MONDIALISATION
MONDIALISATION
MONDIALISATION
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mondialisation
Étymologie
En français, le mot est utilisé pour la première fois par Pierre de Coubertin, dans un
article du Figaro daté du 13 décembre 1904, ainsi que l'a montré le géohistorien
français Vincent Capdepuy5. Il apparaît ensuite dans un ouvrage de Paul Otlet6 en 1916.
Le mot désigne alors une appropriation à l'échelle du monde et s'inscrit dans une
réflexion sur la réorganisation de la vie internationale après la guerre. Cependant, les
occurrences restent rares durant l'entre-deux-guerres.
En 1907, dans le cadre d’une réflexion sur la place de l’ethnographie Arnold van
Gennep parle d’« un « mondialisme » croissant »7 ; en 1933, il écrit : « car nous vivons
en plein dans ce que je nommerai la Mondialisation de l'Humanité »8. Les guillemets
dans un cas, l'italique dans l'autre montrent que les mots sont nouveaux.
Après la Seconde Guerre mondiale le mot est employé de façon croissante9.
Définition : globalisation et
mondialisation[modifier | modifier le code]
La distinction entre ces deux termes est propre à la langue française. Au départ, d'un
point de vue étymologique, comme pour le sens commun, monde (tiré du latin mundus :
univers) et globe (tiré du latin globus : en tous sens) sont suffisamment proches a priori
pour que mondialisation et globalisation soient synonymes dans leur emploi initial en
langue française.
En anglais, l'usage premier revient au terme « globalisation », repris d'ailleurs par la
plupart des autres langues. Le terme anglo-Américain globalization recouvre largement
le même débat que la variante sémantique francophone. Différentes personnes peuvent
accorder telle ou telle nuance de sens aux termes employés, selon qu'ils mettent l'accent
sur la dimension économique, culturelle ou politique, en fonction de leur appartenance,
consciente ou non, à tel ou tel courant de pensée.
Le géographe Laurent Carroué, spécialiste de ces questions, plaide pour une distinction
plus nette de ces deux termes. Pour lui, la mondialisation peut être définie comme le
processus historique d'extension du système capitaliste à l'ensemble de l'espace
géographique mondial. Il critique l'usage trop vague de globalisation.
En français, malgré la proximité de « globalisation » avec l'anglais, la particularité de
« mondialisation » repose sur une divergence sémantique. D'après le sociologue Guy
Rocher : « La mondialisation pourrait être définie comme l'extension à l'échelle mondiale
d'enjeux qui étaient auparavant limités à des régions ou des nations. » Tandis que
l'internationalisation « nous réfère aux échanges de diverses natures, économiques,
politiques, culturels, entre nations, aux relations qui en résultent, pacifiques ou
conflictuelles, de complémentarité ou de concurrence. » D'après lui « si l'on parle de
mondialisation, on entend évoquer une autre réalité, contemporaine celle-là : l'extension
de ces relations et de ces échanges internationaux et transnationaux à l'échelle du
monde, conséquence de la rapidité toujours croissante des transports et des
communications dans la civilisation contemporaine. Quant à la globalisation – un terme
qui a la préférence du sociologue –, elle ferait référence à un système-monde au-delà
des relations internationales, au-delà de la mondialisation, un fait social total au sens
propre du terme, un référent en soi »10.
L'intérêt pour la mondialisation se généralise également au cours des années 1990. Il
s'agit de la vision d'un monde qui évolue peu à peu vers le « village global » décrit
par Marshall McLuhan. Il s'agit de l'influence des
mouvements antimondialistes et altermondialistes, qui attire l'attention du public sur
l'ampleur et les conséquences du phénomène.
Dans le monde académique et particulièrement anglophone, la popularisation du
terme globalization et son usage comme terme « fourre-tout » a accentué le débat
académique. Il est maintenant admis que le terme désigne le développement de
l'interdépendance au niveau mondial. À partir de cette définition générale chaque grand
courant académique met l'accent sur la dimension qui lui paraît la plus pertinente. Par
exemple, certains universitaires comme Manuel Castells se concentrent sur le lien entre
les dimensions économiques et sociales. D'autres, comme John Urry (en), mettent
l'accent sur la complexité croissante qui caractérise tous les échanges humains
(économiques, culturels et politiques). Aussi, le terme et sa popularité sont liés aux
problématiques de développement, comme le montre Jan Nederveen Pieterse et son
concept d'hybridity. Les polémiques qui agitent le milieu universitaire anglophone
reflètent l'existence d'un débat planétaire. Urry est Anglais mais Castells est Espagnol et
Pieterse Hollandais.
