloire de saint Pierre, ils améliorèrent
une oraison du sacramentaire de saint Grégoire, et comment leur mémoire
obtint, comme il était juste, Phonneur de figurer avec éloges dans les
Nouvelles Ecclésiastiques. Ces aberrations, dont l'histoire de plusieurs
congrégations ne présente que trop de preuves, à l'époque où la secte
antiliturgiste avait prévalu, ne seraient plus possibles aujourd'hui, et
nous ne les rappelons que pour faire ressortir davantage la portée de cette
réaction romaine que notre but est de constater dans le présent
chapitre.
( 1 ) Des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie, précédés de quelques obser-
vations sur la nouvelle édition du Bréviaire de Paris, par un vétéran du
Sacerdoce. Paris, 1 8 2 3 , in-8°.
(2) Tablettes du Clergé. N<» de juin 1 8 2 2 .
6l8 NOUVELLE MODIFICATION DU PARISIEN
INSTITUTIONS pelée dans les feuilles libérales, comme* un document
• " irrécusable des progrès scandaleux de Pultramontanisme
c
au xix siècle.
m* de Quélen Peu de temps avant sa mort, l'archevêque de Quélen
p nC
"2dlîfon prépara une édition du Rituel de Paris. Cette publication
6 u t c n c o r e
liris^ins ^ l'occasion d'une nouvelle manifestation de la
l e q u e l t e n d a n c e générale vers un retour aux anciennes formes
sont rétablies »
les prières liturgiques. Dans ce nouveau rituel, en effet, qui a paru
D 1
romaines pour t * i i
l'administration depuis la mort du prélat, on a rétabli les prières pour
des Sacrements. „ , . . . t , „ . _. .
1 administration des sacrements, dans la forme du Rituel
romain, ct fait disparaître les périodes plus ou moins so-
nores qui avaient été fabriquées au temps de l'archevêque
de Juigné (i).
L'exemple donné par l'Eglise de Paris devait naturelle-
ment avoir dc l'influence au loin; mais avant de poursui-
vre ce récit, faisons unc remarque importante sur la
situation actuelle de la Liturgie cn France. On se rappelle
ce que nous avons dit au sujet dc l'introduction du Bréviaire
et du Missel de Vintimille dans plusieurs diocèses, aussi-
tôt après leur apparition. Ces nouveaux livres y furent
(i) VAmi dc la Religion, -n mars 1 8 4 0 . — Nous n'entendons, au reste,
aucunement approuver plusieurs choscs qui se remarquent dans ce ri-
tuel, et sur lesquelles nous aurons occasion de nous expliquer dans la
suite dc cet ouvrage. Nous disons la même chose du Hréviaire parisien
de ïH'ii : certainement les tendances romaines que nous avons relevées,
font de cette édition le monument précieux d'une réaction salutaire;
mais il est dans l'ensemble de cette réforme beaucoup dc choses qui nous
paraissent répréhensibïes, tant du côté du goût que sous le point dc vue
des convenances liturgiques. En attendant l'examen que nous aurons
lieu d'en faire, nous félicitons du moins ici les auteurs dc cette correction
parisienne d'avoir, entre autres services rendus à la piété des fidèles, dé-
barrassé les compiles du temps de Noël de cette antienne désolante, au
moyen de laquelle Vigier ct Méscnguy cherchèrent à arrêter l'élan des
coeurs chrétiens vers l'amour du divin Enfant, à l'heure même où le fi-
dèle, prêt à sc livrer au sommeil, a plus besoin dc nourrir sa confiance.
Depuis 1 8 2 2 , Pégliscdc Paris ne chante plus à l'office du soir ces terribles
paroles : In jndicium in hune mundum vent; ut qui non vident videant, et
qui vident cœci fiant.
EN l 8 2 2 619
1
reçus avec enthousiasme, et tout d'abord on travailla à les PARTIE
* , CHAPITRE XXIV
c
iurau'&^L^dc < I " Bréviaire romain lui-même depuis saint Pic V : car
U C
c s
^ o m a m depuis ^ additions d'offices faites à ce bréviaire ne constituent
0
o u a u i n s d e
sieurs évêques ont donné ordre d'emprunter à la Liturgie  s
romaine toutes les parties qui manquent dans les livres , rapprocher
e
. . , A . I plus possible.
diocésains. A u Puy, l'illustre eveque, depuis cardinal de McdeBonaid
C
Bonald, après avoir exprimé le regret de ne pouvoir p ^ * gJJ
6 u n
changer le bréviaire et le missel que lexvm siècle imposa ^^moniai,
° i r presque
à ce diocèse, a donné en i 8 3 o un excellent cérémonial entièrement
. . emprunte aux
puisé en grande partie aux sources romaines les plus pures sources
. , . , . , . , . . . romaines.
et les plus autorisées, et remarquable par la précision, la
clarté et l'abondance des règles qu'il renferme.
N o u s devons sans doute compter parmi les indices les incident amené
plus significatifs d'un retour vers les usages romains, le retardement
dc es
Moniium placé à la fin du Missel de Lyon de 1 8 2 5 , page ? ^ïa?e» n
C
cxciv. Dans les réimpressions du Missel de l'archevêque et dw épftres
d 1
Montazet, on était déjà parvenu à la page 33o, lors- du Mi'ss'dde
L n d e l 8 a 5
qu'il vint en idée à l'administrateur apostolique de l'église y ° «
de Lyon, qu'il serait plus conforme à l'ancien usage lyon-
nais, à r usage romain et même à celui de tous les lieux (i),
de rétablir, en tête des évangiles de la messe, la préface
In Mo tempore, et en tête des épîtres, les mots Fratres,
ou Carissimi, ou In diebus illis, ou Hœc dicit Dominus,
que les jansénistes avaient fait disparaître comme l'impur
alliage de la parole de l'Église avec la parole de-la Bible.
En conséquence, il fut ordonné qu'à partir de ladite page
33o, on imprimerait désormais le mot d'introduction con-
venable et usité autrefois, en tête des épîtres et des évan-
(i) Sed tune D. D. dc Pins, admînîstrator apostolicus, an tiqua? Lugdu-
nensis Liturgiœ protector et defensor, supervcniens,hanc recentem Litur-
giam cum nostro antiquo usu, cum Romano, ct alio quoeumque ubique
diffuso, in ea re conciliavit, etc. (Missale Lugdunense. 1 8 2 5 . Ad calcem,
pag. cxciv.)
