Sommaire: Chapitre I: Le Concept Et La Typologie de La Fraude ............ 11
Sommaire: Chapitre I: Le Concept Et La Typologie de La Fraude ............ 11
Sommaire: Chapitre I: Le Concept Et La Typologie de La Fraude ............ 11
SOMMAIRE
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
INTRODUCTION GENERALE
La notion de fraude fait aujourd’hui l’objet de nombreux débats internationaux. Les nombreux
litiges engageant des cabinets d’audit et l’importance de leurs coûts pour les investisseurs
mettent en évidence l’intérêt actuel de cette notion.
La mondialisation a permis, avec l’ouverture des frontières, non seulement une fluidification
des échanges, mais aussi elle a accéléré le transfert entre continents des nouvelles techniques
de fraudes, accentuant ainsi le phénomène de fraude, sous ses multiples facettes, à l’échelle
internationale .
Ce phénomène a remis en cause la qualité des structures de contrôle interne, voir l’existence
même de l’organisation. Il semble que l’on ait perdu la maitrise du risque de fraude et si rien
n’est fait pour l’enrayer, la fraude pourrait devenir la maladie économique du XXI siècle.
Une enquête1 réalisée en 2003 par PricewaterhouseCoopers révèle qu’environ 37% des
entreprises dans le monde ont été victimes d’une fraude et que le coût de la fraude est estimé
à 2,2 millions de dollars en moyenne par entreprise.
Les scandales financiers, symbolisés par Enron,Worldcom et Parmalat, doivent être compris
comme des signaux d’alerte du fait qu’ils ont entrainé une perte de confiance des investisseurs
envers les dirigeants des entreprises et ont mis en cause la responsabilité du commissaire aux
comptes et la valeur ajoutée de ses travaux d’audit.
En fait, la disparition d’un grand cabinet d’audit « Arthur Anderson » à la suite de l’un de ces
scandales, confirme que la détection ou non de la fraude par le commissaire aux comptes et
sa révélation constitue un enjeu sérieux pour lui. Dans ce cadre plusieurs critiques ont été
formulées à l’encontre du commissaire aux comptes n’ayant pas signalé les fraudes qu’il
aurait dû détecter dans le cadre de sa mission, ce qui a augmenté par conséquence le gap
entre ce que la profession peut donner comme assurance aux états financiers audités et les
attentes des utilisateurs du rapports d’audit.
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PricewaterHouseCoopers : Enquête sur la fraude dans les entreprises en France, en Europe et dans le monde,
2003
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Des études récentes, réalisées dans les pays anglo-saxons, ont montré que seulement 5% des
cas de fraude étaient découverts par les auditeurs externes2. Ce pourcentage apparait
préoccupant et bien faible compte tenu des risques encourus par les entreprises et notamment
par les auditeurs externes eu égard aux objectifs de leur mission et à leur responsabilité.
En réaction, les Etats Unis avec la loi de Sarbanes Oxley, puis la France avec la loi de sécurité
financière et la Tunisie avec la loi de renforcement de la sécurité des relations financiers ont
légiféré dans le but de sanctionner plus vivement les fraudes financières, de renforcer le
gouvernement d’entreprise et d’améliorer le contrôle des comptes.
Parallèlement, les normes professionnelles traitant de la responsabilité des auditeurs en
matière de fraude connaissent une grande réforme visant à tenir compte de l’environnement
international et du décalage entre les attentes de la communauté financière et les obligations
devant être assumées par les auditeurs externes.
Le présent travail s’inscrit dans ce contexte et s’attache à répondre à la problématique
suivante : Comment améliorer l’efficacité de l’action du commissaire aux comptes en matière
de recherche et de détection de la fraude dans le cadre de sa mission légale ?
Dans ce cadre, nous proposons une méthodologie d’audit permettant de renforcer la sensibilité
du commissaire aux comptes aux indices de fraude et de clarifier la nature et l’étendue des
diligences à accomplir en matière de fraude.
Ce présent travail vise principalement à :
- Préciser la portée de la responsabilité du commissaire aux comptes en matière de fraude.
- Mettre à la disposition du commissaire aux comptes des outils d’évaluation du risque de
fraude.
- Rappeler au commissaire aux comptes les risques de fraude inhérents aux principaux
processus de l’entreprise auditée ainsi que l’approche d’audit à adopter.
- Proposer au commissaire aux comptes des procédures à mettre en œuvre en réponse au
risque de fraude.
Afin à répondre à la problématique identifiée et atteindre les objectifs fixés. Ce mémoire sera
articulé autour des deux parties suivantes :
La première partie est composée de trois chapitres. Dans le premier chapitre, nous cherchons
à analyser les évolutions des normes professionnelles et des textes réglementaires en matière
fraude. Le problème de la responsabilité sera ensuite abordé dans le deuxième chapitre, pour
chacun des acteurs internes et externes de l’entreprise.
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CARASSUS (D) et CORMIER (D), l’évaluation du risque de fraude dans les missions d’audit externe, sep 2001, p 27.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Ainsi, nous analyserons dans ce chapitre le rôle que doit avoir chaque maillon de la chaîne
pour empêcher la fraude de proliférer. Ceci nous amènera à analyser dans le troisième
chapitre, les obstacles auxquels le commissaire aux comptes est confronté et qui entravent
l’efficacité de son action de recherche de fraude.
- La deuxième partie consiste à proposer aux commissaires aux comptes une méthodologie
d’audit de la fraude dans le cadre de sa mission d’audit. Elle sera repartie quant à elle en trois
chapitres. Dans le premier chapitre, notre objectif est d’attirer l’attention du commissaire aux
comptes sur les facteurs prédictifs de la fraude.
Dans le deuxième chapitre, nous présentons les principaux schémas de fraude observés dans
l’entreprise ainsi que les aspects importants du contrôle interne devant être appréciés dans le
cadre de la prise en compte du risque de fraude.
Enfin dans le troisième chapitre, nous présentons l’approche d’audit à adopter lors du
contrôle des comptes ainsi que les principales techniques de détection de fraude.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Dans un environnement économique de plus en plus sensible aux fraudes, les normes d’audit
internationales et américaines traitant des anomalies résultant de fraudes et d’erreurs ont été
modifiées substantiellement depuis cinq ans. Ces normes ont été adaptées dans le but de
modifier l’état d’esprit dans lequel le commissaire aux comptes doit mener sa mission et de
renforcer les procédures à mettre en œuvre.
Le législateur s’est vu contraint suite aux fraudes et scandales financiers de légiférer des lois
visant à restaurer la confiance des investisseurs dans le système financier et agir contre la
fraude.
Dans ce cadre, il est opportun d’analyser les évolutions des normes professionnelles sur la
fraude ainsi que l’évolution des textes réglementaires à l’étranger et en Tunisie.
Nous tenterons ensuite de présenter les types de fraude que le commissaire aux comptes peut
rencontrer tout en exposant d’une manière simple les risques sur le plan pénal générés par les
fraudes.
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IAASB : International Auditing and Assurance Standards Board, comité en charge des normes d’audit au sein de l’IFAC
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ISA: International Standards on Auditing
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Statements on Auditing Standards
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IFAC: International Féderation of Accounts
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
La norme ISA 240 insiste sur le fait que la responsabilité première dans la prévention et
la détection de la fraude incombe aux personnes chargées du gouvernement d’entreprise
et à la direction.
La norme distingue les anomalies conduisant à des états financiers erronés de celles
relevant du détournement d’actif. elle précise que la présentation des états financiers
erronés implique souvent que la direction a outre passé les contrôles mis en place dans
l’entreprise.
La norme rappelle que l’auditeur doit faire preuve d’esprit critique accru et remettre en
cause les informations qui peuvent lui être transmises et ce, indépendamment de son
expérience passée avec l’entreprise et sa conviction quant à l’honnêteté et l’intégrité de
la direction et du gouvernement de l’entreprise.
Dans le cadre de l’évaluation du risque, la norme prévoit un certain nombre d’entretiens
à mener :
- Discussion au sein de l’équipe afin d’évaluer le risque de fraude ;
- Entretien avec la direction ;
- Entretien avec les personnes constituant le gouvernement de l’entreprise
- Entretien avec l’audit interne ;
- Entretien avec d’autres personnes au sein de l’entreprise.
La norme distingue, dans les réponses à apporter aux risques de fraude, deux niveaux :
- Une réponse globale, portant sur la façon dont l’audit est conduit et sur la nature,
le calendrier et l’étendue des contrôles à effectuer ;
- Une réponse spécifique au risque que la direction puisse contourner les contrôles
mis en place par le système de contrôle interne.
Les nouveautés de l’ISA 240 (révisé) portent essentiellement sur les points suivants :
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
La norme ISA 240(révisé) voulait insister que l’auditeur doit tenir compte du risque de fraude
tout au long de l’audit et de le considérer comme un objectif d’audit qui doit être intégrer dans
son programme de travail. Elle demande à l’auditeur de mettre en œuvre des procédures
d’audit pour identifier le risque de fraude, tout précisant que ces procédures sont assez
spécifiques et pourraient différer de celles visant la détection d’erreurs.
L’ISA 240(révisé) va également plus loin que la norme précédente ; elle exige des entretiens
avec :
L’audit interne : dans les entreprises disposant d’une fonction d’audit interne,
l’auditeur externe doit interroger l’auditeur interne afin de savoir s’il a mis en œuvre
des procédures de contrôle pour détecter des fraudes, si la direction a répondu
positivement aux points relevés lors de la réalisation de ces procédures et si durant
l’année il a eu connaissance de fraudes avérées ou suspectées ;
D’autres personnes au sein de l’entreprise : ces personnes peuvent être soit :
- le personnel opérationnel non directement impliqué dans le processus
d’élaboration de l’information financière ;
- des employés à différents niveaux de responsabilité ;
- les employés intervenant dans l’initiation, le traitement ou l’enregistrement
d’opérations complexes ou inhabituelles, ainsi que ceux chargés de superviser
ou de contrôler ces employés ;
- des conseillers du service juridique interne.
La réalisation des entretiens avec ces personnes suscite quelques difficultés d’application pour
le commissaire aux comptes en Tunisie, car la culture du pays est différente de celle des
européens ou anglo-saxons, et il peut sembler inhabituel à un client que l’on interroge son
personnel afin de savoir s’il a connaissance de fraude.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
La norme ISA 240 (révisée) classe les facteurs de risque de fraude en fonction de trois
conditions et précise que lorsqu’une fraude est commise, l’une de ces trois conditions
suivantes est au minimum présente7 : une incitation ou des pressions à commettre une fraude,
une opportunité apparente de commettre une fraude, et un comportement permettant de
justifier l’acte frauduleux.
Cette représentation permet de balayer d’une façon méthodique les facteurs de risque de
fraude.
La norme prévoit, que lors de la phase d’évaluation du risque de fraude le commissaire aux
comptes doit prendre en compte le résultat des procédures analytiques. Ces procédures
peuvent identifier l’existence de transactions ou faits inhabituels susceptible d’indiquer un
risque d’anomalies significatives provenant de fraude.
L’esprit de la norme est de relever toute incohérence qui pourrait être révélatrice d’une fraude.
La norme ISA 240 (révisée) considère que la comptabilisation des produits comme une zone
systématique de risque de fraude que l’auditeur doit la prendre en compte.
En outre elle reconnait un risque de fraude systématique lié à la direction du fait que la
position de cette dernière lui permet de contourner les contrôles mis en place.
1-1-2-6 Intégration des procédures relevant des normes ISA 315 & 330
La norme explicite la manière avec laquelle les normes ISA 315 « compréhension de l’entité
et de son environnement et évaluation du risque que les états financiers contiennent des
anomalies significatives » et l’ISA 330 «procédures mises en œuvre par l’auditeur en réponse
de son évaluation des risques » doivent s’appliquer au risque que les états financiers
contiennent des fraudes.
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ISA 240, paragraphe 51 : la responsabilité de l’auditeur dans la prise en considération de fraudes dans l’audit d’états
financiers
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Les procédures d’audit en réponses aux risques de fraude vont entraîner pour le commissaire
aux comptes des travaux complémentaires qui peuvent être substantiels par rapport aux
travaux précédemment effectués. Il sera amené à inclure le coût de ces travaux dans leurs
honoraires d’audit, chose qui ne peut être accepté par le client tunisien et non toléré par le
principe d’homologation des honoraires du commissaire aux comptes. A notre avis, le barème
des honoraire dans ce cas mérite d’être révisé.
L’AICPA8 a publié en novembre 2002 une nouvelle norme SAS 99, qui donne aux auditeurs
américains des indications détaillées sur les procédures à mettre en œuvre en cas de fraude
significative. Elle constitue la pierre angulaire d’un effort de l’AICPA pour reconstituer la
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AICPA : Américan Institute of Certified Public Accounts
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
confiance des investisseurs dans les états financiers audités. Bien qu’elle porte le même titre
que son prédécesseur, le SAS 82, elle communique un plus grand nombre de
recommandations et de détections plus spécifique.
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COSO : committee of Sponsoring Organizations .Il s’agit d’une enquête “ Fraudulent Financial Reporting” menée auprès
de 300 entreprises cotées aux Etats –Unis ayant fait l’objet de fraudes. Cette enquête montre entre autres que les auditeurs ont
été incapables de détecter la fraude, et que 72% des fraudes impliquent les dirigeants de l’entreprise
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
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COSO : committee of Sponsoring Organizations .Eenquête “ Fraudulent Financial Reporting”
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
L’état d’esprit
La norme rappelle l’importance de la notion d’esprit critique et cela quelque soit l’expérience
passée avec le client et l’appréciation de l’intégrité et de l’honnêteté de la direction.
L’appréciation des facteurs de risque de fraude
Les facteurs de risque sont classés en trois catégories : la motivation pour commettre la
fraude, une opportunité et une attitude permettant de commettre la fraude.
La recherche des risques de fraudes est effectuée par le moyen des entretiens avec différentes
catégories d’intervenants et une réunion de l’équipe d’audit lors de la planification de la
mission.
La norme a introduit comme une zone systématique de risque de fraude la reconnaissance du
chiffre d’affaires et le risque lié à la direction.
Les réponses aux risques de fraude
Les nouveautés sont constituées par des procédures obligatoires à effectuer afin de s’assurer
que la direction ne contourne pas les contrôles mis en place dans l’entreprise et par
l’introduction des procédures non prévisibles.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
En outre, ces normes distinguent entre deux types d’anomalies pouvant constituer des
fraudes :
- Les anomalies conduisant à l’établissement d’états financiers erronés, parmi
lesquelles l’omission intentionnelle de transactions, d’informations significatives
dans les états financiers, la mauvaise application d’un principe comptable ou la
manipulation ou altération de documents comptables ;
- Les anomalies résultant de détournement d’actifs parmi lesquelles le Vol, le
paiement par l’entreprise de services fictifs.
Cette loi constitue la principale réaction américaine aux scandales financiers d’Enron et
Worldcom. Elle a pour but de restaurer la confiance des investisseurs dans le système
financier et dans les informations publiées par les entreprises. Nous résumons ci-après les
principaux éléments de cette loi11:
La création du Public Company Accounting Oversight Board (PCAOB : conseil)
Cet organe, supervisé par la SEC12, est composé de cinq membres désignés pour un mandat de
cinq ans. Ces membres doivent se consacrer à plein temps à leurs fonctions, ils doivent être
indépendants et ne pas recevoir de rémunération d’aucun cabinet professionnel.
Parmi les attributions de ce conseil, nous citons :
- l’émission de recommandations relatives à l’éthique et à l’indépendance
- l’adoption des normes d’audit concernant la revue et l’opinion sur le contrôle
interne.
- la conduite d’enquête concernant les cabinets et l’imposition de mesures
disciplinaires et celles visant le respect de la loi.
Certification obligatoire des comptes par les responsables de la direction
La loi prévoit une certification sur l’honneur des comptes devant être effectuée par les
responsables exécutif (CEO :Chief Executive Officer) et financier (CFO :Chief Financial
Officer).
Ces responsables doivent confirmer qu’ils ont revu les comptes et que toutes les opérations y
sont présentées conformément à la réalité, que ces comptes ne renferment pas de déclarations
11
Olivier Gallet, Halte aux fraudes, « Prévenir et détecter les fraudes en entreprise »,Dunod,Paris, Février 2005 , p48-49
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SEC : Securities and Exchange Commission
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Indépendance de l’auditeur
La loi prévoit l’interdiction d’offrir à la société auditée des services particuliers autres que
ceux liés à l’audit tels que la tenue de comptabilité, la conception et la mise en place de
systèmes d’information financière.
La loi prévoit aussi qu’un cabinet inscrit auprès du conseil ne peut fournir de services d’audit
à une société ouverte si le responsable de mission ou l’associée responsable a fourni des
services d’audit à ce client au cours des cinq derniers exercices.
Par ailleurs, la loi a prévu un délai d’attente d’un an pour les employés du cabinet d’audit
avant de pouvoir accepter des postes clés dans les sociétés clientes.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
La loi n° 2003-76 du 1er août 2003 de sécurité financière, dite LSF, constitue une réponse du
législateur français à la crise de confiance que connaissent les marchés financiers depuis le
début des années 2000 et une volonté d’agir contre la fraude financière. Elle a souvent été
présentée comme la petite sœur du Sarbanes-Oxley ; puisqu’elle reprend nombre de ses
principes mais sans aller aussi loin.
Parmi les points les plus importants de LSF nous pouvons citer :
La création d’un haut conseil du commissariat aux comptes ayant pour mission d’assurer
la surveillance de la profession, de veiller au respect de la déontologie et de
l’indépendance des commissaires aux comptes et d’émettre un avis sur les normes
d’exercice professionnelles élaborées par la CNCC avant leur homologation.
L’obligation d’information de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) des propositions
de nomination ou de renouvellement des commissaires aux comptes des sociétés faisant
appel public à l’épargne. l’AMF communique toute observation qu’elle juge nécessaire
sur ces propositions à l’assemblée générale des actionnaires.
L’interdiction aux commissaires aux comptes des sociétés faisant appel public à l’épargne
(personne physique ou membre signataire d’une société de commissariat aux comptes),
d’y certifier les comptes durant plus de six exercices consécutifs.
L’obligation de respect du principe de la séparation des activités d’audit et de conseil.
Ainsi il est interdit au commissaire au compte de fournir à la société auditée ou aux
personnes qui la contrôlent ou qui sont contrôlées par celle-ci, tout conseil ou toute autre
prestation n’entrant pas dans les diligences liées à la mission de commissariat aux
comptes.
La convocation du commissaire aux comptes à toutes les réunions du conseil
d’administration ou du directoire et du conseil de surveillance qui examinent ou arrêtent
les comptes annuels ou intermédiaires, ainsi que toutes les assemblées générales.
L’obligation pour le président du conseil d’administration ou du surveillance de rendre
compte à l’assemblée générale des actionnaires, dans un rapport joint au rapport annuel de
gestion et au rapport sur les comptes consolidés, des conditions de préparation et
d’organisation des travaux du conseil ainsi que des procédures de contrôle interne mises
en place par la société .
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
A l’instar du législateur Français, une loi sur le renforcement de la sécurité des relations
financières a été promulguée en Tunisie13.Cette loi vise à renforcer l’indépendance des
commissaires aux comptes, la transparence des sociétés et la qualité des informations
financières établies et publiées par les sociétés commerciales et en particulier les sociétés
faisant appel public à l’épargne, les établissement de crédits, les sociétés d’assurance, les
sociétés soumises à l’obligation d’établir des comptes consolidés et les sociétés ayant des
engagements importants auprès des établissements de crédit ou des emprunts obligataires.
Les apports de cette loi se rapportent principalement aux points suivants :
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Loi n° 2005-96 du 18 octobre 2005, relative au renforcement de la sécurité des relations financières
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Il s’agit des fraudes commises par des salariés, des dirigeants ou des tiers à l’encontre de la
société.
Aux termes de l’article 297 du code pénal « est puni d’un emprisonnement de 3 ans et d’une
amende de 1.000 dinars, celui qui détourne, dissipe, tente de détourner ou dissiper, au
préjudice des propriétaires possesseur ou détenteur, des effets, deniers, marchandises, billets,
quittance ou tous autres écrits contenants ou opérants obligation ou décharge, qui ne lui ont
été remis qu’à titre de louage, dépôt, de mandat, de nantissement, de prêt à usage, ou pour
travail déterminé salarié ou non salarié à charge de les rendre ou présenter ou d’en faire un
emploi déterminé. »
Il est nécessaire que les éléments constitutifs de l’abus de confiance soient mis en évidence
pour qualifier l’infraction :
L’existence d’un contrat dans le cadre duquel une personne a remis des fonds ou des biens
à son cocontractant ;
Un détournement (c'est-à-dire le fait de ne pas restituer un bien qui a été confié) des biens
ou des valeurs remis.
L’abus de confiance peut se définir comme un détournement qui est la cause d’un préjudice
matériel ou moral. Le détournement de la chose n’exige pas que la personne se soit
appropriée la chose confiée ni qu’elle en ait tiré un profil personnel.
Le détournement est constitué lors d’une non-restitution de la chose, ou d’un usage abusif de
cette dernière. Par exemple :
- le fait pour un directeur de s’allouer des gratifications ou des émoluments
auxquels il n’a pas droit, malgré l’étendue de ses pouvoirs ;
- un salarié qui a reçu un fonds de caisse mais qui a utilisé ce fonds pour des fins
personnelles.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
2-3 L’escroquerie
L’escroquerie consiste à se faire remettre certains objets ou biens ou à obtenir un acte opérant
obligation ou décharge, suite à un usage de faux nom ou d’une fausse qualité ou à l’emploi
des manœuvres frauduleuses.
Ainsi constitue une escroquerie :
le fait de verser des sommes au titre de frais de mission en produisant pour justification
des factures de complaisance ;
la production d’une facture majorée venant corroborer l’inscription mensongère du prix
de la marchandise vendue ;
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
le fait de fournir aux établissements de crédit et de crédit bail des fausses factures et des
bons de livraison fictifs faisant croire à l’existence de matériels inexistants et ce dans le
but de réapprovisionner la trésorerie de la société.
L’établissement d’un bilan falsifié afin de présenter une situation favorable qui est
déterminante pour une remise de fonds.
Le délit de l’escroquerie est sanctionné par un emprisonnement de cinq ans et d’une amende
de 2.400 DT et ce, conformément à l’article 291 du code pénal.
2-4 La complicité
La complicité par aide ou assistance est codifiée selon l’article 32 du code pénal de la
manière suivante : «……est complice d’un crime ou d’un délit la personne qui sciemment, par
personne qui par dons, promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué
2-5 Le vol
14
STEPHANE PRIGENT, « Commissaire aux comptes et experts comptable poursuivis pour complicité d’escroquerie à la
TVA », Revue Française de comptabilité N° 368, Juillet-Aout 2003.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
En effet, l’employé ou le dirigeant qui s’approprié indûment des fonds de la société, élabore
une technique de fraude dont le succès repose sur l’un ou plusieurs des paramètres relatifs
aux fonctions qu’il exerce, à sa situation hiérarchique et à l’organisation de l’entreprise car,
ces paramètres conditionnent la marge de manœuvre du délinquant.
Ainsi, pour éviter la découverte du vol, le fraudeur cherche toujours des possibilités de
manipulations dans la comptabilité. Les méthodes employées pour parvenir à ce but peuvent
être détaillées comme suit :
Erreurs matérielles : ces erreurs commises intentionnellement sont difficilement détectées
en l’absence de règles de contrôle interne valables ou d’outil informatique fiable.
Les erreurs d’addition peuvent affecter aussi bien les dépenses que les recettes. Le caissier qui
désire détourner des fonds peut, s’il détermine les imputations et enregistre également les
mouvements de caisse sur le journal, effectuer des erreurs d’addition et ainsi majorer les
dépenses ou minorer les recettes des postes comptabilisés directement à des comptes de
charges et produits.
S’il n’est pas chargé de la tenue du journal de caisse, le caissier peut néanmoins modifier le
total de certaines pièces justificatives.
Créations de dépenses fictives : cette manœuvre frauduleuse est difficile à détecter si le
fraudeur utilise des documents présentant un caractère d’authenticité acceptable et s’il
n’existe pas dans l’entreprise de bonnes règles de contrôle.
Par ailleurs, des détournements peuvent être organisés en enregistrant dans la comptabilité de
l’entreprise des dettes n’ayant pas de contrepartie économique. Cette méthode est
particulièrement redoutable quand elle se produit avec la complicité des fournisseurs.