Le terme s'enrichit au cours du temps au point de s'identifier, d'après Robert Boyer, à
une nouvelle phase de l'économie mondiale 11. Plusieurs définitions peuvent être
distinguées. En 1983, Theodore Levitt désigne sous ce terme « la convergence des
marchés qui s'opère dans le monde entier ». Le terme s'applique surtout à la gestion des
multinationales et concerne exclusivement les échanges internationaux. Globalisation et
technologie semblent façonner avec constance et résolution les relations internationales.
Tout se passe comme si le « monde entier » constituait une entité unique vendant la
même chose, de la même manière à des coûts relativement bas12. La firme multinationale
doit s'adapter aux différences nationales, mais seulement à regret, dans la mesure où
elle n'est pas parvenue à circonvenir ou à recomposer les demandes spécifiques qui
s'adressent à elles.
En 1990, Ken'ichi Ōmae11 applique la notion à l'ensemble de la chaîne de création de
valeur (R&D, ingénierie, production, marchandisation, services et finance). La marche à
la globalisation se fait par étapes : « Après avoir développé ses exportations à partir de
sa base nationale, l'entreprise établit à l'étranger des services de vente, puis produit
localement, puis ultérieurement accorde une maitrise complète à la filiale créée sur
place. » Le processus est alors à son terme : l'intégration globale où les firmes d'un
même groupe conduisent leur R&D, financent leurs investissements et recrutent leur
personnel à l'échelle mondiale. Pour la grande firme multinationale, la globalisation
pointe une forme de gestion totalement intégrée à l'échelle mondiale.
Dimensions multiples
La genèse du terme explique que ce processus soit le plus souvent envisagé sous le
seul aspect de la mondialisation économique, développement des échanges de biens et
de services, accentuée depuis la fin des années 1980 par la création de marchés
financiers au niveau mondial. Toutefois s'y ajoutent :
la faiblesse des coûts de transport au regard des écarts des coûts de production
(au sens économique du terme), qui touche les biens matériels,
la baisse des coûts de communication au niveau mondial, qui touche la diffusion
sous forme numérique des informations, y compris financières.
Histoire[modifier | modifier le code]
Si le terme « mondialisation » est récent, il désigne cependant différentes périodes de
l'Histoire, dont certaines sont fort anciennes. La mondialisation -processus qui donne,
selon la définition des dictionnaires, aux diverses activités et aspirations une « extension
qui intéresse le monde entier » - a commencé depuis bien longtemps. Des milliers
d'années avant que n'apparaisse la racine du mot « monde » ou « globe ». La
mondialisation actuelle trouve des racines dans la réalité historique
du XIXe siècle19 jusqu'à la Première Guerre mondiale ou même plus lointaines comme les
tentatives d'unification du monde romain, de Charlemagne ou de l'Espagne de Charles
Quint, assurant leur domination bien au-delà d'un pays, voire des frontières
européennes20.
Préhistoire[modifier | modifier le code]
Selon Nayan Chanda21 le processus de mondialisation commence avec les premiers
mouvements de population qui émigrent à partir de l'Afrique centrale vers l'Europe en
−40 000 et vers l'Asie en −60 000. La suite de l'histoire n'étant qu'une série de tentatives
des populations ainsi dispersées de se rapprocher et d'échanger pour partager
marchandises et expériences.
Antiquité[modifier | modifier le code]
Une seconde manifestation du processus peut être située à partir du IIe millénaire av. J.-
C. le long d'une vaste zone commerciale s'étendant de l'Indus au monde minoen via les
cités du Croissant fertile. Cette première tentative sera de courte durée du fait de l'arrêt
des échanges commerciaux causé par l'irruption d'envahisseurs indo-européens à la fin
du IIe millénaire av. J.-C. Une seconde tentative aura lieu à partir de la fondation de
l'Empire perse qui permet d'établir un contact commercial indirect entre les colonies
phéniciennes et grecques, et les cités indiennes, entre Gibraltar et le Gange. Les Grecs
vont ainsi prendre pleinement conscience de l'étendue du monde comme le montrent les
relations d'Hérodote, et, plus encore, de Ctésias de Cnide, médecin du grand roi perse.
Loin de mettre un terme à ce processus d'unification commerciale, culturelle et
diplomatique du monde antique, la destruction de l'empire perse, et la formation des
États hellénistiques va l'accroître sensiblement. Ainsi la « mondialisation » hellénistique
partage-t-elle de nombreux traits communs avec celle du temps moderne :