622 EFFORTS DIVERS DANS LE MEME SENS
C U u c c u et s o n
Sarnt-Iie ^e ia ° l ^ Q ^ l e n ( exemple a été suivi par un nombre
permission considérable dc scs collègues dans Fépiscopat), n'a-
d insérer dans la ' ° r r
préface vons-nous pas vu ce prélat demander au Saint-Sièffc la per-
et d a n s les r i v
litanies de mission d'ajouter à la préface de Beata, dans la fetc de la
Lorettc . . . , . . . . , r
C
l'égard de Rome, dans les choses de la Liturgie; de même de nou"îau
qu'il faut voir une nouvelle abjuration du fameux prin- . ^ S ™ * 1 0
r
. . . . . . du Saint-Siège
cipe de l'inviolabilité du dimanche, dans la demande faite ^en^matière
à Rome par le même prélat, de pouvoir célébrer la so- abjure 6 e t
. , i Immaculée
l'Avent soient seulement privilégiés de seconde classe. Conception
~. . , . le dimanche.
On peut assigner encore comme une des causQs de la Les légitimes
résurrection des traditions romaines de la Liturgie en ^ £a pîété quï c
l CS
• ' calendriers et les ordo dresrés d'après eux, avec les rè-
gles statuées par les souverains pontifes, dans les conces-
sions d'autel privilégié; etc., etc. II serait inutile de pres-
ser cette énumération qui nous mènerait trop loin; mais
outre qu'il est indubitable, en droit, que le Siège apos-
tolique, accordant des indulgences pour l'usage de telle
ou telle formule liturgique, n'a et ne peut avoir en vue
que la teneur de cctte formule telle qu'elle est dans les
livres romains et approuvés; des décisions récentes ont
montré, en fait, quelle était expressément l'intention des
souverains Pontifes.
Rétablissement Mais un grand et solennel exemple est celui que vient
10
^rwnaîn? de donner Monseigneur Pierre-Louis Parisis, évêque de
d e LAngres" Langres, en rétablissant purement et simplement la Li-
d a
par M«* Parisis. turgic romaine dans son diocèse; mesure courageuse que
l'histoire enregistrera, et que le prélat motive dans une
lettre pastorale à son clergé, d'une façon trop remarqua-
ble pour que nous puissions résister au désir de rappor-
ter ici ses propres paroles.
Lettre pastorale « Vous n'ignorez pas, nos très chers frères, dit le
a
5
i839 notifiant prélat, de quelles divergences liturgiques la célébration
cette résolution. ^ a ffl divins est l'objet dans ce diocèse; souvent,
0 c e s
1
« quant d'une règle générale, tant p o u r sa propre con- P A R T I E
« duite au chœur, que pour celle de ses clercs. Vous com- —-~ '
v prenez facilement, nos très chers frères, le détriment o"ion mùiîo
n
C
(i)Eph.,v t 27.
T . II. 40
626 EFFORTS DIVERS DANS LE MEME SENS
« YOrdo p o u r Tannée 1 8 4 0 .
0
« 4 Les prêtres qui ont jusqu'ici récité le Bréviaire de
« Monseigneur d'Orcet, pourront satisfaire à Tobligation
« de l'office en continuant de le réciter; cependant, il se-
« rait mieux que tous usassent du Bréviaire romain, et
« nous les exhortons à le faire.
« Q u o i q u e , en publiant cette ordonnance, nous n'ayons Les PRÊTRES
1 1 . 1 • R • 1 AUXQUELS CETTE
d a n s I e d l 0 c è s e
« gneur, une foi, un baptême ( 1 ) , il n'y ait aussi dans -
« notre peuple qu'un seul langage ( 2 ) .
« Donné à Langres, en la Fête de sainte Thérèse, le Le ZÈLE
]
recommandée par T Apôtre ( 4 ) , et dont saint P i e V, au j SAFN"ï*AUI. c
(1) Ephes.,iv, 5.
(2) Gen,,XI, 1.
(3) Vid, la Note B.
(4) Rom., xu, 3 .
628 E F F O R T S DIVERS D A N S LE MÊME SENS
n'est pas là. Il est vrai qu'on devrait savoir quelque gré à
des hommes distingués, de retirer l'appui de leurs talents
aux arts scnsualistcs ct païens, pour l'offrir aux autels du
Dieu que nous servons; mais déjà il ne s'agit plus dc con-
tester la portée dc cctte révolution favorable à l'art catlio-
EFFORTS DIVERS D A N S LE MEME SENS 629
int
mière, ou construites de nouveau suivant les règles sta- aiihbiement
tuées aux siècles de foi, mystiquement éclairées par d c s j ^ ^ j ^ g "
d n
n
n'en aurions d'autre preuve que la publication de ces ™*iïccs*'
t l u J out ca s£
nouveaux Livres chorals, donnés par Choron ct autres «p M
7 L
par I H ' u v r c de
musiciens récents, dans le but avoué dc dégrossir la note l'^bé Lebeuf.
de l'abbé Lebeuf, moins d'un siècle après l'inauguration
de ses lourds graduel et antiphonaire, ceci suffirait déjà
pour constater l'extrême lassitude du public. Ces Livres
chorals, en effet, sc débitent ct sont même déjà cn usage,
non simplement en quelques paroisses, mais jusque dans
des cathédrales. Nous nous garderons bien, assurément,
de témoigner la plus légère admiration pour ce remanie-
ment d'un fonds déjà jugé; nous dirons même que dans
ces nouveaux livres on a altéré souvent le caractère du
chant ecclésiastique, surtout dans les /rails; aussi ne rele-
vons-nous cette particularité que comme un fait à l'appui
de nos prévisions.
Déjà même on ne se borne plus à remanier l'œuvre de p a n s les
t
dentés. C'est ainsi que le Missel de Paris, donné par Par- subldiuécs
chevêque de Quélen, en i 8 3 o , présente, à l'office du ovalcurs.
l l c s
î l
n
v
raie sur les Etudes ecclésiastiques, énonce en particulier f4r'?s dans s«i
l c t t r c
la nécessité de raviver une science, dont trop longtemps pastorale
1 r r
° sur les Etudes
on sembla, parmi nous, avoir anéanti jusqu'au nom. ecclésiastiques.
Quelle si magnifique notion en pourrait-on donner qui
ne soit renfermée dans cette imposante définition fournie
par le prélat?
« La Liturgie, dit-il, contient des symboles, merveil- Les symboles
. , , . , . . . de la Liturgie,
« leux abrèges de notre croyance, double objet de loi ct merveilleux
« d'amour, qui, à l'aide d'un chant à la fois pieux et har- notre ^ y a n e e ,
« monieux, sc gravent dans la m é m o i r e et dans le cœur. ^ m o ^ c u
<( s m
en détail chacun y b o l e s , l'unité d'expression ; mais la variété même
des dogmes « <Jc leurs formes, jointe à l'unité dc doctrine, fournis-
de la religion,
ctdémontrent « sent une nouvelle démonstration de l'immutabilité de
l'immutabilité , ,. .
du« 1 enseignement catholique, hllcs justifient cet axiome :
caîhoHquei « La loi de la prière est la loi dc la croyance.