Omissions de recettes : le détournement des recettes destinées à l’entreprise constitue une
méthode de fraude très dangereuse dans le cas où la créance correspondante n’est pas
systématiquement enregistrée en comptabilité.
L’article 223 du code des sociétés commerciales dispose « sont punis d’une peine
d’emprisonnement d’un an au moins et de cinq ans au plus et d’une amende de deux mille à
dix milles dinars ou l’une de ces deux peines seulement…..les membres du conseil
d’administration qui, de mauvaise foi, ont fait des biens ou du crédit de la société un usage
qu’ils savaient contraire à l’intérêt de celle-ci dans un dessein personnel ou pour favoriser une
autre société dans laquelle ils étaient intéressés directement ou indirectement ».
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Cette infraction est le fait, pour une personne responsable dans l’entreprise (président,
administrateurs, directeurs généraux, gérants), de détourner des biens appartenant à celle-ci à
son profit ou au profit d’autres entreprises dans laquelle elle possède des intérêts.
Il s’agit d’actes de disposition (exemple : ventes), mais il peut s’agir d’actes d’administration
(exemple : gestion des biens) .De plus, il n’est pas nécessaire que le fait porte atteinte au
patrimoine social de l’entreprise ; le simple usage des biens ou même du crédit social
caractérise Le délit, même lorsque cet usage n’a pas altéré la substance de la chose et que
l’entreprise n’est pas finalement trouvée appauvrie.
Il convient de préciser que « les biens » doivent être entendus comme tous les éléments
constituant le patrimoine mobilier et immobilier de l’entreprise.
Afin de réaliser l’infraction, la manipulation de la comptabilité est nécessaire pour masquer la
situation réelle des prélèvements opérés par les dirigeants par des moyens tels que la
compensation abusive d’écritures, la dissimulation de stocks, et la falsification des pièces
justificatives relatives aux dépenses personnelles en leur donnant l’apparence de dépenses
sociales.
La fraude informatique peut être définie comme étant une conduite qui implique la
manipulation d’un ordinateur ou de données informatiques, quelle que soit la méthode
employée, dans le but d’obtenir de façon malhonnête de l’argent, des biens, des informations
ou tout autre avantage. Elle peut revêtir différentes formes telles que :
Modification totale ou partielle d’une comptabilité après clôture pour être en concordance
avec la déclaration fiscale ;
Emission de vrais virements concernant de fausses prestations inventées ;
Modification des limites de crédit pour les créances clients ;
La totalisation d’états de stocks volontairement sous évaluée pour minimiser le résultat
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
La fraude informatique peut résulter de défaillances dans les activités générales, telles que :
Le développement et la maintenance des programmes ;
L’exploitation du système ;
La sécurité physique ;
Les contrôles d’accès pour les utilisateurs privilégiés.
L’identification de ces défaillances est effectuée par le commissaire aux comptes lors de
l’appréciation de l’environnement informatique (voir paragraphe 1-2-6 deuxième partie).
L’article 223 du CSC stipule « sont punis d’une peine d’emprisonnement d’un an au moins et
de cinq ans au plus et d’une amende de deux mille à dix mille dinars ou de l’une de ces deux
peines.
Seulement les membres du conseil d’administration qui même en l’absence de toute
distribution de dividendes, ont sciemment publié ou présenté aux actionnaires un bilan inexact
en vue de dissimuler la véritable situation de la société ».
Un bilan sera considéré comme faux si ceux qui l’ont élaboré, en majorant certains postes au
détriment d’autres, parviennent, sans changer l’équilibre final de l’actif et du passif, à
présenter une situation meilleure.
Ainsi, la présentation d’un bilan inexact peut avoir pour objectif :
la dissimulation d’un détournement d’actifs qui peut se traduit par l’enregistrement
d’écritures ne correspondant pas à la réalité économique des transactions effectuées par
la société.
la majoration du résultat comptable qui implique soit :
- une augmentation des produits et ce, par plusieurs techniques (exemple : reprise
de provision, cut off du chiffre d’affaires et les produits financiers) ;
- une diminution des charges par l’utilisation de certains outils tels que le cut off
des achats, la sous-estimation des dotations aux amortissements et aux
provisions ou des charges financières et exceptionnelles.
29
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
la minoration des charges fiscales et sociales qui se traduit essentiellement soit par le
transfert des bénéfices à l’étranger ou aussi par la non déclaration de certains avantages
en nature et rémunérations pour ne pas payer de charges sociales.
Le dividende est fictif quand il ne correspond pas à un bénéfice réalisé par la société.
L’article 223 du CSC défend aux dirigeants sociaux d’opérer entre les actionnaires une
répartition de dividende fictif en l’absence d’inventaire ou au moyen d’inventaire frauduleux,
et sanctionne ce délit d’une peine d’emprisonnement d’un an au moins et de cinq au plus et
d’une amende de 2.000 à 10.000DT.
Les éléments constitutifs du délit sont trois :
Distribution opérée en l’absence d’inventaire ou avec un inventaire frauduleux ;
Distribution d’un dividende fictif ;
Mauvaise foi : en l’absence d’inventaire, la mauvaise foi est présumée.
La fraude fiscale peut être définie comme étant tout acte contraire à la loi fiscale ayant pour
but ou pour effet de réduire la créance de l’Etat vis-à-vis du contribuable. Il y a fraude lorsque
le contribuable se soustrait volontairement et illégalement à l’impôt.
La responsabilité du commissaire aux compte a été traitée en matière d’infraction fiscale au
niveau de l’article 22 de la loi 88-108 du 18 août 1988 portant refonte de la législation
relative à la profession d’experts comptables. Cet article avait implicitement incité le
commissaire aux comptes à dénoncer les fraudes fiscales dont il a eu connaissance dans le
cadre de sa mission. Ainsi, l’administration fiscale peut adresser à la commission de
contrôle15 et après s’être assuré que le commissaire aux comptes a pu avoir connaissance
d’irrégularités fiscales dans l’exercice normal de sa mission, un rapport indiquant les
constatations qui l’ont conduite à opérer ce redressement. La commission de contrôle apprécie
au vue de ce rapport et de la réponse du commissaire aux comptes intéressé, s’il y a lieu de
saisir la chambre de discipline.
15
commission instituée par l’article 19 de la loi 88-108,chargée de veiller à l’application des obligations d’indépendance et
de diligence professionnelle à la charge des commissaires aux comptes
30
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Par ailleurs, le code des droits et procédures fiscaux dispose dans son article 99 ce qui
suit : « sont punis d’un emprisonnement de seize jours à trois ans et d’une amende de 1000
dinars à 50 000 dinars, en sus du retrait de l’autorisation d’exercer, les agents d’affaires,
conseils fiscaux, experts et toutes autres personnes qui font profession indépendante de tenir
ou d’aider à la tenue de comptabilité et qui ont sciemment établi ou aidé à établir de faux
comptes ou de faux documents comptables dans le but de minorer l’assiette de l’impôt ou
l’impôt lui-même…. ».
A notre avis, cet article ne vise pas directement le commissaire ou comptes, à moins qu’il ait
établi qu’il ait sciemment contribué ou aidé à la tenue de comptabilité dans un dessein de
fraude. Dans tous les cas si le commissaire aux comptes, a découvert des manœuvres de
fraude fiscale, il serait dans l’obligation de révéler ces faits conformément à l’article 270 du
CSC. Nous citons à titre d’exemple :
- Minoration de la base d’impôt et ce par la comptabilisation différée du chiffre de l’année ou
par la surévaluation du montant de stocks.
- Comptabilisation de ventes en suspension parmi les ventes à l’export et ce pour bénéficier
de l’abattement des bénéfices provenant de l’export ;
- Le non versement des retenues à la source ou de la TVA collecté.
Le blanchiment d’argent est l’activité qui consiste à cacher l’origine criminelle des fonds qui
provient d’un crime. C’est le processus par lequel de « l’argent sale » en provenance d’une
activité criminelle est transformé en « argent propre » dont l’origine criminelle est difficile à
retracer. Pour ce faire, les criminels camouflent leurs sources, modifient la forme de l’argent
ou déplacent en un endroit où ceux-ci risquent le moins d’attirer l’attention. Nous citons a
titre d’exemple :
Fausses factures, faux contrats de travail ou faux bulletins de paye comme justification
mensongère des revenus dont l’origine est tirée de la corruption, fraude fiscale ou fraude
douanière ;
Intégration des produits de l’infraction dans un circuit financier licite afin de faire perdre
la trace de son origine illicite.
Parmi les techniques de blanchiment d’argent nous citons :
L’utilisation des bureaux de représentation des banques étrangères pour faire des dépôts.
Le transfert électronique de capitaux
31
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
L’ouverture des comptes bancaires sous des faux noms ou noms de personnes opérant
pour d’autres bénéficiaires.
Le dépôt auprès de bureaux de change d’espèce provenant de la drogue, l’utilisation
d’espèce pour acheter des jetons dans un casino.
Le législateur tunisien a mis à la charge du commissaire aux comptes des diligences en
matière de la lutte contre les infractions de blanchiment d’argent et ce en vertu de la loi n°
2003-75 du 10 décembre 2003 et particulièrement l’article 77 qui prévoit la mise en œuvre
des mesures à détecter et décourager le recyclage des produits de la criminalité.
Dans ce cadre le commissaire aux comptes doit apprécier le système de prévention et de
détection des opérations douteuses ou inhabituelles mis en place par l’établissement financier.
Ceci nécessite de la part du commissaire aux comptes une connaissance approfondie de
l’activité de l’établissement financier et une compréhension et évaluation de l’environnement
global du contrôle et du système comptable.
Le commissaire aux comptes doit tester que le système mis en place est capable de centraliser
les opérations par client, par nature d’opération et par périodicité de survenance des
opérations : c’est le système de prévention.
Il doit aussi tester l’existence d’un système d’alerte pour toutes les opérations de même nature
effectuées par des clients différents mais ayant un seul et même interlocuteur ainsi que pour
toutes les opérations fréquente et dont la périodicité est élevée : c’est le système de détection.
Enfin, et en vertu de l’article 85 de la loi 2003-75, le commissaire aux comptes est tenu de
faire des déclarations à la Commission Tunisienne des Analyses Financières (CTAF) pour
toute opération de blanchiment d’argent avérées ou suspectées. De même il doit vérifier que
pour toutes les opérations détectées par l’établissement financier et qui lui sont
communiquées, l’établissement financier a procédé correctement à leur déclaration à la
CTAF. Les opérations non déclarées doivent faire l’objet d’une justification écrite et déclarées
à la CTAF.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
La norme internationale d’audit ISA 240 précise que la prévention et la détection de la fraude
relève de la responsabilité des dirigeants d’entreprise. Néanmoins nous ne pourrons pas
arrêter notre réflexion en déchargeant intégralement la responsabilité du commissaire aux
comptes sur celle des dirigeants même si aucun texte de loi ne prévoit que le commissaire
aux comptes a pour mission de rechercher la fraude. La question de la responsabilité est donc
légitime. Pour y répondre, nous passerons en revue les différents acteurs au sein de
l’entreprise en précisant leur responsabilité et leur rôle dans la prévention et la détection de la
fraude. Nous étudierons deux catégories d’acteurs :
- les acteurs internes de la prévention et détection de la fraude à savoir la
direction, les personnes chargées de la gouvernance de l’entreprise et les
auditeurs internes ;
- l’acteur externe à savoir le commissaire aux comptes.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Par ailleurs, les personnes constituant le gouvernement de l’entreprise doivent s’assurer que
les systèmes et procédures mis en place par la direction permettent la présentation des états
financiers fiables et que ces procédures de contrôle sont correctement appliquées.
L’auditeur interne a un rôle clé dans la prévention et la détection des fraudes en aidant les
membres de l’entreprise à remplir leurs fonctions de manière efficace et en fournissant aux
dirigeants des évaluations du système de contrôle interne et des recommandations sur les
activités examinées.
Ceci nécessite que l’auditeur interne détermine si :
L’ambiance de l’entreprise stimule la prise de conscience et la sensibilité au contrôle
interne ;
Il existe des règles écrites (code de conduite) décrivant les activités et les mesures à
prendre lorsque des règles établies sont violées ;
Des règles d’autorisation sont établies et maintenues pour chaque opération ou
transaction ;
Des politiques, pratiques, procédures, rapports et autres moyens sont développés pour
contrôler les activités et réduire le risque de fraude ;
Les circuits d’information permettent au management d’obtenir des données adéquates et
fiables ;
Des recommandations pour l’établissement ou l’amélioration du système de contrôle
interne efficace et performant sont nécessaires.
Lorsque l’auditeur interne découvre des irrégularités, il doit avertir la direction et les
personnes constituant le gouvernement de l’entreprise et mettre en place les investigations et
contrôles appropriés.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Les normes professionnelles se sont accordées, d’une façon quasi-unanime, sur la définition
du rôle du commissaire aux comptes en matière d’évaluation des risques de fraude, et de leur
détection.
La définition précise que lors de la planification et de la réalisation de l’audit, ainsi qu’au
moment de la communication des résultats de ces travaux, le commissaire aux comptes doit
prendre en considération le risque que les états financiers contiennent des anomalies
significatives provenant d’une fraude ou d’une erreur.
Ces normes réaffirment que la prévention et la détection de la fraude incombent à la direction
et aux personnes chargées du gouvernement de l’entreprise. Le commissaire aux comptes
quant à lui ne peut être tenu responsable dans la cadre de sa mission sauf s’il est établi qu’il
n’a pas effectué les diligences jugées nécessaires en la matière.
35
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Lors de cette phase de planification, il est conseillé au commissaire aux comptes de recueillir
des personnes constituant le gouvernement de l’entreprise leur avis sur l’efficacité du système
comptable et du contrôle interne mis en place pour prévenir et détecter les erreurs et fraudes
ainsi que sur la compétence et l’intégrité de la direction.
En outre, le commissaire aux comptes peut entretenir avec le personnel de l’audit interne, un
tel entretien pour obtenir son appréciation sur les risques de fraudes, de connaître si durant
l’exercice l’auditeur interne a mis en œuvre des procédures de contrôle pour détecter des
fraudes, de savoir si la direction a répondu positivement aux résultats auxquels ces procédures
ont abouti et si l’auditeur interne a eu connaissance de fraudes avérées .
Sur la base de l’évaluation des risques, le commissaire aux comptes doit définir les procédures
d’audit permettant d’obtenir des éléments probants indiquant qu’aucune fraude pouvant avoir
des incidences significatives sur les états financiers ne s’est produite ou que, si tel est le cas,
l’effet de la fraude est pris en compte dans les états financiers.
36
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Lorsque le commissaire aux comptes est en face de circonstance laissant à penser que les états
financiers peuvent comporter une anomalie significative résultant de fraudes, il doit mettre en
œuvre les procédures complémentaires jugées nécessaires destinées à confirmer ou infirmer la
présomption de fraude. La nature et l’étendue de ces procédures complémentaires dépendent
du type de fraude et de la possibilité de sa survenance.
En cas de confirmation de la présomption de fraude, le commissaire aux comptes doit :
- Procéder à une nouvelle évaluation des risques notamment en ce qui concerne
la fiabilité des déclarations de la direction ;
- Apprécier la possibilité de correction des états financiers ;
La loi ne prévoit en aucune de ses dispositions que la recherche de la fraude fait partie du rôle
du commissaire aux comptes. Néanmoins, il apparait qu’en application de l’article 266 du
CSC « …….le commissaire aux comptes certifie la sincérité et la régularité des comptes
annuels de la société conformément à la loi en vigueur relative au système comptable des
entreprise ».
A la lecture de ces dispositions, il apparait clairement qu’ il n’est pas prévu expressément que
le commissaire aux comptes doit dégager toutes les fraudes. Toutefois, il doit être conscient
que les comptes peuvent être altères frauduleusement et par conséquent, il devra préparer et
effectuer sa mission de telle sorte qu’il puisse raisonnablement détecter les altérations
significatives dans comptes annuels.
Par ailleurs, l’article 270 du CSC précise que le commissaire aux comptes doit signaler à
l’assemblée générale les irrégularités et les inexactitudes relevées par lui au cours de
l’accomplissement de sa mission. Évidemment, ces inexactitudes et irrégularités peuvent
avoir une origine frauduleuse.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Les conventions conclues avec les dirigeants sociaux et avec les parties liées à l’entreprise
peuvent être utilisées pour camoufler des détournements d’actifs, lisser illégalement les
résultats de la société ou encore blanchir des fonds dont l’origine est douteuse. Le
commissaire aux comptes doit évidemment contrôler ce type de conventions et détailler dans
ses rapports à l’assemblée toutes les conditions de leur exécution. Au cas où ces conditions
s’avèrent anormales et auraient un caractère frauduleux, il doit sous sa responsabilité en aviser
l’assemblée et envisager le déclenchement de la procédure de révélation de faits délictueux au
procureur de la république.
L’article 270 du CSC stipule que « …..Les commissaires aux comptes sont tenus de révéler au
procureur de la république les faits délictueux dont ils ont eu connaissance sans que leur
responsabilité puisse être engagée pour révélation de secret professionnel ».en cas de non
révélation, il s’expose aux sanctions prévues par l’article 271 du CSC16. Ces deux articles
semblent être les textes les plus explicites traitant la responsabilité du commissaire aux
comptes en matière de révélation de faits délictueux. Il apparait donc, le législateur n’a pas
astreint le commissaire aux compte à détecter les fraudes mais par contre il l’a obligé de les
révéler une fois il en a eu connaissance. L’absence d’une définition expresse à la notion de
fait délictueux permet de l’interpréter d’une façon assez large. Ainsi les faits délictueux
seraient alors toute infraction, se rattachant directement ou indirectement à la vie sociale et
qui met en péril les intérêts de la société. Il découle que la notion de la fraude se trouve alors
parfaitement incluse dans celle de faits délictueux. En effets, un détournement d’actif
constitue une infraction qui altère les intérêts de la société.la production et la publication d’un
bilan inexact constitue également une infraction qui altère les intérêts des utilisateurs de
l’information financière.
16
Un emprisonnement d’un an à cinq ans et une amende de mille deux cents à cinq mille dinars ou l’une de ces
deux peines seulement.
38
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Devant l’importance grandissante des problèmes de fraude, il est nécessaire de préciser les
fondements juridiques de la responsabilité du commissaire aux comptes dans le cadre de sa
mission légale et ce, afin de mettre un terme aux confusions et aux erreurs véhiculées par les
différents opérateurs économiques sur la délimitation de la responsabilité du commissaire aux
comptes. Ainsi, nous distinguons trois types de responsabilités :
Conformément à l’article 272 de la code des sociétés commerciales « Les commissaire aux
comptes sont responsables tant à l’égard de la société qu’à l’égard des tiers des conséquences
dommageables des négligences et fautes commises par eux dans l’exercice de leurs
fonctions ».
La responsabilité civile du commissaire aux comptes ne peut être invoquée que s’il est
prouvé qu’il a commis une faute, que cette faute a occasionné un dommage et qu’il existe un
lien de causalité entre la faute et le dommage.
17
Article 1104 du code des obligations et des contrats
39
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
la faute : en matière de responsabilité civile, il n’existe pas de liste limitative des fautes.
Celle ci consiste en toute violation des obligations légales et en toute méconnaissance des
normes professionnelles ainsi qu’a tout manquement aux devoirs inhérents à leurs fonctions.
Par conséquence, la faute du commissaire aux comptes s’apprécie généralement par référence
à la conduite d’un commissaire prudent, diligent et placé dans les mêmes circonstances que
l’auteur du dommage. De même le législateur n’a pas précisé l’ampleur de la faute. Elle peut
être une simple négligence ou imprudence.
Généralement, le commissaire aux comptes peut commettre trois types de fautes :
- faute d’abstention ; c’est l‘exemple de non-information des actionnaires ou des
dirigeants d’une irrégularité susceptible de nuire à l’entreprise ou encore de ne
pas déclencher une procédure d’alerte en temps utile.
- Faute d’action : le commissaire aux comptes viole le secret professionnel ou
s’immisce dans la gestion.
- Faute à caractère mixte : dans ce cas le commissaire aux comptes bien que
n’ayant pas contrôlé suffisamment les comptes (faute d’abstention) certifie leur
régularité et leur sincérité (faute d’action).
La charge de la preuve de la faute incombe toujours au demandeur, car le commissaire aux
comptes n’a qu’une obligation de moyen.
En effet, le simple défaut de régularité ou de sincérité des comptes pourtant certifiés par le
commissaire aux comptes, n’implique pas que la responsabilité de celui-ci soit engagée. Le
demandeur doit aussi établir un défaut de diligences dans les moyens mis en œuvre au cours
des contrôles.
Le commissaire aux comptes n’est responsable que de ses fautes personnelles et non de celles
commises par les dirigeants de la société18 . Toutefois il est tenu des fautes commises par ses
préposés.
Le dommage : la responsabilité civile du commissaire aux comptes suppose que le
demandeur prouve le dommage qu’il a subi. Tant que la preuve n’est pas rapportée, la
responsabilité du commissaire ne peut être engagée quelque soit la gravite des fautes qu’il
a commises.
Par exemple, un détournement commis au préjudice de l’entreprise, non découvert en temps
utile par le commissaire aux comptes, constitue une faute de celui-ci du fait qu’il a privé la
18
Article 272 du code des sociétés commerciales
40
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Le lien de causalité
La responsabilité civile du commissaire aux comptes ne peut être retenue que si le demandeur
prouve l’existence d’un lien de causalité entre la faute et le dommage. En réalité, cette preuve
est difficile à apporter. D’une part, la responsabilité du commissaire aux comptes à souvent
pour origine une faute d’abstention c'est-à-dire malgré qu’il a effectué ses diligences
normales, certaines irrégularités n’ont pas été relevées et communiquées à la direction.19
D’autre part, la mission du commissaire aux comptes consiste à contrôler les comptes et de ce
fait sa faute ne fait qu’aggraver celle commise par une autre personne.
Enfin, il est difficile de démontrer que le dommage subi par le demandeur est dû uniquement
à la faute du commissaire aux comptes.
19
Zenaty C : Mémoire d’expertise comptable : « le commissaire aux comptes et la fraude, proposition de normalisation de la
prise en compte par le commissaire aux comptes du risque de fraude dans le cadre de sa mission légale, mai 2003, page 30
20
Zenaty C : Mémoire d’expertise comptable : « le commissaire aux comptes et la fraude, proposition de normalisation de la
prise en compte par le commissaire aux comptes du risque de fraude dans le cadre de sa mission légale, mai 2003, page 46
41
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
s’analyse en une simple perte de chance, ne saurait être égal au montant des
détournements eux même dés lors que ce préjudice est distinct de celui résultant des
détournements. La cour de cassation a affirmé l’existence d’un lien de causalité entre
les fautes et les détournements car en certifiant les comptes de la société de façon
hâtive et fautive, le commissaire aux comptes a occasionnée un préjudice certain qui a
fait perdre une chance à la société de déceler les détournements.
Tribunal de Grand Instance Dijon 6 juillet 1998
Méthode de détournement : les détournements opérés par le président de la société
prenait la forme de prêts fictifs, de factures dont le libellé s’est avère erroné, de
dépenses d’hôtels, de restaurants et de voyages dont l’identité des bénéficiaires était
falsifiée, de frais de déplacements fictifs ou comptabilisés en double.
La responsabilité du commissaire aux comptes n’a pas été retenue : « en considération
du caractère sophistiqué de la fraude, il ne peut être reproché au commissaire aux
comptes de ne pas avoir découvert ces malversations à l’occasion d’un contrôle
conforme normes professionnelles et aux usages, effectué par un commissaire aux
comptes diligent et sérieux ».
L’exercice de l’action contre le commissaire aux comptes peut être fait par la société. Elle
peut être également engagée par un actionnaire ayant subi un dommage personnel, distinct de
celui supporté par la société. C’est le cas de l’actionnaire ayant acheté des actions à un
prix calculé en fonction d’un bilan inexact mais certifié par le commissaire aux comptes.
L’action en responsabilité se prescrit par trois ans à compter de la découverte du fait
dommageable. Ce pendant, si le fait est qualifié de crime, l’action se prescrit dans un délai de
dix ans.
Le législateur reste muet concernant la juridiction compétente en cas d’action en
responsabilité civile. En principe, l’action doit être portée devant le tribunal de première
instance du domicile du commissaire aux comptes ou du lieu d’exécution des services.