1 C nt
ic" s"mboies et ' boles et les prières, le culte extérieur : culte nécessaire
r C {
a u n
cuhVTx^rtèur, * qui, bien que créé à rimage dc Dieu, est
nécessaire j [ l'empire des sens. Sans eux périrait infaillible-
K s o u m s x
au maintien du * t *
culte intérieur. a mcntlecultc intérieur. N o s sentiments ne sont excités
« ct ne persévèrent, qu'autant qu'ils sont soutenus par des
« actes ct des images sensibles. Dieu lui-même, source
« essentielle et éternelle d'intelligence et d'amour, est
« compris (c'est saint Paul qui nous l'assure) à l'aide des
« choses visibles: Invisibilia ipsius,pur ea qucejacla sunt,
« inlellecla conspiciuntur, sempiierna quoque ejus virtus
La Liturgie w e [ divinilas. La Liturgie nous donne donc la science
nous donne ia t ^
science « pratique de la partie la plus élevée d e l à morale chré-
1 1
pratique de la
chrétienne.
partie t « tienne*, c'est par elle que nous accomplissons nos
de^lnmorale « devoirs envers Dieu, Nos devoirs envers nos semblables
« et envers nous-mêmes, qui n'y sont pas directement
« retracés, y sont rappelés toutes les fois que nousdeman-
« dons la grâce d'y être fidèles, ou que, gémissant de les
« avoir violés, nous implorons une miséricorde infinie :
« double lumière qui fait briller la loi du Seigneur aux
« yeux dc notre âme. Posséder cet ineffable trésor dc sen-
te timents pieux, qui nous font descendre dans les pro-
« fondeurs de notre misère, pour nous élever ensuite
« jusqu a la miséricorde infinie qui doit la guérir, est bien
« préférable, sans doute, à la science la plus étendue
« dc notre Liturgie ; mais cependant, combien cette
« science elle-même est propre à éclairer ct à ranimer
<c notre foi !
ET SON REMÈDE 635
I PARTIE
« N o u s ne parlerons point ici de l'influence exercée sur C H A P I T R E XXIV
« les arts p a r la Liturgie catholique, des sublimes inspi-
, ., A / \ i . 4 , La Liturgie
« rations qu elle a prêtées a la musique, a la peinture, a la exerce la
• i - t 1 plus heureuse
a poésie, ni des immortels m o n u m e n t s que lui doivent la jntiucnccsur
t o u s l c s arls
« sculpture et l'architecture. L'histoire de chacun dc ces *
« arts, considérés dans leurs seuls rapports avec nos rites,
« fournirait une ample matière à la plus vaste érudition. »
Saluons donc avec effusion l'aurore des jours meilleurs i-c triomphe
i ' i- i r-» de la Liturgie
qui sont promis à l'Eglise de France, et ne doutons pas romaine*
. . . i ' i T* * dans un avenir
que, dans un temps plus ou moins rapproche, la Liturgie plus ou moins
de saint Grégoire, de Charlemagne, desaint Grégoire V I I , cst'ineWuîbie.
e
de saint Pie V, la Liturgie de nos conciles du xvi siè-
cle, et de nos Assemblées du Clergé de i 6 o 5 ctde 1 6 1 2 ,
en un mot la Liturgie des âges dc foi ne triomphe encore
dans nos églises.
M a i s n r c s t c
Mais d'ici là de grands obstacles restent encore à vain-
u
t encore
cre, de ces obstacles qui céderont d'autant moins aise- de grands
... . / • 11 Tj obstacles,
ment qu us sont d u n e nature plus matérielle. Si, d un d'autant plus
côté, une révolution favorable aux anciens chants, aux à vaincre Qu'ils'
anciennes prières se p r é p a r e ; d'un autre côté, nos églises °naturc s n L
| u s m ; U c n c l l c
ont été pourvues et à grands frais de missels, de graduels, r -
d'antiphonaires, deprocessionnaux, qu'on ne pourra rem-
placer qu'avec une dépense considérable. La question du
bréviaire en lui-même est peu grave sous ce r a p p o r t ;
l'impression dc ce livre étant moins dispendieuse et son
écoulement toujours facile ; mais le 'bréviaire ne peut
être réformé sans le missel, et l'un et l'autre .appellent,
comme complément indispensable, la publication des
livres du Choeur. Il est vrai, d'autre part, que l'énorme
dépense qu'entraîne toujours après elle chaque nouvelle
édition des livres liturgiques, serait grandement allégée,
si un nombre considérable de diocèses s'unissaient pour
opérer ces éditions à frais c o m m u n s , et c'est ce qui arri-
verait infailliblement, du moment que nous aurions le
bonheur de voir renaître l'unité liturgique.
636 DIFFICULTÉS D E ' L A SITUATION
nécessaire
p o u r garder X \'J11 0
siècle avait encombré la L i t u n n e , ils devraient
dans ^ _ '. .
les prières rentrer dans la forme romaine de l'antiphonairc, du res-
p u b l i q u e s la , . ,
tradition, ponsorial, du sacramentaire et du lectionnaire de saint
ci p a n a i t , Grégoire, puisque la Liturgie de l'Occident ^sauf le droit
i.iutoiUL. ^ Milan et des .Mo/arabes) doit être et a toujours été
romaine. Ces Eglises devraient donc reprendre les prières
qu'elles avaient reçues au temps de Charlemagne, qu'elles
gardaient encore avant la réforme de saint Pie \ \ qu'elles
conservèrent depuis cette reforme , qui régnait seule
0
encore chez elles jusqu'à la lin du xvn siècle : car, c'est
là la forme, hors de laquelle i! n'a plus été possible p o u r
elles de garder dans les prières publiques, ni la tradition,
ni l'unité, et partant, ni l'autorité.
Les KgHses Mais ce fonds inviolable des prières de la Chrétienté unc
pourraient
rentrer f j 0 s rétabli, avec les chants sublimes qui l'accompagnent,
en possession , . . , . , A
dc cette partie et tous les mystères qui y sont reniermes, rien n empe-
nationalc , . „ ., - , r . . ,
deracines
la Liturgie
dans encrait, ou plutôt ucnserait
Eglises rentrassent mêmetout a lait
temps en convenable quecette
possession de ces
ET SON REMÈDE 637
l L h S U S L l l u
que la foi qui ne vieillit pas se retrouverait à Taise dans "
ces antiques confessions, que la piété à la sainte Vierge et
aux saints protecteurs se raviverait de toutes parts, que
le langage de la chaire et des livres pieux s'empreindrait
de couleurs moins ternes, que l'antique Catholicité, avec
ses m œ u r s et ses usages, nous serait enfin révélée.
O h ! qui nous donnera dc voir cette ère de régénération Qualités qu'on
1
. . , de\ n u t c\iger
où les catholiques de France se verront ainsi ramenés vers de ceux qui
• i i r \ prendraient la
ce passe de la foi, de la prière et de 1 amour! Quand seront sainte
levés les obstacles qui retardent le jour où nos prélats mfssion de C 0
Ie :1 CI cnnus
avec quel zèle, avec quelle intelligence, avec quelle piété à * " .
A • * ? t x traditions
t i u
la fois éruditc ct scrupuleuse, une pareille œuvre devrait- l a
prière,
elle être élaborée! Quelle sage lenteur, quelle discrétion,
quel goût des choses de la prière, quel désintéressement
de tout système, de toute vue personnelle, devraient pré-
sider à une si magnifique restauration ! L'attention, l'in-
violable fidélité, le soin religieux, l'invincible patience
qu'emploie de nos jours l'artiste que son amour, bien plus
que le salaire, enchaîne à la restauration d'un monument
qui périrait sans son secours, et qui va revivre grâce à son
dévouement, ne suffisent pas pour rendre l'idée des qua-
lités qu'on devrait exiger de ceux qui prendraient la sainte et
glorieuse mission dc restituer à tant d'églises les anciennes
traditions de la prière. Il leur faudrait s'v préparer dc Monuments
i • J t *i* i " J i liturgiques
longue main, se rendre familiers les monuments dc la à consulter.
Liturgie, tant manuscrits q u ' i m p r i m é s , non seulement
ceux dc la France, mais encore ceux des diverses églises
638 DIFFICULTÉS DK LA. S I T U A T I O N ET SON REMEDE
INSTITUTIONS
LITURGIQUKS
m ê m e ajouter l'Allemagne, s'il n'y avait de changements
" liturgiques que ceux dont les livres du choeur et de Faute!
portent la trace. Mais ce dernier pays est aujourd'hui le
théâtre des plus graves événements dans les choses du
culte divin, nous devons les signaler au lecteur; nous
traiterons ensuite de la Liturgie en Angleterre, et dans les
r
pa) s soumis à la Russie.
Aux ten'atives On se rappelle ce que n o u s avons raconté, au chapitre
anti liui rgislus
de Joseph II, s:: précédent sur les tentatives antiliturgistes de Joseph IL si
sont joints le
feoronian isnie bien secondées par cette portion du cierge dont Jérôme
el l ' h e n n é -
sia nisme. de Collorédo, archevêque de Salzbourg, se montra l'or-
gane dans la fameuse Instruction pastorale de 1 7 N 2 .
Depuis lors, la plaie s'est étendue, et les sophismes impies
du fébronianisme ayant mine la notion de TKglise, Piier-
mésianisme s'est présenté p o u r cn finir avec le christia-
nisme lui-même. Malheureusement, l'un et l'autre ont été
favorablement accueillis par une portion notable du clergé
catholique de l'Allemagne, dans la Prusse, la Bohème, le
W u r t e m b e r g , le duché de Bade, et jusque dans la Bavière
et l'Autriche. Bientôt, les exigences du culte extérieur
sont devenues de plus en plus à charge à ces hommes
légers de croyance, qu'on voit tous les jours s'associer
complaisamment aux projets des gouvernements, dans le
but d'éloulïer jusqu'aux dernières étincelles de la foi qui,
par le plus étonnant prodige, survit encore dans le a c u r
des peuples, à la secrète apostasie des pasteurs.
L'esprit Mais, ainsi que nous l'avons déjà remarqué, l'esprit
antiliturgiste
a pris antiliturgiste a pris en Allemagne d'autres allures qu'en
cn Allemagne
d'autres allures France, et il s'est bien gardé de perdre son temps à falsi-
qu'en I'Vance.
fier des bréviaires. Au siècle dernier, le pouvoir séculier,
par l'autorité de Joseph I I , avait pris l'initiative en procé-
dant par voie d'ordonnances ct d'édits; maintenant, c'est
le clergé qui se met à l'œuvre, ct ses opérations ne sont ni
moins habiles, ni moins efficaces.
Comparaison
entre nos U n e comparaison entre nos jansénistes de France ct les
EN ALLEMAGNE 641
d c
surent du moins faire disparaître de ces livres, sous divers ^ " ^ i ^ f **'
ALL N SSI
prétextes, ce qui leur était le plus odieux. Il est vrai qu'un ^" F"^ÛRS
reste de pudeur, o u , si Ton aime mieux, de prudence, les d'utopies
T. 11. 41
642 SCANDALES DES ANTILITURGISTES EN ALLEMAGNE
c Gr
d
Sla niBsic r CS
^ ë^
allemand de nos jours a aussi ses faiseurs, ct la
r c s s e c s t
dc^ûpultiirc?' P inondée dc leurs utopies liturgiques pour la
des. réforme des'cérémonies dc la messe, des sacrements, des
7
bénédictions. ' , , .
sépultures, des bénédictions. Ln tetc de cette cohorte
d'antiliturgistcs, il est juste dc compter le fameux W a s -
semberg, vicaire capitulairc dc Constance, qui a été refusé
par Grégoire XVI pour Téveché de cette ville, mais qui, en
revanche, a donné d'énergiques preuves de son attache-
chement à la doctrine du second de nos Quatre Articles de
1Ù82, par la publication d'une trop fameuse Histoire des
Conciles dc Constance et de Bâte. Après lui, mais dignes
de lui faire escorte, apparaissent Wintcr, Busch, Sclmar,
Grosbock, Brand, Schwarzcl, Hirscher, etc., dont les
œuvres sont jugées avec unc grande modération par le
docte ct pieux F. X. Schmid, dans sa Liturgique, lors-
qu'il se contente dc dire que, d'une part, ils ont été trop
loin, et que de Vautre ils ont complètement méconnu
Vesprit du culte [[).
N n S N o s antiliturgistes français s'étaient appliqués à rendre
antiliturgistes p j u s j célébration de la messe, produisant pour
r a r c a
rendaient
i ï r o , i l plus * 1 t
,.,!' . . motif la grande pureté qu'on doit apporter à l'autel, (-eux
D 1
célébration de 1 1 .
in messe, d'Allemagne entrent dans le même svstème; mais les rai-
snus préteste , . ,, " ,
d'une^rande sons ascétiques qui n étaient qu un prétexte dans l e s
pureté q u ' o n « 1 P ' 1 1 n ?i 1
r
" cette partie
défection fit le plus grand scandale, étaient précisément clergé
1 D r
t r # allemand que
des hommes liés au parti janséniste, membres des con- de
. , , nombreuses
gregations qui avaient le plus sacrifie aux nouveautés anti- voix s'élèvent
liturgistes, fauteurs et même auteurs de ces nouveautés. demander
I a b o I l l l o n
O r , voici que dans cette partie du clergé allemand dont -
nous venons de signaler les tendances, dc nombreuses
voix s'élèvent p o u r demander l'abolition du célibat ecclé-
siastique; et d'où vient cela? C'est qu'il n'y a point de
dégradation dans laquelle ne puisse et ne doive tomber
le prêtre isolé, par des doctrines perverses, dc ce centre
apostolique d'où viennent la lumière et la vie, sevré du
devoir ct de l'usage dc la prière de chaque jouret de chaque
heure, séparé de cet autel dont la sainte familiarité est le
premier motif de la continence sacerdotale. Assurément,
il ne faut pas être bien profond, ni bien clairvoyant, pour
avoir compris que le mariage des prêtres est la cause
unique p o u r laquelle la célébration journalière de la messe
n'a pu s'établir dans l'Eglise d'Orient.