42
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Pour que la responsabilité pénale du commissaire aux comptes soit engagée pour ce délit, la
réunion de trois éléments doit être préalablement établie :21
Le premier élément, réside dans la preuve du caractère mensonger de l’information en
question qui s’oppose à la simple erreur. Le mensonge dont il s’agit doit correspondre à
l’inexactitude présentée pour dissimuler volontairement une réalité.
Le deuxième élément réside dans la communication ou la confirmation de l’information
mensongère par le commissaire aux comptes.
Si certains estiment que cet élément ne peut être établie que par un acte positif que ce soit
verbal ou écrit, la doctrine, dans sa quasi majorité, considère que l’absence de démenti
par le commissaire aux comptes, voire le silence ou la simple réticence de sa part, peuvent
constituer la preuve de la confirmation prévue par la loi.
Le troisième élément réside dans la conscience du commissaire aux comptes connaissant
le caractère mensongère de l’information, de confirmer la dite information. Il s’agit là ;
d’une preuve que doit apporter le Ministère Public pour établir la mauvaise foi du
21
Ahmed Mansour, « Mise au point sur la responsabilité du commissaire aux comptes », l’économiste magrébin, n° 353,
Décembre 2003, page 63
43
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
commissaire aux comptes, preuve que l’on ne peut déterminé à partir de la négligence
ayant empêché le commissaire aux comptes de se rendre compte de la fausseté de
l’information mensongère.
C’est ainsi que la jurisprudence Tunisienne dans un arrêt rendu par le tribunal de
première instance de Sfax le 06/03/2003 n°62817 l’affaire de Mouimak, le prévenu est
déclaré coupable de confirmation d’informations mensongères. Etant donnée que le
rapport de l’expert judicaire désigné par le ministère public, le déficit des stocks, relatif à
l’exercice 1995, est facilement détecté par un commissaire aux comptes spécialisé en
matière comptable, surtout que parmi les diligences est de vérifier l’exactitude des états
financiers présentés par le conseil d’administration qu’il peut les révéler par les sondages
réalisés22 .
D’ailleurs, dans l’affaire sus indiquée, le commissaire aux comptes est condamné du seul fait
d’une négligence grave.
Il ressort des éléments mentionnés ci-dessus que la responsabilité pénale du commissaire aux
comptes ne peut être engagée que s’il a eu conscience, connaissant le caractère mensongère
des informations présentées, de ne pas les démentir. La connaissance de la fausseté des dites
informations doit être établie. C’est elle qui constitue la preuve de l’intention de commettre la
faute. Le dossier de travail du commissaire aux comptes étant le moyen de preuve
incontournable pour apprécier sa responsabilité, il devient dés lors absurde d’invoquer
automatiquement cette responsabilité sans l’examen préalable et attentif des éléments du dit
dossier.
22
Tribunal du 1ere instance de Sfax, jugement rendu le 06/03/2003
44
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
être engagée, que soit d’abord prouvée la connaissance réelle par le commissaire aux comptes
des faits en question, et que soit établie ensuite son abstention volontaire de les révéler dans
un délai raisonnable au Procureur de la République. Ceci revient à dire que la non détection
par le commissaire aux comptes des faits délictueux s’oppose à toute poursuite à son encontre.
La preuve de la connaissance réelle doit être établie à partir de son dossier de travail et des
diligences accomplies dans le cadre de sa mission.
En jurisprudence tunisienne, dans un jugement rendu par le tribunal de première instance de
Tunis le 15/04/ 2004 dans l’affaire de BATAM , a déclaré le commissaire aux comptes
coupable de non révélation des faits délictueux dont il a eu connaissance . La connaissance du
commissaire aux comptes de ces faits à travers les rapports de l’auditeur externe de la société
et son intention de ne pas les révéler constitue l’élément moral de ce délit23.
De même, le législateur a limité l’obligation de révélation aux seuls faits délictueux c’est à
dire aux infractions pénales dont il a eu connaissance dans le cadre de sa mission.
Le terme fait délictueux utilisé par les dispositions de l’article 270 et 271 du code des sociétés
commerciales, signifie toutes les infractions pénales significatives, se rattachant directement
ou indirectement à la vie sociale et qui met en péril les intérêts des actionnaires, des tiers ou
de l’Etat. La notion de la fraude se trouve parfaitement incluse dans celles de faits délictueux.
En effets, un détournement d’actif constitue une infraction qui altère les intérêts de la société.
La production et la publication d’information financière frauduleuse constituent également
une infraction qui altère les intérêts des utilisateurs de cette information a savoir les
actionnaires, les créanciers et les autres parties prenantes.
L’article 223 du CSC cite explicitement certains faits délictueux imputables aux membres du
conseil d’administration et qui les exposeraient à des sanctions pénales. Ces infractions sont :
la distribution de dividendes fictifs, la production et la publication de faux bilans, l’abus des
biens et du crédit de la société et l’abus de pouvoir.
La jurisprudence tunisienne ait intervenu en la matière pour préciser que le commissaire aux
comptes est tenu de révéler toute infraction de quelle nature que ce soit. Dans ce cadre, et
suite a un malentendu avec le président du conseil d’administration de la banque Franco-
Tunisienne, le commissaire aux comptes de celle-ci avait saisi le Procureur de la république
par une requête dans laquelle il a avisé de certains manœuvre entreprises par le président du
conseil d’administration qui représente le groupe le plus puissant des actionnaires et par
certains de se collaborateurs les plus proches. Le commissaire aux comptes reproche aux
23
Tribunal du 1ere instance de Tunis le 15/04/2004.
45
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
24
Tribunal de 1ere instance de Tunis, chambre commerciale, jugement 3700-388 du 22 Mars 1989
25
La norme 10 de l’OECT voir annexe 10
46
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Aux termes de l’article 27 de loi 88/108, « il est institué auprès de l’Ordre une chambre de
discipline chargée notamment de sanctionner les infractions à la réglementation
professionnelle et au règlement intérieur de l’Ordre, et en général, toute infraction à l’une
quelconque règle de l’Ordre »26.
Il ressort de cet article qu’on ne peut pas répartir la faute disciplinaire comme il en existe pour
les peines en fonction de la gravité des faits de l’espèce. Ce qu’on peut faire c’est de
discerner les domaines de la faute. La faute disciplinaire relève de deux volets :
- celle concernant la vie individuelle du professionnel : il s’agit des actes commis
en violation de la probité ou de l’honneur ;
- celle se rattachant à l’exercice de sa mission, soit les infractions à la loi,
règlements et règles professionnelles ainsi que les négligences graves.
L’action en responsabilité disciplinaire peut être engagée pour toute violation de l’obligation
légale de révélation ou violation des obligations d’indépendance, d’intégrité et d’objectivité.
Elle peut être intentée par tout intéressé indépendamment de l’action en responsabilité civile
et pénale et ce, auprès de l’Ordre des experts comptables de Tunisie.
Les sanctions prévues en cas d’engagement de la responsabilité du commissaire aux comptes
quel que soit le contexte, sont :
- l’avertissement : dans la majorité des cas, l’avertissement sanctionne le non
respect des règles professionnelles d’exécution de la mission comme
26
L’article 26 de la loi n° 82662 du 30/06/1982, repris par la l’article 27 de la loi n° 88/108 portant refonte de la
réglementation de la profession d’expert comptable et de commissaire aux comptes
47
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Toutes ces sanctions sont prises par la chambre de discipline qui a le pouvoir de l’appréciation
de la sanction.
L’action disciplinaire se prescrit par dix ans. Les décisions de la chambre de discipline sont
susceptibles de recours par voie d’appel devant le cours d’appel de Tunis. Néanmoins, le
recours par voie d’appel ne suspend pas l’exécution de la décision.
27
Article 26 du décret n°89-541 du 25/05/1989 relatif aux modalités d’organisation et de fonctionnement de l’Ordre des
experts comptables de Tunisie
48
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Le commissaire aux comptes ne peut pas obtenir une assurance absolue que toutes les
anomalies significatives provenant de fraude seront détectées. Il existe inévitablement un
risque que certaines anomalies significatives contenues dans les états financiers ne soient pas
détectées. D’une part, la nature et l’objectif de la mission du commissaire aux comptes ne
prévoient pas la recherche systématique des fraudes. D’autre part, le commissaire aux compte
n’est soumis qu’à une obligation de moyen et aussi en raison notamment de certains facteurs
tels que : l’utilisation des techniques de sondage, l’absence de contrôles en dessous du seuil
de signification, les limites inhérentes au système de contrôle interne, le recours au jugement
professionnel, et aux méthodes parfois inadaptées appliquées par le commissaire aux comptes
et enfin à l’insuffisance de l’indépendance.
Pour éviter toute confusion entre l’objectif de certification des comptes et celui de
certification de l’absence de fraude dans les états financiers, les acteurs de la vie économique
doivent avoir à l’esprit la définition de l’audit telle qu’elle ressort des normes d’audit
internationales pour pouvoir interpréter valablement la nature et l’objectif de la mission du
commissaire aux comptes.
Une telle définition montre clairement que l’audit offre une assurance raisonnable et non
absolue, d’absence d’erreurs significatives dans les états financiers pris dans leur ensemble et
non dans chacune de leurs composantes. La définition en question précise, en outre, que le
commissaire aux comptes est tenu de certifier la régularité, la sincérité et l’image fidèle des
états financiers et non pas de certifier l’absence de fraude. En effet, le commissaire aux
comptes a une mission d’intérêt général de contrôle et de surveillance au profit non seulement
des actionnaires mais aussi de toutes les personnes appelées à apprécier la situation financière
de la société tels que les créanciers, les fournisseurs, les bailleurs de fonds et les investisseurs.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Le commissaire aux comptes ne peut obtenir un niveau d’assurance absolue que les états
financiers ne comportent pas d’anomalies significatives. Il existe toujours un risque inévitable
que certaines anomalies, découlant de fraudes, contenues dans les états financiers ne soient
pas détectées, même si la vérification a été correctement planifiée conformément aux normes
généralement admises. Les techniques d’audit peuvent se révéler inefficaces, notamment
lorsqu’il y a collusion entre les dirigeants et les employés ou falsification de signatures ou de
documents.
Il découle de cette situation que le commissaire aux comptes a une obligation de moyen et
non de résultat. Autrement dit, il doit mettre en œuvre les diligences d’un professionnel
prudent et actif prévues par les normes professionnelles afin de ramener à un niveau
suffisamment faible le risque de non détection des fraudes dans les états financiers.
Sa responsabilité devrait s’apprécier par rapport au respect de ces normes et non par rapport
aux résultats de ses travaux.
28
CARASSUS (D) et CORMIER (D), l’évaluation du risque de fraude dans les missions d’audit externe, p5-6
50
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
L’utilisation des sondages dispense le commissaire aux comptes du contrôle exhaustif des
opérations et limite l’étendue des tests effectués, puis moyennant extrapolation des résultats
obtenus, les sondages permettent d’avancer des conclusions sur la validité de l’ensemble de
la population auditée. Il faut de même admettre que quelque soit le modèle utilisé, les
éléments probants obtenus seraient plutôt de nature convaincante que concluante.
Le seuil de signification peut être défini comme étant le montant à partir duquel une erreur,
inexactitude ou omission peut affecter les décisions économiques des utilisateurs des états
financiers30.le seuil de signification est utile pour l’auditeur pour définir l’étendue de ses
travaux et pour positionner son avis sur les comptes.
Le commissaire aux comptes s’appuie, pour déterminer le seuil de signification sur :
- Critères quantitatifs : tels que le résultat, la situation nette, le capital, le total bilan et le
chiffre d’affaires.
- Critères qualitatifs : ces critères sont liés à l’environnement interne et externe de l’entité
tels que par exemple les systèmes en place, la politique comptable, le secteur d’activité, la
nature de certaines opérations (transactions entre parties liées, opérations qui remettent en
cause l’intégrité des dirigeants et la violation d’obligation comptable).
29
ALAIN LEMAIGNAN, "Détournement de fonds par un salarié d’une entreprise", Revue Française de comptabilité N°
257, Septembre 1994.
30
La norme 14 de l’OECT
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Le risque majeur pour le commissaire aux comptes est d’utiliser un seuil de signification fixé
seulement sur la base des critères quantitatifs, et d’ignorer les autres critères qualitatifs ce qui
peut l’amener de ne pas rechercher des anomalies qui y sont inférieures.
Ainsi dans un contexte de fraude ou le risque d’audit est très élevé, le commissaire aux
comptes doit baisser le seuil de signification pour élargir l’étendue de ses travaux.
Les montants dus à des fraudes sont considérés comme significatifs et plus importants que les
mêmes sommes résultant d’erreurs non intentionnelles, par exemple une erreur dans la charge
d’amortissement de 2.000 DT et une erreur dans la caisse de 2.000 DT dû à un vol ou un
détournement n’ont pas le même impact sur la décision de l’utilisateur. De même des
anomalies dues à un non respect d’une obligation légale sont significatives quel que soit leur
montant.
Le contrôle interne constitue l’outil le plus utile et le plus efficace en termes de prévention et
de détection de fraude. Ainsi lors de la planification et de l’exécution de ses travaux, le
commissaire aux comptes, doit vérifier l’existence d’un système de contrôle interne, de
l’efficacité, la fiabilité ainsi que l’application permanente des contrôles mis en place.
Néanmoins, malgré la mise en œuvre, par le commissaire aux comptes, de toutes les
diligences obligatoires visant à s’assurer de la fiabilité du système de contrôle interne, le
risque de défaillance du contrôle interne n’est jamais exclu et ce pour les deux raisons
suivantes :
la collusion entre plusieurs intervenants dans la chaîne de contrôle.
la difficulté de détection des erreurs ou fraudes commises par le plus haut niveau de
contrôle, notamment la direction.
Compte tenu des spécificités des entreprises auditées, les normes professionnelles laissent au
commissaire aux comptes une certaine autonomie dans le jugement qu’il exerce, notamment
sur la fiabilité du contrôle interne, le degré de confiance qu’il peut avoir envers la direction et
dans le domaine de la vérification des estimations comptables (provision, amortissement,
réductions de valeur).
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Le commissaire aux comptes néglige souvent les méthodes d’examen analytique qui
permettent d’identifier des faits inhabituel pouvant être révélatrice de fraude. Les ratios
utilisés servent à l’analyse financière (taux d’endettement, fonds de roulement, cash-flow,
etc.), plutôt qu’à repérer des fraudes. L’analyse des variations n’est pas toujours poussée très
loin. Elle se limite aux réponses reçues de l’entreprise alors qu’elles devraient être vérifiées.
De même, le commissaire aux comptes, et afin de respecter le budget temps, effectue trop peu
de tests de détail, en partant d’un document pour remonter jusqu'à l’enregistrement.
Il convient de signaler aussi que l’habitude de traiter des dossiers, peut se traduire par une
certaine routine dans l’application des programmes de travail. Certes les normes d’audit
imposent la réalisation de certains contrôles systématiques mais, elles prévoient également
une analyse des risques et un programme de travail adapté à l’entreprise en fonction de ses
caractéristiques et des résultats de l’évaluation de son contrôle interne.
Le risque pour le commissaire aux comptes est d’effecteur ce qui est demandé dans le
programme de travail d’une façon mécanique en laissant la forme passer avant le fond. C’est
pour cela qu’il doit compléter ses programmes de travail par des contrôles basés sur les tests
d’hypothèses de fraude.
Aux termes de l’article 23 de la loi 88-108 : « les commissaires aux comptes, leurs conjoints,
leurs salariés ou les personnes exerçant pour leurs comptes, ne peuvent se voir confier aucune
mission d’expertise comptable ou toute autre mission contractuelle de la part de la société
dont ils assurent le contrôle, de ses administrateurs, de toute entreprise possédant au moins le
dixième du capital de la société ou dont la société possède au moins le dixième de son capital.
Il leur est interdit de recevoir un avantage quelconque en plus de la rémunération afférente à
la mission légale de certification ».
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
L’article 262 nouveau du CSC dispose : « Ne peuvent pas être nommés comme commissaire
aux comptes les personnes recevant sous une forme quelconque à raison de fonctions autres
que celles de commissaires, un salaire, ou une rémunération des administrateurs ou des
membres du directoire ou de la société, ou de toute entreprise possédant le dixième du capital
de la société, ou dont la société possède au moins le dixième du capital…. »
L’article 265 du CSC stipule que ; « les commissaires aux comptes ne peuvent percevoir de
rémunérations autres que celles prévues par la loi, ni bénéficier d’aucun avantage par
convention…… ».
Ces dispositions s’inscrivent dans le cadre de la volonté du législateur tunisien que le
commissaire aux comptes soit et paraisse indépendant de façon à effectuer sa mission avec
intégrité et objectivité.
Or, les cabinets d’expertise comptable, ont actuellement tendance à développer leurs activités
dans le sens de la pluridisciplinarité de façon à offrir à leurs clients une diversité de services
tels que le conseil, d’assistance, d’organisation, non compatibles avec la mission du
commissaire aux comptes. Prenons l’exemple le cas d’un cabinet qui, à la demande d’un de
ses clients, mène une mission de conseil en organisation comptable et administrative.
L’objectif de l’entreprise est de renforcer le contrôle interne mis en place. Cette mission se
traduira par l’émission d’un rapport qui comprendra, notamment, des recommandations
pratiques et des définitions de fonctions visant à respecter le principe de séparation des tâches.
Le client ayant confiance dans ce cabinet appliquera à la lettre toutes les recommandations.
Mais certaines de ces recommandations ne sont pas pertinentes ou des particularités de
l’entreprise ayant échappé au conseiller en organisation. Le commissaire aux comptes sera
alors réticent à mettre en évidence ces lacunes, ayant retiré un profil certain de la mission de
conseil en organisation.
Le commissaire aux comptes est choisi et rémunéré par celui qu’il contrôle. Ainsi des
honoraires importants par rapport au chiffre d’affaires global, reçu d’un client peuvent mettre
en cause l’indépendance du commissaire aux comptes.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Le commissaire aux comptes doit traquer les failles dans le contrôle interne et imaginer les
schémas de fraude pouvant se produire sous forme d’hypothèse.
En outre le commissaire aux comptes doit avoir un souci de détail. Il doit être capable de
remonter une piste jusqu’au bout et de passer en revue dans le détail de multiples
informations. Généralement le commissaire aux comptes, lors de l’évaluation du contrôle
interne à tendance, a laissé de côté les exceptions en pensant qu’elles n’ont pas d’impact
significatif sur l’ensemble. Mais au contraire, il faudra les étudier car ce sont autant de
possibilités de contourner les procédures.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Dans un contexte de fraude, le commissaire aux comptes doit pouvoir s’adapter à tous les
types d’interlocuteurs et à toutes les situations. Ainsi, il devra autant être à l’aise avec un
employé d’une société qu’avec un directeur financier pour mener ses investigations. De plus,
beaucoup de fraudeurs misent souvent sur le fait que le commissaire aux comptes n’ira jamais
sur le terrain pour effectuer ses contrôles. Par exemple, un auditeur qui n’ira pas contrôler un
inventaire dans une usine ou ne se déplacera pas sur un chantier passera à côté d’informations
essentielles.
Le commissaire aux comptes ne doit pas seulement maîtriser les techniques d’audit mais aussi
doit comprendre l’apport de chaque outil et sa fiabilité. Il doit sélectionner celui qui est le plus
Approprié au test à réaliser car chaque cas de fraude est différent même si la méthode
employée par le fraudeur est la même. En effet, le secteur d’activité, les bases de données et
les documents utilisés seront différents et il faudra s’adapter à la situation.
31
Article 19 de la loi 88-108 du 18 août 1988, portant refonte de la législation relative à la profession d’expert comptable
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
charge des commissaires aux comptes. La mission de cette commission devrait être élargie
aux points suivants :
Examiner les problèmes posés par le développement des activités de conseil exercées
par le commissaire aux comptes et veiller à ce que l’exercice de ces activités ne soit pas
incompatible avec la mission du commissaire aux comptes ;
Pour les prestations connexes à l’audit telles que le contrôle des travaux de reporting et
des liasses de consolidation , exiger que les honoraires provenant de ces prestations
soient déclarés à la commission de contrôle qui doit s’assurer de la correspondance entre
les honoraires perçus par le commissaire aux comptes et le travail fourni ;
Pour les honoraires reçus d’une entreprise ou d’un groupe, fixer un seuil à partir duquel,
le commissaire aux comptes peut être déclaré dépendant. Le code d’éthique de l’IFAC a
laissé la liberté de fixer ce seuil et ce en fonctions économiques et de la réalité du pays.
Prévoir un délai d’attente d’un an pour les anciens associés ou responsables de mission
du cabinet d’audit avant de pouvoir accepter des postes-clés dans les sociétés clientes.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
L’environnement de contrôle dans les sociétés peut être renforcé par la présence du comité
d’audit32. Ce dernier devrait contribuer à l’amélioration de l’efficacité de la fonction d’audit
dans l’entreprise, et ce en mettant en relation l’auditeur interne avec le commissaire aux
comptes, ceci permettra d’instaurer un environnement d’entente et de dialogue continu entre
les divers intervenants dans la société, et d’aborder aussi plus facilement les questions
relevant du contrôle internes et ayant incidence sur la certification des comptes.
Par ailleurs, la présence du comité d’audit doit permettre d’exercer une pression
supplémentaire sur la direction afin qu’elle se préoccupe du contrôle interne. Dans ce cadre, le
comité d’audit peut demander à la direction d’établir des rapports afin de l’aider à mieux
appréhender la société dans ses activités et son environnement économique.
32
Coopers& Lybrand : les comités d’audit aux Etats-Unis, 1995, p61
58
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Cette communication qui devrait porter essentiellement sur les faiblesses de procédures de
contrôle interne relevées au cours de la mission du commissariat aux comptes a pour objectif :
« L’expectation gap » traduit le décalage entre les attentes des utilisateurs de l’information
financière concernant les travaux d’audit et la mission du commissaire aux comptes telle
qu’elle ressort des textes en vigueur. Ce décalage peut être réduit en agissant, d’une part sur
les acteurs de la vie économique et, d’autre part, en menant une réflexion sur l’éventuelle
nécessité d’étendre le champ d’investigation du commissaire aux comptes.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
L’évolution des attentes des utilisateurs de l’information financière peut nous inciter à
réfléchir sur la nécessite d’élargir la mission du commissaire aux comptes. Ainsi deux axes de
réflexion peuvent être présentés :
Dans le cadre des relations entre les actionnaires et le commissaire aux comptes, le code de
sociétés commerciales dans l’article 270, prévoit une communication à l’assemblée générale
seulement en cas d’irrégularités et d’inexactitudes révélées.
A notre avis donner une information sur l’appréciation du contrôle interne et ce pour les
sociétés autres que celles faisant appel public à l’épargne ; dans le rapport général du
commissaire aux comptes constitue une bonne solution visant à augmenter la crédibilité de
l’information financière.
60
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Nous avons essayé à travers cette partie d’analyser les principales normes traitant l’audit de
fraude que ce soit aux Etats Unis ou au niveau international. A travers cette analyse, les
principaux éléments caractéristiques de la fraude se résument ainsi :
- La fraude est un acte intentionnel commis par un ou plusieurs dirigeants, personnes
constituant le gouvernement d’entreprise, employés ou tiers, impliquant des
manœuvres trompeuses dans l’objectif d’obtenir un avantage indu ou illégal.
- Le concept de fraude est un concept large et qu’il n’appartient pas à l’auditeur de se
prononcer sur la qualification juridique de l’acte commis, l’important pour qualifier la
fraude résulte d’abord du caractère intentionnel de l’acte commis et du fait qu’il sera
significatif au regard des états financiers.
- La fraude peut résulter de deux types d’anomalies :
• Les anomalies conduisant à l’établissement d’états financiers erronés, parmi
lesquelles l’omission intentionnelles de transactions, d’informations
significatives dans les états financiers, la mauvaise application d’un principe
comptable ou la manipulation ou altération de documents comptables ;
• Les anomalies résultant de détournement d’actifs parmi lesquelles le Vol, le
paiement par l’entreprise de services fictifs.
Ces normes évoluent rapidement, vers des procédures à effectuer, de plus en plus précises, et
établissent de manière quasi similaire les principes concernant la responsabilité de l’auditeur
dans la prise en compte du risque de fraude lors de l’audit des états financiers.