Afin de mettre dans tout son jour la situation de l'Église Ordonnance
d'Allemagne, quant à la Liturgie, il est bon de produire RoticmSourg!
quelques extraits d'un document récent et authentique;
c'est la fameuse ordonnance qu'a publiée, il y a environ
deux ans, l'évêque de R o t t e m b o u r g ; on la trouve en
entier au Catholique de Spire (i). Nous allons en faire
connaître les principales dispositions.
(î) 1 8 3 9 . Mai et mois suivants.
644 ORDONNANCE
dans tout ceci que d'après les principes les plus sains du fêtes
c t l c s
. . . , . . . . ,; ,
dévotions j
christianisme le mieux compris ct le plus dégage des su- lors môme que
on
• xi i* t 1 '* interdit
perfetations romaines. Il va sans dire que la morale pre- aussi les danses
chée à propos de ces innovations, est la plus rigoriste et dc^manchcs,
n l
la plus sèche, ainsi qu'il arrive toujours chez ceux qui ont „VoÇôn°
à se faire pardonner leur relâchement sur les choses de la A:J \ 1
c n d r (
i religieuse et
foi et de la piété. Néanmoins, il ne suffit pas, pour rendre morale
r 1 u n c
. , population
religieuse et morale une population catholique, de sup- catholique,
primer les fêtes et les dévotions, sous prétexte qu'on inter-
dira en même temps les danses aux jours dc dimanches;
les yeux ct l'imagination des peuples demanderont d'au-
tres spectacles, et l'oisiveté engendrera bientôt tous les
désordres.
Mais nous sommes loin d'avoir épuisé tous les faits qui Exemple
A . . j contraire donné
nous peuvent faire connaître la situation liturgique de parte
l'Allemagne. Tandis qu'une partie du clergé catholique qui semble
3 u
travaille à détruire l'antique foi, avec ses manifestations rendre" U
c s
D « I N S IC'SCRVFCE ^ avantages dc l'uniformité dans le service divin, cn la
D I V I N . manière qu'avaient osé le faire nos évêques constitution-
nels, dans leur conciliabule de «L'Église évan^é-
1 7 9 7 ( 1 ; .
, *• i i i- • r* i se montre
ment préoccupée de la science liturgique, bans parler gravement
d'Augusti, auquel nous consacrons ci-après une notice, P
7^ scienccC d c
la matière des rites sacrés est exploitée avec plus ou moins liturgique
d'érudition par Marheinike, Hildebrand, Schmid,Rcchen-
berg, Rheinwald, Schone, Bohmer, etc., etc. Plût à Dieu
que nous pussions compter en France un nombre pareil
d'hommes sérieux, se livrant à ces belles études qui furent
si florissantes chez nous avant l'innovation antiliturgiste!
Mais ce qui est plus admirable encore, c'est que l'Alle-
magne protestante ne renferme pas seulement des hommes
auxquels la science liturgique est familière, sous le côté
de l'archéologie ou de l'esthétique; elle en possède aussi
qui proclament la magnificence ct Fonction de nos for-
mules papistes, qui s'en vont recueillant avec amour nos
vieilles hymnes, nos proses et nos antiennes séculaires, les
publiant avec des commentaires dont, la plupart du
temps, l'esprit et la forme sont entièrement catholiques;
bien différents assurément de nous autres Français, qui
nous montrons si indifférents à toutes ces richesses
de la piété de nos pères, engoués, que nous sommes des
pastiches de notre Santeul. N o u s avons d'utiles leçons à
prendre dans la lecture des précieux volumes publiés par
Rambach, Daniel, et autres luthériens dont les travaux
sont indiqués ci-après.
Mais si l'Allemagne protestante semble sous l'empire i-esdésastrcuscs
d'une réaction en faveur de la forme religieuse, il ne faut .M. de KeiieVet
pas croire pourtant que tous les catholiques partagent les VouV^iu 0
une solennelle
(i) En ce moment même, les journaux nous apprennent que M. de ^devrais"
Keller vient de prendre, à l'égard du gouvernement de Wurtemberg, une catholiques.
65o AFFAIRE DE COLOGNE
« Calvin, elle n'a point la mine effrontée de ses sœurs. Levant la tête
« d'un air majestueux, elle prononce assez distinctement les noms de
« Pères, dc Conciles, de Chefs de VÊglise : sa main porte la crosse avec
e aisance; elle parle sérieusement de sa noblesse; et sous le masque
« d'une mitre isolée ct rebelle, elle a su conserver on ne sait quel reste
» dc grâce antique, vénérable débris d'une dignité qui n'est p!us.»(Dryden.
The hind and the Panther.)
E N
654 ANGLETERRE, TENDANCES FAVORABLES
INSTITUTIONS d'un saint qui ne soit analysé en détail par l'auteur, et, à
:
— l'appui de son exposé, il donne l'office de saint Lau-
rent^). Enfin, ct ce n'est pas la partie la moins curieuse
dc cctte dissertation, l'auteur, dans unc sixième section,
après avoir exprimé le vœu de voir l'Eglise anglicane
adopter, pour célébrer la mémoire dc ses saints, la forme
du Bréviaire romain, rédige à l'avance l'office dc Thomas
Ken, cvcquc dc Bath, mort cn 1 7 1 0 , ct place sa fète au
tii mars. Nous renvoyons cette pièce curieuse dans les
notes du présent chapitre {2). Certes, on devra avouer,
après cela, que le mouvement qui pousse l'Angleterre
vers lc catholicisme est surtout un mouvement liturgique.
Terminons par un dernier passage de la même disserta-
tion.