L’évolution de ces normes a conduit à renforcer la responsabilité du commissaire aux comptes
en matière de prévention et de détection de fraude. En Tunisie cette responsabilité semble être
abordée indirectement par la révélation des faits délictueux, et même les textes traitant la
responsabilité du commissaire aux comptes en matière de révélation de faits délictueux
souffrent de certaines lacunes. En effet, l’utilisation de l’expression « faits délictueux »dans
l’absolu impliquerait que le commissaire aux comptes serait responsable de la révélation de
61
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
tout délit ou crime, même ceux qui n’ayant pas un impact direct sur les informations
financières préparées et publiées par l’entreprise auditée.
A notre avis, la responsabilité du commissaire aux comptes mérite d’être précisée et traitée
d’une manière explicite par un texte légal.
Nous avons également présenté les différents types de fraude, regroupés en deux catégories,
ceux qui correspondent à des fraudes à l’encontre de l’entreprise et ceux commises au profit
de l’entreprise, tout en exposant succinctement les sanctions correspondant aux fraudes
commises. Dans tous les cas et quelque soit le type, la fraude nuit à la qualité des comptes
annuels dans la mesure où elle contrevient aux principes fondamentaux de régularité, de
sincérité et d’image fidele. A ce titre il revient au commissaire aux comptes, malgré les
obstacles pouvant entraver ses travaux, de préparer et effectuer sa mission de telle sorte qu’il
puisse raisonnablement identifier et détecter les anomalies provenant de la fraude.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
63
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
La deuxième partie de ce travail sera dédiée à la présentation des diligences à mettre en œuvre
par le commissaire aux comptes en matière d’identification et de détection de fraude. En fait,
la majorité de ces diligences qui seront exposées découlent des dispositions des nouvelles
normes professionnelles traitant de la prise en compte du risque de fraude dont notamment la
SAS 99 et l’ISA 240 révisée.
A cet effet, nous nous proposerons dans un premier chapitre d’attirer l’attention du
commissaire aux comptes sur les facteurs de risques de fraude à en tenir en compte lors de
l’analyse globale de l’entreprise et de l’appréciation du risque de fraude.
Dans ce cadre nous proposerons également des techniques pratiques d’investigations que le
commissaire aux comptes peut les utiliser pour estimer la probabilité des fraudes.
Ensuite, et étant donnée que l’environnement de contrôle interne est une composante
importante dans l’appréciation des risque de fraude qui conditionne la capacité de l’entreprise
à prévenir et à détecter la fraude, nous suggérerons dans un deuxième chapitre après avoir
présenté les différents schémas de fraude dans chaque processus d’exploitation, les aspects
importants de contrôle interne devant être appréciés par le commissaire aux comptes et dont
l’efficience tendra à limiter les risques de fraude.
Finalement nous essayerons de préciser l’impact des risques de fraude identifiés sur les
travaux du commissaire aux comptes ainsi que les diligences à effectuer en réponses à ces
risques identifiés et en matière de communication des fraudes suspectées ou détectées.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
L’identification des facteurs de risque de fraude repose principalement sur une analyse des
trois éléments suivants : incitation ou une pression, une opportunité et une attitude justifiant la
commission de l’acte frauduleux. Ainsi l’existence d’une fraude suppose qu’une de ces trois
conditions est au minimum présente33 :
- Incitations et Pressions
Il s’agit du motif, mobile ou raison qui poussent les personnes à commettre des fraudes .Ces
motivations sont dans la plupart des cas financières et visent un gain pécuniaire. Elles peuvent
également avoir des origines non financières. Des personnes peuvent être tentées de frauder
pour camoufler une contre performance.
- Opportunités
Les opportunités de commettre des fraudes sont souvent liées à la qualité du contrôle interne.
En effet, des contrôles inexistants, insuffisants ou inefficaces peuvent faciliter la commission
d’une fraude.
- Attitude justifiant la fraude
C’est la manière avec laquelle le fraudeur arrive à justifier ses agissements.
33
Ramos (M.J), Fraud Detection in a GAAS Audit- SAS 99 Implémentation Guide, janvier 2003
65
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Une liste de facteurs de risque de fraude est présentée à titre indicatif, dans les annexes (1) et
(2).
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Le commissaire aux comptes doit réserver une grande attention aux circonstances susceptibles
d’inciter les dirigeants à présenter des états financiers erronés. Le commissaire aux comptes
doit tenir comptes des indicateurs suivants :
Le mode de rémunération des dirigeants ou des personnes impliquées dans l’établissement
des états financiers. Un dirigeant dont la prime est significative et servie à partir d’un
certain seuil de résultat peut exercer des pressions sur la direction financière pour atteindre
ce résultat ;
Un train de vie des dirigeants anormalement élevé par rapport à leurs revenus connus, peut
être un indice d’utilisation de l’entreprise à des fins personnelles ;
Existence de circonstances pouvant conduire les dirigeants à s’immiscer dans la
préparation des états financiers ou à dissimiler une information importante aux fins d’en
retirer un avantage personnel.
Le commissaire aux compte doit tenir compte des pressions excessives sur la direction ou sur
le personnel opérationnel pour atteindre les objectifs financiers déterminés par le conseil
d’administration ou par la direction en y incluant les objectifs de chiffre d’affaires ou de
rentabilité.
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Pour une entreprise qui veut prévenir et réduire le risque de fraude, il est important d’avoir
une structure organisationnelle adéquate et compréhensible permettant de planifier, exécuter
et contrôler efficacement les activités de l’entreprise. Cette structure ne doit être ni trop
simple au risque, ni trop complexe, auquel cas ne permettant pas la transmission de
l’information.
Le commissaire aux comptes doit tenir compte de l’existence des facteurs de risque ci après
pouvant affecter l’adéquation de la structure organisationnelle :
Absence des règles et procédures régissant le contrôle des activités de l’entreprise, telles
qu’elles peuvent être formalisées dans un manuel de procédures, un manuel des principes
comptables ou de définitions des fonctions, conduisant au respect du principe de
séparation des tâches ;
Incohérence des évolutions de structure eu égard aux changements décelés par l’entité
dans son environnement ;
Inadéquation de la structure de l’entité et sa capacité à assurer les flux d’information
nécessaires à la gestion de son activité ;
Structure organisationnelle instable (rotation importante au sein de la direction ou au
niveau des cadres) ;
Absence de définition des domaines de responsabilité des cadres dirigeants, et en
particulier l’adéquation entre l’organigramme et les liens hiérarchiques ;
Absence aux postes de direction et de supervision de personnes compétentes et en nombre
suffisant, en rapport avec la taille de l’entité, la nature et la complexité de ses activités ;
Absence de politique de congés obligatoires pour les personnes en charge des contrôles
clés ;
L’attitude de la direction à l’égard des fonctions informatiques et comptables (supervision
et suivi insuffisants).
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Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
L’identification des parties liées peut s’avérer complexe. La norme d’ISA 55034, rappelle que
le commissaire aux comptes doit évaluer l’efficacité des procédures de contrôle concernant
l’autorisation et l’enregistrement des opérations entre les parties liées.
Il doit aussi se procurer une déclaration de la direction attestant que les informations fournies
sur l’identification des parties liées sont exhaustives et sont correctement décrites dans les
notes aux états financiers. Toutefois ces diligences semblent être insuffisantes dans le cadre
d’une évaluation du risque de fraude. En effet le commissaire aux comptes doit mettre en
œuvre les procédures suivantes pour s’assurer de l’exhaustivité des informations fournies par
la direction sur les parties liées :
Examiner les dossiers de travail de l’exercice précédent pour identifier le nom des parties
liées connues ;
Revoir les procédures d’identification des parties liées appliquées par l’entité ;
S’enquérir si des administrateurs et des membres de la direction ont des fonctions dans
des autres entités ;
Examiner les registres des actions pour identifier le nom des actionnaires et les membres
du conseil d’administration et autres documents légaux pertinents tels que la liste des
participations détenues par les administrateurs ;
Consulter les déclarations fiscales de l’entité.
En outre, le commissaire aux comptes doit être attentif aux opérations significatives conclues
avec les parties liées, particulièrement si elles sont conclues à des conditions inhabituelles
telles que par exemple :
Les opérations effectuées à des conditions commerciales anormales, notamment de prix,
de taux d’intérêt, de garanties et des conditions inhabituelles de remboursements ;
Les opérations dont l’existence ne semble justifiée par aucune raison logique ;
Les opérations effectuées selon des voies inhabituelles ;
Les opérations dont la substance diffère de la forme ;
Les opérations non enregistrées, par exemple la fourniture de prestations de gestion à titre
gratuit.
34
ISA 550 parties liées
70
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Le conseil d’administration a pour rôle primordial dans la prévention de fraude .En effets il
lui appartient de prendre les décisions stratégiques et de contrôler la gestion de la société en
assurant son rôle de contre-pouvoir de la direction.
Le commissaire aux compte doit, lors de l’appréciation des risques, prendre en considération
le degré d’implication du conseil d’administration dans les actions de contrôle de la société,
de l’indépendance des membres du conseil et de latitude dont il dispose pouvant favoriser des
actes frauduleux, car en fonction de ces éléments la société est exposée au risque que la
direction :
Contourne les contrôles mis en place ;
Entraîne l’entreprise dans des actes de falsification de situation ;
Expose les actifs de l’entreprise à des risques de détournement.
Compte tenu de ces risques, le commissaire aux comptes doit analyser les aspects suivants :
Le fonctionnement du conseil d’administration : le commissaire aux comptes doit porter
une attention à la fréquence des réunions du conseil, l’implication de ce dernier dans la
prise des décisions stratégiques comme la nomination et la révocation des membres de
direction, la fixation de leur rémunération, l’acquisition ou la cession des actifs importants
de la société ;
Le pouvoir du conseil d’administration a l’accès direct à l’information ;
Le mode de nomination des administrateurs et leur indépendance vis-à-vis des organes de
direction et des actionnaires majoritaires.
Le comité d’audit joue un rôle crucial dans la protection des intérêts des actionnaires et des
autres parties prenantes. Il a pour tâche essentielle de:
S’assurer que la direction ait œuvré à la création d’un environnement de culture éthique ;
Evaluer les processus mis en place par la direction pour identifier les risques de fraude ;
Vérifier l’existence de contrôles anti-fraude ;
Considérer le risque ou la susceptibilité de la direction à contourner les contrôles.
71
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Une mauvaise gestion en matière de ressources humaines peut être un indice d’existence des
facteurs de risque de fraude. Le commissaire aux comptes doit avoir un regard attentif lors de
l’analyse des aspects suivants :
L’existence des procédures de recrutement adéquates ;
La situation des personnes ayant accès aux actifs susceptibles d’être détournés ;
Les conflits sociaux importants et /ou répétés, mécontentement du personnel ;
L’absence de politique de congés obligatoires pour les personnes à charge des contrôles
clés.
35
Revue de gouvernance, M.Zarai et W.Bettabai « Impact de l’efficacité des comités d’audit sur la qualité des bénéfices
comptables divulgués »P.5-6
72
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Le commissaire aux comptes doit être conscient de l’importance de l’intégrité des dirigeants.
Ils peuvent en effet exercer une influence déterminante sur l’existence et l’efficacité du
contrôle interne comme ils peuvent affaiblir ou supprimer des systèmes de contrôle interne et
peuvent agir dans le but de détourner des contrôles destinés à prévenir les fraudes.
Le commissaire aux comptes doit apprécier les facteurs de risque de fraude par rapport à
l’éthique véhiculée par les dirigeants. Ainsi il est plus difficile de commettre une fraude dans
une entreprise avec une très forte culture d’intégrité et d’éthique, car le fraudeur prend
conscience du risque.
A cet égard, certains indicateurs doivent être pris en compte par le commissaire aux comptes :
le comportement de la direction face aux remarques des auditeurs externes. En effet, une
attitude positive visant à corriger rapidement les erreurs identifiés a pour rôle de créer un
73
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
climat de rigueur et de faire prendre conscience aux éventuels fraudeurs que tout écart est
sanctionné ;
La nature des mesures correctrices prises par la direction en cas de non respect des
procédures ;
Le comportement de la direction dans ses relations avec les employés, fournisseurs,
clients actionnaires et banquiers. A titre d’exemple, il convient de déterminer si les
dirigeants appliquent des règles d’éthique très strictes dans les affaires et exigent le même
comportement des autres, ou si au contraire, ils attachent peu d’importance aux questions
liées à l’éthique.
L’existence d’un code d’éthique précisant les pratiques professionnelles acceptables.
Ainsi les réformes récentes des législations étrangères ont mis l’accent sur la nécessité de
l’adoption de normes d’éthique financière notamment applicables aux responsables
financiers. Ces responsables doivent déclarer par écrit qu’ils adhèrent à ces normes et
qu’ils s’engagent à les respecter dans l’exercice de leurs fonctions. Bien sûr l’existence de
telles déclarations permet de conforter le commissaire aux comptes dans son évaluation de
l’environnement éthique au sein de l’entité.
L’élaboration des prévisions d’activité, des plans et des budgets est une responsabilité
importante de la direction.
Pour être efficace, ces prévisions et ces budgets doivent être réalistes, fondés sur des
hypothèses réalistes et élaborées par des personnes possédant les connaissances nécessaires.
Le commissaire aux comptes doit tenir compte des indicateurs suivants :
L’objectif assigné aux plans et aux budgets : s’agit t’il de refléter les attentes raisonnables
de la direction ou de servir d’outil de motivation sans soucis de réalisme des objectifs
poursuivis ;
Les hypothèses sous tendant les prévisions et budgets, en déterminant si elles reflètent les
conditions influençant actuellement l’exploitation et si elles sont cohérentes et
communiquées au personnel approprié ;
La précision et la fiabilité des estimations produites dans le passé ;
74
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Le sérieux et la compétence des dirigeants qui jouent un rôle important dans l’élaboration
des estimations ;
Le niveau de détail et la qualité des informations fournies dans les plans stratégique ainsi
que la qualité des informations financière, statistique ou autres diffusées par le système
d’information et utilisées par la direction ;
Le comportement de la direction eu égard :
- à la documentation des écarts importants par rapport aux prévisions et à leur
explication ;
- à la mise en œuvre de mesures correctives par ces mêmes niveaux.
Le commissaire aux comptes doit être vigilant en matière d’évaluation des opérations
comptables complexes et des options prises par la direction financière. Ainsi une direction
financière très compétente sera en mesure d’imaginer des schémas comptables tortueux et
donc présente un risque de fraude élevé. De même elle peut avoir une attitude agressive face
à l’application des principes comptables ou des estimations qui sont nécessaires à l’arrêtée
des comptes. Une attitude agressive consiste à interpréter de la façon la plus favorable un
principe comptable et de faire la preuve de la créativité comptable. Cette attitude agressive
constitue un indicateur de risque de fraude.
75
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Les procédures analytiques peuvent être présentées sous les deux aspects suivants :
L’examen analytique est l’un des outils les plus utilisés par le commissaire aux comptes pour
mettre en évidence le risque de fraude.
La norme ISA 240 traitant de la responsabilité de l’auditeur en matière de fraude est venue
mettre l’accent sur la nécessité de procéder à des examens analytique.ces examens peuvent
être utile pour identifier des transactions ou faits inhabituels ou inattendus susceptibles de
mettre en évidence des risques d’anomalie significative provenant de fraude, tels que, par
exemple, l’enregistrement de ventes fictives.
Le commissaire aux compte doit développer des attentes quant aux montants ou à l’évolution
de certains indicateurs financiers eu égard à leur expérience de l’activité de l’entité auditée, de
son secteur et des principaux faits significatifs intervenus au cours de la période et qui
pourraient impacter les informations financières d’une manière ou d’une autre.
Le commissaire aux comptes doit :
Faire des comparaisons entre les données résultant des comptes et des données
antérieures, postérieures ou prévisionnelles de l’entité afin d’établir des relations entre
elles ;
Analyser les éléments se dégageant de ces comparaisons ;
Etudier des relations entre les informations financières et des informations non
financières correspondantes (par exemple, les montants de la paie comparés avec le
changement du nombre moyen de collaborateurs) ;
Etudier les relations entre les éléments d’informations (par exemple, les fluctuations
des montants d’intérêt comparées aux évolutions de la balance des dettes) ;
Comparer les données de la société avec les standards reconnus du secteur, en effets
lorsque le montage frauduleux est organisé à un niveau tel qu’il est possible de
manipuler tous les comptes, seules des comparaisons avec des éléments externes
peuvent mettre en évidence les éventuelles malversations.
Lorsqu’il décèle une évolution incohérente ou l’absence d’une évolution à laquelle il
s’attendait, il doit en tenir compte dans son programme de travail et prévoir des procédures
76
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Illustrons cette méthode par l’exemple suivant : au cours de l’audit du processus des
approvisionnements, le commissaire aux comptes a relevé que tous les achats significatifs
n’ont pas fait l’objet d’un bon de commande matérialisé. Après avoir croisé les fichiers ayant
mis en évidence des bons manquants, il y a deux possibilités :
Une erreur admissible. Dans ce cas il faut la valider et mettre en évidence ce problème
dans les recommandations ;
Existence d’un montage frauduleux. Dans ce cas, les analyses complémentaires ci- après
devront être engagées :
- Etablir une tendance pour identifier le service ou la personne ayant généré plus
d’anomalies de ce type ;
- Etablir une tendance sur les fournisseurs ayant été concernés le plus souvent par
ce problème ;
- Comparer les budgets et les valeurs fournies à la comptabilité pour rechercher les
dépassements ;
- Identifier les produits affectés ;
- Analyser si les produits sont vendus ou rentrent dans la fabrication.
Prenons un autre exemple : lors de l’audit du processus du chiffre d’affaires, le commissaire
aux comptes peut réaliser les tests d’examen analytique suivants :
- Taux de marge ;
- Chiffre d’affaires par produit ou par rayon (dans le cas d’une société de grande
distribution) ;
- Chiffre d’affaires par vendeur, par jour (ceci peut repérer si les ventes sont
beaucoup plus fortes les jours d’absence du vendeur) ;
- Liste des salariés qui effectuent le plus d’annulations ou d’avoirs ;
77
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
L’analyse financière constitue pour le commissaire aux comptes un outil important pour
l’identification du risque de fraude. Elle permet de mettre en évidence des tendances, d’établir
des relations entre diverses données, d’identifier des comportements étranges qui ne
correspondent pas à ce qu’on est droit d’attendre et de comprendre l’activité de l’organisation.
Cette méthode consiste à remplacer des chiffres par un pourcentage plus aisé à manipuler et à
comparer, puis réaliser des comparaisons de poste à poste ou d’une année par rapport à
d’autres. Le commissaire aux comptes doit utiliser les résultats des analyses financières pour
qualifier l’environnement de contrôle. Par exemple, la constatation par le commissaire aux
comptes d’une forte augmentation des ventes (50%) sur une période donnée et d’une
stagnation des coûts (25%) sur la même période peut signifier qu’il y a un risque que les
ventes ont été artificiellement augmentées dans le but de majorer les bonus ou de présenter
une situation qui satisfait les objectifs des dirigeants. Ceci engendre des analyses
complémentaires sur l’approvisionnement, la gestion des stocks et le cut off du chiffre
d’affaires.
L’analyse financière peut être verticale ou horizontale, ou permettre l’établissement de ratios.
Ainsi, l’analyse est verticale lorsqu’elle porte sur des comparaisons entre les variations des
différents éléments des états financiers. Il en résulte un calcul de pourcentage à chacun des
éléments de comparaison. Le but du commissaire aux comptes est d’exprimer une variation
dans le ou les postes analysés. Toute variation doit être expliquée.
L’analyse financière est horizontale lorsqu’elle exprime des rapports entre diverse postes, au
cours de différents exercices.
Ces analyses ne sont évidement valables que si les conditions entre les exercices ou entre les
postes sont comparables.
L’analyse financière par les ratios consiste à comparer l’évolution de différentes valeurs
résultant des rapports entre plusieurs rubriques du bilan ou du compte de résultat. Elle
consiste aussi à faire des comparaisons entre ratios de même nature, issus d’exercices
78
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
différents, ou avec un ratio type qui sert de référentiel. On peut citer cinq (5) ratios identifiés
comme « révélateurs » de fraudes par une étude menée aux Etats Unis :36
Indice de la rotation des créances clients (Day’s sales in receivables index - DSRI) :
Indice de la qualité des actifs (Assets quality Index – AQI ) : comparaison d’une année
à une autre de la proportion des charges reportées à l’actif, par rapport au total actif.
36
Mémoire d’expertise comptable: la prise en compte du risque de fraude par l’auditeur externe: Etat des lieux et
propositions d’améliorations, Avril 2006.
79
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Total Acruals to Total Assets – TATA : ce ratio mesure l’évolution du besoin en fonds de
roulement par rapport au total actif.
Un TATA élevé (par rapport à la moyenne du secteur ou par rapport aux périodes
précédentes) indique un besoin en fonds de roulement important et une faible génération de
trésorerie qui pourrait être un motif pour la manipulation des comptes. Cela pourrait
également impliquer la non prise en compte de certains passifs courants, voir même la
majoration de certains actifs courants dans un optique de lissage de résultat.
L’entretien occupe une place très importante dans la phase d’identification du risque de
fraude. Son utilisation nécessite des qualités humaines afin de provoquer le dialogue. Le
commissaire aux comptes doit avoir une attitude ouverte et doit adapter son style à son
interlocuteur, de manière à amener même la personne auditée à avoir envie de partager
librement les informations dont elle dispose.
Ainsi, pour la meilleure conduite de l’entretien, le commissaire aux comptes doit veiller à ne
pas être agressif ou à montrer trop d’autorité car il n’obtiendra probablement aucune
information utile et pertinente .Il ne doit jamais oublier les objectifs qu’il souhaite atteindre.
Une bonne préparation est donc essentielle. Les questions doivent être préparées d’avance et
posées dans un ordre précis. Dans ce cadre on distingue, selon le professeur JackC.Roberston,
cinq types de questions37:
Les questions introductives : Le commissaire aux comptes peut ouvrir la discussion par
un prétexte banal, tout en expliquant qu’il cherche à résoudre des anomalies relevées au
cours de la mission, sans évoquer de fraude à ce moment.
37
Jack c.Robertson,Fraud Examination for Managers and auditors,Viesca Books,2003
80
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
les questions de collecte: Le commissaire aux comptes peut utiliser des questions ouvertes
ou fermées selon les informations qu’il cherche à obtenir. Il doit rester positif pour
stimuler les réponses, en montrant que l’on s’intéresse et en valorisant le travail de la
personne. Le commissaire aux comptes ne doit pas oublier qu’il est entrain de rechercher
le risque de fraude et donc les questions de son interview évolueront progressivement vers
ces faits et la personne suspectée.
les questions de clôture : Le commissaire aux comptes peut reformuler ses questions afin
de s’assurer qu’il a bien compris les réponses. Cette technique est à utiliser à la fin de
l’interview pour valider une information importante.
les questions d’évaluation : Ces questions doivent être plus directe et provocantes pour
s’assurer que la personne dit la vérité ou non tout en observant ses réactions. Ainsi, le
commissaire aux comptes doit rester attentif aux attitudes typiques d’une personne qui
cherche à cacher quelques choses, par exemple :
- Le rythme de la voix change ;
- Répétition fréquente des questions pour gagner du temps ;
- Oubli de certaines choses essentielles ;
- Excuses fréquentes pour rien ;
- Utilisation de certaines expressions pour renforcer ses propos (ex : honnêtement,
pour être franc, etc.) ;
- Réponse par une question.
les questions décisives : Ces questions ne doivent être utilisées que s’il y a de fortes
probabilités pour que la personne auditée ait commis la fraude. Elles permettent d’obtenir
des aveux du fraudeur car elles abordent directement le problème.
Pour ce genre de question, le commissaire aux comptes doit montrer à la personne suspectée
qu’il dispose de suffisamment d’éléments et qu’il cherche surtout à comprendre pourquoi cela
est arrivé.
Il faut noter que ces types de questions doivent être choisis en fonction des personnes
interviewées classées selon JackC.Roberston en quatre catégories :
- Le témoin neutre : qui n’a pas aucun rapport avec la fraude, mais qui apporte des
informations générales sur le suspect.
- Le témoin de confirmation : qui sert à collecter une information mais il n’est pas
impliqué dans la fraude.
- Le complice : qui doit être rencontré lorsque l’enquête est suffisamment avancée
81
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Les entretiens avec la direction doivent être menés par une personne expérimentée de l’équipe
d’audit et si possible le commissaire aux comptes signataire, et ce compte tenu du sujet
particulièrement délicat et sensible. Il est à signaler que la plupart des fraudes 83% selon
l’étude COSO38 sont commises par le directeur général et/ou le directeur financier de
l’entreprise. Le cycle d’entretien doit débuter avec le haut de la pyramide hiérarchique. En
effet il est difficilement concevable d’avoir un entretien au sujet de la fraude avec un directeur
financier ou un chef comptable sans avoir préalablement informer le directeur général.
Les questions possibles pouvant être posées par le commissaire aux comptes sont annexées à
la présente étude (Annexe 08).
L’audit interne de l’entreprise peut être un excellent moyen d’obtenir une piste
d’identification du risque de fraude. Au cours de ses travaux, l’audit interne peut être amené
à détecter une fraude ou à effectuer des travaux complémentaires suite à une suspicion de
fraude. Il peut donc être intéressant de contacter cette cellule afin d’avoir une confirmation
qu’il n’a pas eu connaissance ou n’a pas détecté de fraude.
38
Committee of Sponsoring Organization of the Treadway Commission, Fraudulent financial Reporting 1987- 1997)
82
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Le commissaire aux comptes peut recueillir ces avis au cours d’une réunion de présentation
des orientations générales de sa mission et de l’étendue de ses travaux d’audit aux personnes
constituant le gouvernement de l’entreprise.
Le commissaire aux comptes doit, lors de la phase de planification, s’entretenir avec les
membres de l’équipe d’audit sur le degré d’exposition des comptes de l’entité à des anomalies
significatives provenant de fraudes ou d’erreurs39. En pratique cette réunion est rarement
appliquée ou bien n’est pas appliquée avec le même degré de sérieux et de diligence que toute
autre procédure d’audit telle que l’assistance aux inventaires ou la circularisation des tiers.
Les théoriciens estiment que cette procédure doit permettre d’avoir une meilleure
compréhension des risques de fraude ou d’erreur. Il est donc nécessaire que les responsables
de la mission insistent sur son importance et veillent sur sa préparation et son bon
déroulement40 ainsi que de rappeler l’importance d’exercer l’esprit critique.
Dans cette réunion il est important que les documents clés de la mission soient mis à la
disposition de tous les participants à la mission. Nous citons à titre d’exemple :
Le plan de la mission ;
La lettre de direction et les rapports de l’exercice précèdent ;
Les notes existantes sur l’évaluation du risque de fraude ;
Les thèmes devant être abordés par le chef de mission au cours de la réunion sont les
suivants :
La nature des principes comptables retenues par l’entreprise et s’ils sont appliqués de
façon agressive ;
L’identification des comptes susceptibles de présenter un risque de fraude significatif ;
Une revue des ajustements non corrigés de l’exercice précédent, la raison de leur non
correction ?
Quelle est la fiabilité des prévisions financières présentées par la société ?
Comment la direction perçoit les remarques du commissaire aux comptes ?
39
ISA 315 : Compréhension de l’entité et de son environnement et appréciation du risque d’une inexactitude importante
40
Beasly (M.S.) et Jenkins (J.G.),A Primer for Brainstorming Fraud Risks, Journal of Accountancy, décembre 2003.
83
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Toute l’équipe a-t-elle une idée sur le mode de rémunération de la direction et des facteurs
susceptibles de la faire varier.
Cette réunion doit être l’occasion pour le commissaire aux comptes de rappeler l’importance
d’adoption d’un esprit critique par les membres de l’équipe tout au long de la mission.
Le résultat de la réunion doit être documenté dans le dossier de travail.
84
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Etant donné que presque toutes les transactions de l’entreprise donnent lieu à des flux
d’argent, les opérations de trésorerie doivent faire l’objet d’une organisation propres afin
d’assurer une bonne gestion qui garantit le respect de la légalité et éviter les tentatives de
fraude.
85
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Dans le processus de trésorerie, la fraude consiste à détourner des sommes déposées dans la
caisse et dans les comptes bancaires.
Non enregistrement des ventes : c’est le cas le plus simple pour le fraudeur qui consiste
à ne pas saisir la vente sur la caisse enregistreuse ou le cahier de caisse, ainsi l’argent est
directement détourné.
Vente hors site : la fraude consiste ici a détourné les sommes provenant de vente de
service avant leur enregistrement. Le salarié est seul, il n’ya pas de caisse enregistreuse,
mais un système de factures de contrats.par exemple le salarié (représentant) rédige un
contrat, encaisse les sommes ou acomptes, ne transmet rien à son entreprise et disparait
au bout de quelques temps. Dans ce cas le client et l’entreprise sont victimes. Cela est
plus facile à réaliser avec des services tels que l’assurance car il n’y a pas de flux
physique
Sous évaluation des ventes enregistrées : cette variante consiste à saisir les ventes à des
prix inférieurs ; et d’encaisser le véritable montant et de conserver la différence. Si le
client réclame le ticket de caisse le fraudeur peut toujours prétexter une erreur et
rectifier ;
Il est à noter que certaines caisses enregistreuses imposent la saisie d’une vente pour
permettre l’ouverture du tiroir-caisse et le rendu de monnaie. Ce dispositif peut
empêcher le premier cas de fraude, à condition que l’employé ne bloque pas
discrètement la fermeture du tiroir.
Les erreurs de caisse : dans ce cas, le caissier encaisse les ventes mais enregistre des
annulations fictives, ce qui lui permet de justifier une sortie de caisse.
Cette pratique est difficile à détecter car le fond de caisse est correct et les remises à
l’encaissement correspondent aux états de caisse.
Les retours de marchandises : prenons un exemple, dans une chaîne de magasins, un
client rapporte un article qui ne lui convient pas. Le vendeur récupère le produit et
rembourse le client (une sortie de caisse est enregistrée) ou fait choisir au client un autre
article. Dans les deux cas, le mouvement financier est enregistré mais le vendeur peut
conserver l’article (surtout s’il est facile à dissimuler) l’écart n’apparaîtra pas en caisse
mais dans les stocks.
86
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Surévaluation du montant des retours : l’employé peut créer des retours fictifs en
utilisant les noms et les numéros de téléphones de ses fournisseurs, ou il surévalue le
montant des retours et encaisse l’excédent.
Le détournement de la recette peut être réalisé si les deux conditions ci-après sont réunies :
- L’absence de séparation des fonctions. Par exemple, la personne qui encaisse la
recette est celle qui dépose l’argent ;
- Les rapprochements bancaires sont réalisés par la même personne ou sont
inexistants.
Prenons l’exemple d’un contrôleur de revenu dans un hôtel qui détourne la recette d’un jour et
la remplace le lendemain par celle du jour 2.Celle du jour 2 sera remplacée par le jour 3 et
ainsi de suite. Il aura donc toujours un jour de décalage dans les remises en banque.
Ces sommes manquantes figurent sur les états de rapprochement comme des « remises à
encaissement » en raison des dates de valeur ou du délai de prise en compte par la banque.
L’écart entre la trésorerie réelle et celle figurant dans les comptes est ainsi masqué.
Seule une application rigoureuse des méthodes de rapprochement bancaire par une personne
indépendante permet de détecter ces fraudes. Par exemple, vérifier que les sommes remises à
l’encaissement du mois précédent apparaissent bien sur les relevés de la période suivante.
1-2 Les points importants de contrôle interne devant être appréciés par le
commissaire aux comptes
Les fraudes par le détournement d’argent sont parmi les plus courantes. Par conséquent elles
impliquent souvent la mise en cause de la responsabilité du commissaire aux comptes, celui-
ci doit avoir une vigilance particulière lors de l’appréciation des procédures du contrôle
interne de la trésorerie et ce, en vérifiant l’existence des contrôles suivants :
Contrôle des fonds reçus :
Il est important de vérifier la séparation de la fonction encaissement de celle de
comptabilisation, afin de s’assurer que le risque de manipulation de liquidités avant qu’un
enregistrement comptable n’ait été effectué. Dans le cas de ventes au comptant, il est
87
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Cette méthode consiste à créer des factures fictives pour des comptes fournisseurs non utilisés
depuis longtemps et de les intégrer dans le circuit de paiement, tout en donnant l’illusion au
service trésorerie que toute est en ordre. La création de ces factures se fait généralement par
une personne ayant une position hiérarchique lui permettant de valider les factures. Ces
88
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
documents doivent correspondre à des prestations de services car dans ce cas, les procédures
de contrôles sont plus difficiles à contourner. Ainsi les bons de commandes sont souvent
inexistants ou peu formalisés. Le contrat est rarement exigé et examiné par le service payeur.
Les libellés sont souvent évasifs et le contrôle de la réalisation des prestations est
difficilement vérifiable après coup.
Dans le cas d’achat de biens ou de marchandises, la création des factures fictives sera plus
difficile puisqu’il faudra un bon de commande et un bon de réception souvent contrôlés par
d’autres personnes, en plus cela implique de falsifier d’autres documents.
Au stade de règlement le fraudeur peut faire des manipulations en modifiant sur le système les
coordonnées bancaires et l’adresse du fournisseur. Le même circuit peut être ensuite réutilisé
plusieurs fois.
Le fraudeur fait réaliser des achats pour son bénéfice personnel. Ceci peut aller des
fournitures de bureau jusqu'à l’alimentation en stock d’un magasin concurrent lui appartenant.
On distingue deux possibilités :
L’achat est réalisé personnellement puis la facture est falsifiée pour modifier le nom du
client et la faire payer par l’entreprise ;
Le fraudeur utilise le circuit normal de commande de l’entreprise mais récupère les biens
par exemple, en changeant l’adresse de livraison ou avec un livreur complice. la facture
peut rester ici intacte ;
Dans le cas de prestation de services, le schéma de fraude est plus simple à réaliser
puisqu’il y a moins de documentation à falsifier et il est difficile de contourner les
89
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
2-1-4 La surfacturation
Cette méthode nécessite l’entente avec un fournisseur afin de majorer le prix de certains
achats et de faire ainsi payer l’excèdent par l’entreprise. Le fraudeur et son complice n’auront
plus qu’à se partager les gains. Généralement il est difficile de détecter ce type de fraude car
tous les documents sont réels, en particulier la commande correspond à la facture.
Ce type de fraude peut être réalisé par des personnes autorisées à passer des commandes,
qu’ils soient des responsables de service ou simples employés dans le service achat. Ces
personnes peuvent viser de nombreuses transactions réalisées pendant toute l’année. Le
fournisseur rémunère son complice au sein de l’entreprise par des commissions occultes ou
par des cadeaux.
90
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Un employé jette le soir aux poubelles des marchandises dissimilées dans des cartons et
les récupère quelques heures après ;
L’employé endommage volontairement des pièces en cours de fabrication et les mettent
au rebus puis les récupère soit pour reconstituer un article complet soit pour les revendre
telles qu’elles sont ;
Un magasinier s’entend avec un transporteur pour ne livrer qu’une partie de la commande
et revendre la marchandise détournée. Le bon de réception est signé pour l’ensemble de la
commande par les deux complices ;
Non enregistrement par l’agent de réception en stocks d’une partie des articles détournés.
Cela sera rendu facile pour le fraudeur en absence d’un système informatique intégré qui
lie obligatoirement la comptabilisation de la facture à une entrée en stock ;
Non respect de séparation d’exercice au niveau des stocks pour avantager les comptes
d’un exercice au détriment d’un autre.
2-2 Les points importants de contrôle interne devant être appréciés par le
commissaire aux comptes
Le processus d’approvisionnement et de stocks est l’un des processus les plus exposés à la
fraude puisqu’il concentre l’essentiel des mouvements de sorties d’argent de l’entreprise. Le
commissaire aux comptes doit veiller à l’existence des contrôles suivants et doit évaluer leur
efficacité :
Vérifier l’existence d’une procédure d’autorisation des dépenses en prévoyant des doubles
signatures au delà de certains seuils et d’une procédure de contrôle des pièces
justificatives par une personne autre que celle qui valide le paiement ;
S’assurer que le système permet le blocage de saisie lorsqu’ il détecte des factures en
double ayant le même numéro ou le même bon de livraison, le fraudeur ici peut modifier
le numéro de facture en prétendant l’erreur. Dans ce cas l’auditeur peut sélectionner par
sondage les achats d’un mois et faire un tri par numéro de facture et examiner celles ayant
les mêmes montants et des numéros anormaux ;
S’assurer que les exemplaires des factures sont identifiés par l’apposition de la mention
« copie » dés leurs arrivées ;
Ne payer que sur des originaux avec des justificatifs ;
91
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
S’assurer que la société établit un barème de prix sur la base d’un contrat avec chaque
fournisseur, et que ce barème est saisi au niveau du système pour valoriser les commandes
automatiquement. Dans ce cadre il faut s’assurer que la création et la mise à jour du
barème sont entourés de quelques sécurités (par exemple validation du barème par le
financier), parce que rien, n’empêche le responsable des achats de se mettre d’accord avec
les fournisseurs et de préparer un barème sur mesure;
Vérifier que le système ne permet pas le saisi de facture si le prix facturé est différent de
celui de la commande ;
Vérifier l’existence d’une procédure d’appel d’offre et que cette procédure est obligatoire
au-delà d’un certain seuil. La mise en place par la société de cette procédure permet de
mettre en concurrence les fournisseurs et d’éviter le favoritisme.
Vérifier si les conditions fixées par les contrats conclues par la société sont respectées en
terme de prix (remise, ristourne) ;
Veiller à la séparation des tâches entre la commande, la réception et la validation ;
Tester le système informatisé de gestion de stock interfacé avec la comptabilité ;
Restreindre l’accès aux stocks à des personnes autorisées ;
S’assurer que les quantités sorties de stocks font l’objet d’une autorisation. Ceci
implique le rapprochement des sorties de stocks avec les bons de livraison clients pour les
produits finis, ou avec les ordres de fabrication pour les matières premières ;
Vérifier l’existence d’une procédure permettant de s’assurer le rattachement des flux de
matières en stocks avec l’exercice concerné ;
Vérifier l’existence d’un inventaire physique au moins une fois par an. Le commissaire
aux comptes doit assister à l’inventaire physique de stocks afin de s’assurer de la réalité
des quantités inventoriées (en vérifiant la fiabilité des procédures pour éviter le double
comptage et en testant les éléments à forte valeur unitaire pouvant faire l’objet
détournements). Une manipulation de ces quantités peut être effectuée pour masquer une
fraude.
92
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Dans ce schéma, le fraudeur détourne l’argent reçu (en espèce) d’un client (A), ce qui rend
son compte toujours débiteur. Lorsque le client (B) règle sa créance, les sommes reçues sont
imputées sur le compte du client A qui est ainsi régularisé après coup. Un troisième client
(C) interviendra pour combler le compte (B) et ainsi de suite.
Cette technique est difficile à gérer pour le fraudeur qui doit garder un « œil » sur tous les
comptes clients qu’il a faussé.
Le fraudeur est généralement un employé ayant accès aux écritures comptables et qui ne
prend jamais ou très peu de congés car un remplaçant peut découvrir vite les anomalies.
Cette méthode est utilisée souvent par quelqu’un qui a besoin ponctuel d’argent.
Ce schéma est commis généralement par des employés en contact direct avec les clients. Le
fraudeur sous facture en indiquant une référence ou libellé fausse ou en ne mettant pas à jour
le fichier des prix. L’employé permet ainsi au client complice d’acheter à un prix inférieur au
prix normal et de partager le gain avec le fraudeur.
Dans ce schéma les ventes fictives ne produiront pas une rentrée d’argent mais l’objectif est
ici de gonfler le chiffre d’affaires par les vendeurs afin d’augmenter leurs commissions
(prime d’objectif). Ces ventes seront par la suite annulées. Néanmoins ces annulations ne
seront pas prises en compte dans le calcul des commissions.
3-1-4 La surfacturation
Les clients seront surfacturés à leur insu et la différence est conservée par le fraudeur.par
exemple : deux représentants surfacturaient à certains clients du matériel grâce à un système
d’acomptes. Ils établissaient une factures manuelle qu’ils remettaient au client en
indiquant : « vente 120 acompte reçu 100solde à payer 20 » puis ils refaisaient une autre
93
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
facture pour la comptabilité sans mentionner l’acompte. Ainsi, ils conservaient l’acompte et le
client réglait bien la somme prévue à l’échéance de bonne foi.
Ce schéma de fraude repose sur la faiblesse des règles de facturation.la pire situation étant les
factures manuelle non prénumérotées. Si le système est informatisé, il faudra examiner s’il est
possible de le contourner. Un très bon indicateur de fraude est le taux d’annulation des
factures.
Dans ce schéma l’entité modifie l’exercice de prise en compte des ventes et fausse les états
financiers.
Une première technique de fraude consiste à modifier le système informatique pour facturer
les ventes au moment de la commande plutôt qu’l’expédition des marchandises et anticiper
ainsi le produit. Pour être plus discret, le système peut restreindre ce calcul sur un seul type de
client et échapper aux tests des auditeurs. Seul un rapprochement entre les factures et les
livraisons, complété par des tests manuels donnera des indices de la fraude.
L’entité comptabilise les ventes imposables parmi les ventes à l’export. Ceci nécessite de
porter sur la facture des ventes locales la mention « ventes à l’export » ou bien de modifier la
mention ventes en suspension par celle ventes à l’export, et dans le but de ne pas payer
l’impôt sur les bénéfices provenant des ventes imposable.
3-2 Les points importants de contrôle interne devant être appréciés par le
commissaire aux comptes
94
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Les possibilités de fraude dans le processus paie existent essentiellement dans les entreprises
de grande taille, et peuvent prendre plusieurs formes.
On peut distinguer deux cas. Dans le premier cas, le fraudeur crée un salarié fictif n’ayant
jamais travaillé pour la société. Ceci nécessite d’affecter au salarié fictif un numéro de
sécurité sociale, un code RIB bancaire de l’un de ces proches parent, d’inventer un état civil,
une matricule et une adresse fictive.
Dans le second cas le fraudeur garde dans le fichier du personnel et le fichier de virement des
anciens salariés partant tout en changeant leurs code RIB bancaires et en mettant son code
RIB personnel ou bien des RIB des membres de sa famille.
Lors de la préparation de la paie, le fraudeur introduit dans le logiciel paie des éléments
variables au nom du salarié « fictif » tels que les heures supplémentaires, primes et
indemnités.
Dans les deux cas, le fraudeur doit être un membre du service paie pour faire cette opération
sans contrôle. Ce dernier garde la méfiance de donner au dirigeant ou au trésorier (chargé de
la signature de l’ordre de virement) des outils qui leur permettraient de détecter des anomalies
(ex : variation de salaires, état des entrées, états de sorties,)
95
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Ce type de fraude ne peut être réalisé que par un responsable de paie car personne ne viendra
vérifier les éléments variables de paie. Parmi ces éléments on peut citer :
Les heures supplémentaires : Il s’agit ici de falsifier le nombre d’heures supplémentaires
réellement travaillées. Ceci nécessite un accord entre le responsable paie et plusieurs
employés. Le risque de fraude est important si ces heures supplémentaires sont déclaratives et
ne sont pas appuyées par des justificatifs.
Les congés payés : le risque ici en termes de fraude est que les jours de congés pris par un
salarié ne soient pas décomptés sur sa fiche de paie et qu’il pourra donc les réutiliser.
En absence d’une procédure efficace et sécurisée des congés payés, le coût de ces erreurs
peut être important.
Un membre du service paie peut être complice avec des salariés qui falsifient les documents
de remboursement de frais afin de partager le gain.
Ainsi, ce type de fraude peut être réalisé soit par la surévaluation des dépenses en augmentant
les kilomètres parcourus, ou en augmentant le montant des frais de restauration, soit par des
dépenses fictives en apportant des justificatifs ne correspondant pas à une dépense réelle ou
en utilisant plusieurs fois, les même justificatifs.
Le coût de ces fraudes peut être très important si elles sont pratiquées par plusieurs salariés et
d’une façon répétitive.
Les frais de mission peuvent être surévalués par une autre personne autre que celle qui les
débourse. Ainsi un caissier peut falsifier l’ordre de mission en surévaluant le montant des frais
demandé par l’employé, et encaisse la différence.
4-1-2 Les points importants de contrôle interne devant être appréciés par le
commissaire aux comptes
Lors de l’évaluation des procédures du contrôle interne du processus paie, le commissaire aux
comptes doit vérifier l’existence des points suivants :
96
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
L’existence d’un registre du personnel, indiquant notamment les départs et les entrées de
chaque mois ;
L’existence d’un bouclage mensuel réalisé par le contrôle de gestion ou par le financier
entre les effectifs déclarés et les effectifs payés ;
L’existence d’un bouclage entre les heures travaillées et celles payées ;
L’existence d’un contrôle sur la saisie des éléments de paie par une autre personne ;
L’approbation par le responsable hiérarchique des heures supplémentaires ;
Un suivi d’indicateurs sur les heures supplémentaires et une analyse de la variation de la
masse salariale ;
L’existence d’une procédure définissant l’autorisation et le suivi des congés (approbation
des jours de congés par le responsable hiérarchique et par le directeur financier, analyse de
la cohérence de la variation de la provision pour congé, vérification des jours acquis ainsi
que du taux utilisé) ;
L’existence d’une procédure qui définit la politique de remboursement et de validation de
frais (ex : validation du responsable hiérarchique et du directeur financier, exiger les
originaux pour tout remboursement de frais) ;
L’autorisation des ordres de virement par deux personnes indépendantes (chef du
personnel et directeur financier) et ce sur la base des éditions de paie ;
L’existence d’un outil qui permet au responsable des ressources humaines et le contrôleur
financier de contrôler les modifications des données du système de paie.
Pour le processus immobilisation, les schémas de fraude ne sont pas compliqués : Le fraudeur
n’a pas de problème pour sortir les biens mais plutôt de masquer leur disparition.
Un salarié ayant accès aux comptes peut créer une immobilisation fictive pour masquer une
sortie de fonds. Cette immobilisation peut passer inaperçue car les entreprises pratiquent
97
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
rarement d’inventaire sur ce poste. Cette attitude est compréhensive puisque c’est une tâche
ardue de réaliser un tel contrôle et de disposer d’une identification précise de chaque
immobilisation ainsi que d’un fichier fiable. Ensuite le fraudeur peut faire disparaître
l’immobilisation fictive en la mettant au rebut surtout lorsqu’elle est complètement amortie
Un salarié peut utiliser des actifs de l’entreprise à titre personnel, cela va de l’ordinateur au
téléphone portable jusqu’au la voiture de service le de la société.au delà du coût réel de ces
fraude, nous pensons que le problème vient de l’état d’esprit de l’employé en cause, quelque
soit son niveau hierarchique.la personne n’a pas de sentiment de fraudeur et pourtant ce
comportement peut ouvrir la porte à d’autres actes frauduleux plus graves.
4-2-2 Les points importants de contrôle interne devant être appréciés par le
commissaire aux comptes
Les points importants de contrôle interne devant être appréciés dans le cadre de la prise en
compte du risque de fraude dans le processus investissement sont les suivants :
S’assurer qu’il y a un rapprochement trimestriel du fichier des immobilisations avec la
comptabilité générale et que tous les écarts sont justifiés ;
S’assurer que toutes les modifications apportées sur les fiches des immobilisations sont
validées par le directeur financier ;
S’assurer que la mise en rebut des actifs est appuyée par un PV signé par le service
demandeur et approuvé par le conseil d’administration ou la direction ;
S’assurer qu’il y a un rapprochement entre les PV de mise en service et le fichier des
immobilisations ;
s’assurer que les actifs font l’objet d’un inventaire physique au moins une fois par an.
S’assurer de l’existence d’une charte signée avec le contrat de travail qui précise les règles
de fonctionnement en matière d’utilisation des biens de la société.
98
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Section 1 : Impact des risques identifiés sur le choix de l’équipe d’audit, sur la nature,
l’étendue et le Timing des tests
Après avoir identifié les risques de fraude et de les affecter aux comptes et objectifs d’audit
appropriés, il convient de juger en fonction du type des fraudes, de la probabilité qu’elles se
produisent et de son impact sur le choix de l’équipe d’audit , la nature, l’étendue et le timing
des tests à mettre en œuvre.