Magnifiques a Avant la Réforme, dit encore l'auteur, l'Église obser-
parol'es de notre , . , , , . . , î .,
anglican sur « vait chaque jour les sept heures du service dc la prière, ct
U C C
\n dévothn « quelque négligemment, si Ton veut, que ce service fût
tt
^apri^erè%ie^ pratiqué par plusieurs, on ne saurait manquer de re-
en commun. w connaître qu'il a exercé une grande influence sur les
« esprits, et que sa cessation a laissé des traces encore
« visibles aujourd'hui. En eilèt, partout où ce service de
« prières a étéétabli, un grand nombre dc personnes rcm-
« plies d'un esprit catholique, n'ont pas seulement écrit
« sur la prière, mais beaucoup aussi l'ont pratiquée dans
« leur vie. Au contraire, depuis que cette forme de prières
« est cilacée de la mémoire du peuple, les livres sur la
« prière sont devenus chez nous une chose rare, ct le peu
« que Ton en rencontrerait encore est dû à des personnes
« qui ont vivement senti l'obligation où nous sommes de
« nous donner davantage à la prière. Dc plus, il est très
« certain que toute religion, quelque forme qu'elle ait
« d'ailleurs, si elle n'est pas appuyée sur la dévot ion exié-
(1) Pages 1 1 7 - 1 3 4 .
(2) Vid. la Note C.
AUX FORMES CATHOLIQUES ET AU BREVIAIRE ROMAIN 657
T
fait voir aussi de quelle triste immobilité ces mêmes Litur- ?°^ 9 ' P . u u n
1
t t reunion durable
gies ont été frappées, impuissantes qu'elles sont, depuis pût s'accomplir,
huit siècles, à tout développement; tandis que la Liturgie
romaine n'a cessé, à chaque époque, de produire de nou-
velles formes, sans altérer le fond antique par lequel elle
tient à l'origine même du christianisme. Il est aisé de
conclure de ces faits incontestables, que toute réunion des
deux Églises, pour être durable, devrait avoir p o u r auxi-
liaire une modification dans la Liturgie orientale, qui la
(r) Page 7 3 .
T. II. 42
658 INFLUENCE DÉSASTREUSE DE LA LITURGIE GRECQUE
(1) Nous devons observer ici que des modifications du même genre ont
été faites, depuis des siècles, dans les rites des Grecs-unis dc l'Italie, de la
Corse, de la Sicile, des îles de l'Archipel, etc., par l'autorité des Pontifes
romains. C'est un préjugé janséniste de croire qu'il y ait au monde unc
seule Église unie au Saint-Siège qui soit indépendante de Rome dans les
choscs de la Liturgie. On peut consulter sur ce sujet lc Bullaïrc romain,
et les Décrets dc la Congrégation dc la Propagande; on y verra jusqu'à
ces derniers temps l'exercice du pouvoir papal sur les rites des Églises
orientales.
(2) Nous empruntons ces détails à la lettre des cinquante-quatre prêtres
catholiques de Lithuanie, qui ont réclamé pour la foi et l'unité catho-
lique auprès de l'évêque Siemazko. {Annales de Philosophie chrétienne,
Xe année, III* série, tome I.
660 INFLUENCE DÉSASTREUSE DE LÀ LITURGIE GRECQUE
devient u n i f x
attentat c o n t r e j j j l'État, on conçoit que la politique voie avec inquié-
0 e
7 1 1 1 1
la L i t u r g i e
légale et tude et jalousie un mouvement imprimé à ces mêmes
i m m o b i l e au . . ,
moyen formes par des sujets dissidents. Un tel progrès devient
de laquelle . . ., . . ... r
1
p a u x , des nominations d'évêques faites par l'autorité PARTIE
JT 7 CHAPITRE XXIV
. . . . T PARTIE
qU r nt
ai nsrquc ' religieux qui renaissent de leurs cendres, mais que ces
TRAVAUX DES PAPES SUR LA LITURGIE ROMAINE 675
à r é n e r d e
N o u s avons même souvent entendu répéter à des per- s
nouveau
sonnes assez peu suspectes que si Rome consentait à en France.
réformer son bréviaire, l'opposition gallicane ne saurait Une reforme
tenir contre l'influence de cette mesure. A vrai dire, il du romain
Bréviaire
cette manière de voir une si grave question. Sans doute, est cepossible
siècle,
cn
m
il est dans les choses possibles que Rome entreprenne, fc*ens où^îa *
dans ce siècle, une réforme de son bréviaire: ce serait la désirent
. certains esprits.
quatrième depuis saint Grégoire; mais qu'on le comprenne
bien, cette réforme n'aurait point pour objet de produire
un nouveau Bréviaire romain. Celui de saint Pie V est le
e
même que celui qui fut revu au xni siècle par les Frères
Mineurs, le même que celui de saint Grégoire VII, le
er
même que celui de saint Grégoire I . Le bréviaire qui
c
sortirait de la réforme du xix siècle ne serait point autre
676 A ROME TRAVAUX DES PAPES SUR LA LITURGIE ROMAINE
• 7 vol. in-12.
Alphonse Alphonse Muzzarelli, ancien jésuite, théologien
(i8o5).
a n c i e r ^ t é s u k e , de la sacrée Pénitcnccric, si connu par ses nombreux et
thcol 1C l a
sacrêV savants opuscules, a donné une dissertation intéressante
P^ n l
g^
i
t
' sur le culte du Sacré-Cœur de Jésus. Nous avons encore
c n c
0
1817, in-4 .
Jean-Christian- ( r 8 r 7)- Jcan-Christian-Guillaume Augusti, illustre doc-
G
AugustF, u
tcur protestant, a rendu un service signalé à la science
protcsttnM8i7. liturgique, en publiant lc grand ct bel ouvrage intitulé :
Denkwiïrdigkeiten ans der christlichen Archaologic. -
Mémoires d'Archéologie chrétienne. Leipsik, 1 8 1 7 - 1 8 2 3 .
6 vol. in-8°.
C S t c t L c Ll n i o n a e
in
°certaVncs ^ ^ ^ ' * S ' bibliothèque liturgique du xix siècle
œuvres dignes mesure de prendre un accroissement colossal. Il
c s t c n
NOTES DU C H A P I T R E XXIV
NOTE A
1 I
2 IL
ORATIO.
l IU
Vincentius Ducci,
.1 Secret fa in IxctesListicfa.
NOÏÏ; H
NOTE C
I.KI;OX IV.
I.EOON* vr.
C R I T I Q U E DES H Y M N E S DE S A N T E U L
vertit censor.
4 . Pag. 5 . Tormcnta quœ non horruit? De S. Barbara,
qui versus eiïicit un contresens horrible. Sed fortasse San-
tolius interrogationem non apposuit.
5. Pag. 5. Frui sponso pro frni marilo, atque alibi
sponsa pro tixore. De quo postea dicam.
C. Pag. 5 . Si proie non terras repleut pro Si proie
terras non repleut:
7 . Pag. 9 . Vinclis ligant se mutuis — His conjuges
liberrimi. De Christo, ac S. Barbara. Haud rcctc dicitur;
per ea vincula Christum esse liberum, neque a vinculis,
quibus se mutuo ligant, Christum, et S. Barbaram esse
liberos.