Lorsqu’un risque d’audit à été identifié, la composition de l’équipe d’audit doit être revue de
manière à s’assurer que le savoir-faire, la compétence et la qualification des collaborateurs
sont en rapport avec le niveau du risque déterminé. De plus la procédure de revue doit être
renforcée et effectuée avec beaucoup d’esprit critique. Les responsables signataires doivent
avoir une plus grande implication dans les travaux d’audit.
99
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Enfin, il peut être nécessaire de renforcer l’équipe d’audit par des spécialistes en informatique
en fiscalité ou en droit des affaires.
Si le risque combiné (risque inhérent X risque de non contrôle) d’existence de fraude est très
élevé, le commissaire aux comptes doit envisager de modifier le calendrier des procédures
mises en place de façon à ce que la plupart d’entre elles soient effectuées à la clôture de
l’exercice ou à une date proche de la clôture. En outre une attention particulière devra être
portée aux travaux portant sur la césure des exercices. De même le commissaire aux comptes
peut effectuer des procédures inopinées et imprévisibles. Ceci peut s’avérer très utiles car la
plupart des fraudes commises par les employés sont détectées lorsque ces derniers sont
absents. Ainsi il peut planifier des inventaires inopinés sur certaines valeurs de la société ou
planifier des visites inopinées sur des sites de production ou de stockage. La planification de
ces visites peut se faire avec le concours de la direction. Si celle-ci est impliquée dans la
commission de fraudes, le commissaire aux comptes doit coordonner ces visites avec la
gouvernance de l’entreprise.
En présence d’un dossier présentant un risque de fraude élevé, le commissaire aux compte
doit envisager de modifier la nature des procédures à mettre en œuvre et ce par le recours
accru aux techniques suivantes:
La confirmation externe, en particulier avec les clients, en leur demandant de confirmer
des points différents comme la confirmation des termes des contrats, tels que des
conditions de règlement particulières, des clauses de contrats annexes (par exemple
clauses de reprises de stock).Il peut également être envisagé de téléphoner au client pour
obtenir la réponse, plutôt que de demander une réponse écrite ;
L’observation physique ou l’inspection de certains actifs ;
Les techniques d’audit assistées par ordinateurs pour analyser d’avantage d’opérations
contenues dans des comptes significatifs ou dans des fichiers électroniques.
100
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Le commissaire aux comptes doit aussi modifier l’étendue des procédures d’audit s’il juge
que le risque d’existence de fraude est très élevé. Ces modifications peuvent porter sur les
aspects suivants :
La taille de l’échantillon : augmenter la taille des échantillons ;
Les tests de détail : il faut envisager d’effectuer des tests de détail sur des comptes
habituellement audités par une revue analytique car ils ne sont pas matériels au regard du
seuil de signification fixé par le commissaire aux comptes et présentent un risque inhérent
faible (par exemple : le compte caisse, prêts au personnel) ;
L’utilisation des techniques de contrôles assistés par ordinateur : ceci permet des tests
plus étendus sur des transactions électroniques ou sur des fichiers informatiques. Ces
techniques peuvent être utilisées pour sélectionner un échantillon d’opérations à partir
d’un fichier informatique, pour extraire des opérations ayant des caractéristiques
particulières ou pour tester l’ensemble d’une population ;
Les soldes d’ouverture : les travaux de revue de ces soldes devraient être plus étendus s’il
s’agit d’une nouvelle mission pour le commissaire aux comptes ;
Les méthodes comptables : le commissaire aux compte doit apporter une attention
particulière à l’application des principes comptable et plus précisément ceux qui ont trait
aux estimations comptables et aux transactions complexes.
Le seuil de signification : le commissaire aux comptes peut fixer un seuil de signification
moins élevé de manière à planifier la vérification d’opérations présentant de plus faibles
valeurs.
Les tests sur les enregistrements comptables : le commissaire aux comptes doit prévoir
des tests plus poussés sur les sources d’écritures des journaux et des autres ajustements
(voir annexe 4).
Section 2 : Prise en compte des risques de fraude identifiés dans l’approche d’audit des
principaux processus de l’entreprise
Après avoir identifié les risques de fraude pesant sur l’entité auditée, et déterminé l’impact de
ces risques identifiés sur ses travaux, le commissaire aux comptes doit apporter une réponse à
ces risques. Ainsi nous présenterons dans cette section les procédures ou les tests à réaliser
101
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
pour chaque processus de l’entreprise afin de détecter les erreurs significatives ayant donné
lieu à la commission de fraude affectant les états financiers.
102
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Bien que les relevés bancaires soient suffisants pour confirmer les soldes bancaires portés sur
les états de rapprochement, la circularisation des banques constitue un élément probant fiable
et donne une confirmation externe pour le commissaire aux comptes,41 notamment en ce qui
concerne :
Les engagements hors bilan (cautions, garanties, nantissements) : ces engagements
doivent être mentionnés aux annexes des états financiers conformément à la norme
comptable 14, dans la mesure où elles constituent des passifs latents éventuels pour
l’entreprise. Le fait de ne pas les mentionner peut être expliqué par une volonté de
cacher l’existence de ces passifs latents aux actionnaires et aux tiers. Dans ce cadre la
circularisation des banques constitue le seul moyen pour identifier les engagements hors
bilan par le commissaire aux comptes. Sa responsabilité pouvant être mise en cause s’il
n’a accompli pas cette diligence.
Les noms des personnes habilitées à faire fonctionner le compte bancaire : il arrive
souvent qu’un salarié ayant quitté l’entreprise conserve le pouvoir de signature des
chèques de la société pour la simple raison que celle-ci n’a pas avisé la banque du
départ de son salarié. Le commissaire aux comptes doit signaler le risque découlant de
cette situation, même s’il n’a pas relève d’irrégularités au niveau des mouvements de
fonds.
41
ISA 500 : procédure d’obtention d’éléments probants
103
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Les titres de la société détenus par la banque : ceci peut renseigner le commissaire aux
comptes sur les opérations inhabituelles.
Le commissaire aux comptes doit vérifier avec une extrême attention les mouvements de la
caisse surtout pour les sociétés faisant beaucoup de ventes au comptant. Il doit s’assurer que
toutes les charges et les produits réglés au comptant ont été bien comptabilisés. Ainsi la prise
en compte du risque de fraude dans l’audit de la caisse se traduit par :
L’examen des pièces justificatives des dépenses par caisse (facture probante,
autorisation de la dépense ;
Le pointage par sondage des reçus d’encaissement avec le journal de caisse (tout en
vérifiant la séquence numérique de ces reçus et les signatures des personnes habilitées) ;
La vérification de la conformité de l’inventaire physique de la caisse à la clôture de
l’exercice avec le brouillard de la caisse et le solde comptable ;
L’examen du journal de la caisse afin d’identifier les éventuels écarts de recettes
journalières non justifiés ;
L’examen du grand livre de la caisse afin de vérifier l’existence d’un solde créditeur de
la caisse durant l’exercice ou non. Ainsi une caisse créditrice constitue une présomption
d’irrégularité puisque on ne peut pas dépenser plus ce qu’on détient. Dans ce cas, le
commissaire aux comptes doit obligatoirement obtenir des explications convaincantes.
La société doit aussi rectifier l’erreur à l’aide de pièces justificatives probantes
présentées au commissaire aux comptes.
104
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
La fraude au niveau du processus de stockage peut être commise par l’un des moyens
suivants :
- Une mauvaise méthode de valorisation
- Une insuffisance de provision pour dépréciation des stocks
Si lors de l’assistance à l’inventaire physique, le commissaire aux comptes doit s’assurer de la
réalité des quantités inventoriées, il doit lors du contrôle des comptes vérifier la correcte
valorisation de ces quantités et la nécessité de constituer une provision pour dépréciation au
titre des stocks périmés ou peu mouvementés.
Le commissaire aux comptes doit être vigilant quant aux éléments utilisés par l’entreprise
pouvant entrainer une majoration ou minoration de la valeur des stocks de produits finis ou
des en cours tels que l’incorporation dans le coût de production des frais administratifs ou
financiers.
L’examen par le commissaire aux comptes de l’état des stocks à rotation lente généré par le
système de gestion des stocks lui permet d’apprécier la pertinence d’une provision pour
dépréciation des stocks.
D’autres éléments peuvent indiquer la nécessité d’une provision pour dépréciation des stocks
tels que :
- Un arrêt ou un ralentissement significatif des ventes de certains produits suite à une
évolution technologique ;
- L’existence de matières périmées en stocks ;
- L’existence d’un stock de pièces de rechange relatives à des machines cédées.
105
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
La prise en compte par le commissaire aux comptes du risque de fraude dans le processus
achats est matérialisée par les procédures suivantes d’audit :
La revue analytique des comptes d’achat : cette technique permet d’expliquer les
variations significatives des achats et d’identifier celles anormales et par conséquent de
faire des tests complémentaires sur les achats concernés et de déceler les éventuelles
irrégularités ;
La revue analytique du compte fournisseurs factures non parvenues : cette technique
permet d’identifier entre deux exercices les variations significatives pouvant cacher des
charges non comptabilisées ;
Des tests de détail : ces tests sont réalisés par le biais d’un pointage des pièces
justificatives sur la base d’une sélection d’écritures à partir d’un grand livre. Ceci
permet d’une part de s’assurer que la comptabilisation est justifiée et qu’il ne s’agit pas
de charges fictives, d’autre part de vérifier qu’il y a pas de double comptabilisation pour
les écritures de même montant ;
La circularisation des fournisseurs : cette technique permet de s’assurer que les dettes
fournisseurs sont réelles, concernent l’entreprise et qu’il n’y a pas eu de double
comptabilisation ou non respect du cut off ;
La revue des pièces justificatives (bons de commande et bons de livraison), établies à
une date proche de la clôture et pour lesquelles aucune facture n’a été reçue, permet au
commissaire aux comptes le contrôle de la réalité de la charge et du respect de la règle
de la séparation des exercices ;
La revue des contrats annuels : ceci permet de valider le montant de la charge par
fournisseur et permet ainsi de s’assurer de l’exhaustivité des charges et du respect de la
séparation des exercices.
La reconnaissance de revenu représente une zone de risque de fraude importante qui est
spécifiquement traitée par la norme internationale traitant de la prise en compte du risque de
fraude par l’auditeur.
106
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Les éléments devant être appréciés dans le cadre de la prise en compte du risque de fraude
lors du contrôle des comptes du processus de gestion des ventes et des créances clients sont
essentiellement les suivants :
- Sous ou surestimation du chiffre d’affaires réalisé ;
- Non respect du cut off ;
- Insuffisance de provision pour dépréciation des comptes clients ;
- modification des prix de facturation
Généralement les entreprises sous estiment leur chiffre d’affaires dans le but de réduire
l’impôt sur les sociétés à payer. Cette sous estimation peut être effectuée soit par des ventes
sans factures, soit par des ventes facturées mais non comptabilisées, ou bien par le non respect
de la séparation des exercices.
Pour détecter ce type de fraude, le commissaire aux comptes doit :
107
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Le non respect du cut off des ventes se traduit par la comptabilisation des ventes sur un
exercice autre que celui au cours duquel a eu lieu le transfert de propriété. Il implique soit une
surestimation ou sous estimation du chiffre d’affaires et ce dans le but de lisser le résultat de
l’exercice.
Le contrôle du respect de la séparation des exercices se fait essentiellement par les tests
classiques de cut off qui permettent de s’assurer que les enregistrements comptables se
rattachent à la bonne période.
Le commissaire aux comptes doit accorder une grande attention aux provisions clients
constituées. Ces provisions peuvent être faibles par rapport à celles constituées les années
précédentes ou insuffisantes compte tenu des risques de non recouvrement ou aussi reprises
d’une manière artificielle.
Pour apprécier le volume de ces provisions, le commissaire aux comptes dispose de deux
moyens :
La balance par âge : les informations figurant dans ce document doivent être testées afin
de s’assurer qu’elles n’ont pas été modifiées dans le but de « rajeunir »des créances
anciennes et ainsi justifier l’absence de provision pour dépréciation sur certaines créances.
108
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Les titres de participation peuvent faire l’objet des manipulations frauduleuses suivantes :
Insuffisance ou surestimation des provisions pour dépréciation ;
Prix de cession anormalement bas ;
Rotation des titres à l’intérieur du groupe.
La provision pour dépréciation des titres de participation peut être sous estimée ou surestimée
pour lisser le résultat de l’exercice.
109
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Certaines sociétés procèdent, juste avant la clôture de l’exercice, à la cession de leurs titres de
participation à une autre société du groupe dans l’objectif de faire apparaître chez la cédante
une plus value de cession d’une part, et de lui éviter aussi d’autre part la constitution d’une
provision pour dépréciation. Les titres peuvent être rachetés tout de suite ou quelques temps
après la clôture.
Dans ce cas peut-on dire que ce procédé artificiel constitue une fraude? .A priori rien
n’interdit de céder des titres à la clôture de l’exercice pour les racheter juste après.
Il n’appartient pas au commissaire aux comptes d’apprécier l’opportunité de l’opération qui,
n’étant expressément interdite. Rien ne permet de justifier le caractère frauduleux de cette
opération.
Toutefois, le commissaire aux comptes doit mentionner dans son rapport général en tant que
changement significatif intervenu au cours de l’exercice au niveau des participations de la
société et la mentionner également dans son rapport spécial sur les conventions réglementées.
La prise en compte du risque de fraude lors de l’audit des titres de participation implique
d’autres contrôles à effectuer par le commissaire aux comptes tels que :
110
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Les transactions intra groupe constituent toujours une zone de risque de fraude fiscale du fait
que ces transactions peuvent être manipulées pour faciliter le transfert indirect des bénéfices à
l’étranger. Ce transfert peut être réalisé par :
Les majorations des prix d’achats ou minoration des prix de vente ;
La rémunération excessive des redevances et prestations ;
La prise en charge des frais de gestion excessifs ou fictifs.
Dans l’approche d’audit des transactions intra groupe la prise en compte du risque de fraude
par le commissaire aux comptes implique :
La comparaison des prix de cession interne avec les prix de facturation ;
L’appréciation de la réalité économique de certaines prestations fournies par une société
du groupe.
2-4-2-1 Comparaison des prix de cession interne avec les prix de facturation
Dans le cas où l’entreprise effectue les mêmes transactions avec les sociétés du groupe et hors
groupe, il suffit pour le commissaire aux compte de s’assurer que les prix pratiqués pour les
clients ou fournisseurs sont les mêmes que ceux facturés aux sociétés du groupe.
111
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Les prestations entre les sociétés du groupe sont en général facturées dans le cadre de contrats
d’assistance technique qui prévoient :
La rémunération des prestations d’ordre technique (mise à disposition de personnel) par
une société du groupe ;
La rémunération des prestations d’ordre plus général telles que les études de marché, et
autres frais de gestion ;
Dans le cadre de ces contrats, le commissaire aux comptes, dispose de certains moyens lui
permettant de valider ces prestations nous citons :
La vérification de l’existence d’un contrat de prestations de service qui détermine avec
précision les services facturés et leurs prix exact, ainsi que l’appréciation du caractère
raisonnable des tarifs appliqués eu égard au service rendu ;
Le rapprochement des tarifs facturés avec ceux prévus dans le contrat ;
La validation de la réalité des dépenses (billet d’avion, frais d’hébergement) en cas de
déplacement.
Le bien fondé de ces prestations reste néanmoins l’élément le plus difficile à apprécier pour le
commissaire aux comptes. Ainsi en cas de facturation à l’heure de personnel qualifié, une
comparaison avec les tarifs appliqués par les sociétés locales de service employant le même
profil de personnes n’a pas de sens compte tenu des grandes différences de niveau de vie et
par conséquent des salaires entre différents pays.
112
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Pour le besoin de réalisation de tests d’audit visant à détecter les erreurs significatives
résultant de fraude, le commissaire aux comptes peut utiliser plusieurs techniques. Les outils
informatiques constituent une de ces techniques les plus efficaces pour répondre à un risque
spécifique identifié qu’est la fraude.
La démarche d’utilisation de ces outils consiste dans une première étape à extraire les
données. Il faudra ensuite veiller à l’intégralité de ces données par quelques tests car il serait
regrettable de travailler sur une base incomplète ou ne correspondant pas à ce qui est attendu.
C’est un des risques majeurs de ces outils car si une requête est mal formulée, les réponses
seront erronées et le commissaire aux comptes risque de tirer une mauvaise conclusion.
La dernière étape qui est la plus importante c’est l’analyse des données recueillies. Cette
analyse permet de travailler directement sur les fichiers sources du client, d’effectuer des
contrôles sur la totalité d’une population et non sur un échantillon et ce dans un temps réduit.
Cette façon de faire permet ainsi de détecter les éléments difficiles à repérer par la méthode
traditionnelle des sondages aléatoires. Les analyses des données s’effectuent par les méthodes
suivantes :
Les tris constituent des tests très utiles dans le cas de recherche de fraude. Ils consistent à
effectuer des stratifications de population c'est-à-dire à découper la population en sous
population partageant une caractéristique commune, de façon à avoir une analyse plus fine et
identifier les éventuelles anomalies. Une population de retour de marchandises peut être
scindée en sous familles clients de façon à identifier si certains d’entre eux n’auraient pas
reçu des marchandises qu’ils n’avaient pas commandée : Un commercial souhaitant atteindre
ses objectifs peut essayer de livrer de la marchandise non commandée ou d’anticiper des
commandes.
Les tris permettent également de mettre en valeur très rapidement d’éventuelles anomalies.
Par exemple dans un fichier fournisseurs :
Toutes les factures fournisseurs qui ne comportant pas d’adresse ;
Toutes les fiches fournisseurs ayant le même RIB.
Toutes les fiches fournisseurs ayant la même adresse ;
Tous les numéros de fournisseurs se rapportant au même fournisseur ;
113
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Les ruptures de séquences dans les numéros d’enregistrement des factures fournisseurs ;
Les factures fournisseurs présentant des montants ronds ou divisibles par un montant type.
Sur le ficher des paiements, les recherches suivantes d’anomalies peut être mises en œuvre :
Recherche de tous les montants payés apparaissant en double ;
Recherche de doublons sur les numéros de chèques ;
Analyse des ruptures sur les numéros de chèques ;
Liste des paiements classés selon la personne qui a donné l’autorisation de paiement
manuellement ;
Classement des montants payés par valeur décroissante et recherche des plus gros
montants ou de montants à la limite inferieure des seuils d’autorisation.
La comparaison des données est pratiquement obligatoire dans la recherche de fraude, car la
fraude crée généralement des variations sur une longue période. Prenons l’exemple d’un
processus d’achat, les mesures suivantes peuvent être réalisées au moyen des comparaisons :
Nombre de factures traitées (par an / par mois/par semaine/par jour…..) ;
Montant moyen d’une facture fournisseur par acheteur ;
Les plus gros achats par fournisseurs.
La comparaison des données peut être effectuée entre sites. Par exemple pour une entreprise
exploitant des magasins, les valeurs d’exploitation constituent une zone de risque. Le
commissaire aux comptes peut analyser exhaustivement ces valeurs de stocks en procédant à
des comparaisons des données suivantes : la valeur moyenne de l’article en stock, le taux de
rotation moyen par magasin, marge moyenne mensuelle, nombre moyen d’articles en stock.
Une fois les diligences d’audit mentionnées ci–dessus mises en œuvre, le commissaire aux
comptes doit synthétiser et revoir tous les éléments probants collectés et essayer de les
corroborer. IL doit également évaluer les exceptions de contrôle détectées lors de
l’appréciation des procédures de contrôle interne afin d’aboutir à des conclusions motivées
114
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
sur l’existence de fraude. L’évaluation de ces preuves d’audit permet le commissaire aux
comptes de tirer les conclusions adéquates au regard :
- de son obligation de révélation des faits délictueux ;
- du rapport général ;
- du rapport spécial.
La mise en œuvre des diligences lors de la phase de planification et du contrôle des comptes
permet au commissaire aux comptes de collecter des éléments probants. Néanmoins ces
éléments peuvent ne pas confirmer l’existence des inexactitudes ou des anomalies
significatives provenant de fraudes. A cet égard, le commissaire aux comptes doit revoir tous
les éléments probants collectés ainsi que les défaillances de contrôles détectées lors de la
phase d’évaluation du contrôle interne et essayer de les corroborer afin de justifier ses
conclusions sur l’existence de fraude.
A cette phase d’avancement des travaux d’audit, le commissaire aux comptes est appelé à
effectuer les diligences suivantes :
Synthétiser tous les éléments probants collectés à partir des tests effectués en réponses aux
risques de fraude identifiés (examen analytique, inspection physique, entretiens, tests de
détail, tests substantifs…) ;
Chercher les différentes relations pouvant exister entre les différentes preuves d’audit
collectées à partir de l’application de tests différents, obtenues de sources différentes ;
Revoir les conclusions des examens analytiques effectués ; refaire le cas échéant ces
examens en utilisant les données ajustées sur la base des conclusions des travaux
effectués ;
Revoir l’évaluation du risque combiné de fraude (Risque inhérent x Risque de non
contrôle) ;
Estimer la nécessité d’effectuer des tests ou d’obtenir des confirmations complémentaires
pour mieux motiver les conclusions d’audit ;
Estimer la nécessité du recours à l’assistance de spécialistes (informaticiens, juriste,
conseiller fiscal) ;
Evaluer si les preuves d’audit collectées sont à la fois suffisantes et appropriées.
115
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Après avoir procéder à l’évaluation des preuves d’audit, le commissaire aux comptes peut
se trouver dans trois situations :
Soit il conclut clairement à l’existence de fraudes. Dans ce cas il doit les chiffrer et
évaluer leur impact sur les comptes.
Soit il conclut que l’inexactitude relevée est involontaire. Dans ce cas il doit estimer leur
impact sur son opinion et ses autres obligations de communication.
Soit il n’arrive pas à se prononcer clairement sur le caractère frauduleux de l’inexactitude
révélée. Dans ce cas, il doit envisager d’opérer des tests complémentaires pour arriver à
conclure ou, si la question demeure non résolue, rapporter les faits tels qu’ils sont au
niveau hiérarchique approprié et évaluer leur impact sur l’opinion d’audit et les autres
obligations de communication.
A la fin des travaux d’audit, le commissaire aux comptes doit obtenir de la direction une lettre
d’affirmation42. L’objet de cette lettre est de confirmer certaines déclarations faites par la
direction et en particulier certains éléments présentant un caractère significatif pour lesquels
le commissaire aux comptes ne peut obtenir suffisamment d’éléments probants. Cette lettre
rappelle que la préparation des états financiers relève de la responsabilité de la direction et
précise l’obligation de cette dernière de fournir au commissaire aux comptes tous les
documents et supports d’information nécessaire à l’accomplissement de sa mission d’audit.
Le législateur a donné la possibilité au commissaire aux comptes de demander l’ajout au
contenu de cette lettre des données qu’il considère nécessaires pour garantir l’exhaustivité et
la conformité des états financiers à la législation comptable43. Dans ce cadre, afin de prendre
en compte les risques de fraudes le commissaire aux comptes doit obtenir des déclarations
écrites de la direction affirmant :
Qu’elle reconnaît sa responsabilité à l’égard de la mise en place et du fonctionnement des
contrôles conçus pour prévenir et détecter les fraudes et les erreurs ;
42
ISA 580 : Déclaration de la direction
43
Art 2 de l’arrêté du ministre de finance du 17 juin 2006 portant fixation du contenu de la déclaration annuelle signée et
présentée au commissaires aux comptes par les organes de direction et les chargés d’affaires financières et comptables à
l’obligation de désigner un ou plusieurs commissaires aux comptes inscrits au tableau de l’ordre des experts comptables de
Tunisie
116
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Qu’elle a informé le commissaire aux comptes de tous les faits importants ayant trait à des
fraudes réelles ou soupçonnées dont elle a eu connaissance ;
Qu’elle a informé le commissaire aux comptes des résultats de son appréciation du risque
que les états financiers puissent contenir des inexactitudes importantes résultant de fraude.
Nous présenterons en annexe à ce travail un modèle de lettre d’affirmation comportant des
clauses particulières relatives au risque de fraude (Annexe 9).
Il convient de signaler que l’obtention de cette lettre n’exonère pas le commissaire aux
comptes de sa responsabilité sur l’opinion exprimée.
Dans le cas où le commissaire aux comptes soupçonnerait l’existence d’une fraude ou encore
a mis en évidence une fraude, il doit dans les meilleurs délais s’entretenir avec la direction et
la gouvernance de l’entreprise et leur faire part du résultat de ses travaux d’identification du
risque de fraude.
Il doit communiquer également d’autres points jugés utiles à ces organes et qui portent
essentiellement sur :
L’approche générale de la démarche d’audit et en particulier son approche en matière de
prise en compte du risque de fraude ;
Les déficiences majeures relevées dans le contrôle interne et des questions touchant à
l’intégrité de la direction ;
Les transactions inhabituelles ou complexes non autorisées par la gouvernance ;
Les différents facteurs de risque identifiés ;
L’étendue des procédures d’audit mises en œuvre pour détecter la fraude ;
L’impact des fraudes détectées ou suspectées sur les états financiers et la manière
d’ajustement des comptes.
44
ISA 260 « communication des questions soulevées à l’occasion de l’audit aux personnes constituant le gouvernement de »
117
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
L’article 270 du code des sociétés commerciales stipule que le commissaire aux comptes doit
signaler à l’assemblée générale les irrégularités et les inexactitudes relevées au cours de
l’accomplissement de sa mission.
Il découle des dispositions de cet article que tous les actes frauduleux doivent être signalés
abstraction faite de leurs incidences sur les comptes.
118
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
- La Banque Centrale de Tunisie si les fraudes détectes sont de nature à mettre en péril les
intérêts de l’établissement de crédit ou des déposants (article 35 de la loi 2001-65) ;
- Le CMF si les actes frauduleux détectés sont de nature à mettre en péril les intérêts de la
société ou de l’OPCVM, d’actionnaires ou des porteurs de parts (article 3sexis nouveau de
la loi 94-117et article 51 du code des OPCVM) ;
- La Commission Tunisienne des Analyses Financières pour toutes Opération de
blanchiment d’argent avères ou suspectée (article 85 de la loi 2003-75) ;
- L’Ordre des Experts Comptable de Tunisie (article 3 du code des devoirs Professionnels
des Experts Comptables).
Si la mise en œuvre des procédures d’audit définies à la suite d’une évaluation générale
des risques met en évidence l’existence d’une fraude le commissaire aux comptes devra
exprimer :
- une opinion avec réserve si le montant de la fraude n’est pas significatif et que
la fraude a été prise en compte ou corrigée;
- une opinion défavorable si la fraude remet en cause la sincérité la régularité des
états financiers (tout en précisant les motifs de non certification notamment la fraude
détectée et son impact sur les comptes).
119
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Lorsque la mise en œuvre des procédures d’audit définies suite à l’identification des facteurs
de risques de fraude met en évidence l’existence de fraudes significatives, le commissaire aux
comptes doit évaluer les conséquences sur la continuité d’exploitation.
Il peut s’agir de fraudes tels que notamment des détournements importants d’actifs
(disponibilités, stocks….) qui auront pour effet d’accentuer la situation difficile dans laquelle
une société se trouvait, ou d’entrainer la perte du tiers du capital et constituer ainsi des faits
de nature à compromettre la continuité d’exploitation.
En pareilles circonstances, le commissaire aux comptes mettra en œuvre la procédure d’alerte
et ce, conformément aux articles 6 et 7 de la loi 95-34 du 17 avril 1995 relative au
redressement des entreprises en difficultés économiques. Le commissaire aux comptes occupe
le rôle le plus critique dans cette procédure .en effets, le législateur à confier au commissaire
aux comptes le soin d’obliger le dirigeant de réagir en présence de difficultés. Dans ce cadre
le commissaire aux comptes demande au dirigeant de lui fournir par écrit des éclaircissements
relatifs à tout ce qui pourrait menacer la continuité de l’activité. Le dirigeant doit répondre
dans un délai de 15 jours. Si la réponse est jugée insuffisante ou en cas de défaut de réponse,
le commissaire aux comptes soumet la question au conseil d’administration ou au conseil de
surveillance. Si la continuité de l’exploitation reste compromise le commissaire aux comptes
convoque l’assemblée générale des actionnaires dans un délai ne dépassant pas un mois de la
date de réception de la réponse ou de l’expiration du délai de réponse.
Si la notification interne ne provoque aucune réaction, ou si malgré les réactions les menaces
persistent, le commissaire aux comptes doit alerter dans un délai d’un mois la commission de
suivi des entreprises en difficulté économiques45 .
Si le commissaire aux comptes ne s’acquitte pas de ses propres obligations de révélation
prévues par la loi du 17 avril 1995, sa responsabilité pénale pourrait être engagée. Dans ce
46
sens l’article 55 de la loi 95-34 du 17 avril 1995(alinéa 2nouveau) dispose que « est,
également, puni des même sanctions pécuniaires (une amende de cinq cent à dix mille dinars)
le commissaire aux comptes qui s’abstient de la notification bien qu’il ait eu connaissance des
difficultés de l’entreprise ».
45
Art 7 de la loi 95-34 du 17 avril 1994 relative au redressement des entreprises en difficultés économiques
46
Ajouté par la loi n° 2003-79 du 29 décembre 2003, modifiant et complétant la loi n° 95-34 du 17avril 1995,
relative au redressement des entreprises en difficultés économique, telle que modifiée par la loi n°99-63 du 15
juillet 1999
120
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
121
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Les diligences proposées dans le cadre de la deuxième partie de ce mémoire constituent une
explicitation des moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs de la mission dont
notamment la certification que les comptes annuels donnent une image fidele. Ils ont pour
objectif de clarifier et non d’accroitre la responsabilité du commissaire aux comptes en
matière d’identification et de détection de fraude. Nous résumons ci après la démarche
retenue pour que ces diligences soient mises en œuvre d’une façon efficiente :
- Tout d’abord il faut avoir une bonne compréhension du phénomène de la fraude et des
comportements des fraudeurs afin d’identifier les facteurs de risque de fraude. Cette
compréhension repose principalement sur l’analyse de trois facteurs à savoir : une
motivation pour commettre la fraude, une opportunité et une attitude justifiant l’acte
frauduleux commis.
- Le commissaire aux comptes doit faire preuve d’un esprit critique adapté à l’égard des
facteurs de risque de fraude.
- Les entretiens, l’examen analytique et la réunion d’équipe constituent les procédures
d’audit les plus efficaces pour l’identification des facteurs de fraude.
- L’appréciation des procédures de contrôle interne permet de dégager les inexactitudes
significatives liées à des actes frauduleux. Le test de ces procédures suppose une bonne
connaissance des schémas de fraude couramment employés.
- D’une manière générale le risque de fraude identifié conduit le commissaire aux comptes
à adapter son programme de travail et la composition de son équipe afin de répondre au
risque.
122
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
CONCLUSION GENERALE
47
Olivier Gallet &Guylaine Leclerc, "Quels remèdes pour quels maux", Revue Française de comptabilité N° 368, Juillet-
Août 2004.
123
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
124
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
important dans la nature et l’étendue des travaux réalisés. A cet effet, les procédures d’audit
doivent être renouvelées de façon à laisser une part d’imprévisible. Les preuves d’audit
doivent être validées. L’accroissement du nombre des tests de validation des opérations et des
soldes, et le recours aux techniques d’audits assistées par ordinateurs doivent être généralisés.
Enfin le recours à des spécialistes et à des consultants dans le domaine informatique, fiscal et
juridique est aussi nécessaire.
Toutes ces exigences sont sûrement de nature à augmenter le coût de la mission d’audit légal
sans être suivis par une augmentation des honoraires du commissaire aux comptes qui restent
basés sur la taille de l’entité auditée sans aucune considération du niveau du risque liés à la
mission.
A cet effet, la profession est aujourd’hui face à plusieurs défis dont notamment le
rétablissement de la confiance du public dans les travaux du commissaire aux comptes et
l’amélioration des attitudes et des diligences de ce dernier en matière de prévention et
détection de fraude. Pour ce faire, nous pensons que l’O.E.C.T doit réagir dans ce sens par la
conduite des actions suivantes :
- Renforcer le rôle de la commission de contrôle en tant que garant de l’indépendance du
commissaire aux comptes, et ce essentiellement par le contrôle de la séparation entre les
services d’audit et de conseil.
- exiger des cabinets des actions continues de formation sur les risques de fraude.
- Définir des standards pour la tenue des dossiers d’audit en matière de documentation (en
ce qui concerne les entretiens effectués, l’analyse stratégique, le programme d’évaluation
du contrôle interne, le programme d’évaluation du risque de fraude, les conclusions sur les
risques identifiés)
- Former des spécialistes en audit qualité en dehors des experts comptables, ceci permet
d’exercer le contrôle qualité avec indépendance et d’améliorer la qualité d’application des
diligences d’audit.
- Prévoir un barème de détermination des honoraires d’audit qui tient comptes du budget
temps et du risque lié à chaque mission.
- Instaurer des normes minimales de budget temps pour les travaux d’intérim afin de
permettre au commissaire aux comptes de mieux comprendre l’environnement dans lequel
évolue l’entité et d’analyser et tester dans le détail le système de contrôle interne.
125
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
126
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
REVUES
• AHMED MANSOUR, " Mise au point sur la responsabilité du commissaire aux
comptes", L’Economiste Magrébin, N° 353, Décembre 2003.
• ALAIN LIENHARD, "Loi de sécurité financière : quoi de neuf pour les sociétés ? ",
Recueil Dalloz N° 29,2003.
• ALAIN LEMAIGNAN, "Détournement de fonds par un salarié d’une entreprise", Revue
Française de comptabilité N° 257, Septembre 1994.
• ALAIN LEMAIGNAN, " Responsabilité de l’expert comptable en cas de détournement de
fonds", Revue Française de comptabilité N° 248, Septembre 1993.
• BEASLEY M et JENKINS G. A, "Primer for brainstorming fraud risk": Journal of
accountancy, Décembre 2003.
• CORMIER, D., "L’évaluation du risque de fraude dans les missions d’audit externe :
Approche nord-américaine", Revue Française de comptabilité, N° 221, Mars 1991.
127
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
ETUDES
128
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
DECISIONS DE JURISPRUDENCE
• Tribunal du 1ere instance de Sfax, jugement rendu le 06/03/2003.
• Tribunal du 1ere instance de Tunis le 15/04/2004
• Tribunal de 1ere instance de Tunis, chambre commerciale, jugement 3700-388 du 22
Mars 1989
MEMOIRES
• Anis Laadher , Mémoire d’expertise comptable: la prise en compte du risque de fraude par
l’auditeur externe: Etat des lieux et propositions d’améliorations, Avril 2006.
• BELOURANIA RAJAA, "Le commissaire aux comptes face au risque de fraude dans le
nouvel environnement juridique du Maroc", Mai 2002.Mémoire pour l’obtention du
diplôme d’expertise comptable.
• Hatem Daly, "le commissaire aux comptes et l’infraction", juin 2002. Mémoire pour
l’obtention du diplôme des études approfondies en droit des affaires.
• Khzemi Sakhar, "le commissaire aux comptes et le redressement des entreprises en
difficultés économiques", juin 2004. Mémoire pour l’obtention du diplôme des études
approfondies en droit des affaires.
• MOUTENET ISABELLE, "Les diligences du commissaire aux comptes en matière de
fraude : apports des nouvelles normes et proposition d’un guide d’application", Mai 2004.
Mémoire pour l’obtention du diplôme d’expertise comptable.
129
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
NORMES ET DOCTRINE
SITES WEB
• Sites web tunisiens
- http://www.juristetunisie.com
- http // www.ifaci.com
- http:// www.coso.org
- http:// www.ifac.org
- http // www.aicpa.org
130
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
131
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Objectif
L’objectif de ce programme de travail - Fraude est de donner une méthodologie d’audit pour
le commissaire aux comptes lui permettant d’apprécier les anomalies significatives dues à la
fraude dans chaque étape du processus d’audit et de rappeler les exigences en matière de
documentation et de consultation.
Le commissaire aux comptes doit obtenir une assurance raisonnable que les états financiers
pris dans leur ensemble sont exempts de toute anomalie significative provenant de fraudes ou
d’erreurs.
Du fait des caractéristiques des fraudes, une attitude professionnelle empreinte d’esprit
critique est particulièrement importante lorsqu’il évalue le risque d’anomalie significative due
à la fraude. Cet esprit critique implique une démarche d’investigation et de recoupement
constant des preuves d’audit. L’auditeur doit maintenir un esprit critique tout au long de
l’audit, évaluer la probabilité d’implication de la direction dans les contrôles et reconnaître
que les procédures d’audit jugées efficaces pour détecter une erreur peuvent ne pas être
appropriées dans le contexte d’un risque d’anomalie significative due à la fraude. L’auditeur
doit également admettre la possibilité qu’une anomalie significative due à la fraude puisse
exister, et ce malgré sa connaissance passée de l’honnêteté et de l’intégrité de la direction et
des personnes constituant le gouvernement d’entreprise.
48
Inspiré du KPMG Audit Methodology
132
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
49
Le terme « personnes constituant le gouvernement d’entreprise » recouvre le comité d’audit et le conseil
d’administration
133
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Application
Ce papier de travail est obligatoire pour toutes les missions de commissariat aux comptes. Si
certaines sections ne sont pas appropriées pour certaines missions, l’auditeur indique la
raison, sans supprimer la section.
___________ ___________
Revu par : Date [jj/mm/aa]
___________ ___________
134
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Procedures Fait par et le WP Réf.
Observation
Les résultats de ces procédures sont décrits dans la section concernée du
document de planification de la mission.
Procédures analytiques préliminaires qui indiquent des relations
inhabituelles ou inattendues (y compris les procédures analytiques
spécifiques au chiffre d’affaires).
Les résultats de ces procédures sont décrits dans la section concernée du
document de planification de la mission
En plus, le cas échéant :
Revue des états financiers intérimaires
Les conclusions et points importants relevés lors de la revue intérimaire
Les résultats de ces procédures sont décrits dans la section concernée du
document de planification de la mission.
Résultats des procédures relatives à l’audit du contrôle interne sur
la préparation des états financiers.
3. Evaluer si les informations obtenues concernant l’organisation,
l’environnement de contrôle, l’environnement externe de l’entreprise
ainsi son environnement informatique, révèlent des facteurs de
risque de fraude, y compris ceux mentionnés dans les annexes 1 et 2.
135
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Procedures Fait par et le WP Réf.
136
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Procedures Fait par et le WP Réf.
137
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Procedures Fait par et le WP Réf.
138
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Procedures Fait par et le WP Réf.
139
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Procedures Fait par et le WP Réf.
140
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Procedures Fait par et le WP Réf.
8. Identifier les risques de fraude au niveau des assertions sur la base des
procédures 2 à 7 et d’autres procédures effectuées lors de l’analyse
stratégique, se rapportant à la fois :
aux informations financières mensongères, et ;
aux détournements d’actifs.
Examiner les risques décrits dans l’annexe 2.
Décrire ces risques dans la section concernée du document de planification
de la mission.
Intégrer des objectifs d’audit visant les risques de :
Reconnaissance frauduleuse des revenus
Il est généralement présumé que la reconnaissance des revenus est un
risque de fraude au niveau des assertions. Dans les rares cas où cette
présomption pourrait ne pas être justifiée, décrire les raisons soutenant
cette conclusion dans la section de planification de la mission.
141
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Procedures Fait par et le WP Réf.
Les procédures suivantes sont réalisées durant la phase d’évaluation des contrôles
11. Pour chaque objectif d’audit associé à un risque de fraude et identifié
dans la procédure 8 :
Obtenir et décrire les procédures concernées, y compris les
systèmes et contrôles informatiques liés à l’initiation, à
l’enregistrement et au traitement de transactions, aux écritures
comptables et autres ajustements
142
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Procedures Fait par et le WP Réf.
143
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Procedures Fait par et le WP Réf.
Les procédures suivantes sont mises en œuvre durant les phases d’évaluation des contrôles, de procédures
substantives et de synthèse
13. Mettre en œuvre les procédures prévues pour chaque objectif d’audit
associé à un risque de fraude et identifié dans la procédure 8 :
Tester l’efficacité opérationnelle des contrôles conçus pour réduire
le risque s’ils sont convenablement conçus et appliqués.
Effectuer les tests substantifs.
14.2 Les estimations comptables significatives sont celles qui, à notre avis,
pèsent le plus dans l’analyse de l’activité pour un utilisateur des états
financiers et qui obligent la direction à des décisions difficiles,
subjectives ou complexes car elles nécessitent d’apprécier les effets de
situations incertaines par nature.
Examiner les estimations comptables significatives afin d’identifier
des distorsions :
Pour toutes les estimations comptables significatives, considérer si
les différences entre les estimations comptables les mieux
justifiées par les éléments collectés lors de l’audit et celles incluses
dans les états financiers, quand bien même elles apparaissent
individuellement justifiées, pourraient une fois prise dans leur
ensemble révéler une partialité de la direction.
144
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Procedures Fait par et le WP Réf.
145
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Procedures Fait par et le WP Réf.
16. Communiquer (en règle générale dès que possible) aux personnes
constituant le gouvernement d’entreprise :
146
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Procedures Fait par et le WP Réf.
147
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
___________________________________________________________________________
ANNEXES
148
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
___________________________________________________________________________
ANNEXES
149
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
___________________________________________________________________________
Les annexes 1 à 7 sont des outils destinés à aider le commissaire aux comptes lors de la mise en
place de certaines des procédures du programme de travail –Fraude.
L’annexe 1 se compose de deux parties : - la partie 1(a) montre des exemples de facteurs de
risques de fraude au niveau des états financiers, pouvant conduire à des informations financières
mensongères ; la partie 1(b) montre des exemples de facteurs de risques de fraude au niveau des
états financiers pouvant conduire à un détournement d’actifs. Ces deux parties énumèrent des
facteurs de risques de fraude qui sont classés en fonction de trois éléments : incitations et
pressions ; opportunités et attitudes ou capacité à justifier la réalisation d’un acte frauduleux.
Cette annexe sera utilisée comme un outil de réflexion afin d’identifier les conditions et
évènements significatifs ou le manque de supervision qui peuvent affecter les états financiers
pris dans leur ensemble et produire une anomalie significative liée à la fraude.
Le graphique de l’annexe 2 (a) doit être utilisé comme un outil de réflexion pour aider l’équipe
à:
150
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
___________________________________________________________________________
L’annexe 2 (b) montre des exemples de fraude pouvant survenir dans chacun de ces assertions.
Annexe 4 – Eléments à prendre en compte lors des tests des enregistrements comptables et
autres ajustements
151
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Annexe 1(a) – Exemples de facteurs de risques de fraude au niveau des états financiers pouvant conduire à des informations financières
mensongères50
Faillite
Non respectées
50
Inspiré du KPMG Audit Methodology
Ces annexes comprennent des illustrations de facteurs de risque de fraude mais ne doivent pas être considérées comme une liste exhaustive. Ces exemples ne sont pas applicables nécessairement dans toutes les circonstances. Le
commissaire aux compte doit faire preuve de jugement professionnel pour sélectionner les procédures d’audit appropriées.
152
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Annexe 1(a) (suite) – Informations financières mensongères – Exemples de facteurs de risques de fraude au niveau des états financiers résultant
d’opportunités
Nature des opérations réalisées par la société Contrôle inefficace de la direction
Transactions significatives, Transactions significatives, inhabituelles ou très complexes en Prépondérance / style de Domination de la direction par une seule personne ou par un
inhabituelles ou très particulier celles réalisées sur une période proche de la clôture direction agressif petit groupe sans contre-pouvoir (par ex : intimidation des
complexes qui posent la question de la prééminence de « la substance sur la subordonnés ou existence d'une culture où les mauvaises
forme » nouvelles et les échecs ne sont pas admis).
Transactions significatives Transactions significatives réalisées avec des parties liées non Contrôle inefficace de la Contrôle inefficace par le conseil d'administration et les
avec les parties liées auditées ou auditées par d'autres auditeurs. part des personnes personnes constituant le gouvernement d'entreprise sur le
Position dominante dans Une forte présence financière ou une capacité à dominer un constituant le processus d’élaboration des états financiers et de contrôle
l'industrie secteur industriel qui permet à l'entreprise de dicter ses propres gouvernement d'entreprise interne. Par exemple, ils ne sont pas indépendants par rapport
conditions à ses fournisseurs et clients peut engendrer des à la direction, ni compétents dans les disciplines financières et
transactions inappropriées ou ne respectant pas les règles de la supervision des contrôles destinés à empêcher, dissuader ou
concurrence. détecter la fraude. Incapacité du conseil d'administration et des
Pratiques inhabituelles La société est engagée dans des transactions inhabituelles. personnes constituant le gouvernement d'entreprise et des
personnels clés de la fonction financière à agir comme
Organisation complexe ou instable contrôle lorsqu'un membre de la direction supérieure cherche à
Structure de l'entreprise Structure organisationnelle complexe comprenant des entités outre-passer les contrôles ou cherche prendre des positions
très complexe juridiques ou hiérarchiques inhabituelles. comptables agressives. Incapacité à répondre de façon
adéquate aux problèmes significatifs évoqués lors des
Rotation inexpliquée des Rotation inexpliquée des membres des directions opérationnelles, discussions concernant la qualité des états financiers.
dirigeants financières et de l’audit interne, du responsable juridique, des Audit interne inefficace L'audit interne n'est pas indépendant ou est influencé par la
personnes constituant le gouvernement d'entreprise ou des direction (ex : la direction détermine les objectifs d'audit et ne
personnes ayant un rôle clé dans le processus d’élaboration des les oriente pas vers les zones présentant des risques élevés).
états financiers.
Composantes du contrôle interne déficientes
Systèmes et contrôles Les systèmes comptables et d'information sont inefficaces (cela
comprend également les situations impliquant des insuffisances
significatives et des faiblesses de contrôle).
Contrôles inadaptés Contrôle inapproprié / mise en oeuvre inefficace de contrôles, y
compris les contrôles automatisés et les contrôles des états
financiers intermédiaires (quand un reporting externe est
requis).
Personnel inefficace Rotation importante ou embauche de personnes novices en
comptabilité, en audit interne ou en technologies de l'information.
Ces annexes comprennent des illustrations de facteurs de risque de fraude mais ne doivent pas être considérées comme une liste exhaustive. Ces exemples ne sont pas applicables nécessairement dans toutes les circonstances. Le
commissiare aux comptes doit faire preuve de jugement professionnel pour sélectionner les procédures d’audit appropriées.
153
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Annexe 1(a) (suite) – Informations financières mensongères - Exemples de facteurs de risques de fraude au niveau des états financiers résultant
d’attitudes / justifications
Ces annexes comprennent des illustrations de facteurs de risque de fraude mais ne doivent pas être considérées comme une liste exhaustive. Ces exemples ne sont pas applicables nécessairement dans toutes les circonstances. Le
commissaire aux comptes faire preuve de jugement professionnel pour sélectionner les procédures d’audit appropriées.
154
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Annexe 1(b) – Exemples de facteurs de risques de fraude au niveau des états financiers pouvant conduire à un détournement d’actifs
Incitations
Incitationset
Incitations etpressions
et pressions
pressions Attitudes////Justifications
Attitudes
Attitudes
Attitudes Justifications
Justifications
Justifications
•• Pressions
Pressionsfinancières
financièrespersonnelles
personnelles • signé et laissévnc-àdurant
Indifférence -vis dules
contrôle ou
affectantlaladirection
affectant directionetetles
lessalariés
salariés de la rédu des risques liés au
quiont
qui ontaccès
accèsààdesdesactifs
actifsmeubles
meublesde de
Opportunités
Opportunités
Opportunités dérnement d’actifs (ex : chèque
fortevaleur
forte valeurquiquisont
sontsusceptibles
susceptibles signature)
d’êtredétournés.
d’être détournés. •• Actifs
Actifsmeubles
meublesde deforte
fortevaleur
valeursusceptibles
susceptiblesd’être
d’êtredétournés
détournés ongés de la personne ayant la
-- Montants
Montantsimportants
importantsmanipulés
manipulésen enespèces
espècesou ougérés
gérés
•• Relation
Relationtendue
tendueentre
entrelalasociété
sociétéetet
sessalariés
ses salariéscausée
causéepar
par: : -- Eléments
Elémentsen enstock
stockdedepetite
petitetaille,
taille,de
deforte
fortevaleur
valeurou ouenenforte
fortedemande
demande •• Comportement
Comportementindiquant
indiquantunun
-- Licenciements
Licenciementsconnus
connusou oupressentis
pressentis Actifsfacilement
-- Actifs facilementréalisables
réalisablestelstelsque
quedes
desbons
bonsauauporteur,
porteur,des
desdiamants
diamantsou oudes
despuces
puces mécontentementààl’égard
mécontentement l’égardde
delala
-- Changements
Changementsrécents
récentsou
oupressentis
pressentis d’ordinateurs
d’ordinateurs société
société
danslalapolitique
dans politiquededeparticipation
participationauxaux -- Actifs
Actifsdedepetites
petitestaille,
taille,commercialisables
commercialisablesou ousur
surlesquels
lesquelsililnn’y’yaapas
pasdedeplaque
plaqued’identification
d’identification
•• Indifférence
Indifférencevis-
vis-à-àvis
-visdu
ducontrôle
contrôle
résultatsou
résultats oudans
danslalapolitique
politiquedede dupropriétaire.
du propriétaire.
relatifau
relatif audétournement
détournementd’actifs
d’actifsen
en
rémunération
rémunération •• Contrôles
Contrôlesinadéquats
inadéquatssur surleslesactifs
actifs négligeantles
négligeant lescontrôles
contrôlesexistants
existantsouou
-- Promotions,
Promotions,rémunérations
rémunérationsou ouautres
autres
Contrôlesgénéraux
généraux
Contrôles enne
en neremédiant
remédiantpaspasaux
auxdéficiences
déficiences
gratificationscontraires
gratifications contrairesauxauxattentes.
attentes.