8. Pag. 6. Ad dulce nomen Barbarœ— Vanos t remores
ponimus. Cur tremorcs vani dicuntur?
9 . Pag. TO. Substrahens, et alibi substrahe pro sublraho.
1 0 . Pag. n . estimas auripretiosa damna. Dici solet
parvi, vel magni aliquem œstimare, non vero cestimo hune
esse bonum virum.
1 1 . Pag. 1 r, Sicque dotatuspudor immolandos — Ser-
rât honores ; pro et sic; reprehenditur etiam locutio
immolandos honores.
t 2 . Pag. 1 1 , Sic nos tenebras amare. Ambiguum,
r3. Pag. n . Cingcre mitra aliquem pro"cingere fron*
iem, caput, comas, tcmpora alicujus.
1 4 . Pag. J G . Perte, divas amor, frigida pectora—
Puris ignibus ardeai (Iege ardeant) pro dive amor, vel
divnm amorem.
1 5 . Pag. 2 0 . Virgo Dei puerpera. Puerpera non régit
casum gignendi, quamvis apud Vidam id reperiatur.
1 6 . Pag. 2 0 , et alibi coœvus. Hoc vocabulum non crcpit
esse in usu nisi post, vel circa dimidiatum seculum iv.
Nam apud Ciceronem quod aliqui legunt coœvus, Icgcn-
dum est Coquus, ut plurcs animadverterunt.
704 APPENDICE
cupiuntque.
4 3 . Pag. 6 9 . Dœmon ut cedat, jubet. Longum e s t o in
dfemon.
4 4 . Pag. 7 0 . Plangere dolores, pro lamentari.
4 5 . Pag. 7 1 . Intras Pharos pro Pharon.
4 6 . Pag. 7 1 . Qui nosfoves, laus, Spiritus. Dcest tibi.
4 7 . Pag. 7 5 . Durusque pro throno lapis. Latine non
dicitur thronus, neque crux idonee vocatur lapis.
4 8 . Pag. 7 4 . Nequœ vocarei, pro nequa.
Pag. 7 5 . Vel cujus attactu, pro cujus vel attactit-
5 o . Pag. 7 7 . Prœco, absolutc positusproconcionatorc,
rejicitur.
5 f . Pag. 7 8 (lege 80). Nos infenso ,leg. inqffenso
pede ducat astris, pro ad astra.
T. n. 45
706 APPENDICE
102. P a s . 2 2 Q . Valeriano
0
sese addidit. Legendumest, 1 PARTIE
•* APPENDICE
(1) Penitus ignorasse videtur Arevalus quoe acta sunt circa dictam
strophen, tum ex parte jansenistarum ut illam in breviariis intruderem,
tum ex catholicorum ingenïo ut hasreticum virus ab illa cxpellcrent,
puta in dicecesibus Ebroicensi, Cenomanensi, Tolosana, etc.
714 APPENDICE
FIN UL L'AI'PLNIMCL".
ADDITION
(1) Publica; preces, mi>sales, 11c ruualcs libri, brou.nia, I ' U I ' Î M C I I M S ,
Kcincnsis, Vîcnncnsis, Itupullciisis, itUjiic alinruni nobilissimariint Kcclc-
siartim, Clunincunsis vjun.juc archini'inaslcrii lotiu>qitc ejus O n l i n i s
cxemplo, incliorcin in lormnin cnmpnnanhir : ilubia, suspecta, spuria,
supcrstiliosa tollantur. prîscam piclatem omnia ratnlcanl. {Uùtvrcs Je
liosmte* tome XXV. Kilit. LcbcK pajje i'»;.
ADDITION 721
sens catholique plus que toute autre église de la chré- s P^RTIK
l * A T ADDITION
n'y entrera que la pure parole de Dieu ; que le texte .sacré ^ÎJJJJ
y sera partout rétabli dans son entier, sans omissions, sans —
lacunes, sans transpositions. Je donnai des exemples de
chacune de ces sortes de correction : ct je laissai à juger
les autres par là. Je passai aux collectes où je fis les
mêmes remarques. Je parcourus YOrdo Misses tout entier
dont je remarquai les parties les plus anciennes, et ainsi
du reste. Et sur tout cela, on passa par l'avis que j'avais
propose sur chaque chose. Ainsi finit cette première séance,
indiquant une pareille séance à demain mardi pareille
heure. »
« Après que chacun se fut retiré, M. de Meaux m'arrêta
pour me dire la satisfaction qu'il avait de mon travail, et
qu'il voulait que je fusse chargé tout seul de cctte correc-
tion. Il parla de même en mon absence à l'abbé de Lalou-
bère et autres de sa maison, qui, le jour suivant, avant
l'ouverture de la séance, m'en firent tous compliment. »
Ainsi, l'excellent prélat était séduit, et lc triomphe dc
Ledieu ne pouvait être plus complet. Nous venons de
prendre sur le fait lc nouveau liturgiste, avec toute sa suf-
fisance et son audace. Le passé de l'Eglise n'est rien pour
lui. Il fait les règles, il les applique, et comme l'on voit, il
mène de front tous les principes des novateurs sur la ma-
tière. Il lui faut la pure parole de Dieu; il lui faut des
traductions françaises pour faire pénétrer chez le peuple
toute la lumière dont il va inonder l'Église de Meaux. Saint
Grégoire n'y connaissait rien; la tradition est comme si
elle n'existait pas; l'Église de Meaux a le bonheur de pos-
séder l'abbé Ledieu : de quoi sc plaindrait-elle? On est
effraye, sans doute, de cet esprit révolutionnaire appliqué
à la Liturgie, de ce dédain du passé dans les choses
dc l'Église, et cependant nous ne sommes encore
qu'en 1 7 0 5 .
a Mardi 1 0 , deux heures dc relevée, les mêmes députés
qu'hier présents, j'ouvris la séance sur le sujet du Commun*
73 2 ADDITION"
« Novembre, 9
vendredi 27. Étant à Paris, j'ai trouvé
1
PARTIE
* ' ADDITION
tïisTJTUTioNs avait pris tous les moines; plus que Paris qui avait pris
LITURGIQUES * . . . . .