-- Manque
Manquede decontrôle
contrôlepar parlaladirection
directiondesdessalariés
salariésresponsables
responsablesdes desactifs
actifs(contrôle
(contrôleinadéquat
inadéquatdesdes reconnuesdes
reconnues descontrôles
contrôlesen enplace
place
implantationsdistantes).
implantations distantes).
•• Tolérance
Toléranceààl’encontre
l’encontrede
depetits
petitsvols
vols
-- Séparation
Séparationdes destâches
tâchesou oucontrôles
contrôlesindépendants
indépendantsinadéquats.
inadéquats.
•• Changements
Changementsdansdanslelecomportement
comportement
-- Recrutement
Recrutementinadéquat
inadéquatdes despersonnels
personnelsqui quivont
vontavoir
avoiraccès
accèsaux
auxactifs
actifsààforte
fortevaleur
valeursusceptibles
susceptibles
oulelemode
ou modededevie
viequi
quipeut
peutindiquer
indiquer
d’êtredétournés
d’être détournés
l’existenced’un
l’existence d’undétournement
détournement
-- Absence
Absencede decongés
congésobligatoires
obligatoirespourpourleslessalariés
salariéseffectuant
effectuantdesdescontrôles
contrôlesclés
clés d’actif.
d’actif.
-- Contrôle
Contrôleinadéquat
inadéquatdes desdépenses
dépensesengagées
engagéespar parlaladirection
directiontelles
tellesquequedes
desvoyages
voyagesou oud’autres
d’autres
dépenses
dépenses
-- Mauvaise
Mauvaisecompréhension
compréhensionpar parlaladirection
directiondes
dessystèmes
systèmesd’information
d’informationpermettant
permettantainsi
ainsiaux
aux
salariésdes
salariés desservices
servicesinformatiques
informatiquesde deperpétrer
perpétrerou oude decouvrir
couvrirdes d esdétournements.
détournements.
Contrôlesphysiques
Contrôles physiques
-- Sauvegardes
Sauvegardesphysiques
physiquesdes desespèces,
espèces,desdesinvestissements,
investissements,des desstocks
stoc ksououdes
desimmobilisations
immobilisations
corporellesinadéquates
corporelles inadéquates
-- Contrôle
Contrôled’accès
d’accèsaux auxenregistrements
enregistrementsautomatiques
automatiquesinadéquat,
inadéquat,yycompris
comprislelecontrôle
contrôledes
des
historiquesde
historiques deconnexion
connexioninformatique.
informatique.
Contrôlescomptables
Contrôles comptables
-- Mauvaise
Mauvaisetenue
tenuedes
deslivres
livresd’inventaire
d’inventaireou
oudes
desregistres
registresrelatifs
relatifsaux
auxactifs
actifs(ex
(ex: :registre
registredes
des
immobilisations)
immobilisations)
-- Système
Systèmed’autorisation
d’autorisationdedetransaction
transactioninadéquat
inadéquatqui
quientraîne
entraînedes
desmouvements
mouvementsd’actifs
d’actifs(ex
(ex: :
achats)
achats)
-- Manque
Manquedededocumentation
documentationdans
dansles
lesdélais
délaisappropriés
appropriésdes
destransactions
transactions(ex
(ex: :avoir
avoirpour
pourununretour
retour
demarchandises)
de marchandises)
-- Absence
Absenced’un
d’uninventaire
inventairephysique
physiqueexhaustif
exhaustifdes
desactifs
actifs(rapprochement
(rapproche mentstock
stockthéorique
théorique/ /stock
stock
réel).
réel).
Ces annexes comprennent des illustrations de facteurs de risque de fraude mais ne doivent pas être considérées comme une liste exhaustive. Ces exemples ne sont pas applicables nécessairement dans toutes les circonstances. Le
commissaire aux comptes doit faire preuve de jugement professionnel pour sélectionner les procédures d’audit appropriées.
155
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Annexe 2(a) – Exemples de facteurs de risques de fraude au niveau des catégories de transactions51
Stocks
Dissimulation de garanties données Manipulation des remises et
rabais
Manipulation des
coûts standards Valorisation Immobilisation injustifiée de
erronée certaines dépenses
Qualité mensongère
51
Inspiré du KPMG Audit Methodology
Ces annexes comprennent des illustrations de facteurs de risque de fraude mais ne doivent pas être considérées comme une liste exhaustive. Ces exemples ne sont pas applicables nécessairement dans toutes les circonstances. Le
commissaire aux comptes doit faire preuve de jugement professionnel pour sélectionner les procédures d’audit appropriées.
156
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Annexe 2(b) – Facteurs de risques de fraude au niveau des catégories de transactions – Exemples de façons dont ils peuvent survenir
Sur ou sous-évaluation des
Ventes et débiteurs Décalage dans Manipulation des remises et Déclaration inexacte d’en
Revenus provisions pour créances
fictifs l’enregistrement des revenus rabais cours de crédit
douteuses
Ventes fictives Les ventes sont enregistrées Remises et rabais non Information erronée sur l’en- Représentation erronée de la
Clients fictifs dès la commande provisionnés ou accords cours du crédit situation actuelle
Ventes à des sociétés Pré-facturation de connivence dissimulés Suppression de l’information Manipulation de l’antériorité
complices Ventes ou retours dissimulés sur la position du crédit des créances
Clients surfacturés Stocks affectés à des entrepôts Corruption du personnel
tiers contrôlés par l’entreprise responsable du contrôle du
Avenants visant à avancer ou crédit
retarder l’enregistrement des
recettes ou dépenses
Sur ou sous-évaluation des Dépenses avancées ou Manipulation des remises et Immobilisation injustifiée de Clauses contractuelles
Dépenses
charges à payer retardées rabais certaines dépenses dissimulées
Imputations à l’exercice Termes de paiement non Rabais enregistrés de façon Dissimulation des éléments Avenants visant à avancer ou
insuffisantes ou annulées conformes pour compenser anticipée pour augmenter les capitalisables en dépenses et retarder l’enregistrement des
sans raison des prix réduits ou gonflés profits des dépenses en recettes ou des dépenses
Imputations à l’exercice Manipulation de l’antériorité Dépenses supplémentaires immobilisations
fictives des dettes liées aux rabais enregistrées Répartition des coûts en
Provisions constatées pour Enregistrement décalé des plus tard violation des règles
caler au budget espèces reçues par les comptables
Ordres d’achat anticipés fournisseurs
Coûts sur/sous-évalués
Contrats de conseils fictifs
Manipulation des coûts
Stocks Valorisation erronée Quantités fictives Qualité mensongère Droits de propriété fictifs
standards
Sur ou sous-évaluation des Stocks déjà vendus ou aliénés Faux attestant de la qualité Falsification de l’information Manipulation des prix et
stocks de matières 1ères inclus dans les quantités en des stocks relative aux prévisions de autres éléments inclus dans le
Valorisation inadéquate des stock Dissimulation d’informations ventes calcul du coût standard
stocks d’en-cours de Stocks empruntés défavorables concernant la Falsification des droits de Variations du coût standard
production Quantités falsifiées durant qualité des stocks propriété incohérentes avec celles des
Pertes sur des contrats non- l’inventaire physique prix de vente et des frais
rentables affectées aux en- Manipulation du cut-off généraux
cours de production des Boîtes vides ajoutées aux
contrats rentables palettes
Ces annexes comprennent des illustrations de facteurs de risque de fraude mais ne doivent pas être considérées comme une liste exhaustive. Ces exemples ne sont pas applicables nécessairement dans toutes
les circonstances. Le commissaire aux comptes doit faire preuve de jugement professionnel pour sélectionner les procédures d’audit appropriées.
157
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Annexe 2(b) – Facteurs de risques de fraude au niveau des catégories de transactions – Exemples de façons dont ils peuvent
survenir (suite)
Ces annexes comprennent des illustrations de facteurs de risque de fraude mais ne doivent pas être considérées comme une liste exhaustive. Ces exemples ne sont pas applicables nécessairement dans toutes
les circonstances. Le commissaire aux comptes doit faire preuve de jugement professionnel pour sélectionner les procédures d’audit appropriées.
158
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
52
Inspiré du KPMG Audit Methodology
159
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Annexe 4 – Eléments à prendre en compte lors des tests des enregistrements comptables et autres ajustements
Utiliser des spécialistes S’assurer de l’exhaustivité des sources d’écritures des Identification et sélection d’écritures de journal et d’ajustements
journaux et des autres ajustements
Le commissaire aux comptes utilise des Lorsque le commissaire aux comptes vérifie l’exhaustivité des Lorsque le commissaire aux comptes fait la sélection des écritures à tester, il doit considérer:
spécialistes en informatique afin de : sources d’écritures des journaux et des autres ajustements, il leur évaluation du risque d’anomalie significative qui résulterait de l’implication de la direction dans
Évaluer le risque de manipulation considére: l’enregistrement d’écritures et de tout autre ajustement. Ce risque est considéré comme un risque spécifique de fraude
électronique des comptes, de données Les écritures routinières/standards aux états financiers et, par conséquent, le risque d’erreurs significatives est normalement évalué comme élevé.
ou de rapports sans passer des écritures Les écritures non-routinières L’efficacité des contrôles mis en place sur les écritures des journaux et tout autre ajustement aux comptes.
ou tout autre ajustement facilement Les procédures et systèmes informatiques mis en place par la société qui permettent de mettre en oeuvre,
Les écritures de clôture
identifiable. d’enregistrer, de traiter et de reporter les transactions, écritures manuelles et tout autre ajustement inclus dans la
Les écritures post-clôture
Concevoir et exécuter des tests afin de balance générale et qui figurent dans les états financiers et la nature des justificatifs conservés.
vérifier l’intégrité et l’exactitude de Les écritures de consolidation Les caractéristiques d’écritures ou d’ajustements frauduleux. Considérer les éléments suivants lors de la sélection :
données électroniques sélectionnées. Toutes les autres écritures passées par le service consolidation - Des écritures passées à des heures anormales de la journée ou en dehors des heures d’ouverture de la société.
S’assurer de l’exhaustivité des sources dans les journaux qui ne sont pas enregistrées dans la balance - Des écritures passées dans des comptes peu utilisés ou inappropriés.
d’écritures des journaux et des autres générale (pas enregistrées en informatique), mais qui sont - Des écritures passées par des employés qui n’ont pas l’habitude d’enregistrer des écritures, des écritures sans
ajustements. incluses sur des tableurs afin de regrouper ou combiner des auteur, des écritures constatées par la haute direction ou les employés du département informatique.
balances générales de plusieurs filiales et qui permettent de - Des écritures passées en fin d’année ou en période de clôture qui sont peu ou pas justifiées.
Faire l’extraction de données consolider. Il doit regarder attentivement ces écritures de
sélectionnées qui servira à tester, par - Des écritures passées avant/durant la préparation des états financiers qui ne sont pas attachées à un compte
consolidation, reclassification et tous autres ajustements qui particulier.
des procédures pertinentes, les écritures permettent d’obtenir les soldes finaux des comptes.
des journaux et des autres ajustements. - Des écritures passées pour un chiffre rond ou systématiquement pour le même montant.
- Des écritures de consolidation qui affectent les comptes de la balance générale d’une filiale.
- Des écritures automatiques qui, suite à une manipulation de la direction, ne sont pas dans la balance générale.
- Des écritures extournées au début de l’exercice ou de la période qui suit.
- Des écritures qui affectent le revenu surtout celles constatées en fin de période.
- Des écritures inhabituelles qui affectent les positions de trésorerie
La nature et complexité des comptes. il doit considérer, lors de la sélection, des écritures qui :
- Reflètent des transactions complexes ou inhabituelles par nature
- Reflètent des estimations significatives et des ajustements de fin de période
- Affectent des comptes ou des transactions sur lesquels des erreurs ont été retrouvées dans le passé
- Affectent des comptes qui n’ont pas été réconciliés récemment ou en temps opportun ou qui contiennent des
éléments en rapprochement non expliqués
- Reflètent des transactions inter-compagnies.
Sur les écritures sélectionnées, s’assurer qu’elles sont correctement justifiées et que des preuves quant à leur enregistrement sont disponibles
Le commissaire aux comptes doit obtenir des preuves que ces écritures sont :
Initiées par des personnes autorisées Reflètent proprement les événements et les transactions
Revues / approuvées par une personne appropriée et conformément aux politiques du groupe Enregistrées et justifiées :
Justifiées par des preuves d’audit suffisantes - Dans la bonne période
- Conformément aux principes comptables.
160
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Généralités
Une fois que les risques de fraude au niveau des assertions ont été identifiés, la question suivante se pose : « Quelles procédures supplémentaires doivent être effectuées pour répondre à ces risques ? » Il
n’y a pas de réponse standard avec une liste de procédures tant la réponse doit être conçue sur mesure en fonction de chaque audit selon la nature de l’activité du client et des risques identifiés.
Du fait des caractéristiques de la fraude, il est important que l’auditeur fasse preuve d’esprit critique en évaluant le risque de présentation erronée des comptes en raison de la fraude. L’esprit critique est
une attitude qui nécessite entre autre la capacité de remise en cause et un examen critique de preuves d’audit. Le commissaire aux comptes conduit l’audit dans un état d’esprit qui reconnaît la
possibilité qu’une présentation erronée significative due à de la fraude puisse se produire. En collectant et en examinant les preuves d’audit, il ne doit pas se contenter de preuves qui ne seraient pas
convaincantes, en pensant que la direction est honnête.
Que signifie « rechercher des preuves convaincantes »?
Cela peut vouloir dire :
Examiner des éléments spécifiques et ce, avec plus d’attention (par exemple, confirmer les termes contractuels avec les autres parties en plus de la validation des soldes)
Concevoir des procédures d’audit supplémentaires ou différentes pour obtenir des preuves plus fiables (par exemple, effectuer à la fois des procédures analytiques et des tests de détail, utiliser les
techniques d’audit assistées par ordinateur lorsque cela est pertinent, réaliser des contrôles sur la période proche de la clôture ou sur la fin de l’exercice – en se concentrant sur les écritures
d’ajustement ou les transactions inhabituelles) ;
Inclure le caractère imprévisible dans la sélection de la nature, de l’étendue et du calendrier des procédures d’audit à exécuter (par exemple passer en revue des procédures d’audit substantives sur
des comptes sélectionnés et les affirmations qui n’auraient pas été vérifiées par ailleurs du fait du risque et de l’importance, en ajustant le calendrier des procédures par rapport à celui qui est
attendu, en utilisant différentes techniques d’échantillonnage et en effectuant des procédures d’audit de façon inopinée) ;
Vérifier les explications ou les affirmations de la direction sur des sujets importants – rechercher des preuves provenant de plusieurs sources, y compris à l’extérieur de l’entité, afin de voir si elles
confirment ou sont cohérentes avec ce qui est prévu. Dans le cas contraire, il faut chercher davantage (par exemple, faire justifier pourquoi la rentabilité n’est pas en phase avec les niveaux
d’activité de l’industrie et vérifier l’authenticité des explications, en ayant recours à un expert pour valider les estimations) ;
Assembler les diverses justifications pour s’assurer de la cohérence de l’ensemble (par exemple, prévoir suffisamment de temps pour l’interprétation des résultats des contrôles d’audit, en
impliquant les membres les plus expérimentés de l’équipe d’audit et des spécialistes lorsque c’est nécessaire).
161
PROGRAMME DE TRAVAIL – FRAUDE
Annexe 5 – Procédures d’audit en cas de risques de fraude au niveau des catégories de transactions (suite)
Comptabilisation frauduleuse du revenu – Quelques procédures envisageables Utiliser des requêtes informatiques pour approfondir les tests de compilation des comptages physiques pris, par
Effectuer les procédures analytiques ou substantives en utilisant de l’information détaillée, par exemple en exemple en triant par numéro d’identification pour tester les contrôles d’identification ou par numéro de série
comparant les recettes remontées par mois et par famille de produits ou segment d’activité – identifier les pour tester la possibilité d’omission ou de duplication.
variations inhabituelles ou inattendues.
Comparer non seulement les ratios liés aux ventes mais aussi les ratios d’achats et de liquidités, reliant ainsi la
Quelques procédures possibles en réponse aux risques de fraude liés au détournement d’actifs
comptabilisation de recettes au niveau d’activité et aux flux de trésorerie de l’activité.
Obtenir une confirmation indépendante des clients en utilisant des techniques d’échantillonnage appropriées et Détournements d’espèces
en examinant systématiquement tout écart. Changer de méthode en contactant les principaux clients ou Examiner les reprises sur les créances dépréciées ou qui avaient été passées en pertes.
fournisseurs par téléphone en plus des confirmations écrites ou effectuer des demandes de renseignements à Analyser les remises sur ventes et les retours pour détecter des tendances inhabituelles.
des personnes spécifiques dans la société.
Vols d’actifs matériels
Valider avec les clients certaines conditions contractuelles importantes et l’absence d’autres accords : bases des
remises, critères d’acceptation, conditions de livraison et de paiement, obligations continues du vendeur, droit Paiement de biens et services non reçus
de retour de la marchandise, conditions d’annulation et de remboursement. Effectuer une recherche par informatique des données de la paie pour identifier les adresses, numéros de
Demander aux personnels des ventes et du marketing ou au département juridique de l’entité s’ils ont salarié, d’identification fiscale ou de comptes bancaires en double.
connaissance de conditions inhabituelles ou spécifiques concernant les expéditions vers la fin de l’exercice/de Passer en revue les fichiers du personnel pour les employés présentant peu ou aucun signe d’activité (par
la période. exemple absence d’évaluation de performance).
Etre présent en personne sur un ou plusieurs sites à la fin de l’exercice pour observer l’expédition de produits
Confirmer les termes spécifiques de contrats avec des tiers.
et effectuer les procédures requises de cut-off des ventes et des stocks.
Obtenir des preuves que les contrats sont exécutés selon les clauses prévues.
Lorsque les transactions sont initiées, traitées, comptabilisées et reportées de manière électronique tester les
contrôles pour déterminer s’ils permettent de garantir que les recettes ont été comptabilisées et correctement Détournement des actifs de la société à des fins personnelles
enregistrées. Examiner la nature de dépenses inhabituelles de montant élevé.
Quantités en stock – Quelques procédures envisageables Examiner l’autorisation et la valeur comptable de prêts à la direction générale et à des parties liées.
Examiner les données historiques de stocks de l’entité pour identifier les éléments qui nécessitent une attention Examiner le montant et la nature des notes de frais de la direction générale.
particulière pendant ou après l’inventaire physique.
Exiger du client de mener les prises d’inventaire vers la fin ou à la fin de la période de l’exercice pour
minimiser la manipulation entre la période de comptage et la fin de l’exercice.
Passer en revue des procédures supplémentaires lors de l’assistance aux comptages – examiner avec rigueur le
contenu des boîtes.
Comparer les quantités de la période en cours avec les périodes passées par type ou catégorie de stock, site ou
autre critère.
162
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
163
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
§ 100 : l’auditeur mentionne les faiblesses de contrôle interne qui devraient être
164
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
53
Inspiré du KPMG Audit Methodology
165
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
- Quelles sont les branches d’activité, des types de transactions, ou des comptes
et rubriques des états financiers ou le risque que des erreurs se produisent est
élevé
- Si quelqu’un dans une entreprise souhaite commettre une fraude qu’elle est la
façon la plus facile ?
- Avez-vous découvert des erreurs significatives ?
- Quelles est votre appréciation de l’efficacité des systèmes comptable et de
contrôle pour prévenir et détecter les fraudes et erreurs ?
166
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Objet : Révélation de faits délictueux en application de l’article 270 du code des sociétés
commerciales
Formule de politesse
Cachet signature
54
Norme 10 de l’OECT
167
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
Date
Objet : lettre d’affirmation au titre des états financiers annuels arrêtés au […date de clôture…]
Cette lettre d’affirmation s’inscrit dans le cadre de votre audit légal des états financiers de la Société
[…raison social de la société…]. Pour l’exercice clos au […date de clôture…] visant à exprimer une
opinion sur la sincérité et la régularité des états financiers de la société arrêtés à cette date,
conformément aux normes comptables applicables en Tunisie.
- Nous avons bien noté que vos travaux ont été largement effectués au moyen d’examen des
procédures et de tests sur la comptabilité de la société, sans que ces travaux ne révèlent
obligatoirement toutes les erreurs et irrégularités. Nous n’avons connaissance d’aucune
irrégularité, concernant la direction ou les employés qui jouent un rôle important dans la
définition et le fonctionnement des systèmes comptables et de contrôle interne, susceptible
d’avoir une incidence significative sur les états financiers,
- Nous avons mis à votre disposition tous les livres comptables, toute la documentation
afférente et tous les procès- verbaux des assemblées des actionnaires et du Conseil
d’Administration,
- Nous confirmons l’exhaustivité des informations fournies concernant les parties liées,
168
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
- Nous vous avons fait part de notre appréciation sur le risque que les états financiers
puissent comporter des inexactitudes significatives résultant de fraude,
- Nous n’avons pas connaissance de faits significatifs liés à des fraudes, commises ou
suspectées ; autre que ceux nous vous avons signalé, à savoir […détailler…]
- Notre Société s’est conformée à toutes les dispositions des accords contractuels dont le non-
respect pourrait avoir une incidence significative sur les états financiers. Nous n’avons
connaissance d’aucune violation ou de non-conformité par rapport aux exigences des autorités
de régulation et de contrôle susceptible d’avoir un effet significatif sur les états financiers,
- Les éléments suivants ont été correctement enregistrés et, le cas échéant, une information y
afférente a été donnée dans les notes aux états financiers,
- Nous n’avons aucun projet ou intention susceptible d’altérer de manière significative la valeur
comptable ou la classification des actifs et des passifs reflétée dans les états financiers.
- Les comptes de la société ont été arrêtés dans une perspective de continuité
d’exploitation .Nous n’avons aucun plan visant à abandonner des lignes de produits ou
d’autres plans ou intentions qui auraient pour résultat d’aboutir à un stock excédentaire ou
obsolète ainsi qu’aucun stock n’est comptabilisé à un montant supérieur à sa valeur nette de
réalisation.
- La Société est propriétaire de tous ses actifs et aucun n’a été nanti ou hypothéqué ou fait
l’objet de sûretés, à l’exception de ceux mentionnés dans les notes aux états financiers
conformément aux dispositions des normes comptables en vigueur.
- Nous avons enregistré tous les passifs et les engagements ou nous en avons donné information
dans les notes aux états financiers, selon le cas, et nous avons indiqué dans lesdites notes,
169
Le commissaire aux comptes face au risque de fraude : proposition d’une méthodologie d’audit
conformément aux dispositions des normes comptables en vigueur, toutes les garanties
accordées aux tiers.
- Tous les litiges ont été provisionnés dans les états financiers selon les montants fixés avec les
conseillers juridiques et les avocats de la société. Aucune autre réclamation concernant un
contentieux potentiel n’a été déposée ou n’est actuellement anticipée.
- Nous considérons que l’incidence sur les comptes des anomalies détectées dans le cadre de
votre audit et non corrigées, prises isolément ou dans leur ensemble, est non significative.
170