tous les saints de France; plus que Sens qui n avait rien
voulu laisser des saints illustres dans tous les ordres,
pour faire un bréviaire savant : au lieu que nous nous
étions contentés de faire un triage simple et petit dc tout
cela. Ce qui a réussi et a été approuvé. »
« On a passé ensuite aux grandes solennités des fêtes;
ct notre projet a été unanimement approuvé; dont je ne
dirai rien davantage, parce que tout est expliqué dans mon
rapport, dont je garde la minute. Je dirai seulement
qu'aj'ant extrêmement insisté pour élever lc dimanche
au-dessus des fêtes chômées, cn a}'ant exposé avec soin
toutes les raisons prises des anciens canons, des capitu-
laires, des constitutions des Papes, et des auteurs des rites
ecclésiastiques, j'ai gagné le point principal et lc plus
essentiel, d'établir un nouveau grade qui sera le quatrième
sous le nom dc fesiivum, comprenant toutes les fètcs
chômées, et nommément le saint dimanche à la tète de
tout, et qui aura aussi la préférence sur toutes ces fètcs
sans exception, hors sur celles qui sont dans les degrés
supérieurs d'annuels ou dc solennels : et c'est ce qu'il y
avait ici de plus important. »
« Tout étant ainsi décidé* il ne nous reste, dit M. de
« Meaux, qu'à tenir la copie prèle pour Vimprimeur. »
« —Je n attends pour cela, lui dis-je, Monseigneur, que
« la nouvelle édition du Missel de Paris, dont la plus
« grande partie doit entrer dans celte nouvelle réforme. »
« — En même temps le prélat a donné ordre qu'on me
« le fît venir dans huitaine. — « Cependant je vais, lui
« dis-je encore, Monseigneur, vous préparer deux mé-
« moires à consulter sur les proses el sur les /êtes chômées
« pour consulter à Paris*, et j'aurai Vhonneur de vous les
a rapporter au premier jour, vous priant de m* accorder
« votre audience. » — « Vous sere\ le bienvenu, a-t-il
« dit; adieu. »
ADDITION
INSTITUTIONS d e s p i
R
u s longs psaumes. Il fallait bien chercher des a u t o -
LITURQIQU1ES
INSTITUTIONS d Michaelis
c Archangeli en Gabrielis Angeli. dc Yinnu-
LITURGIQUES. . , , .
— la Liturgie.
e r
« Cejeudi, i mai. Le P. Doucin ayant vu le plan du
nouveau bréviaire que M. de Meaux lui a fait donner, il
s'est récrié à rencontre, disant que les chanoines seraient
bien obligés de dire les dix-huit psaumes des matines du
dimanche, et les douze psaumes des matines des fériés ; que
Ton porterait au roi et jusqu'à Rome les plaintes contre
leur nouveauté de ne mettre que neuf psaumes à toutes
les matines, quelles qu'elles soient, et encore contre leur
dessein de diviser tous les grands psaumes. On lui a fait
voir ce dessein exécuté dans le bréviaire de Narbonnc qui
est de M. de la Berchère, ami de la Société ct de sa
doctrine; sans parler des autres nouveaux bréviaires d'Or-
léans, Sens et Lizieux, qui ont suivi le même plan. II en
est encore plus irrité, traitant tout cela de nouveautés, et*
menaçant dc s'y opposer de toute sa force.Sur ce pied, ses
espions Deipy ct deMouhy {Chanoines de Meaux) nous
promettent un bréviaire tout différent du plan qu'on en
avait pris, et qui, disent-ils, obligera défaire imprimer
aussitôt après un nouveau missel, au plus tard dans deux
ans ; c'est le terme qu'ils donnent au nouveau missel qu'ils
se flattent de supprimer. »
Le moyen le plus efficace d'arrêter l'innovation litur-
u
gique, au xvni siècle, eut été, en eli'ct,dc tenir ferme pour
le maintien de la dhision romaine du psautier. Sans
doute l'esprit de secte avait fait naître un certain nombre
de compositeurs liturgistes dans les rangs du parti jansé-
niste ; mais ils ne pouvaient espérer de faire goûter leurs
utopies à la masse du Clergé, qu'en offrant l'attrait d'un
bréviaire plus court. Or, cctte abréviation de la prière
ecclésiastique ne pouvait avoir lieu qu'au moyen d'une
nouvelle division du psautier, destinée à remplacer celle
dunt l'Lglise usait depuis les premiers siècles.C'est encore
ici un des points sur lesquels le benb traditionnel de Bos-
ADDITION 753
1
suet eût tout sauvé. O n a vu ci-dessus combien il tenait à PARTIE
ADDITION
PRÉFACE
CHAPITRE X V I I
E
D E LA L I T U R G I E D U R A N T LA S E C O N D E MOITIÉ D U X V I I SIÈCLE.
C O M M E N C E M E N T D E LA DÉVIATION LITURGIQUE E N F R A N C E .
D E H A R L A Y . — BRÉVIAIRE D E C L U N Y . — H Y M N E S D E S A N -
GISTES D E CETTE É P O Q U E
CHAPITRE X V I I I
E
D E LA L I T U R G I E DURANT LA P R E M I È R E MOITIÉ D U X V I I I SIÈCLE.
G I Q U E PRONONCÉ D E P L U S E N P L U S . — Q U E S N E L . — SILENCE
D U C A N O N D E LA M E S S E ATTAQUÉ. — MISSEL D E M E A U X . —
764 TABLE DES MATIERES
C É R É M O N I E S . — L A N G U E T . — L I T U R G I E E N L A N G U E VULGAIRE.
G IA P I T R E XIX
S U I T E D E L'HISTOIRE D E LA L I T U R G I E , DURANT LA P R E M I È R E
— GRANCOLAS. F O I N A R D . — BRÉVIAIRES D E S E N S , A U X E R R E ,
DE P A R I S , D E L'ARCHEVÊQUE V I N T I M I L L E . — AUTEURS DE
P H E D E LA L I T U R G I E D E VINTIMILLE
CHAPITRE XX
S U I T E D E L'HISTOIRE D E LA L I T U R G I E , D U R A N T LA P R E M I È R E
CHAPITRE XXI
CHAPITRK XXII
CHAPITRK XXIII
CHAPITRE XXIV
e
De la Liturgie a u X I X siècle. — E n France, rétablis-
sement du culte catholique. Projet d'une Liturgie
nationale. Actes d u L é g a t Caprara. Sacre de Napoléon.
T
Pie VI dans les églises d e Paris. Situation générale
de la Liturgie sous l'Empire. — Caractère des œ u v r e s
liturgiques sous la Restauration et depuis. Destruc-
tion p r e s q u e t o t a l e d e la L i t u r g i e r o m a i n e . Mouve-
m e n t inverse et favorable a u x usages romains. N o u -
v e l l e modification d u Parisien en 1 8 2 2 . Efforts d i v e r s
d a n s le m ê m e sens. Difficultés d e la s i t u a t i o n , et son
remède. — En Allemagne, scandales des Antilitur-
gistes. Ordonnance de l'Évêque de Rottenbourg.
Affaire d e C o l o g n e . — E n A n g l e t e r r e , t e n d a n c e s f a v o -
rables a u x formes catholiques, et au Bréviaire romain
en particulier. — En Russie, influence désastreuse d e
TABLE DES MATIERES 767
NOTES DU CHAPITRE X X I V
APPENDICE
ADDITION